28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 00:55
Émile Verhaeren,
né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916,
est un poète belge flamand, d'expression française, influencé par le symbolisme, il pratique le vers libre avec lyrisme sur un ton d'une grande musicalité. 
 

Autour de ma maison
 
Pour vivre clair, ferme et juste, 
Avec mon coeur, j'admire tout 
Ce qui vibre, travaille et bout 
Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.
 
L'hiver s'en va et voici mars et puis avril 
Et puis le prime été, joyeux et puéril.
Sur la glycine en fleurs que la rosée humecte, 
Rouges, verts, bleus, jaunes, bistres, vermeils, 
Les mille insectes 
Bougent et butinent dans le soleil. 
Oh la merveille de leurs ailes qui brillent 
Et leur corps fin comme une aiguille 
Et leurs pattes et leurs antennes 
Et leur toilette quotidienne 
Sur un brin d'herbe ou de roseau !
Sont-ils précis, sont-ils agiles !
Leur corselet d'émail fragile 
Est plus changeant que les courants de l'eau ;
Grâce à mes yeux qui les reflètent 
Je les sens vivre et pénétrer en moi 
Un peu ; 
Oh leurs émeutes et leurs jeux 
Et leurs amours et leurs émois 
Et leur bataille, autour des grappes violettes !
Mon coeur les suit dans leur essor vers la clarté, 
Brins de splendeur, miettes de beauté, 
Parcelles d'or et poussière de vie ! 
J'écarte d'eux l'embûche inassouvie :
La glu, la boue et la poursuite des oiseaux 
Pendant des jours entiers, je défends leurs travaux ;
Mon art s'éprend de leurs oeuvres parfaites ; 
Je contemple les riens dont leur maison est faite 
Leur geste utile et net, leur vol chercheur et sûr, 
Leur voyage dans la lumière ample et sans voile 
Et quand ils sont perdus quelque part, dans l'azur, 
Je crois qu'ils sont partis se mêler aux étoiles.
 
Mais voici l'ombre et le soleil sur le jardin
Et des guêpes vibrant là-bas, dans la lumière ;
Voici les longs et clairs et sinueux chemins 
Bordés de lourds pavots et de roses trémières ;
Aujourd'hui même, à l'heure où l'été blond s'épand 
Sur les gazons lustrés et les collines fauves, 
Chaque pétale est comme une paupière mauve 
Que la clarté pénètre et réchauffe en tremblant. 
Les moins fiers des pistils, les plus humbles des feuilles 
Sont d'un dessin si pur, si ferme et si nerveux 
Qu'en eux 
Tout se précipite et tout accueille 
L'hommage clair et amoureux des yeux.
 
L'heure des juillets roux s'est à son tour enfuie, 
Et maintenant 
Voici le soleil calme avec la douce pluie 
Qui, mollement, 
Sans lacérer les fleurs admirables, les touchent ;
Comme eux, sans les cueillir, approchons-en nos bouches 
Et que notre coeur croie, en baisant leur beauté 
Faite de tant de joie et de tant de mystère, 
Baiser, avec ferveur, délice et volupté, 
Les lèvres mêmes de la terre.
 
Les insectes, les fleurs, les feuilles, les rameaux
Tressent leur vie enveloppante et minuscule
Dans mon village, autour des prés et des closeaux.
Ma petite maison est prise en leurs réseaux.
Souvent, l'après-midi, avant le crépuscule,
De fenêtre en fenêtre, au long du pignon droit,
Ils s'agitent et bruissent jusqu'à mon toit ;
Souvent aussi, quand l'astre aux Occidents recule,
J'entends si fort leur fièvre et leur émoi
Que je me sens vivre, avec mon coeur,
Comme au centre de leur ardeur.
 
Alors les tendres fleurs et les insectes frêles 
M'enveloppent comme un million d'ailes 
Faites de vent, de pluie et de clarté. 
Ma maison semble un nid doucement convoité 
Par tout ce qui remue et vit dans la lumière. 
J'admire immensément la nature plénière 
Depuis l'arbuste nain jusqu'au géant soleil 
Un pétale, un pistil, un grain de blé vermeil 
Est pris, avec respect, entre mes doigts qui l'aiment ; 
Je ne distingue plus le monde de moi-même, 
Je suis l'ample feuillage et les rameaux flottants, 
Je suis le sol dont je foule les cailloux pâles 
Et l'herbe des fossés où soudain je m'affale 
Ivre et fervent, hagard, heureux et sanglotant.
Illustration mcp Autour de ma maison

Illustration mcp Autour de ma maison

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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 02:09
Marceline Desbordes-Valmore, 
 
née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,
 
est une poétesse française.




 
Soir d'été
 
Le soleil brûlait l'ombre, et la terre altérée
Au crépuscule errant demandait un peu d'eau ;
Chaque fleur de sa tête inclinait le fardeau
Sur la montagne encor dorée.
 
Tandis que l'astre en feu descend et va s'asseoir
Au fond de sa rouge lumière,
Dans les arbres mouvants frissonne la prière,
Et dans les nids : " Bonsoir ! Bonsoir ! "
 
Pas une aile à l'azur ne demande à s'étendre,
Pas un enfant ne rôde aux vergers obscurcis,
Et dans tout ce grand calme et ces tons adoucis
Le moucheron pourrait s'entendre.
Claude Gelee dit le lorrain (1600-1682) Paysage à contre-jour au coucher du soleil

Claude Gelee dit le lorrain (1600-1682) Paysage à contre-jour au coucher du soleil

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 02:04
 
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, 
 
né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, 
 
est un poète belge flamand, d'expression française.

 

Au clos de notre amour, l'été se continue

 
Au clos de notre amour, l'été se continue :
Un paon d'or, là-bas, traverse une avenue ;
Des pétales pavoisent
- Perles, émeraudes, turquoises -
L'uniforme sommeil des gazons verts 
Nos étangs bleus luisent, couverts 
Du baiser blanc des nénuphars de neige ;
Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ;
Un insecte de prisme irrite un coeur de fleur ;
De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;
Et, comme des bulles légères, mille abeilles
Sur des grappes d'argent vibrent au long des treilles.
 
L'air est si beau qu'il paraît chatoyant ;
Sous les midis profonds et radiants
On dirait qu'il remue en roses de lumière ;
Tandis qu'au loin, les routes coutumières
Telles de lents gestes qui s'allongent vermeils,
A l'horizon nacré, montent vers le soleil.
 
Certes, la robe en diamants du bel été 
Ne vêt aucun jardin d'aussi pure clarté.
Et c'est la joie unique éclose en nos deux âmes,
Qui reconnaît sa vie en ces bouquets de flammes.
Illustration Max Ginsburg Diamants et rêves

Illustration Max Ginsburg Diamants et rêves

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 03:00
Rainer Maria Rilke, 
né René Karl Wilhelm Johann Josef Maria Rilke, 
 
est un écrivain de langue allemande,

né le 4 décembre 1875 à Prague, mort le 30 décembre 1926 à Montreux, en Suisse. Il vécut à Veyras (Valais) de 1921 à sa mort. Il est surtout connu comme poète, bien qu'il ait également écrit un roman, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, ainsi que des nouvelles et des pièces de théâtre.



Eté
 
Été : être pour quelques jours 
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.
 
Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette soeur
en d'autres roses, absente.
Émile Vernon (1872-1919) Jeune femme aux roses

Émile Vernon (1872-1919) Jeune femme aux roses

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 02:34
Auguste Lacaussade 
est un poète français 
né le 8 février 1815 à Saint-Denis de l'île Bourbon et mort le 31 juillet 1897 à Paris


Les Soleils de Juillet
A elle
 
Les voici revenus, les jours que vous aimez,
Les longs jours bleus et clairs sous des cieux sans nuage.
La vallée est en fleur, et les bois embaumés
Ouvrent sur les gazons leur balsamique ombrage.
Tandis que le soleil, roi du splendide été,
Verse tranquillement sa puissante clarté,
Au pied de ce grand chêne aux ramures superbes,
Amie, asseyons-nous dans la fraîcheur des herbes ;
Et là, nos longs regards perdus au bord des cieux,
Allant des prés fleuris dans l’éther spacieux,
Ensemble contemplons ces beaux coteaux, ces plaines
Où les vents de midi, sous leurs lentes haleines,
Font des blés mûrissants ondoyer les moissons.
Avec moi contemplez ces calmes horizons,
Ce transparent azur que la noire hirondelle
Emplit de cris joyeux et franchit d’un coup d’aile ;
Et là-bas ces grands bœufs ruminants et couchés,
Et plus loin ces hameaux d’où montent les clochers,
Et ce château désert, ces croulantes tourelles,
Qu’animent de leur vol les blanches tourterelles,
Et ce fleuve paisible au nonchalant détour,
Et ces ravins ombreux, frais abris du pâtour,
Et tout ce paysage, heureux et pacifique,
Où s’épanche à flots d’or un soleil magnifique !…
 
O soleils de juillet ! ô lumière ! ô splendeurs !
Radieux firmament ! sereines profondeurs !
Mois puissants qui versez tant de sèves brûlantes
Dans les veines de l’homme et les veines des plantes,
Mois créateurs ! beaux mois ! je vous aime et bénis.
Par vous les bois chargés de feuilles et de nids,
S’emplissent de chansons, de tiédeurs et d’arômes.
Les arbres, dans l’azur ouvrant leurs larges dômes,
Balancent sur nos fronts avec l’encens des fleurs
Les voix de la fauvette et des merles siffleurs.
Tout est heureux, tout chante, ô saison radieuse !
Car tout aspire et boit ta flamme glorieuse.
Par toi nous vient la vie, et ta chaude clarté
Mûrit pour le bonheur et pour la volupté
La vierge, cette fleur divine et qui s’ignore.
Dans les vallons d’Éden, sereine et pure encore,
Sous tes rayons rêvant son rêve maternel,
A l’ombre des palmiers Ève connût Abel.
Abel dans ses enfants en garde souvenance.
Aussi, quand brûle au ciel ta féconde puissance,
O mère des longs jours ! lumineuse saison !
Oubliant tout, Caïn, l’ombre, la trahison,
La race enfant d’Abel, fille de la lumière,
Race aimante et fidèle à sa bonté première,
Avec l’onde et la fleur, avec le rossignol,
Ce qui chante dans l’air ou fleurit sur le sol,
S’en va disant partout devant ta clarté blonde :
« Combien tous les bons cœurs sont heureux d’être au monde ! »
 
Et moi, je suis des leurs ! Épris d’azur et d’air,
Quand ton astre me luit dans le firmament clair,
Avant midi j’accours, sous l’arbre où tu m’accueilles,
Saluer en plein bois la jeunesse des feuilles !
Là, dans l’herbe caché, seul avec mes pensers,
J’ai bien vite oublié les mauvais jours passés.
Sous les rameaux lustrés où ta clarté ruisselle,
Je bois en paix ma part de vie universelle.
Les sens enveloppés de tes tièdes réseaux,
J’écoute autour de moi mes frères les oiseaux ;
Avec l’herbe et l’insecte, avec l’onde et la brise,
Sympathique rêveur, mon esprit fraternise.
Voilé d’ombre dorée et les yeux entr’ouverts,
L’âme pleine d’accords, je médite des vers.
Mais si, comme aujourd’hui, ma pâle bien-aimée
M’a voulu suivre au bois, sous la haute ramée,
Si ma charmante amie aux regards veloutés
A voulu tout un jour, pensive à mes côtés,
Oubliant et la ville et la vie et nos chaînes,
Boire avec moi la paix qui tombe des grands chênes ;
Sur les mousses assis, mon front sur ses genoux,
Plongeant mes longs regards dans ses regards si doux,
Ah ! je ne rêve plus de vers !… Sous son sourire
Chante au fond de mon âme une ineffable lyre ;
Et des arbres, des fleurs, des grâces de l’été,
Mon œil ne voit, mon cœur ne sent que sa beauté !
Et dans ses noirs cheveux glissant un doigt timide,
J’y pose en frémissant quelque beau lys humide ;
Et, muet à ses pieds, et sa main sur ma main,
J’effeuille vaguement des tiges de jasmin ;
Et leur vive senteur m’enivre, et sur notre âme
Comme un vent tiède passe une haleine de flamme !…
O flammes de juillet ! soleils de volupté !
Saveur des baisers pris dans le bois écarté !
O chevelure moite et sous des mains aimées
S’épandant sur mon front en grappes parfumées !
Des fleurs sous la forêt pénétrante senteur,
Arbres de feux baignés, heures de molle ardeur,
Heures où sur notre âme, ivre de solitude,
Le calme des grands bois règne avec plénitude ;
Tranquillité de l’air, soupirs mystérieux,
Dialogue muet des yeux parlant aux yeux ;
Longs silences coupés de paroles plus douces
Que les murmures frais de l’eau parmi les mousses ;
O souvenirs cueillis au pied des chênes verts,
Vous vivez dans mon cœur. Vous vivrez dans mes vers !
Illustration Max Ginsburg "rêver de vous"

Illustration Max Ginsburg "rêver de vous"

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 02:21
Charles Marie René Leconte de Lisle 
 
est un poète français,

né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l’Île Bourbon et mort le 17 juillet 1894 à Voisins.
 
Son œuvre est dominée par trois recueils de poésie, Poèmes antiques (1852), Poèmes barbares (1862) et Poèmes tragiques (1884), ainsi que par ses traductions d’auteurs anciens.



Midi
 
 
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
La terre est assoupie en sa robe de feu.

 
L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

 
Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

 
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.

 
Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.
 
...
Viens ! Le soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le cœur trempé sept fois dans le néant divin.
Julien Dupré

Julien Dupré

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 02:24
Étienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, dit Théodore de Banville,

né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris 6e arrondissement,
 
est un poète, dramaturge et critique dramatique français.
Célèbre pour les Odes funambulesques et les Exilés, il est surnommé «le poète du bonheur».


L’Été
 
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.
 
Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
 
Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.
Daniel Ridgway Knight (1839-1924) Julia dans le jardin de roses

Daniel Ridgway Knight (1839-1924) Julia dans le jardin de roses

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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 02:04
Théophile Gautier, 
né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, 
est un poète, romancier et critique d'art français.

 
Far-niente
Premières poésies

 
Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.
 Gustave Courbet (1819-1877) La sieste

Gustave Courbet (1819-1877) La sieste

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 00:31
Albert Samain,
 
né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, 
 
est un poète symboliste français.

Au jardin de l'infante
Chanson d’été

 
Le soleil brûlant
Les fleurs qu’en allant
Tu cueilles,
Viens fuir son ardeur
Sous la profondeur
Des feuilles.
 
Cherchons les sentiers
A demi frayés
Où flotte,
Comme dans la mer,
Un demi-jour vert
De grotte.
 
Des halliers touffus
Un soupir confus
S’éléve
Si doux qu’on dirait
Que c’est la forêt
Qui rêve…
 
Chante doucement ;
Dans mon coeur d’amant
J’adore
Entendre ta voix
Au calme du bois
Sonore.
 
L’oiseau, d’un élan,
Courbe, en s’envolant,
La branche
Sous l’ombrage obscur
La source au flot pur
S’épanche.
 
Viens t’asseoir au bord
Où les boutons d’or
Foisonnent…
Le vent sur les eaux
Heurte les roseaux
Qui sonnent.
 
Et demeure ainsi
Toute au doux souci
De plaire,
Une rose aux dents,
Et ton pied nu dans
L’eau claire.
Illustration Ginsburg - Lisa Kleypas Quand commencent les rêves

Illustration Ginsburg - Lisa Kleypas Quand commencent les rêves

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 01:13
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, 
né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, 
est un poète belge flamand, d'expression française. 
 

Le bain
 
  
                  Mon corps, 
Il fut trempé dans le limon et l’eau ; 
                  Mon corps, 
Il fut tanné aux vents d’Escaut ! 
 
  
Bonnes heures chaudes et ardemment mûries 
Quand on partait en troupe, au loin, par les prairies, 
Chercher la crique et l’abri sûr, 
Où les herbes hautes, comme un mur, 
Nous isolaient des yeux allumés sur les routes. 
Le bain était chauffé par l’ample été vermeil 
Et la clarté y filtrait toutes, 
Si bien que l’eau semblait un morceau de soleil 
Tombé du ciel et enfoncé dans les verdures ; 
De la mousse bronzée et de pâles roseaux 
L’entouraient d’une large et vivante bordure, 
Tandis que, fins et verts, et tels des ciseaux, 
Mille insectes en sillonnaient, avec leurs pattes, 
La surface immobile et la lumière plate. 
 
  
Un plongeon clair ! 
Et tout à coup, comme un grand cri dans l’air, 
Le corps enfonçait droit dans la mare éclatante. 
Il s’y dardait comme un faisceau, 
Et des bulles rondes et miroitantes 
Brillaient, autour de lui, jusques au fond de l’eau. 
Il émergeait rapide et souple ; 
Un flot tumultueux ourlait d’écume et d’or 
Subitement les bords ; 
Et les autres nageurs, main dans la main, par couples 
Au loin, là-bas, partaient rejoindre le plongeur. 
 
  
Et d’autres fois, c’était une mêlée 
De gestes fous, de sauts brusques, de cris rageurs, 
De jambes et de bras battant l’eau violée : 
On eût dit un assaut 
Vers un amas de fleurs et de joyaux 
Et de jets violents qu’emperlait la lumière. 
On était frais et fort de sa santé première ; 
On ignorait sa chair, 
Et les baisers du vent et les souffles de l’air 
Et la caresse unanime des choses 
Ne provoquaient qu’un grand rire étonné 
Sur les lèvres décloses. 
 
  
Tels nos jeux s’exaltaient, libres et spontanés. 
On ne songeait à rien, sinon au flux de joie 
Qui saisissait nos corps, comme des proies, 
Et les marquait, superbement, 
Pour la vie ample et violente. 
Au fond du soir, rouge comme un tourment, 
Une à une tombaient les heures nonchalantes, 
Et l’on séchait son corps doré 
Aux flancs feutrés 
Des digues et des prés, 
Jusques aux heures coutumières 
Où le soleil étend, 
Sous les vergers au feuillage chantant, 
Ses tabliers de longues et dormantes lumières. 
Frédéric Bazille (1841-1870) Scène d'été

Frédéric Bazille (1841-1870) Scène d'été

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