18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 01:38

Ondine Valmore est une poétesse et femme de lettres française née à Lyon le 2 novembre 1821 et morte le 12 février 1853 (à 31 ans)

 

 

Automne


Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L’emplit, on le dirait, de volupté profonde.

 

Sous les feux d’un soleil invisible et puissant,
Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.

 

L’automne vient : le fruit se vide et va tomber,
Mais sa gaine est vivante et demande à germer.
L’âge arrive, le coeur se referme en silence,
Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

 

 Ondine Valmore (1821-1853) - poètesse - Automne
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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 01:29

Cécile Sauvage, « poétesse de la maternité », est une femme de lettres française, née à La Roche-sur-Yon le 20 juillet 1883 et morte le 26 août 1927.

 


Fuite d’automne


Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici
L’Automne. Un long baiser du soleil a roussi
Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage,
Le flexible arc-en-ciel a retenu l’orage
Sur sa voûte où se fond la clarté d’un vitrail ;
La brume des terrains rôde autour du bétail
Et parfois le soleil que le brouillard efface
Est rond comme la lune aux marges de l’espace.

Mon âme, sors de l’ombre épaisse de ta chair
C’est le temps dans les prés où le silence est clair,
Où le vent, suspendant son aile de froidure,
Berce dans les rameaux un rêve d’aventure
Et fait choir en jouant avec ses doigts bourrus
La feuille jaune autour des peupliers pointus.
La libellule vole avec un cri d’automne
Dans ses réseaux cassants ; la brebis monotone
A l’enrouement fêlé des branches dans la voix ;
La lumière en faisceaux bruine sur les bois.
Mon âme en robe d’or faite de feuilles mortes
Se donne au tourbillon que la rafale apporte
Et chavire au soleil sur la pointe du pied
Plus vive qu’en avril le sauvage églantier ;
Cependant que de loin elle voit sur la porte,
Écoutant jusqu’au seuil rouler des feuilles mortes,
Mon pauvre corps courbé dans son châle d’hiver.
Et mon âme se sent étrangère à ma chair.
Pourtant, docilement, lorsque les vitres closes
Refléteront au soir la fleur des lampes roses,
Elle regagnera le masque familier,
Et, servante modeste avec un tablier,
Elle trottinera dans les chambres amères
En retenant des mains le sanglot des chimères.

 

 Cécile Sauvage (1883-1937) - poètesse - Fuite d'automne
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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 01:40

Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l'île de la Réunion et mort le 17 juillet 1894 à Voisins (Louveciennes).

Poèmes barbares

 

 

La Mort du Soleil

 

Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,
Plein d’adieux solennels, de plaintes inconnues,
Balance tristement le long des avenues
Les lourds massifs rougis de ton sang, ô soleil !

 

La feuille en tourbillons s’envole par les nues ;
Et l’on voit osciller, dans un fleuve vermeil,
Aux approches du soir inclinés au sommeil,
De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.

 

Tombe, Astre glorieux, source et flambeau du jour !
Ta gloire en nappes d’or coule de ta blessure,
Comme d’un sein puissant tombe un suprême amour.

 

Meurs donc, tu renaîtras ! L’espérance en est sûre.
Mais qui rendra la vie et la flamme et la voix
Au cœur qui s’est brisé pour la dernière fois ?

 

Charles Leconte de Lisle (1818-1894) - poète - La Mort du Soleil
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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 00:54

Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort dans le 7e arrondissement de Paris le 20 août 1887, est un poète français symboliste. Connu pour être un des inventeurs du vers libre, il mêle, en une vision pessimiste du monde, mélancolie, humour et familiarité du style parlé.

 

Petites misères d’octobre

 

Octobre m’a toujours fiché dans la détresse ;
Les Usines, cent goulots fumant vers les ciels….
Les poulardes s’engraissent
Pour Noël.

 

Oh ! qu’alors, tout bramant vers d’albes atavismes,
Je fonds mille Icebergs vers les septentrions
D’effarants mysticismes
Des Sions !….

 

Car les seins distingués se font toujours plus rares ;
Le légitime est tout, mais à qui bon ma cour ?
De qui bénir mes Lares
Pour toujours ?

 

Je ferai mes oraisons aux Premières Neiges ;
Et je crierai au Vent :  » Et toi aussi, forçat !
Et rien ne vous allège
Comme ça.

 

(Avec la Neige, tombe une miséricorde
D’agonie ; on a vu des gens aux coeurs de cuir
Et méritant la corde
S’en languir.)

 

Mais vrai, s’écarteler les lobes, jeu de dupe….
Rien, partout, des saisons et des arts et des dieux,
Ne vaut deux sous de jupe,
Deux sous d’yeux.

 

Donc, petite, deux sous de jupe en oeillet tiède,
Et deux sous de regards, et tout ce qui s’ensuit….
Car il n’est qu’un remède
A l’ennui.

 

alfons mucha - automne

alfons mucha - automne

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9 octobre 2019 3 09 /10 /octobre /2019 18:02

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois.

Les floraisons matinales

 

 

Rayons d’octobre (IV)

 


Maintenant, plus d’azur clair, plus de tiède haleine,
Plus de concerts dans l’arbre aux lueurs du matin :
L’oeil ne découvre plus les pourpres de la plaine
Ni les flocons moelleux du nuage argentin.

 

Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives
S’éteignent tristement dans les cieux assombris.
La campagne a voilé ses riches perspectives.
L’orme glacé frissonne et pleure ses débris.

 

Adieu soupirs des bois, mélodieuses brises,
Murmure éolien du feuillage agité.
Adieu dernières fleurs que le givre a surprises,
Lambeaux épars du voile étoilé de l’été.

 

Le jour meurt, l’eau s’éplore et la terre agonise.
Les oiseaux partent. Seul, le roitelet, bravant
Froidure et neige, reste, et son cri s’harmonise
Avec le sifflement monotone du vent.

Rayon d'octobre IV Shamtsov Leonid Vladimirovich

Rayon d'octobre IV Shamtsov Leonid Vladimirovich

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9 octobre 2019 3 09 /10 /octobre /2019 17:58

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois.
Les floraisons matinales

 

 

Rayons d’octobre (III)

 

Écoutez : c’est le bruit de la joyeuse airée
Qui, dans le poudroîment d’une lumière d’or,
Aussi vive au travail que preste à la bourrée,
Bat en chantant les blés du riche messidor.

 

Quel gala ! pour décor, le chaume qui s’effrange ;
Les ormes, les tilleuls, le jardin, le fruitier
Dont la verdure éparse enguirlande la grange,
Flotte sur les ruisseaux et jonche le sentier.

 

Pour musique le souffle errant des matinées ;
La chanson du cylindre égrenant les épis ;
Les oiseaux et ces bruits d’abeilles mutinées
Que font les gais enfants dans les meules tapis.

 

En haut, sur le gerbier que sa pointe échevèle,
La fourche enlève et tend l’ondoyant gerbillon.
En bas, la paille roule et glisse par javelle
Et vole avec la balle en léger tourbillon.

 

Sur l’aire, les garçons dont le torse se cambre,
Et les filles, leurs soeurs rieuses, déliant
L’orge blonde et l’avoine aux fines grappes d’ambre,
Font un groupe à la fois pittoresque et riant.

 

En ce concert de franche et rustique liesse,
La paysanne donne une note d’amour.
Parmi ces rudes fronts hâlés, sa joliesse
Évoque la fraîcheur matinale du jour.

 

De la batteuse les incessantes saccades
Ébranlent les massifs entraits du bâtiment.
Le grain doré jaillit en superbes cascades.
Tous sont fiers des surplus inouïs du froment.

 

Déjà tous les greniers sont pleins. Les gens de peine
Chancellent sous le poids des bissacs. Au milieu
Des siens, le père, heureux, à mesure plus pleine,
Mesure et serre à part la dîme du bon Dieu.

 

Il va, vient. Soupesant la précieuse charge
Et tournant vers le ciel son fier visage brun,
Le paysan bénit Celui dont la main large
Donne au pieux semeur trente setiers pour un.

rayons d'octobre III Henri Zuber - Battage du blé à la ferme

rayons d'octobre III Henri Zuber - Battage du blé à la ferme

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9 octobre 2019 3 09 /10 /octobre /2019 17:54

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois.

Les floraisons matinales

 

 

Rayons d’octobre (II)

 

À peine les faucheurs ont engrangé les gerbes
Que déjà les chevaux à l’araire attelés
Sillonnent à travers les chardons et les herbes
La friche où juin fera rouler la mer des blés.

 

Fécondité des champs ! cette glèbe qui fume,
Ce riche et fauve humus, recèle en ses lambeaux
La sève qui nourrit et colore et parfume
Les éternels trésors des futurs renouveaux.

 

Les labours, encadrés de pourpre et d’émeraude,
Estompent le damier des prés aux cent couleurs.
De sillons en sillons, les bouvreuils en maraude
Disputent la becquée aux moineaux querelleurs.

 

Et l’homme, aiguillonnant la bête, marche et marche,
Pousse le coutre. Il chante, et ses refrains plaintifs
Évoquent l’âge où l’on voyait le patriarche
Ouvrir le sol sacré des vallons primitifs.


 

rayons d'octobre II Rudolph Koller  (1828-1905) Boeufs de labour

rayons d'octobre II Rudolph Koller (1828-1905) Boeufs de labour

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9 octobre 2019 3 09 /10 /octobre /2019 17:38

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois.

Les floraisons matinales

 


Rayons d’octobre (I)

 


Octobre glorieux sourit à la nature.
On dirait que l’été ranime les buissons.
Un vent frais, que l’odeur des bois fanés sature,
Sur l’herbe et sur les eaux fait courir ses frissons.



De ses flocons d’argent. Sur la marge des prés,
Les derniers fruits d’automne, aux reflets verts et roses,
Reluisent à travers les rameaux diaprés.

 

Forêt verte qui passe aux tons chauds de l’orange ;
Ruisseaux où tremble un ciel pareil au ciel vernal ;
Monts aux gradins baignés d’une lumière étrange.
Quel tableau ! quel brillant paysage automnal !

 

À mi-côte, là-bas, la ferme ensoleillée,
Avec son toit pointu festonné de houblons,
Paraît toute rieuse et comme émerveillée
De ses éteules roux et de ses chaumes blonds.

 

Aux rayons dont sa vue oblique est éblouie,
L’aïeul sur le perron familier vient s’asseoir :
D’un regain de chaleur sa chair est réjouie,
Dans l’hiver du vieillard, il fait moins froid, moins noir.

 

Calme et doux, soupirant vers un lointain automne,
Il boit la vie avec l’air des champs et des bois,
Et cet étincelant renouveau qui l’étonne
Lui souffle au coeur l’amour des tendres autrefois.

 

De ses pieds délicats pressant l’escarpolette,
Un jeune enfant s’enivre au bercement rythmé,
Semblable en gentillesse à la fleur violette
Que l’arbuste balance au tiède vent de mai.

 

Près d’un vieux pont de bois écroulé sur la berge,
Une troupe enfantine au rire pur et clair,
Guette, sur les galets qu’un flot dormant submerge,
La sarcelle stridente et preste qui fend l’air.

 

Vers les puits dont la mousse a verdi la margelle,
Les lavandières vont avec les moissonneurs ;
Sous ce firmament pâle éclate de plus belle
Le charme printanier des couples ricaneurs.

 

Et tandis que bruit leur babillage tendre,
On les voit déroulant la chaîne de métal
Des treuils mouillés, descendre et monter et descendre
La seille d’où ruisselle une onde de cristal.

 

Nérée Beauchemin (1850-1931) - écrivain - Rayons d’octobre (I)
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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 22:33

François Fabié, né au Moulin de Roupeyrac à Durenque (Aveyron) le 3 novembre 1846 et mort le 18 juillet 1928 à La Valette-du-Var (Var), est un poète régionaliste français.
Le Moulin de Roupeyrac, sa maison natale, est aujourd'hui un musée consacré à sa vie et à son œuvre.

 Le Clocher, 1887

 


L’Automne

 

A toute autre saison je préfère l’automne ;
Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids
La lamentation confuse et monotone
Que rend la harpe d’or des grands chênes jaunis.

 

Je préfère aux gazons semés de pâquerettes
Où la source égrenait son collier d’argent vif,
La clairière déserte où, tristes et discrètes,
Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.

 

Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées ;
Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons,
Et le saule penchant ses branches désolées
Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons.

 

Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes
Jusqu’aux sommets où, seuls, les ajoncs ont des fleurs,
Les feuillages divers qui s’étagent par zones
Doublent le chant des bruits de l’hymne des couleurs.

 

Et les pommiers sont beaux, courbés sous leurs fruits roses,
Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs ;
Mais plus beaux s’écroulant sous leurs langues décloses,
Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs.

 

Ici c’est un grand feu de fougère flétrie
D’où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus,
Et, comme elle, la vague et lente rêverie
Du pâtre regardant l’horizon nébuleux.

 

Plus loin un laboureur, sur la lande muette,
S’appuie à la charrue, et le soleil couchant
Détache sur fond d’or la fière silhouette
Du bouvier et des boeufs arrêtés en plein champ.

 

L’on se croirait devant un vitrail grandiose
Où quelque artiste ancien, saintement inspiré,
Aurait représenté dans une apothéose
Le serf et l’attelage et l’araire sacré…

 

automne

automne

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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 22:13

Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris 6e arrondissement, est un poète, dramaturge et critique dramatique français.
Célèbre pour les Odes funambulesques et Les Exilés, il est surnommé "le poète du bonheur".
Ami de Victor Hugo, de Charles Baudelaire et de Théophile Gautier, il est considéré dès son vivant comme l’un des plus éminents poètes de son époque.
Théodore de Banville unit dans son œuvre le romantisme et le parnasse, dont il fut l’un des précurseurs. Il professait un amour exclusif de la beauté et la limpidité universelle de l’acte poétique, s’opposant à la fois à la poésie réaliste et à la dégénérescence du romantisme, contre lesquels il affirmait sa foi en la pureté de la création artistique.

 

 

L'automne


Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.

 

Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil ;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.

 

Déjà la Nymphe qui s’étonne,
Blanche de la nuque à l’orteil,
Rit aux chants ivres de soleil
Que le gai vendangeur entonne.
Sois le bienvenu, rouge Automne.

 

automne - vignes du Beaujolais

automne - vignes du Beaujolais

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