29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 17:49

 

 

Pierre Louÿs (1870-1925) poète français

Les Chansons de Bilitis
 


 

La danse des fleurs

 

Anthis, danseuse de Lydie, a sept voiles autour d’elle. 

Elle déroule le voile jaune, sa chevelure noire se répand. 

Le voile rose glisse de sa bouche.

Le voile blanc tombé laisse voir ses bras nus.


 
Elle dégage ses petits seins du voile rouge qui se dénoue. 

Elle abaisse le voile vert de sa croupe jusqu’aux pieds. 

Elle tire le voile bleu de ses épaules, 

mais elle presse sur sa pudeur le dernier voile transparent.

 

 Les jeunes gens la supplient : elle secoue la tête en arrière. 

Au son des flûtes seulement, elle le déchire un peu, 

puis tout à fait, et, avec les gestes de la danse, 

elle cueille les fleurs de son corps,

 

 En chantant : 

"Où sont mes roses ? où sont mes violettes parfumées ?

 Où sont mes touffes de persil ? — Voilà mes roses, je vous

les donne. 

Voilà mes violettes, en voulez-vous ? Voilà mes beaux persils frisés."
 

Les Chansons de Bilitis, François-Louis Schmied Paris - La danse des fleurs

Les Chansons de Bilitis, François-Louis Schmied Paris - La danse des fleurs

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 17:40

 

 

Pierre Louÿs (1870-1925) poète français

Les Chansons de Bilitis

 

 

La flûte de pan

 

Pour le jour des Hyacinthies, il m’a donné une syrinx 

faite de roseaux bien taillés, unis avec de la blanche cire 

qui est douce à mes lèvres comme du miel.

 

Il m’apprend à jouer, assise sur ses genoux ; 

mais je suis un peu tremblante. Il en joue après moi,

 si doucement que je l’entends à peine.

 

Nous n’avons rien à nous dire, tant nous sommes près l’un de l’autre ;

 mais nos chansons veulent se répondre, 

et tour à tour nos bouches s’unissent sur la flûte.

 

 Il est tard, voici le chant des grenouilles vertes qui commence avec la nuit. 

Ma mère ne croira jamais que je suis restée si longtemps 

à chercher ma ceinture perdue.
 

Gaorge Barbier, 1914 - La flûte de pan

Gaorge Barbier, 1914 - La flûte de pan

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 17:14


 

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée.

 

Dans le silencieux automne - 


Dans le silencieux automne

D'un jour mol et soyeux,

Je t'écoute en fermant les yeux,

Voisine monotone.

 

Ces gammes de tes doigts hardis,

C'était déjà des gammes

Quand n'étaient pas encor des dames

Mes cousines, jadis ;

 

Et qu'aux toits noirs de la Rafette,

Où grince un fer changeant,

Les abeilles d'or et d'argent

Mettaient l'aurore en fête.
 

château de la Rafette

château de la Rafette

 

 

Il quitte définitivement Paris en 1912 pour s'installer chez sa sœur, à Saint-Loubès, au château de la Rafette, où leur tante maternelle vit avec son mari Aristide Chaline, qui a racheté le château. Paul-Jean est un familier des lieux, qui auront l'honneur de plusieurs Contrerimes.

Paul-Jean Toulet (1867-1920) - écrivain et poète français - Dans le silencieux automne -
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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 16:15

 

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée.

 


Vous souvient-il de l'auberge

 


Vous souvient-il de l'auberge

Et combien j'y fus galant ?

Vous étiez en piqué blanc :

On eût dit la Sainte Vierge.

 

Un chemineau navarrais

Nous joua de la guitare.

Ah ! que j'aimais la Navarre,

Et l'amour, et le vin frais.

 

De l'auberge dans les Landes

Je rêve, - et voudrais revoir

L'hôtesse au sombre mouchoir,

Et la glycine en guirlandes.

Paul-Jean Toulet (1867-1920) - écrivain et poète français - Vous souvient-il de l'auberge
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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 15:49

 

 

Francis Vielé-Griffin (1864-1937) poète symboliste français 

 

 

un oiseau chantait.

 

Derrière chez mon père, un oiseau chantait.

Sur un chêne au bois,
-
Autrefois -


Un rayon de soleil courait sur les blés lourds ;

Un papillon flottait sur l'azur des lents jours

Que la brise éventait ;

L'avenir s'érigeait en mirages de tours,

Qu'enlaçait un fleuve aux rets de ses détours ;

C'était le château des fidèles amours

 

-

L'oiseau me le contait.

 

Derrière chez mon père, un oiseau chantait

La chanson de mon rêve ;

Et, voix de la plaine, et voix de la grève,

Et voix des bois qu'Avril énerve.

L'écho de l'avenir en riant mentait :

Du jeune cour, l'âme est la folle serve,

Et tous deux ont chanté

Du

Printemps à l'Eté.

 

Derrière chez mon père, sur un chêne au bois.

Un oiseau chantait d'espérance et de joie,

Chantait la vie et ses tournois

Et la lance qu'on brise et la lance qui ploie ;

Le rire de la dame qui guette

Le vainqueur dont elle est la conquête ;

La dame est assise en sa gone de soie

Et serre sur son coeur une amulette.

Derrière chez mon père, un oiseau chantait.

De l'aube jusqu'en la nuit ;

Et dans les soir de solitaire ennui

Sa chanson me hantait ;

Si bien qu'au hasard de paroles très douces

Je me remémorais ses gammes,

Apprises parmi les fougères et les mousses,

Et les redisais à de vagues dames,

Des dames blondes ou brunes ou rousses,

Des dames vaporeuses et sans âmes.

Derrière chez mon père, sur un chêne au bois.

 

Un oiseau chantait la chanson de l'orgueil ;

Et dans les soirs nerveux d'émois

Je l'écoutais du seuil ;

Ils sont morts, les vieux jours de fiers massacres ;

Mes orgueils, écumant du haut frein de mon veuil.

Se sont cabrés aux triomphes des sacres,

Ils ont fleuré les fleurs du cercueil.

Arômes des catafalques - doux et acres -

Mes vanités sont au cercueil.

 

Derrière chez mon père, un oiseau chantait

Qui chante dans mon âme et dans mon coeur, ce soir ;

Je hume vers la nuit où fume un encensoir,

O jardins rutilants qui m'avez enfanté,

Et je revis chaque heure et toutes vos saisons :

Joie en rire de feuilles claires par la rive,

Joie en sourires bleus de lac aux horizons,

Joie en prostrations de la plaine passive,

Joie éclose en frissons ;

Les jeunes délices qui furent dans nos yeux

 

-

Aurores et couchants - les étoiles des cieux

 

Et le portail de

Vie ouvert et spacieux

Vers les jeunes moissons.

 

Derrière chez mon père, sur un chêne au bois.

Derrière chez mon père, un oiseau chantait

En musique de flûte alacre et de hautbois,

En musique qui te vantait,

Toi, mon

Rêve et mon

Choix ;

 

Sais-tu combien aux soirs s'alanguissait ma vie ;

Sais-tu de quels lointains mon âme t'a suivie,

Et comme ton ombre la tentait

Vers le

Château d'Amour que l'oiseau chantait

Sur un chêne au bois ?

-
Autrefois. -

 

geai des chênes - 25/06/2017 - Photographie Marc le Moal

geai des chênes - 25/06/2017 - Photographie Marc le Moal

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29 mai 2024 3 29 /05 /mai /2024 14:41

 

 

Francis Vielé-Griffin (1864-1937) poète symboliste français 

 

Les roses du chemin évoquent d'autres roses ;

L'avril impérieux évoque un autre

Amour ;

Cet avenir, joyeux espoir, que tu proposes,

Rappelle du passé l'ombre d'un autre jour ;

Les roses du chemin évoquent d'autres roses.

 

Le catafalque virginal - ô roses blanches ! - ;

 

Les cierges dans la nuit des crêpes ; le pas lourd

 

Des hommes ; l'orgue lent - comme de nos dimanches

 

D'autrefois - ; et la foule indifférente autour

 

Du catafalque virginal aux roses blanches.

 

Ces jours sont morts ; ta vie, appareillant vers l'aube,

Sombrait avant l'aurore éblouie où je vais,

Rêveur ambitieux de la victoire improbe

Et défiant le souvenir des jours mauvais :

Ces jours sont morts ; l'aurore a refoulé cette aube.

Dis-moi, toi qui rêvais la harpe de l'archange,

Ce soir de causerie intime, si le

Dieu

 

Des jours d'alors t'a pris au sein de la phalange

Harmonieuse de ses choeurs, et dis le

Lieu

 

Très-Saint où chante vers son

Christ ta voix d'archange...

 

Sans doute, et tu connais les

Rythmes et les

Songes,

 

Et quelqu'Amour inapaisé des âmes sours ;

Et tu prends en pitié notre art et ses mensonges

Aimés, et la banalité chère des cours ;

Et tu connais l'Amour, les

Rythmes et les

Songes.

 

O

Doux mort, ô fiévreux enfant, mort de l'ivresse

Que donne aux cours choisis le

Vin sanglant ; et nous,

Malgré qu'aux carrefours de tous chemins se dresse

La croix prestigieuse et qu'on baise à genoux.

Nous avons préféré la

Vie à cette ivresse.

 

Fous de désirs émancipés et d'amour jeune

Vers l'univers conquis à nos voux timorés

Nous marchions, abreuvant d'espérance le jeûne

Des cours ; et nous allions vers des buts ignorés

Dans la joie ivre et dans l'enfièvrement du jeûne.

 

Et cependant que nous allions parmi des roses

Blanches, au gré du sentier vert, ce jour d'avril,

Le souvenir m'a pris du tertre où tu reposes

Endormi dans l'espoir du rêve puéril ;

 

Les roses du chemin évoquant d'autres roses.....

Si bien que, dans le soir qui vient, mon âme est triste

Vaguement, sans regret, si ce n'est d'un espoir

Et que mon cour impétueux et doux résiste

Aux promesses de l'ombre aimante, et, dans le soir

Qui vient très lentement sur nous, mon âme est triste.

Il eût suffi pourtant de ce deuil monitoire

Pour aviver en toi la croyance magique

Et ployer tes genoux devant le

Saint-Ciboire.

 

Reprends ta lyre et rythme à nouveau la supplique

D'un chant humilié qui plaigne et glorifie,

Du seuil, vers l'Agneau saint de la

Messe tragique.

 

Dis : "

Christ, mon coeur est las et ma barque dévie

Au gré de l'ouragan vers la mort éternelle,

Du festin de la chair mon âme est assouvie."

 

Dis encore : " 

Christ

Dieu, mon âme ne vaut-elle

Pas une goutte du

Vrai

Sang qu'un prêtre épanche,

Et n'as-tu pas souci de mon âme immortelle ?"


Grise-toi de l'encens croulant en avalanche

Du choeur vers le parvis où dans l'ombre tu pries,

Et voici que soudain ton âme est toute blanche !


Jusqu'au ciboire d'or gemmé de pierreries,

Où gît le

Pain vivifiant, avance et mange :

Car

Christ ne perdra pas

Celles qu'il a nourries.

 

Sens au fond de ton être abject s'éveiller l'ange,

Entrevois, un instant, le

Ciel pour qui les sages

Ont dédaigné la terre et l'amour de sa fange ;

 

Et des

Voix te diront d'extatiques messages...
 

Francis Vielé-Griffin (1864-1937) - poète symboliste français - Les roses du chemin évoquent d'autres roses ;
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28 mai 2024 2 28 /05 /mai /2024 22:59

 

 

Stuart Merrill (1863-1915) poète symboliste américain d'expression française.

 


Chanson


Je ne sais pas pourquoi mon cœur

Est triste comme un tombeau vide

Sous cette aube où la joie avide

Chante avec la vie ivre en chœur.

 

Quand donc finira cette route ?

 

J’ai ri, comme un enfant, trop fort,

Lorsque du seuil des maisons closes

J’ai vu qu’on balayait les roses

Avec le geste de la mort.

 


La poussière a caché la route.

 

Je crois que je connus jadis

Celle, la seule, qui fut belle,

Et, depuis, mon âme rebelle

Rêve à la fille du roi d’Ys.

 

L’aube est rose au bout de la route.

 

C’est ce matin marché aux fleurs

On chantent les filles fluettes ;

Faut-il, pour de vaines bluettes,

Passer comme un poète en pleurs ?

 

Quelqu’un va mourir sur la route.
 

Stuart Merrill (1863-1915) - poète symboliste américain d'expression française - Chanson
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28 mai 2024 2 28 /05 /mai /2024 22:32

 

 

 

Pierre de Bouchaud ((1862-1925) Italianisant, poète, romancier et critique d’art français

 


La Syrinx


Le son de la Syrinx est doux au soir tranquille.

Faune ! Pour t'écouter la Nymphe des roseaux

A quitté sa retraite, et l'on voit sur les eaux

Comme un cygne glisser sa forme juvénile. (...)

Refusés, donnés ou surpris ?
 

Pierre de Bouchaud (1862-1925) - poète, romancier et critique d’art français - La Syrinx
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28 mai 2024 2 28 /05 /mai /2024 22:14

 

 

René Ghil (1862-1925) poète français

 


Dies irae


Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons

Montait loin sa douleur sourde en les râles longs :

Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !

Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons...

 

Horreur ! la Terre pleure, et, grande Trisaïeule,

Par la vulve et l'ovaire aux ouvraisons de gueule

Ainsi qu'une en gésine appelle et meugle seule :

Horreur ! la Terre pleure et pousse, en sa Terreur,

Son sein de glaise rouge et l'immense dièse

De la genèse en pleurs qui la saigne et la lèse :

Horreur ! la Mère pleure et du Tout la genèse

 


Dans le noir a vagi le grand et premier pleur :

Horreur ! la Terre a mis au monde ; et, pris de peur,

Le noir ivre - sonnez ! - ulule à voix mauvaise :

Dans l'Inouï sonnez ! ô vous que rien n'apaise,

Sonnez, horreurs du noir et dièse vainqueur !...

 

Sang des dièses ! le Vague en musique ruisselle

Sourde ou mélodieuse, et pleure, universelle,

Dans le spasme ou le spleen l'angoisse de mamelle,

Quand hurle l'aise large ou meugle d'inespoir :

 

Sang des dièses ! le Vague, eau de voix noire et pâle,

Voix de gorge se pâme; et, hors du sexe mâle,

Le pollen doux et rauque et qui de Tout s'exhale

Hurle un péan d'amour et de mâle vouloir :

 

Sang des dièses ! l'Amour hurle son péan noir

Dans le noir qui - sonnez ! - ulule au large et râle :

Dans l'inouï sonnez, ô rauqueur animale,

Plaisir aigu qui pleure aux serres du pouvoir !...

 

Vide et Trépas ! du Tout pleure au loin la nénie :

A la Terre au sein noir l'âme du Vague unie

Doloroso s'éplore : et le pleur de la pluie,

Vide et trépas ! haut darde, et sous l'ire du nord

Troue, hélas ! de grands Trous et des mares navrées,

Des mares et des mers aux immenses marées

Montant : A Toi, Nihil ! ô vainqueur des durées,

A Toi gloire ! ô Tueur sans aise et sans remords !

 

Vide et Trépas ! la mer ample, en l'ire qui mord,

A des sourdeurs - sonnez ! - de gorges éplorées :

Dans l'Inouî sonnez ! ô voix enlangourées !

Ô noir primordial et soupirs sans essor !...

 

Oh pleurez ! longues voix, sourdes voix, voix des larmes !

Voix du monde qui saigne et qu'aux ivresses d'armes

Traverse, pâle et noir, le long peuple en alarmes

Des dièses de l'orgue et des âpres Violons !

Oh pleurez ! longues voix de la lèvre animale :

Rien ne vaut la douleur et le plaisir qui râle ;

Rien ne vaut l'orgue sourd et l'émoi qui s'exhale

Apre et rauque, et damné, des Violons noirs et longs :

 

Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons

Montait loin sa douleur sourde en les râles longs :

Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !

Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons..

René Ghil (1862-1925) - poète français - Dies irae
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28 mai 2024 2 28 /05 /mai /2024 20:36


 

 

Antoni Lange (1861 et 1863-1929) multilingue (15 langues), écrivain, poète, dramaturge polonais. 

1898 

 

À Madame S…

cantatrice

 

Le son de votre voix, Madame, est bien pareil

À un rayon de ciel — et qui ne le sait pas,

D’où vient-il, le rayon ? Il nous vient du soleil,

Source de lumière, que Dieu nous dévoila.

 

Mais c’est l’autre source, qu’il nous tient en secret.

Où est le réservoir des mélodieux rayons —

C’est un mystère sacré et nul ne le sait,

Où se trouve la source et le soleil des sons.

 

Il est dans l’invisible, il est dans le divin,

Car il y a dans le chant un rayon angélique,

Qui descend sur nos âmes en murmure argentin —

Et d’un parfum céleste arrose la musique.

 

Musique est une fleur, le chant est son arôme

Et c’est par vous, Madame, que ce souffle du ciel

Nous parvient et nous charme et de l’oubli embaume

Tous nos maux et nos pleurs, tel un rêve éternel.

 

Soyez bienvenue, douce annonciatrice

De l’invisible soleil aux parfums mélodieux,

 

Que Dieu créa pour l’homme, pour qu’il pressentisse

Un monde, où ne règnent que les chanteurs des cieux.

 

Vous êtes sœur jumelle de ce chœur ailé.

Dans vos yeux brille un charme, qui ne pouvait pas naître

Ici bas. Les anges pour sûr vous l’ont donné —

Et c’est qui divinement nous enchante et pénètre.

Antoni Lange (1861 et 1863-1929) écrivain, poète, dramaturge polonais - À Madame S…  cantatrice
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