8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:26

 

Marie Noël, nom de plume de Marie Rouget (1883-1967) poétesse française.

(Le Rosaire des joies)

 

L'ange Gabriel chez Marie 

 

La Vierge Marie est dans sa maison,

Son petit jardin par la porte ouverte

Respire. Une abeille entre. La saison

Qui vient de très loin n'est pas encore verte.


 
L'air joue au soleil avec un fétu,

Je me suis assise à ton seuil, Marie,

Sur la marche tiède... O ma soeur, sais-tu

Si la fleur de Pâque est tantôt fleurie ? ...


 
La Vierge Marie est penchée au bord

De son coeur, profond comme une fontaine

Et joint ses deux mains pour garder plus fort

Le ciel jaillissant dont elle est trop pleine.


 
La Vierge Marie a fermé les yeux

Et voilé son coeur de ses deux paupières

Pour ne plus rien voir, pour entendre mieux

Un souffle qui fait trembler ses prières.


 
Un Ange a parlé tout bas dans la chambre.

Toi seule, ô Marie entends ce qu'il dit.

Toi seule dans l'ombre et le Paradis.

Il a semé Dieu tout grand dans tes membres.


 
Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant,

J'étais sur le pas ému de la porte

Il a laissé choir dans mon coeur tremblant

Un grain murmurant du Verbe qu'il porte.


 
Il a fait tomber la place en moi

La plus ignorée et la plus profonde,

Un mot où palpite on ne sait pas quoi,

Un mot dans mon sein, pour le mettre au monde.


 
Je suis la servante du Seigneur

Qu'il me soit fait selon ta parole

Et le Verbe s'est fait chair,

Et Il a habité parmi nous...


 
La Vierge Marie est dans son bonheur.

La Vierge Marie est là qui se noie

Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur

Autour du jardin, autour de ma joie.


 
Il y a en toi, Vierge, un petit Roi,

Ton petit enfant : un Dieu ! Trois ensemble !

Et nul ne s'en doute. Il y a dedans moi

Un petit oiseau dont le duvet tremble.


 
Un oiseau secret qui bat, étourdi,

Dans le creux d'un coeur, d'une âme la plus douce,

Baignée dans un parfum de Paradis,

J'ai senti déjà : comme une aile qui pousse...

 

Bradi Barth -Ll'Annonce de l'Ange Gabriel à Marie -Annonciation

Bradi Barth -Ll'Annonce de l'Ange Gabriel à Marie -Annonciation

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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:26

 

Yves Renaud poète et peintre français

Apollon d'Or Vaison-la-Romaine 2017

1er prix de Montmélian

1er prix de la SPAF Bretagne

3ème PRIX Concours REGARDS (Vendée)

 

 

Un Ange est passé

 

Un soir tu es parti, en tête une sonate,

tu as fermé les yeux, arrimé tes bras,

tu as semé la nuit, arrêté le temps,

pour l’ultime lavis, déposé tes pinceaux.

 

Drapé dans un orage, tu as célébré la pluie,

laissé accoster tes paroles dans nos âmes,

mûres telles des fruits, belles telles des fleurs,

chants de lumière pour nos larmes.

 

Poèmes secrets éparpillés aux vents,

musiques partagées confiées aux claviers,

signes dans l’azur comme des  calligrammes,

tendresses de chair lovées dans nos êtres.

 

Tu disais les chemins où l’on souffre où l’on aime,

tu nous parlais de pierre et de douceur,

ton cœur valsait en toi ne sachant qu’exulter,

nous apprenant à partager sagesses et folies.

 

Tu as vécu comme vivent les grands arbres,

la treille de tes racines atteignait le ciel,

tu savais faire germer l’invisible,

tu savais alimenter sèves et lèvres.

 

Chacune de tes courses était envol d’oiseaux,

tes rires comblés ravivaient les braises,

entre l’espoir des matins et celui du noir;

ta voix s’est endormie mais nous enseigne l’éveil

 

Chacun de tes pas assouplissait les blés doux,

tes désirs fleurissaient nos terres stériles,

ta soif profonde vivifiait nos sources,

dans tes mains les roses devenaient promesses.

 

Tu sauras prendre la main du vide et du plein ,

comme tu savais faire danser les mystères;

tu détenais l’arc silencieux de la force,

mais aussi le désordre de la passion.

 

Les étoiles terrassées privées de flambeaux

ne sont plus que blessures et privées d’éclat,

mais ces lieux d’éternité inspirant nos quêtes,

ton silence enrichira nos suprêmes serments.

 

Ta présence sera flamme dans notre vie,

ton souvenir sera vivant dans nos ombres,

tu fus notre joie, nous ne serons qu’éloge,

tu te savais mortel, ange tu es devenu.
 

Yves Renaud - poète et peintre français - Un Ange est passé
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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:25

 


Marie-Françoise Thérèse Martin, en religion sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, 

Egalement connue sous les noms de sainte Thérèse de Lisieux, ou  la petite Thérèse, religieuse carmélite française (1873-1897).

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus 

(Février 1897)

 

à Mon Ange gardien. 

 

"Parce que j’étais petite, j’ai plu au Très-Haut."


Glorieux gardien de mon âme,

Toi qui brilles dans le beau ciel

Comme une douce et pure flamme,

Près du trône de l’Éternel ;

Tu viens pour moi sur cette terre,

Et m’éclairant de ta splendeur,

Bel Ange, tu deviens mon frère,

Mon ami, mon consolateur !

 

Connaissant ma grande faiblesse,

Tu me diriges par la main ;

Et je te vois, avec tendresse,

Ôter la pierre du chemin.

Toujours ta douce voix m’invite

À ne regarder que les cieux ;

Plus tu me vois humble et petite,

Et plus ton front est radieux.

 

Ô toi qui traverses l’espace

Plus promptement que les éclairs,

Vole bien souvent à ma place

Auprès de ceux qui me sont chers ;

De ton aile sèche leurs larmes,

Chante combien Jésus est bon !

Chante que souffrir a des charmes,

Et tout bas murmure mon nom.

 

Je veux, pendant ma courte vie,

Sauver mes frères les pécheurs ;

Ô bel Ange de la patrie,

Donne-moi tes saintes ardeurs.

Je n’ai rien que mes sacrifices,

Et mon austère pauvreté ;

Unis à tes pures délices,

Offre-les à la Trinité.

 

À toi, le royaume et la gloire,

Les richesses du Roi des rois.

À moi, le Pain du saint ciboire,

À moi, le trésor de la Croix.

Avec la Croix, avec l’Hostie,

Avec ton céleste secours,

J’attends en paix, de l’autre vie,

Le bonheur qui dure toujours !


 

Sainte Thérèse de Lisieux - religieuse carmélite française -  A mon Ange Gardien
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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:25

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) écrivain autrichien 

 


Vues des Anges, les cimes ...

 

Vues des Anges, les cimes des arbres peut-être

sont des racines, buvant les cieux ;

et dans le sol, les profondes racines d'un hêtre

leur semblent des faîtes silencieux.

 

Pour eux, la terre, n'est-elle point transparente

en face d'un ciel, plein comme un corps ?

Cette terre ardente, où se lamente

auprès des sources l'oubli des morts.
 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) - Ecrivain autrichien - Vues des Anges, les cimes ...
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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:24

Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī  (1817-1892) - 
surnommé Bahāʾ-Allāh — Bahá’u’lláh en translittération baha'ie), fondateur de la religion baha’ie, s’affirmant comme la dernière en date d’une longue lignée de révélations à travers des "enseignants " marquants (Krishna, Abraham, Moïse, Bouddha, Zoroastre, Jésus, Mahomet, le Bāb, et Bahá’u’lláh en tant que "Manifestations de Dieu"). Il proclama l’unification prochaine de l’humanité et l’émergence d’une civilisation mondiale. Bahāʾ-Allāh affirme être le "Promis" des religions du passé "venu", au temps de la fin, amener les peuples du monde vers la justice et la prospérité, vers l’Âge d’Or de l’histoire de l’humanité.

( Extrait des Livres de Baha'u'llah )


 

Un ange au milieu de nous … (Baha'u'llah)

 

."Sois généreux dans la prospérité,

dans l'adversité ne cesse de rendre grâces

Mérite la confiance de ton prochain,

Montre lui toujours un visage amical et souriant.

Sois le trésor du pauvre, admoneste le riche,

Réponds à la plainte du nécessiteux

et garde la sainteté de tes promesses.

Sois équitable en ton jugement et réservé dans tes paroles.

Ne sois injuste envers personne,

et montre à tous une douceur parfaite.

 

Sois une lampe pour ceux qui marchent dans les ténèbres,

Une consolation pour les affligés,

Une mer pour ceux qui ont soif,

Un refuge pour ceux qui sont dans la détresse,

Un soutien et un défenseur des victimes de l'oppression.

 

Que la droiture et l'intégrité marquent tous tes actes.

Sois un foyer pour l'étranger,

Un baume pour ceux qui souffrent,

Une forteresse pour les fugitifs,

Des yeux pour les aveugles, un phare pour les égarés.

 

Sois une parure pour le visage de la vérité,

Une couronne sur le front de la fidélité,

Un pilier du temple de la rectitude,

Un souffle de vie pour le corps de l'humanité,

Un drapeau des armées de la justice,

 Un flambeau qui brille à l'horizon de la vertu,

 

Une rosée pour le sol desséché du cœur humain,

Une arche sur l'océan de la connaissance,

Un soleil dans le ciel de la bonté,

Une gemme au diadème de la sagesse,

Une lumière qui brille au firmament de ta génération,

Un fruit de l'arbre d'humilité".
 


 

Mirza Husayn Ali Nuri (1817-1892) - écrivain religieux perse - Un ange au milieu de nous … (Baha'u'llah)
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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 22:23

 

 

Caroline Baucher - poète française


 
Mes anges

 

Un ange vint

Il a frappé à ma porte ;

Il m'apporte de bonnes nouvelles :

Tu vas renaître me dit il

et connaître un nouvel idylle.

 

Et c'est en vain

Qu'il me fait voir des astres et des étoiles en cohorte.

Un moment, Je me suis envolée sur leurs ailes :

Mais mon coeur n'est plus neuf*

Et depuis longtemps il est veuf.

 

Ce fut divin

Mais il ne s'attend* pas à la feuille morte

Que Depuis que je suis sans elle,

Mon coeur est devenu :

Qu'est elle advenue ?

 

Il me convainc

que cette vie d'ange s'exporte.

Et que je peux retrouver mon zèle :

qu'attends tu pour Fermer les yeux

et les rouvrir sur de nouveaux cieux.

 

Ainsi il devint

Le chef de cette nouvelle escorte

L'ange gardien de ma vie nouvelle.

Mais cet essieux

fut pernicieux

et se forma un ravin
 

Karen Tarlton - Angel

Karen Tarlton - Angel

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 20:44


 

Émile Nelligan (1879-1941), poète québécois influencé par le mouvement symboliste ainsi que par les grands romantiques.

 


Le Récital des Anges

 

Plein de spleen nostalgique et de rêves étranges,

Un soir, je m'en allai chez la Sainte adorée

Où se donnait, dans la salle de l'empyrée,

Pour la fête du ciel, le récital des anges.

 

Et nul ne s'opposant à cette libre entrée,

Je vins, le corps vêtu d'une tunique à franges,

Le soir où je m'en fus chez la Sainte adorée,

Plein de spleen nostalgique et de rêves étranges.

 

Des dames défilaient sous des clartés oranges ;

Les célestes laquais portaient haute livrée ;

Et ma demande étant par Cécile agréée,

J'écoutai le concert qu'aux divines phalanges

Elle donnait, là-haut, dans des rythmes étranges...
 

Sainte Cécile et le concert des anges

Sainte Cécile et le concert des anges

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 20:44

 

Max Elskamp (1862-1931) Poète symboliste belge. 

Il fut membre de l'Académie royale de langue et de littérature française.

 

L’ange


Et puis après, voici un ange,

Un ange en blanc, un ange en bleu,

Avec sa bouche et ses deux yeux,

Et puis après voici un ange,

 

Avec sa longue robe à manches,

Son réseau d’or pour ses cheveux,

Et ses ailes pliées en deux,

Et puis ainsi voici un ange,

 

Et puis aussi étant dimanche,

Voici d’abord que doucement

Il marche dans le ciel en long

Et puis aussi étant dimanche,

 

Voici qu’avec ses mains il prie

Pour les enfants dans les prairies,

Et qu’avec ses yeux il regarde

Ceux de plus près qu’il faut qu’il garde ;

 

Et tout alors étant en paix

Chez les hommes et dans la vie,

Au monde ainsi de son souhait,

Voici qu’avec sa bouche il rit.
 

Max Elskamp (1862-1931) - Poète symboliste belge - L’ange
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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 20:42


Alphonse de Lamartine (1790-1869), poète, romancier, dramaturge français, historien, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la révolution de 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

 

 

La chute d'un Ange

 

Saint ! saint ! saint ! le Seigneur qu'adore la colline !

Derrière ses soleils, d'ici nous le voyons ;

Quand le souffle embaumé de la nuit nous incline,

Comme d'humbles roseaux sous sa main nous plions !

Mais pourquoi plions-nous ? C'est que nous le prions,

C'est qu'un intime instinct de la vertu divine

Fait frissonner nos troncs du dôme à la racine,

Comme un vent du courroux qui rougit leur narine,

Et qui ronfle dans leur poitrine,

Fait ondoyer les crins sur les cous des lions.

Glissez, glissez, brises errantes,

Changez en cordes murmurantes

La feuille et la fibre des bois !

Nous sommes l'instrument sonore

Où le nom que la lune adore

À tous moments meurt pour éclore

Sous nos frémissantes parois.

 

Venez, des nuits tièdes haleines ;

Tombez du ciel, montez des plaines,

Dans nos branches du grand nom pleines

Passez, repassez mille fois !

Si vous cherchez qui le proclame,

Laissez là l'éclair et la flamme !

Laissez là la mer et la lame !

Et nous, n'avons-nous pas une âme

Dont chaque feuille est une voix ?

Tu le sais, ciel des nuits, à qui parlent nos cimes ;

Vous, rochers que nos pieds sondent jusqu'aux abîmes

Pour y chercher la sève et les sucs nourrissants ;

Soleil dont nous buvons les dards éblouissants ;

Vous le savez, ô nuits dont nos feuilles avides

Pompent les frais baisers et les perles humides,

Dites si nous avons des sens !

Des sens ! dont n'est douée aucune créature :

Qui s'emparent d'ici de toute la nature,

Qui respirent sans lèvre et contemplent sans yeux,

Qui sentent les saisons avant qu'elles éclosent,

Des sens qui palpent l'air et qui le décomposent,

D'une immortelle vie agents mystérieux !

 

Et pour qui donc seraient ces siècles d'existence ?

Et pour qui donc seraient l'âme et l'intelligence ?

Est-ce donc pour l'arbuste nain ?

Est-ce pour l'insecte et l'atome,

Ou pour l'homme, léger fantôme,

Qui sèche à mes pieds comme un chaume,

Qui dit la terre son royaume,

Et disparaît du jour avant que de mon dôme

Ma feuille de ses pas ait jonché le chemin ?

Car les siècles pour nous c'est hier et demain ! ! !

 

Oh ! gloire à toi, père des choses !

Dis quel doigt terrible tu poses

Sur le plus faible des ressorts,

Pour que notre fragile pomme,

Qu'écraserait le pied de l'homme,

Renferme en soi nos vastes corps !

Pour que de ce cône fragile

Végétant dans un peu d'argile

S'élancent ces hardis piliers

Dont les gigantesques étages

Portent les ombres par nuages,

Et les feuillages par milliers !

 

Et les feuillages par milliers !

Dans la sève, goutte de pluie

Que boirait le bec d'un oiseau,

Pour que ses ondes toujours pleines,

Se multipliant dans nos veines,

En désaltèrent les réseaux !

Pour que cette source éternelle

Dans tous les ruisseaux renouvelle

Ce torrent que rien n'interrompt,

Et de la crête à la racine

Verdisse l'immense colline

Qui végète dans un seul tronc !

 

Dites quel jour des jours nos racines sont nées,

Rochers qui nous servez de base et d'aliment !

De nos dômes flottants montagnes couronnées

Qui vivez innombrablement ;

Soleils éteints du firmament,

Etoiles de la nuit par Dieu disséminées,

Parlez, savez-vous le moment ?

Si l'on ouvrait nos troncs, plus durs qu'un diamant,

On trouverait des cents et des milliers d'années

Ecrites dans le cœur de nos fibres veinées,

Comme aux fibres d'un élément !

 

Aigles qui passez sur nos têtes,

Allez dire aux vents déchaînés

Que nous défions leurs tempêtes

Avec nos mâts enracinés.

Qu'ils montent, ces tyrans de l'onde,

Que leur aile s'ameute et gronde

Pour assaillir nos bras nerveux !

Allons ! leurs plus fougueux vertiges

Ne feront que bercer nos tiges

Et que siffler dans nos cheveux !

 

Fils du rocher, nés de nous-même,

Sa main divine nous planta ;

Nous sommes le vert diadème

Qu'aux sommets d'Éden il jeta.

Quand ondoiera l'eau du déluge,

Nos flancs creux seront le refuge

De la race entière d'Adam,

Et les enfants du patriarche

Dans nos bois tailleront l'arche

Du Dieu nomade d'Abraham !

 

C'est nous, quand les tribus captives

Auront vu les hauteurs d'Hermon,

Qui couvrirons de nos solives

L'arche immense de Salomon ;

Si, plus tard, un Verbe fait homme

D'un nom plus saint adore et nomme

Son père du haut d'une croix,

Autels de ce grand sacrifice,

De l'instrument de son supplice

Nos rameaux fourniront le bois.

 

En mémoire de ces prodiges,

Des hommes inclinant leurs fronts

Viendront adorer nos vestiges,

Coller leurs lèvres à nos troncs.

Les saints, les poètes, les sages 

Écouteront dans nos feuillages

Des bruits pareils aux grandes eaux,

Et sous nos ombres prophétiques

Formeront leurs plus beaux cantiques

Des murmures de nos rameaux.

 

Glissez comme une main sur la harpe qui vibre

Glisse de corde en corde, arrachant à la fois 

À chaque corde une âme, à chaque âme une voix

Glissez, brises des nuits, et que de chaque fibre

Un saint tressaillement jaillisse sous vos doigts !

Que vos ailes frôlant les feuilles de nos voûtes,

Que des larmes du ciel les résonnantes gouttes,

Que les gazouillements du bulbul dans son nid,

Que les balancements de la mer dans son lit,

L'eau qui filtre, l'herbe qui plie,

La sève qui découle en pluie,

La brute qui hurle ou qui crie,

Tous ces bruits de force et de vie

Que le silence multiplie,

Et ce bruissement du monde végétal

Qui palpite à nos pieds du brin d'herbe au métal,

Que ces voix qu'un grand chœur rassemble

Dans cet air où notre ombre tremble

S'élèvent et chantent ensemble

Celui qui les a faits, celui qui les entend,

Celui dont le regard à leurs besoins s'étend :

Dieu, Dieu, Dieu, mer sans bords qui contient tout en elle,

Foyer dont chaque vie est la pâle étincelle

Bloc dont chaque existence est une humble parcelle,

Qu'il vive sa vie éternelle,

Complète, immense, universelle ;

Qu'il vive à jamais renaissant

Avant la nature, après elle ;

Et que chaque soupir de l'heure qu'il rappelle

Remonte à lui d'où tout descend ! ! !

 

Ainsi chantait le chœur des arbres, et les anges

Avec ravissement répétaient ces louanges ;

Et des monts et des mers, et des feux et des vents,

De chaque forme d'être et d'atomes vivants

L'unanime concert des terrestres merveilles

Pour s'élever à Dieu passait par leurs oreilles.

Et ces milliers de voix de tout ce qui voit Dieu,

Le comprend, ou l'adore ou le sent en tout lieu,

Roulaient dans le silence en grandes harmonies

Sans mots articulés, sans langues définies,

Semblables à ce vague et sourd gémissement

Qu'une étreinte d'amour arrache au cœur aimant,

 

Et qui dans un murmure enferme et signifie

Plus d'amour qu'en cent mots l'homme n'en balbutie !

Quand l'hymne aux mille voix se fut évaporé,

Les esprits, pleins du nom qu'il avait adoré,

S'en allèrent ravis porter de sphère en sphère

L'écho mélodieux de ces chants de la terre.

Un seul, qui contemplait la scène de plus bas,

Les regarda partir et ne les suivit pas.

Or, pourquoi resta-t-il caché dans le nuage ?

C'est qu'au pied d'un grand cèdre, à l'abri du feuillage,

Un objet pour lequel il oubliait les deux

Semblait comme enchaîner sa pensée et ses yeux.

Oh ! qui pouvait d'un ange ainsi ravir la vue ?

C'était parmi les fleurs une belle enfant nue,

Qui, sous l'arbre le soir surprise du sommeil,

N'avait vu ni baisser ni plonger le soleil,

Et qui, seule au départ des tribus des montagnes,

N'avait pas entendu les cris de ses compagnes.

Sa mère sur son front n'avait encor compté

Depuis son lait tari que le douzième été ;

Mais dans ces jours de force où les sèves moins lentes

Se hâtaient de mûrir les hommes et les plantes,

Treize ans pour une vierge étaient ce qu'en nos jours

Seraient dix-huit printemps pleins de grâce et d'amours.

Non loin d'un tronc blanchi de cèdre, où dans les herbes

L'astre réverbéré rejaillissait en gerbes,

Un rayon de la lune éclairait son beau corps,

D'un bassin d'eau dormant ses pieds touchaient les bords,

Et quelques lis des eaux, pleins de parfums nocturnes,

Recourbaient sur son corps leurs joncs verts et leurs urnes

(...........)

 

L'ange, pour la mieux voir écartant le feuillage,

De son céleste amour l'embrassait en image,

Comme sur un objet que l'on craint d'approcher

Le regard des humains pose sans y toucher.

Daïdha, disait-il, tendre faon des montagnes !

Parfum caché des bois ! ta mère et tes compagnes

Te cherchent en criant dans les forêts ; pourquoi

Ai-je oublié le ciel pour veiller là sur toi ?

C'est ainsi chaque jour : tous les anges mes frères

Plongent au firmament et parcourent les sphères ;

Ils m'appellent en vain, moi seul je reste en bas.

Il n'est plus pour mes yeux de ciel où tu n'es pas !

Pourquoi le roi du sort, ô fille de la femme, 

À ton âme en naissant attacha-t-il mon âme ?

Pourquoi me tira-t-il de mon heureux néant 

À l'heure où tu naquis d'un baiser, belle enfant ?

Sœur jumelle de moi ! que par un jeu barbare

Tant d'amour réunit, et l'infini sépare !

Oh ! sous mes yeux charmés depuis que tu grandis,

Mon destin immortel combien je le maudis !

Combien de fois, tenté par un attrait trop tendre,

Ne pouvant t'élever, je brûlai de descendre,

D'abdiquer ce destin, pour t'égaler à moi,

Et de vivre ta vie en mourant comme toi !

Combien de fois ainsi dans mon ciel solitaire,

Lassé de mon bonheur et regrettant la terre,

 

Ce cri, ce cri d'amour dans mon âme entendu,

Sur mes lèvres de feu resta-t-il suspendu !

Fais-moi mourir aussi, Dieu qui la fis mortelle !

Etre homme ! quel destin !... oui, mais être aimé d'elle !

Mais aimer, être aimé ! s'échanger tout à tour !

Ah ! l'ange ne sait pas ce que c'est que l'amour !

Être unique et parfait qui suffit à soi-même !

Non, il ne connaît pas la volupté suprême

De chercher dans un autre un but autre que lui,

Et de ne vivre entier qu'en vivant en autrui !

Il n'a pas comme l'homme au milieu de ses peines

La compensation des détresses humaines,

La sainte faculté de créer en aimant

Un être de lui-même image et complément,

Un être où de deux cœurs que l'amour fond ensemble

L'être se multiplie en un qui leur ressemble !

Oh ! de l'homme divin mystérieuse loi,

De ne trouver jamais son tout que hors de soi,

De ne pouvoir aimer qu'en consumant une autre !

Que ce destin sublime est préférable du nôtre, 

À cet amour qui n'a dans nous qu'un seul foyer,

Et qui brûle à jamais sans s'y multiplier !
 

Ciro Ferri (1634-1689) - L’Ange Gardien

Ciro Ferri (1634-1689) - L’Ange Gardien

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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 20:41


 

Maurice Oreste, est un poète et romancier haïtien, amoureux de sa terre natale et de sa culture dont il chante, avec beaucoup de sensualité, les beautés ardentes et les douleurs abyssales. A travers son écriture, particulièrement sensible et pleine de vie, il montre la tristesse d'un peuple souvent blessé et exprime sa foi en l'avenir et en la magie d'une terre où s'épanouit la Nature en volupté...


En 2011, il a publié un roman intitulé « La Voix de l'Ombre » qui a connu un grand succès.

Extrait de:  Cris du Coeur

 


Ange noire


Viendras-tu ce soir astre de nuit

Bercer mon sommeil silencieux

Quand mon corps inerte,

Etendu sur le lit

Sans vie et dépourvu d'esprit.

 

Ange, mon ange je te dois la vie

L'épaisseur de la nuit

Ne m'inquiète plus

Tu me rassures le réveil

Avant que le jour se lève

Tu me redonnes la vie

Quand le sommeil m'emporte.

 

Ange de douceur,

Je t'appelle ange noire

Ravissante, splendide, magnifique

Pour décrire cette beauté

Sans pareille

Cachée sous le voile blanc

Qui couvre ton visage.

 

Veilleuse de la nuit,

Esprit velléitaire

Ton portrait intouchable me captive

Reste avec moi ce soir

Apaise mon chagrin.

 

Arrête mon ange,

Tes apparitions fugitives

Je me berce d'illusion

De t'avoir dans mes bras

Pour mettre fin à ma vie solitaire,

Retrouver mon bonheur caché

Sous le sol des distances.

 

Ange, mon ange tu embellis mes rêves

Nos promenades nocturnes

Nous emmènent çà et là,

Des regards tendres, doux

Traduisent nos pensées

Et nos désirs charnels.

 

Berce-moi avant de m'endormir,

Ange de tendresse

Ces nuits passées avec toi

Ne sont que souvenirs

Tes petits mots brûlants

Me couvrent de fleurs

Tu marches dans mes rêves

Et emportes mon Coeur.
 

Maurice Oreste, - poète, écrivain et romancier haitien, - Ange noire
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