Paul Bulliard (1911-1943) est Instituteur et Poète français
Pervenches
Ce matin j'ai cueilli, dans la douce rosée
La pervenche d'azur en un coin d'ombre frais :
J'ai cru que ton regard, quand ma main s'est posée
- Regard limpide en l'herbe humide - m'appelait.
Et je suis revenu portant dans ce bouquet
Tes yeux adolescents, cette fleur de toi-même
Qui reflète un troublant infini, et que j'aime...
Ô les cieux, le printemps, des yeux dans un bouquet !
J'ai placé dans un vase, auprès de ton portrait
La pervenche d'azur qui te donnait sa vie,
Et le bleu de la fleur, à la photographie
Passa : ton regard cher lentement s'éclairait...
Aujourd'hui je t'attends: et j'ai le tendre espoir
Que tu viendras enfin et que je pourrai voir
Plus profond, plus subtil, plus beau que la pervenche,
Ton regard doux et bleu, où ton âme se penche.
St-Jean d'Aulph, 21 avril 1939.
poème extrait de "La Chanson simple"