19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 20:56

 

 

Mythologie des arbres


Le pêcher - Prunus persica 

 

 

Le Pêcher, parfois appelé Pêcher commun, (Prunus persica (L.) Batsch) est une espèce d'arbres fruitiers de la famille des Rosacées, haut de 2 à 7 mètres, à port étalé et à croissance rapide, cultivée pour son fruit comestible, la pêche.


Bien qu'originaire de Chine, le pêcher n'existe plus véritablement à l'état sauvage.


Toutefois, en Chine, on trouve des pieds échappés des cultures au moins au Gansu, Hebei et Shanxi. Sa floraison blanche ou rose, bien qu'éphémère, est du plus bel effet au printemps.


 

..."Sous les nuages chatoyants, 

la pluie rouge des fleurs de pêchers 

occulte les grandes portes : "...


Hăo Jīng (1223-1275) - Fleur tombée


 

 

 

Le pêcher est cultivé pour ses fruits ou pour l'ornement dans les régions tempérées ou subtropicales du globe. C'est dans le Sud que le pêcher se plaira le plus même s'il est possible de le cultiver au Nord en prenant la précaution de le protéger du vent et des gelées.


Synonymes :
Amygdalus persica L, Persica platycarpa Decne. (= Prunus persica forma compressa), Persica vulgaris Mill. (= Prunus persica var. persica)


Son écorce est lisse, ses feuilles caduques acuminées sont vert franc et dégagent une légère odeur d'amande. Elles sont longues avec un court pétiole. 


 

 

Ses fleurs roses apparaissent avant les feuilles à la fin de l'hiver ou début du printemps, voire en été pour les variétés plus tardives (pêche de Nancy). Elles sont hermaphrodites. 

 


 

 

Le fruit, comestible produit par le pêcher (Prunus persica) originaire de Chine, nommé "pêche", principalement consommé frais, est une drupe généralement sphérique.


Les pêches sont des fruits climactériques charnus, juteux et sucrés, avec une chair jaune, blanche, ou rouge (sanguine), une peau veloutée de couleur jaune ou orange plus ou moins lavée de rose-carmin à rose-saumon ou brune chez les sanguines, et un noyau dur, adhérent ou non.


 

 

 

On connaît des centaines de variétés de pêcher : 


peau veloutée ou lisse, noyau adhérent à la chair ou se détachant librement. Il existe aussi des pêchers à fruits aplatis.

 

Dans chaque groupe, il existe des fruits à chair blanche, à chair jaune ou sanguine.

 

 

Fruit à peau duveteuse


Les fruits de Prunus persica var. persica (L.) Batsch donne des pêches à peau duveteuse, à chair blanche ou jaune

- noyau libre : pêche proprement dite,

- noyau adhérent : pavie, pêcher de Pavie, de Pavie, commune du Gers.

 

 

 

Fruit à peau lisse


Les fruits de Prunus persica var. nucipersica (Suckow) C. Schneider présentent une peau lisse.

- noyau libre : nectarine, nectarinier

- noyau adhérent : brugnon, brugnonier

 

 

 

Pêche plate


La variété de pêche plate, Prunus persica (L.) Batsch forma compressa (Loudon) Rehder, a été sélectionnée en Chine. On l'appelle "pêche plate de Chine", "pantao" ou "peento" .


Son nom est associé aux pêchers légendaires, cultivés par la Reine-Mère de l'Occident, Xiwangmu. Comme la consommation de leurs fruits octroyait l'immortalité, on dénommait aussi ces pêches xiānguǒ "fruit des Immortels", ou shòutáo  "pêche d'immortalité".


La pêche plate est appelée Paraguayo en espagnol, et Saturn peach ou doughnut peach en anglais, en raison de sa ressemblance avec un beignet.


La pêche plate est une mutation de la pêche (P. persica Batsch.) qui s'est produite en Chine il y a environ 2000 ans. Le pêcher à pêches plates a tendance à fleurir plus tôt que les autres variétés de pêchers.


Il produit des fleurs voyantes avec un pistil plus court que les étamines. Le fruit est doux et peu acide. Les pêches peuvent être à peau duveteuse ou à peau lisse, à chair blanche ou jaune, à noyau adhérent ou non.


La pêche plate présente sur les étals de nos marchés aujourd'hui est le fruit du pêcher Ferjalou Jalousia. Il est issu d'un croisement entre variété Kiang-Si avec la variété Indépendance. Ces recherches ont été menées de 1975 à 1999 par René Monet, directeur de recherche à l'INRA de Bordeaux

 

 

 

Pêche de vigne


C'est un type de pêche plutôt qu'une variété précise.

La pêche sanguine tardive est souvent appelée pêche de vigne. Elle se présente avec une chair rouge foncé, une peau gris souris et une maturité très tardive. La caractéristique commune des pêches de vignes est une production de fruits à la même période que la vigne. 


Le pêcher étant sensible aux attaques d'oïdium de la vigne, des viticulteurs 
La couleur lie de vin de la variété française lui valut également le nom de pêche vineuse et pêche sanguine.


 

 

 

Etymologie

 


Du latin médiéval "persicarius" (VIII° siècle, Le Capitulare de Villis) 


Du latin malum persicum "pomme de Perse" ou "pomme persane", 

Du bas latin  donna pessica, 


Du latin médiéval pesca,  pesche (XII° s.),  pescher (fin XIV° s. Roques t.2, ) 
 

pêche (1740).

Italien pesca,

Français pêche

Anglais peach.


Pêche - prunus-persica - natural history - museum London - 1759

 


 

 

Mythologie Egyptienne

 


Harpocrate le dieu du silence, est  un dieu d’origine égyptienne, puisque son nom signifie  "Horus enfant".

 

D’après les nombreux auteurs anciens et modernes, Harpocrate est le fils d’Osiris et d’Isis. Souvent présent dans les temples, les Égyptiens lui offraient des lentilles. 

 

Surtout, il était représenté sous la forme d’un enfant qui met le doigt à sa bouche, geste interprété comme une invitation au silence. De ce fait, son attribut était le pêcher, car la feuille de cet arbre passait pour ressembler à une langue et le fruit à un cœur. 

 

Symboliquement, il évoquait le sage qui préfère le silence à la parole intempestive, ou bien le mystère qui entourait les cérémonies religieuses. 


 

 

 

Mythologie chinoise

 

 

Xi Wang Mu ou "Reine-mère de l'Ouest" est un personnage de la mythologie chinoise antique devenu sous la dynastie Han une divinité taoïste.


Chef des immortelles, toutes les femmes aspirant à obtenir le Dao sont considérées comme ses disciples.


Xi Wang Mu est  représentée sous les traits d'une belle femme vêtue d'habits royaux et voyageant parfois sur le dos d'une grue. 

 


Xi Wang Mu occupe un palais dans une caverne au nord, sur une montagne de Jade (Yu chan) située très loin à l'ouest.  

 

Elle régne sur le paradis occidental des immortels du mont Kunlun, dans lequel les hommes vivent dans l'aile droite et les femmes dans l'aile gauche. Elle est servie par les "filles de jade" et trois oiseaux bleus à trois pattes, lui fournissent sa nourriture.

 

Dans son jardin, lieu magique, poussent les herbes d’immortalité et les pêches de longue vie, qui libèrent de la mort tous ceux qui en mangent. Toutefois, l'arbre ne donne des fruits qu'une fois tous les 3 000 ans ou 9 000 ans. Lorsque les pêches sont mûres, Xi Wang Mu invite les immortels à un festin au cours duquel ils dégustent ces fruits merveilleux.


 

 

 

Légende japonaise


Epoque Edo,

 


Momotarō est un héros du folklore japonais. Sa légende est particulièrement bien connue au Japon et en Asie de l'Est. Ce nom signifie "garçon de pêche ", et Momo signifie pêche.

 


Alors qu’une dame assez âgée et sans enfant lavait son linge dans une rivière, elle vit venir vers elle, transportée par le courant, une pêche aux dimensions impressionnantes.

 

La ramenant chez elle, en essayant de l’ouvrir avec son mari, ils découvrent, niché dans la pêche, un petit garçon qu’ils adopteront et appelleront Momotaro, Momo signifie pêche en japonais, Tarō est un prénom de garçon japonais très populaire.

 

En grandissant, la force de l’enfant ne cesse de croître, et le voilà bientôt capable d’exécuter les tâches les plus difficiles sans grand effort. 

 

 

 

6000 - 7000 av. JC.

 


Plusieurs noyaux de pêches retrouvés sur des sites archéologiques attestent de la consommation de pêches depuis le Néolithique.

 

Sur les fouilles de Hemudu au Zhejiang des noyaux de pêches sauvages datant de 6000-7000 avant notre ère, ont été retrouvés.

 

 

 

1570 - 1045 av. J.C.

 


Un site datant de la dynastie Shang dans le Hebei a révélé deux noyaux de pêches semblables à ceux des pêches issues des cultivars de pêcher actuels. 
 


 

 

VIII° siècle av. J.C. - III° siècle av. J.C.

 


On trouve les premières mentions du pêcher  (tao 桃) dans le premier texte littéraire, le Classique des vers (shijing "livre des odes"), composé entre le VIII° et III° siècle av. J.C., pour trouver les premières mentions du pêcher.

 

Le pêcher fut ensuite importé en Inde et au Proche-Orient. 

 

C’est depuis l’Asie par la route de la soie en provenance de Chine, qu’elle a gagné l’Occident, au cours des siècles. 

 

Elle devait atteindre l'Inde et le proche Orient d’abord la Perse (d’où son appellation "Prunus persica"), puis l’Arabie, la Mésopotamie, et enfin l’Egypte (où la pêche était le fruit d’Harpocrate, dieu du silence).

 

Des restes de pêche ont été découverts dans l'île de Samos, au VII° siècle av J.C.

 

Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C. ) roi macédonien, suite à la conquête de la Perse, introduisit le pêcher en Europe sous le nom de pecta.

 

 

221 av. J.C.

 

Des noyaux de pêche ont été découverts dans les régions du sud de la Chine (Sichuan, Guizhou) dans la période pré-Qin 
 


 

 

I° siècle av. J.C.

 


En France, des noyaux de pêches ont été retrouvés parmi les vestiges archéologiques de l'époque gallo-romaine à Saintes (visibles au Musée archéologique). 

 

Les fouilles de Neuss, en Rhénanie (Novaesium) ont livré des noyaux datant du début du I° siècle de notre ère.

 

La pêche est arrivée chez les Romains vers le I° siècle après JC, lorsque grâce à Alexandre le Grand les pêches ont atteint les frontières romaines.

 

Celse (Aulus Cornelius Celsus v. 25 av. J.-C. -v. 50 ap. J.-C.)  romain de l'Antiquité,  personnage majeur dans l'étude de l'origine de la médecine antique, mentionne la pêche pour la première fois. 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79), écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée


Histoire naturelle livre LXVII. 1 (vers 77) 

- connait plusieurs variétés de pêchers :

persicum Asiaticum, mûrissant après l'automne,

p. duracinum, à chair adhérente au noyau,

p. Gallicam, hâtive,

p. populare "pêche commune",

p. Supernas, de Sabine,

 

Pline dit la pêche sans odeur et juteux tout en provoquant la soif. 


..."Les pêches sont plus salutaires (-que les prunes-), de même que le suc de ce fruit seul, ou exprimé dans du vin ou du vinaigre. Il n’est pas de fruit de ce genre plus innocent, qui ait moins d’odeur et plus de suc, tout en excitant la soif. Les feuilles pilées, en topique, arrêtent les hémorragies. Les noyaux, avec de l’huile et du vinaigre, s’emploient en topique dans les douleurs de tête"...

 

À cette époque, les Romains cultivaient cinq variétés de pêchers qu'ils dénommaient malum persicum "pomme de Perse

 

 

 

V° siècle

 


Tao Yuanming (365-427) considéré comme un des plus grands poètes inspirés par le taoïsme. Il chante dans ses poèmes la retraite à la campagne et le vin.

 

préface des Mémoires de

"la source des fleurs de pêcher"

 

Elle raconte l'aventure d'un pêcheur laïque, qui entre par accident dans une vallée coupée du monde des vivants, aux pêchers en fleurs. Ses habitants vivent dans une forme de paradis. 

 

Après avoir découvert leur vie en les écoutant, et après avoir fait le serment de ne pas divulguer leur secret, il s'en retourne dans son pays. Mais il ne peut garder son secret. Le souverain fait effectuer des recherches dans tout le pays, mais en vain. Et le monde des pêchers en fleurs reste une histoire au succès constant à travers les siècles, dans le monde asiatique.

 

Le peintre coréen An Gyeon 
Illustration du poème sous la dynastie Qing, dans le jardin du Palais d'été de Pékin a su évoquer avec une grande force le mystère, dans ce qui reste la plus ancienne peinture de paysage coréenne conservée.


i


 

 

VIII° siècle  - début du IX° siècle.

 


Le capitulaire De Villis,

"Capitulare de Villis vel curtis imperii (ou imperialibus)"


ordonnance royale de Charlemagne

- fin du VIII° début du IX° siècle.


Le viridarium ou verger : "vergier" en vieux français, planté de vigne, de charmille et de buis, pouvant aussi évoluer en jardin d'agrément. Il doit contenir plusieurs exemplaires de chacun des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier

 

 

 

IX° siècle

 


Bai Juyi (772-846), écrivain et poète chinois de la dynastie Tang 

Traduction de Guomei Chen

 


C'est une fleur sans que ce soit une fleur

 

C’est une fleur sans que ce soit une fleur,

C’est le brouillard sans que ce soit non plus le brouillard.

Arrivé après minuit, pour disparaître dès l’aube.

Venu tel un rêve de printemps, éphémère,

Il se dissipe comme les nuages du matin, sans laisser de trace.


 

 

 

XI° siècle

 


Yàn Jĭ Dào (1030-1106) poète chinois - 

"La saison des perdrix"


..." Tu chantas : jusqu'à ce que s'épuisât, sous l'éventail aux fleurs de pêchers, la bourrasque"...
 

 

 

XIII° siècle

 

 

Hăo Jīng (1223-1275) Poète et Politicien chinois - 

Dynastie officielle Yuan

 

 

Fleur tombée

 


Sous les nuages chatoyants, la pluie rouge des fleurs de pêchers occulte les grandes portes :

Jadéite des rameaux où seule demeure la marque verte des calices.

Pêchers et pruniers sous le vent d'est dans un rêve de papillon,

Défilé montagneux sous la  clarté lunaire dans l'âme du coucou.

 Cette balustrade de jade dans la brume froide, ces mille arbres et ce vide !   
Au jardin du Val d'Or parfum anéanti - j'irai faire déborder la coupe à libation.

Ce désordre qui jonche la cour, Seigneur, ne le balayez pas :

Laissez plutôt subsister la grâce d'un printemps jusqu'au crépuscule.  

            
 


 

 

Guàn Yún Shí (1286-1324) poète


La Roche aux fleurs de pêchers


..."Teinte de fleurs de pêchers, l'ondée franchit l'aire blanche consacrée,
En certitude, je sais : de ce monde de poussière les Immortels ont fui"...

 

 

 

XV° siècle

 


Nguyên Trai (1380-1442), sous le pseudonyme Uc Trai, lettré confucéen, poète et homme politique vietnamien sous les dynasties Hô et Lê.

Traduction de Lise Piquette

 


Le pêcher


 
De quel éclat resplendit la fleur de pêcher !

À l’approche du nouveau printemps, elle sourit.

Le vent de l’Est en est amoureux,

Convoite son parfum qui trouble les cœurs.


 


 

Táng Yín (1470-1523) peintre et poète chinois

 


Chanson de la chaumière aux fleurs de pêchers

 


Posée au milieu des fleurs de pêchers, la chaumière aux fleurs de pêchers, 

Dans la chaumière aux fleurs de pêchers, le génie des fleurs de pêchers. 

Le génie des fleurs de pêchers, le voici qui cultive les plants de pêchers, 

Et qui cueille les fleurs de pêchers, qu’il troque contre l’argent du vin. 

Que le vin le tienne lucide, il reste assis face aux fleurs, 

Que le vin lui donne l’ivresse, il revient somnoler parmi les fleurs. 

Les fleurs tombent, les fleurs s’ouvrent, année après année. 

Car je veux vieillir et mourir entre fleurs et vin, 

Dont, sans fleurs, sans vin, les restes travaillent aux champs ! 


 

 

 

Horae ad usum Romanum - XV° siècle

dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne 

Jean Bourdichon (1457-1521). Enlumineur


Fleurs de pêcher


 

 

 

XVII° siècle 

 

 

Le pêcher est cultivé depuis le Moyen Âge.

(Paris,1612)

L'apparition de l'espalier au XVII° siècle a contribué à l'extension de sa culture. 


En 1612, un manuel de jardinage (François Gentil, dit frère), Le jardinier solitaire, ou dialogues entre un curieux et un jardinier solitaire. conseille d'utiliser la technique du palissage sur mur afin d'obtenir des pêches en région Parisienne, bien qu'il s'agisse encore de palissage sur treillages.


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

À Versailles, dans le Jardin fruitier du Roi Louis XIV (1638-1715), il existait déjà une quarantaine de variétés différentes dont les noms évoquaient parfois les charmes féminins :  "Téton de Vénus", "Belle de Chevreuse", "Grosse Mignonne". Le roi Soleil était un grand amateur de pêches.

 


C'est le responsable du Potager de Louis XIV à Versailles, Jean de la Quintinie, qui explique, à la deuxième moitié du XVIIe siècle, comment le plâtre facilite tant la construction des murs que le palissage des branches... et il fait entourer de murs plâtrés plusieurs de ses jardins carrés versaillais. Selon la tradition, c'est l'un de ses amis, le mousquetaire de la Reine Réné-Claude Girardot qui introduit la technique des murs à pêches dans le terroir de Montreuil... à partir de sa propriété de Bagnolet !


Sur les coteaux, les Montreuillois produisent du raisin et surtout des pêches : l'invention des murs à pêches permet d'augmenter la production en protégeant les arbres du froid. L'abbé janséniste Jean-Roger Schabol, soutient dès les années 1750 que sur 800 familles, 600 s'occupent de la culture du pêcher, et soutient que "l'invention" des murs à pêches est due à une tradition locale enfouie, et attribue un rôle clé à l'un des jardiniers de la Quintinie, le montreuillois Nicolas Pépin, cultivateur.


Les pêches de Montreuil sont devenues fameuses et ont approvisionné les tables des souverains de l'Europe jusqu'au début du XX° siècle.


 


 

Période Yongzheng, env. 1725,


Xi Wang Mu ("Marraine de l'Ouest"), divinité taoïste 

Décor sur une assiette en porcelaine de la dynastie Qing,

 

Style famille-rose, fleurs pêcher affiché dans les collections de porcelaine de Dresde Zwinger 

 

 

 

1793

Calendrier républicain


Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'"ère des Français ".

 

La Pêche était le nom attribué au 22e jour du mois de vendémiaire, 

le 22 septembre :


 

A cette époque arrive :


L'EQUINOXE D'AUTOMNE & commence l'Année de l'Ere Nouvelle

Après avoir mûri les deux fruits de l'automne 

Au signe de Thémis pâlit l'Astre du Jour 

VERTUMNE plus épris des charmes de POMONE

Cent fois change de forme & suit son seul amour


 

 

 

1796


Prunus persica (L.) Batsch

Pfirsich, Prunus dubia persica

Figure 64 de Deutschlands Flora à Abbildungen 

Auteur    Johann Georg Sturm (Peintre : Jacob Sturm )



 


Vase chinois du XVIII°


Vase balustre en porcelaine décorée en bleu sous couverte et émaux polychromes dit doucai (couleurs contrastées) de rochers et de branches de neuf pêches dans leur feuillage, des chauve-souris en vol, le col orné d'une frise de ruyi.


Le symbole de longévité est renforcé lorsque les pêches sont représentées au nombre de neuf (jiu tao). En effet, neuf est le plus haut chiffre yang (principe mâle), et il est homophone d'éternité. La chauve-souris quant à elle est homophone de bonheur (fu). L'association des chauves-souris et des pêches est particulièrement favorable, elle est appelée "Image de grands bonheurs et longévité" (duofu duoshu tu).


 


 

 

XIX° siècle

 

 

1817


Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle - tome XVIII - appliqué aux arts

 

..."Malus Persica et Malum Persicum ou Persicus des Latins, melea persicè des Grecs. Ces noms sont ceux du Pêcher et de la pêche, encore appelés, en Italie, persico et persiche d'où dérivent les noms français et européens de cet arbre. Le pêcher est originaire de Perse ; c'est ce que ses noms apprennent, et principalement dans l'île de Rhodes, où il fleurissoit sans donner de bon fruit ; de la Grèce il vint en Italie, et de là dans la Gaule, et sa culture dans ces contrées lui fut très favorable, car dès le temps de Pline les pêches de France avoient du renom. Théophraste, Dioscoride et autres auteurs grecs nomment le pêcher, melea persicè, et le distinguent très bien du persea, espèce de laurier d'Egypte qui ne produisoit pas de fruit en-deça de ce pays, et que les Perses d'alors ne confondoient pas non plus avec la pêche, qui, comme à présent, passoit pour un poison. C'est à la culture prolongée qu'on doit nos pêches peu connues en Orient.

Sloane a nomé malus persica un sapotilier, et le fruit du mammea"...


 

 

 

vers 1850-51

Un nectarinier (Prunus persica var. nectarina) 

Tige fructifère et coupe de fruit. 

Zincographe en couleur de C. Rosenberg,  Connecticut.

 

 

 

1857


Prunus persica var. persica Batsch - Pêche tardive de Pavie

Ministère de l’Agriculture, du commerce, et des travaux publics, 

Enquête Agricole , Basses-Alpes, Var, Alpes-Maritimes, 

imprimerie impériale, Paris, 1857. 

 

 

 

1869


La peche plate fut introduite en Europe en 1820 par l'Anglais Joseph Kirke sous le nom de "pêche de Java" (le noyau provenant alors de l'île de Java). 


Son introduction aux États-Unis s'est faite vers 1828 par William Prince. Ces arbres périrent, et il fallut attendre une réintroduction de cette variété par P.J. Berkmans pour voir à nouveau des pêches plates sur le continent américain, vers 1869.


 

 

 

1870

 

Montreuil

Les espaliers étaient disposés sur des murs blanchis pour refléter la chaleur solaire et en restituer une partie la nuit, évitant ainsi les gelées.  A la fin du XIXe, les pêchers de Montreuil couvraient 600 kms de mur, à tel point qu’en 1870 les prussiens contournèrent ce labyrinthe communal !


 

 

 

Vers 1880

 

Guillaume Severeyns ( c. 1830- c. 1890)

Lithographe Belge

Pêche rouge de mai



 


 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

 


La fleur qui fait le printemps


..."Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,"...

 

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.

Il est surnommé "le poète du bonheur"
 

 

Bien souvent je revois sous mes paupières closes


..."Le verger plein d'oiseaux, de chansons, de murmures,

Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres"...

 

 


Charles Cros (1842-1888) poète et inventeur français.


 

Insoumission

A Lionel Nunès.


..."Tant mieux, puisqu'il y a des pêches,

Du vin frais et des filles fraîches,

Et l'incendie et ses flammèches"...

 

Stefano Novo (1862-1927) - le panier de pêches

 


 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,

 

Les fleurs sont à Sèvre aussi fraîches

Que sur l'Hybla, cher au sylvain ;

Montreuil mérite avec ses pêches

La garde du dragon divin.

 

 

Dans un recueil de chansons publié en 1850 à Montbéliard figure un couplet dédié à la pêche, improvisé par Victor Hugo à la fin d'un repas, à chanter sur l'air de Souvent la nuit quand je sommeille.

La compositrice Pauline Viardot a également utilisé ce poème dans l'une de ses chansons intitulée "Les attraits" mais l'édition de sa partition n'attribuait pas le poème à Hugo et se contentait de la classer "Poésie du XVIII° siècle".

 

Ce que j'aime


Couplet fait à un dessert

 

D'attraits ravissants pourvue,

Seule elle réunit tout :

Ses appas charment la vue,

Et chacun vante son goût.

Sa peau, veloutée et fraîche,

Joint toujours la rose au lis ;

Ce pourrait être Phyllis

Si ce n'était une pêche.
 

 

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913) écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien.


Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 


C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882,


    PECHER. — D’après une superstition populaire sicilienne, celui  qui a le goître et qui, la nuit de la Saint-Jean ou de l’Ascension,  mange une pêche, en guérit sans faute, à condition que le pêcher à  l’instant même périsse ; on pense que le pêcher, en mourant, prend  le goître sur lui, et en délivre celui qui a le malheur d’en être affligé.  Dans la Lomelline (Haute-Italie), on cache soigneusement les feuilles du pêcher sous la terre, où elles pourrissent : elles aident à la  guérison des boutons qui se forment sur les mains, dits poireaux.

 

 

1885


Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé "

"Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz" 
 Gera, Allemagne 


Pêcher - Prunus persica ; Famille : Rosaceae

Source du livre original : Autorisation d'utilisation accordée sous GFDL par Kurt Stueber 
 

Mythologie des arbres - Le pêcher - "Prunus persica" 

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

Souvenir de Mauve

 

 


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs


 

 

 

1894

Les pêches Melba ont été ainsi nommées par le cuisinier français Auguste Escoffier, aux commandes des cuisines de l'hôtel Savoy à Londres dès 1889. Lieu dans lequel résida pendant près de deux ans, une cantatrice australienne de renom, Helen Porter Mitchell (1861-1931), plus connue sous le pseudonyme de Dame Nellie Melba. C'est après l'avoir entendu et vu chanter qu'Escoffier lui rend hommage à travers ce dessert créé en 1894.

Photographie signée de Dame Nellie Melba dans le rôle d'Ophelia in Hamlet, vers 1889

 


 

 

XX° siècle

 

1918


Hermann Karl Hesse (1877-1962) romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. 

Poèmes choisis, José Corti, 1994

 


Pêcher en fleur ("voll Blüten")


Le pêcher sous les fleurs explose,

Toutes ne viendront pas à fruit,

Lumineuse écume de roses

Sur l’azur où la nue s’enfuit.

 

Fleurs aussi montent mes pensées,

Cent par jour…Laisse-les fleurir,

Laisse, le fruit de ces journées,

C’est le secret de l’avenir.

 

Il faut des fleurs en abondance.

Innocence et jeux ont leur droit,

Sinon pour nous, ce monde étroit

Serait vide de jouissance.


 

 

 

Charles Le Goffic (1863-1932) poète, romancier et critique littéraire français dont l'œuvre célèbre la Bretagne.


Recueil : Le bois dormant (1900).

 


Printemps de Bretagne.

 

Une aube de douceur s'éveille sur la lande :

Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.

Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande

Aux pâles "En-Allés" qui ne reviendront plus.

 

Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,

Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,

Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :

Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.

 

Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !

Sourire virginal de la terre et des eaux !

C'est comme un miel épars dans la lumière blonde :

Viviane éveillée a repris ses fuseaux.

 

File, file l'argent des aubes aprilines !

File pour les landiers ta quenouille d'or fin !

De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ;

Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.

 

C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme,

Une lueur ravie à ton ciel enchanté,

Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme

A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !

 

 

 

1960 


Art Floral - Histoire naturelle

Hamburg, Germany

Illustration botanique vintage, décoration murale,

Pfirsich, - Prunus persica, - L. Batsch

Pêcher

 

 

 

1961

 

Roald Dahl (1916-1990) écrivain britannique et scénariste, auteur de romans et de nouvelles, qui s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes.

James et la Pêche Géante (James and the Giant Peach)

Roman pour enfants 

 

 

 

1973-1976 


À la suite de missions de terrain de l'Académie des Sciences chinoise, il semblerait que le Tibet et le Gansu où les pêchers Prunus mira et P. kansuensis Rehd. sont indigènes, doivent être considérés comme un des centres d'origine des pêchers.


 

 

 

2003


Jean Levi (1948) orientaliste français, spécialiste de la Chine et de la pensée chinoise.


Confucius - 


Editions Albin Michel


Le Han-Fel-tse, quoique postérieur de plusieurs siècles à Confucius rapporte une anecdote dans le droit-fil de la tradition confucéenne des manières de table et manifeste le soin jaloux avec lequel le Maître surveillait les aliments et donnait à chacun une valeur rituelle et morale.


Confucius se tenait assis aux côtés du duc Ngai de Lou. Le duc offrit une pêche avec du mil, en lui disant :


"Servez-vous, je vous prie".


Confucius mangea d'abord le mil puis ensuite la pêche. L'assistance neput s'empêcher de pouffer, la main devant la biouche. Le duc lui-même s'étonna : "le mil n'est pas servi pour être mangé, mais pour nettoyer la peau des pêches !
- Je sais, dit Confucius, mais le mil est la plus noble des cinq céréales. C'est aussi la plus noble des offrandes dans les sacrifices aux ancêtres royaux, tandis que des six fruits la pêche est le plus vil. Elle est proscrite du temple ancestral quand on sacrifie aux aïeux. J'ai entendu dire que le vil pouvait servir à nettoyer le noble, non l'inverse. Aussi à frotter le plus vil des fruits avec la plus noble des céréales, je me serais servi du noble pour nettoyer le vil. Ne voulant pas heurter les convenances, je me suis refusé à donner la préséance à la pêche sur la plus précieuse des offrandes du temple ancestral". 


 


 

2016 


Nguyên Thanh Kim - Le courrier du Vietnam 

Traduction de Lê Van Nghia

 

 

La beauté printanière

 

Qui va de pair avec la fleur de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân plein sous la brume et la rosée

Qui se vautre dans les fleurs de pêcher

Sur la digue se hâte de tourner

 

Qui est jeune avec les fleurs de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân qui tourne au froid

Va finir peut-être l’année courante

Et la nature devient vermeille de printemps.

 

Qui contemple les alentours

Dans le soir à Nhât Tân passionnément

Du lais où brille chaque pétale de fleur

À la fin rit bruyamment.

 

Qui retourne à la racine de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân pour rêver

Ce n’est pas facile d’y avoir

Plein de couleurs de fleurs dans nos yeux.


 

 

 

Utilisation des pêches

 

 

Alimentaire

 

 

Valeur nutritionnelle de la pêche

- Les pêches fraîches sont une source de fibres alimentaires, de vitamine A,  B3 - B 5, C, de potassium et de vitamine C, et de beta-carotène


- Les pêches se mangent crues, fraiches et dans les salades de fruits. Cuites, elles se préparent au sirop, en compote, en sorbet, en confiture, en pâtisseries diverses, en pêche Melba, en liqueur...



 

 


Recette vin de pêche
 

 

 

Expression avec le mot pêche (fruit)


 

- Avoir la pêche Tenir la pêche pêche  

"Être en pleine forme"

 

- Avoir une peau de pêche pêche

"Avoir une peau rose et veloutée"

 

- Donner une pêche à quelqu’un 

"Donner un coup de poing au visage de quelqu’un".

 

- Se fendre la pêche pêche

"Rire".
 


 

 

Mythes et légendes

 


- En Egypte, il est sacré, symbole de silence et d’enfance 

 


- Dans les pays occidentaux, symbole de renaissance et de reprise des activités végétatives après la période hivernale. 

 


- En Chine, le pêcher est le symbole de l’immortalité. 

. On utilise le bois de pêcher pour repousser les démons en plaçant des planches sur les portes des maisons. 

. Les fleurs de pêcher représentent la pureté et la féminité, elles sont associées à l’amour : le nombre de mariage est plus important au moment de la floraison des pêchers en Chine du Nord.

. Les jeunes femmes les placent dans leur maison comme un signe de bonne chance et de joie lorsqu'elles se fiancent

 


- Au Japon, la Fleur de Pêcher est liée au mariage et est un signe à la fois de virginité et de fidélité. 

 


- Au vietnam les fleurs de pêcher sont un gage de bonheur et de bonne santé. Elles symbolisent également l’endurance

. La fleur de pêcher de couleur rose foncé s’apparente à la beauté des jeunes filles.

. La légende raconte que la fleur de pêcher sert à chasser les mauvais esprits, éloignent les pensées négatives et la malchance.

. Les Vietnamiens décorent leur maison de branches de pêcher pour apporter joie et bonne humeur à tous. 

. Envoyer des fleurs de pêcher rouges aux gens du Sud, pendant la célébration du Nouvel An, est considéré comme un cadeau précieux.
 

 

 

 

Signification des fleurs du pêcher

 


- Elles expriment l'admiration, la gratitude, les sentiments d’amoureux,  les amours durables, intenses et immortelles. 

- Les bourgeons représentent les enfants

- Les fleurs fraîches, ouvertes et colorées représentent les adultes.

- Rêver de la fleur de pêcher est un signe de sérénité,  joie, bonheur, affection et amour.


 

 

 

Pêches et fleurs de pêcher

en peinture et illustration

 

 

Jean-Jacques Grandville (1803-1847) illustrateur 

Fleur de pêcher

 

 

Huang Huangwu (chinois, 1906-1985) 

fleurs de pêcher

 

 

Huo Chunyang (1946)

Fleurs de pêcher

 

 

Zhao Shao'ang  (1943)

Fleurs de pêcher 

China The Metropolitan Museum of Art

 

 


Pierre Bonnard (1867-1947)

nature morte - pêches

 

 

Paul Cezanne (1839-1906) 

Nature morte - plat de pêches

 


Paul Gauguin (1848-1903) 

Nature morte aux pêches c. 1889  - 

Fogg Art Museum, Cambridge, MA

 

 

Catherine Klein (1861-1929)

pêches

 


 

Robert Papp

nectarines

 

 


Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche

 

 

Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche  

 

 

Abbey Ryan (1979)

quatre pêches

 

 

 

Pour en savoir plus



- Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994),


- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles, (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 


- Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Editions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Pêcher (Prunus persica) 
 

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8 mars 2022 2 08 /03 /mars /2022 20:23

 

 

Mythologie des arbres


L'érable

 

 

L'érable est un arbre du genre Acer, de la famille des Sapindacées selon la classification APG III. La plupart des érables peuvent atteindre entre 10 et 45 m de hauteur, ont des feuilles caduques, mais une minorité en Asie du Sud et dans le bassin méditerranéen sont sempervirentes.


L’érable est un arbre au port majestueux. Très répandu en France, il pousse dans les régions du Centre, du Nord et de l’Est. Il tolère de manque de luminosité, et plutôt tolérant quant à la nature du sol. En forêt, il côtoie Chênes, Hêtres, Ormes et Tilleuls. 

 

L'érable vit ! chante en son vol

Tout le choeur des forêts en fête :

L'érable, de la souche au faîte

Frémit au chant du rossignol.


Nérée Beauchemin (1850-1931) Poète  
Recueil : Patrie intime (1928).


 


 

 

Le faisceau des racines de l'érable est typiquement dense et fibreux. Quelques espèces, dont Acer cappadocicum, drageonnent régulièrement.


Leur feuillage toujours caduc ; presque toujours à lobes palmés,  se pare de belles couleurs éclatantes orange, rouge en automne. Parfois des stries blanches, grises ou rouge marquent son tronc. L'esthétisme est également mis en valeur l'hiver, avec son écorce qui se détache par plaques ou en lambeaux et qui s’enroulent sur eux-mêmes.


Leurs petites fleurs aux couleurs jaunes, orangées, rouges ou vertes attirent les abeilles qui les pollinisent. Elles s'épanouissent à la fin de l'hiver ou au cours du printemps, puis laissent la place aux fruits secs à deux ailes.


 

 

Les disamares (double samare), caractéristique que l'on observe chez tous les érables, formant une hélice prompte à s'envoler,  la graine peut ainsi, grâce au vent, être transportée sur des distances considérables. 
Les samares matures sont une source alimentaire, décortiquées et consommées par rongeurs et passereaux granivores.


 

 

Autres noms de l'érable : Agrelle ; Alezabre ; Argélabre ; Arroube ; Auzeraule ; Bois-biche ; Bois chaud ; Bois de bique ; Bois de coq ; Bois de merde ; Bois de poule ; Coquêne ; Orjol ; Orme jaune ; Ouzraoul.

 

Une acéraie, érablaie ou érablière est un peuplement forestier dominé par les érables.


 

 

La famille des érables est très vaste. :

 

- des montagnes d'Europe, dès le Tertiaire (63 M d'années) :

. Érable plane, Acer platanoïdes

. Érable sycomore ou Érable Faux Platane, Acer pseudoplatanus

. Érable champêtre, Acer campestre, assez fréquent à la campagne, mais souvent malade.

 

- du pourtour méditerranéen :

. Érable à feuilles d'obier ou Érable duret ou ayard, Acer opalus. 

. Érable de Montpellier, Acer monspessulanum, qui supporte néanmoins le froid.

 

- D'Amérique et du Canada :

. Erable rouge (Acer Rubrum)

. Erable à sucre (Acer saccharum) qui donne le sirop d’érable dont les feuilles virent au rouge vif, à l'automne,

. Erable à feuilles composées.

. Erable noir

. Erable argenté

. Erable à grandes feuilles

. Erable à épis

. Erable de Pennsylvanie

. Erable nain

. Erable circiné

 

- des espèces asiatiques, notamment japonaises, 
dont les feuilles ont plus de 5 lobes et qui sont moins hauts. 

 

Petite affiche présentant 12 variétés d'érable que l'on peut retrouver au Canada. 

La forme des feuilles et des samares permettent une identification facile du type d'érable. 


 

 

 

Il existe une centaine d’espèces à travers le monde, 

 

 

Érable de Crète -  Acer sempervirens

Acer creticum, Acer orientale 


C'est une espèce d'arbre, proche de l'Acer monspessulanum, Originaire du Liban, de Crète, de Grèce et de l’ouest de la Turquie, Acer sempervirens se distingue de tous ses congénères. Il est le seul érable à ne pas perdre ses feuilles en hiver.  Comme beaucoup de plantes persistantes, il supporte bien la sécheresse.


Cette caractéristique, étonnante chez un érable en fait un arbre rare et difficile à trouver en culture ou dans les ouvrages de plantes. Mais si c'est cette rareté qui en fait son intérêt principal, il n'en reste pas moins un très mignon petit arbre, à ramure dense de forme ovoïde, ne dépassant pas 7m de haut et aux feuilles très jolies, élégantes, vert sombre aux bords ondulés. 


L'écorce est grise ou légèrement brune. Les jeunes pousses sont cuivrées, très esthétiques. 


Les fleurs de l'érable de Crête, plutôt insignifiantes, jaune verdâtre, donneront naissance à des samares de la même tailles, aux ailes peu écartées. 


 

 

 

Parmi les espèces d'érables les plus ornementales :

 

Erable champêtre - Acer campestre 

L'acer campestre 

 


L'Acer campestre, plus connu sous le nom d'érable champêtre, pousse spontanément en Europe, excepté le nord, et au Magreb. Très rustique (-25° à -30°C), on peut le croiser jusqu'à 1 000 m d'altitude, dans les bois et en lisière de forêts. Suivant sa situation géographique, il deviendra un arbre ou gardera un port arbustif. 

 

De taille moyenne, doté d'un port arrondi et dense, le feuillage vert légèrement satiné de cet érable, caduc, est composé de feuilles de petite taille. On le remarque en automne, lorsque son feuillage prend des tons d'or, de cuivre et de bronze.  

 

Les érables champêtres poussent assez lentement et saccommodent de presque tous les sols et de toutes les situations. On retrouve souvent son port dense et arrondi dans les haies. Haut de 12 m, environ.Les sujets les plus âgés peuvent dépasser 25 mètres de hauteur. Avec le temps, cette essence qui peut vivre bien plus d'un siècle peut former plusieurs troncs enchevêtrés, portant chacun un houppier dense. 

 

On observe souvent une sève laiteuse suintant des feuilles chez cette espèce. Sa floraison très discrète a lieu au printemps, en même temps que naissent les feuilles. Les petites fleurs sont verdâtres groupées en corymbes. Se forment ensuite des fruits ailés souvent rougeâtres, les samares. Les ailes de ce fruit sont opposées, parfaitement alignées.

 

L'érable champêtre forme le bois le plus dur que l'on puisse trouver chez ce genre. Son écorce est de couleur gris pâle et fissurée. Les rameaux des jeunes sujets montrent souvent une écorce liégeuse côtelée.


 

 

 

L'Érable de Montpellier - Acer monspessulanum L. 

 


L'érable de Montpellier, appartient à la section Monspessulanum de la classification des érables, originaire des rivages . Il est parfois appelé Azerou ou Agast, Violonier (provençal).

 

C'est généralement un arbre à l'écorce foncée et à la ramure dense. Le houppier, très ramifié, est généralement dressé mais s'arrondit avec l'âge. De croissance lente à moyenne, il peut atteindre et parfois dépasser 15 m dans des conditions favorables et peut vivre jusqu'à 150 ans. Peu exigeant et rustique, il supporte très bien les sols calcaires et arides. 

 

Ses feuilles opposées, caduques, à 3 lobes entiers, vert foncé sont petites et possèdent un long pétiole. En automne, elles prennent des teintes rouges ou d'or brillant qui le rendent très spectaculaire. 

 

Il fleurit en avril ou mai, avant ou pendant la feuillaison. Les fleurs sont groupées en corymbes glabres, retombants et terminaux, de couleur jaune-verdâtre, soit mâles, soit femelles. Les fleurs femelles ont un pétiole plus court et généralement plus épais que celui des fleurs mâles.

 

Les fruits sont des disamares, pendantes, à ailes pratiquement parallèles, parfois partiellement chevauchantes.

 

A. monspessulanum (et le similaire A. campestre ) est apprécié par les amateurs de bonsaï. Les petites feuilles et la petite taille de l'érable répondent bien aux techniques visant à encourager la réduction et la ramification des feuilles. 


 


 

Erable à peau de serpent - Acer davidii  

 


Originaire de Chine, L'Acer Davidii ou Acer laxiflorum ningpoense, également appelé également appelé érable du Père David, encore Érable jaspé, fait partie des érables dits à peau de serpent, en raison de la beauté de leur écorce verte rayée de blanc, décorative lisse et jaspée, qui évoque la peau de ces reptiles par leurs coloris et leurs motifs. C'est un arbre de mi-ombre, de sols non calcaires et frais. 

 

Avec son écorce originale et bien visible en hiver, son port élégant, de 12 m de haut, sa couronne arrondie à étalée est soutenue par des branches minces et fragiles, légèrement retombantes. Le tronc, simple ou multiple, est court, ramifié près de la base.

 

Cette variété porte des grappes rouges pendantes décoratives, et des feuilles vert foncé à revers plus clair, au jaune orange flamboyant en automne. 

 

La variété "Sélection" offre une écorce vert-rouge marbrée de blanc.


 

 

 

Erable du Fleuve Amour - Acer ginnala 

 


L'érable du fleuve Amour est un petit arbre aux branches minces et arquées, au port étalé, une espèce à utiliser en haie ou en isolé dans les jardins de taille modeste. Il est très résistant, bien adapté au milieu urbain et supporte bien la taille.

 

Les disamares sont rose rouge et les fleurs blanc crème et parfumées sont disposées en grappes dressées, suivies de fruits ailés rose vif. 

 

Son feuillage vert prend une magnifique couleur jaune orangé puis rouge écarlate en l'automne. 

 

De croissance rapide, Acer ginnala est rustique (-15°),   de culture facile à condition d'être installé dans un sol frais, riche et bien drainé. Il apprécie les expositions ensoleillées, mi-ombre.


 


 

 

Érable à feuilles de frêne - Acer negundo

 


L'Erable negundo est une espèce d’une dizaine de mètres de hauteur est originaire de l’est de l'Amérique du Nord. On l'appelle aussi Érable à giguère, peut-être par déformation du nom "érable argilière" qu'utilisaient les Français de l'Illinois, en 1814. Il est appelé parfois , Érable américain ou Érable à feuilles composées. Cette essence a été introduite sur d'autres continents en tant qu'arbre d'ornement pour les parcs et jardins. 

 

C'est un arbre très rustique (-15°), à croissance rapide, supporte l'exposition au soleil, à port étalé, à feuilles vertes caduques, avec des grappes de minuscules fleurs jaune verdâtre non parfumée à la fin du printemps. Il a la particularité de produire des bourgeons et des feuilles jusqu'aux premières gelées. Son bois est cassant, rendant les travaux d'élagage parfois dangereux.

 

L'Acer negundo "Flamingo" est un érable à port étalé et à croissance rapide. Très rustique. Ses feuilles sont marginées de crème et de rose à l'extrémité des pousses au printemps. Très ornemental, c'est un arbre d'environ 7 mètres de haut, aux feuilles panachées, vert brillant, marginées de blanc et de rose au printemps. Le plus : il supporte les terrains calcaires.


 

 

 

Érable cannelle - Acer griseum  

 


L'Acer griseum est un érable très original, originaire de Chine, pouvant atteindre 10 m de hauteur, appelé aussi "Erable à écorce de papier" ou "Erable cannelle", est rustique jusqu'à -30°C.

 

Il est reconnaissable à son étonnante écorce brun cannelle, qui s'exfolie en vieillissant. De plus il agrémente les jardins en automne grace à ses feuilles qui se teintent de jaune orangé. voire rouge écarlate, mais c'est en hiver qu'elle est la plus remarquée.  

                    
De culture facile, de croissance lente, il pousse dans tout sol frais, fertile, bien travaillé et bien drainé, en situation mi-ombragée. Son port est étalé, avec des branches minces et fragiles. Les feuilles caduques, opposées, sont vert clair puis orangé et rouge en automne. En juin, une floraison jaune en grappes pendantes sont suivies de samares velues d'avril à mai,  laisse place à des fruits ailés. 


 

 

 

L’érable sycomore  - Acer pseudoplatanus

 


L'érable sycomore est une espèce d'arbres de grande taille  fréquent en Europe. On l'appelle parfois faux platane, grand érable, ou érable de montagne, plus rarement érable blanc.

 

Il s'agit d'un arbre à croissance rapide les premières années, et qui rejette facilement de souche quand il est coupé. L'érable sycomore est un grand arbre à tige élancée, pouvant atteindre 35 à 40 m de haut et un diamètre de 3,5 m . Sa durée de vie peut atteindre les 500 ans.

 

L’écorce est d’abord lisse et gris jaunâtre, puis gris rougeâtre et de plus en plus foncée sur les arbres âgés où elle se détache en s’écaillant en larges plaques.

 

Les feuilles, opposées, caduques,  palmées, à long pétiole (légèrement cordiforme à la base), glabres et vert sombre à la face supérieure, vert glauque portant des poils sur les nervures à la face inférieure.

 

Il ne fleurit que vers 20 à 25 ans. Les fleurs de couleur vert jaune, groupées en panicules tombantes, apparaissent avec les feuilles, à la différence de celles de l'érable plane dont les fleurs groupées en corymbes dressés apparaissent avant les feuilles. Les fruits sont des disamares dont les ailes sont écartées.

 

L'Acer pseudoplatanus "'Brilliantissimum",  l'érable crevette, se distingue des autres érables sycomores par sa petite taille (3 à 5 m) et la couleur rose saumoné de ses feuilles au printemps. Il apprécie la mi-ombre.


 

 

 

L'Érable plane -Acer platanoides L.  

 


L'Érable plane est un arbre de grande taille, fréquent dans les régions collinéennes et montagneuses d'Europe. Il est parfois appelé Érable de Norvège, Iseron, Plane, Main-découpée, Plaine ou Faux Sycomore.

 

Son nom lui vient de la forte ressemblance des feuilles avec celles du platane.

 

C'est un grand arbre à tige élancée, de croissance très rapide pendant les premières années, rejette facilement. Il peut atteindre 20 m à 30 m de haut et une circonférence d'environ 8 à 9 m. Le diamètre de son tronc peut atteindre 1 m. Il peut vivre jusquà 200 ans. Il atteint ses plus belles proportions dans les forêts de feuillus où les chênes, tilleuls et ormes sont dominants.

 

L'écorce est brune, et présente de nombreuses crevasses peu marquées. Les fleurs vert jaune, groupées en corymbes dressés, apparaissent avant les feuilles.

 

En général, l'érable plane commence à fleurir à l'âge de 15-20 ans. Les feuilles, opposées, caduques, palmées , glabres, vertes et luisantes, à long pétiole. Elles prennent une très belle teinte jaune à l'automne.

 

Les fruits sont des disamares à ailes horizontales larges très écartées.

 

Cette espèce est répandue dans presque toute l'Europe, ainsi qu'en Asie dans la région du Caucase, en Iran et en Afghanistan. On le rencontre jusqu'à une altitude de 1 500 m en France. Il a été introduit entre autres en Amérique du Nord, où il est considéré comme invasif et nuisible. 

 

C'est une essence de demi-ombre. Il apprécie un climat assez humide, avec des tendances continentales ou montagnardes.  

 

Il est cultivé comme arbre d'ornement et beaucoup planté comme arbre d'alignement.

 

 

 

Erable du Japon  - Acer palmatum 

 


L'érable du Japon, est un petit arbre qui vient de l'Est de l'Asie. Sa cime étalée et arrondie, ample et gracieuse, ses branches parfois tortueuses, procure une ombre légère et laisse magnifiquement filtrer les rayons du soleil dans sa frondaison. 

 

C'est un très joli arbuste qui séduit par ses couleurs chatoyantes.  Au fil des saisons, il évoluera, du vert bronze ou tendre au pourpre sombre, à l'écarlate ou à l'orange vif. Une même branche peut porter des feuilles palmées ou ciselées en lanières et qui prennent d'extraordinaires et changeantes couleurs. 

 

Des fleurs rougeâtres sans grand intérêt apparaissent en avril avant des fruits rouges ailés, en septembre.

 

Le choix des variétés est vaste. Leur port peut être érigé ou retombant ce qui leur confère une multitude d'utilisations différentes. Beaucoup de variétés ont une couleur automnale remarquable, certains ont même une couleur de bois rouge corail pendant l'hiver, brun olive au printemps, vert en été et rouge brillant à l'automne.

 


 

 

L’Érable argenté - Acer saccharinum, 

 


L'érable argenté, érable de Virginie ou Plaine blanche (Canada),  dont l'espérance de vie est comprise entre 100 et 150 ans. Il peut atteindre de 20 à 30 m de haut. 

 

L'écorce est gris argenté et son bois est tendre. Le système de racines est peu profond et fibreux. Il s'étend en largeur beaucoup plus qu'en profondeur. La croissance est rapide. 

 

Le feuillage est caduc, avec des feuilles découpées, vertes au-dessus et argentées en dessous, jaunes ou orangées en automne, un pétiole vert ou rose. Les rameaux sont légèrement retombants. Les fleurs jaune verdâtre apparaissent à la fin de l'hiver ou au tout début du printemps.

 

Les fruits sont des disamares ailées mûres dès le mois de mai/juin.  Elles servent souvent de premières nourritures printanières aux animaux de la forêt. L'arbre commence à produire des fruits à partir de 10 ans.

 

L'érable argenté, tout comme l'érable à sucre et l'érable rouge, peut être entaillé pour produire du sirop d'érable, de teinte plus claire que celui des deux autres espèces, par contre, son eau est la moins sucrée.

 

L’arbre est originaire de l’Est de l'Amérique du Nord. Il est fréquent dans les parcs car il supporte bien la pollution atmosphérique des villes.

 

Il pousse à l'état sauvage dans les vallées humides et le long des cours d'eau. L'érable argenté apprécie un sol humide, plutôt argileux, et évite le calcaire. Il tolère les inondations temporaires, fréquentes dans son environnement naturel, en zone inondable près des grands cours d'eau de plaine. Il apprécie le soleil, ou la mi-ombre. Il est rustique, s'adapte très bien à presque toutes les conditions de sol et beaucoup mieux aux conditions urbaine que l'érable rouge et l'érable à sucre et résiste jusqu'à -35°. 

 

L’arbre a été introduit en Europe en 1725. Parmi les érables américains, il est l'un de ceux qu'on rencontre le plus fréquemment en Europe, avec l'érable negundo, pour l'ornement des espaces verts ou planté en alignements dans les rues des villes. La plupart des spécimens appartiennent à la forme laciniatum, au feuillage clair très découpé. La forme sauvage se rencontre souvent dans les parcs anciens mais est rarement planté de nos jours.


 

 

 

L’Érable à sucre - Acer saccharum

 


L'érable à sucre ou Érable franc  est une espèce d'arbres nord-américains de la famille des sapindacées, qui peut vivre jusqu'à 250 ans. L'arbre est reconnaissable par son feuillage jaune, orangé et rouge en automne et est très apprécié pour son eau qui coule au printemps et qui sert à faire le sirop d'érable.

 

L'érable à sucre est un arbre pouvant atteindre 35 m de hauteur, et exceptionnellement jusqu'à 45 mètres.

 

Les feuilles caduques  ont 5 lobes palmés, les lobes inférieurs sont relativement petits, tandis que les supérieurs sont plus grands et profondément entaillés. Les couleurs d'automne apparaissant lors de l'été indien sont souvent spectaculaires, allant du jaune vif à l'orange fluorescent et au rouge orangé. Les feuilles et les bourgeons sont pointus et bruns. L'eau d'érable est très bonne, mais le sirop d'érable qui est fait avec cette eau est encore meilleur.

 

Les fleurs sont en corymbes jaune-vert et sans pétales; la floraison a lieu au début du printemps. Le fruit est une samare dont les ailes portent deux graines globuleuses tombant de l'arbre en automne.

 

L'érable à sucre est facilement identifiable par sa sève claire dans le pétiole, ses bourgeons sont bruns. Sur les arbres âgés, l'écorce est exfoliée. Le revers de la feuille est mat,  les lobes de la feuille d'érable à sucre ont une forme rectangulaire.

 

On le retrouve principalement en Amérique du Nord et surtout au Québec vers la côte Est, et dans une vaste partie du nord-est des États-Unis. Dans sa région d'origine, l'espèce a une croissance rapide (10 mètres en 20 ans).

 

L'érable à sucre a besoin d'un sol riche, profond et assez frais. Il est très rustique et peut être planté jusqu'à 1 000 m d'altitude. C'est une essence d'ombre qui dépérit souvent à l'âge adulte si planté au plein soleil et qui supporte mal la pollution des villes.

 

La culture de l'érable dans le but d'en faire du sirop d'érable s'appelle de l'acériculture. Il a été introduit en Europe, mais pas en grand nombre, et les spécimens y sont généralement de moindre taille. En France, on le rencontre notamment dans la région du Limousin.

 

L'usage principal de cette espèce reste la production de sirop d'érable. Durant l'été, l'érable à sucre fabrique des sucres. Au début de l'automne, ces sucres sont transformés en amidon dans les racines pour y passer l'hiver. Durant l'hiver, l'eau gèle et la sève ne circule presque pas. Au printemps, l'amidon dans les racines est transformé en sucre . Cette transformation attire l'eau du sol. Les cycles quotidiens de gel et dégel pompent, dans le tronc, cette eau sucrée appelée "eau d'érable".

 

L'eau d'érable n'est pas de la sève. Celle-ci, nettement plus chargée en minéraux et molécules organiques complexes, ne remonte par les racines que lorsque le métabolisme de l'arbre est relancé. L'arrivée de la sève et de son goût amer marque la fin de la récolte d'eau d'érable. Donc, on ne récolte pas la sève mais l'eau d'érable. 

 

En été, l’arbre produit des feuilles qui transforment la sève brute en sève élaborée. Celle-ci fait croître les racines de l’arbre qui produisent encore plus de sève brute. Ce cycle permet à l’arbre de se développer. C’est pendant cette période que l’érable produit des fruits, appelés samares.

 

En automne, l’érable relâche les samares. Puis en octobre, l’absence de sève brute dans les feuilles de l’arbre les fait rougir puis tomber.

 

Afin de produire le sirop d'érable, les arbres ne sont mis en production qu'après environ 40 ans de croissance. C’est au printemps que l’on récolte l’eau d’érable par des trous forés dans le tronc. 


 

 

 

Pollinisation

 


La pollinisation des fleurs, un bouquet de micro-fleurs vertes, jaunes, orangées ou rouges selon les espèces, s'effectue par le vent, mais elle peut aussi être opérée par des insectes. 

 

Elles fournissent aux insectes du pollen et du nectar dès la sortie de l'hiver, avant l'arrivée des feuilles. Les bourgeons nourrissent également de nombreux oiseaux.

 



 

 

 

Étymologie 

 


Le nom érable apparaît au milieu du 13ème siècle. Il vient du vieux latin "acerarbot", où "acer" d'origine indo-européenne signifiant "pointu, dur". 

 

 

Erable s'est dit en latin classique Acer, aceris

Pour éviter tout confusion avec l'adjectif acer, acris, acri = aigu, âcre, vif, on a ajouté le nom arbor. 

On a en bas-latin "acer arbor" pour désigner l'érable.

Acer arbor est devenu "acerabulus" (acer et du gaulois abalo "pomme")

un peu plus tard acerabulus, qui, accentué sur le second a, devient "acerable", "Arblay", "Araule", "Azérable",  "arable", "esrable",  érable.

 

 

 

Mythologie grecque

 

 

Phobos, fils d'Arès et d'Aphrodite, frère de Déimos, dieu de la peur panique et de l’épouvante représente la crainte.

 

Il accompagne son frère et son père sur les champs de bataille. Il harcelait les troupes de guerriers antiques, où il inspirait la peur de mourir aux soldats du camp adverse. Ces derniers refusaient alors le combat. Ainsi, le mot phóbos (signifiant "peur" en grec ancien) a donné le mot "phobie" en français. 

 

Phobos est souvent représenté dans l’art avec un visage effrayant aux yeux exorbités et à la bouche grande ouverte et grimaçante. Cette figure inquiétante, font naître la crainte chez celui qui la regarde comme si le dieu exerçait encore aujourd’hui son pouvoir.

 

L’érable était considéré comme la marque de Phobos, à cause de la couleur rouge sang de ses feuilles durant l’automne. 

Phobos (mosaïque du IV° siècle apr. J.-C., Halicarnasse). British Museum


 

 

 

Mythologie celtique

 

Calendrier celtique :

11 au 20 avril et 14 au 23 octobre - Érable

Périodes liées à la feuillaison et à la chute des feuilles.

 

Dans l'astrologie celtique, l'érable représente la résistance, et une personne débordant d'imagination et d'originalité, timide et réservé, ...

 

"Pour les druides, une bonne étoile veillait sur la destinée de leurs protégés car l'érable était le messager des dieux. Ceux-ci parlaient aux hommes dans le souffle du vent agitant les hautes branches de l'arbre. Ils utilisaient sa sève comme breuvage destiné à calmer les esprits impulsifs et violents. On assurait que cette potion, mélangée avec d'autres sucs végétaux, avait également la capacité d'apaiser les inflammations de toutes sortes. 

 

Dans la forêt de Brocéliande, c'est un érable immense qui dominait la fontaine de Barenton dans laquelle Merlin l'Enchanteur venait puiser des gobelets d'eau pure."


 

 

 

Légende du sirop d'érable

 


Les Micmacs 

(peuple autochtone de la côte nord-est d'Amérique). 

 

Une vieille femme Micmac alla un jour de printemps recueillir la sève d’érable. Comme elle trouvait qu'elle était meilleure chaude, elle se mit à la faire chauffer sur le feu, à l’intérieur de son tipi.

Après toute cette récolte, la vieille dame fatiguée s’endormit. C'est lorsqu'elle se réveilla beaucoup plus tard qu'elle trouva dans son pot un sirop clair et sucré.

 


Les Algonquins

(peuple autochtone ayant historiquement occupé certaines parties de l'ouest du Québec et de l'Ontario, avec pour centre la rivière des Outaouais et ses affluents).

Un Algonquin enleva son tomahawk d’un érable qu’il avait planté le jour d’avant. La sève se mit alors à couler. Sa femme, voyant cela, décida d’y goûter et trouva cela très bon.

Elle décida de s’en servir pour faire cuire la viande. Son homme apprécia vraiment le goût de celle-ci et décida d’appeler ce met "sinzibuckwud" qui signifie  "tiré des arbres".

 


La légende des Fendilles, ou légende iroquoise

 

Par un beau matin froid et piquant, il y a fort longtemps, un chef Iroquois du nom de Woksis sortit de sa hutte. Puisqu’il devait aller à la chasse, il retira son tomahawk (hache) de l’érable dans lequel il l’avait plantée la veille au soir. Le tomahawk avait fait une profonde fente dans l’arbre mais Woksis n’y fit pas attention. Il partit chasser. Un récipient en écorce de bouleau était posé au pied de l’érable. Goutte à goutte, la sève qui ressemblait à de l’eau s’écoula de l’entaille faite dans le tronc de l’érable et remplit le récipient.

Le lendemain, la femme de Woksis remarqua que le récipient était plein. Pensant que la sève incolore était de l’eau, elle s’en servit pour faire un ragoût de gibier. Le soir venu, au souper, Woksis sourit et dit à sa femme: "Ce ragoût est délicieux. Il a un goût sucré". N’y comprenant rien, la femme trempa son doigt dans le ragoût qui avait mijoté tout l’après-midi. Woksis avait raison: le ragoût était sucré. On venait de découvrir les fendilles sucrées qui nous donnent le bon sirop d’érable.

 

 

- 65 millions d'années /  - 2,58 millions d'années 

 


Des fossiles retrouvés en Asie ont été datés du Paléocène et en Amérique du Nord datés de l’Éocène d’ailleurs en 1976.

 

Le spécialiste des érables Piet de Jong a estimé l’origine des érables au début du Tertiaire au Sud-Est de la Chine ; la diversification des sections se serait généralement achevée vers la fin de l’Éocène. 

 

Au Japon, des érables fossiles vieux de 6 millions d'années ont été trouvés dans la ville de Yuzawa dans la préfecture d'Akita. 

 

En Europe, les érables des montagnes étaient présents sur terre avant les grandes glaciations.
 

Période du miocène -

Feuilles fossiles d'Acer trilobatum (Sapindaceae, Miocène)

gisement d'Öhningen, Allemagne, 

Muséum National d'Histoire Naturelle de Karlsruhe, en Allemagne.

Auteur    H. Zell


 


 

 

VII° siècle av. J.C.

 


Homère (VII° siècle av. J.C.) poète grec  


Iliade - Cheval de Troie


Après dix ans de siège Ulysse imagine alors une ruse pour investir la cité : faire entrer dans Troie un gigantesque cheval de bois d'érable champêtre (acer campestre),  dans lequel les Grecs en armes prennent discrètement place.  L'architecte charpentier Épéios se charge de la construction.


Les Troyens, voyant le champ de bataille déserté, croient avoir gagné la guerre. Pensant que le cheval est une offrande, ils le font entrer à l'intérieur de leurs murs. À la nuit tombée, les Grecs, jaillissant des flancs de bois du cheval et s'emparent définitivement de la cité...


Henri-Paul Motte - Le Cheval de Troie

 


 

 

I° siècle av. J.C.

 

 

Virgile (né vers 70 av. J.-C.-19 av. J.-C.) poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

Énéide - Livre III

Chute de Troie - Mission d'Enée

Cheval et Grecs dans Troie 

Récit d'Énée. 
2, 110

..."Souvent les Danaens ont voulu s'enfuir, abandonner Troie

et s'éloigner, épuisés qu'ils étaient par cette guerre sans fin.

Ah ! Que ne l'ont-ils fait ! Souvent l'âpre tempête marine

les a retenus, et l'Auster les a effrayés au moment du départ.

En particulier, quand déjà se dressait ce cheval en planches d'érable,

des nuages grondèrent dans toute l'immensité du ciel"....
 

 

 


Properce (Sextus Propertius) poète latin  (47 av. J.-C.-v.16/15 av. J.-C.)

Chapitre IV. L’élégie de Vertumne : l’œuvre trompeuse

..."Jusqu’à Numa, j’étais un simple tronc d’érable, rapidement taillé à coups de serpe, dieu pauvre dans une ville que j’aimais. Mais puisse la terre des Osques t’être légère et ne pas meurtrir tes mains d’artiste, Mamurius, toi qui cisela mes traits dans le bronze et sut si habilement couler ma statue pour lui faire remplir tant de rôles. Unique est l’œuvre, mais nombreux sont les hommages qu’elle reçoit. (59-64)"...

Vertumne et Pomone   Début du XVIe siècle – Francesco Melzi


 


 

I° siècle

 


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C-79) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Histoire naturelle 


Livre Seize

..."XXVI. (XV.)  L'érable (acer pseudoplatanus, L. ), a peu près de la même grosseur, vient immédiatement après le citre (XVIII, 29), pour l'élégance et le fini des ouvrages. On en distingue plusieurs espèces. Le blanc (acer pseudoplatanus, L. ), qui est d'une blancheur admirable, est appelé gaulois dans l'Italie transpadane, et il vient au delà des Alpes. L'autre espèce a des taches marbrées; dans toute sa beauté, il est dénomme d'après sa ressemblance avec la queue du paon; le meilleur est en Istrie et en Rhétie. L'érable de qualité inférieure se nomme crassi venium. Les Grecs les distinguent par l'habitat : l'érable de plaine étant blanc, ou marbré (ils le nomment glinus) (acer creticum), l'érable de montagne étant marbré, plus dur; et dans cette espèce même le mâle est plus marbré et s'emploie dans des ouvrages plus élégants. La trolsième espèce, d'après les Grecs, est le zygia (acer compestre, L. ), bois rougeâtre, facile à fendre, a écorce livide et raboteuse; d'autres auteurs aiment mieux en faire une espèce indé pendante de l'érable, et le nomment en latin carpinus (charme, carpinus netulus, L.)

 

XXVII. 

(XVI.) 1 

Ce qu'il y a de plus beau dans l'érable, c'est le bruscum, et surtout le molluscum. Ce sont deux tubérosités de cet arbre; le bruscum a des veines plus contournées; celles du molluscum sont repandues d'une manière plus simple : et si le molluscum était assez gros pour faire des tables, on le préférerait indubitablement au citre.

 

(XIII, 29) :

au lieu qu'à part les couvertures des tablettes et le plaqué des lits, on ne le voit que rarement employé. On fait aussi avec le bruscum des tables noirâtres. On trouve dans l'aune (talnus lutinosa, L) une tubérosité aussi inférieure aux précédentes que l'aune lui-même est inférieur à l'érable. L'érable mâle fleurit le premier. On préfère aussi les érables venus dans des lieux secs aux érables venus dans des lieux humides; il en est de même pour le frêne. Il y a encore au delà des Alpes un arbre dont le bois est très semblable a celui de l'érable blanc; on le nomme staphylodendron (staphylea ponnata, L. ); il porte des gousses, et dans ces gousses des noyaux, qui ont le goût de l'aveline"....


 


 

VIII° siècle

 


Vers 760


Au Japon, les mots "momiji" et "kaede" sont synonymes avec érables. 


Le mot kaede est dérivé du kaerude dans le "Manyoshu" (Recueil de dix mille feuilles) première anthologie de poèmes japonais datée des environs de 760.
Ce mot s’inspirerait de la similitude entre la forme de la feuille et la patte d’une grenouille. Le mot japonais pour grenouille est kaeru. Le momiji serait la forme dérivée du mot momizu..


Dans le Japon ancien momizu signifiait changer de couleur, c'est-à-dire, tourner au rouge ou au jaune. Ils auraient été appelés momiji parce qu'ils étaient représentatifs des arbres qui changent de couleur en automne.


 


 

Zhāng Jì, poète chinois du VIII° siècle.

 

 

Je m'ancre pour la nuit au Pont des Erables

 


Au moment où la lune se couche, les corbeaux crient et l'air se rafraîchit.

Eclairé par les lampes des pêcheurs, mélancolique, je somnole sous les érables.

Je suis subitement réveillé par la cloche du Temple de la Montagne Glacée,

Qui annonce à minuit l'arrivée d'un bateau de passagers.


 

 

 

XIV° siècle

 


En Europe durant le Moyen-âge, le bois était utilisé lors de rituels pour chasser le "mauvais esprit".

 

Première moitié du XIV° siècle

Décor de feuilles d'érable, vitrail église des franciscains de Colmar.


 

 

 

1557


Lors d’un de ses voyages au Canada, que Jacques Cartier coupe un arbre d’où, à son étonnement, s’écoule une sève au goût sucré. Les Premières Nations lui apprennent alors que cet arbre magique s’appelle "couton". Aujourd’hui, nous le connaissons sous un autre nom :


"érable à sucre"


Il est le premier Européen à avoir écrit sur l’érable à sucre et l’eau d’érable.

Arrivée de Jacques Cartier à Quebec, 1535

 

 

 

XVIII° siècle

 


1700

Depuis toujours ou presque, les Amérindiens avaient donc appris à recueillir la sève d’érable et à la transformer en sirop.


C’est seulement dans les années 1700 que les Québécois ont su tirer profit de cette grande découverte.


 

 

Acer L.

Ce nom fut donné en 1719 par Tournefort et reconnu par Carl von Linné en 1735 et confirmé en 1753.

 


 

Herbier du XVIII° siècle.

Acer tomentosus

Ancien herbier du grand séminaire

Originaire de Virginie, répandu dans les jardins, connu aussi sous les noms de : érable rouge, érable de Charles Wager. 

 


 

 

 

Kitagawa Utamaro (v. 1753-1806) peintre japonais


Courtisane au kimono décoré de feuilles d'érables avec recueil de poèmes à ses pieds


 

 

 

1793

 

Calendrier républicain


Le calendrier républicain  est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1° vendémiaire an I (22 septembre 1792), déclaré premier jour de l'"ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Dans le calendrier républicain, l'Érable était le nom attribué au 21° jour du mois de frimaire.


22 novembre : Le Soleil répond au Sagittaire

 

Pouvons nous de l'hiver sous nos climats heureux

Redouter les rigueurs lorsque la chasseresse 

Dans les bois effeuillés affrontant les frimas

Décoche sur un Daim ses traits avec adresse


 


 

Utagawa Hiroshige (1797-1858) dessinateur, graveur et peintre japonais


série Cent vues d'Edo, 

 

nº 091, partie 3: automne.

À l'intérieur du sanctuaire Akiba à Ukeji

La planche met en valeur les feuilles d’érable aux couleurs orange et ocre reflétées par l'eau. 

 

 

 

nº 094, partie 3: automne.

Les érables à Mama, le sanctuaire Tekona et le pont de Tsugihashi 

L’image est encadrée par les troncs de deux érables dont les branches s'entrelacent et dont la couleur automnale des feuilles présente une teinte à la fois rougeâtre et noirâtre 


 

 

 

Charles-Hubert Millevoie (1782-1816) écrivain français

 


La tendresse maternelle


..."Elle lui forme un lit de fleurs et de feuillage,

De l'érable docile agite le rameau...

Et ne s'aperçoit pas qu'elle berce un tombeau !


 

 

 

1848


Utagawa Kunisada (1786-1865), connu également sous le nom Utagawa Toyokuni III
peintre d'ukiyo-e les plus populaires du XIX° siècle


Jeune beauté sous les érables en automne

 

 


Art nouveau

19° siècle

Vase Montjoye - François Théodore Legras 

Vase verre à fond givré vert amande et travaillé à l'acide, avec des feuilles d'érable en relief.


 

 

 

Sir Charles Wager (1666-1743), officier de marine britannique est une figure marquante et son nom a été donné à un arbre et à des lieux géographiques :

 

- l'arbre est un érable (Acer tomentosum), qui figure sous le nom de "Sir Charles Wager's maple" (car "c'est cet amiral qui l'a fait venir en Angleterre"), ou d'"Érable à fleurs" dans les livres de botanique de l'époque. Selon le "Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle appliquée aux Arts…," (société de naturalistes et d'agriculteurs, imprimerie de Crapelet, Paris 1803 — Histoire des arbres forestiers par F.A. Michaux, 1810), il ne s'agit pas d'une sous-variété, et cet arbre s'individualise par le duvet cotonneux qui recouvre l'extrémité de ses rameaux, ses ovaires glabres, ses capsules globuleuses, et surtout par ses grandes grappes de fleurs écarlates "dont les plus jeunes branches sont si bien garnies, qu'à une petite distance l'arbre en parait tout couvert".

 

Les chimistes de l'époque  se sont intéressés à l'érable de Wager : il figure (avec l'olivier de Bohème, le cornouiller mâle, le sumac de Virginie, le marronnier d'Inde) dans les compositions de produits astringents utilisés pour le tannage des peaux. 

 

 

Pierre Petitclair (1813 - 1860) écrivain québécois. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre.

Anthologie de la poésie québécoise

du XIX° siècle (1790-1890)

par John Hare - Cahiers du Québec / Hurtubise HMH, 1979

 

 

L'érable


 

Parti du nord, l'hiver, en frissonnant,

Déroule aux champs son froid manteau de neige !

L'arbuste meurt, et le hêtre se fend.

Seul au désert, comme un roi sur son siège,

Un arbre encore ose lever son front.

Par les frimas couronné d'un glaçon ;

Cristal immense, où brillent scintillantes

D'or et de feux mille aigrettes flottantes,

Flambeau de glace, étincelant la nuit,

Pour diriger le chasseur qui le suit :

Du Canada c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

Mais quand zéphyr amollit les sillons,

Que le printemps reparaît dans la plaine,

Le charme cesse ; ils tombent ces glaçons,

Comme des bals la parure mondaine

Dont la beauté s'orne tous les hivers.

L'arbre grisâtre échauffé par les airs,

Verse des pleurs de sa souche entr'ouverte,

Comme un rocher suinte une écume verte ;

Mais douces pleurs, nectar délicieux,

C'est un breuvage, un mets digne des dieux ;

Du Canada, c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

L'été s'avance avec ses verts tapis ;

Et libre enfin du bourgeon qui la couvre,

En festins verts sur chaque rameau gris,

Comme un trident une feuille s'entr'ouvre ;

L'arbre s'ombrage, épaissit ses rameaux,

Fait pour l'amour des voûtes, des berceaux.

Sur le chasseur, l'émigré qui voyage,

Le paysan, il étend son feuillage,

Dôme serré qui brave tour à tour

Les vents d'orage et les rayons du jour :

Du Canada, c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

L'automne enfin sur l'aile d'Aquilon,

Comme un nuage emporte la feuillée,

Et verse à flots sur l'humide vallon,

Brume, torrent, froid, brouillard et gelée.

L'érable aussi dépouille son orgueil,

Et des forêts sait partager le deuil ;

Mais en mourant, sa feuille, belle encore,

Des feux d'Iris et du fard de l'aurore,

Tombe et frémit, en quittant son rameau,

Comme le vent siffle aux mâts d'un vaisseau :

Du Canada, c'est l'érable chéri,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

 


À Vianden


..."Il songe. Il s'est assis rêveur sous un érable.

Entend-il murmurer la forêt vénérable ?"...
 

 

 

1839


Alexandre Dumas Père (1802-1870),  écrivain français 


Othon l’archer, 

..."Othon sortit aussitôt de l’église, (…), acheta un arc du meilleur bois d’érable qu’il put trouver, choisit une trousse garnie de ses douze flèches"...

 

 

1867


Acer Palmatum v.14 (1867) 


- L'Illustration horticole - Biodiversity Heritage Library


 

 

 

William Chapman (1850-1917) journaliste, poète et traducteur canadien.


..."Le véritable poète ne peut rien produire (…) sans que ses écrits portent un vague reflet de souffrance ; tel l’érable de la forêt canadienne, qui ne peut donner sa sève délicieuse sans une blessure au flanc"...
 

 

 

1882

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913) écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien. 


Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 
(C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


"Érable" (acer) —

Cet arbre est l’objet d’un culte spécial en Allemagne. Autrefois, en Alsace, on attribuait à la chauve-souris la propriété de faire avorter les œufs de cigogne ; dès qu’elle les avait touchés, ils étaient frappés de stérilité. Pour s’en préserver, la cigogne plaçait dans son nid quelques rameaux d’érable, et la seule puissance de cet arbre redouté en interdisait l’entrée au vespertilio. On plaçait aussi des branches d’érable au-dessus de l’entrée des maisons que l’on voulait soustraire aux visites de la chauve-souris"...
 

 

 

1889


Les Japonais ont fait évoluer leurs propres cartes vers une thématique plus culturelle : les fleurs. Le plus connu des cartiers de hanafuda est Nintendo. La célèbre marque (qui est plus connue maintenant pour ses jeux vidéo) a en effet été créée en 1889 afin de commercialiser les cartes de hanafuda 


Le Hanafuda

- 花札, traduit comme le "Jeu des fleurs" - est un jeu de cartes traditionnelles japonais. Il se compose de 48 cartes réparties en 12 mois du calendrier japonais. Chaque mois comporte un thème floral et des symboles que propose la nature japonaise à travers les saisons d'une année.


 

 

 

XX° siècle

 

 

Albert Lozeau (1878-1924) poète canadien-français.

 

 

Érable rouge

 


Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,

Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

 

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,

Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

 

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule

De sa large ramure au bruit frais d'eau qui coule.

 

Il n'est qu'une blessure où, magnifiquement,

Le rayon qui pénètre allume un flamboiement !

 

Le bel arbre ! On dirait que sa cime qui bouge

A trempé dans les feux mourants du soleil rouge !

 

Sur le feuillage d'or au sol brun s'amassant,

Par instant, il échappe une feuille de sang.

 

Et quand le soir éteint l'éclat de chaque chose,

L'ombre qui l'enveloppe en devient toute rose !

 

La lune bleue et blanche au lointain émergeant,

Dans la nuit vaste et pure y verse une eau d'argent.

 

Et c'est une splendeur claire que rien n'égale,

Sous le soleil penchant ou la nuit automnale !


 

 

 

Tokuriki Tomikichirō (1902-2000) artiste et peintre japonais, 

gravure sur bois

Rochers et érables rouges devant le temple situé dans la forêt.

 


 

 

Lionel Groulx (1878-1967) Historien, prêtre-éducateur et intellectuel 

Les Rapaillages, Montréal, éditions Le Devoir, 1916, p. 9-11.  

 


 

La leçon des érables

 


   Hier que dans les bois et les bruyères roses,

   Me promenant rêveur et mâchonnant des vers, 

   J'écoutais le réveil et la chanson des choses,

   Voici ce que m'ont dit les grands érables verts : 

 

   "Si notre front là-haut si fièrement s'étale ;

   "Si la sève robuste a fait nos bras si forts,

   "C'est que buvant le suc de la terre natale,

   "Nous plongeons dans l'humus des grands érables morts. 

 

   "Si nos rameaux font voir de hautaines verdures,

   "C'est pour perpétuer, au siècle où tout s'éteint,

   "La gloire des géants aux fières chevelures

  "Qui verdirent pour nous depuis l'âge lointain.

 

   "Dans nos feuilles, parfois, une brise commence,

   "Dolente, le refrain des vieux airs disparus.

   "Écoutez : elle chante et l'âme et la romance

   "Des aïeux survivants en nos feuillages drus. 

 

   "Tantôt, l'air solennel des graves mélopées  

   "Incline, avec le vent, notre haut parasol ;

   "Un orgue ébranle en nous le son des épopées ;

   "Nous respirons vers Dieu la prière du sol ! 

 

   "Prier, chanter avec la brise aérienne

   "Et l'âme du terroir et l'âme des aïeux ; 

   "Et puis, se souvenir afin qu'on se souvienne,

  "Voilà par quels devoirs l'on grandit jusqu'aux cieux !"

 

                 ***        

       

   Ainsi, dans la forêt, près des bruyères roses,

   M'ont parlé l'autre jour les grands érables verts.

   Et, songeur, j'ai connu le prix des nobles choses

   Qui font les peuples grands, plus grands que leurs revers. 

 

   Ils gardent l'avenir ceux qui gardent l'histoire,

   Ceux dont la souvenance est sans mauvais remords,

   Et qui, près des tombeaux où sommeille la gloire,

   À l'âme des vivants, mêlent l'âme des morts. 

 

   Ils le gardent surtout ceux dont les lèvres fières

   Ont gardé les refrains du parler maternel : 

   Épopée ou romance où l'âme de nos pères

   Vient prier et vibrer d'un accent éternel. 

 

   Gardons toujours les mots qui font aimer et croire,

   Dont la syllabe pleine a plus qu'une rumeur.

   Tout noble mot de France est fait d'un peu d'histoire,

   Et chaque mot qui part est une âme qui meurt !

 

   En parlant bien sa langue on garde bien son âme.

   Et nous te parlerons, ô verbe des aïeux,

   Aussi longtemps qu'au pôle une immortelle flamme

   Allumera le soir ses immuables feux ; 

 

   Que montera des blés la mâle villanelle,

   Que mugira le bronze en nos clochers ouverts,

   Et que se dressera dans la brise éternelle

   Le panache hautain des grands érables verts ! 


 


 

 

Nérée Beauchemin (1850-1931) Poète, écrivain et médecin québécois.

Recueil : Patrie intime (1928).

 


L'érable

 


L'érable au torse dur et fort,

Ébrèche le fer qui l'assaille,

Et, malgré mainte et mainte entaille,

Résiste aux plus grands coups du Nord.

 

L'hiver, dont le cours s'éternise,

De givre et de neige a tissé

Le linceul de l'arbre glacé.

L'érable est mort ! hurle la bise.

 

L'érable est mort ! clame au soleil

Le chêne orgueilleux qui s'élance.

L'érable prépare en silence

Le triomphe de son réveil.

 

Sous le velours âpre des mousses

La blessure ancienne a guéri,

Et la sève d'un tronc meurtri

Éclate en glorieuses pousses.

 

Des profondeurs d'un riche fond,

L'arbre pousse ; il semble qu'il veuille

Magnifier, de feuille en feuille,

Le miracle d'un coeur fécond.

 

Il n'a fallu qu'une heure chaude

Pour que soudain, l'on vît fleurir,

Sur les bourgeons, lents à s'ouvrir,

La pourpre, l'or et l'émeraude.

 

L'érable vit ! chante en son vol

Tout le choeur des forêts en fête :

L'érable, de la souche au faîte

Frémit au chant du rossignol.

 

Contre la bise et l'avalanche,

Le roi majestueux des bois

A pris, et reprendra cent fois,

Sa victorieuse revanche.

 

L'érable symbolise bien

La surnaturelle endurance

De cette âpre race de France

Qui pousse en plein sol canadien :

 

Robuste et féconde nourrice

Dont le flanc, tant de fois blessé,

Des rudes coups d'un fier passé

Porte l'illustre cicatrice.
 

Mythologie des arbres - L'érable


 

 

1929


Alain Gerbault,(1893-1941) navigateur et écrivain français


À la poursuite du soleil; tome 1 : 

De New-York à Tahiti, 

..."J’écris ces lignes dans la cabine du Firecrest. Le teck et le bois d’érable brillent"... 
 

 

1931

Lucien Rainier (Joseph Melançon - 1877-1956) poète québécois, membre de l'École littéraire de Montréal.


Montréal, Éditions du Devoir, 1931.

Avec ma vie,

Juin 1908.


Sur la mort de Louis Fréchette


                                    I

 

Un érable est tombé... Dans le clair paysage

de la patrie, il dessinait un grand contour ;

son ombre enveloppait la terre avec amour ;

des oiseaux merveilleux chantaient dans son feuillage.

 

Et, vers l’appel divin du soleil, chaque jour,

montait plus haut sa fière cime, quand l’orage,

d’un formidable choc, a soudain clos son âge...

Ceux-là qui l’ont perdu le pleurent sans retour.

 

Un érable est tombé... La débordante sève

n’alimentera plus, au prochain avenir,

sa verte frondaison de pensée ou de rêve...

 

Mais tu lui resteras fidèle, ô Souvenir !

Écoutez : sur le monde, un vent de gloire emporte

l’écho mélodieux de sa ramure morte !...


                                    II


Poète ! si ton corps dans l’ombre disparaît,

ton poème à jamais resplendit sur l’histoire !

Cette patrie en deuil, qu’illumine ta gloire,

pare ton souvenir d’un immortel regret.

 

Tu chantas sa beauté : fleuve, plaine ou forêt ;

son passé de défaite auguste ou de victoire ;

et ta voix, dont résonne encor notre mémoire,

puisait dans un cœur franc l’éclat d’un verbe vrai.

 

Sois béni, pour ton œuvre abondante et vivace !...

Quand ils diront ton nom, les hommes de ma race

seront de gratitude et d’orgueil envahis ;

 

et les enfants liront tes vers, dans les écoles,

pour apprendre, aux leçons de tes nobles paroles,

à vénérer leur Dieu, leur langue et leur pays !...



André Masson (1896-1987) L'Erable sous l'orage - 1943/1944

 


 

1945, 


Gabrielle Roy (1909-1983) romancière franco-manitobaine. 


Bonheur d'occasion,

 ... "Les érables, saignant à plaies ouvertes, c'était le son de mille gouttes jointes une à une qui tombaient. Rose-Anna (...) voyait la sève blonde dans les bassins, (...) le goût du sirop était sur ses lèvres, la senteur sucrée dans ses narines et toute la rumeur de la forêt dans son souvenir"... 
 

 

 

1940


La Flore Illustrée "Flore illustrée du Japon" de Tomitarō Makino (1862-1957) botaniste japonais.

(ou Makino shin Nihon shokubutsu zukan),

décrit 26 espèces d’érables dont une seule est importée de Chine. Les Arbres du Japon en recense un plus grand nombre mais en incluant les variétés et cultivars de Acer palmatum. 
 


 

 

James Sacré (1939) poète français, 

Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles 

Editions: Le Castor Astral & Le Noroît

 


Tous les arbres couleurs 

 

Tous les arbres couleurs les érables surtout

un jour d’automne pourtant gris

que dedans c’est comme on pourrait pleurer

parce que la solitude et rien

çа fait quand même ces feuillages

des sortes de verreries comme à la fois simples

et curieusement compliquées

on les aurait disposées

dans les buissons sur le pré dehors

dedans c’est comme on pourrait sourire

la solitude en couleurs quand même rien.


 


 

Guy Rancourt (1948) poète et philosophe québécois

 

 

Le temps des sucres

 

Quand j'attends

Le temps où la sève coule dans nos claires rivières

Quand j'attends

Le temps où le printemps nous réchauffe et revivifie

 

Regarde et écoute le sang de nos érables

Goutte à goutte plongeant ding dong ding dong

Dans ces bassins d'eau sucrée

Où tant de gens adorent se tremper les lèvres

 

Quand j'attends

Le temps où la sève coule dans nos claires rivières

Quand j'attends

Le temps où l'érablière frissonne et pétille

 

Arrête-toi et écoute

Les murmures des seaux et chaudières

Arrête-toi et regarde

La fumée enivrante des grands récipients de sirop

 

Quand j'attends

Le temps où le concert des érables enchante nos oreilles

Quand j'attends

Le temps où le festin des sucreries réjouit nos palais

 

Arrête-toi et hume

Les mille parfums de ces vases fumants

Arrête-toi et bois

Le nectar sucré de nos érables

 

Le soleil surplombe nos têtes

Le printemps sonne le réveil et dégel

C'est la belle saison

Le temps des sucres est arrivé

Richard T Pranke Le temps des sucres

4f Richard T Pranke Le temps des sucres


 

15 décembre 1964


Une feuille d'érable pour le Canada


Le 15 décembre 1964, le Premier ministre libéral du Canada, Leaster B. Pearson, propose au Parlement d'adopter un drapeau unifolié à la feuille d'érable pour remplacer la "Red Ensign" de la marine britannique assortie de l'écu des armoiries du Canada (lions anglais, lion écossais, harpe d'Irlande, lys de France et feuilles d'érable canadiennes).


La feuille d'érable se réfère à l'arbre mythique du pays, dont la sève a nourri les habitants au printemps et continue de les régaler. En 1834 déjà, la Société Saint-Jean-Baptiste l'avait adopté pour emblème.
Il est officiellement adopté par la Chambre des Communes d'Ottawa le 15 février 1965.


 

 

 

1989


Le Livre des Fleurs

(Librairie philosophique J. Vrin, 1989),

Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) 


    ..."Chaque fête populaire est en même temps une fête de fleur. (...) Au mois d'octobre c'est la fête des érables rouges que l'on va contempler en bandes jusque dans les montagnes des environs de Tokio et dont on ne se lasse pas d'admirer le contraste avec le vert sombre des sapins et le bleu du ciel toujours foncé à cette saison. Le soir on en dispose partout des branches dans des vases et on ressort la nuit pour la fête de la lune qui tombe le 16 du même moi"... 


 

 

 

Kato Teruhide (1936-2015) peintre japonais

automne au temple Kiyomizu

 

 

 

1989

20 dollars canadien 

Elizabeth II Feuille d'érable


 

 

 

XXI° siècle

 

 

Didier Colin, 

Larousse Livre, 2000

Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes 

 


    ..."C'est un arbre très populaire chez nos amis canadiens, dont ils choisirent la feuille (mapleleuf) pour emblème de leur pays, et dont le sirop, qu'ils confectionnent à partir de sa sève chauffée et brassée, est devenu un produit national.


Bien sûr, les abeilles savaient bien avant les hommes la saveur de la sève de l'érable et la délicatesse de ses fleurs. Depuis toujours, elles les butinent avec volupté, fournissant alors un miel d'érable délectable et riche en sucre. mais déjà, au temps jadis, en Chine, l'érable était associé à la notion d'honneur, le nom désignant cet arbre présentant une homophonie avec le verbe chinois qui signifie "conférer un honneur".


Symbole de longévité et de vigueur en Amérique du Nord comme dans tous les pays anglo-saxons, l'érable était aussi réputé pour chasser les démons et les mauvais esprits nocturnes. Ainsi, on en plaçait devant la porte de sa maison ou au pied de son lit, comme la cigogne qui joint de nombreuses brindilles d'érables à son nid, dans le but de chasser les chauve-souris friandes de leurs œufs."...
 

 

 

Paul Bergèse, poète et enseignant, est un auteur contemporain pour la jeunesse.

 


L’érable…

 

L'érable m'a offert

deux feuilles de printemps

pour rafraîchir l'été

et trois feuilles d'été

pour réchauffer l'automne.

Il m'a offert aussi

quatre feuilles d'automne

de vert, d'or et de roux

pour colorer l'hiver,

l'hiver

qui se dévoue

et prépare un printemps

qui permettra à l'arbre

de me donner deux feuilles

pour rafraîchir l'été.


 

 

 

Mythes et légendes de l'érable

 


- La feuille d'érable figure sur le drapeau du Canada sous la forme d'une figure stylisée à onze pointes. 

 

- regonfle les esprits lassés des multiples épreuves de l'existence.

 

- Au Japon, on apprécie particulièrement l'érable du Japon et, chaque automne, les Japonais vont admirer leurs couleurs flamboyantes pendant la période qu'ils appellent "momijigari" ("admirer les érables"). 

Période Heian, déjeuner sous les momiji

 

 

 

 

Signification de l'érable

 

 

- Au Japon, l’érable est associé aux souvenirs importants.

 

- symbole des 58 ans de mariage en France

 

- Symbolique : Indépendance et liberté.

 

- L’érable est associé à une personne riche en imagination, timide et réservée. 

 

- Les fleurs d'érable désignent la réserve et le sens de l'observation.

 

 

 

Utilisations de l'érable 

 


L’érable est très utile aux êtres humains pour sa sève et son bois ; les animaux se nourrissent de son écorce, de ses bourgeons ou encore de ses rameaux et fruits.

 

 

Usage 

 


- En aménagement : 

En fonction de la forme et de la taille des espèces, les érables peuvent être plantés comme arbre d'alignement, dans les parcs, s'utiliser en haie brise-vent ou libre, en massifs, en sujet isolé ou même en pot, ou encore en niwaki ou en bonsaï.

 

- Bois de chauffe, car il fournit beaucoup de chaleur et brûle lentement. 

 

- Emballage de certains fromages (feuille).

 

- Des espèces fournissant du bois d'œuvre et d'autres enfin utilisées comme arbres d'ornement pour la forme particulièrement découpée de leurs feuilles ou pour la coloration de leur feuillage en automne. 

 

- Le bois clair et à grains fins de l'Érable plane et le bois plus dur de l'Érable sycomore sont  recherchés en sculpture, en ébénisterie, en tournerie (manches d'outils), en menuiserie, pour les parquets, les jouets.

 

- Il est très utilisé pour les instruments de musique

Les éclisses et le manche du violon sont traditionnellement fabriqués en érable sycomore, lui donnant une grande partie de ses qualités acoustiques.

Les luthiers ont retenu l'érable pour la particularité de son bois ondé, où l'alternance de lignes claires et sombres donnant un effet esthétique très particulier et un fini légèrement onduleux au toucher. 

Gibson Les Paul ( Deutsche Museum )


 

 

 

Alimentaire

 

. En Amérique du Nord, les érables sont utilisés pour la production du sirop d’érable et de tous les produits qui en découlent comme le sucre, les bonbons ou le beurre d’érable. 

 

. Les jeunes feuilles se consomment dans les salades mêlées.                                                  

. Les Amérindiens consommaient les jeunes pousses au printemps ainsi que les samares qui avaient spontanément germé.

 

. Les jeunes feuilles tendres de toutes les espèces d'érable se mangent également, crues ou cuites.

 

. Les Micmacs fabriquaient du thé avec l'écorce de l'érable de Pennsylvanie et confectionnaient une boisson avec les rameaux et l'écorce de l'érable à sucre.

 

. Les Iroquois faisaient sécher l'écorce de l'érable rouge et de l'érable argenté, puis ils la broyaient pour en faire une sorte de farine à pain.
 

 

Vertus médicinales

 

. L'érable est connu pour soutenir les traitements contre l'asthénie, les affections pulmonaires, les rhumatismes, et pour redonner du tonus aux convalescents, car son énergie est puissante et dynamique. 

 

. Le sirop d'érable est un excellent reconstituant.

 

. Les Amérindiens utilisaient les raclures des racines bouillies de l'érable à épis pour en couvrir les plaies et les abcès ou pour soulager les maux d'yeux.

 

. On a aussi employé la décoction de l'écorce de diverses espèces d'érable pour les mêmes indications.

 

 

 

Origine du sirop d’érable

 


La découverte du sirop d’érable s’est passée bien avant l’arrivée de Jacques-Cartier, venu d’Europe pour coloniser l’Amérique.


À l'époque, les tribus amérindiennes de l’est du Canada savaient déjà comment recueillir la sève et la transformer en sirop.


Deux versions de l’histoire nous racontent comment s’est passé la découverte de la sève d’érable par les Amérindiens.


Plusieurs racontent que ce sont les chiens des Amérindiens qui ont mis la puce à l’oreille de leur maîtres. Une branche d’érable se serait cassée et les chiens se seraient bousculés pour lécher la sève qui coulait de l’arbre. En les observant, les Amérindiens eurent aussi l’idée d’y goûter.


La deuxième version, celle qu’on entend le plus souvent, raconte qu’un écureuil qui courait dans un arbre cassa soudainement une branche. Un Amérindien observant la scène vit que l’écureuil se mit ensuite à lécher la sève de l’arbre. L’Amérindien décida alors d’en faire autant et ô surprise…un arbre qui pleure du sucre !

 

 

 Recettes à l'érable

 


L'érable peut agrémenter n'importe quelle recette, de l'entrée jusqu'au dessert. Trouvez la recette parfaite pour toutes les occasions !
 

 

 

Conte hongrois de l’Érable

 

 

Un roi avait trois filles. La plus jeune des trois était blonde, d’une beauté et d’une bonté incomparables.  Un jeune pâtre faisait paisser son troupeau sur la prairie du château et jouait tous les soirs de la flûte, et la jeune princesse l’écoutait. 

 

Une nuit, le roi, la princesse et le pâtre eurent un mauvais songe : le roi vit en songe que sa couronne avait perdu ses diamants ; la jeune princesse qu’elle avait visité le tombeau de sa mère et qu’elle n’en était point revenue ; le pâtre que deux bêtes fauves avaient dévoré le plus bel agneau de son troupeau.

 

Après ce songe, le roi appela ses trois filles et leur annonça que la première des trois qui reviendrait à lui avec un panier de fraises serait sa fille bien-aimée qui hériterait de lui sa couronne et ses sept royaumes. Les trois filles s’en allèrent de suite à la recherche des fraises, et se rendirent à une colline verdoyante. L’aînée des trois filles jeta ce cri : 

"Panier, remplis-toi, pour que je puisse recevoir la couronne de mon père".

 

Le panier resta vide. La seconde fille, à son tour, reprit : 

"Panier, remplis-toi pour que je puisse recevoir les sept royaumes de mon père". 

 

Le panier resta vide. Après que les deux sœurs aux cheveux noirs eurent ainsi parlé, la cadette aux cheveux blonds dit avec tendresse : 

 

"Panier, remplis-toi, pour que je puisse devenir la fille bien-aimée de mon père". 

 

A l’instant même, son panier se remplit de fraises. A cette vue, les deux sœurs envieuses, craignant de perdre la couronne royale et l’héritage paternel, ôtèrent la vie à leur sœur cadette, et, l’ayant ensevelie sous un vieil érable, brisèrent le panier en se partageant entre elles les fraises.

 

Revenues chez leur père, elles lui annoncèrent que leur sœur, s’étant trop avancée dans la forêt, avait été dévorée par une bête fauve. Le père, à cette nouvelle, se couvrit la tête de cendres et cria : 

"Malheur ! J’ai perdu le diamant le plus précieux de ma couronne".

 

Le pâtre, à l’approche de la nouvelle lune, essaya de mettre la flûte à sa bouche pour en tirer des sons ; mais la flûte devint muette. En effet, pourquoi la flûte jouerait-elle encore, puisque la jeune princesse n’est plus là pour l’écouter ? puisque la bête fauve a dévoré le plus bel agneau de son troupeau ?

 

Sur la pente de la colline verdoyante, du tronc du vieil érable, à l’arrivée de la troisième nuit, on vit sortir une nouvelle pousse, à l’endroit même où la jeune princesse avait été ensevelie. En passant par là, le pâtre vit la nouvelle pousse de l’érable et eut grande envie de s’en faire une nouvelle flûte. Dès qu’il eut approché cette flûte de ses lèvre, la flûte enchantée chanta ainsi : 

"Joue, joue, mon cher ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable ; une flûte faite avec une pousse d’érable".

 

Le pâtre apporta alors sa flûte au roi. Le roi, à son tour, l’approcha de ses lèvres, et la flûte reprit : 

"Joue, joue, mon père ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable". 

 

Les deux sœurs méchantes approchèrent, elles aussi, de leurs lèvres, la flûte magique, et l’instrument chanta ainsi : 

"Joue, joue, mon meurtrier ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable." 

 

Alors le roi, maudit les deux filles, et les chassa très loin du château.

 

 

Légendes canadiennes 

Conte huron-wendat.

Texte : Martine Latulippe

 


Les érables rouges

 


Autrefois, le Grand Esprit veillait à ce que toutes ses créatures vivent dans un monde heureux. Nul ne connaissait la faim, la soif ou le froid. Tous vivaient en paix. Ce bonheur dura des lunes et des lunes… Jusqu’à ce qu’un jour, l’une des bêtes, Rat musqué, fasse une étrange proposition. Rat musqué suggéra d’organiser un concours pour voir quel oiseau volait le plus vite et quel animal de la forêt courait le plus rapidement. Les autres bêtes acceptèrent, voyant là une occasion de s’amuser. Les oiseaux commencèrent. Chacun d’eux s’envola vers le ciel, sous les yeux attentifs de Faucon, qu’on avait nommé juge. Sans grande surprise, Aigle remporta la victoire. Vint ensuite le tour des autres animaux.

 

Plusieurs prirent place sur la ligne de départ : Cerf, Caribou, Loup, Lièvre, Élan et bien d’autres. Ours tenait le rôle du juge. Le signal du départ fut donné. Tous s’élancèrent dans le sentier traversant la forêt. À la surprise générale, cette fois, le gagnant de la course fut… Lièvre! Ce que les autres concurrents ne savaient pas, c’est que Lièvre gagna grâce à une ruse que Renard lui avait conseillée… Grand joueur de tours s’il en est un, Renard avait suggéré aux autres lièvres de se placer partout le long du parcours.

 

Les lièvres se relayèrent tout au long de la course, et quand Cerf apparut au bout du sentier, s’approchant de la ligne d’arrivée, le dernier lièvre surgit sur le chemin et traversa la ligne d’arrivée en quelques bonds, pas même essoufflé.

 

Ours, qui n’avait pas une très bonne vue, ne remarqua pas que le lièvre vainqueur n’était pas celui qui avait pris place parmi les coureurs au départ. Il déclara donc Lièvre grand gagnant du concours! Ce qui avait commencé comme un simple jeu n’était à présent plus drôle du tout… Les esprits s’échauffèrent rapidement. Les animaux de la forêt protestaient, critiquaient. Cerf était vraiment furieux. Il s’éloigna du groupe sans tenter de dissimuler sa colère. Ours, mécontent de l’attitude de son compagnon, voulut le rattraper et lui demander de s’expliquer. Mais, dans un brusque élan de rage, Cerf fonça sur lui, tête baissée.

 

Il frappa Ours de ses bois. Ours subit plusieurs blessures qui se mirent à saigner abondamment. Si Loup n’était pas intervenu, Ours serait peut-être mort, ce jour-là… Pourchassé par Loup, Cerf s’enfuit rapidement dans la forêt. Mais le sang d’Ours s’était répandu sur ses bois, et tout au long de sa fuite, le sang s’éparpilla sur les feuilles des érables environnants, qui prirent une teinte rouge vif. C’est depuis ce jour que Cerf perd ses bois quand les arbres perdent leurs feuilles. Il se retrouve sans défense devant Loup, puni d’avoir fait couler le sang sur la Terre. C’est aussi depuis ce jour que les érables rougissent chaque automne avant que leurs feuilles tombent. Le Grand Esprit rappelle aux animaux et aux hommes la paix perdue.


 

 

 

Pour en savoir plus

 

 

Société "La Feuille d’Érable" recycle tous les déchets de bureau


Pionnière dans le recyclage des papiers de bureau en 1983, elle est aujourd’hui une belle entreprise de la filière du Recyclage et de la Récupération. Elle collecte, trie et recycle les papiers de bureau, les ampoules, les piles, les plastiques, les gobelets, les biodéchets,..,  et les cartons produits par les collectivités, les entreprises, les administrations, les commerces, les établissements scolaires sur le territoire breton.


https://www.feuille-erable.fr/
 

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 14:21

 

 

Mythologie des arbres


Le peuplier

 

 

 

Le peuplier est un genre d'arbre des régions tempérées et froides de l'hémisphère nord. Les peupliers (Populus) font partie de la famille des Salicacées  (Salicaceae).

 

Ce sont souvent des arbres de haute taille, au port élancé dont la croissance est rapide. Il possède une silhouette de forme colonnaire ou pyramidale caractéristique, et porte des branches dès la base. il devient le premier arbre transgénique en 1986. Il peut vivre 400 ans et atteindre jusqu’à 40 mètres de haut. 


 

Les grands peupliers longent le ruisseau ;

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) - Recueil : "Les Pipeaux" - Les peupliers

Pierre Eugene Montezin (1874-1946)


 

 

Les peupliers se rencontrent rarement en forêt dense, mais plutôt près des rives d'un cours d'eau, aux abords des zones humides, voire temporairement inondés.  Ils sont appréciés des castors. Ils recèpent ou drageonnent facilement quand ils ont été coupés.


Sa taille imposante le destine surtout aux grands jardins. Il est recommandé de le planter assez  loin de toute construction car ses puissantes racines sont très développées en surface pouvant déformer le terrain autour. 


 

 

Son tronc très long et rectiligne et son écorce gris pale lisse chez le jeune arbre, et de plus en plus crevassée alors que l'arbre vieillit. Le bois est blanc, léger, tendre, assez résistant, adhérent et peu fissile.


 

 

Les fleurs groupées en chatons mâles avec étamines rougeâtres et femelles plus rigides, apparaissent avant les feuilles. 

peuplier populus canadensis


 

 

Les fruits en capsule sont entourés par un fin duvet cotonneux qui peut être très allergisant.


 

 

Ses feuilles vert foncé lustré, simples, alternes, cordiformes ou triangulaires ou ovales, caduques, acuminées, à long pétiole se colorent souvent au printemps et prennent une belle teinte dorée en automne.

Du fait de leur long pétiole, elles ont une façon caractéristique de bouger sous l'effet du vent provoquant des variations de coloration (et particulièrement chez le tremble). 


 

 

Son système racinaire est traçant et contribue à la dissémination par drageonnage à partir de racines superficielles. Il est souvent superficiel, et peut détruire des murs, soulever les enrobés bitumés et coloniser des tuyaux d'égouts. Certaines espèces (peuplier tremble) peuvent pousser sur des sols sableux pauvres et supportent relativement bien les embruns marins.
 

 

 

Dans le passé, la régénération des peupliers (peupliers blancs, baumiers, noirs, trembles, etc.) était probablement principalement conditionnée par :

 

- Le travail des castors (autrefois présent dans tout l'hémisphère nord) 

- Les incendies (dans les régions plus sèches) ;

- Les perturbations induites par l'activité et la divagation des cours d’eau (érosions, alluvionnements, inondations…)

- Les perturbations induites par les migrations de grands mammifères (mammouths notamment) qui cassaient et enterraient des branches en favorisant le bouturage.


Le genre Populus est divisé en six sections :

- La section Turanga  

 

- La section Populus :

  . la sous-section Albidae (peupliers blancs) : le peuplier blanc (Populus alba      L.).

  . la sous-section Trepidae (trembles) 

  . la sous-section Tomentosae 

 

- La section Aegiros (peupliers noirs) 

 

- La section Tacamahaca (peupliers baumiers) 

 

- La section Leucoides

 

- La section Abaso :

  représentée par la seule espèce Populus mexicana Wesm. ex DC., 1868 .

 

 

 

Les espèces naturelles ont été utilisées pour créer des cultivars depuis le XVIII° siècle. Certains hybrides se sont fixés à l'état sauvage. On trouve les principales espèces de peupliers. 

 

Le genre Populus englobe 35 espèces des régions tempérées et froides de l'hémisphère nord. Il comprend aussi de nombreux hybrides naturels ou artificiels, parmi lesquelles :

 

Populus nigra - le peuplier noir (Asie et Europe) :


Le peuplier noir et sa variété le peuplier d'Italie (Populus nigra italica), de 20 à 30 mètres, d'une silhouette élancée remarquable, avec des branches toutes redressées à la verticale, ce qui lui donne une silhouette en forme de fuseau. 


C'est l'espèce de peuplier la plus connue en France, et un des arbres d'Europe qui grandit le plus vite. Il vit moins de 200 ans en général, mais peut devenir énorme .

 

Les peupliers noirs "sauvages" ont un aspect très différent (beaucoup plus tortueux) mais leur écorce sombre et épaisse, profondément crevassée, et leurs feuilles un peu en forme de cœur pointu montrent bien qu'il s'agit de la même espèce.


 

 

 

Populus alba L. - le peuplier blanc, 


aussi appelé, Abèle, Peuplier à feuille d'érable, Peuplier argenté, Blanc de Hollande, Aube, Ypréau ou Piboule, 

 

Le peuplier blanc de Hollande  un port ample, étalé ou pyramidal,  très raffiné de 20 à 30 mètres de hauteur. 

 

L'écorce de ce peuplier est blanche ou claire, lisse ou peu crevassée, contrairement à celle du peuplier noir (sauf à la base du tronc chez les vieux arbres). Le tronc est en général droit, les branches moins tordues.

 

Les feuilles caduques, ont une forme différente, plus épaisses vert sombre dessus, au revers duveteux avec des reflets argentés ;  avec sa belle coloration à l'automne. Leur pétiole a une section transversale arrondie.

 

Cette espèce vit en Europe centrale et méridionale, mais aussi en Asie occidentale et centrale et en Afrique du Nord. On trouve cette espèce dans presque toute la France métropolitaine, y compris en Corse.

 

Même si le peuplier blanc préfère le bord de rivières ou les lieux humides, il supporte les milieux modérément secs. Il présente aussi une certaine tolérance envers les embruns marins. 


 


 

 

Populus balsamifera L. - Le Peuplier baumier 

 


"baumier" en raison de la résine qui dégouline sur les rameaux et les feuilles au printemps.


Il est aussi appelé liard, peuplier noir, baumier du Canada et peuplier de Gilead. Très semblable au peuplier de l'Ouest avec lequel il s'hybride quand leur aires se chevauchent.

 


C'est une espèce de la famille des Salicaceae, pouvant atteindre 30 m en 40 ans, à couronne relativement étroite, traversée jusqu'à la cime par un tronc droit, et à branches redressées et régulières, à croissance très rapide au stade juvénile.

 

Son écorce est gris foncé. Des rameaux minces vert olive, au feuillage légèrement dentelé caduque, alterne, ovoïde , acuminé, long, vert foncé et glabre dessus et légèrement velu au revers. Débourrement très précoce et couleur d'automne jaune.

 


Les fleurs sont constituées de grappes de graines entourées d'un duvet blanchâtre.

 


C'est une espèce des régions boréales de l'Amérique du Nord. Il se distribue de l'Alaska à Terre-Neuve-et-Labrador ; dans les forêts des prairies humides, les vallées humides, les dépressions, le bord des cours d'eau et des lacs, sur les bancs de sable, sur les pentes peu abruptes.

 


Peuplier balsamifera est appelé "Peuplier baumier", tout comme Populus trichocarpa.


Le peuplier baumier (Populus trichocarpa) aux jeunes feuilles dégageant une odeur balsamique avant de se muer en une belle parure dorée en automne


 

 

 

Populus deltoides -  Peuplier deltoïde 

 


ou peuplier à feuille deltoïde, peuplier de Virginie (Europe) ou encore Peuplier noir d'Amérique (Europe).

 

Il est originaire d'Amérique du Nord, de la famille des Salicaceae dont les feuilles sont triangulaires (comme un delta majuscule) d'où son nom vernaculaire de Peuplier à feuille deltoïde.

 

 
C'est le plus grand des peupliers, ayant la croissance la plus rapide, originaire des régions septentrionales tempérées. Il atteint facilement 100 cm de diamètre lorsque les conditions de croissance sont favorables. 

 

Son tronc blanc ou gris, son écorce est lisse, mais avec le temps se craquèle et devient ridée. 

 

Ses feuilles caduques vert foncé, lisses et un peu dentelées, volètent gracieusement dans le vent. 

 

Les chatons mâles et femelles apparaissent sur des arbres séparés à la fin de l'hiver ou au printemps, avant les feuilles.

 

Le nom "cottonwood" provient des graines blanches et moelleuses produites par les chatons femelles. Les bourgeons et les feuilles déployées sont souvent aromatiques. 

 

De part son système racinaire envahissant, éviter de faire pousser à moins de 30 mètres d'un bâtiment. 

 

 

 

Populus simonii - le peuplier de Simon,

 


C'est une espèce d’arbres de la famille des Salicaceae. C'est un arbre d’une vingtaine de mètres et qui peut atteindre 50 cm de diamètre, il couvre une partie importante de la Chine centrale et septentrionale ainsi que la Corée. Il occupe les montagnes, plaines, dépôts alluviaux et vallées, du niveau de la mer à 3.000 m.

 

Populus simonii appartient au genre Populus, comprenant environ 40 espèces répartis parmi les arbustes et les arbres des régions tempérées et froides du nord.

 

La culture de Populus simonii remonte à plus de 2000 ans. Après 1949, les plantations de Populus simonii ont connu un important développement dans le nord de la province de Shanxi, en Mongolie-Intérieure, dans le Jilin et l’ouest du Liaoning.

 

Les forêts de Populus simonii sont habituellement des forêts secondaires, les exploitations et les déboisements irraisonnés n’ayant laissé que peu de peuplements "naturels ". Espèce depuis longtemps introduite en Europe occidentale en 1862, où il suscita quelques espérances en montagne. 

 

Son écorce lisse et la coloration de son feuillage, ainsi que sa petite taille justifient son utilisation en arboriculture ornementale. Il est particulièrement prisé dans le nord de l'Europe où on le connaît également sous le nom de Populus przewalskii.Ses rameaux souples lui donnent un aspect pleureur. 

 


Sa floraison en chatons pendants est en Mars et Avril. Ses feuilles sont caduques ovales elliptiques vert jaune.

 

Les boisements en Populus simonii sont très nombreux notamment dans la région des Trois Nords où celui-ci est abondamment utilisé pour la fixation des dunes.


 


 

Peuplier tremble - Populus tremula L.

 


Le Tremble, Tremble d'Europe est une espèce d'arbre du genre Populus de la famille des Salicaceae. De taille moyenne, c'est la seule variété de peuplier forestier, il est répandu dans l'ensemble de l'Eurasie.

 

Tremula (tremble) doit son nom au fait que ses feuilles s'agitent au moindre souffle de vent. 

 

C'est un arbre robuste, au port étalé à croissance vigoureuse, de taille moyenne, de 20 à 30 m de haut, très résistant au froid et qui s'élève haut en montagne (jusqu'à 2000 mètres et plus, à la limite de la forêt). C'est l'un des feuillus capable de pousser le plus au Nord, au-delà même du Cercle polaire. C'est un des tout premiers arbres à s'installer dans les espaces vides, on dit que c’est un arbre "pionnier".
 

 

L'Écorce lisse, parsemée de lenticelles en losange, se crevasse avec l'âge. Son bois blanc crème, très homogène, est de bonne résistance mécanique. 

 

Les feuilles sont petites, glabres, alternes, arrondies, crénelées, cordées et acuminées, à couleur variable (rouge bronze, puis vert foncé, enfin jaune en automne), à pétiole allongé et aplati, très souple. Elles sont très sensibles au vent et s'agitent au moindre souffle. Cela est dû à ses pétioles aplatis et flexibles. Ce nom est aussi utilisé au Québec pour désigner une espèce du même genre, le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides).

 

Les fleurs sont groupées en chatons pendants mâles (gris argentés à rouges) et femelles (verts) sur des pieds séparés (espèce dioïque). La pollinisation se fait par le vent mais comme les autres peupliers, l'espèce se propage le plus souvent par les rejets poussant sur les racines. 

 

On trouve des nectaires extrafloraux à la base des pétioles.

 

Le fruit est une capsule glabre avec des graines blanches et duveteuses. 

 

Le système racinaire est traçant.


 


 

 

Peuplier Tremble pleureur - Populus tremula pendula

 


Petit arbre pleureur de 5 à 6 mètres, développe des branches longues et pendantes, de longs chatons gris et pourpres. Ses feuilles tremblent à la moindre brise.


Ce peuplier pleureur, produit des feuilles d'abord rouge bronze, puis vert foncé, enfin jaune en automne qui tremble et bruisse à la moindre brise. Très résistant aux parasites.

 

 

 

Peuplier du Yunnan - Populus yunnannensis  

 


Le peuplier de Yunnan, également connu sous le nom de peuplier chinois.

 
Très bel arbre ornemental, à croissance rapide,  à feuilles caduques qui atteint une hauteur de 25 mètres. Ses feuilles sont vertes des deux côtés.


Originaire du Sud de la Chine, c'est le plus méridional des Peupliers Baumiers et il reste très longtemps en végétation à l'automne : il est alors susceptible d'être endommagé par les gelées. Il est très résistant à la sécheresse.

peuplier yunnan - Krzysztof Ziarnek, Kenraiz


 


 

 

Peuplier grisard - Populus canescens, 

 

 

Le peuplier grisard est un hybride naturel du Populus tremula (tremble) et du populus alba (peuplier blanc). Il présente des similitudes avec  l'une et l'autre des deux espèces et, ce qui est rare pour un hybride, il produit des graines fertiles. 

 

Ce grand arbre à croissance rapide posséde une couronne aérée et fermée ainsi qu'un tronc tortueux. Sa dimension à l'âge adulte peut atteindre 30 à 40 mètres. Son port est colonnaire puis étalé.

 

Son écorce est vert grisâtre clair, voire parfois presque blanc, et présente des striures horizontales noires. 

 

Ses feuilles trigones à ovoïdes sont vert foncé et luisantes, sont recouvertes d'un tomentum gris sur le revers et sont grossièrement dentées et lobées sur le contour du limbe. Son nom vient du d'ailleurs du feutre grisâtre que présente la face inférieure de ses feuilles lorsqu'elles sont jeunes.

 

Le Populus x canescens convient bien aux plantations paysagères et en isolé dans les parcs et les plantations périphériques. Bien qu'il préfère les sols humides et riches en nutriments, il croît également dans les sols plus secs et moins riches. Il ne supporte ni les sols tourbeux, ni les sols acides. Résiste bien au vent (marin).


 


 

 

Peuplier de Chine - Populus lasiocarpa

 


ou peuplier à fruits velus. Le nom de l'espèce, lasiocarpa, signifie " aux fruits duveteux". C'est un arbre de la famille des salicacées. On le trouve au centre et à l'ouest de la Chine.

 

Ce peuplier plus petit,  peut mesurer 14 mètres de haut. La croissance de cet arbre est lente et il forme une couronne ovoïde à ovoïde étalée. 

 

Ses jeunes rameaux sont jaune-marron, veloutés et anguleux, tandis que son écorce présente une magnifique couleur grise à brun clair qui s'exfolie par la suite, par petites plaques. Les branches sont brun jaunâtre et épaisses.

 

C'est l'un des rares peupliers à avoir des chatons mâles et femelles sur un même arbre. Il appartient aux peupliers à grandes feuilles remarquables ovoïdes à cordiformes sont vertes et possèdent une nervure médiane et un pétiole rouges. La face supérieure est de couleur vert vif avec des nervures et des pétioles rouges bien visibles, tandis que le revers est de couleur plus claire. À la venue de l'automne, elles se colorent d’un jaune doré. 

 

La floraison de cet arbre est constituée tant de chatons mâles que de chatons femelles. Il est utilisé dans des endroits abrités. Cet arbre est un merveilleux atout dans les parcs, les ceintures de verdure ou les jardins plus imposants. 

 

L'espèce préfère pousser sur des sols légèrement humides et pas trop riches, bien que des sols légèrement plus humides soient également tolérés. Il est très exigeant sur la nature du sol et est extrêmement sensible au vent. 


 


 

 

Peuplier de Berlin - Populus berolinensis 

 


Le Peuplier de Berlin, est un arbre d'ornement hybride de la famille des Salicacées, d'une hauteur de 20-25 m, à croissance rapide. Ce grand arbre à large couronne colonnaire, traversée par le tronc jusqu'à la cime, et à forts rameaux et branches redressés. 

 

Ses rameaux anguleux, gris jaune puis plus foncés. Les bourgeons verdâtres et collants, pointus, obliques et à fort parfum balsamique. Sa floraison au mois de mars, avec des chatons rouges et odorants, apparaissent avant le feuillage.

 

Les feuilles sont  caduques, alternes, ovoïdes et longuement acuminées, à pétiole arrondi, vert frais dessus et vert blanchâtre au revers, deviennent jaunâtre en automne. Les racines plates sont plates. 

 

Cet arbre très rustique, tient en atmosphère enfumée ou urbaine, avec une tendance à drageonner, d'une durée de vie (d'environ 80 ans), son bois plutôt cassant. Sans exigence, il se plaît même sur les sols les plus mauvais, par contre, il ne supporte pas les inondations régu­lières. D'autre part, il supporte bien les périodes de sécheresse.


 


 

 

Étymologie

 

Probablement issu du latin populus (peuple) - populi

Pouplier, poplier,

dérivé avec le suffixe -ier de l’ancien français pople ("peuple"),

du latin pōpŭlus ("peuple"), du fait de la plantation de nombreux peupliers par les Romains dans les lieux publics.


 


 

 

Mythologie grecque

 

L'Océanide Leucé transformée en peuplier


Hadès, dieu grec des Enfers séjourne dans un château situé au centre de la terre, là où la lumière ne pénètre jamais. Les ombres planent autour de cet endroit maudit dépourvu de vies. Seuls les cyprès, symboles du deuil, poussent ici. Pour se déplacer dans son royaume, le dieu discret use de son casque d’invisibilité forgé par les Cyclopes. Il possède également une fourche pour exprimer son pouvoir.

 

Moins volage que ses frères, Hadès entame tout de même une liaison avec la plus belle des nymphes et la fille du Titan Océanos, l’océanide Leucé (en grec, Λευκή / blanc ou peuplier blanc) qu’il capture.

 

Leucé était une nymphe qui fut aimée d'Hadès. Il tomba amoureux d'elle et l'emmena aux Enfers, mais elle était une divinité mortelle. Elle a vieilli et est morte de façon naturelle. 

 

Pour la garder toujours près de lui, transforma son corps en un peuplier blanc argenté qu'il plaça sur le bord de l’Achéron, le fleuve des Enfers. Elle demeure depuis, dans l'Autre Monde, sur la rive du fleuve "Mémoire". 

Gustave Doré  (1832–1883) Océanides (Naïades de la mer) v.1860 

 


 

 

Héraclès et la couronne rameaux de peupliers

 


Lors de son onzième travail qui consiste à combattre Cerbère, le chien tricéphale gardien des Enfers, Héraclès découvre le peuplier au bord de l’Achéron. 

 

Héraclès ramène alors du séjour des morts un rameau de peuplier, qu’il tresse et dont il se fait une couronne.

 

Les feuilles extérieures de cette couronne demeurèrent noires, car le noir est la couleur de la fumée de l'enfer, mais les feuilles qui touchaient le front d’Hercule pâlirent au contact de sa sueur, et devinrent argentées. 

 

Ovide - Les Métamorphoses - livre 9

Capture de Cerbère par Héraclès, par Hans Sebald Beham, 1545.

 

 

 

Phaéton et les Héliades

 

 

Le jour où Phaéton apprend que son père est le Soleil, il court jusqu’à lui et lui demande de conduire son char durant une journée. 

 

Hélios essaie de le dissuader car personne n’est capable de guider les chevaux divins hormis lui. Ce garçon imprudent réussit à obtenir de son père la permission de conduire son char, le char du soleil. 

 

Phaéton, arrivé en hauteur, effrayé par l'altitude et, par les animaux du zodiaque qui le menacent, sent la peur et l’angoisse l’envahir. Incapable de tenir les rênes, il les lâche,  perd le contrôle de l'équipage, et provoque l’affolement des chevaux ailés qui descendent à une allure vertigineuse vers la Terre, et commence à mettre le feu à la Terre épouvantée.

 

Gaïa, presse Zeus d’intervenir, qui pour éviter une catastrophe universelle est contraint de le foudroyer. Il tombe dans la fleuve Éridan - actuellement le Pô -, où les naïades enterrent ses restes. 


Ses sœurs, les Héliades, ("enfants du soleil"), filles d'Hélios et de Clymène, retrouvent son tombeau et lui rendent les honneurs funèbres. Elles  se montrèrent folles de chagrin. Elles pleurent tant et si longtemps qu'elles s'enracinent, se couvrent d'écorce, de feuilles et de branches, se métamorphosant en peupliers noirs près de l’Eridan, bordant le Pô.

Leur mère qui tente d'intervenir ne peut que leur arracher du sang.

"Arrête, mère, je t'en prie, c'est notre corps que tu déchires en cet arbre [...].

De leur écorce coulent des larmes et des branches nouvelles ruissellent des gouttes d'ambre qui durcissent au soleil. Recueillies par le fleuve limpide, elles serviront de parure aux femmes romaines."  
 

Ovide - Les Métamorphoses - Les "Héliades", II, V. 333-366

Santi di Tito  (1536–1603) Métamorphose des Héliades


 

 

 

La métamorphose des Héliades en peuplier dans l'art

 


Tapisserie :

histoire de Phaéton, la tombe de Phaéton et la métamorphose des Héliades
Ecouen, musée national de la Renaissance

Détail de la tapisserie avec la métamorphose des Héliades :

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d’Ecouen) / Gérard Blot


 


 

La mort de Phaéton et la transformation des Héliades, ses sœurs

Brebiette Pierre (1598-1650) – conservé au Musée du Louvre

Dessin de présentation pour servir de modèle au graveur.

Dessin préparatoire pour les illustrations des "Tableaux des Vices et des Vertus",

livre publié en 1655 par Marolles sous le titre "Temple des Muses"

 


 

 

Le Temple des Muses,

dessiné  et gravé par Bernard Picart le Romain  (1673-1733). Graveur

Antoine de Labarre de Beaumarchais, (16..-1757?). Auteur du texte

Éditeur : A Amsterdam, // Chez Zacharie Chatelain // MDCCXXXIII


 

 

 

 

Tenture Les Métamorphoses d’Ovide

D’après Battista DOSSI – La chute de Phaéton

Tissée pour le duc Hercule II d’Este,

dans l’atelier de Hans Karcher à Ferrare, en 1545


 

 

 

Les Héliades changées en arbre,


Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile,

déduisant comme amour le combat à l'occasion de Polia
trad. de langage italien en français par Jean Martin et Jacques Gohorry ; 

décoré de dessins de Mantegna,

gravés sur bois par Jean Cousin et Jean Goujon ;

publ. par Bertrand Guégan, d'après l'édition Kerver Colonna, Francesco (1433?-1527).


 

 

 

 

Giovanni Antonio Bazzi, dit Le Sodoma (1477-1549)peintre italien de la haute Renaissance.


Les Héliades étaient inconsolables et le pleuraient jour et nuit, jusqu’à finalement se métamorphoser en peupliers… Cignus, qui était le jeune amant de Phaéton, était désespéré lui aussi, et fut transformé en cygne.

Chute de Phaéton avec la métamorphose des Héliades


 

 

 

Robert de Baudous (V.1575-V.1659)

d'après Hendrick Goltzius,

après 1655

Les soeurs de Phaéton changées en arbre, et Cygnus en cygne, gravure,

 


 

Entourage de Francisque Millet (1642-1679), 

Paysage avec les soeurs de Phaéton transformées en peupliers

autour de sa tombe,


 

 

 

 

Jaspar Isaac (Isac ou Isacsz -V.1585-1654) graveur et un marchand d'estampes français d'origine flamande

Phaéton et les Héliades - 

Les Métamorphoses d’Ovide, Paris, Veuve l’Angelier, 1617
 

 

 

 

Les Hespérides

 


Filles d'Atlas et d'Hespéris, les nymphes du couchant résident dans le jardin abritant les pommes d'or. Lorsque Héraclès les dérobent elle sont transformées en arbres. Hespéra devint un peuplier, Erythée un orme et Eglé fut changée en Saule. 

 

Hespéra devint un peuplier, Erythée un orme, Eglé le tronc sacré d’un saule 


Ovide (Argonautiques, IV, 1423-1428).

Albert Herter - Jardin des Hespérides


 

 

 

Hécate déesse de l'Ombre et de Morts

 

 

Les peupliers noirs (Populus nigra) symbole d'Hécate, lui étaient dédiés et on ne la conjurait que par des incantations, des philtres d'amour ou de mort. 

 

En épousant Hadès, dieu des Enfers, Hécate accède au rang de reine du monde souterrain. Elle laissera sa place à Perséphone, déesse de la germination. 

 

Hécate présente deux aspects opposés : déesse protectrice liée aux cultes de la fertilité, accordant richesse matérielle et spirituelle, honneurs et sagesse, conductrice des âmes, mais aussi déesse de l'ombre et des morts.

 

Théogonie d'Hésiode.

 


 

 

Diopatra,  naïade du mont Othrys 

 


Diopatra était une naïade du mont Othrys et l'une des Spercheides . Elle était la fille du dieu du fleuve Spercheus et de la naïade Deino . 

 

Cerambus, reconnu comme le plus grand chanteur de son temps, raconta, lorsque le dieu Poséidon tomba amoureux de Diopatra, le dieu transforma ses sœurs en peupliers afin de ravir la jeune fille, mais a restauré leur forme d'origine après avoir satisfait ses désirs. 

 

Les nymphes méprisées, ont transformé Cerambus en un coléoptère rongeur de bois Cerambyx. Peu de temps après, il y eut une gelée soudaine et les ruisseaux gelèrent, le froid prédit vint enfin, et son bétail périt ainsi que les arbres et les sentiers.

 

Le nom de Diopatra signifie "famille divine" qui vient de dion et patra.


Antoninus Liberalis , Métamorphoses XXII

Naïade par Paul Chabas

 

 

 

Hymne à Demeter



Érysichthon, fils du roi de Thessalie Triopas, prit une vingtaine d'hommes avec lui et alla à la plaine du Dotion, au pied du mont Ossa.

 

Là se trouvait un bosquet planté par les Pélasges consacré à Déméter. Au centre se trouvait un peuplier qu'affectionnaient particulièrement les nymphes et qui dominait les environs.

 

Érysichton ordonne à ses hommes d'abattre cet arbre. Déméter ordonne alors à sa prêtresse Nicippé d'aller raisonner le prince qui la repousse. Il finit par abattre l'arbre.

 

Déméter furieuse, l'affecte alors d'une faim insatiable. Triopas chassa ce coûteux fils de chez lui et Érysichthon passa le reste de sa vie à mendier et fouiller les ordures.


Callimaque - Les Hymnes

Le Bûcheron et l’Hamadryade - Émile Bin (1870).

 

 

 

Oracle  Peupliers

 

 

A Pagae sur le golfe de Corinthe, existait un "peuplier noir oracle" situé dans un sanctuaire dédié à la Héra, déesse du mariage et de la fécondité.

 

 

 

Mythologie celtique

 


Pour les druides, le peuplier symbolisait le vieil âge de l'homme en raison de ses feuilles blanches. L'arbre abritait les dieux, incarnait les plus nobles passions et les meilleures vertus.

 

L’alphabet celtique ancien est composé de 20 lettres Ogham, chacune assignée à un arbre particulier et ayant une signification symbolique particulière. 

 

Le peuplier est assigné à l’Ogham pour "E", Edad/edhadh (Peuplier/tremble)
et représente la victoire, la transformation et la vision. C’est l’arbre tremblant, murmurant, parlant, tout à la fois le vent, le souffle, la respiration, la parole, la communication, le mouvement.

 

Dans le calendrier celtique, point de solstice, mais des équinoxes : celui du printemps pour le peuplier blanc et celui d’automne pour le peuplier noir.


 

 

 

Le peuplier dans la religion Chrétienne

 

La Bible 

Genèse 30


37 - Et Jacob prit des branches fraiches de peuplier blanc, de coudrier, et d'erable, et y pela des raies blanches, mettant à nu le blanc qui etait aux branches.


38 - Puis il plaça les branches, qu'il avait pelées, dans les auges, dans les abreuvoirs, sous les yeux des brebis qui venaient boire, pour qu'elles entrassent en chaleur en venant boire.…
 

 


 

Peuplier héraldique

 


Ce meuble se blasonne comme les autres arbres, mais on donne le nom de panelle à ses feuilles lorsqu'il faut indiquer qu'elles sont d'un émail particulier.


d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899


 

Un Peuplier :
. de sinople symboliserait la liberté.
. sur champ d'argent symboliserait une disposition douce.
. sur champ de gueules symboliserait un amour vrai et honnête.
. sur une terrasse de sinople symboliserait un goût pour la vertu.

d'après le Manuel héraldique ou "Clef de l'art du blason" 
par L. Foulques-Delanos, Limoges, oct. 1816

 

 


Blason - ville de Barjouville(Eure-et-Loir) - France

D'or à la bande d'azur chargée de trois oies d'argent, accompagnée en chef de deux coquilles du même, rangées en bande, celle du chef brochant sur l'autre, et, en pointe de trois peupliers de sinople rangés en bande.


 

Il y a 140 millions d’années.

 


les paléobotanistes s’accordent à donner au peuplier une place très ancienne, au sein des angiospermes. Certaines empreintes de feuilles appartenant à cette famille d’arbres ont été retrouvées au Groenland. 

 

 

Il ya 50 millions d'années

 

Face et contre-face de feuille fossile,

Populus Wilmattae (peuplier),

Eocène (50 millions d'années), USA (Wyoming, Green River),

 

 

 

Entre 2750 et 2550 ans av. J.C.

 


Dans des tombes sumériennes ont été retrouvés des couronnes et colliers de feuilles de peuplier. 

 

Cimetière royal d'Ur, artefact


Une couronne de feuilles de peuplier en or, lapis-lazuli et cornaline, a été trouvée avec le corps d'une gardienne accroupie au pied de la bière de la reine Puabi, la Dame d'Ur

 

 

 

VIII° siècle av. J.C.

 


Homère (fin du VIII°  siècle av. J.-C. ) surnommé "le Poète" par les Anciens. 


Iliade


Chant IV


..."Simoïsius s'avançait pour combattre, lorsqu'Ajax lui enfonce sa lance dans la poitrine au-dessus de la mamelle droite : la pointe d'airain ressort derrière l'épaule, et le héros roule dans la poussière.

- Comme le peuplier uni, qui, né sur les bords verdoyants d'un vaste marais, laisse croître à son sommet de nombreux rameaux, et qui, après avoir été coupé par le fer étincelant d'un ouvrier habile pour former les roues d'un char magnifique, gît étendu et désséché sur les rives d'un fleuve : ainsi Simoïsius, fils d'Anthémion, est abattu et dépouillé par Ajax issu de Jupiter"...
 

 


 
 

IV° - III° siècle av. J.C.

 


Théophraste (V. 371 av. J.C.-288 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique, botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste, distinguait trois sortes de peupliers aux propriétés identiques.

 
Livre I 


- le peuplier blanc fait partie, avec le tilleul et l'orme, des arbres dont les feuilles se retournent "après le solstice d'été et on reconnaît à ce signe que le solstice est passé". Elles présentent alors au soleil leur face intérieure, blanchâtre, tandis que la face supérieure est verte, et l'arbre semble changer de teinte. 


- X.

Les feuilles des autres arbres sont (dans chaque essence) semblables entre elles ; cependant celles du peuplier blanc et du ricin sont dissemblables et de configuration variée ; les nouvelles sont arrondies et les anciennes anguleuses, 
 

 

 

I° siècle  av. J.C.

 


Ovide (43 av. J.-C.- 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin 

Les Héroïdes


Œnone à Pâris


..."Il est, je m’en souviens, un peuplier planté sur la rive du fleuve. Tu y gravas des mots qui rappellent notre amour. Peuplier, vis longtemps, toi qui, planté sur le bord du rivage, portes ces mots sur ton écorce ridée : "Quand Pâris pourra respirer loin d’Œnone, l’eau du Xanthe, changeant son cours, remontera vers sa source." Xanthe, remonte maintenant vers elle Ondes, retournez sur vous-mêmes, Pâris peut vivre et avoir abandonné Œnone"...

Reyer Jacobsz. van Blommendael - Paris and Oenone 

 

 

 

Diodore de Sicile (1° av. J.C.) historien grec auteur de la Bibliothèque historique, une monumentale histoire universelle.


..."chez les barbares les plus sauvages, la passion cède à la sagesse et Arès respecte les Muses"... 
 

 

 

I° siècle

 


Dioscoride (20 ap. J.C.-v.40 ap. J.C.),  médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l'œuvre a été une source de connaissances majeures en matière de remèdes. Il est l'auteur du traité " À propos de la matière médicale", plus connue sous le nom latin de "De materia medica".


..."faisait macérer des feuilles de peuplier dans du vinaigre afin de venir à bout des douleurs de la goutte et utilisait sa résine contre les catarrhes gastro-intestinaux"....

 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée "Histoire naturelle" (vers 77).


- "Le peuplier noir possède de grandes vertus. Sa semence, infusée dans le vinaigre, est bonne contre l’épilepsie. Cette espèce fournit un peu de résine qui est employée pour les emplâtres". 


- Quant au peuplier blanc, "on accordait (à ses rameaux) les vertus de prévenir les écorchures et les inflammations diverses, occasionnées pendant la marche par le frottement sur les parties sensibles". 

"Histoire Naturelle" de Pline l'Ancien (manuscrit du milieu du xiie siècle, coll. de l'Abbaye de Saint-Vincent du Mans, France).

 

 

 

II° siècle

 

Galien (129 et mort v. 201), médecin grec de l'Antiquité qui exerça à Pergame et à Rome où il soigna plusieurs empereurs

signale "l’emploi des bourgeons de peuplier". 
 


 

 

XIV° siècle

 


Au Moyen Âge, au peuplier furent associés les souvenirs, la nostalgie, les regrets et les remords, les sentiments coupables, le sacrifice et l'expiation.

 

Paul Serusier- L'Incantation ou Le Bois Sacré (1914) musée des beaux-arts de Quimper.