24 septembre 2021 5 24 /09 /septembre /2021 23:48

 

 

Mythologie des arbres


L'Olivier 

 

 

L'olivier fait partie de la famille des oléacées (genre olea) 
latin Olea - anglais Olive-tree - allemand Olivenbaum - néerlandais
 Olijfboom     -italien Ulivo - espagnol Olivo.

Oléa signifie olivier ou olive ; il signifie aussi poétiquement : bâton d’olivier ou branche d’olivier.


"...Le murmure d'un verger d'oliviers a quelque chose 

de très intime, d’immensément vieux. C'est trop beau

pour que j'ose le peindre ou puisse le concevoir..."

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

 


L’olivier (Olea europaea L. subsp. europaea var. europaea) est un arbre fruitier au tronc irrégulier et noueux,  très rameux, au bois dur et dense, à l'écorce brune crevassée, il peut atteindre 15 à 20 mètres de hauteur. On lui prête une longévité atteignant plusieurs millénaires. On dit qu'il est immortel.

Cependant, sous l'action d'animaux de pâture, ou dans des zones extrêmement ventées, ou exposées aux embruns, il conserve une forme buissonnante, de défense, et maintient la forme d'une boule compacte et impénétrable, lui donnant l'aspect d'un buisson épineux. 


Dans la plupart des modes de culture, la variété est domestiquée depuis plusieurs millénaires et cultivée principalement dans les régions de climat méditerranéen.  Ils sont maintenus à une hauteur de trois à sept mètres afin de faciliter leur entretien et la récolte des fruits.

 

L'olivier ne produit naturellement qu'une année sur deux en l'absence de taille, et la production s'installe lentement, progressivement, mais durablement : entre 1 et 7 ans, c'est la période d'installation improductive, dont la durée peut doubler en cas de sécheresse ; jusqu'à 35 ans, l'arbre se développe et connaît une augmentation progressive de la production ; entre 35 ans et 150 ans, l'olivier atteint sa pleine maturité et sa production optimale. Au-delà de 150 ans, il vieillit et ses rendements deviennent aléatoires.


 

 


Le feuillage est persistant, vert foncé, luisantes en dessus, blanchâtres en dessous,  d'un vert clair argenté avec une nervure médiane saillante sur la face inférieure. Les feuilles sont opposées, ovales allongées, portées par un court pétiole, coriaces, entières, enroulées sur les bords. 


Elles vivent en moyenne trois ans puis jaunissent et tombent, principalement en été. En cas de sécheresse, les feuilles sont capables de perdre jusqu'à 60 % de leur eau, de réduire fortement la photosynthèse et de fermer les stomates permettant les échanges gazeux pour réduire les pertes en eau par évapotranspiration, permettant ainsi la survie de l'arbre au détriment de la production fructi-florale.


C'est grâce à sa feuille que l'olivier peut survivre en milieu aride. Quand il pleut, les cellules foliaires s'allongent pour emmagasiner l'eau. Et, en cas de sécheresse, les feuilles se rétractent et bloquent l'activité de photosynthèse au détriment des fruits.


 

 

Les fleurs sont blanches avec un calice, deux étamines, une corolle à quatre pétales ovales, et un ovaire de forme arrondie qui porte un style assez épais et terminé par un stigmate. Cet ovaire contient deux ovules (un seul se développera). Les fleurs sont regroupées en petites grappes de dix à vingt, poussant à l'aisselle des feuilles au début du printemps sur les rameaux âgés de deux ans.


La plupart des oliviers sont auto-fertiles, c'est-à-dire que leur propre pollen peut féconder leurs propres ovaires. La fécondation se fait principalement par l'action du vent et la période de fertilité ne dure qu'une petite semaine par année. S'il ne pleut pas trop durant cette période, 5 à 10 % des fleurs produiront des fruits pour une bonne production.

 

 

Le fruit de l'olivier :

il s'agit d'une drupe, à peau lisse, à mésocarpe charnu riche en matière grasse, renfermant un noyau ligneux, qui contient une graine. Sa forme ovoïde est typique. Sa couleur, d'abord verte, vire au noir à maturité complète chez la plupart des variétés. La maturité est atteinte entre octobre et décembre dans l'hémisphère nord.

 

 

Les olives  deviennent comestibles après préparation. Pour dispenser leurs fruits, les arbres cultivés réclament des soins constants.

 

 

L'olivier méditerranéen,

Olea europaea L. subsp. europaea (Bassin Méditerranéen), est encore subdivisé en deux variétés,

. subsp. europaea var. europaea pour l'olivier domestique,

et

. subsp. europaea var. sylvestris (Mill.) Lehr pour l'oléastre, ou olivier sauvage. 
Cette subdivision est cependant discutable, divers travaux ont pu montrer l'absence de frontière entre les populations sauvages et les formes cultivées, aussi bien sur le plan génotypique que phénotypique. Cependant, des travaux récents, publiés fin 2012, ont abouti à mettre en évidence, clairement, la différence entre l'Oléastre et l'Olivier cultivé. 

Les travaux ont porté sur l'analyse anatomique fine comparée de charbons de bois archéologiques et de bois d'olivier cultivé carbonisés. La filiation de l'Olivier cultivé (Olea europaea europaea europaea) est claire : il descend de l'Oléastre (Olea europaea europaea silvestris).

1897 Franz Eugen Köhler, Medizinal-Pflanzen de Köhler

 

 

Il existe cinq autres sous-espèces d’Olea europaea :

. Olea europaea subsp. cerasiformis (Madère ; sous-espèce tetraploïde),

. Olea europaea subsp. cuspidata (Afrique du Sud jusqu'au Sud de l'Égypte, et du Sud de l'Arabie jusqu'en Chine),

. Olea europaea subsp. guanchica (îles Canaries),

. Olea europaea subsp. laperrinei (Massifs montagneux du Sahara : Hoggar (Algérie), Aïr (Niger), et Jebel Marra (Soudan)),

. Olea europaea subsp. maroccana (Haut Atlas (Maroc) ; sous-espèce hexaploïde).
 

 

Les plus vieux oliviers dans le monde

 

 

. Agés de 4000 ans pour certains et jusqu'à 6000 ans pour d'autres, les 16 oliviers de Bchaalé figurent parmi les rares arbres les plus vieux au monde.
Miraculeusement préservés et nichés à 1300m d'altitude, aux confins de la région de Batroun (Liban-nord), à 83 kms de Beyrouth, ils sont signalés par un panneau officiel du Ministère du Tourisme libanais. Leur datation officielle remonte à 1999 mais reste approximative.

"Sur le soir, la colombe revint vers Noé, et voilà qu'elle avait au bec un rameau frais d'olivier. Noé sut alors que le niveau des eaux avaient baissé." (Genèse, 8.11). La légende qui entoure les oliviers de Bchaalé veut qu'ils soient ceux de la Bible.

 Plantés à intervalles réguliers, attestant du geste de l'homme depuis des temps immémoriaux, ces oliviers séculiers de type Olea europaneae seraient les plus anciens mais également les plus hauts du monde. Une position exceptionnelle leur ayant permis d'affronter les pires déluges.

 


. Olivier d'Açores, Grèce
L'ancien Olivier des Açores, juste à l'extérieur de Kavousi, est un joyau de + 3,250 ans. ! Le diamètre maximum du tronc à la base est de 7,1 mètres et la circonférence est de 22,1 mètres. La Couronne de l'arbre a un diamètre maximum de 8,5 mètres et une circonférence de 34,5 mètres.

 

 


. L’olivier de Voúves  est un olivier dans le village d’Áno Voúves dans la municipalité de Kolymvári dans la région de La Canée, Crète en Grèce. Probablement l'un des plus vieux oliviers du monde, il produit encore des olives aujourd'hui.
L'âge exact de l'arbre ne peut pas être déterminé. L'utilisation de radioisotopes n'est pas possible, car son bois de cœur a été perdu au cours des siècles tandis que l'analyse des cernes de l'arbre par des scientifiques de l'Université de Crète ont estimé qu'il avait 4 000 ans.

 

. Al-bak-boom, Israël
L'arbre d'Al-bak dans le village d'Al-Walaja (district de Bethléem, Israël) est estimé à 4000 ans. Le tronc a une circonférence de 25 mètres. C'est incroyable. Dans les villes de Deir Hanna et Arraba vous trouverez également des oliviers de 3 000 ans. Tous les arbres produisent encore des olives.

 

 

. Un olivier situé à Santu Baltolu di Carana dans l'île italienne de Sardaigne, et nommé avec respect "s'ozzastru" ("l'oléastre" en langue sarde, Olea europaea L. var. sylvestris) par les habitants de la région, est réputé être vieux d'au moins trois millénaires selon différentes études.

 

. Il existe au Sud-Liban un arbre vieux de 2 700 ans dans le village de Chaqra dénommé l'arbre des Perses. 

 

. L'âge d'un olivier crétois a pu être estimé à plus de 2 000 ans. 

 

. Plusieurs oliviers du Jardin de Gethsémani à Jérusalem, dont le nom provient des mots hébreux gat shemanim signifiant "pressoir à huile", sont réputés dater de l'époque de Jésus. 

 

. À Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un vénérable olivier millénaire âgé de plus de 2 000 ans affiche un impressionnant vingt mètres de tour de tronc avec de multiples rejets. 


 

. Sur l'île de Brijuni (Brioni), dans la province d'Istrie en Croatie, un olivier donne toujours régulièrement des fruits malgré son âge d'environ 1 600 ans. 

 

. Pline l'Ancien parla d'un olivier sacré en Grèce dont l'âge était de plus de 1 600 ans.

 

 

 

 

 

Le premier pays oléicole mondial est l'Espagne. On ne sait pas précisément à quand y remonte la culture de l’olivier, mais on admet généralement qu’elle y fut introduite par les Phéniciens lors de leur colonisation de la Méditerranée occidentale il y a environ 3 000 ans, et qu’elle fut ensuite développée par les Romains.

Les Espagnols ont introduit l'olivier dans leurs anciennes colonies des Amériques et certains pays ont une production plus ou moins importante, comme l'Argentine, le Mexique, le Pérou , le Chili et les États-Unis (Californie). L'oléiculture commence à se développer aussi en Australie et en Afrique du Sud. Ces régions possèdent en effet un climat méditerranéen sur leurs façades maritimes méridionales.

C’est grâce aux grecs que les oliviers sont arrivés en Sicile, puis dans les environs de Marseille. Ce sont les Gaulois qui ont commencé à cultiver les oliveraies par les techniques du bouturage et par un système de champs en terrasses.


 

 

 

Mythologie grecque

 


Dans la mythologie grecque, Cécrops est le fondateur mythique d'Athènes, premier roi légendaire d'Attique. Sous son règne, eut lieu la dispute d'Athéna et de Poséidon sur l'Aréopage, la possession de l'attique. Ils le choisirent comme arbitre.


Poséidon frappa l'acropole d'Athènes de son trident, en fit jaillir une source d'eau salée et offrit à Cécrops un magnifique étalon noir capable de faire gagner toutes les batailles. 


Athéna riposta et gratta sa lance et fit naître de la terre brûlée par le soleil, près du lac salé, un arbre immortel permettant de nourrir et de soigner les hommes : l’olivier. 


Cécrops jugea le présent de la déesse bien plus utile pour son peuple, et c'est elle qui devint la protectrice d'Athènes. 


L'olivier que la déesse Athéna fit sortir de terre, est le symbole d'Athènes et représente la force et la victoire, la sagesse et la fidélité, la fécondité, la force,  l'immortalité et l'espérance, la richesse et l'abondance. 


Les Oliviers, Arbres sacrés, appelés dans ce cas "Moria" (donnés en partage par les dieux ou le destin), furent conjointement protégés par Zeus et Athéna.


 


 

Mythologie romaine

 


Consacré à la Déesse grecque Athéna, l'Olivier l'était également au Dieu romain Jupiter. Neptune et Minerve, se disputant la possession de l'Attique se présentent devant l'assemblée des Dieux. 


Ces derniers décident de confier la région à celui qui offrira le don le plus précieux. 


Neptune, le dieu de la mer frappa un rocher avec son trident et fit jaillir une source pendant que la déesse fit naître un Olivier. 


Minerve remporta la victoire et cet arbre lui fut consacré.

 

Ovide - Les Métamorphoses
La tapisserie de Minerve (6, 70-102)

Minerve représente au centre de son ouvrage la contestation célèbre qui opposa, à propos de la dénomination d'Athènes, la déesse Pallas (Athéna-Minerve) à Neptune. Minerve met en scène un tribunal de douze dieux entourant un Jupiter majestueux, qui préside le procès : d'un côté, Neptune fait jaillir avec son trident de l'eau du rocher de Cécrops ; de l'autre, Minerve se représente tout armée et faisant sortir de terre un plant d'olivier, tandis qu'une Victoire ponctue la scène. (6, 70-82)

 

"Pallas représente le rocher de Mars sur la citadelle de Cécrops,

et le vieux litige qui présida à la dénomination du lieu.

Deux groupes de six dieux autour de Jupiter, sur de hauts sièges,

sont assis, pleins d'une auguste gravité ; chaque dieu est identifiable

à son apparence : la représentation de Jupiter est celle d'un roi.

Pallas montre le dieu de la mer debout, frappant de son long trident

les durs rochers et faisant jaillir, du milieu de l'entaille dans la pierre,

de l'eau de mer : c'est son titre à revendiquer son droit sur la ville.

Quant à elle, elle se donne un bouclier et une pique à la pointe acérée,

elle se couvre la tête d'un casque et se protège la poitrine de l'égide ;

elle représente la terre frappée de la pointe de sa lance

et produisant un plant du pâle olivier, avec ses baies.

 

Les dieux sont admiratifs, et une Victoire complète la scène.

Toutefois, pour que la rivale qui lui dispute sa gloire comprenne

par des exemples quel prix espérer de son audace insensée,

la déesse ajoute, en quatre endroits, quatre scènes de compétitions,

brillantes par leurs coloris, mais distinctes par des personnages réduits.

Dans un angle figurent Rhodope de Thrace et Hémus,

aujourd'hui montagnes glacées, autrefois êtres mortels,

qui s'étaient attribué les noms des dieux les plus grands.

Un second angle traite du misérable destin de la mère Pygmée :

Junon, après l'avoir vaincue lors d'une compétition, ordonna

qu'elle devienne une grue et fasse la guerre à son propre peuple.

Pallas représenta aussi Antigoné qui avait osé rivaliser jadis

avec l'épouse du grand Jupiter, et que la reine Junon

 transforma en oiseau ; ni Ilion ni son père

Laomédon ne l'empêchèrent, devenue une blanche cigogne

couverte de plumes, de s'applaudir elle-même, en claquant du bec.

Le seul angle restant est consacré à Cinyras, privé de ses enfants :

étendu sur la pierre, en train d'embrasser les degrés d'un temple,

constitués des membres de ses filles,  il semble pleurer.

Pallas borde l'ensemble de rameaux d'olivier, symbole de paix ;

elle s'en tient là et termine son oeuvre par l'arbre qui lui est consacré.
 

Dispute de Minerve et de Neptune au sujet d'Athènes d'après Noël Halle


 

 


Mythologie gréco-romaine

 

Homère poète grec - 3000 ans av. J. C.

 

l'Iliade (la guerre de Troie)

 

Héraclès (Hercule en latin) fils de Zeus et d'une mortelle : Alcmène, princesse de Mycènes et descendante de Persée (fils de Zeus), demi-dieu est presque toujours représenté avec son principal attribut : la massue.

Cette arme est une pièce de bois étroite à l’extrémité qui sert de poignée et lourde et évasée à l’autre extrémité, pour frapper. Elle est assez souvent représentée plus ou moins hérissée de noeuds et du départ des branches coupées.

Hercule aurait confectionné sa massue, son arme la plus puissante, taillée dans une grosse branche d’olivier sauvage, dont le bois est lourd et serré.


C'est au cours du premier d'entre eux, la chasse du lion de Némée, qu'il acquiert ses principaux attributs : la massue taillée dans le tronc d'un olivier sauvage et la léonté, la peau de lion.

L’olivier, symbole de puissance et de force. 

Relief Heracles cour Carree Louvre

 

 

Selon Homère poète grec, 

 

l'Odyssée, (Ulysse) 

 

le pieu avec lequel Ulysse crève l'œil du cyclope Polyphème est taillé dans un olivier, symbole de sagesse et de force. 

Confronté au Cyclope lors de son retour vers Ithaque, Ulysse se saisit d’un pieu de bois d’olivier pour crever l'oeil de son redoutable ennemi.

Ulysse aveugle Polyphème, vers 1551, Pellegrino Tibaldi, Bologne, Palazzo Poggi

 

 

Selon Homère poète grec,

 l'Odyssée (Pénélope)

l’olivier, est le symbole de patience et de fidélité. Dans sa longue attente du retour de son époux, Pénélope ne permettra à aucun de ses nombreux prétendants de partager son lit nuptial, taillé dans l’olivier. 

Avec ses ruses, et le drap funéraire de Laërte, son chef-d’œuvre d’artisan, permettent à Pénélope de reculer, jour après jour, l’échéance consentie de mariage avec l’un d’entre eux lorsque le tissage du suaire de Laërte, père d’Ulysse, sera terminé. Tissant la journée, défaisant la nuit… elle parvient à accomplir sa promesse de fidélité.


Mais Pénélope dort dans les moments les plus graves de sa vie ; et elle rêve. Elle vit enveloppée dans l’ombre, dans la douceur, dans le mœlleux, la quiétude et l’incertitude de l’inconscient.

Robert Smirke peintre - Jean-Marie Delattre graveur - Athéna apparaît en songe à Pénélope

 

 

 

 Odyssée, chant V, traduction Victor Bérard


..."Tout compté, le meilleur était d'aller au bois qui dominait le fleuve. Au sommet de la crête, il alla se glisser sous la double cépée d'un olivier greffé et d'un olivier franc qui, nés du même tronc, ne laissaient pénétrer ni les vents les plus forts ni les brumes humides ; jamais la pluie ne les perçait, de part en part, tant leurs branches serrées les mêlaient l'un à l'autre"...

 

 

Homère l'Odyssée, 

livre XXIII, l'avant-dernier de l'Odyssée. traduction Victor Bérard

Malgré les dires d'Euryclée, Pénélope ne veut pas encore croire que c'est bien Ulysse, son époux, qui est revenu après 20 ans d'absence. Elle le teste alors en évoquant leur lit. Ulysse passe brillamment l'épreuve en décrivant avec force détails le lit conjugal, qu'il a fabriqué autrefois de ses mains (car Ulysse est également un peu bricoleur). Pénélope, convaincue de l'identité d'Ulysse, tombe alors dans ses bras. 

La plus sage des femmes, Pénélope, reprit :

Pénélope. — Non ! malheureux ! je n'ai ni mépris ni dédain ; je reprends tout mon calme et reconnais en toi celui qui, loin d'Ithaque, partit un jour sur son navire aux longues rames... Obéis, Euryclée ! et va dans notre chambre aux solides murailles nous préparer le lit que ses mains avaient fait ; dresse les bois du cadre et mets-y le coucher, les feutres, les toisons, avec les draps moirés !

C'était là sa façon d'éprouver son époux. Mais Ulysse indigné méconnut le dessein de sa fidèle épouse :

Ulysse. — O femme, as-tu bien dit ce mot qui me torture ?... Qui donc a déplacé mon lit ? le plus habile n'aurait pas réussi sans le secours d'un dieu qui, rien qu'à le vouloir, l'aurait changé de place. Mais il n'est homme en vie, fût-il plein de jeunesse, qui l'eût roulé sans peine. La façon de ce lit, c'était mon grand secret ! C'est moi seul, qui l'avais fabriqué sans un aide. Au milieu de l'enceinte, un rejet d'olivier éployait son feuillage ; il était vigoureux et son gros fût avait l'épaisseur d'un pilier : je construisis, autour, en blocs appareillés, les murs de notre chambre ; je la couvris d'un toit et, quand je l'eus munie d'une porte aux panneaux de bois plein, sans fissure, c'est alors seulement que, de cet olivier coupant la frondaison, je donnai tous mes soins à équarrir le fût jusques à la racine, puis, l'ayant bien poli et dressé au cordeau, je le pris pour montant où cheviller le reste; à ce premier montant, j'appuyai tout le lit dont j'achevai le cadre ; quand je l'eus incrusté d'or, d'argent et d'ivoire, j'y tendis des courroies d'un cuir rouge éclatant... Voilà notre secret !... la preuve te suffît ?... Je voudrais donc savoir, femme, si notre lit est toujours en sa place ou si, pour le tirer ailleurs, on a coupé le tronc de l'olivier.

Il disait : Pénélope sentait se dérober ses genoux et son cœur ; elle avait reconnu les signes évidents que lui donnait Ulysse ; pleurant et s'élançant vers lui et lui jetant les bras autour du cou et le baisant au front, son Ulysse, elle dit :

Pénélope. — Ulysse, excuse-moi !... toujours je t'ai connu le plus sage des hommes ! Nous comblant de chagrins, les dieux n'ont pas voulu nous laisser l'un à l'autre à jouir du bel âge et parvenir ensemble au seuil de la vieillesse !... Mais aujourd'hui, pardonne et sois sans amertume si, du premier abord, je ne t'ai pas fêté ! Dans le fond de mon cœur, veillait toujours la crainte qu'un homme ne me vînt abuser par ses contes ; il est tant de méchants qui ne songent qu'aux ruses ! Ah ! la fille de Zeus, Hélène l'Argienne, n'eût pas donné son lit à l'homme de là-bas, si elle eût soupçonné que les fils d'Achaïe, comme d'autres Arès, s'en iraient la reprendre, la rendre à son foyer, au pays de ses pères ; mais un dieu la poussa vers cette œuvre de honte ! son cœur auparavant n'avait pas résolu cette faute maudite, qui fut, pour nous aussi, cause de tant de maux ! Mais tu m'as convaincue ! la preuve est sans réplique ! tel est bien notre lit ! en dehors de nous deux, il n'est à le connaître que la seule Aktoris, celle des chambrières, que, pour venir ici, mon père me donna. C'est elle qui gardait l'entrée de notre chambre aux épaisses murailles... Tu vois : mon cœur se rend, quelque cruel qu'il soit !

Mais Ulysse, à ces mots, pris d'un plus vif besoin de sangloter, pleurait.

Il tenait dans ses bras la femme de son cœur, sa fidèle compagne !

 

 

 

Homère - L'Odyssée XXIII - traduction de Leconte de Lisle (1867)


..."- Malheureuse ! Parmi toutes les autres femmes, les Dieux qui ont des demeures Olympiennes t'ont donné un coeur dur. Aucune autre femme ne resterait aussi longtemps loin d'un mari qui, après avoir tant souffert, revient, dans la vingtième année, sur la terre de la patrie. Allons, nourrice, étends mon lit, afin que je dorme, car, assurément, cette femme a un coeur de fer dans sa poitrine !

Et la prudente Pènélopéia lui répondit :

- Malheureux ! je ne te glorifie ni ne te méprise mais je ne te reconnais point encore, me souvenant trop de ce que tu étais quand tu partis d'Ithakè sur ta nef aux longs avirons. Va, Eurykléia, étends, hors de la chambre nuptiale, le lit compact qu'Odysseus a construit lui-même, et jette sur le lit dressé des tapis, des peaux et des couvertures splendides.

Elle parla ainsi, éprouvant son mari ; mais Odysseus, irrité, dit à sa femme douée de prudence :

- O femme ! quelle triste parole as-tu dite ? Qui donc a transporté mon lit ? Aucun homme vivant, même plein de jeunesse, n'a pu, à moins qu'un Dieu lui soit venu en aide, le transporter, et même le mouvoir aisément. Et le travail de ce lit est un signe certain, car je l'ai fait moi-même, sans aucun autre. Il y avait, dans l'enclos de la cour, un olivier au large feuillage, verdoyant et plus épais qu'une colonne. Tout autour, je bâtis ma chambre nuptiale avec de lourdes pierres ; je mis un toit par-dessus, et je la fermai de portes solides et compactes. Puis je coupai les rameaux feuillus et pendants de l'olivier, et je tranchai au-dessus des racines le tronc de l'olivier, et je le polis soigneusement avec l'airain, et m'aidant du cordeau. Et l'ayant troué avec une tarière, j'en fis la base du lit que je construisis au-dessus et que j'ornai d'or, d'argent et d'ivoire, et je tendis au fond la peau pourprée et splendide d'un boeuf. Je te donne ce signe certain ; mais je ne sais, ô femme, si mon lit est toujours au même endroit, ou si quelqu'un l'a transporté, après avoir tranché le tronc de l'olivier, au-dessus des racines"...

Francesco Primaticcio - Ulysse and Penelope


 

 

 

Dans la mythologie grecque,

Eiréné ou Irène est l'une des trois (ou cinq) Heures et incarne la Paix.
La branche d'olivier était l'un des attributs de la déesse grecque Eirènè ("Paix") et son équivalente romaine Pax


Hésiode  poète grec du VIII° siècle av. J.-C.

Eirene déesse de la paix - Jacques Dumont paix 1749 


 

 

 

L'origine de l'olivier,  issue d’une punition divine :

 

Ovide,(Publius Ovidius Naso 43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain.

 

"...Le petit-fils d’Oenus avait achevé son récit, Vénulus quitte le royaume du Calydonien, le golfe des Peucétiens et les champs des Messapiens. Là il voit un antre, obscurci par un rideau d’arbres et tout frissonnant de roseaux légers ; Pan, le dieu à demi-bouc, l’habite aujourd’hui, mais il fut un temps où les nymphes l’habitèrent.


Certain pasteur d’Apulie leur inspira un effroi qui leur fit fuir ce pays, sous l’empire d’une peur soudaine ; bientôt, quand la raison leur revint, n’ayant plus que dédain pour l’homme qui les poursuivait, elles se mirent à danser, leurs pieds se mouvant en cadence.


Le pasteur se moque d’elles et, les imitant avec des sauts de paysan, il les accabla par surcroît de mots obscènes mêlés de grossières  invectives. Il ne ferma la bouche que lorsque son gosier disparut dans l’écorce ; car il est désormais un arbre, et le suc qui en découle est révélateur de son caractère :

c’est l’olivier sauvage, dont les baies amères figurent la verdeur de sa langue ; l’âpreté de ses propos a passé en elles..."

 

Le berger Apulas transformé en olivier - 1750 - Collin de Vermont, Hyacinthe - École de France

 

 

 

Légende de l'olivier


 

Le 1er septembre 672, aux funérailles du roi Réceswinthe,on remarque particulièrement Wamba, un noble d'un âge avancé qui versait des larmes sincères.


Le roi ne laissant aucun fils, les Goths décidèrent d'en élirent un nouveau, cherchant les meilleurs et les plus dignes. C'est dans la ville de Guimarães, au sud-ouest de Braga sur la Costa Verde du Portugal (le coin nord-ouest du pays) que venaient les électeurs - les grands nobles, les évêques et les généraux - et ici ils débattaient de qui devait être roi. . . .


Saint Léon, déclarant qu'il avait reçu une direction divine, a chargé les électeurs de rechercher un cultivateur nommé Wamba. Les éclaireurs ont donc été dispersés dans tout le pays jusqu'à ce que, enfin, Wamba soit retrouvé en train de labourer l'un de ses champs. 


"Laissez votre charrue dans le sillon", lui disaient-ils; 
un travail plus noble vous attend. Vous avez été élu roi d'Hispanie." 

"Il n'y a pas de travail plus noble", répondit Wamba. 
Cherchez ailleurs votre monarque. Je préfère régner sur mes champs."


Les hérauts étonnés ne savaient que penser de cela. Pour eux, l'homme qui ne veut pas être roi doit être un saint - ou un idiot. Ils raisonnaient, suppliaient, imploraient, jusqu'à ce que Wamba, soucieux de s'en débarrasser, dise :


"J'accepterai la couronne quand la verge sèche dans ma main redeviendra verte - et pas avant".

 

Après l'avoir enfoncée dans le sol, tous furent étonnés de la voir soudainement devenir une plante verte avec des feuilles poussant sur le dessus. Le ciel avait tranché la question. Alors Wamba "est allé avec les hérauts au congrès électoral".


Une fois sur place, cependant, il essaya à nouveau de refuser le trône. À cela, l'un des chefs wisigoths tira son épée et menaça de décapiter Wamba s'il n'acceptait pas la couronne. Wamba a cédé et a consenti.


Wamba n'a jamais retiré le bâton  et par la suite, on dit qu'il est devenu un olivier.


Bien que l'arbre ait maintenant disparu, le site est marqué soit par le monastère de Nossa Senhora da Oliveira (Notre-Dame de l'olivier), soit par la place de la ville Largo da Oliveira, chacun nommé d'après l'arbre légendaire.

 
Nossa-Senhora da Oliveira (Notre-Dame de l’Olivier), à Guimaraens. — Dessin de Catenacci d’après une photographie de M. Seabra.

 

 

 

L'olivier dans la religion

 

 


Chez les Hébreux elle donnait puissance et autorité aux grands prêtres, aux juges et aux rois.

Baptêmes, sacres des rois, ordination des prêtres, extrême onction des mourants….toujours avec l’huile d’olive. 

 

L'olivier  s’appuie sur une sacralité et une relation entre le divin et le profane. L’olivier et l’huile de ses fruits sont perçus comme des vecteurs de transcendance, des éléments intercesseurs entre Dieu et les hommes. 


Dans le judaïsme et le christianisme, l'huile d'olive est utilisée pour les onctions sacramentelles et l’olivier symbolise la paix, la réconciliation, la bénédiction et le sacrifice ; l'huile utilisée durant les rites du judaïsme doit avoir obligatoirement été pressée à la main. 

 

Les civilisations de la Méditerranée avaient fait de l’huile, tirée de la drupe c’est-à-dire du fruit de l’olivier, une substance sacrée. Le saint chrême est un mélange d’huile d’olive pure, de baume et d’épices, décrit ainsi dans la Bible : 


..."Yahvé parla à Moïse et lui dit: procure toi des parfums de choix, la myrrhe vierge (résine odorante tirée d’un arbre d’Arabie), la cinnamone odoriférante et le roseau odoriférant…, la casse… et l’huile d’olive…, ce sera un saint chrême". Dans la religion chrétienne, le saint chrême sert à l’administration des saints sacrements. D’ailleurs, le Messie est nommé Maschiach Oint, en hébreu"... 


Cette huile sert à l’onction des rois mais aussi des malades, sur les petites urnes en argent contenant l’huile du sacrement on peut lire "O.I.", olea infirmatur, ou huile des malades.

 

 

La Bible

 

Genèse VIII, 6-12

..."Puis il lâcha d’auprès de lui la colombe, pour voir si les eaux avaient diminué de la surface du sol. La colombe ne trouva pas d’endroit où reposer la plante de son pied et elle revint vers lui dans l’arche, car les eaux étaient sur la surface de toute la terre. Il étendit sa main, la prit et la ramena vers lui dans l’arche.

II attendit encore sept autres jours et recommença à lâcher la colombe hors de l’arche. La colombe vint à lui, au temps du soir, et voici qu’en sa bouche il y avait une feuille d’olivier toute fraîche. Alors Noé sut que les eaux avaient diminué de dessus la terre. II attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, mais elle ne revint plus vers lui"...

 

 

 

Genèse chapitre 28-18

Jacob enduisit d’huile d’olive la pierre de Bethel après sa vision de l’échelle céleste
" Jacob se leva de bon matin, il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, il la dressa pour en faire une stèle, et sur le sommet il versa de l’huile".


Le rêve de Jacob et l’onction de la pierre de Béthel- Bibliothèque nationale de France, ms. Lat. 10525, f. 13v).


 

 

Jérémie chapitre 11 verset 16

..."Olivier verdoyant, remarquable par la beauté de son fruit, Tel est le nom que t'avait donné l'Eternel; Au bruit d'un grand fracas, il l'embrase par le feu, Et ses rameaux sont brisés.

L'Eternel des armées, qui t'a planté, Appelle sur toi le malheur, A cause de la méchanceté de la maison d'Israël et de la maison de Juda, Qui ont agi pour m'irriter, en offrant de l'encens à Baal"...

 

 

Jérémie - Romains 11:17-24

Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier,

 

Jérémie - Apocalypse 11:4

Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre.

 

Jérémie Psaume 52:8

..."Et moi, je suis dans la maison de Dieu comme un olivier verdoyant, Je me confie dans la bonté de Dieu, éternellement et à jamais"...

 

Deutéronome 28:40

Tu auras des oliviers dans toute l'étendue de ton pays; et tu ne t'oindras pas d'huile, car tes olives tomberont.

 

Job 8:16
Dans toute sa vigueur, en plein soleil, Il étend ses rameaux sur son jardin,


 

Dans le nouveau Testament,


chapitre 11 de la lettre de Paul aux Romains 

L'image d'un olivier est utilisée pour illustrer les rapports entre l'Église et Israël. 


Le peuple de Dieu y est représenté comme un olivier dont certaines branches ont été coupées et où des branches d'un autre arbre ont été greffées, ces dernières symbolisant les non-juifs rattachés au peuple de Dieu par la foi en Jésus-Christ.

 

 

Osée chapitre 14 verset 16….

"il poussera des racines, ses rameaux s’étendront et il aura la magnificence de l’olivier"

 

Exode. 27, 20-21 ; Lévitique. 2, 1-17). 

Chez les hébreux, l'huile d'olives concassées, pure, est une image des dons et des grâces de l'Esprit, que tous les croyants reçoivent de Christ, l'Olivier parfait, sans Lequel notre lumière ne peut luire devant les hommes. 

Elle éclaire et purifie les lieux sacrés et constitue le combustible employé pour le grand chandelier à sept branches (menorah) et les luminaires présents dans le Tabernacle, puis le Temple de Jérusalem.

Brûlée dans des lampes, l’huile d’olive procure une clarté lumineuse avec une grande flamme et peu de fumée ; aussi fut-elle longtemps perçue comme le symbole de la présence divine (la shekhina dans la tradition juive). 

Les synagogues situées dans les pays méditerranéens ont perpétué cette pratique jusqu'à l'arrivé de l'ampoule électrique, avec une lampe constamment allumée (ner tamid en hébreu) et remplie régulièrement d’huile d’olive par des préposés aux luminaires. 

Les sacrificateurs devaient allumer ces lampes et s'en occuper. C'est le travail des serviteurs de Dieu, devant prêcher et répandre les Écritures, telles des lampes illuminant l'église, comme à l'époque était la tâche du tabernacle dans le désert. Dieu soit loué, cette Lumière n'est pas limitée au seul tabernacle et au peuple Juif, mais elle éclaire aussi les "gentils" jusqu'aux extrémités de la terre, pour leur salut !

Le chandelier juif à huit + une (neuf) branches porte les bougies qui sont allumées au cours des huit nuits successives pour célébrer la victoire de Mathatias contre le tyran Antiochus IV, gouverneur syrien de la Judée en l’an 168 av. J.-C. 

Chaque année, en décembre, les juifs remercient Dieu en allumant chaque jour une lampe d’un chandelier à huit + une branches :

la neuvième bougie appelée shamash permet d’allumer les autres, une par jour en partant de la droite vers la gauche, ce chandelier est placé devant une fenêtre. 

L'huile d'olives alimente les lampes du shabbat et des fêtes rituelles comme Hanoukka, la fête des Lumières. 

Quand les hébreux entrent dans le temple de Jérusalem détruit pour célébrer Dieu, il ne reste presque plus d’huile pour les lampes, miraculeusement l’huile est renouvelée les huit jours suivants. 

 

 

Dans le Coran, l'olivier est un arbre béni, symbole de l'homme universel, et l'huile d'olive est source de lumière divine pour guider les hommes et en raison de la pureté de son huile, l’axe du monde, et associé au figuier il est l’arbre sacré du paradis.

 

Sourate 24, 35.

l’huile d’olive est évoquée dans le Coran comme :

..."l’huile d’un arbre béni, un olivier qui n’est d’Orient, ni d’Occident"...

 

sourate XXII-35. 

Le Coran nous montre une huile d’olive

..."si limpide qu’elle éclairerait, même si nul feu ne la touchait"...


Allah oppose la lumière aux ténèbres de l’incrédulité :

..."Dieu est la lumière des cieux et de la terre ! Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un verre ; le verre est semblable à une étoile brillante. Cette lampe est allumée à un arbre béni : l’olivier qui ne provient ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans que le feu la touche. Lumière sur lumière ! "... 

Selon certains ahadith (communication orale du prophète de l'islam Mahomet) rapportés par Sayyid Al-Ansari, Abdullah bin Umar et Abu Huraira dans les compilations de At-Tirmidhi et de Ibn Majah, Mahomet aurait dit : 

..."Consommez de l’huile d’olive et frottez-vous-en le visage, car elle provient d’un arbre béni."...


 

 

 

Mont des Oliviers

lieu est important pour les trois religions abrahamiques.


Le mont des Oliviers est une colline à l'est de Jérusalem ; il englobe en fait les deux collines situées immédiatement au nord de celle-ci. Le lieu est important pour les trois religions abrahamiques.

 


Christianisme

Le mont des Oliviers est un lieu récurrent de la prédication de Jésus rapportée par le Nouveau Testament. C'est en particulier le lieu de l'Ascension (cf. Ac 1,9-12).

Outre le cimetière, la colline est couverte de nombreux monuments chrétiens :

la basilique de Gethsémani, l'église Dominus flevit, chapelle latine en forme de larme et dont le retable consiste en une baie vitrée donnant sur un panorama sur l'esplanade du Temple et le dôme du Rocher ; autour de cette chapelle, d'autres églises, y compris une église orthodoxe aux clochers ornés de bulbes dans le plus pur style russe, construite in extremis par l'Empire russe avant la révolution de 1917, l'église Sainte-Marie-Madeleine ; le monastère orthodoxe de l'Ascension s'étend sur une surface de 5,4 hectares. Il est dominé par un campanile de 64 mètres de hauteur ; plus au nord, le Carmel du Pater, où la prière chrétienne du Notre Père est présentée en mosaïques le long d'un cloître, en diverses langues.

 Nicodi le christ au jardin des oliviers

 

 

Judaïsme


Selon la tradition juive, le Mashia'h (Messie), qui amènera la résurrection des morts, passera en premier lieu par le mont des Oliviers avant d'entrer dans Jérusalem (cf. Za 14, 4). Ce sont donc les personnes enterrées en ce lieu qui seront les premières ressuscitées.

Cette prophétie est notamment mentionnée par Flavius Josèphe (Antiquités juives, 20, 169), lorsqu'il évoque un Égyptien venu à Jérusalem et se prétendant prophète.


 

Islam

Des mosquées sont également présentes, entre autres sur le lieu où les chrétiens vénèrent la mémoire de l'Ascension de Jésus, avec l'église de l'Ascension

Mosquee El Aqsa (Dome du rocher) Palestine - Mohamed Aib - 2018

 




10000 av. J.C.

 


L'expansion de l'olivier est liée au climat méditerranéen, apparu progressivement depuis environ 10 000 ans avant notre ère, s'installant d'abord en Méditerranée orientale, pour s'étendre ensuite, durant plusieurs millénaires, à l'ouest et au nord du bassin méditerranéen. 


Les fossiles et  les pollens nous montrent un olivier sauvage épineux aux petits fruits peu riches en huile. 


Des études biologiques réalisées par Gabriel Camps en 1970 montrent que l'olivier sauvage existait au Sahara environ 11 000 ans avant notre ère.


Les dernières analyses des pollens de différents arbres à feuillages caducs et dominants semblent montrer que ce changement climatique s'est développé environ 8 000 ans avant notre ère, au sud-est de l'Espagne, remontant lentement vers le nord.


 


 

4000 av. J.C. - 3200 av. J.C.

 


Selon les archéologues, la domestication de l'olivier aurait eu lieu environ entre 3800 et 3200 av. J.-C., soit il y a six millénaires. 


Des études archéo-biologiques et l'étude génétique des populations d'oléastres et des variétés d'oliviers montrent que la domestication s'est produite indépendamment dans plusieurs régions du bassin méditerranéen, et s'est très probablement réalisée sur une longue période.


Des recherches archéologiques montrent que l'on extrayait déjà l'huile dès le IVe millénaire av. J.-C. au Liban et à Chypre, ainsi qu'en Crète vers 3500 avant notre ère. 

 

L’olivier le plus vieux du monde, 3 000 ans environ, se trouverait dans le village de Voúves dans l’ouest de la Crète
 

 


 

3000 av. J.‑C. 

 

 

Les jeunes mariées portaient des couronnes d'olivier qui étaient aussi portées par les vainqueurs des Jeux olympiques antiques.

 

L’olivier, symbole de victoire. Les athlètes victorieux des jeux olympiques d’Athènes recevaient  une couronne de  rameaux d’oliviers et des jarres d’huile d’olive. 


La couronne d’olivier des Jeux Olympiques modernes a été remplacée par une médaille. Cependant, les Jeux Olympiques d’été à Athènes l’ont réintroduite en 2004. Les 5 513 couronnes  accordées aux vainqueurs ont été offertes par un sponsor et réalisées à partir de branches venues de Crète.


 

 

 

2700 av. J.C. - 1700 av. J.-C., 

 

 

la technique s'améliora et les premiers "pressoirs à arbre" simples apparurent à Ougarit (actuellement Ras Shamra en Syrie). L'olivier a été importé en Égypte depuis la Syrie sous la IXe dynastie (-2160 à -2040).

Les Hittites s'en procuraient sur la côte de l'Asie Mineure, alors que les pharaons d'Égypte et les rois de Mésopotamie en achetaient en Syrie.

Dans les palais minoéens de Crète, l'huile était entreposée, en grande quantité, dans des vases appelés pithoi, et dans les palais mycéniens de la Grèce continentale, on a retrouvé de nombreuses jarres à huile et des tablettes écrites en linéaire B mentionnant l'idéogramme de l'huile (élaion). 


C'est à ce moment-là que la déesse Isis, reine mythique et femme d'Osiris est considérée comme la gardienne de la culture de l'olivier. Elle y enseigne notamment l'art de cultiver l'olive et d'en extraire l'huile, les bienfaits et les vertus de son huile utilisée pour leurs rituels de purification.. Ce commerce était très contrôlé, car l'huile était fortement liée au pouvoir économique et religieux.

Le culte d'Isis apparaît à la fin de l'Ancien Empire aux alentours du XXIV° siècle avant notre ère.


La Déesse-Arbre présente ses offrandes à Sennedjem et son épouse, tombe de Sennedjem

(TT 1), XIXe dynastie.

 

 

 

Puis vers 1700 av. J.-C., la technique s'améliora et les premiers "pressoirs à arbre" simples apparurent à Ougarit (actuellement Ras Shamra en Syrie). 

 

 

 

1353-1323 av.


"Akhenaton Serrant à la main une branche d'olivier"

Nouvel Empire, Période Amarnienne

Dans ce fragment, il ne reste que la main gauche magnifiquement sculptée d'Akhenaton, tenant une branche d'olivier lourdement chargée qui semble être caressée par les mains des rayons du soleil. Toute la scène aurait montré le roi debout directement sous le disque solaire, face à ce qui semble être l'olivier dont il a peut-être coupé la branche. Les branches supérieures de l'arbre sont à droite le long du bord inférieur du bloc. Le texte en haut à droite a été intentionnellement détruit, ne laissant que quelques traces des hiéroglyphes.

Ce relief est actuellement prêté à long terme au Ägyptisches Museum und Papyrussammlung de Berlin en échange de deux têtes en plâtre qui ont été excavées à Amarna. Ces têtes sont exposées dans la galerie Amarna du Musée (galerie 17, art égyptien).


 

 

 

V - 1200 av. J.C.


Après une récession due à la disparition de plusieurs États orientaux, l'expansion démographique de l'âge du fer en Méditerranée entraîna la création de nombreuses colonies par les Phéniciens en Afrique du Nord (Carthage) et au sud de l'Espagne, ainsi que par les Grecs en Asie Mineure, dans les îles de la mer Égée, en Sicile et dans le sud de l'Italie et de la France (Marseille, Corse). 

Ils y importèrent leur culture de l'olivier et développèrent son commerce.

 

Ramassage des olives tombées. Mosaïque de la Chebba. Tunisie (Musée National du Bardo).

Document présenté par JP. Brun au Collège de France• Crédits  Musée National du Bardo Collège de France


 

 

 

1186 av J.C. - 1154 av. J.C.

 


Ramsès III est le dernier grand souverain du Nouvel Empire. Pendant son règne, qui dure un peu plus de trente ans, le souverain ne cesse pas de lutter contre la corruption qui gangrène le pays ; il doit également repousser les peuples de la mer, des envahisseurs coalisés.


Ramsès III offrit une plantation d’oliviers au dieu Râ pour que les huiles puissent toujours "garder vivantes les lampes de son sanctuaire" . Les trois religions du Livre lui accordent également une grande place dans les textes et dans les rituels.


Les Egyptiens se servaient de l'huile d'olive lors des rites mortuaires et des couronnes ou des colliers confectionnés avec des feuilles d'olivier ont été retrouvés dans des tombes de pharaons.

colliers feuilles olivier - pharaon

 


 

VI° siècle av. J.C.

 

 

​Thalès de Milet, appelé communément Thalès (625-620 av. J.C.- 548-545 av. J.C.), le célèbre astronome et mathématicien, est devenu puissant en créant un monopole sur l'huile d'olive, en utilisant ce que nous appelons maintenant en économie les "contrats à terme" et les "options".

Sur la base de ses connaissances en astronomie, il pouvait prédire à quel moment les olives seraient abondantes au cours d'une année donnée et acheter l'accès à tous les pressoirs à olives pour ces périodes. Détenant le monopole, il louait les presses dégageant un profit énorme.

 


520 av. J.C.

amphore peinte par Antiménès 

Récolte d'olives


 

 

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Selon Pline l'Ancien, l'olivier était absent de l'Italie sous le règne de Tarquin l'Ancien (-616 à -579). 

 

Les Grecs appellent l’huile d’olive "l’or liquide". Les olives procurent un complément végétal alimentaire aux multiples bienfaits et l’huile une matière grasse essentielle dans l’Antiquité méditerranéenne.

Très rapidement, l’exportation d’huile apporte richesse. Commerce qui exporte aussi des hommes, leurs cultures, leurs savoir-faire : des comptoirs (et une colonisation) s’installent sur le pourtour méditerranéen, Crétois, Phéniciens, Grecs, puis Romains.

On parle de la civilisation de l’olivier. Les Phocéens plantèrent les premiers oliviers sur notre sol à Marseille vers 600 ans avant notre ère, avec un essor plutôt vers le IVème siècle avant notre ère.


Au VI° siècle av. J.-C. le magistrat et sage grec Solon promulgua des lois autorisant les Athéniens à faire le commerce de l'huile d'olive.

Solon 

 

 

 

V° siècle av. J.C. 

 

 


A partir du V° siècle av. J.C., aux Jeux Panhelléniques, il n’y a qu’un seul vainqueur et son prix consiste en une couronne de feuillage.

Sur chacun de ces sites, les couronnes sont fabriquées avec des feuillages différents :


- À Olympie, c’est une couronne d’olivier sauvage
 

 

Pindare (en 518 av. J.-C.- 438 av. J.-C.), poète lyrique grec.

Odes et fragments

Olympique III

Pour Théron d'Agrigente,

Vainqueur à la course des chevaux,pour les Théoxénies

 

Héraclès,

Le juge intègre des Hellènes, cet Étolien,

Qui posa au-dessus de ses prunelles,

Sur son front,

 

 

Strophe 1

Des Tyndarides hospitaliers, je désire la faveur,

Et celle d'Hélène finement bouclée,

Pour célébrer la glorieuse Agrigente : tel est mon vœu !

Au vainqueur olympique,

Théron, j'ai dressé l'hymne, à ses coursiers aussi,

À l'élan prodigieux ! Or la Muse était

À mes côtés, lorsque j'inventai une harmonie nouvelle,

Unissant la cadence dorienne à la voix,


 

Antistrophe 1

Splendeur des fêtes. Puisque se dressent

Sur la chevelure les couronnes,

Je me dois d'acquitter une dette sacrée :

La lyre subtile,

Le son des flûtes, et l'ordre des vers,

Au fils d'Onésidamos doivent se mêler, comme il sied ;

Et toi, Pise, déclare aussi, toi par qui,

Divinement, sont inspirées aux hommes les Odes,


 

Épode 1

Oui, parle de celui qui obéit aux premiers ordres d'Héraclès,

Le juge intègre des Hellènes, cet Étolien,

Qui posa au-dessus de ses prunelles,

Sur son front,

Le verdoyant feuillage d'olivier, que, jadis,

Des sources obscures

De l'Ister ramena le fils d'Amphitryon,

Cette mémoire des joutes olympiques,

 

 Strophe 2

Après avoir si bien convaincu les Hyperboréens,

Serviteurs d'Apollon, par l'éclat de sa parole.

Bienveillant, il désirait pour l'agréable

Bosquet de Zeus une plante ombrageante

Pour les hommes, afin de couronner leurs exploits.

Et déjà, alors que les autels au Père

Déjà étaient dédiés, et que le char doré

Du soir avait embrasé sa prunelle, la Lune,

 

Antistrophe 2

Les arbitres des joutes,

De même que les quinquennales,

Étaient par lui fondés sur les saintes falaises de l'Alphée ;

Mais les arbres charmants n'étaient guère abondants

Dans les vallées du Cronion, la terre de Pélops :

Tout était pauvre, et l'endroit lui apparut

Écrasé par les feux ardents du soleil.

Alors, son cœur le poussa à se rendre dans le pays

 

Épode 2

Istrien ; là, Léto, dresseuse de chevaux,

L'accueillit, lui qui revenait des régions d'Arcadie

Aux coteaux sinueux,

Jeté dans cette aventure

Par Eurysthée, contraint aussi par le Père céleste,

Afin de ramener la biche aux cornes d'or,

Que jadis Taigétê

Avait donnée à Orthosie, offrande sacrée.

 

 
Strophe 3

Dans sa poursuite, il découvrit une contrée

Épargnée par les souffles du Nord

Au froid mugissement ; devant ces arbres, il fut fasciné !

Un désir ardent le poussa

À les planter le long de l'espace douze fois borné de tours,

Où courent les chevaux. Et, aujourd'hui, à la fête,

Tout de mansuétude, il vient,

Accompagné des Jumeaux, enfants de la svelte Léda.

 

 
Antistrophe 3

Car il leur a ordonné, à son départ pour l'Olympe,

De régir ces jeux sublimes

Pour la vaillance des hommes et le maniement du char

Si vif. Et moi, je veux de tout mon cœur

Affirmer, qu'aux Euménides

Et à Théron, la gloire est échue, grâce aux cavaliers

De Tyndare, car aux plus opulents des hommes,

Ils furent hospitaliers, leur donnant des festins,

 

 
Épode 3

Ayant préservé une piété digne des Meilleurs.

Si le premier bien est l'eau, si

L'or est le plus pur,

Aujourd'hui, à l'apogée

De ses exploits, Théron vient d'atteindre

L'extrémité des Colonnes

D'Héraclès. Leur au-delà est aux sages interdit,

Comme aux impies. Mais je n'irai pas plus loin : sinon, je serai fou !
 

 

 

Pindare (en 518 av. J.-C.- 438 av. J.-C.), poète lyrique grec.
Pindare aux rameaux d'olivier

 


Sophocle (495 av. J.C. - 406 av. J.C.), est l'un des trois grands dramaturges grecs :


Oedipe à Colone - l'olivier
..." Il est un plant dont je ne sache pas q'un pareil ait surgi jamais, ni sur le sol d'Asie, ni sur celui de la grande dorienne de Pélops, un  plant  indomptable, qui renaît de lui-même un plant qui est l'effroi des armes ennemies, et qui croît en ces lieux mieux que partout ailleurs, l'olivier au feuillage brillant, le nourricier de nos enfants, l'arbre que personne, ni jeune, ni vieux, ne peut brutalement détruire ou saccager. Le regard vigilant de Zeus "Morios" ne le quitte pas, et pas davantage celui d'Athéna "Glaucôpis". ...   


Œdipe à Colone, paysage historique par François-Xavier Fabre, 1808.
Musée Fabre de Montpellier


 

 

500 av. J.C.


Satyres et ménades cueillant des olives, représentés sur un olpè attique à figures noires (Capoue, vers 500 av. J.-C.).

Musée du Louvre


 

 


Art étrusque 

Danseur et musiciens au milieu des oliviers

 

 

Tétradrachme, vers 450 av. J.-C. 

Pièce de monnaie athénienne antique


représentant la déesse Athéna avec ses emblèmes de la chouette et du rameau d'olivier.

 

 

 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Alexandre le Grand conquit la Méditerranée orientale ainsi que l'Empire perse, et le commerce de l'huile d'olive se développa encore plus.

 

En 400 avant J.C., 

Dans les jardins de l’Académie, Platon (428 / 427 av. J.-C. - 348 / 347 av. J.-C.)  enseignait la philosophie à ses disciples à l’ombre d’un olivier.

 

 

 

II° - I° siècle av. J.C.

 


116 av. J.C. - 27 av. J.C.

Selon Varron, Cécrops demanda aux habitants et aux habitantes d'Athènes de choisir leur protecteur. Les hommes choisirent Poséidon tandis que les femmes choisirent Athéna, et, plus nombreuses d'une voix, firent pencher la balance en sa faveur.

 
(Marcus Terentius Varron 116 av.J.C.-27 av.J.C. ) écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre, (Ses écrits, dont l'essentiel ne nous est pas parvenu, apportent quelques éclairages sur l'étymologie des mots latins et l'organisation des connaissances à Rome à la fin de la République).

 

 

 

Première moitié du IIe siècle av. J.-C.

Tétradrachme en argent d'Athènes, 

Chouette sur une amphore, entourée de rameaux d'olivier. 


 


 

I° siècle

 

 

 

Virgile (70 av. J.-C - 19 av. J.-C)  poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.


Énéide - Livre XI


..."L'audacieux Pallas  interdit d'interrompre les rites sacrés

et, saisissant son javelot, il vole vers eux et, du haut d'un tertre

de loin, il dit : "Jeunes gens, quelle raison vous pousse

à explorer des routes inconnues ? Où allez-vous ? De quelle  race,

de quelle patrie êtes-vous? Apportez-vous la paix ou la guerre ?"

Alors du haut de sa pouppe, le vénérable Énée, de la main

tend  un rameau d'olivier en gage de paix, et dit :

"tu vois  des Troyens, et des armes ennemies des Latins ;

ils nous ont repoussés, nous des fugitifs, en une guerre insolente.

 

..."Alors le fils d'Anchise choisit dans ses rangs cent ambassadeurs

et leur ordonne de se rendre au palais vénérable du roi,

tous voilés des rameaux de Pallas, de lui offrir des présents

et de lui demander d'accorder la paix aux Troyens"...

 

Et déjà des ambassadeurs latins arrivaient de leur ville ;

voilés de rameaux d'olivier, ils demandaient une faveur :

qu'Énée leur rende les corps dispersés par les armes dans les plaines,

qu'il leur permette de les recouvrir d'un tertre de terre ;..."

 

 

 


Plutarque (vers 46  - vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique.

..."Sans cesse, l'olivier remplace les feuilles qui tombent par de nouvelles ; il demeure comme la cité, éternellement vivant"... 

 

 

Face à la demande croissante d'huile pour l'alimentation, l'éclairage, les soins, ou les pratiques sportives et religieuses, on développa de nouvelles méthodes de production et on rédigea des manuels techniques,  :

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. - 79) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Livre XVII

Il explique pourquoi l'olivier s'éternise

..."On fait pousser le rejeton qui mérite le plus d'être adopté, et de cette manière l'ancien arbre revit dans le niuveau. Toutes les fois qu'on en a besoin, on applique le procédé ; de façon que les mêmes plantations d'oliviers durent des siècles"...

 

 


 
Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle agronome romain de la première moitié du I°  siècle,

Dans le Livre des Arbres,  treizième livre du De re rustica de Columelle, l’oliveraie occupe le dix-neuvième chapitre.

L’arbre fait aussi l’objet d’un développement propre dans le chapitre sur la greffe en compagnie du figuier.

Il écrit :

..."il convient de rappeler cet ancien proverbe : Qui laboure ses oliviers, les prie de donner du fruit; qui les fume, le demande; qui les taille, l'exige. Il suffit cependant de le faire tous les huit ans pour ne pas trop couper de branches à fruit. Il arrive quelquefois que les oliviers, quoiqu'ayant une belle apparence, ne produisent pas de fruits :il convient alors de les percer avec la tarière gauloise et d'enfoncer dans le trou une cheville verte d'olivier sauvage : ainsi, par cette sorte d'alliance qui le féconde, l'arbre devient plus fertile"... 

L'économie rurale de Columelle, Panckoucke, 1845 


 

 

 

Appien d'Alexandrie (95 - 161 ap.J.) historien grec de l'époque romaine
décrit l'utilisation par les ennemis de Scipion Émilien,  de branches d'olivier comme geste de paix dans la guerre de Numance et par Hasdrubal le Boétharque de Carthage. 


Mais dans le monde romain, c'est le plus souvent le laurier qui est utilisé, (cf.Tite-Live, Histoire Romaine, livres XXXIV, 55; XXXVI, 37, ect17...)
 

 

 

III° siècle

 

Pour les romains, il y avait un lien fort entre guerre et paix, et Mars, le dieu de la guerre, avait sous l'épiclèse Mars Pacifer, le rôle de celui qui apporte la paix, comme le montrent des pièces de l'Empire romain où il est représenté tenant un rameau d'olivier, cette ambivalence trouvant son origine dans la promotion par Auguste du culte de Mars Ultor (Mars vengeur des assassins de César), qui est en quelque sorte l'aspect noir de la "paix augustéenne".


Sur l'avers d'une pièce de monnaie apparaît l'empereur romain Émilien, alors qu'au revers le dieu romain Mars Pacifer porte une branche d'olivier et un bouclier.


Émilien  empereur romain de juin à septembre/octobre 253,

 

 

 

 

V° siècle

 

 

Palladius, (Rutilius Taurus Aemilianus Palladius, aussi connu comme Palladius Rutilius Taurus Aemilianus et communément appelé simplement Palladius - V° siècle de l’ère chrétienne, auteur d'un traité sur l'agriculture, l’un des Anciens les plus loquaces à ce propos. 

Un magnifique poème sur la greffe, dédié à son ami Pasiphilus, clôt l’Opus agriculturae. Il mériterait à lui seul une étude exhaustive en raison du foisonnement et de la luxuriance des greffes mises en scène : imaginaire et réalité s’y mêlent. Palladius y recommande de greffer l’oléastre sur l’olivier cultivé en ces termes, très emphatiques :


"Robora Palladii decorant silvestria rami

Nobilitat partus bacca superba feros.

Fecundat sterilis pingues oleaster olivas,

Et quae non novit munera ferre docet"

 

 

Les rameaux de l’arbre de Pallas embellissent les chênes des forêts, 

et la superbe olive ennoblit des fruits sauvageons. L’olivier sauvage, 

tout stérile qu’il est, féconde, celui dont nous recueillons les olives 

grasses,et lui apprend à porter des fruits qu’il ne sait produire.

 

 (trad. synthèse trad. M. Nisard, M. Cabaret-Dupaty et A. Durand).


 

 

 

VI° siècle

 


Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes

Hymne de Noé, str. 11s (trad. SC 99, p.117s rev.)

 

"… Tel fut l’effet de la colère de Dieu, parce que les humains avaient persévéré dans leur endurcissement et ne s’étaient pas empressés de lui crier avec foi : "Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers"…


Ensuite le chœur des anges, voyant détruits les hommes charnels, s’écria : « Maintenant, que les justes possèdent toute l’étendue de la terre ! » Car le Créateur aime voir ceux qu’il a faits à son image (Gn 1,26) ; c’est pourquoi il met à part ses saints pour les sauver. Noé…lâche la colombe et elle revient vers le soir avec un rameau d’olivier dans le bec, qui annonçait symboliquement la miséricorde de Dieu. Alors Noé sort de l’arche, comme de sa tombe, selon l’ordre qu’il avait reçu…, non comme jadis Adam, qui avait mangé d’un arbre qui donne la mort, car Noé avait produit un fruit de pénitence en disant : « Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers"...


 

 

 

IX° siècle au XI° siècle

 


La chute de l'Empire romain, l'extension du christianisme, puis des civilisations islamiques entraînèrent un changement des modes de consommation, des zones de production et des circuits commerciaux. 

Génois et Vénitiens profitèrent des croisades pour développer un commerce actif et très fructueux avec l'Orient et donner une impulsion à l'oléiculture pour répondre aux nouveaux besoins créés par la fabrication du savon (apparu au IX° siècle) et l'apprêtage du textile.

 


 


 

X° siècle 

 

Aux abords du pont du Gard, on trouve trois oliviers millénaires, dont l'un a été planté en l'an 938, en Espagne, puis ramené et transplanté près du pont du Gard en 1988. En 2007, il continuait à donner des fruits. Les deux autres oliviers en sont à peu près contemporains.


 

 

 

XIV° siècle

 

 

1303 - 1306


Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto,(1266/1267-1337)  peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento

Entrée à Jérusalem
Les disciples de Jésus agitent des rameaux en signe de paix.


 

 

Simone Martini  (1284–1344) peintre

Peinture triptyque

Gabriel tient dans sa main un rameau d'olivier, symbole traditionnel de paix, tout en montrant la colombe du Saint-Esprit avec l'autre.

Vierge Marie - Ansanus et Jérémie


 

 

XIV° siècle

Huile d'olive (Oleum Oliue)

Du Tacuinum de Paris

Description
Nature : chaud et humide. Optimal : le bon mois. Utilisation : Il fait grossir et est facilement digestible. Dangers : Il affaiblit le mécanisme de la digestion.
Neutralisation des dangers : Mélanger avec des comestibles.

Le Tacuinum sanitatis (également appelé Taccuinum sanitatis) est un manuel médiéval sur la santé, basé sur le Taqwīm al-Ṣiḥḥa تقويم الصحة (Tableaux de santé), un traité médical arabe écrit par Ibn Butlân vers 1050. La deuxième série, entamée à la fin du XIV° siècle est constituée de versions simplifiées du texte, augmentées de nombreuses illustrations, une pour chaque sujet traité.


 

 

Tacuinum Sanitatis, XVe siècle

La cueillette des olives

Paris, BnF, Département des manuscrits, Latin 9333 fol. 13v


 

 

 

Pierre de Crescent est considéré  comme  un des premiers agronomes médiévaux. 

Le Liber ruralium commodorum, le Livre des profits champêtres, a été rédigé au début du XIV° siècle mais il repose sur l’expérience accumulée de son auteur durant le dernier tiers du XIII° siècle.


L’unique chapitre consacré à l’olivier sur les douze livres que compte l’ouvrage se situe au Livre V. Il renferme deux passages qui intéressent directement la problématique développée ici. Voici le premier : 


Cahiers d’Histoire des Techniques n°6. Plantes cultivées, plantes exploitées : cultures, techniques, discours.

Etudes offertes à G. Comet, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2007, p. 47-62.


..."Si sterilis est olea, Gallica terebra perforabis ; tunc duos frugiferae arboris ab australis parte ramos ejusdem magnitudinis tolles et stricte in foramen utrumque conjicies vel lapidem vel pini vel quercus palos et absciso eo, quod superabit luto paleato curabis occulere. Si sine fruge luxuriant, oleastri palum radicibus ejus infige ; quodsi fructus arbor laeta non affert, terebretur Gallica tenebra usque ad medullam impresso foramine, cui oleastri informis talea vehementer artetur et ablaqueatae arbori amurca infusa vel vetus infundatur urina ; quas tamen durante malitia inserre oportebit "...

 

..."Si l’Olivier est stérile, tu le perforeras à la tarière gauloise ; alors tu couperas deux rameaux d’un bel arbre producteur de fruits du côté du soleil couchant et, dans le trou, tu réuniras ensemble en les serrant, ces  deux rameaux, une pierre ou bien deux coins de pin ou de chêne, puis tu les couperas et tu enduiras de boue le tout et tu auras soin de recouvrir avec de la paille. Et si les oliviers prospèrent sans porter de fruit, fiche dans les racines un pieu d’Oléastre. Et si l’arbre bien portant ne porte pas de fruit, il faut le percer à la tarière gauloise jusqu’à la moelle par un trou très profond, dans lequel tu feras rentrer fermement une bouture d’Oléastre informe et, une fois l’arbre déchaussé, tu y répandras une couche d’amurque et l’arroseras de vieille urine ; et, si le mal persiste, il importe d’effectuer une greffe"...

(trad. A. Durand).

 

 

XVI° siècle

 

 


La croissance de l'huile d'olive est favorisée par François Ier (1494-1547) qui l’exempte de la dîme en 1535 ce qui permet son extension jusqu’à Valence et Sisteron.
 

 

 


À partir du XVI° siècle s'ouvrit une ère d'expansion continue, qui va conduire l'olivier à son extension territoriale maximale, sous l'influence de la demande croissante, d'une société occidentale de plus en plus industrialisée, pour les savonneries, le textile et la mécanique.

 
Avec la découverte du Nouveau Monde, les Espagnols introduisirent l'olivier dans leurs anciennes colonies des Amériques, comme l'Argentine, le Mexique, le Pérou (en 1560), le Chili et la Californie.

 

Mexique

Tzintzuntzan

Planté au 16ème Siècle par l’évêque Don Vasco de Quiroga, cet olivier fait partie d’un parc constitué de très vieux arbres.

Plus d’une cinquantaine de très vieux oliviers mais aussi des frênes, des cèdres, des pins tous aussi magnifiques les uns que les autres.


 

 

 

Joachim Du Bellay (1522-1560) - poète 


Tout effrayé de ce monstre nocturne


..."Dessous ses pieds une louve allaitait

Deux enfançons : sa main dextre portait

L'arbre de paix, l'autre la palme forte :

Son chef était couronné de laurier.

Adonc lui chut la palme et l'olivier,

Et du laurier la branche devint morte"...

 

Charles de la Fosse - Romulus et Remus - 1700


 

 

16e siècle. (première moitié)

Manuscrit  : Auteur de l'ouvrage Olivier de Beaufort, 

Paris, Bibl. Mazarine, 3899 - Folio/page f. 091v

Olivier et devise

Notice MAZARINE (C. Courtois), 2006

Un olivier et sur une pancarte la devise : "OLIM OLEAE SUAE OLIVINAM OLEA" 

Il s'agit, sans doute, de la devise d'Olivier de Beaufort, 


 

 

1584

"Les vrais pourtraits et vies des hommes illustres grecz, latins et payens"

André Thevet(1516-1590)

Éditeur Paris : Par la vefue I. Kervert et Guillaume Chaudière...

Horace.-rameau d'olivier


 

 

 

1722

Bernard Picart

Iconographie bannière de l'inquisition d'Espagne - Inquisition du Portugal
avec rameau d'olivier

 

 

 

1729


François Lemoyne ou Le Moine, (1688-1737), artiste peintre français, nommé premier peintre du Roi en 1736. 

Louis XV donnant la paix à l’Europe. 1729. 

Salon de la Paix. Château de Versailles


Dans cette composition monumentale s’intitulant également Louis XV offrant ses deux filles en témoignage de paix à l’Europe, le souverain est représenté au centre de la composition, âgé de dix neuf ans. Vêtu d’une armure, et en appui sur son pied gauche, il tend un rameau d’olivier à une jeune femme (l’allégorie de l’Europe) et reçoit ses deux filles jumelles, Louise-Elizabeth et Anne- Henriette, des mains de la Fécondité et de la Piété. Dans le fond, la Discorde s’efforce vainement de rouvrir les portes du temple de Janus. Comme le rappelle Hans-Martin Kaulbach, Louis XV dans cette composition allégorique, s’inscrit dans la lignée des grands empereurs romains, de par les références à la mythologie :

..."Il remet à l’Europe la branche d’olivier de la paix. D’autres motifs allégoriques de bénédiction de la Paix lui sont associés : par exemple la figure de l’homme vaincu. En arrière-plan Minerve et Mercure ferment la porte du temple de Janus, permettant ainsi la durabilité de la Paix. Louis XV endosse donc le rôle de l’Empereur romain Auguste, qui se vantait d’avoir fermé la porte du temple de Janus, glorifiant ainsi un nouvel âge d’or."

 
(Hans-Martin Kaulbach, "Die Idee von Europa in den Allegorien des Friedens" dans Le Cheminement de l’idée européenne dans les idéologies de la paix et de la guerre. Actes du colloque international de Besançon. 1991. Page 463).


 

 

 

 

Pierre Fulcrand de Rosset (1708-1788) poète français

au chant III 

poème sur l’agriculture :

 

"Tel dans l’Occitanie et les champs de Provence

L’Olivier toujours vert aime à prendre naissance ;

De ces bords dans la Grèce Hercule revenu,

Y porta le premier son feuillage inconnu." 

 

 

 

En 1792, 

Charles Thomson, grand lecteur de Virgile, a mis un rameau d'olivier dans la serre de l'aigle du Grand sceau des États-Unis afin, dit-il, de symboliser "la puissance de la paix".


 

 

 

XIX° siècle

 

 

 

Jeton du XIXe s. / IIIe République


Orient de Paris, les Trinosophes de Bercy et les Admirateurs de Noé, s.d. Paris


Jeton maçonnique, 

Arche de Noé en forme de temple voguant à droite ; à l’exergue VÉRITÉ en alphabet maçonnique.


 

 

 

En 1840, à l'apogée de son développement, l'oléiculture française est estimée à près de vingt-six millions d'arbres. 

 


au XIX° siècle, l'olivier connut son extension maximale. 

En 1894 

Riondet affirme dans un article :

"La cueillette des olives est un grand travail, qui donne de l’occupation aux femmes et aux enfants pendant une partie de l’hiver, je l’ai vu se prolonger quelques fois pendant cinq ou six mois, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de mars".

Les registres d’appel dans les écoles montrent effectivement des absences répétées des enfants pendant cette période.


 


 

XX° siècle

 

 

26 mars 1919

 

Sir John Bernard Partridge (1861-1945) illustrateur anglais. portraitiste extraordinaire à la reine Victoria .
Pendant quelques années il était bien connu comme acteur sous le nom de Bernard Gould.


Surpondéré. le président Wilson. :

"Voici votre rameau d'olivier. Maintenant, occupez-vous."  Colombe de paix. "Bien sûr que je veux plaire à tout le monde, mais n'est-ce pas un peu épais ?"


 

 

 

 


Bien que la superficie des oliveraies ait diminué, les gains de productivité dans la culture des oliviers et l'extraction de l'huile ont conduit au quintuplement de la production mondiale d'huile d'olive entre 1903 et 1998.

 

 

Sous le nom de Fulcanelli parurent : 

Le Mystère des cathédrales en 1926, et Les Demeures philosophales en 1930.


Galerie haute du château de Dampierre-sur-Boutonne.

La colombe (alba) portant en son bec un rameau végétal, désigne selon l’emblématique alchimique le  "volatile" – l’opération alchimique  de la "voie humide" destinée à produire, comme le règne végétal (le rameau), une fructifi­cation : solve et coagula, la dissolution et la coagulation.

"Représentée en plein vol, une colombe tient en son bec un rameau d'olivier. Ce sujet est distingué par l'inscription:


.SI.TE.FATA.VOCANT. Si les destins t'y appellent."


Fulcanelli rapproche cet emblème de la description du Déluge universel dans la Bible, au livre de la Genèse. Noé, ayant donné l'essor à la colombe de son arche, celle-ci revint le soir en rapportant une branche verte d'olivier.

"C'est là le signe par excellence de la véritable voie et de la marche régulière des opérations. Car le travail de l'OEuvre étant un abrégé et une réduction de la Création, toutes les circonstances de l' ouvrage divin doivent se trouver en petit dans celui de l'alchimiste."

Et de conseiller au débutant d'attendre prudemment la manifestation de la couleur verte, symptôme du dessèchement de la terre, de l'absorption des eaux et de la végétation du nouveau corps formé:

"Ainsi, frère, si le ciel daigne bénir ton labeur et, selon la parole de l'Adepte, si te fata vocant, tu obtiendras d'abord le rameau d olivier, symbole de paix et d'union des éléments, puis la blanche colombe qui te l'aura apporté.

Alors seulement tu pourras être certain de posséder cette lumière admirable, don de l'Esprit-Saint, que Jésus envoya, au cinquantième jour, sur ses apôtres bien-aimés."


 

 


Jean Giono (1895-1970) écrivain français.

Poème de l’olive   (1930)

dans Revue Bifur n°8 juin 1931)

Bibliothèque de la Pléiade  Ed Gallimard Récits et essais p.5-14

 

Ce temps des olives. Je ne connais rien de plus épique.

De la branche d’acier gris jusqu’à la jarre d’argile, l’olive coule entre cent mains, dévale avec des bonds de torrents, entasse sa lourde eau noire dans les greniers, et les vieilles poutres gémissent sous son poids dans la nuit. Sur les bords de ce grand fleuve de fruits qui ruissellent dans les villages, tout notre monde assemblé chante.(…)


Si l’air est âpre c’est tant pis. Ça c’est le temps de la cueillette, le temps où l’on trait l’arbre comme on ferait pour traire une chèvre, la main à poignées sur la branche, le pouce en l’air, et puis, cette pression descendante. Mais, au lieu de lait, c’est l’olive qui coule.(…)


Tout d’un coup, une porte claque, un jet de vapeur, un ruissellement de lumière. Là-bas, au fond, des hommes nus tout luisants, de grandes vis luisantes aussi qui descendent du plafond et s’enfoncent dans la terre, des hommes nus cramponnés à des barres comme des désespérés et qui tirent avec tout l’arc de leurs reins. Un grand chant grave, chaud et poisseux leur souffle son haleine de lion, et les voilà comme des hirondelles éparpillées, toutes en cris.

 

C’est le temps du pressoir, le temps où, autour du pressoir, la dure peine écrase l’homme sous ses chaînes. (…)


Là-haut, dans le grenier, le maître, avec une grande pelle de bois remue le tas des olives. Il annonce : "Elles sont prêtes." Une bonne odeur de campagne et d’arbre et de terre coule le long des escaliers. Et, par le trou de la serrure, le froid fait passer une longue tringle de gel qui vient piquer le dos de la main, là, jusque sur le rebord de l’assiette de soupe.


L’homme s’est arrêté au seuil, et a dit : "Salut" puis il est resté là. (…) "Ah, il dit, elles sont prêtes alors?

 

— L’homme les a bien remuées, mais vous verrez, montez à peine."

 

Il a retroussé ses manches ; il a plongé son bras nu dans le tas d’olives, jusqu’au fond, comme s’il voulait accou­cher une vache. Il est là, presque vautré sur le tas d’olives, à tâter là-bas, au fond, la moiteur, la chaleur, tout un tas de choses qui sont comme du vent, pas de prise facile, et qu’il faut connaître d’instinct en chien de chasse.

 

"Ça va, elles sont prêtes ; on viendra les chercher. (…)"


 

 

 

Vogue 1933


Madame Chiesa, Mrs Crosby, la Marquise de Jaucourt et Miss Peabody sur l'olivier de Platon.

 

 

 

 

Jean Cocteau (1889-1963) poète, peintre, dessinateur, dramaturge et cinéaste français.


..."Les cheveux gris, quand jeunesse les porte, font doux les yeux et le teint éclatant ; je trouve un plaisir de la même sorte à vous voir, beaux oliviers du printemps. La mer de sa fraîche et lente salive imprégna le sol du rivage grec, pour que votre fruit ambigu, l’olive, contienne Vénus et Cybèle avec. Tout de votre adolescence chenue me plaît, moi qui suis le soleil d’hiver, et qui, comme vous, sur la rose nue, penche un jeune front de cendres couvert"..

Jean-Marc Janiaczyk - peintre

 


 

Pablo Neruda  (1904-1973), poète et homme politique chilien .

 

Ode à l’huile d’olive

Près de la murmurante céréale,

des vagues du vent dans les avoines

 

 

L’olivier

 

de volume argenté,

sévère dans sa lignée,

dans son coeur terrestre emballé

les graciles

olives

polies

par les doigts

qui ont fait

une colombe

et le coquillage:

verts,

innombrables,

de pures

merveilles

de la nature,

dans les oliveraies

sèches

seuls

le ciel bleu avec des cigales

et de la terre dure

existent

ici

le prodige,

la capsule

parfaite

de l’olive

remplissant

les feuilles avec ses constellations:

plus tard

les pots,

le miracle,

l’huile.

 

J’aime

la patrie de l’huile,

les oliveraies

de Chacabuco, au Chili,

dans les matinées

les plumes de platine

forestières

contre les cordillères

froissées

en Anacapri, là-haut,

dans la lumière tyrrhénienne,

la disparition des oliviers,

sur la carte de l’Europe,

l’Espagne,

un panier noir d’olives

saupoudré de fleurs d’oranger

comme un courant d’air marin.

 

Huile d’olive,

perdue et suprême

condition de la casserole,

pédestal de perdrix,

clé céleste de la mayonnaise,

douce et savoureuse

sur les laitues

et surnaturel dans l’enfer

des capucettes archiépiscopales.

Huile, dans nos paroles, dans

notre corps,

avec

une profonde

et puissante douceur

tu chantes;

en langue castillane:

il y a des sillabes d’huile,

il y a des mots

utiles et odorants

comme ta matière parfumée.

Il y a non seulement le vin qui chante,

mais également l’huile,

qui vit en nous avec sa lumière brillante

et entre les biens de la terre

réserve,

chère huile,

ta paix inépuisable, ton essence verte,

ton trésor rempli

qui diminue

depuis les sources de l’olivier.

 

 

 

 

Mouloud Mammeri (1938-1989)

"Culture savante, culture vécue" 

Édité par l'association culturelle et scientifique "TALA" en 1991.

extrait de lettre en réponse de Mouloud Mammeri à son ami Jean Pélégri qui lui demandait quel était son arbre préféré (sujet de son roman en 1956 et de son film en 1962)


L'olivier

..."L'arbre de mon climat à moi c'est l'olivier ; il est fraternel et, à notre exacte image. Il ne fuse pas d'un élan vers le ciel comme vos arbres gavés d'eau. Il est noueux, rugueux, il est rude. Il oppose une écorce fissurée mais dense, aux caprices d'un ciel qui passe, en quelques jours, des gelées d'un hiver furieux, aux canicules sans tendresse. A ce prix, il a traversé les siècles.

Certains vieux troncs, comme les pierres des chemins, comme les galets de la rivière, dont ils ont la dureté, sont aussi immémoriaux et impavides aux épisodes de l'histoire ; ils ont vu naître, vivre et mourir nos pères et les pères de nos pères. A certains, on donne des noms comme à des amis familiers ou à la femme aimée (tous les arbres chez nous sont au féminin) parce qu'ils sont tissés à nos jours, à nos joies, comme la trame des burnous qui couvrent nos corps. Quand l'ennemi veut nous atteindre, c'est à eux, tu le sais Jean, qu'il s'en prend d'abord. Parce qu'il pressent qu'en eux une part de notre cœur gît et...saigne sous les coups. 

L'olivier, comme nous, aime les joies profondes, celles qui vont par delà la surface des faux-semblants et des bonheurs d'apparat. Comme nous, il répugne à la facilité. Contre toute logique, c'est en hiver qu'il porte ses fruits quand la froidure condamne à la mort tous les autres arbres. C'est alors que les hommes s'arment et les femmes se parent pour aller célébrer avec lui les noces rudes de la cueillette. Il pleut souvent, il neige, quelquefois il gèle. Pour aller jusqu'à lui, il faut traverser la rivière et la rivière en hiver se gonfle. Elle emporte les pierres, les arbres et quelquefois les traverseurs. Mais qu'importe ! Cela ne nous a jamais arrêtés ; c'est le prix qu'il faut payer pour être de la fête.

Le souvenir que je garde de ces noces avec les oliviers de l'autre côté de la rivière -  mère ou marâtre selon les heures - ne s'effacera de ma mémoire qu'avec les jours de ma vie"...


 

 

 

L’huile d’olive métropolitaine est concurrencée par les huiles moins chères de l’Empire colonial : l'huile d’olive de Tunisie, et huile d'arachide.

Le gel de 1956 tue six millions des onze millions de pieds d’oliviers, et l’oliveraie continue sa chute jusqu’en 1995 avec seulement deux à trois millions de pieds récoltés (sur six millions de pieds).

Par tradition la présence de l'olivier correspond en climatologie au climat de type méditerranéen. Dans cette zone, toutes les variétés sont cultivables, pour toutes les utilisations : huile, olives vertes ou noires.


les différentes variétés d'olives les plus cultivées en France : 

- Aglandau (ou Verdale de Carpentras, 

- Berruguette, 

- Cailletier, Cayon, Grossane, Olivière, Picholine, Salonenque (ou Plant de Salon), Tanche, Bouteillan.

 

Les principales régions de production sont la région Provence-Alpes-Côte d'Azur , la région Auvergne-Rhône-Alpes et la Corse.

 

 

 

1993


Cl. Geoffroy : The Olive The Devise.

Tiré de Jean-Marc Chatelain. Livre

d’emblèmes et de devise (1993)


 


 

XXI° siècle

 

 

12/01/2006

Alain Hanquez poète 

 

L'olivier

 

Dans l’éclat vernissé des poussières

Et des sentes de pierres,

Dans l’ocre aridité de la terre ancestrale,

Quand le sol asséché se convulse à forer

Les sources des racines,

S’élance aux aplats de lumière

La fourberie tenace de la sève

 

Olivier maculé du suint lourd des troupeaux

Et des laines graisseuses,

Olivier vitriolant l’arrogance de l’ordre,

Olivier scarifié des affres de bouture,

Ton indifférence séculaire s’émonde

D’un tremblé d’aube lente

D’une ligneuse effervescence de torsades et de branches

Qui émascule l’arpentage de tes plants

Dans le noueux de tes plaies divergentes

 

Le temps d’avant le temps s’avilit

De tes ultimes fleuraisons

Pour l’émergence frugifère du retour des saisons.

Rameau de la colombe sur l’Arche de Noé

Tu fructifias l’alliance de l’homme et du pardon.

 

Des soutes phéniciennes aux rives de la Crète

Du val de la Bekka aux plaines almoravides

Et de Kalamata aux confins de l’Attique,

Tu conquiers les pays de la mer du milieu

Et l’huile de ton fruit dans l’ombre des amphores

S’insinue au mortier des cryptes Pharaoniques

 

Des dieux archaïques tu fus la joute jalouse

Quand la fourche du tronc, de Pallas le don,

Supplanta le trident du vain Poséidon.

Et de l’Unique

Tu recueillis l’angoisse sans sommeil

Comme le basilic le sang du Golgotha

 

Les terrasses conquises aux pentes des maquis

Par la sueur et l’effort des hommes de patience

Ont cerné l’oléastre aux rebelles frissons

Pour l’ardeur de la meule et le secret des lampes

 

Arbre tutélaire de notre vain passage

Tu prolonges le geste de t’avoir semé

Au-delà de nos morts pour la magnificence


 

 

 

10 octobre 2018

Christian Deschamps 


Pristina, mille ans d'un olivier

"En 200 avant J.-C., la famille du jeune Gaius Laelius est expulsée de sa terre à la suite des ravages de la guerre contre Hannibal. Gaius ne voit qu’une solution pour retrouver l’honneur de sa famille : s’enrôler dans l’armée romaine, récolter la gloire et qui sait ? gagner de quoi racheter les terres de ses ancêtres. Car le domaine de Pristina est un havre de paix au milieu duquel trône un olivier, symbole de la protection des dieux et témoin immuable du temps qui passe, que les descendants de Gaius devront préserver.

Seront-ils à la hauteur de cette tâche ? S’engageant à tour de rôle dans la légion pour défendre leur domaine, les membres de la famille Pristina s’illustrent dans les plus grandes batailles et bouleversements politiques qui firent la grandeur de la République romaine… puis son déclin.

Véritable passionné de la Rome Antique, Christian Deschamps nous offre ici un roman présentant la société romaine, principalement la situation des paysans abandonnant leurs propriétés et leurs champs pour remplir leurs devoirs militaires. Ces plébéiens ruraux se retrouvent soumis aux lois édictées par le Sénat constitué de nobles citadins. Oubliés de la République, ils sont dans l’obligation de suivre la carrière militaire et doivent ainsi quitter leurs terres qui tombent aux mains des grands propriétaires terriens. À travers plusieurs générations de Pristini, on assiste aux dernières campagnes glorieuses de la République et à la naissance de la gloire d’un certain Jules César."

 

 

 

Rite de la franc maçonnerie 

Le rituel de Franc-maçonnerie fait référence à l'olivier 

Le rituel de la compagnonne. 
Lors de l'ouverture de la loge, le vénérable lit l'instruction du premier degré une branche d'olivier à la main gauche.



Tablier d'Officier National - Grande Tenue -

Décors de Loge Maçonnique. Décors de la Grande Loge Nationale Française. Tabliers GLNF de Haute Qualité par Franc-macon Collection


 


Armoirie colombe et olivier 

81305 - Vabre

Chef-lieu de canton (Tarn)

D'or à la dague haute d'argent garnie de gueules, à la colombe essorante, contournée d'argent, tenant dans son bec un rameau d'olivier de sinople et brochant sur la dague; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or.
 

 

En Chine une légende raconte que l'Olivier serait un antidote de certains poisons et venins, 


Au Japon, il symbolise l'amabilité et le triomphe. ...

 

Sur le drapeau de l’ONU, la couronne de rameaux d’olivier entourant le monde symbolise la paix universelle.


 

L’habit vert des membres immortels de l'Académie française doit son nom aux broderies vertes qui le décorent et qui représentent un motif de branche d’olivier. 


 

Ce motif ornait aussi naguère la pièce de monnaie française de un franc 1915

 


2020 France - Nouveau Franc (or - gold)

 

100 lires italiennes 1967


 

 

 

Usages de l'olivier


- LE BOIS, 

très dense, est très prisé des tourneurs. De nos jours son usage est limité aux productions artistiques et aux "souvenirs pour touristes".

 


- PHARMACOLOGIE :

 Les propriétés toniques, dépuratives, astringentes et fébrifuges de l'Olivier sont connues depuis fort longtemps. L'action hypotensive de ses feuilles est une découverte récente du docteur Mazet en 1938.

 

- ALIMENTATION

L'huile d'olive vierge est obtenue par pression à froid. Ses qualités alimentaires sont incomparables. Riche en vitamines, très nourrissante, facilement digestible, elle est adoucissante et vermifuge. Elle jouerait un rôle très positif dans l'espérance de vie des hommes. Les onctions et massages à l'huile d'olive tinrent un rôle majeur dans les pratiques anciennes d'hygiène corporelle.
 

 


 

Langage de l'olivier 

 


 Un symbole de paix, sagesse, force, victoire, fécondité, purification. 


- L’olivier, porteur de nombreux fruits, traduit l’union et la fécondité. 
 Il s’offre  pour un mariage, une naissance, ou des fiançailles.


- L’olivier est également un symbole de réconciliation. 
Il s’offre aussi bien dans un cadre intime après une dispute, qu’en société après un conflit.


- L’olivier a l’avantage de pouvoir être offert toute l’année, à un homme aussi bien qu’à une femme, que votre destinataire vive en ville ou à la campagne.


- Très populaire, il servira également des causes moins solennelles : un anniversaire, des remerciements ou simplement pour le plaisir.


-  Il s'offre généralement en l'agrémentant d’un cadeau 

 

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