Le Poème de l'amour et de la mer op. 19 est une composition pour voix et orchestre d'Ernest Chausson, écrite entre 1882 et 1892. Dédié à Henri Duparc, il constitue, avec la Chanson perpétuelle, l'œuvre pour voix et orchestre majeure du musicien.
Les textes sont tirés des Poèmes de l'amour et de la mer, recueil publié en 1876 par Maurice Bouchor, un ami du compositeur. La gestation du Poème de l'amour et de la mer, particulièrement longue (près de dix ans), s'achève le 13 juin 1892.
La Fleur des eaux
L'air est plein d'une odeur exquise de lilas,
Qui, fleurissant du haut des murs jusques en bas,
Embaument les cheveux des femmes.
La mer au grand soleil va toute s'embraser,
Et sur le sable fin qu'elles viennent baiser
Roulent d'éblouissantes lames.
Ô ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,
Brise qui vas chanter dans les lilas en fleur
Pour en sortir tout embaumée,
Ruisseaux qui mouillerez sa robe,
Ô verts sentiers,
Vous qui tressaillerez sous ses chers petits pieds,
Faites-moi voir ma bien-aimée !
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La mort de l'amour
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Le temps des lilas et le temps des roses
Ne reviendra plus à ce printemps-ci ;
Le temps des lilas et le temps des roses
Est passé, le temps des œillets aussi.
Le vent a changé, les cieux sont moroses,
Et nous n'irons plus courir, et cueillir
Les lilas en fleur et les belles roses ;
Le printemps est triste et ne peut fleurir.
Oh ! joyeux et doux printemps de l'année,
Qui vins, l'an passé, nous ensoleiller,
Notre fleur d'amour est si bien fanée,
Las ! que ton baiser ne peut l'éveiller !
Et toi, que fais-tu ? pas de fleurs écloses,
Point de gai soleil ni d'ombrages frais ;
Le temps des lilas et le temps des roses
Avec notre amour est mort à jamais.