22 avril 2023 6 22 /04 /avril /2023 17:47

 

 

Wang Wei (701-761) poète, peintre, et musicien chinois de la période Tang. 

 

 

Le talus aux magnolias


Au bout des branches, fleurs de magnolias,

Dans la montagne ouvrent leurs rouges corolles;

– Un logis, près du torrent, calme et vide –

Pêle-mêle, les unes éclosent, d’autres tombent.

Wang Wei (701-761) - poète, peintre, et musicien chinois de la période Tang - Le talus aux magnolias
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15 avril 2023 6 15 /04 /avril /2023 16:25

 

 

Sylvain Adeline, dit Syrano (1979)  auteur-compositeur-interprète, vidéaste, graphiste et illustrateur français 

Source : Musixmatch

2015


 

Et les saules pleurent


Je me souviens de tout. Du hêtre et de l'avoir,

Des marrons, des châtaignes, des premières coupures de rasoir

Et des tisanes au tilleul le soir qui embaumaient nos chambres

Quand maman contait l'histoire. C'est vrai cela n'est plus que cendre

Mais l'incendie n'a rien ôté à la chaleur des longs dimanches

Passés à chat perché ou cochon pendu dans les branches

Du grand cerisier. A l'ombre de sa silhouette voûtée

On guérissait les brûlures indiennes par un goûter.

J'en ai connu des canicules et des gelées terre à terre.

Il a fallu plus d'une fois faire preuve de caractère

Et s'endurcir dans la rigueur loin du confort des serres

Sans obscurcir le lendemain pour voir plus clair hier.

Le corps frêne et l'esprit peuplier

Mais je me rappelle de tout. Les étés dans notre abris côtier

Lorsque montait la sève. Et je me résigne

A ces instants figés dans l'ambre, la résine.

Maintenant que mes vieux os craquent comme les bûches crépitent

Dans l'âtre brûlant où ils brasillent comme des pépites

Juste le temps de faire une connerie, je me souviens les conifères,

Un gosse moulant ses mains dans le plâtre pour la fête des mères

Ou enfilant, maladroit, des nouilles en collier.

En y pensant je me promène encore à l'orée des bois.

J'ai gardé ces empreintes dans mon coeur écolier

Et j'emprunte toujours les allées bordées de lilas.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Je me souviens de tout. De la moindre bourrasque,

De chacune des tempêtes qui a balayé mes basques

Et ma parure dont les restes sous le vent

En se soulevant pestent sur la façon dont jadis ils apparurent.

Je me souviens du temps ou j'étais beau et fort,

Où mon corps fourbu ne rechignait pas encore à l'effort

Où je faisais voler ces jupes comme des feuilles qui se balancent

En effaçant nos airs timides quand elle m'accordait une danse.

Deux éclats d'émeraudes posés sur des pommettes écarlates.

J'accompagnais ma dame dans quelque valse délicate.

Je n ai jamais plié. Toujours droit, le torse fier

Si ce n'est enchanté par les courbes de ma douce sorcière.

Puis nous avons regardé grandir paisiblement

Les deux jeunes pousses qu'on avait planté en s'aimant.

On les a protégé densément. Peut-être trop.

Une façon de s'excuser d'avoir au pied les chaines du bouleau.

Naturellement, elles sont parties puiser en d'autres sols

La force d'élever d'autres pousses au milieu des herbes folles

Apprenant des anciens que le ciel se touche

Pour apprendre aux petits quelles sont leurs racines et leurs souches.

Et d'au revoir en adieux la vie a soufflé nos seize ans,

Plissé notre écorce écorchée par les saisons

Mais dans ma vieille peau elle étouffit, devait se sentir à l'étroit.

Bon sang, qu'il a fait chaud pendant l'été 2003.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

 

Sylvain Adeline, dit Syrano (1979)  auteur-compositeur-interprète, illustrateur français - Et les saules pleurent
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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 14:29

 

 

Cicely Mary Barker (1895-1973) illustratrice britannique connue pour ses illustrations de fées et de fleurs. 

 


Fée du saule


Au bord du paisible ruisseau ou du bassin ombragé

je trempe mes feuilles dans l'eau fraîche.

 

Au-dessus de l'eau je me penche toute la journée,

Où jouent les épinoches et les vairons.

 

Je danse, je danse, quand la brise souffle,

Et plonge mes orteils dans le ruisseau en contrebas.

Cicely Mary Barker (1895-1973) - illustratrice britannique - Fée du saule
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5 avril 2023 3 05 /04 /avril /2023 21:39

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique 

Œuvres complètes - III

 

Comédie dans les feuilles

 

Au fond du parc qui se délabre,

Vieux, désert, mais encor charmant

Quand la lune, obscur candélabre,

S’allume en son écroulement,


 
Un moineau-franc, que rien ne gêne,

A son grenier, tout grand ouvert,

Au cinquième étage d’un chêne

Qu’avril vient de repeindre en vert.

 

Un saule pleureur se hasarde

À gémir sur le doux gazon,

À quelques pas de la mansarde

Où ricane ce polisson.

 

Ce saule ruisselant se penche ;

Un petit lac est à ses pieds,

Où tous ses rameaux, branche à branche,

Sont correctement copiés.

 

Tout en visitant sa coquine

Dans le nid par l’aube doré,

L’oiseau rit du saule, et taquine

Ce bon vieux lakiste éploré.

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique -  Comédie dans les feuilles
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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 19:32

Fred Vargas (1957) écrivaine française

(Éditions Viviane Hamy, 1999), 


 

L'Homme à l'envers 


"Assis dans l'herbe au bord du Rhône, à l'écart 

d'une petite route qui longeait la berge, dans une sorte de 

clairière à l'horizon bouché par des haies de saules, 

Adamsberg plongeait dans la rivière une longue branche 

et luttait du bout de cette branche contre le courant. 

(...) 


Camille le repéra après presque une heure de marche, 

dans une clairière étroite et silencieuse, isolée au milieu des saules. 

Elle s'arrêta à une vingtaine de pas, Adamsberg s'était assis 

tout au bord de la berge, les pieds touchant l'eau. 

Il ne faisait rien, selon toute apparence, mais pour Adamsberg,

être assis dehors constituait une occupation en soi.  

(...)


Cette branche de saule, peut-être, dit-il en effleurant 

la baguette de bois placée entre eux deux. 

Et moi, de temps à autre.

- Bien, dit Camille en soupirant. Je vis avec lui.

- On comprend mieux comme ça, dit Adamsberg.

Il se leva, ramassa la branche de saule 

et fit quelques pas dans la clairière."

Fred Vargas (1957) - écrivaine française - L'Homme à l'envers 
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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 17:37

 

 

Martin Dowle - poète français

Conflans Ste Honorine, novembre 1997


 

Le saule pleureur


Un jour, fût-ce un songe ? Un rêve ? Je l’ignore !

Je me voyais, isolé, dans un bois au crépuscule.

Un automne précoce teintait les feuilles d’or,

Tandis que j’errais au pas d’un somnambule.

 

Un lourd silence glacé m’enveloppait comme une ombre.

Rien ne semblait réel mais pourtant je me voyais !

Isolé en ce bois, retiré, froid et si sombre,

Où à une croisée de chemins un saule pleureur pleurait.

 

Ce digne arbre puisait de la terre par ses racines,

Et de l’eau, dans un cours d’eau, la magie qui orchestrait

De limpides lamentations ! Elles s’élevaient ; tristes Hymnes !

Contant d’antiques amours qui en ce lieu furent brisées.

 

Il me conta des misères, des malheurs et bien pire !

Il se lamentait sans répit, ressassant tous ces drames,

Disant : "L’arrogante jeunesse ne peut passer sans soupir !"

Me tançant de préserver le souvenir de ces pauvres âmes.

 

De ces gens qui crurent pouvoir bâtir de leurs mains

Une destinée royale de richesses et de passions,

Mais ils oubliaient qu’aujourd’hui disparaît et que demain

Balaie tout, brise les rêves, sans aucune concession.

 

Mais je m’en allai stoïque, imperméable à la tristesse,

Pour courir, utopique, embrasser de fous espoirs.

Vivre dans une joie factice que des mirages d’amour caressent,

Mais immanquablement, à la lumière succède le noir.

 

Et demain arriva ! Et enfin je compris,

Que ce deuil, que ce saule pleureur célébrait,

Etait l’image précurseur de ma propre mélancolie.

Et dans son bois retiré, c’était pour moi qu’il pleurait !

 

Et je mourus là bercé par des chants de criquets,

Qui tricotaient de leurs pattes un requiem solennel,

Tandis qu’au loin le saule, encore plus triste se courbait,

Maudissant une fois de plus la vanité des mortels...

Martin Dowle - poète français - Le saule pleureur
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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 17:04

 

 

Paul Valéry (1871-1945) écrivain, poète et philosophe français 

Corona et Coronilla, 1938-1945.

 

            Le Saule

 

Tremble, Tombe légère… Un souffle t’aime, Saule,

 

Qui fait sur toi frémir le songe d’une épaule…

Brise ?… ou mon seul soupir si simple et si soudain

 

Que j’exhale d’amour pour ce flottant jardin.

Sur ses fleurs, mon regard trompe le mal d’attendre

 

Le pas, la voix, la main, et puis, tout l’être tendre,

Cette Toi tout à moi que je sens devenir,

A qui l’heure qui meurt peut tout à coup m’unir

Et qui vient !… Je le sens…

 

Ma bouche enfin t’accueille !

L’approche met dans l’âme un tremblement de feuille

Et mes yeux, quoique pleins de feuillage et de jour,

Te voient derrière moi, toute rose d’amour…

 

Tremble, Tombe légère ! Un souffle t’aime, Saule…

Mais je n’ai plus besoin de songer d’une épaule, 

Et ce souffle n’est plus le souffle d’un seul cœur…   

 

Le temps vaincu succombe, et le baiser vainqueur

 

De l’absence sans nom dont un nom me délivre,    

Boit dans l’ombre à longs traits le feu qui nous fait vivre !

Paul Valéry (1871-1945) - écrivain, poète et philosophe français - Le Saule
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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 22:22

1930

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français

Corps et Biens (Éditions Gallimard, 1930).

 

Sous les saules 

 

L’étrange oiseau dans la cage aux flammes 

Je déclare que je suis le bûcheron de la forêt d’acier 

que les martes et les loutres sont des jamais connues 

l’étrange oiseau qui tord ses ailes

et s’illumine

 

Un feu de bengale inattendu a charmé ta parole 

Quand je te quitte il rougit mes épaules et l’amour 

Le quart d’heure vineux mieux vêtu qu’un décor lointain étire  

ses bras débiles et fait craquer ses doigts d’albâtre 

À la date voulue tout arrivera en transparence 

plus fameux que la volière où les plumes se dispersent 

 

Un arbre célèbre se dresse au-dessus du monde avec des pendus  

en ses racines profondes vers la terre 

c’est ce jour que je choisis 


Un flamboyant poignard a tué l’étrange oiseau dans la cage de

flamme et la forêt d’acier vibre en sourdine illuminée par le feu  

des mortes giroflées 

Dans le taillis je t’ai cachée

dans le taillis qui se proclame roi des plaines.

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 21:56

 

 

Raymond Radiguet (1903-1923) écrivain français.

 


Saule pleureur

 

Il perd ses plumes perd ses larmes

 

Comme un coeur se vide de larmes

L'arrosoir a perdu ses plumes

 

Éventail au soleil fané

Loterie des mois des années

Dans l'allée le sable s'enroue

Où mon chagrin fera la roue

 

Jardin faut-il que tu t'en ailles

Et l'été de cet éventail

Secondé par mon petit doigt

Qui chatouille un bouton de rose

Effronté sans pourtant qu'il ose

Trop presser son éclosion

 

Après s'être bien amusée

La rose rentre en son cocon

La rose revêt sa chemise

Et tout est à recommencer

 

Et les outils dans la remise

Ensemblejardin se lamentent

L'arrosoir voudrait sur l'amante

Verser des larmes mais la bêche

N'a pas retrouvé cette espiègle

Qui se cache sous l'herbe sèche

Raymond Radiguet (1903-1923) - écrivain français - Saule pleureur
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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 19:08

 

 

Émile  Verhaeren (1855-1916) poète belge

La guirlande des dunes


Ce saule-là


Est-il tordu, troué, souffrant et vieux !

Sont-ils crevés et bossués les yeux

Que font les noeuds dans son écorce !

Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force !

Est-il misère, est-il ruine,

Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine,

Et, néanmoins, planté au bord

De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or ;

A travers l’ombre et à travers la mort,

Au fond du soir, mord-il la vie, encor !

 

Un soir de foudre et de fracas,

Son tronc craqua

Soudainement, de haut en bas.

 

Depuis, l’un de ses flancs

Est sec, stérile et blanc ;

Mais l’autre est demeuré gonflé de sève.

Des fleurs, parmi ses crevasses, se lèvent,

Les lichens nains le festonnent d’argent ;

L’arbre est tenace et dur : son feuillage bougeant

Luit au toucher furtif des brises tatillonnes.

L’automne et ses mousses le vermillonnent ;

Son front velu, comme un front de taureau,

Bute, contre les chocs de la tempête ;

Et dans les trous profonds de son vieux corps d’athlète,

Se cache un nid de passereaux.

 

 

Matin et soir, même la nuit,

À toute heure je suis allé vers lui ;

Il domine les champs qui l'environnent,

Les sablons gris et les pâles marais ;

Mon rêve, avec un tas de rameaux frais

Et jaillissants, l'exalte et le couronne.

Je l'ai vu maigre et nu, pendant l'hiver,

Poteau de froid, planté sur des routes de neige ;

Je l'ai vu clair et vif, au seuil du printemps vert,

Quand la jeunesse immortelle l'assiège,

Quand des bouquets d'oiseaux fusent vers le soleil ;

Je l'ai vu lourd et harassé, dans la lumière,

Les jours d'été, à l'heure où les grands blés vermeils,

Autour des jardins secs et des closes chaumières,

S'enflent, de loin en loin, comme des torses d'or ;

J'ai admiré sa vie en lutte avec sa mort,

Et je l'entends, ce soir de pluie et de ténèbres,

Crisper ses pieds au sol et bander ses vertèbres

Et défier l'orage, et résister encor.

Si vous voulez savoir où son sort se décide,

C'est tout au loin, là-bas, entre Furne et Coxyde,

Dans un petit chemin de sable clair,

Près des dunes, d'où l'on peut voir dans l'air,

Les batailles perpétuées

Des vents et des nuées

Bondir de l'horizon et saccager la mer.

Émile  Verhaeren (1855-1916) - poète belge - Ce saule-là
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