14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 20:32

 

Marie Joseph Henri Grouès, dit l’abbé Pierre (1912-2007) prêtre catholique français, d'abord capucin, puis du diocèse de Grenoble (1939), résistant, puis député, fondateur du mouvement Emmaüs

recueil Feuilles éparses écrits jusqu’en 1955, quand "l’Abbé Pierre et Emmaüs mènent la ‘guerre du logement’. Pour obliger l’opinion publique et les autorités à ouvrir les yeux, ils installent un campement de sans-logis en plein Paris, sous les arches du pont Sully et sur les berges de Seine. Dans ce poème, l’abbé Pierre appelle les anges gardiens à la rescousse."

Anges Gardiens, Pont Sully, 2 Août 1955


 

Anges Gardiens

 

Anges gardiens

mais où êtes-vous, que faites-vous ?

 

Anges des riches,

anges des désolés

 

Anges de tous les fils de l’homme

regardez !

 

Ça fait trop mal

on n’en peut plus dormir.

 

Anges grondez

tonnez, frappez.

 

Il y a trop de larmes

et de ventres creux

et de dos grelottants

et de mains vides…

 

Parmi trop de ventres trop pleins

de rires animaux

de sueurs de brutes trop vêtues

ou de raffinements

de bons à rien dorés.

 

Anges, sonnez

de vos trompettes de tonnerre.

Que le partage soit fait

 

Ah ! vivement la fin du monde

enfin la justice

 

Y a trop de malheur

y a trop de débine

parmi trop

de salauds distingués.
 

Abbé Pierre (1912-2007) - prêtre catholique français - Anges Gardiens
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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 20:31


Jacques Prévert (1900 -1977) poète français.

Recueil : "Fatras"

 


Être ange c’est étrange

 

Être Ange

C’est Étrange

Dit l’Ange

Être Âne

C’est étrâne

Dit l’Âne

Cela ne veut rien dire

Dit l’Ange en haussant les ailes

Pourtant

Si étrange veut dire quelque chose

étrâne est plus étrange qu’étrange

dit l’Âne

Étrange est !

Dit l’Ange en tapant du pied

Étranger vous-même

Dit l’Âne

Et il s’envole.
 

Rembrandt - l'ange et l'ânesse qui parle de Balaam

Rembrandt - l'ange et l'ânesse qui parle de Balaam

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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 20:30

 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

Recueil : "Poésies nouvelles et inédites"

 


Un ange chez moi parfois vient le soir…

 

Un ange chez moi parfois vient le soir

Dans un domino d’Hilcampt ou Palmyre,

Robe en moire antique avec cachemire,

Voilette et chapeau faisant masque noir.

 

Ses ailes ainsi, nul ne peut les voir,

Ni ses yeux d’azur où le ciel se mire ;

Son joli menton que l’artiste admire,

Un bouquet le cache ou bien le mouchoir.

 

Mon petit lit rouge à colonnes torses

Ce soir-là se change en bleu paradis ;

Un rayon d’en haut dore mon taudis.

 

Et quand le plaisir a brisé nos forces,

Nonchalant entr’acte à la volupté,

Nous fumons tous deux en prenant le thé.


 

Théophile Gautier (1811-1872) - poète, romancier et critique d'art français - Un ange chez moi parfois vient le soir…
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 21:02

Rafael Alberti (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 

 

Les Anges collégiens

 

Aucun de nous ne comprenait le secret nocturne des ardoises

ni pourquoi la sphère armillaire s'excitait aussi esseulée quand nous la

regardions.

Nous savions seulement qu'une circonférence ne peut pas être ronde

et qu'une éclipse de lune abuse les fleurs

et donne de l'avance à l'horloge des oiseaux.

 

Aucun de nous ne comprenait quoi que ce fût :

ni pourquoi nos doigts étaient d'encre de Chine,

ni pourquoi le soir ouvrait des compas pour ouvrir à l'aube des livres.

Nous savions seulement qu'une droite peut, à son gré, être courbe ou brisée

et que les étoiles errantes sont des enfants qui ignorent l'arithmétique. 

Rafael Alberti (1902-1955) - poète et dramaturge espagnol - Les Anges collégiens
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 21:02


Rafael Alberti (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 

A Federico Garcia Lorca

Poète de Grenade.

 

 

Cette nuit où le vent et son stylet  

 

poignardent le cadavre de l’été,

j’ai vu, dans ma chambre, se dessiner

ton visage brun au profil gitan.

 

La vega fleurie. Les fleuves, alfanges

rougies par le sang virginal des fleurs.

auriers-roses. Chaumines et prairies.

 

 Et dans la sierra, quarante voleurs.

 

Tu t’es réveillé sous un olivier,

avec près de toi la fleur des comptines.

Ton âme de terre et brise, captive…

 

Lors abandonnant, très doux, ses autels,

l’ange des chansons est venu brûler

devant toi une anémone votive.

 Rafael Alberti (1902-1955) - Poète et dramaturge espagnol - Cette nuit où le vent et son stylet  
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 21:01


 

Rafael Alberti (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 

 


Les retours de l'Ange de l'Ombre


Parfois, mon amour, je suis ton ange de l'ombre.

Je sors de je ne sais quelles réparations,

fulminant, entre mes dents

une épée aux tranchants amers, une triste

épée que vous connaissez bien, mon pauvre amour.

Ce sont les meilleurs noms des fureurs, les heures

du réveil impitoyable, le

milieu des larmes élevées

du chagrin le plus injuste et le plus doux.

Je sais, mon amour, où ces tenèbres

viennent à moi, t'enveloppant, me serrant

jusqu'à ce qu'elles se trouvent sur tes épaules

et les plient, défaites comme un fleuve.

Que veux-tu, si parfois, mon amour, c'est comme ça que je suis,

quand dans le passé indélébile des pierres, aveugle,

je m'arrache et me bats pour les briser,

te voir libre et seul dans ma lumière?

Toujours vaincu, toujours anéanti,

je reviens au calme, à l'amour, au

bonheur serein , jusqu'à ce moment shadow

où je redescends dans month before

pour relever à nouveau ton ange de l'ombre.
 

 Rafael Alberti (1902-1955) - poète et dramaturge espagnol -  Les retours de l'Ange de l'Ombre
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 21:00

 

Rafael Alberti  (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 

 

Le Bon Ange


Une année, déjà endormi,

quelqu’un d’inattendu

s’arrêta à ma fenêtre.

Lève-toi ! Et mes yeux

virent des épées et des plumes.

Derrière moi monts et mers,

nuages, becs et ailes,

les crépuscules, les aubes.

Regarde-la là-bas ! Son rêve,

suspendu au néant.

Oh désir, marbre fixe,

fixe lumière, fixes eaux

mobiles de mon âme !

Quelqu’un dit : Lève-toi !

Et me voilà dans ta demeure.

 


(Trad:Colo)

El Ángel Bueno”


Un año, ya dormido,

alguien que no esperaba

se paró en mi ventana.

¡Levántate! Y mis ojos

vieron plumas y espadas.

Atrás montes y mares,

nubes, picos y alas,

los ocasos, las albas.

‹¡Mírala ahí! Su sueño,

pendiente de la nada.

¡Oh anhelo, fijo mármol,

fija luz, fijas aguas

movibles de mi alma !

Alguien dijo: ¡Levántate !

Y me encontré en tu estancia.
 

 

Rafael Alberti  (1902-1955) - poète et dramaturge espagnol - Le Bon Ange
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 20:59

 

Rafael Alberti  (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 

recueil "Sur les anges " 

 

Nostalgie des archanges !

J'étais...

Regardez-moi.

 

Habillé comme ici-bas,

mes ailes, on ne les voit plus.

Nul ne sait comment je fus.

On ne me reconnaît pas

 

Dans les rues, qui se souvient ?
 

Rafael Alberti  (1902-1955) - poète et dramaturge espagnol - Nostalgie des archanges !
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 20:59

 

 

Rafael Alberti (1902-1955) poète et dramaturge espagnol 


– Ange mort, réveille-toi.

Où te tiens-tu ? Illumine

de ton rayon le retour.
...


Pour, sans que je me lamente,

creuser une rivière de lumière douce dans ma poitrine

et rendre mon âme navigable.

 

***

– Ángel muerto, despierta.

Dónde estàas ? Illumina

con tu rayo el retorno.


Para, sin lastimarme,

cavar una ribera de luz dulce em mi pecho

y hacerne el alma navegable.
 

Rafael Alberti (1902-1955) - poète et dramaturge espagnol - Ange mort, réveille-toi.
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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 20:58

 

Homero Aridjis (1940) poète Mexicain

 

L'Ange du soleil couchant (extraits)


Il marchait dans la forêt perturbée,

entendait le parfum des plantes effacées,

touchait le chant des oiseaux disparus,

voyait les branches de végétations mortes,

car dans sa mémoire chaque temps était présent,

des visions se détachaient par ses yeux.

...

 Les ancêtres venaient à sa rencontre :

"Qu'as-tu fait des animaux? Pourquoi salir les flots?

L'air a changé. Où sont partis les oiseaux?"

"L'année fut sans printemps, et sera sans hiver.

Le soleil, comme un oeil sans paupières,

fixe furieusement la terre."

 

Lui, figé sur la colline du Couchant,

vêtu de jaune, les ailes resplendissantes,

ne trouvait pas de mots pour répondre;

il leur montrait simplement de la main

 

les bribes bleues, les lambeaux verts

du paysage de son enfance lacérée
 

Homero Aridjis (1940) - poète Mexicain - L'Ange du soleil couchant (extraits)
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