Il est 2h41 du matin, le 7 mai 1945, lorsque le général allemand Alfred Jodl signe un acte de capitulation à Reims, en France. Adolf Hitler, qui a répandu ses idées racistes dans toute l’Allemagne et déclenché la Seconde Guerre mondiale, s’est donné la mort. C’est la débâcle pour son armée nazie. Les représentants allemands qui restent acceptent la défaite et mettent fin aux combats. Le texte de Reims doit prendre effet le lendemain, 8 mai, à 23h01 très précisément.
Jour de joie
À 15 heures, le 8 mai, les cloches de toutes les églises françaises sonnent à la volée. La population laisse éclater son immense joie, après quatre années d’une guerre particulièrement meurtrière.
L'Allemagne a signé sa reddition, sans conditions. A la radio de Gaulle en fait une annonce solennelle :
" La guerre est gagnée. Voici la victoire. C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France.
" The war is won . Here victory. This is the United Nations and victory is the victory of France. "
L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l'Ouest et de l'Est."
Mais Staline est furieux que les Allemands se soient rendus à Reims. et il exige que la capitulation se fasse à Berlin, en Allemagne.
Une seconde cérémonie est donc organisée le 8 mai, avec des représentants de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis. Le document entre en vigueur à 23h01, heure locale, autrement dit le 9 mai, à 1h01, heure de Moscou, la capitale Russe. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui encore les Russes fêtent le 9 mai, ce qui est ailleurs annoncé comme le 8 mai 1945.
Louis Aragon, 1897 - 1982 - poète
En août-septembre 1943, Aragon, sous le pseudonyme de François la Colère, fait imprimer clandestinement Le Musée Grévin. Le poème est ensuite distribué à Paris sous forme de tract.
Je vous salue ma France ...
Lorsque vous reviendrez car il faut revenir
Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez
Il y aura des fleurs couleur de l'avenir
Il y aura des fleurs lorsque vous reviendrez
Vous prendrez votre place où les clartés sont douces
Les enfants baiseront vos mains martyrisées
Et tout à vos pieds las redeviendra de mousse
Musique à votre coeur calme où vous reposer
Haleine des jardins lorsque la nuit va naître
Feuillages de l'été profondeur des prairies
L'hirondelle tantôt qui vint sur la fenêtre
Disait me semble-t-il Je vous salue Marie
Je vous salue ma France arrachée aux fantômes
O rendue à la paix Vaisseau sauvé des eaux
Pays qui chante Orléans Beaugency Vendôme
Cloches cloches sonnez l'angelus des oiseaux
Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle
Jamais trop mon tourment mon amour jamais trop
Ma France mon ancienne et nouvelle querelle
Sol semé de héros ciel plein de passereaux
Je vous salue ma France où les vents se calmèrent
Ma France de toujours que la géographie
Ouvre comme une paume aux souffles de la mer
Pour que l'oiseau du large y vienne et se confie
Je vous salue ma France où l'oiseau de passage
De Lille à Roncevaux de Brest au Mont-Cenis
Pour la première fois a fait l'apprentissage
De ce qu'il peut coûter d'abandonner un nid
Patrie également à la colombe ou l'aigle
De l'audace et du chant doublement habitée
Je vous salue ma france où les blés et les seigles
Mûrissent au soleil de la diversité
Je vous salue ma France où le peuple est habile
A ces travaux qui font les jours émerveillés
Et que l'on vient de loin saluer dans sa ville
Paris mon coeur trois ans vainement fusillé
Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe
Cet arc-en-ciel témoin qu'il ne tonnera plus
Liberté dont frémit le silence des harpes
Ma France d'au-delà le déluge salut
En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent.
Le journal "Ce soir" écrit :
"Le monde clame sa délivrance",
"Pour la dernière fois, le chant des sirènes",
pour la première fois depuis longtemps, "le rire des soldats".
C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch (né le 25 mai 1884 à Paris, mort le 15 mars 1947 à Paris ) qui dirige le quotidien "Ce soir" depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.
Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :
"Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !
Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.
L'Allemagne est sur les genoux. "
À New York, le correspondant de Ce soir décrit :
cette "explosion de joie inoubliable" :
" Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux."
le "désastreux bilan de la guerre " :
"Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats."
Reddition 7 Mai 1945
8 mai 1945 : " Le jour de gloire est arrivé "
8 mai 1945. L'Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01. Le soulagement est immense. E...
Guy Môquet, né le 26 avril 1924 à Paris et mort le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure1), est un militant communiste, célèbre pour avoir été le plus jeune des quarante-huit otages fusillés, le 22 octobre 1941, à Châteaubriant, Nantes et Paris en représailles après la mort de Karl Hotz.
Son nom, plus particulièrement associé à celui des vingt-sept fusillés du camp de Châteaubriant, est passé dans l'histoire comme un symbole des héros et des martyrs français de l'Occupation allemande durant la Seconde Guerre Mondiale.
Voici le texte de la dernière lettre du jeune résistant fusillé par les Allemands le 22 octobre 1941.
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas !
J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cœur d'enfant.
Courage !
Votre Guy qui vous aime"
Paul Eluard (1895-1952) poète français
Au rendez-vous allemand, Paris, Éditions de Minuit, 1945.
"Gabriel Péri"
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.
*Gabriel Péri (Toulon, le 9 février 1902 - mont Valérien, 15 décembre 1941, mort pour la France) est un journaliste et homme politique français. Membre du Comité central du Parti communiste français, responsable du service de politique étrangère de L'Humanité et député de Seine-et-Oise, il fut arrêté comme résistant par la police française et fusillé comme otage par les Allemands à la forteresse du Mont-Valérien.