15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:41

 

 

Guillaume Prevel - auteur
 

 

L’ange noir
 

 

Les soirs de détresse où il entend le violon morne

Un ange noir sur son âme fragile se pose

Et réclame une audience près de la tombe où repose,

L’amour défunt adorée, que son coeur ruiné orne

 

Toujours au sommet d’un esprit qui défaille.

L’ange noir l’invite à oublier la vie et d’embrasser la mort

En le consolant faussement pour qu’il accepte enfin le sort

Qu’il lui a réservé afin que vaincu, au diable il aille.

 

Alors, le malheureux écoute l’ange au son d’une musique triste

Tandis que ce dernier le tire vers les abîmes profonds qui l’attriste

En lui rappelant l’amour infini et perdu qui ne sera plus.

 

Et lui, fou de mélancolie, regarde sous les reflets de la lune des chutes

La surface glacée du marbre où il imagine sa belle allongée

Pendant que l’ange, pâle sous l’aurore, sourit de la fin de sa lutte.

Guillaume Prevel - auteur - L’ange noir
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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:40

 

Guillaume Prevel - auteur - 

10/09/2012


L'ange endormi


C'est un petit ange

Comme en connaît le Paradis,

Le front nimbé de cette lumière bénie

Que tissent en artistes les archanges.

 

C'est un doux chérubin

Qui de belles pensées fait des rêves,

Et de beaux et grands jardins

Dont son innocence est la sève.

 

La nuit quand tout est endormi

De l'oreiller il se soulève,

Et porte à moi les cauchemars et les rêves

En se glissant dans mon lit,

 

Tirant sur lui la couverture

En bouclier contre les ombres.

Et que, chuchotant je le rassure,

Sur les mystères de la nuit, quand tout est sombre.

Guillaume Prevel - auteur - L'ange endormi
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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:40

 

Léon Dierx (1838-1912), poète parnassien et peintre français. 

Recueil : "Les Lèvres closes"

 


Le Rêve de la Mort


I


Un ange sur mon front déploya sa grande aile ;

Une ombre lentement descendit vers mes yeux ;

Et sur chaque paupière un doigt impérieux

Vint alourdir la nuit plus épaisse autour d’elle.

Un ange lentement déploya sa grande aile,

Et sous ses doigts de plomb s’enfoncèrent mes yeux.

Puis tout s’évanouit, douleur, efforts, mémoire ;

Et je sentais flotter ma forme devant moi,

Et mes pensers de même, ou de honte ou de gloire,

S’échappaient de mon corps pêle-mêle, et sans loi.....

Horace Vernet (1789-1863) allégorie de la mort - 1851

Horace Vernet (1789-1863) allégorie de la mort - 1851

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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:39

 

Aloysius Bertrand (1807-1841) - poète, dramaturge et journaliste français

Recueil : "Gaspard de la nuit"

 


Les deux anges

 


-  "Planons, lui disais-je, sur les bois que parfument

les roses ; jouons-nous dans la lumière et l’azur des

cieux, oiseaux de l’air, et accompagnons le printemps

voyageur."

 

La mort me la ravit échevelée et livrée au sommeil d’un

évanouissement, tandis que, retombé dans la vie, je

tendais en vain les bras à l’ange qui s’envolait.

 

Oh ! si la mort eût tinté sur notre couche les noces du

cercueil, cette sueur des anges m’eût fait monter aux

cieux avec elle, ou je l’eusse entraînée avec moi aux

enfers !

 

Délirantes joies du départ pour l’ineffable bonheur de

deux âmes qui, heureuses et s’oubliant par-tout où elles

ne sont plus ensemble, ne songent plus au retour.

 

Mystérieux voyage de deux anges qu’on eût vus, au point

du jour, traverser les espaces et recevoir sur leurs

blanches ailes la fraîche rosée du matin !

 

Et dans le vallon, triste de notre absence, notre couche

fût demeurée vide au mois des fleurs, nid abandonné sous

le feuillage.

Aloysius Bertrand (1807-1841) - poète, dramaturge et journaliste français - Les deux anges
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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:38

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) - écrivain autrichien 

Recueil : "Poèmes à la nuit"

Extrait

 

Ange, est-ce une plainte ? Ai-je l’air de me plaindre…

 

Ange, est-ce une plainte ? Ai-je l’air de me plaindre ?

Mais que serait-elle donc, cette plainte mienne ?

Non, non : je crie, je frappe deux morceaux de bois l’un contre l’autre

Et je n’ai pas le sentiment d’être entendu.

J’ai beau faire du bruit, tu ne m’en entendras pas mieux :

Ne me sentirais-tu pas rien que parce que je suis ?

Envoie, envoie ta lumière ! Fais que les étoiles me considèrent

davantage. Car je suis en train de me dissoudre.

 

Nancy Noel

Nancy Noel

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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:37

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) - écrivain autrichien 

Recueil : "Quatrains Valaisans"

 


Vois-tu, là-haut, ces alpages des anges…

 

Vois-tu, là-haut, ces alpages des anges

entre les sombres sapins ?

Presque célestes, à la lumière étrange,

ils semblent plus que loin.

 

Mais dans la claire vallée et jusques aux crêtes,

quel trésor aérien !

Tout ce qui flotte dans l’air et qui s’y reflète

entrera dans ton vin.


 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) - écrivain autrichien - Vois-tu, là-haut, ces alpages des anges…
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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:37

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926) écrivain autrichien

Recueil : "Tendres impôts à la France"

 

Reste tranquille, si soudain…

 

Reste tranquille, si soudain

l’Ange à ta table se décide ;

efface doucement les quelques rides

que fait la nappe sous ton pain.

 

Tu offriras ta rude nourriture

pour qu’il en goûte à son tour,

et qu’il soulève à sa lèvre pure

un simple verre de tous les jours.

 

Ingénuement, en ouvrier céleste,

il prête à tout une calme attention ;

il mange bien en imitant ton geste,

pour bien bâtir à ta maison.
 

le Repas des Anges (1975) de Marc Chagall dans la chapelle Sainte-Rosaline, Les Arcs-sur-Argens, France.

le Repas des Anges (1975) de Marc Chagall dans la chapelle Sainte-Rosaline, Les Arcs-sur-Argens, France.

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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 20:36

 

Marie Krysinska (1857-1908) poétesse et musicienne française d'origine polonaise.

Recueil : "Rythmes pittoresques"


9 février 1884.

A Xavier Krysinski.


L’Ange Gardien


L’Être blanc au pur regard, à la lumineuse chevelure, suit nos pas tout le long de la vie.

* *

L’enfant le voit, tendre et doux, se pencher sur son sommeil,

Et notre premier sourire est pour l’Être blanc Au pur regard.

* *

Plus tard, ainsi qu’un frère aîné, il nous conduit par la main; 

Indulgent et joyeux,

Il pleure seulement s’il voit notre visage déshonoré

Par une grimace laide, -

Car il veut qu’on soit beau et qu’on lui ressemble L’Être beau au pur regard.

* *

Et quand est disparue la fraîche ronde des insoucieuses années;

Quand le dernier clair rire et la dernière petite robe s’envolent au ciel des souvenirs,

Quand nos âmes, encore virginales, frissonnent au vent d’indicibles angoisses;

Et que nos yeux extasiés versent des pleurs dans la solitude des nuits;

C’est l’Être blanc au pur regard

Qui, de son aile diaprée, Essuie nos larmes.

* *

Puis vient l’heure des luttes héroïques :

L’Indifférence aveugle et sourde qui fait nos cœurs desséchés et pareils à du bois mort,

L’Hypocrisie au sourire fardé,

La Bêtise lâche et féroce,

Rendent nos bras lassés et nos âmes sans courage;

Alors, douloureusement, il voile sa face, l’Être blanc au pur regard;

Car il veut que, semblables à lui, Nous gardions notre splendeur et notre beauté premières.

* *

Dans les murmures des bois, par les matins ensoleillés:

Dans la grondante vois de la mer,

Dans le silence mélancolique des soirs,

Dans la douleur et dans la joie,

Au milieu du saint émoi dont nous vibrons quand l’aile prodigieuse de l’Art nous effleure; -

Et au milieu des hymnes de flamme que chantent nos cœurs à l’Amour victorieux et sublime;

Qui, consolant et radieux, Suit nos pas tout le long de la vie.

* *

Et lorsque notre tête lasse s’endort dans la fraîcheur paisible du tombeau,

Encore bercée par la chanson lointaine et douce des souvenirs, – comme l’enfant sur les genoux de sa mère,

Il accompagne notre âme, par delà les bleus éthers et par delà les étoiles, jusqu’au Portique du Ciel grand ouvert;

Portant, dans sa tunique de lin immaculé, les belles fleurs aux parfums ineffables – qui sont nos belles actions;

Tandis qu’avec des rythmes de harpes triomphales, flotte sa lumineuse chevelure.

 

Marie Krysinska (1857-1908) poétesse et musicienne française d'origine polonaise. - L’Ange Gardien
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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 20:33

 

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) poète, dramaturge, écrivain et homme politique québécois.

Recueil : "Les Oiseaux de neige"

Amitié. À Mlle N***

 

Je connais un petit ange

 

Je connais un petit ange

Lequel n’a jamais mouillé

Sa blanche robe à la fange

Dont notre monde est souillé.

 

C’est lui qui donne le change

Au pauvre cœur dépouillé

Que l’amour, vautour étrange,

D’un bec cruel a fouillé.

 

Cet ange, qui vous ressemble,

Sous son aile nous rassemble :

C’est la divine Amitié.

 

Son regard est doux et calme ;

Il m’offre sa chaste palme…

En voulez-vous la moitié ?
 

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) poète, dramaturge, écrivain et homme politique québécois.- Je connais un petit ange
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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 20:32


 

Léo Ferré (1916-1993) auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète monégasque.


 

Les morts qui vivent 


Les morts ont des anges gardiens en chrysanthèmes

Ils ont des lits tous alignés comme au dortoir

Et soulèvent parfois de singuliers problèmes

"To be or not to be..." c'est à voir...

 

Les morts ont des anges gardiens en perles fines

Serties et mortuaire(s) en couronnes d'adieu

Ils sont riches ces morts qui s'en vont à matines

Prier pour des vivants qui n'ont plus besoin d'eux

 

Il est des morts qui font germer les fleurs des champs

Et ces bourgeons d'amour sentent la remembrance

Et font au cimetière un relief d'ortolans

Où viennent picorer les oiseaux du silence

 

Je sais d'étranges morts qui ne pourrissent pas

Et qui sont beaux comme la chair adolescente

Ce sont ceux-là dont les vivants parlent tout bas

Anges assassinés de leur jeunesse ardente
 

Léo Ferré (1916-1993) - auteur-compositeur-interprète - Les morts qui vivent 
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