Omar Khayam (1048-1131) est un poète et savant persan.
traduction d'Armand Robin (1958)
traduction française est d'Armand Robin.
La tulipe et la rose
"La jolie, à la rose on la compare ;
Ma jolie, à la tulipe je la compare ;
A la tulipe plutôt qu'à la rose pourquoi je la compare ?
C'est que ma jolie aux autres jolies jamais je ne la compare."
"Ils disent tous : "C'est une rose, ma jolie !"
Je dis : "Elle est tulipe, ma jolie !
"La rose est belle, la tulipe est belle et jolie ;
"Pour une belle avoir cœur dans la beauté, c'est être jolie !"
"Le bijou de mon individualisme, contre aucun argent je ne le donnerai ;
Mes souffrances individuelles, contre aucun baume je ne les donnerai ;
La poussière sous ta porte, ô ma jolie, contre l'empire de Djan je ne la donnerai.
Un seul de tes cheveux, contre la terre, contre la mer, je ne le donnerai."
"Si nous obtenons rien qu'une miche de bon pain,
Puis un jarret de mouton, puis deux mesures de vin,
Et si, ô jolie, nous sommes tous deux en un coin de pré,
Nous avons obtenu ce qu'aucun Sultan n'obtient."
"Tout homme qui eut une affection, une amitié, dans son cœur,
Qu'il soit de ceux qui prient ou de ceux qui jamais en public ne prient,
Tout homme dont le nom a été inscrit sur le livre de l'affection,
Est libéré de l'Enfer, n'a plus besoin du Paradis."
"Le cœur est une lampe dont la lumière vient d'une jolie !
S'il y trouve de quoi mourir, il y trouve aussi sa vie !
Avec une lampe à huile, puis un papillon de nuit
On devrait éclairer le cœur de qui aime une jolie !"
"Je bois du vin et mes adversaires, de tout côté, disent :
"Pas de vin ! le vin, c'est l'ennemi de ton destin !"
Maintenant je sais que le vin, par Allah ! est l'ennemi de mon destin,
Je boirai, c'est légitime, le sang de l'ennemi de mon destin !"
"Toi dont la joue a les frémissements de la tulipe,
Dont le doux visage a pris leurs mouvements aux visages des filles de Chine,
Pitié ! ton regard fait à l'instant chanceler
Le roi, le fou, la tour, la reine, au jeu d'échecs de mon cœur !"
"Si tu le veux, tiens-moi par ton absence en tribulation ;
Ou, si tu le veux, tiens-moi par ton union en jubilation ;
Je ne demande ni le premier ni le second traitement ;
Que ton coeur me tienne selon ses prescriptions !"
"Bien des gens, après nous, du Monde auront leur part ;
De nous nulle part de souvenir plus tard ;
Rien manquait sur terre avant notre arrivée ;
Tout restera de même après notre départ."