23 novembre 2021 2 23 /11 /novembre /2021 20:36

 

 

Mythologie des arbres


Le chêne

 


Arbre de nos forêts, à feuilles caduques, dont le fruit est le gland, réputé par sa haute taille, sa longévité et la qualité du bois qu'il fournit.

 

François Tristan L'Hermite (1601-1655)


Le promenoir des deux amants

 

Ce vieux chêne a des marques saintes ;

Sans doute qui le couperait

Le sang chaud en découlerait

Et l'arbre pousserait des plaintes

 


 

 

Considéré comme le roi des arbres, le chêne symbolise la puissance : il est grand, imposant, élégant et le plus majestueux de nos forêts de l'hémisphère nord, mais sa croissance est lente.

C'est le plus bel arbre des forêts d'Europe.


 

Ses feuilles alternes, entières, lobées ou dentées, selon les espèces, se dotent de superbes couleurs automnales. 


 

L'écorce a un aspect fissuré. Lisse et claire chez l'arbre jeune, elle devient foncé chez l'adulte et se creuse de profonds sillons longitudinaux. Grise chez le chêne pédonculé, marron chez le chêne rouvre ou sessile et le chêne chevelu.


 

 

Les fruits (ou akène) sont les glands, bruns, ovoïdes, mesurant de 1 à 3 cm, et retenus à la base par une cupule écailleuse. Si les glands sont très appréciés des animaux de la forêt comme les sangliers, les chevreuils et les écureuils, ils peuvent être également consommés dans l'alimentation humaine après extraction des tanins toxiques, amers et astringents.


 


En effet, très robuste le tronc d’un très vieux chêne peut atteindre 2 mètres de diamètre. Pour son incroyable pérennité et sa longévité, certaines traditions appellent à la plantation d’un chêne pour les petits enfants et même arrières petits enfants.

 

 

Le chêne est un arbre ornemental imposant qui doit être isolé dans un jardin, de préférence.

Il est également très prisé par les ébénistes.

 

 

 

 

 

Chêne est le nom vernaculaire de nombreuses espèces d'arbres et d'arbustes appartenant au genre Quercus, (du celte "kaerquez", "bel arbre") et à certains genres apparentés de la famille des fagacées, notamment Cyclobalanopsis et Lithocarpus.


Ce genre, présent dans tout l'hémisphère nord et dont l'aire de répartition s'étend depuis les froides latitudes jusqu'aux zones tropicales de l'Asie et de l'Amérique, comprend à la fois des espèces à feuilles caduques et d'autres à feuilles persistantes :

- les chênes caducifoliés dont le feuillage tombe en automne, parfois au printemps (chêne rouge, chêne chevelu, chêne pubescent, chêne tauzin et chêne rouvre) ; Ils sont généralement plus grands. Leurs feuilles sont crénelées.

 

- les chênes sclérophylles dont les feuilles sont persistantes : arbres poussant surtout sur les rivages méditerranéens (chêne vert, chêne kermès et chêne-liège) ainsi qu'en zones subtropicales et tropicales en Amérique et en Asie. Le bord de leur feuille est lisse ou avec des dents épineuses.

 

 

Les chênes sont des arbres qui exigent beaucoup de lumière.


 


 

Le mot chêne (d'abord chasne en ancien français, v. 1100) est issu du gaulois cassanos, par l'intermédiaire d'une forme gallo-romane Cassanu (cassinus d'origine gauloise ou prégauloise). Ce mot, attesté par le bas latin cassinus et le latin médiéval casnus (886), est à l'origine de l'ancien français chasne, chaisne, chesne ainsi que les variantes dialectales caisne, quesne, etc...


En italien : Quercia, en espagnol : Roble, en anglais : Oak , en allemand : Eiche , en Néerlandais : Eik.    


L'étymologie indo-européenne dreu-, deru-, doru- (solide, ferme comme un arbre) se retrouvent dans le sens de chêne, l'arbre par excellence, dans différentes langues : 

le breton derv, le gallois derw, le gaélique dair, le celte Duir qui signifient tous "chêne". 

Le grec druas, dérivé de cette étymologie, a donné les termes de dryades, 
 

Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu'à plus de 1000 ans, exceptionnellement. De nombreux arbres remarquables pour leur taille et ancienneté étaient (ou sont encore) des chênes, autrefois dits "cassanos" par les Gaulois.

chêne millénaire Riec sur Belon -  route de Moëlan


 


 

Origines


Les chênes se développent dans les régions tempérées à subtropicales de l’hémisphère Nord.

Les plateaux du Mexique et de l’Amérique Centrale regroupent une grande diversité d’espèces.

En Europe, lors de la dernière glaciation, à la fin du pléistocène, les chênes se sont réfugiés dans la péninsule ibérique, l’Italie et le sud des Balkans.

 
On doit leur réintroduction en France grâce aux geais des chênes ( Garrulus glandarius). 

7000 ans plus tard, l’hybridation interspécifique leur a permis à nouveau de coloniser l’Europe entière.


 


 

Il y a plus de 650 espèces de chênes mais les plus connus sont :


- le chêne blanc,  (Quercus alba), 

est une espèce de chêne mesurant en général une trentaine de mètres, le plus grand connu atteint les 44 mètres de hauteur. Certains spécimens vivent plus de 500 ans. On le trouve principalement en Amérique du Nord dans un climat continental humide. 


 


- le chêne pubescent (Quercus pubescens)

est une espèce d'arbres à feuillage caduc des régions tempérées de l'hémisphère nord, appartenant à la famille des Fagaceae. Son nom vient du latin pubescens : à poils courts et mous (face inférieure des feuilles et jeunes rameaux). C'est une adaptation de l'arbre à la sécheresse. Il est parfois appelé chêne blanc, chêne blanc de Provence et plus rarement chêne noir. (à ne pas confondre avec le chêne blanc d'Amérique, Quercus Alba).

 


- le chêne vert, yeuse, faux houx (Quercus ilex),

est un arbre à feuilles persistantes, entières ou dentées selon l'humidité atmosphérique, luisantes, ressemblant à celles du houx, vert foncé dessus et gris blanchâtre dessous. Les glands du Chêne vert sont allongés à cupule grise. Sa rusticité moyenne le destine plus aux régions méditerranéennes. Cet arbre, particulièrement longévif, peut vivre plus de 1 000 ans. De croissance assez lente, il résiste aux embrums et trouve facilement sa place en bord de mer.


 

- le chêne bicolore (Quercus bicolor), 

est un feuillu de taille moyenne à grande, originaire du nord-est des États-Unis et du Sud-Est du Canada. C’est un arbre parfait pour faire de l’ombrage, il résiste à un sol inondé et on peut manger ses glands sucrés. Il a une croissance rapide pour un chêne et atteint généralement 22 mètres de hauteur ; le plus grand chêne décelé a atteint 29 mètres. Les plus jeunes spécimens ont une forme pyramidale étroite et développent ensuite une large couronne dense et légèrement pendante. Ces arbres peuvent vivre jusqu’à 350 ans dans des conditions idéales.



 

- le chêne liège, Corcier, Surier ou Suve (Quercus suber), 

est un arbre à feuilles persistantes du genre Quercus (le Chêne), famille des Fagacées (anciennement Cupulifères). Il est exploité pour son écorce qui fournit le liège. 

Le nom spécifique suber est le nom du Chêne-liège, ou du liège, en latin.

Une forêt de chênes-liège s'appelle une suberaie.

Cet arbre, qui peut vivre 150 à 200 ans, voire 800 ans et atteindre 20 à 25 m de haut (le plus grand ayant atteint 43 m), ne dépasse généralement pas 12 à 15 m. Il présente un tempérament strictement calcifuge et requiert des températures moyennes annuelles douces (de 12 à 19 °C).



- le chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa), 

est une espèce d'arbres d'Amérique du Nord présente aux États-Unis et au Canada. Il a été décrit pour la première fois par le botaniste André Michaux dans son Histoire des chênes de l'Amérique septentrionale (1801). Malgré son nom, ce n’est pas l’espèce qui produit les plus gros fruits dans le genre Quercus.

Cet arbre majestueux atteint en moyenne 20 mètres de hauteur et de largeur. Son tronc atteindra, pour sa part, un diamètre d’environ 60 centimètres. Ainsi, à maturité, cet arbre impressionne par son aspect imposant. En jeunesse, son port est pyramidal, mais, en vieillissant, il devient ovoïde, globulaire et irrégulier. 


 

- le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra), 

est un arbre appartenant à la section des chênes rouges (Lobatae) du genre Quercus de la famille des Fagacées. Il s'agit de l'arbre symbole de l'État du New Jersey et de l’Île-du-Prince-Édouard.

L’espèce est sans doute apparue il y a 7 millions d'années, mais les plus anciennes traces certaines datent d'il y a 7,5 millions d'années.

C'est un arbre caduc monoïque à croissance rapide d'une hauteur moyenne de 20 à 30 m, et dont les meilleurs sujets peuvent atteindre 50 m. Il a une longévité d’environ 200 ans voir 500 ans dans des conditions optimales.

Le tronc est lisse et gris argenté jusqu’à 20-30 ans puis se fissure, les rameaux sont bruns rougeâtres. Ses grandes feuilles atteignent de 12 à 22 cm en moyenne1, se distinguant de celles des chênes caducs européens par leurs 4 à 5 lobes anguleux à extrémité plus ou moins épineuse. En automne, les feuilles virent au rouge, et se maintiennent sur l'arbre une bonne partie de l'hiver (marcescence).
Il fleurit au printemps (avril-mai) sur les jeunes rameaux de l'année. 



 

- le Chêne chevelu, Chêne lombard ou Chêne cerris (Quercus cerris), 

est une espèce d'arbres monoïques de la famille des Fagacées originaire du sud de l'Europe et d'Asie Mineure. Il est parfois appelé Chêne de Bourgogne, Chêne de Turquie ou Doucier.

C'est un grand arbre à feuilles caduques mesurant de 25 à 40 m de hauteur avec un tronc pouvant mesurer jusqu'à 2 m de diamètre. Sa longévité est de 150 à 200 ans.

L'écorce est gris foncé et profondément creusée laissant apparaître une couleur rose saumonée au fond des crevasses.

C'est l'espèce type de la section Cerris de la classification des chênes. Il doit son nom au fait que la cupule de son gland est pourvue de trichomes assimilés à des cheveux.


 

- le Chêne rouvre ou Chêne sessile (Quercus petraea (Matt.) Liebl., 1784), parfois appelé Chêne à trochets, Chêne des pierriers, Chêne mâle ou Chêne noir 

est une espèce d'arbres des forêts des régions tempérées de l'hémisphère nord de la famille des Fagacées. On le connaît sous différentes appellations : drille, drillar, durelin.

C'est un grand arbre de 25 à 40 mètres de haut, à feuillage caduc. En isolé, il peut avoir une envergure imposante, et un tronc qui atteint ou dépasse les 5 m de circonférence.

Il a une longévité maximale de plus de 600 ans, parfois jusque 1 000 ans. Il fructifie à partir de l'âge de 60 ans. C'est une espèce monoïque pollinisée par les insectes. La floraison et la libération du pollen ont lieu généralement à la mi-mai en France. Les graines (glands) sont dispersées par les animaux. C'est une espèce postpionnière.



- le chêne pédonculé (Quercus robur L., 1753) 

est parfois appelé chêne blanc, chêne femelle, gravelin, chêne à grappe ou châgne. Son nom latin Quercus robur signifie "chêne robuste".

Espèce d'arbres à feuillage caduc originaire des régions tempérées d'Europe, appartenant à la famille des Fagacées. Son fruit est porté par un long pédoncule. Chêne de nos forêts d'Europe, majestueux et imposant, ses feuilles, vert foncé, plus ou moins profondément lobées, sont aisément reconnaissables. Ce bel arbre a besoin de place, il ne peut s'envisager que dans un parc ou un très grand jardin. Le chêne pédonculé produit des glands très appréciés des animaux. Majestueux. Il est intéressant pour son feuillage prenant de belles couleurs automnales, sa fructification et sa longévité légendaire. 

C'est un grand arbre de 25 à 35 mètres de haut qui peut dépasser pour certains sujets les 40 mètres. En isolé, il peut atteindre des dimensions imposantes, avec un tronc dépassant les 5 m de circonférence. Sa longévité atteint facilement 500 ans, mais des arbres ayant de 700 à 1 200 ans peuvent exister.


 

- le Chêne des Pyrénées, chêne tauzin (Quercus pyrenaica), 

appelé simplement tauzin (Gascogne), ou encore chêne brosse (Anjou), ou chêne noir (Landes de Gascogne), est une espèce d'arbre monoïque à feuillage caduc de la famille des fagacées.

Il se reconnaît à ses feuilles très découpées, au débourrement tardif, et abondamment duveteuses sur les deux faces.

Le chêne tauzin est un arbre de 5 à 20 mètres de haut de forme irrégulière se ramifiant dès la base mais finissant par perdre ses branches les plus basses. Son écorce est lisse de couleur vert grisé puis gris sombre d'où son surnom de chêne noir,



 

- le chêne des garrigues, Chêne kermès ou Chêne de Palestine (Quercus coccifera) 

Il a également pour noms communs Chêne à cochenille, Chêne-garrigue, Garric.

est une espèce d'arbustes à feuilles persistantes de la famille des Fagacées et de la sous-famille des Fagoideae, spontané dans les terrains pierreux calcaires de la région méditerranéenne, en particulier dans la garrigue.

 

 

 

Étymologie et Histoire du mot chêne. 

 


- Fin XI°s. judéo-fr. chasne, chaisne, chesne (Raschi Blondh., § 199 et 607); 

- 1160 chasne (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1921); 

- v. 1170 chaidne (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 18); 

- 1177-88 chaisne, chesne (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 6528-6529);

- v. 1225 désigne le bois tiré de cet arbre chainne (G. de Coinci, éd. V. F. Koenig, I Mir. 11, 1466); 

- 1600 chesne-vert (O. de Serres, 794 et 795 ds Littré).


 L'ancien français chasne est issu de "cassanus" attesté sous la forme casnus (866 ds Nierm.; v. aussi Du Cange t. 2, p. 203c) prob. d'origine gauloise (REW3, no1740) ou pré-gauloise (v. FEW t. 2, p. 461b).

D'après Ascoli dans "Archivio glottologico italiano" (t. 11, pp. 425-427) cassanus serait le représentant gaulois. du gr. κ α ́ σ τ α ν ο ς (châtaigne), v. aussi Hubschmid fasc. 2, p. 104.

Les formes chaisne, chesne sont plus prob. issues d'un croisement avec fraisne, frêne (v. G. Tuaillon cf. bbg.) que d'un type caxinu (Fouché, p. 816; v. aussi Cor., s.v. quejigo); chêne-vert est composé de chêne et de vert.

 

Le nom de chêne renvoie  à quatre étymons différents :

L'indo-européen dreu-, perkʷus et heyǵ-, et le gaulois cassanos.

dreu-, deru-, doru- (avec le sens polysémique de solide, ferme comme un arbre) se retrouvent dans le sens de chêne, l'arbre dans différentes langues : 

- le breton derv, le gallois derw, le gaélique dair, qui signifient tous chêne. 

Les langues slaves connaissent des formes comme le russe, le tchèque dub et le polonais dąb. 
 

Le grec druas, a donné les termes de dryades, de dendrochronologie et de philodendron. Le derby est peut-être issu de cette racine.


La racine dreu- est à l'origine du pré-germanique dréu̯om qui a donné l'anglais tree, "arbre".


L'étymologie du mot "druide" (latin druidæ, protoceltique dru-wid-s) est souvent reliée à cette racine indo-européenne.

Si les spécialistes s'accordent pour reconnaître dans le second terme de ce composé la racine weid- (savoir, voir), le premier terme est souvent interprété comme le préfixe intensif indo-européen dru- (δρῦς, durs, forts comme le chêne), d'où la traduction courante : "les très savants". Cette explication a été critiquée, notamment par le linguiste Émile Benveniste.


 

 

 

 

Culte du chêne

 


Dans nos pays, où toute trace de la forêt feuillue originelle est effacée, la rêverie seule peut s’aventurer sous les chênes des temps anciens...


...Prodigieuse auprès de la nôtre, la longévité des grands chênes en fait des familiers du temps...


...Plus vieux que la mémoire, ce sont les témoins vivants du passé mythique, à ' la condition presque immortelle, respectés par le temps et contemporains de l’origine du monde "... 


...Les chênes sont aussi parmi les plus grands arbres de nos climats. Aucun feuillu ne s’aventure aussi haut dans le domaine des dieux et des oiseaux. Privilège qui leur est lourdement compté les jours de fureur céleste : bien plus que les autres essences, le chêne est foudroyé ... Cette vulnérabilité particulière, qui ne pouvait échapper à l’homme ancien, associait d’emblée le chêne et l’éclair... Chez les Germains, les chênes sacrés étaient des arbres marqués de leur sceau.


Mais ce feu qui frappe l’arbre est d’une étrange nature, quasi double : son éclat, où le ciel semble se fendre, ouvre le passage aux pluies les plus généreuses, sinon les plus dévastatrices. Et le chêne majeur des bois sacrés s’élève au voisinage d’une source, en un lieu où se relient les éléments, où se résolvent les contraires. Ses esprits compagnons, les dryades, nymphes des forêts, et les hamadryades qui vivent dans le chêne même et meurent avec lui, sont de nature féminine. ..Car l’arbre déjà désigné par le dieu tonnant est aussi, par ses fruits, l’image du sexe mâle : balanos ou glans, les mots grec et latin, de même étymologie, qui désignent le gland, s’appliquent aussi à celui de l’homme... 


L’oracle le plus ancien du monde grec, Dodone en Epire, était associé à un chêne. Le dieu parlait dans un bruissement de feuilles, que trois officiantes interprétaient. Une colombe noire venue d’Egypte, dit la légende, s’était posée dans les branches de l’arbre sacré. "Parlant avec une voix humaine (elle aurait déclaré) qu’il fallait établir en cet endroit un oracle de Zeus" – tandis qu’un oiseau-sœur se rendait en Lybie, initiant un oracle d’Ammon. Hérodote, qui conte l’histoire dans son habituelle distance critique à l’égard des fables, attribue à des prêtresses égyptiennes, capturées et vendues comme esclaves en des temps reculés, l’instauration du culte prophétique ; d’autant plus, dit-il, que "les règles de l’art divinatoire appliquées à Thèbes en Egypte et à Dodone se trouvent fort ressemblantes". Le hâle et les cheveux noirs de ces femmes, leur langage étranger " semblable au ramage des oiseaux", auraient fondé la légende des colombes. 


À Dodone, le culte à un Zeus prophétique s’était substitué à celui d’une divinité féminine, Dioné (plus tard latinisée en Diane), déesse du chêne et de ses colombes, pour les uns avatar de Rhéa, mère de Zeus et déesse du chêne, pour d’autres épouse ou fille du dieu. L’important, ici, est de rappeler l’antériorité des figures féminines du chêne sur l’image mâle qui reste associée à "l’arbre de Jupiter" : c’est vraisemblablement une déesse-mère qui habite la forêt originelle ; son arbre d’élection, qui reste cependant du genre féminin dans la langue grecque (drus), lui a été dérobé par le dieu mâle tard venu. L’Artémis pure et sanguinaire en perpétuera tardivement la virginité et la sauvagerie natives. Elle parraine le meurtre annuel du 'roi-chêne" des plus anciens cultes de la végétation, éphémère époux de la déesse, dont le sang et les membres iront féconder la terre cultivée gagnée sur la défaite des arbres. La mauvaise fée, la sorcière mangeuse d’enfants, femmes de la forêt, sont de sa lignée...


...On s’adresse à Cérès, déesse des moissons, par l’intermédiaire d’un chêne


...Certains récits mythiques semblent révéler, d’ailleurs, un profond espace de culpabilité entre l’arbre et la terre cultivée, évoquant peut-être aussi, en manière de parabole, les effets de la déforestation sur ce qu’on nommera un jour les équilibres écologiques. Ainsi de l’histoire d’Erysichthon, fils de Triopas, roi de Thessalie, telle que la raconte Ovide : "assez fou pour mépriser la puissance des dieux", il a "profané un temple de Cérès, une hache à la main" et "porté un fer sacrilège sur […] un chêne immense, au tronc séculaire, entouré de bandelettes, de tablettes commémoratives et de guirlandes, témoignages de vœux satisfaits". Sous les premiers coups de hache, l’arbre pousse un gémissement et son écorce saigne ; l’un des assistants, qui retient le bras destructeur, est décapité ; l’arbre immense finit par s’effondrer à la consternation des dryades qui vont demander à Cérès le châtiment du criminel. La déesse décide "qu’elle déchirera son corps en le livrant aux tourments de la faim" ; ...


...Le chêne, dont on sait qu’il est l’élément essentiel de l’alsos grec comme du lucus latin, est également présent dès les origines de la tradition judéo-chrétienne. Abraham fait étape "au lieu saint de Sichem (Naplouse), au chêne de Moré ". Plus tard, YHWH ("Yahvé") choisit de lui apparaître "au chêne de Mambré" (Hébron). C’est sous "le chêne qui est près de Sichem que Jacob enfouit "tous les dieux étrangers" de sa famille avant de monter à Béthel , l’ancienne Luz, où Debora, la nourrice de Rebecca, mourut et fut ensevelie "au-dessous de Bethel, sous le chêne"...

 
...Les mises à mort de chênes sacrés n’auront lieu que bien plus tard. Aussi, "sous le chêne qui est dans le sanctuaire de Yahvé", toujours à Sichem, Josué pourra-t-il dresser une stèle en témoignage du pacte de Dieu et d’Israël, accepté par le peuple... 


Au VIIIe siècle avant J.C., s’indignant aux crimes d’Israël, Osée dénonce une dévotion aux arbres où l’aspect divinatoire, évoqué sur le mode de la dérision, rappelle cependant la fonction du chêne oraculaire : "Mon peuple consulte son morceau de bois et c’est son bâton qui le renseigne […] ; ils sacrifient sur le sommet des montagnes, ils brûlent leurs offrandes sur les collines, sous le chêne, le peuplier, le térébinthe ; on est si bien sous leurs ombrages ! "...


Ézéchiel annonce leur châtiment : "Vous saurez que je suis YHWH quand leurs cadavres, percés de coups, seront là parmi leurs idoles, tout autour de leurs autels, sur toute colline élevée […], sous tout arbre verdoyant, sous tout chêne touffu, là où ils offrent un parfum d’apaisement à toutes leurs divinités"...


Au temps d’Eusèbe de Césarée (IIIe-IVe siècles) et de Saint Basile (IVe siècle), on venait en pèlerinage à un chêne de Mambré, supposé témoin de la Genèse. Au XIVe siècle, John Mandeville, voyageur anglais, dit avoir vu sur le Mont Mambré les restes d’un vieux chêne contemporain d’Abraham, desséché à la mort du Christ. Et c’est bien cet événement-là qui, en Occident, décide de la fin de l’arbre intercesseur comme confident des saisons païennes : il a une fois pour toutes légué son pouvoir et ses alliances à la Croix, cet arbre du sacrifice qui deviendra le repère absolu d’une renaissance libérée des cycles.

 

Dans les mythes et les cultes des peuples non-méditerranéens, Germains en particulier, le chêne tient une place tout aussi importante, et s’y retrouve souvent associé à un dieu tonnant, double boréal de Zeus, dont le Thor germanique est la forme la plus connue. Le bois sacré des Germains et des peuples nordiques, comme sans doute celui des Latins, est un vestige probable de la forêt primaire. Là, le chêne "est la présence du dieu sans être ce dieu lui-même, comme l’indique clairement l’adoration plus particulière qu’avaient les Germains pour les chênes foudroyés et qui en portaient la marque. Si le tonnerre est le langage de Zeus, l’arbre brisé est le témoignage permanent de cette parole fugace." Au point qu’on vénère comme pilier cosmique et axe du monde un tronc de chêne ainsi désigné par les puissances célestes, arbre mort taillé en colonne ou en pyramide. En 772, Charlemagne abattit cet Irmensul des Saxons  –  


...À l’apogée du Moyen Âge, en Europe occidentale, même si la dévotion ouverte à des divinités associées à la forêt semble révolue, il subsiste, outre un fonds de croyances populaires très vivace, des recours insidieux à l’image du chêne à l’intérieur même des églises gothiques. En Angleterre, feuilles et glands sont souvent représentés sur les croisées d’ogives, les chapiteaux, ou en d’autres lieux peu accessibles aux regards.


Dans les pays de tradition celtique, des saints Colman, Colomban, Ronan et quelques autres, n’hésitèrent pas à bâtir leur hutte sous les vieux chênes consacrés par les rituels druidiques, prouvant par là que leur dieu, non seulement ne craignait pas la concurrence des divinités du haut feuillage (ou du sous-sol), mais saurait bien les réduire au silence – ne serait-ce qu’en s’en faisant des alliés. Fût-ce après la mort du propagateur de la nouvelle foi : Ronan (Ve ou VIe siècle), vénéré en Armorique, conduisit lui-même, défunt, un chariot tiré par quatre bœufs "au centre de la forêt, où étaient les plus grands chênes […]. On comprit ; on enterra le saint et on bâtit son église en ce lieu." ...


Colomban, lui, de son vivant (VIIe siècle), habitait sous un chêne. L’arbre était si redouté que, lorsqu’un orage l’abattit après la mort du saint, personne n’osa porter la main sur sa dépouille, sauf un tanneur peu scrupuleux qui, avec l’écorce, traita un cuir dont il se fit des souliers. Mal lui en prit car, les ayant chaussés, il fut envahi par la lèpre...

 
Tous ces apôtres de la foi s’appliquèrent à démontrer que les divinités alliées aux arbres n’étaient autres que des démons – ce qui revenait, en rompant les alliances, à "déciviliser" le monde végétal... 


Cela prit du temps. Les vieux chênes qui avaient survécu furent christianisés. On ficha des croix sur les arbres ; mais ce furent surtout des images de la Madone qui remplacèrent les divinités sylvestres dans le creux des vieux troncs ou à même l’écorce, le chêne retrouvant ainsi, tout naturellement, sa probable alliance originelle avec la Grande Déesse. Souvent, quand il ne s’agissait pas d’apparition entraînant un culte, on "trouvait" une statue cachée dans les branches. Il arrivait aussi que, les années passant, une figure fixée au tronc se fasse recouvrir, et à la longue absorber entièrement par le bois, préparant la découverte future, lors d’un abattage, d’une vierge miraculeuse...

 
Tout comme la Grande Mère des anciennes forêts, ou la Cérès latine, Marie punissait ceux qui attentaient à ses arbres ou dérobaient ses images votives. Mais aussi, à la façon de ses aïeules païennes, elle savait mettre en garde le bûcheron sacrilège : les arbres consacrés saignaient quand on les frappait de la hache, ou bien leur bois tranché montrait l’image de la croix...


Aussi, un peu partout en Europe, la mémoire du chêne a-t-elle traversé les siècles et perdure-t-elle de nos jours. S’il est peu probable qu’on cueille encore des feuilles sur les sujets frappés par la foudre, pour les garder sur soi en talismans protecteurs et gagner en "force", certains continuent d’aller dans les bois pour étreindre un grand chêne, ou s’appuyer à son tronc un long moment, afin que la vigueur et le calme de l’arbre les pénètre et les conforte... 

Chêne à vierge - forêt de chaux- Jura


 

 

 

Le chêne dans la Bible 

 


Josué 24-26

...Josué écrivit ces choses dans le livre de la loi de Dieu. Il prit une grande pierre, qu'il dressa là sous le chêne qui était dans le lieu consacré à l'Éternel...

 

 

 

Définition de "'Allown" - Chêne, grand arbre 

Définition de "Basan" - Région située à l'Est du lac de Tibériade appelée aujourd'hui Haoûran ou Hauran

 



Versets

 


Genèse 35 : 8 

Débora, nourrice de Rebecca, mourut; et elle fut enterrée au-dessous de Béthel, sous le chêne ('Allown) auquel on a donné le nom de chêne des pleurs.


Esaïe 2 : 13  

...Contre tous les cèdres du Liban, hauts et élevés, Et contre tous les chênes ('Allown) de Basan;...


Esaïe 6 : 13

...Et s'il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis. Mais, comme le térébinthe et le chêne ('Allown) Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple...


Esaïe 44 : 14  

...Il se coupe des cèdres, Il prend des rouvres et des chênes ('Allown), Et fait un choix parmi les arbres de la forêt; Il plante des pins, Et la pluie les fait croître...


Ezéchiel 27 : 6  

...Ils ont fabriqué tes rames avec des chênes ('Allown) de Basan, Et tes bancs avec de l'ivoire travaillé dans du buis, Et apporté des îles de Kittim...


Osée 4 : 13

...Ils sacrifient sur le sommet des montagnes, Ils brûlent de l'encens sur les collines, Sous les chênes ('Allown), les peupliers, les térébinthes, Dont l'ombrage est agréable. C'est pourquoi vos filles se prostituent, Et vos belles-filles sont adultères...


Amos 2 : 9

...Et pourtant j'ai détruit devant eux les Amoréens, Dont la hauteur égalait celle des cèdres, Et la force celle des chênes ('Allown); J'ai détruit leurs fruits en haut, Et leurs racines en bas...


Zacharie 11 : 2

...Gémis, cyprès, car le cèdre est tombé, Ceux qui s'élevaient sont détruits ! Gémissez, chênes ('Allown) de Basan, Car la forêt inaccessible est renversée !...

 

 

 

La Bible


Abraham aux chênes de Mambré


Genèse 18, 1-16

Yahvé lui apparut au Chêne de Mambré, tandis qu’il était assis à l’entrée de la tente, au plus chaud du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre .

Il dit : 
"Monseigneur, je t’en prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton serviteur sans t’arrêter. Qu’on apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l’arbre. Que j’aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le cœur avant d’aller plus loin ; c’est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur !"


Ils répondirent : 
"Fais donc comme tu as dit."


Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : 
"Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes."


Puis Abraham courut au troupeau et prit un veau tendre et bon ; il le donna au serviteur qui se hâta de le préparer. Il prit du caillé, du lait, le veau qu’il avait apprêté et plaça le tout devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, et ils mangèrent.


Ils lui demandèrent : 
"Où est Sara, ta femme ?"


Il répondit : 
"Elle est dans la tente."


L’hôte dit : 
"Je reviendrai vers toi l’an prochain ; alors, ta femme Sara aura un fils."
Sara écoutait, à l’entrée de la tente, qui se trouvait derrière lui. Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Donc, Sara rit en elle-même, se disant : 
"Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon mari qui est un vieillard !" 


Mais Yahvé dit à Abraham : 
"Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : Vraiment, vais-je encore enfanter, alors que je suis devenue vieille ?" Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l’an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils. "


Sara démentit : "Je n’ai pas ri, dit-elle, car elle avait peur", 


mais il répliqua : "Si, tu as ri."


S’étant levés, les hommes partirent de là et arrivèrent en vue de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire.

 

 

Notre Dame du Chêne


Sanctuaire Marial - Vion (72)
 

À Notre-Dame du Chêne, la Vierge Marie n'a pas parlé... elle est restée silencieuse. 
Faisant écho au silence de Marie à la basilique, il y a le silence de Jésus au Saint-Sépulcre. La basilique et la réplique du Saint-Sépulcre se répondent à Notre-Dame du Chêne, explicitant le mystère le plus caché de Marie, son silence et sa compassion. Une riche histoire glorieuse, mais aussi un lieu prophétique pour aujourd'hui et demain...


Nous sommes en 1494, sur les terres de la province d'Anjou, à un peu moins d'une lieue du village de Vion. Sur la lande se dresse un vieux chêne qui attire l'attention des bergers et des paysans de la région : de nuit, ils voient des feux brillants comme des étoiles en couronner la cime ; le jour, l'arbre est animé par le joyeux manège de colombes, qui voltigent autour de son feuillage, sans jamais s'en éloigner ; et malgré leurs efforts, ils ne peuvent ni les attraper, ni les chasser.

Ils se mettent donc à prier autour de cet arbre, qui semble posséder des pouvoirs étonnants …

James Buret, le curé de Vion, accourt, alerté par la rumeur publique. Il est chargé du salut des âmes de ses ouailles, et leurs pieuses manifestations de piété envers ce chêne ressemblent à s'y méprendre à un retour à l'ancien culte païen qui existait du temps des druides !Il interroge les uns et les autres et, poussé par l'Esprit Saint, décide de placer dans le tronc même du chêne une petite statuette de la Vierge Marie, afin de détourner les villageois d'un éventuel « faux culte ».

La Sainte Vierge ne tarde pas à faire connaître que c'est bien elle qui a inspiré le geste de l'abbé Buret.

En effet, un jeune homme, qui a dérobé un bouquet déposé près de la statuette, est aussitôt pris de forts torticolis. Interrogé par ses parents sur les circonstances de l'apparition de ce mal, il avoue son forfait. Il va remettre en place le bouquet volé, et le mal disparaît aussitôt.


En 1515, un infirme originaire de Juigné se dirigeait difficilement vers la sainte image de la Vierge Marie. Son offrande, les trois cierges, qu'il tenait à la main, s'allumèrent tout à coup d'eux-mêmes. A cet instant, le malade recouvra sa santé. A la même époque, d'autres guérisons ont été constatées.

La tradition nous dit que, plus d'une fois, la statuette aurait été transportée dans l'église paroissiale de Vion, mais que toujours, dès le lendemain, elle serait revenue d'elle-même sur le chêne où James Buret l'avait placée.Un très modeste oratoire ne tarde pas alors à s'élever autour de l'arbre. L'affluence des fidèles devient de jour en jour plus considérable et les prodiges se multiplient.

Connu au départ sous le nom de« Chêne de la Jarriaye »,l'oratoire commence à porter le nom de NotreDame du Chêne dans les premières années du XVlème siècle.

1515 : Une première chapelle est érigée L'oratoire primitif devient trop petit pour accueillir tous les pèlerins.

En 1515, un concordat est donc conclu entre le curé de Vion et la fabrique* de cette paroisse pour construire une Chapelle. Le pèlerinage va alors prendre de plus en plus d'ampleur.

*La fabrique désigne les personnes (prêtres et laïcs) impliquées (les fabriciens ou marguilliers) chargées de l'administration des finances affectées à la construction et l'entretien d'une église ou d'une chapelle ; on dit aussi le« conseil de fabrique».

1617 – Un appel de Dieu à la vocation Elisabeth de Quatrebarbes vient dans la chapelle chercher la lumière sur sa vie. Elle perçoit clairement qu'elle doit entrer au Carmel. C'est pourquoi le peintre a représenté Thérèse d'Avila derrière elle.

Nous sommes en 1617, et Thérèse est morte en 1582. Devenue mère Elisabeth de la Trinité, Elisabeth deviendra en 1626 la seconde prieure du jeune Carmel de Beaune, en Bourgogne.

En 1595, une femme qui ramassait du bois a la vision (ou l'apparition) de Notre-Dame du Chêne au-dessus du toit de la chapelle, qui tombe en ruine.Marie est là ! Elle ne dit rien … Mais sa présence fait comprendre clairement que cette chapelle est sa maison. Elle veut qu'on vienne y prier avec elle, qu'on la répare et qu'on en prenne soin.

En 1621, une femme décide de demander de l'aide à Marie pour l'enfant difforme dont elle est la nourrice.Chaque jour, pendant six semaines entières, elle vient prier Notre-Dame de guérir ce petit de ses infirmités.

Elle obtient finalement la guérison de l'enfant. Bel exemple de foi, de charité et de persévérance ! …

Marie, une fois de plus, montre sa compassion pour les peines des hommes

La chapelle tombe en ruines … Sur la lande, les enfants qui gardent les troupeaux viennent s'y abriter quand le temps se fait mauvais.Le Marquis de Sablé, de passage sur ses terrres, interroge les enfants, qui le renseignent sur la présence de Marie dans la chapelle : elle veille sur leurs troupeaux, expliquent-ils !

Il se décide, avec d'autres personnes de haut rang, à verser les sommes nécessaires à la restauration et à l'entretien de Notre-Dame du Chêne.

Pendant la Révolution Française est décrétée la vente des biens nationaux. Les églises, désignées comme telles, sont visées par cette loi, et sont rachetées par des citoyens pour servir à d'autres usages, voire pour être démolies.Un couvreur de la région, le citoyen Lefèvre, achète la chapelle avec pour objectif sa démolition.

Mais bien mal lui en prend ! A peine a-t-il commencé à enlever les premières tuiles du toit qu'il tombe de celui-ci et se fracasse sur le sol. Sans trop de mal semble-t-il, puisqu'il témoigne ensuite qu'une force surnaturelle l'a poussé!

1857
au milieu du XIXe siècle, il attire environ 60 000 pèlerins par an.
Don Guéranger, abbé de la célèbre abbaye voisine de Solesmes, y préside une réunion de Conférences de Saint-Vincent de Paul. La Vierge Marie y est honorée, aimée et, par elle, l'adoration et un culte sont rendus à Dieu. 

1869, 
Mgr Charles Fillion, évêque du Mans, envisage de construire une nouvelle église à la place de la petite chapelle. Elle est terminée en 1872 et devient basilique en 1894.  

1896, 
pour célébrer le 800e anniversaire de la première croisade prêchée dans cette région par le pape français Urbain II, des pèlerins de la région décident de partir en pèlerinage à Jérusalem. Dans un chêne, ils taillent une grande croix qui fera le trajet par mer jusqu’à la Ville Sainte et qu’ils porteront sur la Via Dolorosa ("Chemin de la souffrance " : rue de la vieille ville de Jérusalem emprunté par Jésus avant sa crucifixion) le long des ruelles qui montent au Golgotha (ou "Mont Calvaire"), lieu de la crucifixion de Jésus). Sur place, ils sont impressionnés par les lieux saints qu’ils traversent, tout particulièrement par le Saint-Sépulcre et la basilique de la Résurrection dans laquelle il est enchâssé. C’est ainsi que naît l’idée de reproduire ce monument à Notre-Dame du Chêne. La première pierre est posée alors que la croix se trouve encore à Jérusalem. À son retour des lieux saints, la croix est implantée près de l'édicule, et un calvaire, constitué de statues « grandeur nature », l’entoure bientôt. 
Aujourd'hui
Notre-Dame du Chêne est devenu le lieu de pèlerinage le plus important du  diocèse du Mans, avec environ 70 000 visiteurs par an.


 

 

 

Mythologie grecque

 

Histoire du roi fou -

Erysichtnon et  Démeter (Cérès)


Il était une fois un roi insensé et arrogant. Il s'appelait Erysichthon. Il avait une fille qui l'aimait malgré sa bêtise. À maintes reprises, elle l'avait sauvé de sa propre folie. Mais un matin, avant qu'elle ne comprenne ce qu'il avait en tête, il ordonna à ses serviteurs d'aller chercher ses partisans dans la ville. Il avait besoin de bois pour se construire une nouvelle salle de fête. Il les a tous emmenés, sa fille aussi, dans un bosquet d'arbres consacré à la déesse Déméter, (Déméter de la couronne de blé, des cheveux luxuriants, que nous devons remercier pour chaque bouche pleine, pour chaque ventre bombé, Déméter la déesse d'abondance, la mère du grain).

 

Au centre du bosquet, il y avait un vieux chêne très ancien.

"Abattez-le." 

Ses serviteurs se regardèrent horrifiés. L'énorme chêne était couvert de couronnes votives, symbole de chaque prière que Déméter avait accordée, et les hommes ont donc refusé de l'abattre. Mais il donna son ordre haut et clair.

La fille : "Père, c'est de la folie. Si vous coupez cet arbre, la déesse vous en punira."


Juste mon point. Il n'y a pas de dieux, pas de déesses. Il n'y a que nous. Et vous êtes tous des imbéciles qui tremblent devant les ombres. Je prouverai que chaque prière est de l'air gaspillé.

"Hacher. Ce. Vers le bas."

Il a attrapé une hache. Il la balança derrière lui. Tous ceux qui osaient regarder alors virent l'arbre trembler de ses racines jusqu'au bout de ses feuilles. Lorsque la lame frappa l'écorce, du sang noir s'échappa de la blessure qu'il avait faite et il y eut un cri strident :

"Je suis la nymphe qui vit dans cet arbre. Coupez-le et vous me massacrez. Si je meurs par ta main, je jure que la vengeance tombera sur toi aussi lourde qu'un chêne qui tombe."

Le roi rit. Il continua de couper jusqu'à ce que, avec un gémissement terrible, l'arbre s'écrase au sol. Et le roi le fit ramener ses sujets dans son palais par ses serviteurs. Il organisa un festin ce soir-là. Il bourrait sa bouche, il bourrait sa bouche, il bourrait sa bouche jusqu'à ce que son ventre se gonfle. Cette nuit-là, les nymphes du bosquet pleurèrent autour de la souche d'arbre. Puis l'une d'elle s'est envolée vers le mont Olympe, la demeure des immortels.

 

Déméter accéda à sa demande. Pour chaque pouvoir, il doit y avoir son contraire. S'il y a une déesse de l'abondance quelque part, il doit y avoir une déesse du manque. Bien sûr, les deux ne peuvent jamais se rencontrer.

Déméter dit : 'Nymphe, prends mon char tiré par des dragons. Roulez trois jours et trois nuits à travers le ciel vers le nord jusqu'à ce que vous voyiez en dessous de vous un endroit sans feuilles, sans vie et stérile. Là, vous la verrez, l'esprit de la Faim. Dites-lui de posséder cet Erysichthon. Dites-lui que le roi Erysichthon lui appartient maintenant."

 

La nymphe monta sur le char à travers le ciel jusqu'à ce qu'elle vit au-dessous d'elle un terrain vague où même l'air gémissait. Elle a vu la faim à la fois. La faim était sur ses mains et ses genoux, grattant la terre craquelée et aride, découvrant une racine d'arbre qu'elle broyait entre ses dents. Le visage de Hunger (la faim) est un crâne bleu-gris. Ses mâchoires claquent comme si elle était un chat regardant un oiseau hors de portée. Ses articulations semblent enflées à côté de ses membres grêles. Sa peau est si fine qu'on peut voir des veines, des tripes trembler à l'intérieur. La nymphe a su le danger quand elle l'a vu. Elle a crié ses instructions à une distance sécuritaire. Elle secoua les rênes du char, s'éleva dans le ciel. Mais même ainsi, elle sentit une crampe au ventre.

 

Cette nuit-là, la faim a volé dans le ciel. Elle se rendit au palais du roi Erysichthon. Elle se glissa par une fenêtre ouverte. Il dormait profondément dans son lit sur le dos, ronflant, la bouche ouverte. Elle pressa ses lèvres fines contre les siennes et souffla un torrent de famine dans sa bouche ouverte. Puis elle disparut, comme la fumée aspirée par une cheminée, loin du pays d'abondance pour retourner au royaume du manque. Le roi pendant qu'il dormait rêva qu'il était assis à une table en train de manger un repas qui n'avait aucun goût.


Le lendemain matin, il fut réveillé par une douleur lancinante au ventre. Il s'assit et découvrit que ses mâchoires avaient leur propre vie. Elles claquèrent l'une contre l'autre comme s'il était un chat fixant un oiseau hors de portée. Il demanda à manger. Il mangeait et mangeait mais cette faim était comme le feu : plus il la nourrissait, plus elle devenait forte. Il a demandé plus de nourriture dans de plus grands bols entassés plus haut. Mais cela ne servait à rien : c'était comme s'il jetait des miettes dans un gouffre. Assez de nourriture pour nourrir sa famille, assez de nourriture pour nourrir son palais, assez de nourriture pour nourrir sa ville, assez de nourriture pour nourrir sa nation qu'il entassa dans sa bouche ouverte. Il n'a arrêté de mâcher que pour demander "Plus de nourriture ! Plus de nourriture!"

Sa fille est devenue désespérée. Elle avait peur… la vendrait-il pour de l'argent ? Il était sûrement capable, il n'était plus lui-même ; possédé par la faim et l'avidité. Elle devait sauver son père et elle-même. Elle a crié à l'aide. Elle a crié alors qu'il était sur le point de la vendre en esclavage.


La déesse Déméter l'a sauvée. Elle a sauvé la fille de l'esclavage en lui donnant le pouvoir de changer de forme ; elle a reçu les outils de transformation. Mais elle ne pouvait pas quitter la maison de son père. La fille ne pouvait pas quitter le royaume de son père. Elle a laissé le père utiliser ses dons. Le père a abusé de ses pouvoirs de métamorphose pour escroquer les gens sur le marché en leur vendant des illusions. Encore et encore, car la fille pouvait changer de forme en continu. Il a dévoré toutes ses richesses et celles de son entourage. Mais encore, ce n'était pas assez. Finalement, de plus en plus désespéré, Erysichthon se dévora.

Ovide - Métamorphoses, Livre VIII

Récit du mythe - version éditée du matériel pédagogique de l'Université de Princeton



 

 

 

Mythologie grecque

 

Philémon et Baucis.

 

Dans une région montagneuse de la Phrygie, il y avait jadis deux arbres que les paysans se montraient du doigt, car l’un était un chêne, l’autre un tilleul et cependant ils n’avaient qu’un seul tronc, transformation accordée par les Dieux à Philémon et Baucis.


.... Ils étaient maintenant parvenus à un âge très avancé, et soudain, comme ils échangeaient leurs souvenirs, chacun s’aperçut que l’autre se couvrait de feuilles. Puis une écorce les entoura. Ils n’eurent que le temps de s’écrier tendrement : “Adieu, cher compagnon” ; les mots avaient à peine passé leurs lèvres qu’ils étaient transformés en arbres. Mais ils étaient toujours ensemble ; le chêne et le tilleul n’avaient qu’un seul tronc....


Ovide (Publius Ovidius Naso 43 av. J.-C.- 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin 
Les métamorphoses 


Janus Genelli - La tranformation Philemon und Baucis - (1801)


 

 

 

Mythologie grecque, 

 

Les symboles de Zeus sont le chêne et l'éclair.

 

Le chêne est un arbre spirituel, on peut l’estimer comme un esprit très puissant en soi. Il est bien souvent hôte de Dryades, hamadryades et autres créatures mystiques comme les Gnomes en ses racines.


Les dryades sont les nymphes qui vivent en harmonie dans les bois de chênes (dryos veut dire chêne en grec). 
Les hamadryades sont des nymphes qui vivent sous l'écorce d'un chêne.

 

 

 

 

Mythologie grecque, 

 


la Toison d'or 


La Toison d'Or, symbole solaire, toison de Chrysomallos, bélier pourvu de grandes ailes, animal merveilleux envoyé par les dieux à deux enfants, Phrixos et Hellé, qui l'enfourchent pour échapper à leur belle-mère Ino.


Arrivé en Colchide, Phrixos sacrifie le bélier en l'honneur de Zeus et fait cadeau de la toison au roi Éétès, qui la suspend à un chêne et la fait garder par un dragon et des hommes armés. 


La quête de la toison d'or forme l'enjeu du mythe des Argonautes menés par Jason.


Pélias ordonne à son neveu Jason de ravir la Toison d'or. Médée trahit son père Éétès et aide Jason et les Argonautes à s'en emparer. 


 


L’Argo a transporté les Argonautes à la recherche de la Toison d'or. Athéna présida à sa construction.

Elle apprit à Tiphys à attacher les voiles au mât, car il était le timonier et aurait besoin d'une connaissance absolue du fonctionnement du navire. 

L'Argo contenait dans sa proue un morceau de bois de chêne magique  du bois sacré de l'oracle de Dodone , qui pouvait parler et rendre des prophéties

Lorenzo Costa (vers 1500-1530), L'Argo

 

 

Mythologie grecque

 

Les dryades


Dans la mythologie grecque, les Dryades sont décrites comme des nymphes protectrices des forêts, divinités mineures liées aux arbres en général, et plus particulièrement aux chênes. 


Elles sont souvent présentées comme de très belles jeunes femmes, des créatures timides, qui n'aiment pas trop se dévoiler incarnant la force végétale des forêts dans lesquelles elles errent en toute liberté. 


Elles sont fortes, robustes,  fraîches et légères, dansant autour des arbres qu'elles protègent.

 
Les Dryades comme les autres nymphes ne sont pas immortelles, mais gratifiées par les dieux d'une longue vie. La plus célèbre d'entre elle est Eurydice, la femme d'Orphée.


Les Dryades pouvaient errer en liberté et survivre aux arbres placés sous leur protection.


Elles sont souvent représentées avec une couronne de feuilles de chêne et formant des chœurs de danse autour d’un arbre. 
Leur nom vient du grec drus (chêne) et c’est la raison pour laquelle on les associe généralement à cet arbre majestueux, symbole de force et de longévité, 

La dryade Eurydice attribué à Antoinette Béfort


 

 

 

Mythologie greco-romaine


Dans la mythologie grecque, Rhéa, ou Rhéia est une Titanide, fille d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), sœur et femme du Titan Cronos, et mère des dieux et déesses Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus.


Dans la mythologie romaine, Rhéa est assimilée à Cybèle, surnommée l'aïeule des dieux, la "Grande Déesse phrygienne", la "Grande Mère" (Magna Mater) ou la "Mère des dieux". Celle-ci fait l'objet d'un culte orgiastique, avec mutilations rituelles, qui s'est répandu d'Asie Mineure jusqu'à Rome, où elle est officiellement accueillie sous sa forme de "Pierre Noire".


On représentait Cybèle sous les traits et avec la prestance d'une femme robuste. Elle portait une couronne de chêne, arbre qui avait nourri les premiers hommes. 


Ionie - Smyrne - Tétradrachme (190-133 av. J.-C.)
AVERS : Tête tourelée de Cybèle 
REVERS : monogramme dans une couronne de chêne.


 

 

 

Mythologie celtique,

 
 

Les Celtes révéraient Esus dans les chênes, la divinité suprême.

 
Un culte qui s'est perpétué en France jusqu'aux douzième et treizième siècles. (Grégoire).


Le chêne, par son tronc, par son feuillage touffu et par son propre symbolisme,  est considéré l'emblème de l'hospitalité et l'équivalent d'un temple par les Celtes. Le chêne est l’arbre des portes, permettant le passage entre différents mondes.

 

C’est l’arbre des oracles, l’arbre sacré de nombreuses traditions, l’arbre des portes, permettant le passage entre différents mondes.

 

Les druides, dont le nom se traduit par "homme de chêne", ont droit à la fois à la sagesse et à la force. 


Arbre jupitérien il est relié au pouvoir de la foudre. C’est l’arbre le plus sacré des Druides autour duquel s’effectuent rituels et cérémonies. C’est bien souvent d’ailleurs autour des plus vieux et illustres de ces arbres que s’organisaient les sanctuaires.

Ses fruits, les glands sont considérés comme étant aussi sacrés, symbole de la force latente, en puissance, de l’arbre.

Pour les druides le gui sur un chêne marquait l’arbre comme particulièrement sacré ; et la rareté de ce fait – car le gui ne croît pas sur les chênes en général – devait augmenter le caractère sacré et mystérieux de l’arbre. 

Druide - Andrei Chichkine

 


 

Mythologie Nordique

 

Le Géant Skymir


Skrymir est le Géant rencontré par Loki et Thor accompagnés de leurs serviteurs Thialfi et Roskva alors qu'ils traversaient une forêt à pied car un des boucs boitait.


Dans cette grande forêt aux arbres immenses, l'obscurité tomba rapidement et dans les ténèbres ils cherchèrent un abri pour passer la nuit ; ils découvrirent ce qui ressemblait à une vaste demeure où ils pourraient dormir. La porte d'entrée de la maison était aussi large que la maison elle-même. Mais ils étaient à l'abri du froid et ils s'endormirent jusqu'à ce que le sol tremble et les réveille. Effrayés, Thor et ses compagnons quittèrent leur refuge et trouvèrent en sortant une autre pièce plus étroite où ils se sentirent plus en sécurité, bien que tout au long de la nuit des sifflements et des grondements se fissent entendre et Thor préféra monter la garde.


A l'aube Thor, armé de son marteau, sortit du refuge et découvrit qu'ils avaient dormi dans un immense gant, puis dans le pouce du gant, et un Géant dormait et ronflait à proximité. Thor revêtit alors sa ceinture magique Megingiord, ce qui accroît immédiatement sa force, et s'apprêtait à frapper le géant mais, celui-ci se réveilla alors Thor préféra lui demander son nom. Le géant qui s'appelait Skrymir lui demanda qui avait pu avoir la force de déplacer son gant.


Les Ases se firent connaitre et le géant décida de les accompagner mettant même sur son dos le grand et lourd sac de victuailles. Ils marchèrent ensemble pendant toute une journée puis, en le soir venu, ils s'arrêtent sous un grand chêne où Skrymir s'étend pour dormir.


Malgré sa force, Thor ne peut ouvrir le sac à provisions et, en colère, il frappe violemment la tête de Skrymir avec son marteau, Mjöllnir. Le géant se réveilla et demanda simplement si une feuille du chêne était tombée sur sa tête. Thor le rassura et il se rendormit.


Au milieu de la nuit, Thor frappa à nouveau Skrymir avec son marteau qui s'enfonça profondément dans la tête du géant qui se réveilla et demanda cette fois si un gland du chêne lui était tombé dessus. Thor le tranquillisa et Skrymir se rendormit à nouveau.


Un peu avant le jour, Thor frappa une nouvelle fois de toutes ses forces le géant sur la tempe. Le marteau s'enfonça alors jusqu'au manche. Skrymir se redressa, il se gratta la tête et demanda s’il y avait des oiseaux dans cet arbre car il avait l'impression que des feuilles ou des brindilles lui étaient tombées sur le crane.


Le jour s’était levé et Skrymir préconisa aux voyageurs de reprendre la route car il y avait encore loin pour atteindre la forteresse d’Utgard.

"Je sais leur dit-il que vous êtes étonnés de voir combien je suis grand, mais à Utgard, il y a des hommes encore plus grands que moi. Oubliez votre arrogance car le seigneur du lieu, Útgarða-Loki, ne tolérera pas les vantardises de petits hommes comme vous et les habitants du Jotunheim ne supportent pas les gens arrogants. Le mieux serait de retourner d’où vous venez, et je vous le recommande. Mais si vous continuez vers l'est, vous arriverez bientôt à Utgard. Pour ma part je dois poursuivre vers les montagnes du nord."

Louis Huard - Skrymir géant et Thor


 

 

Mythologies lituanienne et lettonne, 

 


Perkūnas ou Pērkons est le dieu de la foudre, du tonnerre et de l'orage, des montagnes, du chêne et du ciel. Il combat les esprits nuisibles et est également un protecteur de la moralité qui persécute les injustices.


Perkūnas est représenté comme une divinité puissante à laquelle le Soleil, la Lune et tous les astres célestes doivent obéir. C'est une sorte de justicier suprême dont la colère est à craindre, car il peut abattre et scinder en deux un "chêne d'or" lorsqu'il se fâche.


Les chênes sont toujours considérés comme un arbre spécial.

Mikalojus Konstantinas Ciurlionis - Perkunas (Thor) - 1909


 

 

 

Il y a  56 miilions à 6 millions d'années

 


Les chênes se sont vite diversifiés pour aboutir dès l'Éocène aux deux sous-groupes de chênes actuels : Cerris et Quercus. Si l'extension du sous-genre Cerris est aujourd'hui exclusivement eurasiatique et nord-africaine, un fossile de gland datant de 48 Ma en Orégon prouve qu'il a aussi peuplé l’Amérique avant d'y disparaitre. La diversification des chênes s'est accélérée avec le début du refroidissement, qui a débuté il y a environ 52 Ma et a poussé les chênes à se déplacer vers le sud et ainsi à se différencier entre Amériques et Eurasie.

 

Le plus ancien fossile non équivoque de chêne (du pollen retrouvé près de Salzbourg) remonte à 56 millions d'années. Des restes fossiles de feuilles remontant à l’Oligocène, il y a environ 35 millions d’années, ressemblant fortement aux espèces actuelles, indiquent que de nouvelles espèces sont apparues à l’occasion de changements climatiques entre −34 et −23 millions d’années, la diversification infragénérique (les 8 sections) sont déjà établies au début de l'Oligocène.


Des fossiles datant de 6 millions d'années en été retrouvés en Ardèche

Quercus cerris (Miocène, Saint-Bauzile, Ardèche)



 

 

 

3000 ans avant J.C.

 


Les peuples primitifs d’Europe vivaient dans les bois de chênes, se servaient de branches de chêne pour alimenter leurs feux, de bois de chêne pour construire leurs maisons, leurs routes, leurs pirogues. Les glands formaient la nourriture de leurs porcs et, en partie, de la leur. Le chêne jouât un rôle important fût investi d’un caractère sacré.


Chez les Celtes de la Gaule, les druides n’estimaient rien de plus sacré que le gui ou le chêne sur lequel il poussait ; ils choisissaient des bosquets de chênes pour y célébrer leur service solennel, et n’accomplissaient aucun de leurs rites sans feuilles de chêne. 

druide - Andrei Chichkine

 

 

 

2000 av. J.C.

 

Dodone est un sanctuaire oraculaire dédié à Zeus et à la Déesse-Mère, révérée sous le nom de Dioné Naïa (la forme féminine du nom Zeus), en relation avec un chêne sacré.


Les prêtres et les prêtresses du bosquet sacré interprétaient le bruissement des feuilles de chêne sous le vent.

 


C’est le plus vieil oracle grec,

d'après Hérodote, remontant peut-être au IIe millénaire av. J.-C., 

Hérodote raconte livre II, § 52 - 54 à 58) 

"Les prêtresses des Dodonéens rapportent :


« deux colombes noires, s'étant envolées de Thèbes en Egypte, s'en allèrent l'une en Libye, l'autre à Dodone. Cette dernière, se posant sur un chêne, se mit à parler d'une voix humaine et à dire qu'il fallait fonder en ce lieu un oracle de Zeus ; les gens de Dodone pensèrent qu'ils recevaient là un ordre émanant des dieux et sur cet avis fondèrent l'oracle »

Ils racontent aussi que la colombe qui s’envola en Libye commanda aux Libyens d’établir l’oracle d’Ammon, qui est aussi un oracle de Jupiter. Voilà ce que me dirent les prêtresses des Dodonéens, dont la plus âgée s’appelait Preuménia ; celle d’après, Timarété ; et la plus jeune, Nicandra. Leur récit était confirmé par le témoignage du reste des Dodonéens, ministres du temple".


Philostrate Dodone


 

 

 

VIII° siècle av. J.C.

 

Hésiode (VIII° av. J.C.) poète grec 

Théogonie 

..." Mais à quoi bon tous ces mots autour 
du chêne ou du rocher ?"...

 

Pseudo-Hésiode :

Le Bouclier d'Héraclès 

..."Et (Kycnos) s’écroula, comme s’écroule un chêne ou une roche abrupte frappée par la foudre fumante de Zeus "...
 


Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) surnommé "le Poète" par les Anciens. Les deux premières œuvres de la littérature occidentale l’Iliade et l’Odyssée lui sont attribuées.

 

Dans l’Odyssée, 


Ulysse se rend à Dodone pour consulter l’oracle sur les moyens de retourner à Ithaque (Chant XIV, 327 ; chant XIX, 296-298) :

"Celui-ci me dit qu’Ulysse s’en était allé à Dodone pour écouter, dans la haute chevelure du chêne divin, les conseils de Zeus sur la manière de  revenir au gras pays d’Ithaque, dont il était depuis longtemps, déjà éloigné."


Ce sont donc les Selles qui, maintenant un contact rituel permanent avec la terre, interprétaient la parole de Zeus. Celle-ci leur parvenait de plusieurs manières : le bruissement des feuilles du Chêne sacré, le bruit causé par un ou plusieurs chaudrons de bronze (selon les époques, voir infra), et peut-être aussi le vol de colombes, si on interprète ainsi l'étymologie des péléiades (femmes sacrées de Zeus et de la Déesse-Mère).

Athéna révélant Ithaque à Ulysse, par Giuseppe Bottani (1717-1784).

 


 

 

Homère, aède grec

L'odyssée 


Ulysse


...Soudain, d’un coup de baguette, elle les métamorphose en cochons...


...Inquiet de ne pas voir revenir les éclaireurs, Ulysse s’enfonce à son tour dans l’île. Il s’approche du palais quand surgit devant lui un jeune homme portant une baguette d’or. C’est Hermès, le dieu rusé :

"Ne sais-tu pas qu’ici règne Circé la magicienne ? Pour garder les hommes auprès d’elle, elle les transforme en bêtes. Elle a changé tes compagnons en cochons et te changera à ton tour ! Moi seul peux te sauver. Prends cette herbe de vie qui te protègera contre les sortilèges de Circé.

Ulysse avale le contrepoison puis se rend au palais de la magicienne.

L’air de rien, il boit le breuvage que Circé lui sert dans une coupe d’or. Mais quand elle le frappe de sa baguette, au lieu de se transformer en cochon, Ulysse tire son épée et bondit sur la magicienne comme pour la tuer. Aussitôt, elle comprend :


- C’est donc toi Ulysse, celui dont Hermès m’avait annoncé la venue, toi dont il m’avait dit que tu résisterais à mes enchantements ... Reste dans mon palais et nous vivrons d’amour !

- Circé, comment oses-tu me parler d’amour alors que tu as changé mes compagnons en cochons !

Délivre-les d’abord et jure de ne plus faire usage de tes maléfices !

Circé jure par le serment des dieux. Puis, elle entraîne Ulysse dans la porcherie où il découvre avec stupeur ses compagnons : transformés en cochons, ils mangent des glands.

Circé enduit le corps de chacun d’une pommade magique : aussitôt, les cochons redeviennent des hommes.

Edmond Dulac - Circé et Ulysse (1910)

 

 

Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) 

 

l’Odyssée (XIX, 163),

 
..."Dis-moi ta race et ta patrie,
car tu n’es pas sorti du chêne légendaire ou de quelque rocher"...

 

Au chant XXII de l’Iliade,

on voit Hector se demander s’il affrontera ou non Achille :

..."Non, non, ce n’est pas l’heure de remonter au chêne et au rocher, et de deviser tendrement comme jeune homme et jeune fille — comme jeune homme et jeune fille tendrement devisent ensemble."... 

 

La guerre de Troie

Agénor put détourner l’attaque des Grecs et faire preuve d’une force héroïque grâce à l’encouragement d’Apollon qui lui apparût adossé à un chêne dans les gorges de l’Ida 

 


Iliade, XXI, 544-549

Hymnes homériques, 256-268

"Hymne à Aphrodite", 

..."Sitôt qu’il verra la lumière du soleil, ce fils aura pour nourrices des nymphes montagnardes à l’ample poitrine, celles qui habitent cette grande et divine montagne. Ces déesses, on ne les compte ni parmi les mortels ni parmi les êtres mortels, ni parmi les immortels : elles vivent longtemps goûtent à l’aliment divin et dansent gracieusement au chœur des Immortels. C’est à elles que les Silènes et le vigilant Argeiphontès s’unissent amoureusement au fond des grottes charmantes. En même temps qu’elles, il naît sur la terre nourricière d’hommes, des pins, des chênes à la haute tête, de beaux arbres qui grandissent sur les hautes montagnes : ils se dressent, immenses, et on les appelle les bois sacrés des Immortels"...
 


 


 

VI° siècle av. J.C.

 


Le temple de Jupiter Très Bon et Très Grand


dédié à la triade capitoline, ensemble de trois divinités formé par Jupiter, Junon et Minerve.  ('temple de Jupiter" ou "temple de Jupiter Capitolin")


Selon la tradition, le site avait été choisi parce qu'il était occupé par un chêne considéré comme sacré.


D'après Plutarque, Romulus avait en effet fait abattre un chêne, mais dans le but d'en faire un présentoir digne des spolia opima qu'il souhaite déposer dessus...


Ce sanctuaire du dieu souverain du panthéon romain intimement lié aux rituels de victoires à la guerre, les triomphes. La tradition de commémorer les victoires militaires sur le Capitole remonte selon la tradition littéraire à Romulus, qui y aurait fondé le temple de Jupiter Férétréen afin d'abriter les dépouilles opimes (spolia opima) prises sur Acron, roi de Caenina, et dédiées à Jupiter. 


Sa fondation semble dater du dernier quart du VIe siècle av J.-C., par le roi Tarquin l’Ancien. Les travaux se poursuivirent avec le roi Tarquin le Superbe, mais le temple fut semble t-il inauguré le 13 septembre 509 avant J.-C. par Marcus Horatius Pulvillus, un des premiers consuls républicains de Rome. Le temple fut presque totalement détruit par un incendie en 83 avant notre ère et avec lui les Livres sibyllins qui y étaient conservés.


Des cérémonies se déroulaient devant le temple, ainsi que les assemblées solennelles du Sénat. 


 

 

 

V° siècle av. J.C.

 

 

Eschyle (vers 525 av. J.-C.,-456 av. J.-C) le plus ancien des trois grands tragiques grecs.

Prométhée enchaîné, 830, 835

..."Et au haut du plateau de Dodone, où sont l’oracle et le siège de Zeus Thesprote et l’incroyable prodige des chênes parlants qui, clairement et sans énigme saluèrent en toi celle qui devait être l’illustre épouse de Zeus"...

 

 

Sophocle (495 av. J.C.-406 av. J.C.) un des trois grands dramaturges grecs 

"Trachiniennes", 1195-1199

..."Tu couperas une masse de bois prise dans la chênaie aux racines profondes"... 

 

 

Hérodote ( vers 480 av. J.C. - vers 425 av. J.C. ) historien et géographe grec. Il rapporte une tradition sur l’oracle de Dodone, qu'il avait déjà entendue à Thèbes en Égypte :

"Les prêtresses des Dodonéens rapportent qu’il s’envola de Thèbes en Égypte deux colombes noires ; que l’une alla en Libye, et l’autre chez eux ; que celle-ci, s’étant perchée sur un chêne, articula d’une voix humaine que les destins voulaient qu’on établît en cet endroit un oracle de Zeus ; que les Dodonéens, regardant cela comme un ordre des dieux, l’exécutèrent ensuite.

Ils racontent aussi que la colombe qui s’envola en Libye commanda aux Libyens d’établir l’oracle d'Ammon, qui est aussi un oracle de Jupiter. Voilà ce que me dirent les prêtresses des Dodonéens, dont la plus âgée s'appelait Preuménia ; celle d'après, Timarété ; et la plus jeune, Nicandra. Leur récit était confirmé par le témoignage du reste des Dodonéens, ministres du temple."

Noël Coypel (1628-1707) Hercule offrant un sacrifice à Jupiter

 


 

Socrate (vers 470/469 av. J.C. - 399 av. J.C.) philosophe grec

..."C’est que, selon le mot d’Homère, moi non plus je ne suis pas né d’un chêne ou d’un rocher, mais d’êtres humains"...

 

dans la République il demande à Glaucon :

..."Penses-tu que les régimes politiques sortent d’un chêne ou d’un rocher ?"...
 


 

IV° siècle av. J.C. - I° siècle av. J.C.

 


Ménandre (IV° siècle av. J.C.) auteur comique grec, disciple du philosophe Théophraste. 

Monostiques
"Quand le chêne est tombé, chacun se fait bûcheron."




Les consuls Domitius et Dolabella ayant établi un concours pour les poètes, le feuillage du chêne servit à tresser les couronnes décernées au capitole à ceux qui avaient mérité le prix.

 

 

La couronne civique (en latin : corona civica)

est une distinction accordée, dans l'Antiquité romaine, à celui qui a sauvé la vie d'un citoyen romain en tuant son agresseur. Elle se compose de feuilles de chêne.


Plusieurs empereurs romains, parmi lesquels Publius Aelius Hadrianus, dit Hadrien, (76-138) empereur romain, et Auguste, (Caius Octavius  63 av. J.-C. - 14 apr. J.-C) empereur romain sont représentés coiffés de la couronne civique. 


Dans la hiérarchie des récompenses militaires, elle occupe le deuxième rang, le premier étant dévolu à la couronne obsidionale.


Lucius Domitius Ahenobarbus (né en 98 av. J.-C., m. en 48 av. J.-C. à Pharsale) était un homme politique romain de la fin de la République.


Publius Cornelius Dolabella homme politique romain (III° siècle av. J.-C., consul en 283 av. J.-C.)


Auguste couronné de feuilles de chêne. Marbre, I° siècle ap. J.-C. - Musée du Louvre

 

 

 

Théocrite (v. 310 av. J.C. -v. 250 av. J.-C.), est un poète grec, auteur de mimes, d'idylles pastorales et de contes épiques.

"Thyrsis", Idylles, 105-107


..."Va-t-en où le bouvier, dit-on avec Cypris, sur l’Ida près d’Anchise où sont souchet et chênes, abeilles bourdonnent bellement près des ruches"...
 

 

Théophraste (v. 371 av. J.-C. - v. 288 av. J.-C.) philosophe de la Grèce antique,  botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

Recherche sur les plantes, 5, 7, 2

..."Alors que les autres parties sont faites de ces bois (le sapin, le pin noir et le cèdre) la quille est sur la trière en chêne pour qu’elle résiste aux halages. Sur les chalands elle est en pin mais on place dessous une doublure de chêne quand il s’agit de navires qu’on hale"...
 

 

Cnæus Gellius historien romain du II° siècle av. J.-C., auteur d'Annales retraçant l'histoire de Rome depuis les origines jusqu'à son époque, proposa au sénat d'en donner une à Cicéron, qui, en dévoilant la conjuration de Catilina, avait sauvé, non seulement un citoyen, mais la patrie...

 

 

Callimaque (vers 305 av. J.-C.- vers 240 av. J.-C.) poète grec,

"Hymne à Délos"

Hymnes, IV, 79-86


.."Ebranlé du coup, la nymphe du sol Mélia, quitta le chœur de ses compagnes, la pâleur envahit ses joues, quand elle vit trembler les arbres, chevelure de l’Hélicon, angoissée pour le chêne dont les jours sont les siens. Muses, ô mes déesses dites-le : est-ce véridique que les chênes soient nés au même jour que les nymphes ? Les nymphes sont en joie, quand l’eau du ciel fait grandir les chênes"...


 

Gaius Lucilius dit Lucilius (180 ou 148 av. J.-C.-102 ou 101 av. J.-C.) poète latin fondateur de la satire.

(XI, 253) :

..."Pour sûr tu sors du chêne légendaire ou du rocher,
toi qui danses comme un portrait vivant de Niobé"...

 

 

Pseudo-Apollodore, (II° siècle av. J.-C.).

La bibliothèque, I, 9, 16, 110J

..."Jason fit appel à Argos, fils de Phrixos, et celui-ci sur les instructions d’Athéna, construisit un navire à cinquante rames qui fut appelé Argo, du nom de son constructeur. A la proue, Athéna ajusta une pièce douée de parole, venant du chêne de Dodone"...
 

 


Zonas de Sardes (I° siècle av. J.C.)  poète grec 

(IX, 312), 

..."Garde-toi de couper la mère des glands, garde-t’en bien ; … tiens ta hache loin des chênes, car les ancêtres nous ont dit que les chênes sont nos premières mères"...
 

 

 

Cicéron (106 av. J.-C.- 43 av. J.-C. homme d'État romain, avocat,  philosophe, rhéteur et écrivain latin.

 

Des lois, I, 1, 1

..."Mais le bois sacré et le chêne des gens d’Arpinum ; je les reconnais pour les avoir vus tant de fois dans Marius. Si le chêne subsiste, c’est sûrement celui-ci car il est bien ancien"...


Des lois, I, 1, 2

..."Et il y a en bien des endroits beaucoup d’autres choses qui, grâce à la tradition, subsistent plus longtemps que leur nature ne leur aurait permis de durer. Ainsi le fameux chêne "couvert de glands" d’où jadis pris son vol le fauve messager de Jupiter à l’aspect merveilleux admettons que ce soit encore celui que voici. Mais quand les saisons et l’âge l’auront achevé, il y aura quand même en cet endroit un chêne que l’on appellera le chêne de Marius"...
 

 

Plutarque (vers 46- vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique.

"Vie de Coriolan", 3, 4, 214f

..."En outre le chêne est, parmi les arbres sauvages, le plus fertile et parmi les arbres cultivés, le plus vigoureux. Enfin les hommes ont tiré du chêne des glands pour se nourrir et, pour boire, de l’hydromel ; cet arbre leur a permis aussi d’attraper pour les manger la plupart des oiseaux, en leur fournissant comme instrument de chasse la glu"... 
 



 

Horace (en latin Quintus Horatius Flaccus 65 av. J.C. - 8 av. J.C.)  poète latin 

Odes, I, III, 9-10

Au vaisseau qui portait Virgile

Cette ode se compose du vers glyçonique et de l'asclépiade.

..."Il avait autour du coeur une cuirasse de chêne et un triple airain, celui qui, le premier, confia aux flots irrités une barque fragile, et ne craignit point le vent impétueux d'Afrique, luttant contre l'Aquilon, ni les funestes Hyades, ni la rage du Notus, le maître le plus puissant de l'Adriatique, dont il soulève ou calme à son gré les ondes"... 

 

Ovide (Publius Ovidius Naso, 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.), poète latin.


extraits des chants X et XI des Métamorphoses 

 

l'histoire d'Orphée

Une colline s’élevait, et sur cette colline, le sol, mollement aplani, nourrissait une herbe verte et touffue : mais l’ombre manquait en ces lieux. Sitôt que, se reposant à cette place, le chantre fils des immortels toucha les cordes sonores, l’ombre y vint d’elle-même. Soudain parurent et l’arbre de Chaonie , et les Héliades du bocage, et le chêne au feuillage superbe, et le gracieux tilleul, et le hêtre, et le laurier virginal. 
On vit paraître en même temps le coudrier fragile et le frêne guerrier, et le sapin sans nœuds, et l’yeuse courbée sous le poids de ses glands, et le platane ami de la joie, et l’érable aux nuances variées, et le saule des fleuves, et le lotus des eaux, et le buis toujours vert, et les bruyères timides, et les myrtes à deux couleurs, et le tinus aux baies d’azur.


- L’arbre de Chaonie : variété de chêne.
- chantre : Orphée

Savery Roelandt (1576-1639) - Paysage avec Orphée charmant les animaux

 

 

 

Virgile (70 av. J.-C. - 19 av. J.-C),  poète latin contemporain 


Les cent derniers vers de la Quatrième Géorgique,

placent dans la bouche du devin Protée le récit de la descente aux Enfers d’Orphée ; dans une perspective élégiaque, la douleur du héros est fréquemment mise en exergue :

Septem illum totos perhibent ex ordine mensis

rupe sub aeria deserti ad Strymonis undam

fleuisse et gelidis haec euoluisse sub antris

mulcentem tigris et agentem carmine quercus.

 

"Pendant sept mois entiers, dit-on, 

au pied d’une roche aérienne, sur les bords du Strymon désert, 

il pleura et raconta ses malheurs au fond des antres glacés, 

charmant les tigres et entraînant les chênes avec son chant."

 

 

Livre II : Les arbres et la vigne

Géorgiques - 2,9-37

...Les arbres naissent spontanément ou se reproduisent de diverses manières, que les cultivateurs doivent apprendre...


Mais d'autres naissent d'une semence qui s'est posée à terre, comme les hauts châtaigniers, comme le rouvre, géant des forêts, qui offre ses frondaisons à Jupiter, et comme les chênes qui, au dire des Grecs, rendent des oracles....

 


Préceptes généraux d’arboriculture -  2,47-258

Amélioration des espèces par procédés appropriés, et en particulier par la greffe - 2,47-82


...C'est de surgeons que naissent les durs coudriers, et le frêne énorme, et l'arbre ombreux dont Hercule se tressa une couronne, et le chêne à glands du Père Chaonien;... 

 

Martin van den Bogaert dit Martin Desjardins (1637-1694) sculpteur français d'origine néerlandaise.
Hercule couronné par la Gloire - Marbre, 1671, - Louvre
(Couronne de feuilles de chêne)



 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 

 

Strabon (v. 60 av. J.C. - 20 ap. J.-C. , géographe et historien grec 

Géographie, VII, 7, 10, 1-5

..."D’après Ephore, la fondation de cet oracle remonte aux Pélasges les plus anciens, des peuples qui aient été, dit-on, les maîtres de la Grèce. Le poète s’exprime ainsi :

"Zeus tout puissant, dieu de Dodone et des Pélasges" 

et Hésiode : 
"Il s’en vint à Dodone auprès du chêne antique, demeure sacré des Pélasges"...

 


Pline l’Ancien (en latin Caius Plinius Secundus  23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).


L'Histoire naturelle (Historia Naturalis), 


livre 16


...Dans les mêmes régions septentrionales, la forêt Hercynienne, aux chênes énormes, respectés par le temps et contemporains de l'origine du monde, est, par cette condition presque immortelle, la plus surprenante des merveilles. Sans parler de singularités qu'on ne croirait pas, il est certain que la rencontre des racines qui vont au-devant les unes des autres soulève des collines, ou, si la terre ne les accompagne pas, elles s'élèvent jusqu'aux branches, rivalisent à qui montera le plus haut, et forment des arcades assez larges pour laisser passer des escadrons. (III.) Ces arbres sont particulièrement de l'espèce du chêne à gland, qui est le plus honoré chez les Romains.

 

III. (IV.)

C'est le chêne qui fournit les couronnes civiques, la plus illustre décoration du courage militaire, et depuis longtemps l'emblème de la clémence impériale, alors que, au milieu de l'impiété des guerres civiles, on a commencé à regarder comme une belle action de ne pas tuer un citoyen...

 
...Auguste donna la couronne rostrale a Agrippa ; lui reçut du genre humain la couronne civique.

 

V. 
...La couronne civique fut d'abord faite avec l'yeuse, puis on préféra employer l'esculus consacré à Jupiter, et parfois le quercus (quercus robur, L.); enfin on a employé indifféremment le chêne qui se rencontrait, à la condition toutefois que la branche portât de beaux glands.

...On fit, à ce sujet, des lois étroites, hautaines, et rendant notre couronne civique comparable à cette couronne suprême de la Grèce qui est donnée en présence de Jupiter même, et pour laquelle la ville natale du vainqueur, pleine d'allégresse, fait une trouée à ses murailles... Quand on a reçu cette couronne, on peut la porter constamment.

...Siccius Dentatus reçut quatorze couronnes civiques, comme nous l'ayons rapporté en son lieu (VII, 29) ; Manlius Capitolinus, six (VII, 29), et dans ce nombre une pour avoir sauvé son général Servilius...

 

VI. (V.) 
Il est certain que de nos jours encore les glands sont une richesse pour plusieurs nations, même en temps de paix. Les céréales venant à manquer, on sèche les glands, on les moud, et on en pétrit la farine en forme de pain. Aujourd'hui même, en Espagne, le gland (quercus ballota, L.) figure au second service. II est plus doux cuit sous la cendre. D'après la loi des Doute Tables on est autorisé à recueillir le gland qui est tombé sur le fonds d'autrui. Les chênes comptent de nombreuses espèce. Ils diffèrent par le fruit, la localité, le sexe, le goût... 

Quelques-uns sont sauvages, d'autres ont des fruits plus doux, et viennent dans les lieux cultivés. Les chênes des montagnes diffèrent de ceux des plaines; les mâles diffèrent des femelles; et le goût y introduit de nouvelles différences. Les glands les plus doux sont ceux du hêtre : d'après le récit de Cornélius Alexander. Ils suffirent pour soutenir les assiégés dans la ville de Chios. Les espèces ne peuvent se distinguer par les noms, qui varient suivant les localités. Nous voyons en tous lieux le rouvre (quercus sessiliflora, Smith) et le quercus (quercus robur, L.). Il n'en est pas de même pour l'esculus (quercus esculus, L). La quatrième espèce, que l'on nomme cerrus (quercus cerris, L.) est même ignorée de la plus grande partie de l'Italie. Nous les distinguerons donc par leurs caractères naturels, et, quand il le faudra, même par leurs noms grecs.

 

VIII. 
Le gland proprement dit vient sur le rouvre, sur le quercus, I'esculus, le cerrus, l'yeuse (quercus ilex, L.), le liège (quercus suber, L.). Il est renfermé dans une cupule rugueuse, embrassant le fruit plus ou moins, suivant les espèces. Les feuilles, excepté celles de l'yeuse, sont pesantes, charnues, longues, découpées sur les bords, et au moment ou elles tombent elles ne sont pas jaunes comme celles du hêtre; elles sont plus courtes ou plus longues, suivant les variétés des espèces. Il y a deux espèces d'yeuses (quecus ilex, L.) : l'une d'elles, qui existe en Italie, ne diffère pas beaucoup de l'olivier par la feuille; quelques Grecs la nomment smilax; les provinces la nomment aquifolia. Le gland de ces deux espèces d'yeuses est plus court et plus grêle que celui des autres chênes; Homère le nomme acylos (Odyssée, X, 223), et par ce nom il le distingue du gland.

On prétend que les yeuses mâles ne portent pas de fruits. Le gland le meilleur et le plus gros vient sur le quercus ; celui de l'esculus occupe le second rang; celui du rouvre est petit ; celui du cernus est d'un vilain aspect, et la cupule en est hérissée comme la châtaigne. Parmi les glands du quercus, celui du quercus femelle est plus mou et plus tendre, celui du quecus mâle est plus compacte. On estime surtout le gland du quercus dit latifolia, à cause de ses larges feuilles. Les glands différent entre eux par leur grosseur et par la finesse de l'enveloppe; ils différent encore parce que les uns ont en dessous une peau raboteuse et couleur de rouille, tandis que les autres offrent immédiatement une chair blanche.
On estime aussi le gland dont les deux extrémités, suivant la longueur, ont la dureté de la pierre. Le gland qui présente cette particularité dans l'écorce est meilleur que celui qui la présente dans la chair. Ces deux variétés ne se trouvent que sur le chêne mâle. En outre, les uns sont ovales, les autres ronds ; d'autres ont une forme plus aiguë. La couleur diffère aussi, foncée ou claire; on préfère cette dernière. Les bouts sont amers, le milieu doux. La brièveté ou la longueur des pédicules est encore une différence.
Quant aux arbres eux-mêmes, celui qui porte les glands les plus gros se nomme hemeris (quercus pubescens) ; (IV.) il est petit, à touffe arrondie, et souvent excavé dans l'aisselle des branches. Le quercus a un bois plus fort et moins attaquable ; il est touffu aussi, mais il s'élève plus haut, et le tronc en est plus gros. Toutefois, le plus élevé est l'aegilops (quercus aegilops, L.), ami des lieux incultes. Le plus élevé ensuite est le chêne à larges feuilles (quercus sessiliflora, Sibth.), mais le bois en est moins utile pour les constructions et pour faire le charbon; travaillé, il est sujet à se gâter; aussi l'emploie-t-on sans le charpenter... 

 Le plus mauvais pour la carbonisation et pour la charpente est le chêne dit haliplaeos (quercus suber, L.), qui a l'écorce la plus épaisse et le tronc le plus gros, mais dont le bois est presque toujours creux et spongieux. C'est la seule espèce de chêne qui pourrisse même sur pied. De plus, il est souvent frappé par la foudre, bien qu'il n'atteigne pas à une très grande hauteur: aussi n'est-il pas permis d'en employer le bois pour les sacrifices. Il porte rarement des glands, et quand il en a, ces glands sont amers. Aucun animal n'y touche, excepté les cochons, et encore n'en veulent-ils que quand ils n 'ont rien autre à manger. Ce qui fait encore qu'on l'exclut des actes religieux, c'est qu'il s'éteint pendant le sacrifice. La faîne donne de la gaieté au cochon, rend sa chair cuisante, légère et bonne à l'estomac; le gland de l'yeuse rend le porc efflanqué, luisant, chétif et lourd. Le gland du quercus le rend gras; c'est aussi le plus pesant et le plus doux des glands. D'après Nigidius, le second rang appartient au gland du cerrus; aucun gland ne rend la chair plus ferme, mals elle est dure. Cet auteur dit que le gland de l'yeuse fait mal aux cochons, à moins qu'on ne le donne en petites quantités à la fois; qu'il tombe le dernier, que la chair devient fongueuse par le gland de l'esculus, du rouvre et du liège.

 

IX.
Tous les arbres glandifères produisent aussi la noix de galle.... Celle du chêne à large feuille y ressemble, mais elle est plus lisse et beaucoup moins estimée ; cet arbre porte aussi une noix de galle noire. Il y a, en effet, deux espèces de noix de galle (XXIV, 5); la noire est la meilleure pour la teinture. (VII.) La noix de galle naît le soleil quittant le signe des Gémaux; toujours elle sort tout entière en une seule nuit.

La noix de galle blanche croît aussi en un jour : sl la chaleur la surprend, elle se desséche aussitôt, et n'arrive pas à ses dimensions régulières, qui sont celles d'une fève. La noix de galle noire reste plus longtemps verte, et croît au point d'atteindre parfois la grosseur d'une pomme. Celle de la Commagène est la meilleure ; la plus mauvaise est celle du rouvre ; on la reconnaît à des trous qui laissent passer la lumière.

 

X. 
Le rouvre, outre le gland, donne encore plusieurs autres produits : les deux espèces de noix de galle, et une production qui ressemble à une mûre, si ce n'est qu'elle est sèche et dure : la plupart du temps elle a l'aspect d'une tête de taureau ; elle renferme un fruit semblable au noyau de l'olive. Il naît encore sur le rouvre de petites boules ressemblant assez à des noix, et contenant à l'intérieur des flocons mous, propres à être employés dans les lampes ; car ils brûlent même sans huile, comme la galle noire. Il porte aussi une autre petite boule, chevelue, sans aucun orage, mais qui cependant au printemps et un suc mielleux.

Dans les aisselles des branches on trouve de petites boules non pédiculées, mais sessiles, ayant le point d'attache blanc, du reste bigarrées de noir; dans le milieu, elles ont une couleur écarlate ; l'intérieur est vide, et a un goût amer. Quelquefois le rouvre produit aussi des pierres ponces, de petites boules formées par des feuilles roulées, et, sur une feuille rougeâtre, des noyaux aqueux, blanchâtres, transparents, tant qu'ils sont mous, dans lesquels il se forme des insectes ; ils mûrissent à la façon des noix de galle.

 

XI. (VIII.)
Le rouvre porte aussi le cachrys: on donne ce nom à une petite boule employée en médecine à cause de ses propriétés caustiques. ...; il survit à la duite des feuilles, et dure tout l'hiver. Il contient un noyau semblable aux pignons ; ce noyau croît pendant l'hiver ; au printemps, la boule tout entière s'ouvre ; elle tombe quand les feuilles ont commencé à croître. Telle est la multiplicité des produits que les rouvres donnent en outre des glands.

...Les rouvres produisent aussi le gui, et, au dire d'Hésiode (Op., 230), un miel. Il est certain que les rosées célestes, tombant, comme nous l'avons dit (XI, 12 ), du haut du ciel, se déposent de préférence sur les feuilles de cet arbre. Il est certain encore que le rouvre, bûlé, donne une cendre nitreuse.

 

XII. 
L'yeuse (quercus coccifera) défie toutes ces productions par la seule écarlate. C'est un grain semblant d'abord une gale de l'arbre, qui est la petite yeuse aquifolia (XVI, 8) ; on le nomme cuscullum. En Espagne, les pauvres acquittent une moitié du tribut avec cette denrée. Nous avons, à propos de la pourpre (IX, 62), indiqué le moyen de l'employer avec le plus de succès. II vient aussi dans la Galatie, l'Afrique, la Pisidie, la Cilicie; le plus mauvais est celui de Sardaigne.

 

XIII. 
Le liège est un arbre très petit; le gland en est très mauvais et très peu abondant; l'écorce seule est de produit; elle est très épaisse; enlevée, elle revient; on en a vu même des planches de dix pieds. On l'emploie surtout pour les câbles des ancres des navires, pour les filets des pêcheurs, et pour fermer les vases; en outre, elle entre dans la chaussure d'hiver des femmes. Les Grecs nomment assez plaisamment ce végétal l'arbre de l'écorce. Quelques-uns le nomment yeuse femelle; et dans les pays où l'yeuse ne vient pas on y substitue le liège, surtout pour la charpenterie, par exemple aux environs d'Élis et de Lacédémone. On ne le trouve pas dans toute l'Italie; on ne le trouve pas du tout dans la Gaule.

 

 

 

Pline l'Ancien (23 apr. J.-C.- 79), écrivain et naturaliste romain, lui, nous a transmis dans son Histoire naturelle la description d'un rite religieux druidique :


livre 16 


Histoire naturelle, 


..."Je ne dois pas passer sous silence une coutume singulière usitée dans les Gaules ; les druides (c’est ainsi qu’ils appellent leurs prêtres) n’ont rien de plus sacré que le gui, et l’arbre sur lequel il croît, surtout si c’est un chêne. Ils choisissent, pour leur habitation, des forêts de chêne et ne font aucun sacrifice, sans avoir des feuilles de cet arbre. C’est ce qui fait qu’on les appelle druides d’un mot grec qui signifie chêne. Toutes les fois qu’il naît quelque chose sur cet arbre, ils le regardent comme envoyé du ciel et comme une marque qu’il est choisi par Dieu même. Or, il est assez rare de trouver du gui sur le chêne. Ainsi, quand ils en trouvent ils le cueillent avec de grandes cérémonies religieuses et le tout se fait le sixième de la lune ; car c’est cet astre qui règle le commencement de leurs mois et de leurs années ; il règle aussi leur siècle de 30 ans" ...


..."Ce qui les détermine à agir ainsi, c’est qu’alors la lune est assez forte, sans être dans le premier quartier ; ils appellent le gui dans leur langue le remède à tout. Pour cette cérémonie, ils préparent le sacrifice et le festin sous l’arbre même ; ensuite ils y conduisent deux taureaux blancs qui sont accouplés pour la première fois ; le prêtre, revêtu d’une robe blanche, monte sur l’arbre et coupe le gui avec une faucille d’or ; on le reçoit dans une nappe blanche. Ils terminent le sacrifice en adressant des prières à Dieu, pour qu’il sanctifie le don qu’il vient de leur faire, et le rende utile à ceux auxquels ils en donneront. Ils pensent qu’en le faisant prendre en breuvage à un animal stérile ils le rendent fécond, et que c’est un remède spécifique contre toute sorte de poisons : tant sont superstitieuses les religions de plusieurs peuples"...

 

 

 

37-38 ap. J.C.

Sesterce de Caligula avec la couronne de feuilles de chêne et glands

et l'inscription "Ob Cives servatos"

Caligula (12-41 Caius Julius Caesar Augustus Germanicus) troisième empereur romain.

 

 

 

Lucain (39-65 en latin Marcus Annaeus Lucanus), poète latin dont la seule œuvre conservée, La Pharsale, est une épopée sur la guerre civile ayant opposé Jules César à Pompée entre 49 et 48 av. J.-C.


La Pharsale, livre I, 

sur Pompée
traduction par Marmontel :

Tel, au milieu d’une fertile campagne, un chêne superbe, chargé des dépouilles des peuples et des trophées des guerriers. 

Il ne tient à la terre que par de faibles racines ; son poids seul l’y attache encore. 

Il n’étend plus dans les airs que des branches dépouillées, c’est de son bois, 
non de son feuillage, qu’il couvre les lieux d’alentour. 

Mais quoiqu’il chancelle, prêt à tomber sous le premier effort des vents, 
quoiqu’il s’élève autour de lui des forêts d’arbres robustes, 
c’est lui seul qu’on révère. 

 

Pharsale III, 399-452

La Guerre civile, 
Traduction de : A. Bourgery, 1926, Paris, Les Belles Lettres

Il y avait un bois sacré, qui, depuis un âge très reculé, n'avait jamais été profané, il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil. Il n'est point occupé par les Pans, habitants des campagnes, les Sylvains maîtres des forêts ou les Nymphes, mais par des sanctuaires de dieux aux rites barbares; des autels sont dressés sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifiés par le sang humain. S'il faut en croire l'antiquité admiratrice des êtres célestes, les oiseaux craignent de se percher sur les branches de ce bois et les bêtes sauvages de coucher dans les repaires; le vent ne s'abat pas sur les futaies, ni la foudre qui jaillit des sombres nuages. Ces arbres qui ne présentent leur feuillage à aucune brise inspirent une horreur toute particulière.

Une eau abondante tombe des noires fontaines; les mornes statues de dieux sont sans art et se dressent, informes, sur des troncs coupés. La moisissure même et la pâleur qui apparaît sur les arbres pourris frappent de stupeur; ce que l'on craint ainsi, ce ne sont pas les divinités dont une tradition sacrée a vulgarisé les traits; tant ajoute aux terreurs de ne pas connaître les dieux qu'on doit redouter! Déjà la renommée rapportait que les tremblements de terre faisaient mugir le fond des cavernes, que des ifs courbés se redressaient, que les bois, sans brûler, brillaient de la lueur des incendies, que des dragons, enlaçant les troncs, rampaient çà et là. Les peuples n'en approchent pas pour rendre leur culte sur place, ils l'ont cédé aux dieux. Que Phébus soit au milieu de sa course ou qu'une nuit sombre occupe le ciel, le prêtre lui-même en redoute l'accès et craint de surprendre le maître de ce bois.

Cette forêt, César ordonne d'y porter le fer et de l'abattre. Car, voisine des travaux et intacte de la guerre précédente, elle se tenait très épaisse au milieu des monts dénudés. Mais les mains tremblèrent aux plus braves; vaincus par la majesté redoutable du lieu, ils craignaient, s'ils frappaient les troncs sacrés, que les haches ne revinssent sur leurs propres membres. Quand César vit les cohortes paralysées et clouées sur place, il osa le premier saisir une hache, la brandir et fendre du fer un chêne perdu dans les nues, puis il déclara, quand le tranchant se fut enfoncé dans le tronc violé: " Maintenant, pour que personne de vous n'hésite à renverser la forêt, croyez que c'est moi qui ai fait un sacrilège. " Alors toute la troupe obéit aux ordres, non qu'elle eût banni la crainte et recouvré la tranquillité, mais elle avait mis en balance la colère des dieux et celle de César.

Les ormes tombent, on abat le fût noueux de l'yeuse et le cyprès qui atteste des deuils non plébéiens. Alors pour la première fois, ils dépouillèrent leur chevelure et sans feuillage, ils laissèrent pénétrer le jour; malgré la poussée, les troncs se soutinrent dans leur chute. Les peuples gaulois gémirent à cette vue, mais les guerriers assiégés exultent. Qui pourrait pense, en effet, qu'on offense les dieux impunément? Mais la fortune sauve plus d'un coupable et les dieux ne savent s'irriter que contre les malheureux. Quand il y eut assez de bois coupé, on l'emporte sur des chariots trouvés dans les champs et les laboureurs, voyant les boeufs enlevés à la charrue recourbée, pleurèrent l'année perdue par l'abandon du sol.


 

 

 

Pline montre aussi l’omniprésence du feuillage de chêne dans les rites gaulois. Elle trouve une attestation remarquable dans le décor de l’autel des Trois Gaules (relevé ci-contre), édifice bâti au Confluent, sur le site de Lyon, vers 15-12 av. J.-C., alors que l’empereur Auguste se chargeait d’organiser l’administration et la défense des provinces gauloises, conquises par son père adoptif César une génération plus tôt.

L’autel, construit à l’instigation des aristocrates de toute la Gaule,

 

 

Pseudo-Sénèque (4 av. J.-C. - 1 apr. J.-C., -65 apr. J.-C.), philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et  homme d'État romain du I° siècle. 

Hercule sur l’Oeta, 1472-1475

..."C’est bien, c’en est fait, mes destins se déploient ; ce jour est mon dernier jour ; le chêne, voix du destin, m’avait déjà assigné ce sort ainsi que le bois du Parnasse ébranlant de ses mugissements le temple de Cirrha"...
 


 


Flavius Josèphe (Yossef ben Matityahou HaCohen -37/38-vers 100), historiographe romain juif d'origine judéenne .


Il relate qu’Abraham vivait près du chêne d’Ogygès, un endroit proche de la ville des Hébronites (dans la mythologie grecque, Ogygès est le premier roi de Béotie et d’Attique, et le fondateur de Thèbes. Les Béotiens voyaient en lui le créateur de l’humanité. Les auteurs anciens plaçaient sous son règne un déluge antérieur au Déluge du Deucalion).


Antiquités Judaïques, Chapitre X, 4.)

Hébron (AJ 1, 186-197, à propos de Gen. 18, 1), 

..." Abram habitait près du chêne appelé Ogygès, – c’est un endroit de la Chananée, non loin de la ville des Hébroniens -. 
Affligé de la stérilité de sa femme, il supplie Dieu de lui accorder la naissance d’un enfant mâle. Dieu l’engage à se rassurer ; c’est pour son bonheur en toute chose qu’il lui a fait quitter la Mésopotamie et, de plus, des enfants lui viendront. Sarra, sur l’ordre de Dieu, lui donne alors pour concubine une de ses servantes, nommée Agar(é), de race égyptienne, afin qu’il en ait des enfants. Devenue enceinte, cette servante osa prendre des airs d’insolence envers Sarra, faisant la reine parce que le pouvoir devait être attribué au rejeton qui naîtrait d’elle. 

Abram l’ayant remise à Sarra pour la châtier, elle résolut de s’enfuir, incapable d’endurer ses humiliations et pria Dieu de la prendre en pitié. Tandis qu’elle va à travers le désert, un envoyé divin vient à sa rencontre, l’exhorte à retourner chez ses maîtres sa condition sera meilleure, Si elle fait preuve de sagesse, car présentement, c’était son ingratitude et sa présomption à l’égard de sa maîtresse qui l’avaient conduite à ces malheurs. 

Si elle désobéissait à Dieu en poursuivant son chemin, elle périrait ; mais si elle rebroussait chemin, elle deviendrait mère d’un enfant, futur roi de ce pays. Ces raisons la convainquent, elle rentre chez ses maîtres, et obtient son pardon ; elle met au monde, peu après, Ismaël(os) : ce nom peut se rendre exaucé par Dieu, à cause de la faveur avec laquelle Dieu avait écouté sa prière."...

Tableau ancien d'Hébron

 

 

V° siècle

 

Proclus (Proclus de Lycie) ou Proclos (412-485) surnommé "le Diadoque", philosophe néoplatonicien 


Commentaire au Timée, 37 e – 38 a. 


Géants et Typhon,

...La Terre, irritée du malheur des Titans, eut d’Uranus les Géants, d’une force et d’une taille au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer. Leur vue était effrayante ; ils avaient de longues barbes et de longs cheveux, les jambes couvertes d’écaillés de serpent ; ils demeuraient, suivant les uns, dans les campagnes de Phlégre, et, suivant d’autres, à Pallène. Ils lançaient contre le Ciel des rochers et des chênes enflammés...
 

 

 

Palladas (fin du IV° siècle et le début du V° siècle ap. J.-C.)  poète grec antique


Epigrammes de l’Anthologie palatine 

 (X, 55) :

..."Si tu te vantes de ne pas obéir aux ordres de ta femme, tu dis des sottises ;
car tu ne sors pas d’un chêne ou d’une pierre, comme on dit"...


 

VIII° siècle 

 

723 ou 724.

Chêne de Thor


Selon Willibald d'Eichstätt, (parfois francisé en Guillebaud), moine anglo-saxon (v. 700- v.787).

Premier évêque d'Eichstätt, en Bavière, l’abattage de l’arbre, ordonné par Boniface, se produit lors du VIII° siècle, dans un endroit connu sous le nom de Gaesmere, localisé en Hesse. 

Selon l'hagiographie chrétienne, au VIII° siècle, le missionnaire Boniface de Mayence (né en Angleterre) s'est rendu en ce qui est aujourd'hui l'Allemagne. Frustré par les convertis qui continuaient selon les rites païens à offrir des sacrifices devant un chêne géant, appelé chêne de Donar (ou chêne de Thor), il prit sa hache et abattit l'arbre monstrueux d'un  seul coup puissant. Lorsque l(arbre tomba, un magnifique sapin jaillit de son centre.

Le bois du chêne aurait ensuite été utilisé pour construire une église sur le site dédié à saint Pierre.

Le chêne de Thor, également appelé chêne de Donar ou encore chêne de Jupiter, est un arbre sacré, vénéré par les peuples germaniques des Chattes, installés autour de ce qui est aujourd’hui la région de Hesse, en Allemagne. 

 

 

XII° siècle


Dans les Annales d'Ulster, 

(chroniques de l'histoire médiévale irlandaise couvrant la période allant de 431  à 1540) .

 
Il est dit :
la mort des chênes en 1146 et 1178 fut un grand malheur. 

 

 

 

1164

Simon Stock est né dans le Kent vers 1164. 

Peu de choses sont connues sur le début de sa vie. 

La légende veut que son nom "Stock", qui signifie "tronc d'arbre", découle du fait que, dès l'âge de douze ans, il ait vécu comme un ermite dans le tronc d'un chêne creux. D'après certaines sources, son nom d'origine serait Jean Stock (Simon Stock étant son nouveau nom pris lors de son entrée dans l'ordre).

D'après une tradition, il aurait été un prédicateur itinérant jusqu'à son entrée au Carmel.

Il a été un des premiers Généraux de l'ordre, et il est resté l'un des plus célèbres. Sa grande notoriété vient d'une vision qu'il aurait eue de la Vierge Marie lui remettant le scapulaire. Vénéré comme bienheureux, il est fêté le 16 mai ou localement le 17 juillet.

Johann Ulrich Loth  (1599–1662) Apparition de Marie

 

 

XIII° siècle 

 

​​​​​​​
 

Bestiaire médiéval du moyen âge

Des paysans conduisant les porcs à la glandée, 

Bibliothèque Nationale de France


 

 

 

XIV° siècle

 


1305

Saint Louis rendant la justice sous son chêne à Vincennes


Mémoires de Jean, sire de Joinville, ou Histoire et chronique du très chrétien roi Saint-Louis.


La célèbre scène est due au noble champenois Jean de Joinville, compagnon de croisade de Louis IX, à qui la reine de France demanda en 1305 d'écrire des Mémoires chargés d'évoquer le souvenir du roi saint. 


Il rapporte ceci :

"...Maintes fois, il lui arriva, en été, d’aller s’asseoir au bois de Vincennes après avoir entendu la messe ; il s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui ; et tous ceux qui avaient un différend venaient lui parler sans qu’aucun huissier, ni personne y mît obstacle. Et alors il leur demandait de sa propre bouche : 

- " y a-t-il ici quelqu’un qui ait un litige ?"


Ceux qui avaient un litige se levaient, et alors il disait : 

- "Taisez-vous tous, et on vous expédiera l’un après l’autre. "
Il appelait alors Monseigneur Perron de Fontain eet Monseigneur Geoffroi de Vilette et disait à l’un d’eux : 

- "Réglez-moi cette affaire."
Et quand il voyait quelque chose à corriger dans les paroles de ceux qui parlaient pour lui, ou dans les paroles de ceux qui parlaient pour autrui, il les corrigeait lui-même de sa bouche.


Je le vis quelquefois, en été, venir pour expédier ses gens, dans le jardin de Paris, vêtu d’une cotte de camelot, d’un surcot, de tiretaine sans manches, un manteau de soie noire autour du cou, très bien peigné, sans coiffe  un chapeau de paon blanc sur la tête. Il faisait étendre des tapis pour nous asseoir autour de lui ; et tous les gens qui avaient affaire par-devant lui l’entouraient, debout ; alors il les faisait expédier, de la manière que je viens de vous dire pour le bois de Vincennes.

Saint Louis rendant la justice (sous un chêne) - Église Saint-Corneille-les-Essarts-le-Roi


 

 

Livre de Taliesin


Cad Goddeu ou le combat des arbres

est un poème gallois médiéval conservé dans le manuscrit du XIVe siècle connu sous le nom de Livre de Taliesin. 


Le poème fait référence à une histoire traditionnelle dans laquelle le légendaire enchanteur Gwydion anime les arbres de la forêt pour combattre comme son armée. 


Le poème est particulièrement remarquable pour son symbolisme frappant et énigmatique .


...Le chêne est rapide :

devant lui tremblent le ciel et la terre.

C’est un vaillant portier devant l’ennemi.

Son nom est un soutien.

...

Le sommet du chêne nous a ensorcelés

par l’incantation de Maelderw

riant le long du rocher...

Oracle par Maxine Miller


 

 

 

Bestiaire
Glandée pour porcs. .(1310-1320)

Psaultier de la Reine Marie (Isabelle de France) 

Royal MS 2 B VII 81v Calendrier Novembre 

 

 

 

Bibliothèque nationale de France, París

illustration du Tacuinum sanitatis

f. 25v, Truffes

Cueillette de la truffe noire au XIVe siècle, sous les chênes


 


 

XV° - XVI° siècle

 

 

Les Très Riches Heures du duc de Berry 

livre d'heures commandé par le duc Jean Ier de Berry 

Jean Colombe vers 1430-vers 1493) 

peintre miniature français et enlumineur de manuscrits. 

Musée Condé

 


 

Le Livre des simples médecines 

Texte en français transmis par plus de 25 manuscrits enluminés médiévaux 


Livre des simples médecines.

Chêne à galles et gallitricum. BnF, Français 19081, f.95.


 

Livre des simples médecines.

Chêne à galles. BnF, Français 9137, f.162.


 

Livre des simples médecines.

Chêne à galles. BnF, Nouvelle Acquisition Français 6593, f.107.

 

 

John Lyly (Lilly ou Lylie) (v. 1553-1606) écrivain et dramaturge anglais, devenu favori de la Cour. 

..."C'est par petit coups répétés qu'on renverse les chênes les plus grands"...

 


1581

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) poète français.

Les Mimes, enseignements et proverbes (1581)


..."Si d'un vent elle entend quelque sifflante haleine,

Par le feuillage épais des chênes se ployant,

Qu'il lui semble écouter les soupirs de ma peine"...

 

 

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) poète français.

... " D’un petit gland sourd naît un grand chêne'...

 


1586

Pierre de Ronsard (1524-1585) poète français 

Sonnets pour Hélène, Pièces posthumes 

..."Vous, chênes, héritiers du silence des bois,- Entendez les soupirs de ma dernière voix"...

Claude Monet - Forêt de Fontainebleau


 


 

XVII° siècle

 


1613


La statuette de Notre-Dame honorée à Gray aurait été taillée en 1613 dans un morceau du fameux chêne de Montaigu, dans le Brabant.

Lors de l'abattage de ce chêne, auquel avait été suspendue une statuette miraculeuse de la Vierge, nombreux furent ceux qui cherchèrent à obtenir un morceau de ce bois. Parmi eux, une habitante de Salins-les-Bains, Jeanne Bonnet, parvint à se procurer une parcelle du chêne grâce à l'entremise d'un membre de la cour des Archiducs, à Bruxelles.

De retour dans la Comté, après un premier épisode miraculeux (le morceau de bois, jeté dans le feu par les hôtes d'une auberge dans laquelle Jeanne Bonnet avait fait une halte sur le chemin du retour, ne fut pas altéré par les flammes), elle demanda au sculpteur Jean Brange (de Saint-Claude ou de Salins-les-Bains, selon les sources : un Claude Brange, imagier, est signalé à Saint-Claude en 1655) de tailler dans ce morceau de bois une réplique de la Vierge de Montaigu. La statuette fut bénie le 4 avril par l'archevêque de Besançon, Mgr Ferdinand de Rye, puis offerte à Rose de Beauffremont, épouse du gouverneur de Gray Jérôme d'Achey.

Après avoir été exposée dans leur chapelle privée, la statuette fut donnée en 1616 au gardien du couvent des Capucins de Gray, Gabriel d'Apremont, qui fit alors construire une chapelle en son honneur (1617). Les premiers miracles survinrent en 1620.

 

Miracles :

Les premiers miracles ont eu lieu alors que la statuette était déposée à la chapelle des Capucins de Gray.

Le premier miracle, survenu le 17 février 1620, concerne le fils d'un soldat en garnison à Gray, Mathieu Voisin, guéri devant la table de communion où était déposée la statuette. Un mois plus tard, Jeanne Girard retrouva la parole qu'elle avait perdue dans un accident.

La veille de la Saint-Barthélemy 1622, la statuette, portée sur le lieu d'un incendie rue du pont de Saône à Gray, fit cesser le sinistre.

En 1689, une religieuse Ursuline, soeur Pierrette Beatrix Hugon, aurait été guérie de manière spectaculaire, après contact avec la statuette. L'archevêque de Besançon dressa un procès verbal de ce miracle, institua une procession générale le 5 septembre suivant et fit apposer une plaque commémorant le miracle à l'entrée de la chapelle.

En 1634, le témoignage d'un Jésuite, le R. P. Poiré, dans son ouvrage « La triple couronne de la Sainte-Vierge » rapporte qu'il y avait déjà plus de deux mille cinq cents miracles consignés (cf. Villerey, Essai historique...., p. 33).

De nombreux miracles ont été enregistrés également pour le XVIIIe siècle. On conserve encore actuellement dans la basilique Notre-Dame de Gray six volumes reliés renfermant les procès-verbaux de plus de deux mille miracles enregistrés entre 1620 et 1789.

 

 

1668

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. 


 

Le chêne et le roseau

 

Le Chêne un jour dit au Roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du Soleil,

Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir.

Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La nature envers vous me semble bien injuste.

— Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots

Du bout de l'horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au Ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.

Georges Fraipont (1873-1912) le chêne et le roseau

 

 

Jean de La Fontaine (1621 -1695) - poète français

Fables de La Fontaine

Sujet tiré des Métamorphoses d’Ovide.

À Monseigneur le duc de Vendôme


Philémon Et Baucis

 

..."Le corps n’est tantôt plus que feuillage et que bois.

D’étonnement la Troupe, ainsi qu’eux perd la voix ;

Même instant, même sort à leur fin les entraîne ;

Baucis devient Tilleul, Philémon devient Chêne"...


 

 

 

XVII° siècle

 


1613


La statuette de Notre-Dame honorée à Gray aurait été taillée en 1613 dans un morceau du fameux chêne de Montaigu, dans le Brabant.

Lors de l'abattage de ce chêne, auquel avait été suspendue une statuette miraculeuse de la Vierge, nombreux furent ceux qui cherchèrent à obtenir un morceau de ce bois. Parmi eux, une habitante de Salins-les-Bains, Jeanne Bonnet, parvint à se procurer une parcelle du chêne grâce à l'entremise d'un membre de la cour des Archiducs, à Bruxelles.

De retour dans la Comté, après un premier épisode miraculeux (le morceau de bois, jeté dans le feu par les hôtes d'une auberge dans laquelle Jeanne Bonnet avait fait une halte sur le chemin du retour, ne fut pas altéré par les flammes), elle demanda au sculpteur Jean Brange (de Saint-Claude ou de Salins-les-Bains, selon les sources : un Claude Brange, imagier, est signalé à Saint-Claude en 1655) de tailler dans ce morceau de bois une réplique de la Vierge de Montaigu. La statuette fut bénie le 4 avril par l'archevêque de Besançon, Mgr Ferdinand de Rye, puis offerte à Rose de Beauffremont, épouse du gouverneur de Gray Jérôme d'Achey. Après avoir été exposée dans leur chapelle privée, la statuette fut donnée en 1616 au gardien du couvent des Capucins de Gray, Gabriel d'Apremont, qui fit alors construire une chapelle en son honneur (1617). Les premiers miracles survinrent en 1620.

 

Miracles :

Les premiers miracles ont eu lieu alors que la statuette était déposée à la chapelle des Capucins de Gray. Le premier miracle, survenu le 17 février 1620, concerne le fils d'un soldat en garnison à Gray, Mathieu Voisin, guéri devant la table de communion où était déposée la statuette. Un mois plus tard, Jeanne Girard retrouva la parole qu'elle avait perdue dans un accident. La veille de la Saint-Barthélemy 1622, la statuette, portée sur le lieu d'un incendie rue du pont de Saône à Gray, fit cesser le sinistre. En 1689, une religieuse Ursuline, soeur Pierrette Beatrix Hugon, aurait été guérie de manière spectaculaire, après contact avec la statuette. L'archevêque de Besançon dressa un procès verbal de ce miracle, institua une procession générale le 5 septembre suivant et fit apposer une plaque commémorant le miracle à l'entrée de la chapelle. En 1634, le témoignage d'un Jésuite, le R. P. Poiré, dans son ouvrage « La triple couronne de la Sainte-Vierge » rapporte qu'il y avait déjà plus de deux mille cinq cents miracles consignés (cf. Villerey, Essai historique...., p. 33). De nombreux miracles ont été enregistrés également pour le XVIIIe siècle. On conserve encore actuellement dans la basilique Notre-Dame de Gray six volumes reliés renfermant les procès-verbaux de plus de deux mille miracles enregistrés entre 1620 et 1789.

 

 

 

Philippe de Buyster (1595-1688) sculpteur flamand naturalisé français

Statue Nymphe tenant une couronne de chêne

1664-1666

Statue représentant une femme posant sur la jambe gauche. Elle a la tête baissée vers l’épaule gauche et ceinte d’une couronne de fleurs. Elle est vêtue d’une ample draperie, attachée par une ceinture sous la poitrine et une autre sur la taille, laissant son épaule gauche, ses avant-bras et l’extrémité de ses pieds découverts. Elle tient de la main droite, dont le bras est fléchi, une couronne et, de la gauche, dont le bras est baissé, un pan de sa draperie.


 

Louis Lerambert (1620-1670) peintre sculpteur français

Statue Hamadryade ou danseuse

1664-1665

Statue représentant une femme couronnée de feuilles de chêne et vêtue, à l’exception des jambes, d’une partie des cuisses et des bras. Elle pose sur la jambe gauche, qui est appuyée contre un tronc de chêne, et la jambe droite fléchie. Son corps et sa tête sont penchés vers l’avant, dans l’action de danser. Elle est chaussée de sandales hautes faites en chêne et tient dans ses mains des pans de son vêtement, maintenu à la taille par une branche de chêne.


 


 

XVIII° siècle

 


1727

 

André Dacier (1651 - 1722) est un homme de lettres français, philologue et traducteur du tournant des XVII° et XVIII° siècles.


Monsieur Dacier, garde des livres du cabinet du roi

Oeuvres d'Horace


Tome premier

..."Monsieur Le Fèvre a fort bien vû que par robu, Horace entend un chêne, et qu'il fait allusion à cette superstition des Anciens, qui croyoient que les premiers hommes étoient nez de chênes, ou plûtôt des Nymphes qui se nourrissoient avec eux, et que de là on appeloit Melies. Nous avons sur cela un passage de Callimaque, dont je me contenterai de donner la traduction ; Dites-moi Muses, mes Déesses, s'il est vrai que les chênes soient nez avec les Nymphes. Car nous voyons que les Nymphes se réjouissent, lorsque la pluye fait fleurir les chênes, et qu'au contraire elles s'affligent lorsqu'ils n'ont plus de feuilles"...

Edouard Manet nymphe des bois

 

 

 

1727

Martin, Jacques (1684-1751) 

Par R. P. Dominicain religieux bénédictin de la congrégation de S. Maur. 

Ouvrage enrichi de figures en taille-douce. Tome premier 

La religion des Gaulois, tirée des plus pures sources de l'antiquité. Tome 1 
César associe ou partage Esus et Jupiter :


..."Les premières traces qu'on trouve de cette association ou partage, sont les bas reliefs de la Cathédrale de Paris : on y voit d'abord Jupiter et Esus l'un de l'autre ; peut-être les aurait-on fait "synthrones", si l'espace l'avait permis.

La dédicace est bien faite à Jupiter,  mais la cérémonie du Gui de chêne, qui avait toujours appartenu à Esus et dont il est fait mention dans la face, qui a pour inscription "Senani veilo", fait voir non seulement que les gaulois ne l'en excluaient pas  ; mais encore que ce n'était qu'à la faveur d'Esus, que Jupiter recevait tant d'honneur. 

Aussi trouve t'on dans Maxime de Tyr, qui ne vivait qu'environ cent ans après Tibère, Esus déjà transformé en Jupiter, et honoré des gaulois dans un grand Chêne. L'auteur de la vie de Saint Boniface Archevêque de Mayance, confirme ce que dit Maxime de Tyr ; car il remarque que le meilleur avis, que purent donner au Saint Martyr, ceux qui souhaitaient de bonne foi, la conversion des peuples, auxquels il annonçait l'évangile, fut de lui conseiller de faire couper un chêne d'une grandeur énorme, où l'on se rendait de toutes parts pour faire voeux et offrir des sacrifices à Jupiter : ce qui faisait qualifier cet arbre de CHENE-JOVIS, ou de Chêne de Jovis, Robur-Jovis.

Saint Hyacinthe de l'Ordre de Saint Dominique, en le  servant du même moyen, mit fin à une semblable superstition, qui se pratiquait encore en son temps dans les pays de sa mission.

Saint Boniface abat un arbre de superstition servant d'idole aux Goths de Hesse le chêne de Thor (ou du Tonnerre)


 


 

Antoine Rivaroli, dit de Rivarol, ou simplement Rivarol (1753-1801) écrivain, journaliste, essayiste et pamphlétaire disciple de Voltaire. 


..."Un homme devient grand, et tout à coup beaucoup de gens se font lierre, parce qu'il s'est fait chêne"...
 

 

1792


Le chêne : Floréal 21 avril 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'" ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Floréal

(20/21 avril – 19/20 mai)

21 avril - Le Soleil entre au signe du Taureau


Sitôt que FLORE en sa magnificence, 
Promet dans Ses présens des trésors aux Humains 
On aime à voir la candeur l'innocence
Que la Jeune Beauté couronne de Ses mains


 


 

XIX° siècle


 

1825


Stéphanie Félicité du Crest  comtesse de Genlis, marquise de Sillery (1746-1830) romancière, dramaturge, mémorialiste et pédagogue française.


Mémoires

..."Lorsque le temps dessèche un chêne, on dit qu'il se couronne ; quand il commence à décolorer une rose, on dit qu'elle est flétrie"...

 

 

 

Jules Pierre Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.


..."Peu avant sa mort, on lui dit : Mon cher Maître, vous êtes solide comme un chêne. Il répondit : Pour le tronc, ça va ; c'est le gland qui m'inquiète !"...
 

 

Alfred Victor de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.


La dryade

 

Idylle dans le goût de Théocrite


...
Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?

Jadis il s’anima de paroles divines ;

Mais par les noirs hivers le chêne fut vaincu.


...

 

Bathylle.

 

Dryade du vieux chêne, écoute mes aveux !

Les vierges, le matin, dénouant leurs cheveux,

Quand du brûlant amour la saison est prochaine,

T’adorent ; je t’adore, ô dryade du chêne !
...

Ici, je vis rouler la coupe aux flancs d’argile ;

Le chêne ému tremblait, la flûte de Bathylle

Brilla d’un feu divin ; la dryade un moment,

Joyeuse, fit entendre un long frémissement,

Doux comme les échos dont la voix incertaine

Murmure la chanson d’une flûte lointaine.

...


 

 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français 

 


A un grand arbre

 


L'esprit calme des dieux habite dans les plantes.

Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;

Dans son corps large et sain la sève coule en paix,

Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

 

A la croupe du mont tu sièges comme un roi ;

Sur ce trône abrité, je t'aime et je t'envie ;

Je voudrais échanger ton être avec ma vie,

Et me dresser tranquille et sage comme toi.

 

Le vent n'effleure pas le sol où tu m'accueilles ;

L'orage y descendrait sans pouvoir t'ébranler ;

Sur tes plus hauts rameaux, que seuls on voit trembler,

Comme une eau lente, à peine il fait gémir tes feuilles.

 

L'aube, un instant, les touche avec son doigt vermeil ;

Sur tes obscurs réseaux semant sa lueur blanche,

La lune aux pieds d'argent descend de branche en branche,

Et midi baigne en plein ton front dans le soleil.

 

L'éternelle Cybèle embrasse tes pieds fermes ;

Les secrets de son sein, tu les sens, tu les vois ;

Au commun réservoir en silence tu bois,

Enlacé dans ces flancs où dorment tous les germes.

 

Salut, toi qu'en naissant l'homme aurait adoré !

Notre âge, qui se rue aux luttes convulsives,

Te voyant immobile, a douté que tu vives,

Et ne reconnaît plus en toi d'hôte sacré,

 

Ah ! moi, je sens qu'une âme est là sous ton écorce :

Tu n'as pas nos transports et nos désirs de feu,

Mais tu rêves, profond et serein comme un dieu ;

Ton immobilité repose sur ta force.

 

Salut ! Un charme agit et s'échange entre nous.

Arbre, je suis peu fier de l'humaine nature ;

Un esprit revêtu d'écorce et de verdure

Me semble aussi puissant que le nôtre et plus doux.

 

Verse à flots sur mon front ton ombre qui m'apaise ;

Puisse mon sang dormir et mon corps s'affaisser ;

Que j'existe un moment sans vouloir ni penser :

La volonté me trouble, et la raison me pèse.

 

Je souffre du désir, orage intérieur ;

Mais tu ne connais, toi, ni l'espoir, ni le doute,

Et tu n'as su jamais ce que le plaisir coûte ;

Tu ne l'achètes pas au prix de la douleur.

 

Quand un beau jour commence et quand le mal fait trêve,

Les promesses du ciel ne valent pas l'oubli ;

Dieu même ne peut rien sur le temps accompli ;

Nul songe n'est si doux qu'un long sommeil sans rêve.

 

Le chêne a le repos, l'homme a la liberté...

Que ne puis-je en ce lieu prendre avec toi racines !

Obéir, sans penser, à des forces divines,

C'est être dieu soi-même, et c'est ta volupté.

 

Verse, ah ! verse dans moi tes fraîcheurs printanières,

Les bruits mélodieux des essaims et des nids,

Et le frissonnement des songes infinis ;

Pour ta sérénité je t'aime entre nos frères.

 

Si j'avais, comme toi, tout un mont pour soutien,

Si mes deux pieds trempaient dans la source des choses,

Si l'Aurore humectait mes cheveux de ses roses.

Si mon coeur recélait toute la paix du tien ;

 

Si j'étais un grand chêne avec ta sève pure,

Pour tous, ainsi que toi, bon, riche, hospitalier,

J'abriterais l'abeille et l'oiseau familier

Qui, sur ton front touffu, répandent le murmure ;

 

Mes feuilles verseraient l'oubli sacré du mal ;

Le sommeil, à mes pieds, monterait de la mousse ;

Et là viendraient tous ceux que la cité repousse

Ecouter ce silence où parle l'idéal.

 

Nourri par la nature, au destin résignée,

Des esprits qu'elle aspire et qui la font rêver,

Sans trembler devant lui, comme sans le braver,

Du bûcheron divin j'attendrais la cognée.

Rousseau - Le grand chêne, vers 1840, Victoria and Albert Museum.

 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français



La mort d'un chêne


I

Quand l'homme te frappa de sa lâche cognée,

Ô roi qu'hier le mont portait avec orgueil,

Mon âme, au premier coup, retentit indignée,

Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

 

Un murmure éclata sous ses ombres paisibles ;

J'entendis des sanglots et des bruits menaçants ;

Je vis errer des bois les hôtes invisibles,

Pour te défendre, hélas ! contre l'homme impuissants.

 

Tout un peuple effrayé partit de ton feuillage,

Et mille oiseaux chanteurs, troublés dans leurs amours,

Planèrent sur ton front comme un pâle nuage,

Perçant de cris aigus tes gémissements sourds.

 

Le flot triste hésita dans l'urne des fontaines ;

Le haut du mont trembla sous les pins chancelants,

Et l'aquilon roula dans les gorges lointaines

L'écho des grands soupirs arrachés à tes flancs.

 

Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre,

Un arpent tout entier sur le sol paternel ;

Et quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre

Eut un rugissement terrible et solennel :

 

Car Cybèle t'aimait, toi l'aîné de ses chênes,

Comme un premier enfant que sa mère a nourri ;

Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines,

Et son front se levait pour te faire un abri.

 

Elle entoura tes pieds d'un long tapis de mousse,

Où toujours en avril elle faisait germer

Pervenche et violette à l'odeur fraîche et douce,

Pour qu'on choisît ton ombre et qu'on y vînt aimer.

 

Toi, sur elle épanchant cette ombre et tes murmures,

Oh ! tu lui payais bien ton tribut filial !

Et chaque automne à flots versait tes feuilles mûres,

Comme un manteau d'hiver, sur le coteau natal.

 

La terre s'enivrait de ta large harmonie ;

Pour parler dans la brise, elle a créé les bois :

Quand elle veut gémir d'une plainte infinie,

Des chênes et des pins elle emprunte la voix.

 

Cybèle t'amenait une immense famille ;

Chaque branche portait son nid ou son essaim :

Abeille, oiseaux, reptile, insecte qui fourmille,

Tous avaient la pâture et l'abri dans ton sein.

 

Ta chute a dispersé tout ce peuple sonore ;

Mille êtres avec toi tombent anéantis ;

À ta place, dans l'air, seuls voltigent encore

Quelques pauvres oiseaux qui cherchent leurs petits.

 

Tes rameaux ont broyé des troncs déjà robustes ;

Autour de toi la mort a fauché largement.

Tu gis sur un monceau de chênes et d'arbustes ;

J'ai vu tes verts cheveux pâlir en un moment.

 

Et ton éternité pourtant me semblait sûre !

a terre te gardait des jours multipliés...

La sève afflue encor par l'horrible blessure

Qui dessécha le tronc séparé de ses pieds.

 

Oh ! ne prodigue plus la sève à ces racines,

Ne verse pas ton sang sur ce fils expiré,

Mère ! garde-le tout pour les plantes voisines :

Le chêne ne boit plus ce breuvage sacré.

 

Dis adieu, pauvre chêne, au printemps qui t'enivre :

Hier, il t'a paré de feuillages nouveaux ;

Tu ne sentiras plus ce bonheur de revivre :

Adieu, les nids d'amour qui peuplaient tes rameaux !

 

Adieu, les noirs essaims bourdonnant sur tes branches,

Le frisson de la feuille aux caresses du vent,

Adieu, les frais tapis de mousse et de pervenches

Où le bruit des baisers t'a réjoui souvent !

 

Ô chêne ! je comprends ta puissante agonie !

Dans sa paix, dans sa force, il est dur de mourir ;

À voir crouler ta tête, au printemps rajeunie,

Je devine, ô géant ! ce que tu dois souffrir.

 

Ainsi jusqu'à ses pieds l'homme t'a fait descendre ;

Son fer a dépecé les rameaux et le tronc ;

Cet être harmonieux sera fumée et cendre,

Et la terre et le vent se le partageront !

 

Mais n'est-il rien de toi qui subsiste et qui dure ?

Où s'en vont ces esprits d'écorce recouverts ?

Et n'est-il de vivant que l'immense nature,

Une au fond, mais s'ornant de mille aspects divers ?

 

Quel qu'il soit, cependant, ma voix bénit ton être

Pour le divin repos qu'à tes pieds j'ai goûté.

Dans un jeune univers, si tu dois y renaître,

Puisses-tu retrouver la force et la beauté !

 

Car j'ai pour les forêts des amours fraternelles ;

Poète vêtu d'ombre, et dans la paix rêvant,

Je vis avec lenteur, triste et calme, et, comme elles,

Je porte haut ma tête, et chante au moindre vent.

 

Je crois le bien au fond de tout ce que j'ignore ;

J'espère malgré tout, mais nul bonheur humain :

Comme un chêne immobile, en mon repos sonore,

J'attends le jour de Dieu qui nous luira demain.

 

En moi de la forêt le calme s'insinue ;

De ses arbres sacrés, dans l'ombre enseveli,

J'apprends la patience aux hommes inconnue,

Et mon coeur apaisé vit d'espoir et d'oubli.

 

Mais l'homme fait la guerre aux forêts pacifiques ;

L'ombrage sur les monts recule chaque jour ;

Rien ne nous restera des asiles mystiques

Où l'âme va cueillir la pensée et l'amour.

 

Prends ton vol, ô mon coeur ! la terre n'a plus d'ombres

Et les oiseaux du ciel, les rêves infinis,

Les blanches visions qui cherchent les lieux sombres,

Bientôt n'auront plus d'arbre où déposer leurs nids.

 

La terre se dépouille et perd ses sanctuaires ;

On chasse des vallons ses hôtes merveilleux.

Les dieux aimaient des bois les temples séculaires,

La hache a fait tomber les chênes et les dieux.

 

Plus d'autels, plus d'ombrage et de paix abritée,

Plus de rites sacrés sous les grands dômes verts !

Nous léguons à nos fils la terre dévastée ;

Car nos pères nous ont légué des cieux déserts.

 

II

Ainsi tu gémissais, poète, ami des chênes,

Toi qui gardes encor le culte des vieux jours.

Tu vois l'homme altéré sans ombre et sans fontaines ;

Va ! l'antique Cybèle enfantera toujours !

 

Lève-toi ! c'est assez pleurer sur ce qui tombe ;

La lyre doit savoir prédire et consoler ;

Quand l'esprit te conduit sur le bord d'une tombe,

De vie et d'avenir c'est pour nous y parler.

 

Crains-tu de voir tarir la sève universelle,

Parce qu'un chêne est mort et qu'il était géant ?

Ô poète ! âme ardente en qui l'amour ruisselle,

Organe de la vie, as-tu peur du néant ?

 

Va ! l'oeil qui nous réchauffe a plus d'un jour à luire ;

Le grand semeur a bien des graines à semer.

La nature n'est pas lasse encor de produire :

Car, ton coeur le sait bien, Dieu n'est pas las d'aimer.

 

Tandis que tu gémis sur cet arbre en ruines,

Mille germes là-bas, déposés en secret,

Sous le regard de Dieu, veillent dans ces collines,

Tout prêts à s'élancer en vivante forêt.

 

Nos fils pourront aimer et rêver sous leurs dômes ;

Le poète adorer la nature et chanter :

Dans l'ombreux labyrinthe où tu vois des fantômes,

Un idéal plus pur viendra les visiter.

 

Croissez sur nos débris, croissez, forêts nouvelles !

Sur vos jeunes bourgeons nous verserons nos pleurs ;

D'avance je vous vois, plus fortes et plus belles,

Faire un plus doux ombrage à des hôtes meilleurs.

 

Vous n'abriterez plus de sanglants sacrifices ;

L'âge emporte les dieux ennemis de la paix.

Aux chants, aux jeux sacrés, vos séjours sont propices ;

Votre mousse aux loisirs offre des lits épais.

 

Ne penche plus ton front sur les choses qui meurent ;

Tourne au levant tes yeux, ton coeur à l'avenir.

Les arbres sont tombés, mais les germes demeurent ;

Tends sur ceux qui naîtront tes bras pour les bénir.

 

Poète aux longs regards, vois les races futures,

Vois ces bois merveilleux à l'horizon éclos ;

Dans ton sein prophétique écoute les murmures ,

Écoute ! au lieu d'un bruit de fer et de sanglots,

 

Sur des coteaux baignés par des clartés sereines,

Où des peuples joyeux semblent se reposer,

Sous les chênes émus, les hêtres et les frênes,

On dirait qu'on entend un immense baiser.


 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français

 

Le bucheron

 

I

Le chêne aux flancs noueux dans l’herbe est couché mort,

Il pose sa cognée et s’accoude au long manche ;

Il se courbe, en soufflant, le pied sur une branche ;

Son morceau de pain noir est gagné pour demain ;

Et, s’essuyant le front du revers de la main :

 

"Triste et rude métier que de porter la hache !

À ce labeur de mort quel dieu m’a condamné ?

Sur tes plus beaux enfants j’ai frappé sans relâche,

Et je t’aime pourtant, forêt où je suis né !

 

"Ton ombre est mon pays ; j’y vieillis ; je sais l’âge

Des grands chênes épars sur les coteaux voisins.

Jamais je ne dormis dans les murs d’un village ;

Je ne cueillis jamais le blé ni les raisins.

 

"Ma mère me berça dans la mousse et l’écorce ;

J’ai, dans un nid pareil, vu dormir mes enfants ;

Et, comme moi jadis, fiers de leur jeune force,

Ils grimpaient, tout petits, sur l’arbre que je fends.

 

"J’ai compté de beaux jours, hélas ! et des jours sombres

Que savent tous ces bois, complices ou témoins ;

J’ai connu d’autres maux que la faim sous leurs ombres ;

Dans un corps endurci l’âme ne vit pas moins.

 

"Je la sens s’agiter sous le joug qui m’enchaîne ;

Et l’arbre, gémissant de mes coups assidus,

Parle au noir bûcheron qui fend le cœur du chêne

Comme aux pales rêveurs sur la mousse étendus.

 

"J’eus chez vous mon printemps, mes songes, mes chimères,

Arbres qui modérez le soleil et le vent !

J’ai versé sur vos pieds des larmes bien amères,

Mais pour moi votre miel a coulé bien souvent.

 

"J’entends parfois de loin monter la voix des villes,

Elle m’arrive en bruits douloureux et discords ;

J’aime mieux écouter ces feuillages mobiles

D’où pleut un frais sommeil sur l’âme et sur le corps.


"D’ailleurs, la voix qui siffle en traversant l’érable,

Le son calme et plaintif qui s’exhale du pin,

Ont un écho dans moi, profond, vague, ineffable

Dont j’écoute en tous lieux le murmure sans fin.

 

"Si j’ai vos bras noueux, vos cheveux longs et rudes,

J’ai mes chansons aussi, mes bruits graves et doux,

Et sur mon front ridé le vent des solitudes,

O chênes fraternels, frémit comme sur vous !

 

"En ennemi, pourtant, sur ces monts que j’outrage,

La hache en main, frappant tous mes hôtes chéris,

Liés en vifs faisceaux pour un sordide usage,

Des rameaux et des troncs j’entasse les débris.

 

"Aussi mon àme est triste et j’ai le regard sombre ;

Destructeur des forêts, je me suis odieux ;

J’ai déjà dépouillé cent arpents de leur ombre ;

J’ai fait place aux humains ; pardonnez-moi, grands dieux !

 

"Mais c’est la pauvreté qui par moi vous profane,

Saints temples des forêts, arbres que j’aime en vain !

Pour mes fils affamés dans ma pauvre cabane,

Chaque arbre, hélas ! qui tombe est un morceau de pain.

 

"La pauvreté ! c’est elle avec qui ce fer lutte ;

Elle fait taire en moi ces choses que j’entends ;

C’est elle qui renverse, en pleurant sur sa chute,

Pour les besoins d’un jour, le chêne de cent ans.

 

"Heureux ! — si le bonheur visite un riche même,

Loin de cette ombre antique où parle un dieu caché, —

 

Heureux le laboureur, heureux celui qui sème

Et reçut des aïeux son champ tout défriché !

 

« Il ne récolte pas son pain du sacrilège ;

Tranquille en son labeur, ignorant mes combats,

Il n’a jamais sapé le toit qui le protège,

Ces vieilles amitiés qu’en frémissant j’abats.

 

"Adieu les troncs divins qu’un peuple immense habite,

Les abeilles et l’homme et les oiseaux du ciel,

Tours que le vent balance et dont le flanc palpite

Ruisselant de fraîcheur, d’harmonie et de miel !

 

"Il en reste un… marqué du sceau fatal du maître,

Mon plus cher souvenir… à frapper quelque jour.

Mon vieil hôte, du bois l’ornement et l’ancêtre

À lui de s’écrouler… Puis ce sera mon tour !"

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français

L'expiation


Sur ce géant, grandeur jusqu'alors épargnée,

Le malheur, bûcheron sinistre, était monté ;

Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,

Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,

Il regardait tomber autour de lui ses branches.

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


Puisqu'ici-bas toute âme


...Puisqu'avril donne aux chênes

Un bruit charmant ;

Que la nuit donne aux peines

L'oubli dormant ;...

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


A quoi songeaient les deux cavaliers ...


...Les fontaines chantaient. Que disaient les fontaines ?

Les chênes murmuraient. Que murmuraient les chênes ?

Les buissons chuchotaient comme d'anciens amis....
 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


Aux proscrits


En plantant le chêne des Etats-Unis d'Europe

Dans le jardin de Hauteville House

Le 14 juillet 1870


I

Semons ce qui demeure, ô passants que nous sommes !

Le sort est un abîme, et ses flots sont amers,

Au bord du noir destin, frères, semons des hommes,

Et des chênes au bord des mers !

 

Nous sommes envoyés, bannis, sur ce calvaire,

Pour être vus de loin, d'en bas, par nos vainqueurs,

Et pour faire germer par l'exemple sévère

Des coeurs semblables à nos coeurs.

 

Et nous avons aussi le devoir, ô nature,

D'allumer des clartés sous ton fauve sourcil,

Et de mettre à ces rocs la grande signature

De l'avenir et de l'exil.

 

Sachez que nous pouvons faire sortir de terre

Le chêne triomphal que l'univers attend,

Et faire frissonner dans son feuillage austère

L'idée au sourire éclatant.

 

La matière aime et veut que notre appel l'émeuve ;

Le globe est sous l'esprit, et le grand verbe humain

Enseigne l'être, et l'onde, et la sève, et le fleuve,

Qui lui demandent leur chemin.

 

L'homme, quand il commande aux flots de le connaître,

Aux mers de l'écouter dans le bruit qu'elles font,

A la terre d'ouvrir son flanc, aux temps de naître,

Est un mage immense et profond.

 

Ayons foi dans ce germe ! Amis, il nous ressemble.

Il sera grand et fort, puisqu'il est faible et nu.

Nous sommes ses pareils, bannis, nous en qui tremble

Tout un vaste monde inconnu !

 

Nous fûmes secoués d'un arbre formidable,

Un soir d'hiver, à l'heure où le monde est puni,

Nous fûmes secoués, frères, dans l'insondable,

Dans l'ouragan, dans l'infini.

 

Chacun de nous contient le chêne République ;

Chacun de nous contient le chêne Vérité ;

L'oreille qui, pieuse, à nos malheurs s'applique,

T'entend sourdre en nous, Liberté !

 

Tu nous jettes au vent, Dieu qui par nous commences !

C'est bien. Nous disperser, ô Dieu, c'est nous bénir !

Nous sommes la poignée obscure des semences

Du sombre champ de l'avenir.

 

Et nous y germerons, n'en doutez pas, mes frères,

Comme en ce sable, au bord des flots prompts à s'enfler,

Croîtra, parmi les flux et les reflux contraires,

Ce gland, sur qui Dieu va souffler !

 

II

O nature, il s'agit de faire un arbre énorme,

Mouvant comme aujourd'hui, puissant comme demain,

Figurant par sa feuille et sa taille et sa forme

La croissance du genre humain !

 

Il s'agit de construire un chêne aux bras sans nombre,

Un grand chêne qui puise avec son tronc noueux

De la nuit dans la terre et qui force cette ombre

A s'épanouir dans les cieux !

 

Il s'agit de bâtir cette oeuvre collective

D'un chêne altier, auguste, et par tous conspiré,

L'homme y mettant son souffle et l'océan sa rive,

Et l'astre son rayon sacré !

 

Nature, que je sens saigner par nos fêlures,

Dont l'âme est le foyer où nous nous réchauffons,

Et dont on voit la nuit les vagues chevelures

Flotter dans les souffles profonds,

 

Nous confions cet arbre à tes entrailles, mère !

Fais-le si grand, qu'égal aux vieux cèdres d'Hébron,

Il ne distingue pas l'aigle de l'éphémère

Et la foudre du moucheron ;

 

Et qu'un jour le passant, quand luira l'aube calme

De l'affranchissement des peuples sous les cieux,

Croie, en le voyant, voir la gigantesque palme

De cet effort prodigieux !

 

Nous te le confions, plage aux voix étouffées.

O sinistre océan, nous te le confions ;

Nous confions le chêne adoré des Orphées

Aux flots qu'aimaient les Amphions !

 

Nuages, firmaments, pléiades protectrices,

Écumes, durs granits, sables craints des sondeurs,

Nous vous le confions ; et soyez ses nourrices,

Ténèbres, clartés, profondeurs !

 

III

Vents, vous travaillerez à ce travail sublime ;

O vents sourds, qui jamais ne dites : c'est assez !

Vous mêlerez la pluie amère de l'abîme

A ses noirs cheveux hérissés.

 

Vous le fortifierez de vos rudes haleines ;

Vous l'accoutumerez aux luttes des géants ;

Vous l'effaroucherez avec vos bouches pleines

De la clameur des océans.

 

Et vous lui porterez, vents, du fond des campagnes,

Vents, vous lui porterez du fond des vastes eaux,

Le frisson des sapins de toutes les montagnes

Et des mâts de tous les vaisseaux.

 

Afin qu'il soit robuste, invincible, suprême,

Et qu'il n'ait peur de rien au bord de l'infini!

Afin qu'étant bâti par les destructeurs même,

Des maudits même il soit béni !

 

Afin qu'il soit sacré pour la mer sa voisine,

Que sa rumeur s'effeuille en ineffables mots,

Et qu'il grandisse, ayant la nuit dans sa racine,

Et l'aurore dans ses rameaux !

 

IV

Oh ! qu'il croisse ! qu'il monte aux cieux où sont les flammes !

Qu'il ait toujours moins d'ombre et toujours plus d'azur,

Cet arbre, en qui, pieux, penchés, vidant nos âmes,

Nous mettons tout l'homme futur !

 

Qu'il ait la majesté des étoiles profondes

Au-dessus de sa tête, et sous ses pieds les flots !

Et qu'il soit moins ému du murmure des mondes

Que des chansons des matelots !

 

Qu'il soit haut comme un phare et beau comme une gerbe !

Qu'il soit mobile et fixe, et jeune, même vieux !

Qu'il montre aux rocs jaloux son ondoiement superbe,

Sa racine aux flots envieux !

 

Qu'il soit l'arbre univers, l'arbre cité, l'arbre homme !

Et que le penseur croie un jour, sous ses abris,

Entendre en ses rameaux le grand soupir de Rome

Et le grand hymne de Paris !

 

Que, l'hiver, lutteur nu, tronc fier, vivant squelette,

Montrant ses poings de bronze aux souffles furieux,

Tordant ses coudes noirs, il soit le sombre athlète

D'un pugilat mystérieux !

 

Car l'orage est semblable au sort qui se déchaîne,

La vie est un guerrier, les vents sont des bourreaux,

Et traitent sous les cieux le héros comme un chêne,

Et le chêne comme un héros.

 

Qu'il abrite la fleur rampante sur le sable !

Qu'il couvre le brin d'herbe et le myosotis !

Qu'il apparaisse aux vents déchaînés, formidable

De sa bonté pour les petits !

 

Que rien ne le renverse et que rien ne le ploie !

Qu'il soit, sur ce rivage âpre et des vents battu,

La touffe frémissante et forte de la joie,

De l'audace et de la vertu !

 

Qu'il réjouisse, auguste, aux rayons pénétrable,

De son fourmillement de feuilles le ciel bleu !

Qu'il vive ! Qu'il soit un et qu'il soit innombrable

Comme le peuple et comme Dieu !

 

V

En attendant, écume, autan, bruits, noires bouches,

Ménagez l'arbre enfant, éléments irrités !

Tant qu'il sera petit, murmurez, voix farouches,

Et quand il sera grand, chantez !

 

Les tyrans, entassant les fléaux, blocs funèbres,

Brisant l'homme idéal, broyant l'homme animal,

Sont en train de bâtir un fronton de ténèbres

Au vieil édifice du mal.

 

Avec l'ombre qui sort des guerres et des pestes,

Avec les tourbillons des grands embrasements,

Et les miasmes lourds et les souffles funestes

Des fosses pleines d'ossements,

 

Avec les toits brûlants, les villes enflammées,

Le noir temple du deuil par les rois est construit ;

On voit d'ici monter ces énormes fumées,

Colonnes torses de la nuit !

 

Nous, vaincus, construisons le bonheur ! Je convie

Les siècles à ton ombre, ô gland d'adversité !

Croîs, arbre ; règne, idée ; et que l'arbre ait la vie,

L'idée ayant l'éternité !

 

Pierre et César sont là, pleins du passé féroce !

C'est l'instant de lutter, nous qu'on osa bannir,

Contre le mal géant, contre l'erreur colosse,

Avec ton atome, avenir !

 

Semons ! - Semons le gland, et qu'il soit chêne immense !

Semons le droit ; qu'il soit bonheur, gloire et clarté !

Semons l'homme et qu'il soit peuple ! semons la France,

Et qu'elle soit Humanité !

 

C'est le champ de l'exil ; semons-y l'espérance.

Semons la nuit lugubre, et qu'elle soit le jour !

Germe en Dieu, grain obscur ! semons notre souffrance,

Proscrits, et qu'elle soit l'amour !

 

Oh ! que le genre humain monte sur la montagne !

Terre, souris enfin à l'homme audacieux,

Et sois l'éden, après avoir été le bagne,

O globe emporté dans les cieux !

 

 

Julie m’écrit de Guernesey que le gland planté par moi le 14 juillet a germé. Le chêne des Etats-Unis d’Europe est sorti de terre le 5 septembre, jour de ma rentrée à Paris.
(13 septembre 1870)

 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) - poète 


En sourdine


...Et quand, solennel, le soir

Des chênes noirs tombera,

Voix de notre désespoir,

Le rossignol chantera....

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) - poète


 

A la Forêt de Fontainebleau


Et vous, colosses fiers, arbres noueux, grands chênes,

Rien n'agitait vos fronts, par le temps centuplés !

Pourtant vos bras tordus et vos muscles gonflés,

Ces poses de lutteurs affamés de carnage

Que vous conserviez, même à cette heure où tout nage

Dans la vive lumière et l'atmosphère en feu,

Laissaient voir qu'autrefois, sous ce ciel vaste et bleu,

Vous aviez dû combattre, ô géants centenaires !

Au milieu des Titans vaincus par les tonnerres.


Claude Monet - Forêt Fontainebleau en 1865



 

 

 

Léon Dierx (1838-1912) poète français

Salvator rosa

 

Ce sont tes passions qui hurlent sur tes toiles ;

Toi-même, tu t'es peint dans ces lieux dévastés,

Dans ces chênes tordant, sous la nuit sans étoiles,

Sur l'abîme béant leurs troncs décapités.

 

 


Paul Verlaine (1844-1896) poète français

Dans l'interminable ennui de la plaine

 

Comme les nuées

Flottent gris les chênes

Des forêts prochaines

Parmi les buées.


 


 

Khalil Gibran (1883-1931) poète libanais d'expression arabe et anglaise (il parlait aussi couramment le français), 

 


Le mariage


Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l’un de l’autre.

Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.

Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :

Car les piliers du temple se tiennent à distance,

Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre.


 


Gaston Couté (1880-1911) poète libertaire et chansonnier français


 

La chanson du gui


Le soir étend sur les grands bois

Son manteau d'ombre et de mystère ;

Les vieux menhirs, dans la bruyère

Qui s'endort, veillent et des voix

Semblent sortir de chaque pierre.

L'heure est muette comme aux temps

Où, dans les forêts souveraines,

Les vierges blondes et sereines

Et les druides aux cheveux blancs

Allaient cueillir le gui des chênes.

 

Réveillez-vous, ô fiers Gaulois,

Jetez an loin votre suaire

Gris de la funèbre poussière

De la tombe et, comme autrefois,

Poussez votre long cri de guerre

Qui fit trembler les plus vaillants,

Allons, debout ! brisez vos chaînes

Invisibles qui vous retiennent

Loin des bois depuis deux mille ans.

Allez cueillir le gui des chênes.

 

Barde, fais vibrer sous tes doigts

Les fils d'or de la lyre altière,

Et gonfle de ta voix de tonnerre

Pour chanter plus haut les exploits

Des héros à fauve crinière

Qui, devant les flots triomphants

Et serrés des légions romaines

Donnèrent le sang de leurs veines

our sauver leurs dieux tout puissants

Et le gui sacré des grands chênes.

 

Envoi :

Gaulois, pour vos petits-enfants,

Cueillez aux rameaux verdoyants

Du chêne des bois frissonnants

Le gui aux feuilles souveraines

Et dont les vertus surhumaines

Font des hommes forts et vaillants.

Cueillez pour nous le gui des chênes.


 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète français


Il est doux d'écouter ...


Il est doux d'écouter le roseau qui soupire

Avec d'autres roseaux dans un riant vallon :

Un front pensif se courbe à ces accords que tire

Des chênes assemblés le rapide aquilon.

 

Mais, qu'auprès de la voix de l'arbre solitaire,

Les roseaux, la chênaie exhalent un vain bruit,

Quand sur la triste plaine où descend le mystère,

Elle lamente au vent qui précède la nuit !

 

Francis Bocquet - le chêne et le roseau

 

 


Jean Moréas (1856-1910) poète français

Recueil : Les Stances


Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne

 

Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne,

Qui remplissez le gouffre et la crête des monts,

J'ai vu vos clairs rameaux sous la brise bénigne

Balancer doucement le ciel et ses rayons.

 

Ah ! Dans le sombre hiver, pendant les nuits d'orage,

Lorsqu'à votre unisson lamentent les corbeaux,

Lorsque passe l'éclair sur votre fier visage,

Chênes que vous devez être encore plus beaux !

 

 

 

XX° siècle

 

1909

Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (Czurlanis, Iurlionis (1875-1911) peintre, compositeur et écrivain lituanien. 


La main de Perkunas - Thor

 

 

1911 - 1915


James George Frazer (1854-1941) anthropologue écossais connu pour être le premier à avoir dressé un inventaire planétaire des mythes et des rites.

"Le rameau d’Or" – une magistrale étude sur la mythologie parue en 1911-1915 – un chapitre entier est consacré au culte des arbres,

tome 1 – « Le roi magicien dans la société primitive » pp.267-289.


...Le culte du chêne, chez les celtes et leurs Druides, est familier à chacun et leur ancien mot sanctuaire parait être à d’origine et de signification au latin Nemus, bois ou clairière, qui survit dans le mot "Nemi"...



 

 

 

1912


Anatole France (1844-1924) écrivain français, 

Les Dieux ont soif,1912, 

décrit les années noires de la Terreur à Paris, 

 ... s'avançait lentement, sur les têtes des citoyens, un homme au teint bilieux, le front ceint d'une couronne de chêne, le corps enveloppé d'une vieille lévite verte à collet d'hermine...

 

 

 


Anatole France (1844-1924) poète et écrivain français

 

Le chêne abandonné


Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,

Le grand chêne noueux, le père de la race,

Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse

Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

 

Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre,

Robuste, il a nourri ses siècles florissants,

Fait bouillonner la sève en ses membres puissants,

Et respiré le ciel avec sa tête sombre.

 

Mais ses plus fiers rameaux sont morts, squelettes noirs

Sinistrement dressés sur sa couronne verte ;

Et dans la profondeur de sa poitrine ouverte

Les larves ont creusé de vastes entonnoirs.

 

La sève du printemps vient irriter l'ulcère

Que suinte la torpeur de ses âcres tissus.

Tout un monde pullule en ses membres moussus,

Et le fauve lichen de sa rouille l'enserre.

 

Sans cesse un bois inerte et qui vécut en lui

Se brise sur son corps et tombe. Un vent d'orage

Peut finir de sa mort le séculaire ouvrage,

Et peut-être qu'il doit s'écrouler aujourd'hui.

 

Car déjà la chenille aux anneaux d'émeraude

Déserte lentement son feuillage peu sûr ;

D'insectes soulevant leurs élytres d'azur

Tout un peuple inquiet sur son écorce rôde ;

 

Dès hier, un essaim d'abeilles a quitté

Sa demeure d'argile aux branches suspendue ;

Ce matin, les frelons, colonie éperdue,

Sous d'autres pieds rameux transportaient leur cité ;

 

Un lézard, sur le tronc, au bord d'une fissure,

Darde sa tête aiguë, observe, hésite, et fuit ;

Et voici qu'inondant l'arbre glacé, la nuit

Vient hâter sur sa chair la pâle moisissure.


 

 


 

1930

Miguel de Unamuno (1864-1936) poète, romancier, dramaturge, critique littéraire et philosophe espagnol 

Le Roman de Don Sandalio, joueur d’échecs

...Je suis devenu l’ami d’un vieux chêne. … Il est en partie mort. Tu te rends compte: mort en partie, mais pas tout entier !...

 

 

1932


Joseph de Pesquidoux (1869-1946) écrivain français, membre de l’Académie française.

 Le Livre de raison,

Ces derniers temps il avait tout laissé. Il restait au coin du feu, ou bien, quand il faisait soleil, il s'asseyait au pied du chêne, du côté du Levant, sous le vent... 

 

 


1939


Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) écrivain, poète, aviateur et reporter français.

Terre des hommes

...Rien, jamais, en effet ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements de cœur. On ne reconstruit point ces amitiés-là.

Il est vain si l’on plante un chêne, d’espérer s’abriter bientôt sous son feuillage...


 

 

1941

Revue des Études Anciennes  Année 1941 

Un chapitre de la sylviculture virgilienne. Le chêne 

Pierre d'Hérouville est un prêtre et écrivain français


 

Émile Baas (1906-1984) enseignant de philosophie et essayiste français.

... La vocation de l'homme est de prendre racine comme le chêne et non de voltiger comme le papillon...

 

William Faulkner (1897 -1962) romancier et nouvelliste américain.

... "Les mots sont comme les glands... Chacun d'eux ne donne pas un chêne, mais si vous en plantez un nombre suffisant, vous obtiendrez sûrement un chêne tôt ou tard"... 
 

 

1945

Traditions celtiques (1ère éd. 1945, réed. Dangles 2011) de Robert Ambelain que :

    "...Notre Démiurge celtique, c'est Esus, reflet matériel d'HU KADARN. En effet, le chêne, dans la tradition celtique, est l'emblème de HU, mais Esus est lui-même couronné de chêne... Le chêne est l'attribut de noblesse, conféré au meilleur de la Cité, et le laurier n'est l'apanage que du vainqueur. Concluons donc que le chêne, l'art de construction (la Cité), et l'idée "démiurgique" incluse dans le mythe de l'Architecte des Mondes, chère aux platoniciens, sont des images liées les unes aux autres dans le domaine de la Symbolique. [...] 

Dans la symbolique celtique, Fils HU a pour image le Chêne, attribut de la Force. 

 

 

François Mauriac, (1885-1970) écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française au fauteuil n° 22 en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.


Le jeune François Mauriac aimait flâner entre les pins et les chênes de l'immense parc, du Chalet de Saint Symphorien, sur les bords du petit ruisseau qui va se jeter un peu plus loin dans le Ciron.


Dans le parc touché par la tempête de 1999, la plupart des chênes sont tombés, y compris le chêne sacré que Mauriac aimait embrasser quand il cheminait dans la forêt de son enfance.

 

1922 - Le baiser au lépreux

..."Ainsi courut Noêmi à travers les brandes,jusqu'à ce qu'épuisée,les souliers lourds de sable,elle dût enserrer un chêne rabougri sous la bure de ses feuilles mortes mais toutes frémissantes d'un souffle de feu,un chêne noir qui ressemblait à Jean Péloueyre"...

 

1969 - Un adolescent d'autrefois

..."Le jeune homme la franchit, longea une lande récemment rasée, et redescendit vers le bois de chênes que traverse la Hure avant d’atteindre le moulin...

...Le premier coup de cloche sonnait pour le dîner. Un cri sauvage de berger traversa le bois. […] Au tournant de l’allée du gros chêne, Jean-Louis le guettait"...


 

 

1970


Daté du 10 novembre 1970, lendemain de la mort de Charles de Gaulle, ce dessin de Jacques Faizant (1918-2006) fera la Une du Figaro. 
 Il représente Marianne (la France), symbole de la République française et personnage récurrent des dessins de Jacques Faizant dans Le Figaro, pleurant le visage caché dans ses mains, sur un grand chêne déraciné (le général de Gaulle). 


Quelques mois plus tard, André Malraux fera paraître son livre

"Les Chênes qu'on abat..."


 

 


1976


Le Sacré corps

Joseph Delteil (1894-1978) écrivain et poète 

...Qui voit le chêne dans le gland voit Dieu dans le chêne...



 

 


 

1977

Y. Vadé

Revue de l'histoire des religions  Année 1977  191-1  pp. 3-41

Sur la maternité du chêne et de la pierre

Une série de textes grecs d'Homère à Proclus fait allusion le plus souvent de manière ironique, à des naissances légendaires à partir d'un chêne ou d'une pierre....


..."Areas voit le chêne où vivait l’hamadryade Ghrysopélée sur le point d’être emporté par un torrent. Il construit une digue pour détourner le courant et la sauve. Reconnaissante, elle s’unit à lui et lui donne deux fils, Elatos et Aphidas ancêtres de la race arcadienne"...
 

 

 

1985


Scott Douglas Cunningham (1956-1993) auteur


L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987),

...Utilisation magique su chêne : 
    Un arbre qui vit si longtemps (presque autant, pense-t-on, que le châtaignier), qui possède une telle force naturelle, ne pouvait qu'exciter l'imagination des chamans et des magiciens. Les paysans croyaient apercevoir des nymphes ou autres dryades en train de se faufiler sous l'écorce... 

    Pour vivre très vieux, préservé de la maladie comme des douleurs, il faut mâcher chaque matin quelques glands crus en visualisant ses ancêtres sur quatre générations. 

    Brûler du Chêne dans les poêles ou dans la cheminée est sain : c'est une odeur que la maladie ne supporte pas. Quand un important bûcher de ce bois se trouve stocké près de la maison, les esprits n'approchent pas.

    Un gland posé sur le rebord de chaque fenêtre empêche la foudre de tomber. 

    Si vous récoltez les feuilles encore vertes d'un Chêne abattu, et en ramenez suffisamment pour faire une litière, vous pouvez aborder le plus rude hiver sans crainte : vous n'attraperez jamais le moindre refroidissement.

    Si vous .plantez un gland à la lune de la moisson (forte déclinaison lunaire qui accompagne l'équinoxe d'automne), une rentrée d'argent non négligeable ne saurait tarder. Pour guérir un enfant de la hernie, il faut fendre un Chêne et faire passer l'enfant trois fois dedans ; le père et la mère doivent être chacun d'un côté de l'arbre. 

    Si un fiévreux est mis en présence d'un Chêne par un sorcier, l'arbre se met à trembler et dépérit ; mais le malade est guéri (Corrèze). 

    Certaines âmes sont condamnées à faire pénitence jusqu'à ce qu'un gland, ramassé le jour anniversaire de leur mort, soit devenu un plant de Chêne propre à un bon usage utile (Vendée). 

    Les pièces d'or que distribuent un peu trop généreusement certains personnages rencontrés au sabbat se transforment le lendemain en feuilles de Chêne. Un jour, un berger-sorcier fut condamné à un louis d'amende ; le juge qui encaissa ce louis s'aperçut bientôt qu'il n'était qu'une feuille de Chêne. 

    Vouloir faire entrer une idée sérieuse dans la tête d'une femme, c'est comme si vous vouliez planter un Chêne dans une coquille d'œuf. 

    Pour préserver les vaches de la cocotte (fièvre aphteuse), on leur mettait au cou des colliers de Chêne (Beauce). 

    Pour se débarrasser d'un sort qu'une sorcière vous a jeté, il faut uriner dans une bouteille verte, y mettre cinq feuilles de Chêne et cacher la bouteille sous le lit ; la sorcière viendra implorer son pardon au lever du jour (Danemark). 

    Une fille qui prend plaisir à manier des glands sera portée plus tard à satisfaire son mari manuellement. 

    « Tu serois propre à juger en hyver qui sont les Chasnes masles et fumelles : quand il gellera à pierre fensdre mets-toi tout nud contre cet arbre-cy ou celui-là, et si tu fientes contre ce sera une fumelle. ...


 

 

1993

Jean-Louis Brunaux (1953) archéologue français spécialiste de la civilisation gauloise.

Les bois sacrés des Celtes et des Germains

Les bois sacrés. Actes du colloque international de Naples.

Collection du Centre Jean Bérard, 10, 1993, 57-65.

Chapitre 12

Avant d’aborder la question qui nous intéresse plus particulièrement, celle des constructions sacrées où l’arbre intervient, il reste à évoquer un problème, la prétendue équation arbre-divinité. 

On doit celle-ci ou tout au moins sa formulation la plus ramassée à Maxime de Tyr qui écrit :

"Les Celtes adorent Zeus et l’image celtique de ce Zeus est un grand chêne" (Maxime de Tyr, Φιλοσοϕούμενα, VIII, Sur les images des dieux). Que le chêne ait été l’arbre de prédilection de la divinité à la foudre ne fait guère de doute et paraît bien conforme à l’idée de cette divinité que se faisaient aussi bien les Grecs que les Romains. 


De là à croire que le dieu celtique résidait dans un arbre, même remarquable, c’était d’une certaine manière faire du frazérisme avant la lettre. Le chêne n’est qu’un signe religieux de la divinité, l’instrument de communication qui vient d’être décrit, particulièrement justifié, dans le cas de cet arbre, (G. Frazer, Le rameau d’or. Paris, 1981, tome I, 470 et note 1.).

Il est la présence du dieu sans être ce dieu lui-même, comme l’indique clairement l’adoration plus particulière qu’avaient les Germains pour les chênes foudroyés et qui en portaient la marque. Si le tonnerre est le langage de Zeus, l’arbre brisé est le témoignage permanent de cette parole fugace. Le terme ἂγαλμα employé par Maxime est inapproprié, il traduit seulement le mépris qu’on avait aux premiers siècles de notre ère pour tous les vestiges de la religion celtique.
 

 

Ismaël Mérindol (1954)

Traité de Faërie, suivi d'autres recueils fameux de féerie et d'elficologie (2009, guide, fantasy)

 

... "là où il y a un chêne,

Dryades prennent plaisir."



 

 

 

XXI° siècle

 

Didier Colin, 

Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :


    "...Imaginez un arbre divin et sacré, symbole de force et de sagesse, planté au centre du monde et reliant le Ciel et la Terre. Les Grecs en avaient fait l'arbre tutélaire de Zeus. Ainsi , le premier temple consacré au dieu des dieux de l'Olympe n'était autre qu'une forêt de chênes, située à Dôdôné, une ville de l’Épire, dans le pays des Molosses, où l'on se rendait pour interroger l'oracle de Zeus, mais aussi celui d'Aphrodite. C'était alors la voix de Zeus lui-même qui répondait par le truchement du bruissement des feuilles des chênes sacrés, remuées par le vent. Selon la légende mythique grecque toujours, la massue d'Héraklès était en bois de chêne.

    Les Celtes, quant à eux, adoraient le chêne. Leurs prêtres, les druides - que l'on surnommait les hommes du chêne (en réalité le nom druide est issu du celtique druvids, qui signifiait "très savant") - cueillaient le gui, la fleur du chêne, au nouvel an. Il symbolisait alors une nouvelle vie, une régénération, l'immortalité de l'âme. Toutefois, il est bon de préciser que la fleur de chêne es rarissime. En trouver dans une forêt de chênes était donc quasi miraculeux. Le druide partait alors en quête du gui le sixième jour après la Nouvelle Lune, et si'il revenait bredouille, c'était un mauvais présage pour le village celte ou gaulois.

    Enfin, le gland, le fruit du chêne, fut souvent considéré comme un symbole de fécondité et de prospérité. Car nos ancêtres savaient que c'était à partir de la graine contenue dans ce petit fruit qu'un nouveau chêne qui deviendrait plusieurs fois centenaire pouvait naître."...
 

 

 

 

Jean-Michel Bollet - poète -

 

Le chêne 


Affrontant les étés et les rudes hivers,

Avec ténacité et la frondaison digne

Qu’il soit couvert de neige ou de feuillages verts,

Il est respecté par son caractère insigne.

 

Ses amis sont les champs depuis cent et mille ans

Et la terre tournée avec bœufs et charrue

Des forçats-paysans aux pas collants mi-lents

Qui sont une figure aujourd’hui disparue.

 

Se voient s’enfler autour de l’écorce des nœuds

Et s’allonger ses bras que la sève alimente

Soutenant le nid du geai qui prend soin des oeufs

Pour qu’un jour son petit éclos le complimente.

 

Les villageois d’antan, ivres de leur jeunesse

Allaient sous son ombrage et s’asseyaient dessus

Ses inertes serpents faisant mal à la fesse

Dont la queue s’enterrait dans des endroits cossus.

 

Il sentait bon la mousse et après une averse

D’autres odeurs passaient qu’ils jouaient à nommer :

Foin fraîchement coupé venu grâce à la herse,

Chaud lisier fermenté propre à les assommer.

 

Et comme était douce la sieste familière

Après la soupe aux pois et la saucisse au lard

En leur offrant une présence hospitalière

Qu’adoraient ces trapus, soiffards et rigolards...

 

Tôt, le matin, chacun, l’observe et le détaille :

Il est calme ou nerveux, serré ou évasé ;

Il nous prédit le vent, une pluie en bataille

Ou un soleil de plomb sur le mont embrasé.

 

Quand nous serons passés, toi tu nous survivras ;

Chêne, nous diras-tu où ira notre route ?

Tu vis des dos courbés, des fardeaux sur les bras :

Aurons-nous encore un peu de mie sous la croûte ?

 

Mais, tu n’en as cure et tu poursuis ta croissance

En poussant tes bourgeons poisseux et qui seront

Couronnés de feuillage et qui dans le vent dansent

En faisant grincer tes branches liées au tronc.

 

Et ton énorme pied commande à tous tes doigts

D’aller chercher à la fois boisson, nourriture

Qui reviennent donner de la force à tes bois

Prêts à se défendre contre la pourriture.

 

Chêne majestueux, tu servis les auspices

De Saint Louis qui te choisit pour présider

La solennité de l’action de justice

En s’appuyant sur toi comme pour le guider.

 

Tu es associé aux quatre-vingt années

De vraie fidélité par les époux humains

Et tes feuilles sur le képi sont alignées

Comme le laurier sur les empereurs romains.

 

Arbre, je te touche de mes mains tout entières ;

Je ne peux t’enlacer : laisse-moi t’embrasser,

Tu es de toutes les espèces forestières

La seule cuirassée qu’on ne peut terrasser.

 

Et si tu me donnais un petit peu de toi

Pour construire en bas de mon village ma ferme ?

Tu pourrais allonger quelques doigts sous mon toit

Et un autre à l’entrée pour que la porte ferme.

 

Ah, comme je voudrais te laisser mon empreinte

En mourant avec toi dans un espace creux

Quand tu seras très vieux et que tu auras crainte

D’entendre croasser le commun corbeau freux.

 

Dis, quand je te quittais, chaque soir, attendri

Par tes enchantements, je pleurais en silence ;

Une fois, je maudis douze ailes de perdrix

Volant par-dessus toi : mon dieu, quelle insolence !


 

 

 

2021

Vendredi 5 Mars

Chênes pour Notre Dame de Paris


Huit premiers chênes ont été sélectionnés en forêt de Bercé (Sarthe) pour servir à la reconstruction du tabouret de la flèche de Notre-Dame de Paris : une étape symbolique préparatoire à la reconstruction de la cathédrale. 


Un millier de chênes de toutes les régions de France ont été offerts pour la reconstruction du joyau gothique. Ils doivent servir à refaire l'ossature de la flèche de Viollet-le-Duc, détruite dans l'incendie du 15 avril 2019, ainsi que les charpentes du transept et de ses travées adjacentes.

 

Mille arbres

La moitié de ces arbres proviennent de domaines nationaux et de communes forestières, l'autre moitié provient de 150 forêts de propriétaires privés, qui en ont fait don. 

Toutes les régions ont apporté des chênes à cette entreprise commune. L'Etat offre 355 arbres issus de domaines gérés par l'Office national des forêts (ONF).

Cinquante-huit chênes de la forêt de Ferrières, en Seine-et-Marne,, une centaine de chênes ont été abattus en forêt de Mormal,  la plus grande forêt du Nord viennent d’être abattus.

Les mille arbres abattus sont ensuite transportés vers des routes forestières et sciés. 

Puis ils seront entreposés entre 12 et 18 mois jusqu'à ce qu'ils atteignent un taux d'humidité de moins de 30%.

Avec l'abattage de ces bois, se prépare la phase de reconstruction qui devrait démarrer à l'automne prochain et qui permettra la réouverture au culte de la cathédrale de Paris en avril 2024, 
 

 

 

Symbole du chêne 

Arbre sacré pour de nombreuses traditions,

 

- Force et solidité, puissance, prospérité, immortalité et longévité. 

Le bois du chêne a la propriété d'être incorruptible, les termes "chêne" et "force" se traduisent en latin par le même mot : robur, symbolisant autant la force morale que physique. 

Il est investi de privilèges accordés à la divinité suprême parce qu’il attire la foudre et symbolise la majesté. Les traditions les plus anciennes l’ont considéré comme l’arbre de vie. 

- Le rejet feuillé avec des glands évoque la vie par rapport à la mort

- Les branches arrachée à l'arbre suggèrent la mort 

- la vie ou la renaissance par les glands qu'elle porte.


Méditer sous cet arbre, c’est recevoir son énergie qui pénètre lentement le corps. 

 

 

 

Mythes et traditions du chêne

 

. Les Hellènes fabriquaient leurs idoles, les plaçaient dans des chênes les plus anciens et les plus beaux. L’arbre était l’habitat du dieu.

 

. Chez les Grecs, encore, lorsque l'on conduisait l'épouse à la maison de l'époux, un enfant, qui portait du gland et du pain, précédait en criant : 
J'ai quitté le mauvais, j'ai trouvé le bon.

 

. Les Grecs et les Romains, dans leurs sacrifices, ornaient les autels de rameaux de chêne, 


. Dans la Rome antique le laboureur n'osait commencer sa moisson qu'il n'eût auparavant couronné sa tête de feuillages de chêne et chanté des vers en l'honneur de Cérès.
 
. Chez les Romains, un chêne planté devant la maison était regardé comme protecteur. C'est à cet arbre qu'ils suspendaient les dépouilles des ennemis vaincus, à l'imitation, sans doute, de ce qu'avait fait Enée après avoir tué Mézence. Les ambassadeurs romains prirent les chênes à témoin que les Eques avaient rompu l'alliance.


.  L’écorce du chêne était considérée comme un porte-bonheur.


. En Allemagne, les petits enfants se croyaient sortis d’un arbre creux ou d’une souche de chêne.

 

. A Châtillon (canton du Jura) en Suisse,  Le chêne des Bosses une légende dit que chaque fois qu'un jeune homme épousait une fille du village, il devait planter un chêne la première nuit de noce.

 

. A la Sainte-Beaume les époux qui vont en pèlerinage pour avoir des enfants doivent en entrant dans la forêt embrasser le premier gros tronc de chêne qu’ils rencontrent (ou, selon d’autres, un chêne particulier qu’il faut être capable de découvrir), en demandant tout bas à sainte Madeleine de leur donner une progéniture. 


. A l’étang de Ligouyer près de Bécherel (Ille-et- Vilaine), les garçons et les filles voulant se marier dans l’année allaient se frotter à un chêne qui avait poussé à quelque distance du bord. 
 

 

 

 

Vertus thérapeutiques

 


Les bienfaits de l’écorce du chêne

Les principes actifs de l’arbre se logent principalement dans l'écorce, connue depuis très longtemps pour ses vertus astringentes.


Profitant d’une formule riche par nature en principes actifs, l’écorce de chêne aide à améliorer l’aspect global de la peau. Gorgée de tanins, elle permet également d’avoir une peau saine. L’écorce du chêne a d’ailleurs l’avantage d’être généralement bien tolérée par l’épiderme.

Selon les envies, vous pouvez appliquer l’écorce de chêne en externe avec une compresse, l’utiliser simplement en lavement, ou le diluer dans un bain spécifique (pour pieds par exemple).

 

En usage externe 

. Contre les gerçures et l’eczéma humide


 

L’écorce de chêne peut également être consommée sous forme de décoction.

. Contre les problèmes de gorge

. Contre la diarrhée

. Contre la gastro-entérite 

 

En outre, il est bon de noter que l’écorce n’est pas la seule partie de l’arbre utilisée en phytothérapie. 

En effet, les feuilles et les fruits contiennent également de nombreux principes actifs dont les propriétés naturelles sont bénéfiques à l’organisme.

 

Son écorce était utilisée pour soigner la tuberculose, ainsi que pour tanner les peaux… ou fumer le poisson.


 

 

 

. Le miel de miellat chêne


Les abeilles peuvent se nourrir de deux substances pour créer le miel : le nectar de fleur ou le miellat.

 Les abeilles vont souvent en essain récolter le miellat produit par les feuilles de chênes en été.

Le miel de miellat est une substance que les abeilles fabriquent à partir des excréments des pucerons qu'elles consomment sur les feuilles des arbres, principalement présent dans les miels de forêts, il leur donne cette saveur toute particulière. Dotés d'un système digestif hors norme, les pucerons, cochenilles, aleurodes, psylles…, ces êtres minuscules, sucent la sève des arbres et des plantes et sont capables de la sécréter en un temps record. Ils la transforment en une sustance sucrée dont rafolent les abeilles et les fourmis : le miellat.
 

 

Proverbes, dictons et expressions français

 

 

. Les chênes étaient autrefois si nombreux chez eux qu'un écureuil qui partait de l'extrême nord-est du pays pouvait se rendre jusque dans l'extrême sud-ouest sans jamais mettre une patte à terre.

. Petit homme abat bien grand chêne 

. Les plus hauts chênes n'ont pas les prix

. La femme sur son dos est aussi forte qu'un chêne debout 

. Il faut plus d'un coup, pour mettre bas un chêne 

. On n'abat pas un chêne au premier coup 

. Un chêne ne tombe pas de la première 

. Un gros chêne ne tombe pas du premier coup 

. Si le chêne a beaucoup de pommes d'un jaune tirant sur le vert, mortalité parmi les hommes, neige froide dure grand hiver 

. Il te faudrait des lunettes de chêne 

. Les femmes avant de se marier arracheraient un chêne, une fois qu'elles sont mariées c'est à peine si elles arracheraient une rave.

. Rien n'est si fort que le chêne placé debout et les femmes couchées.

. Si le chêne a beaucoup de pommes d'un jaune tirant sur le vert, mortalité parmi les hommes, neige froide dure grand hiver.

. Quand le maître a des chausses de velours,  le serviteur en doit avoir d'écorce de chêne.


 

 

Proverbe islandais


. “Lorsqu'un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée.”

 


 

 

Chênes par les peintres

 

 

..."Un arbre, tout près de Barbizon, était nommé "Rageur". C'était un chêne, d'une vieillesse fabuleuse, au tronc creusé et à moitié dénudé, qui crispait et tordait, comme dans un accès de fureur, ses branches desséchées, à peine garnies, de loin en loin, de quelques houppes de feuilles." Extrait de "Une éducation républicaine", de Camille Pelletan"... 


Il existe aujourd’hui des milliers de tableaux représentant la forêt de Fontainebleau et ses chênes, dans les musées et les collections particulières du monde entier.

Il est parfois délicat d’identifier les arbres sur les tableaux car les artistes privilégient en général l’esthétisme au réalisme, les titres des œuvres ne sont pas toujours explicites sur le site et la plupart des arbres peints au XIX° siècle ont aujourd’hui disparu.

 


Antoine-Louis Barye (1795-1875) 

Le Rageur en forêt de Fontainebleau -

Collection Ville de Fontainebleau

 

 

Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875)

Le Rageur - vers 1830

Lieu de conservation : Washington, National Gallery of Art


 

Claude Monet  (1840–1926)  

Le Chene de Bodmer, La Route de Chailly - Forêt de Fontainebleau - 1865

Collection Metropolitan Museum of Art  

 

    
 

Auguste-Louis Lepère  (1849-1918) 

La Forêt de Fontainebleau : Le rageur - 1890

Gravure sur bois 

Collection Musée d'art de Cleveland  

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867) , peintre, dessinateur et aquafortiste français

Le Rageur, Cavalier Sous l'Orage - Fontainebleau, Barbizon - 1852

Archives Braun – Archives Pierre et Rolande Miquel – Archives Frick Library, New York, U.S.A.

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867)

Groupe de chênes, Apremont   - Forêt de Fontainebleau - 1850-1852

Collection Musée du Louvre  


    
 

Théodore Rousseau

Groupe de chênes à Apremont, Exposition Universelle de 1875,

Paris, musée du Louvre


 

    
Jules Dupré  (1811-1889) 

Le vieux chêne - entre 1845 et 1850

Collection Musée d'art Walters  

 

 

Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876) peintre français.

Mare sous les chênes - Forêt de Fontainebleau

 

 

Hippolyte Camille Delpy (1842-1910)

Forêt de Fontainebleau, Vieux chêne au Bas Bréau 

 

 

Armand Cassagne (1823-1907)

Étude d'un chêne géant de Cassagne, Forêt de Fontainebleau, 

Entre 1857 et 1868

Musée de Melun

 


Joseph de Ruysscher

Sous-Bois et Allée - forêt de Fontainebleau

Bouquet du nid de l'Aigle

Constitué de douze tiges, était également situé dans la réserve biologique. Une de ses branches, à terre, soudée entre deux tiges de son chablis, est encore visible.

Lieu de conservation : (France) Fontainebleau - Mairie


 

Aquarelle ancienne 1884

Chêne des fées - Forêt de Fontainebleau


 

Alphonse Asselbergs (1839-1916) artiste peintre paysagiste belge.

Mare aux fées Avant l'Orage - 1876

Lieu de conservation : (Belgique) Bruxelles - Musée Charlier

 

 

Arnaud Fréminet 

Aquarelle 2009

Le Chêne de Montorgueil, en forêt de Rambouillet



 

Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

La Forêt de Fontainebleau - vers 1879


 

Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

La Forêt de Fontainebleau - vers 1880 

 


Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

"Bergère et ses moutons en forêt de Fontainebleau"

 

 

Le Charlemagne, ce chêne remarquable, abattu par une tempête dans la nuit du 17 au 18 février 1925, était un des arbres les plus célèbres de la forêt de Fontainebleau, avec le Pharamond, le Jupiter, le Bouquet du Roi et le Briaré. Il était aussi l'un des plus vieux, avec plus de six mètres de circonférence, soit environ six siècles.  


 
Constant Dutilleux (1807-1865) peintre, dessinateur et graveur français.

Le Charlemagne 

Arras, musée des Beaux-Arts Constant Dutilleux

 

 

Eugène Bléry.(1805-1887)  graveur français.

Gravure Le Charlemagne

 

 

Jean-François Hue (1751-1823) peintre français paysagiste 

Charlemagne Forêt de Fontainebleau - 1782

 

 

 

Paul Chaudé,

Charlemagne -Roland Forêt de Fontainebleau - 23 août 1917.

 

 

François Auguste Ortmans (1826-1884) peintre paysagiste français.

Chênes en forêt de Fontainebleau


 


Le Chêne de Flagey dans le Doubs, également appelé Le Chêne de Vercingétorix, est un paysage peint par Gustave Courbet en 1864.

Le tableau représente un chêne majestueux situé près de la ferme familiale des Courbet, dans le village de Flagey, à quelques kilomètres d'Ornans, en Franche-Comté.

 


Gustave Courbet  (1819-1877) 

Le chêne de Flagey (Le Chêne de Vercingétorix) - 1864 

Collection 2012 Musée Courbet, France

 

 

Gustave Courbet  (1819-1877) 

Le Gros Chêne (1843)

 

 

Gustave Courbet  (1819-1877) 

Les amoureux dans la campagne

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867)

Faisanderie dans la forêt de Compiègne - 1833

Musée d'Art de Saint-Louis


 


Patrice Strozyk

Forêt de Saint-Avold (Moselle) 

Le chêne des sorcières vieux de plus de 800 ans. 1996

 

 

Edmond Yon (1836-1897)

Le Grand Chêne de l’Étang de Cernay

dans le dernier quart du XIXe siècle

Musée Antoine Vivenel, Direction des musées de France

 


 

Les chênes de Londex

Il s’agit d’un groupe de chênes assez jeunes au milieu d’une prairie, qui sont penchés et pour certains courbés sous l’effet probable du vent.

Londex est peut-être Londeix, lieu-dit à divers endroits dont Captieux (Gironde), proche de Bazas. 

 


Jean Cabrit (1841-1907)

Les chênes de Londex

4e quart 19e siècle

Bordeaux, musée des Beaux-Arts

 

 

Edouard Imer (1820 - 1881)

Le Chêne de la Dauphine - Le Chêne du Voulliers (Allier)

Vers 1873

Musée des Beaux-Arts, La Rochelle

 

 

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

Les rochers avec chêne - 1888

Museum of Fine Arts, Houston

 

 


Bernard Guedon (1963) peintre réaliste

Les deux chênes

 

 

Jeanne Jeanne Harry-Lorne 

Chênes et marronniers - XX° 

Musée de Montmorillon

 


Caspar David Friedrich (1774-1840) peintre et dessinateur prussien, 

L’Abbaye dans une forêt de chênes, peint en 1809-1810.

Caspar s’est inspiré pour ce tableau d’esquisses en extérieur des ruines de l’abbaye d’Eldena, une abbaye cistercienne située en Allemagne non loin de la côte, dans le diocèse d’Hambourg. 


 

 

La Nature - 1873 - Durée de vie des arbres- Le vieux chêne de Cowthorpe 

Extrait de la Revue "La Nature" 1873

Auteur    L. Lhéritier - La Nature - Revue des sciences

 


Jan Theodoor Toorop, (1858-1928) peintre néerlandais

De vieux chênes sur le domaine de sa belle-famille à Surrey. - 1890

 

 

 

 Quelques Chênes remarquables de France

 

 

Le chêne dit "de Saint-Louis"

dans la forêt de Heimsbrunn (Haut-Rhin, France), le plus ancien de la Forêt seigneuriale. 

Âge estimé : 700 ans.

Auteur  photo : Potuit

 

 

Chênes jumeaux, forêt de Tronçais (Allier)

La première mention connue du nom Tronçais remonte au XIII° siècle, dans un document relatif au prieuré de la Bouteille. Ce nom dériverait de "tronce ", ancien nom du chêne rouvre.

Age estimé : 400 ans, circonférence : 5,10 m et 4,45 m,

Auteur photo : Donniedarko37

 

 

Chêne  sessile "Quercus petraea" de la commune de Rigney dans le Doubs 

âgés estimé : 300 ans,

plantés sur l'ancien champ de foire du village sous Louis XIV.

Auteur photo : Arnaud 25

 

 

Chêne avaleur de Vierges, Bresilley, abbaye d’Acey (Haute-Saône)

Chêne majestueux de 23 mètres de hauteur et une circonférence de 7,90 mètres à 1,20m.

Age estimé : 600 ans 

le Roi Louis XI se serait posé à l’ombre de son feuillage entre 1470 et 1475. Ce vieux chêne doit son nom à une ancienne coutume qui consiste à lui offrir, en grande procession, une statuette bénie de la Vierge Marie à l’assomption. 
Avec la croissance de l’écorce, la statuette disparaît au bout d’une quarantaine d’années (il y en a déjà 8 d’englouties). L’avant-dernière procession a eu lieu en Août 1949, et la dernière le 15 Août 1988. La dernière statuette n’est pas encore avalée.

photo : krapo arboricole

 

 

Le gros chêne sessile d'Evans - Jura

âge estimé : environ 300 ans - 5 mètres de circonférence, - 1 mètre 60 de diamètre et 20 mètres de haut.

Au printemps 2003, il a bénéficié d'un toilettage, qui lui assurera une meilleure longévité. 

Auteur photo : MC. Palys


 

 

Chêne remarquable de Tronjoly à Bulat-Pestivien (France)

âge  estimé : de 1500-1700 ans.

Treize mètres de circonférence, des branches aussi massives que le tronc d’un jeune chêne. A tel point qu’il a fallu la pose de trois béquilles pour supporter leurs poids. Le majestueux chêne de Tronjoly est tentaculaire . Son tronc noueux, à l’aspect éclaté, est singulier. Plusieurs explications ont été avancées : il aurait été victime de la foudre, il se serait ouvert sous son propre poids ou est-ce plusieurs chênes collés les uns aux autres ? 
On raconte aussi qu’un moine, vers 1750, aurait établi sa bibliothèque au creux du tronc… 

Auteur photo : Michel Lefrancq


 

 

Le chêne pédonculé surnommé "arbre girafe" à cause de sa silhouette

"site du Conservatoire du littoral" à Fouesnant Finistère

ag estimé :  200 ans 

circonférence de 2,80m et mesure 18m de haut.

Il s’arrondit en forme d’arche et marque l’entrée dans un bois, où l’on entre, dit-on, en suivant un rituel : parler à l’arbre, le caresser, poser une oreille sur son tronc… 

élu "arbre de l’année" par le public en France

Crédits photo : Claude Folgoas

 

 

Les chênes pédonculés de Locmaria-Berrien (Finistère).

Age estimé : 400 ans 

Ils auraient été plantés en 1589, l'année de la mort de Catherine de Médicis 

l'un à 5,80 mètres de circonférence à 1 mètre du sol en 1996.

Leur survie est menacée, les deux troncs étant creux.

Auteur Photo : Henri Moreau

 


 

En Bretagne les chênes sont encore très nombreux. Parmi les plus célèbres :

Chêne à Guillotin, Paimpont, Concoret Morbihan, en bordure de la forêt

Age estimé : 1000 ans

9,60 m de circonférence, 15 m de haut et sa circonférence était de 9,51 m en 2000. 

Son nom vient de Pierre Paul Guillotin, prêtre réfractaire qui a trouvé refuge à Concoret en 1791. Il se cacha dans le tronc de l'arbre, lequel peut contenir une douzaine de personnes. Une légende raconte qu'au moment où il y trouva refuge, Notre-Dame de Paimpont est descendue sur terre transformée en araignée, et tissa une toile pour boucher l'entrée du tronc et ainsi rendre invisible la présence du prêtre.

photo : freek2

 

 

Chêne millénaire de Saint-Jean-Brévelay Morbihan , Bretagne , France)

Le chêne du Pouldu (ou chêne de Kergain), surnommé "le patriarche d’Armorique"

Age estimé : environ plus de cinq-cents ans, ).

Il s'agit d'un chêne pédonculé creux, un des derniers chênes sacrés de Bretagne, inscrit aux monuments naturels depuis le 2 décembre 1909 par arrêté ministériel.  Il est haut de 16 m et avait jusqu’à ces jours derniers une circonférence de 10 à 12 m. Son tronc creux pouvait abriter 10 personnes.

Son tronc creux pouvait abriter 10 personnes. 

Appartenant à la famille Lanjuinais, l'arbre est cédé au conseil général du Morbihan en 1971, à condition "de laisser ce chêne en racine jusqu'à ce qu'il tombe de vétusté ou par force majeure".

Une grande partie de son tronc est tombée au début du XXI°  siècle.

Légendes
L'arbre aurait vu Jules César faire une sieste à son ombre. Il aurait servi d'abri pendant la Révolution, puis de poste de garde aux troupes allemandes de la Seconde Guerre mondiale.

Cet arbre passe également pour être un arbre guérisseur : les personnes souffrant de difficultés de locomotion passait sous son arche pour solliciter la guérison.

Auteur photo : KGN

 

 


Le Gros chêne de Meaucé, Eure-et-Loir en région Centre-Val de Loire.

Age estimé : 660 ans

chêne Quercus de 13 mètres de haut,

planté en 1360 par Jeanne la fille du seigneur de Meaucé, en gage de fidélité pour son fiancé, parti combattre les Anglais et qui ne revient jamais. La légende raconte que les larmes versées par Jeanne sont le secret de la longévité du Gros chêne.

L’arbre aurait abrité les rencontres galantes d’Henri IV. On dit aussi que Louis XIII et Napoléon s'y seraient assis.

Vestige du bois du château de Meaucé, le chêne pousserait sur la souche d'un autre chêne druidique, ce qui en fait un arbre emprunt de spiritualité.

Une cavité au creux de son tronc a abrité une statue de la Vierge, volée à la Révolution française. Un champignon poussa à la place, prenant alors la forme... d'une Vierge

C'est un des plus vieux chênes de France et une de ses branches est tombée il est donc en danger.

Auteur Photo : France 3

 

 

Chêne de Saint-Civran, dans la région Centre, dans le bocage du Berry. situé entre le hameau de La Bitte et celui de Chassingrimont.

Elu "arbre de l'année 2013", 

Age estimé : millénaire, 

La circonférence au sol du chêne de la Bitte est nettement supérieure avec 1630 cm. 

L'arbre présente des dimensions impressionnantes : une circonférence de 7 mètres, pour une hauteur de 12 mètres. Son tronc très large est creux. Une canne en bois a été installée pour maintenir ses branches adjacentes.

Auteur photo : Sébastien Richet - Les têtards arboricoles 

 

 


Le Chêne de la Ronde près d'un étang au cœur du Bois de la Motte sur la commune des Essards (Indre-et-Loire)

Age estimé : 300 ans

28 mètres de haut sur 28 mètres de large et la circonférence de son tronc à 1 m du sol était de 6,50 m.

Planté suivant les sources au 17ème siècle ou vers 1750, ce spécimen rare de chêne pédonculé semble avoir été taillé en têtard.

Une légende locale rapporte que la Reine d'Angleterre Victoria aurait passé une nuit à l'abri de son feuillage…

Auteur Photo : Christian Nicolas - Krapo arboricole 

 

 

Chêne liège, l'arbre-oiseau "Arburacellu" de Ghisonaccia Haute-Corse 

Élu arbre de l'année "Prix du Public 2018"

4e finaliste du concours « Arbre Européen de l'année 2019 

Les excroissances de son tronc lui donnent selon l'angle de vue le profil d'un gigantesque oiseau. 

Age estimé : de 200 à 230 ans selon les estimations de l’Office National des Forêts.

Il mesure de 20 à 25 m de haut avec une circonférence de 5 m.

Ces protubérances liégeuses, qui le rendent si particulier, ont pu émaner d’un incendie qui aurait fait brûler le cœur, ou de la foudre qui l’aurait frappé.

Auteur Photo : Pierre Huchette

 

 

Le Vénérable chêne de Montpy 

En face L'ancienne chartreuse du Mont-Dieu (XII° siècle) était un monastère de moines chartreux fondé dans la forêt d'Ardenne, aujourd'hui: département des Ardennes (France). 

Age estimé : envi­­­­ron 350 ans, 

5,10 m de circon­­­­fé­­­­rence et ses 33 m de hauteur.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les militaires français l’ont l’utilisé comme observatoire. Sa position dominante permettant de surveiller un large périmètre.

Des échelons avaient été installés pour accéder à une plate-forme. Ceux-ci furent retirés à la fin du conflit par un prisonnier allemand. Il ne reste que des cicatrices assez légères suivant la torsion du tronc.

Auteur photo : Yannick Morhan - Les têtards arboricoles

 

 

Le "Chêne des Sorcières", dans la forêt de Zang située entre L'Hôpital, Moselle et Saint-Avold, Moselle,

Age estimé : 850 ans.

Il s'agit d'un chêne pédonculé (Quercus robur L) constitué de deux arbres qui ont fusionné. C'est l'un des plus vieux arbres forestiers de France.

La circonférence de son tronc est de 6,40 m mesurée à une hauteur de 1,50 m . Sa hauteur est d'environ 21 m .

Vandalisé en 2008 et ayant souffert de diverses tempêtes, il est actuellement étayé à la suite de travaux de protection entrepris par l'Office national des forêt.

"On raconte qu'en l'an 1180, l'empereur Frédéric Barberousse était venu chasser dans l'immense forêt du Warndt en compagnie du comte de Sarrebruck et du seigneur de Varsberg. Barberousse aurait planté sa lance dans le chêne en disant : "C'est ici que nous allons reprendre des forces".

Auteur    photo : Jean-Marc Pascolo

 

 

Le "chêne de Saint Jean" situé près Jean-Aux-Bois en forêt de Compiègne

est l'un des plus vieux chênes forestiers de France, 

Le site des Beaux-Monts abrite des chênes quadricentenaires sur une centaine d'hectares, plantés par des moines en 1547. 

Ce chêne sessile est haut de 25 mètres, son tronc atteint plus de huit mètres de circonférence et son diamètre est de 2,45 mètre à 1,50 m du sol. 

C'est un chêne rouvre ou sessile planté par les moines de Saint-Jean-aux-Bois sous Saint Louis entre Saint-Jean-aux-Bois et le carrefour du Boquet Colin. 

Age estimé : entre sept cent cinquante et huit cents ans 

Ses branches sont longtemps coupées "en têtard" pour donner du bois de chauffage. Ce traitement a favorisé le développement de champignons qui le parasitent désormais complètement. En 1970, des enfants allument un feu dans le tronc pour détruire un nid de guêpes. Le brasier abime encore davantage la base du tronc.

A terre sur la gauche, la branche principale tombé en 2011.

Auteur photo : Gael Charpentier

 

 

Chêne "Le Revenant"

La forêt de Crécy est une forêt domaniale des Hauts-de-France, située dans la Somme, 

Canton de la Haute Loge 

classé en 1904

Auteur photo : APictche

 

 

Le chêne à feuilles de myrsine, à l' Arboretum de la Vallée-aux-Loups
situé au cœur du Val d'Aulnay au 102, rue de Chateaubriand à Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine (France).

Cet arbre a été planté environ en 1895

Age estimé : environ 126 ans

Quercus myrsinifolia ou Cyclobalanopsis myrsinifolia Bl. non Schiras (fr:Chêne à feuilles de myrsine)

16m de hauteur, la circonférence du tronc de l'arbre, mesurée à une hauteur de 40 cm, est 3,85 m (30 juil. 2019, Wim Brinkerink).

Comme cet arbre est un arbre multi-tronc, il est possible que la circonférence du tronc est plus grand que ce qui peut être attendu d'un arbre de cet âge. 

Auteur photo : ligne 1

 


 

Le Chêne de la Vierge, Le Chêne de Viroflay

Situé sur le coteau sud de Viroflay, dans le département des Yvelines en région Île-de-France.

Le Chêne de la Vierge, est classé arbre remarquable par l’Office National de Forêts.

Age estimé : environ 515 ans

Il aurait été planté en 1506 (sous le règne de Louis XII, 9 ans avant le début du règne de François Ier)

-  Chêne mature, il est sorti de son contexte de zone boisée, isolé, localisé en bord d’une route départementale très fréquentée.

-  Sa circonférence (mesurée en 2009) est de 527cm et sa hauteur entre 30 et 35 mètres.

En 1859, une grave épidémie de choléra touche la commune de Viroflay. Le curé implore la Vierge et l'épidémie cesse. La paroisse étant consacrée à Notre-Dame du Chêne, des processions au chêne de la Vierge sont régulièrement organisées.

Une nouvelle statue de pierre est installée en 1881. Profanée, elle sera remplacée par une statue en fonte.

En 1903, le ministère de l'Intérieur interdit les processions dans la forêt de Meudon. Une procession au chêne de la Vierge sera néanmoins organisée le 15 août 1914 lors de l'entrée en guerre de la France.

Auteur photo : J. Larour mars 2008

 


 

Chêne millénaire d’Allouville-Bellefosse en Seine-Maritime , France.

Le chêne d'Allouville est un chêne pédonculé situé au centre du village d'Allouville-Bellefosse,  dans le pays de Caux, en Seine-Maritime. 

Son âge exact n'est pas connu il est réputé comme étant le plus vieux chêne en France.

age estimé : entre 900 et 1100 ans

Sa hauteur est de 18 m et sa circonférence atteint les 15 m à 1 m du sol. Localisé à proximité immédiate du clocher de l'église du village, il abrite en son sein deux minuscules chapelles. L'arbre s'étant creusé de l'intérieur.

Le chêne d'Allouville est inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis 2009.

Selon la légende, le chêne a été planté en 911 pour la naissance de la Normandie , il a pu voir défiler les troupes de Guillaume le Conquérant en marche vers l'Angleterre qui, aurait fait halte à son pied.

Les premières mentions écrites datent de 1696. Cette année-là, l'abbé Jacques Delalande du Détroit, fief de l'île de Ré, le curé de la paroisse, glisse une image de la vierge dans la fissure de l'arbre, et dédie alors cet arbre à Notre-Dame de la Paix. L'arbre se creuse de plus en plus, et la largeur de la fissure est alors de 22 centimètres. Le père Du Cerceau écrit en 1710 une ode dans laquelle  "il se souvient qu'il aurait pu être ermite et se voyait apporter chapon et champagne par les braves paroissiens."

Jadis entouré d'autres arbres, le chêne a échappé à plusieurs reprises à la destruction. 

Une statue de la Vierge en bois doré est notamment offerte au chêne par l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, et se trouve aujourd'hui dans la sacristie de l'église Saint-Quentin. La chapelle, ainsi que la chambre qui la surmonte et l'escalier qui y conduit, vieillissent sous l'action du temps. En 1853, l'abbé Cholet demande le classement du chêne comme monument historique et la restauration du lambris de la chapelle. 

Au XIX°  siècle, le chêne d'Allouville-Bellefosse devient officiellement une curiosité. 

En 1912, il est frappé par la foudre qui l'ampute de moitié ; il est depuis sans cesse ausculté, soigné et consolidé. Grâce à Henri Gadeau de Kerville, le site naturel est classé par un arrêté du 23 août 1932.

En 1988, une structure métallique est installée pour soutenir l'arbre qui menace de s'abattre. Deux ans plus tard, le chêne est restauré à cause de son état de santé et des dégradations dues au tourisme. 

Dans les années 1988-1993, un homme assez extraordinaire, Robert Bourdu, eut un coup de cœur pour ce végétal. Il  réussit à mettre en œuvre les travaux de sauvegarde. 

En 2007, une reprise des escaliers, le réaménagement des abords pour éviter le piétinement et améliorer les conditions de sécurité ont été effectués.

En 2008, les planches de bois et les graviers qui entourent le chêne ont été changés et un espace a été spécialement aménagé aux alentours pour faciliter la visite des touristes.

Auteur photo : Le ghola (2009)

 


 

Un chêne vert somptueux au cœur du Conservatoire du Vignoble Charentais à Cherves-Richemont est une commune du Sud-Ouest de la France située dans le département de la Charente (région Nouvelle-Aquitaine), 

Il aurait été planté sous le règne de François 1er

Age estimé : 400 ans

Une circonférence de 5 mètres à 1,30m pour une hauteur de 17 mètres.

Ce chêne a perdu des branches secondaires lors de la tempête de décembre 1999.

auteur photo : Fabien Perrotin - Krapo arboricole

 

 


Le Chêne pédonculé, Quercus robur, dénommé "Chêne d’Artois", ferme d’Artois, Beuvardes dans l'Aisne, en région Hauts-de-France.

Age estimé : plus de 700 ans,

d'une hauteur de 22 mètres, 7,96 mètres de circonférence

En 1464, le Prieur Leroy fait reconstruire à ses frais et à l'aide d'un don du monastère de Coincy, la ferme d'Artois, là où elle se trouve encore actuellement.

C'est à cette époque que les moines creusent un guet pour élever des poissons destinés à nourrir les moines de l'abbaye... deux chênes auraient été plantés...un seul subsite...  

Le fait qu'il ait les pieds dans l'eau serait-il le secret de sa longévité, toujours est-il qu'il serait le doyen Français avec une autre arbre situé du côté de Caen.

Son environnement, le plan, d'eau et la ferme, se mettent mutuellement en valeur. Malgré son tronc en partie creux depuis lequel on voit percer la lumière de part  en part et un certain nombre de branches mortes, il est somptueux !

Auteur photo : Jeroen Philippona.


 


Le chêne de Lys situé sur la propriété Casamayou à Lys 

Age estimé : environ 600 ans

d'une circonférence de 7,50 m,

Labellisé "Arbre remarquable de France" en 2012

Son origine d’après les estimations remonterait au XVIe siècle.

Auteur photo : Les têtards arboricoles


 


Le chêne de Sully à Villariès, dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.

Après les guerres de religion, il fallut reboiser le pays. Sully, ministre d’Henri IV, exigea que les seigneurs plantent sur la place publique un arbre symbole de la justice.

A Villariès, c’est un chêne qui a été choisi et il résiste encore malgré son grand âge...

La tradition orale qui manque souvent de modestie nous dit que Sully, ministre du roi Henri IV, serait venu en personne à Villariès et aurait attaché son cheval à ce chêne. 

Auteur photo : Didier Descouens (2013)


 

 

Le chêne de Merles dans le Tarn-et-Garonne territoire des Deux Rives, est majestueux et vieux de plusieurs siècles, son tronc fait plus de 7 mètres de circonférence.

Age estimé : 400 ans

Le vendredi 10 juillet au matin en 1579, le Roi Henri de Navarre accompagné de la Reine Margot après un dîner copieux qui s'était tenu à Auvillar sont venus ce reposer sous ce chêne avant de reprendre leur route pour se rendre à Nérac à Montaubon.

Auteur photo : Georges Feterman

 


 

Le chêne-chapelle de Montréverd, (Saint-Sulpice-le-Verdon) 

Au bord d'une allée se dresse un chêne que l'on dit millénaire et qui accueille en son sein une chapelle.

Cet arbre remarquable a mesuré jusqu'à 14,50 m de circonférence à la base et atteignait 9,50 m de la terre. Vu son grand âge, son tronc est creux à l'intérieur.

Les agressions successives de l'homme et des insectes ont eu raison de sa vitalité. Le coup de grâce a été porté au début du XXème siècle par la construction d'un réseau de voirie.

En 1911, le Maire de St-Sulpice-en-Verdon décida d'aménager le creux du chêne en une chapelle dédiée à Notre Dame du Sacré-Coeur de la Chevasse. La chapelle a bénéficié d'une restauration en 1949.

auteur photo : Ouest France


 

 

Le chêne blanc du village de Grambois dans le Vaucluse

Ce très gros et très vieux chêne pubescent (Quercus pubescens) se situe du côté nord du village de Grambois et immédiatement en contrebas de celui-ci. Il pousse près du boulodrome et des sentiers de promenades très fréquentés du public.

Âge estimé : 200 ans

Il s'agit d'un des chênes les plus imposants et les plus majestueux du Vaucluse, qui serait un survivant d’une très ancienne chênaie, détruite à la fin du XVIIIe siècle. 

Son tronc à l’écorce crevassée montre une circonférence de 5,75 m. Il reste en excellent état pour son âge et montre notamment une frondaison assez complète. Il porte un large houppier très bien développé, dont chacune des 3 énormes charpentières fait 10 à 13 m de longueur.

Auteur Photo : France image

 

 

Chêne rouvre 'Le Chêne Cuve' dans le Forêt de Brotonne, Heurteauville, Seine-Maritime, France

est l'un des plus vieux arbres de Haute-Normandie

Age estimé à 380 ans.

Ses tiges vigoureuses se dressent vers le ciel à 39 m de haut et il atteint aujourd'hui 7,30m de circonférence.

es cinq tiges initialement présentes, seules quatre subsistent. 

L'histoire de l'amputation du cinquième brin diffère suivant les versions : 
- un braconnier aurait voulu se venger du garde forestier (en 1830), ou bien les prussiens auraient voulu supprimer un arbre célèbre mais n'auraient pas eu le temps de mener à bien leur forfait (en 1870).


Dans tous les cas, la cuvette étanche formée entre les brins retient l'eau qui, chargée en tanins, aurait la propriété de guérir les dartres.

Le chêne Cuve est recensé dans la base de données des arbres remarquables des forêts publiques et à ce titre régulièrement suivi.

 

 

 

Le chêne de Cheillé, Azay-le-Rideau, (Indre-et-Loire), 

un chêne pédonculé (Quercus robur)  pousse dans le mur de l'église Saint Didier à Cheillé.

La circonférence du tronc de cet arbre n'est pas connue.

D'une hauteur de 12 mètres et la ramure fait 15 mètres de large,

Cet arbre a été planté environ en 1850 

son âge serait aujourd'hui de 171 ans. 

Le tronc et les racines de ce beau chêne pédonculé s'enfoncent à l'intérieur du mur.

il n’y a aucune trace du chêne à l’intérieur de l’église

Ce Majestueux chêne a veillé sur sa paroisse et tous ses fidèles depuis qu’il a été considéré comme faisant partie intégrante de l’édifice. 

Labellise " Arbre remarquable de France"

 

 

 

Chênes remarquables en Europe

 


Le Major Oak - Royaume Uni


est un chêne de très grande taille situé au cœur de la forêt de Sherwood, près du village d'Edwinstowe dans le Nottinghamshire, en Angleterre.  il aurait servi de repaire à Robin des Bois.

Age estimé : entre 800 et 1000 ans

Sa circonférence est de 10 mètres. 

Il existe plusieurs théories expliquant pourquoi il est devenu si immense et avec une forme si particulière :

- Le Major Oak pourrait être plusieurs arbres qui auraient fusionné lorsqu'ils n'étaient encore que des chêneaux ;

- L'arbre aurait été élagué à la manière d'un trogne, provoquant le développement important du tronc. Cependant, aucun arbre des environs n'a subi un tel élagage.

L'arbre tire son nom de sa description qu'en a fait le major Hayman Rooke en 1790. 

Depuis la période victorienne, ses branches massives sont en partie maintenues par un système complexe d'échafaudages.

En février 1998, une entreprise locale cultive des boutures de l'arbre avec l'intention d'envoyer des pieds pour les planter dans les plus grandes villes du monde.

En juin 2002, le Tree Council a désigné le Major Oak comme un des cinquante Great British Trees pour sa place dans le patrimoine national britannique.

En 2014, le Major Oak a été élu "arbre de l'année“.

Le Major Oak a été présenté dans l'émission de télévision Seven Natural Wonders comme une des merveilles des Midlands.

 

 


Le chêne des Bosses - Chatillon - Jura Suisse, 

 

est un très vieux chêne, protégé comme un monument historique par l'Office cantonal de l'environnement,  qui doit son nom à son vieux tronc très tourmenté fait de bosses et de boursouflures.

Il est considéré comme le plus grand et le plus vieux chêne pédonculé d’Europe (il est d’ailleurs présenté comme tel dans le livre des records). 
Age estimé : environ 1040 ans

Les dernières estimations dendrochronoliques lui accordent plus raisonnablement un âge d'environ 400 ans (difficile de le dater par dendrochronologie, car son cœur est en putréfaction). Il fait partie du groupe des plus vieux chênes d'Europe avec celui de Liernu en Belgique et celui d'Allouville-Bellefosse en Normandie. 

Il doit probablement sa longévité à sa situation dans un creux qui le met à l'abri des courants, tout en lui laissant une lumière favorable. 

Un sentier didactique permet d'y accéder aisément.

Le pâturage sur lequel il est situé contient d'autres magnifiques chênes, c'est pourquoi une légende est née, qui dit que chaque fois qu'un jeune homme épousait une fille du village, il devait planter un chêne la première nuit de noce.

 


 

Le chêne de Stelmužė  - Lituanie


Dans le nord-est de la Lituanie, près d’une l'église en bois du XVIIe siècle, construite par des maîtres lettons, se trouve le chêne Stelmužé. 

est considéré comme le plus gros arbre de Lituanie 

8 mètres de diamètre 

D'une hauteur de 22 m

Sa circonférence de 9,7 m en 2014. 

ll serait vieux de 1000 à 1500 ans, 

Il est l'un des arbres les plus anciens d'Europe et symbolise de la force. 

Un dicton Lituanien dit : " être aussi fort que le chêne de Stelmužė". 

En Lituanie, les glands du chêne Stelmužė ont été utilisés pour le répandre largement, conservant les gènes de ce vétéran pour de nombreuses années à venir.

L'arbre a été restauré avec des plaques de cuivre (procédé très coûteux) qui contrastent avec les simple supports en bois.

Arbre européen de  l'année 2017

 

 

 

Le chêne vert millénaire de Lecina  - Espagne 

Ce chêne vert (Quercus Ilex l.) dressé dans le petit village d’Alto Aragón, dans la province d’Huesca, au nord-ouest de l’Espagne, 

Age estimé : 1000 ans

Une hauteur de plus de 16 mètres 

pour un tronc de 7 mètres de périmètre.

Elu le plus bel arbre européen de l’année 2021

L’histoire raconte que le chêne vert faisait autrefois partie d’une forêt dense et impénétrable qui abritait des loups, des ours et des sorcières. Les villageois redoutaient particulièrement ces dernières qu’ils accusaient de leur causer de graves malheurs. Ils n’osaient donc pas s’aventurer parmi les arbres ce qui ravissait tous les végétaux.
L’un d’entre eux, un jeune chêne vert, n’appréciait guère la réputation associée à sa forêt et déplorait le sort des villageois. À tel point qu’il empêchait les sorcières de se réfugier dans ses branches. Après avoir écouté les protestations du chêne et discuter avec les autres arbres plus vieux, les sorcières décidèrent de partir s’installer à un autre endroit…


 

 

Le chêne liège siffleur  - Águas de Moura, Alentejo, Portugal

Le Chêne liège Siffleur (quercus Suber) doit son nom aux innombrables oiseaux qui se perchent sur ses branches. 

Planté en 1783 à Aguas de Moura, ce chêne liège a déjà été écorcé plus de vingt fois. 

En plus de sa contribution à l’industrie du liège il joue un rôle important dans l’écosystème et dans a lutte contre le changement climatique. 

Agé  estimé :  234 ans, 

Le Siffleur est classé "Arbre d’Intérêt Public " depuis 1988 

Il figure au Guiness Book des Records : "le plus gros chêne liège au monde".

Il est élu l’Arbre Européen de l’Année 2018

Aujourd’hui, un lien fort persiste entre le végétal et les habitants d’Alto Aragón. Et il est régulièrement le siège de célébrations ou d’hommage dans le village. 


 

 

Chênes remarquables dans le monde

 

 

L'Angel Oak (aussi appelé en français Chêne Ange) - Caroline du Sud  - Etats Unis.

est un chêne de Virginie (Quercus virginiana) situé dans le parc Angel Oak, sur l'île de Johns près de Charleston. 

L'âge de ce chêne est estimé entre 400 et 500 ans

Il mesure 20 mètres de haut.

Avec ses 8,5 mètres de circonférence, il génère une zone d'ombre de 1600 m2. 

Sa plus longue branche mesure 57 mètres. 

L'Angel Oak est le 210e arbre à être enregistré par la Live Oak Society.

L'arbre se trouve sur une partie des terres ayant appartenu à Abraham Waight en 1717.

Le nom de cet arbre ne fait pas référence aux anges, créatures célestes, mais à Justus Angel (un afro-américain propriétaire d'esclaves) et à sa femme, Martha Waight Tucker Angel. Le folklore local raconte que les âmes des anciens esclaves apparaissent sous la forme d'anges autour de cet arbre.

L'Angel Oak a subi de sévères dommages lors de l'ouragan Hugo en 1989 mais semble s'être rétabli depuis.

En 1991 à la suite de cet événement, la ville de Charleston avait alors repris la propriété de l'arbre et plus globalement du parc.

 

 

 

Le chêne de Jurupa - Californie - Etats Unis


Un chêne de Palmer, survit depuis 13 000 ans sur la  colline de Jurupa en Californie, USA

C'est l'un des êtres vivants les plus vieux de la planète.

Il a été estimé à au moins 13000 ans. 

Le gland de chêne de Palmer dont l'arbuste est issu a germé il y a probablement plus de 13000 ans.

Cet arbuste  a survécu jusqu'à aujourd'hui aux sécheresses et aux coups de foudre, non sous la forme majestueuse qu'on prête aux arbres du genre Quercus, mais sous celle d'un modeste buisson de 28 mètres par 5, ne dépassant pas 1 mètre de haut.

S'il a retenu l'attention des chercheurs, c'est parce qu'il était le seul de son espèce dans un environnement aussi sec, et à si basse altitude (336 mètres), alors que ses pareils s'épanouissent généralement entre 900 et 1500 mètres. Les scientifiques ont fait l'hypothèse que l'ensemble des repousses émanait d'un clone unique. 

Une analyse génétique a montré que c'était bien le cas. Restait à déterminer son ancienneté. Impossible d'utiliser la datation au radiocarbone : les termites avaient dévoré tout le bois mort. Mais, en évaluant sa croissance annuelle à partir de cernes de branches, les chercheurs ont estimé à au moins 13 000 ans le laps de temps qui lui a été nécessaire pour coloniser le fragment de colline où il a pris racine.

La ville s’étend à ses pieds et grignote chaque jour du terrain, il y a peu de chance qu’il subsiste encore longtemps.


 

 

 

Le Chêne, et l'économie en Europe

 


Le chêne est probablement l’un des arbres les plus emblématiques du continent européen. Il est également l’arbre le plus répandu dans certains pays européens, comme la France où il représente 40% des essences. 


Au niveau économique, ses avantages sont nombreux: son bois, très résistant, est, ou a été, utilisé aussi bien dans la construction de bâtiments de prestige et de bâteaux que pour la confection de tonneaux où bien des alcools vieillissent.

 

le liège est produit à partir de l’un de ses espèces, le chêne-liège, qui se trouve notamment en Espagne et au Portugal.


La truffe noire se trouve uniquement dans les sols calcaires  pied d'arbres dits truffiers souvent des chênes. Elle se développe au printemps et grossit à partir de mi-août pour arriver à maturité plusieurs mois plus tard. Elle est alors ramassée (on dit "cavée") à l'aide, en général, d'un chien truffier, d'un cochon ou de mouches.


 

Symbole du chêne en Europe et dans le monde

 


Huit États européens en ont fait leur arbre national, partageant cette caractéristique avec… les États-Unis, où le chêne est également un arbre important. 

 

Allemagne

En Allemagne, le chêne est utilisé comme objet et symbole typique du romantisme.
La tige du chêne est un symbole de la force et de la stabilité de l'Allemagne. 

Les feuilles de chêne et les glands ornent les galons des officiers supérieurs et du personnel forestier. 

Ces deux symboles ont toujours décoré les pièces de monnaie, depuis l’empire allemand en 1871 jusqu’à l’euro d’aujourd’hui, en passant par l’ancien mark allemand.  

Des branches de chêne étaient affichées au revers des pièces de l'ancienne monnaie Deutsche Mark, et des feuilles sur leurs centimes d’euros 

 


Bulgarie

Blason de la Bulgarie
Le blason national de la Bulgarie comprend deux branches de chêne croisées avec des fruits - comme compartiment de l'écusson.

 

 

Croatie

Des feuilles de chêne avec des glands sont représentées au revers de la pièce croate de 5 lipa, frappée depuis 1993. Le chêne pédonculé de la région croate de Slavonie (considéré comme une sous-espèce distincte - est un symbole régional de la Slavonie et un symbole national de la Croatie.

 

 

Espagne

Autrefois considéré comme sacré, le chêne vert figure sur le drapeau de la communauté autonome de l’Aragon, lui-même inspiré du blason de l’ancien royaume de Sobrarbe. 


 

France

Le chêne en France a une valeur symbolique depuis l'Antiquité. Certains chênes étaient considérés comme des arbres sacrés par les Gaulois. Les druides coupaient le gui qui poussait sur eux. Après la christianisation, les chênes continuèrent ) être vénérés, ils étaient considérés comme protecteurs car la foudre tombait sur eux plutôt que sur les habitations voisines. Ces arbres frappés furent souvent transformés en lieux de culte. 

Les statues (idoles christianisées) étaient traditionnellement sculptées dans du bois de Chêne. 

C'est souvent sous ces arbres qu'avaient lieu les sabbats de sorcières.

Dans la France médiévale Saint Louis rendait justice sous un grand chêne,

Pendant la Révolution française, les chênes étaient souvent plantés comme arbres de la Liberté. 

L'un de ces arbres, un chêne planté lors de la Révolution de 1848, a survécu au massacre d'Oradour-sur-Glane par les nazis. La branche de chêne fait partie de l'emblème national de la France. 

Les généraux français portent encore sur le képi de leur tenue d'apparat une couronne de feuilles de chêne.

Le Képi de commissaire de police avec un bandeau brodé d'un rang de feuilles et de glands de chêne en argent, et un triple nœud hongrois sur le calot.


 

 

Lettonie

Blason de la Lettonie

En Lettonie, le chêne est le symbole national. De nombreuses chansons folkloriques lettones parlent de chêne.

La base des armoiries est ornée de branches de chêne.

 

 

Roumanie

. Les joueurs de l’équipe nationale de rugby de la Roumanie sont surnommés… les Chênes. (Stejar - Stejarul en roumain) 
 

 

 

Royaume-Uni

En Angleterre, le chêne anglais a assumé le statut d'emblème national. Cela a ses origines dans le chêne de Boscobel House, où le futur roi Charles II s'est caché de ses poursuivants parlementaires en 1650 pendant la Première révolution anglaise ; l'arbre est depuis connu sous le nom de Royal Oak. Cet événement a été célébré à l'échelle nationale le 29 mai sous le nom de Oak Apple Day, qui se poursuit encore aujourd'hui dans certaines communautés. 

"The Royal Oak"  a été le nom de huit grands navires de guerre de la Royal Navy. 

Le chêne est l'arbre forestier le plus répandu en Angleterre.

 

La marche rapide officielle de la Marine est 'Heart of Oak'.

les Anglais ont choisi son bois pour les boiseries de la Chambre des Communes 

Un chêne a été représenté au revers de la pièce de monnaie (les numéros de 1987 et 1992) et un brin de feuilles de chêne et de glands est l'emblème du National Trust.

 

 

Suisse

Des feuilles de chêne sont représentées sur leurs francs.

 

 

Pays Basque

Au Pays Basque (Espagne et France) le chêne symbolise les libertés traditionnelles basques.

Ceci est basé sur l'arbre de Guernika, un chêne ancien situé à Guernika, au-dessous duquel depuis XIII° siècle les seigneurs de Gascogne d'abord, puis leurs successeurs les rois de Castille et les rois d'Espagne ont juré solennellement de respecter la charte de Gascogne, qui garantissait des droits étendus aux habitants de Gascogne.

Depuis le XIV° siècle, la Juntas Generales (le parlement de Gascogne) se réunit dans un bâtiment à côté du chêne, et adopte symboliquement ses lois également sous l'arbre.

Aujourd'hui, le Lehendakari (premier ministre basque) prête serment sous le sapin.

L'Arbre de Gernika (Gernikako Zuhaitza en basque) est un chêne de la ville basque de Gernika qui est l'emblème officiel de Biscaye.

 


Etats Unis

Les feuilles de chêne (en anglais : Oak leaf cluster, littéralement grappe de feuilles de chêne) sont un petit insigne en métal porté par les membres de l'un des sept services en uniforme des États-Unis,


 

 

 

Contes et légendes du chêne

 


Légende nordique


La Völsunga saga 


Saga légendaire nordique d'origine islandaise racontant l'histoire du clan Volsung au cours des générations. C'est une histoire d'aventures, d'amour et de tragédie datant du xiiie siècle mais ayant des sources provenant de textes plus anciens, comme l'Ancienne Edda.

"Le roi Volsung fit construire un édifice conçu de manière à comprendre un grand chêne dont les branches s'épanouissaient magnifiquement sur le toit, tandis que le plus bas le tronc se dressait à l'intérieur de l'édifice ; et les hommes appelèrent le dit arbre Branstock."


Sigmunds Schwert (1889) par Johannes Gehrts. Une mystérieuse silhouette ressemblant à Odin présente l'épée qu'il a plantée dans l'arbre Barnstokk.

 


Gabriel Gravier,

Légendes d’Alsace.


Le creux du chêne et les sorcières

 

Au sommet d’une colline se dressait un chêne majestueux, si vieux que le tronc en était devenu complètement creux. Cet arbre vénérable, appelé le Chêne-Creux, avait fini, tant il faisait partie du paysage, par donner son nom à tous les pâturages d’alentour.

C’est à son pied que vint, un soir, se coucher un garçon du Val de Villé parti à la conquête du vaste monde, avec un compagnon, pour y chercher la richesse. Mais que notre ami s’arrêtait là, en pensant qu’il avait bien le temps, que dame Fortune viendrait plutôt à lui, que luirait à elle, son compagnon, ne l’entendant pas de cette oreille, avait continué son chemin.

Notre philosophe s’endormit bientôt du sommeil du juste. Mais il en fut tiré par des frémissements et des bruissements étranges. Alors qu’il se frottait les yeux, il vit arriver, de partout, des femmes chevauchant des manches à balai, et toutes venaient se poser dan la ramure du chêne. Il comprit que des sorcières se réunissaient là pour tenir conseil. Il prêta l’oreille Voilà mon chef-d’œuvre, déclara fièrement la plus vieille et la plus laide de ces harpies :j’ai frappé de langueur la fille unique du duc de Lorraine,et aucun médecin ne peut la guérir. Si ces imbéciles savaient : il suffirait de lui donner à manger le cœur d’un poulain blanc, cuit sans sel. Le duc est si désireux de voir sa fille retrouver la santé, qu’il a promis de la donner en mariage à qui la sauverait. Mais il peut toujours attendre !

Quelque temps plus tard, une grande nouvelle parcourut toute la Lorraine : la fille du duc était guéri. Un étranger de passage lui avait donné une potion magique. En reconnaissance, le duc, fidèle à sa promesse, lui avait accordé la main de son enfant. Et, ce qui ne gâtait rien, le mari était, ma foi, joli garçon.

On l’a deviné sans peine, le sauveur, le mari de la jeune duchesse n’était autre que notre compagnon « peu pressé », lequel avait surpris le secret de la vieille sorcière.

Un jour que notre ¨petit duc¨se promenait avec son épouse, un mendiant s’approcha du carrosse doré des époux et tendit son chapeau crasseux d’une main tremblante. Alors le nouveau seigneur et le pauvre hêtre se reconnurent au premier regard, ils finirent de raconter leurs aventures autour de la table bien garnie du château. A peine le pauvre hêtre eut il quitté ses hôtes, qu’il courut, c’était son genre ! Se blottir au creux du vieux chêne, dans l’espoir d’y surprendre, lui aussi, quelques secrets bénéfiques. IL était installé la depuis peu de temps lorsque les sorcières revinrent se percher dans l’arbre. Et il entendit l’une d’elle s’écrier, d’une voix rauque de colère.

Mes compagnes, je dois vous dire qu’un espion a percé nos secrets, lors de notre dernier conseil, car la fille du duc est maintenant guérie. Avant tout chose, inspectons les alentours de ce chêne.

Et c’est ainsi que les harpies s’abattirent au pied de l’arbre, y dénichèrent le malheureux, se jetèrent sur lui et le mirent à mort.

Touché par la foudre durant une nuit d’orage, le chêne a été ensuite abattu, mais les sorcières n’ont pas cessé pour autant de fréquenter les lieux. La preuve, on voit encore dans le pré, à l’endroit que recouvraient les branches du chêne, un cercle tracé dans l’herbe par les hôtes du sabbat, et que l’on appelle, un peu partout, rond des sorcières. L’herbe de ces ronds est tantôt desséchée par des pas des danseurs, tantôt plus verte qu’alentour, car on a pris soin de l’engraisser avec la poudre de champignons appelés vesse-de-loup.
 

 

Conte Kabyle

 

Le Chêne de l'Ogre


Mon conte soit beau et se déroule comme un long fil ! 

L'on raconte qu'aux temps anciens il était un pauvre vieux qui s'entêtait à vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il était paralyse. On lui avait traîne son lit près de la porte, et cette porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une petite fille, à peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les jours son déjeuner et son dîner. Aicha venait de l'autre bout du village, envoyée par ses parents qui ne pouvaient eux-mêmes prendre soin du vieillard.

La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait à peine arrivée :
ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, o mon père Inoubba ! Et le grand-père répondait :
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

La fillette heurtait l'un contre l'autre ses bracelets et il tirait la targette. Aicha entrait, balayait la masure, serait le lit. Puis elle servait au vieillard son repas, lui versait à boire. Apres s'être longuement attardée près de lui, elle s'en retournait, le laissant calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque jour a ses parents comment elle avait veille sur son grand-père et ce qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aïeul aimait beaucoup à la voir venir.

Mais un jour, l'Ogre aperçut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqu’à la masure et l'entendit  chantonner :

Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba ! Il entendit le vieillard répondre :
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je répéterai les mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"

Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se présenta devant la masure et dit de sa grosse voix"
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
Sauve-toi, maudit ! lui répondit le vieux. Crois-tu que je ne te reconnaisse pas ?

L'Ogre revint a plusieurs reprises mais le vieillard, chaque fois, devinait qui il était. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier.
Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village. Il ne veut pas m'ouvrir parce que ma grosse voix me trahit. Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que celle de sa petite fille.

Le sorcier répondit :
Va, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la bouche grande ouverte. (© publié par Tamurth.net)Des fourmis y entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta voix s'éclaircira et s'affinera !

L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il achetait du miel, s'en remplit la gorge et alla s'étendre au soleil, la bouche ouverte. Une armée de fourmis entra dans sa gorge.

Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit a la masure et chanta
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !

Mais le vieillard le reconnut encore.
Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.

L'Ogre s'en retourna chez lui.

Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures au soleil. Il laissa des légions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrième jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille ! répondit l'aïeul.

L'Ogre s'était muni d'une chaîne ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit. L'Ogre entra et dévora le pauvre vieux. Et puis il revêtit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la dévorer aussi.

Elle vint, mais elle remarqua, des qu'elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit : "Qu'est-il arrivé à mon grand-père ?".
Elle verrouilla la porte de l'extérieur et chantonna
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !

L'Ogre répondit de sa voix fine et claire :
Fais sonner tes petits bracelets, O Aicha ma fille !

La fillette qui reconnut pas dans cette voix celle de son grand-père, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et courut au village alerter ses parents.
L'Ogre a mangé mon grand-père, leur annonça-t-elle en pleurant. J'ai ferme sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?

Le père fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous cotes pour porter ces fagots jusqu'a la masure et y mettre le feu. L'ogre essaya vainement de fuir. Il pesa de toute sa force sur la porte qui résista. C'est ainsi qu'il brûla.

L'année suivante, à l'endroit même ou l'Ogre fut brûle, un chêne s'élança. On l'appela le "Chêne de l'Ogre". Depuis, on le montre aux passants.

Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conte à des Seigneurs.


 


 

Hans Christian Andersen (1805-1875)

Le dernier rêve du chêne


Au sommet de la falaise haute et ardue, en avant de la forêt qui arrivait jusqu'aux bords de la mer, s'élevait un chêne antique et séculaire. Il avait justement atteint trois cent soixante-cinq ans ; on ne l'aurait jamais cru en voyant son apparence robuste.
 


 

George Sand (1804-1876)


Le chêne parlant

 

À Mademoiselle Blanche Amic

Il y avait autrefois en la forêt de Cernas un gros vieux chêne qui pouvait bien avoir cinq cents ans. La foudre l'avait frappé plusieurs fois, et il avait dû se faire une tête nouvelle, un peu écrasée, mais épaisse et verdoyante.
 

 

Conte du Québec

 

Il était une fois... Un beau chêne


Il était une fois... Un beau chêne si grand et si robuste, qu'il faisait l'admiration de toute la forêt. Bruno l'écureuil y avait établi son refuge qu'il bourrait de glands provenant de l'arbre majestueux. Sur la plus haute branche, Madame Rossignol avait dressé fièrement son nid. Et entre les racines énormes, gîtait Pomponet le lapin.

En résumé, tous y trouvaient un logis confortable. Mais hélas, ce beau chêne était aussi convoité par des bûcherons. 
 

 

Réformés - Le journal

Elise Perrier


Eugène le chêne


Eugène le chêne était le plus vieil arbre de tout le pays. Il coulait des jours heureux dans une forêt lointaine...

Jusqu’au jour où tous ses amis les arbres furent emportés par une violente tempête. Sauf lui. De tous les arbres de la forêt, il n’y eut qu’Eugène le chêne qui resta mystérieusement debout face au vent.

L’année suivante, on décida de replanter la forêt. Avec le temps, les graines devinrent de petites pousses, puis de jeunes arbres qui entouraient désormais Eugène le chêne, devenu centenaire.


 


Le Domaine national de Chambord

 

Jehan et le grand chêne

 

autoédite en 2020 son premier album jeunesse.


Un récit émouvant, inspiré de l’histoire de Chambord et de la Marine royale au XVIIIe siècle.


Jehan, un petit garçon de 8 ans, vit dans une ferme du parc de Chambord en 1745. Solitaire, il passe de longues heures en forêt au pied d’un grand chêne dont il a fait son refuge. Mais un jour, il découvre une mystérieuse marque sur le tronc de son arbre : une fleur de lys traversée par deux ancres de  marine.

Qui a bien pu laisser cette empreinte ?
 

 

Conte biélorusse 

 

Le Chêne Dorokhveï 

 

recueilli par Lev Barag et figurant dans son recueil intitulé Contes populaires biélorusses, sous le numéro 21. 

Le conte tire son nom d'un chêne magique qui se trouve sur une île où ont abordé onze des douze fils, qui avaient été jetés à la mer dans un sac de cuir. Il possède douze racines, croît « tout au bord de la mer bleue » et son tronc est creux : les frères s'y réfugieront sans pouvoir s'en échapper, car au-dehors les attend un oiseau mangeur d'hommes. Quant à l'île Bouïane, où a abordé le douzième fils, elle s'appelle ici Boudaï, et le héros y bâtira une ville appelée Kitaï1.

La fin est moins bénigne que dans le conte de Pouchkine : le tsar, pour les punir, attache les deux méchantes sœurs à la queue d'un cheval qu'il fait lancer au galop dans la plaine.
 


Dans ce royaume se dressait le chêne Dorokhveï avec ses douze racines, tout près de la mer bleue. » (Carl Gustav Carus, Chênes en bord de mer)


 

 

Conte des Pyrénées

 

Le chêne de Ria


Tout près de la nouvelle gare de Ria, à quelques mètres du mas Marie, il y eut un chêne robuste et séculaire qui projette l'ombre de ses feuillages sur la route nationale. C'est le roi des arbres d'alentour, comme un aïeul encore vert, au torse de géant, que ne firent plier ni les vents ni les orages, à la tête haute et fière, bravant les éléments, aux bras puissants et noueux qui protégèrent tant de générations.

Qui sait jusqu'où s'étendent dans le sol les racines puissantes, les nombreux tentacules de ce chêne gigantesque ? Qui sait de même de quelle époque remonte sa curieuse légende ? C'était du moins au temps où régnaient en souveraines dans le Roussillon, et particulièrement dans les environs de Prades, les mystérieuses Encantades.

Douces d'un pouvoir surnaturel qu'elles tenaient de l'enfer, ces sorcières malfaisantes lutinaient leurs victimes, leur jetaient des sorts, répandaient les pires maux dans la contrée, inspirant aux gens du pays une profonde terreur.
 

Partager cet article
Repost0