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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 00:28
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


L’Amant des Sirènes
Evocations


Vous craignez le Désir, ô compagnons d’Ulysse.
Aveugles et muets, l’âme close au péril
De la voix qui ruisselle et du rire subtil,
Vous rêvez des foyers qui recueillent l’exil
Aux pieds lassés. Moi seul, ô compagnons d’Ulysse,
Moi seul ai dédaigné la fraude et l’artifice,
Moi seul ose l’Amour et le divin Péril.

Dénouant leurs cheveux fluides, les Sirènes,
Ceintes de la langueur et de l’ardeur des Morts,
S’approchent, un reflet de perles sur leurs corps.
Elles chantent, leur voix se mêle aux clairs accords
Des vagues et du vent… J’entrevois les Sirènes…
Elles chantent l’Amour qui corrode les veines
Comme un venin, et fait brûler le sang des Morts.

Elles chantent la paix de l’heureuse agonie,
Le sanglot nuptial dans l’ombre du Sommeil
Que ne pénètrent plus les flèches du soleil…
Elles chantent l’Amour qui s’apaise, pareil
Aux larmes sans douleur… Ah ! l’heureuse agonie,
Le lit où la couleur se mêle à l’harmonie,
Le flux et le reflux qui bercent le Sommeil…

Le vent m’emportera vers l’énigme des brumes…
J’irai, comme le mât d’un navire broyé,
Et j’abandonnerai mon âme de Noyé
Au rythme des remous, au velours déployé

Des algues, au baiser des brises et des brumes…
Le sel imprégnera d’étranges amertumes
Et de frais souvenirs mes lèvres de Noyé…

O lâches compagnons d’Ulysse ! Pour une heure
Je donne l’existence humaine ! Pour un chant
Vaguement répété par la mer au couchant,
Pour un visage à peine entrevu, se penchant
Sur le miroir brisé des ondes, — pour une heure,
J’accepte le silence où le néant demeure,
Le silence où périt la mémoire du chant…

Willy Pogany (1882-1955)
Les sirènes - Tentations d'Ulysse
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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 00:59
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


Sommeil
Etudes et préludes

Ton sommeil m’épouvante, il est froid et profond
Ainsi que le Sommeil aux langueurs éternelles.
J’ai peur de tes yeux clos, du calme de ton front,
Je guette, et le silence inquiet me confond,
Un mouvement des cils sur la nuit des prunelles.

Je ne sais, présageant les mortelles douleurs,
Si, dans la nuit lointaine où l’aurore succombe,
Ton souffle n’a pas fui comme un souffle de fleurs,
Sans effort d’agonie et sans râle et sans pleurs,
Et si ton lit d’amour n’est pas déjà la tombe.


Illustration mcp
Sommeil
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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 01:20
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Intangible
Le Vent des vaisseaux

 
    Nul n’oserait frôler l’effilement des doigts
    Que je tends en un geste indifférent et triste.

    L’amour n’a point d’écho pour répondre à ma voix,
    Nul n’ose interroger mes regards d’améthyste…

    Car moi, fille royale, ainsi je l’ai voulu,
    Sachant que mon bonheur était dans le silence…

    Seuls, les beaux chants lointains de l’autrefois m’ont plu,
    Car c’est vers l’autrefois que mon âme s’élance…

    Et nul n’ose troubler la sombre paix d’un seuil
    Que garde l’inconnu. Mais j’y règne, impassible…

    J’y sers obscurément le Dieu de mon long deuil…
    Nul n’ose m’approcher… Car je suis l’Intangible…

Illustration mcp
Intangible
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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 00:49
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Paysage mystique
Evocations

Il est un ciel limpide où s’éteint le zéphyr,
Où la clarté se meurt sur les champs d’asphodèles,
Et là-bas, dans le vol de leur dernier soupir,
Vient l’âme sans espoir des Amantes fidèles.

Là-bas, la rose même a d’étranges pâleurs,
Les oiseaux n’ont qu’un chant égal et monotone,
Les terrestres parfums ont délaissé les fleurs,
Le soleil a toujours un sourire d’automne.

Elles passent, les yeux vaguement azurés,
Dans l’orgueil virginal de leur beauté première,
Effleurant de leur pas harmonieux les prés
Que leurs blancs vêtements parsèment de lumière.

Et le mouvant miroir de la source confond
Dans un même reflet les larges chevelures…
Les lueurs du couchant se mêlent à leur front :
Mais les baisers sont morts sur leurs lèvres très pures.

Elles ont recueilli la flamme de l’autel
Qui brûle sous les yeux de la chaste Déesse,
Et gardé de l’Amour ce qu’il a d’éternel ;
Le divin souvenir, le rêve et la tristesse.

Illustration mcp
Paysage mystique
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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 00:31
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


Lamentation
Brumes de fjords


Fréia la Déesse a disparu.
Elle est venue jadis à l’aube du printemps.
Elle est l’incarnation de la beauté de l’Univers.
Ses cheveux ont l’or triste des feuillages d’automne.
Ses yeux sont verts et bleus comme les fjords,
Sa chair est plus blanche que le clair de lune sur la neige mystérieuse au sommet des montagnes.
Ses veines sont pareilles aux fleuves.
Sa robe a le rythme des vagues. 
Elle est l’incarnation de la beauté de l’Univers.
Fréia la Déesse est venue jadis à l’aube du printemps.
Elle est venue de la mer lointaine :
Un vol de mouettes la précédait,
Et le vent du large suivait ses pas.
Les nuages l’ont vue passer,
Et les nuages ont resplendi, les nuages se sont revêtus d’or et de roses.
Les montagnes l’ont vue passer :
Elles se sont parées de bruyère et de thym, d’églantines et de gentianes.
Les arbres l’ont vue passer :
Ils se sont constellés de fleurs et de feuillages.
Les oiseaux l’ont vue passer :
Ils ont chanté dans le soleil.
Mais Fréia l'Immortelle a disparu.
Elle a disparu dans le crépuscule.
Elle est venue de la mer.
Elle est partie vers la mer,
Les mouettes l’ont suivie vers la mer lointaine.
Fréia la Déesse a disparu.
Elle reviendra dans l’aube d’un printemps futur. 
Quand elle reparaitra, la terre tressaillira d’allégresse.
Quand elle sourira, les hommes seront consolés.
Elle apportera le bonheur qu’on cherche éternellement,
La justice, l’opulence, l’amour et la paix.
Fréia la Déesse a disparu.
Depuis des jours sans nombre, les hommes l’attendent avec des larmes, des gémissements et des râles.
Ils l’attendent avec des prières et des lamentations,
En la suppliant de reparaître et de leur sourire,
Afin qu’ils soient à jamais heureux,
Afin qu’ils soient à jamais consolés.


James Doyle Penrose (1862-1932)
Freya
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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 00:13
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Viviane
Evocations

Les yeux fixes et las devant l’éternité,
Blême d’avoir connu l’épouvante des mondes,
Merwynn songe… Un visage aux paupières profondes
Le contemple à travers les feuillages d’été.
L’amour, comme un parfum plein de poisons, émane
Du corps de Viviane.

Des arbres violets et des infinis bleus
Ruissellent la tiédeur, et l’ombre et l’harmonie.
La lumière se meurt dans l’étreinte infinie
D’un lascif crépuscule aux reflets onduleux.
Voici que se rapproche, à pas lents, diaphane
Et longue, Viviane.

« Je te plains, ô Penseur dont le regard me fuit,
Car tu n’as point connu, toi qui vois toutes choses,
La pâleur des pavots et le rire des roses,
L’ardeur et la langueur des lèvres dans la nuit.
Pourquoi railler et fuir la volupté profane,
L’appel de Viviane ? »

Edward Burne-Jones (1833-1898)
Viviane et Merlin - la séduction
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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 00:57
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Les couleurs

Éloignez de mes yeux les flamboiements barbares
Du Rouge, cri de sang que jettent les fanfares.

Éteignez la splendeur du Jaune, cri de l’or,
Où le soleil persiste et ressurgit encor.

Écartez le sourire invincible du Rose,
Qui jaillit de la fleur ingénument déclose,

Et le regard serein et limpide du Bleu, —
Car mon âme est, ce soir, triste comme un adieu.

Elle adore le charme atténué du Mauve,
Pareil aux songes purs qui parfument l’alcôve.

Et la mysticité du profond Violet,
Plus grave qu’un chant d’orgue et plus doux qu’un reflet.

Versez-lui l’eau du Vert, qui calme le supplice
Des paupières, fraîcheur des yeux de Béatrice.

Entourez-la du rêve et de la paix du Gris,
Crépuscule de l’âme et des chauves-souris.

Le Brun des bois anciens, favorable à l’étude,
Sait encadrer mon silence et ma solitude.

Venez ensevelir mon ancien désespoir
Sous la neige du Blanc et dans la nuit du Noir.

Illustration mcp
Les couleurs
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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 01:15
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


Les Quatre Vents
Le vent des vaisseaux

 
    Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.
    Voici le Vent du Nord revêtu de blanc froid…
    Voici le Vent du Sud portant les odeurs chaudes
    Et toi, Vent de l’Ouest, qui pleures et qui rôdes !…

    Te voici, Vent de l’Est amer et bienfaisant,
    Toi dont les larges cris font trembler les cœurs lâches,
    Toi qui grondes, toi qui domines, qui te fâches,
    Toi qui donnes la force et la gloire du sang !

    Vous voici réunis, ô quatre Vents que j’aime !
    Et vous chantez, et vous criez tous réunis
    Avec la joie et de désespoir infinis
    Que ressent le poète en face du poème.

    Tous vous obéissez au signe de mon doigt.
    Mais, ô Vent de l’Ouest, qui rôdes et qui pleures,
    C’est vers toi que s’en vont les songes de mes heures !…
    Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.


Illustration mcp
Les vents
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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 00:14
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,
 
est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.


Dédicace
Etudes et préludes


Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait à l’or le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
          De rose et de santal.


Je tremblai. De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
Dans le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tout à tour
          L’agonie et l’amour.


Je sentis frissonner sur les lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis des lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes.
Parmi des flots de sons languissamments décrus,
          Blonde, tu m’apparus.


Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta puérile et pénible,
Piètre et piteux effort rempli de vanité,
          Vers ta divinité.

George Hillyard Swinstead  (1860-1926)
La Jeune fille et le lys
Swinstead-George-Hillyard jeune fille et lys


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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 00:50

Marceline Desbordes-Valmore,

 

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,

 

est une poétesse française.





Ma chambre
Bouquets et prières

Ma demeure est haute,
Donnant sur les cieux ;
La lune en est l’hôte,
Pâle et sérieux :
En bas que l’on sonne,
Qu’importe aujourd’hui
Ce n’est plus personne,
Quand ce n’est plus lui !

Aux autres cachée,
Je brode mes fleurs ;
Sans être fâchée,
Mon âme est en pleurs ;
Le ciel bleu sans voiles ,
Je le vois d’ici ;
Je vois les étoiles
Mais l’orage aussi !

Vis-à-vis la mienne
Une chaise attend :
Elle fut la sienne,
La nôtre un instant ;
D’un ruban signée,
Cette chaise est là,
Toute résignée,
Comme me voilà !

Illustration mcp
Ma chambre
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