22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 23:26


 

 

Théophile Gautier (1811-1872) - poète, romancier et critique d'art français.

 

Noël

 

Le ciel est noir, la terre est blanche ;

- Cloches, carillonnez gaîment ! -

Jésus est né ; - la Vierge penche

Sur lui son visage charmant.

 

Pas de courtines festonnées

Pour préserver l’enfant du froid ;

Rien que les toiles d’araignées

Qui pendent des poutres du toit.

 

Il tremble sur la paille fraîche,

Ce cher petit enfant Jésus,

Et pour l’échauffer dans sa crèche

L’âne et le bœuf soufflent dessus.

 

La neige au chaume coud ses franges,

Mais sur le toit s’ouvre le ciel

Et, tout en blanc, le chœur des anges

Chante aux bergers : ” Noël ! Noël ! 
 

Théophile Gautier (1811-1872) - poète, romancier et critique d'art français.
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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 23:25

 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète, romancier, dramaturge et critique français.

 

Nativité

 

Par l’âne et par le bœuf, par l’ombre et par la paille,

par la pauvresse à qui l’on dit qu’elle s’en aille,

par les nativités qui n’eurent sur leurs tombes

que les bouquets du givre aux plumes de colombe;

par la vertu qui lutte et celle qui succombe:

    Je vous salue Marie.
 

Francis Jammes (1868-1938) - poète, romancier, dramaturge et critique français - Nativité
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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 23:25


 

Jean Mambrino (1923-2012) écrivain et poète français 

Ce poème ci-dessus a été composé à partir du tableau de Georges de La Tour 

 

 

Nativité

 

Les mains ! Voyez les mains qui tiennent

 

Cet enfançon silencieux.

 

L’une étreint fort le petit Dieu,

Et l’autre le soulève à peine.

 

C’est un marmot emmailloté

Au visage gros de sommeil.

 

Ses yeux clos fixent le soleil

De la ténébreuse Beauté.

 

Marie écoute la lumière

Qui respire contre son sein.

"Mon lumignon, mon tendre rien,

Tu embrases toute ta mère."
 

 Jean Mambrino (1923-2012) écrivain et poète français
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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 23:24

 

 

René Guy Cadou (1920-1951) poète français

 

 

Douce étable de la terre 

 

Douce étable de la terre

Pas plus grande qu’appentis

On y met pelles et pioches

On y rentre les brebis

 

Dans l’auberge haute et large

À l’enseigne des rieurs

On dispute on se goberge

De volailles et de liqueurs

 

Des draps blancs de quoi en somme

T’en payer toute la nuit

Tu rigoles mon bonhomme

Pourquoi pas poulet au riz

 

Le Joseph le malhabile

Sa casquette entre ses doigts

Donnez-nous ce soir asile

Ma femme ne va pas bien

 

Cependant la neige tombe

Et par l’huis entrebâillé

Des étoiles d’argent nimbent

Le front blanc de sa moitié

 

Pour la nuit ou bien pour l’heure

Nous n’avons place pour toi

Couchez-vous si ça vous chante

Dans l’étable qui est là

 

Et du doigt désignant l’ombre

Il referme à double tour

Le battant de son auberge

Et la porte de son cœur

 

Mais la nuit malgré les rires

On entend bien les clameurs

Nom de Dieu ! dit l’aubergiste

Y a le feu dans ma demeure

 

Il bouscule la servante

Et s’acharne sur la clef

Dans la nuit la neige bouge

Comme feuilles de lauriers

 

Rassuré il se rapproche

De l’étable des rôdeurs

Il voit double il se raccroche

Aux piquets de la clôture

 

Un enfant sur de la paille

Tout autour illuminé

Et les gens du voisinage

Debout près du monde entier.

 

Ainsi soit-il.
 

René Guy Cadou (1920-1951) - poète français -  Douce étable de la terre 
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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 23:23


 

René Guy Cadou (1920-1951) poète français

 


Tous les hôtels sont fermés à Bethléem 

 

Tous les hôtels sont fermés à Bethléem

Où dormira celle que j’aime

 

Un bœuf marche seul dans la rue

Quand il lève les yeux les étoiles remuent

Dans la direction de l’étable

Tendent leurs cornes charitables

 

Le chemin monte encore

Et toujours de travers

Il n’y a pas de réverbère

Mais la faible clarté du sang qui nous éclaire

 

Dieu-parent donnez-nous l’abri le lit de paille

Ma femme sème ses entrailles

Et nous sommes loin de chez nous

 

La porte s’ouvre d’un seul coup

L’enfant glisse entre les genoux

 

Ô neige annonce la nouvelle

Aux amis aux bergers à celles

Qui depuis si longtemps ont froid

Jésus vient de naître les rois

Vont se mirer dans ses prunelles

 

Le jour se lève

Et l’on entend

L’ange qui court à travers champs.

 

Ainsi soit-il.
 

Lorenzo Monaco (1370-1425) -  Nativité - The Metropolitan Museum of Art

Lorenzo Monaco (1370-1425) - Nativité - The Metropolitan Museum of Art

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 23:35

 

 

Maurice Carême (1899-1978) - poète et écrivain belge de langue française.

 

 

Décembre

 

Décembre, avec vos trois rois mages,

Votre crèche en papier doré

Et vos sapins émerveillés,

Dites, seriez-vous cette étoile

Si perdue qu’on a peine à croire

Que c’est du plus obscur de l’ombre

Que Jésus, tout nu, bleu de froid,

Avec le soleil dans les bras ?

Maurice Carême (1899-1978) - poète et écrivain belge de langue française - Décembre
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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 23:26

 

 

Maurice Carême (1899-1978)

 


À la veille de temps si neufs


"À la veille de temps si neufs,

Qui nous dira jamais pourquoi

Dieu choisit les yeux noirs d’un bœuf

Pour refléter, cette nuit-là,

 

Dans l’ombre chaude de l’étable,

Son fils plus doré qu’un retable,

 

La Vierge encor tout étonnée

De n’être plus abandonnée,

 

Saint Joseph qui n’en revient pas

De voir auprès de lui des rois

 

Et ces bergers, debout, naïfs,

Pareils à une rangée d’ifs

 

Et l’âne priant à genoux

Et répétant : "Pitié pour nous,

 

Les bêtes qui, hélas ! Ne sommes

Que des parias parmi les hommes."

 

Ainsi soit-il.


 

Maurice Carême (1899-1978) - poète belge - À la veille de temps si neufs
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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 23:24

 

 

Arthur de Bussières, (1877 -1913) poète québécois.

 

 

Chant de Noël


J’adore ta venue, enfant, frère des mondes,

– Œuvre de votre amour, ô Père, ô Saint Esprit ! –

Sublime agneau, victime et sauveur, Jésus-Christ,

Dont le front doit blêmir à nos douleurs profondes.

 

Je t’adore, ô Promis de toute éternité !

Je t’adore en mes cris, je t’adore en ma joie ;

D’une âme que le feu de ses désirs rougeoie,

Je t’adore en mon rêve et mon humanité.

 

Je t’adore !… Car j’ai compris ton beau sourire :

Sur ta lèvre divine où ses plis sont posés

Comme en un grand miroir, bouche et traits convulsés,

Le Prodige inouï du Calvaire se mire…

 

Ô divin Rédempteur ! Flambeau des Paradis

Que la chair et la vie agitent devant l’Être ;

Ô Sauveur ! apprends-moi ce que je dois connaître

Pour dompter la chimère et ses envols maudits !

 

Car je veux, avec Toi, grandir dans l’humble enceinte ;

Comme Toi, je veux mettre à mon front le roseau ;

Je veux m’agenouiller auprès de ton berceau,

Pour expirer plus tard aux pieds de la Croix sainte.

Philippe de Champaigne - Nativité, 1643, Musée des Beaux-Arts de Lille

Philippe de Champaigne - Nativité, 1643, Musée des Beaux-Arts de Lille

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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 23:21

 

 

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) écrivain et médecin québécois.

Les floraisons matutinales

 

 


L’idylle dorée

 

Au vent joyeux de la bonne nouvelle

L’étable s’ouvre; et sa merveille est telle

Que les naïfs bergers en sont troublés.

 

Illuminant la crèche sombre encore,

L’Enfant paraît en un orbe d’aurore,

Plus blond que l’or des méteils et des blés.

 

Tout reluit sous l’humble chaume en ruine;

Tout y rutile. Ô nuits de Palestine,

De vos ciels d’aube pâle, est-ce un reflet ?

 

Lune magique, est-ce ton sortilège ?

Est-ce l’éclat de ta blancheur de neige ?

Est-ce ton charme, ô bel enfantelet ?

 

Un homme est là, grave comme en un temple;

Hiératique, il admire, il contemple,

Ne sachant plus que bénir à genoux.

 

Dans son long voile et dans sa blanche robe,

Pudique et belle, aux regards se dérobe

Une humble femme au profil triste et doux.

 

Couple candide, ils restent sans parole,

Le front ceint d’une opaline auréole,

Navrés d’amour et de ravissement.

 

Le père exulte, et la mère soupire;

Tendre, elle fait effort pour lui sourire,

Mais son sourire expire tristement.

 

Elle, la Sainte, elle, l’Immaculée,

Oh! comme elle est confuse, émerveillée,

Toute à son rêve et toute à son affront.

 

Elle se voit dans une bergerie,

Et, pour son Christ, non pour elle, Marie

Pleure, le glaive au coeur, l’épine au front.

 

Le nouveau-né, demi-nu, que l’haleine

Du boeuf et de l’âne réchauffe à peine,

Tout frêle et tout mignon, tremble et vagit.

 

La plus modeste entre toutes les mères

Se meurt de honte, et le sang de ses pères

Comme une pourpre à sa tempe rougit.

 

Dans ce réduit de misère, les anges,

Venus du ciel, modulent les louanges

Du gracieux petit roi de Sion.

 

L’oreille entend la harpe qui console,

La tendre lyre et la tendre viole,

Et le théorbe et le psaltérion;

 

Mais ni le luth qui berce et qui caresse,

Ni la viole exquise de tendresse,

Rien n’a charmé le souci maternel.

 

Pensive, au bord de la crèche accoudée,

Elle pressent, crucifiante idée,

Quelque chagrin qui lui semble éternel.

 

Les séraphins suspendent leur cantique :

Et l’âpre son du hautbois bucolique

Se mêle au frais gazouillis des pipeaux.

 

La corne a pris sa voix la plus câline,

Et le roseau langoureux, en sourdine,

Chante à ravir l’âme des bleus oiseaux.

 

On croit ouïr les endormeuses plaintes

De l’air parmi les légers térébinthes,

Du soir parmi les pâles oliviers.

 

En la blancheur de la lumière astrale

Monte et descend la fraîche pastorale

Que dit le choeur rustique des bouviers.

 

Cette musique élyséenne coule

Et, vrai miracle, ondule et se déroule,

S’achève et file en sanglots inouïs.

 

Des femmes vont à l’adorable Juive

Offrir, avec la myrtille et l’olive,

Roses et lis tout frais épanouis.

 

Silencieux, dévalant les collines,

Orientés par les clartés divines,

Déjà, voici les chameliers du Nil.

 

Ils ont offert l’ambre et le cinnamome

Et ces lotus d’oasis dont l’arome

Calme et guérit le mal le plus subtil.

 

Ni les soupirs des pipeaux et des flûtes,

Ni le noël des chevriers hirsutes,

Rien n’a charmé le maternel souci;

 

Ni les lotus, ni les lis de Judée,

Ni l’oliban des rois de la Chaldée,

Rien ne l’allège et rien ne l’adoucit.

 

Dans son berceau, que la mousse encourtine,

L’enfant s’éveille, et sa lèvre enfantine

S’ouvre et sourit d’un sourire de ciel.

 

Sur cette bouche idéalement rose,

La Mère, moins songeuse, moins morose,

Pose un baiser mouillé de pleurs de miel.

 

Ô tendres pleurs, délicieuses larmes,

Est-il quelqu’un qui résiste à vos charmes ?

Femme, tes pleurs font pleurer tous les yeux !

 

Dès son réveil, calme, à celle dont l’âme

D’inquiétude et d’angoisse se pâme,

Le Fils envoie un regard radieux.

 

Nul pavillon d’impérator n’égale

Ce gîte où luit la gloire filiale,

Ce lit de paille aux rideaux de soleil.

 

Le pâtre adore et Joseph s’extasie :

Certes, jamais les huchiers de l’Asie

Ni les bouviers n’ont vu tableau pareil.

 

Vision rose, exquise épiphanie,

Divine idylle à jamais non finie,

Charmante encore après dix-huit cents ans !

 

Aux Bethléem mystiques, des deux Mondes

Peuples et rois, caravanes profondes,

À pleines nefs apportent des présents.

 

Bercail d’azur, asile de mystère,

Où le noël amoureux de la terre

Alterne avec le cantique des cieux!

 

Crèche où naquit l’agneau des paraboles,

Agreste autel des célestes symboles,

Je vois s’ouvrir ton chaume harmonieux.

 

Tout ébloui, sur le seuil je m’arrête,

Je me prosterne et je courbe la tête,

Dans la pénombre, en silence, à l’écart.

 

Pour te louer, divin berceau, j’aspire

L’harmonieux lyrisme qu’on respire

Dans les motifs des aèdes de l’art.

 

Ô Mère pure, ô Vierge maternelle,

Vase de nard qui déborde et ruisselle,

Inonde-moi des flots de ton amour!

 

Je veux bercer ta peine et ta hantise,

Adoucir le mal qui te martyrise,

Je veux aimer ton Jésus sans retour.

 

Suivant les pas des bergers et des Mages,

Je viens offrir l’encens de mes hommages.

Que n’ai-je l’or des antiques Crésus !

 

Oh! laisse-moi, Vierge, Mère divine,

Prendre en mes bras, presser sur ma poitrine,

Ton bien-aimé, ton trésor, ton Jésus!

 

Je veux que ma lèvre à sa lèvre touche.

Combien heureux je serais, si ma bouche

Pouvait chanter un chant digne de toi !

 

Mais c’est en vain que mon hymne s’élance.

Suspends ton rythme, ô mon coeur, le silence

Exprime seul mon extatique émoi.

 

 Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) - écrivain et médecin québécois - L’idylle dorée
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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 22:35


 
 

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) poète, dramaturge, écrivain et homme politique québécois.

 

 

Noël


Le lourd battant de fer bondit dans l’air sonore,

Et le bronze en rumeur ébranle ses essieux…

Volez, cloches, grondez, clamez, tonnez encore,

Chantez paix sur la terre et gloire dans les cieux !

 

Sous les dômes ronflants des vastes basiliques,

L’orgue répand le flot de ses accords puissants ;

Montez vers l’Éternel, beaux hymnes symboliques,

Montez avec l’amour, la prière et l’encens !

 

Enfants, le doux Jésus vous sourit dans ses langes ;

À vos accents joyeux laissez prendre l’essor ;

Lancez vos clairs noëls : là-haut les petits anges

Pour vous accompagner penchent leurs harpes d’or.

 

Blonds chérubins chantant à la lueur des cierges,

Cloche, orgue, bruits sacrés que le ciel même entend,

Sainte musique, au moins, gardez chastes et vierges,

Pour ceux qui ne croient plus, les légendes d’antan.

 

Et quand de l’an nouveau l’heure sera sonnée,

Sombre airain, cœurs  naïfs, claviers harmonieux,

Pour offrir au Très-Haut l’aurore de l’année,

Orgues, cloches, enfants, chantez à qui mieux mieux !
 

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) - poète québécois - Noël
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