15 mars 2021 1 15 /03 /mars /2021 15:08

François Coppée (1842-1908) - poète, dramaturge et romancier français.

Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. 
 

 

Fleurs impures

 

Quel beau temps ! Il faisait bon vivre...

Dans la rue où j'allais rêvant,

Deux vieux croque-morts, d'un pas ivre,

Trimbalaient un cercueil d'enfant.

 

Aucun cortège en deuil. Personne.

On l'emportait comme un paquet...

Sur le drap blanc, pas de couronne,

Pas un pauvre petit bouquet.

 

C'était navrant. Ma rêverie

Devinait un drame brutal...

Quelque fille-mère, meurtrie,

Pleurant sur un lit d'hôpital,

 

Sans songer que la mort évite

Un destin à coup sûr mauvais

Au bâtard qu'on va cacher vite

Dans la glaise, au Champ-des-Navets.

 

Soudain, une brune fillette,

Joyeuse au bras de son amant,

Frôla, de sa fraîche toilette,

Le misérable enterrement.

 

Riant fort comme font les filles,

Lèvres trop rouges, cils trop noirs,

Elle avait en main ces jonquilles

Qu'on vend, en mars, près des trottoirs.

 

Or, dès qu'elle vit l'humble bière,

Ses yeux se mouillèrent de pleurs,

Et, charitable à sa manière,

Elle y voulut poser ses fleurs.

 

Mais un instinct involontaire

*Retint le geste commencé ;

Elle jeta la gerbe à terre...

Et le cercueil avait passé.

 

O fille qui vis dans la honte,

J'aurais voulu qu'on remarquât

Et que la foule te tînt compte

De ton scrupule délicat.

 

Car tu gardais sous tes souillures

Un coin de cœur chaste et décent.

Tes fleurs t'ont semblé trop impures

Pour le cercueil d'un innocent.

 

Avec une pensée amère,

Tu repris le bouquet offert,

Songeant, sans doute, que la mère

De l'indigne hommage eût souffert !

 

Plus que bien des vertus suspectes,

J'aime ton simple et triste effort,

O créature qui respectes

L'enfance jusque dans la mort ;

 

Et l'être à qui, par pudeur d'âme,

Ta main n'osa pas faire un don,

Est un ange au Ciel, pauvre femme,

Et demande à Dieu ton pardon.
 

François Coppée (1842-1908) - poète - fleurs impures
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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 22:56

Jean-Henri Casimir Fabre (1823-1915) homme de sciences, humaniste, naturaliste, écrivain passionné par la nature et un poète français de langue occitane et française, lauréat de l'Académie française et d'un nombre élevé de prix.

 

 

Le narcisse des poètes et l'âne

 

Le narcisse

Fleur des poètes est mon nom ;

des prés fleuris je suis la renommée ;

j'embaume l'air, porte pour robe

corail et neige ;

je ris au soleil

quand il sort des fumées de l'aube.

 

 

L'âne

On me dit l'âne, le roussin,

la bourrique porte-sacoche,

le mal peigné. Toi, fleur élégante,

je te piétinerai,

je t'écraserai

de mes sabots et de mes crottins.

 

Le narcisse

J'écoute chanter le friquet,

la fauvette et le serin

qui font leur nid dans la haie,

et dans mon gobelet

plein à gogo boivent les perles de la rosée.

 

L'âne

Si de chanteurs tu n'as pas assez,

au gazouillis des passereaux

je veux ajouter ma braillée :

Hi-han, hi-han,

han, han, han !!!

tu m'infectes, toi, la parfumée.

 

Le narcisse

Papillons bleus, poudrés d'argent,

libellules au corsage si gentil,

avec mon pot de miel font fête,

et les insectes

continuellement vont

de fleur en fleur lécher les restes.

 


L'âne

Si tu régales le scarabée,

et que m'importe ! Tais-toi va !

Tes bleus papillons en goguette,

tes moustiques roux,

ton miel si doux,

tout cela m'importune.

 


Le narcisse

Je suis l'idéal, je suis le rêve

qui réchauffe le coeur et fait

verdoyer les bourgeons de l'âme.

Qui me cueille

comble de joie

ses jours ensoleillés par ma flamme.

 

L'âne

Je suis la farouche réalité,

mère de l'imbécillité ;

je suis l'âne, l'ami des chardons,

triste, chassieux,

flétri, terreux,

babine noire, sourcils froncés.

 

Le narcisse

Je suis l'idéal, je suis le flambeau

qui, resplendissant, embellit

les durs sentiers de la vie.

Et toi, jaloux,

âne galeux,

tu m'éteindrais, pauvre sotte bête !

Jean-Henri Casimir Fabre (1823-1915) - poète - le narcisse des poètes et l'âne
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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 16:35

 

Pierre Menanteau (1895-1992) - poète français - Renouveau

 

 

Renouveau

 

Du mois d’avril au mois de mai

La terre se fait plus gentille.

Un joli temps de jeune fille,

tire l’aiguille, prend le dé.

 

Parfois un bel arc irisé

Pavoise l’averse qui brille.

Du mois d’avril au mois de mai

La terre se fait plus gentille.

 

La violette est dans le pré.

Dans la clairière, la jonquille

Sous l’arbre en espoir de famille

On entend le merle chanter

Du mois d’avril au mois de mai

Jean-François Millet - Narcisses et violettes

Jean-François Millet - Narcisses et violettes

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 16:34

 

Cicely Mary Barker, née le 28 juin 1895 et morte le 16 février 1973, illustratrice britannique connue pour ses illustrations de fées et de fleurs.

 


La Fée des Jonquilles

 

Je suis l’enfant chérie : le merle et l’étourneau

Chantent mon arrivée, perchés dans les rameaux ;

Moi, perle des narcisses et jonquille nouvelle,

A travers la contrée, j’ai entendu l’appel.

Et les vergers retentissent de voix qui chantent

Aussi bien mon jupon que ma robe charmante ;

Les enfants jouent et que disent-ils ? Ecoutez !

Ils disent : La belle jonquille est enfin née.

Cicely Mary Barker - jonquilles

Cicely Mary Barker - jonquilles

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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 16:32


 

Roger Blandignères né en 1955 arbitre de rugby de haut niveau, pendant presque vingt ans, il a décidé d' assouvir une autre passion, celle de l’écriture. Il tire son imagination d’une actualité souvent dramatique pour séduire un public de passionnés. 

 

 

La jonquille de l’espoir


Merveilleuse fleur annonçant les prémices du printemps,

Luttant contre les derniers frimas d’un l’hiver rigoureux

De ton étincelante couleur jaune tu interpelles le passant,

Claironnant l’espoir d’une maladie aux contours hideux.

 

Ta trompette pliant ta tige, avance fièrement dans le néant

Offrant une senteur inoubliable d’espérances les plus insensées,

Dans cette existence flétrie par les souffrances et l’isolement

Perdue dans le jardin de la vie, emblème du combat pour la liberté.

 

Horrible cancer, ton nom raisonne dans les bas fonds des hôpitaux,

Tumeurs métastases, tant de mots atroces bousculant vers l’indicible,

Fleuron de conviction, montres nous la voie pour terrasser les maux,

Pour marcher sur les sentes de la guérison et des joies indescriptibles.

 

Magique jonquille, telle une icône, nous te vénérons, pour que renaisse

L’espoir qui nous emportera dans les chemins délicieux du simple bonheur

Bonheur de vivre libre sur ce parterre de fleurs, dans une belle ivresse

Alors la vie aura un autre sens, le sens d’avoir vaincu la maladie et nos peurs.
 

jonquille

jonquille

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 18:42

 

J.J. Grandville (1806-1843) - illustrateur

 

 

 

Primevère et Perce-neige

 

 

- Primevère! Primevère! réveille-toi!

- Qui m’appelle?

- C’est Perce-Neige, ton ami, qui a froid et qui voudrait se réchauffer à ton haleine!

- Pourquoi ai-je dormi si longtemps! Il fait si bon respirer la brise printanière,

voir l’herbe verte, sentir la tiède odeur des bourgeons,se mirer dans le clair ruisseau!

- Sans moi tu dormirais encore, c’est à moi que tu dois
les sourires de cette riante matinée d’avril.

Si tu savais comme tu es jolie dans ton petit corsage blanc,
comme tes joues sont fraîches,

comme tu t’inclines gracieusement sous la brise qui t’effleure!

Penche vers moi ta corolle, et laisse-moi te donner un baiser.

- Le printemps n’aime pas l’hiver; la jeunesse n’aime pas la vieillesse.
Tu vas mourir et tu parles d’aimer!

- Mes forces se sont épuisées à percer les dures neiges de l’hiver;
mais ton parfum me ranime, Primevère; l’amour me fera revivre.

- N’entends-tu pas dans l’air comme un battement d’ailes invisibles?
Il arrive le jeune Zéphire;

c’est lui que je veux aimer, c’est lui qui aura mon premier baiser.

- J’ai fleuri jusqu’à ce jour malgré la glace; je sens venir le printemps;
me faudra-t-il mourir sans entendre le doux chant des oiseaux,
sans sentir la chaleur vivifiante du soleil et de l’amour!

- Les vieillards ne sont faits ni pour le soleil ni pour l’amour;
l’air chaud du printemps et des passions brise leur poitrine débile.
Malheur à celui qui aime trop tard!

Pendant qu’elle parlait, Zéphire planait sur la Primevère;
haleine et parfum, tout se confondit.

Le vent, ému de ce baiser, passa sur la tête du Perce-Neige;
il mourut tué par la première brise.

 

J.J. Grandville (1806-1843) - illustrateur    Primevère et Perce-neige
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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 18:23

Serge Reggiani a chanté :

 

 


Primevère

 


C'est un bourgeon, c'est un bouton,

Qu'un frisson sur ma peau,

Mais ça renferme en miniature

Toute l'ambition de la nature,

De la graine au copeau...

 

Ça pousse calme, prend son temps,

Pour exploser dès le printemps

Dans un immense cri,

Dans l'écho libre, dans mon sang,

Qui fait de moi un renaissant avril

Et je fleuris...

 

Primevère, après le grand sommeil,

Le soleil grand ouvert,

Primevère, la vie sur une tige

Fait la pige a l'hiver,

Dans le repli d'une corolle,

Dans la cambrure d'un pétale,

 

Ces musiques et paroles

Du grand absent des cathédrales,

Primevère, je sais bien que tu meurs,

Ma rumeur éphémère,

Primevère, je sais bien que tu manges

Joliment la lumière,

 

Mais les nuits de janvier

Enneigent les calendriers,

L'univers fait l'amour

Prépare l'éternel retour...

 

Je suis muguet, je suis lilas,

La vie me tue, la vie est là,

Qui nargue mon destin,

Ma prisonnière, mon infidèle,

Je désespère et l'hirondelle

Arrive ce matin...

 

Mon moindre soupir est un chant,

J'ai l'âme en friche dans un champs

Si riche de moissons,

Que tout un univers de blé

N'y pourra jamais ressembler

L'espoir est ma chanson...

 

Primevère, après le grand sommeil,

Le soleil grand ouvert,

Primevère, la vie sur une tige

Fait la pige a l'hiver,

Dans le repli d'une corolle,

Dans la cambrure d'un pétale,

 

Ces musiques et paroles

Du grand absent des cathédrales,

Primevère, je sais bien que tu meurs,

Ma rumeur éphémère,

Primevère, je sais bien que tu manges

Joliment la lumière,

 

Mais les nuits de janvier

Enneigent les calendriers,

L'univers fait l'amour,

Prépare l'éternel retour...

 

Primevère, primevère...

Paul Jones (1921-1997) - primevères

Paul Jones (1921-1997) - primevères

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 18:22

 

 

Athanase Vantchev de Thracy (1940) - poète

 

 


Les chastes primevères brillent 

 


De toute la splendeur de leurs fleurs d’or

 

Dans la blancheur immaculée de la neige.

 

Toi, Ange à la transparente élégance,

 

Tu erres dans l’empire des rêves, 

 

Tendrement appuyée au rebord 

 

Fleuri de la fenêtre.

 

Je regarde les fleurs joviales des primevères

 

Et cueille, discrètement, les sourires

 

De tes lèvres.

 

Toi, mon livre blanc,

 

Ombre lumineuse jaillie d’une vie antérieure.

 

Toi, qui connais le sublime bonheur d’être triste !

 

Reste, reste ainsi, calme, songeuse, immobile,

 

Ô lumière dans la lumière du matin,

 

Ma primevère couleur de soleil, 

 

Ma dernière lettre d’amour de la vie ! 

 Athanase Vantchev de Thracy (1940) - poète   Les chastes primevères brillent 
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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 23:25

 

 

Sybille Rembard  (1966), Beauté Fractionnée, 2002

 

 

 

Primevère de printemps

 


Veillés par une primevère solitaire

 

nous nous sommes retrouvés à la lisière du monde.

 

Les pétales nous regardaient surpris

 

la terre encore blanche de neige

 

les rayons du soleil embrumés.

 

L’hiver est parti, tu l’as senti.

 

Nous avons osé le désir éphémère

 

ensemble

 

nous nous sommes laissés éblouir.

 

La chaleur de tes mains m’a caressée sans me toucher

 

pétale primitif

 

Ton regard m’a modelée

 

neige de printemps

 

Ton souffle a enluminé mon âme

 

rayon de certitudes

 

Tes mots ont su, pour un instant, orner notre futur

 

Eternellement embrumé.

Sybille Rembard (1966) - primevère de printemps
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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 23:17

 

 

Robert Desnos (1900-1945) - poète

 

Recueil : "Chantefleurs"


 

 

 

Le Coucou

 

 

 

Coucous des bois et des jardins,

 

J’ai le cœur joyeux, j’ai le cœur tranquille.

 

Coucou fleuri, coucou malin,

 

Je viendrai te cueillir demain.

 

J’ai le cœur joyeux, j’ai le cœur tranquille,

 

De bon matin.

 

Robert Desnos (1900-1945) - poète -  Le Coucou
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