..."Il est là, dans son échoppe, allumant la braise, attisant
avec son soufflet les charbons du fourneau, écoutant
de toutes ses oreilles les papotages, les parlotes, les cancans
des laitières et des concierges. […]
Et derrière le malheureux, au travers des vitres qui le séparent
de la piscine aux vins, s’alignent, vives, engageantes,
scintillant sur une planchette posée devant une glace,
des régiments de bouteilles, hautes en couleur et larges en ventre.
Quelle attirance, quelle fascination !
oh ! qui dira le charme des canons et du tafia ?
Ne les regarde point, pauvre hère, oublie froid, faim, bouteilles
et chante, nasillard, ta complainte obstinée :
eh ! chauds, chauds, les marrons !
Va, éreinte-toi, gèle, gèle, souffle sur les fumerons qui puent,
aspire à pleine bouche la vapeur des cuissons, emplis-toi
la gorge de cendre, trempe dans l’eau tes mains bouillies
et tes doigts grillés, égoutte les châtaignes, écale les marrons,
gonfle les sacs, vends ta marchandise aux enfants goulus,
aux femmes attardées ;
hue ! philosophe, hue ! entonne à tue-tête, jusqu’à la pleine nuit,
au clair du gaz, sous le froid, ton refrain de misère :
eh ! chauds, chauds, les marrons !..."
Jean-François Raffaëlli (1850-1924) - Illustrateur, Croquis parisiens - Le marchand de marrons - BnF, Réserve des livres rares, RES-8-LI3-751 (B) - Bibliothèque nationale de France
Le noyer commun ou noyer est un arbre assez commun, cultivé pour son bois recherché en ébénisterie et ses fruits , les noix , riches en huile .
C'est le seul représentant en France de la famille des Juglandacées . Il est parfois appelé arbre de perse, calottier , écalonnier , gojeutier ou noyer royal. C'est un arbre robuste et résistant à la plupart des maladies, toutefois, il craint le gel printanier.
Le noyer est un arbre majestueux au tronc épais et aux grosses branches. Il atteint la taille de 20 à 25 m, s’il pousse en solitaire alors qu’il peut atteindre 30 m en peuplement. La croissance en hauteur se termine au bout de 60 à 80 ans. Il est originaire d'Orient, Asie centrale, régions montagneuses de l’ouest de l’Himalaya: Cachemire, Tadjikistan et Kirghizistan. On trouve encore dans ces pays des noyers sauvages dans des forêts plus ou moins dégradées.
Il peut donner des fruits, les noix en pleine production jusqu'à 70 ans, elle continue jusqu'à 200 ans, mais la production faiblit.
La durée de vie du noyer peut atteindre 600 ans.
Connais-tu le noyer, l'arbre au feuillage sombre,
Qui couvre au mois de juin tout un champ sous son ombre ?
Connais-tu le rugueux et robuste noyer,
Le voisin de la ferme et l'ami du foyer ?
Achille Millien (1838 1927) poète et un folkloriste français.
Son écorce est gris-clair, mince et lisse pour les jeunes, parcourue de profondes fissures avec les années.
Ses feuilles, caduques, alternes, assez grandes, sont composées, imparipennées et penninerves. Elles dégagent une odeur aromatique lorsqu’on les frotte.
Sa floraison, au début du printemps, colorera votre jardin grâce à ses jolies fleurs mâles groupées en chatons pendants, verdâtres, au sommet de rameaux de l’année précédente, insérés latéralement sur les rameaux et qui apparaissent avant les feuilles. Les chatons éclosent peu avant ou en même temps que le débourrement des feuilles entre avril et mai (ou juin suivant la région).
Les fleurs femelles plus discrètes qui apparaissent plus tard sont généralement disposées par paires à l'extrémité des rameaux de l’année. Les fleurs ne comportent pas de pétale. Elles ne sont visibles que de près.
Pancrat - 28 janvier 2019 - fleurs femelles de noyer
La pollinisation se fait par le vent. Comme le décalage entre les périodes de floraison mâle et femelle diminue avec l’âge de l’arbre, la probabilité d’autopollinisation augmente avec le temps. La période de l’émission du pollen et la période de floraison femelle ne se chevauchent que très peu de temps.
Les fruits, les noix, sont des drupes vertes, formées d’un brou charnu, contenant une coquille (noyau) à deux valves ligneuses, à l'intérieur de laquelle se trouve une amande réticulée, formée de deux cotylédons oléagineux.
- le fruit entier tel que porté par l'arbre,
- le fruit débarrassé de son écale verte
- les cerneaux comestibles.
Les fruits sont mûrs à l'automne, en septembre-octobre. C'est le risque de gelée printanière qui fixe la limite nord de leur aire d'extension. Les noix sont souvent disséminées par les corneilles, écureuils et geais.
Les noyers poussant en forêt ne fructifient pratiquement pas.
L’intérieur du fruit du noyer comporte une coque dure qui renferme la noix, le fruit comestible sous forme de deux cerneaux séparés par le péricarpe.
Selon la théorie des signatures, l’analogie est grande entre les contours de la noix et la forme du cerveau. Ce qui laisse à penser que la noix serait bénéfique pour l’esprit.
Espèces et variétés de noyer
La plupart des noyers couramment utilisés en France sont des variétés de Juglans regia. Elles diffèrent principalement par la taille et la qualité des noix, la période de récolte et le port de l'arbre. Certaines sont anciennes, d'autres plus récentes ou sont importées d'Amérique.
Le noyer est auto-fertile mais, pour la production en verger, il vaut mieux planter plusieurs variétés se fécondant entre elles car il existe un décalage dans le temps entre les floraisons mâles et femelles, chacune durant peu de temps.
Il ne produit pas de fruits avant une quinzaine d'années pour la plupart des variétés. Il existe toutefois quelques variétés plus rapide ou même très rapide : à partir de quatre à cinq ans après la plantation !
Variétés traditionnelles
(variétés de Juglans regia)
"Bijou" :
Arbre productif à port érigé.
Très grosses noix à coque dure, qui servait autrefois à faire des boîtes à bijoux.
Récolte : Maturité début octobre.
"Meylannaise' :
Arbre Très vigoureux. Rendement moyen. Port semi-érigé. Excellent pollinisateur.
Noix globuleuses de taille moyenne.
Floraison tardive en mai juin. Production octobre.
"Ronde de Montignac"
Arbre assez vigoureux. Port semi-érigé. Espèce pollinisatrice.
Coque claire, à pointe développée. Noix assez petites mais savoureuses.
Floraison en mai-juin. Récolte octobre-novembre.
"Parisienne" :
Arbre vigoureux. S'adaptant à des sols de richesse moyenne (Pollinisateurs : Franquette, Mayette).
Floraison tardive, mai-juin - Récolte septembre - octobre.
"Marbot"
Arbre très vigoureux. Rendement moyen. Port érigé ou semi-étalé (Pollinisateur : Franquette)
Qualité des noix et usage : Noix globuleuses, s'ouvrant facilement. Surtout pour la noix fraîche.
Floraison assez tardive, en mai - Récolte octobre
"Mayette" :
Arbre vigoureux (pollinisateurs : Franquette, Corne du Périgord).
gros fruit à coque demi-dure, bonne qualité gustative.
Récolte fin septembre
"Franquette" :
Arbre vigoureux et rustique. Mise à fruits rapide : à partir de 10 ans environ.
Grosses noix à coque demi-dure d'un arôme délicat
Récolte : Maturité fin octobre (pollinisateurs : Parisienne, Mayette, Meylannaise et'Ronde de Montignac).
Variétés nouvelles
(variétés de Juglans regia)
"Ferjean"
Arbre à fructification très rapide, après 5 ans environ. Port semi-érigé, qui demande un sol riche et de l'eau. Résiste à la bactériose.
Noix savoureuse de taille moyenne à la coque fine.
Floraison assez précoce en avril. Récolte assez tardive en octobre.
"Pieral-Lara"
Arbre à Port semi-érigé à semi-étalé, d'une vigueur moyenne, à fructification très rapide (4 ou 5 ans). (Pollinisateurs : Franquette, Fernette et Ronde de Montignac')
Très grosse noix à coque mince. Bonne qualité, saveur douce.
Récolte fin septembre.
Variétés américaines
"Hartley"
Arbre vigoureux, fructification rapide : 10 ans. À planter dans des régions à climat chaud.
Dans la mythologie grecque, le noyer était lié au dieu Dionysos.
Dionysos, (Bacchus chez les romains), dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure, invité du roi Dion de Laconie, avait trois filles.
Dyonisos tomba amoureux de l'une d'elle, la princesse Carya, et coucha avec elle en secret.
Mais par jalousie, Lyco et Orphe, soupçonnant une histoire d'amour entre Dionysos et leur sœur, l'empêchèrent d'avoir des rapports avec le dieu, et dénoncèrent ses amours coupables à leur père.
Furieux, et pour se venger, Dyonisos les a rendues folles, état dans lequel elles se sont enfuies vers le mont Taygète , où elles ont été transformées en rochers.
Carya, qui cependant aimait ses soeurs, mourut de chagrin. Dionysos, toujours amoureux, métamorphosa le corps de Caria en un noyer luxuriant, afin de produire des fruits fructueux, (Carya, en grec, se dit karwon, carya ou caryo, qui signifie "noix" mais aussi "noyau").
Les Laconi construisirent plus tard un temple en son honneur et, à son entrée, ils placèrent des statues sculptées en bois de noyer représentant les trois sœurs, appelées plus tard Caryatides.
Mythologie greco romaine
Le noyer fut aussi considéré comme un arbre divinatoire voué tantôt à Artémis (grecque) Diane (romaine), la déesse chasseresse, tantôt à Perséphone (grecque) Proserpine (romaine), déesse des enfers (mais aussi déesse du printemps) la fille de Déméter (grecque) Cérès (romaine) enlevée par Hadès (grec) Pluton (romain).
Mythologie celte
Le noyer chez les celtes
Du 21 au 30 avril et du 24 octobre au 11 novembre
C’est un arbre important chez les celtes qui place ses natifs sous le signe de de l’intériorité (voire du secret) et de la passion.
Selon le calendrier celtique,
Les personnes nées sous le signe du noyer ont un caractère absolu. Ainsi, les natifs du noyer sont des épicuriens très jaloux passionnés et animés d’une grande joie de vivre !
Ils sont surprenants et plein de contrastes, et peut démontrer de l'agressivité, il est généreux, spontané, ambitieux, il est un partenaire difficile mais souvent admiré, stratège hors pair, il ne fait aucun compromis.
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Le noyer et la religion
Cantique des Cantique 6 11
"Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir les jeunes pousses dans le vallon".
Rites sous un noyer
Le noyer est l’un des lieux de rendez-vous des sorcières lors des sabbats nocturnes.
Les sorciers organisaient des sabbats sous un certain noyer jusqu'à ce que, au début du XIIe siècle, le pape Pascal II fasse construire sur son emplacement l'église Santa Maria del Popolo.
Il y a 115 000 ans, En Asie, le noyer commun survécut au "Dernier maximum glaciaire" dans des refuges isolés, situés entre la Chine et l’Asie centrale et le Caucase.
L’étude des dépôts de pollen fossile de Juglans regia ont montré que des populations de noyers poussaient au sud de l’Espagne, en Italie, France, Suisse, Bulgarie, Grèce, Albanie et Turquie durant le Pléistocène supérieur (période précédant l’Holocène, commençant il y a 126 000 ans et allant jusqu’à il y a 12 000 ans).
Les premières traces du noyer retrouvées datent de 17 000 ans, période où a vécu l’homme de Cro-Magnon. Elles se situent dans un gisement de Peyrat à proximité de Terrasson en Dordogne.
Il y a 7550 ans
Des fossiles de coquilles de noix ont été trouvés dans le nord-est de l'Italie datant de 7550 ans
fin VII° siècle - début VI° siècle av. J. C.
Ésope, (VII° - VI° s. av. J.C.) écrivain grec
traduction par Émile Chambry,
..."Un noyer qui se trouvait au bord d’une route et que les passants frappaient à coups de pierres, se disait en soupirant :
Malheureux que je suis de m’attirer tous les ans des insultes et des douleurs !"...
III° siècle av. J.C.
Originaire de l’Asie Mineure, de l'Himalaya et de la Chine, le noyer a été introduit de Perse en Grèce dès l'Antiquité, puis en Italie par les Romains.
Le noyer commun commence à être cultivé en Gaule à partir de l’Âge de Fer II, c’est-à-dire entre 300 et 49 av.J.-C. et généralement les archéobotanistes s’accordent à dire que les régions d’Europe centrale et septentrionale cultivent le noyer commun dans le sillage des invasions romaines.
T. Maccius Plautus (Plaute 254 av. J-C-190). Venu très tôt à Rome, où il apprit le latin et le grec, et où il se mit au service d’une troupe de comédiens ; à la fin de sa vie, il était auteur, directeur de troupe et entrepreneur de spectacles.
Curculio (Le Charançon ou Le Parasite) pièce de théâtre comique en cinq actes - v. -193.
Au tout début de la pièce (Acte I, scène 1)
"Qui e nuce nuculem, esse uolt, fragit nucem"
"Qui veut manger la noix commence par briser la coquille".
I° siècle av. J.C.
Tertentius Varron (116-27 av. J.C.) écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre,
Rerum Rusticum Agricultura
Chapitre XVI du livre I
..." comme le chêne, les noyers grands et durs, dans leur voisinage rendent stérile le fon de la terre"...
Catulle (84 av. J.C.-54 av. J.C.) poète romain
Epithalame de Julie et de Manlius
Mais ne tardez plus à vous faire entendre,
chants fescennins ; et toi, naguère le favori de ton maître,
aujourd'hui l'objet de ses dédains,
esclave, ne refuse point aux enfants les noix qui leur sont dues.
Inutile mignon, jette des noix aux enfants.
Et toi aussi, assez longtemps tu as joué avec des noix ;
maintenant il te faut prêter ton ministère à Thalassius.
Esclave, jette des noix aux enfants.
Hier, ce matin encore,
tes joues s'ombrageaient d'un duvet naissant;
maintenant le barbier va raser ton menton.
Pauvre, pauvre mignon, jette des noix aux enfants....
I° siècle ap. J.C.
Il y a 2000 ans
Les grandes forêts "naturelles de noyers dans les portions reculées du Ferghana ou la plus grande forêt de noyers du monde" des monts Chatkal du Kirghizstan se sont révélées avoir environ 2 000 ans.
Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.
Elégie du noyer
Noyer planté sur le bord de la route, je suis, malgré mon innocence,attaqué par les passants à coups de pierres. Telle est la peine ordinairement infligée aux coupables pris en flagrant délit, alors que l'heure de la justice arrive trop lentement au gré de la vengeance populaire.
Mais moi je n'ai commis aucun crime, à moins que ce ne soit un crime de donner chaque année des fruits à mon maître. Autrefois, quand les temps étaient meilleurs, les arbres se disputaient à qui d'entre eux serait le plus fertile. Alors le maître reconnaissant avait coutume, à la venue des derniers fruits, de couronner de guirlandes les dieux du labourage ; ainsi, ô Bacchus, tu admiras souvent tes raisins ; souvent aussi Minerve admira ses olives.
Les fruits eussent alors porté préjudice à l'arbre maternel, si une longue fourche n'eût étayé ses branches affaissées. Bien plus, à cette époque, les femmes imitaient notre fécondité : pas une alors qui ne fût mère ; mais depuis que le platane au stérile ombrage eut obtenu des honneurs exclusifs, nous autres, arbres fruitiers nous commençâmes à développer outre mesure notre spacieux feuillage ; aussi ne portons-nous plus de fruits chaque année ; et l'olive et le raisin n'arrivent au cellier que rabougris.
Maintenant, pour conserver sa beauté, la femme ne craint pas de corrompre le germe de sa fécondité, et il en est peu dans notre siècle qui veuillent bien être mères. De même que Clytemnestre, je pourrais me plaindre, et dire : "Si j'eusse été stérile, je serais plus en sûreté." Que la vigne sache un jour le danger de sa fertilité, et elle étouffera ses raisins dans leur germe ; que l'arbre de Pallas vienne à l'apprendre, et il empêchera ses olives de croître ; que cela soit connu du pommier et du poirier, et bientôt l'un et l'autre n'auront plus de fruits ; que le cerisier aux produits de couleurs diverses en soit instruit, il ne sera bientôt plus qu'un tronc inutile. Je ne suis point jaloux ; mais pourquoi n'y a-t-il d'épargné que l'arbre orné d'un vain feuillage ? Regardez l'un après l'autre ces arbres dans toute l'intégrité de leur parure, c'est qu'ils n'ont rien qui les expose à recevoir des coups.
Pour moi, au contraire, je vois mes branches mutilées, ou criblées de cruelles blessures ; et mon écorce entamée laisse à nu mon sein tout meurtri. Ce n'est pas la haine qui m'attire ce traitement, mais l'espoir du pillage. Que les autres comme moi portent des fruits, et ils se plaindront de même. Ainsi donc il a tort celui dont la défaite promet quelque profit au vainqueur ; le pauvre ne mérite pas qu'on cherche à lui nuire : ainsi craint les embûches le voyageur qui porte quelque argent ; il marche avec tranquillité s'il a sa bourse vide : ainsi je suis le seul attaqué, parce que moi seul je vaux la peine de l'être.
Les autres gardent toujours intact leur vert feuillage ; s'il en est près de moi dont la rameaux brisés jonchent la terre de leurs débris, la faute en est à moi seul : mon voisinage leur a été fatal, et la pierre qui m'a frappé est retombée sur eux. Que je mente si les arbres éloignés de moi ne conservent pas dans tout son éclat leur beauté native ! Oh ! s'ils étaient doués de sentiment, et qu'ils parlassent, comme ils maudiraient ce funeste voisinage. Qu'il est affreux de voir la haine s'unir aux outrages que j'endure et d'être accusé par ses voisins d'être trop près d'eux ! Mais, dira-t-on, je suis pour mon maître un sujet de fatigue et de graves inquiétudes. Et que me donne-t-il, je vous prie, autre chose qu'un peu de terre ? Je pousse facilement et de moi-même dans un terrain sans culture, et la place que j'occupe est presque la voie publique.
Pour m'empêcher de nuire aux moissons (car on m'accuse de leur nuire), on me relègue à l'extrémité des champs. Jamais la faux de Saturne n'émonde mes branches superflues, et jamais la bêche ne rafraîchit le sol qui durcit auprès de moi. Dussé-je périr de sécheresse ou être brûlé par le soleil, on ne me fera point l'aumône du moindre filet d'eau. Mais à peine mon fruit mûr a-t-il entr'ouvert son enveloppe, que la gaule impitoyable vient à son tour me prendre à partie. Elle fait pleuvoir dans toute mon étendue une grêle d'horribles coups, comme s'il ne me suffisait pas d'avoir à me plaindre des coups de pierre.
Alors tombent mes noix qui, elles aussi, trouvent place au dessert, et que tu recueilles, ô fermière économe, pour les conserver. Elles servent également aux jeux des enfants, soit que debout, et à l'aide d'une noix lancée sur les autres, ils rompent l'ordre dans lequel elles sont disposées ; soit que, baissés, ils atteignent en un ou deux coups le même but, en la poussant du doigt. Quatre noix suffisent pour ce jeu ; trois au-dessous et la quatrième au-dessus. D'autres fois on fait rouler la noix du haut d'un plan incliné, de manière à ce qu'elle rencontre une de celles qui sont à terre sur son passage. Avec elles aussi on joue à pair ou non, et le gagnant est celui qui a deviné juste. Ou bien on trace avec de la craie une figure pareille à la constellation du Delta, ou à la quatrième lettre des Grecs ; sur ce triangle, on tire des lignes, puis on y jette une baguette ; celui des joueurs dont la baguette reste dans le triangle gagne autant de noix qu'en indique l'intervalle où elle est restée. Souvent enfin on place à une certaine distance un vase dans lequel doit tomber la noix qu'y lance le joueur.
Heureux l'arbre qui croît dans un champ éloigné de la route, et qui n'a de tribut à payer qu'à son maître ! il n'entend ni les vociférations bruyantes des passants, ni le grincement des roues, et n'est pas inondé par la poussière du grand chemin. Il peut offrir au laboureur tous les fruits qu'il a portés et lui en livrer exactement le compte. Quant à moi, il ne m'est même jamais permis de voir mûrir mes fruits : abattus avant le temps, et alors que leur enveloppe molle encore ne recouvre qu'un germe laiteux, ils ne sauraient même profiter à ceux qui m'en dépouillent. Quoi qu'il en soit, il se trouve encore des gens pour me lapider, et pour conquérir, par des attaques prématurées, un butin sans valeur : de sorte que si l'on établit le compte et de ce qu'on m'enlève et de ce qu'on me laisse, tu seras, toi, voyageur, mieux partagé que mon maître. Souvent, à l'aspect de ma cîme toute nue, on croit reconnaître les outrages et la fureur de Borée ; l'un accuse la chaleur, et l'autre incrimine le froid ; un troisième, la grêle ; mais ni la grêle, effroi du laboureur, ni le vent, ni le soleil, ni la gelée ne sont les auteurs de cette spoliation ; mon fruit seul en est la cause ; ce qui me perd, c'est ma fécondité, ce sont mes richesses.
Pour moi comme pour beaucoup d'autres, elles sont une source de maux. Elles l'ont été pourtoi, Polydore ; elles l'ont été pour Amphiaraüs, forcé par l'avarice de sa perfide épouse à affronter le sort des combats. Les jardins du roi flespérus eussent été hors d'atteinte ; mais un arbre, un seul, portait des trésors immenses. Les ronces et les épines, nées seulement pour faire du mal, et les arbustes qui leur ressemblent, trouvent leur sûreté dans les instruments naturels de leur vengeance ; moi qui suis inoffensif, et qui ne saurais me défendre avec mes branches dépourvues d'épines, je me vois assailli de pierres par d'avides fripons. Que serait-ce donc si, lorsque la terre se fend sous l'astre enflammé de Sirius, je n'offrais une ombre amie à qui fuit les ardeurs du soleil ? Que serait-ce si je n'étais au voyageur un abri contre les irruptions soudaines de la pluie ? Eh bien ! pour tant de bienfaits, pour tant de services rendus à tous avec un zèle infatigable, je suis lapidé. A tant d'insultes qu'il me faut souffrir, ajoutez les reproches de mon maître. Je suis cause, dit-il, que son champ est rempli de cailloux ; et comme il en purge le sol, qu'il les ramasse et les rejette sur le chemin, il donne ainsi sans cesse au passant des armes contre moi.
Aussi le froid, si odieux aux autres arbres, n'est utile qu'à moi seul. L'hiver, tant qu'il dure, m'est une garantie contre tout danger. Il est vrai qu'alors je suis nu ; mais c'est là ce qui me sauve ; car mes ennemis n'ont rien à m'enlever. Mais aussitôt que mes branches se couvrent de nouveaux fruits, les pierres tombent sur moi comme la grêle. On dira peut-être : "Ce qui s'étend sur le domaine public appartient au public. Or cet aphorisme est applicable aux grands chemins." S'il en est ainsi, voyageur malfaisant, vole les olives, coupe les blés, arrache les légumes du champ voisin. Que ce même brigandage franchisse les portes de Rome et que ces murs, ô Romulus, en consacrent le droit.
Que le premier venu prenne de l'argent sur l'étalage de telle boutique, des diamants dans telle autre, ici de l'or, là des pierreries ; qu'il s'approprie enfin toutes les richesses sur lesquelles il pourra mettre la main. Mais une telle licence n'existe pas ; et tant que César régira l'empire, tant qu'il veillera sur nos destinées, jamais homme ne volera impunément. Et ce n'est pas seulement dans l'enceinte de Rome que ce dieu a rétabli la paix ; il en a étendu les bienfaits sur le monde entier. Mais à quoi me sert tout cela, si, en plein jour et aux yeux du public, on m'accable de coups, et s'il ne m'est pas laissé au instant de repos ?
Aussi ne voyez-vous jamais un nid suspendu à mes branches, un oiseau s'abriter sous mon feuillage : mais des pierres qui se tiennent attachées à mes rameaux fourchus, comme un vainqueur au fort qu'il a conquis ; c'est là tout ce qu'on y voit. Souvent, il est des crimes que le coupable peut nier ; souvent la nuit a déployé son voile sur bien des forfaits ; mais le suc de mon fruit me venge du ravisseur, qui se noircit les doigts en touchant son écorce. Ce suc est mon sang, et l'empreinte de ce sang est indélébile.
Oh ! combien de fois, dégoûté de vivre si longtemps, n'ai-je pas désiré de mourir de sécheresse ! Combien de fois n'ai-je pas souhaité d'être renversé par l'ouragan en furie, ou violemment frappé de la foudre ! Et plût au ciel que la tempête enlevât mes fruits tout d'un coup ! ou que je pusse les faire tomber moi-même ! C'est ainsi, ô castor, habitant des fleuves du Pont, qu'en débarrassant ton corps de la partie qui t'expose au danger, tu assures la conservation du reste ; mais moi, que puis-je résoudre quand le passant prend ses armes, que son oeil fixe d'avance l'endroit où il doit me frapper ? Je ne puis me soustraire à ses atteintes en changeant de place ; mes racines, liens puissants et tenaces, m'enchaînent à la terre.
Je suis donc livré à ses coups, comme un criminel aux flèches de la populace, laquelle a réclamé sa victime garrottée, ou comme la blanche génisse, lorsqu'elle voit lever sur sa tête la hache pesante, ou tirer le couteau prêt à l'égorger. Vous avez cru plus d'une fois que le vent seul faisait trembler mon feuillage, mais c'était aussi de frayeur que je tremblais ! Si je l'ai mérité, si je semble coupable, livrez-moi aux flammes ; alimentez vos foyers fumeux de mes débris. Si je l'ai mérité, si je semble coupable, coupez-moi, et que, dans mon malheur, je n'aie du moins à subir qu'un seul supplice ! Mais si vous n'avez pas de motifs de me brûler ni de m'abattre, épargnez-moi, et poursuivez votre chemin.
LE NOYER. Noyer planté sur le bord de la route, je suis, malgré mon innocence,attaqué par les passants à coups de pierres. Telle est la peine ordinairement infligée aux coupables pris en flagr...
..."Les tonneaux partaient, arrivaient la nuit, et par là, échappaient à la vigilance des sentinelles ennemies. Mais ensuite, des pluies continuelles donnèrent au courant une rapidité extraordinaire, et les eaux, dans leurs tourbillons, détournèrent les tonneaux, et les portèrent sur la rive que gardaient les Carthaginois.....Annibal, qui à cet instant, prit des précautions si exactes, que plus rien ne pénétra plus dans la ville. Du camp romain, on jeta, dans le fleuve, des noix, qui portées jusqu'à la ville par le courant, étaient recueillies avec des claies"...
Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79 ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain du 1° siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).
Histoire Naturelle - XV, 91
...Jovis "Jupiter", glans "gland " on construit Juglans "gland de Jupiter" car en comparaison au gland du chêne, consommé par les paysans, la noix est d’une richesse nutritive incomparable...
..."Les noix ont été importées des Grecs dès le 7ème siècle avant JC. comme un cadeau royal, les Grecs l’ont surnommé "Karya Basilica", ou noix royal et l’ont considéré comme un arbre prophétique"...
Histoire Naturelle - 28, XXIII, 147
..." Les Grecs ont nommé les noix en référence à la lourdeur de tête. En effet, l’odeur nocive de l’arbre lui-même et des feuilles pénètre jusque dans le cerveau. Les noix causent la même nuisance à un moindre degré, si elles sont prises en aliment"...
Pedanius Dioscoride ( 20 et 40 ap. J.-C.-vers 90 ap. J.-C.) médecin, pharmacologue et botaniste grec.
Il est l'auteur du traité "À propos de la matière médicale ", œuvre plus connue sous le nom latin de De materia medica.
Materia Medica 26, I, 125.
...L’utilisation médicinale de la noix (karya basilika, καρυα βασιλικα)...
..."La noix, que certains nomment noix Perse, est difficile à digérer, produit de la bile, donne mal de tête…Mais consommée par quelqu’un qui jeûne, elle est utile pour faire vomir…Les noix fraîches sont meilleures pour l’estomac car plus douces, c’est pourquoi on les mélange avec de l’ail…"
Plutarque (45-125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. Grec d'origine, il est considéré comme un médio-platoniste.
dans le tome IX
des Oeuvres morales évoque :
..."Les effluves lourds et enivrants" du noyer qui ont donné son nom grec à l’arbre"...
Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle (1° siècle) agronome romain
De l’agriculture, livre XII
présente des recettes de cuisine comprenant des noix. Elles peuvent servir à fabriquer du vinaigre à partir de vin éventé ou une sorte de sauce pesto épaisse.
Martial (40-104), poète latin d'origine espagnole, connu pour ses Épigrammes.
Entre 84 et 103,
dans "Épigrammes" :
Il décrit le quotidien d’un propriétaire romain, Linus, vivant modestement à la campagne. Pour souligner le caractère humble et innocent de son existence, Martial rapporte que Linus ne s’adonnait pas à de détestables jeux d’argent mais qu’il pariait uniquement des noix, à l’image des enfants romains :
Traduction de H. J. Izaac :
..."Jamais tu n’as préféré les tessères aux simples osselets si gentils et tu n’as jamais aventuré au jeu qu’une poignée de noix"...
II° siècle
Fin du I° - début du II° siècle
Le jeu de noix ou jeu avec des noix (en latin nucibus ludus) se pratiquait dans la Rome antique, semblable au jeu de billes d'époque moderne.
Suétone (I°-II° siècle) haut fonctionnaire romain, membre de l'ordre équestre, auteur de nombreux ouvrages dont la Vie des douze Césars qui rassemble les biographies de Jules César à Domitien, rapporte que Auguste aimait se délasser en jouant avec des enfants "aux osselets et aux noix".
Enfants romains jouant au ludus castellorum, vers 270/300, musée Pio Clementino, Vatican.
Galien (Claudius Galenus 129-201) médecin grec de l'Antiquité
Il est le premier à donner un moyen pour rendre sa fraîcheur aux noix sèches.
Sur les facultés des aliments, livre II, chap. 28
..."pour celles qui sont déjà sèches, si on les trempe préalablement dans l’eau, comme certains le font, la faculté ressemble à celles des vertes..."
IV° siècle
Ambroise de Milan ou saint Ambroise (339-397) évêque de Milan de 374 à 397, Docteur de l'Église, il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident, avec saint Augustin, saint Jérôme de Stridon et saint Grégoire le Grand. Il est connu en tant qu'écrivain et poète, quasi fondateur de l'hymnodie latine chrétienne et lecteur de Cicéron et des Pères grecs, dont il reprend les méthodes d'interprétation allégoriques.
..."D’après le texte hébreu, les fruits portés par le bâton d’Aaron étaient des amandes. Mais la Septante, suivie par les anciennes versions latines, parle de "noix", et Ambroise considère toujours qu’il s’agissait d’une branche de noyer"...
..."L’yeuse toujours verte, et les noix, dont la coque est dure, mais le fruit tendre, — ce n’est pas sans raison que la verge sacerdotale d’Aaron était de noyer, et le bâton de Jérémie de même, —"...
Palladius Rutilius Taurus Aemilianus (V° siècle) agronome, auteur d'un traité sur l'agriculture,
De Rustica
Conservation des noix vertes en les couvrant de paille ou de sable ou en les enfermant dans une caisse en noyer.
Il avait évoqué une recette de "confiture de noix" visant à conserver les noix vertes :
..." les noix vertes, simplement dépouillées de leur écale, et mises dans du miel, sont encore verte au bout d’un an"... Ce procédé plus tard élaboré, connaîtra un franc succès au Moyen Âge et à l’Époque moderne.
Jérôme de Stridon ou saint Jérôme (347-420) moine, traducteur de la Bible, Docteur de l'Église et l'un des quatre Pères de l'Église latine,
Dans une de ses lettres
..."qui veut manger le noyau, brise la noix"...
X° siècle
La noix dans la vallée de la Dordogne avait déjà une grande valeur.
Les paysans acquittent leurs dettes en setiers (Anciennement "Mesure pour les grains") de noix.
XI° siècle
L’école de médecine de Salerne (Schola Medica Salernitana), fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IX° siècle atteint son apogée au XI° siècle et XII° siècle.
Au XIe siècle, la ville de Salerne produit avec une relative abondance céréales, fruits et noix. Ce qui en fait l'une des villes les plus saines d'Italie.
Bernard de Clairvaux (1090-1153) abbé de Clairvaux, moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.
Sermon
..."Ce n’est pas la coutume de la mère de donner la noix entière à son petit enfant sans premièrement la rompre mais elle la casse, et puis lui présente le noyau.
Mes très chers frères, je devais me comporter de cette façon en votre endroit, vous faisant ouverture s’il m’était possible, des mystères qui sont clos et cachés : mais pour autant je me sens moins capable de ce faire, prions ensemble vous et moi que la mère sagesse nous rompe ces noix, noix, dis-je, lesquelles cet arbrisseau et cette tendre plante de la vertu sacerdotale envoyée de Sion par le Seigneur, a produites"...
XII° siècle
Hildegarde de Bingen (1098-1179) abbesse, mystique, visionnaire, illustratrice, compositrice, poètesse, fondatrice et prédicatrice franconienne. Elle a aussi développé des compétences en phytothérapie et diététique.
Au Moyen-Âge, Hildegarde considère le noyer comme un arbre dont toutes les parties sont bénéfiques ; feuilles, écorces, brou et noix lui permettent de concocter des remèdes répondant à des affections aussi variées que la goutte, les maladies de peau, les vers intestinaux…
Elle rédige aussi une mention spéciale à propos de l’huile extraite de la noix en indiquant qu’elle "donne la joie à l’esprit" de celui qui en mange.
Au Moyen-Âge, c'est sous un énorme noyer proche de Benevento en Campanie que se déroulait le sabbat des sorcières, Elles pratiquaient une danse funèbre autour du noyer de la ville.
XIII° siècle
Roman de Renart,
écrit par des clercs anonymes entre la fin du XII° et la fin du XIII° siècle. C’est un roman dont les animaux sont les héros.
...Et l’autre se met à brailler, s’en faisant un plaisir.
"Dieu, dit Renart, comme votre voix devient claire et pure ! Si vous ne mangiez plus de noix, vous n’auriez pas votre pareil au monde. Chantez donc une troisième fois !"...
Guillaume de Lorris (v 1200-1238) poète français du Moyen Âge
Le Roman de la rose
"...Les noix du verger sont meilleures
car elles ne sont amères ni fades"...
..."Cher Père, dit la demoiselle, il y a là l'annonce d'une mauvaise nouvelle ;
votre orgueil ne vaut pas une coque de noix. Sachez que Fortune se moque de vous!"...
..."Donnez - leur des noix ou cerises ,
Cormes , prunes , fraiches merises,"...
..."Par vaux, par plaines et par montagnes
Pommes, poires, noix et chataignes"...
Au 13° siècle, dans le Périgord les contrats de location étaient payés en huile de noix à l'abbaye cistercienne du Dalon (commune de Sainte-Trie). Elle était considérée comme un bien aussi précieux que l'or.
Albert le Grand (1200-1280) frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste.
..."Un grand secret est renfermé dans les noix ; car si on les fait brûler, qu’on les pile et qu’on les mêle avec du vin et de l’huile, elles entretiennent les cheveux et les empêchent de tomber"...
Au Moyen Âge, le médecin Henri de Mondeville (1260-v.1320), auteur d’une Chirurgie, s’écarte légèrement de son sujet quand il explique :
..."la taupe meurt si on ferme tous ses trous sauf un qui soit du côté du vent, dans lequel on brûle une noix vidée et remplie de Soufre ou de Cèdre, c’est-à-dire de Poix.
Pierre de Crescent (1230-1320 ou 1321) magistrat, écrivain et un agronome italien auteur d’un traité,
Le Ruralium commodorum opus.
(Le livre des prouffitz champestres et ruraulx.)
..."pour éliminer les vices des noix sèches, il faut les "mondifier" (nettoyer) et les tremper une nuit dans l’eau chaude pour "leur oste leur nuysement" (leur oter leur nuisance)...
Jean Froissart (1337-1405) important chroniqueur français de l'époque médiévale. Il mentionne à deux reprises des jeux nécessitant des noix. Il dresse la liste des jeux de son enfance.
Entre autres, il utilisait les coquilles de noix comme hochet
(écrit entre 1362 et 1373)
L’Epinette amoureuse
Quand venait le temps du Carême,
j’avais sous une escabelle
une riche provision de coquilles,
que je n’aurais cédée pour aucun denier.
Un après-midi,
alors que je jouais à la coquille trouée
avec les enfants de ma rue,
au moment d’agiter et de lancer la coquille,
je leur criais : "Hochez fort,
car le bandeau tient vraiment bon !"
...
Nous creusions aussi des fossettes,
où nous faisions rouler des noix :
quelle tristesse c’était pour celui qui manquait son coup !
XV° siècle
Lazzaro Bastiani (1430-1512) peintre italien de l'école vénitienne de la haute Renaissance.
Saint Antoine de Padoue sur un noyer et deux saints
La noix est considérée comme l'attribut de St Antoine de Padoue car il est dit qu'il prêchait assis sur cet l'arbre.
1480
Les Évangiles des quenouilles
Fouquart de Cambray, Duval Antoine, Jean d'Arras
Recueil de contes médiévaux , publiés à Bruges chez Colart Mansion en 1480.
Le récit raconte les propos de six femmes dites "sages doctoresses et inventeresses" qui se retrouvent à l'occasion de 6 veillées nocturnes. Elles abordent tour à tour divers sujets de discussion comme les maladies, les remèdes, les recettes, les dictons, les conseils et enfin les interdits de la vie quotidienne.
vers 1493
Le Ménagier de Paris
Livre manuscrit d'économie domestique et culinaire (XIV° s), attribué à un bourgeois parisien, qui l'aurait écrit à l'intention de sa jeune épouse afin de lui faire connaitre la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine.
..."La recette de confiture de noix fraîches consiste à prendre des fruits verts, tout juste formés tels qu’ils sont encore à la Saint-Jean (le 24 juin), les peler, les faire tremper 10 jours, leur ajouter des clous de girofle et du gingembre et de faire bouillir le tout avec du miel"...
La culture du noyer connait une forte expansion dans toute la France, mais le Périgord fait de la noix un vrai commerce. Elle contribue à la fortune de la région.
Fra Bartolomeo (1472-1517) peintre italien qui devint religieux Dominicain.
La Vierge à la noix
XVI° siècle
Hôtel Lallemant, Bourges (Cher)
Fin XV° - début XVI° siècle.
Angelot jouant avec une toupie faite d’une noix.
Le caisson représente un angelot en train d’enrouler sa ficelle autour de l’axe en bois surmonté d’une croix. L’axe traverse la croix de part en part et la ficelle s’enroule à l’intérieur de la noix.
Détail du plafond à caisson.
Italie centrale Epoque : XVI° siècle
Coffre en bois de noyer sculpté,
avec un blason noble.
William Shakespeare (1564-1616) dramaturge, poète et acteur anglais
Hamlet
..."Je tiendrai dans une coquille de noix ; je m'y croirais au large et le roi d'un empire sans limites... si je n'avais pas de mauvais rêves."...
La moitié des textes sur les confitures de noix étaient l’œuvre de médecins.
Le trempage dans l’eau demeure nécessaire à la consommation de noix sèches.
Antoine Mizauld de Molusson (1510-1578) astrologue et médecin français
La maison champestre et agriculture, Paris, Robert Foüet, 1607,
..."Si tu jettes en un seau d’eau les écorces vertes de Noix broyées, et arrose la terre de cette eau là, tu en verras sortir un grand nombre de vers. Ce que j'ai écrit pour l’amour des pêcheurs"...
XVII° siècle
Claude La Colombière (1641-1682 ) prêtre jésuite français, directeur de conscience, conseiller personnel et écrivain spirituel, précepteur des enfants de Colbert et le prédicateur particulier de la Duchesse d’York,
..."aprés avoir employé les plus habiles cuisiniers pour les apprêter, et les avoir fait servir avec le plus de propreté et de magnificence qu'il est possible, la personne que vous auriez priée, ne daignait pas toucher à ce régal, qu'elle demandât de l'ail ou des noix pour manger à la vue de vos bisques et de vos ragoûts"...
Hubert van Ravesteyn (1638-1691) peintre néerlandais
nature morte noix et pipe,
Art Gallery of Ontario
Hubert van Ravesteyn (1638-1691) peintre néerlandais
Nature morte noix et rose
On trouve en Italie, Allemagne, France et ailleurs en Europe, toujours à peu près les mêmes recettes visant à éliminer la nocivité naturelle de la noix et à lui faire gagner des vertus médicinales et diététiques.
Georg Flegel (1566-1638) peintre allemand réaliste.
Nature morte
Collation modeste dans un bol en porcelaine de Chine : des fruits secs, une noix entière et une demi noix ouverte et vide ; souris et scarabée, symbole de disparition très probable et très prochaine de la nourriture,
Georg Flegel (1566-1638) peintre allemand réaliste.
Nature morte
Noix, fruits secs et Brezel
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673) comédien et dramaturge français,
1668
L’Avare acte II – scène 1 :
...Plus une grande table de bois de noyer, à douze colonnes aux piliers tournés, qui se tire par les deux bouts, et garnie par le dessous de six escabelles"...
Louis Liger (1658-1717) agronome français.
L’huile de noix a été utilisée en cuisine. C’est une huile peu raffinée, bonne aux paysans et aux domestiques et à "faire de la soupe" ou à "composer des ragoûts pour les domestiques" (Les régions du Périgord, Quercy, Limousin et Auvergne sont des productrices et exportatrices de noix et d’huile de noix).
On s’efforce toujours de garder leur fraîcheur en les conservant dans du sable, en les hydratant et les débarrassant de leur nocivité grâce à l’action du sucre. Cependant les confitures de noix font l’objet d’une production et d’un commerce important. Certaines deviennent renommées comme les confitures de noix liquides de Rouen.
Charles Estienne (1504-1564) médecin, imprimeur et écrivain français, et Jean Liébault (vers 1535-1596)médecin français,
Encyclopédie agronomique Agriculture et maison rustique (1564)
Sur la culture des noyers et sur l’emploi des noix et de l’huile de noix dans divers remèdes.
Le chapitre XXXII de l’édition de 1658 est consacré au noyer.
On y retrouve tous les clichés répétés depuis l’Antiquité, sur toutes les nuisances que peut provoquer son ombre à la végétation alentour ou à ceux qui s’endorment dessous. Puis très pragmatiquement, il indique que l’arbre "est utile et profitable " et livre de précieux conseils de plantation, d’entretien et de récolte. "Les profits que le noyer rend à son maistre sont infinis" dit-il car il lui donne d’excellentes confitures (de noix vertes), du bois de chauffage pour la cuisine, et son fruit "pour sa table et pour la cuisine, et pour la lampe".
XVIII° siècle
1700
Blason de la ville de Noyers (Yonne)
Louis Lémery (1677-1743)
1705, Traité des aliments :
..."La Noix est encore appelée Juglans, quasi Jovis glans, parce que dans les premiers temps on se servait du gland parmi les aliments ; et comme dans la suite on trouva les Noix qui parurent plus agréable au goût que les Glands, on les honora du nom de Glands de Jupiter"...
Au siècle des Lumières (de 1715 à 1789), on trouve sept auteurs anglais utilisant des sauces aux noix.
Hannah Glasse dans son livre de cuisine The Art of Cookery made Plain and Easy (publié en 1747) emploie des noix en saumure ou des liqueurs de noix pour confectionner les sauces aux poissons (sauce d’anchois, d’huîtres, sauce pour maquereau) ou de viande de bœuf.
Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.
(Fables, livre IV, 12)
La guenon, le singe et la noix.
Une jeune guenon cueillit une noix dans sa coque verte.
Elle y porte la dent, fait la grimace :
- "Ah! certes, dit-elle, ma mère mentit
quand elle m’assura que les noix étaient bonnes".
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
qui trompent la jeunesse !
- Au diable soit le fruit et elle jeta la noix.
Un singe la ramasse,
vite entre deux cailloux la casse,
l’épluche, la mange et lui dit :
"Votre mère eut raison, ma mie.
Les noix ont fort bon goût.
Mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie
sans un peu de travail,on n’a pas de plaisir".
Illlustration JJ Granville
Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.
Fables (1792)
..."Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir. - Souvenez-vous que, dans la vie, - Sans un peu de travail on n'a point de plaisir"...
1793
14 fructidor (31 août) Noyer - noix
Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792).
(18/19 août – 16/17 septembre)
Le Soleil correspond au Signe de la Vierge
En voyant ces beaux fruits que donnoit l'âge d'or
Unissons tous nos voeux pour le retour d'Astrée
Cet âge si vanté chez nous revit encor
Quand THEMIS & la PAIX se séparent l'Année
XIX° siècle
En 1819, les frères Grimm publient Tom Pouce (Daumesdick) dans la 2e édition des Contes de l'enfance et du foyer.
Tom Pouce est un héros du folklore britannique.
Ce personnage, tellement petit que sa taille n'excédait pas celle du pouce de son père.
..."Son carrosse est très joli : une coquille de noix blonde, trois cigales ou cent fourmis, lez promènent autour du monde"...
Stendhal (1783-1842) écrivain français
1830
Le Rouge et Le Noir :
…"huit ou dix noyers magnifiques étaient au bout du verger; leur feuillage immense s’élevait peut-être à quatre-vingt pieds de hauteur"…
Alphonse de Lamartine (1790-1869) poète et romancier français
..."Il est deux vieux noyers aux portes de l’église,
Avec ses fondements en terre enracinés,
Qui penchent leur feuillage et leurs troncs inclinés
sur un creux vert de mousse…"
Joseph-François Burdallet (1781-1851), auteur
2e quart 19e s. - 1846 (19.06)
Esery, noyer
Maurice Rollinat (1846-1903) poète français
Recueil : Paysages et paysans (1899).
Les trois noyers
Qui les planta là, dans ces flaques,
Au cœur même de ces cloaques ?
Aucun ne le sait, mais on croit
Au surnaturel de l'endroit.
Narguant les ans et les tonnerres,
Les trois grands arbres centenaires
Croissent au plus creux du pays,
Aussi redoutés que haïs.
À leur groupe un effroi s'attache.
Nul n'oserait brandir sa hache
Contre l'un de ces trois noyers
Qu'on appelle les trois sorciers.
Car, si le hasard les rassemble,
Il fait aussi qu'ils se ressemblent :
Ils sont d'aspect énorme et rond,
Jumeaux de la tête et du tronc.
Ils ont la même étrange mousse,
Et le même gui monstre y pousse.
Ils sont également tordus,
Bossués, ridés et fendus.
Et, de tous points, jusqu'au gris marbre
De leur écorce, les trois arbres
Pour les yeux forment en effet
Un trio sinistre parfait.
Par le glacé de leur ombrage
Ils rendent à ce marécage
L'humidité qu'y vont pompant
Leurs grandes racines-serpent.
Au-dessus du jonc et de l'aune
Leur feuillage verdâtre et jaune
Tour à tour fixe et clapotant
Est tout le portrait de l'étang.
On ne voit que le noir plumage
Du seul corbeau dans leur branchage ;
Et c'est le diable, en tapinois,
Qui, tous les ans, cueille leurs noix.
On dit qu'ils ont les facultés,
Les façons de l'humanité,
Qu'ils parlent entre eux, se déplacent,
Qu'ils se rapprochent, s'entrelacent.
On ajoute, même, tout bas,
Qu'on les a vus, du même pas,
Cheminer roides, côte à côte,
Dressant au loin leur taille haute.
Et l'on prétend que leurs crevasses,
Autant d'âpres gueules vivaces,
Ont fait plus d'un repas hideux
Des pâtres égarés près d'eux.
Enfin, tous trois ont leur chouette
Qui, le jour, n'étant pas muette,
Pousse des plaintes de damné
Dès que le ciel s'est charbonné.
Et chacune prédit un sort :
L'une clame la maladie,
Une autre annonce l'agonie,
La troisième chante la mort.
C'est pourquoi, funeste et sacrée,
L'horreur épaissit désormais
Leur solitude. Pour jamais
On se sauve de leur contrée !
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Recueil : Alcool -
Simultanéités
..." Belles noix du vivant noyer
La grand folie en vain vous gaule
Brunette écoute gazouiller
La mésange sur ton épaule"...
Louis Codet (1876-1914) écrivain français.
La noix
J'ai pelé la petite noix
Dont j'ai cassé la coque blanche
Entre deux pierres,
La curieuse coque de bois.
J'ai pelé la petite noix;
On dirait un jouet d'ivoire,
Un curieux jouet chinois.
L'odeur fraîche et un peu amère
De ces grands bois
M'a parfumé la bouche entière !
J'ai croqué la petite noix,
Ce curieux jouet chinois.
Le vieux noyer
1878
Léon Gaucherel
Henri-Joseph Harpignies
L'Art - Imprimerie A. Salmon
XX° siècle
Certes anciennes - 1900
Les noix
Gaulage des noix - Auvergne
Gaulage et Récolte des noix - Auvergne
Dénoisillage - Echos du Quercy
Giovanni Giacometti (1868-1933) peintre suisse.
Sous le noyer
Peinture, 1908
Gibran Khalil Gibran (1883-1931) poète libanais d'expression arabe, anglaise et française, artiste peintre.
..."Nous sommes comme les noix, Nous devons être brisés pour être découverts"...
1922
Noix et noyer
Planche Botanique grand format,
provenant d'une encyclopédie Larousse
éditée au début du XX° siècle.
Edward Bach (1886-1936) médecin et homéopathe britannique,
Les Douze "Guérisseurs" et autres remèdes
(1ère édition 1941, traduction française Centre Bach 2011)
..."La fleur de noyer est préparée pour "Pour ceux qui ont des idéaux et ambitions bien définis dans la vie et les réalisent, mais qui en de rares occasions sont tentés de se laisser détourner de leurs propres idées, de leurs buts et de leur travail par l’enthousiasme, les convictions ou les fortes opinions des autres. Le remède donne constance et protection contre les influences extérieures."...
Tristan Derème, (de son vrai nom Philippe Huc, 1889-1941) poète français,
Recueil : Les noix
La chouette
Dans un grand noyer habitait une chouette.
C’est elle qui nous dénonçait à l’oncle Théodore
quand nous avions mangé des noix.
Vous ne me croyez pas ?
Je vous supplie d’entendre mon histoire.
On nous avait donc défendu de manger des noix, sinon au dessert ;
et l’oncle Théodore nous avait dit gravement :
"Si vous désobéissez, je serai prévenu par la chouette, qui est vigilante.
Elle habite le noyer. Vous ne la voyez pas mais elle vous voit,
et si vous prenez une seule noix, dès que vous oserez arracher
cette peau épaisse et verte qui enveloppe la coquille, elle vous lancera
sur les doigts l’un de ses regards redoutables et je saurai tout."
Nous étions fort interdits.
Pendant plusieurs jours,
nous n’osâmes toucher à ces fruits défendus.
Mais il nous vint ensuite à l’idée que l’oncle, pour nous effrayer,
avait sans doute exagéré beaucoup le pouvoir de la chouette.
Au demeurant, cet oiseau devait se soucier assez peu de faire punir
des enfants qu’elle ne connaissait que de vue. Bref, un soir affreux,
mon oncle, à table, considérant mon pouce et mon index :
"La chouette, dit-il, a regardé tes doigts !
Le feu de son œil les a noircis. Qu’as-tu fait ?"
J’avouai en pleurant.
Ne me dites pas que c’est la peau des noix qui a fait de telles taches.
Je le sais maintenant. Je l’ignorais alors.
L’année suivante, sous l’arbre, et redoutant toujours le regard
dangereux, je mis les vieux gants de mon oncle et constatai le soir,
délicieusement, que les yeux de l’oiseau ne perçaient pas le cuir.
1948
Charles Trenet (1913-2001) auteur-compositeur-interprète français.
Nâzım Hikmet Ran (1901-1963) poète turc, puis citoyen polonais,
Le noyer
Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Un vieux noyer tout émondé, le corps couvert de cicatrices
Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Et tout mon feuillage frémit comme au fond de l'eau le poisson
Et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons
Arrache-les, ô mon amour, pour essuyer tes pleurs.
Or mes feuilles, ce sont mes mains, j'ai justement cent mille mains
De cent mille mains je te touche et je touche Istanbul
Mes feuilles ce sont mes yeux, et je regarde émerveillé
De cent mille yeux je te contemple et je contemple Istanbul
Et mes feuilles battent et battent comme cent mille coeurs
Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer
Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.
Violette Leduc (1907-1972) romancière française
La Folie en tête (1970)
..."Je te soigne, ma table, le papier de verre te purifie, le brou de noix te rend ta couleur"...
Jean Ferniot (1918-2012) journaliste et écrivain français d'origine franc-comtoise
Pierrot et Aline (1973)
..."Mon oncle prenait les noix et il les cassait avec un petit marteau très souple. Il mettait les coquilles d'un côté, pour le feu, et dans un panier il jetait les cerneaux"...
Pierre Desproges (1939 -1988) humoriste français réputé pour son humour noir, son anticonformisme et son sens de l'absurde.
L’almanach
..."En ce qui concerne les problèmes sentimentaux, les hommes ont un cerveau de la taille d’une noix."....
1990
Paul-Marie Veyne (1930-2022) historien et universitaire français
dans :
René Char en ses poèmes,
chapitre : "la pyramide des martyrs obsède la terre", Paris, Gallimard, 1990.
Le soldat à la noix
..."Un jour, pendant la guerre, on m’a demandé de trouver sur le plateau de Valensole un terrain nu où des avions alliés en difficulté pourraient se poser. Je trouve un grand champ convenable, mais un magnifique noyer vieux de trois siècles s’élevait au milieu.
Le propriétaire acceptait de louer le champ, mais refusait obstinément d’abattre le bel arbre. Je finis par lui dire pourquoi il nous fallait ce terrain ; il accepte alors.
On commence à dégager la base de l’arbre ; on suit la racine majeure, très longue et épaisse, sur une dizaine de mètres.
À l’extrémité de la racine, nous trouvons les ossements d’un guerrier du Moyen Age – (mieux vaut penser à une sépulture gauloise du troisième ou du deuxième siècle avant notre ère) – et il avait une noix dans la poche lorsqu’il a été tué, car l’extrémité de la racine maîtresse arrivait exactement à la hauteur de son fémur. La noix avait poussé dans la tombe"...
XXI° siècle
2000
Pierre Magnan (1922-2012) écrivain français
Le Parme convient à Laviolette
Éditions Denoël, 2000 :
roman policier
..."La Varzelle était au flanc de Bardonnanche, le pays des noyers. Bordant les champs et bornant les biens, parfois surplombant les chemins vicinaux, il y en avait au moins soixante qui s'étalaient, avec des troncs bien droits et sans nœuds jusqu'à dix mètres de hauteur On n'a jamais entendu dire que le propriétaire de soixante noyers à tronc lisse fût mort pauvre en ces parages."...
Fred Vargas (1957) romancière française
Dans les Bois éternels
Éditions Viviane Hamy, 2006,
..."Il revissa son stylo, l'accrocha dans sa poche intérieure et ferma les yeux. Quinze ans jour pour jour qu'il s'était endormi sous l'ombre interdite du noyer. Quinze ans de dur travail que nul ne lui arracherait. Au réveil, il avait soigné son allergie à la sève de l'arbre"...
Catheau - Ex Libris - auteur
24 mars 2010
Noyer noyé
Sous la robe orbée des paupières bombées de la nuit
Dans l’eau lente du regard et le scaphandre des souvenirs
Flotte l’ombre matinale d’un autrefois déjà lointain
Le grand noyer noyé par un après-midi froid de mars
Dans la stridence démente des scies méchantes
Dans le bourdonnement énervé des dures tronçonneuses
Dans la pâle ignorance de ceux qui ne savent plus
Que ses cheveux de racines caressaient le cœur de la terre
Se métamorphosaient mystérieusement en indolents lombrics
Faisaient fortes et noires les fourmis zélées et opiniâtres
Aspiraient l’obscure senteur de l’humus âcre et puissant
Le grand noyer noyé qui ignorait qu’il deviendrait sabots endurants
Qui avait résisté au feu au froid à la folie et à la foudre
Qui m’offrait ses chatons en chenilles sur son écorce grise
Qui pleuvait de bonnes bogues vives et vertes au soleil de septembre
Qui me récompensait d’un en-cas de cerneaux irritants sous la langue
Qui me promettait le râpeux vin de noix après la messe du dimanche
Et le gâteau crissant des colliers de noix beiges fracassées sous le fer
Et l’huile forte et douce des salades plantées au potager d’été
Le grand noyer noyé au houppier en épi aux feuillages épais
Qui vit tomber au vent sa frondaison céleste et solitaire
Saignant de son écorce ses fissures écorchées
Où soudain ont coulé les larmes alourdies de sève translucide
Noyer noyé (Photo ex-libris.com) Ce matin, en entrouvrant les yeux, je cherche le noyer qui s'encadrait fidèle dans ma haute fenêtre et qui fut abattu. Je l'avais chanté il y a plus d'un an, le...
Exposant à nouveau ces frêles esquifs de mots aux périls de la navigation sur la page blanche Je pense forcément à la coque de noix et mon ennemi mon persécuteur intérieur chuchote : " Poèm...
- La fleur de noyer est "la fleur de la re-naissance"
- Malgré qu'il soit considéré comme un arbre sinistre, hanté par les sorcières, le noyer est un arbre porte bonheur.
- Les Noix ont la réputation d'attirer la chance et de contribuer à la prospérité matérielle et sont traditionnellement considérés comme des fruits de connaissance et de sagesse.
- La noix est le plus souvent considérée comme propice, favorable aux mariages, à la génération, et symbole d'abondance.
Traditions, mythes et légendes
Noix et noyer
On retrouve le symbole de la noix dans de nombreuses civilisations.
- Selon une légende hébraïque, le fruit défendu était une noix.
- Selon une légende slave, les personnes vertueuses étaient sauvées du Déluge et repeuplaient le monde en se sauvant sur une coquille de noix.
- En Bulgarie le noyer est lié à l’au-delà. A la Pentecôte, les femmes ramassent les feuilles de l’arbre pour en tapisser les tombes de leurs chers disparus. Les feuilles vertes du noyer apporteraient l’apaisement, des vivants comme des morts. Des branches de noyer sont aussi apportées à l’église pour que les fidèles s’agenouillent dessus pendant l’office. Ainsi, ils ont des chances de renouer, ne serait-ce qu’un instant, avec leurs proches défunts.
- Les Picards du XIXe siècle plantaient un noyer l'année de leurs noces.
- Les Anglais souffrant d'affection partageaient quant à eux une noix avec l'être convoité pour obtenir son amour.
- Le noyer porte bonheur aux habitants qui ont placé à leur porte une ramille ou une croix de ses feuilles, avant l'aube de la Saint Jean.
- Les noix servaient autrefois aux jeux des enfants. A Rome, les jeunes époux, le jour de leur mariage, jetaient des noix au peuple pour annoncer que dès ce jour, ils devenaient sérieux et renonçaient aux jeux de l'enfance.
- En Italie, en Grèce, en Roumanie et en Lettonie,on jetait des noix sous les pas des mariés en Italie,
- Vers le milieu du XIX° siècle, avait lieu à Gaillac, dans le Tarn, une pratique : lorsque les mariés étaient agenouillés au pied de l'autel, les assistants faisaient pleuvoir sur leur dos une grêle de noix. Le premier qui se retournerait vers les agresseurs serait le plui jaloux dans le ménage.
- Au Pays basque espagnol, quand on plantait un Noyer destiné à marquer la limite d'une propriété, on empoignait les petits enfants qui assistaient à l'opération et on leur administrait une magistrale fessée pour qu'ils en gardent le souvenir.
- En Cornouailles, si les Noyers ne rapportent pas, on les gaule violemment quand ils sont en sève en les agonisant d'injures.
- Dans l'Aubrac, pour que les Noyers aient une abondante récolte, on les secouait le Jeudi saint, au moment où les cloches sont sur le point de partir pour Rome.
- En Sicile, au contraire, on croit que celui qui plante un noyer devra périr dès que le tronc de l’arbre deviendra aussi gros que sa tête.
- En Gascogne, lorsqu'un jeune homme demandait la main d'une jeune fille, il était invité à partager le repas familial : si, à la fin, on lui présentait des noix, cela signifiait que sa demande était rejetée.
- La noix était utilisée comme talisman porte-bonheur, en particulier si c’est une noix à trois nœuds (ou noix de Saint-Jean).
- Piocher une noix pleine parmi d’autres vides est le signe de l’arrivée prochaine d’un mari pour une jeune fille.
- En Italie, au Piémont, l’huile de noix était considérée comme sacrée au XIXe siècle. Lors de la messe de minuit à Noël, on faisait brûler des lampes contenant de cette huile. A la fin de la messe, on les éteignait et on conservait l’huile restante comme remède oculaire !
Proverbes et dictons
noix et noyers
Français
"A la Madeleine,
Les noix sont pleines.
A la Saint-Laurent,
On fouille dedans".
"S'il y a des noix,
l'hiver est froid".
"Quand, au printemps,
La lune est claire,
Peu de noix espère,
Si la lune est trouble,
La noix redouble".
"S'il pleut à la Sainte-Marguerite,
Les noix seront rentrées bien vite".
"A la Sainte-Hélène,
La noix est pleine,
Et le cerneau
Se met dans l'eau".
"A la Sainte-Croix,
Cueille tes pommes
et gaule tes noix".
"A la Saint-Gérard,
Les noix sont mûres
pour toi et pour moi".
"A la mi-août,
Les noix ont le ventre roux'.
"Il faut craindre trois choses dans ce monde :
le devant d'une femme,
le derrière d'une mule,
et l'ombre du noyer".
"Qui a des noix, en casse;
Qui n'en a pas, s'en passe".
"Lorsque l’orage gronde en février,
il n’y a point de noix au noyer".
“S'il y a des noix
L'hiver sera froid.”
“Il faut casser la noix
Pour en avoir la chair.”
"Lorsqu’il pleut le jour de la Saint Philippe,
point de noix au noyer".
"Lorsqu'il pleut le 3 mai,
Point de noix au noyer".
Allemand
"A pain dur et noix dures,
dents dures".
"Qui a mangé les noix,
peut bien se charger des coquilles".
Anglais
"Un oeuf, une pomme, une noix,
Se mangent après qui que ce soit".
Portugais
"Dieu donne les noix,
mais il ne les casse pas".
Russe
"Un ami non éprouvé est comme une noix non cassée".
Persan
“Vouloir donner de l’éducation à un homme indigne,
c’est prétendre placer des noix sur une coupole.”
Géorgien
"Quand tu donnes une noix à quelqu’un,
donne-lui aussi de quoi la casser.”
Utilisations
noix et noyer
Le Noyer fait partie des arbres généreux sur tous les plans.
Menuiserie :
- Le bois de noyer est un bois de qualité pour la menuiserie et l'ébénisterie (ronce de noyer). On utilise dans ce cas essentiellement le Juglans regia ; des plantations de noyer à bois d'espèce Juglans nigra (noyer noir d'Amérique) ou d'espèce hybride juglans-nigra au bois plus clair sont également utilisées.
- Les ébénistes apprécient son bois, surtout celui des vieux arbres pour la fabrication des meubles précieux, des manches d'instrument et des crosses de fusil.
- Les luthiers en réalisent des violons et des guitares au son profond.
Peinture et décoration :
- la partie charnue autour de la coquille émet un jus qui tache, le brou de noix (jus de la partie charnue autour de la coquille) :
Les peintres récoltent son brou, qui pigmente les peintures à l'huile et leur teinture pour bois.
Pierre Soulages - 1949 - Peinture au brou de noix
Combustible :
Les coquilles de noix peuvent servir de combustible.
Alimentation :
Très nutritive (600 calories aux 100 g), la noix est aussi laxative, draineuse cutanée, draineuse lymphatique, vermifuge, antilithiasique urinaire. Autrement dit, elle exerce une circulation en différents points de l’organisme.
- Les noix fraîches se conservent dans un endroit ventilé, frais et sec.
- Les noix fraîches ou sèches peuvent se consommer directement comme fruits secs. On les casse à l'aide d'un casse-noix, d'un marteau, d'une pierre ou des mains.
- En cuisine, les cerneaux noix peuvent être utilisées dans de nombreux plats sucrés (patisserie) comme salés (salades).
- De la noix, on extrait aussi, par pression, de l'huile de noix. C'est une huile de qualité, aux propriétés nutritionnelles bénéfiques (oméga 3).
- On fait aussi du vin de noix avec les noix vertes cueilles sur l'arbre.
- Les feuilles et les chatons (fleurs mâles) peuvent servir pour faire des alcools ou des décoctions.
- Eau de noix (recette ancienne du Périgord) : râper en juin des noix encore grosses comme des noisettes, et les laisser macérer trois mois dans de l'eau de vie additionnée de la moitié de son volume de sirop et d'un morceau de cannelle. Filtrer...
Phytothérapie:
- Liqueur de brou de noix : comme le brou de noix est astringent, elle s'emploie contre la diarrhée et les douleurs d'estomac, . Il se prépare avec le brou seul, sans aromates, mais plus souvent avec la noix verte entière en cerneau, à la macération de laquelle on ajoute du sucre et des aromates.
- Les naturopathes connaissent les apports considérables de son fruit en diététique,
- Les feuilles de noyer, avec la noix sont Tonifiantes, Stimulantes, Stomachiques, Astringentes, Hypoglycémiantes pour :
. Les troubles circulatoires
. Les troubles cutanés
. Les troubles gastro-intestinaux
. Les Soins capillaires
. Les soins vétérinaires
Cosmétologie :
- Les fabricants de savons utilisent son huile pressurisée.
Laver les noix. Les concasser grossièrement en leur donnant juste un léger coup de marteau puis les disposer dans une petite bonbonne en verre. Ajouter le sucre et les épices (cannelle, macis, c...
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