7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 22:09

Auguste Lacaussade est un poète français né le 8 février 1815 à Saint-Denis de l'île Bourbon et mort le 31 juillet 1897 à Paris.

Poèmes et Paysages

 

 

Les Soleils d’Octobre

 

Aux jours où les feuilles jaunissent,
Aux jours où les soleils finissent,
Hélas ! nous voici revenus ;
Le temps n’est plus, ma-bien-aimée,
Où sur la pelouse embaumée
Tu posais tes pieds blancs et nus.

 

L’herbe que la pluie a mouillée
Se traîne frileuse et souillée ;
On n’entend plus de joyeux bruits
Sortir des gazons et des mousses ;
Les châtaigniers aux branches rousses
Laissent au vent tomber leurs fruits.

 

Sur les coteaux aux pentes chauves,
De longs groupes d’arbustes fauves
Dressent leurs rameaux amaigris ;
Dans la forêt qui se dépouille,
Les bois ont des teintes de rouille ;
L’astre est voilé, le ciel est gris.

 

Cependant, sous les vitres closes,
Triste de la chute des roses,
Il n’est pas temps de s’enfermer ;
Toute fleur n’est pas morte encore ;
Un beau jour, une belle aurore
Au ciel, demain, peut s’allumer.

 

La terre, ô ma frileuse amie !
Ne s’est point encore endormie
Du morne sommeil de l’hiver…
Vois ! la lumière est revenue :
Le soleil, entr’ouvrant la nue,
Attiédit les moiteurs de l’air.

 

Sous la lumière molle et sobre
De ces soleils calmes d’octobre,
Par les bois je voudrais errer !
L’automne a de tièdes délices :
Allons sur les derniers calices,
Ensemble, allons les respirer !

 

Je sais dans la forêt prochaine,
Je sais un site au pied du chêne
Où le vent est plus doux qu’ailleurs ;
Où l’eau, qui fuit sous les ramures,
Échange de charmants murmures
Avec l’abeille, avec les fleurs.

 

Dans ce lieu plein d’un charme agreste,
Où pour rêver souvent je reste,
Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ?
Veux-tu, sur les mousses jaunies,
Goûter les pâles harmonies
De la saison qui va finir ?

 

Partons ! et, ma main dans la tienne,
Qu’à mon bras ton bras se soutienne !
Des bois si l’humide vapeur
Te fait frissonner sous ta mante,
Pour réchauffer ta main charmante
Je la poserai sur mon cœur.

 

Et devant l’astre qui décline,
Debout sur la froide colline,
Et ton beau front penché sur moi,
Tu sentiras mille pensées,
Des herbes, des feuilles froissées
Et des bois morts, monter vers toi.

 

Et devant la terne verdure,
Songeant qu’ici-bas rien ne dure,
Que tout passe, fleurs et beaux jours,
A cette nature sans flamme
Tu pourras comparer, jeune âme,
Mon cœur, pour toi brûlant toujours !

 

Mon cœur, foyer toujours le même,
Foyer vivant, foyer qui t’aime,
Que ton regard fait resplendir !
Que les saisons, que les années,
Que l’âpre vent des destinées
Ne pourront jamais refroidir !

 

Et quand, noyés de brume et d’ombre,
Nous descendrons le coteau sombre,
Rayon d’amour, rayon d’espoir,
Un sourire, ô ma bien-aimée !
Jouera sur ta lèvre embaumée
Avec les derniers feux du soir.

 

chataignier

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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 21:50

François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain, mémorialiste et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et l'un des grands noms de la littérature française.
Tableaux de la nature, 1784-1790

 

 


Nuit d’automne

 

Mais des nuits d’automne
Goûtons les douceurs ;
Qu’aux aimables fleurs
Succède Pomone.
Le pâle couchant
Brille encore à peine ;
De Vénus, qu’il mène.
L’astre va penchant ;
La lune, emportée
Vers d’autres climats,
Ne montrera pas
Sa face argentée.
De ces peupliers,
Au bord des sentiers,
Les zéphyrs descendent,
Dans les airs s’étendent,
Effleurent les eaux,
Et de ces ormeaux
Raniment la sève :
Comme une vapeur,
La douce fraîcheur

 

De ces bois s’élève.
Sous ces arbres verts,
Qu’un vent frais balance,
J’entends en silence
Leurs légers concerts :
Mollement bercée,
La voûte pressée
En dôme orgueilleux
Serre son ombrage,
Et puis s’entr’ouvrant.
Du ciel lentement
Découvre l’image.
Là, des nuits l’azur
Dans un cristal pur
Déroule ses voiles.
Et le flot brillant
Coule en sommeillant
Sur un lit d’étoiles

 

-Oh ! charme nouveau !
Le son du pipeau
Dans l’air se déploie,
Et du fond des bois
M’apporte à la fois
L’amour et la joie.
Près des ruisseaux clairs.
Au chaume d’Adèle
Le pasteur fidèle
Module ses airs.
Tantôt il soupire,
Tantôt il désire ;
Se tait : tour à tour
Sa simple cadence
Me peint son amour
Et son innocence.
Dans son lit heureux
La pauvre attentive
Écoute, pensive,
Ces sons dangereux :
Le drap qui la couvre
Loin d’elle a roulé,

 

Et son œil troublé
Mollement s’entr’ouvre.
Tout entière au bruit
Qui pendant la nuit
La charme et l’accuse,
Adèle au vainqueur
Son aveu refuse
Et donne son cœur.

François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature, 1784-1790
 

Nicolas Fouché - Pomone (1700)

Nicolas Fouché - Pomone (1700)

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 23:57

Paul Marie Verlaine
est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896.
Admirateur de Baudelaire, il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens en 1866

 

Chanson d'automne

 

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

 

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

 

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

 

Chanson d'aautomne - illustration mcp

Chanson d'aautomne - illustration mcp

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 01:58
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


L’Odeur des vignes
Études et préludes

 
        L’odeur des vignes monte en un souffle d’ivresse :
        La pesante douceur des vendanges oppresse
        La paix, la longue paix des automnes sereins.
        Voici le champ, meurtri par les longues cultures,
        L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres,
        Comme une femme offrant l’ambre de ses deux seins.

        Un spectre de Bacchante erre parmi les treilles.
        Sa rouge chevelure et ses lèvres vermeilles,
        Ses paupières de pourpre aux replis somptueux,
        Brûlent du flamboiement des anciennes luxures,
        Et, dévoilant sa chair aux sanglantes morsures,
        Elle chante à grands cris le vin voluptueux.

        Les baisers sans amour sur les lèvres stupides,
        Les regards vacillants dans le fond des yeux vides
        Sortiront, enfiévrés, de l’effort du pressoir.
        L’air se peuple déjà de visions profanes,
        De festins où fleurit le front des courtisanes...
        Les effluves du vin futur troublent le soir...

        L’odeur des vignes monte en un souffle d’ivresse :
        La pesante douceur des vendanges oppresse
        La paix, la longue paix des automnes sereins.
        Voici le champ, meurtri par les longues cultures,
        L’enclos tiède, où le fruit livre ses grappes mûres,
        Comme une femme offrant l’ambre de ses deux seins.

Illustration mcp
L'odeur des vignes
2827332_d26f3.jpg
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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 00:40
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


L’Automne
Cendres et poussières

 
 
    L’Automne s’exaspère ainsi qu’une Bacchante
    Ivre du sang des fruits et du sang des baisers
    Et dont on voit frémir les seins inapaisés…
    L’Automne s’assombrit ainsi qu’une Bacchante
    Au sortir des festins éclatants et qui chante
    La moite lassitude et l’oubli des baisers.
 
    Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille
    Et voit l’éclat perdu des clartés et des fleurs
    Dont le soir appauvrit les anciennes couleurs…
    Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille :
    Ses membres sont meurtris et son âme est pareille
    A la coupe sans joie où s’effeuillent les fleurs.
 
    Ayant bu l’amertume et la haine de vivre
    Dans le flot triomphal des vignes de l’été,
    Elle a connu le goût de la satiété.
    L’amertume latente et la haine de vivre
    Corrompent le festin dont le monde s’enivre,
    Etendu sur le lit nuptial de l’été.
 
    L’Automne, ouvrant ses mains d’appel et de faiblesse,
    Se meurt du souvenir accablant de l’amour
    Et n’ose en espérer l’impossible retour.
    Sa chair de volupté, de langueur, de faiblesse,
    Implore le venin de la bouche qui blesse
    Et qui sait recueillir les sanglots de l’amour.
 
    Le cœur à moitié mort, L’Automne se réveille
    Et contemple l’amour à travers le passé…
    Le feu vacille au fond de son regard lassé.
    Dans son verger flétri l’Automne se réveille.
    La vigne se dessèche et périt sur la treille,
    Dans le lointain pâlit la rive du passé…
 
 
Renée Vivien - Poètesse - "L'automne"
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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 01:24
Marceline Desbordes-Valmore,
 
née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,
 
est une poétesse française.
 

« Il avait dit un jour »
Elégies

 
Il avait dit un jour : « Que ne puis-je auprès d’elle,
( Elle, alors, c’était moi ! ) que ne puis-je chercher
Ce bonheur entrevu qu’elle veut me cacher !
Son cœur paraît si tendre ; oh ! s’il était fidèle ! »
Puis, fixant ses regards sur mon front abattu,
Du charme de ses yeux il m’accablait encore,
            Et ses yeux que j’adore
Portaient jusqu’à mon cœur. « Je te parle, entends-tu ? »
Trop bien ! A-t-il soumis mes plus chères années ?
Je n’y trouve que lui ; rien ne me fut si cher :
Et pourtant mes amours, mes heures fortunées,
            N’était-ce pas hier ?
 
Que la vie est rapide et paresseuse ensemble !
Dans ma main, qui s’égare, et qui brûle, et qui tremble,
Que sa coupe fragile est lente à se briser !
Ciel ! que j’y bois de pleurs avant de l’épuiser !
Mes inutiles jours tombent comme les feuilles
    Qu’un vent d’automne emporte en murmurant :
        Ce n’est plus toi qui les accueilles ;
        Qu’importe leur sort en mourant ?
        Eh bien! que rien ne les arrête ;
Je les donne au tombeau ; je m’y traîne à mon tour ;
        Et, comme on oublie une fête,
        Jeune encor, j’oublîrai l’amour.
Pour beaucoup d’avenir j’ai trop peu de courage ;
Oui ! je le sens au poids de mes jours malheureux,
        Ma vie est un orage affreux
        Qui ne peut être un long orage.
 
Marceline Desbordes-Valmore - Poète - "Il avait dit un jour"
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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 02:36
Marceline Desbordes-Valmore,
née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,
est une poétesse française.



 
La Promenade d’automne
Elégies

 
    Te souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,
    D’un jour d’automne et pâle et languissant ?
    Il semblait dire un adieu gémissant
Aux bois qu’il attristait de sa mélancolie.
Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l’espoir ;
Une froide rosée enveloppait leurs ailes,
Et, rappelant au nid leurs compagnes fidèles,
Sur des rameaux sans fleurs ils attendaient le soir.
 
Les troupeaux, à regret menés aux pâturages,
    N'y trouvaient plus que des herbes sauvages ;
Et le pâtre, oubliant sa rustique chanson,
Partageait le silence et le deuil du vallon.
    Rien ne charmait l'ennui de la nature.
La feuille qui perdait sa riante couleur,
Les coteaux dépouillés de leur verte parure,
Tout demandait au ciel un rayon de chaleur.
 
Seule, je m’éloignais d’une fête bruyante ;
Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison :
Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,
À ma langueur secrète ajoutaient leur poison.
Sans but et sans espoir suivant ma rêverie,
Je portais au hasard un pas timide et lent ;
L’Amour m’enveloppa de ton ombre chérie,
Et, malgré la saison, l’air me parut brûlant.
 
Je voulais, mais en vain, par un effort suprême,
En me sauvant de toi, me sauver de moi-même ;
Mon œil, voilé de pleurs, à la terre attaché,
Par un charme invincible en fut comme arraché.
À travers les brouillards, une image légère
Fit palpiter mon sein de tendresse et d’effroi ;
Le soleil reparaît, l’environne, l’éclaire,
Il entr’ouvre les cieux.... Tu parus devant moi.
Je n’osai te parler ; interdite, rêveuse,
Enchaînée et soumise à ce trouble enchanteur,
Je n’osai te parler : pourtant j’étais heureuse ;
Je devinai ton âme, et j’entendis mon cœur.
 
    Mais quand ta main pressa ma main tremblante,
Quand un frisson léger fit tressaillir mon corps,
Quand mon front se couvrit d’une rougeur brûlante,
    Dieu ! qu’est-ce donc que je sentis alors ?
J’oubliai de te fuir, j’oubliai de te craindre ;
Pour la première fois ta bouche osa se plaindre,
Ma douleur à la tienne osa se révéler,
Et mon âme vers toi fut près de s’exhaler.
    Il m’en souvient ! T’en souvient-il, ma vie,
        De ce tourment délicieux,
De ces mots arrachés à ta mélancolie :
    « Ah ! si je souffre, on souffre aux cieux ! »
 
Des bois nul autre aveu ne troubla le silence.
Ce jour fut de nos jours le plus beau, le plus doux ;
Prêt à s’éteindre, enfin il s’arrêta sur nous,
Et sa fuite à mon cœur présagea ton absence :
    L’âme du monde éclaira notre amour ;
Je vis ses derniers feux mourir sous un nuage ;
Et dans nos cœurs brisés, désunis sans retour,
        Il n’en reste plus que l’image !


 
Marceline Desbordes-Valmore - Poète - "La promenade d'automne"
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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 00:11
Marceline DESBORDES-VALMORE

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859

est une poétesse française.

Elle fut surnommée « Notre-Dame-Des-Pleurs » en référence aux nombreux drames qui jalonnèrent sa vie

Point d'adieu

Jeunesse, adieu ! Car j'ai beau faire,
J'ai beau t'étreindre et te presser,
J'ai beau gémir et t'embrasser,
Nous fuyons en pays contraire.

Ton souffle tiède est si charmant !
On est si beau sous ta couronne !
Tiens ! Ce baiser que je te donne,
Laisse-le durer un moment.

Ce long baiser, douce chérie,
Si c'est notre adieu sans retour,
Ne le romps pas jusqu'au détour
De cette haie encor fleurie !

Si j'ai mal porté tes couleurs,
Ce n'est pas ma faute, ô jeunesse !
Le vent glacé de la tristesse
Hâte bien la chute des fleurs !

http://img1.picmix.com/output/pic/original/4/7/6/1/2101674_2f310.gif

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 02:33

Louis-Honoré Fréchette 
 
né le 16 novembre 1839 et mort le 31 mai 1908,  à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy, Québec, Canada.
 
est un poète, dramaturge, écrivain et homme politique,
 



 
La forêt canadienne

 
C'est l'automne. Le vent balance 
Les ramilles, et par moments 
Interrompt le profond silence 
Qui plane sur les bois dormants.

 
Des flaques de lumière douce, 
Tombant des feuillages touffus, 
Dorent les lichens et la mousse 
Qui croissent au pied des grands fûts.

 
De temps en temps, sur le rivage, 
Dans l'anse où va boire le daim, 
Un écho s'éveille soudain 
Au cri de quelque oiseau sauvage.

 
La mare sombre aux reflets clairs, 
Dont on redoute les approches, 
Caresse vaguement les roches 
De ses métalliques éclairs,

 
Et sur le sol, la fleur et l'herbe, 
Sur les arbres, sur les roseaux, 
Sur la croupe du mont superbe, 
Comme sur l'aile des oiseaux.

 
Sur les ondes, sur la feuillée,
Brille d'un éclat qui s'éteint 
Une atmosphère ensoleillée : 
C'est l'Eté de la Saint-Martin ;

 
L'époque ou les feuilles jaunies
Qui se parent d'un reflet d'or,
Emaillent la forêt qui dort
De leurs nuances infinies.

 
O fauves parfums des forêts !
O mystère des solitudes ! 
Qu'il fait bon, loin des multitudes, 
Rechercher vos calmes attraits !


Ouvrez-moi vos retraites fraîches !
A moi votre dôme vermeil, 
Que transpercent comme des flèches 
Les tièdes rayons du soleil !

 
Je veux, dans vos sombres allées, 
Sous vos grands arbres chevelus, 
Songer aux choses envolées
Sur l'aile des temps révolus.

 
Rêveur ému, sous votre ombrage,
Oui, je veux souvent revenir, 
Pour évoquer le souvenir 
Et le fantôme d'un autre âge.

 
J'irai de mes yeux éblouis,
Relire votre fier poème,
O mes belles forêts que j'aime !
Vastes forêts de mon pays !

 
Oui, j'irai voir si les vieux hêtres 
Savent ce que sont devenus 
Leurs rois d'alors, vos anciens maîtres, 
Les guerriers rouges aux flancs nus.

 
Vos troncs secs, vos buissons sans nombre
Me diront s'ils n'ont pas jadis
Souvent vu ramper dans leur ombre
L'ombre de farouches bandits,

 
J'interrogerai la ravine, 
Où semble se dresser encor 
Le tragique et sombre décor 
Des sombres drames qu'on devine.

 
La grotte aux humides parois 
Me dira les sanglants mystères 
De ces peuplades solitaires 
Qui s'y blottirent autrefois.

 
Je saurai des pins centenaires, 
Que la tempête a fait ployer, 
Le nom des tribus sanguinaires 
Dont ils abritaient le foyer.

 
J'irai, sur le bord des cascades, 
Demander aux rochers ombreux 
A quelles noires embuscades 
Servirent leurs flancs ténébreux.

 
Je chercherai, dans les savanes, 
La piste des grands élans roux 
Que l'Iroquois, rival des loups, 
Chassait jadis en caravanes.

 
Enfin, quelque biche aux abois, 
Dans mon rêve où le tableau change, 
Fera surgir le type étrange 
De nos hardis coureurs des bois.

 
Et brise, écho, feuilles légères, 
Souples rameaux, fourrés secrets, 
Oiseaux chanteurs, molles fougères 
Qui bordez les sentiers discrets.


Bouleaux, sapins, chênes énormes, 
Débris caducs d'arbres géants, 
Rocs moussus aux masses difformes, 
Profondeurs des antres béants.

 
Sommets que le vent décapite,
Gorge aux imposantes rumeurs,
Cataracte aux sourdes clameurs :
Tout ce qui dort, chante ou palpite ...

 
Dans ses souvenirs glorieux
La forêt entière drapée,
Me dira l'immense épopée
De son passé mystérieux.
 
.................................

 
Mais, quand mon oreille attentive
De tous ces bruits s'enivrera, 
Tout près de moi retentira ... 
Un sifflet de locomotive !


 
Louis-Honoré Fréchette - poète - "La forêt canadienne"
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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 02:19

 

NOVEMBRE

 

 

 

 

 

 

Le soleil

Sans pareil

Couleurs dorées

Automne paré




 

 

 

La feuille morte vole

Tombe sur le sol

Est terrassée

Automne venté




 

 

 

Epais brouillard

Un peu de cafard

Brume monotone

Quel triste automne




 

 

 

 

Pleurs de la pluie

Obscur ennui

Chemin boueux

Automne pluvieux

 

 

Marie

 

 

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