1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 21:42

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.


 

Les anges musiciens


Sur les fils de la pluie,

Les anges du jeudi

Jouent longtemps de la harpe.

Et sous leurs doigts, Mozart

Tinte, délicieux,

En gouttes de joie bleue

Car c’est toujours Mozart

Que reprennent sans fin

Les anges musiciens

Qui, au long du jeudi,

Font chanter sur la harpe

La douceur de la pluie.
 

Maurice Carême - (1899-1978) - poète et écrivain belge de langue française - Les anges musiciens
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1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 21:04

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 

 

L'automne


L'automne au coin du bois,

Joue de l' harmonica.

Quelle joie chez les feuilles !

Elles valsent au bras

Du vent qui les emportent.

On dit qu'elles sont mortes,

Mais personnes n' y croit.

L' automne au coin du bois,

Joue de l'harmonica .
 

Maurice Carême (1899-1978) - poète et écrivain belge de langue française - L'automne
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1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 19:35

 

 

Albert Willemetz (1887-1964) librettiste, lyriciste et scénariste français

1923

 


La Java 

 

Quand arrive le samedi,

sans foutre de vernis,

ni faire de toilette,

nous partons au galop,

avec nos costauds,

dans un bal musette,

où nous nous retrouvons

rien qu'entre mectons

et vraies gigolettes

deux par deux on tourne, on tourne,

et on fredonne au son de l'accordéon

 

Qu'est-ce qui dégote

le fox-trotte

et même le chimi

les pas english,

la scottish

et tout c'qui s'en suit.

C'est la java,

la vieille mazurka

du vieux sébasto

T'es ma nénesse,

tu es ma gonzesse

je suis ton julot.


 

Albert Willemetz (1887-1964) - librettiste, lyriciste et scénariste français - La Java
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1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 18:54

 

 

Francis Carco (1886-1958) écrivain, poète, journaliste et parolier français

 


Petite Suite sentimentale.

 

C'est au son de l'accordéon

Que Nénette a connu Léon

Et que j'ai rencontré Fernande.

Elle était mince, elle était grande :

Cheveux coupés, l'air d'un garçon.

 

Chacun sa part et sa légende.

J'ai pris Fernande au bon moment

Pour héroïne d'un roman,

Mais aujourd'hui je me demande

Si c'était vraiment pour Fernande

Et non pas pour l'accordéon

Que mon coeur battait pour de bon.

 

 Il jouait un air triste et tendre

Avec de longs gargouillements

Et l'extase jointe au tourment

Y faisait, pour qui sait entendre,

Tournoyer mille enchantements.

 

Qui veut aimer souffre d'attendre.

J'ai trop souffert à mes vingt ans

Pour qu'au musette, en l'écoutant,

L'accordéon qui tant est tendre

Et rauque inexorablement,

Ne me permette de comprendre

Désormais qu'il est l'instrument

Des poètes, des coeurs à prendre

Et de mes mauvais garnements.
 

Renoir - Moulin de la Galette -

Renoir - Moulin de la Galette -

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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 23:22

 

 

Gibran Khalil Gibran (1883 -1931) poète libanais d'expression arabe et anglaise,

 


Le mariage

 

Alors Almitra parla à nouveau et dit,

Et qu’en est-il du Mariage, maître ?

Et il répondit en disant :

Vous êtes nés ensemble, et ensemble vous serez pour toujours

. Vous serez ensemble quand les blanches ailes de la mort disperseront vos jours.

Oui, vous serez ensemble même dans la silencieuse mémoire de Dieu.

Mais laissez l’espace entrer au sein de votre union.

Et que les vents du ciel dansent entre vous.

Aimez-vous l’un l’autre, mais ne faites pas de l’amour une chaîne.

Laissez-le plutôt être une mer dansant entre les rivages de vos âmes.

Emplissez chacun la coupe de l’autre, mais ne buvez pas à la même coupe.

Donnez à l’autre de votre pain, mais ne mangez pas de la même miche.

Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais laissez chacun de vous être seul.

De même que les cordes du luth sont seules pendant qu’elles vibrent de la même harmonie.

Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l’un de l’autre.

Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.

Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :

Car les piliers du temple se tiennent à distance,

Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre.
 

Rosso Fiorentino - Amour et luth

Rosso Fiorentino - Amour et luth

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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 22:48

 

 

Cécile Sauvage (1883-1927) femme de lettres et poétesse française

 


Musique


Une lente voix murmure

Dans la verte feuillaison ;

Est-ce un rêve ou la nature

Qui réveille sa chanson ?

Cette voix dolente et pure

Glisse le long des rameaux :

Si fondue est la mesure

Qu'elle se perd dans les mots,

Si douces sont les paroles

Qu'elles meurent dans le son

Et font sous les feuilles molles

Un mystère de chanson.

 

Ô lente voix réveillée

Qui caresse la feuillée

Comme la brise et le vent ;

Voix profondes de la vie

Et de l'âme réunies

Qui murmurez en rêvant.

Une forme s'effaçant

Dont les gestes nus et blancs

Flottent dans l'ombre légère

Sous un rideau de fougères

Semble exhaler à demi

De ses lèvres entr'ouvertes

Un chant de silence aussi

Berceur que les branches vertes.

 

À peine si le murmure

De la muette chanson

Poursuit sa note et s'épure

Dans la douce feuillaison ;

Et la main passe en silence

Sur la tige d'un surgeon

Dont le rythme fin balance

Les branches de ce vallon.

Ô musique qui t'envoles

Sur les papillons glissants

Et dans la plainte du saule

Et du ruisseau caressant !

 

Passe, chant grêle des choses,

Coule, aile fluide qui n'ose

Peser sur l'azur pâli,

Sur les rameaux endormis ;

Efface-toi, chant de l'âme

Où se mêlent des soupirs

Dans la fuite molle et calme

Des voix qu'on ne peut saisir.
 

Cécile Sauvage (1883-1927) - femme de lettres et poétesse française - Musique
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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 22:30

 

 

Gaston Couté (1880-1911) poète libertaire1 et chansonnier français

 


Chanson de Messidor


Dame ! vois-tu les grands blés d'or

Sous les couchants de Messidor

Saillir longs et droits de la glèbe.

Ils ne sont pas encor si longs

Que les flots de tes cheveux blonds

Où je cache mon front d'éphèbe.

 

Dame ! écoute la voix du vent

Dont l'aile caresse en rêvant

Une par une chaque tige.

Elle est moins vibrante d'émoi

Que ta chanson qui fait en moi

Courir des frissons de vertige.

 

Dame ! regarde voltiger

Les abeilles en l'air léger

Et se reposer sur les roses.

Leur miel plein d'arôme est moins doux

Que le baiser pris à genoux

Sur tes lèvres fraîches écloses.

 

Dame ! en ton geste noble et lent

Cueille un coquelicot sanglant

Pour l'épingler sur ta poitrine.

Il est moins rouge que mon coeur

Quand ton rictus aigre et moqueur

Le met en doute ou le chagrine...
 

Gaston Couté (1880-1911) - poète libertaire et chansonnier français - Chanson de Messidor
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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 20:49

 

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918) poète et écrivain français, 

Alcools, 1913

 


Automne

 

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux

Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne

Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s’en allant là-bas le paysan chantonne

Une chanson d’amour et d’infidélité

Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise

Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été

Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises
 

paysan boeufs J-C.Teilliet XIX° s

paysan boeufs J-C.Teilliet XIX° s

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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 20:45


 

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918) - poète et écrivain français 

Ondes, Calligrammes 1918

 

Le musicien de Saint-Merry

 

J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas

Ils passent devant moi et s’accumulent au loin

Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu

Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien

 

Je ne chante pas ce monde ni les autres astres

Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres

Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir

 

Le 21 du mois de mai 1913

Passeur des morts et les mordonnantes mériennes

Des millions de mouches éventaient une splendeur

Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles

Quittant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher

Jeune l’homme était brun et de couleur de fraise sur les joues

Homme Ah! Ariane

Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas

Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin

Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé

Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui

Il en venait de toutes parts

Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent à sonner

Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine

Qui se trouve au coin de la rue Simon-Le-Franc

Puis saint-Merry se tut

L’inconnu reprit son air de flûte

Et revenant sur ses pas marcha jusqu’à la rue de la Verrerie

Où il entra suivi par la troupe des femmes

Qui sortaient des maisons

Qui venaient par les rues traversières les yeux fous

Les mains tendues vers le mélodieux ravisseur

Il s’en allait indifférent jouant son air

Il s’en allait terriblement

 

Puis ailleurs

À quelle heure un train partira-t-il pour Paris

 

À ce moment

Les pigeons des Moluques fientaient des noix muscades

En même temps

Mission catholique de Bôma qu’as-tu fait du sculpteur

 

Ailleurs

Elle traverse un pont qui relie Bonn à Beuel et disparait à travers Pützchen

Au même instant

Une jeune fille amoureuse du maire

Dans un autre quartier

Rivalise donc poète avec les étiquettes des parfumeurs

 

En somme ô rieurs vous n’avez pas tiré grand-chose des hommes

Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur misère

Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre

Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train de marchandises

 

Tu pleurais assise près de moi au fond d’un fiacre

 

Et maintenant

Tu me ressembles tu me ressembles malheureusement

Nous nous ressemblons comme dans l’architecture du siècle dernier

Ces hautes cheminées pareilles à des tours

Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus le sol

 

Et tandis que le monde vivait et variait

 

Le cortège des femmes long comme un jour sans pain

Suivait dans la rue de la Verrerie l’heureux musicien

 

Cortèges ô cortèges

C’est quand jadis le roi s’en allait à Vincennes

Quand les ambassadeurs arrivaient à Paris

Quand le maigre Suger se hâtait vers la Seine

Quand l’émeute mourait autour de Saint-Merry

 

Cortèges ô cortèges

Les femmes débordaient tant leur nombres était grand

Dans toutes les rues avoisinantes

Et se hâtaient raides comme balle

Afin de suivre le musicien

Ah! Ariane et toi Pâquette et toi Amine

Et toi Mia et toi Simone et toi Mavise

Et toi Colette et toi la belle Geneviève

Elles ont passé tremblantes et vaines

Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la cadence

De la musique pastorale qui guidait

Leurs oreilles avides

 

L’inconnu s’arrêta un moment devant une maison à vendre

Maison abandonnée

Aux vitres brisées

C’est un logis du seizième siècle

La cour sert de remise à des voitures de livraisons

C’est là qu’entra le musicien

Sa musique qui s’éloignait devint langoureuse

Les femmes le suivirent dans la maison abandonnée

Et toutes y entrèrent confondues en bande

Toutes toutes y entrèrent sans regarder derrière elles

Sans regretter ce qu’elles ont laissé

Ce qu’elles ont abandonné

Sans regretter le jour la vie et la mémoire

Il ne resta bientôt plus personne dans la rue de la Verrerie

Sinon moi-même et un prêtre de saint-Merry

Nous entrâmes dans la vieille maison

Mais nous n’y trouvâmes personne

 

Voici le soir

À Saint-Merry c’est l’Angélus qui sonne

Cortèges ô cortèges

C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes

Il vint une troupe de casquettiers

Il vint des marchands de bananes

Il vint des soldats de la garde républicaine

O nuit

Troupeau de regards langoureux des femmes

O nuit

Toi ma douleur et mon attente vaine

J’entends mourir le son d’une flûte lointaine

 

 Guillaume Apollinaire (1880-1918) - poète et écrivain français - Le musicien de Saint-Merry
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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 17:58

 

 

Émile Nelligan (1879-1941) poète québécois 

 


Nuit d'été
 

Le violon, d’un chant très profond de tristesse,

 

Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,

Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,

Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.

Le souffle du Veillant anime chaque feuille;

Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein;

Les oiseaux sont rêveurs; et sous l’oeil opalin

De la lune d’été ma Douleur se recueille…

Lentement, au concert que font sous la ramure

Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,

Le luth dans tout mon coeur éveille en parnassien

La grande majesté de la nuit qui murmure

Dans les cieux alanguis un ramage lointain

Prolongé jusqu’à l’aube, et mourant au Matin.
 

Émile Nelligan (1879-1941) - poète québécois - Nuit d'été
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