Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.
Elégie du noyer
Noyer planté sur le bord de la route, je suis, malgré mon innocence,attaqué par les passants à coups de pierres. Telle est la peine ordinairement infligée aux coupables pris en flagrant délit, alors que l'heure de la justice arrive trop lentement au gré de la vengeance populaire.
Mais moi je n'ai commis aucun crime, à moins que ce ne soit un crime de donner chaque année des fruits à mon maître. Autrefois, quand les temps étaient meilleurs, les arbres se disputaient à qui d'entre eux serait le plus fertile. Alors le maître reconnaissant avait coutume, à la venue des derniers fruits, de couronner de guirlandes les dieux du labourage ; ainsi, ô Bacchus, tu admiras souvent tes raisins ; souvent aussi Minerve admira ses olives.
Les fruits eussent alors porté préjudice à l'arbre maternel, si une longue fourche n'eût étayé ses branches affaissées. Bien plus, à cette époque, les femmes imitaient notre fécondité : pas une alors qui ne fût mère ; mais depuis que le platane au stérile ombrage eut obtenu des honneurs exclusifs, nous autres, arbres fruitiers nous commençâmes à développer outre mesure notre spacieux feuillage ; aussi ne portons-nous plus de fruits chaque année ; et l'olive et le raisin n'arrivent au cellier que rabougris.
Maintenant, pour conserver sa beauté, la femme ne craint pas de corrompre le germe de sa fécondité, et il en est peu dans notre siècle qui veuillent bien être mères. De même que Clytemnestre, je pourrais me plaindre, et dire : "Si j'eusse été stérile, je serais plus en sûreté." Que la vigne sache un jour le danger de sa fertilité, et elle étouffera ses raisins dans leur germe ; que l'arbre de Pallas vienne à l'apprendre, et il empêchera ses olives de croître ; que cela soit connu du pommier et du poirier, et bientôt l'un et l'autre n'auront plus de fruits ; que le cerisier aux produits de couleurs diverses en soit instruit, il ne sera bientôt plus qu'un tronc inutile. Je ne suis point jaloux ; mais pourquoi n'y a-t-il d'épargné que l'arbre orné d'un vain feuillage ? Regardez l'un après l'autre ces arbres dans toute l'intégrité de leur parure, c'est qu'ils n'ont rien qui les expose à recevoir des coups.
Pour moi, au contraire, je vois mes branches mutilées, ou criblées de cruelles blessures ; et mon écorce entamée laisse à nu mon sein tout meurtri. Ce n'est pas la haine qui m'attire ce traitement, mais l'espoir du pillage. Que les autres comme moi portent des fruits, et ils se plaindront de même. Ainsi donc il a tort celui dont la défaite promet quelque profit au vainqueur ; le pauvre ne mérite pas qu'on cherche à lui nuire : ainsi craint les embûches le voyageur qui porte quelque argent ; il marche avec tranquillité s'il a sa bourse vide : ainsi je suis le seul attaqué, parce que moi seul je vaux la peine de l'être.
Les autres gardent toujours intact leur vert feuillage ; s'il en est près de moi dont la rameaux brisés jonchent la terre de leurs débris, la faute en est à moi seul : mon voisinage leur a été fatal, et la pierre qui m'a frappé est retombée sur eux. Que je mente si les arbres éloignés de moi ne conservent pas dans tout son éclat leur beauté native ! Oh ! s'ils étaient doués de sentiment, et qu'ils parlassent, comme ils maudiraient ce funeste voisinage. Qu'il est affreux de voir la haine s'unir aux outrages que j'endure et d'être accusé par ses voisins d'être trop près d'eux ! Mais, dira-t-on, je suis pour mon maître un sujet de fatigue et de graves inquiétudes. Et que me donne-t-il, je vous prie, autre chose qu'un peu de terre ? Je pousse facilement et de moi-même dans un terrain sans culture, et la place que j'occupe est presque la voie publique.
Pour m'empêcher de nuire aux moissons (car on m'accuse de leur nuire), on me relègue à l'extrémité des champs. Jamais la faux de Saturne n'émonde mes branches superflues, et jamais la bêche ne rafraîchit le sol qui durcit auprès de moi. Dussé-je périr de sécheresse ou être brûlé par le soleil, on ne me fera point l'aumône du moindre filet d'eau. Mais à peine mon fruit mûr a-t-il entr'ouvert son enveloppe, que la gaule impitoyable vient à son tour me prendre à partie. Elle fait pleuvoir dans toute mon étendue une grêle d'horribles coups, comme s'il ne me suffisait pas d'avoir à me plaindre des coups de pierre.
Alors tombent mes noix qui, elles aussi, trouvent place au dessert, et que tu recueilles, ô fermière économe, pour les conserver. Elles servent également aux jeux des enfants, soit que debout, et à l'aide d'une noix lancée sur les autres, ils rompent l'ordre dans lequel elles sont disposées ; soit que, baissés, ils atteignent en un ou deux coups le même but, en la poussant du doigt. Quatre noix suffisent pour ce jeu ; trois au-dessous et la quatrième au-dessus. D'autres fois on fait rouler la noix du haut d'un plan incliné, de manière à ce qu'elle rencontre une de celles qui sont à terre sur son passage. Avec elles aussi on joue à pair ou non, et le gagnant est celui qui a deviné juste. Ou bien on trace avec de la craie une figure pareille à la constellation du Delta, ou à la quatrième lettre des Grecs ; sur ce triangle, on tire des lignes, puis on y jette une baguette ; celui des joueurs dont la baguette reste dans le triangle gagne autant de noix qu'en indique l'intervalle où elle est restée. Souvent enfin on place à une certaine distance un vase dans lequel doit tomber la noix qu'y lance le joueur.
Heureux l'arbre qui croît dans un champ éloigné de la route, et qui n'a de tribut à payer qu'à son maître ! il n'entend ni les vociférations bruyantes des passants, ni le grincement des roues, et n'est pas inondé par la poussière du grand chemin. Il peut offrir au laboureur tous les fruits qu'il a portés et lui en livrer exactement le compte. Quant à moi, il ne m'est même jamais permis de voir mûrir mes fruits : abattus avant le temps, et alors que leur enveloppe molle encore ne recouvre qu'un germe laiteux, ils ne sauraient même profiter à ceux qui m'en dépouillent. Quoi qu'il en soit, il se trouve encore des gens pour me lapider, et pour conquérir, par des attaques prématurées, un butin sans valeur : de sorte que si l'on établit le compte et de ce qu'on m'enlève et de ce qu'on me laisse, tu seras, toi, voyageur, mieux partagé que mon maître. Souvent, à l'aspect de ma cîme toute nue, on croit reconnaître les outrages et la fureur de Borée ; l'un accuse la chaleur, et l'autre incrimine le froid ; un troisième, la grêle ; mais ni la grêle, effroi du laboureur, ni le vent, ni le soleil, ni la gelée ne sont les auteurs de cette spoliation ; mon fruit seul en est la cause ; ce qui me perd, c'est ma fécondité, ce sont mes richesses.
Pour moi comme pour beaucoup d'autres, elles sont une source de maux. Elles l'ont été pourtoi, Polydore ; elles l'ont été pour Amphiaraüs, forcé par l'avarice de sa perfide épouse à affronter le sort des combats. Les jardins du roi flespérus eussent été hors d'atteinte ; mais un arbre, un seul, portait des trésors immenses. Les ronces et les épines, nées seulement pour faire du mal, et les arbustes qui leur ressemblent, trouvent leur sûreté dans les instruments naturels de leur vengeance ; moi qui suis inoffensif, et qui ne saurais me défendre avec mes branches dépourvues d'épines, je me vois assailli de pierres par d'avides fripons. Que serait-ce donc si, lorsque la terre se fend sous l'astre enflammé de Sirius, je n'offrais une ombre amie à qui fuit les ardeurs du soleil ? Que serait-ce si je n'étais au voyageur un abri contre les irruptions soudaines de la pluie ? Eh bien ! pour tant de bienfaits, pour tant de services rendus à tous avec un zèle infatigable, je suis lapidé. A tant d'insultes qu'il me faut souffrir, ajoutez les reproches de mon maître. Je suis cause, dit-il, que son champ est rempli de cailloux ; et comme il en purge le sol, qu'il les ramasse et les rejette sur le chemin, il donne ainsi sans cesse au passant des armes contre moi.
Aussi le froid, si odieux aux autres arbres, n'est utile qu'à moi seul. L'hiver, tant qu'il dure, m'est une garantie contre tout danger. Il est vrai qu'alors je suis nu ; mais c'est là ce qui me sauve ; car mes ennemis n'ont rien à m'enlever. Mais aussitôt que mes branches se couvrent de nouveaux fruits, les pierres tombent sur moi comme la grêle. On dira peut-être : "Ce qui s'étend sur le domaine public appartient au public. Or cet aphorisme est applicable aux grands chemins." S'il en est ainsi, voyageur malfaisant, vole les olives, coupe les blés, arrache les légumes du champ voisin. Que ce même brigandage franchisse les portes de Rome et que ces murs, ô Romulus, en consacrent le droit.
Que le premier venu prenne de l'argent sur l'étalage de telle boutique, des diamants dans telle autre, ici de l'or, là des pierreries ; qu'il s'approprie enfin toutes les richesses sur lesquelles il pourra mettre la main. Mais une telle licence n'existe pas ; et tant que César régira l'empire, tant qu'il veillera sur nos destinées, jamais homme ne volera impunément. Et ce n'est pas seulement dans l'enceinte de Rome que ce dieu a rétabli la paix ; il en a étendu les bienfaits sur le monde entier. Mais à quoi me sert tout cela, si, en plein jour et aux yeux du public, on m'accable de coups, et s'il ne m'est pas laissé au instant de repos ?
Aussi ne voyez-vous jamais un nid suspendu à mes branches, un oiseau s'abriter sous mon feuillage : mais des pierres qui se tiennent attachées à mes rameaux fourchus, comme un vainqueur au fort qu'il a conquis ; c'est là tout ce qu'on y voit. Souvent, il est des crimes que le coupable peut nier ; souvent la nuit a déployé son voile sur bien des forfaits ; mais le suc de mon fruit me venge du ravisseur, qui se noircit les doigts en touchant son écorce. Ce suc est mon sang, et l'empreinte de ce sang est indélébile.
Oh ! combien de fois, dégoûté de vivre si longtemps, n'ai-je pas désiré de mourir de sécheresse ! Combien de fois n'ai-je pas souhaité d'être renversé par l'ouragan en furie, ou violemment frappé de la foudre ! Et plût au ciel que la tempête enlevât mes fruits tout d'un coup ! ou que je pusse les faire tomber moi-même ! C'est ainsi, ô castor, habitant des fleuves du Pont, qu'en débarrassant ton corps de la partie qui t'expose au danger, tu assures la conservation du reste ; mais moi, que puis-je résoudre quand le passant prend ses armes, que son oeil fixe d'avance l'endroit où il doit me frapper ? Je ne puis me soustraire à ses atteintes en changeant de place ; mes racines, liens puissants et tenaces, m'enchaînent à la terre.
Je suis donc livré à ses coups, comme un criminel aux flèches de la populace, laquelle a réclamé sa victime garrottée, ou comme la blanche génisse, lorsqu'elle voit lever sur sa tête la hache pesante, ou tirer le couteau prêt à l'égorger. Vous avez cru plus d'une fois que le vent seul faisait trembler mon feuillage, mais c'était aussi de frayeur que je tremblais ! Si je l'ai mérité, si je semble coupable, livrez-moi aux flammes ; alimentez vos foyers fumeux de mes débris. Si je l'ai mérité, si je semble coupable, coupez-moi, et que, dans mon malheur, je n'aie du moins à subir qu'un seul supplice ! Mais si vous n'avez pas de motifs de me brûler ni de m'abattre, épargnez-moi, et poursuivez votre chemin.
Le Poirier commun (Pyrus communis L.) est un arbre fruitier de la famille des Rosacées, cultivé pour son fruit, la poire.
Ses autre noms Pirus communis ; Chigigné ; Poirier de Sauge ; Saugier.
C'est un arbre originaire des régions tempérées d'Europe et d'Asie de l'Ouest, plusieurs milliers de cultivars distincts ont été recensés et sont cultivés dans tous les continents.
Arbre de taille moyenne, le poirier peut atteindre dix à quinze mètres de haut et vivre jusqu'à 200 ans. Les poiriers cultivés sont greffés sur des cognassiers pour obtenir des arbres plus petits.
Vieux poirier
On ne sait pas qui t’a semé
Le vent peut-être
Vieux poirier
On ne sait pas qui t’a planté
Devant ma fenêtre
Conte musical de Michèle Bernard et Jean-Claude Touzeil
Leur emplacement privilégié est le plein soleil, à l'abri des vents et des gelées tardives.
Les feuilles vertes, plus pâles en dessous, caduques et ovales, portées par un long pétiole à bord finement denté prennent généralement de belles couleurs automnales dès octobre.
Les nombreuses petites fleurs blanches aux étamines rouges, réunies en grappes corymbiformes, s'épanouissent d'avril à mai.
Les fleurs mellifères ont une odeur qui attire les abeilles sauvages assurant la pollinisation. Le vent n'intervient que de manière négligeable. Si les abeilles domestiques dédaignent généralement le nectar du poirier, elles visitent les fleurs pour leur pollen lorsque la température dépassent 11 °C.
Comme la plupart des fruitiers de la famille des Rosacées, les poiriers sont auto-incompatibles, c’est-à-dire qu’il faut une pollinisation croisée de deux variétés pour assurer une production de fruits. Un verger de poiriers doit comporter associée à la variété cultivée principale, des variétés pollinisatrices dont la floraison concordera.
Les premières petites poires apparaissent dès le mois de mai et vont, petit à petit, grossir pour donner ces merveilleux fruits à la chair fondante et parfumée, qui seront récoltés en été ou en automne, selon les variétés.
Disponible toute l'année, la poire est différente selon les saisons :
La poire d'été :
avec la Guyot, gros fruit à peau jaune et à chair parfumée et juteuse et la Williams, fruit trapu, à épiderme lisse, de couleur jaune à vert clair ou rouge, à chair juteuse, fine et sucrée. Cette poire d'été est récoltée entre Juillet et Octobre dans le Sud-est
La poire d'automne :
Avec l'Alexandrine, jaune doré et peu juteuse, la Beurré Hardy à peau épaisse, vert olive, parsemée de rouge sombre, la Louise Bonne à peau verte, fine et à chair acidulée, la Comice et la Doyenné du Comice à chair fine et sucrée, juteuse et fondante, la Conférence, allongée, d'un brun pâle tacheté de roux, à chair juteuse fine et parfumée.
La poire d'hiver :
Avec la Passe-crassane, d'un jaune marbré, à chair juteuse et granuleuse. Ce gros fruit se reconnaît au bouchon de cire rouge à l'extrémité de son pédoncule. L'Angélys est une nouvelle variété de poire à l'épiderme épais, de couleur bronze, à chair fine, demi-fondante.
Si le nombre de fruits par grappe est important ,certaines variétés sont très prolifiques :
- Louise-Bonne d'Avranches
- Duchesse d'Angoulême
Quelques variétés de poires :
- Comtesse de Paris :
poire de garde à la chair mi-fine très sucrée et juteuse ;
- Conférence :
Poire d'automne à chair fondante. Peu sensible à la tavelure ;
- Précoce de Trévoux :
Poire d'été fondante, juteuse et sucrée. Peu sensible à la tavelure ;
- Williams :
Poire de fin d'été à chair fondante et parfumée. Variété assez sensible à la tavelure.
- Jules Guyot
Variété de moyenne vigueur qui produit rapidement de grosses récoltes. Gros fruits allongés, jaunes, teintés de rose à maturité. Chair fine, juteuse, fondante, assez sucrée et parfumée. Récolte précoce. Le Poirier Jules Guyot n'est pas autofertile. Il est résistant à la tavelure. A cultiver dans les régions du Sud de la France.
Ancêtres sauvages
Il existe des poiriers sauvages dans toute l'Eurasie de climat tempéré. Le poirier Pyrus communis est probablement l'espèce originelle puisqu'on trouve les formes sauvages proches et interfertiles, classées comme Pyrus pyraster (L.) Burgstd. en Europe tempérée et Pyrus caucasica Fed. en Asie.
La plupart de ces poiriers sauvages sont relativement épineux et donnent des petites poires pierreuses et astringentes. Récoltées dès la Préhistoire, elles se conservaient séchées. La sélection de formes améliorées en Asie centrale et dans l'est du bassin méditerranéen ont été largement diffusées par greffage.
les formes sauvages P. caucasica ou P. pyraster et les cultivars de P. communis se croisent spontanément pour donner des formes férales et des produits d'hybridations qui se plaisent au bord des vergers et dans les clairières des forêts adjacentes. L'Arménie et le Caucase sont extrêmement riches en formes sauvages de poirier.
Pyrus caucasica, Poirier du Caucase
Le poirier du Caucase, est une espèce de poiriers de la famille des Rosaceae, endémique des montagnes du Caucas, la plus répandue parmi les 11 espèces de poiriers sauvages de Géorgie et considérée comme la principale espèce progénitrice des cultivars de poiriers locaux. Il s'observe à l'état sauvage aussi bien en Géorgie qu'en Arménie.
Il est considéré comme un ancêtre sauvage du poirier cultivé européen Pyrus communis. antérieurs qui suggéraient une relation étroite entre les cultivars de poiriers de Géorgie locaux et Pyrus caucasica.
Son port généralement est pyramidal ou en couronne ovoïde élancée. Il mesure de 15 à 25 m de haut. L'écorce gris foncé, profondément cannelée, se fissure en écailles qui peuvent s'exfolier. En vieillissant, son tronc devient gris foncé, presque noir. Les jeunes rameaux sont verdâtres ou brun foncé avec quelques petites lenticelles. Le poirier du Caucase supporte le gel.
Les feuilles longuement pétiolées sont ovales, brillantes, vert foncé, pointe courte et pointue et la base est largement cunéiforme.
Les fleurs hermaphrodites, éclosent en avril, en grand nombre.
En automne, les fleurs donnent de petits fruits jaunes ou vert jaunâtre. La pulpe est blanche ou verdâtre, aigre-douce, astringente et amère, avec un grand nombre de graines, noircissant à maturité, comestibles.
Pyrus pyraster - Le poirier sauvage
Le Poirier sauvage européen est une espèce de poiriers de la famille des Rosaceae, présent dans les haies et les bois de toute l'Europe, excepté l'Europe du Nord. À la différence du poirier commun cultivé, ses rameaux peuvent porter une épine terminale et ses fruits sont petits et de saveur âpre.
Il est considéré comme un ancêtre sauvage du poirier cultivé européen Pyrus communis (avec Pyrus caucasica).
Il est présent partout en France, mais il est plus rare dans le Nord et la région méditerranéenne. En Espagne il est présent dans les régions montagneuses du tiers nord du pays, en particulier dans les forêts de feuillus.
C'est une espèce de basse altitude, des collines et petites montagnes inférieures à 1 200 mètres d'altitude.
C'est un arbre de 11-15 mètres de hauteur, à cime pyramidale quand il est jeune. Son écorce et fissurée et écailleuse. Les Jeunes rameaux rigides, lisses, jaunâtres, luisants, sont parfois terminés par une épine.
Ses feuilles sont simples, ovales, longuement pétiolées, à bords finement denticulés et très luisantes sur le dessus.
Ses fleurs blanches sont hermaphrodites, très précoces. La floraison a lieu en avril-mai, mellifère pollinisée par les insectes.
Ses fruits sont petits, bien charnus, de forme variable.
Mais la variation génétique des poiriers cultivés a aussi été enrichie, par hybridation et introgression, de beaucoup d'espèces de poiriers sauvages qui sont interfertiles et croissent dans la zone de culture traditionnelle du poirier commun.
Parmi ces poiriers sauvages, :
- P. spinosa Forssk.,
Poirier épineux, Poirier amandier, Poirier à feuilles d'amandier
originaire de l'ouest de la Turquie, du bassin égéen et du sud des Balkans;
Fiche détaillée de Pyrus spinosa Forssk. / Poirier à feuilles d'amandier / Arbrisseau ou arbre peu élevé, épineux, à jeunes pousses et bourgeons tomenteux ; feuilles oblongues-lancéolées o...
A tree 15 to 25 ft high with a spreading crown, the main branches more or less horizontal, the young branchlets elongated and more or less pendulous; branchlets and buds covered when young with a ...
Pyrus syriaca est un arbre à feuilles caduques de la famille des Rosacées. Il est désigné par le nom commun de poire syrienne . C'est la seule espèce de poire qui pousse à l'état sauvage au Liban, Turquie, Syrie et Israël .
Pyrus syriaca is a deciduous tree in the Rosaceae family. It is referred to by the common name Syrian pear. It is the only pear species which grows in the wild in Lebanon, Turkey, Syria and Israel ...
Pyrus nivalis , commonly known as yellow pear, is a species of tree in the family Rosaceae that grows naturally from south-east Europe to western Asia. Like most pears, its fruit can be eaten raw or
Le nom de genre Pyrus vient du latin pirus signifiant "poirier", et du latin communis "commun".
Dans la langue commune, poire est issu du bas latin pira, pĭrum.
L'ancien français était peire, pere resté dans les dialectes de l'ouest de la France.
En occitan : pera (pero)
En italien : pera,
En espagnol : pera
En anglais : pear
En néerlandais : peer,
En allemand : Birne ( forme tardive et altérée du Sud de l'Allemagne).
Le mot celtique : breton per(enn), gallois peren, irlandais piorra.
Le périer désigne un lieu planté de poiriers d'où les noms de famille les plus connus Périer
Mythologie greco-romaine
Dans la mythologie grecque, le poirier était un arbre lunaire dédié à la déesse Héra, Fille de Cronos et Rhéa et épouse et sœur de Zeus.
Elle est la protectrice des femmes et la déesse du mariage.
Les poires sont considérées comme un fruit sacré, le plus souvent lié à trois déesses dans la mythologie grecque et romaine: Héra, Aphrodite et Pomone.
Les trois déesses sont réputées pour leur affinité avec les jardins et le temps des récoltes.
Dans l'Héraion de Mycènes, l'un de ses plus anciens sanctuaires dédiés à Héra, certains temples dédiés à cette divinité étaient en partie fabriqués à base de bois de poirier, symbole de pureté et d’innocence.
Franck Devedjian - intérieur du temple d'Héra, Héraion d'Argos.
Mythologie chinoise
le poirier symbolise la vie immortelle eet la prospérité en raison de la longévité de l'arbre.
La poire est un symbole de confort, le mot poire en chinois signifie à la fois "poire" et "séparation". La tradition veut qu'une poire ne soit pas partagée entre deux ou plusieurs personnes, pour éviter la séparation des amoureux, des amis et de la famille.
Les fleurs de poirier sont symbole de deuil, parce qu’elles sont blanches et que le blanc est la couleur du deuil dans les cultures japonaises et chinoises, mais aussi symbole du caractère fragile, éphémère, de l’existence à cause de leur courte durée de vie.
les poires "sacrées" en forme de bouddha, (fruits sont placés dans un moule)
Tradition chrétienne
Le poirier est un point de la chanson populaire des Fêtes,
"Les Douze Jours de Noël",
The Twelve Days of Christmas (Les Douze Jours de Noël) est un chant de Noël très connu dans les pays anglophones.
Il s’agit d’une comptine à récapitulation où sont énumérés douze cadeaux qu’une personne dit avoir reçus de son amoureux/se durant les douze jours consécutifs du temps de Noël. Après l’annonce d’un nouveau cadeau, la liste des précédents est répétée à l’envers.
Le premier cadeau est une perdrix dans un poirier.
D’après le refrain populaire de la chanson, on dit que la perdrix représente le Christ, tandis que le poirier symbolise le salut de l’humanité.
5800 et 2500 à 900 av. J.-C.,
néolithique et de l'âge du bronze
Poirier cultivé
Longtemps avant la domestication des poiriers, on cueillait les poires sauvages. Des restes carbonisés de ces petits fruits, parfois coupés en deux et probablement séchés, ont été trouvés sur plusieurs sites du néolithique et de l'âge du bronze en Suisse, dans le nord de l'Italie, dans l' ex-Yougoslavie et en Allemagne. On trouve des restes similaires pour le néolithique récent en Grèce, en Moldavie et Ukraine.
À défaut d'informations archéologiques plus précises, on est forcé de s'appuyer sur les textes de l'Antiquité gréco-latine pour avoir quelques indices sur la domestication. Par expérience, les arboriculteurs ont appris que la meilleure manière de multiplier un poirier intéressant, était d'en greffer un rameau, alors qu'en semant ses graines il pouvait retourner à l'état sauvage ou produire des fruits de piètre qualité.
reconstitution époque néolithique
1071 ans avant J.C.
La Bible est le premier ouvrage où le Poirier apparaisse. On l'y montre, au temps de David dans la vallée de Raphaïm, sous les murs de Jérusalem.
VIII° siècle av. J.-C.,
Homère (VIII° siècle av. J.-C.) a qualifié la poire de "cadeau des dieux".
écrit dans :
l'Odyssée
chant VII
Arrivée d'Ulysse chez Alcinoüs.
..."Hors de la cour se trouve un grand jardin de quatre arpents près des portes. Tout autour une clôture court des deux côtés. Ici poussent de grands arbres, vigoureux, poiriers, grenadiers et pommiers aux fruits splendides, figuiers domestiques et vigoureux oliviers. Jamais leurs fruits ne sont perdus ni ne manquent, ni hiver, ni été, chaque année. Mais toujours le Zéphyr qui souffle fait croître les uns, fait mûrir les autres. La poire mûrit après la poire, la grappe après la grappe, la figue après la figue. ..
Tels étaient les brillants présents des Dieux dans la maison d’Alcinoos. Le divin Ulysse qui a tant souffert, se tenant là, admirait..."
Chant XXIV
Laerte
"...L'ingénieux Ulysse lui dit alors:
- Vois d'abord la cicatrice que m'a faite la blanche défense d'un sanglier lorsque j'allai sur le Parnèse voir Autolycus, le père de ma mère chérie. De plus, je vais te nommer les arbres que tu me donnas jadis quand tout enfant, je te suivais au jardin. Tu me donnas d'abord treize poiriers, dix pommiers et quarante figuiers; puis tu me promis en outre, cinquante rangées de vignes entre lesquelles le blé mûrissait..."
IV° siècle - III° siècle av. J.C.
Théophraste (288 av. J.C.-322 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste dans Recherches sur les plantes, avait connaissance des techniques d'arboriculture.
Il distingue les poiriers cultivés (apios) des poiriers sauvages (akhras) et utilise ónkhnê comme synonyme d'apios. Il indique les deux techniques de greffage en fente et en écusson pour multiplier les arbres fruitiers cultivés.
II ème siècle avant J.-C.,
Caton l'Ancien, (234 av. J.C.-149 av. J.C.) homme politique, écrivain, agronome romain mentionne dans ses écrits "De agricultura" six variétés de poiriers
Économie Rurale
..."Chapitre 7
Les poires seront celles d'Anicius, (et des semailles excellentes confites dans du vin cuit),..."
I° siècle
Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.)écrivain et naturaliste romain auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).
Il décrit 35 variétés de poires
Histoire Naturelle - livre XV
XI. - 1
..."Quelques poires aussi, appelées poires de livre, montrent par leur nom quelle grosseur elles atteignent, (XII.)..."
XVI. (XV.) - 1
..."Une précocité semblable a valu tel surnom de superbe à une espèce de poire ; elle est très petite, mais très hâtive. Tout le monde préfère la crustumienne ; au second rang est la Falerne, ainsi nommée parce qu'elle donne à boire, tant elle est juteuse (ce jus porte le nom de lait) ; d'autres de la même espèce, de couleur noire, reçoivent le nom de syriennes. Les dénominations des autres varient suivant les localités. Parmi les poires dont les noms sont adoptés à Rome, la décimienne et la pseudodécimienne, qui en vient, ont rendu célèbre le nom de leurs auteurs, ainsi que les dolabelliennes, dont le pédicule est très long..."
XVI. - 2
..."la pomponieone, surnommée mammosa, la licérienne, la sévienne, et la turranienne, variété de la sévienne, et qui s'en distingue par la longueur de son pédicule ; la favonienne rouge, un peu plus grosse que la superbe; la latérienne, l'anicienne, qui vient après l'automne, agréable par son goût acidulé. On appelle libérienne une poire, la favorite de l'empereur Tibère : elle est plus colorée par le soleil et acquiert plus de volume : autrement elle serait absolument la même que la licérienne. Le lieu d'origine donne le nom à l'amérine, la plus tardive de toutes, à la picentine, à la numantine, à l'alexandrine, à la numldique, à la grecque, à la tarentine, variété de la grecque, à la signine, nommée par d'autres testacée à cause de sa couleur, comme l'onychine et la purpurine. Sont dénommées d'après l'odeur, la myrapie (poire-parfum), la laurée, la nardine ; d'après le temps de la récolte, l'hordéaire; d'après la forme du col, l'ampullacée; d'après la peau lanugineuse, la brute ; d'après la ressemblance avec la courge, la cucurbitine; d'après le goût, l'acidulé. On ignore le motif du nom de la poire barbarique, de la poire de Vénus, qui sont dites colorées; de la royale, qui a un pédicule très court, et qui est presque sessile ; de la patricienne, de la voconienne, verte et oblongue. En outre, Virgile (Géorg., II, 87) a nommé la volème, empruntée à Caton (De re rust., VII), lequel parle aussi de la sémentive et de la musté..."
XVII. - 2
..."la forme des poires est conique. Les tardives restent sur l'arbre jusqu'aux gelées, qui les mûrissent; telles sont la grecque, l'ampullacée, la laurée, et, parmi les pommes, l'amérine et la scandienne. Les poires se gardent comme les raisins, et d'autant de façons différentes; c'est le seul fruit, avec les prunes, qu'on met dans des barils. Les pommes et les poires ont une propriété vineuse ; les médecins les défendent comme le vin dans les maladies (XXIII, 62). On les fait cuire dans du vin et de l'eau, et elles forment une marmelade ; préparation qu'on ne peut faire en outre qu'avec le coing et la variété appelée struthée..."
XVIII. - 3
..." Les poires se gardent dans des vases de terre poissés ..."
Livre 16
XXXI. - 1
..." Tous les arbres qui sont communs aux montagnes et aux plaines deviennent plus grands et prennent une apparence plus belle dans les plaines ; mais ils ont le bois meilleur et plus veiné dans les montagnes, excepté les pommiers et les poiriers..."
Histoire naturelle
XV, 58 ..."des précoces et des tardives, certaines de couleur noire venant de Syrie, ou "les variétés tardives (qu)] restent suspendues à l'arbre mère jusqu'aux froids hivernaux et mûrissent avec le gel..."
XXXIII,115
..."Il est interdit aux malades de manger toutes les sortes de poires -- indigestes même pour les gens en bonne santé --, de même que le vin leur est défendu. Mais cuites, ces mêmes poires sont remarquablement saines et agréables..."
Histoire Naturelle- Pline l'Ancien manuscrit- XII° collection Abbaye de Saint Vincent-Le Mans
RETOURNER A LA TABLE DES MATIÈRES DE PLINE L'ANCIEN ATTENTION : police unicode PLINE L'ANCIEN HISTOIRE NATURELLE LIVRE QUINZE livre 14 livre 16 Texte français Paris : Dubochet, 1848-1850. éditio...
Les Romains, en pratiquant de manière systématique le greffage et en développant une soixantaine de variétés, ont joué un rôle prépondérant dans la domestication du poirier en Europe.
L'introduction du poirier cultivé en France a été faite à l'époque de l'expansion de l'Empire romain.
Herculanum (Pompei) ville romaine antique située dans la région italienne de Campanie, détruite par l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C.,
La maison de l'Auberge (Casa dell'Albergo),
Les restes d'un arbre carbonisé ont été identifiés comme un poirier, ce jardin intérieur devait donc être un verger, qui est reconstitué de nos jours.
photo d'Aldo Ardetti (14 août 2007) maison de l'auberge
IV° siècle - V° siècle
Saint-Germain d'Auxerre (vers 380-448). Ses parents étaient les seigneurs du village. Il étudie à Auxerre et à Autun puis à Rome, où il devient un avocat célèbre et recherché. Il épouse Constance de Lyon, riche, belle et vertueuse.
Il est nommé gouverneur et administrateur de plusieurs provinces romaines : l’Aquitaine, le Lyonnais et la Semonoise. Il s’installe à Auxerre, mais doit faire de fréquents voyages surtout pour y exercer la haute.
Pour se détendre, Germain aime beaucoup la chasse et il a l’habitude d’exposer ses trophées (surtout les bois de cerf) près d’un poirier près d’Auxerre ; comme le faisaient tous les seigneurs du temps.
Cela ne plaisait pas à saint Amâtre, évêque d’Auxerre, qui voit dans ce rite une sorte d’idolâtrie. Profitant d’une absence de Germain, Amâtre fait couper le poirier… mais, devant la colère de Germain,il s’enfuit à Autun, chez son ami saint Simplice, sous la protection du préfet Julius.
Saint Amâtre a une révélation lui disant que Germain sera son successeur sur le trône épiscopal d’Auxerre.
Il revient à Auxerre, rencontre Germain, parvient à le convertir et l’ordonne diacre, puis prêtre (vers 410). Sentant sa fin venir, Amâtre désigne Germain comme son successeur, ce qui est approuvé par l’ensemble du clergé du diocèse. Germain refuse d’abord ce choix, puis y voit la volonté de Dieu et accepte finalement.
En 418, à la mort de saint Amâtre, Germain devient donc évêque d’Auxerre
Saint Augustin (354-430), philosophe et théologien chrétien romain d'origine Berbère ayant occupé le rôle d'évêque d'Hippone en Numidie
C II, V, 10
Le vol des poires
..."Il y avait un arbre, un poirier, dans le voisinage de notre vigne, qui était chargé de fruits attrayants ni par leur forme ni par leur saveur. Nous allâmes en jeunes vauriens le secouer et le dépouiller au beau milieu de la nuit (où, suivant une malsaine habitude, la fin d’un jeu sur les places publiques nous avait conduits) et nous en retirâmes de grandes brassées ; elles n’étaient pas pour nos agapes mais plutôt pour jeter aux porcs, et même si nous en mangeâmes quelque chose, ce qui comptait alors pour nous fut la délectation de l’illicite..."
Eglise Saint Augustin de la Grande Motte, - carreaux de faïence Gabriel Mutte et Elvina Moret-Bailly Mutte,- Le vol des poires
SUR LES TRACES DE SAINT AUGUSTIN Entreprenons ce voyage de façon ludique, en nous rendant tout d'abord devant l'Eglise Saint Augustin de la Grande Motte, sur la côte méditerranéenne de l'Hérau...
A la fin de l'Empire romain, vers 476, une soixantaine de variétés au goût médiocre et proche du fruit sauvage sont recensées.
IX° - XII° siècle
Au Moyen-Âge, la poire est inscrite au Capitulaire de Villis comme espèce végétale indispensable, elle ne trouve que des usages relativement limités : elle est cuite au vin ou à l’hypocras.
Ecole de médecine de Salerne (IX° -XII° siècle)
Les aphorismes d'Hyppocrate
..."La poire ne vaut rien,
sans vin.
Si vous la mangez en compote,
C'est un excellent antidote ;
Mais poire crue est un poison.
Vous pouvez là-dessus régler votre conduite.
Crue, elle charge trop l'estomac ; étant cuite,
Elle y porte la guérison.
Quand on a mangé de la poire,
Que le premier soin soit de boire"...
L’école de médecine de Salerne (IX° - XII°),
Les fruits
En notre cour est un poirier,
Justement auprès d'un noyer.
Mais parlons de la poire,
Tu n'en mangerais point sans boire
Car poire mangée sans vin
Est quasi pire que venin.
Si poires du venin étoient,
Tous les poiriers maudits scroient :
Mais poire qui crue est poison
Cuite sert de contrepoison :
Poire crue l'estomach grève,
La même cuite le relève :
Après la poire, boire il faut,
Et après la pomme, va tôt.
XIIIe siècle
Le Roman de la poire (Li romanz de la poire) est un roman français du XIII° siècle d'un certain Tibaut.
Le Roman de la Poire est un poème allégorique construit autour d'une alternance entre modes d'expression oral et écrit, lyrique et narratif. Dans cet article, l'auteur considère la polarisation entre chant et écriture dans le cadre de la trajectoire narrative du roman, allant de la naissance de l'amour sous le poirier à l'achèvement du livre. Le titre est dérivé d'une scène centrale où la demoiselle partage avec l'amant une poire qu'elle a épluchée avec ses dents.
Le texte est conservé à la Bibliothèque nationale de France (Ms. fr. 2186). C'est un manuscrit enluminé datant des années 1250.
Le roman de la poire
Ci endroit commence l'histoire
De la plus merveilleuse poire
Qui jamais soit, ni jamais ne fut
Dieu l'aima qui en planta le fût.
Amors qui par A se commence
A contre moi donné sentence (...)
À ce tournoi(ement), mais que je sois armé.
J'irai promptement, Dame, si vous m'aimez.
Et je disposai mon épée entre nous deux
Ici finit le roman de la poire
Qui des amants à dit l'histoire.
1228
Jean Renart écrivain français de la fin du XII° siècle
Extrait du Guillaume de Dole de Jean Renart :
menu typique de 1228,
avec la poire et le fromage
Si (Ainsi) s'en vont en la sale arriere
on li soupers ert attornez (était préparé)
mout biaus de viandes assez :
faons de let, porciax farsiz
dont li ostex ert bien garniz,
et bons convins (lapins), poulez lardez
(de ce estoit granz la plentez (l'abondance)
et poires et fromages viez (vieux)
Autrefois l’usage était, dans les repas, de manger la poire avant le fromage. Mais, depuis l’année 1393, cet usage fut interverti ;
Wang Yinglin (1223-1296 ) érudit confucéen et éducateur réputé a probablement écrit XIII° siècle, à l'époque de la dynastie Song, le Classique des trois caractères ou San Zi Jing à l’intention des enfants de son clan.
Tous les Chinois connaissent l’histoire de Kong Rong, un descendant de Confucius (son nom de famille était Kong ), qui a vécu vers la fin de la dynastie de Han de l’Est (25-220).
Kong Rong était le sixième de sept fils. Un jour, alors qu’il était enfant, sa mère déposa sept poires sur la table à l’intention de ses enfants.
Kong Rong choisit la plus petite. Heureux, mais perplexe, son père lui demanda pourquoi il avait agi ainsi. L’enfant de 4 ans lui répondit :
"Je suis jeune et je dois laisser les plus grosses poires à mes frères aînés. Mais puisque j’ai également un frère cadet, je dois lui laisser une plus grosse poire."
Kong Rong image Li Zhi vision
Etienne Boileau (1200 ou 1210-1270) un des premiers prévôts de Paris
Le livre des métiers
1260 - perier "bois de poirier utilisé pour la confection des barils (de vin)"
XIV° siècle
1305
Iconographie des manuscrits du "Traité d'Agriculture" de Pierre de Crescent ou Pierre de Crescens (1230-1320 ou 1321) magistrat et un agronome italien qui fut également un écrivain (de langue latine), auteur d’un traité, le Ruralium commodorum opus.
Dans l'exemplaire du Traité d'Agriculture conservé à Prague, les poiriers situés en arrière-plan pourraient bien indiquer que c'est un poirier qui est greffé.
Cette espèce se prête d’ailleurs particulièrement bien à la greffe, à preuve les cinq rubriques qui lui sont consacrées dans
..."La manière de henter soutillement"...
XV° siècle
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)
Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 274
Poire :
Proverbe.
Le moisir font les poires molles. "Les poires blettes finissent par moisir" :
Vous usez de grosses parrolles Et autre chose n'y povoir. Face chacun bien son devoir ; Le musir font les poires molles.
(poires molles signifie "vaines promesses" ; dans le passage ci-dessus, le prov. vise un adversaire que l'on affecte de ne pas craindre, considérant ses grosses paroles comme des menaces en l'air.)
Corbechon édition G. Sodigné-Costes, 1372.
Poirier :
"Perier est un arbre fruit portant, qui est ainsi appelé pour ce qui monte tousjours en soy estroicent tant aussi comme le feu qui en grec est appelé pir, si comme dit Ysidoire"
Hector de Chartres, Cout. R., 1398-1408.
Poirier de bois. "Poirier sauvage" :
"Le prieur et couvent du Neuf Castel ont acoustumé prendre en ladicte forest le boiz sec en estant et en gesant et le vert tout en gesant quant ventes sont rendues aux diz prieur et freres, excepté chesne, hestre, et houx, les melliers, pommiers et periers de boiz"
Évrard de Conty (XIV° siècle) médecin et écrivain français
Le livre des échecs amoureux moralisés - 1400, 312.
Poirier d'angoisse :
"Variété de poirier dont les fruits ont un goût très âpre"
Poirier de saint Riule.
"Variété de poirier dont les fruits arrivent à maturation vers la fête de ce saint (3 septembre)"
"Elle (la montagne de l'Ambition) est aussi paree et remplie d'arbres nobles et beaux et excellens et par especial d'arbres qui portent fruit, comme sont oliviers, loriers, pins, paumiers, cyprès, basmes, figuiers, peschiers, amandiers, coigns, dactiers, poiriers de saint Reule et d'angoisse, et d'autres moult divers".
Gaston Paris (1839-1903) médiéviste et philologue romaniste français.
Mélanges de littérature française du Moyen Âge
littérature du quinzième siècle, 1910-1912.
le roman- Cliges
"Au milieu de la pelouse s'élève un arbre (un poirier, comme on le voit plus tard), dont les branches artistement ployées retombent vers la terre et forment un vaste berceau. On y fait porter un lit, et c'est là que les amants passent leurs plus douces heures dans un complet abandon. Or, "un jour, un jeune chevalier de Thrace, appelé Bertran", voit l'épervier avec lequel il chassait s'essorer dans le verger sous la tour ; il veut le reprendre et escalade, sans grande peine, semble-t-il (de même qu'il le fera au retour), le mur du verger.
...— Les amants dorment, nus, sur le lit placé sous l'arbre. Bertran les voit et les reconnaît, bien qu'il ait peine à en croire ses yeux. A ce moment, une poire tombe de l'arbre et réveille Fénice, qui voit Bertran. Elle éveille Cligès en lui criant : "Tuez- le ou nous sommes perdus !".
XVI° siècle
1505
Matthiole (1501-1577) médecin et un botaniste italien
..."Puisque ainsi est que les hommes ne s'en peuvent abstenir, au moins qu'ils apprennent pour se garder d'en mourir, de n'en manger point s'ils ne sont cuits avec des poires sauvages."...
Albrecht Dürer (1471-1528),
dessinateur, graveur et peintre allemand de la Renaissance,
La vierge à la poire 1526
Joris Hoefnagel (1542-1601) enlumineur flamand.
Il est connu pour ses illustrations de sujets d'histoire naturelle, de vues topographiques, d'enluminures et d'œuvres mythologiques.
manuscrit 1561-1562
enluminure 1591-1596
mouche, papillon, poire et mille-pattes,
La reine Margot (1553-1615)
La poire fut sa collation préférée
"Deux cailles roulées dans une feuille de vigne et une poire cuite à point entre deux braises".
XVIIe siècle
Au 16° et 17° siècle, les variétés cultivées en France, telles que "Caillou rosat" ou la "Poire d'angoisse", étaient si peu savoureuses qu'elles n'étaient consommées qu'une fois cuites.
D'après le "Thresor de santé de 1607",
..."les poires sont astringentes et nutritives, mais...elles sont fort venteuses, parquoi on les doit servir cuites en la braise avec anis, fenouil ou coriandre, beuvant incontinent après un bon verre de vin vieil. Les douces sont profitables à l'entrée du repas, les autres à la fin"...
Une recette pour garder les poires consiste à les peler, les couper en quartiers, les faire cuire dans du vin doux, puis les faire sécher au soleil ou dans un four.
1610
Poirier de Bollwiller ou Sorbopyrus Tatarova arbre hybride issu du croisement intergénérique d'un poirier commun (Pyrus communis L.) et d'un alisier blanc (Sorbus aria).
Il apparaît pour la première fois dans la littérature en 1610, à Bollwiller, Alsace, et s'est propagé depuis par multiplication végétative.
Cet arbre est présent dans de nombreux jardins botaniques et arboretums à travers le monde mais n'a pas été beaucoup cultivé pour son bon fruit de la taille d'un gros abricot.
Cette variété produit des fleurs blanches et des fruits jaunes orangés, mielleux, juteux, excellents à manger, de couleurs vert pâle.
Naissance d'un hybride. Les meilleures variétés fruitières sont des hybrides. Mais les hybrides intergénériques sont plus rares. D'abord appelé poirier rouge, ou " rothbirle " le poirier de ...
..." Le poirier ne peut jamais réussir sur le pommier, ni le pommier sur le poirier. Les greffes d'arbres ne réussissent que sur des arbres ui sont de même espèce ou qui ont une sève conforme"...
..." Pour greffer des Poiriers bons à planter en espalier, contre-espalier, ou en buisson, le plant qui y réussit le mieux est celui du cognassier parce que les arbres sont nains de leur nature et se maintiennent bas fort heureusement. Les poiriers sauvageons n'y sont pas propres, car naturellement ils s'élèvent trop"...
Des variétés donnant des fruits de meilleure qualité apparaissent à la Renaissance. Sous le règne de Louis XIV, plus de 500 variétés de poiriers sont recensées.
Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), créateur du Potager du roi à Versailles, expert en arboriculture, écrit :
..."en matière de fruits l'expérience nous apprend trois choses : pour les fruits d'été, ils doivent être cueillis à mesure qu'ils sont mûrs… Un poirier donne pendant dix ou douze jours et ne passe jamais guère cela"...
..."Les poires demandent qu’on les traite d’une manière douce, délicate et douillette comme si c’était, pour ainsi dire de belles jeunes demoiselles."...
..."J'aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée, tout au moins tendre et délicate, avec une eau douce, sucrée et de bon goût, et surtout quand il s'y rencontre un peu de parfum… en second lieu, à défaut de ces premières, j'aime celle qui ont la chair cassante avec une eau douce et sucrée et quelquefois un peu de parfum… en troisième lieu je fais véritablement cas de celles qui ont un assez grand parfum, mais dont la chair n'est pas extrêmement dure, pierreuse, et pleine de marc"…
Un poirier taillé en "vase de Médicis", une des formes décrite par Jean-Baptiste de la Quintinie dans ses écrits.
Pu Songling (1640-1715) écrivain chinois
Le merveilleux poirier
Nouvelle publiée pour la première fois dans Strange Tales from a Chinese Studio.
..."Dans un village chinois non spécifié, un prêtre taoïste échevelé supplie en vain un vendeur de poires pour une seule poire. Cependant, un passant altruiste propose d'acheter une poire au vieil homme, ce qu'il accepte volontiers. Le taoïste propose alors de rendre la pareille en donnant des poires gratuites à la foule; il enterre le pépin de la poire dans le sol et arrose le sol avec de l'eau bouillante, peu de temps après, un poirier mûr pousse. Après avoir distribué tous les fruits de l'arbre aux passants, le taoïste coupe l'arbre et s'en va. L'avare vendeur de poires, qui avait été rattrapé par le spectacle, se rend à peine compte que toutes ses poires ont disparu - et que sa charrette de fruits a été coupée en morceaux. Se rendant compte que le taoïste avait employé la sorcellerie contre lui, le marchand de fruits se précipite pour le confronter, mais il a disparu sans laisser de trace. Dans son post-scriptum, Pu Songling met en garde contre l'avarice, notant que "les individus (comme le vendeur de poires) sont trop nombreux pour être énumérés séparément, donc l'exemple d'un villageois aussi stupide est tout sauf une surprise."...
XVIII° siècle
Louis Racine (1692-1765) poète français
La religion (page 54 vers 11)
..." Toutes les espèces de poires viennent d'un premier poirier.
Les mêmes pépins produisent des poires différentes,
et la même graine d'une fleur
produit différentes espèces de cette fleur"...
Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803) poète, philosophe et officier militaire français.
L'automne
..."Le poirier en buisson, courbé sous son trésor,
Sur le gazon jauni rouler les globes d'or,"...
1753
Pyrus communis L a été décrit par Carl Linné en 1753 dans "Species plantarum".
L'espèce est présentée sous la forme d'une variété du poirier commun : Pyrus communis var. pyraster.
En 1787
un botaniste allemand Burgsdorff, remonte la variété au niveau de l'espèce pour créer : Pyrus pyraster (L.)
1792
Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792),
Le mois de brumaire est le deuxième mois du calendrier républicain français.
Octobre
Le Soleil entre au Signe du Scorpion
Avant la fin du Jour, la prudente Bergère
De crainte que la Brume égare son troupeau
Le presse de rentrer, portant le faible agneau
Et le bois ramassé pour une Bonne Mère
XIX° siècle
Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), peintre, graveur, éditeur et enseignant belge.
Traité des Arbres et Arbustes que l’on cultive en France en pleine terre (1801–1819)
Original from the New York Public Library.
Pyrus Communis
1827
Nouveau dictionnaire des origines, inventions et découvertes dans les arts, les sciences. Tome 1 /
François Carpentier (1756-1841). Auteur
Poire :
..."Le poirier nous vient du Mont ida ; les poires les plus délicates furent tirées d'Alexandrie, de la Numidie, et de différentes parties de la Grèce.
Il y a bien des espèces de poire, contenues sous différents noms. On prétend que la poire de Saint-Germain a été trouvée dans la forêt de Saint-Germain. La virgoulée a été ainsi nommée du village de Virgoulée, près de Limges, d'où elle nous est venue ; le martin-sec nous fut donné par un nommé Martin ; la poire de Colmar est née apparemment sur le territoire de la ville de ce nom : le bon-chrétien nous a été donné par Saint François de Paule, qu'on surnommait le bon chrétien.
L'humble François de Paule était, par excellence,
Chez nous nommé le bon chrétien ;
Et le fruit dont le saint fit part à notre France
De ce nom emprunta le sien"...
Samuel Palmier (1805–1881) (1805-1881) peintre et graveur anglais
Poirier dans un jardin clos,
vers 1829
Curé d'Ars (1786-1859) prêtre catholique français vénéré par l'Église.disait à propos de la poire :
..."On devrait interdire ce fruit diabolique car il cause de certains débordements du corps et de l’âme et peut engendrer la débauche. Tout bon chrétien devrait la proscrire"...
La poire et les caricatures
La Poire est devenue un symbole symbole de la presse satirique.
Le succès de cet emblème s'est traduit par la prolifération du signe dans toute la France et a contribué au rétablissement, en 1835, d'une censure de la presse.
Disparu un temps, l'emblème de la Poire est réapparu lors de la révolution de 1848, puis à nouveau en 1871 et perdure,
Vers 1815
La Poire était mûre. Anonyme, c. 1815.
Le proverbe, retourné contre l'empereur dans une caricature de 1815 où son profil est découpé dans une feuille.
Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.
"Voulez vous aller faire vos ordures ailleurs polissons"
1832
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.
"Je suis le poiricide Mayeux, tonnerre de D...! vends moi ton éventaire que je le f.... !!!"
1832
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.
Mauvaise charge.
publié en 1832,
Dans le titre le mot "charge" signifie le fardeau que porte le peuple.
1832
J.J. Grandville (1803-1847) caricaturiste, illustrateur et lithographe français.
Réception par les deux poirivores. Grandville, 1832.
Lithographie de Grandville et Forest publiée en novembre 1832,
Dans La Caricature dont le commentaire dit :
"Cette réception, c'est un rêve, un cauchemar poiréiforme (...) Figurez-vous la poire suprême recevant toutes les variétés de l'espèce. À sa droite, je vois (...) la poire à gober se dandiner gauchement à côté du gros martin sec. À la gauche du fruit principal, je vois (...) la poire de Naples. Autrefois je voyais la poire d'amour, elle n'y est plus".
1832
Charles Philipon (1800-1862) dessinateur, lithographe et journaliste français, fondateur de la maison d’édition Aubert, directeur de La Caricature et du Charivari.
Projet d’un monument Expia-poire. Philipon, 1832
décrit par Philipon comme celui d'une "statue au Juste-Milieu" :
à élever sur la place de la révolution, précisément à la place où fut guillotiné Louis XVI
1832
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.
"Ah ! scélérate de poire pourquoi n’es tu pas une vérité !."
Lithographie originale
Mayeux, tient une poire et s’apprête à la couper. Il s’agit d’une allusion parodique aux propos tenus par Louis-Philippe en août 1830 : "La Charte sera désormais une vérité". Mayeux s’insurge contre les atteintes à la liberté de la presse, et se venge sur une poire.
1832
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle
Le Cauchemar de Lafayette
publié dans La Caricature no. 69, 23 février 1832
1832
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle
Mr Montaugibet en pâtissier gâte-sauce montre le ministre Camille de Montalivet en mauvais cuisinier, au visage piriforme, portant un bonnet piriforme et une chemise ornée de poires, qui sert une poire sur laquelle est écrit "état de siège" par référence aux émeutes de juin 1832, garnie d'une sauce aux pruneaux (par référence à Victor Prunelle, maire de Lyon) et au persil (par référence à Jean-Charles Persil, procureur général).
1833
J.J. Grandville (1803-1847) caricaturiste, illustrateur et lithographe français et Deesperret
Élévation de la poire.
Lithographie
Légende :
"Adoremus in aeternum sanctissimum philipoirum."
Paris Musées
1833
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.
"Le Diable emporte les fruits !!"
Mayeux fait allusion sur le mode ironique à cette interprétation en proclamant, à propos du soutien apporté en juillet 1830 par La Fayette à Louis-Philippe :
"Adam nous a perdu par la pomme et La Fayette par la poire".
1833
Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.
"La poire est devenue populaire",
Le voyou employé aux trognons de pommes dans les théâtres des boulevards, la croque sur les murailles pendant ses nombreux loisirs c'est ainsi que Paris s'embellit tous les jours.
1833
Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.
"Les Favoris de la poire" .
Les Favoris de la poire joue sur le double sens du mot "favoris" qui désigne aussi bien les côtelettes royales que deux de ses ministres, d'Argout et Barthe, dont la posture peut indiquer qu'ils cajolent le roi ou qu'ils recherchent sa protection.
1833
Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.
"La Poire et ses pépins"
La Poire et ses pépins de Bouquet en 1833 montre le corps royal tout entier, pris dans sa dimension symbolique, pour représenter un système dont profitent les pépins.
1834
Auteur anonyme
Le Bœuf Gras, février 1834.
1834
La Poire commence à mûrir. Anonyme, 1834.
Caricature publiée en 1834 par Le Charivari où la houppe, les favoris, les yeux et la bouche de Louis-Philippe sont figurés par des insectes.
1834
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.
"Machine législatifère de la monarchie représentative, ornée de ses trois pièces principales et de tous ses menus accessoires",
qui reprend sous la signature de Daumier la représentation du roi en tant que poire dans le bois gravé Les Poires, le clystère est également associé à la figure de la Poire pour symboliser le régime tout entier.
1834
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.
"Pot de vin, arrestations arbitraires, mitraillades, transnoninades, elle couvre tout de son manteau"
1834
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.
Du pain! Garçon ! Une poire pour 221. , 1834.
Se réfère au ministre Charles Dupin et aux 221 députés de la Chambre, assis à l'arrière-plan, auprès desquels le roi se tient debout.
Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIX° siècle.
Caricature
La poire
1831 - 1834
Supplément du numéro suivant de La Caricature,
Charles Philipon (1800-1862) dessinateur, lithographe et journaliste français, fondateur de la maison d’édition Aubert, directeur de La Caricature et du Charivari.
le numéro 56 du 24 novembre 1831, étaient reproduits "les quatre dessins figurant la ressemblance progressive du roi Louis-Philippe, que Philipon a soumis à la Cour d’Assises pour empêcher ses juges de confondre dans une même proscription les différents genres des règnes légal, animal, minéral et végétal" :
Les Poires de Philipon parurent ainsi d’abord en une feuille autographiée (texte et dessins) signée Ch. Philipon, et sous le titre de : Croquades faites à l’audience du 14 novembre.
17 janvier 1834
Les moeurs et la caricature par John Grand-Carteret d'après la page publiée par le Charivari
Les poires de Philipon
1834
La revue Le Charivari publie le 27 février 1834 sur sa couverture le texte du jugement d'un procès contre elle sous la forme d'une poire.
1835
Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,
La poire
Caricature à la plume.
1835
Henri Beyle, plus connu sous le nom de plume de Stendhal (1783-1842) écrivain français,
La poire
Dessin sur le manuscrit du Chasseur vert
1836
Gustave Flaubert (1821-1880) écrivain français
Caricature manuscrite. Bibliographie , folio 18v.
La poire
1848
Anonyme
Lithographie
"Simple résumé de l'histoire de dix sept ans", 1848.
La légende de la première caricature précise :
"Le soleil de Juillet qui l'avait trop mûrie et dorée, en avait fait une Poire grasse, l'orage de Février la fit Poire molle, ce qui prouve qu'elle n'était pas de conserve."
1848
Anonyme
"La poire tapée"
Référence humoristique à une expression désignant une technique de conservation des poires par séchage) qui fuit une foule en colère tandis que des pièces d'or s'échappent de son sac.
1871
Alfred Le Petit, (Alfred Le Grand, Caporal ou Zut 1841-1909) peintre, caricaturiste et photographe français.
Fleurs fruits et légumes du jour. Zut, 1871.
Caricature publiée dans le contexte des élections de 1871 et rappelle le rôle joué par Adolphe Thiers durant la monarchie de Juillet dont elles exploitent l'emblème. Thiers propose au spectateur la Poire tandis que les héritiers de Louis-Philippe, représentés par cinq autres poires, sont présentes à l'arrière-plan.
Charles V. Bond (1825-1864) peintre américain
(1856)
Nature morte fruit, oiseau et poirier nain
19° siècle
Édouard Manet (1832-1883) peintre et graveur français
Jeune garçon épluchant une poire
Le garçon qui épluche la poire est Léon Koëlla Leenhoff, le fils de Suzanne Leenhoff, la femme de Manet.
1872
Camille Pissarro (1830-1903) peintre impressionniste puis néo-impressionniste franco-danois.
collection privée
Pommes et poires dans un panier rond 1872
1860
Alfred A. Hoffy (1796–1872) était un lithographe et illustrateur botanique américain du milieu du XIXe siècle qui a fondé le premier périodique américain consacré uniquement à la culture.
Hoffy's North American Pomologist, 1860.
Lithographie des fruits.
poire
Charles Deulin (1827-1877) romancier, journaliste et critique dramatique français.
Le poirier de misère
Claude Monet (1840-1926) peintre français
1876
Paul Gauguin (1848-1903) peintre postimpressionniste français.
Poires et raisins
1878
Paul Cézanne (1839-1906) peintre français
trois poires
Three Pears (c. 1878-79) National Gallery, Washington DC
(Collection of Mr. & Mrs. Paul Mellon)
19° siècle
Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.
Nature morte aux poires
Collections nationales de Dresde
1882
Angelo de Gubernatis (1840-1913), écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien.
La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2
(C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
..."POIRIER. — Cet arbre a souvent pris un aspect sinistre devant l’imagination populaire, probablement à cause de son bois qui pourrit facilement et qui craque, ou peut-être des vers qui rongent la poire. Le Chasseur bossu, personnage démoniaque d’une légende suisse que l’on raconte entre Wildegg et Lupfig, joue de mauvais tours sur un poirier sauvage ; il s’y pendit lui-même, et il y pendit les siens. L’évêque Amator, dit Girard de Rialle, fit arracher et brûler un poirier d’Auxerre, auquel tous les chasseurs des environs apportaient les têtes des bêtes qu’ils tuaient"...
Dans le département de l’Orne, pour chasser les mauvais esprits qui attaquent les pommes et les poires, on brûle la mousse du tronc et des branches, et on chante :
Taupes et mulots, sortez de mon enclos,
Ou je vous brûlerai la barbe et les os.
Bonjour, les rois, jusqu’à douze mois.
Douze mois passés, rois, revenez.
Charge, pommier ; charge, poirier !
A chaque petite branchette,
Tout plein ma grande souchette.
A Valenciennes, les enfants courent les rues avec des flambeaux, en criant :
Bour, peumes, poires,
Des cerises noires, etc.
D’après une légende de la Thuringe, citée par Mannhardt, (Baumkultus der Germanen, I, 146), une vache enflammée se changea d’abord en poirier, et ensuite en vieille femme.
Cette légende figure trois saisons de l’année : l’été enflammé devient poirier en automne, et vieille femme, c’est-à-dire stérile, dans la saison d’hiver. (Pylus, croyant échapper à Héraclès, se transforme inutilement en un poirier.)
Dans l’Argovie, en Suisse, lorsqu’un garçon est né, on plante un pommier ; et pour une fille, un poirier. Le poirier est donc considéré comme inférieur au pommier, peut-être parce que son bois et son fruit se corrompent plus facilement, à cause de la carie qui les ronge.
C’est pourquoi, en Allemagne, le peuple tourmenté par le mal de dents, s’en prend au poirier :
Birnblaum, ich klage dir ;
Drei Würmer die stechen mir,
Der eine ist grau,
Der andere ist blau,
Der dritte ist rot,
Ich wollte wünschen sie wären alle drei todt.
Dans les proverbes populaires, l’ours paraît comme l’ami des poires ; il s’en approprie la plus grande quantité, de manière que toute société faite avec l’ours pour le partage des poires devient trompeuse.
Dans l’ancienne "Rappresentazioae del Figliuol Prodigo", un compagnon de l’enfant prodigue, dit déjà :
Già, disse l’orso, e’ fia di molte pere :
El tempo pur lo fece poi mentire.
Le proverbe toscan de nos jours dit :
"Chi divide le pere con l’orso, n’ha sempre men che parte."
Le proverbe des paysans espagnols a remplacé l’ours par le maître, et recommande de ne jamais partager avec lui des poires ni sérieusement, ni par jeu. Les contes populaires piémontais, lorsqu’ils finissent par des noces, concluent par cette plaisanterie traditionnelle :
"A l’an fait tante nosse e tanti spatüss, mi i jera daré de l’üss e a l’an gnanca dame na fetta d’prüss."
(Ils ont fait maintes noces et maintes réjouissances ; je me trouvais derrière la porte, et je n’ai pas même reçu une tranche de poire."
La poire était souvent un symbole érotique chez les anciens ; si on taillait des statues de Hera en bois de poirier, la poire était spécialement consacrée à Aphrodite. Columelle connaissait une espèce de poire que l’on appelait pira venerea (la poire d’amour française ?). Un conte breton de Luzel fait mention d’un poirier aux poires d’or. Mais, en général, le poirier n’occupa pas beaucoup l’imagination populaire, qui l’a craint quelquefois, mais rarement en fit l’objet d’un culte. Un paysan sicilien, voyant qu’avec le bois d’un poirier stérile on allait façonner un crucifix, lui lança ce vers comique :
Pira ’un facisti e mraculi vôi fari ?
(Tu n’as pas fait des poires et tu veux faire des miracle ?)
1888
Vincent Van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.
Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français,
Album Zutique
Jeune goinfre
Casquette,
De moire,
Quéquette
D’ivoire,
Toilette
Très noire,
Paul guette
L’armoire,
Projette
Languette
Sur poire,
S’apprête,
Baguette,
Et foire.
1885
Livre original :
Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne
Illustration Pyrus communis
Camille Jacob Pissarro (1830-1903)
Peintre impressionniste puis néo-impressionniste franco-danois.
Poiriers et fleurs à Eragny, matin, 1886
Amédée Masclef (1858-1916) abbé et botaniste français, connu pour son ouvrage Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales publié en 1891 à Paris, en trois volumes de 400 planches, et réédité en 1893.
Atlas des plantes de France. 1891
Pyrus communis L.
Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français,
La Fortune des Rougon ne laissent personne indifférent :
..."Une des curiosités de ce champ était alors des poiriers aux bras tordus, aux nœuds monstrueux, dont pas une ménagère de Plassans n’aurait voulu cueillir les fruits énormes. Dans la ville, on parlait de ces fruits avec des grimaces de dégoût ; mais les gamins du faubourg n’avaient pas de ces délicatesses, et ils escaladaient la muraille, par bandes, le soir, au crépuscule, pour aller voler les poires, avant même qu’elles fussent mûres.
La vie ardente des herbes et des arbres eut bientôt dévoré toute la mort de l’ancien cimetière Saint-Mittre ; la pourriture humaine fut mangée avidement par les fleurs et les fruits, et il arriva qu’on ne sentit plus, en passant le long de ce cloaque, que les senteurs pénétrantes des giroflées sauvages. Ce fut l’affaire de quelques étés.
Vers ce temps, la ville songea à tirer parti de ce bien communal, qui dormait inutile. On abattit les murs longeant la route et l’impasse, on arracha les herbes et les poiriers. Puis on déménagea le cimetière. Le sol fut fouillé à plusieurs mètres, et l’on amoncela, dans un coin, les ossements que la terre voulut bien rendre. Pendant près d’un mois, les gamins, qui pleuraient les poiriers, jouèrent aux boules avec des crânes ; de mauvais plaisants pendirent, une nuit, des fémurs et des tibias à tous les cordons de sonnette de la ville. Ce scandale, dont Plassans garde encore le souvenir, ne cessa que le jour où l’on se décida à aller jeter le tas d’os au fond d’un trou creusé dans le nouveau cimetière."...
Publicités du savon Pears (des poires)
Le savon transparent Pears a été produit et vendu pour la première fois en 1807 par Andrew Pears dans une usine juste à côté d'Oxford Street à Londres, en Angleterre.
C'était le premier savon translucide grand public au monde. Sous la direction de Thomas J. Barratt, qui a épousé Mary Pears, la fille aînée de Francis Pears en 1865, petit-fils d'Andrew Pears, A. & F. Pears ont lancé un certain nombre d'innovations dans les ventes et le marketing.
1885
Publicité Savon des poires
Actrice Mary Anderson
1886
Pears soap
Savon des Poires -
Publicité de 1886
1887
Pears soap
Savon des Poires
Publicité Lillie Langtry
1888
L'exposition du centenaire de Melbourne du 27 octobre 1888 savon poires
"Pears soap"
The Sydney Mail and New South Wales Advertiser (NSW : 1871 - 1912),
1888
Exposition du centenaire de Melbourne de 1888 pour le savon Pears :
savon Pears a utilisé la statue la plus célèbre de Giovanni Focardi nommée You dirty boy !
1890
Savon des poires
Publicité
Australian Town and Country Journal (Sydney, NSW : 1870-1907)
1890
Savon des poires
Des moines se rasent avec le savon à raser de Pears tel qu'approuvé par Sir Erasmus Wilson.
Lithographie d'après H. Stacy Marks. (1829-1898)
1895
Suspense de Charles Burton Barber -
Publicité savon des poires
1893
Visite de la Reine Charlotte en chaise à porteur pour l'achat de savon des poires pour son teint. (1893, 8 avril ).
Australian Town and Country Journal (Sydney, NSW : 1870-1907),
19°siècle
Pears soap
Le bain - savon des poires
peinture originale
19° siècle
Vintage Pears Soap peinture originale
Poster Métal Art Mural Retro Savon poire
Pears soap from original painting
D. H. Lawrence (1885-1930) est un écrivain et poète britannique
Fleurs de poirier
Les fleurs de poirier forment une fontaine d'écume
Au bout de ta chaumière, don retombent
Les embruns et les jets d'écume
Les fleurs contre ta vitre
Font les "marionnettes". Pointe en peignant
Ta chevelure, pointe ton nez dans l'allée !
Cette année-là, à l'éclosion des poires, mon délice
Quand tu t'es glissée nue sur moi,
Tes petits seins pendant comme des touffes blanches
De fleurs de poirier ! Et ce petit genou
Bien planté dans ma poitrine quand tu t'es étirée
Vers la fenêtre et le poirier blanc !
Et, nue, tu t'es reglissée sur moi,
Etendu sur le lit, tu t'es assise, les fleurs sur les cuisses.
Et tu m'as regardé
Et, comme, allongé, je te regardais dan les yeux,
Tu as pleuré, et fait frémir le lit sous moi.
J'en défaillais de surprise -
Elle me terrifie la fleur de poirier
Ronde et blanche comme un sein menu
Avec une aréole rouge en son milieu.
Mon Dieu, dire que cela est à jamais révolu,
Que tu as disparu pour toujours,
Te penser morte me terrifie.
XIX° siècle
La plupart des variétés actuellement cultivées sont issues de sélections réalisées au 19° siècle.
François Fabié (1846-1928) - Poète régionaliste, romancier et dramaturge
Berger d'abeilles
Berger d'abeilles, je le fus,
A huit ans, la-bas, chez mon père,
Lorsque son vieux rucher prospère
Chantait sous ses poiriers touffus.
Anna Ancher (1859-1935) peintre danoise
Poirier dans la cour avant
1886
"Cultiver des poires" également traduit par "planter un poirier", "semer des poires" et "le merveilleux poirier ", est une courte histoire de Pu Songling , d'abord publiée dans Strange Tales from a Chinese Studio . Situé dans la Chine ancienne, l'histoire tourne autour d'un vendeur de poires avare et d'un prêtre taoïste .
Illustration d'une scène de la nouvelle "Growing Pears" (fais pousser tes poires) (Zhongli)
Marcel Proust (1871-1922) écrivain français,
A la recherche du temps perdu,
..." Les maisons étaient sordides. Mais à côté des plus misérables, de celles qui avaient un air d’avoir été brulées par une pluie de salpêtre, un mystérieux voyageur, arrêté pour un jour dans la cité maudite, un ange resplendissant de tenait debout, étendant largement, sur elle l’éblouissante protection de ses ailes d’innocence : c’était un poirier en fleurs"...
XX° siècle
1903
Gustav Klimt (1862-1918) peintre symboliste autrichien
ou sauvageons, donnent aussi leurs fruits, plus petits,
plus coriaces, de saveur agréable pourtant à maturité
et qui font les délices des écoliers en vacances"...
1907
Maurice Barrès (1862-1923) écrivain et homme politique français
Mes cahiers
tome 6, 1907, p.95
..."Dans des fourrés inextricables d'orties et d'arbustes à baies blanches il y a, je le crois plus que je ne l'ai vu, trois dalles, trois tombes des Mahis. Un poirier penché dessus y égrène ses poires"...
Nathan Katz (1892-1981) poète et dramaturge alsacien
Suite de la série 'poésie botanique', avec une tentative de traduction d'un poème issu du premier recueil d'H. D., Sea garden, 1916. Poussière d'argent, Levée depuis la terre, Plus haut que ...
Colette(1873-1954) femme de lettres, actrice et journaliste française.
La Maison de Claudine
..."La chambre des jeunes mariés... Une armoire de poirier noir, énorme, opprime cette chambre basse aux murs blancs, écrase entre elle et le lit une chaise de paille"...
Vette de Fonclare (1937) écrivaine et poétesse française.
La poire
Sa bedaine renflée est parfois un peu molle :
Ne la tâtez pas trop, vous allez la taler !
Est-elle jaune-beige ? Est-elle beige-jaune
Comme les rayons blonds de la fin de l’été ?
Bonne bouille dorée aux bajoues éboulées,
Elle a la forme outrée d’une caricature,
Telle un Louis-Philippe aux gros traits effacés ;
Et c’est encor bien pis quand elle est un peu mûre.
Sa peau jaune est épaisse et il faut la peler !
Mais quand c’est fait : miracle ! Une crème fondante
Se répand sur la langue en un doux velouté
Sucré comme il le faut. La poire est succulente,
Juteuse et délicate, et sa chair toute blanche
A une texture tendre et douce sous les dents.
La grosse piroïde a bien pris sa revanche
Car ce n’est pas un fruit, c’est un enchantement !
1940
Cicely Mary Barker (1895-1973) illustratrice britannique
La fée des fleurs de poirier
Chantez, chantez, chantez, merles !
Chante, belle grive !
C'est le printemps, le printemps, le printemps ;
alors chante, chante, chante,
De l'aube jusqu'à ce que les étoiles disent "chut".
Regarde, vois, vois la fleur
Sur le poirier qui brille d'un blanc éclatant !
Il tombera comme neige, mais les poires pousseront
Robert Ranke Graves (1895-1985) poète et romancier britannique.
Les Mythes celtes, la Déesse blanche (1948),
..."Le bois de poirier est si ardent qu'on l'utilise souvent dans les Balkans à la place du cornouiller pour allumer le feu rituel". Il en déduit que les noms des arbres fruitiers ont été substitués dans le Combat des arbres "aux noms des neuf essences forestières qui prirent part à l'engagement."...
Michèle Bernard (1947) auteure-compositrice-interprète française
Conte musical
Livret
Musique de Michèle Bernard, arrangements de Jean-Luc Michel
Texte de Michèle Bernard, Jean-Claude Touzeil, et Paul Lefèvre-Géraldy
01. Vieux poirier
02. Il fait jaillir des fleurs
03. Le type au tracteur rouge
04. Il est une île
05. Le renard
06. I E A U O oiseau
07. Maillots jaunes et fourmis rouges
08. On fabrique des bretelles
09. La nature c’est pas joli
10. Ma balançoire
11. Le poirier de Misère – L’Étranger
12. Le poirier de Misère – Le Génie
13. Le poirier de Misère – La Mort
14. Le poirier de Misère – La Mort (fin)
15. Chanson des poires
16. Dans les branches
17. Fleur de poirier
18. Courrier
Michèle Bernard (1947) auteure française et Jean-Claude Touzeil (1946) poète français
Extrait du conte musical
Vieux poirier
Vieux poirier
On ne sait pas qui t’a semé
Le vent peut-être
Vieux poirier
On ne sait pas qui t’a planté
Devant ma fenêtre
Tu as dû échapper
Aux dents des bêtes
À l’orage, à la tempête
Tu as dû échapper
Aux bûcherons
Aux pucerons
Tu n’es pas au Japon
Une aquarelle
Ni chez un bonze au Tibet
Tu es en Normandie
Chez un poète
C’est bien plus près
Bien des gens sont passés
Par ta prairie
Et tu te souviens de tout
Chaque poire une histoire
Un bout de vie
Raconte-nous
Michèle Bernard (1947) auteure française et Jean-Claude Touzeil (1946) poète français
Marcelle Delpastre (1925-1998) poète limousine de langue occitane et française.
Le Poirier
Il est mort, le poirier des petites poires jaunes. Il est mort sec. Jamais n’y remontera la sève. De feuille ni de fleur il n’en reviendra pas.
Je me souviens de l’arbre tel qu’il était. Les branches qui pendaient jusqu’à terre en guirlande de fruits. Les petites poires, je m’en souviens.
À peine changeaient-ils de couleur, il m’en fallait, encore aigres – ils sont doux, pourtant, de chair plus ferme et plus sucrés que les agousts, les premiers de l’année. Encore quelques jours, ils tombaient en tas, dans le soleil, et le parfum qui en montait !
Les frelons y vrombissaient, tête rouge et corps de miel, les papillons peints comme des émaux, de soie, de ciel – de lune verte.
Ce poirier – ce poirier – quand il me revient en mémoire, j’ai mon enfance au bord des dents, le sang de ma jeunesse sur la langue.
Gilbert Pommier (1960) Poète, musicien et psychomotricien
Extrait de: Confidences
Sonnets
..."Laisse poire tomber de secrète volupté
Dans la bouche fondante d’une sangsue alitée ;"...
Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du
Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée 1982),
..."La fleur du poirier est parfois utilisée en Chine comme symbole de deuil, parce qu'elle est blanche, et surtout comme symbole du caractère éphémère de l'existence, car elle dure peu, et est d'une extrême fragilité.
Dans les rêves, la poire est un symbole typiquement érotique, plein de sensualité. Ceci est probablement dû à sa saveur douce, à son abondance de suc, mais aussi à sa forme qui évoque quelque chose de féminin."...
1985
Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques
1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987,
le Poirier (Pirus communis) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Féminin
Planète : Vénus
Élément : Eau
Divinités :
Héra-Junon ; Aphrodite-Vénus
Pouvoirs :
Désir sexuel ; Pouvoirs psychiques.
Utilisation rituelle :
Cet arbre était consacré à Héra, et les premiers xoanons de cette déesse à Argos étaient en bois de cette essence.
La poire, comme le coing, a longtemps été un fruit dédié à Vénus ; on l'utilisait dans les charmes d'amour. Athénée décrit le char d'Aphrodite rempli de roses, de myrtes et de poires.
Utilisation magique :
Une pratique de divination par le bois de cet arbre est mentionnée par Strabon. Les Avares du Bosphore faisaient des marques aux tronçons d'une branche de Poirier qu'ils avaient débitée, et ces morceaux étaient jetés pêle-mêle, au hasard, sur une étoffe blanche. On se penchait alors sur le résultat et l'on tirait de la position des marques des indications pour les événements à venir. Cette coutume est à rapprocher des rites de figuration symbolique, appelés runes, employés chez les Scandinaves et les Germains jusqu'au V e siècle. Ces figurines rudimentaires étaient souvent taillées dans des bâtons en Poirier sauvage. On leur attribuait une vertu préservatrice contre les maladies, les accidents, les dangers de toute sorte.
Quant à la poire, elle a été utilisée sous toutes ses formes - crue, cuite, séchée, pelure, jus, pépins et même la queue - dans les charmes d'amour-attachement.
Le bois de Poirier est actuellement l'un des plus recherchés pour fabriquer les baguettes magiques.
Michel Cazenave (1942) écrivain et poète
dans son Encyclopédie des symboles (1989).
dans la symbolique analytique écrit :
La forme évasée vers le bas de la poire évoque la silhouette d’une femme au large bassin, et c’est pourquoi ce fruit possède une signification sexuelle
Alain Hannecart, poète français
Portraits de poires
Tant il est gorgé d’eau tant il donne à boire
Ce fruit délicieux porte le nom de poire
Ainsi qu’un sein gonflé que l’on mène au palais
Il faut le suçoter pour qu’il donne son lait
Il suffit simplement de lui ôter sa peau
Pour qu’une eau savoureuse vous coule entre les doigts
Vive comme la source qui court à travers bois
Semblable à ces naïades qui enchantait Sappho
Qu’elle mûrisse au verger ou dans un murissoir
Ainsi qu’un enfant joue sur une balançoire
A trop passer ses heures sur le fil du rasoir
Un jour elle finira par se fendre la poire
Elle murit sagement avec gravité
Ainsi qu’une petite cloche sans jamais s’agiter
Détachée désormais des pesanteurs terrestres
Elle vous donne son âme d’une blancheur de neige
XXI° siècle
2003
Petra Sonnenberg auteur
Les Forces spirituelles des arbres (Édition Véga, 2003),
Devise du poirier, pyrus communis :
- conjuration, trahison et égoïsme sont des ennemis malhonnêtes...
Visualisation, rayonnement et caractère :
- charme, nature morte, renouveau, fiabilité sont quelques un des aspects évoqués par le poirier. Il semble en effet un arbre relativement peu compliqué et très ouvert aux contacts.
Jacques Darras (1939) poète français
Poème publié dans l’anthologie
Une salve d’avenir.
L’espoir, anthologie poétique,
parue chez Gallimard en Mars 2004
Les poires
est-ce pomme
est-ce poire
le fruit défendu
(le fruit d’Ève fendue)
qu’Adam consomma
toutes lèvres confondues
au verger des plantes
Dieu a répondu :
c’est le fruit du pêcher
c’est la pêche charnue
qu’en mon jardin j’ente
-les pommiers sont déçus
les poires déshespérues
Denis Brihat, Photographe (1958-2011)
La poire
Gillian Kemp
La Magie des arbres,
"les arbres du ciel"
..."Les jolis bouquets de fleurs blanches que montre le poirier en mai pourraient fort bien représenter la réalisation de vos désirs, notamment dans la sphère privée.
Le poirier, de par la forme de son fruit, est en relation avec le monde féminin : consolidation des liens affectifs et amoureux, associations fructueuses, vous allez être comblé sur le plan relationnel. Vous pouvez envisager l'avenir avec sérénité et faire des projets à long terme. Vous devriez recevoir bientôt un gage d'amour ou de fidélité. De tous les fruitiers, le poirier est celui qui vit le plus longtemps, deux cents à deux cent cinquante ans : attendez-vous à beaucoup de bonheur !"...
2013
Jean-Baptiste de Panafieu,
auteur de Champignons
(collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013),
..."La poire a été très longtemps considérée comme l'antidote idéal pour les champignons, pour leur cuisson mais aussi en cas d'empoisonnement. Il fallait donc les cuire avec des poires, si possible sauvages et amères, et finir le repas avec les mêmes fruits, accompagné de bon vin en quantité "car il a en telle matière vertu tyriacalle", c'est-à-dire de contrepoison."...
"Puisque ainsi est que les hommes ne s'en peuvent abstenir, au moins qu'ils apprennent pour se garder d'en mourir, de n'en manger point s'ils ne sont cuits avec des poires sauvages." (Matthiole, 1505)."...
2014
La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire
Livre de : David Alliot - Philippe Charlier - Olivier Chaumelle - Frédéric Chef - Bruno Fuligni - Bruno Léandri
la mort de Julien Offray de La Mettrie (1709-1751).
ses dernières volontés :
..."La Mettrie avait souhaité être enterré dans le jardin de l'ambassade, façon pour lui de retrouver la France, et qu'on plante sur sa fosse un poirier, qu'il comptait nourrir de sa matière organique...
Ce testament impie ne sera pas respecté : on inhume La Mettrie dans l'enceinte d'une église catholique "où il est tout étonné d'être", ironise Voltaire dans une lettre du 14 novembre."...
Johannes Kühn (1934) poète, dramaturge, écrivain allemand.
À qui appartient ce long cortège de nuages blancs
Traduit de l'allemand par Joël Vincent
Cheyne, 2015
Le poirier au vent d'automne
Il croule presque sous le poids
des poires mûres,
d'être si garni.
Il gémit au vent d'automne,
appelle à une délivrance
de ses tourments.
C'est qu'il n'était pas apprécié
du temps de la floraison
dans le bonheur des bruissements
plein de candeur de mars
comme aujourd'hui avec ses fruits
gorgés d'odeurs sucrées.
Et on va le secouer, jure l'agriculteur,
à en remplir à la file sacs et paniers
par des mains adroites.
Seront
tous comblés et joyeux
ceux qui habitent le même toit que lui.
Les fruits étalés, on va les cuire
dans un chaudron en cuivre.
Les flammes chaufferont le tout.
En l'honneur de l'aïeul
qui a planté l'arbre,
et pour le remercier, on placera
sur sa tombe dans un vase décoré
les dernières fleurs du jardin.
Pierre Adam et Martial Debriffe,
Conte-moi les Alpes (Éditions de Borée, 2015)
La légende de Jean de Tube :
[...] Pour un beau verger, c'était un beau verger ! Dans le pays on l'appelait couramment le Pré de Tube. Encore un nom fameux ! Les arbres y poussaient avec tant de vigueur, les troncs étaient si puissants, si épais, si énormes qu'on y appelait les poiriers des poirières, pour mieux en montrer la grosseur, apanage des maternités.
Sur ces arbres mûrissaient des fruits aux noms savoureux : la royale qui est le mets des princes et des rois, la louis-bonne, juteuse, et le martin-sec ; la poire de livre, très précoce ; ou peut-être encore des variétés plus rustiques : la poire de pâte, toujours appréciée parce qu'elle est la première à être mûre, le brunachon, excellent à cuire dans la cendre, ou le michellon, tout rond et acide, fruits mi-sauvages et mi-civilisés ; l'aigre-doux et la poire de bon-chrétien ; et par dessus-tout, cette chose, la meilleure de toutes, celle à quoi l'on ne connaît au monde qu'un seul équivalent pour l'excellence, le velouté, la douceur de carnation, et que pour ce motif l'on a dénommée la cuisse-dame. Tout cela mûrit bien et fait bonne récolte, les casses de Faudon étant situées à l'Adroit. Ajoutez-y des eaux fraîches et bondissantes sous la mousse des ruisseaux, de l'ombre,de la verdure, et tout autour le désert tourmenté des roches et des pierres. Le Pré de Tube était l'oasis désirée, le refuge providentiel. Aussi les diablotins prirent-ils fantaisie de s'y arrêter pour y boire et pour y manger quelques fruits.
Ç'allait être au tour de Jean de Tube à faire des expériences et de méditer sur la vérité des proverbes populaires. Le commun des mortels a beau se moquer du diable, les bons Alpins en la circonstance avaient beau le prendre pour leur tête de Turc, tout de même il demeurait fort... comme un Turc et Mgr de Gap qui, au fond, n'était qu'à demi rassuré, donna sans hésiter à son escorte la permission demandée.
Alors ce fut, comme l'on dit "de la belle ouvrage".
Représentez-vous les dégâts que peuvent causer, lorsqu'ils ont la bride sur le cou, dans un verger bien soigné où les poires juteuses achèvent de jaunir, plusieurs centaines de diablotins. Ils allèrent droit aux meilleurs fruits, dédaignant les michellons et les brunachons encore acides, passèrent sans regarder les aigres-doux, se régalèrent de poires de libres, de royales, de cuisses-dame et de louises-bonnes, puis se livrèrent des combats épiques avec les poires de bon-chrétien. Jean de Tube en un instant, avait vu disparaître, engloutir et gaspiller sa récolte d'un an. Sa peine était grande, mais le gros de la population ne le plaignait pas trop, car on ne l'aimait guère avec sa manie de toujours calculer en dessous, de combiner, de chicaner, de mêler les poux à la paille ; certains étaient même satisfaits de le trouver en difficulté. Hélas ! le pauvre homme n'avait encore rien vu. En un clin d’œil les diablotins consommèrent leur œuvre...
Ils arrachèrent les arbres, en telle sorte que la racine resta en haut et la terre fut toute bouleversée. Cette fois c'était la ruine pour Jean de Tube. Les démons libérés continuèrent pendant neuf années leur infernale sarabande dans les casses de Faudon. Il fallut un grand concours de prières publiques d'exorcismes e de processions pour en purger l'endroit. Mais depuis lors, ces lieux maudits n'ont rien produit. Le Pré de Tube n'a plus d'herbe et les arbres fruitiers ont été remplacées par des ronces, des églantiers et des buissons d'aubépines.
Chose curieuse, nous dit Juvénis qui, voici longtemps, a narré cette histoire : "Depuis ce temps-là on entendit remuer dans cet abîme desdites casses et les bouleverser tellement que la terre s'abîme et la source qui en sort devenir noire." On s'explique la terreur des gens de La Bâtie-Neuve, témoins oculaires de ces prodiges : les uns avaient pris la fuite en poussant des cris épouvantables, d'autres sur place moururent d'effroi et d'horreur."
Gilbert Pommier (1960) Poète, musicien
Confidences,
Laisse poire tomber
Laisse poire tomber de secrète volupté
Dans la bouche fondante d’une sangsue alitée ;
Sur un nid de pierre en copeaux débités
Un coq de bruyère s’est demain allongé.
Est-ce passe intime par tes mains cha(t)-hut(t)ée,
...Un très solide poirier domestique hors catégorie, une belle écorce crénelée
une hauteur frôlant les 16,5 m et plusieurs circonférences : 5,40 m à 1 m du sol / 5,57 m à 1,50 m / et 2,50 m pour la base de la plus grosse branche maîtresse...
Lorsque nous nous étions rejoint à Niort pour le festival de la biodiversité [1], Sisley avait ramené quelques photos d'un poirier fantastique rencontré lors d'une virée en Allemagne, et nous...
- "Garder une poire pour la soif" (se ménager quelque chose pour les besoins à venir)
- "Quand la poire est mûre il faut qu'elle tombe" (l’occasion est favorable)
- "Ne pas promettre de poires molles" (menacer violemment, la certitude que ça allait chauffer et qu’on en prendrait pour son grade, une forte sanction allait tomber).
- "Faire avaler des poires d’angoisse" (provoquer du chagrin, signifie actuellement vivre une situation très pénible. En réalité, au Moyen-Âge, une poire d'angoisse est un objet lié à la pratique de la torture alors très courante. Bien souvent, lorsque le présumé coupable se faisait supplicier, il ne pouvait s'empêcher de hurler).
Une poire d'angoisse datant des années 1600.
- "Couper la poire en deux" (faire des compromis ; choisir une position médiane.)
- "Entre la poire et le fromage" (A l'origine, l'expression signifiait donc "vers la fin du repas", c'est-à-dire à un moment où l'on commence à être repu et détendu, un instant plus convivial et propice aux discussions, moment du repas où les langues se délient)
- "Entre le fromage et la poire" (Chacun dit sa chanson à boire selon un adage d’origine médiévale.
- "Faire sa poire" (Faire des façons, prétentieux, fier, se donner des grands airs).
- "Une poire", "Une bonne poire" (désigne généralement celui qui se fait gruger, : "Tu me prends pour une poire ?".)
Traditions et Légendes sur la poire
- Un mariage dans l’année si tu épluches ta poire en un seul ruban de peau. Et le nombre de tours que tu as fait pour l’éplucher est une prédiction du nombre d’enfants que tu auras.
- Si le soir de Noël une jeune fille se dirige à reculons vers un poirier en fait neuf fois le tour, elle verra son futur époux.
- On dit que le poirier attire la foudre.
- Une poire dans la chambre d’une femme enceinte protège sa grossesse dans les premiers mois.
- Dans de nombreuses légendes coréennes, la poire donne la fertilité aux femmes. Il confère également la sagesse et la santé.
- Au Japon et en Chine, le poirier est symbole de longévité, mais ces fleurs ont une autre signification. Les fleurs de poirier sont symbole de deuil, parce qu’elles sont blanches et que le blanc est la couleur du deuil dans les cultures japonaises et chinoises, mais aussi symbole du caractère fragile, éphémère, de l’existence à cause de leur courte durée de vie.
Langage du poirier
- Symbole d’innocence et de pureté, et de délicatesse
- Prospérité, Bienveillance
- Offrir un poirier, c'est offrir un arbre qui ravit le regard tout au long de l'année.
Les magnifiques fleurs du poirier signalent le retour du printemps, et symbolisent la beauté et la pureté.
En automne, elles sont récompensées par de belles poires juteuses.
Céleste en Papillote * Tous pour la poire ! La poire aux multiples croyances et significations Un mariage dans l'année si tu épluches ta poire en un seul ruban de peau... (hum !) Clip audio : Le...
- Le bois du poirier, très homogène, compact, peut acquérir un beau poli. Il est recherché pour l'ébénisterie, la gravure et la sculpture.
- Il constitue un excellent bois de chauffage.
Utilisation médicinales :
- La poire a des propriétés antioxydantes, laxatives et diurétiques. L’arbre et son fruit figurent parmi les remèdes populaires.
- Les poires, prises régulièrement ont un effet diurétique et favorisent l’élimination des toxines, en plus d’être très nutritives et rafraîchissantes.
- Ses feuilles, en décoction, ont aussi un effet diurétique et anti-inflammatoire.
- Son écorce peut être utilisée en décoction, notamment pour lutter contre la fièvre. Elle est réputée tonique et astringente et a été employée comme fébrifuge.
Utillisation Alimentaire :
- La poire, fruit du poirier, est consommée fraîche ou cuite. Elle est utilisée pour diverses préparations.
- poires au sirop, poire Belle-Hélène, sorbet
- poiré, une boisson alcoolisée pétillante
- alcool de poire, faite à partir de la variété "William"
Utilisation cosmétique :
La poire regorge de vitamines et de minéraux qui préservent la santé et la beauté. Naturellement riche en acides de fruits et antioxydants, la poire ralentit le vieillissement cutané. Ses propriétés antibactériennes en font aussi un véritable allié pour les peaux à problèmes.
La poire : le fruit royal aux deux mille variétés. La poire est le cinquième fruit le plus consommé dans notre pays. Elle se consomme crue ou cuite, sous forme de jus ou séchée. Grâce à l'h...
(d’après les Contes de la bonne graine de Lionel Hignard)
Les poires du pays de Tegor (conte breton)
Il était une fois un roi qui adorait les poires… Il promit de marier sa fille à celui qui lui rapporterait les plus belles poires… Dame Bertrande possédait le plus beau verger du royaume et aussi les plus belles poires. Elle pensa que c’était là l’occasion d’assurer l’avenir de l’un de ses trois fils.
Elle envoya donc l’aîné, Morvan, qui était un gros fainéant avec un plein panier de poires. Se disant que c’était vraiment facile et qu’il allait devenir riche, le voilà parti sur les chemins. Il rencontra une vieille femme :
– Des bons œufs frais pour le roi, lui répondit-il pour se moquer.
– Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle.
Mais arrivé à la Cour du roi, ses belles poires s’étaient transformées en poussins voletant et piaillant. Le Roi en fut énervé… et le menaça du cachot s’il reparaissait devant lui.
Le lendemain, fâchée de l’imbécillité de son fils aîné, Dame Bertrande envoya son cadet, un peu plus malin remplir la mission à son tour. Et, c’est chargé d’un nouveau panier de poires que Brieg prit à son tour le chemin du château… En route, il croisa une mendiante :
– Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle.
– Des crapauds ! Un plein panier de crapauds, la vieille !
Mais lorsqu’il voulut montrer ses belles poires au Roi, voilà que de son panier sortit une ribambelle de crapauds coassant. Le Roi était furieux qu’on se moque de lui et il s’en fallut de peu que le garçon ne soit pendu haut et court !
Dame Bertrande se désola…
– Qui va épouser la Princesse maintenant ?
Erwan, le plus jeune de ses fils s’approcha. Il n’était pas très grand ni très costaud mais il était le moins sot.
– Puisque tu es là, il nous reste encore une chance. Demain, tu iras porter les poires au château.
Le lendemain matin, Erwan cueillit les plus belles poires du verger, les mit dans son panier et prit le chemin du château. En route, il croisa lui aussi une vieille mendiante :
– Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle
– Des poires, ma bonne Dame, dit-il en soulevant le torchon qui couvrait son panier. En voulez-vous une ? lui proposa t-il en lui tendant la plus belle.
– Merci mon garçon, sourit la vieille femme.
Et aussitôt, elle se transforma en une splendide jeune fille qui, de sa baguette dorée, éclaboussa de lumière les fruits qui grossirent, grossirent, grossirent… Lorsque le Roi découvrit ces fruits magnifiques, il fut émerveillé.
Erwan épousa la Princesse et n’oublia pas d’inviter au mariage la jolie fée qui l’avait si bien aidé. Erwan et la Princesse vécurent heureux et eurent beaucoup de ….. poires !
Les Légendes de France contées par les Arbres (2001),
Robert Bourdu,
chapitre :
Le Poirier fraternel
"Les voix qui nous viennent des arbres ne prononcent pas toujours des paroles humaines. Le langage est parfois codé et les idiomes entendus sont compris sans qu'on en connaisse bien le vocabulaire ou la syntaxe. L'arbre est habité parfois d'aimables occupants qui échangent entre eux et avec les hommes des messages qui sont pour une oreille attentive et charitable facilement compréhensibles.
Un très vieux poirier occupe la place centrale d'un village près de Dôle dans le Jura. Le poirier est de tous les arbres fruitiers tempérés l'espèce qui a la plus grande longévité. Il peut vivre bien plus de deux cents ans. Celui-ci est dans ce cas. Il a résisté aux vents violents qui balaient la contrée, protégé sans doute par un moulin tout près duquel il coule une vie paisible. Mais les branches deviennent trop envahissante et menacent la toiture du moulin. Les racines minent les fondations. On décide de l'abattre.
Le propriétaire, armé d'une hache, allait se mettre au travail, quand il aperçut dans la frondaison un petit écureuil. Celui-ci le fixait, penchant gentiment la tête comme pour attirer l'attention et la compréhension de l'homme qui allait mettre à bas son ami de toujours. les regards se croisèrent. L'homme ne bougea pas, des secondes passèrent. L'homme était vaincu. Il reprit ses outils et abandonna son projet. L'arbre et l'écureuil vécurent en paix.
Des années se succédèrent. Le brave homme quitta son moulin. Celui-ci fut vendu. Le nouveau propriétaire décida de se débarrasser au plus vite de ce poirier, laid et encombrant. Il sortit sa tronçonneuse - la légende se modernise - vérifia le niveau du réservoir à carburant et d'un geste vif fit démarrer le bruyant moteur. A ce moment, contrairement à toutes les lois du comportement animal, un oiseau vint se poser sur la plus grosse branche ! L'oiseau était magnifique, noir sur le dos avec de larges taches blanches et, sur la tête, comme une calotte rouge. C'était un pic-épeiche mâle. Son tchik-tchik sonore fit taire la tronçonneuse. L'homme était admiratif, béa, il voulait jouir en silence du spectacle... Et comme l'oiseau ne quittait pas l'arbre, l'homme n'osa pas faire repartir son engin. En silence, il regagna son moulin.
Le vieux poirier est toujours debout : un regard d'écureuil et la voix sonore d'un pic ont eu raison des raisonnements les mieux argumentés. L'arbre est devenu un véritable lieu de rassemblement des lus beaux oiseaux des environs. Un pic-vert semble s'être lié d'amitié avec le pic épeiche, des sitelles grises, la tête en bas, explorent en sautillant les gerçures profondes de l'écorce. Un couple de pies s'isole sur les plus hautes branches pour confectionner un nid spacieux et d'aimables tourterelles inlassablement modulent des roucoulements en roulant indéfiniment les "r"...
Le poirier est sans aucune doute un disciple de François d'Assise qu'on imagine parfois en prière au pied de l'arbre. Les voix et les arbres, les voix dans les arbres parlent une langue dont seuls les savants, les mystiques et les bergères comprennent le sens.
Contes populaires et légendes de Bretagne,
D’après Ernest du Laurens de la Barre (1819-1881) notaire et juge de paix, ainsi qu'un conteur et écrivain breton
Les poires d'or
Il y a bien longtemps, vivait un petit Roi, entre Daoulaz et Logona, qui n’avait pour tout royaume qu’une métairie et aussi un petit courtil avec un beau poirier qui rapportait tous les ans trois poires. Toute la fortune du Roi ! Il avait deux garçons et une demi-douzaine de filles à nourrir. Ce poirier donnait chaque année trois poires d’argent en juillet et d’or en août si on les laissait mûrir. Le tout était de les cueillir à point, mais en voulant attendre toujours le dernier moment pour les cueillir, il les perdait souvent car à la fin elles disparaissaient…
Quand garçons et filles furent en âge, l’aîné Yann dit au cadet Claudik :
- Si tu veux, volons et partons avec les poires !
- Non pas car les poires sont à mon père et à mes sœurs !
- Alors je demanderai une poire pour moi tout seul à mon père !
Malgré son chagrin, le vieux Roi consentit à faire le partage. C’était fin juillet et les poires prenaient une teinte dorée. Yann se mit à monter la garde le premier soir puis le deuxième et le troisième, il s’endormit. A son réveil, une poire avait disparu !
- Cela m’est égal, la mienne y est encore. Ce soir je veillerai mieux cria Yann.
Mais le même scénario se passa pour une deuxième poire et là Claudik pris la parole pour apaiser son frère qui chercher querelle à ses sœurs et à son père pour la dernière poire.
- Ce soir je garderai la poire restante avec un sabre et mon biniou. Je te donnerai la moitié de cette poire.
Et le soir venant au pied du poirier, il se mit à jouer un petit air de biniou pour se donner du cœur.
Jusqu’à minuit, rien puis…
Au dernier coup de minuit, un bras long, long qui s’avançait pour prendre la poire. Et un grand coup de sabre. La main énorme qui tombe avec la poire d’or. Puis un grand cri, un hurlement et puis plus rien. Yann réveillé par les hurlements arriva au courtil.
- Que se passe-t-il ici? demanda t-il.
- Voici la main du voleur et la poire d’or !
- Que comptes-tu faire Claudik ?
- Chercher la main du voleur et la lui rendre car je ne veux pas garder le bien d’autrui ! Et pour la poire nous partagerons.
Claudik se souvint qu’on disait qu’un géant habitait au cœur de la forêt du Kranou non loin d’ici qui passe pour un ogre affamé.
Le lendemain il partit de bon matin à Plougastel chercher le sorcier qui pouvait lui donner un bon onguent pour recoller la main sur son propriétaire. Le lendemain vers midi, Claudik s’en revenait de Plougastel, essoufflé avec dans son sac à biniou la main et la recette du sorcier. Alors il rencontra son frère sur la place de Daoulaz. Quand tout le monde fut rassemblé sur la place, le crieur publia que le Roi-géant de la forêt donnerait sa fille Fleur du Kranou , en mariage à celui qui le guérirait d’une grande blessure.
Yann partit immédiatement sans écouter les conseils de son frère et ne revint pas. Trois jours se passèrent. Inquiet de son frère et voulant tenter l’aventure, Claudik partit pour le château de la forêt avec son sac rempli du biniou, de la main et de la recette du sorcier avec quelques affaires en plus…
Il avait bien pénétré dans la forêt quand il arriva à une maison et une petite vieille qui filait sur le seuil. Une porte ouvrait au passage du château.
- Holà, madame la comtesse de la porte, ouvrez s’il vous plaît, car j’ai une commission pressée pour votre maître !
- Vraiment, mon joli garçon répondit la dame flattée.
- Oui
- Je ne dis pas non mais tu sais tous ceux qui franchissent cette barrière ne repassent jamais !
- J’insiste !
- Comme tu voudras mon garçon, et la vieille curieuse lui demanda ce qu’il portait ainsi sur le dos.
- La main, des remèdes, mon biniou et un beau justin brodé pour vous si je reviens vivant.
La vieille attendrie lui dit alors tout bas :
- Écoute, mon joli sonneur, prends le sentier de ronces et joue un air de musique au pied de la tour pour la princesse qui viendra danser avec toi et tes affaires n’en iront pas plus mal.
Ce qu’il fit, en la remerciant, il s’avançait dans une forêt de plus en plus sombre. Il lui semblait même que la main dans son dos le poussait à avancer. Bientôt il aperçut, au milieu des arbres, les grosses tours du manoir. Et il se mit à jouer. Aussitôt une des lucarnes s’ouvrit : une dame belle comme l’aurore se pencha, lui dit :
- Me voilà !
Claudik se laissa faire. La dame prit son bras gauche pour une danse sous son air de biniou. Bientôt fatigué avec l’énorme main dans son sac, Claudik s’arrêta et demanda à la princesse :
- Madame, présentez moi à votre père le Roi, s’il vous plaît !
- Dansons au moins le bal, car après avoir vu mon père, vous ne pourrez danser de votre vie.
- Oh ! que si, répliqua t-il. J’ai là dans mon sac de quoi me tirer de presse. Je veux guérir votre père et vous épousez ensuite, si vous y consentez, Madame.
- Je le voudrais bien, mais hélas…
- Ayez confiance !
La princesse lui dit alors de le suivre sans parler. Ils passèrent ainsi par des enfilades de salles superbes, pavées de marbre et d’argent, gardées par des lions, des léopards et des dragons. Et beaucoup de poires étincelantes que Claudik reconnut aisément. Devant la salle du Roi, des dragons qui gardaient l’entrée lancèrent des flammes sur le sonneur. Mais dès qu’elles approchaient du sac, elles s’éteignaient à l’instant, par respect apparemment. Fleur du Kranou, ravie, espérait à nouveau ses noces. Tout d’un coup le géant s’éveilla en criant : j’ai faim ! Et aussitôt qu’il eut aperçu Claudik, il ordonna qu’on le mette à la broche avec des pommes de terre.
Mais à peine les cuisiniers et leurs couteaux s’approchaient que les lames se cassèrent en mille morceaux, par respect apparemment. Puis le sonneur ayant gonflé son biniou, joua l’air de la vieille et le bal de recommencer joliment. Tout le monde ne pouvait s’empêcher de danser. Quand Claudik eut fait sa dernière pirouette, il tomba à genoux au pied du géant qui allongea son unique main pour le saisir mais elle fut repoussée comme par enchantement et le géant de hurler :
- Ah! Si j’avais l’autre !
- L’autre? La voici !
Claudik sans la permission, se mit à l’ouvrage comme un chirurgien consommé.
- Es tu sûr que ça soit solide au moins !
- Sûr et certain, mais votre main ne sera bien recollée, Monseigneur, que trois jours après les noces de Fleur du Kranou, avec…
- Avec qui, hurla le géant ?
- Moi-même.
Le géant en eut une attaque épouvantable et mourut. Claudik épousa Fleur du Kranou dans de fortes belles noces. Le poirier d’or fut transplanté au Kranou après la mort de son père, Claudik dota ses sœurs généreusement. Et de ce joli mariage, vint au monde qu’une fille unique, ressemblant à sa mère. Or cela a toujours été ainsi de siècle en siècle, et on dit même qu’en ce temps ci, les jeunes gens à marier veulent encore trouver l’héritière de notre fameux poirier. C’est là, Messieurs, ce que je vous souhaite.
Il y a bien longtemps, vivait un petit Roi, entre Daoulaz et Logona, qui n'avait pour tout royaume qu'une métairie et aussi un petit courtil avec un beau poirier qui rapportait tous les ans trois ...
Charles Deulin (1827- 1877) écrivain, critique et journaliste originaire de France.
Le Poirier de Misère
I
Au temps jadis, il y avait au village de Vicq, sur les bords de l’Escaut, une bonne femme nommée Misère qui allait quémander de porte en porte, et qui paraissait aussi vieille que le péché originel.
En ce temps-là, le village de Vicq ne valait guère mieux qu’un hameau : il croupissait au bord d’un marécage, et on n’y voyait que quelques maigres censes couvertes de joncs.
Misère habitait à l’écart une pauvre cassine en pisé, où elle n’avait pour toute société qu’un chien, qui s’appelait Faro, et pour tout bien qu’un bâton et une besace, que trop souvent elle rapportait aux trois quarts vide.
La vérité est de dire cependant qu’elle possédait encore dans un petit closeau, derrière sa hutte, un arbre, un seul. Cet arbre était un poirier si beau qu’on ne vit jamais rien de tel depuis le fameux pommier du paradis terrestre.
Le seul plaisir que Misère goûtât en ce monde était de manger des fruits de son jardin, c’est-à-dire de son poirier ; malheureusement, les garçonnets du village venaient marauder dans son clos.
Tous les jours que Dieu fait, Misère allait quêter avec Faro ; mais à l’automne Faro restait à la maison pour garder les poires, et c’était un crève-cœur pour tous les deux, car la pauvre femme et le pauvre chien s’aimaient de grande amitié.
II
Or, il vint un hiver où, deux mois durant, il gela à pierre fendre. Il chut ensuite tant de neige que les loups quittèrent les bois et entrèrent dans les maisons. Ce fut une terrible désolation dans le pays, et Misère et Faro en souffrirent plus que les autres.
Un soir que le vent hurbêlait et que la neige tourbillonnait, les malheureux se réchauffaient l’un contre l’autre près de l’âtre éteint, quand on frappa à la porte.
Chaque fois que quelqu’un s’approchait de la chaumine, Faro aboyait avec colère, croyant que c’étaient les petits maraudeurs. Ce soir-là, au contraire, il se mit à japper doucement et à remuer la queue en signe de joie.
"Pour l’amour de Dieu ! fit une voix plaintive, ouvrez à un pauvre homme qui meurt de froid et de faim.
— Haussez le loquet ! cria Misère. Il ne sera point dit que, par un temps pareil, j’aurai laissé dehors une créature du bon Dieu."
L’étranger entra : il paraissait encore plus vieux et plus misérable que Misère, et n’avait pour se couvrir qu’un sarrau bleu en haillons.
"Asseyez-vous, mon brave homme, dit Misère. Vous êtes bien mal tombé, mais j’ai encore de quoi vous réchauffer."
Elle mit au feu sa dernière bûche et donna au vieillard trois morceaux de pain et une poire, qui lui restaient. Bientôt le feu flamba, et le vieillard mangea de grand appétit : or, pendant qu’il mangeait, Faro lui léchait les pieds.
Quand son hôte eut fini, Misère l’enveloppa dans sa vieille couverture de futaine, et le força de se coucher sur sa paillasse, tandis qu’elle-même s’arrangeait pour dormir la tête appuyée sur son escabeau.
Le lendemain, Misère s’éveilla la première :
"Je n’ai plus rien, se dit-elle, et mon hôte va jeûner. Voyons s’il n’y a pas moyen d’aller quêter dans le village."
Elle mit le nez à la porte : la neige avait cessé de choir et il faisait un clair soleil de printemps. Elle se retourna pour prendre son bâton et vit l’étranger debout et prêt à partir.
"Quoi ! vous partez déjà ? dit-elle.
— Ma mission est remplie, répondit l’inconnu, et il faut que j’aille en rendre compte à mon maître. Je ne suis point ce que je parais : je suis saint Wanon, patron de la paroisse de Condé, et j’ai été envoyé par Dieu le Père pour voir comment mes fidèles pratiquent la charité, qui est la première des vertus chrétiennes. J’ai frappé à l’huis du bourgmestre et des bourgeois de Condé, j’ai frappé à l’huis du seigneur et des censiers de Vicq ; le bourgmestre et les bourgeois de Condé, le seigneur et les censiers de Vicq m’ont laissé grelotter à leur porte. Toi seule as eu pitié de mon malheur, et tu étais aussi malheureuse que moi. Dieu va te le rendre : fais un vœu, il s’accomplira."
Misère se signa et tomba à genoux :
"Grand saint Wanon, dit-elle, je ne m’étonne plus que Faro vous ait léché les pieds, mais ce n’est point par intérêt que je fais la charité. D’ailleurs, je n’ai besoin de rien.
— Tu es trop dénuée de toutes choses, dit saint Wanon, pour n’avoir point de désirs. Parle, que veux-tu ?"
Misère se taisait :
"Veux-tu une belle cense avec du blé plein le grenier, du bois plein le bûcher et du pain plein la huche ? Veux-tu des trésors, veux-tu des honneurs ? Veux-tu être duchesse, veux-tu être reine de France ?"
Misère secoua la tête.
Un saint qui se respecte ne doit pas être en reste avec une pauvresse, reprit saint Wanon d’un air piqué. Parle, ou je croirai que tu me refuses par orgueil.
— Puisque vous l’exigez, grand saint Wanon, répondit Misère, j’obéirai. J’ai là, dans mon jardin, un poirier qui me donne de fort belles poires ; par malheur, les jeunes gars du village viennent me les voler, et je suis forcée de laisser le pauvre Faro à la maison pour monter la garde. Faites que quiconque grimpera sur mon poirier n’en puisse descendre sans ma permission.
— Amen ! » dit saint Wanon en souriant de sa naïveté, et, après lui avoir donné sa bénédiction, il se remit en route.
III
La bénédiction de saint Wanon porta bonheur à Misère, et dès lors elle ne rentra plus jamais la mallette vide à la maison. Le printemps succéda à l’hiver, l’été au printemps et l’automne à l’été. Les garçonnets, voyant Misère sortir avec Faro, grimpèrent sur le poirier et remplirent leurs poches ; mais au moment de descendre, ils furent bien attrapés.
Misère, au retour, les trouva perchés sur l’arbre, les y laissa longtemps et lâcha Faro à leurs trousses quand elle voulut bien les délivrer. Ils n’osèrent plus revenir, les Vicquelots eux-mêmes évitèrent de passer près de l’arbre ensorcelé, et Misère et Faro vécurent aussi heureux qu’on peut l’être en ce monde.
Vers la fin de l’automne, Misère se réchauffait un jour au soleil dans son jardin, quand elle entendit une voix qui criait : "Misère ! Misère ! Misère !" Cette voix était si lamentable que la bonne femme se prit à trembler de tous ses membres, et que Faro hurla comme s’il y avait eu un trépassé dans la maison.
Elle se retourna et vit un homme long, maigre, jaune et vieux, vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux aussi longue qu’une perche à houblon. Misère reconnut la Mort.
"Que voulez-vous, l’homme de Dieu, dit-elle d’une voix altérée, et que venez-vous faire avec cette faux ?
— Je viens faire ma besogne. Allons ! ma bonne Misère, ton heure a sonné, il faut me suivre.
— Déjà !
— Déjà ? Mais tu devrais me remercier, toi qui es si pauvre, si vieille et si caduque.
— Pas si pauvre ni si vieille que vous le croyez, notre maître. J’ai du pain dans la huche et du bois au bûcher ; je n’aurai que quatre-vingt-quinze ans à la Chandeleur ; et, quant à être caduque, je suis aussi droite que vous sur mes jambes, soit dit sans affront.
— Va ! tu seras bien mieux en paradis.
— On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne au change, dit philosophiquement Misère. D’ailleurs, cela ferait trop de peine à Faro.
— Faro te suivra. Voyons, décide-toi."
Misère soupira.
"Accordez-moi du moins quelques minutes, que je m’attife un peu : je ne voudrais point faire honte aux gens de là-bas."
La Mort y consentit.
Misère mit sa belle robe d’indienne à fleurs qu’elle avait depuis plus de trente ans, son blanc bonnet et son vieux mantelet de Silésie, tout usé, mais sans trou ni tache, qu’elle ne revêtait qu’aux fêtes carillonnées.
Tout en s’habillant, elle jeta un dernier coup d’œil sur sa chaumière et avisa le poirier. Une idée singulière lui passa par la tête, et elle ne put s’empêcher de sourire.
"Pendant que je m’apprête, voudriez-vous me rendre un service, l’homme de Dieu ? dit-elle à la Mort. Ce serait de monter sur mon poirier et de me cueillir les trois poires qui restent. Je les mangerai en route.
— Soit !" dit la Mort, et il monta sur le poirier.
Il cueillit les trois poires et voulut descendre ; mais, à sa grande surprise, il ne put en venir à bout.
"Hé ! Misère ! cria-t-il, aide-moi donc à descendre. Je crois que ce maudit poirier est ensorcelé."
Misère vint sur le pas de la porte. La Mort faisait des efforts surhumains avec ses longs bras et ses longues jambes ; mais, au fur et à mesure qu’il se détachait de l’arbre, l’arbre, comme s’il eût été vivant, le reprenait et l’embrassait avec ses branches. C’était un spectacle si bouffon, que Misère partit d’un grand éclat de rire.
"Ma foi ! dit-elle, je ne suis point pressée d’aller en paradis. Tu es bien là, mon bonhomme. Restes-y. Le genre humain va me devoir une belle chandelle".
Et Misère ferma sa porte, et laissa la Mort perché sur son poirier.
IV
Au bout d’un mois, comme la Mort ne faisait plus son service, on fut tout étonné de voir qu’il n’y avait eu aucun décès à Vicq, à Fresnes et à Condé. L’étonnement redoubla à la fin du mois suivant, surtout quand on apprit qu’il en était de même à Valenciennes, à Douai, à Lille et dans toute la Flandre.
On n’avait jamais ouï parler de pareille chose, et, lorsque vint la nouvelle année, on connut par l’almanach qu’il en était arrivé autant en France, en Belgique, en Hollande, ainsi que chez les Autrichiens, les Suédois et les Russiens.
L’année passa, et il fut établi que depuis quinze mois il n’y avait point eu dans le monde entier un seul cas de mort. Tous les malades avaient guéri sans que les médecins sussent comment ni pourquoi, ce qui ne les avait point empêchés de se faire honneur de toutes les cures.
Cette année s’écoula comme la précédente, sans décès, et, quand vint la Saint-Sylvestre, d’un bout de la terre à l’autre les hommes s’embrassèrent et se félicitèrent d’être devenus immortels.
On fit des réjouissances publiques, et il y eut en Flandre une fête comme on n’en avait point vu depuis que le monde est monde.
Les bons Flamands n’ayant plus peur de mourir d’indigestion, ni de goutte, ni d’apoplexie, burent et mangèrent tout leur saoul. On calcula qu’en trois jours chaque homme avait mangé une boisselée de grain, sans compter la viande et les légumes, et bu un brassin de bière, sans compter le genièvre et le brandevin.
J’avoue pour ma part que j’ai peine à le croire, mais toujours est-il que jamais le monde ne fut si heureux, et personne ne soupçonnait Misère d’être la cause de cette félicité universelle : Misère ne s’en vantait point, par modestie.
Tout alla bien durant dix, vingt, trente ans ; mais, au bout de trente ans, il ne fut point rare de voir des vieillards de cent dix et cent vingt ans, ce qui est d’ordinaire l’âge de la dernière décrépitude. Or ceux-ci, accablés d’infirmités, la mémoire usée, aveugles et sourds, privés de goût, de tact et d’odorat, devenus insensibles à toute jouissance, commençaient à trouver que l’immortalité n’est point un si grand bienfait qu’on le croyait d’abord.
On les voyait se traîner au soleil, courbés sur leurs bâtons, le front chenu, le chef branlant, les yeux éteints, toussant, crachant, décharnés, rabougris, ratatinés, semblables à d’énormes limaces. Les femmes étaient encore plus horribles que les hommes.
Les vieillards les plus débiles restaient dans leurs lits, et il n’y avait point de maison où l’on ne trouvât cinq ou six lits où geignaient les aïeuls, au grand ennui de leurs arrière-petits-fils et fils de leurs arrière-petits-fils.
On fut même obligé de les rassembler dans d’immenses hospices où chaque nouvelle génération était occupée à soigner les précédentes, qui ne pouvaient guérir de la vie.
En outre, comme il ne se faisait plus de testaments, il n’y avait plus d’héritages, et les générations nouvelles ne possédaient rien en propre : tous les biens appartenaient de droit aux bisaïeuls et aux trisaïeuls, qui ne pouvaient en jouir.
Sous des rois invalides, les gouvernements s’affaiblirent, les lois se relâchèrent ; et bientôt les immortels, certains de ne point aller en enfer, s’abandonnèrent à tous les crimes : ils pillaient, volaient, violaient, incendiaient, mais, hélas ! ils ne pouvaient assassiner.
Dans chaque royaume le cri de "Vive le roi !" devint un cri séditieux et fut défendu sous les peines les plus sévères, à l’exception de la peine de mort.
Ce n’est point tout : comme les animaux ne mouraient pas plus que les hommes, bientôt la terre regorgea tellement d’habitants, qu’elle ne put les nourrir ; il vint une horrible famine, et les hommes, errant demi-nus par les campagnes, faute d’un toit pour abriter leur tête, souffrirent cruellement de la faim, sans pouvoir en mourir.
Si Misère avait connu cet effroyable désastre, elle n’eût point voulu le prolonger, même au prix de la vie ; mais, habitués de longue date aux privations et aux infirmités, elle et Faro en pâtissaient moins que les autres : puis ils étaient devenus quasi sourds et aveugles, et Misère ne se rendait pas bien compte de ce qui se passait autour d’elle.
Alors les hommes mirent autant d’ardeur à chercher le trépas qu’ils en avaient mis jadis à le fuir. On eut recours aux poisons les plus subtils et aux engins les plus meurtriers ; mais engins et poisons ne firent qu’endommager le corps sans le détruire.
On décréta des guerres formidables : d’un commun accord, pour se rendre le service de s’anéantir mutuellement, les nations se ruèrent les unes sur les autres ; mais on se fit un mal affreux sans parvenir à tuer un seul homme.
On rassembla un congrès de la mort : les médecins y vinrent des cinq parties du monde ; il en vint des blancs, des jaunes, des noirs, des cuivrés, et ils cherchèrent tous ensemble un remède contre la vie, sans pouvoir le trouver.
On proposa dix millions de francs de récompense pour quiconque le découvrirait : tous les docteurs écrivirent des brochures sur la vie, comme ils en avaient écrit sur le choléra, et ils ne guérirent pas plus cette maladie que l’autre.
C’était une calamité plus épouvantable que le déluge, car elle sévissait plus longuement, et on ne prévoyait point qu’elle dût avoir une fin.
V
Or, à cette époque, il y avait à Condé un médecin fort savant, qui parlait presque toujours en latin et qu’on appelait le docteur De Profundis. C’était un très honnête homme qui avait expédié beaucoup de monde au bon temps, et qui était désolé de ne pouvoir plus guérir personne.
Un soir qu’il revenait de dîner chez le mayeur de Vicq, comme il avait trop bu d’un coup, il s’égara dans le marais. Le hasard le conduisit près du jardin de Misère, et il entendit une voix plaintive qui disait : "Oh ! qui me délivrera et qui délivrera la terre de l’immortalité, cent fois pire que la peste !"
Le savant docteur leva les yeux, et sa joie n’eut d’égale que sa surprise : il avait reconnu la Mort.
"Comment ! c’est vous, mon vieil ami, lui dit-il, quid agis in hac pyro perché ?
— Rien du tout, docteur De Profundis, et c’est ce qui m’afflige, répondit la Mort ; donnez-moi donc la main que je descende."
Le bon docteur lui tendit la main, et la Mort fit un tel effort pour se détacher de l’arbre, qu’il enleva le docteur de terre. Le poirier saisit aussi celui-ci et l’enlaça de ses branches. De Profundis eut beau se débattre, il dut tenir compagnie à la Mort.
On fut fort étonné de ne point le voir le lendemain et le surlendemain. Comme il ne donnait pas signe de vie, on le fit afficher et mettre dans la gazette, mais ce fut peine perdue.
De Profundis était le premier homme qui eût disparu de Condé depuis de longues années. Avait-il donc trouvé le secret de mourir, et lui, jadis si généreux, se l’était-il réservé pour lui seul ?
Tous les Condéens sortirent de la ville pour se mettre à sa recherche : ils fouillèrent si bien la campagne en tous sens qu’ils arrivèrent au jardin de Misère. À leur approche, le docteur agita son mouchoir en signe de détresse.
"Par ici ! leur cria-t-il, par ici, mes amis : le voici, voici la Mort ! Je l’avais bien dit dans ma brochure, qu’on le retrouverait dans le marais de Vicq, le vrai berceau du choléra. Je le tiens enfin, mais non possumus descendere de ce maudit poirier.
— Vive la Mort !" firent en chœur les Condéens, et ils s’approchèrent sans défiance.
Les premiers arrivés tendirent la main à la Mort et au docteur ; mais, ainsi que le docteur, ils furent enlevés de terre et saisis par les branches de l’arbre.
Bientôt le poirier fut tout couvert d’hommes. Chose extraordinaire, il grandissait au fur et à mesure qu’il agrippait les gens. Ceux qui vinrent ensuite prirent les autres par les pieds, d’autres se suspendirent à ceux-ci, et tous ensemble formèrent les anneaux de plusieurs chaînes d’hommes qui s’étendaient à la distance d’une portée de crosse. Mais c’est en vain que les derniers, restés à terre, saquaient de toutes leurs forces, ils ne pouvaient arracher leurs amis du maudit arbre.
L’idée leur vint alors d’abattre le poirier : ils allèrent quérir des haches et commencèrent à le frapper tous ensemble ; hélas ! on ne voyait seulement pas la marque des coups.
Ils se regardaient tout penauds, et ne sachant plus à quel saint se vouer, quand Misère vint au bruit et en demanda la cause. On lui expliqua ce qui se passait depuis si longtemps, et elle comprit le mal qu’elle avait fait sans le vouloir.
"Moi seule puis délivrer la Mort, dit-elle, et j’y consens, mais à une condition, c’est que la Mort ne viendra nous chercher, Faro et moi, que quand je l’aurai appelé trois fois.
— Tope, dit la Mort, j’obtiendrai de saint Wanon qu’il arrange l’affaire avec le bon Dieu.
— Descendez, je vous le permets !" cria Misère ; et la Mort, le docteur et les autres tombèrent du poirier comme des poires trop mûres.
La Mort se mit à sa besogne sans désemparer, et expédia les plus pressés ; mais chacun voulait passer le premier. Le brave homme vit qu’il aurait trop à faire. Il leva pour l’aider une armée de médecins et en nomma général en chef le docteur De Profundis.
Quelques jours suffirent à la Mort et au docteur pour débarrasser la terre de l’excès des vivants, et tout rentra dans l’ordre. Tous les hommes âgés de plus de cent ans eurent droit de mourir et moururent, à l’exception de Misère qui se tint coite, et qui depuis n’a point encore appelé trois fois la Mort.
Voilà pourquoi, dit-on, Misère est toujours dans le monde.
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