Jelalud-din en-Rumi (1207-1273) poète, théologien et mystique persan
Ecoute la flûte de roseau, écoute sa plainte
"Ecoute la flûte de roseau, écoute sa plainte
Des séparations elle dit la complainte
Depuis que de la roselière on m'a coupée
En écoutant mes cris, hommes et femmes ont pleuré
Pour dire la douleur du désir sans fin
Il me faut des poitrines lacérer le chagrin
Ceux qui restent éloignés de leur origine
Attendent ardemment d'être enfin réunis
Moi j'ai chanté ma plainte auprès de tous
Unis aux gens heureux, aux malheureux, à tous
Chacun à son idée a cru être mon ami
Mais personne n'a cherché le secret de mon âme
Mon secret pourtant n'est pas loin de ma plainte
Mais l'oeil ne voit pas et l'oreille est éteinte
Le corps n'est pas caché à l'âme ni l'âme au corps
Ce sont les yeux de l'âme seule qui pourraient le voir
Le chant de cette flûte, c'est du feu, non du vent
Quiconque n'a pas ce feu, qu'il devienne néant
C'est le feu de l'amour qui en elle est tombé
Et si le vin bouillonne, c'est d'amour qu'il le fait
La flûte est la compagne des esseulés d'amour
Et nos voiles par ces notes connaissent la déchirure".