12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 15:21

 

 

John Keats (1795-1821) poète anglais 

Isabella, or the Pot of Basil 

poème narratif écrit en 1818 et publié en 1820 

adapté de l'histoire du Décaméron (IV, 5) de Boccace.

 

 

Isabelle ou le pot de basilic

Conte d'après Boccace

Extrait

 

I

Gracieuse Isabelle, pauvre innocente Isabelle !

Lorenzo, un jeune pèlerin sous l’œil de l’Amour !

Ils ne pouvaient habiter la même demeure

Sans émotion au cœur, sans souffrance ;

Ils ne pouvaient s’asseoir aux repas sans éprouver

Quelle douceur pour l’un était la présence de l’autre ;

Ils ne pouvaient, à coup sûr, dormir sous le même toit

Sans rêver l’un à l’autre et pleurer chaque nuit.

...

 

VIII

  "O Isabelle, je m’aperçois à demi

Que je peux confier ma souffrance à ton oreille ;

Si jamais tu peux croire à quelque chose,

Crois à mon amour, crois que mon cœur

Est près de s’arrêter : je ne voudrais pas t’irriter

En pressant ta main malgré toi, ni blesser

Tes yeux en les fixant ; mais je ne peux vivre

Une nuit de plus sans t’avouer ma passion.

 

IX

"Amour ! tu me délivres de l’hiver glacial,

Jeune fille ! tu me mènes vers la chaleur de l’été,

Il me faut donc goûter la floraison qui s’épanouit

Dans la chaude maturité de ce gracieux matin."

Il dit, et ses lèvres timides tout à l’heure, s’enhardirent,

Un baiser chanta poétiquement, humide de rosée :

Une grande béatitude, une extase s’éleva en eux,

Telle une fleur de volupté sous la caresse de Juin.

...

XIV

La mignonne amoureuse habitait avec ses deux Frères

Enrichis par le commerce de leurs ancêtres,

Pour eux, plus d’une main lassée s’humectait de sueur

Dans les mines éclairées de torches ou dans les bruyantes

factoreries,

Plus d’un dos frémissant d’orgueil se courbait

Et saignait sous l’aiguillon du fouet ; les yeux creux,

Aveuglé, plus d’un passait des jours entiers dans la rivière,

Pour récolter les grains d’or roulés par les flots.

...

XI

Ces deux frères ayant découvert à de nombreux indices

Quel amour Lorenzo portait à leur sœur,

Et combien elle l’aimait aussi, chacun échangea

Avec l’autre ses plus amers soupçons, presque fou de penser

Que lui, le serviteur chargé de leurs affaires,

Fût l’heureux possesseur de l’amour de leur sœur,

Quand leur dessein était de la mener peu à peu

A quelque haut seigneur et ses bois d’oliviers.

 

XXII

Et ils tinrent plus d’un conciliabule jaloux,

Et plus d’une fois à part se mordirent les lèvres,

Avant d’avoir arrêté l’expédient le plus sûr

Pour faire expier son crime au jeune amoureux ;

A la fin, ces deux hommes pétris de cruauté

Tranchèrent la Pitié d’une entaille profonde jusqu’à l’os :

Car ils résolurent, dans quelque obscure forêt

De tuer Lorenzo, et de l’y enterrer.

...

XXVIII

Là fut tué et enterré Lorenzo,

Là dans cette forêt prit fin son grand amour ;

Ah ! quand une âme gagne ainsi sa délivrance,

Elle souffre dans la solitude, — est mal à l’aise dans la paix,

Comme les limiers couverts de sueur après l’hallali :

Ils trempèrent leurs épées dans l'eau, et firent galoper sans

merci

Leurs chevaux pour rentrer, éperonnant furieusement,

Chacun d’eux plus riche en étant meurtrier.

 

XXIX

Ils contèrent à leur sœur comment, en soudaine hâte,

Lorenzo s’était embarqué pour des rivages étrangers ;

Cette grande urgence était nécessitée

Par leurs affaires que requéraient des mains fidèles.

Pauvre fille ! revêts ton voile de veuve étouffant,

Et sois libérée sur le champ des maudits liens de l’Espérance ;

Aujourd’hui tu ne le verras plus, ni demain,

Et le jour suivant sera un jour de deuil.

...

XXXII

Au milieu de l’automne, vers le soir,

Le souffle de l’hiver arrive de très loin.

Le vent empoisonné de l’Ouest dépouille sans trêve

Les arbres de leur teinte dorée, siffle la ronde

De mort parmi les buissons et les feuilles,

Il dénude tout avant d’oser s’élancer

Hors de ses cavernes du Nord. De même la douce Isabelle

Par un dépérissement graduel perdit sa beauté,

 

XXXIII

Parce que Lorenzo ne revenait pas. Souvent

Elle demandait à ses frères, l'œil éteint,

S’efforçant de rester brillant, quelle contrée

Pouvait le retenir si longtemps prisonnier ! ils inventaient

De temps en temps un conte pour la tranquilliser. Leur crime

Etait sur leur tête, comme la fumée sur la vallée de Hinnom ;

Et chaque nuit dans leurs rêves ils gémissaient tout haut,

De voir leur sœur dans son linceul de neige.

 

XXXIV

Car elle était morte dans une ignorance assoupissante,

Mais pour une chose plus mortellement lugubre que tout ;

Cela vint comme un amer breuvage, bu par hasard,

Qui délivre le malade du fastueux drap mortuaire

En lui rendant quelques instants le souffle ; comme une lance

Éveillant un Indien de son hypnotisme, nuageux palais,

D’un coup féroce, et lui ramenant

Le sens du feu dévorateur au cœur et au cerveau.

 

XXXV

Ce fut une vision. Dans l’engourdissante obscurité,

Dans la tristesse de minuit, aux pieds de sa couche

Lorenzo se tenait, et pleurait ; la tombe de la forêt

Avait souillé sa luisante chevelure qui autrefois lançait

Ses éclats jusqu’au soleil, et mis sa froide empreinte

Sur ses lèvres, et brisé le suave luth

De sa voix rendue au silence ; le long de ses oreilles fangeuses

Un lit de boue était creusé par ses larmes.

 

...

XXXIX

Je suis une ombre maintenant, hélas ! hélas !

Sur les confins de l’humaine nature demeurant

Seul : seul je chante la sainte Messe

Agenouillé tandis qu’autour de moi tintent de menus sons de vie,

Que de chatoyantes abeilles volent à midi vers les champs,

Et que plus d’une cloche de chapelle annonce l’heure,

Me transperçant de douleur : ces sons deviennent étranges

pour moi,

Et tu es loin de moi parmi les humains.

...

XLV

Qui n’a rôdé dans un verdoyant cimetière,

Et laissé son esprit, comme un génie taupe,

Fouiller le sol argileux et le dur gravier

Pour voir un crâne, des os dans le cercueil et la robe funéraire;

Prenant en pitié chaque forme qu’a souillée la voracité de la

Mort,

Et lui insufflant encore une fois une âme humaine ?

Ah ! ceci est une fête en comparaison de ce qu’éprouvait

Isabelle s’agenouillant devant Lorenzo.

 

XLVI

Ses regards sondaient la terre fraîchement remuée, comme si

Un simple coup d’œil pouvait surprendre tous ses secrets :

Distinctement elle vit, comme d’autres auraient reconnu

Des membres livides au fond d’une source de cristal ;

Sur le lieu du meurtre elle semblait prendre racine,

Tel un lis né dans le vallon :

Alors, avec un poignard, soudain, elle commença

A creuser avec plus d’ardeur que les avares ne le peuvent.

 

XLVII

Bientôt elle déterra un gant boueux, sur lequel

Avec la soie sa fantaisie avait brodé de pourpres dessins,

Elle le baisa de ses lèvres plus froides que le marbre,

Et le mit dans son sein où il se sécha

Et glaça complètement jusqu’à l’os

Les suaves mamelles créées pour apaiser les cris des enfants :

Puis elle recommença à fouiller, sans répit

Si ce n’est pour écarter de temps en temps le voile de ses

cheveux.

 

XLVIII

La vieille nourrice se tenait à côté d’elle, étonnée,

Jusqu’à ce qu’elle se sentît le cœur ému de pitié

A la vue d’un si pénible labeur,

Alors elle s’agenouilla aussi, malgré ses mèches blanches

Et prêta ses mains décharnées à cette horrible besogne ;

Trois heures elles peinèrent sur ce douloureux travail :

Enfin elles touchèrent le fond de la fosse

Sans qu’Isabelle perdît son calme ni son sang froid.

 

XLIX

Hélas ! à quoi bon toutes ces histoires de vermines ?

Pourquoi s’attarder si longtemps près de cette tombe béante ?

Oh ! pour la grâce d’un Roman d’autrefois,

La plainte ingénue d’un chant de ménestrel !

Aimable lecteur, jette un coup d’œil sur le vieux conte,

Car ici, en vérité, il ne sied pas

De dire : — Oh ! tourne-toi vers le véritable conte,

Et goûte le charme de cette pâle vision.

 

L

D’un stylet plus émoussé que le glaive de Persée

Elles tranchèrent, non la tête d’un monstre informe,

Mais une tête, dont la beauté s’harmonisait merveilleusement

Avec la mort comme avec la vie. Les anciens bardes ont dit :

L'amour ne meurt jamais, mais vit, dieu immortel :

Si l'amour personnifié est jamais mort,

Isabelle l’embrassa et gémit à voix basse.

C'était l'amour ; froid — mort, c'est vrai ; mais toujours dieu.

 

LI

Anxieuses pour leur secret, elles emportèrent la tête chez elles

Où la récompense fut pour la seule Isabelle :

Elle lissa la chevelure en désordre avec un peigne d’or,

Autour de chaque œil plus creusé encore par la mort

Elle fixa des boucles comme des cils ; et la glaise gluante,

Avec des larmes aussi glacées que le suintement d’une source

Elle l’enleva ; puis de nouveau elle peigna et

Soupira tout le jour — puis de nouveau elle embrassa et pleura.

 

LII

Ensuite dans une écharpe d’or — parfumée avec la rosée

De fleurs précieuses, cueillies en Arabie,

Et les divines liqueurs distillées en gouttes odorantes

A travers les tuyaux serpentins rafraîchissants —

Elle l’enveloppa ; et pour tombe lui choisit

Un pot de fleurs, dans lequel elle l’enfouit,

La recouvrant de terre ; et par dessus elle planta

Un basilic fleuri, que ses larmes arrosèrent à jamais.

 

LIII

Elle oublia les étoiles, la lune, le soleil,

Elle oublia l’azur au-dessus des arbres,

Elle oublia les vallées où coulent les ruisseaux,

Elle oublia la brise glaciale de l’automne ;

Elle n’avait aucune notion de la fin des journées

Et ne discernait pas leur recommencement ; mais en paix

Se penchait sur son basilic en fleur immuablement,

Et le trempait de ses larmes jusqu’à la racine.

 

LIV

Ainsi elle le nourrit sans trêve de ses larmes amères,

Qui le rendirent gras, vert et florissant

Au point que son baume surpassa celui de ses semblables

Les autres toufles de basilics de Florence ; car il tirait,

En plus, sa nourriture et sa vie, d’un forfait humain,

De cette tête devenue pourriture cachée à tous les regards

Au point que ce joyau, en sûreté dans son écrin,

Prospéra au grand jour et s’épanouit en feuilles parfumées.

 

LV

O Mélancolie, demeure avec nous pour un instant !

O Musique, Musique, reprends haleine tristement !

O Écho, Écho, de quelque sombre rive,

Inconnue, Léthéenne, soupire vers nous — O soupire !

Esprits de deuil, relevez vos têtes, et souriez ;

Relevez la tête, suaves Esprits, avec accablement,

Et jetez une faible lueur dans vos ténèbres funéraires,

Teintant avec la pâleur de l’argent le marbre des tombes.

 

LVI

Gémissez ici, vous toutes, syllabes qui exprimez le malheur

Et que clame le gosier profond de la triste Melpomène !

Faites résonner la lyre de bronze sur le mode tragique,

Faites vibrer les cordes mystérieusement ;

Sifflez lugubrement plus haut que les vents, et sourdement ;

Car la naïve Isabelle doit bientôt habiter

Le royaume des morts ; elle se fane comme un palmier

Qu’entaille un Indien pour sa sève embaumée.

 

LVII

O laisse le palmier se faner de lui-même ;

Ne permets pas au froid hiver de geler son agonie !

Cela ne peut être — ces riches adorateurs de Babel,

Ses frères, remarquaient la continuelle averse

Qui coulait de ses yeux morts ; et plus d’un curieux lutin,

Parmi ses parents, s’étonnait qu’une telle dot

De jeunesse et de beauté fût dédaignée, étant l’apanage

D’une fille prédestinée à devenir la fiancée d’un seigneur.

 

LVIII

Bien plus, ses frères s’étonnaient davantage

De la voir languir à côté du Basilic verdoyant,

Et de voir celui-ci s’épanouir, comme par miracle ;

Grandement ils se demandaient ce que cela signifiait :

Ils ne pouvaient sûrement pas croire qu’une chose

De si peu de valeur eût le pouvoir de lui faire oublier

Sa propre jeunesse, et les gais plaisirs,

Et jusqu’au souvenir de l’amour anéanti.

 

LVIX

Aussi épièrent-ils le moment où ils pourraient pénétrer

Le mystère de ce caprice ; et longtemps ils épièrent en vain ;

Car rarement elle se présentait au confessionnal,

Et rarement elle éprouvait la sensation de la faim ;

Et quand elle quittait son trésor, elle rentrait à la hâte, aussi

vite

Qu’un oiseau volerait pour revenir couver ses œufs ;

Aussi patiente qu’une poule, elle s’asseyait

A côté de son Basilic, pleurant à travers ses cheveux.

 

LX

Ils imaginèrent donc de voler le pot de Basilic

Et de l’examiner dans un endroit secret :

Ce n’était que pourriture verdâtre et livide,

Et cependant ils reconnurent le visage de Lorenzo :

Ils avaient récolté la récompense de leur crime,

Si bien qu’ils désertèrent Florence sur l’heure

Pour n’y plus jamais retourner. Ils partirent au loin

Avec du sang sur leur tête, en exil.

 

LXI

O Mélancolie, détourne les yeux !

O Musique, Musique, reprends haleine tristement !

O Écho, Écho, quelqu’autre jour

Des îles Léthéennes, soupire vers nous — O soupire !

Esprits de deuil, ne chantez pas votre "Bon voyage !"

Car Isabelle, la douce Isabelle, va mourir ;

Elle va mourir d’une mort trop solitaire et incomplète

Puisqu’on lui a dérobé son cher Basilic.

 

LXI

Lamentablement elle regardait les choses mortes et inanimées,

Réclamant amoureusement son Basilic perdu ;

Et avec les accents mélodieux dans les cordes

De sa voix expirante, maintes fois elle pleurait

Sur le pèlerin à l’âme errante,

Pour lui demander où était son Basilic ; et pourquoi

On le lui cachait "Car c’est cruel", disait-elle,

"De me dépouiller de mon pot de Basilic"

 

LXIII

C’est ainsi qu’elle dépérit, qu’elle mourut de désespoir,

Implorant pour son Basilic jusqu’au dernier soupir.

Il n’y eut pas un cœur à Florence qui ne prît

En pitié son amour, dont la fin avait été si tragique.

De cette histoire naquit une plaintive ballade

Qui passant de bouche en bouche parcourut tout l’univers :

On en chante encore le refrain : "Quelle cruauté

De me dépouiller de mon pot de Basilic ! "

 

Joseph Severn (1793-1879) peintre britannique et l’ami du célèbre poète anglais John Keats.   Isabella et le pot de basilic

 

William Holman Hunt (182-1910) peintre britannique Isabelle et le pot de basilic, 1867 (Isabella and the Pot of Basil, 1867)

 

John William Waterhouse (1849-1917) peintre britannique  Isabelle et le pot de basilic, -1907

John William Waterhouse (1849-1917) peintre britannique Isabelle et le pot de basilic, -1907

Edward Reginald Frampton (1872-1923) artiste britannique  Isabelle et le pot de basilic, 

Edward Reginald Frampton (1872-1923) artiste britannique Isabelle et le pot de basilic, 

George Henry Grenville Manton (1855-1932) Peintre et illustrateur britannique  Isabella et le pot de basilic

George Henry Grenville Manton (1855-1932) Peintre et illustrateur britannique Isabella et le pot de basilic

Isabella (années 1800) de John Keats, publié par Collins

Isabella (années 1800) de John Keats, publié par Collins

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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 14:52

 

 

Jean Boccace (1313-1375) écrivain florentin du XIVᵉ siècle,
Recueil de nouvelles en toscan, le Décaméron.

Le Décaméron (1350-1354)

traduction d’après le texte qui se trouve dans un manuscrit du quatorzième siècle :

 

 

Le pot de basilic de Salerne

 

 

Quel est le mauvais chrétien

Qui m’a dérobé le pot de fleurs

Où était mon basilic de Salerne !

Il avait poussé avec vigueur.

C’est moi qui le plantai de ma main

 Le jour même de ma fête

Qui vole le bien d’autrui, commet une lâcheté.

 

Qui vole le bien d’autrui, commet une lâcheté,

Et le péché est très grand.

Ô malheureuse ! qui m’étais

Semé un pot de fleurs ?

Il était si beau, que je m’endormais à son ombre.

Tout le monde me l’enviait ;

Il m’a été volé, et devant ma porte.

 

Il m’a été volé, et devant ma porte :

Et j’en ai été très douloureusement affligée.

Malheureuse ! que ne suis-je morte.

Moi qui m’y étais si chèrement attachée !

C’est seulement l’autre jour que je fis mauvaise garde,

À cause de messire que j’aime tant.

Je l’avais tout entouré de marjolaine.

 

Je l’avais tout entouré de marjolaine

Pendant le beau mois de mai.

Je l’arrosais trois fois par semaine :

Aussi, je vis comme il prit bien.

Maintenant, il est certain qu’on me l’a volé.

 

Maintenant, il est certain qu’on me l’a volé ;

Je ne puis plus le cacher,

Si j’avais su d’avance

Ce qui devait m’arriver,

 Je me serais endormie sur le seuil de ma porte

Pour garder mon pot de fleurs.

Le Dieu tout-puissant pourrait bien me venir en aide.

 

Le Dieu tout-puissant pourrait bien me venir en aide,

Si cela lui plaisait,

Contre celui qui s’est rendu si coupable envers moi.

Il m’a mis en peine et en tourment,

 Celui qui m’a volé mon basilic.

 Qui avait un si doux parfum.

 Son parfum me ragaillardissait toute.

 

 Son parfum me ragaillardissait toute,

 Tant il répandait de fraîches odeurs.

 Et le matin quand je l’arrosais,

 Au lever du soleil,

 Tout le monde s’étonnait,

Disant : D’où vient une telle odeur ?

Et moi : par amour pour lui, je mourrai de chagrin.

 

Et moi, par amour pour lui, je mourrai de chagrin,

 Par amour pour mon pot de fleurs.

 Si quelqu’un voulait me dire où il est,

 Je le rachèterais volontiers

J’ai cent onces d’or dans ma bourse,

 Volontiers je les lui donnerais,

Et je lui donnerais un baiser, s’il le désirait.


 

 

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21 décembre 2023 4 21 /12 /décembre /2023 15:11

 

 

Mythologie des épices,  

Aromates et condiments

La badiane chinoise ou anis étoilé - illicium verum
 

 

 

La badiane chinoise, ou anis étoilé - Illicium verum, syn.  Illicium stellatum 

est le fruit du badianier de Chine (Illicium verum), utilisée comme épice en cuisine pour son goût anisé. 

Seule l'espèce type Illicium verum, est cultivée.

Cet épice est aussi nommé anis de Chine, étoile de Chine, anis de Sibérie, fenouil de Chine ou localement Mang-tsao.  

Les Chinois la connaissent sous différents noms, le plus courant, lié à ses huit lobes donna le nom chinois bā jiǎo qui peut être traduit littéralement par "huit cornes".

 

 

Le badianier ou Illicium verum est un arbuste à feuillage persistant originaire d'Asie, appartenant à la famille des Illiciacées, Magnoliacées.

Il peut atteindre dans son pays d'origine, une hauteur allant jusqu'à 20 mètres. Avec son port pyramidal, il fait songer à un magnolia. Cet arbre ne produit pas de fruits avant ses 6 ans et peut ensuite produire pendant un siècle.

Toutes les parties du Badianier sont aromatiques du tronc gris­blanc et lisse, aux feuilles, fleurs et graines, cosses.
 


C'est un arbre qui a besoin d'un sol riche et acide. La badianier de Chine pousse dans des régions tempérées et moyennement froides, et peut résister à des températures pouvant aller jusqu’à -8 °C

Il est cultivé au Japon et dans les Philippines.



 

 

 

La badiane ou anis étoilé est une des plus jolies épices. Odorante et décorative, son goût rappelle celui de l'anis ou du fenouil.

L'anis étoilé a un parfum particulièrement persistant qu'on retrouve souvent dans la cuisine asiatique et dans les boissons anisées.

Les rameaux du badanier sont bas et très feuillés.

Ses feuilles vertes sont persistantes, alternes, allongées, effilées et brillantes.

 


Entre mai et juillet, il se couvre de fleurs blanches rosées ou jaunes, en forme d'étoiles, parfumées et très décoratives. Ses fleurs jaunes donnent naissance à des fruits en forme d’étoile à 8 branches 


 

 

 

À l'automne, les fleurs se transforment en fruits, qui prennent la forme d'une petite étoile à huit branches, d’où le nom d’ "anis étoilé". Chaque branche de l'étoile contient alors une graine ovoïde.  

Les fruits sont cueillis verts,

 

 

Après être séchés au soleil, ils prennent une couleur brun rouge à la surface lisse et brillante, 

Les récoltes de badiane ont lieu deux fois par an, en avril et octobre.

Son goût rappelle celui du fenouil et de l’anis.

Son parfum pénétrant évoque l’anis et la réglisse.

 

 

La cosse est plus aromatique que la petite graine noire et luisante que l’on trouve dans sa pointe.


 

 

 

A savoir :

La badiane japonaise - Illicium anisatum,  

appelée "anis étoilé japonais", faux badianier ou badianier du Japon et anciennement Illicium religiosum Sieb.,

est une espèce d'arbustes de la famille des Illiciacées, originaire de Corée du Sud et du Japon jusqu'à Taïwan.

Cet arbuste, sacré pour les bouddhistes, fut introduit au Japon et planté près des temples. Il fut considéré par les premiers voyageurs comme une variété peu aromatique du Badianier de Chine.

Au Japon, la badiane japonaise est brûlée comme encens. Elle y est appelée shikimi (シキミ?), origine du nom de l'acide shikimique.

Bien que toxique et donc non utilisable en usage interne, la badiane japonaise est utilisée en médecine chinoise pour traiter certains problèmes de peau. Ses feuilles ont été utilisées comme poison de pêche. Les feuilles et les fruits ont également des propriétés raticides.

Depuis 2001, la commercialisation de la badiane japonaise est interdite en France. 
 

(Le fruit de la badiane japonaise, toxique, Illicium anisatum, anciennement Illicium religiosum


 

 

 

Badiane de Floride - Illicium floridanum


C'est un arbuste buissonnant, persistant intéressant à croissance lente très original pour son feuillage aromatique dégageant un parfum anisé, et surtout pour ses spectaculaires fleurs en étoiles parfumées rouge profond suivies de fruits toxiques en forme d'étoile à 8 branches.

Chacune des branches ne contenant qu'une seule graine.


 

 

 

Etymologie de la badiane, l'anis étoilé

 


Origine du nom " Illicium" : 

vient du latin et signifie "charme", "Appât", séduire

 

Origine du nom "Badiane" :

- Du persan بادیان, bādiān : anis, fenouil . (en raison de l'odeur et du goût communs avec le fruit de l'anis, Pimpinella anisum).

- Du chinois bā jiǎo : badiane"  (littéralement, 8 cornes).
 

 

 

Tradition asiatique

 

Les japonais et les chinois regardent l’anis étoilé comme une plante sacrée ; ils l’offrent à leurs pagodes, en brûlent l’écorce comme un parfum sur leurs autels,  et en placent des branches sur les tombeaux de leurs amis. 

Rozier Cours complet d’agriculture Hôtel Serpente, 1781


La Badiane est l’objet d’une grande vénération chez les Chinois, très utilisée en Médecine Chinoise.

Ils en mangent après les repas, l’ajoutent au thé ou au café.

C'est une épice fraîche, traditionnellement reliée à la féminité, qui accompagnait les rites de fertilité et de prospérité.

 

 

 

L’encens japonais


L’encens japonais est largement considéré comme le meilleur au monde et est réputé pour la variété d’ingrédients utilisés dans sa fabrication,  dont l’anis étoilé, 
 


 

Vers 3300 - -3200 av. J.-C. 

 


Utilisé dès l’Antiquité pour ses vertus médicinales et cultivé en Chine depuis 3000 ans, la badiane, l'anis étoilé  exhale des saveurs anisées plus fortes que celles de l'anis vert.


 


 

 

X° - XIII° siècle

 


En Chine, durant le règne de la dynastie Song (960-1279), la badiane était considérée comme une épice précieuse et rencontra un grand succès. 


Cet épice permettait de payer l’impôt :  

Pour cela les provinces chinoises méridionales s’obligeaient à verser à l’empereur un tribut exprimé en piculs, unité de mesure traditionnelle équivalent, à peu près, à 60 kg.


De plus, les fruits de l'anis étoilé etaient  utilisés depuis plus de mille ans dans la médecine traditionnelle chinoise, notamment pour ses vertus digestives et son action antispasmodique, mais aussi en tant que parfum pour les rituels religieux.

Un quartier de la capitale de la dynastie Song, extrait du tableau Qingming Shenghe Tu,version dynastie Qing. Image  Musée National du Palais de Taïwan

 

 

 

1263 

 


Au Moyen Age, les Corporations regroupant les personnes exerçant la même profession, formaient de puissantes Confréries. Sur ordre du Roi Saint Louis, leurs coutumes et traditions étaient consignées dans le Grand Livre des Métiers. 

 


Sous le règne de Saint Louis, il est procédé à l’enregistrement de la Corporation des Anysetiers au Châtelet sur le Grand Livre des Métiers par Etienne Boileau, Prévost de Paris. Ses membres étaient à la fois des médecins et des apothicaires qui mettaient leur connaissance approfondie des propriétés de la badiane étoilée au service d’un idéal : aider autrui.

 

..."Acheminées depuis la chine jusqu’à Alexandrie, les précieuses graines d’anis étaient acheminées à Marseille puis à Paris pour être confiées aux Anysetiers qui officiaient rue Vieille-du-Temple sous les ordres de Messire Antoine Gil, leur grand maistre ès-qualités.

Celles-ci étaient écrasées avec un pilon de bronze, arrondi en forme de marteau. Après distillation et macération de la pâte obtenue, les apothicaires l’utilisaient pour fabriquer des drogues, des onguents et des liqueurs dont ils pourvoyaient ensuite les Rois et les Seigneurs, mais aussi le bon peuple. Ils jouissaient de ce fait d’une très grande notoriété aussi bien dans la Noblesse que dans la Roture."...


 

 

 

XIII°  -XIV° siècle

 


L'anis étoilé connu sous le nom de "Mang-tsao" était très convoité depuis le Moyen Age.

Marco Polo (1254-1324) marchand, explorateur et littéraire italien, garda longtemps le secret de son origine (sud-est de la Chine - nord Vietnam), car il se vendait à prix d’or.


 

 

 

XV° siècle 

 


La badiane fut ramenée pour la première fois en Grande-Bretagne par le marchand anglais Thomas Cavendish, surnommé le "Navigateur" (1560 -1592) navigateur, pirate et corsaire anglais, de retour des Philippines. 


 

 

 

XVII° siècle

 

 

En 1601 Charles de l’Ecluse (Carolus Clusius 1526-1609) médecin et un botaniste flamand de langue française donne une description de la badiane. 

 

A partir de la fin du Moyen âge, il est acheminé en Russie depuis la Chine par la route du thé.

Les marchands en Russie aux XVIIe, organisaient des caravanes commerciales. Au retour, ils déclaraient entre autres marchandises  de l'anis étoilé.


À la cour du tsar de la Russie au XVIIe siècle, cette épice était employée afin de parfumer les boissons.

 


Epice rare et très chère , son utilisation se développe en Occident à partir de la Renaissance, grâce à son importation par l'Empire britannique.


Le négoce de la badiane prendra un tout nouvel essor avec la culture Européenne de plants de badianier de Chine, et son utilisation ne va que croître et devenir  peu à peu une épice incontournable et un produit phare dans la composition traditionnelle de plusieurs alcools pour son goût anisé. 

 


Engelbert Kaempfer (1651–1716) médecin, naturaliste et voyageur allemand, a décrit l'anis étoilé en 1690

 


C’est en 1694 Pierre Pomet (1694-1735) naturaliste dans son histoire des drogues note que l’utilisation des graines pour parfumer le thé hollandais.

 


Au Moyen âge, il existait même, en France, une corporation des Anysetiers, composée d'apothicaires et de médecins. Installés à Paris, rue Vieille du Temple, ils broyaient les graines d'anis et l'utilisaient pour fabriquer des onguents et des liqueurs.


Des recettes de boissons médiévales utilisaient la badiane


 

 

 

 

XVIII° siècle

 


Comme l’ensemble des privilèges royaux, il fût aboli par la Révolution de 1789. Cette abolition devait marquer la fin de la Corporation des Anysetiers.


François Rozier, prêtre, savant botaniste et agronome français (1734 — 1793)

Cours complet d’agriculture

Hôtel Serpente, 1781 (Tome premier, p. 562-564).

Anis étoilé, ou Badiane. (Voyez Pl. 17, pag. 548)

..."Il n’étoit connu en Europe que par son fruit, qu’on appeloit badiane des Indes, anis de Sibérie, anis de Chine, anis des Indes. M. Tournefort n’a jamais vu cette plante. M. le chevalier Von Linné n’en a parlé que d’après Kempfer, & l’a placée dans la dodécandrie dodécagynie ; il l’appelle illicium anisatum, qui est bien différent de l’illicium floridanum que nous allons décrire"...


 

 

 

Marie-Antoinette (1755-1793) avait planté un pied de badiane dans le jardin du Petit Trianon pour le parfum de ses fleurs.

 

 

En 1793, João de Loureiro (V.1710- 1791) botaniste portugais mathématicien et physicien, prêtre missionnaire jésuite, d’accord avec Linné, décrivait la plante chinoise sous le nom "d’lllicium anisatum"

 

 

XIX° siècle

 


C'est au XIXe siècle que ce parfum d'anis sera exploité dans la fabrication de diverses boissons alcoolisées car son coût d'achat était plus faible que d'autres plantes apportant ce même parfum d'anis. 

 

1833


Chaumeton, Poiret et Chamberet, 

(Imprimerie C. I. F. Panckoucke, tome 1, 1833) 

la Flore médicale

..."Les Japonais et les Chinois regardent l'anis étoile comme une plante sacrée ; ils l'offrent à leurs pagodes, en brûlent l'écorce, comme un parfum, sur leurs autels, et en placent des branches sur les tombeaux de leurs amis. En Chine, les gardes publics pulvérisent l'écorce de cet arbrisseau, dont ils remplissent de petites boîtes allongées en forme de tuya, lesquelles sont graduées à l'extérieur de distance en distance ; ils mettent le feu à cette poudre par une des extrémités du tuyau ; elle se consume très lentement et d'une manière uniforme, et lorsque le feu est parvenu à une distance marquée, ils sonnent une cloche ; et, par le moyen de cette espèce d'horloge pyrique, annoncent l'heure au public.

Le bois que recouvre cette écorce aromatique exhale lui-même l'odeur de l'anis , dont il a reçu le nom ; sa dureté le rend propre aux ouvrages de tour et de marqueterie. 

Quoi qu'il en soit, de toutes les parties de l'anis étoile, c'est le fruit qu'on emploie plus généralement. Son odeur et sa saveur, analogues à celle de l'anis et du fenouil, sont plus pénétrantes; aussi les Orientaux lui donnent-ils la préférence.

Les Chinois en mangent souvent après le repas, pour faciliter la digestion et se parfumer la bouche ; ils en font une infusion théiforme , avec la racine de ninsin, et la boivent pour rétablir les forces abattues ; ils en mêlent avec le café, le thé, le sorbet, et les autres boissons qu'ils veulent rendre plus agréables. Ils regardent cette substance comme l'antidote de plusieurs poissons vénéneux. "...
 

 


 

Planche Pierre-Jean-François Turpin (1776-1840) 

Flore Médicale" tome 1 de Chaumeton


 

 

 

Rémy de Gourmont (1858-1915) écrivain français, romancier, journaliste et critique d'art, 


Les cheveux
...

Tu sens le trèfle, tu sens le lait ;

Tu sens le fenouil et l'anis ;

Tu sens les noix, tu sens les fruits
...
 

 

 

Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) poète français,

 

Phyllis

...
L'anis brûle à l'autel, et d'un pied diligent

Tous viennent couronnés de verveine pieuse ;
...

 

 

Edmond et Jules de Goncourt

Sœur Philomène,1861, p. 266.

..."Il (Barnier) alla fatalement à cette liqueur qui tire des sommités de l'absinthe, de la racine d'angélique, du calamus aromaticus, des semences de badiane, un enchantement pareil à celui que l'Asie et l'Afrique demandent au chanvre"... 
 

 

 

1897

Franz Eugen Kِohler, 

Plantes Médicinales

Illicium anisatum

Anis étoilé

 

 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et une romancière française d'origine roumaine et grecque, 

 


Ivresse au printemps


...
— Printemps secret, sucré, divin,

Que je boive un limpide vin,

Dans la coupe de la tulipe !

Que dans une argentine pipe

Je brûle l’encens et l’anis !

Ô printemps, culte d’Adonis,...


 

 

 

1906


Philippe Eberhardt (1874-1942), botaniste français parti en expédition en Indochine française, 

Petit fascicule, publié à Hanoi en 1906, consacré à la culture d’une épice utilisée dans de nombreuses recettes festives : 

La badiane au Tonkin

Extrait du Bulletin économique de l’Indochine, 

Parmi les cultures indo-chinoises susceptibles d’être développées avec succès et appelées à jouer un rôle important, au point de vue économique, il faut citer celle de la Badiane. Jusqu’ici son développement s’est localisé dans le HautTonkin, dans les régions de Dong-dang, Vinh-Rât, Ualung, Nacham, Thatkhé et le massif du Mauson.

Cette localisation qui peut tout d’abord étonner, n’a cependant rien que de très naturel. Le badianier vient du Sud de la Chine où il est cultivé dans la région limitrophe du Tonkin et ce n’est, dans notre colonie, qu’une petite hernie en quelque sorte, rappelant l’occupation chinoise ; les Chinois ont planté en effet ce qui en existe. Lors du changement de maîtres, les Thos profitèrent des plantations, se bornant d’ailleurs à recueillir les fruits et à les distiller. ...


...

Historique

La première mention européenne que l’on trouve de "l’anis étoilé" est dûe au voyageur Candish qui le rapporta des Philippines vers 1588. Clusius  acheta le fruit à Londres en 1601, et, pendant le 17e siècle, il en arriva par la Russie, jusqu’en Angleterre, sous le nom de "Cardamomum siberiensis".

Kœmpfer en 1690-1692 rapporta du Japon et décrivit longuement une plante japonaise, le "Skimmi" qu’il assura, d’accord d’ailleurs avec les auteurs de la "Pharmacographia", être la plante qui fournit l’anis étoilé.

Thumberg d’abord, von Siebold ensuite, déclarèrent que les fruits de la plante japonaise n’avaient pas le même arôme que ceux qu’on trouvait dans le commerce.

En 1793, Loureiro, d’accord avec Linné, décrivait la plante chinoise sous le nom "d’lllicium anisatum".

Plus tard, le Docteur Bretschneider montrait que l’espèce japonaise était vénéneuse et, presqu’en même temps, vers 1881, le Dr Hance et M. Ford établissaient l’indépendance d’une espèce chinoise que llooker baptisait du nom "d’Illicium verum"....
 

file:///C:/Users/Utilisateur/Downloads/bulyon1_2020_4812_31.pdf

 

 

1918
Dictons et proverbes des Chinois habitant la Mongolie sud-ouest, par le R.P. Joseph Van Oost,...

Auteur : Van Oost, Joseph (missionnaire de Scheut, Le P.).

Auteur du texte

Editeur : (Zi-Ka-Wei près Chang-Hai)

Date d'édition : 1918


Ta kio hoei siang

Lieou kio yang

Chen sien tch'e chang

CJie toan tch'ang.

 

La badiane à huit cornes

Le mouton à six cornes

Si les esprits et les génies en mangent

Leurs entrailles se déchirent.


 

 

 

1924

Marcel Hégelbacher ; 

La Parfumerie et la Savonnerie. - 1924, page 29

L’anis étoilé ou badiane croît au Tonkin, en Annam, dans la Chine du Sud. Cet arbuste donne des fruits qui sont cueillis avant maturité, séchés sur des claies puis distillés. 
 

 

 

1943

Notes sur l'Anis vert et sur l'Anis étoile ou Badiane. 

Auguste Jean-Baptiste Chevalier (1873-1956) biologiste et botaniste français.

Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée Année 1943 

La badiane fut observée pour la première fois au Tonkin à Dong Dang par Benjamin Balansa (1825-1891) botaniste et explorateur français (Herb. 1132) vers 1885
 

 

 

1955  

Un groupe de hautes personnalités du monde des Arts et de la Culture, encouragé dans cette voie par un mécène, a entrepris de faire revivre les antiques traditions de la Corporation des Anysetiers en créant l’association des Anysetiers du Roy, visant à défendre et promouvoir les valeurs culturelles et morales qui constituent les fondements de notre civilisation.

 

 

1968 

Souhaitant acquérir une audience dépassant les frontières françaises, l’association des Anysetiers du Roy se transforme, cette année-là, en Ordre International des Anysetiers, association régie par la loi du 1er juillet 1901.


 

 

1985

Scott Cunningham,

auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques

(1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, éditions Sand, 1987), le Badianier (Illicium anisatum et Illicium verum) a les caractéristiques suivantes :

... 

    Genre : Masculin
    Planète : Jupiter
    Élément : Air
    Pouvoirs : : Pouvoirs psychiques ; Chance.

..."Ce sont les fruits en forme d'étoile que l'on emploie. Ils sont cueillis verts, et c'est en séchant sur des claies au soleil qu'ils prennent une coloration brun-rouge


Utilisation magique : Séchées, mais récoltées dans l'année en cours, les étoiles de Badiane sont consumées à très petit feu dans des brûle-parfums percés de trous, souvent en mélange avec d'autres herbes (lentisque, airelle, gentiane, etc.). Quelques recettes magiques russes recommandent de confire la Badiane dans de la graisse de blaireau. La fumée est inhalée pour accroître les pouvoirs psychiques. 

    En Sibérie, avant la Révolution de 1917, les Vogouls obtenaient les mêmes résultats en respirant le suc frais : ils écrasaient les fruits verts entre leurs mains et s'en enduisaient le visage, le cou, le haut du thorax. 

    Placez des étoiles de Badiane sur l'autel où vous célébrez votre rite. Le but est de Il charger» cet autel en vibrations occultes. Chaque étoile fait alors office de rose des vents, orientée vers les points cardinaux. 

    Le fruit porte bonheur. Il sert aussi à faire d'excellents pendules. "...
 

 

 

1985

Marie-Claude Palys - auteur 


La petite histoire de l'anis étoilé


Badiane, anis étoilé

Marco Polo t'a rapportée

d'un voyage de Chine

pour la cuisine

Dans les boissons 

Entière en infusion 

Ta saveur puissante 

intense et odorante

tes notes anisées, 

boisées et sucrées 

aromatiques et épicées

Sont appréciées.


 

 

 

2001


Le mauvais conte de Noël, ou l'histoire du vin chaud et de la badiane

Articles Forêt

(Rédaction : Dr. Nicolas Rohrbacher)

...Au début de l’hiver 2001 et comme chaque année, des tonnes de mélange d’épices pour vin chaud contenant de la badiane sont vendues sous forme de sachets. Depuis quelques jours, en France, plusieurs cas d’intoxications plus ou moins graves (troubles digestifs, convulsions) sont rapportés aux centres anti-poison. Les services de santé mènent une enquête rapide et très efficace, et constatent que ce sont principalement des personnes ayant consommé du vin chaud qui sont touchés par ces symptômes.

L’étude approfondie permettra d’en trouver l’explication : suite à des ruptures d’approvisionnement en badiane de Chine Illicium verum (comestible, et traditionnellement utilisée dans la confection du vin chaud), celle-ci a été substituée par de la badiane du Japon Illicium anisatum (toxique, et non comestible).
En revanche, lorsque la plante est en poudre, la détection visuelle de badiane du Japon n’est pas possible. Dans ce cas, seul un laboratoire spécialisé est en mesure de mettre en œuvre une analyse chromatographique qui permettra de détecter la présence d’anisatine et ses dérivés qui sont responsables de la toxicité de la badiane du Japon.

Ces molécules sont absentes de la badiane de Chine et si leur présence est détectée dans une poudre, il est indiscutable qu’une falsification a eu lieu.

Cette affaire a conduit en 2001 à l’interdiction immédiate de la vente en France de badiane, toutes origines confondues. Cette réactivité des autorités de Santé qui permit sans nul doute d’éviter d’autres cas d’intoxication.

La vente de badiane de Chine (uniquement) fut réautorisée en 2007 .


Différencier la badiane de Chine de la badiane du Japon 


 

 

 

2005


Ossiane - poète et photographe - 


 

Badiane Etoilée,

 

Badiane Etoilée,

Etoile Anisée,

Anis d’un Eté,

Eté Epicé.

 

 

 

Août 2005 

Oreillette


Nouhitsou

 

Pour être dans le cosmos

Effleure 2 anis

Plonge les dans ta demeure tasse

Vaporeuse chaude

 

Attend dans la patience

Humectant fumées nuages

Narines absorbant les pores gouttes odorantes

 

Trempe tes lèvres

Bois à petits gorgées

Fermant tes paupières

 

Sens tu l’étoile enveloppant

Ta gorge subtile

Emanant vers la tête dans les étoiles


 

 

 

En 2007, la production mondiale de badiane est de 40 000 tonnes. 

90 % de la production mondiale de badiane provient de la province du Jiangxi en Chine, où elle fait vivre 10 millions de personnes. Le reste est produit au Viêt Nam, au Cambodge, au Laos, au Japon et aux Philippines.
 

 

 

2008

Jacques Herman - poète


 

Anis étoilé


Beaucoup prévoyaient son départ

Mais il s'est accroché aux orties

Aux glycines

Aux liserons

Aux branches pourries

D'arbrisseaux sauvages

 

Il a tenu bon

Par courage

Par obstination

 

Beaucoup craignaient pour sa vie

Mais il s'est accroché aux nuages

A des queues de sirènes

A des chansons d'amour

D'un autre âge

 

Il a tenu bon

Par courage

Par obstination

 

On raconte aujourd'hui

Qu'il mourut étouffé

Dans le jardin de sa maison

Par une graine d'anis étoilé


 

 

 

2009


Regalline - Maître Poète · A partir de Cote d'ivoire

 

Un grain d'anis étoile

 

"Un grain gris vert d’anis étoile

C’est tant d'épices en très doux voile

C’est tropical, plein de soleils

Et merveilleux en temps qui veille"


 


 

Regalline - Maître Poète · A partir de Cote d'ivoire

 

Anis

 

Quant la nuit vient en doux relents

Anis et flots, comme promesses

Le frisson lent dénude un temps

Noyé aux airs en vraies tendresses

 

Plaisir de vivre en temps ému

Murmure un chant, beauté, désir !

Amours humés en esprit nu,

Exalte au corps le temps saisir !

 

C'est tant amour, de souvenirs

Chaleurs, parfums et doux plaisirs

C'est ta couleur bleu-vert fameux

Anis, étoile qui fait nous deux

 

L’éclipse au ciel se fait luisance

De baisers chers, de grands soleils

Tous enrobés d'une romance,

Adaggio libre aux beaux éveils.

 

Et l’heure veille en ce cadran,

Egrainant des souffles d’ivresses

Aux éthers qui livrent l’élan

De ton soin pur en des caresses…

 

C'est Toi et moi, tous nos plaisirs

Bonheur en un qui fait périr

C'est ton ardeur, nos tendres jeux

Anis, étoile qui fait nous deux

 

Ombrage vert, palme du vent

 

Siffle un chant grand d'amour qui veille !

Sel et long chant, vague du temps

Vibre à la mer, l'algue vermeille !

 

Que mon regard dans l'air se porte

Au bord du flot qui tout dévoile !

Bleu, jaune et vert où tout s'exhorte,

Flux et reflux d'Anis étoile !​

 

 

 

2018

par Mijo


..."La vie était facile en ce jardin d'éden,

Ca sentait le jasmin et l'anis étoilé,

Nous nous sommes tant aimés, les palmes s'en souviennent,

Goûtant intensément aux tendres mélopées"...
 

 

 

Signification et langage des fleurs d'anis étoilé


Les fleurs d’anis étoilé symbolisent :

- la sagesse, 

- la protection 


La badiane est un porte bonheur, elle est considérée comme la graine de la bonne étoile, de la chance.


 

 

 

Mythes et légendes

 


- En Europe, les fleurs d’anis éloignaient les mauvais esprits et étaient utilisées dans les rituels de nettoyage traditionnels.

- Le fruit séché en forme d’étoile est brûlé comme encens pour accroître les pouvoirs psychiques, et est porté sur soi en chapelet pour le même but.

- Parfois on en place aux 4 points cardinaux sur l’autel pour lui donner du pouvoir. Il est aussi porté sur soi pour apporter la chance, et il fait d’excellents pendules.

- la badiane peut accompagner les rites de prospérité et de fertilité en favorisant les grossesses. 

- L'anis étoilé peut être employée pour favoriser la chance dans les jeux de hasard, et les rêves prémonitoires. 

- La badiane permet de purifier une pièce et de se protéger du mauvais œil. on peut aussi broyer la badiane et la déposer sur un charbon ardent. 

- Le fruit est un porte bonheur. Il sert aussi à faire d'excellents pendules. 


 

 

 

Utilisation de la badiane - anis étoilé

 

 

Bien que les feuilles soient aromatiques également c’est principalement le fruit qui est utilisé.

 

Utilisation alimentaire 


- Le fruit frais encore vert est mastiqué frais en petite quantité pour assainir la bouche ou aider à la digestion à la fin du repas. Son goût est agréable. 


- On peut ajouter la badiane à une tisane ou en aromatiser un thé vert.

 

L'anis étoilé est une épice à l'arôme plus puissant que l'anis vert qui entre dans la composition du mélange de la poudre aux cinq épices  : badiane, poivre du Sichuan, cannelle, clou de girofle, graines de fenouil.

Dans la cuisine de la province de Hubei, en Chine, elle est souvent utilisée avec le poivre du sichuan et des piments de Cayenne pour préparer les légumes sautés.

L'arôme de la badiane est principalement dû à l'anéthol.


- Il est utilisé en Europe, notamment dans la fabrication de l'anisette, du pastis, de l'ouzo ou de la sambuca.

- En pâtisserie, il aromatise gâteaux et galettes traditionnelles de l'ouest de la France (infusé dans du lait). 


- En Allemagne, il est utilisé dans la fabrication des marmelades. Il facilite les digestions difficiles, d'où son succès en apéritif, en digestif ou en dessert.


- Le vin chaud est sans conteste la boisson incontournable des marchés de Noël alsaciens. Il s’agit d’un vin blanc traditionnel de la région, généralement un Riesling ou un Gewurztraminer, chauffé avec des épices (cannelle, anis étoilé, clou de girofle). La recette varie selon les stand mais le résultat est toujours délicieux. Dégusté bien chaud, le vin chaud réchauffe les promeneurs et ajoute à la magie de l’ambiance. Un verre à la main, on flâne entre les chalets… une douceur très appréciée pendant les longues balades hivernales.

 

 

 

Propriétés thérapeutiques

 


- Le fruit sec permet de récolter l’huile essentielle d’anis étoilé ( riches en éthers HE d'anis vert, de badiane chinoise, "anéthol"),  forte et un peu irritante. utilisée en phytothérapie. 


 La badiane est :

- apéritive, digestive, stomachique, carminative

- expectorante, mucolytique, régulatrice du rythme respiratoire

- tonique, stimulante, anti-inflammatoire, antalgique 

- antibactérienne et antivirale, désinfectante. 

 

 

 

Utilisation cosmétique et d'ambiance 


Enfin, la badiane, sous sa forme d’huile essentielle, fait aussi le délice du parfumeur, pouvant se trouver en note de tête dans la composition de parfums dits chyprés, fougères, etc...


Exemple :

Lolita Lempicka Au Masculin Intense - Eau de parfum - Vaporisateur 100 ml

..."Lolita Lempicka Au Masculin Intense est une eau de parfum de douceur et de puissance qui touche instantanément. Les saveurs fraîches de la Bergamote et de la Badiane se mêlent aux notes chaudes et suave de l'Iris et de la Myrrhe"...
 

 

 

A savoir :

 

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 15:34

 

Regalline - Maître Poète · A partir de Cote d'ivoire

 

Anis

 

Quant la nuit vient en doux relents

Anis et flots, comme promesses

Le frisson lent dénude un temps

Noyé aux airs en vraies tendresses

 

Plaisir de vivre en temps ému

Murmure un chant, beauté, désir !

Amours humés en esprit nu,

Exalte au corps le temps saisir !

 

C'est tant amour, de souvenirs

Chaleurs, parfums et doux plaisirs

C'est ta couleur bleu-vert fameux

Anis, étoile qui fait nous deux

 

L’éclipse au ciel se fait luisance

De baisers chers, de grands soleils

Tous enrobés d'une romance,

Adaggio libre aux beaux éveils.

 

Et l’heure veille en ce cadran,

Egrainant des souffles d’ivresses

Aux éthers qui livrent l’élan

De ton soin pur en des caresses…

 

C'est Toi et moi, tous nos plaisirs

Bonheur en un qui fait périr

C'est ton ardeur, nos tendres jeux

Anis, étoile qui fait nous deux

 

Ombrage vert, palme du vent

 

Siffle un chant grand d'amour qui veille !

Sel et long chant, vague du temps

Vibre à la mer, l'algue vermeille !

 

Que mon regard dans l'air se porte

Au bord du flot qui tout dévoile !

Bleu, jaune et vert où tout s'exhorte,

Flux et reflux d'Anis étoile !​

 

Regalline - Maître Poète · A partir de Cote d'ivoire - Anis
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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 15:04

 

 

Regalline - Maître Poète - A partir de Cote d'ivoire

 

Un grain d'anis étoile

 

"Un grain gris vert d’anis étoile

C’est tant d'épices en très doux voile

C’est tropical, plein de soleils

Et merveilleux en temps qui veille"

Regalline - Maître Poète - Un grain d'anis étoile
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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 14:51

 

2008

Jacques Herman - poète


 

Anis étoilé


Beaucoup prévoyaient son départ

Mais il s'est accroché aux orties

Aux glycines

Aux liserons

Aux branches pourries

D'arbrisseaux sauvages

 

Il a tenu bon

Par courage

Par obstination

 

Beaucoup craignaient pour sa vie

Mais il s'est accroché aux nuages

A des queues de sirènes

A des chansons d'amour

D'un autre âge

 

Il a tenu bon

Par courage

Par obstination

 

On raconte aujourd'hui

Qu'il mourut étouffé

Dans le jardin de sa maison

Par une graine d'anis étoilé

Jacques Herman - poète - Anis étoilé
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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 14:29

 

 

Août 2005 

Oreillette


Nouhitsou

 

Pour être dans le cosmos

Effleure 2 anis

Plonge les dans ta demeure tasse

Vaporeuse chaude

 

Attend dans la patience

Humectant fumées nuages

Narines absorbant les pores gouttes odorantes

 

Trempe tes lèvres

Bois à petits gorgées

Fermant tes paupières

 

Sens tu l’étoile enveloppant

Ta gorge subtile

Emanant vers la tête dans les étoiles

Oreillette -  Nouhitsou, anis étoilé
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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 14:03


2005

Ossiane - poète et photographe - 


 

Badiane Etoilée,

 

Badiane Etoilée,

Etoile Anisée,

Anis d’un Eté,

Eté Epicé.

Ossiane - poète et photographe - Badiane Etoilée,
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19 décembre 2023 2 19 /12 /décembre /2023 22:08

 

 

1985

Marie-Claude Palys - auteur 


La petite histoire de l'anis étoilé


Badiane, anis étoilé

Marco Polo t'a rapportée

d'un voyage de Chine

pour la cuisine

Dans les boissons 

Entière en infusion 

Ta saveur puissante 

intense et odorante

tes notes anisées, 

boisées et sucrées 

aromatiques et épicées

Sont appréciées.

1985  Marie-Claude Palys - auteur - La petite histoire de l'anis étoilé
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19 décembre 2023 2 19 /12 /décembre /2023 21:14

 

 

1918
Dictons et proverbes des Chinois habitant la Mongolie sud-ouest, par le R.P. Joseph Van Oost,...

Auteur : Van Oost, Joseph (missionnaire de Scheut, Le P.).

Editeur : (Zi-Ka-Wei près Chang-Hai)

Date d'édition : 1918


Ta kio hoei siang

Lieou kio yang

Chen sien tch'e chang

CJie toan tch'ang.

 

La badiane à huit cornes

Le mouton à six cornes

Si les esprits et les génies en mangent

Leurs entrailles se déchirent.

Van Oost, Joseph - missionnaire de Scheut, Le P. - dicton chinois - La badiane à huit cornes
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