Suite à l'assassinat du commandant allemand de Nantes, le 20 octobre, en plein centre de Nantes, le 22 octobre 1941, en début d'après-midi, les gardes allemands assistés d'un lieutenant français procèdent à l'appel des 48 prisonniers, otages dans les baraques du camp de Choisel-Châteaubriant.
Les futures victimes ont 30 minutes pour écrire une dernière lettre à leurs proches. Après quoi, ils montent dans les camions qui vont les transporter à la carrière de la Sablière, à deux kilomètres du camp.
Ils refusent de se faire bander les yeux. Face au peloton d'exécution, 9 poteaux. Les victimes meurent en chantant la Marseillaise. Parmi elles, Guy Môquet (17 ans).
René Guy Cadou rejoignait alors en vélo l’école du village où il enseignait. En chemin, il les croise et fige ce souvenir terrible dans un poème qui fera partie de son recueil "Pleine Poitrine".
René-Guy Cadou, (1920-1951) poète français
"Pleine poitrine" 1946
Les Fusillés de Châteaubriant
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
