27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 00:16
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.
   
Les Vendeuses de Fleurs

        Elles attendent, dans l’or bleu d’un réverbère,
        Quand la nuit des cités tragiques délibère
        Au pied d’un réverbère.

        Elles attendent… Et, frissonnant de dégoût,
        Les Fleurs, sous leurs doigts gris, leur haleine d’égout,
        Ont blêmi de dégoût.

        L’âpre fraternité de leurs petites haines
        Epie en frémissant les Vendeuses obscènes
        Que menacent leurs haines.

        Les violettes ont une âme de venin…
        Les lilas, affectant un sourire bénin,
        Composent leur venin.

        Les Vendeuses, mâchant des relents de rogommes,
        Roulent leurs yeux pareils aux yeux rouges des hommes
        Où luisent les rogommes.

        Maléfiques, les Fleurs distillent l’opium
        Et le haschisch de leurs parfums… Le simple rhum
        S’aiguise d’opium.

        Les Fleurs font miroiter leurs gloires orgiaques
        Dans la boue, et font rire, au creux sombre des flaques,
        Les rêves orgiaques.

        Les Fleurs ont recueilli les miasmes du Sud.
        Leur mémoire, profonde ainsi qu’un soir Talmud,
        Sait les poisons du Sud.

        Les Vendeuses, avec des rires d’hystériques,
        Jettent, en éructant leurs impudents cantiques,
        Des appels d’hystériques,

        Et leur bave sanglante a souillé le trottoir…
        Les Vendeuses, avec des clameurs d’abattoir,
        Roulent sur le trottoir.


Louis-Marie de Schryver (1862-1942)
 La marchande de fleurs
Louis-Marie-de-Schryver-1862-1942-la-marchande-de-fleurs.jpg
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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 00:13
"Les chats"
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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 02:13
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Souveraines
Évocations


lilith.
D’ombres et de démons je peuplai l’univers.
Avant Eve, je fus la lumière du monde
Et j’aimai le Serpent tentateur et pervers.
Je conçus l’Irréel dans mon âme profonde.
La Terre s’inclina devant ma royauté.
Jéhovah fit éclore à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Lilith
John Maler Collier (1850-1934)
Lilith-de-John-Collier--XIXe-siecle-.jpg



Cassiopée.
Ma jeunesse, pareille aux flambeaux de l’autel,
Brûlait mystérieuse et chaste sous les voiles.
Les Dieux m’ont épargné les sépulcres mortels,
Mon trône éblouissant étonne les étoiles.
Dans la pourpre du ciel brille ma royauté.
L’Éternité fixa sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.


Pierre Mignard (1612-1695) 
Céphée et la reine Cassiopée remercient Persée
Mignard-.-le-Roi-de-Grece-Cephee-et-la-reine-Cassiopee-.jpg


Rhodopis.
Mon visage de rose ardente triompha,
Moins glorieux d’avoir créé les Pyramides
Que d’avoir attiré les lèvres de Psappha.
Mes yeux égyptiens nageaient, longs et limpides.
La Lyre de Lesbôs chanta ma royauté.
L’Aphrodita cueillit à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté,
Je ne fus pas heureuse.

George Frederic Watts (1817-1904) 
Rhodopis v.1868 
Rhodopis-v.1868-George-Frederick-Watts.jpg


Bethsabée.
De mon corps s’exhalaient le nard et le santal.
La splendeur d’Israël éclairait mon visage.
J’ai vécu la langueur d’un rêve oriental,
Le meurtre et le désir riaient sur mon passage.
Le péril consacra ma blanche royauté.
La Mort fit resplendir à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Rembrandt (1606-1669)
Bethsabée tenant la lettre de David
Rembrandt_bethsabee-tenant-la-lettre-de-David.jpg


Campaspe.
Alexandre, frappé de l’orgueil de ma chair,
Voua mes seins de flamme à la gloire d’Apelle,
Afin que mon été ne connût point l’hiver,
Et que l’Art me vêtît de candeur solennelle.
L’Astarté consacra ma jeune royauté,
L’Astarté fit brûler à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Charles Meynier (1768–1832)
Alexandre le Grand cédant Campaspe à Apelle
Charles-Meynier--1768-1832---Alexandre-le-Grand-cedant-C.JPG


Cléopatre.
Je rayonnai. Je fus le sourire d’Isis,
Insondable, illusoire et terrible comme elle.
J’ai gardé mes parfums et mes fards de jadis,
Mes parures et l’or de ma large prunelle.
Le monde, que séduit encor ma royauté
Immuable, scella sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Cleopatra et César
Jean Leon Gerome Ferris (1863-1930) 
Cleopatra_and_Caesar_by_Jean-Leon-Gerome.jpg


Paulina
J’emprisonnai les pleurs des perles sur mon sein.
Les perles ondoyaient parmi ma chevelure,
J’aimais la pureté de leur regard serein,
La mer les entourait de l’écho d’un murmure.
Les perles sur mon sein firent ma royauté.
Elles ont réfléchi, sur mon front d’amoureuse,
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse

Lollia Paulina
Lolllia-Paulina.jpg


Poppée.
Je courbai l’élément et je domptai l’éclair.
Le tonnerre à mes pieds, je régnai sur l’orage.
J’ai connu la Luxure et son relent amer.
— Oh ! les nuits que l’horreur des voluptés ravage ! —
— Vénus me couronna d’une âpre royauté,
Vénus fit rayonner à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Poppée Sabina
l'école de Fontainebleau XVIe
l-ecole-de-Fontainebleau-Poppee-Sabina.jpg


élêonore de guyenne.
Moi, dont le nom d’amour dissimule un parfum,
J’allais, parmi les fleurs et les douces paroles,
Deux bandeaux constellés sur mes cheveux d’or brun.
Sous mes pas sanglotaient les luths et les violes.
Les troubadours chantaient ma douce royauté,
Et leurs lais ont posé sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Eléonore de Guyenne
(Eléonore d'Aquitaine)
EleanorAquitaine02-l.jpg



Elisabeth Woodville.
Mon regard fut plus frais que la lune du Nord,
D’un vert froid et voilé comme les mers anglaises.
J’appris le goût, l’odeur, le désir de la Mort,
La fuite, l’exil gris sur les grises falaises.
La défaite insulta ma pâle royauté.
Le combat fit jaillir à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Elizabeth Woodville
ElizabethWoodville.JPG


Lady Jane Grey.
Les roses et le miel des vieux livres, l’assaut
Des chants m’ont fait aimer le studieux automne.
Mon sourire d’enfant éclaira l’échafaud.
Sur ma douleur pesa l’accablante couronne.
J’expiai dans le sang l’heure de royauté.
Le Destin éteignit à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Lady Jane Grey
Lady-jane-grey.jpg


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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 00:58
Pour le thème du mois de Février
de la communauté "douce France"

"Les chats"


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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 00:17
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Vers le Nord
Évocations 

Les mouettes s’en vont vers la mer, vers le Nord,
Affermissant leur vol pour la lutte et l’effort.
L’air du large frissonne et souffle dans leurs ailes…

Les mouettes s’en vont vers la mer, vers le Nord…

L’air du large frissonne et souffle dans leurs ailes,
Elles vont vers le Nord aux neiges solennelles,
L’ondoyant infini ruisselle sous leurs yeux…

Elles vont vers le Nord aux neiges solennelles…

Elles vont vers le rêve et le charme des cieux
Délicats et changeants comme une âme d’opale…
Ah ! les lointains voilés, la neige virginale
Qui réfléchit l’azur atténué des cieux !

Elles vont vers la brume où flottent les fantômes,
Les pâles arcs-en-ciel, les glaciers et les dômes
Des montagnes, les fjords aux eaux froides, l’hiver,

Les roches et la brume où flottent les fantômes…

Le Vent du Nord s’éveille au profond de l’éther :
L’odeur de l’Océan est son baiser amer.
Voici que s’affranchit et roule dans l’espace
Le Vent du Nord, l’Esprit glorieux de l’Hiver…

Et, magnifiquement ivres de l’Air qui passe,
Affermissant leur vol pour la lutte et l’effort,
Les mouettes s’en vont vers la mer, vers le Nord…
Illustration mcp
Vers le nord
mouettes-2.jpg
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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 00:15
"Les chats"


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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 00:26
"Les chats"

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 01:02
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.



Les Amazones
Cendres et Poussières

On voit errer au loin les yeux d’or des lionnes…
L’Artémis, à qui plaît l’orgueil des célibats,
Qui sourit aux fronts purs sous les blanches couronnes,
Contemple cependant sans colère, là-bas,
S’accomplir dans la nuit l’hymen des Amazones,
Fier, et semblable au choc souverain des combats.

Leur regard de dégoût enveloppe les mâles
Engloutis par les flots nocturnes du sommeil.
L’ombre est lourde d’échos, de tiédeurs et de râles…
Elles semblent attendre un frisson de réveil.
La clarté se rapproche, et leurs prunelles pâles
Victorieusement reflètent le soleil.

Elles gardent une âme éclatante et sonore
Où le rêve s’émousse, où l’amour s’abolit,
Et ressentent, dans l’air affranchi de l’aurore,
Le mépris du baiser et le dédain du lit.
Leur chasteté sanglante et sans faiblesse abhorre
Les époux de hasard que le rut avilit.

« Nous ne souffrirons pas que nos baisers sublimes
Et l’éblouissement de nos bras glorieux
Soient oubliés demain dans les lâches abîmes
Où tombent les vaincus et les luxurieux.
Nous vous immolerons ainsi que les victimes
Des autels d’Artémis au geste impérieux.

« Parmi les rayons morts et les cendres éteintes,
Vos lèvres et vos yeux ne profaneront pas
L’immortel souvenir d’héroïques étreintes.
Loin des couches sans âme et de l’impur repas,
Vous garderez au cœur nos caresses empreintes
Et nos soupirs mêlés aux soupirs du trépas ! »

Franz von Stuck (1863-1928)
Amazone blessée
Amazone-blessee--par-Franz-von-Stuck--1903-jpg
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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 01:00
Pour le thème du mois de Février
de la communauté "douce France"

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 23:50
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


À Venise
Évocations

Tout s’élargit. Le soir qui tombe est magnifique
Et vaste… Comme un Doge amoureux de la mer,
Parmi l’effeuillement des roses, la musique
Des luths, l’or qui flamboie ainsi qu’un rouge éclair,
J’irai, les yeux voilés de volupté mystique,
Et, fastueusement, j’épouserai la Mer.

J’épouserai la Mer, l’Incomparable Amante.
Le parfum et le sel de son acre baiser
Verseront la fraîcheur à ma lèvre brûlante…
Et, comme un souvenir qui ne peut s’apaiser,
Ressurgira le vent des espaces qui chante
Sur le flot nuptial l’infini du baiser.

Je verrai tressaillir l’ombre des hippocampes.
Les algues s’ouvriront, plus belles que les fleurs :
Le phosphore, aux rayons atténués de lampes,
Allumera pour moi d’imprécises pâleurs :
Afin de couronner mes cheveux et mes tempes,
Les algues flotteront, plus belles que les fleurs.

Et, laissant ondoyer mon corps à la dérive,
Je mêlerai mon âme à l’âme de la mer,
Je mêlerai mon souffle à la brise lascive.
Se dissolvant, légère et fluide, ma chair
Ne sera plus qu’un peu d’écume fugitive.
Dans la pourpre du soir j’épouserai la Mer.


Illustration mcp
Dérive à Venise
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