19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 20:58

 

 

Hăo Jīng (1223-1275) Poète et Politicien chinois - 

Dynastie officielle Yuan

 

 

Fleur tombée

 


Sous les nuages chatoyants, la pluie rouge des fleurs de pêchers occulte les grandes portes :

Jadéite des rameaux où seule demeure la marque verte des calices.

Pêchers et pruniers sous le vent d'est dans un rêve de papillon,

Défilé montagneux sous la  clarté lunaire dans l'âme du coucou.

 Cette balustrade de jade dans la brume froide, ces mille arbres et ce vide !   
Au jardin du Val d'Or parfum anéanti - j'irai faire déborder la coupe à libation.

Ce désordre qui jonche la cour, Seigneur, ne le balayez pas :

Laissez plutôt subsister la grâce d'un printemps jusqu'au crépuscule.  

Hăo Jīng (1223-1275) - Poète et Politicien chinois - Fleur tombée
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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 20:56

 

 

Mythologie des arbres


Le pêcher - Prunus persica 

 

 

Le Pêcher, parfois appelé Pêcher commun, (Prunus persica (L.) Batsch) est une espèce d'arbres fruitiers de la famille des Rosacées, haut de 2 à 7 mètres, à port étalé et à croissance rapide, cultivée pour son fruit comestible, la pêche.


Bien qu'originaire de Chine, le pêcher n'existe plus véritablement à l'état sauvage.


Toutefois, en Chine, on trouve des pieds échappés des cultures au moins au Gansu, Hebei et Shanxi. Sa floraison blanche ou rose, bien qu'éphémère, est du plus bel effet au printemps.


 

..."Sous les nuages chatoyants, 

la pluie rouge des fleurs de pêchers 

occulte les grandes portes : "...


Hăo Jīng (1223-1275) - Fleur tombée


 

 

 

Le pêcher est cultivé pour ses fruits ou pour l'ornement dans les régions tempérées ou subtropicales du globe. C'est dans le Sud que le pêcher se plaira le plus même s'il est possible de le cultiver au Nord en prenant la précaution de le protéger du vent et des gelées.


Synonymes :
Amygdalus persica L, Persica platycarpa Decne. (= Prunus persica forma compressa), Persica vulgaris Mill. (= Prunus persica var. persica)


Son écorce est lisse, ses feuilles caduques acuminées sont vert franc et dégagent une légère odeur d'amande. Elles sont longues avec un court pétiole. 


 

 

Ses fleurs roses apparaissent avant les feuilles à la fin de l'hiver ou début du printemps, voire en été pour les variétés plus tardives (pêche de Nancy). Elles sont hermaphrodites. 

 


 

 

Le fruit, comestible produit par le pêcher (Prunus persica) originaire de Chine, nommé "pêche", principalement consommé frais, est une drupe généralement sphérique.


Les pêches sont des fruits climactériques charnus, juteux et sucrés, avec une chair jaune, blanche, ou rouge (sanguine), une peau veloutée de couleur jaune ou orange plus ou moins lavée de rose-carmin à rose-saumon ou brune chez les sanguines, et un noyau dur, adhérent ou non.


 

 

 

On connaît des centaines de variétés de pêcher : 


peau veloutée ou lisse, noyau adhérent à la chair ou se détachant librement. Il existe aussi des pêchers à fruits aplatis.

 

Dans chaque groupe, il existe des fruits à chair blanche, à chair jaune ou sanguine.

 

 

Fruit à peau duveteuse


Les fruits de Prunus persica var. persica (L.) Batsch donne des pêches à peau duveteuse, à chair blanche ou jaune

- noyau libre : pêche proprement dite,

- noyau adhérent : pavie, pêcher de Pavie, de Pavie, commune du Gers.

 

 

 

Fruit à peau lisse


Les fruits de Prunus persica var. nucipersica (Suckow) C. Schneider présentent une peau lisse.

- noyau libre : nectarine, nectarinier

- noyau adhérent : brugnon, brugnonier

 

 

 

Pêche plate


La variété de pêche plate, Prunus persica (L.) Batsch forma compressa (Loudon) Rehder, a été sélectionnée en Chine. On l'appelle "pêche plate de Chine", "pantao" ou "peento" .


Son nom est associé aux pêchers légendaires, cultivés par la Reine-Mère de l'Occident, Xiwangmu. Comme la consommation de leurs fruits octroyait l'immortalité, on dénommait aussi ces pêches xiānguǒ "fruit des Immortels", ou shòutáo  "pêche d'immortalité".


La pêche plate est appelée Paraguayo en espagnol, et Saturn peach ou doughnut peach en anglais, en raison de sa ressemblance avec un beignet.


La pêche plate est une mutation de la pêche (P. persica Batsch.) qui s'est produite en Chine il y a environ 2000 ans. Le pêcher à pêches plates a tendance à fleurir plus tôt que les autres variétés de pêchers.


Il produit des fleurs voyantes avec un pistil plus court que les étamines. Le fruit est doux et peu acide. Les pêches peuvent être à peau duveteuse ou à peau lisse, à chair blanche ou jaune, à noyau adhérent ou non.


La pêche plate présente sur les étals de nos marchés aujourd'hui est le fruit du pêcher Ferjalou Jalousia. Il est issu d'un croisement entre variété Kiang-Si avec la variété Indépendance. Ces recherches ont été menées de 1975 à 1999 par René Monet, directeur de recherche à l'INRA de Bordeaux

 

 

 

Pêche de vigne


C'est un type de pêche plutôt qu'une variété précise.

La pêche sanguine tardive est souvent appelée pêche de vigne. Elle se présente avec une chair rouge foncé, une peau gris souris et une maturité très tardive. La caractéristique commune des pêches de vignes est une production de fruits à la même période que la vigne. 


Le pêcher étant sensible aux attaques d'oïdium de la vigne, des viticulteurs 
La couleur lie de vin de la variété française lui valut également le nom de pêche vineuse et pêche sanguine.


 

 

 

Etymologie

 


Du latin médiéval "persicarius" (VIII° siècle, Le Capitulare de Villis) 


Du latin malum persicum "pomme de Perse" ou "pomme persane", 

Du bas latin  donna pessica, 


Du latin médiéval pesca,  pesche (XII° s.),  pescher (fin XIV° s. Roques t.2, ) 
 

pêche (1740).

Italien pesca,

Français pêche

Anglais peach.


Pêche - prunus-persica - natural history - museum London - 1759

 


 

 

Mythologie Egyptienne

 


Harpocrate le dieu du silence, est  un dieu d’origine égyptienne, puisque son nom signifie  "Horus enfant".

 

D’après les nombreux auteurs anciens et modernes, Harpocrate est le fils d’Osiris et d’Isis. Souvent présent dans les temples, les Égyptiens lui offraient des lentilles. 

 

Surtout, il était représenté sous la forme d’un enfant qui met le doigt à sa bouche, geste interprété comme une invitation au silence. De ce fait, son attribut était le pêcher, car la feuille de cet arbre passait pour ressembler à une langue et le fruit à un cœur. 

 

Symboliquement, il évoquait le sage qui préfère le silence à la parole intempestive, ou bien le mystère qui entourait les cérémonies religieuses. 


 

 

 

Mythologie chinoise

 

 

Xi Wang Mu ou "Reine-mère de l'Ouest" est un personnage de la mythologie chinoise antique devenu sous la dynastie Han une divinité taoïste.


Chef des immortelles, toutes les femmes aspirant à obtenir le Dao sont considérées comme ses disciples.


Xi Wang Mu est  représentée sous les traits d'une belle femme vêtue d'habits royaux et voyageant parfois sur le dos d'une grue. 

 


Xi Wang Mu occupe un palais dans une caverne au nord, sur une montagne de Jade (Yu chan) située très loin à l'ouest.  

 

Elle régne sur le paradis occidental des immortels du mont Kunlun, dans lequel les hommes vivent dans l'aile droite et les femmes dans l'aile gauche. Elle est servie par les "filles de jade" et trois oiseaux bleus à trois pattes, lui fournissent sa nourriture.

 

Dans son jardin, lieu magique, poussent les herbes d’immortalité et les pêches de longue vie, qui libèrent de la mort tous ceux qui en mangent. Toutefois, l'arbre ne donne des fruits qu'une fois tous les 3 000 ans ou 9 000 ans. Lorsque les pêches sont mûres, Xi Wang Mu invite les immortels à un festin au cours duquel ils dégustent ces fruits merveilleux.


 

 

 

Légende japonaise


Epoque Edo,

 


Momotarō est un héros du folklore japonais. Sa légende est particulièrement bien connue au Japon et en Asie de l'Est. Ce nom signifie "garçon de pêche ", et Momo signifie pêche.

 


Alors qu’une dame assez âgée et sans enfant lavait son linge dans une rivière, elle vit venir vers elle, transportée par le courant, une pêche aux dimensions impressionnantes.

 

La ramenant chez elle, en essayant de l’ouvrir avec son mari, ils découvrent, niché dans la pêche, un petit garçon qu’ils adopteront et appelleront Momotaro, Momo signifie pêche en japonais, Tarō est un prénom de garçon japonais très populaire.

 

En grandissant, la force de l’enfant ne cesse de croître, et le voilà bientôt capable d’exécuter les tâches les plus difficiles sans grand effort. 

 

 

 

6000 - 7000 av. JC.

 


Plusieurs noyaux de pêches retrouvés sur des sites archéologiques attestent de la consommation de pêches depuis le Néolithique.

 

Sur les fouilles de Hemudu au Zhejiang des noyaux de pêches sauvages datant de 6000-7000 avant notre ère, ont été retrouvés.

 

 

 

1570 - 1045 av. J.C.

 


Un site datant de la dynastie Shang dans le Hebei a révélé deux noyaux de pêches semblables à ceux des pêches issues des cultivars de pêcher actuels. 
 


 

 

VIII° siècle av. J.C. - III° siècle av. J.C.

 


On trouve les premières mentions du pêcher  (tao 桃) dans le premier texte littéraire, le Classique des vers (shijing "livre des odes"), composé entre le VIII° et III° siècle av. J.C., pour trouver les premières mentions du pêcher.

 

Le pêcher fut ensuite importé en Inde et au Proche-Orient. 

 

C’est depuis l’Asie par la route de la soie en provenance de Chine, qu’elle a gagné l’Occident, au cours des siècles. 

 

Elle devait atteindre l'Inde et le proche Orient d’abord la Perse (d’où son appellation "Prunus persica"), puis l’Arabie, la Mésopotamie, et enfin l’Egypte (où la pêche était le fruit d’Harpocrate, dieu du silence).

 

Des restes de pêche ont été découverts dans l'île de Samos, au VII° siècle av J.C.

 

Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C. ) roi macédonien, suite à la conquête de la Perse, introduisit le pêcher en Europe sous le nom de pecta.

 

 

221 av. J.C.

 

Des noyaux de pêche ont été découverts dans les régions du sud de la Chine (Sichuan, Guizhou) dans la période pré-Qin 
 


 

 

I° siècle av. J.C.

 


En France, des noyaux de pêches ont été retrouvés parmi les vestiges archéologiques de l'époque gallo-romaine à Saintes (visibles au Musée archéologique). 

 

Les fouilles de Neuss, en Rhénanie (Novaesium) ont livré des noyaux datant du début du I° siècle de notre ère.

 

La pêche est arrivée chez les Romains vers le I° siècle après JC, lorsque grâce à Alexandre le Grand les pêches ont atteint les frontières romaines.

 

Celse (Aulus Cornelius Celsus v. 25 av. J.-C. -v. 50 ap. J.-C.)  romain de l'Antiquité,  personnage majeur dans l'étude de l'origine de la médecine antique, mentionne la pêche pour la première fois. 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79), écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée


Histoire naturelle livre LXVII. 1 (vers 77) 

- connait plusieurs variétés de pêchers :

persicum Asiaticum, mûrissant après l'automne,

p. duracinum, à chair adhérente au noyau,

p. Gallicam, hâtive,

p. populare "pêche commune",

p. Supernas, de Sabine,

 

Pline dit la pêche sans odeur et juteux tout en provoquant la soif. 


..."Les pêches sont plus salutaires (-que les prunes-), de même que le suc de ce fruit seul, ou exprimé dans du vin ou du vinaigre. Il n’est pas de fruit de ce genre plus innocent, qui ait moins d’odeur et plus de suc, tout en excitant la soif. Les feuilles pilées, en topique, arrêtent les hémorragies. Les noyaux, avec de l’huile et du vinaigre, s’emploient en topique dans les douleurs de tête"...

 

À cette époque, les Romains cultivaient cinq variétés de pêchers qu'ils dénommaient malum persicum "pomme de Perse

 

 

 

V° siècle

 


Tao Yuanming (365-427) considéré comme un des plus grands poètes inspirés par le taoïsme. Il chante dans ses poèmes la retraite à la campagne et le vin.

 

préface des Mémoires de

"la source des fleurs de pêcher"

 

Elle raconte l'aventure d'un pêcheur laïque, qui entre par accident dans une vallée coupée du monde des vivants, aux pêchers en fleurs. Ses habitants vivent dans une forme de paradis. 

 

Après avoir découvert leur vie en les écoutant, et après avoir fait le serment de ne pas divulguer leur secret, il s'en retourne dans son pays. Mais il ne peut garder son secret. Le souverain fait effectuer des recherches dans tout le pays, mais en vain. Et le monde des pêchers en fleurs reste une histoire au succès constant à travers les siècles, dans le monde asiatique.

 

Le peintre coréen An Gyeon 
Illustration du poème sous la dynastie Qing, dans le jardin du Palais d'été de Pékin a su évoquer avec une grande force le mystère, dans ce qui reste la plus ancienne peinture de paysage coréenne conservée.


i


 

 

VIII° siècle  - début du IX° siècle.

 


Le capitulaire De Villis,

"Capitulare de Villis vel curtis imperii (ou imperialibus)"


ordonnance royale de Charlemagne

- fin du VIII° début du IX° siècle.


Le viridarium ou verger : "vergier" en vieux français, planté de vigne, de charmille et de buis, pouvant aussi évoluer en jardin d'agrément. Il doit contenir plusieurs exemplaires de chacun des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier

 

 

 

IX° siècle

 


Bai Juyi (772-846), écrivain et poète chinois de la dynastie Tang 

Traduction de Guomei Chen

 


C'est une fleur sans que ce soit une fleur

 

C’est une fleur sans que ce soit une fleur,

C’est le brouillard sans que ce soit non plus le brouillard.

Arrivé après minuit, pour disparaître dès l’aube.

Venu tel un rêve de printemps, éphémère,

Il se dissipe comme les nuages du matin, sans laisser de trace.


 

 

 

XI° siècle

 


Yàn Jĭ Dào (1030-1106) poète chinois - 

"La saison des perdrix"


..." Tu chantas : jusqu'à ce que s'épuisât, sous l'éventail aux fleurs de pêchers, la bourrasque"...
 

 

 

XIII° siècle

 

 

Hăo Jīng (1223-1275) Poète et Politicien chinois - 

Dynastie officielle Yuan

 

 

Fleur tombée

 


Sous les nuages chatoyants, la pluie rouge des fleurs de pêchers occulte les grandes portes :

Jadéite des rameaux où seule demeure la marque verte des calices.

Pêchers et pruniers sous le vent d'est dans un rêve de papillon,

Défilé montagneux sous la  clarté lunaire dans l'âme du coucou.

 Cette balustrade de jade dans la brume froide, ces mille arbres et ce vide !   
Au jardin du Val d'Or parfum anéanti - j'irai faire déborder la coupe à libation.

Ce désordre qui jonche la cour, Seigneur, ne le balayez pas :

Laissez plutôt subsister la grâce d'un printemps jusqu'au crépuscule.  

            
 


 

 

Guàn Yún Shí (1286-1324) poète


La Roche aux fleurs de pêchers


..."Teinte de fleurs de pêchers, l'ondée franchit l'aire blanche consacrée,
En certitude, je sais : de ce monde de poussière les Immortels ont fui"...

 

 

 

XV° siècle

 


Nguyên Trai (1380-1442), sous le pseudonyme Uc Trai, lettré confucéen, poète et homme politique vietnamien sous les dynasties Hô et Lê.

Traduction de Lise Piquette

 


Le pêcher


 
De quel éclat resplendit la fleur de pêcher !

À l’approche du nouveau printemps, elle sourit.

Le vent de l’Est en est amoureux,

Convoite son parfum qui trouble les cœurs.


 


 

Táng Yín (1470-1523) peintre et poète chinois

 


Chanson de la chaumière aux fleurs de pêchers

 


Posée au milieu des fleurs de pêchers, la chaumière aux fleurs de pêchers, 

Dans la chaumière aux fleurs de pêchers, le génie des fleurs de pêchers. 

Le génie des fleurs de pêchers, le voici qui cultive les plants de pêchers, 

Et qui cueille les fleurs de pêchers, qu’il troque contre l’argent du vin. 

Que le vin le tienne lucide, il reste assis face aux fleurs, 

Que le vin lui donne l’ivresse, il revient somnoler parmi les fleurs. 

Les fleurs tombent, les fleurs s’ouvrent, année après année. 

Car je veux vieillir et mourir entre fleurs et vin, 

Dont, sans fleurs, sans vin, les restes travaillent aux champs ! 


 

 

 

Horae ad usum Romanum - XV° siècle

dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne 

Jean Bourdichon (1457-1521). Enlumineur


Fleurs de pêcher


 

 

 

XVII° siècle 

 

 

Le pêcher est cultivé depuis le Moyen Âge.

(Paris,1612)

L'apparition de l'espalier au XVII° siècle a contribué à l'extension de sa culture. 


En 1612, un manuel de jardinage (François Gentil, dit frère), Le jardinier solitaire, ou dialogues entre un curieux et un jardinier solitaire. conseille d'utiliser la technique du palissage sur mur afin d'obtenir des pêches en région Parisienne, bien qu'il s'agisse encore de palissage sur treillages.


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

À Versailles, dans le Jardin fruitier du Roi Louis XIV (1638-1715), il existait déjà une quarantaine de variétés différentes dont les noms évoquaient parfois les charmes féminins :  "Téton de Vénus", "Belle de Chevreuse", "Grosse Mignonne". Le roi Soleil était un grand amateur de pêches.

 


C'est le responsable du Potager de Louis XIV à Versailles, Jean de la Quintinie, qui explique, à la deuxième moitié du XVIIe siècle, comment le plâtre facilite tant la construction des murs que le palissage des branches... et il fait entourer de murs plâtrés plusieurs de ses jardins carrés versaillais. Selon la tradition, c'est l'un de ses amis, le mousquetaire de la Reine Réné-Claude Girardot qui introduit la technique des murs à pêches dans le terroir de Montreuil... à partir de sa propriété de Bagnolet !


Sur les coteaux, les Montreuillois produisent du raisin et surtout des pêches : l'invention des murs à pêches permet d'augmenter la production en protégeant les arbres du froid. L'abbé janséniste Jean-Roger Schabol, soutient dès les années 1750 que sur 800 familles, 600 s'occupent de la culture du pêcher, et soutient que "l'invention" des murs à pêches est due à une tradition locale enfouie, et attribue un rôle clé à l'un des jardiniers de la Quintinie, le montreuillois Nicolas Pépin, cultivateur.


Les pêches de Montreuil sont devenues fameuses et ont approvisionné les tables des souverains de l'Europe jusqu'au début du XX° siècle.


 


 

Période Yongzheng, env. 1725,


Xi Wang Mu ("Marraine de l'Ouest"), divinité taoïste 

Décor sur une assiette en porcelaine de la dynastie Qing,

 

Style famille-rose, fleurs pêcher affiché dans les collections de porcelaine de Dresde Zwinger 

 

 

 

1793

Calendrier républicain


Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'"ère des Français ".

 

La Pêche était le nom attribué au 22e jour du mois de vendémiaire, 

le 22 septembre :


 

A cette époque arrive :


L'EQUINOXE D'AUTOMNE & commence l'Année de l'Ere Nouvelle

Après avoir mûri les deux fruits de l'automne 

Au signe de Thémis pâlit l'Astre du Jour 

VERTUMNE plus épris des charmes de POMONE

Cent fois change de forme & suit son seul amour


 

 

 

1796


Prunus persica (L.) Batsch

Pfirsich, Prunus dubia persica

Figure 64 de Deutschlands Flora à Abbildungen 

Auteur    Johann Georg Sturm (Peintre : Jacob Sturm )



 


Vase chinois du XVIII°


Vase balustre en porcelaine décorée en bleu sous couverte et émaux polychromes dit doucai (couleurs contrastées) de rochers et de branches de neuf pêches dans leur feuillage, des chauve-souris en vol, le col orné d'une frise de ruyi.


Le symbole de longévité est renforcé lorsque les pêches sont représentées au nombre de neuf (jiu tao). En effet, neuf est le plus haut chiffre yang (principe mâle), et il est homophone d'éternité. La chauve-souris quant à elle est homophone de bonheur (fu). L'association des chauves-souris et des pêches est particulièrement favorable, elle est appelée "Image de grands bonheurs et longévité" (duofu duoshu tu).


 


 

 

XIX° siècle

 

 

1817


Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle - tome XVIII - appliqué aux arts

 

..."Malus Persica et Malum Persicum ou Persicus des Latins, melea persicè des Grecs. Ces noms sont ceux du Pêcher et de la pêche, encore appelés, en Italie, persico et persiche d'où dérivent les noms français et européens de cet arbre. Le pêcher est originaire de Perse ; c'est ce que ses noms apprennent, et principalement dans l'île de Rhodes, où il fleurissoit sans donner de bon fruit ; de la Grèce il vint en Italie, et de là dans la Gaule, et sa culture dans ces contrées lui fut très favorable, car dès le temps de Pline les pêches de France avoient du renom. Théophraste, Dioscoride et autres auteurs grecs nomment le pêcher, melea persicè, et le distinguent très bien du persea, espèce de laurier d'Egypte qui ne produisoit pas de fruit en-deça de ce pays, et que les Perses d'alors ne confondoient pas non plus avec la pêche, qui, comme à présent, passoit pour un poison. C'est à la culture prolongée qu'on doit nos pêches peu connues en Orient.

Sloane a nomé malus persica un sapotilier, et le fruit du mammea"...


 

 

 

vers 1850-51

Un nectarinier (Prunus persica var. nectarina) 

Tige fructifère et coupe de fruit. 

Zincographe en couleur de C. Rosenberg,  Connecticut.

 

 

 

1857


Prunus persica var. persica Batsch - Pêche tardive de Pavie

Ministère de l’Agriculture, du commerce, et des travaux publics, 

Enquête Agricole , Basses-Alpes, Var, Alpes-Maritimes, 

imprimerie impériale, Paris, 1857. 

 

 

 

1869


La peche plate fut introduite en Europe en 1820 par l'Anglais Joseph Kirke sous le nom de "pêche de Java" (le noyau provenant alors de l'île de Java). 


Son introduction aux États-Unis s'est faite vers 1828 par William Prince. Ces arbres périrent, et il fallut attendre une réintroduction de cette variété par P.J. Berkmans pour voir à nouveau des pêches plates sur le continent américain, vers 1869.


 

 

 

1870

 

Montreuil

Les espaliers étaient disposés sur des murs blanchis pour refléter la chaleur solaire et en restituer une partie la nuit, évitant ainsi les gelées.  A la fin du XIXe, les pêchers de Montreuil couvraient 600 kms de mur, à tel point qu’en 1870 les prussiens contournèrent ce labyrinthe communal !


 

 

 

Vers 1880

 

Guillaume Severeyns ( c. 1830- c. 1890)

Lithographe Belge

Pêche rouge de mai



 


 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

 


La fleur qui fait le printemps


..."Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,"...

 

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.

Il est surnommé "le poète du bonheur"
 

 

Bien souvent je revois sous mes paupières closes


..."Le verger plein d'oiseaux, de chansons, de murmures,

Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres"...

 

 


Charles Cros (1842-1888) poète et inventeur français.


 

Insoumission

A Lionel Nunès.


..."Tant mieux, puisqu'il y a des pêches,

Du vin frais et des filles fraîches,

Et l'incendie et ses flammèches"...

 

Stefano Novo (1862-1927) - le panier de pêches

 


 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,

 

Les fleurs sont à Sèvre aussi fraîches

Que sur l'Hybla, cher au sylvain ;

Montreuil mérite avec ses pêches

La garde du dragon divin.

 

 

Dans un recueil de chansons publié en 1850 à Montbéliard figure un couplet dédié à la pêche, improvisé par Victor Hugo à la fin d'un repas, à chanter sur l'air de Souvent la nuit quand je sommeille.

La compositrice Pauline Viardot a également utilisé ce poème dans l'une de ses chansons intitulée "Les attraits" mais l'édition de sa partition n'attribuait pas le poème à Hugo et se contentait de la classer "Poésie du XVIII° siècle".

 

Ce que j'aime


Couplet fait à un dessert

 

D'attraits ravissants pourvue,

Seule elle réunit tout :

Ses appas charment la vue,

Et chacun vante son goût.

Sa peau, veloutée et fraîche,

Joint toujours la rose au lis ;

Ce pourrait être Phyllis

Si ce n'était une pêche.
 

 

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913) écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien.


Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 


C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882,


    PECHER. — D’après une superstition populaire sicilienne, celui  qui a le goître et qui, la nuit de la Saint-Jean ou de l’Ascension,  mange une pêche, en guérit sans faute, à condition que le pêcher à  l’instant même périsse ; on pense que le pêcher, en mourant, prend  le goître sur lui, et en délivre celui qui a le malheur d’en être affligé.  Dans la Lomelline (Haute-Italie), on cache soigneusement les feuilles du pêcher sous la terre, où elles pourrissent : elles aident à la  guérison des boutons qui se forment sur les mains, dits poireaux.

 

 

1885


Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé "

"Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz" 
 Gera, Allemagne 


Pêcher - Prunus persica ; Famille : Rosaceae

Source du livre original : Autorisation d'utilisation accordée sous GFDL par Kurt Stueber 
 

Mythologie des arbres - Le pêcher - "Prunus persica" 

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

Souvenir de Mauve

 

 


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs


 

 

 

1894

Les pêches Melba ont été ainsi nommées par le cuisinier français Auguste Escoffier, aux commandes des cuisines de l'hôtel Savoy à Londres dès 1889. Lieu dans lequel résida pendant près de deux ans, une cantatrice australienne de renom, Helen Porter Mitchell (1861-1931), plus connue sous le pseudonyme de Dame Nellie Melba. C'est après l'avoir entendu et vu chanter qu'Escoffier lui rend hommage à travers ce dessert créé en 1894.

Photographie signée de Dame Nellie Melba dans le rôle d'Ophelia in Hamlet, vers 1889

 


 

 

XX° siècle

 

1918


Hermann Karl Hesse (1877-1962) romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. 

Poèmes choisis, José Corti, 1994

 


Pêcher en fleur ("voll Blüten")


Le pêcher sous les fleurs explose,

Toutes ne viendront pas à fruit,

Lumineuse écume de roses

Sur l’azur où la nue s’enfuit.

 

Fleurs aussi montent mes pensées,

Cent par jour…Laisse-les fleurir,

Laisse, le fruit de ces journées,

C’est le secret de l’avenir.

 

Il faut des fleurs en abondance.

Innocence et jeux ont leur droit,

Sinon pour nous, ce monde étroit

Serait vide de jouissance.


 

 

 

Charles Le Goffic (1863-1932) poète, romancier et critique littéraire français dont l'œuvre célèbre la Bretagne.


Recueil : Le bois dormant (1900).

 


Printemps de Bretagne.

 

Une aube de douceur s'éveille sur la lande :

Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.

Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande

Aux pâles "En-Allés" qui ne reviendront plus.

 

Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,

Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,

Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :

Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.

 

Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !

Sourire virginal de la terre et des eaux !

C'est comme un miel épars dans la lumière blonde :

Viviane éveillée a repris ses fuseaux.

 

File, file l'argent des aubes aprilines !

File pour les landiers ta quenouille d'or fin !

De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ;

Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.

 

C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme,

Une lueur ravie à ton ciel enchanté,

Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme

A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !

 

 

 

1960 


Art Floral - Histoire naturelle

Hamburg, Germany

Illustration botanique vintage, décoration murale,

Pfirsich, - Prunus persica, - L. Batsch

Pêcher

 

 

 

1961

 

Roald Dahl (1916-1990) écrivain britannique et scénariste, auteur de romans et de nouvelles, qui s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes.

James et la Pêche Géante (James and the Giant Peach)

Roman pour enfants 

 

 

 

1973-1976 


À la suite de missions de terrain de l'Académie des Sciences chinoise, il semblerait que le Tibet et le Gansu où les pêchers Prunus mira et P. kansuensis Rehd. sont indigènes, doivent être considérés comme un des centres d'origine des pêchers.


 

 

 

2003


Jean Levi (1948) orientaliste français, spécialiste de la Chine et de la pensée chinoise.


Confucius - 


Editions Albin Michel


Le Han-Fel-tse, quoique postérieur de plusieurs siècles à Confucius rapporte une anecdote dans le droit-fil de la tradition confucéenne des manières de table et manifeste le soin jaloux avec lequel le Maître surveillait les aliments et donnait à chacun une valeur rituelle et morale.


Confucius se tenait assis aux côtés du duc Ngai de Lou. Le duc offrit une pêche avec du mil, en lui disant :


"Servez-vous, je vous prie".


Confucius mangea d'abord le mil puis ensuite la pêche. L'assistance neput s'empêcher de pouffer, la main devant la biouche. Le duc lui-même s'étonna : "le mil n'est pas servi pour être mangé, mais pour nettoyer la peau des pêches !
- Je sais, dit Confucius, mais le mil est la plus noble des cinq céréales. C'est aussi la plus noble des offrandes dans les sacrifices aux ancêtres royaux, tandis que des six fruits la pêche est le plus vil. Elle est proscrite du temple ancestral quand on sacrifie aux aïeux. J'ai entendu dire que le vil pouvait servir à nettoyer le noble, non l'inverse. Aussi à frotter le plus vil des fruits avec la plus noble des céréales, je me serais servi du noble pour nettoyer le vil. Ne voulant pas heurter les convenances, je me suis refusé à donner la préséance à la pêche sur la plus précieuse des offrandes du temple ancestral". 


 


 

2016 


Nguyên Thanh Kim - Le courrier du Vietnam 

Traduction de Lê Van Nghia

 

 

La beauté printanière

 

Qui va de pair avec la fleur de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân plein sous la brume et la rosée

Qui se vautre dans les fleurs de pêcher

Sur la digue se hâte de tourner

 

Qui est jeune avec les fleurs de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân qui tourne au froid

Va finir peut-être l’année courante

Et la nature devient vermeille de printemps.

 

Qui contemple les alentours

Dans le soir à Nhât Tân passionnément

Du lais où brille chaque pétale de fleur

À la fin rit bruyamment.

 

Qui retourne à la racine de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân pour rêver

Ce n’est pas facile d’y avoir

Plein de couleurs de fleurs dans nos yeux.


 

 

 

Utilisation des pêches

 

 

Alimentaire

 

 

Valeur nutritionnelle de la pêche

- Les pêches fraîches sont une source de fibres alimentaires, de vitamine A,  B3 - B 5, C, de potassium et de vitamine C, et de beta-carotène


- Les pêches se mangent crues, fraiches et dans les salades de fruits. Cuites, elles se préparent au sirop, en compote, en sorbet, en confiture, en pâtisseries diverses, en pêche Melba, en liqueur...



 

 


Recette vin de pêche
 

 

 

Expression avec le mot pêche (fruit)


 

- Avoir la pêche Tenir la pêche pêche  

"Être en pleine forme"

 

- Avoir une peau de pêche pêche

"Avoir une peau rose et veloutée"

 

- Donner une pêche à quelqu’un 

"Donner un coup de poing au visage de quelqu’un".

 

- Se fendre la pêche pêche

"Rire".
 


 

 

Mythes et légendes

 


- En Egypte, il est sacré, symbole de silence et d’enfance 

 


- Dans les pays occidentaux, symbole de renaissance et de reprise des activités végétatives après la période hivernale. 

 


- En Chine, le pêcher est le symbole de l’immortalité. 

. On utilise le bois de pêcher pour repousser les démons en plaçant des planches sur les portes des maisons. 

. Les fleurs de pêcher représentent la pureté et la féminité, elles sont associées à l’amour : le nombre de mariage est plus important au moment de la floraison des pêchers en Chine du Nord.

. Les jeunes femmes les placent dans leur maison comme un signe de bonne chance et de joie lorsqu'elles se fiancent

 


- Au Japon, la Fleur de Pêcher est liée au mariage et est un signe à la fois de virginité et de fidélité. 

 


- Au vietnam les fleurs de pêcher sont un gage de bonheur et de bonne santé. Elles symbolisent également l’endurance

. La fleur de pêcher de couleur rose foncé s’apparente à la beauté des jeunes filles.

. La légende raconte que la fleur de pêcher sert à chasser les mauvais esprits, éloignent les pensées négatives et la malchance.

. Les Vietnamiens décorent leur maison de branches de pêcher pour apporter joie et bonne humeur à tous. 

. Envoyer des fleurs de pêcher rouges aux gens du Sud, pendant la célébration du Nouvel An, est considéré comme un cadeau précieux.
 

 

 

 

Signification des fleurs du pêcher

 


- Elles expriment l'admiration, la gratitude, les sentiments d’amoureux,  les amours durables, intenses et immortelles. 

- Les bourgeons représentent les enfants

- Les fleurs fraîches, ouvertes et colorées représentent les adultes.

- Rêver de la fleur de pêcher est un signe de sérénité,  joie, bonheur, affection et amour.


 

 

 

Pêches et fleurs de pêcher

en peinture et illustration

 

 

Jean-Jacques Grandville (1803-1847) illustrateur 

Fleur de pêcher

 

 

Huang Huangwu (chinois, 1906-1985) 

fleurs de pêcher

 

 

Huo Chunyang (1946)

Fleurs de pêcher

 

 

Zhao Shao'ang  (1943)

Fleurs de pêcher 

China The Metropolitan Museum of Art

 

 


Pierre Bonnard (1867-1947)

nature morte - pêches

 

 

Paul Cezanne (1839-1906) 

Nature morte - plat de pêches

 


Paul Gauguin (1848-1903) 

Nature morte aux pêches c. 1889  - 

Fogg Art Museum, Cambridge, MA

 

 

Catherine Klein (1861-1929)

pêches

 


 

Robert Papp

nectarines

 

 


Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche

 

 

Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche  

 

 

Abbey Ryan (1979)

quatre pêches

 

 

 

Pour en savoir plus



- Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994),


- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles, (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 


- Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Editions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Pêcher (Prunus persica) 
 

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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 20:07
 
 
 
 
Gérard de Nerval (1808-1855 - pseudonyme de Gérard Labrunie) écrivain et un poète français. Il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854.
 
Odelettes
 
 
Avril
 
Déjà les beaux jours, - la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; -
Et rien de vert : - à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !
Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
- Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.
 
 
 
 
 
Claude Monet - Printemps à Giverny

Claude Monet - Printemps à Giverny

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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 19:58

 

 

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme (1839-1907) poète français, premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.

Stances et poèmes


 

Printemps oublié

 


Ce beau printemps qui vient de naître

A peine goûté va finir ;

Nul de nous n’en fera connaître

La grâce aux peuples à venir.

 

Nous n’osons plus parler des roses :

Quand nous les chantons, on en rit ;

Car des plus adorables choses

Le culte est si vieux qu’il périt.

 

Les premiers amants de la terre

Ont célébré Mai sans retour,

Et les derniers doivent se taire,

Plus nouveaux que leur propre amour.

 

Rien de cette saison fragile

Ne sera sauvé dans nos vers,

Et les cytises de Virgile

Ont embaumé tout l’univers.

 

Ah ! frustrés par les anciens hommes,

Nous sentons le regret jaloux

Qu’ils aient été ce que nous sommes,

Qu’ils aient eu nos coeurs avant nous.

 

Le printemps par Henri Martin

Le printemps par Henri Martin

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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 18:02

 

 

Auguste Lacaussade (1815-1897) poète français 

Poèmes et Paysages, 1897

 

 

Les Soleils de Mai

 

D’un souffle virginal le plus aimé des mois

Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois

Suspend sa grappe parfumée ;

Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;

Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :

Toi seule es triste, ô bien-aimée !

 

Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?

De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?

Qu’as-tu ma grande et pâle Amie,

Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !

Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir

Avec la terre épanouie.

 

Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,

Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour.

Ailes et feuilles sont décloses.

C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers.

C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts

Fleurissent l’amour et les roses.

 

Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !

Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;

La joie est le soleil de l’âme !

Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer !

Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,

Pour vous aimer, ma noble Dame !

 

Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !

Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums,

Enivrons-nous de jeunes sèves !

Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !

Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs

Flétrir nos roses et nos rêves ! 

 

Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,

Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;

Son front baigné de rêverie

S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ;

Et, lumière de l’âme, un sourire charmant

Flottait sur sa lèvre fleurie.
 

Auguste Lacaussade (1815-1897) - poète français - Les Soleils de Mai
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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 23:19

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

Les contemplations


 

Premier mai

 

Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.

Je ne suis pas en train de parler d’autres choses.

Premier mai ! l’amour gai, triste, brûlant, jaloux,

Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;

L’arbre où j’ai, l’autre automne, écrit une devise,

La redit pour son compte et croit qu’il l’improvise ;

Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,

Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ;

L’atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine

Des déclarations qu’au Printemps fait la plaine,

Et que l’herbe amoureuse adresse au ciel charmant.

A chaque pas du jour dans le bleu firmament,

La campagne éperdue, et toujours plus éprise,

Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise

Envoie au renouveau ses baisers odorants ;

Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans,

Dont l’haleine s’envole en murmurant : Je t’aime !

Sur le ravin, l’étang, le pré, le sillon même,

Font des taches partout de toutes les couleurs ;

Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ;

Comme si ses soupirs et ses tendres missives

Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives,

Et tous les billets doux de son amour bavard,

Avaient laissé leur trace aux pages du buvard !

Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées,

Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ;

Tout semble confier à l’ombre un doux secret ;

Tout aime, et tout l’avoue à voix basse ; on dirait

Qu’au nord, au sud brûlant, au couchant, à l’aurore,

La haie en fleur, le lierre et la source sonore,

Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants,

Répètent un quatrain fait par les quatre vents.
 

John William Waterhouse - chant du printemps

John William Waterhouse - chant du printemps

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 23:18

 

 

Théodore Agrippa d'Aubigné, né d’Aubigny (1552-1630) homme de guerre, écrivain controversiste et poète baroque français. 

 


Prière du matin

 

Le Soleil couronné de rayons et de flammes

Redore nostre aube à son tour :

Ô sainct Soleil des Saincts, Soleil du sainct amour,

Perce de flesches d’or les tenebres des ames

En y rallumant le beau jour.

 

Le Soleil radieux jamais ne se courrouce,

Quelque fois il cache ses yeux :

C’est quand la terre exhalle en amas odieux

Un voile de vapeurs qu’au devant elle pousse,

En se troublant, et non les Cieux.

 

Jesus est toujours clair, mais lors son beau visage

Nous cache ses rayons si doux,

Quand nos pechez fumans entre le Ciel et nous,

De vices redoublez enlevent un nuage

Qui noircit le Ciel de courroux.

 

Enfin ce noir rempart se dissout et s’esgare

Par la force du grand flambeau.

Fuyez, pechez, fuyez : le Soleil clair et beau

Vostre amas vicieux et dissipe et separe,

Pour nous oster nostre bandeau.

 

Nous ressusciterons des sepulchres funebres,

Comme le jour de la nuict sort

Si la premiere mort de la vie est le port,

Le beau jour est la fin des espaisses tenebres,

Et la vie est fin de la mort.
 

Soleil du printemps - Florimond Bruneau (1877-1956)

Soleil du printemps - Florimond Bruneau (1877-1956)

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 23:17

 

 

Alfred de Musset  (1810-1857) poète, dramaturge et écrivain français de la période romantique

Poésies nouvelles


 

La nuit de mai

 

LA MUSE

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;

La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore,

Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ;

Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,

Aux premiers buissons verts commence à se poser.

Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.

 

LE POÈTE

Comme il fait noir dans la vallée !

J’ai cru qu’une forme voilée

Flottait là-bas sur la forêt.

Elle sortait de la prairie ;

Son pied rasait l’herbe fleurie ;

C’est une étrange rêverie ;

Elle s’efface et disparaît.

 

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,

Balance le zéphyr dans son voile odorant.

La rose, vierge encor, se referme jalouse

Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.

Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.

Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée

Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.

Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature

Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,

Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

 

LE POÈTE

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?

Qu’ai-je donc en moi qui s’agite

Dont je me sens épouvanté ?

Ne frappe-t-on pas à ma porte ?

Pourquoi ma lampe à demi morte

M’éblouit-elle de clarté ?

Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.

Qui vient ? qui m’appelle ? – Personne.

Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ;

Ô solitude ! ô pauvreté !

 

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse

Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.

Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse,

Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.

Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.

Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,

Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,

Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?

Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance !

Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.

Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ;

J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour.

 

LE POÈTE

Est-ce toi dont la voix m’appelle,

Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?

Ô ma fleur ! ô mon immortelle !

Seul être pudique et fidèle

Où vive encor l’amour de moi !

Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde,

C’est toi, ma maîtresse et ma soeur !

Et je sens, dans la nuit profonde,

De ta robe d’or qui m’inonde

Les rayons glisser dans mon coeur.

 

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; c’est moi, ton immortelle,

Qui t’ai vu cette nuit triste et silencieux,

Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle,

Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.

Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire

Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ;

Quelque amour t’est venu, comme on en voit sur terre,

Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.

Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées,

Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu,

Éveillons au hasard les échos de ta vie,

Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie,

Et que ce soit un rêve, et le premier venu.

Inventons quelque part des lieux où l’on oublie ;

Partons, nous sommes seuls, l’univers est à nous.

Voici la verte Écosse et la brune Italie,

Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,

Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes,

Et Messa la divine, agréable aux colombes,

Et le front chevelu du Pélion changeant ;

Et le bleu Titarèse, et le golfe d’argent

Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,

La blanche Oloossone à la blanche Camyre.

Dis-moi, quel songe d’or nos chants vont-ils bercer ?

D’où vont venir les pleurs que nous allons verser ?

Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière,

Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet,

Secouait des lilas dans sa robe légère,

Et te contait tout bas les amours qu’il rêvait ?

Chanterons-nous l’espoir, la tristesse ou la joie ?

Tremperons-nous de sang les bataillons d’acier ?

Suspendrons-nous l’amant sur l’échelle de soie ?

Jetterons-nous au vent l’écume du coursier ?

Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre

De la maison céleste, allume nuit et jour

L’huile sainte de vie et d’éternel amour ?
Crierons-nous à Tarquin :  "Il est temps, voici l’ombre !" 

Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ?

Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ?

Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ?

Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ?

La biche le regarde ; elle pleure et supplie ;

Sa bruyère l’attend ; ses faons sont nouveau-nés ;

Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée

Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant.

Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée,

S’en allant à la messe, un page la suivant,

Et d’un regard distrait, à côté de sa mère,

Sur sa lèvre entr’ouverte oubliant sa prière ?

Elle écoute en tremblant, dans l’écho du pilier,

Résonner l’éperon d’un hardi cavalier.

Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France

De monter tout armés aux créneaux de leurs tours,

Et de ressusciter la naïve romance

Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ?

Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ?

L’homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie,

Et ce qu’il a fauché du troupeau des humains

Avant que l’envoyé de la nuit éternelle

Vînt sur son tertre vert l’abattre d’un coup d’aile,

Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ?

Clouerons-nous au poteau d’une satire altière

Le nom sept fois vendu d’un pâle pamphlétaire,

Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli,

S’en vient, tout grelottant d’envie et d’impuissance,

Sur le front du génie insulter l’espérance,

Et mordre le laurier que son souffle a sali ?

Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ;

Mon aile me soulève au souffle du printemps.

Le vent va m’emporter ; je vais quitter la terre.

Une larme de toi ! Dieu m’écoute ; il est temps.

 

LE POÈTE

S’il ne te faut, ma soeur chérie,

Qu’un baiser d’une lèvre amie

Et qu’une larme de mes yeux,

Je te les donnerai sans peine ;

De nos amours qu’il te souvienne,

Si tu remontes dans les cieux.

Je ne chante ni l’espérance,

Ni la gloire, ni le bonheur,

Hélas ! pas même la souffrance.

La bouche garde le silence

Pour écouter parler le coeur.

 

LA MUSE

Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,

Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,

Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?

Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne.

L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,

C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,

Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure

Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du coeur :

Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.

Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,

Que ta voix ici-bas doive rester muette.

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,

Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,

Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,

Ses petits affamés courent sur le rivage

En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.

Déjà, croyant saisir et partager leur proie,

Ils courent à leur père avec des cris de joie

En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,

De son aile pendante abritant sa couvée,

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;

En vain il a des mers fouillé la profondeur ;

L’Océan était vide et la plage déserte ;

Pour toute nourriture il apporte son coeur.

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre

Partageant à ses fils ses entrailles de père,

Dans son amour sublime il berce sa douleur,

Et, regardant couler sa sanglante mamelle,

Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,

Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.

Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,

Fatigué de mourir dans un trop long supplice,

Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;

Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,

Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,

Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,

Que les oiseaux des mers désertent le rivage,

Et que le voyageur attardé sur la plage,

Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c’est ainsi que font les grands poètes.

Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ;

Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes

Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,

De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,

Ce n’est pas un concert à dilater le coeur.

Leurs déclamations sont comme des épées :

Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant,

Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

 

LE POÈTE

Ô Muse ! spectre insatiable,

Ne m’en demande pas si long.

L’homme n’écrit rien sur le sable

À l’heure où passe l’aquilon.

J’ai vu le temps où ma jeunesse

Sur mes lèvres était sans cesse

Prête à chanter comme un oiseau ;

Mais j’ai souffert un dur martyre,

Et le moins que j’en pourrais dire,

Si je l’essayais sur ma lyre,

La briserait comme un roseau.


 

Eugène Louis Lami (1800-1890) nuit de mai

Eugène Louis Lami (1800-1890) nuit de mai

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 22:58


 

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé (1842-1898) poète français, également enseignant, traducteur et critique d'art.

 

 

Renouveau

 

Le printemps maladif a chassé tristement

L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,

Et, dans mon être à qui le sang morne préside

L’impuissance s’étire en un long bâillement.

 

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne

Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau

Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,

Par les champs où la sève immense se pavane

 

Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,

Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,

Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

 

J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…

– Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil

De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
 

Stéphane Mallarmé (1842-1898) - poète français - Renouveau
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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 16:31
 
 
 
Alfred de Musset (1810-1857) poète et un dramaturge français de la période romantique.
 
 
À la mi-carême.
 
Le carnaval s'en va, les roses vont éclore; 
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison 
Sous ses grelots légers rit et voltige encore, 
Tandis que, soulevant les voiles de l'aurore, 
Le Printemps inquiet paraît à l'horizon.
 
Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire; 
Bien que le laboureur le craigne justement, 
L'univers y renaît ; il est vrai que le vent, 
La pluie et le soleil s'y disputent l'empire. 
Qu'y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant; 
C'est sa première larme et son premier sourire.
 
C'est dans le mois de mars que tente de s'ouvrir 
L'anémone sauvage aux corolles tremblantes. 
Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr; 
Et du fond des boudoirs les belles indolentes, 
Balançant mollement leurs tailles nonchalantes, 
Sous les vieux marronniers commencent à venir...
Alfred de MUSSET - poète - à la mi-Carême
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