12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 20:07

 

 

 

Mythologie des arbres

L'abricotier - Prunus armeniaca

Abricotier d'Arménie - Amygdalus armeniaca - 

 


 

L'abricot est un fruit à noyau du genre Prunus originaire des montagnes de l'Iran oriental, du Turkestan et du nord-ouest de l'Inde où il se trouve encore.


Originaire d'Asie Centrale, il est adapté aux climats chauds, notamment au climat méditerranéen. Il peut cependant résister à des températures très basses en hiver (jusqu'à -25°C, voire -30°C pour certaines variétés. La récolte d'abricots y sera cependant plus aléatoire, car l'arbre en période de floraison est très sensible aux gelées printanières. 


Des abricotiers sauvages poussent dans la chaîne de montagnes des Tian shan, d'Asie centrale et dans diverses régions de Chine  ainsi qu'en Corée et au Japon.

 

...En marche vers le nord, 

A la vue de fleurs d'abricotiers

Soie de glace taillée découpée, 

De délicates pliures en maintes épaisseurs,

Une légère touche de fard rouge appliquée,

C'est un nouveau style de beautés poudrées,

Elégantes et parfumées 

qui se répandent en vapeurs parfumées"... 


Sòng Huī Zōng - Zhào Jí (1082-1135) 
"Le pavillon du Mont des Hirondelles"


 


 

 

L'abricotier  (Prunus armeniaca) arbre de petite taille au port naturellement étalé, raffiné du printemps à l'automne, caresse le verger par sa floraison précoce. Il s'épanouit dans une terre bien drainée et ensoleillée. Ses fleurs laissent la place aux fruits à noyaux.


C'est un arbre de petite taille au port naturellement étalé, dépassant rarement 6 mètres de hauteur, et appartenant à la famille des Rosacées. Sa durée de vie est en général de 40 à 45 ans, et on peut espérer récolter des abricots 3 ou 4 années après la plantation. Cet arbre fruitier peut atteindre jusqu’à  5-6 mètres de hauteur environ,  mais il existe également des variétés naines.


Il a tendance à avoir une forte végétation. Le tronc est à écorce craquante brun-noir. Le port peut aller d'une position érigée à une forme retombante presque pleureuse. Il a une croissance sympodiale. Il est multiplié par greffage. Enfin il est caractérisé par une floraison précoce ; ce qui le rend sensible aux gels de printemps.


 

 

 

Des fleurs blanches ou rose pâle décoratives, et autofertiles apparaissent avant les feuilles à la mi-mars, avec 5 sépales et 5 pétales, 25 étamines. Le pistil est unicarpellé à ovaire infère non adhérent, contenant 2 ovules.


L'abricotier peut donc féconder ses fleurs avec son propre pollen.


 

 

Les feuilles luisantes, caduques, arrondies, alternes, portées par de longs pétioles.  ont un limbe de forme elliptique cordiforme, pourvu de stipules, à bord crénelé denté. 


 

Suite à cette belle floraison, un fruit ovale jaune orangé, orange (plus ou moins intense) et rouge-orangé, à l’épiderme duveteux et velouté, se développe à partir de l'ovaire et mûrit de la fin juin à la mi-août. Sucrés et légèrement acidulés, les abricots sont déclinés à travers une trentaine de variétés en France. 


 

Le noyau, non adhérent à la chair, contient une amande douce ou amère selon le cas.


 

La maturation débute une semaine avant la récolte. Le fruit cesse d'accumuler des réserves et commence à les utiliser comme source d'énergie. La durée de cette période varie en fonction des variétés et des conditions climatiques.


 

Les bourgeons floraux sont situés à côté ou à la place des bourgeons végétatifs, ils ne contiennent en général qu'une seule  fleur. Ils entrent en dormance progressivement au cours de l'été. Si les températures hivernales sont trop basses les pièces florales sont nécrosées et il y aura déficience de fructification.


 

 

 

Pollinisation


La majorité des variétés traditionnelles est autofertile, ce qui ne rend pas la présence d'abeilles indispensable. Mais actuellement, de nombreuses variétés d'origine américaine autostériles sont introduites dans les vergers français et nécessitent la présence d'une variété pollinisatrice adéquate (compatibilité et époque de floraison).


 

 

 

Aujourd'hui, la France est reconnue pour ses variétés qualitatives qui s'adaptent bien au climat, notamment au climat méditerranéen. Pouvant résister à des températures très basses en période hivernale (-25°C pour certaines variétés), on le retrouve volontiers dans des régions situées au nord de la Loire avec une récolte cependant plus aléatoire sur des variétés à floraison tardive.

 

 

Dans les régions où le climat est plutôt défavorable, on veillera à choisir une variété à floraison tardive.

 

On peut classer les nombreuses variétés d'abricotier selon plusieurs critères : la pollinisation, la précocité de la floraison, la précocité de la récolte...

 

Variétés autofertiles :

- "Bergeron"

- "Luizet"

- "Précoce de Saumur" 

- "Rouge du Roussillon"

 

Variétés peu ou pas autofertiles : 

- "Lambertin", 

 

 

Variétés à floraison précoce : 

- "'Précoce de Saumur" 


C'est un abricotiers précoces ! Les fruits se récoltent dès fin juin et pendant le mois de juillet. Il est rustique.  Il doit toutefois ll’installer à un emplacement ensoleillé et protégé des vents du Nord et d’Est pour préserver sa floraison hâtive des gelées tardives (les fleurs sont détruites à -2°C).  Il donne des fruits ovales orange clair ponctués de rouge . Ils sont savoureux, juteux et fondants. 


et aussi 

- "Muscat"

- "Pêche de Nancy"

 

 

 

Variétés à floraison tardive ou semi tardive 

- "Rouge du Roussillon"

Cet abricotier est à réserver aux climats doux, comme le sud de la France, malgré sa floraison semi-tardive, en mars-avril.  Il fournit à partir de mi-juillet, de beaux fruits orange clair piquetés de rouge, appréciés pour leur arôme unique, très prononcé. Leur chair est fondante, sucrée et parfumée mais plus adaptés aux  confitures, compotes ou les tartes aux fruits. Ils tiennent mieux à la cuisson.

 

- "Bergeron"

Apprécié pour ses gros fruits de bon calibre, une chair ferme, et acidulée.  Rustique, il est  bien adapté aux régions plus froides et aux variations de températures qui sévissent souvent en fin d’hiver. Sa floraison semi-précoce, en mars-avril, lui permet d’éviter les fortes gelées de fin d’hiver. Sa production est régulière et vigoureuse. La récolte survient à partir de mi-juillet et jusqu’à mi-août.


et aussi

- "De Hollande",

- "Fleurit tard", 

- "Gros rouge",

- "Poman rosé" 

- "Roman", 

- "Orangé de Provence",

 

 

 

Variétés à maturité précoce (juin-juillet) :
 

- "Luizet"

Variété vigoureuse, productive et rustique. Avec sa floraison qui survient en mars-avril, et sa résistance à des basses températures, cette variété est bien adaptée aux régions froides. Il fournit en juillet des abricots de gros calibres, jaune-orangé, ponctuée de rouge violacé,  une chair ferme et assez juteuse et sucrée. Délicieux frais, ils sont également adaptés à la pâtisserie ou à de savoureuses confitures maison car le dénoyautage est facile.

 

 

- "Lambertin", 


Arbre à floraison et maturité précoce en février. Ses fruits orangés teintés de rouge côté soleil, de bonne qualité gustative, à la chair légèrement farineuse. Maturité début juillet, l'’acidité de la peau se révèle à la cuisson et à la centrifugation, peut être congelé. Petit noyau rond qui se détache bien de la chair, amande amère.


et aussi :

- "Bulida", 

- "Early Blush"

- "Orangered"

- "Orangé de Provence"

- "De Boulbon".


 

Les dates de floraison et de récolte varient bien sûr en fonction des régions 

Il peut être planté en plein vent. Dans le nord de la France, il accepte cependant la culture en espalier.


 

 

L'abricotier du Japon, mume, ume ou umé 

(Prunus mume (Sieb.) Sieb. et Zucc.)

 


est un arbuste à fruits à noyau du genre Prunus, rattaché à la famille des Rosaceae.

Il appartient avec l'abricotier P. armeniaca et les autres abricotiers du monde, au sous-genre Prunus section Armeniaca du genre Prunus.


Son aire d'origine se situe dans les régions centrales du sud de la Chine (Sichuan et Yunnan) et sa culture s'est répandue dans tout l'Extrême-Orient. Il est profondément associé à l'art et la littérature des grandes civilisations de ces régions.


L'espèce a été introduite au Japon avec le bouddhisme au viie - viiie siècle. 
Prunus mume est un arbre à cime arrondie, à écorce d'un gris plus ou moins verdâtre.


Les fleurs à corolle blanche ou rose, éclosent tôt au printemps, en mars-avril, parfois dès janvier. Les fleurs sont solitaires ou par deux. Il existe des variétés à fleurs doubles recherchées pour leur aspect ornemental. Les fleurs exhalent un parfum pénétrant.


Ses feuilles alternes, caduques, aux bords finement dentés, apparaissent peu de temps après la chute des pétales. Le pétiole porte en général des nectaires.


Les fruits sont des drupes globuleuses de petite taille à noyau adhérent. Ils sont marqués, comme les abricots, d'un sillon allant du pédoncule à la pointe. Ils arrivent à maturité entre fin mai et fin juillet. Ils gardent une couleur verdâtre panachée de jaune, et sont assez acides et très peu sucrés, mais exhalent un parfum agréable.


 

 

 

Etymologie 

Abricotier

 


D’abricot avec le suffixe -ier,


Abricot est un singulier exemple de la propagation et de l’altération des mots ; c’est par l’intermédiaire de l’arabe qu’un mot latin est revenu dans les langues romanes.


Latin "praecoquum" : fruit précoce, mais aussi aperire (ouvrir)

Grec "abros" : délicat, tendre

Bysantin "berikokkon ou berikkokion" 

Arabe  "praikokion " transcrit en "al-barquq"

 

Bescherelle, dans son Dictionnaire de la langue française, le faisait venir du 

- celtique "abred" :  précoce


A l'origine du mot abricot

- Portugais : albricoque

- Espagnol : albaricoque

- Catalan : albercoc

- Provençal : aubercot, aubricot, ambricot, albricot

- Italien : albicócco, albercocca, albicocca

- Français : aubercot, arbricot, abricot


Académie française - Bonheur et surprises de la langue - 2018


 


 

 

Dans les Grandes Antilles, le terme abricot désigne le fruit d'un arbre appelé Abricotier des Antilles Mammea americana L. de la famille des Clusiacées.


 

 

 

Tradition et mythe de la Chine ancienne 

Autel de l'Abricotier, au temple de Confucius

 

 

Le plus grand et le plus ancien temple confucéen se trouve à Qufu, la ville natale de Confucius, petite ville avec environ six cent mille habitants. Elle est située dans la partie ouest de Shandong.

 
Il est fondé en 479 av. J.-C., soit un an après la mort de Confucius, sur l'ordre du duc Ai de l'État des Lu qui souhaite que la demeure du maître devienne un lieu de dévotion, un temple où des sacrifices seront rendus en son honneur. Le temple est agrandi à plusieurs reprises durant 2 000 ans, jusqu'à atteindre sa grande dimension actuelle...


Le développement des temples de Confucius par l'État est une conséquence de sa progressive élévation au rang de "saint".


Le temple est composé de 9 cours entourées de 466 salles et pavillons. Le temple est protégé par une muraille d'enceinte, renforcé aux quatre angles de bastions. A l'intérieur du temple, on trouve partout des pins et cyprès centenaires, le Pavillon Kuiwen, le pavillon des stèles avec inscriptions calligraphiées par des empereurs, des grandes salles et

l'autel de l'Abricotier


Tout au long de sa vie, Confucius n’était "jamais fatigué d’apprendre et jamais las d’enseigner aux autres " ; même si le célèbre abricotier, où la légende raconte que Confucius enseignait chaque jour ses leçons à ses 72 disciples, n’est plus là, un bel autel fermé est là pour commémorer l’endroit.

Durant les années qui suivent la construction du temple de Qufu, les esprits de Confucius et de ses disciples ont été représentés sur des fresques murales et des statues en terre cuite et en bois. 

 

 

 

V° siècle av. J.C.


L'abricotier est cultivé en Chine depuis 2000 ans

 

 

 

 

III° siècle av. J.C.

 


220-280 av.J-C.


Tous les composants de l’abricotier sont très largement utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise depuis la période des trois royaumes (220-280 av.J-C).

 

 


 

I° siècle av. J.C.

 


L'introduction de la culture de l'abricotier au Proche Orient s'est faite à travers l'Iran et l'Arménie, aux alentours du I° siècle avant notre ère.


Les Grecs puis les Romains ne prirent connaissance de l'abricotier qu'à cette époque qu'on trouve des mentions de ce fruit dans des textes.

 

 

Marcus Gavius Apicius (v. 25 av. J.-C.-37 apr. J.-C.) figure de la haute société romaine  amateur de plaisirs (notamment les plaisirs de la table)
"De re coquinaria" Livre IV"...


 (L'Art culinaire, le premier livre de recettes connu)


..."Minutal ex praecoquis: adicies in caccabum oleum, liquamen, vinum, concides cepam ascaloniam aridam, spatulam porcinam coctam tessellatim concides. his omnibus coctis teres piper, cuminum, mentam siccam, anethum, suffundis mel, liquamen, passum, acetum modice, ius de suo sibi, temperabis, praecoqua enucleata mittis, facies ut ferveant, donec percoquantur. tractam confringes, ex ea obligas. piper aspargis et infere... , 

 

Ajoute dans une cocotte de l'huile, du garum, du vin, émince de l'oignon sec d'Ascalon, coupe en petits dés la palette de porc cuite. Après avoir fait cuire tout cela, tu  piles du poivre, du cumin, de la menthe sèche, de l'aneth, verse dessus du miel, du garum, du vin paillé, un peu de vinaigre, et du jus de la cuisson, tu mélanges bien.Ajoute des abricots dénoyautés et fais les bouillir jusqu'à complète cuisson. Tu lieras avec de la pâte émiettée, tu saupoudres de poivre et tu sers.

 

 


Pedanius Dioscoride (entre les années 20 et 40 ap. J.-C. - vers 90 ap. J.-C., médecin, pharmacologue et botaniste grec mentionne l'abricot  sous le nom de "Mailon armeniacon" "pomme d'Arménie". Il dit que les latins l'appelaient "Praikokion"

L'origine arménienne était indiquée par le nom grec, mais ce nom pouvait signifier seulement que l'espèce était cultivée en Arménie.


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. - 79) écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée "Histoire naturelle" (vers 77) fait une allusion rapide à une variété portant le nom de praecocium (précoce).


Rozier, Cours complet d'Agriculture, tome I, planche 3 : Abricot précoce

 


 

 

VIII° siècle

 


Il fut introduit en Espagne par les Maures après 714.

 

 

 

X° siècle

 


Abū ʿĪsā Muḥammad ibn Hārūn al-Warrāq, (889- 994), érudit arabe
propose une recette de poulet aux abricots (décrits comme jaunes et acides) appelée mishmishiyya. (livre de cuisine de 1226)


 

 

 


XV° - XVI° siècle

 


Son introduction en France se serait faite par deux voies :


- En provenance de Catalogne par le Roussillon. On ne sait pas à quelle époque mais probablement avant le XV° siècle.L’abricot redécouvre l’Europe chrétienne à partir de l’Andalousie arabe : al-barqûq devient albaricoque en espagnol, albercoc en catalan.

- En provenance d'Italie par la vallée de la Loire. Le roi René d'Anjou (1409-1480) qui hérita du royaume de Naples en 1435 ramena d'Italie ce fruitier dans sa région natale, où il prit le nom d'"abricotier" vers 1560 ;

 


 


 

 

Miniature, manuscrit Aja’ib al-makhluqat ("Wonders Of Creation"),

Zakariyya ibn Muhammad al-Qazwini, 

abricotier (Mishmish).


 

 
 

 

Plusieurs manuscrits contiennent des représentations de la cueillette de l'abricot

Tacuinum Sanitatis, du médecin Arabe Ibn Butlân, 

Mala Persica potius quam Armeniaca / Abricotier - Tacuinum sanitatis, Ibn Butlân, manuscrit enluminé, Latin 9333 f°6v, 1400-1501


 

 

 

Tacuinum Sanitatis in Medicina, 

du médecin arabe Ibn Butlan,

Récolte des abricots, Codex de Vienne, 

manuscrit d'Italie du Nord, fin XIVe s., folio 9v,

Osterreichische Nationalbibliothek.


 

 


 

Ambroise Paré (1509 ou 1510-1590 chirurgien et anatomiste français.
Livre XIX, 20.

..."Nous voyons du noyau d'abricot venir un abricotier et non le pommier, parce que nature garde toujours son genre et espece"... 

 

 

 

Pierre de Ronsard (1524-1585) poète français


..."J'ai l'esprit tout ennuyé

Achète des abricots,

Des pompons, des artichauts,

Des fraises et de la crème

C'est en été ce que j'aime"...,

 


 

Guillaume de Salluste Du Bartas (1544-1590) Diplomate et poète, Du Bartas est un calviniste convaincu.


La terre se couvre de fleurs et de fruits

Ja le pesché velu, jà l'orenge doré,

Le friand abricot, et le coing decoré

D'un blanchastre duvet, portent sur leur escorce,

Escrite du grand Dieu la pourvoyante force.

 

 

 

1560 - 1624

La dénomination en latin scientifique de armeniaca a été utilisée la première fois par le naturaliste suisse Gaspard Bauhin (1560-1624) (dans Pinax theatri botanici).

 


 

1575 - 1589

La forme, le velouté de sa peau, les courbes du fruit et sa couleur jaune orangé parfois teintée de rouge ont contribué à faire de l’abricot un symbole sensuel.

Au point qu’à la Cour de France, où rébus et bons mots étaient très en vogue à la Renaissance, la Reine Louise de Lorraine, épouse d’Henri III, finit par faire interdire l’emploi du mot, tant celui-ci était employé dans des expressions triviales.


 

 

 

XVII° siècle

 

 

Charles Sorel (v.1602-1674), romancier et écrivain français 

Le Berger extravagant - Livre 5, page 206)

…"il faudroit qu’une nymphe abricotière mangeast des serises, et une nymphe serisée des abricots, afin qu’elles s’aydassent mutuellement sans pécher contre nature, et sans dévorer leurs propres membres"

 


 

1686
Il sera plus tard, dès la Renaissance, introduit en France. À Versailles, le jardinier de Louis XIV plante des abricotiers dont le fruit est très apprécié. 

L’été (la récolte des fruits et irrigation). Détail de la gravure représentant les quatre saisons
et placée en tête de la sixième partie d’Instruction pour les jardins fruitiers
et potagers (Tome 2) de Jean-Baptiste de La Quintinie publié en 1690


 

 

Le surnom d'œuf de soleil de l'abricot nous vient de Jean Chardin, dit le "Chevalier Chardin" (1643-1713) voyageur et un écrivain français dans son Voyage en Perse et aux Indes orientales.


 

 

Olivier de Serres (1539 – 1619) agronome et maître confiturier

En 1600 paraît un ouvrage intitulé "Théâtre de l’agriculture et mesnage des champs".  

Il consacre plusieurs chapitres aux confitures : "Au sucre, plusieurs et divers fruits des arbres et du parterre du jardin se confisent très bien, et de même se conservent fort longtemps en bonté et beauté." Il passe en revue les différentes manières de préparer les fruits dont les abricots.

 

 

 

Nicolas de Bonnefons: un valet passionné de confitures

Valet de chambre du Roi – en l’occurrence Louis XIV Nicolas de Bonnefons œuvre aussi en tant qu’agronome.

En 1651, il publie "Le jardinier français"

avec des recettes de confitures et de gelées. dont l'abricot

En revanche l’abricot est cultivé dans le monde arabe, jusque dans al-Andalus. Les Arabes l’ont-ils découvert via les Romains ou via les Grecs ? Ils l’appellent en effet al-barqûq (tiré de praecoquus ou praikokon) ou mishmish


 

 

 

 

XVIII° siècle

 

 


Il faut attendre le XVIII° siècle, pour voir l'abricotier se développer à plus grande échelle.

 

 

 

Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

1re édition (1751)

ABRICOTIER, s. m. arbre à fleur en rose, dont le pistil devient un fruit à noyau. La fleur est composée de plusieurs feuilles disposées en rose : le pistil sort du calyce, & devient un fruit charnu presque rond, applati sur les côtés & sillonné dans sa longueur ; ce fruit renferme un noyau osseux & applati, dans lequel il y a une semence.

 

 

 

1753.

La croyance en une origine arménienne fut entérinée par Carl von Linné qui baptisa l'espèce Prunus armeniaca (1753). 

 

 

 

André Marie de Chénier, dit André Chénier (1762-1794) poète et journaliste français 

- Les bucoliques

...Vois le jeune abricot, sous les yeux d'un beau ciel, 

arrondir son fruit doux et blond comme le miel....


 

 

 

 

Diderot et D’Alembert

Ouvrage majeur du XVIIIe siècle, 

l’"Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers" fut éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert. 

Encyclopédie, 1758


"Prenez des abricots verds ; remplissez un chauderon d'eau à demi ; jettez-y des cendres de bois neuf ou gravelées ; faites faire à cette lessive sept ou huit bouillons ; mettez-y vos abricots ; remuez-les avec l'écumoire. Quand vous vous appercevrez qu'ils quitteront le noyau, mettez-les dans de l'eau froide, maniez-les, nettoyez & passez dans d'autre eau claire. Faites bouillir de l'eau dans une poele ; jettez-y vos abricots que vous tirerez de l'eau claire. Quand ils seront cuits, vous ferez fondre dans une poele une quantité de sucre clarifié, proportionnée à celle des abricots : cependant vous laisserez égoutter vos abricots entre des serviettes ; vous les tirerez de-là pour les jetter dans le sucre ; vous les y laisserez bouillir doucement ; bientôt ils verdiront : alors poussez le bouillon ; remuez, écumez, laissez refroidir, & serrez."
 

 

 

Abbé  François Rozier (1734-1793) botaniste et agronome français.
parle de l'abricot


..."Le fruit est doux, agréable, un peu aromatique ; la chair du fruit nourrissante, béchique, indigeste ; l’amande rafraîchissante, émulsive ; la gomme de l’écorce incrassante, adoucissante. L’amande fournit une huile qui peut s’employer dans les mêmes cas que celle d’amande douce"...

 

 

 

Gravure sur bois extraite de l'ouvrage 

Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), physicien, botaniste et agronome français.

"Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre",
Paris, Guérin et Delatour, 1755.

Abricots


 

 

 

XIX° siècle

 


 

1803

Edme Mentelle & Conrad Malte-Brun,

Géographie mathématique, physique & politique de toutes les parties du monde, vol. 16, 1803, p. 272

..."La plupart des montagnes de Valachie sont garnies de bois composés de poiriers, de cerisiers, d’abricotiers et autres arbres fruitiers qui donnent aux forêts l'aspect d'immenses vergers"..

 

 


Alexandre Dumas (1802-1870) est un écrivain français 

Grand Dictionnaire de Cuisine 
 l’ "Entremets Flan d’abricots à la Metternich", 

"L’abricot … est un des éléments le plus usuellement et le plus agréablement employés dans la confection des entremets sucrés, ainsi que pour nos desserts de l’automne et de l’arrière-saison. Au moyen de cet excellent fruit on parfume délicieusement des sorbets, des glaces ; on fait d’excellents gâteaux, des beignets, des tourtes, des flans, des crèmes, des compotes et des conserves," …. 
 

 

 


1848

Louise Bernier, Les Histoires de la vieille tante Christine, Belin-Leprieur et Morizot, Paris, 1848.

"Les Pensionnaires et les abricots", 

..."L'élève est bien vite au haut de l'échelle, elle cueille , et jette les abricotsqui sont ramassés. Aussitôt, on dépouille le malheureux arbres de ses plus beaux fruits : seulement, comme je l'ai dit, on en laisse quelques-uns çà et là, et il ne fallait pas avoir de bons yeux pour s'apercevoir de la cueillet abondante qui venait d'être faite"...

Gravure extraite de "Les Pensionnaires et les abricots", 

 

 


1838 - 1886  

L'abricot en Valais  

...Il y a maintenant 120 ans, un émigré français a planté en Valais le premier abricotier. Entre la révolution française et la guerre du Sonderbund, la Suisse vécut une période troublée. Le sang coula, hélas ! à plusieurs reprises, sur son sol. Entre la jeune et la vieille Suisse, de véritables batailles s'engagèrent, dans la haute vallée du Rhône.

Pendant que beaucoup de valaisans guerroyaient, un homme planta dans la vallée le premier abricotier ; il s'appelait Gabriel Luizet. C'était un émigré français. Quels ennuis l'avaient chassé de son pays ? Nous ne le savons. Venu en Valais pour y trouver la paix, il y rencontra la guerre en ce printemps 1838. Luizet s'élève un peu au-dessus de la plaine, sur le coteau de Saxon. Il confie à ce sol qu'il ne connait pas encore, un novau d'abricot. Le germe pousse. L'arbre grandit. Cinq ans plus tard, un fruit merveilleux mûrit, promesse d'innombrables autres fruits.


D'où venait ce noyau originel ? Ses plus lointains ancêtres devaient être chinois, depuis le Turkestan jusqu'à la Mandchourie. Confiais par les qualités de ce fruit, des voyageurs l'introduisirent en Arménie ; d'où son nom "Prunus Armeniaca". Il s'y plut, comme il allait se plaire en Valais, car se sont deux vallées assez nemblables, chaudes, venteuses sur les pentes et si sèches qu'elles doivent être irriguées. 


Les Romains à leur tour s'emballèrent pour l'abricot et lui donnèrent à conquérir l'Italie. Mais ils l'appelèrent "Malus praecox" =  pommier précoce, parce que la floraison est chaque printemps menacée par le gel. (Rien n'a changé sous les bises du Nord en avril).


Les migrations, ces grands brassages des peuples, ouvrirent à l'abricot, par les Maures, les portes de l'Espagne et de la France. De France, il allait donc entrer en Suisse le plus simplement du monde et se trouver chez lui dans ce jardin rhodanien.


Au dire de vieux valaisans, ce seraient les soldats-mercenaires qui auraient apporté les premiers noyaux d'abricots, avec lesquels ils obtinrent les premiers sauvageons d'abricotier.


Après la légende et l'article qui précèdent, nous arrivons dans le domaine de la certitude concernant l'introduction en Valais des abricotiers greffés de diverses variétés.


En 1886, encore un Français, Joseph Sablier originaire de Rive de Gier, région proche de Lyon, achetait au lieu dit "Les Iles du Fonds",  terres de Saxon, les portions bourgeoisiales de Dame Anne-Marie Volluz  veuve d'Etienne, selon cadastre de Saxon. L'acquéreur y établit un jardin-fruitier et y construisit sa maison. Il importa de la région lyonnaise toutes les variétés cultivées à cette époque :

"Luizet", fruit de bonne grandeur, parfumé, savoureux, doré, lavé de rouge à l'insolation, assez ferme, supportant bien le transport. Reste la variété la plus cultivée en Valais ; 


par Marguerite Chappot-Jeanneret selon "Le Confédéré" du 6 août 1958, le journal français "Expres" a publié cet article sur l'abricot du Valais. 

 

 

1866


Victor Hugo (1802-1885), poète français

Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 123.

...Et Gilliatt avait entendu cette Parisienne raconter en ces termes ses malheurs : "je suis très ennuyée, je viens de recevoir des gouttes de pluie sur mon chapeau, il est abricot, et c'est une couleur qui ne pardonne pas"...

 

 

1873

Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

Le Ventre de Paris, 1873, p. 823.

C'était elle, c'étaient ses bras, c'était son cou, qui donnaient à ses fruits cette vie amoureuse, cette tiédeur satinée de femme. Sur le banc de vente, à côté, une vieille marchande, une ivrognesse affreuse, n'étalait que des pommes ridées, des poires pendantes comme des seins vides, des abricots cadavéreux, d'un jaune infâme de sorcière. Mais, elle, faisait de son étalage une grande volupté nue. 

 

 

 

1875

Jules Trousset est un encyclopédiste, historien et géographe français,

Grande Encyclopédie illustrée d’économie domestique et rurale, grande cuisine, cuisine bourgeoise, petite cuisine des ménages, 

Paris, Arthème Fayard, éditeur 1875, 2 vol. 

Crème aux abricots

 "Faites cuire douze abricots avec 125 grammes de beau sucre, passez-les au tamis et laissez-les refroidir. Ajoutez ensuite un petit verre de ratafia des quatre fruits ou de ratafia de noyau, délayez-y huit jaunes d'œufs, passez ce mélange à l'étamine, afin qu'il n'y reste rien des germes, ajoutez-y le sucre nécessaire et faites cuire au bain-marie dans la même jatte, ou dans le moule, ou dans les petits pots que vous désirez servir sur table, en conduisant votre opération comme celle des autres crèmes analogues. On peut remplacer le ratafia par un demi-verre de vin blanc ; mais il ne faut pas que ce soit un vin trop savoureux ou trop parfumé, parce qu'il aurait l'inconvénient de masquer le goût du fruit."

Mythologie des arbres - L'abricotier - Prunus armeniaca

 

 

1876

Du Breuil,

Culture des arbres et arbrisseaux à fruits de table,1876, 

...L'abricotier est l'objet de cultures assez étendues ... en Auvergne, aux environs de Paris ... Les fruits de cet arbre sont consommés à l'état frais, mais ils le sont plus encore sous forme de marmelades et de pâtes.... 

 

 

 

1885


D'après De Candolle (Origine 1882), ce serait le botaniste Joseph Decaisne (1807-1882) qui serait le premier à avoir soupçonné l'origine chinoise de l'arbre. Il avait reçu des échantillons du Dr Bretschneider d'abricots sauvages "des montagnes de Pékin" :

..."Le fruit est petit... sa chair est jaune rougeâtre, d'une saveur acide, mais mangeable et d'abricots cultivés aux environs de Pékin, deux fois plus gros et semblables à nos abricots"....

 

 


1899


Remy de Gourmont (1858 -1915) écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

Esthétique de la langue française1899, p. 141.

... Le t pour le c dur se trouve en latin : quinque, quintus, ce qui correspond à la déformation française; taberna et caverna; torquere, tortura, l'italien busto a donné, buste et busc. En français on peut noter tabatière pour tabaquière, peut-être abricotier pour abricoquier... 

 

 

Chu Manh Trinh (1862-1905) célèbre érudit de la dynastie Nguyen, l'auteur de l'article nostalgique Ham Tu quan.

..."En gazouillant dans la forêt d'abricotier, 

les oiseaux font offrandes de fruits"...


 

 

 

1899

Pal (1855-1942). Illustrateur

Imp. Paul Dupont (Paris)

Abricotine, délicieuse liqueur P. Garnier. Enghien-les-Bains, 

lithographie  Affiche

Bibliothèque nationale de France, 

 

 
 

1899

Pal (1855-1942). Illustrateur

Imp. Paul Dupont (Paris)

Abricotine, délicieuse liqueur P. Garnier. Enghien-les-Bains, 

lithographie  Affiche

Bibliothèque nationale de France, 

 

 

 

XX° siècle

 

 

1900

Tamagno

affiche Produits d'Auvergne

fruits confits et pâte d'abricot

 

 

 

Romain Rolland (1866-1944) écrivain français, lauréat du prix Nobel de littérature de 1915.

Jean-Christophe,- La Nouvelle journée, 1912, p. 1444.

..."Des maisons multicolores, abricot, citron, cédrat, qui luisent parmi les oliviers, fruits merveilleux, dans le feuillage ... La vision italienne est une sensualité; les yeux jouissent des couleurs, comme la langue d'un fruit juteux et parfumé"...

 

 

 

Sabine Sicaud (1913-1928) poètesse française

Printemps

..."Je m'étire, j'étends mes bras au bon soleil

Pour qu'il les dore comme avant, qu'ils soient pareils

Aux premiers abricots dans les feuilles de juin"...

 

 

 

1905

Art nouveau

Eugène Grasset (1845-1917) graveur, affichiste, décorateur et architecte français d'origine suisse, représentatif de l'art nouveau.

Abricotine liqueur  P. Garnier


 

 

 

1910

J.-L. Goffart et J. R. Guillot, 

Abricot Docteur Mascle, revue horticole  Hortalia, 


 

 

 

Pierre Benoit (1886-1962) écrivain français, membre de l'Académie française, 

L'Atlantide, 1919, p. 136

..."Et surtout, dans les grands plats vermeils ou dans les jarres d'osier, des fruits, des masses de fruits, figues, dattes, pistaches, jujubes, grenades, abricots, énormes grappes de raisin, plus longues que celles qui firent ployer les épaules des fourriers hébreux dans le pays de Chanaan, lourdes pastèques ouvertes en deux, à la chair humide et rose, avec leurs régimes de grains noirs"...

 

 

 

Sidonie Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954) femme de lettres française, 

Printemps passé - La maison de Claudine

Dans le verger, de raides baguettes d'abricotier, sacrifiées, brûleront, une heure encore, leur petite flamme de fleur avant de mourir, et les abeilles n'en laisseront rien perdre... 

 

 

 

Paul Claudel (1868-1955) dramaturge, poète, essayiste et diplomate français, membre de l'Académie française.

Le Poète regarde la croix, 1938, p. 239.

..."Voici tous les fruits du verger et la profusion de la corbeille, toutes ces variétés de délices, tout ce qui est né pour fondre, la poire et la pomme dans notre bouche qui réalisent toutes les promesses de la chair, la pêche, l'abricot, la prune profonde, le grapillon aigrelet de la groseille, les raisins bleus et blancs" ...

 

 


Paul Charles Jules Robert (1910-1980) lexicographe et éditeur français. 

Société du Nouveau Littré, Paris, 1965

Abricot, n. m. (du portug. Albricoque, d’après l’arabe al-barqoûq, le fruit précoce, du lat. praecox ou praecoquus). Fruit de l’abricotier, (drupe) qui se consomme frais, cuit, en compote, confiture, gelée, marmelade, pâte, ou séché par déshydratation, huiles, essences.


 

 

 

Hassan Amdouni (1955) enseignant et écrivain belgo-tunisien, docteur en histoire et civilisation de l'université Paris-Sorbonne,

corrigé et remanié 

Sources extraites du livre "La Médecine Du Prophète


  Muhammad Salla-llah allahi wa salam" par JALAL AD-DIN AS-SUYUTI revue,


... L'abricot est froid humide. Il pourrit rapidement.   L'eau où on le laisse macérer étanche bien la soif. Il va mieux à l'estomac que la  pêche. (La pêche, en Orient, est un fruit très médiocre ; l'   abricot est de beaucoup meilleur. L'abricot hamawi est d'un parfum très fin   et très délicat).  On l'adjoint aux préparations par digestion....


 

 

 

Francis Ponge (1899-1988) écrivain et poète français

Gallimard, 1971.

"L'abricot" in Pièces,"  


    ..."La couleur abricot, qui d'abord nous contacte, après s'être massée en abondance heureuse et bouclée dans la forme du fruit, s'y trouve par miracle en tout point de la pulpe aussi fort que la saveur soutenue"...


 

 

 

XXI° siècle

 

 

 

Pierre Perret, La belle fermière,

Chansons éroticoquines (2002)


...Quant un moribond l'appelait

Narguant la mort à son chevet

Elle la collait comme un défi

La bouche édentée de l'ancêtre

A son abricot en folie

Et le papi était guéri

L'abricotier et le pêcher...
 

 

 

Christiane Beerlandt, auteure 

Symbolique des aliments, la corne d'abondance 

Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014

    ..."L'Abricot est très gentil et très doux avec lui-même. Il écoute ses sentiments ; il se sait joyeusement ému et attendri par la Vie, par le fait même de son Être, et aussi par son corps physique, dans cette vie. Les émotions ne sont nullement bloquées et peuvent couler librement. Il donne libre cours à l'eau et aux liquides, ainsi qu'à la Vie même. Il n'a pas peur de ses sentiments et il n'a pas peur non plus qu'un autre voie ses sentiments. Il nage dans la luxuriance de sa féminité. L'Abricot est sensible ; il a de l'empathie et partage les sentiments des autres. Il est plein d'amour et écoute tout le temps la voix de son coeur. Il ferait tout pour autrui, de grand coeur, mais en même temps il s'oublie un peu. Il est préoccupé émotionnellement par le bonheur et le malheur des autres. Tout va très bien pourvu qu'il épanche tout ce que son foie a capté"....


 

 

 

Thierry Delahaye - auteur

Collection Le nom de l'arbre

le 23/04/2007

... L'abricotier aux fleurs blanches, dont le nom arabe signifie "le précoce", nous donne les premiers fruits de l'été. Le pêcher aux délicates fleurs roses le suit de près avec ses innombrables variétés de brugnons, pavies, nectarines et pêches vraies.


C'est un grand périple qui a conduit le pêcher et l'abricotier de Chine dont ils sont originaires, jusqu'à nos jardins et nos vergers.

En Extrême-Orient, le pêcher est symbole d'immortalité et son fruit apporte, disait-on, "mille printemps". On prétend aussi que c'est l'abricot, et non la pomme, qui aurait causé la perte d'Adam et Eve au jardin d'Eden : des légendes, mais qui disent bien l'attrait de ces fruits qui cachent, sous leur robe aux couleurs de feu, un arôme, une saveur et une douceur incomparables....


 


 

Vette de Fonclare (1937) écrivaine spécialisée dans la littérature jeunesse et poétesse française

 

 2009

L'abricotier

 

Une explosion de fruits sur notre abricotier !

Une énorme récolte, et des fruits si serrés

Que l’arbre vu de loin forme une boule orange !

Une exquise saveur pour celui qui en mange !

 

C’est la première fois qu’il est si prolifique

Car les autres moissons furent plutôt mythiques :

Un abricot par ci, un abricot par là !

Le moins qu’on puisse dire est qu’on s’en souviendra …

 

Mais nous venons d’apprendre une affreuse nouvelle :

C’est que l’âme de l’arbre s’enfuit à tire d’ailes,

Et que dès l’an prochain nous allons le pleurer.

En s’auto-sacrifiant le bel abricotier

 

Veut assurer sa suite : ces acliaines d’or

Sont un ultime don un an avant sa mort,

Son tout dernier cadeau après l’apothéose.

Les gros fruits orangés sont tavelés de rose…


 

 

 

Extrait de passage en Arabie (Marco Del Bucchia éditore)

2012

(traduit de l’italien par Sabine Huynh)

 

L'abricotier


Il m’est arrivé de dire que l’abricotier était ma maison

je préférais le bruit de ses feuilles

au silence qui résonnait contre les vieux murs.

Quand l’automne me bouclait à l’intérieur

je fixais l’arbre comme l’on fixe un rivage

au bout d’un voyage en mer

ou le soleil depuis un lieu dévasté par la pluie.

 

Maintenant que l’arbre est mort, suis-je sans demeure ?

J’aurais dû élire un chêne, un châtaignier sauvage

mais mortels ils le sont aussi, j’en ai bien peur.

Quoi qu’il en soit, un abricotier se tenait devant la maison.

 

Il m’est arrivé de dire que l’abricotier était ma maison

à présent dans ces pièces

remplies de bon sens, vides de sens

je me surprends à errer.


 


 

Dylan Pereira - poète  


Noyau d'abricot 


Le noyau à l'abri

De l'abricot,

 

L'abricot à l'abri

De l'abricotier,

 

Le noyau à l'abri

De l'abricot à l'abri

De l'abricotier,

 

Le noyau n'est pas mûr

Pour faire de la confiture.


 

 

 

Sympatique - Oasis des artistes  

20/3/2015 

 

Fleurs d'abricot


Se couvrent tes branches de cette blancheur

Graciles , mobiles au moindre vent si doux

Brins si fins, ornés en grappes de ces fleurs

Exposées à la sensation d’un œil si jaloux.

 

Abricot, du temps présent j’attends ce futur

fleurs que j’admire , beau fruits que je cueille

hâte de me satisfaire, ce temps est allures

des fois t’es orné autres ,oui sans feuilles.

 

je vis en tes frondaisons ;nouées de sèves

entre ta senteur ,ta peau charnue juteuse

et ta chaire veloutée , de ta couleur je rêve

et du jaune au rouge vire ma nuit douteuse.

 

je ne sais si savourer tes taches de rousseurs

ou lentement s’enivrer mort en ta senteur

je dors entre ce suc de ton fruit et tes fleurs

bel arbre de l’abondance j’attends tes heures.


 

 

 

Jacques Viallebesset (1949) écrivain et poète français,

Extrait :  Ce qui est épars".

 

A Marie et géraud


Les abricots du coeur


La roue des saisons moissonne les hommes

Dans un temps immobile où les collines

Toscanent dans la rondeur moelleuse des jours

 

Quand le père est parti les arbres ont versé

Des larmes de sève d’où éclosent les fleurs

La vie roule sans fin les galets du temps

 

Les abricots du cœur au verger d’amour

Sont des soleils confits dans la bouche du temps

Qui disent paix et joie aux amis de plein vent

 

Racines qui s’enfoncent dans le sol millénaire

Tous les arbres renaissent de leurs blessures

Seuls les fruits du bonheur transcendent la mort.


 


 

Utilisation

 

- L’abricotier est cultivé essentiellement pour son fruit.

- Il est quelquefois utilisé pour son bois (lequel est traditionnellement employé dans la fabrication d'instruments de musique tels que le duduk ou le blul).

- C’est aussi un arbre d’ornement pour sa floraison printanière.

 

 

Alimentaire


- Le fruit est consommé frais mais sa saison est brève et sa conservation très courte.

- Il est aussi transformé (en pâtisserie, confiture, compote, conserve, fruits au sirop) 

 

 

- Il peut être sèché.

Pour assaisonner les sauces, on fait recours au hermès. Le hermès algérien n'est autre que l'abricot sec. Très sec. 

 

- L'amande du noyau est consommée dans certains pays.

- De son noyau, on tire des liqueurs comme le Noyau de Poissy ou l’amaretto.

 

 

Médecine traditionnelle


- L'huile d'amande du noyau d'abricot lutte efficacement contre les bourdonnements d'oreilles, quelque gouttes à l'intérieur du conduit auditifs vous soulageront.

 

 

Cosmétique


- L'huile d'amande du noyau d'abricot est tonifiante, nourrissante, hydratante, assouplissante, revitalisante, régénérante, adoucissante, illumine le teint

- Protège légèrement des rayons solaires

- Peut être utilisée comme soin démaquillant

- Huile de base pour les massages


 

 

 

Mythes et légendes de l'abricot

 


- Dans la mythologie grecque, l'abricot comme certains autres fruits et fleurs étaient  liés à la sexualité et dédiés à Vénus.

- Il existe d'innombrables recettes de charmes, de philtres, utilisant la pulpe ou l'essence d'abricot pour susciter la passion amoureuse. 

- Selon une croyance très répandue en Espagne, l'abricot a le pouvoir d'éveiller la passion et le désir charnel. 

- En Andalousie, les femmes qui ont mis des feuilles et des fleurs d'abricotier sous leurs jupes deviennent irrésistibles.


 

 

 

Contes et légendes

 

La “ mère Misère ”

D’après un conte espagnol


Il était une fois une vieille femme, toujours de noir vêtue, qui vivait si pauvrement que tout le monde l’appelait "la Mère Misère". Elle habitait dans une maisonnette à moitié en ruine, et n’avait pour tout bien qu’un petit banc de bois, quelques planches pour dormir dans un coin et une petite marmite cabossée, elle aussi noircie par les ans. Mais cette marmite allait rarement au feu car la Mère Misère n’avait guère de quoi se nourrir.

 

Cependant, à côté de sa masure, se trouvait un abricotier. Cet arbre lui donnait de beaux fruits, dorés et succulents et, en retour, elle lui accordait ses soins attentionnés, lui apportant chaque jour un peu d’eau à son pied, au moment où il fallait.

 

La Mère Misère restait digne et ne se plaignait jamais, sauf d’une chose : des galopins des environs venaient souvent piller son abricotier, s’installant sur ses branches pour déguster plus à leur aise les fruits de l’arbre. Vieille comme elle l’était, et de peu de forces, elle ne pouvait se défaire de ces garnements qui ricanaient quand elle les menaçait.

 

Un soir, un homme s’arrêta devant sa porte. Fatigué par une longue journée de marche, il demanda à la Mère Misère de lui accorder l’hospitalité pour la nuit. Elle accepta de bon cœur, et lui fit partager son très frugal dîner. Le lendemain matin, au moment du départ, le voyageur lui dit :

–  Mère Misère, tu m’as accueilli généreusement et je veux t’en remercier. Sache que j’ai le pouvoir d’exaucer des vœux. Fais donc un vœu, mais un seul, et il sera exaucé.  

La Mère Misère répondit :

– Eh bien, je souhaite qu’à partir de maintenant, quiconque grimpera dans mon abricotier y restera collé et n’en pourra plus redescendre sans mon autorisation.

– Il en sera ainsi, Mère Misère. Adieu ! dit le voyageur en s’en allant. Et il s’évanouit à ses yeux.  


A peu de temps de là, la bande des galopins s’en revint et, selon leur habitude, ils grimpèrent sur l’arbre pour profiter de ses fruits. Mais, lorsqu’ils voulurent en redescendre, impossible. Ils se trouvaient collés aux branches sans pouvoir s’en détacher. Ils eurent beau crier, appeler la Mère Misère à leur secours, rien n’y fit. Elle demeura inflexible. Alors, les parents vinrent la supplier à leur tour de libérer leurs enfants. La Mère Misère le leur refusa tout net. Et les garçons restèrent ainsi prisonniers dans l’arbre, pendant plusieurs jours.

 

Lorsque la Mère Misère eut estimé que la punition avait assez marqué leurs esprits, elle prononça les mots qui les autorisaient à quitter l’abricotier mais non sans avoir reçu la promesse solennelle de leur part qu’ils ne recommenceraient plus à piller son arbre.


Un jour, la Mort s’en vint. Elle aborda la Mère Misère et elle lui dit :

– Mère Misère, ton tour est venu de me suivre. Prépare-toi à faire le grand voyage.

 

La vieille s’attendait à cette arrivée et répondit à la Mort :

–  Mort, je vais m’apprêter, accorde moi juste le temps qu’il faut ; je n’en aurai pas pour longtemps, puis j’irai avec toi. Pendant ce temps, si tu veux, monte dans l’abricotier et goûte quelques-uns de ses fruits.

 

La Mort fit comme la Mère Misère le lui avait proposé. Mais lorsqu’elle essaya de descendre de l’arbre, impossible, elle resta collée à ses branches. Elle demanda à la Mère Misère de la faire sortir de là, mais elle s’y refusa.

 

La Mort eut beau se démener et tempêter, et menacer, et supplier, rien n’y fit. La Mère Misère ne la libéra point. Alors, la Mort demeura dans l’arbre longtemps, très longtemps. Les jours, et les mois, et les années passèrent. La Mort était toujours captive dans l’abricotier de la Mère Misère. De la sorte, plus aucun être vivant ne mourrait : il ne trépassait plus ni un humain, ni un âne, ni un moineau, ni même une mouche. Rien. La Terre se peuplait de plus en plus d’êtres accablés de vieillesse et de maladies, de gens désespérés et aussi d’animaux nuisibles de toutes espèces, insectes et autres…

 

Alors, la Mère Misère dit un jour à la Mort :

– Mort, je consens à te permettre de sortir de l’arbre mais à une condition.

– J’accepte d’avance ta condition, Mère Misère, dis-moi cette condition.

– Ma condition est que tu ne te saisisses jamais de moi. Que tu me laisses aller mon existence sans t’en mêler. Promets-tu ?

– Je te le promets, Mère Misère.

 

La Mère Misère prononça alors les mots qui délivraient la Mort. Et la Mort s’en retourna dans le monde. Depuis ce temps-là, effectivement, la Mort a tenu sa promesse et Mère Misère continue d’être de ce monde.

 

 

 

Conte chinois 


Xing Chan et la fée abricot

 


Il était une fois, au bord du Lac de l'Ouest, un village où habitait une jeune fille, habile et intelligente, qui s'appelait Xing Chan, Mademoiselle Abricot. 

 

Un jour, au début de l'été, Xing Chan, qui avait alors sept ou huit ans, faisait paître ses buffles dans un pré à l'entrée du village. Non loin, dans les vergers, les abricotiers étaient chargés de fruits rouges et jaunes dont le parfum embaumait.

 

Soudain, un abricot, le plus gros et le plus rouge , tomba sur le sol, juste aux pieds de Xing Chan qui le ramassa et allait le porter à sa bouche quand une voix claire se fit entendre:


- Petite fille, petite fille, ne me mordez pas, laissez-moi aller.

 

Muette, Xing Chan regardait autour d'elle, personne. Qui pouvait bien lui parler? Stupéfaite, elle laissa tomber l'abricot par terre. Miracle! L'abricot roula et soudain se transforma en une jolie femme. C'était la Fée Abricot!

 

La Fée tira de ses cheveux une épingle d'or et la mit dans les mains de Xing Chan en souriant:


- Ma fille, vous êtes travailleuse, aimable; alors gardez cette épingle. A l'avenir, si vous vous trouvez dans l'embarras, vous n'aurez qu'à frapper trois fois avec cette épingle et appeler par trois fois "Fée Abricot", je viendrai immédiatement me mettre à votre service. Puis, la Fée, reprenant la forme d'un abricot tout rouge, s'envola jusque sur l'arbre.

 

Xing Chan grandit et on lui donna pour époux le neuvième fils de la famille Song. Au début du mariage, le nouveau couple vivait en bonne intelligence et témoignait de l'affection aux parents.

 

En principe, les membres de la famille Song étaient de braves gens; seulement, ils étaient trop nombreux et ne s'entendaient pas très bien. L'un voulait faire quelque chose, l'autre une autre, l'un préférait les mets sucrés, l'autre les mets salés.

 

Le brave homme de père était incapable de faire obéir ses neuf fils adultes; la mère était très bonne, mais elle ne pouvait pas non plus faire admettre ses idées à ses enfants.


Voyant ses beaux-parents accablés de soucis, Xing Chan leur proposait souvent des idées, celles-ci étaient toujours bonnes et justes. Si sa belle-mère oubliait de faire quelque chose, elle le faisait pour elle, et bien. C'est ainsi que ses beaux-parents s'habituèrent à adopter ses idées.

 


Trouvant que leurs beaux-parents préféraient Xing Chan, ses belles-soeurs commencèrent à murmurer et méditèrent de lui jouer des tours. 

 

Un jour, c'était le tour de Xing Chan à préparer la nourriture. Elle mit à bouillir une marmite de riz et une marmite de fromage de soja; sa belle-soeur aînée l'appela alors d'un signe de la main à la porte de la cuisine, pour lui demander de l'aider à tailler des empeignes de souliers.

 

Dès qu'elle fut partie, la seconde belle-soeur entra, mit des bûches dans le feu et des poignées de sel dans le fromage de soja. Quand Xing Chan revint, le riz et le fromage sentaient le roussi. Après réflexion, elle comprit que c'était ses deux belles-soeurs qui s'étaient jouées d'elle! Sans un mot, elle mit pas mal d'eau dans le riz, et un peu de fécule et d'eau dans le fromage de soja.

 

A l'heure de déjeuner, les hommes revinrent des champs, les enfants se précipitèrent pour mettre la table, disposer les bancs. Les huit belles-soeurs, debout à côté, se lançaient des clins d'oeil, le sourire au lèvres, en pensant à ce qui allait se passer pour le riz et le fromage roussis.

 

Cependant, Xing Chan apporta en souriant la nourriture de la cuisine et dit:

- Il fait chaud, j'ai préparé la bouillie de riz grillé pour vous rafraîchir, et comme vous avez mangé trop souvent du fromage de soja, cette fois-ci, j'ai fait la bouillie de fromage de soja pour vous changer un peu.


Beau-père, belle-mère, frère aîné, frère cadet, neveux, nièces..., tous les membres de la famille mangèrent avec appétit en complimentant Xing Chan sur sa cuisine. Les deux marmites furent bientôt vides.

 

Après cette affaire, les belles-soeurs furent convaincues des mérites de Xing Chan; comme elle témoignait beaucoup de respect à ses beaux-parents, une grande sollicitude pour son mari, et qu'elle se montrait aimable et juste avec tous les autres, on la choisit pour diriger la famille, afin de soulager de cette charge ses beaux-parents trop âgés...

 

Devenue maîtresse de la maison, elle n'imposait jamais ses ordres, mais toujours modeste, discutait avec ses beaux-frères et ses belles-soeurs pour prendre les décisions. Elle s'entendait à bien distribuer le travail des champs ou celui du ménage. 


 
Les neuf beaux-frères travaillaient au champ et ne s'occupaient de rien à la maison; là, les belles-soeurs se chargeaient du tissage, de la couture et de la préparation des repas. Les adolescents devaient soigner les bêtes de trait, faucher l'herbe, couper du bois à brûler et ramasser le fumier. La belle-mère s'occupait des enfants et le beau-père était chargé spécialement d'aller au marché pour les ventes et les achats.

 

Ainsi, la famille avait de quoi manger et se vêtir et la vie s'améliorait de plus en plus; on put même reconstruire la maison. Xing Chan se montrait la même pour tous; elle ne favorisait personne.

 

Dès qu'elle eut pris en charge la maison, l'entente régna dans la famille: Les vieux aimaient les jeunes, qui les respectaient; pas de querelles entre les frères et les belles-soeurs, même les enfants devinrent très sages.


Xing Chan aimait aider ses voisins, quand ces derniers manquaient de riz ou de bois, sans souffler mot, elle leur en prêtait tout naturellement. Les voisins l'avaient donc en grande estime, et ils la donnaient en exemple à leurs filles ou leurs belles-filles.

 

La bonne réputation de Xing Chan se répandit de bouche en bouche et parvint même jusqu'aux oreilles de l'Empereur. Celui-ci ne pouvant croire qu'il existait une fille si intelligente, envoya un émissaire pour la mettre à l'épreuve. L'émissaire présenta à Xing Chan une amande en lui demandant de la partager entre tous les membres de sa famille. Comment allait-elle s'en tirer ?

 

A la lecture de l'ordonnance impériale, la famille fut frappée de stupeur, mais Xing Chan, sans perdre son sang-froid, prit l'amande de la main de l'émissaire et dit:


- Vous vous êtes donné beaucoup de peine, monseigneur ! Allez-vous reposer, je vous prie, dans la salle à manger, et vous verrez comment la famille va se partager votre amande.

 

Aussitôt, Xing Chan construisit un âtre en briques sur lequel elle installa une grande marmite remplie d'eau. Quand l'eau se mit à bouillir, elle y jeta l'amande puis un peu de sucre. De cette façon, elle put distribuer à chaque membre de la famille un bol de thé à l'amande !

 

A cette vue, l'émissaire hocha la tête avec admiration. Il retourna rapidement auprès de l'Empereur et fit son rapport:


- Xing Chan n'est pas seulement intelligente et habile, mais aussi belle comme une fée !


L'Empereur, vivement intéressé, ordonna alors à son émissaire d'aller enlever cette beauté avec trois milles gardes pour l'amener à la cour. Arrivés au bord du Lac de l'Ouest, les hommes d'armes entourèrent la maison de grand-père Song. 


 
L'émissaire impérial entra et lut l'ordonnance de son maître à la famille. Hommes, femmes et enfants, tremblants de peur, commencèrent à crier et à pleurer; les plus jeunes s'accrochaient aux vêtements de Xing Chan; les hommes se disputaient avec l'envoyé impérial : toute la famille était dans le trouble et la confusion.


Xing Chan fit éloigner ses parents et dit:


- Attendez un instant au dehors, s'il vous plaît ! Je vais préparer mes bagages et je vous suivrai.


Une fois entrée dans sa chambre, elle retira l'épingle de ses cheveux et frappa trois fois sur la table en s'écriant :


- Fée Abricot, en ce moment, j'ai des difficultés, pouvez-vous m'aider !

Aussitôt la Fée fit son apparition et lui répondit:

- Je connais vos ennuis ; je vais vous faire déménager et vous installer au fond du Lac de l'Ouest; là vous pourrez vivre tranquillement !

Xing Chan acquiesça. D'un coup de sa manche légère, la Fée déchaîna un tourbillon de vent qui emporta les gens de la famille, la maison, les moutons, les vaches, les instruments agricoles au fond du lac.


Le vent impétueux emporta aussi l'émissaire et les gardes impériaux et les dispersèrent çà et là. Les voisins stupéfaits se précipitèrent au bord du Lac de l'Ouest; ils aperçurent encore une cheminée se dressant sur l'eau qui bientôt s'y enfonça tandis que revenaient le calme et la tranquillité. Quant à la famille de Xing Chan, elle arriva saine et sauve au fond du lac.

 

La famille avait laissé un bon souvenir à ses voisins, et ceux-ci brûlaient de savoir si elle vivait oui ou non dans le lac. Un jour, l'un d'entre eux eut l'idée d'appeler Xing Chan pour lui emprunter une charrue. Miracle ! Au bout d'un petit moment, une charrue apparut sur l'eau.

 

A partir de ce jour, quand quelqu'un avait besoin de quelque chose, il allait le demander à Xing Chan. Lorsque des voyageurs, venus d'une autre province, arrivaient, recrus de fatigue, il leur suffisait de demander à Xing Chan pour avoir bientôt des chaises, des bancs et des tables à leur disposition. 

 

On bénéficia de ce privilège des années durant. Malheureusement, un homme cupide emprunta un jour quatre bancs à Xing Chan, les emporta chez lui et ne les rendit plus. Xing Chan, fut-elle fâchée ? En tout cas, elle ne prêta plus ses affaires aux gens, qui, peu à peu, cessèrent de lui demander son aide.

 

Pourtant, à la saison des abricots, on raconte encore à Hangzhou, combien mademoiselle Abricot était habile, bonne et généreuse.

 

 

 

Vincent Van Gogh (1853 - 1890) peintre et dessinateur néerlandais. 

"Verger aux abricots en fleurs" 

 

 

 

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), 

Le bocal d'abricots, 1758, 

Art Gallery of Ontario, Toronto, Canada.

 

Mythologie des arbres - L'abricotier - Prunus armeniaca
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