22 novembre 2021 1 22 /11 /novembre /2021 22:30


 

Pierre de Ronsard (1524 - 1585), poète français

plaidoyer sincère et émouvant sur le sort de nos forêts immémoriales :

 

Contre les bucherons de la forest de Gastine.

 

Quiconque aura premier la main embesongnée

A te couper, forest, d'une dure congnée,

Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,

Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,

Qui coupa de Cerés le Chesne venerable

Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,

Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,

Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :

Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,

Et se devore après par les dents de la guerre.

Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,

Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests

Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme

Tout son bien à payer la principale somme.

 

Que tousjours sans repos ne face en son cerveau

Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,

Porté d'impatience et de fureur diverse,

Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.

 

Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)

Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,

Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force

Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?

Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur

Pour piller un butin de bien peu de valeur,

Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses

Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

 

Forest, haute maison des oiseaux bocagers,

Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers

Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere

Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.

 

Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,

Enflant son flageolet à quatre trous persé,

Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,

Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :

Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :

Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,

Dont l'ombrage incertain lentement se remue,

Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :

Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy

Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

 

Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,

Où premier j'accorday les langues de ma lyre,

Où premier j'entendi les fleches resonner

D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :

Où premier admirant la belle Calliope,

Je devins amoureux de sa neuvaine trope,

Quand sa main sur le front cent roses me jetta,

Et de son propre laict Euterpe m'allaita.

 

Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,

De tableaux et de fleurs autrefois honorées,

Maintenant le desdain des passans alterez,

Qui bruslez en Esté des rayons etherez,

Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,

Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

 

Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,

Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,

Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,

Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre

Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,

De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

 

Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !

Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,

Qui dit que toute chose à la fin perira,

Et qu'en changeant de forme une autre vestira :

De Tempé la vallée un jour sera montagne,

Et la cyme d'Athos une large campagne,

Neptune quelquefois de blé sera couvert.

La matiere demeure, et la forme se perd.


 

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22 novembre 2021 1 22 /11 /novembre /2021 22:29

 

Gaston Couté (1880-1911) poète libertaire et chansonnier français


 

La chanson du gui


Le soir étend sur les grands bois

Son manteau d'ombre et de mystère ;

Les vieux menhirs, dans la bruyère

Qui s'endort, veillent et des voix

Semblent sortir de chaque pierre.

L'heure est muette comme aux temps

Où, dans les forêts souveraines,

Les vierges blondes et sereines

Et les druides aux cheveux blancs

Allaient cueillir le gui des chênes.

 

Réveillez-vous, ô fiers Gaulois,

Jetez an loin votre suaire

Gris de la funèbre poussière

De la tombe et, comme autrefois,

Poussez votre long cri de guerre

Qui fit trembler les plus vaillants,

Allons, debout ! brisez vos chaînes

Invisibles qui vous retiennent

Loin des bois depuis deux mille ans.

Allez cueillir le gui des chênes.

 

Barde, fais vibrer sous tes doigts

Les fils d'or de la lyre altière,

Et gonfle de ta voix de tonnerre

Pour chanter plus haut les exploits

Des héros à fauve crinière

Qui, devant les flots triomphants

Et serrés des légions romaines

Donnèrent le sang de leurs veines

our sauver leurs dieux tout puissants

Et le gui sacré des grands chênes.

 

Envoi :

Gaulois, pour vos petits-enfants,

Cueillez aux rameaux verdoyants

Du chêne des bois frissonnants

Le gui aux feuilles souveraines

Et dont les vertus surhumaines

Font des hommes forts et vaillants.

Cueillez pour nous le gui des chênes.

Gaston Couté (1880-1911) - poète libertaire et chansonnier français -  La chanson du gui
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22 novembre 2021 1 22 /11 /novembre /2021 22:29

Joachim Du Bellay (1522-1560) poète français

 

Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché


Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché,

Qui pour son ornement quelque trophée porte,

Lever encore au ciel sa vieille tête morte,

Dont le pied fermement n'est en terre fiché,

 

Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché

Montre ses bras tout nus et sa racine torte,

Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte

Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché :

 

Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine,

Et maint jeune à l'entour ait ferme la racine,

Du dévot populaire être seul révéré :

 

Qui ta chêne a pu voir, qu'il imagine encore

Comme entre les cités, qui plus florissent ore,

Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré.

 

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20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 23:44

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869) poète

 

Le chêne - suite de Jehova

 

Voilà ce chêne solitaire

Dont le rocher s'est couronné,

Parlez à ce tronc séculaire,

Demandez comment il est né.

 

Un gland tombe de l'arbre et roule sur la terre,

L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons,

S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire

Pour aiguiser le bec de ses jeunes aiglons;

 

Bientôt du nid désert qu'emporte, la tempête

Il roule confondu dans les débris mouvants,

Et sur la roche nue un grain de sable arrête

Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents;

 

L'été vient, l'Aquilon soulève

La poudre des sillons, qui pour lui n'est qu'un jeu,

Et sur le germe éteint où couve encor la sève

En laisse retomber un peu !

 

Le printemps de sa tiède ondée

L'arrose comme avec la main ;

Cette poussière est fécondée

Et la vie y circule enfin!

 

La vie ! à ce seul mot tout oeil, toute pensée,

S'inclinent confondus et n'osent pénétrer ;

Au seuil de l'Infini c'est la borne placée ;

Où la sage ignorance et l'audace insensée

Se rencontrent pour adorer !

 

Il vit, ce géant des collines !

Mais avant de paraître au jour,

Il se creuse avec ses racines

Des fondements comme une tour.

Il sait quelle lutte s'apprête,

Et qu'il doit contre la tempête

Chercher sous la terre un appui;

Il sait que l'ouragan sonore

L'attend au jour !.., ou, s'il l'ignore,

Quelqu'un du moins le sait pour lui !

 

Ainsi quand le jeune navire

Où s'élancent les matelots,

Avant d'affronter son empire,

Veut s'apprivoiser sur les flots,

Laissant filer son vaste câble,

Son ancre va chercher le sable

Jusqu'au fond des vallons mouvants,

Et sur ce fondement mobile

Il balance son mât fragile

Et dort au vain roulis des vents !

 

Il vit ! Le colosse superbe

Qui couvre un arpent tout entier

Dépasse à peine le brin d'herbe

Que le moucheron fait plier !

Mais sa feuille boit la rosée,

Sa racine fertilisée

Grossit comme une eau dans son cours,

Et dans son coeur qu'il fortifie

Circule un sang ivre de vie

Pour qui les siècles sont des jours !

 

Les sillons où les blés jaunissent

Sous les pas changeants des saisons,

Se dépouillent et se vêtissent

Comme un troupeau de ses toisons ;

Le fleuve naît, gronde et s'écoule,

La tour monte, vieillit, s'écroule ;

L'hiver effeuille le granit,

Des générations sans nombre

Vivent et meurent sous son ombre,

Et lui ? voyez ! il rajeunit !

 

Son tronc que l'écorce protège,

Fortifié par mille noeuds,

Pour porter sa feuille ou sa neige

S'élargit sur ses pieds noueux ;

Ses bras que le temps multiplie,

Comme un lutteur qui se replie

Pour mieux s'élancer en avant,

Jetant leurs coudes en arrière,

Se recourbent dans la carrière

Pour mieux porter le poids du vent !

 

Et son vaste et pesant feuillage,

Répandant la nuit alentour,

S'étend, comme un large nuage,

Entre la montagne et le jour ;

Comme de nocturnes fantômes,

Les vents résonnent dans ses dômes,

Les oiseaux y viennent dormir,

Et pour saluer la lumière

S'élèvent comme une poussière,

Si sa feuille vient à frémir!

 

La nef, dont le regard implore

Sur les mers un phare certain,

Le voit, tout noyé dans l'aurore,

Pyramider dans le lointain !

Le soir fait pencher sa grande ombre

Des flancs de la colline sombre

Jusqu'au pied des derniers coteaux.

Un seul des cheveux de sa tête

Abrite contre la tempête

Et le pasteur et les troupeaux !

 

Et pendant qu'au vent des collines

Il berce ses toits habités,

Des empires dans ses racines,

Sous son écorce des cités ;

Là, près des ruches des abeilles,

Arachné tisse ses merveilles,

Le serpent siffle, et la fourmi

Guide à des conquêtes de sables

Ses multitudes innombrables

Qu'écrase un lézard endormi !

 

Et ces torrents d'âme et de vie,

Et ce mystérieux sommeil,

Et cette sève rajeunie

Qui remonte avec le soleil ;

Cette intelligence divine

Qui pressent, calcule, devine

Et s'organise pour sa fin,

Et cette force qui renferme

Dans un gland le germe du germe

D'êtres sans nombres et sans fin !

 

Et ces mondes de créatures

Qui, naissant et vivant de lui,

Y puisent être et nourritures

Dans les siècles comme aujourd'hui;

Tout cela n'est qu'un gland fragile

Qui tombe sur le roc stérile

Du bec de l'aigle ou du vautour !

Ce n'est qu'une aride poussière

Que le vent sème en sa carrière

Et qu'échauffe un rayon du jour !

 

Et moi, je dis : Seigneur ! c'est toi seul, c'est ta force,

Ta sagesse et ta volonté,

Ta vie et ta fécondité,

Ta prévoyance et ta bonté !

Le ver trouve ton nom gravé sous son écorce,

Et mon oeil dans sa masse et son éternité !

Alphonse de Lamartine (1790-1869) - poète - Le chêne - suite de Jehova
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20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 23:43

 

Jean-Michel Bollet - poète

 

Le chêne 


Affrontant les étés et les rudes hivers,

Avec ténacité et la frondaison digne

Qu’il soit couvert de neige ou de feuillages verts,

Il est respecté par son caractère insigne.

 

Ses amis sont les champs depuis cent et mille ans

Et la terre tournée avec bœufs et charrue

Des forçats-paysans aux pas collants mi-lents

Qui sont une figure aujourd’hui disparue.

 

Se voient s’enfler autour de l’écorce des nœuds

Et s’allonger ses bras que la sève alimente

Soutenant le nid du geai qui prend soin des oeufs

Pour qu’un jour son petit éclos le complimente.

 

Les villageois d’antan, ivres de leur jeunesse

Allaient sous son ombrage et s’asseyaient dessus

Ses inertes serpents faisant mal à la fesse

Dont la queue s’enterrait dans des endroits cossus.

 

Il sentait bon la mousse et après une averse

D’autres odeurs passaient qu’ils jouaient à nommer :

Foin fraîchement coupé venu grâce à la herse,

Chaud lisier fermenté propre à les assommer.

 

Et comme était douce la sieste familière

Après la soupe aux pois et la saucisse au lard

En leur offrant une présence hospitalière

Qu’adoraient ces trapus, soiffards et rigolards...

 

Tôt, le matin, chacun, l’observe et le détaille :

Il est calme ou nerveux, serré ou évasé ;

Il nous prédit le vent, une pluie en bataille

Ou un soleil de plomb sur le mont embrasé.

 

Quand nous serons passés, toi tu nous survivras ;

Chêne, nous diras-tu où ira notre route ?

Tu vis des dos courbés, des fardeaux sur les bras :

Aurons-nous encore un peu de mie sous la croûte ?

 

Mais, tu n’en as cure et tu poursuis ta croissance

En poussant tes bourgeons poisseux et qui seront

Couronnés de feuillage et qui dans le vent dansent

En faisant grincer tes branches liées au tronc.

 

Et ton énorme pied commande à tous tes doigts

D’aller chercher à la fois boisson, nourriture

Qui reviennent donner de la force à tes bois

Prêts à se défendre contre la pourriture.

 

Chêne majestueux, tu servis les auspices

De Saint Louis qui te choisit pour présider

La solennité de l’action de justice

En s’appuyant sur toi comme pour le guider.

 

Tu es associé aux quatre-vingt années

De vraie fidélité par les époux humains

Et tes feuilles sur le képi sont alignées

Comme le laurier sur les empereurs romains.

 

Arbre, je te touche de mes mains tout entières ;

Je ne peux t’enlacer : laisse-moi t’embrasser,

Tu es de toutes les espèces forestières

La seule cuirassée qu’on ne peut terrasser.

 

Et si tu me donnais un petit peu de toi

Pour construire en bas de mon village ma ferme ?

Tu pourrais allonger quelques doigts sous mon toit

Et un autre à l’entrée pour que la porte ferme.

 

Ah, comme je voudrais te laisser mon empreinte

En mourant avec toi dans un espace creux

Quand tu seras très vieux et que tu auras crainte

D’entendre croasser le commun corbeau freux.

 

Dis, quand je te quittais, chaque soir, attendri

Par tes enchantements, je pleurais en silence ;

Une fois, je maudis douze ailes de perdrix

Volant par-dessus toi : mon dieu, quelle insolence !

 Jean-Michel Bollet - poète - Le chêne 
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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 23:54

 

Alfred Victor de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.

Recueil : "Poèmes antiques et modernes"

Écrit en 1815.

 

Idylle dans le goût de Théocrite

 

La Dryade

 

Honorons d’abord la Terre, qui, la première entre les dieux, rendit
ici les oracles…

J’adore aussi les nymphes.
Eschyle.

 

Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?

Jadis il s’anima de paroles divines ;

Mais par les noirs hivers le chêne fut vaincu.

Et la dryade aussi, comme l’arbre, a vécu.

(Car, tu le sais, berger, ces déesses fragiles,

Envieuses des jeux et des danses agiles,

Sous l’écorce d’un bois où les fixa le sort,

Reçoivent avec lui la naissance et la mort.)

Celle dont la présence enflamma ces bocages

Répondait aux pasteurs du sein de verts feuillages,

Et, par des bruits secrets, mélodieux et sourds,

Donnait le prix du chant ou jugeait les amours.

Bathylle aux blonds cheveux, Ménalque aux noires tresses,

Un jour lui racontaient leurs rivales tendresses.

L’un parait son front blanc de myrte et de lotus ;

L’autre, ses cheveux bruns de pampres revêtus,

Offrait à la dryade une coupe d’argile ;

Et les roseaux chantants enchaînés par Bathylle,

Ainsi que le dieu Pan l’enseignait aux mortels,

S’agitaient, suspendus aux verdoyants autels.

J’entendis leur prière, et de leur simple histoire

Les Muses et le temps m’ont laissé la mémoire.

 

MÉNALQUE.

Ô déesse propice ! écoute, écoute-moi !

Les faunes, les sylvains dansent autour de toi,

Quand Bacchus a reçu leur brillant sacrifice ;

Ombrage mes amours, ô déesse propice !

 

BATHYLLE.

Dryade du vieux chêne, écoute mes aveux !

Les vierges, le matin, dénouant leurs cheveux,

Quand du brûlant amour la saison est prochaine,

T’adorent ; je t’adore, ô dryade du chêne !

 

MÉNALQUE.

Que Liber protecteur, père des longs festins,

Entoure de ses dons tes champêtres destins,

Et qu’en écharpe d’or la vigne tortueuse

Serpente autour de toi, fraîche et voluptueuse !

 

BATHYLLE.

Que Vénus te protège et t’épargne ses maux,

Qu’elle anime, au printemps, tes superbes rameaux ;

Et, si de quelque amour, pour nous mystérieuse,

Le charme te liait à quelque jeune yeuse,

Que ses bras délicats et ses feuillages verts

A tes bras amoureux se mêlent dans les airs !

 

MÉNALQUE.

Ida ! j’adore Ida, la légère bacchante :

Ses cheveux noirs, mêlés de grappes et d’acanthe,

Sur le tigre, attaché par une griffe d’or,

Roulent abandonnés ; sa bouche rit encor

En chantant Évoé ; sa démarche chancelle ;

Les pieds nus, ses genoux que la robe décèle,

S’élancent, et son oeil, de feux étincelant,

Brille comme Phébus sous le signe brûlant.

 

BATHYLLE.

C’est toi que je préfère, ô toi, vierge nouvelle,

Que l’heure du matin à nos désirs révèle !

Quand la lune au front pur, reine des nuits d’été,

Verse au gazon bleuâtre un regard argenté,

Elle est moins belle encor que ta paupière blonde,

Qu’un rayon chaste et doux sous son long voile inonde.

 

MÉNALQUE.

Si le fier léopard, que les jeunes sylvains

Attachent rugissant au char du dieu des vins,

Voit amener au loin l’inquiète tigresse

Que les faunes, troublés par la joyeuse ivresse,

N’ont pas su dérober à ses regards brûlants,

Il s’arrête, il s’agite, et de ses cris roulants

Les bois sont ébranlés ; de sa gueule béante,

L’écume coule à flots sur une langue ardente ;

Furieux, il bondit, il brise ses liens,

Et le collier d’ivoire et les jougs phrygiens :

Il part, et, dans les champs qu’écrasent ses caresses,

Prodigue à ses amours de fougueuses tendresses.

Ainsi, quand tu descends des cimes de nos bois,

Ida ! lorsque j’entends ta voix, ta jeune voix,

Annoncer par des chants la fête bacchanale,

Je laisse les troupeaux, la bêche matinale,

Et la vigne et la gerbe où mes jours sont liés :

Je pars, je cours, je tombe et je brûle à tes pieds.

 

BATHYLLE.

Quand la vive hirondelle est enfin réveillée,

Elle sort de l’étang, encore toute mouillée,

Et, se montrant au jour avec un cri joyeux,

Au charme d’un beau ciel, craintive, ouvre les yeux ;

Puis, sur le pâle saule, avec lenteur voltige,

Interroge avec soin le bouton et la tige ;

Et, sûre du printemps, alors, et de l’amour,

Par des cris triomphants célèbre leur retour.

Elle chante sa joie aux rochers, aux campagnes,

Et, du fond des roseaux excitant ses compagnes :

"Venez ! dit-elle ; allons, paraissez, il est temps !

Car voici la chaleur, et voici le printemps."

Ainsi, quand je te vois, ô modeste bergère !

Fouler de tes pieds nus la riante fougère,

J’appelle autour de moi les pâtres nonchalants,

A quitter le gazon, selon mes vœux, trop lents ;

Et crie, en te suivant dans ta course rebelle :

"Venez ! oh ! venez voir comme Glycère est belle !"

 

MÉNALQUE.

Un jour, jour de Bacchus, loin des jeux égaré,

Seule je la surpris au fond du bois sacré :

Le soleil et les vents, dans ces bocages sombres,

Des feuilles sur ses traits faisaient flotter les ombres ;

Lascive, elle dormait sur le thyrse brisé ;

Une molle sueur, sur son front épuisé,

Brillait comme la perle en gouttes transparentes,

Et ses mains, autour d’elle, et sous le lin errantes,

Touchant la coupe vide, et son sein tour à tour,

Redemandaient encore et Bacchus et l’Amour.

 

BATHYLLE.

Je vous adjure ici, nymphes de la Sicile,

Dont les doigts, sous les fleurs, guident l’onde docile ;

Vous reçûtes ses dons, alors que sous nos bois,

Rougissante, elle vint pour la première fois.

Ses bras blancs soutenaient sur sa tête inclinée

L’amphore, œuvre divine aux fêtes destinée,

Qu’emplit la molle poire, et le raisin doré,

Et la pêche au duvet de pourpre coloré ;

Des pasteurs empressés l’attention jalouse

L’entourait, murmurant le nom sacré d’épouse ;

Mais en vain : nul regard ne flatta leur ardeur ;

Elle fut toute aux dieux et toute à la pudeur.

 

Ici, je vis rouler la coupe aux flancs d’argile ;

Le chêne ému tremblait, la flûte de Bathylle

Brilla d’un feu divin ; la dryade un moment,

Joyeuse, fit entendre un long frémissement,

Doux comme les échos dont la voix incertaine

Murmure la chanson d’une flûte lointaine.

 

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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 23:53

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. 

1668

 

Le chêne et le roseau

 

Le Chêne un jour dit au Roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du Soleil,

Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir.

Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La nature envers vous me semble bien injuste.

— Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots

Du bout de l'horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au Ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.

Georges Fraipont (1873-1912) le chêne et le roseau

Jean de La Fontaine (1621-1695) - poète français - Le chêne et le roseau
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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 23:52

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète fabuliste française

 

Le Gland et la Citrouille


Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve

En tout cet Univers, et l'aller parcourant,

Dans les Citrouilles je la trouve.

Un villageois considérant,

Combien ce fruit est gros et sa tige menue :

A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?

Il a bien mal placé cette Citrouille-là !

Hé parbleu ! Je l'aurais pendue

A l'un des chênes que voilà.

C'eût été justement l'affaire ;

Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.

C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré

Au conseil de celui que prêche ton Curé :

Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,

Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,

Ne pend-il pas en cet endroit ?

Dieu s'est mépris : plus je contemple

Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo

Que l'on a fait un quiproquo.

Cette réflexion embarrassant notre homme :

On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.

Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.

Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.

Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,

Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.

Son nez meurtri le force à changer de langage ;

Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc

S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,

Et que ce Gland eût été gourde ?

Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;

J'en vois bien à présent la cause.

En louant Dieu de toute chose,

Garo retourne à la maison.

 Jean de La Fontaine (1621-1695) poète fabuliste française
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29 octobre 2021 5 29 /10 /octobre /2021 23:01

 

 

Mythologie des arbres


Le pommier 

 

 

 


Symbole de connaissance dans de nombreuses cultures, le pommier est un arbre présent sur notre continent depuis la préhistoire. 

Son histoire, chargée de mythes et de légendes, sa forte présence sur le territoire et ses vertus médicinales et nutritives en font un arbre connu de tous. 


Certaines espèces de pommiers sont cultivées, soit pour leurs fruits (les pommes), soit comme pollinisateurs, soit comme arbres d'ornement (les pommiers à fleurs), soit pour leur bois.
 

par Salomon, roi d'Israël (règne de 970 à 931 av. J.-C.)
Cantique des Cantiques 1-8 - La Bible du Semeur


..."Comme un pommier parmi les arbres de la forêt

tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens,

j’ai grand plaisir à m’asseoir à son ombre.

Combien son fruit est doux à mon palais.

Il m’a conduite dans la maison du vin

et il a déployé sur moi, l’étendard de l’amour"...

 

Daniel Ridgway Chevalier (1839 – 1924) sous le pommier

 


 


 

 

Les pommiers sont des arbres du genre botanique Malus et de la famille des Rosacées, dont le fruit est la pomme, une drupe,  pouvant vivre entre 70 et 100 ans.

 
Le genre pommier regroupe un ensemble d’arbres et d’arbustes localisé uniquement dans l’hémisphère Nord.  


Ces arbres ou arbustes ne sont généralement pas de grande taille, dix mètres de hauteur tout au plus.


Lorsqu'il est cultivé, la taille, la forme et la densité de ses branches sont déterminées par la sélection des porte-greffes et la méthode de la taille.


 

 

 

Le tronc est généralement gris et tortueux. Le bois de pommier est recherché par l’ébéniste et le tourneur. Ses branches, velues quand l’arbre est jeune, glabres plus tard, ont un port tombant. Elles se parent de feuilles ovales, alternes, légèrement crénelées, ovales, vert foncé au-dessus, plus claires sur la face opposée légèrement duveteux.  


La floraison printanière, simultanément avec le bourgeonnement des feuilles pour la plupart des variétés. Les boutons rose vif se groupent en petits bouquets qui déploient ensuite leur corolle blanche à cinq pétales, avec un teinte rosée qui s'estompe progressivement et leur inflorescence est constituée d'une cyme de quatre à six fleurs. La fleur centrale de l'inflorescence, parfois qualifiée de 'floraison royale' s'ouvre en premier et peut développer un fruit plus gros.


 

 

 

Les fleurs de pommier sont légèrement odorantes, mais davantage parfumées la nuit, la fleur centrale de l'inflorescence, parfois qualifiée de "floraison royale" s'ouvre en premier et peut développer un fruit plus gros.


 

 

Les fleurs de pommiers produiront la pomme à l’endocarpe coriace, à la chaire douce, acidulée ou acerbe. 

Le mot "pomme" vient du latin "malum"

Pōmum  signifie Fruit avec pépins ou noyau : pomme, poire, cerise, figue, noix, baie, datte.

Pomus : Arbre fruitier.

Pomme en celtique ancien est "ablu" 

et son dérivé "abalnos", "abalna" signifie "pommier".

Ils donnent le gaulois "abalo" et "aballo" ou "avallo",

le vieil irlandais "ubull" et "aball",

le breton "aval" et "(e)ur wezenn-aval", littéralement "un arbre à pommes" .

On trouve la même racine indo-européenne dans les langues germaniques comme le néerlandais "appel", l'allemand "Apfel" et l'anglais "apple".

Dans la mythologie Pomona (Pomone) Déesse qui préside à la maturation des fruits.


 

 

La pomme est un fruit, (en fait un faux fruit ou fruit complexe)  car constitué à la fois par l'ovaire, la base des pièces florales et le réceptacle, le tout étant soudé, charnu, de forme quasi sphérique, déprimée au sommet et à la base, à pulpe homogène.

 

 

 

Certaines variétés anciennes ont des formes particulières, comme la pomme d'api, plutôt plate et de forme étoilée pentagonale, ou les pigeonnets, au contraire très allongés. La lemon pippin anglaise, ancienne pomme à cuire, a la forme et la couleur d'un citron.

 

 

Son poids est très variable selon les variétés et les conditions de végétation. Ses couleurs à maturité se déclinent du vert "pomme" au rouge plus ou moins foncé en passant par une grande variété d'intermédiaires : vert pâle, jaune, orangé ou de couleurs plus ou moins panachées.


 

Le périanthe, comprenant sépales et pétales, se trouve au sommet de l'ovaire, ce dernier est soudé au réceptacle floral.

 

Du point de vue de la botanique, la pomme est un fruit complexe, intermédiaire entre la baie et la drupe. 


Dans une coupe transversale, on peut voir, au centre, les pépins (graines) au nombre de deux dans chacune des cinq loges de l'ovaire initial entouré d'une enveloppe sclérifiée, l'ensemble étant entouré d'une pulpe mince, qui correspond au développement de la paroi de l'ovaire. Puis une mince membrane fibreuse marque la séparation avec le réceptacle qui s'est considérablement épaissi pour former l'essentiel de la chair du fruit.

 

 

 

Les cinq branches de l’étoile ressemblent à de petites chambres
à l’intérieur desquelles les pépins sont enfermés.


 

 

 

Le pommier comprend une quarantaine d'espèces d'arbres ou d'arbustes dont la plus importante, sur le plan de l'alimentation humaine, est le pommier domestique (Malus domestica).

 
 

 

Le nom scientifique du pommier domestique a été appelé successivement Malus domestica Borkh. (1803), Malus communis Poir. (1804), etc). Une étude de 2001 donne comme nom scientifique celui donné dès 1768 par Philip Miller Malus pumila ("pommier nain" selon la traduction littérale du latin). 
Actuellement, le nom préféré est Malus domestica. Les pommiers domestiques actuels sont donc des cultivars ou variétés et doivent être nommés.


Aujourd’hui, il existe plus de 5000 variétés de pommiers qui se distinguent les unes des autres par la forme, la taille, la couleur, l’odeur et la saveur du fruit. On peut distinguer trois groupes de variétés issues du pommier commun :

– Le pommier doux (Malus communis, var. mitis) : ensemble des pommiers à pommes douces ou pommes à couteau, telles que la reinette, la pomme d’api, le cœur-de-pigeon, etc.


 

– Le pommier acerbe (Malus communis, var. acerba) : ensemble des pommiers destinés à la production de pommes à cidre.


 

– Le pommier paradis (Malus communis, var. paradisiaca) : variétés de pommiers précoces.


 

 

 

Bien que tous les pommiers produisent des fleurs et des pommes, les espèces cultivées uniquement à titre ornemental sont souvent appelées de manière générique "pommier à fleurs "

 

Le nom de "Pommier à fleurs", ou pommetier en Amérique du Nord, est un nom vernaculaire utilisé pour différentes espèces ou cultivars de pommiers du genre Malus à petits fruits semblables à des pommes et dont les plus répandus sont :

 

Malus baccata (L.) Borkh. (sect. Gymnomeles), le pommier de Sibérie ;

Malus floribunda Siebold ex Van Houtte (sect. Malus), le pommier du Japon ;

Malus sargentii Rehder (sect. Sorbomalus).

 

Le plus connu est le pommier Evereste. Cette variété résiste aux principales maladies des pommiers et fleurit de mi-avril à la mi-mai. On utilise aussi le Malus Coccinella.

 

 

 

Dans les jardins des particuliers, les pommiers ornementaux servent à la décoration et à la pollinisation globale des pommiers de l'espace réservé aux arbres et arbustes fruitiers : le viridarium.

 

 

 

 

ou encore "pommier d'ornement" quand ils donnent de petits fruits décoratifs. 

 

 

 

- Pommier d'amour (Solanum pseudocapsicum) ou cerisier d'amour

Le pommier d'amour (Solanum pseudocapsicum) est aussi appelé cerisier d’amour, cerisier de Jérusalem ou encore oranger de savetier. Il s'agit d'un petit arbuste touffu, dressé, au feuillage caduc, souvent cultivé comme annuel ou comme plante d'intérieur car sa rusticité ne résiste pas à des températures descendant en dessous de 5 °C. 

Il appartient à la grande famille des Solanacées...


 

 

 

Du pommier à la pomme


Les étapes :


. Le pomiculteur planifie ses nouvelles plantations en choisissant les variétés de pommes qu’il souhaite produire. Son choix est orienté vers des variétés adaptées au climat et au type de sol de son verger et répondant au goût des consommateurs.

. Le pommier est formé de l’union d’un greffon et d’un porte-greffe. Le greffon est la partie aérienne de l’arbre qui porte le fruit alors que le porte-greffe est son système racinaire.

. La pommeraie demande 4 à 5 ans pour entrer en production. Pour favoriser la bonne croissance du fruit, le producteur fertilise le sol.

. En hiver, les pommiers sont taillés pour sélectionner les rameaux porteurs de fruits.

. Au printemps, ce sont les abeilles qui assurent la pollinisation des fleurs pour permettre la fructification. Le producteur de pommes effectue alors un premier éclaircissage pour optimiser la quantité de fruits par branche.


 

. A la formation des fruits, le producteur procède à un second éclaircissage et débarrasse l’arbre des fruits petits et mal formés.

. Selon leur degré de maturité (déterminé par leur teneur en amidon), les pommes sont cueillies à maturité de consommation pour une consommation immédiate, ou à maturité de cueillette pour être d’abord stockées.

. La cueillette s’effectue en détachant le fruit de la branche avec son pédoncule. Il est ensuite déposé dans des pallox (caisse de très grande taille utilisée en agriculture en bois ou en plastique). Par la suite, les pommes sont dirigées, soit vers les entrepôts réfrigérés, soit les entrepôts à atmosphère contrôlée ou sont emballées et vendues pour consommation immédiate.


 


 

Mythologie grecque

 


Homère 
dans l’Iliade et l’Odyssée, vers 850 av. J.-C. - 
les festins olympiens

Le premier récit du jugement de Pâris se trouve dans les Chants cypriens, une épopée perdue du "Cycle troyen" dont les événements prennent place avant ceux de l’Iliade.


Aux noces de Pélée et Thétis sur l'Olympe, tous les dieux sont invités sauf Éris, déesse de la Discorde. Pour se venger, elle leur jette une pomme d'or avec la mention 


"pour la plus belle " : la pomme de discorde. 


Trois déesses revendiquent alors le fruit, Héra, Athéna et Aphrodite.

 
Afin de mettre un terme à la dispute, Zeus ordonne à Hermès d'emmener les déesses sur le mont Ida, à charge pour Pâris, prince troyen de désigner la gagnante.

Le jeune homme accorde finalement la pomme à Aphrodite (déesse de l'amour), qui lui a promis l'amour de la plus belle femme du monde Hélène, fille de Léda et de Jupiter, d’une beauté proverbiale.

La jeune femme épouse le roi de Sparte Ménélas et de leur union naît une fille, Hermione. Mais Vénus promet à Pâris de lui donner Hélène, la plus belle femme du monde, en échange de la pomme d’or. C’est cet épisode qui est à l’origine de la guerre de Troie.


C’est de ce fragment mythologique qu’est née l’expression "pomme de la discorde".


J. M. W. Turner, The Goddess of Discord (Éris, déesse de la discorde choisissant la pomme dans le Jardin des Hespérides). c. 1806

 

 

La belle Thétis, déesse marine, n’avait pas supporté de se voir évincée pour le prix de beauté décerné à Aphrodite (Vénus).

Lorsque la déesse de l’amour, à la recherche de perles et de coquillages sur les rivages normands posa sa pomme sur un rocher,

Triton le messager de la mer, fils de Poséïdon la lui déroba et vint la porter à Thétis.

Celle-ci en sema alors les pépins dans les campagnes voisines pour se venger d’Aphrodite (Vénus) , ce qui explique le grand nombre de pommiers poussant sur les côtes,  ainsi que dans les régions fluviale.

Thétis assis avec un triton, 16e siècle.

 

 

 

Mythologie greco-romaine 

 

 

le pommier était sous la mission de la déesse Héra, un cadeau de Zeus (Jupiter) pour son mariage, un pommier aux pommes d’or (métaphore), habituellement connu sous le nom de pommier du jardin des Hespérides et convoité par Hercule (Héraclès), dont le onzième travail est de s’emparer des pommes d’or. 


Elle l'avait planté dans son jardin divin qui se trouvait sur les pentes du mont Atlas, là où les chevaux du char du Soleil achèvent leur randonnée en se couchant à l'ouest de l'océan Atlantique. 
Ce jardin fut confié à ses trois filles, les Hespérides (Hesperia, Aeglé et Erythie).

 
Un jour, Héra s'aperçut que les filles d'Atlas, les Hespérides, à qui elle avait confié la garde de l'arbre, volaient les pommes ; 


Héra plaça alors un dragon à cent têtes,  Ladon, autour du pommier pour pensait-elle en interdire l'accès. 


Mais c’était sans compter sur le rusé Hercule (Héraclès) qui, après maintes péripéties obtint de Nérée quelques renseignements, notamment que les pommes d'or poussent dans un jardin situé dans "l'Extrême Occident" où vivent les nymphes Hespérides. Mais ces informations un peu vagues laissent Héraclès dans le flou, et Nérée profite de ce moment d'inattention pour se transformer en serpent et se faufiler entre deux pierres. Héraclès se dirige déjà vers les terres de l'ouest qu'il a eu l'occasion de visiter lors de son périple dans le royaume de Géryon. Après quelques jours de voyage il atteint la région de Tartessos près de Gadès en Hispanie.

 

Héraclès franchit le détroit de Gibraltar d'où s'élèvent les colonnes à son nom, afin de rencontrer le Titan Atlas, car ce dernier est le seul à pouvoir l'aider dans sa quête des pommes d'or poussant dans ce fabuleux jardin des Hespérides, situé dans cette région extra-océanique réservée uniquement aux immortels.

 

Arrivé sur la pointe nord du continent africain, Hercule (Héraclès) découvre l'immense Atlas courbé sous le poids de la voûte céleste qu'il est chargé de supporter, depuis la défaite des Titans contre les dieux de l'Olympe. Atlas écoute les raisons de sa visite et lui propose de se rendre au jardin des Hespérides pour y cueillir trois pommes d'or, mais à la seule condition qu'Héraclès porte le fardeau de la voûte céleste.

 

Ce dernier accepte et endosse sur ses épaules le poids du ciel tandis qu'Atlas part chercher les fruits d'or. Après plusieurs heures d'attente, Atlas réapparaît avec trois fruits d'or à la main. Il se propose d'aller porter lui-même les pommes à Eurysthée. Conscient du risque qui pèse sur lui, Hercule (Héraclès) utilise une ruse : il feint d'accepter le service du Titan et le prie de reprendre le poids du ciel, pour quelques instants seulement, le temps de trouver un bon coussin pour ses épaules. Atlas pose les pommes d'or sur le sol et reprend la voûte céleste en toute confiance ; mais quand il voit Hercule (Héraclès) ramasser les fruits qu'il a cueillis et s'éloigner avec un geste d'adieu, il réalise qu'il a été dupé.

Edward Burne-Jones - (1877) Les Hesperides


 

 

 

Mythologie nordique

 


L'Edda de Snorri ou plus simplement l'Edda, également connue sous les noms d’Edda en prose et de Jeune Edda, est un texte littéraire (manuel de poésie scandinave traditionnelle) en vieil islandais rédigé à partir de 1220 par Snorri Sturluson.  C’est aussi et surtout une présentation complète et organisée de la mythologie nordique, qui en fait l’un des chefs-d’œuvre de la littérature médiévale (et plus spécifiquement de la littérature norroise) et un classique de la littérature islandaise.

 

La déesse de "l’amour, du mariage et de la maternité"  Freyja, porte une pomme comme attribut, 

Dans le palais de Sessrumnir de Freyja, on voit un jardin dans lequel poussent des pommes d’or gardées par Idunn. 
 

L'enlèvement d'Idunn.

 

Le dieu malin Loki, capturé par le géant Thjazi, propose de se racheter en lui livrant Idunn et ses pommes. Il attire celle-ci dans un bois hors d’Ásgard, sous le prétexte qu’il avait trouvé d’autres pommes remarquables. Il lui recommande d’emporter ses propres pommes pour les comparer.

 

Sur place, le géant Thjazi, ayant revêtu son plumage d’aigle, s'empare d’Idunn et l’emporte chez lui à Thrymheim. Les Ases se rendent compte de la disparition d’Idunn, car privés de ses pommes ils vieillissent rapidement. Ils tiennent conseil et comprennent qu’elle était vue pour la dernière fois sortant d’Ásgard avec Loki. Ils le menacent alors des pires supplices s’il ne retrouve pas Idunn. Inquiet pour sa survie, Loki promet de la ramener et demande à Freyja son plumage de faucon. Loki peut ainsi s’envoler vers le Nord pour la maison de Thjazi où il la retrouve seule, Thjazi étant sorti. Loki la transforme en noix de façon à la prendre dans ses serres et il la ramène avec lui.

 

Lorsque Thjazi rentre et constate la disparition d'Idunn, il met ses plumes d’aigle et se lance précipitamment à la poursuite de Loki. Les Ases voient alors Loki arriver vers eux avec la noix, poursuivi par un grand aigle, et comprennent ce qui se passe. Dès que Loki franchit les portes de la citadelle d’Ásgard, ils lancent sur l’aigle des traits enflammés qui brûlent ses plumes l'obligeant à se poser, leur permettant de le tuer. Idunn réintégre alors Ásgard et les dieux peuvent à nouveau manger ses pommes de jouvence.


 

 

 

Mythologie  irlandaise, 

 

 

Signification divinatoire : régénération et guérison, hommage aux ancêtres

La Pomme en Ogham celtique est quert

L’ogham ou écriture oghamique, est un alphabet antique utilisé principalement pour l'écriture de l'irlandais primitif (forme dite "orthodoxe", du IV° au VI° siècle), et plus tard pour le vieil irlandais (forme dite "scolastique" ou " scolaire, du VI° au IX° siècle).

Lettre    : ᚊ

Nom en vieil irlandais :  Ceirt - Quert

Transcription latine : Q    

Phonème : \kʷ\

Traduction du nom : Buisson / chiffon

Interprétation médiévale : Pommier

 

 

Avalon, l’île où Morgan Le Fay emmène Arthur afin de soigner ses blessures, faisait partie des Autres Mondes celtiques où les âmes des morts se rendaient avant de renaître. 


Dans le récit de Oidheadh Clainne Tuireann (le destin des Enfants de Tuireann), le dieu Lugh décrit les "pommes dorées du soleil", qui avaient le goût du miel et avaient le pouvoir de guérir toute maladie ou d’apporter l’immortalité à ceux qui en consommaient.
 


La Oidheadh Chloinne Tuireann,

 
 

En apprenant que les Fomoires ont débarqué en Irlande et attaqué le pays de Bodb Dearg, Lugh demande au haut roi Nuada d'envoyer son armée pour aider à la bataille. Le roi refuse, alors Lugh, ses deux frères Cu et Ceithen, et leur père Cian s'en vont séparément pour convaincre tous les Sidh de lever une armée. 

 

En route vers le nord, Cian aperçoit au loin les trois fils de Tuireann, Brian, Iuchar et Iucharba, des ennemis de sa famille. Sachant qu'il ne pourrait les combattre seul, il se transforme en porc et se cache dans un troupeau de bêtes. Les frères ayant pressenti que quelqu'un se cachait d'eux, Brian transforme les deux autres en chiens pour trier le troupeau. Alors Cian en porc se démarque des autres, et Brian l'abat. Les trois frères tentent d'enterrer le corps de Cian pour cacher le crime mais par six fois la terre rejette le corps. La septième fois ils parviennent enfin à l'enterrer définitivement. Ils s'en vont ensuite rejoindre l'armée de Lugh.

 

Lugh et l'armée de Bodb Dearg combattent alors l'armée des Fomoires commandée par Bres. Lorsque Lugh défait Bres à la bataille et menace de le tuer, ce dernier lui demande d'épargner sa vie en échange d'amener toute la race des Fomoires pour une grande bataille finale. Lugh accepte. Inquiet de l'absence de son père, Lugh retrouve l'endroit où celui-ci s'est changé en porc, et la terre lui dit que les fils de Tuireann l'ont abattu. Rempli de chagrin, Lugh jure vengeance.

 

Par ruse, Lugh parvient à faire accepter aux fils de Tuireann de payer réparation (un éraic ou éric), où les frères devront récupérer pour lui de nombreux objets magiques très difficiles et dangereux à obtenir,  dont trois pommes dorées du Jardin de l'Est du monde qui guérissent les blessures et qui peuvent être mangées indéfiniment. Et enfin, les fils de Tuireann doivent lancer trois cris sur une colline de Lochlann (terre d'origine des danois) sachant que Miochaoin et ses fils, qui ont élevé et aimé Cian, interdisent quiconque de crier sur cette colline et voudront de plus venger le meurtre.

 

Les trois fils de Tuireann réussissent à obtenir de Lugh le bateau de Manannan Mac Lir appelé Scuabtuinne. Alors le bateau les transporte successivement vers les royaumes où se trouvent les objets. Ils obtiennent les pommes en se transformant en faucons. Ils vont ensuite déguisés en poètes bardes pour récupérer la peau de porc de la cour du roi grec, ils tuent alors tous les gardes ainsi que le roi, et prennent la peau. Ils font de même pour voler la lance du roi de Perse. Pour trouver le char et les chevaux du roi de Sicile, ils arrivent à la cour prétendant être mercenaires d'Irlande au service du roi. Après un mois, ils réclament alors de voir les chevaux, prétextant être vexés par le manque de confiance du roi. Celui-ci leur apporte, et ils s'en emparent encore, massacrant tous les gardes et le roi. 


L'histoire de trois frères irlandais volant les trésors du monde à cause d'un éraic a précédé leur arrivée dans le royaume d'Easal où ils doivent prendre les six porcs. Mais le roi accepte de leur donner les porcs, impressionné par leurs faits d'armes. Easal propose de les accompagner à leur prochaine destination pour les aider à convaincre son fils par alliance, le roi d'Ioruaidh, de leur donner sa chienne. Mais il refuse et ainsi les trois frères combattent son armée, jusqu'à ce que Brian soumette le roi par les armes, et l'oblige à leur laisser la chienne en échange de sa vie. Lugh, agacé par leur succès, leur envoie un sort qui les fait oublier le reste du éraic.

 

Ils reviennent en Irlande lui rapportant les objets, avant que Lugh leur rappelle les autres travaux qui leur restent à faire. Ils repartent et trouvent l'île de Inis Cenn-fhinne avec beaucoup de difficulté. Les femmes guerrières de l'île admirant leur courage acceptent de leur donner la broche de cuisson. Ils partent ensuite crier sur la colline de Miochaoin. Un combat entre Brian et Miochaoin s'ensuit, où ce dernier périt. Les fils de Miochaoin attaquent les frères à leur tour, mais ayant blessé mortellement les fils de avant de mourir.

Revenus blessés en Irlande, avec leur père ils demandent à Lugh de leur prêter la peau de porc pour les guérir. Celui-ci refuse, et les frères périssent. Alors Tuireann meurt de chagrin.


 

 

 

Mythologie celtique, 

 

Les pommes dans le tradition celtique apportaient guérison et immortalité. 


Pour les Celtes, le pommier fait partie des 7 arbres sacrés des druides.

La pomme  est une nourriture miraculeuse, qui confère à l'homme à la fois science, sagesse et connaissance.

Le royaume légendaire l’île aux pommiers, l’île de la pommeraie : la célèbre Avalon mythique qui abrite les pommiers magiques dont la surveillance est assurée par Morgane, avec l'aide de ses huit soeurs, qui, au moyen d’une branche de pommier cherchent à attirer dans l’île certains mortels afin de les rendre immortels. Ces pommiers forment un bosquet sacré. Merlin lui-même enseignait sous un pommier.


Les celtes décoraient leurs chambres avec des fleurs de pommier, signes de fertilité.


 

 

Des pommes étaient offertes aux morts au moment de Samhain, 31 octobre et 1° novembre. 

 

 

La légende raconte que le roi Arthur s'était réfugié et endormi sur l'île aux pommiers, pour acquérir de nouvelles connaissances et préparer son retour.

Avalon, l’île où Morgane La  Fée emmène Arthur afin de soigner ses blessures, faisait partie des Autres Mondes celtiques où les âmes des morts se rendaient avant de renaître. 

 

 

 

Mythes celtiques 

 


Irlande, Écosse, dPays de Galles, Grande-Bretagne et d'Angleterre, 


de nombreux héros, rois et chevaliers d'autrefois ont été attirés hors de leurs royaumes terrestres par des fées ou parfois par les dieux de la race des Fae (fées). 


Ces immortels portent une clé vers les autres mondes - une branche de pomme d'argent, avec des pouvoirs magiques - généralement avec de petites cloches d'argent et peut-être une ou deux pommes d'or.

Cicely Mary Barker (1895-1973) fée fleurs de pommier

 

 

 

Le pommier dans la religion

 

La genèse

La Bible,  le Livre de la Genèse, 


L'arbre de la connaissance du bien et du mal est un symbole du Livre de la Genèse suivant lequel Dieu planta dans le jardin d’Éden deux arbres mystérieux. 


- "Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, et il y plaça l'homme qu'il avait formé. Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais."


Le fruit défendu n'étant pas décrit dans le texte biblique, l'arbre de la connaissance du bien et du mal a été assimilé à différentes essences. 
C'est après avoir croqué le fruit défendu, identifié à une pomme par le christianisme, qu'Adam et Ève furent chassés du paradis.

 

La tentation se retrouve aussi dans la Genèse avec Adam et Eve. Dans ce récit, Eve ne résiste pas à l’envie de goûter à ce fruit défendu, ainsi la pomme devient le fruit du péché.

 

 

 

Depuis quelques siècles, le fruit défendu est aussi présenté comme un symbole du péché de chair.

Toutefois, dans le texte de la Genèse, Adam et Ève sont mariés par Dieu qui leur ordonne de croître et de multiplier.

Selon une interprétation répandue, le serpent du récit est le Diable, ou est animé par lui.

Ce récit biblique et son interprétation trouvent un écho direct avec le nom "pomme d'Adam" pour désigner le cartilage thyroïde apparent chez l'homme. Le morceau de pomme croqué par Adam lui serait resté coincé dans la gorge.


 

 

 

Le fruit de vos entrailles : fruit du pommier

Cette expression étonnante est prononcée par Élisabeth lors de la Visitation. 

La vieille cousine ne parle pas à Marie de son enfant, mais du fruit de son ventre (Luc 1,42). Il serait très dommageable de perdre à cause de quelques ritournelles à la mode la haute densité biblique et théologique de cette formule. Le mot fruit est essentiel. Souvenons-nous du premier mot que Dieu adresse à Adam et Ève : "Fructifiez !" (Genèse 1,28, perou). Jésus nous demande avec insistance de porter du fruit (Jean 15,8). 

Contrairement à la traduction latine plus proche du grec (fructus ventris tui), le français a choisi le mot  d’entrailles.

Dieu l’avait promis. Le fruit des entrailles de quiconque accomplirait la Loi, serait béni (Deutéronome 30,8-9). 

Dans le rosaire apparu au XIIe siècle, à partir d’un passage du nouveau testament, le "je vous salue Marie"  fait référence uniquement à un "fruit", mais un commentateur anonyme de la France du Nord précise, à la fin du XIIIe siècle, début du XIVe siècle, qu’il s’agit du "fruit du pommier". 


Je vous salue Marie pleine de grâces

Le Seigneur est avec Vous,

Vous êtes bénie entre toutes les femmes,

Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni


 

 

La bible


"La parole dite en son temps est comme des pommes d'or sur un lit d'argent."

(ou "Le silence est d’or, La parole est d’argent" ‘"Tenir sa parole")
 

 

 

Légende de la pomme d'Adam


Eve a d’abord croqué la chair de la pomme, laissant le trognon qu’elle offrit à Adam. Mais celui-ci lui resta en travers de la gorge…

 

 

 

D’où le nom de pomme d’Adam, donné à cette partie avant du cou : saillie du cartilage thyroïdien, bien plus prononcée chez l’homme que chez la femme. Et pour cause…

Jacopo Robusti (1518-1594),  ­Tintoret - péché  originel

 

 

Il y a 50 millions d'années

Préhistoire

Le pommier Malus sieversii (fruits comestibles) est originaire des plateaux d'Asie centrale dans la région d'Almaty (ex Alma-Ata)  au Kazakhstan du côté de la frontière chinoise. Sa présence est attestée il y a environ 50 millions d'années. 

On y trouve des forêts originelles de pommiers dont certains mesurent 30 mètres de haut pour deux mètres de circonférence et vivent jusqu'à 300 ans. 


 

 


2750 - 2573 av. J.-C.
 

 


Malus sieversii est déjà présent et exploité en Europe occidentale au Néolithique : de petites pommes sauvages sont cueillies, coupées et séchées sur des claies.

Des vestiges de pommes ont été trouvées dans les cités lacustres de Suisse et d'Italie du Nord, 

 
Des pommes carbonisées datant des XXVII° et XXVI° siècles av. J.-C.  ont été retrouvées aux alentours du lac de Chalain, dans le Jura, en France.


La sélection des pommiers sauvages se serait faite durant les dizaines de milliers d'années précédentes grâce aux ours locaux qui, privilégiant les pommes les plus sucrées et les plus grosses, les auraient disséminées en permettant à leurs pépins de pousser depuis leurs selles. 

ce fruit était déjà apprécié des Chinois, il y a 3.000 ans, avant d’arriver par la Route de la soie chez les Arabes, les Grecs et les Romains.


 

 

 

1508 av. J.C. à 1154 av. J.C.

 


Hatchepsout (-1508 et -1495) pharaon - offrandes dans le temple de la Reine.

 

Ramsès II ( Ramsès le Grand, 1304 av. J.C. - 1213 av. J.C.), pharaon égyptien de 1279 av. J.C. à 1213 av. J.C., fit planter des Pommiers dans ses jardins du Delta.

 

Ramses III dernier grand souverain du Nouvel Empire, a régné fr 1186 av. J.C. à 1154 av. J.C
donna aux prêtres de Thèbes, pour leurs offrandes journalières 848 paniers de pommes.

Sous la XIX° dynastie, le Pommier était donc un arbres fruitier communément cultivé en Egypte - Ramsès I° (- 1296 à - 1294) - Séthi I° (- 1294 à - 1279) Ramsès II (- 1279 à - 1213) Mérenptah ou Mineptah (- 1213) Amenmes (- 1203 à - 1200)à - 1203) - Séthi II (- 1203 à - 1194) Siptah (- 1194 à - 1188) Taousert (- 1188 à - 1186)

Dans les traductions bibliques, l'hébreu Tapouh et l'arabe Taffah désigne bien le Pommier.

 

 

1300 avant J.-C.
Tout comme en Égypte où Ramsès II fit planter des pommiers au bord du Nil. Les Hébreux fuyant l'Égypte emportèrent sans doute quelques plants de cet arbre et l'acclimatèrent en Palestine. 





 

 

 

VIII° av. J.C.

 


Hésiode, poète grec du VIII° siècle av. J.-C., auteur d’ouvrages Les Travaux et les jours - Les cinq races successives de l’humanité (or, argent, bronze, race des héros puis fer).

Il enseigne les travaux des champs selon les jours et les saisons de l’année.


Il parlait déjà de la greffe du pommier.

L'age d'or - Cranach l'Ancien 1530

 


 

 

 

IVe siècle avant J.C.

 

 

Cantique ou Chant de Salomon, livre de la Bible.


composé par Salomon, roi d'Israël (règne de 970 à 931 av. J.-C.)


Le personnage biblique de Salomon figure dans le Coran en tant que prophète et roi sous le nom de Salomon ou Sulayman.


Cantique des Cantiques 1- 7 -8


La Bible du Semeur

 

 

Cantique  2 

Lui

" Moi, je suis une fleur qui pousse dans la plaine du Saron,

un lis de la vallée."

 

Elle

"Oui, comme un lis parmi des ronces

est mon amie parmi les filles."

"Comme un pommier parmi les arbres de la forêt

est mon ami parmi les jeunes gens,

j’ai grand plaisir à m’asseoir à son ombre.

Combien son fruit est doux à mon palais.

4Il m’a conduite dans la maison du vin

et il a déployé sur moi, l’étendard de l’amour.

5Restaurez-moi avec des gâteaux de raisins,

soutenez-moi avec des pommes,

car je suis malade d’amour."

 

Lui

Son bras gauche soutient ma tête,

et son bras droit m’enlace.

 

 

Cantique 7


Lui

"Reviens, reviens, ô Sulamite !

Reviens, reviens, que nous puissions te contempler."

"Pourquoi voulez-vous voir la Sulamite

dansant comme en un double chœur ? "

"Que tes pas sont gracieux dans tes sandales, fille de prince !

Le contour de tes hanches ressemble à un collier,

œuvre de mains d’artiste.

Ton nombril est comme une coupe bien arrondie

où le vin parfumé ne manque pas.

Ton ventre est comme une meule de blé

bordée de lis.

Tes deux seins sont deux faons

jumeaux d’une gazelle.

Ton cou est une tour, une tour en ivoire.

Tes yeux sont des étangs, des étangs de Hechbôn

près de la porte Populeuse,

et ton nez est semblable à la tour du Liban

postée en sentinelle en face de Damas.

Ta tête, sur ton corps, est comme le Carmel

et tes cheveux ont des reflets de pourpre.

Un roi est enchaîné dans leurs ondulations."

"Que tu es belle et que tu es gracieuse,

ô mon amour, ô fille délicieuse.

Par ta taille élancée tu es comme un palmier.

Tes seins en sont les grappes.

Alors j’ai dit : “Ah, je vais monter au palmier,

j’en saisirai les grappes.”

Que tes seins soient pour moi des grappes de raisin !

Le parfum de ton souffle rappelle celui de la pomme,

 

Cantique 8

Lui

"Ah, que n’es-tu mon frère

allaité par ma mère !

Te rencontrant dehors, je pourrais t’embrasser

sans que l’on me méprise,

je pourrais t’emmener, je te ferais entrer au foyer de ma mère,

là, tu m’enseignerais

et je te ferais boire du bon vin parfumé

de mon jus de grenades.

Son bras gauche soutient ma tête

et son bras droit m’enlace.

 

Les filles de Jérusalem (v. 5)

filles de Jérusalem, oh, je vous en conjure,

n’éveillez pas, non, ne réveillez pas l’amour

avant qu’il ne le veuille. 

 

"Qui donc est celle-ci qui monte du désert

s’appuyant sur son bien-aimé ?"

" C’est dessous le pommier que je t’ai réveillé,

à l’endroit où ta mère t’avait conçu,

oui, au lieu même où te conçut celle qui devait t’enfanter.

Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,

comme un sceau sur ton bras.

L’amour est fort comme la mort,

et la passion est indomptable comme le séjour des défunts.

Les flammes de l’amour sont des flammes ardentes,

les flammes de la foudre venant de l’Eternel.


 


 

 

 

V° siècle av. J.C.

 


Palladius, agronome latin vers 450 av. J.-C., dans ses écrits, fait ressortir sur le pommier, la grande richesse de l'espèce.


 

 

 

Platon (428/427 av. J.-C. - 348/347 av. J.-C) philosophe antique de la Grèce classique, 

 

La belle pomme (I)


"Vois-tu cette pomme mûre ?

Elle est à toi si tu m'aimes.

Tes sentiments sont peu sûrs ?

Garde ce beau fruit quand même,

Et dis-toi que son éclat

Ne se prolongera pas."

 


La belle pomme (II)

"Moi, je suis une pomme et celui qui soupire

Pour toi me lance. Allons, Xanthippos, cède !

Car toi comme moi-même allons vite flétrir."

 

Hall Groat II (1967) pommes rouges


 

 

 

330 ap. J.-C.

Les Romains importèrent du Péloponnèse les pommiers ducius , pommiers cultivés à petits fruits rouges qui évoluèrent et  donnèrent la pomme d'api que Claudius rapporta à Rome au IIIe siècle avant Jésus-Christ. 


 

 

 

IV° - I° siècle av. J.C.

 

 

Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C.) Fils de Philippe II, élève d'Aristote et roi de Macédoine à partir de 336, il devient l'un des plus grands conquérants de l'histoire en prenant possession de l'immense empire perse et en s'avançant jusqu'aux rives de l'Indus.

Alexandre le Grand serait parti en Inde pour y rechercher une eau de vie, parce que, disait-on, là-bas, des prêtres, qui buvaient de cette eau, vivaient pendant des siècles.

 

Emenidus recevant une pomme du Paradis (Paris, BnF, Français 792 f.137)

enluminure du 13e siècle

épée, Tigre (cours d'eau), Alexandre lll (roi de Macédoine, 0356-0323 av. J.-C.), arbre, Paradis, pomme, Fleuves du Paradis, bateau, ange, fortification, cours d'eau, armure, roi, Emenidus (personnage littéraire), Tolomé (personnage littéraire)

Alexandre lll (roi de Macédoine, 0356-0323 av. J.-C.)

Manuscrit :    France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 792

Texte :    Alexandri Magni iter ad paradisum 


 

 

 

 

Théocrite (vers 310 av. J.C. - vers 250 av. J.-C.), poète grec, auteur de mimes (imitations comiques du langage ou des gestes), d'idylles pastorales et de contes épiques. 

 

IIIe Idylle


Le chevrier, ou amaryllis

..."Dis-moi, nymphe si jolie! me trouverais-tu le nez trop court et le menton trop allongé ? Ah! tu veux donc que je meure!
Voilà dix pommes : je les ai cueillies sur l'arbre que tu m'as toi-même désigné. Demain je t'en apporterai dix autres, mais prends pitié, je t'en conjure, prends pitié de ma douleur"...

 

Ve Idylle 

Les chanteurs bucoliques 

Comatas 
..."Cléarista me jette des pommes lorsque je passe auprès d'elle et murmure de bien tendres paroles"...

 

VIe Idylle


Les chanteurs bucoliques

Daphnis chante.  
..."Ô Polyphème ! Galatée lance des pommes à tes brebis, elle t'appelle berger intraitable, amant insensible ; et toi, sans la regarder, indifférent Cyclope, tu fais résonner tes pipeaux harmonieux..."

 

VIIe Idylle 


Les Thalysiennes ou le voyage de printemps

..." De tous côtés les arbres courbaient sous les fruits, l'automne exhalait ses doux parfums, les poires et les pommes tombaient à nos pieds, et les pruniers pliaient leurs rameaux jusqu'à terre"...

..."Et vous, qui abandonnez les ondes sacrées d'Hyétis et de Biblis (38) pour le brillant palais de la blonde Dioné, jeunes Amours dont le teint délicat retrace les couleurs de la pomme vermeille, prenez votre arc, lancez un trait contra l'insensible Philinus..."


XIe Idylle  

Le cyclope

..."Nul Cyclope ne m'égale dans l'art de jouer du hautbois, et souvent toi que j'adore, toi qui es plus douce que la pomme vermeille, souvent je te célèbre dans mes chants pendant la nuit obscure"...

 

 


La première pomme célèbre fut celle d’Appius Claudius Caecus (IV°-III° siècle av. J.-C.). Cet homme d’État et écrivain romain donna son nom à la pomme appienne (appiana mala) qui, selon André Leroy, est sans parenté avec la pomme d’api.

 


Puis c'est à Théophraste, philosophe grec en 287 av. J.-C., 

Il décrit six variétés de pomme, dont la pomme appelée "de Perse ou de Médie".

 

 

Caton l'Ancien (234 av. J.-C.-149 av. J.-C.), grand écrivain latin, dans son livre De re rustica, en -160, sur l’agriculture, ne compte également qu’une demi douzaine de variétés de pommes.

Son traité De Agri Cultura ou De Re Rustica (De l'agriculture) est écrit en latin alors que la langue littéraire était le grec : il enseigne la gestion d'une grande ferme.

 

 

II° s. av. J.C.

Pseudo-Apollodore (Apollodore le Mythographe), auteur de la Bibliothèque, a
nciennement attribué à Apollodore d'Athènes (II° siècle av. J.-C.).


Bibliothèque de mythologie, III, 9, 2 


(le prétendant muni des pommes s'appelle Mélanion dans cette version) : 

"Comme son père voulait la persuader [Atalante] de se marier, elle alla planter au milieu du stade un pieu de trois coudées, et elle faisait partir de là la course de ses prétendants, tandis qu'elle-même courait en armes. Celui qui était rattrapé devait mourir sur le champ, celui qui ne l'était pas avait droit au mariage. Alors que beaucoup étaient morts déjà, Mélanion, qui était amoureux d'elle, vint pour la course, avec des pommes d'or reçues d'Aphrodite. Au cours de la poursuite, il les jetait ; et elle, ramassant les fruits jetés, perdit la course. Mélanion l'épousa donc". 

 

 

Varron (Marcus Terentius Varro) écrivain latin (116/27 av. J.-C.), chargé par César d’organiser la première bibliothèque publique de Rome, rédigea un traité d’économie rurale Rerum rusticarum. Il y indique que chaque région possédait ses pommiers.

Ce savant naturaliste, cite un certain Posis (qu'on croit être Posidonius) qui imitait si artistement les pommes et les raisins, que "ces imitations placées auprès des fruits naturels, on ne pouvait que difficilement les distinguer."

 

 

Virgile (70 av. J.-C. - 19 av. J.-C. ), poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

 

Bucoliques - III


Damétas
..."Galatée me jette une pomme, la folâtre jeune fille ! et fuit vers les saules ; et avant de se cacher, désire être vue"...

 

 


(58 - 51/50 av. J.-C.).

La Gaule celtique, appelée Celtica en Latin,

Pour les Gaulois, le pommier, mot d’origine celtique, était un arbre sacré comme le chêne, sans doute parce qu'il est souvent chargé de gui sacré vénéré par les druides.

Les Celtes, qui envahirent la Gaule au cours du Ier millénaire, appréciaient beaucoup la pomme. 

Aussi lorsque les Romains arrivèrent en Gaule, ils y trouvèrent déjà le pommier dont les Gaulois tiraient du cidre. Celui-ci avait un goût acre, car préparé avec des pommes sauvages faiblement sucrées et fortement acides.


 

 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 


Ovide, en latin Publius Ovidius Naso, (43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C.)
poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain. 


Les Métamorphoses - Livre VIII

..."Bientôt arrivent les mets apprêtés sur la flamme, et le vin qui n'a pas eu le temps de vieillir, et que Baucis écarte un peu pour faire place aux mets du second service. On voit paraître, dans des corbeilles, des noix et des figues mêlées aux fruits ridés du palmier, des prunes, des pommes parfumées, et des grappes cueillies sui les tiges vermeilles de la vigne ; placé au milieu de la table, un blanc rayon de miel couronne le banquet. Le repas fut assaisonné par ces manières affables et cette bonne volonté pleine d'empressement qui donne du prix à toute chose"... 

 

 

Les métamorphoses -  LIVRE X

Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008)
Atalante et Hippomène (10, 519-739)

la course d'Atalante et d'Hippomène - leur métamorphose en lions (10, 638-707)

..."Vénus poursuit son récit, disant avoir été émue par la prière d'Hippomène au moment où il allait se mesurer à Atalante. Pour l'aider, la déesse lui remet secrètement trois pommes d'or cueillies dans son verger sacré de Tamasos, en lui disant quel usage en faire. (10, 638-651).

Les deux concurrents s'envolent sur la piste, et les encouragements des spectateurs qui soutiennent Hippomène ne gênent nullement Atalante, qui parfois s'attarde pour contempler son concurrent. Épuisé par la course, Hippomène lance à deux reprises une pomme d'or ; Atalante s'attarde à les ramasser, mais a vite fait de repasser en tête. Finalement, il lance la troisième pomme sur le côté, non sans faire à nouveau appel à Vénus ; la déesse, malgré les hésitations d'Atalante, la contraint à ramasser la troisième pomme (alourdie à dessein par la déesse) et ainsi Vénus permet à Hippomène de gagner la course et d'épouser Atalante, à la grande satisfaction des deux jeunes gens. (10, 652-680)

Mais Vénus, outrée par l'indifférence d'Hippomène à son égard, décide de punir l'ingratitude des deux amoureux. Un jour où tous deux se reposent près d'un ancien sanctuaire consacré à Cybèle, Hippomène, à qui Vénus inspire un désir intempestif d'ébats amoureux, s'unit à son épouse, sans tenir compte de l'interdit attaché à l'endroit. Pour les châtier, Cybèle les métamorphose aussitôt en lions redoutables, qui sont attelés à son char et qu'elle seule est capable de maîtriser. (10, 681-704)

Déjà peuple et nobles réclament les courses au programme,lorsque Hippomène, le descendant de Neptune, m'invoque d'une voix inquiète et dit :

“ Que Cythérée assiste, je l'en supplie, mon acte audacieux, et favorise les feux qu'elle a allumés en moi. ”

La brise bienveillante m'apporta cette prière touchante, et, je l'avoue, j'y fus sensible. Il ne restait pas beaucoup de temps pour intervenir.

Il est un champ, que les gens du lieu appellent champ de Tamasos, la partie la plus riche de l'île de Chypre ; leurs ancêtres jadis me l'ont consacré, ordonnant d'en faire une dot ajoutée à mes temples. Au milieu du champ, resplendit un arbre au fauve feuillage, dont on entend bruire les rameaux d'or fauve.

Je venais justement de là et j'apportais trois pommes d'or, cueillies de ma main. Invisible pour tous, excepté pour lui, j'allai vers Hippomène et lui expliquai quel usage en faire.

Les trompes avaient sonné  : les deux coureurs, penchés en avant, s'élancent de la ligne de départ, effleurant le sable de leurs pieds agiles.

On pourrait penser qu'ils rasent la surface des flots à pied sec, et qu'ils courent sans les coucher sur les épis d'une blonde moisson.

Le jeune homme se sent encouragé par la clameur et la sympathie du public qui crie :

“C'est maintenant, maintenant le moment, Hippomène, hâte-toi ! Vas-y de toutes tes forces, c'est le moment ! Ne traîne pas, tu seras vainqueur !”

On ne sait qui apprécie le plus ces paroles : le héros, fils de Mégarée, ou la fille de Schénée.

Que de fois, alors que déjà elle aurait pu le dépasser, elle s'est attardée
à contempler longtemps son visage et ne l'a distancé qu'à regret !

Le jeune homme épuisé haletait, avait la bouche sèche et la borne était loin ; alors le descendant de Neptune lança finalement un des trois fruits de l'arbre. La jeune fille fut surprise ; attirée par la pomme brillante, elle détourne sa course et ramasse cet or qui roule sur le sol.

Hippomène la dépasse ; les gradins résonnent sous les applaudissements. Elle, d'un pas accéléré, corrige son retard et regagne le temps perdu. Une nouvelle fois elle laisse le jeune homme derrière elle ; puis à nouveau mise en retard par le lancement de la seconde pomme, elle rattrape et dépasse le garçon. Restait la dernière phase de la course :

"Maintenant ”, dit-il, “aide-moi, déesse, toi, l'auteur de ce présent !”
Et sur un côté de la piste, pour retarder le retour d'Atalante, il lança en oblique avec sa force juvénile le fruit d'or étincelant.

La jeune fille sembla hésiter à aller la chercher : je la forçai à la ramasser, et rendis plus lourde la pomme qu'elle avait soulevée, gênant sa course tant par le poids à porter que par le retard occasionné.

Pour éviter de parler plus longuement que la durée de la course, la fille fut distancée et, pour prix de sa victoire, le vainqueur l'épousa.

Louis Galloche Paris, (1670-1761) - Hippomène et Atalante

 

 

 

Pline l’Ancien (23/79 apr. J.-C.),

écrivain et naturaliste romain du I° siècle, auteur de l’Histoire naturelle Naturae Historiarum libri en trente sept volumes, considéré comme le plus illustre apôtre de la science romaine, décrivait vingt-neuf espèces de pommiers cultivées dans les diverses parties de l'Empire romain, employés tant pour leurs vertus médicinales qu’alimentaires. 

Il fait état d’une variété de pommes greffées appelées mala orthomastia (au sein dressé en raison de leur ressemblance avec les seins) 

Pour les Romains, en effet, la pomme est avant tout métaphore de la joue.

Les pommes étaient mangées crues ou cuites à la vapeur, sous la cendre, dans du vin ; on en faisait des marmelades, etc.

 Il est également dit que les Romains faisaient des pépins de pomme un usage particulier : ayant connaissance du poison qu’ils contiennent, ils s’en servaient lors des exécutions. 
 

 

 

 

II° siècle

 


Athénée de Naucratis (vers 170) , érudit et grammairien grec.

Il est l'auteur des Deipnosophistes, une compilation d'anecdotes et de citations d'auteurs antiques souvent perdus, portant sur l'univers culinaire, matériel et social du banquet, ce qui en fait une source de premier plan.

 

Le Livre ΙΙI des Deipnosophistes

texte grec

Banquet des savans, 

Traduit, tant sur les Textes imprimés, que sur plusieurs Manuscrits, PAR M. Lefebvre de Villebrune

Pommes.

 

. Mnésithée d'Athènes les appelle pommes de Delphes, dans son traité des comestibles. 

 

. Diphile (IV° siècle av. J.C.) poète comique grec dit :  

...Les pommes vertes et non encore mûres, sont d'un mauvais suc, font mal à l'estomac, y causent des flatuosités, engendrent de la bile, rendent malade, et donnent lieu à des frissonnements. Quant aux pommes mûres, celles d'une saveur douceâtre, ont un meilleur suc, passent plus aisément, parce qu'elles n'ont aucune astringence. Les pommes acides ont le plus mauvais suc, et resserrent trop : celles dont la douceur est un peu moindre, et qui flattent le palais lorsqu'on les mange, vont mieux à l'estomac, à cause de leur légère astringence. Entre les pommes, celles d'été ont un moins bon suc; et à cet égard, celles de l'automne sont préférables. Les orbicates ayant certaine astringence mêlée de douceur, vont bien à l'estomac. Les sétanies et les platanies ont, à la vérité, un bon suc, passent bien, et cependant l'estomac ne s'en accommode pas. Les mordianes viennent très belles à Apollonie, autrement Mordiée, et sont analogues aux orbicates...

 


. Philothime,

...Au treizième livre de son traité des aliments, dit : 

Les pommes de printemps, vertes ou mûres, digèrent plus difficilement que les poires vertes ou mûres : elles ont les qualités des fruits d'un suc fluide; c'est-à-dire, que les pommes aigrelettes, et non encore mûres, ont trop d'astringence et certaine acidité ; qu'ainsi elles développent dans le corps un suc qui ratisse ; et en général, les pommes digèrent moins facilement que les poires. Ainsi, nous digérons moins une petite quantité de pommes que nous avons mangées, qu'une plus grande quantité de poires. 

 

 

. Comme le dit Praxagoras (2° moitié du IV° siècle av. J.C.)), médecin grec de la famille des Asclépiades, 

...C'est des pommes que résulte ce suc qui ratisse, : d'ailleurs des substances qui digèrent à peine, ne peuvent que rendre les humeurs épaisses. Il est donc démontré en général que les pommes digèrent moins facilement que les poires, et que les substances acerbes rendent ordinairement les humeurs trop épaisses. 

 


. Comme le dit Euphorion d'Athènes (V° siècle av. J.C.) poète tragique grec ou Archytas, dans la pièce intitulée la Grèce :

...Il vient d'excellentes pommes à Sidonte, bourgade des dépendances de Corinthe, 

"Vermeil comme la pomme pourprée qui croît sur les rives argileuses de la petite Sidonte."

 

 

. Nicandre (II° siècle av. J.C.) grammairien, poète et médecin grec, 
fait ainsi mention de ces pommes dans ses Métamorphoses.

"Aussitôt qu'il eut cueilli des pommes mûres à Sidonte, ou dans les jardins de Pliste, il y traça les caractères de Cadmus."

 

 

. Arian et Apollodore d’Athènes, parfois nommé Apollodore le Grammairien, (II° siècle av. J.C.) grammairien grec  le premier, dans son Héracléide, le second, dans son cinquième livre du dénombrement des vaisseaux, disent que : 

"Sidonte est une bourgade des environs de Corinthe".

 

 

. Antigone de Caryste (IV° et III° siècle av. J.C.) désignant au moins deux intellectuels grecs dit, dans son Antipatre :

"Où trouverai-je celui qui est plus charmant que ces beaux fruits de la saison, que dis-je, plus brillant que ces pommes très vermeilles que produit la venteuse Éphyre ?".

 


. Androtion (v. 410 av. J.C. - 346 av. J.C.) historien, politicien et atthidographe grec, dit dans ses Géorgiques : 

...Des pommiers phaulies et des struthies car la pomme ne quitte pas le pédicule des struthies, mais les pommes de printemps, ou celles de Laconie, ou celles de Sidonte, ou celles qui ont un duvet....

...Mais, messieurs, j'ai surtout admiré les pommes que l'on vend à Rome, et que l’on appelle mattianes : on les apporte, dit-on, d'une bourgade située dans les Alpes voisines d'Aquilée. Cependant celles qui croissent près de Gangres, ville de Paphlagonie, ne leur cèdent en rien

 

 

. Que les pommes soient un présent de Bacchus, c'est ce qui est confirmé par ce passage de Théocrite (vers 310 - vers 250 av. J.-C.), poète grec,  :

"Il gardait dans son sein les pommes de Bacchus, ayant sur la tête une couronne de peuplier, arbre consacré à Hercule."

 

 

. Néoptolème de Parion, grammairien du III e siècle av. J.C. rapporte, dans sa Dionysiade, que les pommes, et en général tous les fruits des arbres ont été trouvés par Bacchus.

 

 

. Pamphile dit que certaines espèces de poires se nommaien épimelis. qu'elles avaient une très bonne odeur ; qu'on n'en mangeait pas, et qu'on les appelait les pommes des Hespérides.

 

 

. Timachidas de Rhodes (II - I° siècle av. J.C.) ancien poète et grammairien grec de l'île de Rhodes dit dans son liv. 4e, qu'on donnait aussi ce nom à certaines pommes des Hespérides ; que ces pommes-ci se présentaient aux Dieux à Lacédémone ;

 

 

. Aristocrate dit, au quatrième de ses Laconiques : 

"Outre cela des pommes, et celles qu'on appelle Hespérides."

 

 

. Théophraste (v. 371 av. J.C. - 322 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

parlant (livre II de son histoire des plantes) des arbres dont le fruit n'est pas manifeste, s'exprime ainsi : 

"Comme le principe des plus grands végétaux, tels que celui de l'amande, de la noix, de la grenade, de la poire, de la pomme,  est connu, excepté celui de la pomme de Perse, qui ne l'est absolument pas, etc. "

 

 

. Diphile de Siphne, médecin parle ainsi, dans son traité des aliments propres aux malades et aux gens en santé :

"Les pommes que l'on appelle pommes de Perse, ou, selon d'autres, les prunes (coccymeles) de Perse, sont d'un suc de moyenne qualité, mais plus nourrissantes que les pommes ordinaires."

 

 

. Les Gloses Laconiques d'Aristophane (V° siècle av. J.C.) grammairien et poète comique grec nous apprennent que :

les Lacédémoniens appelaient prunes (ou coccymeles) les pommes acides de Perse, auxquelles d'autres donnaient le nom d'adria.

Albert Herter  (1871-1950) - Jardin des Hespérides - 1898

 

 

 

II-III° siècle

 

Longus ou Longos (fin II° siècle  - début III° siècle)

 

Daphnis et Chloé est un roman grec attribué à un Longus ou Longos daté du II° ou III° siècle de l'ère chrétienne.

 

..."Parmi ces pommiers, un ayant été déjà tout cueilli, n'avait plus ni feuille, ni fruit. Les branches étaient nues, et n'étaitt demeuré qu'une seule pomme à la cime de la plus haute branche. La pomme, belle et grosse à merveille, sentait aussi bon et mieux que pas une ; mais qui avait cueilli les autres n'avait osé monter si haut, ou ne s'était soucié de l'abattre : ou possible une si belle pomme était réservée pour un pas teur amoureux. Chloé l'en voulut garder, mais il n'en tint compte : pourquoi elle, peureuse et dépite de n'être point écoutée, s'ent fut où étaient leurs troupeaux ; et Daphnis, montant au fin fâîte de l'arbre, atteignit la pomme  qu'il cueillit et la lui porta ; et la voyant mal-contente, lui dit telles paroles :

"Cette pomme Cloré, ma mie, les beaux jours d'été l'ont fait naître ; un bel arbre l'a nourrie, puis mûrie par le soleil ; fortune l'a conservée. J'eusse été aveugle vraiment de ne pas la voir là, et sot l'ayant vue de l'y laisser, pour qu'elle tombât à terre et fût foulée aux pieds des bêtes ou envenimée de quelque serpent qui eût frayé au long ; ou bien demeurant là-haut regardée, admirée, enviée, eût été gâtée par le temps. Une pomme fut donnée à Vénus comme à la plus belle ; tu mérites aussi bien le prix. Ayant même beauté l'une et l'autre vous avez juges pareils. Il était berger, lui ; moi, je suis chevrier."

Disant ces mots, il mit la pomme au giron de Chloé : et elle, comme il s'approcha, le baisa si soèvement qu'il n'eut point de regret d'être monté si haut pour un baiser qui valait mieux à son gré que les pommes d'or. 

Antonio-Zucchi -Daphnis offrant une pomme à Chloe


 

 

VIII° siècle

 


Charlemagne (768-814) en tant que "fermier"  fort avisé qui tient à la bonne exploitation de ses terres, ordonne qu’il y ait dans chaque métairie, des pommiers de différentes espèces pour que l’on fabrique du cidre.

 

Charlemagne - par le Maestro del Castello della Manta dans la fresque des Neuf Preux du château de Manta, près de Saluces.


 

 

 


IX° - XI° siècle

 

 


Au IX° siècle, le pommier est présent dans les jardins de l’abbaye de Saint-Gall (Suisse), et inscrit sous le nom de pomarius dans le Capitulaire de Villis carolingien. 


Il est en faveur à cette époque médiévale, en particulier pour les vertus médicinales de ses feuilles (affections de la rate, du foie, de l’estomac et des intestins), de sa sève (douleurs goutteuses, rénales et stomacales), parfois même de la mousse qui pousse sur son tronc !

 

 

Au Moyen Âge, les pommiers domestiques se déploient aux portes des châteaux et des manoirs, à la périphérie des monastères.

Le ramassage des pommes devient une des corvées due au seigneur. Peu utilisée dans la cuisine, la pomme est à la base de la boisson que nous appelons cidre.

 


La première mention écrite de cidre en Normandie remonte à l’an 1082. 
 

 

 

 

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux (1090-1153) moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Ce n’est qu’au 11ème siècle, que Saint Bernard réhabilite le pommier dans la religion chrétienne :

il représente l'amour et la connaissance, l'arbre de vie au milieu du jardin.. C’est le retour du fameux pommier des Cantiques, reconstituant ainsi le paradis terrestre. C'est pourquoi tous les cloîtres possédaient leur pommier, symbole de vie…



 

 

 

1100

La plus ancienne attestation du mot en français remonte vers l'an 1100 dans la Chanson de Roland sous la forme "pume"

 


La Chanson de Roland

 

..."Er main sedeit li Emperere suz l’umbre ;

Vint i ses niés, out vestue sa brunie,

E out preiet dejuste Carcasunie.

En sa main tint une vermeille pume :  

 - Tenez, bel sire, dist Rollanz à sun uncle, 

De trestuz reis vus present les curunes"...    

    

..."L’autre jour encore, l’Empereur était assis à l’ombre.

Son neveu vint devant lui, vêtu de sa broigne 

C’était près de Carcassonne, où il avait fait riche butin.

Dans sa main il tenait une pomme vermeille :

- Tenez, beau sire, dit-il à son oncle,

Voici les couronnes de tous les rois que je mets à vos pieds"... 

 

 

 

XII° siècle

 


Hildegarde de Bingen (1098-1179), abbesse bénédictine et musicienne, 

Le Livre III de la Physica ou Livre des Subtilités des créatures divines d’Hildegarde de Bingen (vers 1150-1160) s'ouvre sur une préface puis traite de 63 espèces d’arbres (De arboribus - Des arbres). 


La préface indique la méthode d’approche par le double critère antique de la théorie des humeurs (chaleur ou froid, sécheresse ou humidité). Chaque chapitre reprend cette sélection, en y joignant les remèdes aussi bien pour l’homme que pour les animaux. A l’image du microcosme et du macrocosme, "l’âme dans le corps est comparable aux sucs d’un arbre, elle est vraiment comme le pouvoir qu’a l’arbre de faire pousser des fruits."

Celui qu’Hildegarde appelait Affaldra (un terme proche de l’actuel mot allemand servant à désigner cet arbre : apfelbaum) avait la réputation de donner des fruits digestes pour les bien-portants, même crus. 


Par contre, Hildegarde les déconseille aux malades, à l’exclusion des vieilles pommes flétries, davantage profitables.

Elle décrit :

Pommier (Affaldra) (Pirus malus) :

"Le pommier est chaud et humide et a une humidité si élevée qu'il coulerait même s'il n'était pas maintenu par la chaleur (…). 

Le fruit de cet arbre est doux et facilement digestible. Les aliments crus ne nuisent pas aux personnes en bonne santé. Les pommes poussent à partir de la rosée lorsqu'elle est pleine de vigueur, c'est-à-dire du premier sommeil de la nuit jusqu'au jour où elle se brise presque, car elles préfèrent que la rosée se développe. Ils sont bons pour les personnes en bonne santé à manger crus, car ils mûrissent sous la force de la rosée. Les pommes crues sont un peu nuisibles aux malades à cause de leur faiblesse. Mais cuites ou rôties, les pommes sont bonnes pour les personnes malades et en bonne santé. Une fois que les pommes ont vieilli et que la peau s'est contractée comme des raisins secs, elles sont bonnes pour les personnes malades et en bonne santé à manger crues."

 

Pommier - "Tacuinum sanitatis"
Manuel médiéval  basé sur le taqwim As-Sihhah, traité médical arabe du XI° siècle par IBN Butlan de Bagdad



 

La tradition orale en gallois va être transcrite, mais tardivement, vers 1150, dans un récit intitulé Afallenau, ce qui signifierait les pommiers. 

 

Cependant, la culture des pommes est attestée en Normandie de manière antérieure à la boisson par des noms de lieux anglo-scandinaves qu'il est possible de dater assez précisément, comme remontant à peu près au xe siècle : Auppegard (Appelgart vers 1160), Épégard (sous la forme latinisée Auppegardus en 1181), comparables à Applegarth dans le Yorkshire (du vieil anglais æppel "pomme", suivi du vieux norrois garðr "clos"). 

 

Au début du Moyen Âge, les auberges et marchands vendent une sorte de cidre appelé en latin médiéval "succus pomis" ou "pomatium" réalisé à partir de pommes sauvages concassées et allongées d'eau, consommée lors des disettes de céréales ou de vin.


Les pommiers sauvages sont très tôt répandus dans toute l'Europe et les traditions cidricoles abondantes qui perdurent localement comme en Autriche.

 

Un guide basque du XII° siècle informe les pèlerins en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle que le Pays basque propose des pommes et du cidre en abondance. 


Les Basques cependant en exportèrent jusqu'en Méditerranée. 


Dès 1189, apparaît dans "le Labourd" le premier règlement écrit sur les pommeraies, suivi par d’autres documents, ordonnances et décrets royaux de Navarre sur les pommiers et le cidre. De nos jours, il s'y déguste dans un Sagardotegi, établissement à mi-chemin entre un restaurant et "une maison de cidre".

 

 

En Italie, l’on met en évidence les propriétés laxatives de la pomme. 

 


L’école de Salerne 

"post pomum vade cacatum"
 (après la pomme allez en quelque lieu secret, où vous puissiez en paix laisser votre paquet !)

la cueillette des pommes, enluminure du Tacuinum Sanitatis

 

 

 

La pomme fut fréquemment utilisée comme le fruit défendu dans la littérature, notamment, au XIIe siècle, par Marie de France (1160-1210) poétesse :


..."Je crois avant tout au  Créateur  qui nous délivra du malheur

où nous mit  Adam notre père en mordant dans la pomme amère.

Il est, sera et fut toujours vie et lumière pour les pécheurs.

Si vous ne me croyez pas, faites venir votre chapelain"...

 

Gustave Courtois  (1852–1923) Adam et Eve

 

 

Geoffroy de Montmouth (vers 1095-1155), évêque et historien gallois au service du roi Henri I° d'Angleterre, écrivant en langue latine et familier du monastère de Glastonbury.

Histoire des rois de Bretagne vers 1135, 

...Avalon, île mysthique de l’Autre monde, où vivent la fée Morgane et ses huit sœurs magiciennes.

C’est à Avalon que le roi Arthur est conduit en barque par trois prêtresses après avoir été mortellement blessé à la bataille de Camlann par son fils incestueux, le chevalier félon Mordred. L’île ne doit pas servir d’ultime demeure au roi mythique, mais être simplement l’endroit où il reposera en attendant son retour parmi les Hommes. 

L'île mystique, semblable à un rêve mais où on peut agir consciemment et influer sur le monde, au centre de laquelle se dresse un mont constamment couronné de brumes servant à la dissimuler au regard. Seuls quelques privilégiés y ont accès, et l’île constitue d’ailleurs le dernier refuge de la tradition celtique...


...Lorsque Galahad retrouve le Saint-Graal, on peut accéder à Avalon par deux moyens : avec une barque qu’il faut savoir invoquer ainsi que son équipage, ou bien par un labyrinthe marécageux dont l’emplacement est inconnu. L'île à la végétation luxuriante, où le temps ne s’écoule pas, où les pluies sont toujours douces et les tempêtes radieuses, et sur laquelle on peut trouver, parmi les nombreuses vignes et les vergers toujours fleuris, de magnifiques pommiers dont les fruits sont un gage d’immortalité (Avalon, Insula Pomorum, signifie d’ailleurs "l’île des pommes" dans sa racine celtique)"... 


Sir Galahad à la chapelle en ruine -  Dante Gabriel Rossetti


 

Pommes d’Adam.
Jacques de Vitry (1160/1170-1240) historien et auteur spirituel, confesseur de Marie d'Oignies, prédicateur populaire, et évêque de Saint-Jean-d'Acre.

Il fut nommé cardinal-évêque de Tusculum en 1228.

Il raconte : 

..."On trouve dans la Palestine des arbres qui portent de très-beaux fruits et des pommes orangées, dans lesquelles on remarque comme la morsure d’un homme, et que pour cela on appelle pommes d’Adam"... 

Thomas de Cantimpré (1201?-126.?) : Liber de natura rerum

 

 

 

A la fin du XII° siècle le globe crucifère du Saint Empire Romain Germanique est qualifié de Reichapfel ou "pomme de l'Empire", évocation de prospérité et d'abondance dont l'empereur est garant

 

 

 

XIII° siècle

 

 


Guillaume le Breton (1165-1225) prêtre et chroniqueur breton, biographe du roi de France Philippe Auguste, rédige une biographie en latin décomposée en chants, La Philippide, entre 1214 et 1224, il cite les cidres du pays d'Auge dans plusieurs endroits de son poëme la Philippide :


     

Siceræ que tumentis


Algia potatrix...........

Non tot in autumni rubet Algia tempore pomis

Unde liquare solet siceram sibi neustria gratum.

 

 


Étienne Boileau (v.1200/1210-1270), un des premiers prévôts de Paris que l'on connaisse, nous apprend dans le livre des métiers que les pommes apportées sur les marchés de la bonne ville, y acquittaient les droits de coutume ou ton-lieu (ton legium).


Sévère et redouté, il réprime les abus, réorganise les corporations d'arts et métiers, fait inscrire leurs coutumes et règlements ainsi que les octrois perçus et les juridictions de Paris sur un registre,


 

 


Dès la fin des invasions "vikings" le clergé et la noblesse y encouragent la plantation de pommiers. 

 

Au Moyen Âge, les monastères et les couvents ont joué un rôle important dans le développement de la culture du pommier.

 

 

Ainsi, avant son annexion par la France en 1204, ce pays est une véritable pépinière de pommiers. Après son invasion, elle devient le verger de la France. 

À partir du XIII° siècle, l'usage de la poire commence à concurrencer celui de la pomme, 


 

 

 

XIV° siècle - XV° siècle

 

 

1317

Vierge à la pomme du XIV° siècle

Cathédrale Sainte-Marie de Lombez

Cathédrale catholique romaine, située à Lombez, dans le département du Gers,


 


14° siècle

Adam and Eve - Le fruit défendu 

Miniature Master of the Champion of Ladies 
manuscrit "Des hommes illustres"

par Giovanni Boccaccio (Jean Boccaccio(1313-1375)

Bibliotheque Inguimbertine, Carpentras, France 


 

 

 

 

La consommation de cidre reste longtemps très localisée dans quelques régions.

Au XIVe siècle, la production s'étend et la consommation explose dans les villes comme dans les campagnes. 

Sur les tables modestes, le cidre remplace la cervoise et son succès se prolonge après le XVe en gagnant des régions où il était quasiment inconnu comme la Bretagne...


 


 

Olivier Basselin, (1403-1470), poète populaire normand

Dans ses chansons normandes intitulées les Vaux de Vire, d'où dérive, dit-on, le nom de Vaudeville, appliqué aux pièces de théâtre, émaillées de couplets spirituels et chantés où étincelle la verve parisienne, a fait en ces termes l'apologie du cidre :

 

...De nous se rit le François, 

Mais, vrayement, quoy qu'il en die,

Le sidre de Normandie

Vaut bien son vin quelquefois,

Coule à val, (5) et loge ! loge !

Il fait grand bien à la gorge.


 
Ta bonté, ô sidre beau !

De te boire me convie ;

Mais, pour le moins, je te prie,

Ne me trouble le cerveau.

Coule à val etc.


...

 

Le bon sidre, en dit-on rien ?

         Il vaut bien

Que quelque chose on en die ;

Et certes, qui m'en croirait,

         On n'aurait

Autre boire en Normandie....
 

 


1474


D'après le Livre blanc de Sarnen 

Histoire de Guillaume Tell


Guillaume Tell "le Tall" (écrit Thäll dans celui-ci)est un homme honnête qui avait juré avec Stauffacher et d'autres partisans de résister aux seigneurs. 


À cette époque, sous l'empereur Albert Ier de Habsbourg, les baillis établis par son père Rodolphe I° de Habsbourg se livrent à des exactions. Le 25 juillet 1307, l'un de ces baillis, Hermann Gessler, fait ériger un poteau sur la place des Tilleuls à Altdorf et y accroche son chapeau, obligeant tous les habitants à se courber devant le couvre-chef. Or, le dimanche 18 novembre 1307 Guillaume Tell "le Tall"  passe plusieurs fois devant le poteau coiffé sans faire le geste exigé. Dénoncé, il comparaît dès le lendemain devant Gessler. L'accusé invoque alors sa simplicité, sa distraction et le fait qu'il ignorait l'importance qu'avait le geste pour le bailli.

 

Gessler lui ordonne alors de percer d'un carreau d'arbalète une pomme posée sur la tête de son propre fils. En cas d'échec, l'arbalétrier sera mis à mort. Malgré ses supplications, le bailli reste intraitable. Tell s'exécute et coupe le fruit en deux sans toucher l'enfant.

 

Or, Gessler, ayant vu Tell dissimuler un second carreau sous sa chemise, lui en demande la raison. Tell prétend d'abord qu'il s'agit d'une simple habitude. Mais le bailli encourage Tell à parler sincèrement en lui garantissant la vie sauve. Tell répond alors que si le premier trait avait manqué sa cible, le second aurait été droit au cœur du bailli. Gessler fait arrêter Guillaume Tell sur-le-champ. On l'enchaîne et confisque son arme. On l'emmène d'abord à Flüelen, où l'on embarque pour Brunnen avant de mener le prisonnier au château du bailli à Küssnacht, où Tell doit finir ses jours dans une tour. Mais, au cours de la traversée du lac des Quatre-Cantons, une tempête menace la frêle embarcation.

 

Tell, qui connaît le mieux la manœuvre, est chargé d'assurer la conduite de la barque jusqu'au rivage. Arrivé à proximité, il bondit à terre au lieu-dit Tellsplatte, près de Sisikon, et repousse la barque d'un coup de pied. Ce fait est commémoré dans la chapelle de Tell, dont la première aurait été érigée sur le site en 1388. Par la suite, Tell tue le bailli dans le chemin creux entre Immensee et Küssnacht.

 

Selon Aegidius Tschudi, cet épisode se produit deux mois avant "l'incendie des châteaux" (1° janvier 1308), un autre épisode légendaire qui marque la rébellion des Suisses contre les ducs d'Autriche. Selon Tschudi, le tyrannicide de Tell est diversement apprécié par les chefs du soulèvement.

 

Guillaume Tell. Gravure extraite de la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster, 1554.


 

 

 

Bibliothèque nationale de France

BnF Archives et Manuscrits 

Dans cette enluminure du XVe siècle, les deux grandes figures féminines du récit biblique apparaissent séparées par l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

À Ève, revient le fruit fatal ; à Marie, le crucifix de la religion nouvelle. 


 

 

 

Maître des Heures de Jean Charpentier XV° siècle

Retour d'Égypte

Bibliothèque municipale d'Angers 


 

 

 

Horae ad usum Romanum,

dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1457 ?-1521).

Enlumineur Jean Bourdichon, 

Fleurs de pommier

 

 

 

Au Moyen-Age,

Les pommes servent de support aux pommades, d’où l’expression se pommader. La pulpe de la pomme réduite en purée est étalée sur les plaies afin de cicatriser plus vite. 

Pomme d'Api - Alphonse Mas , Le verger, aquarelles, 1865

 

 

 

XV° siècle - XVI° siècle

 

 

Christine de Pisan, (1364-vers 1430) philosophe et poétesse italienne de naissance vénitienne.

Elle est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Veuve et démunie, elle dut gagner sa vie en écrivant.

Epître d’Othéa,

La Haye, Bibliothèque Meermanno, KB74G27 1450-1475

Discorde jette une pomme d’or au banquet de Thétis et de Pélée 

 

 

 

Atelier Diebold Lauber, vers 1442-1448

Diebold Lauber (actif entre 1427 et 1471) a dirigé un des plus prospères ateliers d’écriture et d’enluminure du XV° siècle à Haguenau en Alsace.

Le livre de la nature - Haguenau

 

 

 

1493

gravure issue de Liber chronicarum, 

Edité en 1493.

Adam et Eve 


 

 

Sandro di Mariano Filipepi, dit Botticelli (1445-1510) :

L'Automne ou Allégorie contre l'abus du Vin.

Musée Condé - Chantilly


 

 

 

XV°

L'église de la Madeleine Verneuil-sur-Avre (Eure)

La Vierge à la pomme

 

 

 

Girolamo di Benvenuto (1470-1525) 

peintre italien de l'école siennoise

Le jugement de Paris - v.1500


 

 

 

 

Raphaël (Raffaello Santi 1483-1520) 

peintre et architecte italien de la Haute Renaissance

Jeune homme à la pomme - 1505

Portrait de Francesco Maria I della Rovere

 

 

 

Raphaël (Raffaello Santi 1483-1520) 

peintre et architecte italien de la Haute Renaissance

Les trois grâces, 1503-1508, 

Musée Condé, Chantilly, France

 

 

Albrecht Dürer, (1471-1528) dessinateur, graveur et peintre allemand de la Renaissance,

Dürer élabore, en 1507, sa fameuse gravure d’Adam et Ève. 


 

 


Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553) peintre et graveur de la Renaissance allemande.

La Vierge à l'Enfant Jésus sous le pommier

 

 

Hans Baldung, dit Grien (en raison de sa prédilection pour la couleur verte - 1484-1545), graveur, dessinateur, peintre et vitrailliste allemand de la Renaissance. 

Eve, le serpent et la mort - le fruit défendu


 

 

 

1539 

Les riches florentines du XVI° siècle utilisaient la "pomata" (pommade), préparation onctueuse composée d'axonge (saindoux) et de pulpe de pomme cuite (pomme d'api) pour les soins de la peau ou des cheveux.

14h Bronzino (Agnolo di Cosimo, dit), Portrait d’Eléonore de Tolède, (1503-1572) 1560


 

 

 

Titien ou le Titien (Tiziano Vecellio 1488-1576)

peintre et graveur italien (vénitien) de l'école vénitienne.

Adam et Eve

 

 

 

Jacobus Theodorus Tabernaemontanus (1522-1590), botaniste et médecin allemand.

La réputation de ses livres tient à la qualité des gravures et des descriptions.

Il destine l’eau distillée des fleurs de pommier aux soins de la peau et aux rougeurs du visage. 


 

 

John Gérard (John Gérarde , vers 1545–1612, Jean Gérard)

botaniste anglais possédant un grand jardin d'herbes à Londres. 


Son Herball illustré de 1484 pages , ou Histoire générale des plantes , publié pour la première fois en 1597, est devenu le livre de botanique le plus répandu en anglais au 17ème siècle. 


 L'Herball ou Histoire Générale des Plantes (1597)
Editeur : John Norton
Année : 1597


 

..."Les pommes rôties sont toujours meilleures que les pommes crues, dont le mal est à la fois réparé par le feu, et peut aussi être corrigé en y ajoutant des graines ou des épices.
  Les pommes sont bonnes pour un estomac chaud : celles qui sont austères ou un peu dures renforcent un estomac faible et affaibli par la chaleur.

    Les pommes sont également bonnes pour toutes les inflammations ou gonflements chauds, mais surtout celles qui commencent si elles sont appliquées à l'extérieur.

    Le jus de pommes qui est doux et de goût moyen, est mélangé dans la composition de divers médicaments, et aussi pour tempérer les humeurs mélancoliques, et également pour raccommoder les qualités des médicaments qui sont secs (comme le sont…etc).

    Il existe également un onguent à base de graisse de pomme et de porc et d'eau de rose, qui sert à embellir le visage et à enlever la rugosité de la peau, qui s'appelle dans les magasins Pomatum, des pommes dont il est fait.

Les pommes coupées en morceaux et distillées avec une quantité de camphère et de babeurre enlèvent les marques et les cicatrices causées par les petites poches"...

Illustrations de deux pommes, gravures sur bois recyclées John Gerard's Herball (1597)

 

 

 

Au XVI° siècle on oppose 

la poire, fruit délicat fondant des aristocrates

et la pomme, fruit du paysan (coupe-faim dont la mastication sonore rend le fruit grossier).

 

 

 

XVII° siècle - XVIII° siècle

 


En 1620, le Mayflower, rejoint les Etats-Unis avec, à son bord, les pères pèlerins et les premiers pommiers destinés à l'Amérique.

 

Le départ du Mayflower, par le peintre Bernard Gribble (1872- 1962) 

 

 

L'amérique, un continent où se développera la légende de John Chapman (1774-1845), plus connu sous le nom de Johnny Appleseed ("Johnny pépin-de-pomme"), est un botaniste et pépiniériste américain, qui s'était donné pour mission de propager les pommiers à travers le pays à la fin du 17ème siècle. 

Il aurait planté 35 vergers, notamment dans l'Ohio, dans l'espoir de voir l'arbre se multiplier à l'infini.


 

 

 

Pierre Le Lectier, décédé le 14 septembre 1636, fut procureur du roi Louis XIII à Orléans.

À partir de 1598, il cultive une collection d’arbres fruitiers dans des pépinières situées entre la Loire et le Loiret, l’actuel quartier de Saint-Marceau, dont 69 pommiers.


Dès 1628, il fut à l'origine du premier catalogue de pépinières : le Catalogue des arbres cultivez dans le verger. Rédigé sous forme de liste, il servait de méthode d'échange de variétés d'arbres fruitiers.
 

 

 

Pierre Paul Rubens (1577-1640) peintre brabançon de l'école baroque 

Adam et Eve


 

 

 

Johann Mayer

Imprimeur libraire ; imprimeur de l'université.  (15..-1615)

Pomona Franconica 

Reinette de Bretagne

Reinette rouge


 

 

Johann Mayer

Imprimeur libraire ; imprimeur de l'université.  (15..-1615)

Pomona Franconica 

"Description des arbres fruitiers les plus connus et les plus estimés en Europe, qui se cultivent maintenant au jardin de la cour de Wurzbourg... par le sieur Johan Mayer,jardinier de la cour." 

Pomme de neige Maréchal

Pomme de soye - rose soyette

 

 

 

Jacques Blanchard (1600-1638)

peintre et graveur français actif dans la première moitié du XVII° siècle.

Sainte Anne offre une pomme à l'enfant Jésus


 

 

 

Jean Henri Hottinger ou Johann Heinrich Hottinger (1620-1667), philologue et théologien suisse, parle d'un arbre :


..."Un arbre que l’on voit à Tripoli de Syrie, nommé vulgairement almauz ou pommes d’Adam. Cet arbre ne produit point de branches, mais seulement des feuilles étendues en forme de doigts.

Ces feuilles sont si longues et si larges, qu’une seule est capable de couvrir un homme. Le fruit de cet arbre est comme une fève verte, d’une douceur de miel, et d’une odeur de rose.

Quelques-uns appellent aussi pommes d’Adam ces fruits qu’on voit en Palestine et à Alexandrie, qui pendent en bouquets en si grande quantité qu’on en voit quelquefois jusqu’à vingt ensemble, et si grosses qu’elles égalent les plus grosses poires.

Elles sont très-douces et d’un très-bon goût, et les feuilles de cet arbre sont si grandes, que chacune est de la longueur de presque deux pieds, ou une coudée. Il y en a qui disent que quand on coupe ces fruits en un certain sens, on y remarque la figure d’un crucifix. Voyez ci-devant Mandragore"...


 

 

 

Simon Paulli (1603-1680),  médecin et naturaliste danois . Il était professeur d' anatomie , de chirurgie et de botanique à l' Université de Copenhague . 

Paulli a été le premier médecin de la cour à Frédéric III du Danemark , et apporté une contribution précieuse à l' anatomie et la botanique. Il est l'auteur et la publication de plusieurs traités de médecine et de botanique, notamment Quadripartitum Botanicum .

Au 17° siècle, il  recommande la pomme pourrie cuite sous la cendre pour confectionner des cataplasmes applicables sur la gangrène afin d’en limiter la propagation .


 

 

 

Pieter de Hooch (1629-1684) 

peintre néerlandais du siècle d’or. Représentant du baroque.

Femme pelant des pommes

 

 

 

1661

Gabriel Metsu (1629–1667) 

femme à la fenêtre tenant une pomme (1661)


 

 

 

Dans sa seconde édition, parue en 1675 par Charles de Sercy, Jean Merlet reproduisit mot pour mot ce renseignement (p. 148), mais en sa troisième et dernière, celle de 1690, il le compléta sous divers rapports :


"L'Apis est une pomme sauvage trouvée dans la forest d'Apis, en Bretagne… Elle se nomme en Normandie, ainsi que le Gros-Api, la pomme de Long-Bois, qui en effet s'élève beaucoup et charge par glanes." (page 138).
 

 

 

XVIII° siècle

 

 


Oeuvre XVIIe s. ou XVIIIe siècle - 

Vierge à l'enfant avec une pomme


 

 

 

1700


Nicolas Fouché (1653-1733)

peintre français 

Pomone


 

 


Isaac Newton (1642/43-1727) mathématicien, physicien, philosophe, alchimiste, astronome et théologien anglais.


C’est vers la fin de sa vie qu’aurait eu lieu l’épisode vraisemblablement légendaire de la pomme qui tombe de l’arbre sur sa tête, lui révélant les lois de la gravitation universelle. L'anecdote est rapportée par le physicien à son biographe et ami, William Stukeley, qui relate en 1752 une rencontre du 15 avril 1726 :

"Le temps devenant chaud, nous allâmes dans le jardin et nous bûmes du thé sous l’ombre de quelques pommiers, seulement lui et moi. Au cours de la conversation, il me dit qu’il s’était trouvé dans la même situation lorsque, longtemps auparavant, la notion de gravitation lui était subitement venue à l’esprit, tandis qu’il se tenait assis, dans une humeur contemplative. Pourquoi cette pomme tombe-t-elle toujours perpendiculairement au sol, pensa-t-il en lui-même. Pourquoi ne tombe-t-elle pas de côté ou bien vers le haut, mais constamment vers le centre de la Terre ? Et si la matière attire ainsi la matière, cela doit être en proportion de sa quantité ; par conséquent, la pomme attire la Terre de la même façon que la Terre attire la pomme. "


Pour ce qui est de la Lune, intervenue dans le raisonnement du jeune Newton, c'est John Conduitt (1688-1737), assistant de Newton et mari de la nièce de Newton, qui raconte ainsi la scène :

"Au cours de l’année 1666, il quitta de nouveau Cambridge pour retrouver sa mère dans le Lincolnshire. Tandis qu’il méditait dans le jardin, il lui vint à l’esprit que le pouvoir de la gravité (qui faisait tomber la pomme de l’arbre vers le sol) ne se limitait pas à une certaine distance de la surface terrestre, mais qu’il devait s’étendre beaucoup plus loin que ce que l’on pensait habituellement. Pourquoi pas aussi loin que la Lune, se dit-il, et dans ce cas, ce pouvoir doit influencer son mouvement et même la retenir sur son orbite ; à la suite de quoi Newton se mit à calculer quelle serait la conséquence d’une telle hypothèse".

Isaac Newton dans son jardin,  gravure de 1880 - collection privée - Isadora/Leemage


 
 

 

 

1768

Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), Français médecin, ingénieur naval et botaniste .

Extrait du Traité des Arbres Fruitiers Tome I 

Illustration de Pierre Jean François Turpin.

Planche du Traité des arbres fruitiers,

Pomme Rambour - Pomme


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Philibert-Joseph Le Roux (XVII° - XVIII° siècle) lexicographe français, auteur, en 1718, d'un Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial, cite cette hyperbole :


..." On dit pour exagérer la faiblesse d'une place, qu'on l'abattrait à coups de pommes cuites"...
 

 

 

À la veille de la Révolution, le catalogue des Chartreux de Paris, ne comptabilisait plus que 42 variétés, la poire étant devenue plus populaire.


Pierre-Jean-Baptiste Chomel (1671-1740), botaniste français,  établit quant à lui des propriétés majeures de la pomme (pectorale, antitussive et rafraîchissante). 

 

 

1738

 

 

Anne Claude de Caylus  (1692-1765) 
Anne-Claude-Philippe de Tubières de Grimoard de Pestels de Lévis de Caylus, marquis d'Esternay, baron de Branzac, dit Anne-Claude de Pestels, ou le comte de Caylus (1692-1765

antiquaire pionnier de l'archéologie moderne, un homme de lettres et graveur français.

Metropolitan Museum 

Études prises dans le bas peuple ou les Cris de Paris

Pommes cuites au Four


 


 

Le calendrier républicain (ou calendrier révolutionnaire français) fut créé pendant la Révolution française de 1789.


C’est le 20 septembre 1793 que Charles Gilbert Romme, rapporteur du groupe de travail nommé par le Comité d'Instruction publique, présente devant la Convention ce qui deviendra bientôt le calendrier républicain. Après certains ajustements, il entra en vigueur à partir du lendemain du décret de la Convention Nationale du 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793).


Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon signa le sénatus-consulte qui abrogea le calendrier républicain et instaura le retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806.


Dans le calendrier républicain français, le jour de la pomme était généralement le 22-23 octobre, 1er jour du mois de brumaire.

 

Entre 1797 et 1798


Le Soleil entre au signe du Scorpion

 

Avant la fin du jour la prudente Bergère 

De crainte que la Brume égare son troupeau 

Le presse de rentrer, portant le faible agneau

& le bois ramassé pour une bonne Mère

 

 

 

XIX° siècle

 

 

1812


Johann Ludwig Tieck (1773-1853) poète allemand, traducteur, éditeur, romancier et critique, écrivain du premier romantisme,

"Les Elfes" (Die Elfen, 1812), 

Conte

..."Ce sera comme les fleurs des arbres : quelle merveille que le pommier fleuri, lorsque tous ses boutons rosés viennent d'éclore. L'arbre s'enorgueillit et se rengorge, et à le voir, on s'attend en effet à des splendeurs infinies ; puis vient le soleil, les fleurs s'ouvrent bien gentiment, mais déjà se cache en elle la méchante graine qui va bousculer et disperser leur parure colorée ; anxieuse, elle ne peut arrêter sa croissance, il lui faut, à l'automne, devenir fruit. Sans doute la pomme est-elle belle et agréable à voir, mais qu'est-ce auprès de la fleur printanière ?"...

Cicely Mary Barker - Flower Fairies of the Autumn



 

 

 

1812

 

Blanche-Neige est le nom du personnage principal éponyme d'un conte dont la version la plus célèbre est celle recueillie et mise en forme par Jacob et Wilhelm Grimm, parue en 1812. 


"...Chaque jour la reine demande à son miroir magique qui est la plus belle du royaume, et chaque jour le miroir, qui ne ment jamais, lui répète qu'elle est la plus belle femme du royaume. Jusqu'au jour où il doit reconnaître que Blanche-Neige, bien qu'encore enfant, est devenue plus belle que sa marâtre...


Folle de rage, jurant d'y laisser la vie s'il le faut, la méchante reine se déguise une troisième fois en paysanne. Grâce à un habile stratagème elle trompe la vigilance de la princesse Blanche-Neige : elle a empoisonné la moitié rouge – la plus tentante – d'une pomme, laissant la partie blanche intacte. Coupant la pomme en deux, elle en croque la partie blanche inoffensive et offre la partie empoisonnée à Blanche-Neige. Celle-ci croque à son tour dans la pomme et tombe inanimée. Les nains ne parviennent pas à la ramener à la vie, et le miroir magique déclare enfin à la reine qu'elle est la plus belle du royaume...."


 

 

1812


La Transparente blanche est une variété de pomme apparue en Lettonie et introduite en France vers 1815 (vraisemblablement ramenée par des soldats lors de la campagne de Russie en 1812 comme la Colapuy).

Cette variété est probablement la meilleure des pommes précoces (pommes d'été). C'est une bonne pomme de cuisson qui donne des compotes très fines.


 

 

1817 - 1883

L’histoire du pommier Alexandre (Malus sp. 'Alexandre') 


L'arbre original serait né en Ukraine dans les années 1700. C’est un pépiniériste nommé M. Lee et originaire de Hammersmith au Royaume-Uni qui aurait amené la variété en Angleterre en 1817 pour pouvoir en exposer l’un de ses fruits à la Société d’horticulture de Londres. La pomme qu’il a choisi d’exposer avait un diamètre de 14 cm et pesait 538 grammes.


A l'origine, en Ukraine, la variété portait le nom de "Aporta", mais M. Lee la renomma "Alexandre 1er" en honneur de l’empereur russe. Le nom a ensuite été modifié de plusieurs façons pour se faire appeler, entre autres: "Grand Alexandre", "Empereur Alexandre", "Kaiser Alexandre" et "Aubertin". Aujourd’hui, on la nomme "Alexandre" ou "Grand Alexandre".

 

M. Andre Leroy (1801-1875), un pépiniériste d’Angers, affirme avoir vu une pomme Alexandre de 37 cm de circonférence !. 

 

La "grand alexandre" est une variété de pomme russe apparue en France vers 1838. Elle est aujourd'hui une des variétés préférées des amateurs de pommes en France, surtout à cause de sa taille qui peut être, parfois, spectaculaire.

Guillaume Lauche  (1827-1883) 

Illustration de Deutsche Pomologie - Aepfel

Cultivar de pomme illustré : Kaiser Alexander (Grand Alexandre)

entre 1882 et 1883

Bibliothèque numérique Wageningen UR - Collection spéciale


 

1834

Gérard de Nerval (Gérard Labrunie 1808-1855) écrivain et un poète français

Nouvelle

Les Filles du feu, 1834

..."Plus loin que Louvre est un chemin bordé de pommiers dont j'ai vu bien des fois les fleurs éclater dans la nuit comme des étoiles de la terre"...

 

 

 

1880


Pendant la pluie


Jean Baptiste Alphonse Karr (1808-1890), romancier et journaliste français.
évoque un événement théâtral survenu "dans une ville de province" vraisemblablement durant les années 1840 : 

-  Il vint de Paris de nouveaux acteurs qui n'avaient pu, ce qui était mauvais, signer, prendre d'engagement ailleurs. Ils étaient détestables, on leur jeta des pommes dont quelques-unes seulement étaient cuites. 


 

 

 

 

 

Charles Guérin (1873-1907) poète français

La chanson de la bien-aimée

(villanelle)

 

...L'entendez-vous sous la ramée,

A travers les pommiers en fleurs,

La chanson de la Bien-Aimée ?...


Daniel Ridgway Chevalier (1839-1924) fleurs de pommier en Normandie

 

 

 

1849 à 1876

L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner

ensemble de quatre opéras composés par Richard Wagner de 1849 à 1876 : 
 
Déesse de la jeunesse, sœur de Froh et Donner. C'est le symbole de l'amour et de la féminité. Elle règne sur les pommes d'or de longue vie.

C'est un rôle de soprano lyrique aigu. Personnification de la force de l'amour et de la vie, elle réunit les déesses païennes Idunn et Freyja.

Idunn  and the Apples (1890), James Doyle Penrose


 

 

 


Albert Mérat (1840-1909)- poète - Les fleurs de pommiers

Recueil : Le Parnasse contemporain, III (1876).

 

 

Les fleurs de pommiers

 

Les champs sont comme des damiers

Teintés partout du blé qui lève.

Avril a mis sur les pommiers

Sa broderie exquise et brève.

 

Avant que les soleils brutaux

Aient fait jaunir l'herbe et la branche,

C'est la gloire de nos coteaux

D'avoir cette couronne blanche.

 

Malgré les feuillages légers,

Les jardins sont tout nus encore,

Mais les fleurs couvrent les vergers

Qui rayonnent comme une aurore.

 

La campagne gaie est vraiment

Belle et divinement coiffée ;

Les pommiers ont un air charmant

Avec leur tête ébouriffée.

 

Une étoile blanche est leur fleur

Qu'Avril peut brûler d'une haleine.

Le Chinois en peint la pâleur

Sur les tasses de porcelaine.

 

Elle n'a pas d'odeur ; elle est

Délicate, charnue et grasse ;

Blanche et mate comme le lait,

Aussi légère que la grâce.

 

Elle semble s'enorgueillir

Du fragile trésor du germe.

Il faut la voir sans la cueillir

A cause du fruit qu'elle enferme.

 

Cependant sur le front aimé

Qui s'éclaire de l'embellie,

Pas une seule fleur de mai

N'est, à vrai dire, aussi jolie.

 

J'ai là, tout au fond de mon cœur

Un souvenir de matinée :

Des fleurs prises d'un doigt moqueur...

Mais je ne sais plus quelle année !


Daniel Ridgway Chevalier (1839 – 1924) cueillette des fleurs de pommier

 

 

 

Charles Frémine, (1841-1906) journaliste, poète et écrivain français.

La chanson du pays

 


Les pommiers


 
Quand les récoltes sont rentrées

Et que l'hiver est revenu,

Des arbres, en files serrés,

Se déroulent sur le sol nu ;

Ils n'ont pas le port droit des ormes,

Ni des chênes les hauts cimiers ;

Ils sont trapus, noirs et difformes :

Pourtant qu'ils sont beaux mes pommiers !

 

 Leurs rangs épais couvrent la plaine

Et la vallée et les plateaux ;

En droite ligne et d'une haleine

Ils escaladent les coteaux ;

Tout leur est bon, le pré, la lande...

Mais s'il faut du sable aux palmiers,

Il faut de la terre normande

À la racine des pommiers !

 

 Quand Mai sur leur tête arrondie

Pose une couronne de fleurs,

Les filles de la Normandie

N'ont pas de plus fraîches couleurs ;

Leurs floraisons roses et blanches

Sont la gloire de nos fermiers :

Heureux qui peut voir sous leur branches

Crouler la neige des pommiers !

 

 Les matinales tourterelles

Chantent dans leurs rameaux touffus,

Et les geais y font des querelles

Aux piverts logés dans leurs fûts ;

Les grives s'y montrent très dignes

Et tendres comme des ramiers ;

Elles se grisent dans les vignes,

Mais font leurs nids dans les pommiers.

 

 L’automne vient qui les effeuille ;

Les pommiers ont besoin d’appuis,

Et leurs longs bras, pour qu’on les cueille,

Jusqu’à terre inclinent leurs fruits ;

Ève fut prise à leur caresse,

Ils la tentèrent les premiers ;

Gloire à la grande pécheresse !

L'amour est né sous les pommiers !

 

Leurs fleurs, leurs oiseaux, leurs murmures,

Ont enchanté mes premiers jours,

Et j'ai, plus tard, sous leurs ramures

Mené mes premières amours ;

Que l'on y porte aussi ma bière,

Et mon corps, sans draps ni sommiers,

Dans un coin du vieux cimetière

Dormira bien sous les pommiers !


William Brymner - Horatio Walker - A l'ombre du pommier

 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915)  écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

 

Le verger


Simone, allons au verger

Avec un panier d'osier.

Nous dirons à nos pommiers,

En entrant dans le verger :

Voici la saison des pommes.

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Les pommiers sont plein de guêpes,

Car les pommes sont très mûres :

Il se fait un grand murmure

Autour du vieux doux-aux-vêpes.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Nous cueillerons le calville,

Le pigeonnet et la reinette,

Et aussi des pommes à cidre

Dont la chair est un peu doucette.

Voici la saison des pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Tu auras l'odeur des pommes

Sur ta robe et sur tes mains,

Et tes cheveux seront pleins

Du parfum doux de l'automne.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Simone, tu seras mon verger

Et mon pommier de doux-aux-vêpes ;

Simone, écarte les guêpes

De ton coeur et de mon verger.

Voici la saison des guêpes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Sous le pommier, 1890 - Berthe Morisot

 

 

 

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) critique littéraire et écrivain français. Représentant du romantisme, il est réputé pour ses critiques littéraires et la méthode d'écriture qu'il a employée.

 


Pour un ami

 

..."Hélas ! si c'est là tout, qu'est-ce donc qui m'entraîne ?

Pourquoi si loin courir ? pourquoi pas la Touraine ;

Le pays de Rouen et ses pommiers fleuris ?"...

 

Pommiers en fleurs près de Rouen - Denis Dumets 


 


 

1868

 

Alexandre Dumas père, (1802-1870) : 

Origine du pommier (1868).

- Extrait du Bulletin de la société d'horticulture et de botanique du centre de la normandie, années 1866-1877, pp. 58-61.
 
Origine du pommier par Alexandre Dumas père
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Le grand romancier étant venu passer quelques jours chez le Directeur de la Société d'horticulture du centre de la Normandie Jules Oudin, 
ce dernier profita de sa présence pour lui demander le renseignement suivant : Quels sont les faits historiques les plus saillants de l'antiquité et du moyen âge, au sujet des pommes, des pommiers, des poiriers et du cidre ? Alexandre Dumas répondit immédiatement à M. Jules Oudin par la lettre suivante :

 

 

"Cher monsieur Jules,

"Je vais répondre d'abord sur ce que je sais certainement, moins bien que vous, sur la pomme, le pommier, le poirier, l'origine du cidre et son invasion en Europe.

Devons-nous mettre la pomme avant le pommier, ou le pommier avant la pomme ? Le pommier est-il poussé d'un pépin jeté dans l'espace et venant d'une pomme par conséquent, ou la pomme a-t-elle poussé d'abord sur un pommier créé en même temps que la création ?

C'est la question de la poule et de l'oeuf ; la poule vient-elle de l'oeuf, ou l'oeuf vient-il de la poule ?

Si nous nous en rapportons à Moïse, le premier auteur qui parle de pommes et de pommiers, le pommier et la pomme préexistaient à l'homme dans le paradis terrestre, puisque les arbres fruitiers furent créés le troisième jour et l'homme le sixième.

Nous savons le commandement qui fut fait à Adam et Eve, à l'endroit de ce pommier, et comment ils désobéirent, pour notre malheur, à ce commandement de Dieu.

Le serpent présenta la pomme à Eve ; Eve y mordit ; Adam l'acheva, et nous fûmes tous condamnés à l'exil, au travail et à la mort.

Un autre poète, né cinq cents ans après Moïse, nous a appris comment, dans une autre circonstance, la pomme ne fut pas moins fatale au genre humain.

Aux noces de Téthis et de Pelée, la Discorde, qu'on avait oublié d'inviter, jeta, pour se venger, au milieu de l'assemblée des dieux et des déesses, une pomme portant cette inscription : « A la plus belle. »

Trois déesses crurent avoir droit à la pomme : Minerve, Junon et Vénus ; elles allèrent devant Pâris, qui l'adjugea à Vénus.

Il y avait encore une autre déesse qui avait des prétentions à la beauté, et qui n'avait point oublié que le jour où Vénus avait été proclamée la plus belle, un affront lui avait été fait. C'était la mariée elle-même, la femme de Pelée, la mère d'Achille, la belle Thétis : aussi, sachant que Vénus devait, sur le rivage des Gaules, venir chercher des perles pour se faire un collier, ordonna-t-elle à tous les monstres de la mer de tâcher de s'emparer de cette pomme, pour laquelle Vénus n'avait pas craint de se montrer nue au beau berger du mont Ida.

Et en effet, tandis que Vénus cherchait des perles, au même endroit sans doute où son fils César vint pêcher celle dont il devait payer l'amour de Servilie, un triton lui déroba sa pomme, et alla la porter à Thétis. Thétis, aussitôt, pour vulgariser le fatal présent de la Discorde, et afin que toutes les déesses pussent avoir la leur, prit les pépins de la pomme et les planta sur les rivages de la Normandie.

De là viennent, disent nos aïeux, les vieux Celtes, la multitude de pommiers qui poussent du Maine à la Bretagne et la beauté des femmes de toute cette côte septentrionale.

Malgré le mauvais tour joué par Thétis à Vénus, les pommes, et surtout celles des Hespérides, étaient restées précieuses dans l'île de Scyros, puisque Atalante, la fille du roi, perdit, à la fois, le prix de la course et sa liberté, pour ramasser les pommes qu'Hippomène laissait tomber sur sa route.

La pomme avait cessé d'être un fruit rare, et son prix était rentré dans celui des autres comestibles du même genre, puisque Solon, effrayé des sommes énormes que coûtaient les repas de noces chez les Atheniens, ordonna que les mariés ne mangeassent qu'une pomme à eux deux, avant de se mettre au lit.

Pline et Diodore de Sicile parlent des pommes comme d'un fruit très estimé des Romains, et surtout lorsqu'elles venaient des Gaules ; mais ni l'un ni l'autre ne dit qu'on en tirât une boisson quelconque. Saint Jérôme est le premier qui parle du cidre et qui constate que les Hébreux en faisaient une de leurs boissons habituelles. Tertullien, qui vivait vers la fin du IIe siècle à Carthage, et saint Augustin, qui vivait vers la fin du IVe siècle à Hippone, parlent tous deux du cidre des Africains.

Mais la première trace que l'on trouve de l'existence de cette boisson en France est dans les Capitulaires de Charlemagne, où il est question des fabricants de cidre et de poiré. Mais, à cette époque, le cidre avait déjà, avec les Maures, traversé le détroit de Gibraltar.

Voici comment :

Mahomet, l'an 609 de l'ère chrétienne, publie son Coran ; sans défendre positivement le vin aux Arabes, il le leur présente comme une liqueur pernicieuse qu'il ne leur conseille de boire qu'à titre de médicament. Aussi, dans toutes les villes tartares que j'ai visitées, ai-je vu les marchands de vin intituler leur boutique ; "Balzam", c'est-à-dire Pharmacie. Du moment où le vin se vend dans une pharmacie, ce n'est plus du vin, en effet, c'est un médicament.

Pour obéir à Mahomet, les Arabes alors imitèrent les Hébreux, et du fruit des pommiers et des poiriers firent du cidre.

Appelés en Espagne par la trahison du comte Julien, ils y transportèrent leur science agriculturale sur laquelle les Espagnols vivent encore aujourd'hui. Ce fut en Biscaye que se firent les premiers essais de ce genre.

De Biscaye, l'usage passa en France. Les Normands l'accueillirent tout particulièrement, leur pays étant fécond en pommiers et stérile en vigne. Guillaume-le-Conquérant l'implanta en Angleterre en même temps que son drapeau, après la bataille d'Hastings, en 1066.

D'Angleterre, l'usage du cidre s'est répandu en Allemagne et même en Russie.

Il existe, au reste, une brochure qui a recueilli, sous le titre : De Origine Cidri, tout ce que la science humaine a colligé sur cet intéressant sujet.

Maintenant, je présume que vous êtes au courant des derniers travaux de Pasteur sur la fermentation du cidre, et que vous savez que le ferment n'est autre chose que l'agglomération par milliards de petits animalcules ou plutôt de cryptogames, moitié animaux, moitié végétaux, qui, sous le nom de microzoaires et de microphites, opèrent ce singulier travail, de changer le sucre en alcool, travail qui se fait chez eux tout simplement par la digestion.

Voilà tout ce que je sais sur le cidre, et je m'empresse de vous vider mon sac, pour vous prouver combien j'ai bon souvenir de votre réception, et comment je serai heureux d'aller un jour avec ma fille vous demander l'hospitalité d'une demi-semaine.

Mille compliments empressés.

"Alexandre Dumas."

Bibliothèque municipale, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex


 

 

 

1895


Paul-Élie Ranson (1861-1909) artiste peintre et graveur nabi français.

Femme cueillant des pommes ou La cueillette des pommes

Musée départemental Maurice Denis "The Priory"


 

 

 

1871

Lettre à M. Jules-Auguste Oudin (1819-1882)

Directeur de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie sur les origines du pommier parn A. Pannier  (1871).

- Extrait du Bulletin de la société d'horticulture et de botanique du centre de la normandie, années 1866-1877, pp. 209-229.


Monsieur,

Depuis le court entretien que j'ai eu avec vous, j'ai, de nouveau, étudié la Pomme, ce fruit par excellence qui a toutes les préférences du Normand et fait l'ornement de sa table. Comme vous me le disiez avec raison, le Pommier serait d'origine asiatique, ce qui est tout-à-fait conforme au texte de la Bible et des anciens auteurs sacrés qui placent le Paradis terrestre en Asie ; mais ce qui me paraît important à signaler c'est que le Pommier croît à l'état sauvage et spontané dans toutes les contrées du globe, mais, particulièrement, dans les forêts de l'Europe. Dans les bois et dans les haies qui bordent nos chemins normands, le Pommier semble se plaire plus que partout ailleurs. Le Pommier cultivé croît et se développe en Normandie dans tous les terrains ; toutes les expositions paraissent lui convenir ; c'est sa terre de prédilection.

La question de l'origine du Pommier n'est pas sans intérêt pour le botaniste. "On ne sait pas bien, lisons-nous dans le Dictionnaire universel de Trévoux, rédigé par de savants bénédictins (Paris 1743), la place où était le Paradis terrestre, ce jardin de délices où Eve cueillit la première pomme qu'elle partagea avec Adam, son époux, et d'où ils furent chassés à cause de leur désobéissance." Les uns le placent dans la Judée, les autres dans la Syrie ; d'autres, enfin, dans la Grande Arménie. L'opinion la plus généralement répandue est celle qui le met dans la Chaldée, entre le confluent de l'Euphrate et du Tigre. Ces deux fleuves arrosaient le Paradis terrestre. Le Phison et le Gihon, les deux autres fleuves du Paradis, dont parlent les auteurs sacrés, étaient probablement les deux branches du Tigre et de l'Euphrate, après leur séparation. Comme vous voyez, la question de l'origine du Pommier est encore, si je puis m'exprimer ainsi, en suspens et, loin d'être résolue. Les savants n'ont jamais pu s'accorder sur le point de savoir où s'élevait l'Arbre de Vie ; et, comme il arrive souvent, on a disputé pendant longtemps sans pouvoir s'entendre. Si les quatre fleuves dont parle la Bible ne me dérangeaient pas, je placerais volontiers le Paradis terrestre en Normandie, au confluent de la Touques et de l'Orbiquet, sur les bords fleuris de ces deux rivières qui se réunissent au Sud de notre ville, au point de séparation de deux charmantes vallées, encadrées par de riantes collines, couvertes de pommiers. Si le Pommier n'est pas d'origine gauloise on peut assurer, sans se tromper, qu'il était connu des Romains et qu'il a été, depuis, naturalisé normand, son pays d'adoption.

Dans le langage anatomique on désigne sous le nom de Pomme d'Adam, le cartilage du larynx, parce qu'il forme une grosseur semblable à celle d'une noix et que cette grosseur est regardée comme la marque de la pomme que le premier homme mangea dans le Paradis et dont le morceau lui resta dans le gosier. Je crois que la pomme d'Adam est plus prononcée chez les Normands que parmi les autres provinciaux, ce qui me paraît très significatif.

Agréez, Monsieur et cher directeur, l'assurance de mes sentiments distingués.
 

 

 

La saison des pommes par les peintres - 

Edward John Cobbett (1815-1899) 

fille au panier de pommes

 

 

 

1890

Pierre Cécile Puvis de Chavannes (1824-1898) peintre français.

Recolte des Pommes


 

 

La saison des pommes par les peintres - 

Sophie Gengembre Anderson (1823-1903) 

automne enfant et pommes


 

 

 

Pierre-François-Amédée Tissot (1816-1887), Journaliste : le Lexovien ; fondateur de l’Almanach de Lisieux ; leNouvelliste ; la Sylphide ; le Journal du samedi ; bibliothécaire de la Ville, secrétaire de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie et membre de plusieurs Sociétés savantes, a composé sur la Pomme les vers qui suivent :

Ces huit strophes ou couplets inspirés par l'aspect que présentent, en automne, nos vergers plantés de pommiers chargés de fruits, ont été mis en musique et composent une chanson de table fort agréable.

 


La pomme


I
 
On a souvent chanté la vigne ;

On a célébré le raisin ;

Sans doute à cet honneur insigne

Ils ont droit puisqu'ils font le vin.

Je trouve bien qu'on les renomme,

Mais je crois, sans les humilier,

Qu'on peut aussi chanter la pomme

Et le pommier.


 
II
 
De la vigne on exalte l'âge,

Mais dans le Paradis perdu

Adam ne voit que son feuillage

Et la pomme est fruit défendu.

Bien avant que Noë se grise,

La pomme s'est fait apprécier ;

Eve aussi se trouva surprise

Sous un pommier.


 
III
 
De pampres verts si l'on couronne

Le front bourgeonné de Bacchus,

C'est le fruit du pommier que donne

Le berger Pâris à Vénus.

Ce n'est point sous la treille impure

Que Pâris fut la glorifier :

Vénus détacha sa ceinture

Sous un pommier.


 
IV
 
Le pommier, c'est de la science

L'arbre fécond et glorieux :

A son ombre, avec patience,

Laplace nous décrit les cieux ;

Durville interroge la Sphère,

Newton s'éveille, et, le premier,

Surprend un secret à la terre

Sous un pommier. 


 
V
 
Sous un pommier le grand Corneille

Evoque ses mâles héros.

Malherbe naît ; Boëldieu veille ;

Le Poussin saisit ses pinceaux ;

Bérat fredonne son idylle ;

Et l'on sait qu'un pauvre ouvrier 

Créa le joyeux vaudeville

Sous un pommier.


 
VI
 
On dit que Bacchus eut la gloire

De soumettre l'Inde à ses lois ;

Mais le vin qu'il apprend à boire

N'excite pas seul aux exploits.

Le cidre aussi monte la tête,

Et Guillaume, le fier guerrier,

D'Albion rêva la conquête

Sous un pommier.


 
VII
 
Il est un pays qu'on renomme

Pour son courage et sa fierté,

Qui révère dans une pomme

L'emblême de sa liberté ;

C'est la Suisse ! - Sa délivrance

Apprend à l'univers entier

Qu'on trouve aussi l'indépendance

Sous un pommier.


 
VIII
 
Qui dit pomme, dit Normandie ;

Du pays j'ai le souvenir :

Pauvre enfant j'y vins à la vie,

Pauvre vieillard j'y veux mourir.

De moi s'il n'a rien à prétendre,

Je veux qu'au moins mon héritier

Ait soin de déposer ma cendre

Sous un pommier.

David Armstrong - pommes

 

 

 

1878

Winslow Homer (1836-1910) 

Dessinateur, peintre, graveur et illustrateur américain, 

Cueillette des pommes 

 

 

 

William Adolphe Bouguereau (1825-1905) peintre

Tentation

 

 

1880

John George Brown (1831-1913)

Le cidre

 

 

 

1886

Louise Breslau (1856-1927)

Portrait de Mlle Julie Feurgard (Sous les pommiers), 

 


 

Levi Wells Prentice  (1851–1935) -

Pommes dans un seau en étain - 1892

 

 

Levi Wells Prentice (1851–1935) - Pommes


 

 

 

Claude Monet (1840-1926) peintre français 

Pommiers en fleurs à Giverny


 

 

 

Edward Burne-Jones (1833-1898) pour Morris & Co. (1886-1920). 

Edward Burne-Jones était l'un des fondateurs de l'influent groupe Morris, Marshal, Faulkner and Company, Art Workmen de William Morris, 

Pomona, la déesse des arbres fruitiers, des jardins et des vergers – démontrent l'affinité particulière de Burne-Jones pour la représentation des dieux, des déesses et des légendes anciennes. S'appuyant sur un large éventail d'influences allant du Japon contemporain à l'antiquité romaine et grecque en passant par les styles médiévaux. 

 

Poems by the way By : 

Poems (World's classic's) - 1891

William Morris (1886-1920) fabricant, designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur et architecte britannique, 

 

L'ancienne pomme

Je suis l'ancienne reine des pommes,

comme je l'étais autrefois, je le suis maintenant.

Pour toujours un espoir invisible,

Entre la fleur et la branche.

 

Ah, où est l'or caché de la rivière !

Et où se trouve la tombe venteuse de Troie ?

Pourtant je viens comme je viens d'autrefois,

Du cœur de la joie de l'été.

 

 

 

Eugène Deully (1860-1933) peintre français.

les pommiers sont en fleurs


 

 

 

Arthur Rackham (1867-1939) -

 La récolte des pommes

 

 

Arthur Rackham (1867-1939) -

Le pommier


 

 

 

XX° siècle

 

Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), poétesse, romancière, journaliste, historienne, sculptrice et dessinatrice française.

(Ferveur, 1902)

 

Une pomme

 

L’odeur de mon pays était dans une pomme.

Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,

Pour me croire debout dans un herbage vert.

L’herbe haute sentait le soleil et la mer,

L’ombre des peupliers y allongeaient des raies,

Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,

Se mêler au retour des vagues de midi…

 

Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte

Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,

Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie

De tes prés, copieuse et forte Normandie ?…

Ah! je ne guérirai jamais de mon pays!

N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis

Dans la fraîcheur, la paix et toute l’innocence?

 

Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?…

 

 

 

 

Philéas Lebesgue (1869-1958) dans le même lieu, écrivain français à la fois poète, romancier, essayiste, traducteur et critique littéraire.

 

 

La pomme

 

Bel automne

À moi tes pommes,

Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !

J’y veux mordre à pleines dents ;

J’y veux boire à pleines lèvres :

Bel automne,

À moi tes pommes

Pour le pressoir qui les attend !

J’en veux faire éclater la fine chair

Entre les mâchoires de fer ;

J’en veux tirer la liqueur blonde ;

À grand effort de vis et de levier,

J’en veux faire jaillir une source de songe !

Pour défier

L’ennui de l’hiver et des mois sombres,

Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.


 
Bel automne

À moi tes pommes !

Aux glèbes fraîches,

Mon blé germe :

Qu’importe le passé ? J’ai semé l’avenir.

Les feuilles sèches,

Au gré du vent peuvent courir

Dans la brume des soirs ternes ;

 

Si j’ai du cidre

En mon cellier,

Il m’est permis d’oublier

L’angoisse même de vivre,

L’angoisse de marcher ployé,

Et d’être si peu, si peu libre !

Laurent Lepage - les broyeurs de pommes


 

 

 

1900

L'art Nouveau et l'Ecole de Nancy - Broderie 

L'Art nouveau fut une aventure fabuleuse qui, particulièrement dans la ville de Nancy, réunit une "école" d'artistes. 

La richesse créative de cet " art 1900 ", où la nature est souvent source d'inspiration, a laissé un patrimoine abondant où puiser des idées pour des broderies d'aujourd'hui. 

La femme au pommier - Broderie encadrée


 

 

 

Année 1900

Vase style Art nouveau

Emile Gallé 

Vase tubulaire légèrement conique , à décor gravé en profonde réserve de branches de pommier de couleur rose et rouge sur un fond jaune très lumineux .


 


 

1910

Au tournant du 19e et du 20e siècle, la Lettonie fait encore partie de l’empire russe, mais le mouvement qui va s’avérer essentiel pour la formation de l’identité nationale et conduire à la création de l’État letton indépendant est déjà amorcé :

"L’Art nouveau dans les arts décoratifs".


Dans la tapisserie d’autel, on peut distinguer son approche novatrice, consistant à placer le motif symbolique du pommier dans la partie centrale de la composition. 

Cet arbre revêt une signification particulière pour les Lettons : il est le symbole de l’art national populaire, des contes et des chansons folkloriques. Il apparaît d’ailleurs aussi sur le croquis d’un autre projet de tapisserie d’autel (vers 1910).

 

Janis Rozentāls, tapisserie d’autel, église Saint-Jean de Riga, 1910.


 

 

 

Maurice Denis (1870-1943) 

peintre français du groupe des nabis, également décorateur, graveur, théoricien et historien de l'art.

Un enfant endormi sous un pommier, 1903

 

 

 

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français, 

 


La fleur de pommier


Joli rossignol et fleur de pommier,

Si la neige tombe au mois de juillet,

Joli rossignol et fleur de pommier

C’est que le soleil en janvier brillait,

Joli rossignol et fleur de pommier.

 

 

 

Frédéric Le Guyader (1847-1926) écrivain français.

La chanson du cidre

..."Il n est pas, dans toute l Armorique, un lettré, ni le plus modeste amateur de poésie, qui ne tienne La Chanson du Cidre pour une des uvres les plus puissantes et les plus originales que le génie de notre race ait dédiées à notre Patrie. [...] "

Ce recueil lyrique ne ressemble à aucun autre qui l eût précédé ou suivi... [...] Frédéric Le Guyader, magicien plus puissant que Merlin, a fait surgir une Bretagne gaie. Que dis-je gaie ! éclatante de bonne humeur, de bel appétit et d' inextinguible soif, entraînée autour des tonneaux ruisselants de Grandgousier et des chaudrons fumants de Gamache dans une ronde frénétique... » (extraits de la Préface). 

 

 



 

Jean-Pierre Rosnay (1926-2009) poète et écrivain français du XX° siècle. 


 

Le pommier et l'enfant


Un jeune garnement connu dans son village

Pour avoir plus de goût à courir dans les champs

Qu'à seconder son père, au jour du labourage

Se fit prendre un matin

Deux pommes dans les mains.

On en avertit les notables

Le maire sa femme et le curé

Puis après l'avoir attrapé

On mit les pommes sur la table.

D'où tiens-tu ces fruits garnement

Interrogea Monsieur le Maire

Péché avoué est à moitié pardonné

Poursuivit Monsieur le curé

Mais si tu persistes à te taire

Le coeur du Christ va saigner

Alors l'enfant leva la tête et dit

Allez donc chercher le pommier !

Il me les a données parce que c'était ma fête

Allez donc le lui demander.

 

Eugene de Blaas (1843-1931) -enfant et pommes


 

 

 

Pierre-François-Amédée Tissot (1816-1887), Journaliste : le Lexovien ; fondateur de l’Almanach de Lisieux ; leNouvelliste ; la Sylphide ; le Journal du samedi ; bibliothécaire de la Ville, secrétaire de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie et membre de plusieurs Sociétés savantes, a composé sur la Pomme les vers qui suivent :

Ces huit strophes ou couplets inspirés par l'aspect que présentent, en automne, nos vergers plantés de pommiers chargés de fruits, ont été mis en musique et composent une chanson de table fort agréable.

 


La pomme


I
 
On a souvent chanté la vigne ;

On a célébré le raisin ;

Sans doute à cet honneur insigne

Ils ont droit puisqu'ils font le vin.

Je trouve bien qu'on les renomme,

Mais je crois, sans les humilier,

Qu'on peut aussi chanter la pomme

Et le pommier.


 
II
 
De la vigne on exalte l'âge,

Mais dans le Paradis perdu

Adam ne voit que son feuillage

Et la pomme est fruit défendu.

Bien avant que Noë se grise,

La pomme s'est fait apprécier ;

Eve aussi se trouva surprise

Sous un pommier.


 
III
 
De pampres verts si l'on couronne

Le front bourgeonné de Bacchus,

C'est le fruit du pommier que donne

Le berger Pâris à Vénus.

Ce n'est point sous la treille impure

Que Pâris fut la glorifier :

Vénus détacha sa ceinture

Sous un pommier.


 
IV
 
Le pommier, c'est de la science

L'arbre fécond et glorieux :

A son ombre, avec patience,

Laplace nous décrit les cieux ;

Durville interroge la Sphère,

Newton s'éveille, et, le premier,

Surprend un secret à la terre

Sous un pommier. 


 
V
 
Sous un pommier le grand Corneille

Evoque ses mâles héros.

Malherbe naît ; Boëldieu veille ;

Le Poussin saisit ses pinceaux ;

Bérat fredonne son idylle ;

Et l'on sait qu'un pauvre ouvrier 

Créa le joyeux vaudeville

Sous un pommier.


 
VI
 
On dit que Bacchus eut la gloire

De soumettre l'Inde à ses lois ;

Mais le vin qu'il apprend à boire

N'excite pas seul aux exploits.

Le cidre aussi monte la tête,

Et Guillaume, le fier guerrier,

D'Albion rêva la conquête

Sous un pommier.


 
VII
 
Il est un pays qu'on renomme

Pour son courage et sa fierté,

Qui révère dans une pomme

L'emblême de sa liberté ;

C'est la Suisse ! - Sa délivrance

Apprend à l'univers entier

Qu'on trouve aussi l'indépendance

Sous un pommier.


 
VIII
 
Qui dit pomme, dit Normandie ;

Du pays j'ai le souvenir :

Pauvre enfant j'y vins à la vie,

Pauvre vieillard j'y veux mourir.

De moi s'il n'a rien à prétendre,

Je veux qu'au moins mon héritier

Ait soin de déposer ma cendre

Sous un pommier.

 

David Armstrong - pommes


 


 

Lucy Maud Montgomery (1874-1942) romancière, poète et essayiste canadienne 

1908 par Anne ... la maison aux pignons verts. 

"Les fleurs de pommiers étaient écloses, le monde semblait frais et neuf."


 

 

 

1888

Gustave Le Vavasseur (1819- 1896) poète et écrivain français 
Pseudonyme : Civilis, Gustave Delorne

Poésies fugitives

Poésies complètes, Lemerre, 1888, 

 


Fleur de pommier 

 

Un matin du premier printemps,

Sur les fleurs naissantes les anges

Baissaient les yeux de temps en temps

Pour les voir sortir de leurs langes.


 
Ils demeurèrent interdits

Devant les merveilles écloses,

Le grand pommier du Paradis

Était tout couvert de fleurs roses.

 

À l’ombre des rameaux coquets

Ève éblouie était assise,

Perdue au milieu des bouquets

Qui lutinaient sa convoitise.

 

Vers elle elle vit se pencher

Une fleur si rose et si blanche,

Qu’Ève, cette fois, sans pécher,

La cueillit et cassa la branche.

 

Orgueil innocent et charmant !

Ève, femme et déjà coquette,

Sourit ; son premier mouvement

Est d’humilier sa conquête.

 

Elle admire de son larcin

Les splendeurs blanches et vermeilles

Et les rapproche de son sein

Pour comparer les deux merveilles.

 

Ses yeux, rassasiés d’amour,

Brillent d’une nouvelle flamme,

En voyant, dès le premier jour,

La fleur pâlir devant la femme.

 

Elle triomphe, mais Adam,

Jaloux et la mine inquiète,

Demi-boudant, demi-grondant,

Vient tout à coup troubler la fête.

 


« Pourquoi dépouiller le jardin

Que Dieu pour nous plante et décore

Et, par un orgueil enfantin,

Cueillir la fleur qui vient d’éclore ?

 

« Vous humiliez sans effort,

Ô femme jalouse et cruelle,

Ce pauvre rameau déjà mort,

Mais cela vous rend-il plus belle ?

 

"Ces fleurs renfermaient des fruits

Dont votre caprice nous prive,

Ève, et que vous avez détruits

Dans votre vanité naïve."

 

"Éve se tut, goûtant le fiel

De ces amertumes étranges

Et, levant les yeux vers le ciel,

Sembla prendre à témoins les anges.

 

Les bénins anges du Seigneur

N’avaient point baissé la paupière

En voyant la femme et la fleur

S’épanouir dans la lumière.

 

Lorsque l’automne fut venu,

Couvert de fruits pleins de mystère,

Le grand pommier, mal soutenu,

Ployait souus le faix jusqu’à terre.

 

Le rameau voisin du premier,

Brisé jadis par la main d’Ève,

Est le plus chargé du pommier ;

Ses fruits ont une double sève.

 

Une pomme éclate au milieu

Sous la pourpre qui la colore

Et la défense du bon Dieu

La rend plus séduisante encore.

 

Vers toi l’œil d’Ève est attiré,

Mystique et tentante merveille,

Car le serpent a murmuré

Un mot perfide à son oreille.

 

Cette fois, plus habile au jeu,

La femme, instruite à la malice,

Pour désobéir au bon Dieu,

Veut avoir l’homme pour complice.

 

On sait quel fut le dénouement

De la première comédie

Et, grâce au tentateur, comment

Elle finit en tragédie.

 

Ce fut l’affaire d’un moment.

Par sa femme Adam l’impeccable

Fut tenté plus facilement

Qu’Ève ne le fut par le diable.

 

Les anges, amis des élus,

Tristes et voilés de leurs ailes

Priaient et ne regardaient plus

Les frères des anges rebelles.

 

Un seul descend vers les maudits

Et, par Dieu même armé d’un glaive

Il les chasse du Paradis.

Adam semblait se plaindre d’Ève,

 

Mais l’ange, tout en les chassant,

Lui disait : homme trop sévère

Qui, pour un caprice innocent,

Te courrouçais à la légère,

 

Ah, de cet arbre de douleurs,

Ève, pour le repos des hommes,

Aurait bien du cueillir les fleurs

Au lieu de convoiter les pommes !

 

Cueillir avec des yeux distraits

La fleur de la terre promise

Qui semble éclore tout exprès,

Peut être une chose permise.

 

Dieu sourit au cœur virginal,

Mais il maudit la femme et l’homme

Qui, sachant le bien et le mal,

À l’arbre vont cueillir la pomme.

 

Jules Scalbert, fleur de pommier


 

 

 

XX° siècle

 

1930


Les demeures philosophales furent publiés sous le nom de plume de Fulcanelli et préfacés par Eugène Canseliet (1899-1982), qui se présente comme le disciple en alchimie de Fulcanelli, et illustrés par le peintre et occultiste Jean-Julien Champagne (1877-1932), ancien élève du peintre Gérôme. Tout un chapitre est consacré au manoir de "La salamandre de Lisieux."

Bien connue autrefois des Lexoviens, cette modeste demeure du XVIème siècle, sise au numéro 19 de la rue aux Fèvres, précise Fulcanelli, est d'origine incertaine et ignorée du grand public.


Dans sa préface à la deuxième édition des Demeures (Omnium Littéraire, 1960), Eugène Canseliet regrette que ce manoir ait été détruit en 1944.

Dans ses Deux Logis Alchimiques (Pauvert, 1979), Eugène Canseliet revient sur le motif  croqué par Julien Champagne (planche VII des Demeures): La Salamandre et le Singe au pommier

"Il est évident que la Nature se réjouit de la Nature, et que la Nature maintient la Nature, et que la Nature vainc la Nature, et qu'elle domine. Par cette sentence, tout l'OEuvre est pénétré...

C'est l'explication de l'anthropoïde, tout à la fois conduit et conducteur que, de son côté, en cette même moitié du XVIème siècle, l'Adepte inconnu de Lisieux faisait sculpter, sur le pilier de son manoir, cueillant et mangeant les pommes du Jardin clos des Hespérides.


Aujourd'hui, on nous dit que le logis alchimique en question n'aurait pas été réduit en miettes lors des bombardements "libérateurs" des alliés à la fin de la seconde guerre mondiale; il aurait été, vers 1899 puis en 1912, donc peu avant le premier conflit mondial, démonté pierre par pierre et relevé à Etretat.


Ce qui est exact, c'est que l'on peut trouver de nos jours à Etretat un hotel restaurant, dont nous avons pu goûter le charme, et qui ressemble à s'y méprendre à la demeure de Lisieux.

 


Le singe au pommier


Fulcanelli nous décrit le motif :

"Sur le pilier médian du rez-de-chaussée, le visiteur découvre un curieux bas-relief. Un singe y est occupé à manger les fruits d'un jeune pommier, à peine plus élevé que lui."

Et voici maintenant le commentaire d'"un homme pour l'éternité", en référence à Thomas Morus :

"Devant ce sujet, qui traduit pour l'initié la réalisation parfaite, nous abordons l'OEuvre par la fin. Les brillantes fleurs, dont les couleurs vives et chatoyantes faisaient la joie de notre artisan, se sont fanées et éteintes les unes après les autres;

les fruits ont alors pris forme et, de verts qu'ils étaient au commencement, s'offrent maintenant à lui parés d'une brillante enveloppe pourprée, sûr indice de leur maturité et de leur excellence.

C'est que l'alchimiste, dans son patient travail, doit être le scrupuleux imitateur de la nature, le singe de la création, suivant l'expression génuine de plusieurs maîtres.

Guidé par l'analogie, il réalise en petit, avec ses faibles moyens et dans un domaine restreint, ce que Dieu fit en grand dans l'univers cosmique."




 

1924


André Breton (1896-1966)
poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du surréalisme.
Prose poétique

Poisson soluble, 1924

..."Qu'a-t-on su faire des diamants, sinon des rivières ? La pluie grossit ces rivières, la pluie blanche dans laquelle s'habillent les femmes à l'occasion de leurs noces, et qui sent la fleur de pommier"...
 

 

 

1933

Carl Gustav Jung (1875-1961) psychiatre, psychanalyste et penseur suisse
Dialectique du Moi et de l'inconscient, 1933

Psychanalyse

La valeur personnelle ne peut résider que dans l'élaboration philosophique, et non point dans la vision primaire. Celle-ci, au début, chez le philosophe aussi, germe simplement et pousse ses bourgeons à partir du même fond d'idées communes à l'humanité, patrimoine auquel participe en principe tout un chacun :

"c'est du même pommier que proviennent toutes les pommes d'or, que ce soit un apprenti serrurier débile ou un Schopenhauer qui les ramasse, lorsqu'elles tombent au souffle de la vie."

Henry Ryland -   Le pommier en fleurs.

 

 

 

John French Sloan (1871-1951) peintre américain

Le cidre


 

 

 

Jules Supervielle, (1884-1960) poète et écrivain franco-uruguayen.

 

Le pommier

 

A force de mourir et de n’en dire rien

Vous aviez fait un jour jaillir, sans y songer,

Un grand pommier en fleurs au milieu de l’hiver

Et des oiseaux gardaient de leurs becs inconnus

L’arbre non saisonnier, comme en plein mois de mai,

Et des enfants joyeux de soleil et de brume

Faisaient la ronde autour, à vivre résolus.

Ils étaient les témoins de sa vitalité.

Et l’arbre de donner ses fruits sans en souffrir

Comme un arbre ordinaire, et, sous un ciel de neige,

De passer vos espoirs de toute sa hauteur.

Et son humilité se voyait de tout près.

Oui, craintive, souvent, vous vous en approchiez.

 

Édouard Edmond Doigneau (1865-1954) - cueillette des pommes


 


 

Richard Nathaniel Wright (1908-1960) romancier, poète, essayiste et journaliste afro-américain.

 


Une fleur de pommier

Qui sous le poids des abeilles

Tremble au soleil.

***

An apple blossom

Trembling on a sunlit branch

From the weight of bees.

 

 

 

Raoul David (1876-1950) - peintre

Vitré - pommiers en fleurs - Bretagne

 

 


Paul Vérone (1897-1961) - peintre

Cueillette des pommes


 

 

 

Suivant l’analyse de Paul Diel (1893-1972) psychothérapeute français d'origine autrichienne,  

"la pomme, par sa forme sphérique, signifierait globalement les désirs terrestres ou la complaisance en ces désirs"

 

 

 

Géo Norge (pseudonyme de Georges Mogin 1898-1990) poète belge francophone.

 

 

Petite pomme

 

La petite pomme s’ennuie

De n’être pas encore cueillie.

Les autres pommes sont parties,

Petite pomme est sans amie.

 

Comme il fait froid dans cet automne !

Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.

Comme on a peur au verger noir

Quand on est seule et qu’on est pomme.

 

 
Je n’en puis plus viens me cueillir,

Tu viens me cueillir Isabelle ?

Comme c’est triste de vieillir

Quand on est pomme et qu’on est belle.

 

Prends-moi doucement dans ta main,

Mais fais-moi vivre une journée,

Bien au chaud sur ta cheminée

Et tu me mangeras demain.

 

    
 

Bradi Barth (1921-2007) peintre belge

Vierge au pommier

 

 

 

1960

 

Abbé Charles Lemercier (XIX° siècle)  auteur  

Avec les grands poètes de chez nous

Anthologie par Germaine Toulouse

Les éditions de l'école, 1960

 

Les pommiers


 
Comme ils sont jolis les pommiers

Au printemps, quand toutes leurs branches

Se parent de corolles blanches...

Comme ils sont jolis les pommiers.


Comme ils sont heureux les pommiers

À l'été, quand sous leur ombrage,

Fuyant le soleil ou l'orage,

Viennent s'abriter les fermiers...

 

 Comme ils sont joyeux les pommiers

À l'automne, quand leur feuillage

Se remplit du gai babillage

Des mésanges et des ramiers,

Et que leurs pommes enfin mûres

Leur font de splendides parures...

Comme ils sont joyeux les pommiers.

 

Paul Elie Ranson (1861-1909) - pommier.

 

 

1961


Eugène Guillevic (1907-1997) poète français. 

Carnac - éditions Gallimard, 1961.


 Le pommier

 

"Dans l'arbre privé de fruits et de feuilles

Qui déjà se lasse

 

Des rameaux jouant pour ne pas trop voir

Le soleil couchant

 

Une pomme est restée

Au milieu des branches.

 

Et rouge à crier

Crie au bord du temps"

 

 

 

1963


Eugène Guillevic (1907-1997) poète français. 

 Sphère - éditions Gallimard, 1963.

 

 

Le rond et la pomme

 


"Qu’est-ce qu’il y a donc 

de plus rond que la pomme ?

 

- Si lorsque tu dis : rond, 

Vraiment c’est rond que tu veux dire, 

mais la boule à jouer 

Est plus ronde que la pomme ;

 

mais si, quand tu dis : rond, 

C’est plein que tu veux dire, 

plein de rondeur 

Et rond de plénitude,

 

Alors il n’y a rien 

de plus rond que la pomme"


 

 

1969

 

 

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, 

dans le Dictionnaire des symboles 

(1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 

    ..."Dans les traditions celtiques, la pomme est un fruit de science, de magie et de révélation. Elle sert aussi de nourriture merveilleuse. La femme de l'Autre Monde qui vient chercher Condle, le fils du roi Conn aux cent batailles, lui remet une pomme qui suffit à sa nourriture pendant un mois et ne diminue jamais. Parmi les objets merveilleux, dont la quête est imposée par le dieu Lug aux trois fils de Tuireann, en compensation du meurtre de son père Cian, figurent les trois pommes du Jardin des Hespérides : quiconque en consomme n'a plus ni faim ni soif, ni douleur, ni maladie et elles ne diminuent jamais. Dans quelques contes bretons, la consommation d'une pomme sert de prologue à une prophétie.

    Si la pomme est un fruit merveilleux, le pommier (Abellio, en Celte) est lui aussi un arbre de l'Autre-Monde. C'est une branche de pommier que la femme de l'Autre-Monde, qui vient chercher Bran, lui remet avant de l'entraîner par-delà la mer. Emain Ablach en irlandais, Ynys Afallach en gallois (l'île d'Avallon), autrement dit la pommeraie est le nom de ce séjour mythique, où reposent les rois et les héros défunts. Dans la tradition brittonique, c'est là que le roi Arthur s'est réfugié en attendant de revenir délivrer ses compatriotes gallois et bretons du joug étranger. Merlin, d'après les textes, enseigne sous un pommier. C'était chez les Gaulois un arbre sacré comme le chêne"...

 

 

Charles Vildrac (Charles Messager 1882-1971)  poète, conteur, essayiste, dramaturge et pédagogue libertaire français. 

 


La pomme et l’escargot

 

Il y avait une pomme

A la cime d’un pommier;

Un grand coup de vent d’automne

La fit tomber sur le pré !

 

Pomme, pomme,

T’es-tu fait mal ?

J’ai le menton en marmelade

Le nez fendu

Et l’oeil poché !

 

Elle tomba, quel dommage,

Sur un petit escargot

Qui s’en allait au village

Sa demeure sur le dos

 

Ah ! stupide créature

Gémit l’animal cornu

T’as défoncé ma toiture

Et me voici faible et nu.

 

Dans la pomme à demi blette

L’escargot, comme un gros ver

Rongea, creusa sa chambrette

Afin d’y passer l’hiver.

 

Ah ! mange-moi, dit la pomme,

puisque c’est là mon destin;

par testament je te nomme

héritier de mes pépins.

 

Tu les mettras dans la terre

Vers le mois de février,

Il en sortira, j’espère,

De jolis petits pommiers.


 

 

1968

Apple Corps est une entreprise fondée en janvier 1968 par le groupe britannique The Beatles.Ce nom est un jeu de mots car l'homonyme anglais "apple core" signifie "trognon de pomme".

Le nom et le logo ont été inspirés du tableau Le Jeu de Mourre de René Magritte acheté par Paul McCartney et le design est complété par le graphiste irlandais Gene Mahon.

La pomme est une granny smith


 

 

 

 

René Barjavel (1911-1985) écrivain et journaliste français, 

L'enchanteur


..."Merlin avait besoin de solitude, de silence et de recharger ses forces. Il sourit à l'évocation de ses amis les arbres et se retrouva au milieu d'eux, dans sa chère forêt de Brocéliande. Il s'assit sur son pommier"...

Edward Burne-Jones - Merlin

 

 

René Barjavel (1911-1985) écrivain et journaliste français, 

Le Grand Secret 

..."Un pommier de Normandie, au printemps, se fait l’amour par cent mille fleurs. Comment peut-on croire que les plantes n’ont pas de sensibilité quand elles expriment d’une façon si fantastique la plus grande joie du monde ?"...


Louis Edouard Garrido (1893-1982) Les pommiers normands en fleurs


 

 

1976

Ronald Gerald Wayne,(1934) est l'un des trois cofondateurs d'Apple Computer le 1er avril 1976, avec Steve Jobs et Steve Wozniak. 
Il est l'auteur du premier logo de la firme.

 


 

Dès le début doutant de l’efficacité du logo d’Apple tiré du croquis de Ronals Wayne, Steve Jobs décide aussitôt, déjà en 1977, de s’en remettre à une agence de graphisme professionnelle. En l’occurrence, l’agence de Regis McKenna au sein de laquelle travaillait le designer Rob Janoff.

Histoire, ou légende :

Pour trouver l’inspiration, Janoff se rend au supermarché et achète un sachet de pommes. Quand il revient chez lui, il dispose les pommes sur la table de sa cuisine. Il laisse une des pommes telle quelle, les autres, il les coupe selon des formes diverses.

Tout ça a suffi pour que Rob Janoff propose à Steve Jobs deux versions différentes du nouveau logo d’Apple : l’une représentait la pomme tout entière, intacte, l’autre une pomme croquée. Face à ces deux prototypes, le fondateur d’Apple se tourne vers le deuxième, mais demande une modification substantielle : à la différence du logo monochrome proposé par Janoff (qui, après coup, s’est avéré bien plus prévoyant), Steve Jobs exige et obtient que la pomme soit divisée en bandeaux de différentes couleurs pour symboliser le côté humain présent derrière les ordinateurs et pour cibler un public jeune, les nouvelles générations.


 Ainsi la pomme croquée aux couleurs de l’arc-en-ciel est-elle devenue le logo d’Apple pendant les années 80 et 90.

 

 

 

Sharon Furze (1940) - peintre

Cueillette des pommes

 

 

 

Ruth Sanderson (1951)  Illustratrice anglaise

Cueillette des pommes

 

 

Guillaume Alexis Florent Prevel (1978) poète


Le pommier en fleurs


Joli pommier aux fleurs pastel

Reprend vigueur et force

Des racines jusqu’à l’écorce

Sous l’ombre furtive des premières hirondelles

 

Et laisse se poser sur tes petits bouquets

Roses pâles et ceux violacés

Les papillons courageux des soleils frisquets

Et réchauffe-les pour moi dans tes branches enlacées.

 

Henri Eisenberg pommier en fleurs

 

 

 

1992

Yves Paccalet (1945) écrivain, philosophe, journaliste et naturaliste français, 


"Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe 
(Éditions Robert Laffont S. A., 1992) 

 

2 août  (Fontaine-la-Verte)

    ..."Il existe une écologie des souvenirs. Chaque image s'intègre à un biotope de la mémoire hors duquel elle périt. Nous cueillons les pommes du mois d'août. Je reconnais l'odeur des fruits. Je revis le velours de leur peau sur mes lèvres. Leur pulpe blanche croque sous ma dent, et exhale une subtile vapeur d'acétone et de sucre.

    Certains courts-circuits de nos synapses produisent de délicieuses remembrances. Ils ont la fantaisie des lutins. ce qui m'émeut le plus, en cet instant, c'est le bruit des pommes qui tombent dans l'herbe. J'ai huit ou neuf ans ; je maraude dans un verger ; je me couche en travers du talus, tandis qu'un complice grimpé dans l'arbre secoue les branches. Le barrage de mon corps arrête en riant les fruits qui roulent sur la pente"...

Cesar Pattein (1882-1914) - Le voleur de pommes


 

 

 

Daniel Sannier (1944) peintre français

pommiers en fleurs

 

 

 

Jean-Luc Hennig (1945)

journaliste et écrivain français, 

dans le "Dictionnaire littéraire & érotique des fruits & légumes, 1994."

Il faut  voir dans la forme de la pomme :

 "ronde comme les fesses ou les joues des putti lanceurs"


Jeux de "Putti" -École flamande fin de XVIème siècle


 


 

Leb (1949) peintre

Aubade sous les pommiers 

 

 

 

2002

Patrick Marie peintre français

pommiers en fleurs 

 


 

Nicole de Buron (1929-2019) écrivaine et scénariste française

..."Incapable même de faire l'amour. Cela non plus ne vous est jamais arrivé. Votre vie de femme est-elle finie ? Heureusement, l'Homme plongé dans ses histoires de pommiers ne remarque rien.

Mais t'as-tout-pour-être-heureuse !"...


 


 

Pierre Gamarra (1919-2009) écrivain français, romancier, poète et critique. Il est aussi l'auteur d'essais et de pièces de théâtre.

 

Pépin de pomme

 

Graine de pomme dans ma main,

Goutte brune, tendre pépin,

Je tiens le pommier dans ma main.

 

 Je tiens le tronc et les ramures

Et les feuilles et les murmures,

La chanson des oiseaux vivants

Et les mille routes du vent.


 
Graine fine, pépin léger,

Dans ma main, je tiens le pommier,

Pépin menu, graine fragile,

Si je te jette au sol profond,

Par dessous les pluies et les neiges,

Voici les fleurs, voici les fruits,

La lune sur les pommes bleues,

Le soleil sur les pommes rouges,

Et mon coeur qui bouge, qui bouge

Dans la romance des pommiers.


 


 

2010


D'un point de vue génétique, la pomme compte dix-sept chromosomes et le génome du pommier domestique a été intégralement décrypté par une équipe italienne en août 2010 : 


- les chercheurs montrent l'existence de 992 gènes de résistance aux maladies et une "duplication complète du génome relativement récente qui a provoqué la transition de neuf chromosomes ancestraux à dix-sept chromosomes du Pyreae", ancêtre de la pomme. 


 

 

 

Selon Ted Andrews dans

Le Monde enchanteur des Fées (1993, 2006, traduction française Janine Renaud 2012), 


    ..."Le pommier est doté de plusieurs attributs féeriques. C'est le foyer de l'une des grandes créatures fantastiques du monde féerique - la  licorne.

D'ordinaire, la licorne vit sous le pommier. Au printemps, les fleurs de pommier attirent une multitude de fées des fleurs qui procurent un vif sentiment de bonheur aux personnes qui se trouvent autour. L'esprit de cet arbre connaît les secrets de la jeunesse et de la beauté éternelles. Il prend souvent l'aspect d'une séduisante jeune femme capable d'ouvrir le cœur à un nouvel amour."... 


 

 

Editions du Seuil, 2013

Michel Pastoureau (1947), enseignant-chercheur et historien médiéviste français. 

Dans Vert, Histoire d'une couleur (Éditions du Seuil, 2013) 

retrace l'histoire de la perception visuelle, sociale, culturelle de cette couleur en Occident, de l'Antiquité au XIXe siècle. 

    ..."La couleur verte  des poisons est relativement rare avant la fin du Moyen Âge. A l'époque féodale, les boissons et aliments empoisonnés sont plutôt rouges ou noirs. Ainsi la pomme porteuse de venin, qui se rencontre dans plusieurs romans de chevalerie (Gauvain, neveu et héritier du roi Arthur, faillit à deux reprises en être victime) et que l'on retrouve à l'époque moderne dans différents contes de fées (Blanche-Neige par exemple) : elle est immuablement rouge. Une pomme verte n'est pas une pomme empoisonnée, c'est simplement une pomme acide"...

 

 

 

 

Éditions Québec-Livres, 2013

Eric Pier Sperandio, éditeur de magazines traitant de magie, d'esprits, de médiums et d'astrologie. Il a publié de nombreux livres sur ces sujets, tous des best-sellers dans la francophonie. Certains ont été traduits en allemand en espagnol et en italien.

Auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013) :

..."la Pomme (Pyrus) : "Que dire de ce fruit dont tout le monde reconnaît aisément l'arbre de taille moyenne ?

 

 

Propriétés médicinales :

 

 

anger une pomme pelée et râpée est un excellent remède pour soulager la diarrhée. Un jeûne, pendant lequel on consomme deux pommes râpées par jour, est excellent pour désintoxiquer l'organisme à la condition toutefois de ne pas dépasser trois jours. Pour soulager les douleurs dues aux rhumatismes, une infusion de pelures de pomme séchées s'avère excellente. Galien, un médecin de l'Antiquité, suggérait le cidre comme tonique.

Genre : Féminin.Déités : Vénus ; Apollon ; Athéna ; Aphrodite ; Diane ; Zeus.

Propriétés magiques : Amour ; Guérison ; Longévité.

 

Applications : Sortilèges et superstitions 

Il est dit que quiconque brûle quotidiennement une petite quantité s'assure une vie longue et heureuse.

 

 

 

La pomme est utilisée pour attirer l'amour ou pour assurer une réconciliation entre les couples.

Pomme de la réconciliation - Ce dont vous avez besoin : 

.  Une chandelle rouge. De l'encens de pomme. Une grosse pomme rouge
. Du miel
. Un petit morceau de papier blanc
. Du ruban rouge, assez long pour entourer trois fois la pomme

Rituel :

Allumez votre chandelle et l'encens, puis inscrivez votre nom et le nom de la personne avec laquelle vous désirez vous réconcilier.

 

 

Evidez soigneusement la pomme tout en faisant bien attention de ne ps percer le fond et conservez-en le dessus pour la refermer.

Placez votre morceau de papier dans le fond et remplissez la cavité avec du miel.

Refermez la pomme et entourez-la trois fois de votre ruban en disant :

"J'ai inscrit nos noms sur le papier Ton cœur et le mien sont maintenant alliés."

Enterrez la pomme dans le jardin."


 

Mythes et traditions pommes et pommiers

 

 

- Les licornes étaient supposées se reposer et se réfugier sous ses branches.


- Un rite grec permettait aux jeunes gens de lancer une pomme en direction de la jeune fille qu'ils voulaient épouser : si elle la ramassait, elle signifiait son consentement d’arrêter sa virginité, en arrêtant la course de la pomme, en faveur du lanceur. Ainsi elle devenait son porte-fruit…

 

- Chez les celtes, les pommes étaient appréciées de la Mort : elles recouvraient les autels des druides, et un pommier ornait toujours le cimetière…
Cette ancienne coutume est peut-être à l’origine de la TOUSSAINT…

 

- Le pommier était l'un des sept arbres sacrés du bosquet des druides)

 

- Les Celtes considéraient les pommes comme des fruits de sciences, de magie, de connaissance et de révélations…

 

- Chez les celtes, il ne fallait jamais cueillir toutes les pommes, pour en laisser aux fées… Mais par ailleurs, les pommes peuvent être ensorcelées par les fées…

 

- En Gaule, En Normandie  des pommes sauvages était tiré une boisson de mortification, appelée pommatium, puis pommé, et enfin sidre et cidre …

 

- En Suisse dès le XVIe siècle dans les cantons d’Argovie et de Thurgovie, on plantait un pommier si le nouveau-né était un garçon, et un poirier s’il était une fille. Car la poire apparaît à l’époque comme un fruit plus subtil et féminin.


- Envoyer des pommes à une femme, en jeter à ses pieds (Europe du nord, Autriche) est un signe d’amour de la part du prétendant. 


- En Serbie, la femme qui reçoit et accepte une pomme se sait engagée. 


- En Sicile, une jeune fille qui désire connaître son futur conjugal, jette une pomme dans la rue et attend de voir qui la ramasse. Si c’est un homme, un mariage n’est pas loin ; si c’est une femme, il lui faut tenter sa chance l’année suivante ; enfin, si c’est un prêtre, c’est le signe, pour elle, qu’elle demeurera à jamais "vieille fille".


- En Hongrie, après l’échange des anneaux, l’époux offre une pomme à son épouse, tandis qu’en Grèce, les époux se partagent une pomme avant d’entrer dans la chambre nuptiale.


- au Monténégro, "la belle-mère offre une pomme à la jeune mariée, qui doit la jeter sur le toit de l’époux ; si la pomme tombe bien sur le toit, le mariage sera bien béni, c’est-à-dire, il y aura des enfants".


- Aux États-Unis, la pomme est le cadeau traditionnel que l’on offre aux enseignants. Elle est devenue par extension le symbole de la profession.


- Au Portugal, ce fruit est considéré comme aphrodisiaque.



- Pendant le Nouvel An juif "Rosh Hashanah", il est de coutume de manger des pommes trempées dans du miel pour appeler une "nouvelle année douce".


- Le surnom de la ville de New York est "big apple" ("la grosse pomme"). Ce terme a été inventé par des musiciens de jazz en tournée qui utilisaient l’expression "pomme" pour désigner n’importe quelle ville dans les années 20.


- La pomme est un symbole de l'éducation et le fruit des écoliers. 


- Le logo des ordinateurs Apple symbolise la connaissance.

Cicely Mary Barker fée des pommes

 

 

Symbole et langage du pommier 

 

- Il symbolise l'amour et la perfection, le lien permanent qui unit l'homme à la nature.

- Il symbolise la renaissance et de la beauté

- Il aide à acquérir l'Immortalité,la fécondité,la beauté

- Il améliore les Connaissances

- Méditer sous cet arbre apporte la sagesse.


Rendre hommage en plantant un pommier

- Planter un pommier pour un proche disparu  assure un hommage durable et empli de sens pour une personne ayant une vaste culture générale.



 

 

 

Principaux composants

Pomme crue non pelée


Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g


Apport énergétique : 218 kJ - 52 kcal

Glucides  : 13,81 g

Amidon : 3,42 g

Sucres : 10,39 g

Fibres alimentaires : 2,4 g

Protéines : 0,26 g

Lipides    : 0,17 g

Eau : 85,56 g

Vitamine C : 4,6 mg

Glenda Grubbs


 


 

Recettes à base de pommes


Les pommes cuites au four sont un accompagnement idéal et diététique pour toutes les viandes blanches et les boudins.

- La compote de pommes ;

- Les tartes, gâteaux et desserts :

- Le gâteau aux pommes ou aux pruneaux ;

- Le strudel aux pommes ;

- La pomme bonne femme

- La tarte aux pommes ;

- La tarte Tatin ;

- Les beignets aux pommes ;

- Le pommé, confiture de pommes cuite dans du cidre ;

- Les chips de pomme ;

- Le crumble aux pommes ;

- Le chausson aux pommes. etc....

Morgan Weistling (1964) la tarte aux pommes

 

- La pomme d'amour (au beurre, sucre, sirop de grenadine, etc.) ;

 

 

 

Les boissons à base de pommes

 

- Le jus de pomme frais ou pasteurisé ;

- Le cidre, dont les régions productrices en France sont principalement la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire ;

- Le calvados, qui est une eau-de-vie obtenue par distillation du cidre dans un alambic ;

- Le cidre de glace issu de la fermentation alcoolique (grâce au froid naturel) du jus de pomme ;

- Le pommeau, dont le pommeau de Normandie : un apéritif à base de jus de pomme et de calvados ;

- Le lambig, une eau-de-vie de cidre fabriquée en Bretagne ;

- Le vinaigre de pomme au Japon ;

- La manzana, liqueur de pomme verte, originaire du Pays basque espagnol ;
 


 

 

 

Le cidre

 


L’origine du cidre remonte à l’Antiquité avec ce que l’on appelait du "vin de pomme". Mais ce n’est qu’au 12ème siècle avec l’invention du pressoir que sa fabrication démarre réellement. Sa paternité est revendiquée par les normands, les basques (qui l’appelaient Sidra) et les bretons (qui le nommait Chistr).

 

Appelé également Apfelwein, Most ou Viez par les allemands, Cider ou Applevintage par les anglais ou Sizra par les catalans, le cidre s’est répandu en Europe et partout dans le monde. Cependant, l’origine de ce "vin de pomme" n’est pas clairement identifiée et est plus que jamais contestée puisque plusieurs revendiquent sa paternité. Elle perdure notamment au centre de la rivalité entre la Normandie et la Bretagne, au même titre que la possession du Mont-Saint-Michel.


Les premières traces de boisson à base de pommes ressemblant un tant soit peu à du cidre sont, elles, limpides et datent de l’Antiquité. Le "chekar" pour les hébreux ou "sikera" pour les grecs, boisson à base de jus fermenté, était consommé près de la Méditerranée à cette époque. De plus, le géographe grec STABON décrit l’abondance des pommiers et des poiriers en Gaulle (France) et parle du « Phitarra », une boisson obtenue à partir de morceaux de pommes trempées dans de l’eau bouillante et du miel provenant du Pays basque. Par ailleurs, à l’époque Gallo-Romaine, les marins basques utilisaient le cidre pour lutter contre le scorbut.

 

Dans leurs expéditions, ils ont fait découvrir au VI ème siècle aux marins normands le sagarnoa (vin de pomme), connu au Pays basque depuis l’Antiquité. 

 

Les principales régions productrices sont la Normandie, la Bretagne, la Picardie, l’ Île de France et même le pays basque. La fabrication du cidre se développe à partir du XIIe siècle avec l’invention du pressoir.
 

Le cidre breton sera plus tardif au XIII° siècle.

Le cidre est uniquement réalisé à partir de pommes, alors que le poiré est produit à partir de poires et de pommes. La robe du cidre va de jaune clair à ambré, et la boisson sera limpide ou trouble selon les fruits utilisés. Quant à son taux d’alcool, il oscille entre 2 et 6°, en fonction du temps de fermentation.

 

Art de créer du cidre


Pour produire du cidre, les cidriculteurs enchaînent différentes gestuelles bien rodées, au moment de la récolte des fruits entre mi-septembre et mi-novembre. Après avoir trié et lavé les pommes, ces dernières sont broyées, peau, chair et pépins confondus. Puis, cette chair broyée va être étalée sur une toile qui agira comme un filtre, avant d’être pressée de façon uniforme pour en extraire le précieux jus. Dernière étape, la fermentation. Le jus de pomme est mis à fermenter dans une cuve pendant 3 à 6 mois selon le cidre que l’on souhaite obtenir, doux ou brut.

 

Les différents goût du cidre 

Le cidre doux est le cidre le plus sucré et le moins alcoolisé (fermentation la moins longue), alors que le cidre brut, résultat d’une fermentation plus longue, sera plus alcoolisé et moins sucré. Mais si le degré d’alcool et de fermentation du cidre est une donnée importante quant au goût de la boisson, la ou les variétés de pommes utilisées le sont tout autant. A l’image d’un vin, c’est aussi par l’assemblage des différentes pommes (acides, douces, amères) que le cidriculteur façonne le goût de son cidre.

scène bretonne "le cidre répandu" Pégot Ogier

 


 

Expressions sur la pomme

 


- "Tomber dans les pommes" : perdre conscience, s’évanouir

- "Haut comme trois pommes' : tout petit, en parlant d'un enfant

- "Être dans les pommes" : être sans connaissance

- "Chanter la pomme" : faire la cour, courtiser

- "Être une bonne pomme" : être naïf

- "Être ridé comme une vieille pomme" : être très vieux

- "En avoir gros sur la pomme" : avoir du chagrin

- "La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre" : le produit n'est jamais bien loin de sa source ; il n'y a pas d'effet sans cause.

Timothy C. Tyler (1958) - enfant et pommes

 


 

Proverbes ou dictons et la pomme

 

- "La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre" 

- "La pomme ne tombe pas loin du tronc" 

- "A la pomme le pommier et à la besoigne l'ouvrier"

- "Après la poire il faut boire, après la pomme garde ton vin bonhomme"

- "Bien conte et rabattu somme, mourir convient pour une pomme"

- "Croire ne doibs menteur ne fol homme, de la valeur d'une vile pomme"

- "Il Faut garder une pomme pour la soif"

- "Femme fardée pomme ridée et ciel pommelé ne sont pas de longue durée"

- "Temps pommelé femme fardée, pomme ridée courte durée"

- "Habillé en cueilleur de pomme"

- "L'office dénote quel soit l'homme et le pommier qu'elle la pomme"

- "La poire fait boire, la pomme désaltère"

- "La pomme du matin tue le médecin"

- "La pomme entamée ne se garde pas"

- "La pomme sauvage tombe sous le pommier sauvage"

- "Manger une pomme le soir fait dormir"

- "Pomme pourrie vaut mieux que pomme mangée"

- "Pomme donnée vaut mieux que pomme pourrie"

- "Vaut mieux pomme forte, que pomme pourrie"

- "Pour avoir mangé une pomme cuite, vous ne serez ni mieux ni pis"

- "Pour être ridée une bonne pomme ne perd pas sa bonne odeur"

- "Vaut mieux une pomme acide, qu'une pomme pourrie"

- "Pomme pourrie dans un panier, fait rebuter toute la panerée" 

- "Pomme mûre doit être cueillie fille grandette doit être mariée"

- "Ne pas couper la pelure en coupant une pomme, marque bonheur dans le mariage"

- "Quand la pomme est mûre, elle tombe" 

- "Qui mange une pomme tous les jours vit cent ans"

- "Somme, somme, mourir convient pour une pomme"

- "Une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours" 


Jo Héliotrope - croqueuse de pommes

 

 

 

Le pommier et les pommes en phytothérapie

 

Du pommier, on utilise surtout le fruit, beaucoup plus rarement les feuilles, l’écorce et les fleurs. 

De la pomme, l’on distingue la pelure de la pulpe. 

Bien que formant un tout indissociable, les principes actifs se répartissent différemment. Par exemple, on trouve davantage de vitamines dans la "peau" que dans la pulpe de la pomme.

Dans l’ensemble, la pomme contient du fructose, de la pectine, des acides organiques, des vitamines (A, B1, B2, C, PP), des sels minéraux (calcium, manganèse, fer, magnésium…), ainsi que des hétérosides cyanogénétiques logés dans les pépins.

 

 

 

Propriétés thérapeutiques de la pomme

 

- Nettoyage dentaire, douleur dentaire

- Digestive, Diurétique, purgative, 

- Troubles de la sphère gastro-intestinale, antidiarrhéique, déconstipante, 

- Sédative nerveuse, tonique nerveuse, stimulante nerveuse, Insomnie et troubles du sommeil, anxiété, nervosité.

- Béchique, pectorale, anticatarrhale

- Décongestionnante et stimulante hépatique

- Fébrifuge légère, rafraîchissante

- Antirhumatismale, Tonique musculaire

- Antilithiasique (le cidre)

- toux, maux de gorge, rhume, bronchite, angine, etc...

- Hypertension, cholestérol sanguin en excès

- Grossesse, convalescence, anémie, déminéralisation, obésité

- Troubles cutanés : acné, eczéma, lésion cutanée, brûlure, gerçure, crevasse etc.

- Fièvre, fièvre typhoïde

- Diabète

Mark Zelmer - pomme

 


 

Usage thérapeutique pommes et pommier

 

L’écorce du pommier:

Elle s’avère tonique, astringente et un peu fébrifuge. Elle doit faire l’objet d’une décoction. 


Feuilles du pommier :

il faut longuement les laisser infuser (10 à 15 mn). Elles sont avant tout diurétiques (dysurie, inflammations des voies rénales et urinaires). Enfin, l’infusion de fleurs de pommier adoucit la gorge et calme la toux.

 

Pommes très mûres, râpées, sans trognon ni pépins : 

Cure,  un usage populaire déjà relaté du temps de Matthiole (16 ème siècle).
 Il faut compter 0,5 à 1,5 kg de pommes par jour pendant deux jours. En cas de dépuration de l’organisme, de constipation, de troubles diarrhéiques aigus… Prise le matin, la pomme est dépurative, alors que le soir elle est laxative.


Décoction : 

couper une pomme entière en tranches, couvrir d’un demi-litre d’eau bouillante dans une casserole. Laisser réduire de moitié, ajouter un peu de sucre et mélanger le tout. A prendre avant le coucher en cas de difficultés d’endormissement, d’insomnie, etc.


Suc de pomme : 

outre le fait qu’il soit diurétique, c’est un excellent raffermissant des tissus cutanés. En cas d’affaissement des traits du visage, pour raffermir les seins et l’abdomen.


Pommade : 

anciennement, la pomata était un mélange de pulpe de pomme et d’axonge (c’est-à-dire du saindoux). Depuis, le mot pommade s’est généralisé à l’ensemble des onguents. La pommade de pomme est adoucissante.

Sarah Sedwick nature morte et pommes

 

 

 

Ce qu'on dit de la pomme

 

- La pomme est le troisième fruit consommé dans le monde, après les agrumes et la banane.


- Les pommes dégagent de l’éthylène, un gaz qui favorise la maturation des fruits. Placez quelques pommes parmi vos bananes ou avocats, ils mûriront plus rapidement.


- La couche de cire qui recouvre les pommes sert à prévenir leur déshydratation, à prolonger leur durée de vie et à améliorer leur texture. Cette cire est sans danger pour la santé selon Santé Canada. Cela dit, lavez quand même bien tous les fruits et légumes sous l’eau avant de les consommer.

 

Conte Populaire Serbe

 

Le pommier d’or et les neuf paonnes

 

Vouk Karadjitch, Contes populaires serbes, pp.41-49.

Illustrations d’Arthur Rackham pour "The Golden Apple Tree and the Nine Peahens" 

- The Allies’ Fairy Book, 1916.

 


II était une fois un tsar qui avait trois fils et, devant son palais, un pommier d’or ; en une nuit, l’arbre fleurissait, et ses fruits mûrissaient. Mais un inconnu les cueillait tous, sans qu’on pût le découvrir. Un jour, le tsar consulta ses fils :


-  Où donc disparaissent les fruits de notre pommier ? L’aîné suggéra :

-  Cette nuit, je surveillerai l’arbre pour voir qui les vole.

A la tombée du jour, il alla se coucher sous le pommier pour le garder. Mais au moment où les fruits commençaient à mûrir, il s’endormit. Et quand il s’éveilla, à l’aube, l’arbre était déjà dépouillé. Et il lui fallut bien aller conter à son père toute la vérité. Alors le fils cadet se proposa pour surveiller le pommier. Mais il subit la même mésaventure que son aîné : il s’endormit sous l’arbre et, à l’aube, quand il s’éveilla, il n’y avait déjà plus un fruit.

Enfin, ce fut le tour du benjamin de prendre la garde. Il se prépara, installa une couche sous le pommier, et s’y étendit. Un peu avant minuit, il se réveilla et jeta un coup d’œil sur l’arbre : les pommes  avaient déjà commencé à mûrir, et leur éclat illuminait tout le palais. A ce moment précis, fendant l’air, arrivèrent neuf paonnes d’or. Huit d’entre elles s’abattirent sur le pommier, et la neuvième se posa sur le lit. A peine installée, elle se transforma en une jeune fille, si belle qu’elle n’avait pas son égale dans tout le royaume. Le prince et l’inconnue s’étreignirent et s’embrassèrent jusqu’après minuit.


Alors, elle se leva et le remercia pour ses pommes. Le prince l’implora :

-  Laisse-m’en au moins une !

Et la jeune fille lui en donna deux : une pour lui et l’autre pour son père. Ensuite, elle redevint oiseau et s’envola avec ses compagnes. Au point du jour, le prince sauta de sa couche et rapporta les deux fruits à son père. Le tsar en fut ravi, et il félicita son plus jeune fils.

Le soir suivant, de nouveau, le jeune prince s’installa, comme la veille, pour garder le pommier. Tout se passa de la même façon et, le lendemain, il rapporta à son père deux nouvelles pommes d’or.

Mais après plusieurs nuits de réussite, ses frères commencèrent à le jalouser. Pourquoi n’avaient-ils pas réussi, eux, à garder ces fruits, comme il y parvenait, lui, chaque nuit ?

C’est alors qu’une maudite vieille vint se mêler à l’affaire : elle leur promit de fouiner, et de découvrir comment le jeune prince avait sauvé les pommes d’or.

Elle se glissa, le soir venu, jusqu’à l’arbre et parvint à se tapir sous le lit. Le jeune homme vint peu après et, comme à l’accoutumée, il se coucha. Aux environs de minuit, arrivèrent les neuf paonnes ; les huit premières se posèrent sur le pommier, la neuvième sur le lit, et elle se métamorphosa en jeune fille.

Sa tresse pendait le long du lit. La vieille, doucement, la saisit et la coupa. Aussitôt la jeune fille bondit, se changea en paonne et s’envola ; ses huit compagnes abandonnèrent aussi le pommier, et elles disparurent toutes ensemble. A son tour, le prince se jeta au bas de la couche, en criant :

- Que se passe-t-il ? 

Et il fut tout étonné d’apercevoir la vieille sous le lit. Il l’empoigna et l’extirpa de son recoin. Et le lendemain, sur son ordre, elle fut attachée aux queues de quatre chevaux, et écartelée.

Cependant les paonnes ne venaient plus sur le pommier. Et, sans trêve, le prince se lamentait et pleurait leur absence. Enfin, il décida de courir le monde à la recherche de sa paonne, et de ne revenir que lorsqu’il l’aurait retrouvée.

Alors, il s’en fut voir son père et lui annonça son intention. Le tsar tenta de le dissuader ; il le raisonna, voulut le faire renoncer à son projet, et, pour cela, promit de lui trouver une jeune fille à son goût : on chercherait dans tout le royaume. Mais toutes les raisons du roi furent vaines : le prince s’équipa et, accompagné d’un seul valet, il partit dans le vaste monde à la recherche de sa paonne.

Longtemps, il voyagea ainsi, de par le monde. Et, un jour, il parvint au bord d’un lac, où il trouva un grand et riche palais. Et, dans le palais, vivait une vieille tsarine, en compagnie d’une jeune beauté, sa fille. Il interrogea la tsarine :

-  Pour l’amour de Dieu, grand-mère, sais-tu quelque chose de neuf paonnes d’or ?

-  Bien sûr, mon fils, je les connais. Chaque jour, à midi, elles viennent ici, pour se baigner dans le lac. Pourtant, je te conseille de renoncer à tes paonnes. Je te donnerai mon enfant ; c’est une fille splendide, et tu hériteras de tous mes immenses trésors.

Mais, dans sa hâte de revoir les paonnes, le prince ne voulait même pas écouter ce que la vieille tsarine lui racontait sur sa fille. Et, le lendemain matin, il se leva et se prépara pour aller jusqu’au lac et y attendre les paonnes.

Cependant, la tsarine soudoya le valet et lui confia un petit soufflet à attiser le feu :

-  Tu vois ce petit soufflet ? Quand vous serez au lac, à la dérobée, souffle un peu dans le cou de ton maître. Il s’endormira aussitôt et, ainsi, il ne pourra pas converser avec ses paonnes.

Le funeste valet obéit. Quand ils arrivèrent au lac, il saisit la première occasion pour souffler dans le cou de son maître avec le petit soufflet, et le malheureux s’endormit immédiatement, comme une souche. Il n’était pas plus tôt assoupi que les neuf paonnes arrivèrent ; les huit premières s’abattirent sur le lac, et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle étreignit le jeune homme pour l’éveiller :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Mais  il  restait  inerte,   comme  mort.  Après  leur  bain,  les  paonnes
s’envolèrent, toutes ensemble. Aussitôt, le prince se réveilla et demanda à son valet :

-  Que se passe-t-il ? Sont-elles venues ?

-  Oui, elles sont venues. Huit ont plongé dans le lac, et la neuvième s’est posée sur ton cheval. Elle t’embrassait et voulait te réveiller.

A écouter ces paroles, de désespoir, le pauvre prince était prêt à se tuer.
Le lendemain matin, il s’équipa, monta son cheval et, suivi de son valet, il s’en fut, au petit trot, le long du lac. Le serviteur trouva encore une occasion de lui souffler dans le cou avec son petit soufflet ; et le prince s’endormit comme une souche. A peine était-il assoupi que les paonnes arrivaient : huit s’abattirent dans le lac, et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle se mit à embrasser le jeune homme pour l’éveiller :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Rien n’y fit : il dormait d’un sommeil de mort. La paonne avertit le valet :

-  Dis à ton maître qu’il pourra nous accueillir ici, demain encore. Et qu’ensuite, jamais plus il ne nous verra en ce lieu.

Et, une fois de plus, elles s’envolèrent. Le prince s’éveilla aussitôt après leur départ, et interrogea son valet :

-  Dis-moi, sont-elles venues ?

-  Oui. Et elles t’avertissent que demain sera le dernier jour où tu pourras les accueillir. Ensuite, plus jamais elles ne reviendront ici.

A ces mots, le malheureux perdit la tête : de peine et de tristesse, il s’arrachait les cheveux.

A l’aube du troisième jour, de nouveau, il se prépara pour aller au lac, et enfourcha son cheval. Mais, cette fois-ci, il ne voulut pas se promener sur la rive ; pour ne pas s’endormir, il se lança au galop.

Pourtant, tant bien que mal, son valet trouva une nouvelle occasion de lui souffler dans le cou avec le petit soufflet.

Le prince s’affala sur son cheval et s’endormit à l’instant. Dès qu’il fut assoupi, arrivèrent les neuf paonnes ; huit se précipitèrent dans le lac et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle embrassait le jeune homme et le secouait :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Rien n’y fit : il dormait, comme assommé. Alors la paonne dit au valet :

-  Quand ton maître se lèvera, donne-lui bien ce conseil : "Abats le clou d’en haut vers celui d’en bas  ! Alors seulement, il me retrouvera."

Et les paonnes s’envolèrent. Aussitôt après, le prince s’éveilla.

-  Sont-elles venues ?

-  Oui, elles sont venues. Et celle qui s’est posée sur ton cheval m’a dit : "Abats le clou d’en haut vers celui d’en bas ! » Et qu’alors seulement, tu la retrouveras."

A l’instant, le prince dégaina son sabre, et trancha net la tête du valet. Et il continua seul sa quête, à travers le vaste monde.

Après une longue route, il arriva sur une montagne et passa la nuit chez un ermite qui vivait là.

-  As-tu entendu parler de neuf paonnes d’or ?

-  Eh ! mon fils, tu as de la chance ! C’est Dieu lui-même qui t’a guidé jusqu’au bon endroit : car pour parvenir à elles, il n’y a qu’une demi-journée de marche. Va tout droit : tu trouveras un grand portail ; quand tu auras franchi ce portail, garde ta droite, et tu atteindras leur ville, où tu trouveras leur palais.

Le lendemain, au point du jour, le prince se leva, s’équipa, remercia l’ermite, et prit le chemin indiqué. En effet, il trouva le grand portail ; après l’avoir franchi, il tourna à main droite, et, aux environs de midi, aperçut une ville éclatante de blancheur. Et fut transporté de joie.

A peine entré dans la ville, il s’enquit du palais des paonnes d’or. La garde l’arrêta à la porte et lui demanda qui il était, et d’où il venait. Il s’en expliqua et, alors seulement, on l’annonça à la tsarine, maîtresse de ces lieux. A l’instant même, celle-ci, hors d’haleine, se précipita vers lui, sous sa forme de jeune fille. Elle le prit par la main et le conduisit dans le palais. Quelle liesse, quel débordement de joie ! Quelques jours après, ils se marièrent. Et le prince resta vivre auprès de sa femme.

Mais un jour que la tsarine allait se promener, sans son mari, elle lui confia les clés de douze caves, et lui dit :

-  Tu peux visiter toutes les caves, sauf la douzième. N’y entre à aucun prix ! Ne l’ouvre même pas : c’est ta tête que tu joues !

Là-dessus, elle partit. Resté seul au palais, le prince s’interrogeait :

-  Mais que peut-il donc y avoir dans la douzième cave ?

Il entreprit de les ouvrir, l’une après l’autre. Arrivé à la douzième, il commença par hésiter. Mais quelque chose l’intriguait : que peut-il y avoir là-dedans ? Enfin, il passa le pas, et ouvrit la porte.

A sa grande surprise, il vit une pièce vide et, en son centre, un énorme tonneau débouché, cerclé de fer, d’où sortit une voix :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif ! Par pitié, donne-moi un verre d’eau !

Le prince prit un verre d’eau, et le versa dans le tonneau. Aussitôt, un des cercles se brisa. Et de nouveau la voix sortit du tonneau :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif, donne-moi encore un verre d’eau !

Le prince versa un second verre, et un nouveau cercle se rompit. Pour la troisième fois, la voix sortit du tonneau :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif, donne-moi encore un verre d’eau !

Le prince versa un nouveau verre, et le troisième cercle éclata. Le tonneau tomba en pièces, un dragon  s’en échappa et prit son vol. Au passage, sur son chemin, il saisit la tsarine, et l’emporta. Les servantes coururent annoncer son malheur au pauvre prince, qui s’effondra.

Enfin, il décida de repartir, de courir le monde à la recherche de sa femme. Après un long voyage, il arriva au bord d’un ruisseau. Le longeant, dans une flaque d’eau, il aperçut un petit poisson qui se débattait. Quand il vit le prince, le poisson l’implora :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré  ! Rejette-moi dans mon ruisseau. Un jour, tu auras grand besoin de moi. Alors, n’hésite pas : prends une de mes écailles, et, quand la nécessité te tracassera, tu n’auras qu’à la gratter un peu.

Le prince recueillit le petit poisson, lui prit une écaille et le relança dans la rivière. Puis il rangea soigneusement l’écaillé dans son mouchoir.

Un peu plus tard, chemin faisant, il trouva un renard  pris au piège. Quand le renard l’aperçut, il s’écria :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré ! Libère-moi ! Un jour, tu auras grand besoin de moi. Alors, n’hésite pas : tu n’as qu’à prendre un poil de ma fourrure. Et, quand la nécessité te tracassera, tu n’as qu’à le frotter un peu.

Il arracha un poil au renard, le délivra et poursuivit son chemin.

Traversant une montagne, il   découvrit un loup  tombé dans un traquenard, qui s’écria en l’apercevant :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré ! Délivre-moi ! Et quand lu seras dans la détresse, je t’aiderai. Prends un poil de ma fourrure et, en cas de besoin, frotte-le un peu.

Le prince lui arracha un poil, et libéra le loup. Puis il reprit sa route et voyagea longtemps encore.

Un jour, il rencontra un homme qu’il interrogea :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! As-tu jamais entendu dire où se trouve le palais du tsar des dragons ?

L’homme le renseigna aimablement, et lui indiqua même le moment propice pour s’y rendre. Le prince remercia, poursuivit son chemin et, longtemps après, parvint à la citadelle du dragon. Et, à son premier pas dans le palais, il retrouva sa femme. Ce fut, pour eux deux, une immense joie, cette réunion. Mais il fallait aussi prévoir comment s’évader. Enfin, ils tombèrent d’accord pour s’enfuir au plus vite. A la hâte, ils s’équipèrent pour le voyage, sautèrent sur des chevaux, et les voilà partis !

Ils venaient de quitter le palais quand, sur son destrier, revint le dragon. Il entra dans son château : la tsarine n’y était plus. Le dragon prit l’avis de son cheval :

-  Que faire maintenant ? Manger et boire, ou bien leur courir sus ?

-  Mange et bois. Ne t’en fais pas : nous les rattraperons.

Après un repas copieux, le dragon enfourcha son destrier, s’élança à la poursuite des fugitifs et les rattrapa en moins de rien. Aussitôt, il arracha la tsarine au prince, et dit à celui-ci :

-  Va où Dieu te conduira. Pour cette fois je te pardonne, parce que tu m’as donné de l’eau dans la cave. Mais, si tu tiens à ta vie, n’y reviens plus !

Le pauvre prince fit un bout de chemin, mais, malade d’amour, s’en retourna. Et, le lendemain, il revint au palais du dragon. Il y trouva la tsarine, seule, toute en larmes, qui se jeta dans ses bras. Et ils recommencèrent à discuter des moyens de fuir. Le prince lui proposa :

-  Quand le dragon rentrera, demande-lui où il a acquis son cheval ; et dis-le moi. J’en chercherai un semblable, qui nous permettra de nous enfuir pour de bon.

Puis, il quitta le palais.

Le dragon rentra. Sur le champ, la tsarine se mit à le câliner, à le charmer et à l’entretenir de choses et d’autres. Enfin, elle l’interrogea :

-  Quel cheval rapide tu as ! Pour l’amour de Dieu, où l’as-tu trouvé ?

-  Là où je l’ai eu, tout le monde ne peut l’avoir. Dans une montagne habite une vieille qui a douze chevaux au râtelier, tous plus beaux les uns que les autres. Dans un coin sombre, il y en a un qui semble galeux ; mais ce n’est qu’apparence, en fait c’est le meilleur. Car c’est le frère du mien ; et qui l’obtient peut aller jusqu’au ciel. Mais qui veut l’obtenir doit servir chez la vieille, trois jours durant. Elle possède aussi une jument avec son poulain. Et il faut les garder pendant les trois nuits. A qui réussit, la vieille permettra de prendre le cheval de son choix. Mais qui se fait embaucher par la vieille, et ne réussit pas à garder la jument et son poulain pendant les trois jours, celui-là perdra sa tête.

Le lendemain, après le départ du dragon, le prince revint. Et la tsarine lui raconta tout ce qu’elle avait appris du monstre. Alors, le prince partit dans la montagne et trouva la vieille.

-  Dieu te protège, grand-mère !

-  Dieu te bénisse, mon fils ! Quel bon vent t’amène ?

-  J’aimerais servir chez toi.

-  Bien, mon fils. Si tu parviens à garder ma jument, trois jours durant, je te donnerai un cheval à choisir. Sinon, je te trancherai la tête.

Elle l’amena au milieu de la cour : tout autour, des pieux étaient alignés. Fiché sur chacun, il y avait un crâne humain. Sauf sur un, qui criait sans trêve :

-  Vieille, donne-moi une tête !

La vieille montra l’ensemble au prince :

-  Tu vois, tous furent embauchés chez moi, mais ne réussirent pas à bien garder ma jument.

Pourtant, le prince ne s’effraya pas, et il resta au service de la vieille.

Le soir venu, il monta la jument et partit vers un pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. A son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Sa quête le conduisit à une rivière. L’eau lui rappela le petit poisson qu’il avait sauvé de la flaque. Il sortit l’écaillé de son mouchoir et la frotta un peu entre ses doigts. Et soudain, le petit poisson jaillit hors de l’eau :

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est échappée, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle s’est transformée en poisson, et son petit en alevin. Frappe l’eau avec les rênes en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Alors, il frappa l’eau avec les rênes :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

La jument, aussitôt, reprit sa forme et escalada la rive, suivie de son poulain. Le prince la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille donna à manger au prince, et mena sa jument à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en poisson !

-  C’est ce que j’avais fait. Mais les poissons sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille l’aiguillonna :

-  Alors, fais-toi renarde !

A la tombée de la nuit, le prince monta la jument et repartit vers le pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument, quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. Et, à son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Aussitôt lui revinrent à l’esprit les paroles de la vieille à sa bête. Il sortit de son foulard le poil du renard, le frotta un peu. Et, subitement, le renard fut devant lui.

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est enfuie, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle est devenue renarde, et le poulain renardeau. Frappe par terre avec les rênes, en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Il frappa le sol avec les rênes :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Et la jument reprit sa forme, et, soudain, avec son poulain, se trouva devant le prince, qui la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille servit le repas, et mena sa jument droit à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en renarde !

-  C’est ce que j’avais fait ! Mais les renards sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille suggéra :

-  Alors, fais-toi louve !

A la tombée de la nuit, le prince monta la jument et partit vers le pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument, quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. Et, à son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Aussitôt lui revinrent à l’esprit les paroles de la vieille à sa bête. Il sortit de son foulard le poil du loup, et le frotta un peu. Aussitôt le loup se planta là.

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est échappée, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle s’est transformée en louve, et son poulain en louveteau. Frappe par terre avec les rênes, en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Avec les rênes, il frappa le sol, en répétant :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Et la jument reprit sa forme, et parut devant lui, avec son poulain. Le prince la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille lui servit le dîner et mena sa bête droit à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en louve !

-  C’est ce que j’avais fait ! Mais les loups sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille, alors, rejoignit le prince.

-  Grand-mère, je t’ai servie honnêtement. Maintenant, donne-moi ce qui a été convenu.

-  Mon fils, qu’il en soit comme convenu. Voici mes douze chevaux. Choisis celui que tu désires.

-  Pas question de choisir ! Donne-moi le galeux, qui est dans le coin sombre : les belles montures ne sont pas pour moi.

La vieille voulut le dissuader :

-  Vraiment, parmi de si beaux chevaux, tu prendrais le galeux ! Mais, lui, il insistait :

-  Donne-moi celui que je veux, selon notre marché !

Elle ne pouvait se dédire : et elle lui donna donc le cheval galeux. Le prince prit congé de la vieille et emmena sa monture dans la forêt. Là, il la bouchonna et la nettoya, et le cheval parut dans tout son éclat : sa robe semblait d’or. Le prince alors le monta, l’éperonna, et le cheval s’envola comme un oiseau. Et, en un clin d’œil, ils furent devant le palais du dragon. A peine entré dans le palais, il pressa la tsarine :

-  Prépare-toi, au plus vite !

Rapidement, ils furent prêts, enfourchèrent le cheval et s’enfuirent, à la grâce de Dieu !

Peu après, le dragon rentra. La tsarine avait disparu. Et il demanda à son cheval :

-  Que faire maintenant ? Manger et boire, ou bien leur courir sus ? Le cheval répondit :

-  Que tu manges ou que tu ne manges, que tu boives ou que tu ne boives, que tu les poursuives ou que tu ne les poursuives, jamais tu ne les rattraperas.

A ces mots, le dragon sauta en selle, piqua des deux et lança son destrier à toute sa vitesse !

Quand les fugitifs aperçurent le dragon qui les talonnait, ils prirent peur, et forcèrent leur cheval à galoper plus vite encore. Mais l’animal leur dit :

-  Ne craignez rien. Et cessez de fuir.

Au moment où le dragon était sur le point de les rattraper, son cheval appela celui du prince :

-  Pour l’amour de Dieu, mon frère, attends-moi ! Je crèverai à te poursuivre ainsi !

-  Tu es fou de porter ce monstre ! Cabre-toi un bon coup, brise-le contre un rocher, et rejoins-moi !

Alors le cheval qui portait le dragon sauta, rua, se cabra de toutes ses forces, le désarçonna et le précipita sur un rocher. Le dragon se brisa en mille morceaux, et son cheval rejoignit les amoureux. La tsarine le monta ; et c’est ainsi que sans encombre, elle gagna, en compagnie du prince, son empire, où ils régnèrent jusqu’à la fin de leurs jours.

Arthur Rackham (1867-1939), pommes d'or et les neuf paones


 

 

 

Conte de Bruno Hächler
Zurich, Nord-Sud, 1999

L’ami pommier


       Au sortir de la ville, dans une vieille maison timidement cachée au fond d’un beau jardin, vivait jadis un homme qui avait de bons yeux rieurs derrière ses petites lunettes rondes, et un air doux comme un mouton sous sa toison de boucles brunes.


      Il s’appelait François. Chaque matin, en se levant, François contemplait son arbre : un magnifique pommier qui poussait sous ses fenêtres. Rien qu’à le voir, si grand, si beau, il était heureux. Et chaque soir, en rentrant du travail, il passait des heures à regarder les oiseaux qui nichaient dans son feuillage.


      Car on ne s’ennuie pas à regarder les arbres : certains sont même de véritables magiciens. Au printemps, ils disparaissent sous un grand manteau de fleurs où butinent les abeilles. Au plus chaud de l’été, ils offrent leur ombre fraîche à tous ceux qui, le visage en feu, fuient le soleil brûlant.


      Puis, quand vient l’automne, ils lancent à la volée des gerbes de feuilles jaunes, rouges ou rousses qu’un vent fougueux éparpille au loin sur les trottoirs et les pavés… en attendant que l’hiver referme sur eux sa grande cape blanche.


      François aimait son arbre depuis toujours. Quand il était petit, il grimpait souvent dans ses branches et y restait caché lorsque sa maman l’appelait pour le dîner. Et maintenant qu’il avait grandi, le seul fait de l’admirer lui procurait toujours autant de joie. Il ne lui fallait rien de plus pour être heureux. Parfois, quelqu’un s’arrêtait derrière la clôture – le plus souvent un homme, ou une femme avec un enfant – et il les entendait dire : " Regarde, le bel arbre !" Mais la plupart des gens, trop pressés, passaient sans le voir.


       Les années passèrent.


      François avait vieilli. De profonds sillons creusaient à présent son visage, et ses cheveux d’abord grisonnants, puis blancs, avaient fini par se clairsemer, emportés par le temps comme les feuilles par le vent. Seule sa barbe avait poussé, telle une longue écharpe de laine blanche. François était cependant toujours aussi heureux et ne se lassait pas d’observer son arbre et les oiseaux.


      S’il lui arrivait de surprendre des enfants en train de lui chiper des pommes, il riait de bon cœur en disant : "Les fruits volés sont toujours les meilleurs, pas vrai ?"


      Sur quoi les coupables, gênés, s’enfuyaient à toutes jambes.


      Mais un jour, un terrible malheur arriva. L’automne était de retour et un vent furieux faisait claquer les volets et voltiger les feuilles. Au-dessus des collines voisines, les nuages noirs semblaient si menaçants que chacun s’était empressé de rentrer chez soi. François ferma lui aussi sa fenêtre au premier éclair, mais il resta dans la pénombre à observer l’orage.


      Bientôt, d’énormes gouttes vinrent s’écraser contre la vitre, et l’averse s’abattit avec une telle force sur la petite ville qu’on eût dit qu’une main furieuse déversait sur elle un gigantesque tonneau. Déchiré d’éclairs, le ciel d’encre résonnait de coups de tonnerre, de plus en plus proches, de plus en plus violents.


      Et soudain, le cœur de François cessa de battre : dans un vacarme assourdissant, la foudre venait de tomber sur son pommier ! Sous ses yeux, le tronc se fendit dans un long craquement.


      Puis la pluie vint laver sa blessure.


      Quand l’orage s’éloigna, il laissa derrière lui un bien triste spectacle. Le pommier, jadis si beau, était là, tout pantelant, plus biscornu encore que la vieille maison. Du haut des branches jusqu’aux racines, une longue cicatrice entaillait le tronc.


      "Ça fait mal, je sais", murmura François pour le consoler, tout en caressant l’écorce calcinée. L’arbre gémissait à voix basse. Et si les hommes savaient que les arbres pleurent, eux aussi, François aurait sans doute remarqué les perles d’eau qui scintillaient le long du tronc.


      Le printemps suivant fut chaud et ensoleillé. Les oiseaux chantaient à tue-tête. Seule sur le ciel bleu, se détachait la triste silhouette sombre et noueuse du pommier. Des feuilles minuscules avaient bien repoussé sur ses branches, çà et là, ainsi que quelques fleurs dans lesquelles butinaient les abeilles comme autrefois.


      Mais l’arbre avait beau faire, il n’avait plus la force de retrouver sa beauté d’antan. Sa plaie béante le faisait souffrir dès qu’un rayon de soleil l’effleurait ou que le temps changeait.


      Mais ce n’était pas le pire…


      Ces derniers temps, les gens qui passaient s’arrêtaient souvent pour le regarder et, l’air dédaigneux, le traitaient d’horreur ou bien d’affreux épouvantail.


      "C’est une honte, il faut l’abattre !" lança un jour une femme. Et quelqu’un renchérit, disant qu’il serait temps de le remplacer par un parking ou un joli gazon.


      Plus triste de jour en jour, l’arbre arrosait tant de ses larmes les quelques fleurs qui lui restaient qu’elles fanèrent plus vite encore. François était furieux d’entendre les gens parler ainsi.


      Il aimait son arbre tel qu’il était et, chaque soir, allait caresser son écorce tout en guettant le chant des oiseaux dans ses branches mortes.


      "Allez-vous-en ! " criait-il parfois, hors de lui, en chassant les mauvaises langues à grands coups de balai. Mais en vain.


      Le lendemain, d’autres passants s’arrêtaient et le critiquaient de plus belle.


       Alors un jour, François se décida.


      De bon matin, il partit sur son vieux vélo rouillé, souriant si gaiement en pédalant que ses voisins s’en étonnèrent. Quelques heures plus tard, il revint chargé d’un gros paquet qu’il déposa au jardin. Puis il alla chercher sa pelle et se mit à creuser avec ardeur au pied du pommier, ne s’arrêtant pour se reposer que lorsque le trou fut bien profond. Et dans ce trou, François planta un tout jeune pommier qui arrivait à peine à la hauteur de sa barbe blanche.


      "Il s’est enfin décidé à arracher ce vieil arbre !" se dirent les gens.


      Mais François se contenta de sourire. Il recouvrit les racines du petit arbre, l’arrosa avec soin, et alla ranger sa pelle.


      Printemps, étés, automnes, hivers se succédèrent à nouveau. François avait désormais le dos vouté et passait le plus clair de son temps assis à la fenêtre, le sourire aux lèvres.


      Au jardin, le petit pommier était devenu un arbre splendide qui portait tant de fruits que François ne pouvait plus les manger tout seul.


      Et le vieil arbre était toujours là, lui aussi, tout contre lui.


      Soutenu par les branches vigoureuses de son jeune voisin, il vivait là des jours heureux, paisible et tranquille.


      Chaque année, il voyait avec joie renaître quelques feuilles et des fleurs sur ses branches. Et il riait en secret quand un enfant, de temps à autre, volait aussi l’une de ses rares pommes qu’il lui restait.


      La plupart des gens, toujours pressés, passaient sans les voir. Mais parfois, quelqu’un s’arrêtait et les contemplait longuement, tous les deux.


      Un soir d’automne, le vieil arbre sentit soudain une main amie sur son écorce rugueuse.


      Le vieux François était venu le voir sans bruit.


      Tout bas, il lui parla.


      Alors, en silence, l’arbre inclina ses branches.


      Lui aussi l’avait senti : l’hiver approchait.


      Il était temps de se reposer.


      Tandis que les premiers flocons voltigeaient aux fenêtres et que François s’allongeait bien au chaud dans son lit, le vieil arbre s’assoupit au jardin.


       Et les deux amis s’endormirent en rêvant du printemps.

 

George W Picknell (1864-1943) Le vieux pommier

 

 

 

Conte d"Echtra Condla , 

"L'aventure de Conle"

 

Prince celte Condla — fils du roi Conn —, se vit remettre une pomme en guise d’unique aliment ! Capable de protéger de la faim, de la soif, de la douleur et de la corruption.


est un conte d'Echtra en vieil irlandais connu en deux variantes à partir de huit manuscrits, dont le plus ancien a été daté du 12ème siècle.

 
- le conte peut avoir été écrit d'abord dès le VIIIe siècle . Les deux variantes ne s'écartent pas fortement l'une de l'autre, de sorte qu'un seul résumé suffit à l'un et à l'autre.

 

Le conte raconte la "séduction" de Conle (Connla), fils de Conn des Cent Batailles par une femme de l' Aos Si . En plus de ce qui semble être une histoire de tradition pré-chrétienne, l'histoire incorpore également ce qui a été interprété comme un message anti-druidique post-chrétien de la femme elle-même, prédisant l'avènement du christianisme.


 

Alors que Connla est en compagnie de son père sur la colline d'Uisnech, une femme merveilleuse étrangement vêtue vient à sa rencontre, et Conle lui demande d'où elle vient.

 

Elle lui annonce qu'elle qu'elle est originaire de la "Terre des vivants" (Tír na mBeo), où les gens vivent en paix sans péché, un monde où il n'existe ni mort, ni péché, ni douleur. La femme déclare qu'elle l'invite à la "Plaine des délices" (Mag Mell) où le roi est Bóadag , promet que Conle peut rester pour toujours.

 

Conn Cetchathach, demande à Conle à qui il parle, car personne d'autre que Conle ne pouvait voir la femme. 

 

Voyant que cette femme veut entrainer son fils dans cet autre monde, demande à son druide Corann de chanter pour couvrir la voix de celle-ci.

 

Le druide réussit à l'éloigner, en entonnant un sort où la voix de la femme a été entendue, afin que Conle ne puisse plus la voir. L'étrange femme s'en va alors, mais elle a le temps de lui lancer une pomme.

 

Durant un mois Conle ne se nourrira que de cette pomme qui a la propriété de ne jamais diminuer, en effet la pomme est restée entière même après que Conle en ait mangé. Conle devient alors trop désireux de revoir cette femme.
 

La femme réapparaît après ce mois, cette fois dans la plaine d'Arcommin. Elle parle à Conle et Conn appelle à nouveau son druide, mais la femme lui fait des reproches, disant qu'il ne devrait pas recourir au druide.

 

La femme parle à Conn en réprimandant le druide, décrivant ses paroles comme des mensonges venant d'un démon. Conn note que Conle ne répondra à personne sauf à la femme et demande si la parole de la femme a une emprise sur lui. Conle répond qu'il est déchiré entre son peuple et la femme.

 

La femme fait alors signe à Conle de venir avec elle, promettant une terre heureuse pleine seulement de femmes et de jeunes filles. Conle saute alors dans le "navire de cristal" (bateau de verre) de la femme (Noi Glano , ou Loing Glano), et ceux qui restent l'ont regardé s'éloigner jusqu'à ce qu'il soit trop loin pour être vu.

 

Personne ne revit jamais plus Conle, fils de Conn Cetchathach.

 

 

 

Musées, foires et fêtes sur la pomme

 


. La Société pomologique du Berry organise chaque année, depuis plus de trente ans, le dernier week-end d'octobre, les Journées de la Pomme, à Neuvy-Saint-Sépulchre.

. L'écomusée de la pomme du Calvados

. L'écomusée de la pomme et du cidre de Breteville-du-grand-Caux

. Les "pommades", en novembre, à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne)

. La maison de la pomme, à Sainte-Opportune-la-Mare (Eure)

. La maison de la Pomme d'Or, à Lanouaille (Dordogne)

. Foire de la Pomme chaque année le troisième week-end d'octobre à Vimoutiers en Pays d'Auge

. Fête de la pomme, du cidre et du fromage, à Évreux

. Foire aux pommes annuelle, à Secondigny

. Fête du pommé à Joué-l'Abbé (Sarthe), depuis onze ans, le village célèbre chaque année à l'automne la pomme et son nectar le Pommé. Cette recette très ancienne consiste à faire réduire jus de pomme et pommes pendant 24 heures dans une marmite en cuivre pour obtenir le Pommé, sorte de pâte de fruit légèrement caramélisée.

. Fête du pommé dans quelques communes d'Ille-et-Vilaine, dans la vallée du Couesnon et des Marches de Bretagne :

- Bazouges-la-Pérouse (3e dimanche d'octobre),

-Tremblay (dernier week-end de novembre) 

-Chauvigné (en décembre).


. Foire aux pommes annuelle (2e dimanche d'octobre) à Le Vernet (Auvergne) organisé par le Verger Conservatoire du Vernet.
 

 

 

La pomme héraldique

 

Une POMME symboliserait l'amour.

d'après le Manuel héraldique ou Clef de l'art du blason par L. Foulques-Delanos, Limoges, oct. 1816 

 Blason ville fr Beaufour-Druval (Calvados)



 

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28 octobre 2021 4 28 /10 /octobre /2021 23:18

 

Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), poétesse, romancière, journaliste, historienne, sculptrice et dessinatrice française.

(Ferveur, 1902)

 

 

Une pomme

 

L’odeur de mon pays était dans une pomme.

Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,

Pour me croire debout dans un herbage vert.

L’herbe haute sentait le soleil et la mer,

L’ombre des peupliers y allongeaient des raies,

Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,

Se mêler au retour des vagues de midi…

 

Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte

Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,

Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie

De tes prés, copieuse et forte Normandie ?…

Ah! je ne guérirai jamais de mon pays!

N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis

Dans la fraîcheur, la paix et toute l’innocence?

 

Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?…

Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) - poétesse - Une pomme
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