27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 22:44

 

 

Jules Laforgue (1860-1887) poète franco-uruguayen symboliste

 


Dimanches (V)


N'achevez pas la ritournelle,

En prêtant au piano vos ailes,

Ô mad'moiselle du premier.

Ça me rappelle l'Hippodrome,

Où cet air cinglait un pauvre homme

Déguisé en clown printanier.

 

Sa perruque arborait des roses,

Mais, en son masque de chlorose,

Le trèfle noir manquait de nez !

Il jonglait avec des coeurs rouges

Mais sa valse trinquait aux bouges

Où se font les enfants mort-nés.

 

Et cette valse, ô mad'moiselle,

Vous dit les Roland, les dentelles

Du bal qui vous attend ce soir !....

- Ah ! te pousser par tes épaules

Décolletées, vers de durs pôles

Où je connais un abattoir !

 

Là, là, je te ferai la honte !

Et je te demanderai compte

De ce corset cambrant tes reins,

De ta tournure et des frisures

Achalandant contre-nature

Ton front et ton arrière-train.

 

Je te crierai : " Nous sommes frères ! "

" Alors, vêts-toi à ma manière,

" Ma manière ne trompe pas ;

" Et perds ce dandinement louche

" D'animal lesté de ses couches,

" Et galopons par les haras !

 

Oh ! vivre uniquement autochtones

Sur cette terre (où nous cantonne

Après tout notre être tel quel !)

Et sans préférer, l'âme aigrie,

Aux vers luisants de nos prairies

Les lucioles des prés du ciel ;

 

Et sans plus sangloter aux heures

De lendemains, vers des demeures

Dont nous nous sacrons les élus.

Ah ! que je vous dis, autochtones !

Tant la vie à terre elle est bonne

Quand on n'en demande pas plus.
 

Jules Laforgue (1860-1887) - poète franco-uruguayen symboliste - Dimanches (V) N'achevez pas la ritournelle,
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 22:27


 

 

Jules Laforgue (1860-1887) poète franco-uruguayen symboliste

 

Complainte des pianos qu'on entend dans les quartiers aisés


Menez l'âme que les Lettres ont bien nourrie,

Les pianos, les pianos, dans les quartiers aisés !

Premiers soirs, sans pardessus, chaste flânerie,

Aux complaintes des nerfs incompris ou brisés.

 

Ces enfants, à quoi rêvent-elles,

Dans les ennuis des ritournelles ?

 

" Préaux des soirs,

Christs des dortoirs !

 

" Tu t'en vas et tu nous laisses,

Tu nous laiss's et tu t'en vas,

Défaire et refaire ses tresses,

Broder d'éternels canevas. "

 

Jolie ou vague ? triste ou sage ? encore pure ?

Ô jours, tout m'est égal ? ou, monde, moi je veux ?

Et si vierge, du moins, de la bonne blessure,

Sachant quels gras couchants ont les plus blancs aveux ?

 

Mon Dieu, à quoi donc rêvent-elles ?

A des Roland, à des dentelles?

 

- " Coeurs en prison,

Lentes saisons !

 

" Tu t'en vas et tu nous quittes,

Tu nous quitt's et tu t'en vas !

Couvent gris, choeurs de Sulamites,

Sur nos seins nuls croisons nos bras. "

 

Fatales clés de l'être un beau jour apparues ;

Psitt ! aux hérédités en ponctuels ferments,

Dans le bal incessant de nos étranges rues ;

Ah ! pensionnats, théâtres, journaux, romans !

 

Allez, stériles ritournelles,

La vie est vraie et criminelle.

 

" Rideaux tirés,

Peut-on entrer?

 

" Tu t'en vas et tu nous laisses,

Tu nous laiss's et tu t'en vas,

La source des frais rosiers baisse,

Vraiment ! Et lui qui ne vient pas... "

 

Il viendra ! Vous serez les pauvres coeurs en faute,

Fiancés au remords comme aux essais sans fond,

Et les suffisants coeurs cossus, n'ayant d'autre hôte

Qu'un train-train pavoisé d'estime et de chiffons.

 

Mourir ? peut-être brodent-elles,

Pour un oncle à dot, des bretelles ?

 

"- Jamais ! Jamais !

Si tu savais!

 

" Tu t'en vas et tu nous quittes,

Tu nous quitt's et tu t'en vas,

Mais tu nous reviendras bien vite

Guérir mon beau mal, n'est-ce pas? "

 

Et c'est vrai ! l'Idéal les fait divaguer toutes,

Vigne bohème, même en ces quartiers aisés.

La vie est là ; le pur flacon des vives gouttes

Sera, comme il convient, d'eau propre baptisé.

 

Aussi, bientôt, se joueront-elles

De plus exactes ritournelles.

 

" - Seul oreiller !

Mur familier !

 

" Tu t'en vas et tu nous laisses,

Tu nous laiss's et tu t'en vas.

Que ne suis-je morte à la messe !

Ô mois, ô linges, ô repas ! "
 

Jules Laforgue (1860-1887) - poète franco-uruguayen symboliste - Complainte des pianos
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 21:36


 

Jules Laforgue (1860-1887) - poète franco-uruguayen symboliste - 

 


Air de biniou

 

Non, non, ma pauvre cornemuse,

Ta complainte est pas si oiseuse ;

Et Tout est bien une méprise,

Et l’on peut la trouver mauvaise ;

 

Et la Nature est une épouse

Qui nous carambole d’extases,

Et puis, nous occit, peu courtoise,

Dès qu’on se permet une pause.

 

Eh bien ! qu’elle en prenne à son aise,

Et que tout fonctionne à sa guise !

Nous, nous entretiendrons les Muses.

Les neuf immortelles Glaneuses !

 

(Oh ! pourrions-nous pas, par nos phrases,

Si bien lui retourner les choses,

Que cette marâtre jalouse

N’ait plus sur nos rentes de prise?)
 

Jules Laforgue (1860-1887) - poète franco-uruguayen symboliste - Air de biniou
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 21:26

 

 

Sébastien-Charles Leconte (1860-1934) poète français 

Le Sang de Méduse.

1918

 


Le Dernier Chant d’Orphée

 

O Vierges ! n’est-ce pas qu’autour de mon supplice,

Vos danses mèneront, sous la lune complice,

Une orgie en démence au rythme bondissant,

Et, de l’antique Olympe ébranlant les murailles,

Feront mes funérailles

Ruisselantes de sang ?

 

N’est-ce pas que, ce soir, dans les forêts grondantes,

Pleines de souffles courts et d’haleines stridentes,

Et chaudes de sueurs et rouges de flambeaux,

 


N’est-ce pas que la nuit dionysiaque épie

Le trépas de l’impie,

Dont la chair dispersée est promise aux corbeaux ?

 

O Femmes ! n’est-ce pas que ma pompe dernière,

Quand vos torches, au vent dénouant leur crinière,

Sur les tigres vaincus et les lions couchants,

Draperont de leurs feux votre pourpre trophée,

Sera digne d’Orphée

Et digne de ses chants !

 

Pour crier ma défaite aux sommets solitaires,

Vous ceindrez la dépouille horrible des panthères,

Le pelage ocellé des lynx, et la toison

Des monstres de l’Indos et des bêtes du Gange,

Et la fauve vendange

Emplira de fureurs le quadruple horizon.

 

Car vos haines sans fin le suivent, ô Prêtresses !

Le poète qui va, dédaignant vos ivresses,

Attentif seulement, sous l’éther radieux,

L’immortelle voix qui lui parle et l’enseigne,

Qui passe et qui dédaigne

Votre culte et vos dieux.

 

Iacchos, fils du Maître inévitable, presse

Sur les pentes du mont la harde vengeresse,

A travers le fourré des halliers chevelus…

Le sacrilège est là, dont le verbe vous brave,

Et sa lyre, plus grave,

Prolonge l’hymne pur qu’elle ne dira plus.

 

Vos colères ce soir halètent sur sa trace !…

Accourez ! la vipère étincelante enlace

Vos cheveux, la couleuvre ondoie sous vos pas ;

Et votre foi s’offense à le voir qui regarde

Votre foule hagarde,

Et qui ne l’entend pas.

 

Et toutes, sous les pins aux sombres colonnades,

 

Vous viendrez, du Mimas et de l’Edon, Ménades,

Bacchantes dont le lierre emprisonne le front,

Hurlantes, déchaînant la frénétique extase

De l’ardente thyase…

Et vos thyrses feuillus dans mon sang fleuriront.

 

Mais quand mon dernier cri, passant dans leur haleine,

Soulèvera d’horreur leur aile surhumaine,

Mes strophes porteront, palpitantes encor,

Des Montagnes de Thrace aux plages d’Ionie,

Ma clameur d’agonie,

Dans leur suprême accord.

 

Mais la Mort ne fait pas, en touchant le Poète,

Le ciel silencieux et la Terre muette,

Puisque plus fatidique est le chêne abattu,

Et voici que la plainte immortelle du Monde

S’éveille plus profonde,

A l’heure où le Chanteur, qui la disait, s’est tu.

 

Sur la glèbe fertile et la lande sauvage,

Voici que naît et sourd et s’enfle et se propage,

Comme la vie obscure au fond de l’élément,

Des ramures des pins aux cheveux de l’yeuse,

Une onde harmonieuse

Irrésistiblement.

 

Elle court et grandit, se déroule, enveloppe

Et l’Hémos sourcilleux et le morne Rhodope,

La terre pélasgique et les neiges d’Œta…

Et vous écouterez, dans les nombres du thrène,

Cette ode souveraine,

Telle que nulle oreille encore n’écouta,

 

Des cimes aux vallons, les accents se répondre

De l’hymne universel où tout va se confondre,

Au souffle tout puissant des rythmes inspirés,

Et la sagesse sainte et le sacré délire,

Et les voix de la Lyre

Où vous vous unirez,

 


Voix de tout ce qui vit, voix de tout ce qui chante !

La mer céruléenne et la fauve bacchante,

Le flot inaltérable et l’impure beauté,

Afin que tout anime, afin que tout célèbre

La victoire funèbre

De celui qui mourut après avoir chanté.

Orphée tentant de sauver Eurydice des Enfers, tableau de 1862 - Edward John Poynter

Orphée tentant de sauver Eurydice des Enfers, tableau de 1862 - Edward John Poynter

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 20:49


 

 

Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.

 

 

Nuit blanche


Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase

Frissonne, humide encore, une gerbe de fleurs.

Nul flambeau dans la chambre - où tes chères pâleurs

Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze.

 

Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase,

Sur le piano triste, où trembleront des pleurs,

Tes mains feront chanter d'angéliques douleurs

Et je t'écouterai, silencieux d'extase.

 

Tels nous nous aimerons, sévères et muets.

Seul, un baiser parfois sur tes ongles fluets

Sera la goutte d'eau qui déborde des urnes,

 

O Soeur ! et dans le ciel de notre pureté

Le virginal Désir des amours taciturnes

Montera lentement comme un astre argenté.
 

Albert Samain (1858-1900) - poète symboliste français - Nuit blanche
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 20:27


 

 

Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.

Recueil : Au jardin de l'infante (1893).

 


Sonnet.

Musique

 

Puisqu'il n'est point de mots qui puissent contenir,

Ce soir, mon âme triste en vouloir de se taire,

Qu'un archet pur s'élève et chante, solitaire,

Pour mon rêve jaloux de ne se définir.

 

Ô coupe de cristal pleine de souvenir ;

Musique, c'est ton eau seule qui désaltère ;

Et l'âme va d'instinct se fondre en ton mystère,

Comme la lèvre vient à la lèvre s'unir.

 

Sanglot d'or !... Oh ! voici le divin sortilège !

Un vent d'aile a couru sur la chair qui s'allège ;

Des mains d'anges sur nous promènent leur douceur.

 

Harmonie, et c'est toi, la Vierge secourable,

Qui, comme un pauvre enfant, berces contre ton cœur

Notre cœur infini, notre cœur misérable.
 

Albert Samain (1858-1900) - poète symboliste français -  Musique
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 20:09

 

 

Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.

Recueil : Au jardin de l'infante (1893).

 

 

Musique sur l'eau

 

Oh ! Écoute la symphonie ;

Rien n'est doux comme une agonie

Dans la musique indéfinie

Qu'exhale un lointain vaporeux ;

 

D'une langueur la nuit s'enivre,

Et notre cœur qu'elle délivre

Du monotone effort de vivre

Se meurt d'un trépas langoureux.

 

Glissons entre le ciel et l'onde,

Glissons sous la lune profonde ;

Toute mon âme, loin du monde,

S'est réfugiée en tes yeux,

 

Et je regarde tes prunelles

Se pâmer sous les chanterelles,

Comme deux fleurs surnaturelles

Sous un rayon mélodieux.

 

Oh ! écoute la symphonie ;

Rien n'est doux comme l'agonie

De la lèvre à la lèvre unie

Dans la musique indéfinie...
 

Albert Samain (1858-1900) - poète symboliste français - Musique sur l'eau
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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 19:36


 

 

Jean Lorrain (1855-1906) écrivain français 

 

 

Pour Léon Cladel

 

Linus aux bois de Crète errant parmi les branches 

Voyait fuir et tourner de vagues formes blanches 

Qui riaient ; et des pieds nus, dansant sur le thym

 

Et la menthe sauvage, égaraient Théocrite

En Sicile. En Bretagne, au temps d'un roi lointain,

Viviane, en riant de son rire argentin,    

Pour captiver un mage évoquait un vieux rite ;

 

Un charme Assyriaque aux savants nombres d'or, 

Et svelte, demi-nue et d'iris bleus coiffée, 

Les bras cerclés d'argent, dansait, lascive fée, 

Sur le rythme endormant des prêtresses d'Endor.

 

En vain pour l'éveiller Arthur sonna du cor, 

Le vieux barde oublié dort dans Broceliande 

Et les harpeurs gallois ont gardé la légende.
 

Viviane et Merlin - Limoges XV° siècle

Viviane et Merlin - Limoges XV° siècle

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27 mai 2024 1 27 /05 /mai /2024 18:20


 

 

Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français

Recueil : Poésies (1870-1871).

Place de la Gare, à Charleville.

 


À la musique


Sur la place taillée en mesquines pelouses,

Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,

Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs

Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.

 

- L'orchestre militaire, au milieu du jardin,

Balance ses schakos dans la Valse des fifres :

Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ;

Le notaire pend à ses breloques à chiffres.

 

Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :

Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames

Auprès desquelles vont, officieux cornacs,

Celles dont les volants ont des airs de réclames ;

 

Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités

Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,

Fort sérieusement discutent les traités,

Puis prisent en argent, et reprennent : " En somme !..."

 

Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,

Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,

Savoure son onnaing d'où le tabac par brins

Déborde - vous savez, c'est de la contrebande ; -

 

Le long des gazons verts ricanent les voyous ;

Et, rendus amoureux par le chant des trombones,

Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious

Caressent les bébés pour enjôler les bonnes...

 

- Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,

Sous les marronniers verts les alertes fillettes :

Elles le savent bien ; et tournent en riant,

Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

 

Je ne dis pas un mot : je regarde toujours

La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :

Je suis, sous le corsage et les frêles atours,

Le dos divin après la courbe des épaules.

 

J'ai bientôt déniché la bottine, le bas...

- Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.

Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas...

- Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres.
 

 Arthur Rimbaud (1854-1891) - poète français - À la musique
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 22:49

 

 

Jules Lemaître (1853-1914) écrivain français 

1896 

 


La Lyre d’Orphée


 
Quand Orphée eut perdu sa maîtresse à jamais,

Il dit : "Je chanterai, pour épuiser ma peine,

Un thrène harmonieux sur celle que j’aimais."

 

Fuyant l’Hèbre fatal et sa rive inhumaine,

Au bois sombre, où parfois sonne un rugissement,

Il promenait les chants de la Lyre d’ébène.

 

Mais il sentait la plainte inégale au tourment.

Il cria : "L’Art est vain et ne saurait tout dire.

L’air qui vibre n’est rien, et la Muse nous ment."

 

Il arracha d’un coup les trois fils de la Lyre,

Et, tandis qu’un suprême et déchirant accord

Eclate et dans le bois mélancolique expire,

 

Il se coucha sur l’herbe et souhaita la mort.

 

 

Était-ce une déesse ? était-ce un dieu ? Mystère.

Une forme éthérée, un clair fantôme bleu,

On ne sait d’où venu, descendit sur la terre.

 

Il abattit son vol auprès du demi-dieu

Et, déployant sur lui ses ailes blanchissantes,

Ouvrit le sein d’Orphée avec son doigt de feu.

 

Alors, pour remplacer les trois cordes absentes,

Il lui tira du cœur trois fibres, — et soudain

Au Luth silencieux les fixa frémissantes.

 

Réveillant le poète, il lui mit à la main

La merveilleuse Lyre aux fils rouges et tièdes,

Et dit : "Joue à présent, maître, et va ton chemin !"

 

A sa voix se leva le prince des Aèdes,

Et son Luth animé, plein de souffles ardents,

Si douloureusement vibra sous ses doigts raides,

 

Que les tigres rayés et les lions grondants

Le suivaient attendris, et lui faisaient cortège,

Doux, avec des lambeaux de chair entre les dents.

 

Chœur monstrueux conduit par un divin Chorège !

Les grands pins, pour mieux voir l’étrange défilé,

En cadence inclinaient leurs fronts chargés de neige.

 

Les gouttes de son sang sur le Luth étoilé

Brillaient. Charmant sa peine au son des notes lentes,.

L’Aède, fils du Ciel, se sentit consolé :

 

Car tout son cœur chantait dans les cordes sanglantes.
 

La mort d'Orphée de Gustave Moreau

La mort d'Orphée de Gustave Moreau

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