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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:08

 

 

Pierre Menanteau (1895-1992) poète français.

 

Peuplier


Peuplier, peuplier,

Arbre si bien lié

Au moindre vent qui passe,

C'est toi, qui, le premier,

Pressentis dans l'espace

Un souffle, on ne sait quoi

Qui devance le froid.

 

Peuplier, peuplier,

Torche d'inquiétude

Erigée en l'été

Que ton feuillage élude,

Ne me crois pas lié

Au froid de ton aubier.

 

Peuplier, peuplier,

Sous mon humaine écorce

J'ai mon chaud, j'ai mon froid

Soumis à d'autres lois

Que celles qui te forcent,

O toi, si bien lié.

Alfred Sisley - peupliers

Alfred Sisley - peupliers

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:07

 

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 


Les hauts peupliers

 

Mon père aimait les chênes ;

Ma mère les sorbiers,

Moi, j’aimais les fontaines

Et les hauts peupliers.

 

De ma chambre d’enfant,

Je les voyais jouer

Comme des lévriers

Avec le chat du vent.

 

Leurs jeux, dans le soleil,

Jetaient sur mon cahier

Des ombres mordorées

Et des morceaux de ciel.

 

 Ce qu’ils devenaient calmes

Lorsque tombait le soir !

Sur leurs branches étales,

Ils prenaient des étoiles.

 

Et tout en les berçant,

Me berçais si longtemps

Qu’à mon tour, en rêvant,

Je me voyais, jouant,

Etoile dans le vent.

Claude Monet - Les hauts peupliers

Claude Monet - Les hauts peupliers

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:06

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) poétesse française


Recueil : "Les Pipeaux"

 


Les peupliers


Les grands peupliers longent le ruisseau ;

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.

 

Un par un, faisant un tremblant rideau

Au torrent qui bavent,

Les grands peupliers longent le ruisseau,

Et vont, d’un air grave.

 

Fiers de tout ce qui se passe là-haut,

Et qu’eux seuls ils savent,

Hochant sur le ciel leur léger plumeau,

Avec des airs graves…

 

Les grands peupliers longent le ruisseau.

Ruisseau aux grands peupliers par Henry Moret

Ruisseau aux grands peupliers par Henry Moret

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:06

 

 

Charles Le Goffic (1863-1932) Poète français


Recueil : Amour breton (1889).


Les peupliers de Keranroux.


Le soir a tendu de sa brume

Les peupliers de Keranroux.

La première étoile s'allume :

Viens-t'en voir les peupliers roux.

 

Fouettés des vents, battus des grêles,

Et toujours sveltes cependant,

Ils lèvent leurs colonnes grêles

Sur le fond gris de l'occident.

 

Et, dans ces brumes vespérales,

Les longs et minces peupliers

Font rêver à des cathédrales

Qui n'auraient plus que leurs piliers.

Vincent van Gogh (1853 - 1890). 1885

Vincent van Gogh (1853 - 1890). 1885

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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:50

 

 

2021


Patrice Fougeray Journaliste, écrivain

 

 

A l’ombre des aulnes


 
À l’ombre des aulnes

Le soleil peut darder

Et partout éblouir

À l’ombre des aulnes

Il s’est mis à pêcher

Et sa ligne à raidir

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La bouteille de rosé

Rafraîchit dans l’eau calme

À l’ombre des aulnes

Où la furtive faune

Fait le bouchon plonger

Et sur le scion tinter son alarme

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

Pas de friture ce soir

Le poisson trop malin

À l’ombre des aulnes

Se décroche et fuit sans espoir

L’ appât bien trop fin

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La sieste consolatrice

Laisse en paix le poisson

À l’ombre des aulnes

Le soleil se couche en prémices

D’une soirée sans façon

À l’ombre des aulnes

 

 A l’ombre des aulnes

A la nuit tombée

On s’y étend parfois

À l’ombre des aulnes

Pour de tendres baisers

Et de très doux émois

À l’ombre des aulnes

Patrice Fougeray - Journaliste, écrivain - A l’ombre des aulnes
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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:49

 

 

Philippe Martineau auteur


2014 - d’après le poème éponyme de Goethe

Extrait de:  Goethe et Poe

 

Le roi des aulnes

 

Alors que la pluie tombe et s’abat en griffant,

un cavalier s’égare au milieu de l’aulnaie.

De près, on voit que c’est un père et son enfant

et qu’au fond de leurs yeux une inquiétude naît.

 

Le garçonnet frissonne et se masque la face,

car il voit devant eux qu’une forme s’exhume

et que c’est le Roi des Aulnes prêt à la chasse.

Mais pour le père il n’y a là que de la brume.

 

Le garçonnet frémit quand il entend la voix

qui l’appelle et l’invite à entrer dans le rêve.

L’enfant répète en pleurs ce que souffle le roi

quand le père n’entend que le vent qui se lève.

 

Alors que le brouillard est rejoint par la nuit

et que l’enfant suffoque de plus en plus fort,

le cavalier cravache en écartant la pluie !

Mais quand il sort enfin son fils est déjà mort.

Philippe Martineau - auteur -  Le roi des aulnes
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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:49

 

 

 

Claude Roy (1915-1997),poète, journaliste et écrivain français

Le voyage d’automne, Ed. Gallimard, 1987

Paris samedi de Pâques 29 mars 1986

 

 

Alnus Glutinosa


 Au bord de la rivière les racines de l’aulne

Se nouent se tordent ruissellement ligneux

Cascade de branches nouées amarres en désordre

Serpents minéralisés qui vont boire dans l’eau

 

Arbre avide et droit nourri par tant de bras

Enfoncés dans la terre plongés profond dans l’eau

Son tronc trapu a jeté l’ancre de toutes parts

Distillant lentement entre la terre et l’eau

La sève qui gonfle enfin les chatons de printemps

Gluants d’un sperme heureux dans le jeune soleil

Claude Roy (1915-1997) - poète, journaliste et écrivain français - Alnus Glutinosa
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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:48

 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète français, également romancier, dramaturge et critique. 

 

 

Recueil : "Clairières dans le ciel"

 

Dans le chemin…

 

Dans le chemin toujours trempé, 

tant y est épais, le feuillage visqueux

de l’aulne amertumé, nous nous promènerons.

Mais comme elle est plus grande que moi,

c’est elle qui écartera les branches et elle

encore qui mettra sur mon épaule sa joue

et ses yeux bleus qui fixeront le sol.

Francis Jammes (1868-1938) - poète français - Dans le chemin…
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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:48

 

 

Mythologie des arbres

 

L'aulne - alnus

 

vergne ou verne

 


L'aulne (Alnus) ou aune forme un genre d'arbre de l'hémisphère nord poussant sur les sols humides, de la famille des bétulacées. Il est aussi nommé vergne ou verne.

 

 


Alnus Glutinosa

 Au bord de la rivière les racines de l’aulne

se nouent se tordent    ruissellement ligneux

cascade de branches nouées    amarres en désordre

serpents minéralisés qui vont boire dans l’eau

Claude Roy (1915-1997), Le voyage d’automne, Ed. Gallimard, 1987
Paris samedi de Pâques 29 mars 1986



 

 

Aulne commun - Alnus glutinosa 

Aulne glutineux

 


L'aulne le plus commun en Europe de l'Ouest, est un arbre de taille moyenne, pouvant atteindre 20 à 30 mètres, portant ses branches quasi horizontalement, et croissant très fréquemment dans les bois humides, marécages, sur les berges,  habitué des bords de rivières de France. 


Des bourgeons violacés qui garnissent les rameaux en fin d'hiver, naissent de petites feuilles,  largement ovales, crénelées-dentées, vert foncé, accrochées à de long pétioles, qui tomberont à l'automne sans avoir vraiment changé de couleur. La particularité de l'aulne glutineux : les jeunes feuilles collent aux doigts, d'où le nom de "glutineux".

 

 

Les premières fleurs mâles sont organisées en bouquets de chatons mâles et femelles, verdâtres puis ocre jaune. Ils pendent aux extrémités des rameaux et libèrent leur pollen de fin février à début avril, avant le développement des feuilles, pour le plus grand plaisir des abeilles. 

 

Ces inflorescences sont bientôt rejointes par les fleurs femelles, globuleuses et pourpres ressemblant à de petits cônes de pins. Elles restent accrochées aux branches tout l'hiver suivant, après avoir noircis et laissé tomber leurs graines. 

Anus glutinosa - Photo - Bruce Marlin

 


 

Son bois est léger, tendre et homogène. Il est imputrescible dans l'eau, mais non durable hors de l'eau. L'important système racinaire de l'aulne est, d'ailleurs, très apprécié pour maintenir les berges et les sols en zones inondables, avec une capacité à accueillir la petite faune. 

aulne glutinosa - Pologne - photo Panek

 

 


Après tronçonnage, la souche d’une verne ne meure pas.  Au contraire, dès le printemps suivant, des rejets profitent du système de racines encore en place pour se développer rapidement. Alors que la vieille souche pourrit lentement, un bouquet de plusieurs brins forme un cercle autour d’elle. La verne ressuscite alors sous une forme légèrement différente que l’on appelle une cépée.

 

Les aulnes forment des futaies appelées "aulnaies". 

Aulnaie de Saint Cergues

 

 

Le genre Alnus comprend environ 30 espèces d'arbres et arbustes de climat tempéré frais qui proviennent surtout des régions fraîches à froides de l'hémisphère nord (Eurasie et Canada) et de l'hémisphère sud le long des Andes.

 

Certaines espèces sont ubiquistes et poussent aussi en conditions plus sèches. Quels que soient les habitats où ils vivent, les aulnes sont surtout des espèces pionnières, à colonisation et à croissance très rapides.

 

 


l'aulne blanc - Alnus incana 

 


Du latin incanus : "couvert de poils blanc grisâtre".


L'aulne blanc, aulne rugueux, aulne de montagne, arcoce ou varne est un arbre, de 7 à 15 m ; pouvant vivre de 60 ans à 100 ans, de la famille des bétulacées, originaire des régions tempérées de l'hémisphère nord. On le trouve en France, surtout dans les Alpes.

 

Les fleurs mâles sont regroupées en grands chatons jaunes pendants terminaux. Les fleurs femelles, beaucoup plus discrètes, rougeâtres, dressées, sont disposées plus haut que les fleurs mâles sur le rameau.


Cette essence de demi-lumière peut fournir des peuplements serrés.


Ses radicelles portent des nodosités abritant des bactéries qui peuvent transformer l'azote atmosphérique en substances assimilables par les plantes.


Si on le nomme Incana, c'est à cause de son écorce lisse et grise, et ses feuilles vert grisâtre sur le revers, alternes avec un long pédoncule, ovale, aiguë, doublement dentée.


C'est une espèce rustique s’accommodant aux situations froides.


On s'en sert  pour la fixation des sols (terrils, carrières), le reboisement des terrains calcaires et l'ancrage contre les glissements de terrain.

 


 

L'aulne à feuilles en cœur - Alnus cordata 

 


L'Aulne de Corse, Aulne cordé, ou Aulne à feuilles en cœur (Alnus cordata), parfois appelé Aulne d'Italie ou Aulne cordiforme est un arbre feuillu de la famille des Bétulacées, originaire du Sud de l'Europe (Italie, Corse). Il se rencontre aussi sur le continent où il est souvent planté et parfois naturalisé. 


C'est un arbre de taille moyenne de 17–25 m, avec un tronc pouvant aller jusqu'à 1 m de diamètre. Son houppier est étroit et conique. L'écorce jeune est lisse, brun gris avec des lenticelles, puis elle devient boursouflée, crevassée, noirâtre en vieillissant.


Les feuilles vert brillant cordiformes (en forme de cœur), avec une fine marge dentelée, sont alternes. Elles sont caduques mais restent sur l'arbre d'avril à décembre dans l'hémisphère Nord.


Les minces chatons cylindriques mâles sont pendants, de couleur jaunâtre ; la pollinisation a lieu au début du printemps, avant l'apparition des feuilles. Les chatons femelles sont vert foncé à brun, dur, ligneux, et superficiellement ressemblants à certains cônes de conifères. Ils sont de forme ovoïde, à maturité en automne.


Les petites graines ailées se dispersent en hiver, laissant le "cône" ligneux noirâtre sur l'arbre jusqu'à un an après.


Ses racines sont étalées et ramifiées.


On le trouve le long des cours d'eau en Corse entre 600 et 1 000 m. Il a été planté en Champagne en mélange avec les pins noirs. Il se régénère spontanément à Angers dans les bras de la Loire.


Il a été utilisé pour la fixation des sols sur sol calcaire. Il rentre aussi dans la composition de nombreuses haies brise vent ou champêtres.


Très apprécié par la faune sauvage, les plantations d’aulnes sont à protéger dans les premières années (tubes, filets…). Son bois est très semblable à l'Aulne glutineux.

photo Alnus cordata. - Sabencia  Guillermo César Ruiz


 


 

 

L'aulne vert  - Alnus viridis subsp. suaveolens 

synonyme : Alnus alnobetula subsp. suaveolens


Alnus viridis, dénommé Aulne vert, Aulne de Sitka, Verne, ou encore Arcoce en Savoie est une espèce d'aulne du genre Alnus, très présente dans toutes les zones froides ou montagnardes de l'hémisphère nord. Il est abondant dans les zones montagneuses de Corse et des Alpes, appartenant à la famille des Betulaceae.


C'est un arbuste de 1 à 3 m de haut, possèdant une écorce brune. 


Ses rameaux glabres avec des bourgeons pointus, à peine pédonculés ; pourprés brillants. Il se signale par son odeur un peu entêtante. Ses feuilles plus arrondies, visqueuses en dessous et très odorantes, vertes brillantes dessous avec des touffes de poils à l'angle des nervures, dents doubles et pointues de forme ovoïde . 


La fleur est un chaton qui apparaît tardivement au printemps après l'apparition des feuilles contrairement à d'autres aulnes. Les parties mâles sont pendantes, tandis que les parties  femelles sont regroupées sur les branches.


Les graines sont de couleur brun clair et disposent d'une fine aile.


L'arbre pousse rapidement même sur des sols pauvres. Il colonise généralement les zones de montagne soumises à des avalanches régulières. Il peut repousser à partir de ses racines. Sa souplesse lui permet de se coucher sous le manteau neigeux, ou de ployer sans dégâts sous l'avalanche. Son système racinaire protège les sols de l'érosion ; les vernes sont donc des arbustes très familiers des ravines et pentes raides de moyenne montagne.

 

La verne est le seul arbre qui laisse à sa mort le terrain plus riche qu’il ne l’a trouvé en naissant. Cette miraculeuse propriété permet aux vernes de pousser dans les endroits les plus pauvres. Ainsi l‘aulne vert réussit à survivre sur les terrils de déchets minéraux.

 
 


 

Aulne de l’Orégon - Alnus rubra 

Aulne rouge

 


Alnus rubra,  l'Aulne rouge, est une espèce d'arbre de 12-25 m, de la famille des Betulaceae.

 
Originaire de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Son nom provient de la couleur rouge que peut prendre son écorce une fois entaillée. il s’agit de l’espèce d'aulnes la plus grande d'Amérique du Nord.  Cet arbre peut vivre jusqu'à 100 ans. 


C'est un arbre à feuilles dentées, ovales, épaisses et non collantes, vert foncé et mates. Son revers est grisâtre et velu le long des nervures, perdant beaucoup de ses feuilles en été. La face supérieure est glabre, mais la face inférieure porte parfois un fin duvet épars lui conférant une teinte rousse. En automne, la couleur des feuilles vire au jaune puis au brun.


Son écorce est lisse gris pâle à crêtes aplaties souvent couverte de lichen blanc.


Les inflorescences mâles et femelles sont des chatons qui apparaissent avant les feuilles au printemps. L'inflorescence mâle est composée de groupes de chatons pédonculés, de couleur vert-jaune devenant souvent rougeâtre, libérant leur pollen en avril . Le chaton femelle, disposé en groupe est plus petit. Il donne naissance à des cônes ovoïdes produisant des graines à ailes très réduites, aplaties, qui se dispersent au vent à partir du mois de mai jusqu'en hiver.


Présent de l’Alaska à la Californie et en Idaho, et résistant à -20 °C.
Bois rougeâtre qui sert à fabriquer des meubles et du papier. Blessures rouges. 


Cette espèce résiste bien aux inondations et peut parvenir à pousser dans des zones où l'eau est un peu saumâtre. Les jeunes arbres peuvent survivre à la destruction en produisant des rejets apparaissant sur la souche.

 

Aussitôt abattu, le bois de la verne change de couleur au contact de l’air. En l’espace de quelques heures, il vire du blanc jaunâtre au rouge brique vif. Cette particularité lui a valu, dans bien des régions, son appellation populaire d’aulne rouge. Pourtant, au fil des mois, cette belle couleur s’atténue pour finalement se stabiliser en un rouge-orange plus ou moins délavé.


 

 

 


Etymologie

 


Le type aulne, aune   qui vient du latin alnus avec une influence francique ( issues de alira, alisa), des mots grecs als : mer et naus : nef - navire (bois employé pour la construction des chaloupes)

Vers 1200 sous la forme ausne 

En 1268-71 aune, arbre; 

Vers 1314 aulne.

Littré (1872-1877) aulne  

Aune est issu du lat. alnus, de même sens

"aulne" vient du radical "al", 

Ancienne appellation "verne" ;

En breton : "guern", d'où le préfixe "Guer".

Allemand : Erle ;  Anglais : alder ; Arabe : ar ; celte : gwern ; Catalan : vern ; Corse : alzu ; Espagnol : aliso ; provençal : vèrna ; Italien : ontano ; Japonais :  hannoki : Norvégien : older ; Occitan : vèrnhe ; Portugais : amieiro ; Russe : olʹchá 

La forte présence de l’aulne (verne) dans le Massif central expliquerait le nom donné aux "Arvernes", Du nom des Arvernes découle celui de l’Auvergne.

"Aulne" a donné "Aunis", vaste plaine calcaire de Charente maritime.


Presque chaque région possède ses lieux-dits : (Vergnes, Vernet, Vernay, Auverné...) et puisent leurs racines dans celles du mot gaulois désignant l'aulne : verno.


 

 

 

Tarins des Aulnes 

 


Ce sont des oiseaux originaires des pays du nord de l’Europe (Scandinavie, Russie, Allemagne,etc …). Ils se nourrissent essentiellement de graines d’épicéas. C'est une espèce de passereaux partiellement migratrice de la famille des fringillidés.
 

A l’automne ils migrent vers le sud et changent leur alimentation  pour se repaître de graines de vernes.

Au cours de leurs migrations qui conduira certains d’entre eux jusqu’en Espagne, ils empruntent “ chemin des Tarins ”. C'est le chemin qui suit les bosquet des rivières, ruisseaux, étendues d'eau, en suivant les alignements de d'aulnes.


 

 

 

L’Aulne

(Aon en breton) - rivière

 

est un fleuve côtier français de 144 km de long1, qui prend sa source sur la commune de Lohuec dans les Côtes-d'Armor et se jette dans la rade de Brest au niveau des communes de Landévennec et de Rosnoën. Sa partie aval est aussi dénommée "Rivière de Châteaulin".

Locmaria-Berrien -  l'Aulne et sa vallée  - Moreau.henri

 

 

 

Mythologie grecque

 


- En Grèce, l’aulne était un  arbre sacré symbolisant la régénération et l’éternité des cycles de vie, un arbre de la vie après la mort.


- La Grèce antique reconnut Phoronée, fils du Dieu Inachos et de Mélia, nymphe du frêne, avec l’aulne sacré. Phoronée gouvernait tout le Péloponnèse et régnait à Argos qu’il avait fondé, où son culte lui survécut longtemps. Il fut le premier utilisateur du Feu que lui aurait donné Prométhée. 


Un culte de l’aulne en Grèce, a survécu à Argos, on retrouve des légendes celtiques, où l’abattage d’un aulne sacré était puni. La maison du coupable était détruite par le feu.

 

- Dans l' Odyssée, Le bois d'aulnes est le premier nommé des trois arbres de résurrection, avec les peupliers et les cyprès, formant un bosquet autour de la grotte de la nymphe Calypso, dans l'île d'Ortygie. 

 

Ulysse est retenu depuis huit ans chez la nymphe Calypso, sur l'ïle d'ortygie

..."Située très loin dans la mer, "au bout du monde", Calypso était là, chantant de sa voix mélodieuse..." On sentait du plus loin le cèdre pétillant et le thuya, dont les fumées embaumaient l'île. Autour de la caverne, s'étendait une forêt luxuriante, composée d'aulnes , peupliers et cyprès odorants, où gitaient les oiseaux à la large envergure, chouettes, éperviers et criardes corneilles, qui vivent dans la mer et travaillent au large"...

Ulysse et Calypso dans les grottes d'Ogygia. Peinture de Jan Brueghel l'Ancien (1568–1625).


 


 

 

 

Mythologie celte 

 


. Le glyphe pour l’aulne est "je suis une larme étincelante du Soleil."


. L'aulne était considéré par les Celtes comme l'arbre de vie et l'arbre de l'union. Il faisait partie du bosquet sacré des druides. 


. L'aulne était magique, son bois devient rouge, lorsqu'on le coupe. 


. Les Celtes choisirent l’Aulne pour symboliser le 4e mois de leur calendrier lunaire (du 18 mars au 14 avril), mois de l’équinoxe de printemps.

 
. Protecteur on utilisait son bois pour fabriquer les boucliers. 


. Il possède des pouvoirs de guérison notamment pour les arbres se situant à sa proximité. (l'aulne a la capacité d'enrichir le sol d'oxygène). 

 

 

Signification des Oghams :

FEARN - L'Aulne  : Protection spirituelle. 


. L'aulne correspond à l'ogham "Fearn" (lettre F prononcé V). L'aulne est lié aux quatre éléments : 


  - A l'Eau, son bois imputrescible résiste à l'eau, on l'utilisait pour fabriquer des pirogues ou construire des pilotis. 


  - A la Terre, par la teinture brune qu on tire de la décoction de ses rameaux. 


  - A l'Air, par la fabrication de sifflets à partir de ses branches (le syrinx fut l' un des tout premiers instruments de musique).

 
  - Au Feu, car son bois purificateur fournit un excellent charbon.
Phoronée, fils du dieu fleuve Inachos et de la nymphe du frêne Mélia, roi du Péloponnèse, ainsi que comme le premier roi d'Argos, fut identifié à l'Aulne,  Son culte lui survécut longtemps après sa mort.

 

. L'Aulne était également dédié à Bran le béni (ou Bendigeidfra), le Corbeau Béni ou le Grand Corbeau est le chevalier des Celtes et l'un des grands héros du cycle épique gallois, le Mabinogion. L'attribut de béni viendra plus tard avec le christianisme.


Bran est un géant, divinité de l'Autre Monde, maître de la vie et de la mort par sa possession du Chaudron d'Abondance et de Résurrection, roi couronné de toute l'île de Bretagne, maître de la Magie et dieu de la Guerre. 

 

. Merlin l'Enchanteur

Merlin fit pousser des ifs du tronc des aulnes, ce qui signifiait que de la royauté terrestre pouvait émaner la souveraineté spirituelle. Fondation, force intérieure, principes. Il sera celui qui aidera a relever les défis.

 

. Dans le Cad Goddeu attribué au barde gallois Taliesin, l'Aulne est le chef des Bretons métamorphosés en arbres par le dieu magicien "Gwyddyon".


"le Combat des Arbres"


...Les aunes en première ligne,

S’ébranlèrent

...

..."L’aune se jette en la bagarre. 

Il est au premier rang.

Mais le saule et le sorbier

Sont bien plus prudents"...


il est décrit comme 

"le plus acharné à la bataille 

de toutes les essences, 

le plus chaud des arbres au combat".


 

 

 

Mythologie germanique 


 

- L’aulne est un arbre qui donne le pouvoir aux magiciens de ressusciter les morts qui une fois sur terre tourmentent les vivants.

 

- Arbre des eaux dormantes et donc traîtresses, l'Aulne sera un arbre maléfique pour les Allemands (Erlköning-Le Roi des Aulnes de Goethe - mis en musique par Schubert)

Le roi des aulnes - Julius Von Klever


 

 

 

Il y a 800000 ans - 450000 ans

 


Dans les fossilisations dans la glace du Groenland, les nouvelles techniques de séquençage de l’ADN, ont permis de raconter un passé de forêts de pins, d’aulnes et d’ifs, peuplées de papillons et d’araignées. 
 

 

 

I° siècle av. J.C.

 


Marcus Vitruvius Pollio, connu sous le nom de Vitruve, architecte romain.

C'est de son traité, De architectura, que nous vient l’essentiel des connaissances sur les techniques de construction de l'Antiquité classique.


LIVRE II

IX. Des bois de construction.

10. L'aune, qui croît sur le bord des rivières, et dont le bois paraît n'être d'aucune utilité, possède de rares qualités : car l'air et le feu entrant pour beaucoup dans son essence, la terre pour peu, l'eau pour moins encore, il en résulte que sa substance ne renferme que fort peu d'humidité. Que dans un marais on vienne à asseoir les fondements d'un édifice sur des pilotis faits de ces arbres enfoncés très près les uns des autres, ces arbres se remplissant de l'humidité qu'ils n'ont pas, soutiennent la charge des constructions les plus massives et les conservent sans s'altérer. Ainsi le bois qui n'oppose à l'air aucune résistance, employé dans l'eau, dure fort longtemps. C'est une remarque qu'il est facile de faire à Ravenne, dont tous les édifices, soit publics, soit particuliers, sont fondés sur des pilotis de cette nature.

 


LIVRE CINQUIEME

XII. Des ports, et des constructions qui doivent se faire dans l'eau

5. Si le lieu n'est pas ferme, on y enfoncera des pilotis de bois d'aune ou d'olivier, ou de chêne, durcis au feu, et on remplira les intervalles de charbon, comme je l'ai dit pour les fondements des théâtres et des murailles"... 

Vitruvius presente son traité "De Architectura" à l'Empereur Auguste.

 

 

 

Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) de la fin du VIII° siècle av. J.-C. t l’Odyssée lui sont attribuées.


L'Odyssée


Calypso et Ulysse


Alors, songeant au départ d'Ulysse, elle lui donna une hache de bronze au beau manche d'olivier et commode à la main; puis encore une doloire bien polie, et, le conduisant à l'extrémité de l'île, elle lui désigna de grands arbres, aulnes, peupliers et sapins à la cime élevée, brûlés du soleil et propres à flotter légèrement.


Ulysse abattit vingt arbres, les charpenta avec l'airain et les lissa avec art; puis, Calypso lui apporta des tarières; il perça les troncs, et les assembla avec des chevilles. Ulysse se fit ainsi un large radeau, et, dressant un tillac, il le couvrit de poutres serrées, hissa un mât et une antenne recourbée, et façonna un gouvernail, qu'il protégea contre les flots par des claies d'osier; puis enfin, il lesta son radeau.

d'après Joos de Momper (1564-1635) Calypso et Ulysse


 


 

Virgile (v. 70 av. J.-C.- 19 av. J.-C.) poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

 

Les Géorgiques

-..." C’est Jupiter qui donna aux serpents leur venin malfaisant, lui qui commanda aux loups de se faire pillards et à la mer de se soulever, lui qui secoua les rayons de miel pour les enlever aux feuilles, lui qui cacha le feu et arrêta le cours des ruisseaux de vin qui coulaient partout, tout cela pour que le besoin, à force d’exercice, créât peu à peu les différents arts, cherchât dans les sillons l’herbe du froment, et fit sortir des veines du caillou le feu qui s’y cache. Alors pour la première fois les fleuves sentirent les troncs creusés des aunes; alors le nautonier dénombra et nomma les constellations: les Pléiades, les Hyades et Arctos, fille brillante de Lycaon"...

 
 

 

 

III ème siècle après J.-C.

 

 

L’érudit Serenus Sammonicus 

Préceptes médicaux. 

recette censée soigner les affections de la rate : 

"Le liber, arraché, sans le secours du fer, à un aune que la cognée du bûcheron n’a jamais touché, donne une boisson singulièrement efficace, mais il faut avoir soin de la faire bouillir jusqu’à ce que l’eau soit réduite au tiers".

 
Une autre recette composée de :

..."Cendres d’aulne mêlées à du miel et appliquée sur les ulcères et "les plaies dont l’origine est douteuse"...


 

 

 

XII° - XV° siècle

 


Au Moyen Age on associait l’aulne aux sorcières et au feu du fait de son bois rouge.

Il est dit "arbre aux sorcières", son charbon servait à tracer des cercles magiques


L'écorce de l'aulne, dont on peut tirer une couleur noire, était utilisée par les chapeliers pour teindre le feutre des chapeaux.


 

 

 

XVII° siècle

 


Marc-Antoine Girard de Saint-Amant (1594-1661)

 


La solitude

 

..."Que j'aime ce marais paisible !

Il est tout bordé d'alisiers,

D'aulnes, de saules et d'osiers,

A qui le fer n'est point nuisible"...
 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Dans le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire de 1793 jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. 


Dans le calendrier républicain, l'Aulne était le nom attribué au 9e jour du mois de germinal (29 mars).

Germinal (21/22 mars - 19/20 avril) – Période de la germination


21-22 Mars : Le Soleil entre au signe du Bélier. 


"C'est l'époque de l'équinoxe du printemps

Tout végète & s'anime au retour du Zéphir 

La Nature à ses Lois ramène nos désirs 

Et l'Âge le plus pur apprend des Tourterelles

Qu'il est doux de s'unir & de s'aimer comme elles"
 

 

 

 

XIX° siècle

 

 

Johann Wolfgang Von Goethe (1749-1832) romancier, dramaturge, poète, scientifique, théoricien de l'art et homme d'État de la ville libre de Francfort.

Recueil: Elégie de Marienbad

Traduction: Jean Tardieu

Editions: Gallimard


 

Le Roi Des Aulnes

 

Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?

C’est le père, le père avec son enfant.

Il tient le garçon dans ses bras serré

Pour le protéger, pour le réchauffer.

 

Mon fils, pourquoi donc cacher ton visage ?

– Père, vois-tu pas venir le Roi des Aulnes ?

Avec ses cheveux, avec sa couronne ?

Mon fils, ce n’est rien qu’un léger nuage.

 

Petit enfant, viens, viens donc avec moi !

Que de jolis jeux jouer avec toi !

Et combien de fleurs brillent sur nos bords !

Ma mère, chez elle, a des habits d’or !

 

— Mon père, mon père, n’entends-tu pas

Ce que me promet, ce que dit le Roi ?

Calme-toi mon fils, mon fils sois tranquille

Dans les feuilles mortes c’est le vent qui file.

 

Ne veux-tu donc pas venir avec moi ?

Mes filles sauront si bien t’accueillir

Elles qui conduisent la ronde des bois

Te feront danser, chanter et dormir.

 

Mon père, mon père, vois-tu là-bas

Les filles du Roi dans ce lieu sans fleurs ?

Mon fils, mon garçon je vois bien cela :

Les saules sont vieux, grise est leur couleur.

 

Je t’aime, je t’aime, enfant, tu me plais !

Si tu ne veux pas, je te forcerai.

Mon père, mon père, il va m’emporter

Le Roi m’a fait mal, le Roi m’a blessé !

 

Le père a grand’peur, il chevauche vite

Il tient dans ses bras l’enfant qui gémit.

Il atteint la cour, un dernier effort :

Déjà dans ses bras l’enfant était mort.

 

Moritz von Schwind  (1804–1871) Der Erlkönig  (le roi des Aulnes)
vers 1830 
Österreichische Galerie Belvedere  

 

 

 

1840


Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

1840, p. 1102

 

Les Rayons et les Ombres

 

..."À cette heure indécise où le jour va mourir,

Où tout s'endort, le cœur oubliant de souffrir,

Les oiseaux de chanter et les troupeaux de paître,

Que de fois sous ses yeux un chariot champêtre,

Groupe vivant de bruit, de chevaux et de voix,

A gravi sur le flanc du coteau dans les bois

Quelque route creusée entre les ocres jaunes,

Tandis que, près d'une eau qui fuyait sous les aulnes,

Il écoutait gémir dans les brumes du soir

Une cloche enrouée au fond d'un vallon noir! "...

 

 

    
Aloysius Bertrand (1807-1841) poète, dramaturge et journaliste français

 

Ondine


..." Ecoute ! - Ecoute ! -

Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte,

et mes soeurs caressent de leurs bras d'écume

les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou

se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! "...

 

 

 

1862


Charles-François Daubigny  (1817-1878)

 Le bouquet d’Aulnes, 1862


 

 

 

1869


— Edmond Nivoit,  E. Jolly, Charleville, 1869, page 159


Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes

..." On y plante principalement des pins, des bouleaux, des marsaults, et des aulnes ; quelques-unes de ces essences réussissent assez bien"...
 


 

 

 

Jules Breton (1827-1906) peintre et poète français.

 

Le soir

A Louis Cabat.

..."C'est un humble fossé perdu sous le feuillage ;

Les aunes du bosquet les couvrent à demi ;

L'insecte, en l'effleurant, trace un léger sillage

Et s'en vient seul rayer le miroir endormi"...

 

 

 

 

Jules Breton (1827-1906) peintre et poète français.

 

Automne

A Jules Dupré.

Courrières, 1875

..."La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux

Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes

Qui se teignent de sang ; "...


 


 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète français, également romancier, dramaturge et critique. 

 

 

Recueil : "Clairières dans le ciel"

 

Dans le chemin…

 

Dans le chemin toujours trempé, 

tant y est épais, le feuillage visqueux

de l’aulne amertumé, nous nous promènerons.

Mais comme elle est plus grande que moi,

c’est elle qui écartera les branches et elle

encore qui mettra sur mon épaule sa joue

et ses yeux bleus qui fixeront le sol.

 

 


 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

 

Allégorie

..."Grâce endormie et regard somnolent,

Une naïade âgée, auprès d'un aulne,

Avec un brin de saule agace un faune,

Qui lui sourit, bucolique et galant"...

 

 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète symboliste grec d'expression française.

 

Conte d'amour (VII)


..."Hier : c'était les soleils jaunes.

Hier, c'était encor l'été.

C'était l'eau courant sous les aulnes

Dans le val de maïs planté"...

 

 

 

1885

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Alnus glutinosa


 

 

 

XX° siècle

 


1916

M.S. del., J.N. Fitch 

Curtis's Botanical Magazine, London., vol. 142 = ser. 4, vol. 12: Tab. 8658

- Lithographie Alnus cordata 

 

 

 

1923

— Pierre Benoit (1886-1962) écrivain français, membre de l'Académie française

Mademoiselle de la Ferté,

Albin Michel, 1923, Cercle du Bibliophile, page 141.

..."Le ruisseau, élargi, poursuit sa route sous un dôme d’aulnes et de bouleaux"...

 

 

1960

Benjamin Péret 

Albin Michel

Anthologie des Mythes, légendes et conte populaires d'Amérique

Kaj Birket-Smith, The Chugach Eskimo, National-museets Publikationsfond, Copenhague, 1953.


Le climat


..."La femme était "celle-qui-possède" les aulnes, et son mari "celui-qui-possède" le soleil...
Après cela, le soleil et les aulnes devinrent amis. Les aulnes dirent au soleil ce qu'il convenait de faire et le soleil en fit de même. Les aulnes peuvent faire n'immporte quoi au soleil, mais ils n'en feront rien, à cause des hommes"... 

 

 

 

 

1963

 

Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse

"L’usage du monde", 1963, p. 20

..."Sable doux aux pieds, quelques vaches dans les vernes, une gamine en fichu qui gardait des oisons, et dans un trou d’obus un mendiant endormi recouvert de journaux"... —

 

 

1967

Bescherelle. 1845 ,

Aulne : Nom d'un génie malfaisant qui, suivant les Allemands, habitait les campagnes, les fontaines, "Le roi des aunes". 

Mais le roi des aunes est la traduction erronée due à Charles Nodier, de Erlkönig, titre de la célèbre ballade de Gœthe (1782), où aunes ne désigne pas des génies, mais des arbres poussant dans les lieux marécageux. Goethe lui-même avait emprunter son titre à Herder, lequel en l'adaptant du danois ellerkonge ("roi des elfes ") avait fait un premier contresens en le traduisant par Erlkönig "roi des aulnes " (d'après Kluge 1967)

 

 

1969

François Mauriac (1885-1970) écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, membre de l'Académie française 

Un adolescent d’autrefois

..."Je descendis vers la Hure, qui est le ruisseau de Maltaverne, et où je savais que Simon pêchait … Je remarquai que la bordure d’aulnes (pourquoi ne pas donner aux aulnes leur nom d’ici : les vergnes ?) la bordure de vergnes paraissait bleue"... 

 

 

1980

Henri Vincenot (1912-1985) artiste français. Il est avant tout un écrivain mais également un peintre et un sculpteur.

Mémoires d’un enfant du rail, 

..."Marcel était émerveillé. Une maison toute seule, sans voisins, sans rues, sans école, au milieu des prés et des bois, près d’une rivière sauvage qui court dans les vernes et les buissons, faisant cascade sur un barrage de troncs échoués"... 

 

 

1986

Pierre Magnan (1922-2012) écrivain français, 

Le Mystère de Séraphin Monge, 1986

..."Les vernes ne quittaient plus cette couleur garance par laquelle leurs branches dénudées annoncent le printemps"... 

 

 

 

Claude Roy (1915-1997), in Le voyage d’automne, Ed. Gallimard, 1987

Paris samedi de Pâques 29 mars 1986

 

Alnus Glutinosa


 Au bord de la rivière les racines de l’aulne

Se nouent se tordent ruissellement ligneux

Cascade de branches nouées amarres en désordre

Serpents minéralisés qui vont boire dans l’eau

 

Arbre avide et droit nourri par tant de bras

Enfoncés dans la terre plongés profond dans l’eau

Son tronc trapu a jeté l’ancre de toutes parts

Distillant lentement entre la terre et l’eau

La sève qui gonfle enfin les chatons de printemps

Gluants d’un sperme heureux dans le jeune soleil


 

 

 

1996

Jean Anglade (1915-2017) écrivain et traducteur français.

La Soupe à la fourchette

..."Par terre, dans un coin, des bûches écorcées, bûches de vergne, celles qui font les sabots les plus légers, les plus jolis"...


 

 

1998,

L. Gaborit,

Quand on était petits à la Tranchelardière,

..."Vers la fin de l’été, un dimanche après-midi, nous allions en famille nous promener le long du ruisseau. Papa (sabotier) y choisissait les vergnes qu’il abattrait pour faire des sabots. Je ne sais pas où il prenait les frênes et les ormeaux"... 

 

 

1999

Pierre Moinot (1920-2007) écrivain français.

Le Matin vient et aussi la nuit,

..."Albert…tapotait de son manche de couteau un morceau de vergne pour en décoller l’écorce et se faire un sifflet"...

 

 

1999

Jacques Mallouet (1928-2004) chroniqueur et nouvelliste

Les Jours chiffrés, 

..."Sur la lande que le gel a pétrifiée, les noisetiers et les vergnes s’ornent de longs chatons soufrés que le vent agite et délabre en un nuage doré"... 

 

 

 


Frédéric Jacques Temple (1921-2020) écrivain et poète français.

 

..."J’ai marché sur l’herbe grasse

de ses berges coutumières

entre les vergnes et les saules

respirant la sombre odeur

lumineuse des truitelles"...


 

 

 

 

XXI° siècle


 

2001

Michel Roussillat -

Collection Nature


L'aulne - Le nom de l'arbre

 

"Arbre des marécages et des tourbières, l'aulne est l'une des espèces les plus mythiques de l'Europe septentrionale ; il est l'arbre des maléfices, celui de la fin proche ; il donne aux magiciens, dit-on le pouvoir de ressusciter les morts... Récupéré par le romantisme allemand, il alimente, en particulier, la terrifiante légende du roi des aulnes, dans la célèbre ballade de Goethe. Cet arbre de l'hiver, humble parmi les humbles, si familier et pourtant si mal connu, est présent presque partout, éclairant les jours gris de la douceur de ses chatons, et supportant les fondations des villes d'Amsterdam, Bruges ou Venise. Ses graines légères voyagent sur les eaux, cherchant la terre qui les accueillera. On veut réhabiliter aujourd'hui cet arbre des jours difficiles et des lieux inquiétants"...
 

 


 

 

Philippe Martineau auteur


2014 - d’après le poème éponyme de Goethe

Extrait de:  Goethe et Poe

 

Le roi des aulnes

 

Alors que la pluie tombe et s’abat en griffant,

un cavalier s’égare au milieu de l’aulnaie.

De près, on voit que c’est un père et son enfant

et qu’au fond de leurs yeux une inquiétude naît.

 

Le garçonnet frissonne et se masque la face,

car il voit devant eux qu’une forme s’exhume

et que c’est le Roi des Aulnes prêt à la chasse.

Mais pour le père il n’y a là que de la brume.

 

Le garçonnet frémit quand il entend la voix

qui l’appelle et l’invite à entrer dans le rêve.

L’enfant répète en pleurs ce que souffle le roi

quand le père n’entend que le vent qui se lève.

 

Alors que le brouillard est rejoint par la nuit

et que l’enfant suffoque de plus en plus fort,

le cavalier cravache en écartant la pluie !

Mais quand il sort enfin son fils est déjà mort.


 

 

 

2021


Patrice Fougeray Journaliste, écrivain

 

 

A l’ombre des aulnes


 
À l’ombre des aulnes

Le soleil peut darder

Et partout éblouir

À l’ombre des aulnes

Il s’est mis à pêcher

Et sa ligne à raidir

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La bouteille de rosé

Rafraîchit dans l’eau calme

À l’ombre des aulnes

Où la furtive faune

Fait le bouchon plonger

Et sur le scion tinter son alarme

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

Pas de friture ce soir

Le poisson trop malin

À l’ombre des aulnes

Se décroche et fuit sans espoir

L’ appât bien trop fin

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La sieste consolatrice

Laisse en paix le poisson

À l’ombre des aulnes

Le soleil se couche en prémices

D’une soirée sans façon

À l’ombre des aulnes

 

 A l’ombre des aulnes

A la nuit tombée

On s’y étend parfois

À l’ombre des aulnes

Pour de tendres baisers

Et de très doux émois

À l’ombre des aulnes
 

Mythologie des arbres - L'aulne - alnus


 

Arbres remarquables

 


Aulne de Saint-Pardoux, Limousin

Sur la butte de Sardent.

À son pied, on trouve deux fontaines à dévotions. La légende raconte que saint Pardoux aurait mis le feu à un arbre et il se serait brûlé aux yeux, l’eau de la fontaine l’aurait guéri. Depuis, on raconte que cette eau guérirait les douleurs aux yeux.


Cet aulne glutineux aurait une centaine d'années, reconnaissable à son écorce crevassée. 
 

 

 

Langage et Symbolique de l'Aulne


 

- L'aulne est un arbre qui symbolise l'humilité.

- Il est associé au courage et représente l'esprit d'évolution.


 

 

 

Utilisation de l'Aulne

 


- Plusieurs espèces d'aulnes sont utilisées comme arbres d'ornement et parfois d'alignement, du fait de leurs silhouettes caractéristiques, de leur forte rusticité et de leur croissance très rapide tout en gardant un gabarit modéré. Les fruits d'aulnes sont aussi utilisés en aquariophilie pour leurs capacités à réduire le potentiel hydrogène de l'eau, ainsi que leurs branches en tant que décoration.


- Certaines villes lacustres comme Venise, Bruges ou Amsterdam comptent de nombreuses constructions édifiées sur des pilotis en aulne. 

 

 

 
l’artisanat et la sculpture :


Le bois d’aulne est léger et tendre. C’est un bois très maniable et facile à travailler. 


- On utilisait son bois pour la construction des pontons, roues de moulin, des portes d'écluses

 
- Pour la confection des sabots, des bobines et des fuseaux, des manches d'outils, des sabots, des meubles, des maquettes ou sculptures en bois d'aulne. 


 

- Les bouteilles de Chartreuse étaient vendues autrefois dans des boites cylindriques tournées dans du bois d'aulne.


- Dans le Marais Poitevin, son bois imputrescible, est également préféré à d’autres pour la fabrication des fameuses "pigouilles"  barques destinées à se déplacer. 


- le bois d’aulne était autrefois également utilisé pour la construction navale. 


- Son bois noble et ses qualités acoustiques de l'aulne en ont fait un des bois les plus prisés dans la fabrication de guitares haut de gamme, notamment le corps de la Fender Stratocaster.

corps aulne guitare stratocaster-


- Son tannin a fait utiliser son écorce en tannerie, et en teinturerie et chapellerie (donnant une couleur noire quand l'écorce est mélangée à des sels de fer).


- Le bois de l'aulne est un bon bois de chauffage. Il fournit une chaleur très vive en brûlant et était donc très recherché par les boulangers et les verriers, car il ne dégage pas de fumée. 


- Son bois servait également à réaliser des conduites d’irrigation 


- La sciure à été employée pour fumer les poissons et les viandes ; son écorce, avec laquelle on tannais les cuirs, peu aussi faire une belle tenture grise.


- Le charbon d'aulne était utilisé autrefois pour la poudre à canon, conférant une meilleure qualité à l'explosif. Les aulnaies qui avaient notamment été conservées pour la production d'un charbon de bois apprécié pour les poudreries ont fortement régressé.

Aulnaie en forêt de Rambervillers

 

 

Alimentaire


L'aulne vert Au Québec,

Les chatons mâles séchés sont utilisés comme épice sous le nom de "poivre des dunes", offrant une saveur citronnée et une certaine amertume, pouvant remplacer le poivre noir ou rose et ayant des similitudes au poivre long.

 

 

 

Pharmacologique

 

- La verne était un remède contre la vermine : on éparpillait de bon matin dans sa chambre des feuilles de verne fraîchement cueillies et encore toutes humides de rosée. Comme les parasites s’y rassemblaient en masse, il ne restait ensuite qu’à récupérer les feuillages et à s’en débarrasser avec ces nouveaux locataires.


 

 

 

Mythes et légendes de l'Aulne

 


- En magie l’Aulne est un arbre sacré. Les sorcières usent de son bois léger pour fabriquer leurs baguettes magiques et les druides brûlent son écorce pour libérer une fumée favorable aux apparitions. 


- Au solstice d’été, sous les Aulnes enchantés, la Dame blanche apparaît dans les airs entourée d'un halo de lumière !


- On dit que l'Aulne pleure des gouttes de sang quand on le fend, ce qui lui a valu de nombreuses superstitions. 


- En Irlande, on détruisait par le feu la maison de celui qui avait abattu un Aulne sacré. 


- Pour guérir les verrues, en Provence, il faut les fouetter jusqu'au sang avec un rameau d'Aulne qui doit être ensuite caché dans l'anfractuosité d'un mur.


- On lui attribuait le pouvoir d éloigner le feu des maisons ou les rongeurs des champs et de faciliter la mise-bas du bétail. 


- Au moyen age on associait l’aulne aux sorcières et au feu du fait de son bois rouge.

 

- Il est employé dans la magie : les adeptes du spiritisme le brûlent car sa fumée est propice à leurs évocations.


- Dans le comté de Nice, une fête était traditionnellement consacrée à l'aulne, pour marquer le retour du printemps. L'aulne y est appelé "verna", dérivé du nom latin du printemps ("ver").

 

 

 

Proverbes et dictons 

 


- Si l'aulne verdit avant le bouleau alors l'été sera humide, si c'est le bouleau qui devance l'aulne alors cette saison sera sèche.


- prendre la verne pour un frêne” signifiait jadis se tromper grossièrement. 
 

 

 

L’Aulne (Aon en breton)

 

est un fleuve côtier français de 144 km de long1, qui prend sa source sur la commune de Lohuec dans les Côtes-d'Armor et se jette dans la rade de Brest au niveau des communes de Landévennec et de Rosnoën. Sa partie aval est aussi dénommée "Rivière de Châteaulin".

Chateaulun les bord de l'Aulne Jean-Edouard Dargent (1824-1889) - Musée Quimper

 

 

 

Le Fée de l'Aulne

 


Le Fée de l'Aulne est une gabare sablière construite en 1958 au chantier Keraudren de Camaret pour l'armement Le-Bot.


Il fut le dernier caboteur en bois et à voiles, désarmé en 2000 de la flotte de la compagnie maritime Penn-ar-Bed. C'était l'ancien ravitailleur des îles de Sein, Molène et Ouessant.


Le Fée de l'Aulne fait l’objet d’un classement au titre objet des monuments historiques depuis le 25 avril 2002.


Destiné à servir comme sablier, Fée de l'Aulne a la possibilité de remonter les rivières côtières bretonnes comme l'Aulne grâce à son faible tirant d'eau et de ravitailler en fret les îles du Ponant grâce à son grand gabarit. Ce fut la plus grande unité fabriquée par le chantier naval Keraudren de Camaret-sur-Mer.


 


 

Conte Rédigé par Jane Hervé 

poésie des images et des lettres

Conte 24 avril 2021 

Le chalet des Aulnes
 

 

 

Légende du Loup-Aulne

 

 

La constellation du Loup est associée à l’Aulne, arbre magique dont le petit fruit à ailettes symbolise l’âme qui tournoie dans le vent des incarnations successives, et dont le lonhaton évoque le corps qui mûrit et tombe chaque fois que l’âme a besoin d’une meilleure monture.


C’est le milieu de la nuit. La lune est pleine. Un hurlement de loup se fait entendre et l’écho lui répond.

 

Sous un dolmen, après avoir trempé ses lèvres dans le breuvage magique du chaudron de Dadga, le héros Llevelyn se prépare pour le grand voyage au-delà du monde visible. C’est cette nuit que sa dernière initiation va s’accomplir et qu’il va visiter le monde des Morts. Les hurlements se rapprochent.

 

Un loup d’une taille monstrueuse passe sous le dolmen en courant plus vite que le vent du Nord. Saisissant ses oreilles, Llevelyn saute sur son dos. Soudain s’ouvre devant lui la brèche entre les mondes. Le loup et son cavalier lumineux s’y précipitent et les voilà tous les deux au milieu des ombres, des fantômes de ceux qui ont déjà vécu.

 

Mais cet univers est illusoire et une seconde brèche s’ouvre : le loup conduit alors Llevelyn dans le domaine de la mémoire de ses incarnations passées. Il se voit tel qu’il fut enfant, homme, femme, vieillard. Multiples images corporelles. Soudain un rocher vibre et pivote sur lui-même, découvrant la troisième brèche. Le loup, toujours courant, la traverse et Llevelyn pénètre les arcanes de ses vies futures : il voit tout ce qui s’accomplira et qui semble déjà réalisé. Le loup trébuche et glisse dans un gouffre. La chute semble infinie et le héros se retrouve contre la pierre froide du dolmen, alors que le coursier de la déesse de l’au-delà s’enfuit, hurlant son amour vers le disque argenté de la déesse de la Mort-dans la-Vie.

 

 

 


 

 

 

Légende biélorusse 

 

 

Jaloux de Dieu sculptant un Homme, le diable a sculpté un loup avec de l’argile ou bois.

 

Cependant, après avoir créé la "forme", il ne pouvait pas l’animer. Croyant que sa création prendrait vie si elle était dirigée contre Dieu, le diable a commencé à courir autour du loup et à crier: "Mords-le!".

 

Mais le loup est resté immobile jusqu’à ce que Dieu crie: "Mords-le!"


Le loup a attaqué le diable qui tentait de s’échapper en escaladant un aulne. Mais l’animal a réussi à l’attraper par le talon.

 

Le diable a versé alors du sang sur le tronc de l’arbre et depuis lors, le bois de l’aulne est devenu rougeâtre. Et le diable est resté « sans talon » (Bez : "sans", paty : "talon" en russe); et depuis on l’appelle Antipka (Anchutka) "Bespaty ".

 

 

Legendes d'ardenne 


Le petit berger du pont des aulnes

 

 

Il y avait une fois à la Ferme des Aulnes une fermière si revêche, si acariâtre, si méchante, si avare que ses domestiques étaient malheureux et mouraient de faim. Mais plus que les autres encore, un petit berger était son souffre-douleur ; elle aimait le faire souffrir du matin au soir, été comme hiver, par n’importe quel temps même quand il rentrait mouillé et transi de froid. Elle ne lui donnait qu’un morceau de pain et un peu d’eau chaque jour et il dormait au milieu de ses moutons.

 

Pourtant cette fermière n’était pas si méchante avec tout le monde. Tous les lundis quand venait lui rendre visite le curé de Culviseau, c’était fête à la ferme, des mets de toute sorte, des vins, des fruits et encore et encore ; le petit berger regardait souvent par la fenêtre avec envie, lui qui n’avait qu’un morceau de pain sec dans sa poche.

 

Un jour qu’il menait tristement son troupeau, il rencontra au bord du chemin, un pauvre vieillard, vêtu de haillons, à la figure maigre, presque mourant de faim qui lui dit :

- la charité, s’il te plait, petit berger. Dieu te le rendra !

- je n’ai pas grand chose, pauvre vieillard, qu’un morceau de pain sec mais il n’est pas dit que je n’aiderai pas plus pauvre que moi.
Et prenant le morceau de pain de son sac, il le cassa en deux et en donna moitié au pauvre vieillard.

- mange et puisses tu trouver sur ta route plus riche que moi

- merci, petit berger, tu es charitable et je vais te récompenser ; fais trois souhaits et ils seront exaucés

- trois souhaits ? mais qui es-tu donc ?

- que t’importe, fais trois souhaits

- eh bien ! j’aimerais avoir un sifflet qui fera danser jusqu’à ce que je cesse d’en jouer tous ceux qui l’entendront, puis une arbalète avec laquelle je pourrai tuer les oiseaux à n’importe quelle distance, et enfin j’aimerais quand j’en aurai envie faire péter la fermière aussi longtemps que ça me plaira.

- C’est bien, sois content, tout sera comme tu l’as demandé
Et le vieillard reprit sa route.

 

Quand il rentra le soir à la ferme, la fermière qui attendait le curé était de fort méchante humeur. Elle lui lança deux petits morceaux de pain sans un mot.

 

Très triste, le petit berger alla s’asseoir près de ses brebis et il vit entrer le curé. Il se cacha derrière la fenêtre et vit la bombance qui commençait : poulets, faisans, galettes, vins, liqueurs, tout avait l’air si bon !!! Alors il pensa au vieillard et il pensa : je vais voir si ça fait effet. Dès qu’il prononça les mots "fermière, je veux que tu pètes", la fermière fit un si gros pet, si assourdissant que le curé tout ahuri resta collé sur sa chaise ; le petit berger était si content qu’il dit "fermière, je veux que tu pètes toute la nuit".


 
Furieux le curé dit alors "sale femme! c’est ainsi que vous recevez les gens ?"

 

Mais la fermière ne pouvait s’arrêter et un vacarme assourdissant envahit la salle toute empestée. Le curé, furieux, repartit en disant qu’il devait y avoir quelque sorcellerie là-dessous.

 

Le lendemain, en traversant la prairie, le curé alla voir le petit berger.

 

- bonjour petit berger, que fais tu de tes journées ? qu’as tu dans ton sac ?
Le petit berger sortit ses deux croûtons et lui dit : "quand j’ai faim, je prends mon arbalète et je tue un ou deux oiseaux que je fais rôtir".

- Diable ! tu es si adroit que ça ?

- Je n’ai jamais raté mon coup. Tiens monsieur le curé, vous voyez le corbeau là-bas ? je vais le tuer.

- Ma foi, je verrai bien si tu es si adroit que ça.


Le petit berger visa et le corbeau tomba transpercé par la flèche. Le curé se dit qu’il devait y avoir diablerie là-dessous.

 

Mais le corbeau était tombé dans un buisson d’épines et quand le petit berger vit le curé empêtré, il sortit son sifflet et siffla. Alors le curé se mit à danser, à danser, sa soutane se déchira dans les ronces et bientôt, il fut nu ; le petit berger arrêta alors de siffler et le curé, rouge de honte, dut rentrer au presbytère.

 

Le lendemain, très mal en point, il alla voir le seigneur de Montcornet et lui raconta toute l’histoire. "c’est un sorcier, dit-il, il faut qu’il soit brûlé vif".
Le petit berger fut donc condamné. Il y avait foule ce jour-là au pied du bûcher, tous les gens du village et même le curé et la fermière. Le bourreau dit alors "comme c’est la coutume, petit berger, tu as le droit de demander quelque chose avant de mourir".

 

Alors le petit berger dit : "bourreau, j’aimerais prendre le sifflet qui est dans ma poche et jouer un air avant de mourir".

 

Alors il prit son sifflet et siffla, siffla et tout le monde se mit à danser, à danser, à danser et personne ne remarqua que le petit berger était descendu du bûcher et partait….on ne le revit jamais.


 

 

Frédéric Kiesel (1923-2007) poète, écrivain et journaliste belge.
Duculot, Gembloux, 1977. Préface de Thomas Owen.

 


Légendes des quatre Ardennes, 

 


Il y a mille ans déjà, la forêt ardennaise était renommée pour ses plantes miraculeuses, que les druides connaissaient jadis. Or, un puissant duc qui régnait au-delà de la Champagne avait été frappé par un mal mystérieux. Aucun médecin de son duché, de Paris et même de la lointaine Provence, ne parvenait à lui rendre la santé. Le peuple en était bien triste, car ce duc était juste et bon. Et déjà, d'avides voisins convoitaient son duché, car il n'avait d'autre descendant qu'une fille de dix-sept ans.

 

Comme il continuait à dépérir, un vieillard venu du nord vint annoncer ceci :

 

"Le duc ne pourrait être guéri que par une plante magique, très rare, qui ne pousse qu'en forêt d'Ardenne, du côté de Sedan. Mais on ne la trouve que dans le jardin d'un château ceint de hautes murailles, caché par d'immenses futaies que hantent les loups et autres bêtes malfaisantes. Et le seigneur du château est un ogre, fort comme un ours, et d'une grande cruauté."

 

On fit proclamer à son de trompe dans tout le duché, et les terres environnantes, que le duc offrait, à qui lui ramènerait d'Ardenne la plante du jardin de l'ogre, la plus grande récompense en son pouvoir: la main de sa fille et sa couronne quand il serait fatigué de régner.

 

La renommée de la forêt était tellement terrible que seuls deux hommes se lancèrent dans l'aventure : un page, tout jeune, mais déjà vaillant, qui aimait, comme un père, le duc son maître, et un officier de la garde, homme robuste et redouté, dur avec ses hommes et très vantard.

 

Personne n'osait trop parier sur le succès de l'un ou de l'autre. Mais on redoubla de prières dans toutes les églises du duché, pour le succès de l'expédition des deux hardis compagnons.

 

Ils firent route ensemble, mais, à l'orée de la forêt, l'officier fanfaron prétexta une subite fatigue.

 

"Je vais me reposer dans l'auberge que voici, dit-il au page. Puis j'irai chercher de mon côté pendant que tu le feras du tien. Retrouvons-nous ici dans une semaine".

 

Le page accepta. Il pénétra seul à cheval sous les épais ombrages. Quelques rares pistes, à peine tracées, le guidaient entre les buissons. Parfois, une clairière envahie par la mousse blonde et odorante des reines des prés lui offrait sa lumière de paradis terrestre.

 

Heureusement pour le page, malgré leur sauvagerie, les lieux n'étaient pas complètement déserts. Il rencontra des charbonniers qui s'affairaient autour d'une butte de terre sous laquelle ils faisaient consumer des bûches à à feu étouffé, pour en obtenir du charbon de bois.

 

La venue d'un jeune cavalier surprit ces braves gens, noirs comme des diables. Il leur dit où il voulait aller.

 

"Le château de l'ogre? Jeune homme, n'y pensez pas! On n'en revient pas vivant !"

 

Il leur expliqua le but de son voyage. Cela les convainquit de lui indiquer la direction, l'est, et quelques repères : un affleurement de schiste bleu, une source ferrugineuse entourée de "langues de cerfs", un chêne foudroyé, un torrent dont il fallait remonter l'étroit ravin.

 

Avant la tombée de la nuit, le page arriva au pied de la haute roche obscure que couronnaient les murailles du château de l'ogre. Il gravit le chemin raboteux qui menait à l'entrée, et frappa à la porte.

 

La chance souriait au jeune audacieux. Le maître de céans était absent et sa femme tenta en vain de dissuader le page d'accomplir son projet : 

 

"Pauvre garçon, tu n'auras pas touché à l'herbe de santé que mon cruel époux t'aura tué ! Sauve-toi tant qu'il en est temps. J'entends la trompe de mon mari qui revient de la chasse."

 

Le page ne se laissa pas fléchir. Et l'épouse du terrible personnage eut une idée :

"Tu ressembles au fils que nous avions et qui est mort il y a cinq ans. Tu as l'âge qu'il aurait s'il avait vécu. Je dirai que tu es ce fils, que les bonnes fées de la forêt ont rendu à la vie. Mon époux aimait beaucoup cet enfant. C'était son seul sentiment humain. Il voudra sans doute croire cette fable."

 

Il la crut. L'ogre revenait heureux de la chasse, portant sur ses épaules un chevreuil encore chaud dont le sang lui souillait les vêtements.

 

"La joie de retrouver mon fils vaut plus que tous les chevreuils d'Ardenne", s'écriait-il, fou de joie.

 

Le page vécut trois jours dans le château. Il en visita tous les recoins et sa mère supposée lui montra, dans le petit jardin clos, au pied du donjon, l'herbe magique. Il la cueillit, remercia sa bonne hôtesse et s'en fut.

 

Après toute une journée de trajet, qui lui parut à peine une heure tant il était joyeux, il retrouva à l'auberge l'officier du duc, avec qui il avait fait route la semaine précédente. Il lui montra sa précieuse trouvaille. Furieux du succès de son compagnon, l'officier le tua d'un coup de poignard dans le dos, lui déroba la plante magique et l'enterra sous un aulne à l'orée de la forêt.

 

Le fourbe soudard rentra triomphant chez le duc. Il raconta que son compagnon avait été tué par un loup, la nuit, en forêt. La décoction de l'herbe magique guérit le duc en quelques semaines, et l'on célébra en grande pompe les fiançailles de la jeune duchesse avec le capitaine félon. Elle connaissait sa brutalité et pleurait à la fois la mort du page qu'elle avait aimé sans le lui dire, et l'obligation d'épouser bientôt le capitaine pour tenir la promesse faite par son père. Celui-ci, avant le mariage, voulut aller voir cette fabuleuse forêt d'Ardenne à laquelle il devait d'avoir recouvré la force, échappant au rendez-vous du trépas. Le duc partit avec une troupe de soldats, à laquelle le capitaine se joignit de mauvais gré. Il s'agissait pourtant de revenir sur le terrain de l'exploit qui allait le faire duc et plus tard souverain de son pays.

 

Après plusieurs jours, la compagnie arriva à l'orée de la forêt, elle prit du repos avant d'y pénétrer. Un des gardes coupa une branche d'un aulne, et, comme les enfants, il s'en fit un sifflet.

 

Quand le petit instrument fut achevé, au lieu d'émettre un sifflement il chanta :

 

"Souffle, souffle, soldat,

Ce n'est pas toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour la plante enchantée."

 

Le garde crut avoir la berlue. Il souffla plusieurs fois dans le sifflet d'aulne. Chaque fois, la même voix, une voix très jeune, lui chantait les mêmes paroles.

 

Effrayé, il alla raconter cette étrange aventure au duc, qui fit l'expérience lui-même.


A nouveau le sifflet chanta, mais les paroles étaient différentes :

 

"Souffle, souffle, noble duc,

Ce n'est pas toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour la plante enchantée."

 

Le front du duc se rida. Il devina qu'un crime avait été commis. Il fit souffler chacun de ses compagnons dans le sifflet d'aulne.

 

Les paroles étaient chaque fois les mêmes que celles qui avaient été chantées au premier garde. Mais quand ce fut le tour du capitaine criminel, la voix fut plus forte et chacun entendit très distinctement :

 

"Souffle, souffle, soudard félon,

C'est toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour me ravir l'herbe enchantée."

 

Le duc fit immédiatement arrêter le capitaine. On l'enchaîna et on creusa sous l'aulne où l'on retrouva le corps du page, le dos portant la trace d'une plaie profonde.

 

Et tandis qu'on pendait à la maîtresse branche de l'aulne l'officier assassin, le sifflet chantait tout seul :

 

"Souffle, souffle, noble duc,

C'est toi qui m'as vengé

Dans ces grands bois d'Ardenne

Où poussera toujours l'herbe enchantée."


 

 

 

Pour en savoir plus :

 


- Éloïse Mozzani - Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) 


- Jean Markale - Nouveau Dictionnaire de Mythologie celtique (Éditions Pygmalion - Gérard Watelet, 1999), 


- Angelo de Gubernatis - Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
 

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 20:14

 

 

Jacques Viallebesset (1949) écrivain et poète français,

Extrait :  Ce qui est épars".

 

A Marie et géraud


Les abricots du coeur


La roue des saisons moissonne les hommes

Dans un temps immobile où les collines

Toscanent dans la rondeur moelleuse des jours

 

Quand le père est parti les arbres ont versé

Des larmes de sève d’où éclosent les fleurs

La vie roule sans fin les galets du temps

 

Les abricots du cœur au verger d’amour

Sont des soleils confits dans la bouche du temps

Qui disent paix et joie aux amis de plein vent

 

Racines qui s’enfoncent dans le sol millénaire

Tous les arbres renaissent de leurs blessures

Seuls les fruits du bonheur transcendent la mort.

 Jacques Viallebesset (1949) - écrivain et poète français - Les abricots du coeur
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