Nicolas Denisot (1515-1559) dit le Comte d'Alsinois, poète français de la Pléiade,
Cantiques du premier advènement de Jésus-Christ.
Heureuse nuict, en beauté plus que rare,
Tu voy Marie en toy, qui se prépare
Sur l’heure et poinct de son enfantement.
Or, dy-moy donc, ô nuict, dy-moy comment,
Toute ravie, en terre elle s’incline
Pour adorer ceste essence divine.
Unique nuict, oh ! quelle jouissance !
Quel vray bonheur ! quelle resjouissance !
Voir le Petit à sa mère riant ;
La mère aussy l’adorant et priant
O vœux sacrés à l’enfant acceptables !
O doux souris à la mère agréables !
(...)
Tu fus présente à ce chant angélique,
Je dy ce chant du tout [tout à fait] évangélique
Annonçant l’heur de cest enfantement.
Dy-moi la joie et le contentement
Que tu reçois, lorsque tu peux entendre
Le premier cri de ceste enfance tendre.
Tu l’as donc veu, ô nuict, ce grand miracle :
L’enfant sortir du sacré tabernacle,
Comme l’époux paré de son pourpris ;
Enfant aymé, auquel le Père a pris
Tout son playsir et sa resjouissance,
Et néanmoins ils sont de mesme essence.
Dy-moy comment chascun pasteur s’assemble :
Dy comment tous, d’un grand accord ensemble,
Ont entrepris de l’aller visiter.
Nuict, saincte nuict, veuille-moy réciter
Et les propos et cantiques de joye
Qu’ils ont chantés sainctement par la voye.