Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 19:29

 

Gustave Le Vavasseur (1819- 1896) poète et écrivain français 
Pseudonyme : Civilis, Gustave Delorne

Poésies fugitives

Poésies complètes, Lemerre, 1888, 

 


Fleur de pommier 

 

Un matin du premier printemps,

Sur les fleurs naissantes les anges

Baissaient les yeux de temps en temps

Pour les voir sortir de leurs langes.


 
Ils demeurèrent interdits

Devant les merveilles écloses,

Le grand pommier du Paradis

Était tout couvert de fleurs roses.

 

À l’ombre des rameaux coquets

Ève éblouie était assise,

Perdue au milieu des bouquets

Qui lutinaient sa convoitise.

 

Vers elle elle vit se pencher

Une fleur si rose et si blanche,

Qu’Ève, cette fois, sans pécher,

La cueillit et cassa la branche.

 

Orgueil innocent et charmant !

Ève, femme et déjà coquette,

Sourit ; son premier mouvement

Est d’humilier sa conquête.

 

Elle admire de son larcin

Les splendeurs blanches et vermeilles

Et les rapproche de son sein

Pour comparer les deux merveilles.

 

Ses yeux, rassasiés d’amour,

Brillent d’une nouvelle flamme,

En voyant, dès le premier jour,

La fleur pâlir devant la femme.

 

Elle triomphe, mais Adam,

Jaloux et la mine inquiète,

Demi-boudant, demi-grondant,

Vient tout à coup troubler la fête.

 


« Pourquoi dépouiller le jardin

Que Dieu pour nous plante et décore

Et, par un orgueil enfantin,

Cueillir la fleur qui vient d’éclore ?

 

« Vous humiliez sans effort,

Ô femme jalouse et cruelle,

Ce pauvre rameau déjà mort,

Mais cela vous rend-il plus belle ?

 

"Ces fleurs renfermaient des fruits

Dont votre caprice nous prive,

Ève, et que vous avez détruits

Dans votre vanité naïve."

 

"Éve se tut, goûtant le fiel

De ces amertumes étranges

Et, levant les yeux vers le ciel,

Sembla prendre à témoins les anges.

 

Les bénins anges du Seigneur

N’avaient point baissé la paupière

En voyant la femme et la fleur

S’épanouir dans la lumière.

 

Lorsque l’automne fut venu,

Couvert de fruits pleins de mystère,

Le grand pommier, mal soutenu,

Ployait souus le faix jusqu’à terre.

 

Le rameau voisin du premier,

Brisé jadis par la main d’Ève,

Est le plus chargé du pommier ;

Ses fruits ont une double sève.

 

Une pomme éclate au milieu

Sous la pourpre qui la colore

Et la défense du bon Dieu

La rend plus séduisante encore.

 

Vers toi l’œil d’Ève est attiré,

Mystique et tentante merveille,

Car le serpent a murmuré

Un mot perfide à son oreille.

 

Cette fois, plus habile au jeu,

La femme, instruite à la malice,

Pour désobéir au bon Dieu,

Veut avoir l’homme pour complice.

 

On sait quel fut le dénouement

De la première comédie

Et, grâce au tentateur, comment

Elle finit en tragédie.

 

Ce fut l’affaire d’un moment.

Par sa femme Adam l’impeccable

Fut tenté plus facilement

Qu’Ève ne le fut par le diable.

 

Les anges, amis des élus,

Tristes et voilés de leurs ailes

Priaient et ne regardaient plus

Les frères des anges rebelles.

 

Un seul descend vers les maudits

Et, par Dieu même armé d’un glaive

Il les chasse du Paradis.

Adam semblait se plaindre d’Ève,

 

Mais l’ange, tout en les chassant,

Lui disait : homme trop sévère

Qui, pour un caprice innocent,

Te courrouçais à la légère,

 

Ah, de cet arbre de douleurs,

Ève, pour le repos des hommes,

Aurait bien du cueillir les fleurs

Au lieu de convoiter les pommes !

 

Cueillir avec des yeux distraits

La fleur de la terre promise

Qui semble éclore tout exprès,

Peut être une chose permise.

 

Dieu sourit au cœur virginal,

Mais il maudit la femme et l’homme

Qui, sachant le bien et le mal,

À l’arbre vont cueillir la pomme.

Jules Scalbert - printemps - fleur de pommier

Jules Scalbert - printemps - fleur de pommier

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 19:00

 

Géo Norge (pseudonyme de Georges Mogin 1898-1990) poète belge francophone.

 

 

Petite pomme

 

La petite pomme s’ennuie

De n’être pas encore cueillie.

Les autres pommes sont parties,

Petite pomme est sans amie.

 

Comme il fait froid dans cet automne !

Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.

Comme on a peur au verger noir

Quand on est seule et qu’on est pomme.

 

 
Je n’en puis plus viens me cueillir,

Tu viens me cueillir Isabelle ?

Comme c’est triste de vieillir

Quand on est pomme et qu’on est belle.

 

Prends-moi doucement dans ta main,

Mais fais-moi vivre une journée,

Bien au chaud sur ta cheminée

Et tu me mangeras demain.


 

Géo Norge (pseudonyme de Georges Mogin 1898-1990) - poète belge - Petite pomme
Partager cet article
Repost0
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 18:11

 

Philéas Lebesgue (1869-1958) dans le même lieu, écrivain français à la fois poète, romancier, essayiste, traducteur et critique littéraire.

 

 

La pomme

 

Bel automne

À moi tes pommes,

Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !

J’y veux mordre à pleines dents ;

J’y veux boire à pleines lèvres :

Bel automne,

À moi tes pommes

Pour le pressoir qui les attend !

J’en veux faire éclater la fine chair

Entre les mâchoires de fer ;

J’en veux tirer la liqueur blonde ;

À grand effort de vis et de levier,

J’en veux faire jaillir une source de songe !

Pour défier

L’ennui de l’hiver et des mois sombres,

Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.


 
Bel automne

À moi tes pommes !

Aux glèbes fraîches,

Mon blé germe :

Qu’importe le passé ? J’ai semé l’avenir.

Les feuilles sèches,

Au gré du vent peuvent courir

Dans la brume des soirs ternes ;

 

Si j’ai du cidre

En mon cellier,

Il m’est permis d’oublier

L’angoisse même de vivre,

L’angoisse de marcher ployé,

Et d’être si peu, si peu libre !

Laurent Lepage - les broyeurs de pommes

Laurent Lepage - les broyeurs de pommes

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 16:16

 

Pierre-François-Amédée Tissot (1816-1887), Journaliste : le Lexovien ; fondateur de l’Almanach de Lisieux ; leNouvelliste ; laSylphide ; le Journal du samedi ; bibliothécaire de la Ville, secrétaire de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie et membre de plusieurs Sociétés savantes, a composé sur la Pomme les vers qui suivent :

Ces huit strophes ou couplets inspirés par l'aspect que présentent, en automne, nos vergers plantés de pommiers chargés de fruits, ont été mis en musique et composent une chanson de table fort agréable.

 


La pomme


I
 
On a souvent chanté la vigne ;

On a célébré le raisin ;

Sans doute à cet honneur insigne

Ils ont droit puisqu'ils font le vin.

Je trouve bien qu'on les renomme,

Mais je crois, sans les humilier,

Qu'on peut aussi chanter la pomme

Et le pommier.


 
II
 
De la vigne on exalte l'âge,

Mais dans le Paradis perdu

Adam ne voit que son feuillage

Et la pomme est fruit défendu.

Bien avant que Noë se grise,

La pomme s'est fait apprécier ;

Eve aussi se trouva surprise

Sous un pommier.


 
III
 
De pampres verts si l'on couronne

Le front bourgeonné de Bacchus,

C'est le fruit du pommier que donne

Le berger Pâris à Vénus.

Ce n'est point sous la treille impure

Que Pâris fut la glorifier :

Vénus détacha sa ceinture

Sous un pommier.


 
IV
 
Le pommier, c'est de la science

L'arbre fécond et glorieux :

A son ombre, avec patience,

Laplace nous décrit les cieux ;

Durville interroge la Sphère,

Newton s'éveille, et, le premier,

Surprend un secret à la terre

Sous un pommier. 


 
V
 
Sous un pommier le grand Corneille

Evoque ses mâles héros.

Malherbe naît ; Boëldieu veille ;

Le Poussin saisit ses pinceaux ;

Bérat fredonne son idylle ;

Et l'on sait qu'un pauvre ouvrier 

Créa le joyeux vaudeville

Sous un pommier.


 
VI
 
On dit que Bacchus eut la gloire

De soumettre l'Inde à ses lois ;

Mais le vin qu'il apprend à boire

N'excite pas seul aux exploits.

Le cidre aussi monte la tête,

Et Guillaume, le fier guerrier,

D'Albion rêva la conquête

Sous un pommier.


 
VII
 
Il est un pays qu'on renomme

Pour son courage et sa fierté,

Qui révère dans une pomme

L'emblême de sa liberté ;

C'est la Suisse ! - Sa délivrance

Apprend à l'univers entier

Qu'on trouve aussi l'indépendance

Sous un pommier.


 
VIII
 
Qui dit pomme, dit Normandie ;

Du pays j'ai le souvenir :

Pauvre enfant j'y vins à la vie,

Pauvre vieillard j'y veux mourir.

De moi s'il n'a rien à prétendre,

Je veux qu'au moins mon héritier

Ait soin de déposer ma cendre

Sous un pommier.

David Armstrong - pommes

David Armstrong - pommes

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 10:12

 

 

Jean-Pierre Rosnay (1926-2009) poète et écrivain français du XX° siècle. 


 

Le pommier et l'enfant


Un jeune garnement connu dans son village

Pour avoir plus de goût à courir dans les champs

Qu'à seconder son père, au jour du labourage

Se fit prendre un matin

Deux pommes dans les mains.

On en avertit les notables

Le maire sa femme et le curé

Puis après l'avoir attrapé

On mit les pommes sur la table.

D'où tiens-tu ces fruits garnement

Interrogea Monsieur le Maire

Péché avoué est à moitié pardonné

Poursuivit Monsieur le curé

Mais si tu persistes à te taire

Le coeur du Christ va saigner

Alors l'enfant leva la tête et dit

Allez donc chercher le pommier !

Il me les a données parce que c'était ma fête

Allez donc le lui demander.

Eugene de Blaas (1843-1931) -enfant et pommes

Eugene de Blaas (1843-1931) -enfant et pommes

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 10:11

 

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français, 

 


La fleur de pommier


Joli rossignol et fleur de pommier,

Si la neige tombe au mois de juillet,

Joli rossignol et fleur de pommier

C’est que le soleil en janvier brillait,

Joli rossignol et fleur de pommier.

Robert Desnos (1900-1945) - poète surréaliste et résistant français -  La fleur de pommier
Partager cet article
Repost0
21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 17:27

 

1960

 

Abbé Charles Lemercier (XIX° siècle)  auteur  

Avec les grands poètes de chez nous

Anthologie par Germaine Toulouse

Les éditions de l'école, 1960

 

Les pommiers


 
Comme ils sont jolis les pommiers

Au printemps, quand toutes leurs branches

Se parent de corolles blanches...

Comme ils sont jolis les pommiers.


Comme ils sont heureux les pommiers

À l'été, quand sous leur ombrage,

Fuyant le soleil ou l'orage,

Viennent s'abriter les fermiers...

 

 Comme ils sont joyeux les pommiers

À l'automne, quand leur feuillage

Se remplit du gai babillage

Des mésanges et des ramiers,

Et que leurs pommes enfin mûres

Leur font de splendides parures...

Comme ils sont joyeux les pommiers.

Paul Elie Ranson (1861-1909) - pommier.jpg

Paul Elie Ranson (1861-1909) - pommier.jpg

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 17:25

 

Remy de Gourmont (1858-1915)  écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

 

Le verger


Simone, allons au verger

Avec un panier d'osier.

Nous dirons à nos pommiers,

En entrant dans le verger :

Voici la saison des pommes.

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Les pommiers sont plein de guêpes,

Car les pommes sont très mûres :

Il se fait un grand murmure

Autour du vieux doux-aux-vêpes.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Nous cueillerons le calville,

Le pigeonnet et la reinette,

Et aussi des pommes à cidre

Dont la chair est un peu doucette.

Voici la saison des pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Tu auras l'odeur des pommes

Sur ta robe et sur tes mains,

Et tes cheveux seront pleins

Du parfum doux de l'automne.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Simone, tu seras mon verger

Et mon pommier de doux-aux-vêpes ;

Simone, écarte les guêpes

De ton coeur et de mon verger.

Voici la saison des guêpes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

Sous le pommier, 1890 - Berthe Morisot

Sous le pommier, 1890 - Berthe Morisot

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 17:23

 

Platon (428/427 av. J.-C. - 348/347 av. J.-C) philosophe antique de la Grèce classique, 

 

La belle pomme (I)


"Vois-tu cette pomme mûre ?

Elle est à toi si tu m'aimes.

Tes sentiments sont peu sûrs ?

Garde ce beau fruit quand même,

Et dis-toi que son éclat

Ne se prolongera pas."

 


La belle pomme (II)

"Moi, je suis une pomme et celui qui soupire

Pour toi me lance. Allons, Xanthippos, cède !

Car toi comme moi-même allons vite flétrir."

Hall Groat II (1967) pommes rouges

Hall Groat II (1967) pommes rouges

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 23:28

 

Charles Frémine, (1841-1906) journaliste, poète et écrivain français.

La chanson du pays

 


Les pommiers


 
Quand les récoltes sont rentrées

Et que l'hiver est revenu,

Des arbres, en files serrés,

Se déroulent sur le sol nu ;

Ils n'ont pas le port droit des ormes,

Ni des chênes les hauts cimiers ;

Ils sont trapus, noirs et difformes :

Pourtant qu'ils sont beaux mes pommiers !

 

 Leurs rangs épais couvrent la plaine

Et la vallée et les plateaux ;

En droite ligne et d'une haleine

Ils escaladent les coteaux ;

Tout leur est bon, le pré, la lande...

Mais s'il faut du sable aux palmiers,

Il faut de la terre normande

À la racine des pommiers !

 

 Quand Mai sur leur tête arrondie

Pose une couronne de fleurs,

Les filles de la Normandie

N'ont pas de plus fraîches couleurs ;

Leurs floraisons roses et blanches

Sont la gloire de nos fermiers :

Heureux qui peut voir sous leur branches

Crouler la neige des pommiers !

 

 Les matinales tourterelles

Chantent dans leurs rameaux touffus,

Et les geais y font des querelles

Aux piverts logés dans leurs fûts ;

Les grives s'y montrent très dignes

Et tendres comme des ramiers ;

Elles se grisent dans les vignes,

Mais font leurs nids dans les pommiers.

 

 L’automne vient qui les effeuille ;

Les pommiers ont besoin d’appuis,

Et leurs longs bras, pour qu’on les cueille,

Jusqu’à terre inclinent leurs fruits ;

Ève fut prise à leur caresse,

Ils la tentèrent les premiers ;

Gloire à la grande pécheresse !

L'amour est né sous les pommiers !

 

Leurs fleurs, leurs oiseaux, leurs murmures,

Ont enchanté mes premiers jours,

Et j'ai, plus tard, sous leurs ramures

Mené mes premières amours ;

Que l'on y porte aussi ma bière,

Et mon corps, sans draps ni sommiers,

Dans un coin du vieux cimetière

Dormira bien sous les pommiers !

William Brymner - Horatio Walker - A l'ombre du pommier

William Brymner - Horatio Walker - A l'ombre du pommier

Partager cet article
Repost0

 

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Recherche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Evans - Le gros chêne

 

 

 

 

 

 

 

Evans - le chateau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Evans clocher

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes Blogs Amis À Visiter

Fontaine du vigneron - Salins les Bains