Maurice Alphonse Jacques Fombeure, né au hameau de La Rue à Jardres (Vienne) le 23 septembre 1906 et mort à La Verrière (Yvelines) le 1er janvier 1981, est un écrivain et poète français.
C'est le joli printemps
C'est le joli printemps
Qui fait sortir les filles,
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
J'y vais à la fontaine,
C'est le joli printemps,
Trouver celle qui m'aime,
Celle que j'aime tant.
C'est dans le mois d'avril
Qu'on promet pour longtemps,
C'est le joli printemps,
Qui fait sortir les filles,
La fille et le galant,
Pour danser le quadrille.
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Aussi, profitez-en,
Jeunes gens, jeunes filles;
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Car le joli printemps,
C'est le temps d'une aiguille.
Car le joli printemps
Ne dure pas longtemps.
Paul Verlaine est un écrivain et poète français du XIXe siècle, né à Metz (Moselle) le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896 (à 51 ans)
Impression de printemps
Il est des jours - avez-vous remarqué ? -
Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau,
Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai
Que la même gaieté d'un damoiseau.
L'on se souvient sans bien se rappeler...
Évidemment l'on rêve, et non, pourtant.
L'on semble nager et l'on croirait voler.
L'on aime ardemment sans amour cependant
Tant est léger le coeur sous le ciel clair
Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi
Dans les autres, que l'on trompe avec l'air
D'être plutôt trompé gentiment, soi.
La vie est bonne et l'on voudrait mourir,
Bien que n'ayant pas peur du lendemain,
Un désir indécis s'en vient fleurir,
Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain.
Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ?
Meurent plutôt la vie et son tourment !
Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur
D'à jamais perdre un moment si charmant.
François Marie Robert-Dutertre est un écrivain, homme politique libre-penseur français.
Recueil : Les loisirs lyriques (1866).
Le printemps
Gentils oiseaux, venez à ma fenêtre,
Ce blanc duvet est pour vos petits nids ;
Je sens aussi que le printemps va naître,
Mon cœur ému s'épanche au sein des nuits.
Les fleurs déjà dégagent leurs corolles,
Leur corset vert ne craint plus les autans ;
Voici les jours des jeux, des danses folles,
Jolis oiseaux, célébrons le printemps.
Présage heureux, la nature féconde
Sème de fleurs le lit de son époux ;
Partout l'amour devient la loi du monde
Et les amants ont des regards plus doux.
Voici venir l'heure de la tendresse,
L'heure joyeuse aux baisers éclatants ;
Buvons donc tous aux coupes de l'ivresse ;
Jolis oiseaux, célébrons le printemps.
Oh ! connue vous que n'ai-je aussi des ailes
Pour m'envoler sous les bois odorants !
Que n'ai-je aussi des caresses nouvelles
Pour apaiser mes pensers délirants !
Mais ici-bas, solitaire et rêveuse,
Je ne connais que les tristes instants ;
Combien pourtant je voudrais être heureuse !
Jolis oiseaux, célébrons le printemps.
En écoutant la chanson si jolie
Que vous jetez aux vents de l'horizon,
Je sens mon cœur pris de mélancolie,
Et de désirs qui troublent ma raison,
Après ces chants qui peignent votre flamme,
De volupté je vous vois palpitants ;
Et moi j'attends à qui donner mon âme ;
Jolis oiseaux, célébrons le printemps,
N'ai-je pas droit à la faveur céleste,
Au tendre amour, à ma part de bonheur ?
La vie, hélas ! serait un don funeste
Si l'on devait languir dans le malheur ;
Mais Dieu jamais ne manque à ses promesses,
Il fit un cœur pour tout cœur de vingt ans.
Je suis aimée, allons ! plus de tristesses,
Jolis oiseaux, célébrons le printemps.
François-Marie Robert-Dutertre.
Henri Durand est un poète vaudois de langue française né le 27 août 1818 à Vevey en Suisse, et décédé le 13 février 1842 à Lausanne
Recueil : Poésies complètes (1858)
Chant de printemps
Enfin le printemps nous donne
Sa couronne,
Et ses parfums précieux ;
Enfin parmi les prairies
Refleuries
S'égarent nos pas joyeux.
Vois à travers le feuillage
Du rivage,
Frémir le lac doux et pur !
Plus loin, vois, ô ma compagne !
La montagne
Briller dans les champs d'azur !
As-tu vu, de ta fenêtre
Disparaître
Du soir les riches couleurs ?
As-tu senti, sur la plaine.
Quelle haleine
Monte des lilas en fleurs ?
Le cœur, au printemps suave,
Sans entrave,
N'est-ce pas ? Peut s'élever.
Tout aspire ce mystère
Dont la terre
S'enveloppe pour rêver.
Mais, plus que cette nature
Grande et pure,
Plus que les teintes des cieux ;
Bien plus que l'azur de l'onde
Si profonde,
Et que les monts glorieux ;
Plus que l'haleine surprise
De la brise
Dans les longs plis du rideau,
J'aime entre les fleurs écloses
Et les roses,
Voir briller ton œil si beau :
Ô toi, mon amour suprême !
J'aime, j'aime
Ton souris plein de douceur,
Ton souris qui me fait vivre,
Qui m'enivre
Et met le ciel dans mon cœur.
Henri Durand
Antoine Livic auteur et poète
Ballade de printemps
Dites-moi, gentille hirondelle
Que j’attends depuis si longtemps,
Tu viens de loin à tire-d’aile
Sur un nuage, portée par le vent.
Sous ma fenêtre, cette nacelle
C’est ton abri, ta citadelle,
Ton château fort d’un autre temps.
Je t’aperçois, petite oiselle,
Et demain sera le printemps.
Dites-moi, blanche tourterelle,
Etes-vous la colombe d’antan
Qui chantait la paix perpétuelle
En refrain gai et roucoulant ?
C’est le ramage d’une pastourelle
Ou bien l’écho, la ritournelle
Dans la bouche du petit enfant.
Sa voix chante comme une crécelle
Que demain sera le printemps.
Dites-moi, gente demoiselle,
Mon âme en peine depuis trois ans
N’a céans revu votre ombrelle
Ni entendu vos rires charmants,
Vous n’êtes plus cette jouvencelle
Qui jouait jadis à la marelle.
Oh, donnez-moi quelques instants
De vrai bonheur sous cette tonnelle
Quand demain sera le printemps !
Poète, si la Muse t’ensorcelle,
Après l’hiver, son mauvais temps,
Prends le pinceau et l’aquarelle
Et vient donc peindre le printemps !
Antoine Livic, Chants d’écume
Paul-Jean Toulet, né à Pau (Basses-Pyrénées) le 5 juin 1867 et mort à Guéthary (Basses-Pyrénées) le 6 septembre 1920, est un écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée.
Avril, dont l’odeur nous augure
Avril, dont l’odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure.
Ah, verse le myrte à Myrtil,
L’iris à Desdémone :
Pour moi d’une rose anémone
S’ouvre le noir pistil.
Paul-Jean Toulet, Contrerimes
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français.
Avril
Lorsqu’un homme n’a pas d’amour,
Rien du printemps ne l’intéresse ;
Il voit même sans allégresse,
Hirondelles, votre retour ;
Et, devant vos troupes légères
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d’aucun espoir
Vous n’êtes pour lui messagères.
Chez moi ce spleen a trop duré,
Et quand je voyais dans les nues
Les hirondelles revenues,
Chaque printemps, j’ai bien pleuré.
Mais depuis que toute ma vie
A subi ton charme subtil,
Mignonne, aux promesses d’Avril
Je m’abandonne et me confie.
Depuis qu’un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être,
Je vous attends à ma fenêtre,
Chères voyageuses de Mai.
Venez, venez vite, hirondelles,
Repeupler l’azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S’accuse de n’avoir pas d’ailes.
Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris 6e, est un poète, dramaturge et critique dramatique français.
Célèbre pour les Odes funambulesques et Les Exilés, il est surnommé "le poète du bonheur".
Ami de Victor Hugo, de Charles Baudelaire et de Théophile Gautier, il est considéré dès son vivant comme l’un des plus éminents poètes de son époque.
Le printemps
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.
Sous les rayons d’or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.
Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos coeurs gonflés et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps !
Alphonse de Lamartine, (Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine), né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869 est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.
Le moulin au printemps
Le chaume et la mousse
Verdissent les toits ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.
La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.