Charles de Marguetel de SAINT-ÉVREMOND
Charles Le Marguetel de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond,
né vers 1614 et baptisé le 20 janvier 1616 à Saint-Denis-le-Gast et mort le 29 septembre 1703 à Londres,
est un moraliste et critique libertin français.
Chère Philis, qu'êtes-vous devenue
Chère Philis, qu'êtes-vous devenue
Cet enchanteur qui vous a retenue
Depuis trois ans, par un charme nouveau
Vous retient-il dans quelque vieux château ?
S'il en est ainsi je cherche une aventure
En chevalier de la triste figure
Et dût Roland ressusciter
Contre Roland, j'oserai tout tenter
Mais non Philis, délivrez-vous vous-même
Vous en avez souvent usé de même
Ces enchanteurs cent fois plus renommés
Malgré leur art se trouvèrent charmés
Et votre esprit, dégagé de leurs charmes
Ne leur laissa que la plainte et les larmes.
...
Jamais les noeuds d'une chaîne si sainte
N'eurent pour vous ni force ni contrainte.
Philis de La Tour du Pin La Charce naquit le 05 Janvier 1645 à Montmorin. Elle vécut paisiblement au sein de sa famille très nombreuse dans les châteaux de Nyons et de Montmorin. Ses qualités et ses vertus lui avaient acquis sur ses concitoyens un grand ascendant qu'elle allait faire servir à la défense de la patrie. En 1692, Victor Amédée, duc de Savoie, ayant envahi le Gapençais jusqu'au col de Cabre, les habitants des environs se soulevèrent pour la défense commune. Ceux des Hautes-Alpes étaient commandés par Taillades et Flotte d'Argenson; ceux de la Drôme, par les frères Lagier de Vaugelas et de la Cordonnière. C'est alors que Philis intervient. Elle monte à cheval, vêtue en amazone, l'épée au côté et les pistolets à la selle, parcourt le pays, enrôle les paysans et leur distribue des armes. Elle se met à leur tête, leur assigne des postes à garder, des ponts à couper, des défilés à barricader. Puis elle fond sur les détachements ennemis, leur livre des combats partiels, les repousse des cols de Cabre et de Montclus et, les harcelant, les force à rétrograder sur Gap.
En même temps, sa mère contenait dans le devoir les nouveaux convertis, et sa soeur, Mme d'Urtis, faisait couper les amarres des bacs sur la Durance. Par sa bravoure personnelle autant que par l'effet moral produit, elle fut pour beaucoup dans l'expulsion des ennemis, et les généraux approuvèrent avec éloges sa campagne. Instruit de ces faits, Louis XIV voulut la voir. Elle vint à la cour avec sa mère et Mlle d'Aleyrac, sa soeur. Le roi la combla de louanges et de faveurs; il lui servit une pension militaire de 2000 livres et fit placer au trésor de St-Denis son épée, ses pistolets, son portrait et son blason. Elle y figurait à côté de Jeanne d'Arc et de Bayard. Philis revint avec sa mère dans son pays, continuer auprès d'elle sa vie modeste et vertueuse.
Chateau de la Charce
Elle fut honorée de l'amitié de hauts seigneurs et surtout de Mme Deshoulières qui lui adressa des épîtres en vers. Elle mourut à Nyons le 4 juin 1703. Ses restes furent inhumés dans l'église paroissiale, puis transférés, en 1857, dans un mausolée que la ville lui avait fait élever.
Charles de Marguetel de SAINT-ÉVREMOND