26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 22:28


 

 

Germain Nouveau (1851-1920) poète français.

Recueil : Premiers vers (1872-1878).

 


Sonnet.

Un peu de musique

 

Une musique amoureuse

Sous les doigts d'un guitariste

S'est éveillée, un peu triste,

Avec la brise peureuse ;

 

Et sous la feuillée ombreuse

Où le jour mourant résiste,

Tourne, se lasse, et persiste

Une valse langoureuse.

 

On sent, dans l'air qui s'effondre,

Son âme en extase fondre ;

— Et parmi la vapeur rose

 

De la nuit délicieuse

Monte cette blonde chose,

La lune silencieuse.
 

Germain Nouveau (1851-1920) - poète français - Un peu de musique
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 21:46

 

 

William Chapman (1850-1917) journaliste, poète et traducteur québécois 

 

Au fil des heures
 À Gustave Comte.

 


Ô le mystérieux pouvoir de la Musique !

Depuis les jours sacrés d’Orphée et d’Arion

Enivrant le dauphin et charmant le lion,

Nul ne peut résister à son souffle magique

Où palpite le vol de l’Inspiration !

 

Un jour, à Montréal, au pied de la colonne

Qui porte à son sommet Nelson à Trafalgar,

Un béquillard, au teint livide, à l’œil hagard,

Râclait du violon, malgré le vent d’automne

Fouettant son corps mouillé des pleurs d’un froid brouillard.

 


Il râclait, il râclait, et la foule mobile

Restait indifférente aux cris de l’instrument,

Fermait les yeux devant le triste affaissement

Du pâle garçonnet qui tenait la sébile.

Il râclait, il râclait, sans trêve, obstinément.

 

En vain le malheureux par sa fugue entêtée

S’efforçait d’arrêter les passants dédaigneux,

En vain l’enfant malade et des pleurs dans les yeux,

Faisait tinter des sous dans l’écuelle agitée.

Hélas ! rien ne tombait aux pâles haillonneux.

 

Cependant un piéton, à la démarche, altière,

Attiré par les sons du violon criard,

Remarquant l’abandon navrant du béquillard,

S’arrêta, se troubla, fit un pas en arrière.

Puis marcha vers le couple, et, parlant au vieillard :

 

"Je voudrais essayer ton violon, confrère,

Dit le passant avec un sourire charmant,

Je voudrais l’essayer un tout petit moment,

Pour voir si je pourrais soulager ta misère.

Non, non, ne cache pas ainsi ton instrument."

 


Et, dégantant soudain une main fine et blanche,

Il saisit le crincrin que le vieux lui cachait,

― Comme un enfant peureux étreignant un hochet, ―

Et, l’œil en feu, campé fièrement sur la hanche,

Fébrilement passa sur les cordes l’archet.

 

Mais à peine avait-il égrené quelques notes,

Que les passants, surpris, s’étaient groupés autour

De ce musicien qui faisait tour à tour

Gazouiller sous ses doigts rossignols et linottes,

Et dont le cœur semblait tout flamme et tout amour.

 

Bientôt les sons joyeux devenaient lents et graves :

Un andante vibrait au lieu des allégros.

Ensuite des soupirs, des plaintes, des sanglots,

Sous ses doigts tressaillaient, farouches et suaves

Comme la grande voix des brises et des flots.

 

Et les gémissements du mendiant aux portes

Des riches assouvis de parfums et de vin,

L’appel du naufragé qui se lamente en vain,

Les bruits du vent glacé roulant les feuilles mortes,

Sortaient des flancs émus de l’instrument divin.

 


Brusque transition ! des cordes harmoniques

S’envolent tout à coup les vifs accords du bal.

Les rires, les chansons, les cris du carnaval.

Les citadins, poussant des bravos frénétiques,

Entouraient de plus près le maître sans rival.

 

Mais le musicien reprend la note triste

Et fait pleurer les sons sur le déshérité

Pour qui jamais ne brille un rayon de gaîté.

Ses arpèges, tout pleins de son âme d’artiste,

Semblaient clamer à tous : "Faites la charité !"

 

Il suppliait pour ceux qui gémissent sans trêve

Et que le sort paraît s’obstiner à meurtrir,

Pour les pauvres honteux, que nul ne voit souffrir,

Qui, pareils aux oiseaux du bois ou de la grève,

Blessés par le chasseur, se cachent pour mourir.

 

Émus comme la fleur ou la feuille qui tremble

Aux sonores baiser d’un vent mélodieux,

Sous le charme vainqueur de ce souffle des cieux,

Tous les fronts pâlissaient et s’inclinaient ensemble,

Tous les yeux se mouillaient de pleurs silencieux.

 


"Maintenant secourez la pauvreté souffrante,

Pendant qu’en votre cœur parle la charité",

Dit le violoniste avec simplicité.

Puis il rentra, furtif, dans la foule béante

Qui referma sur lui son grand flot agité.

 

Et l’aumône coula comme l’eau d’une source.

Dans le noir couvre-chef du vieillard à genoux

Les brillants louis d’or se mariaient aux sous.

Des femmes, regrettant l’absence de leur bourse,

S’affolaient, déliraient, et donnaient leurs bijoux.

 

Et tous se demandaient, ivres de l’harmonie

Qui venait d’éveiller dans les cœurs tant d’échos,

Quel était ce charmeur, quel était ce héros

Dont l’abnégation égalait le génie

Et dont la modestie avait fui les bravos.

 

Et, pendant que plus d’un bénissait dans son âme

Celui qui, rayonnant de l’éclair immortel,

Avait ainsi voulu fléchir le sort cruel,

Parmi les citadins fascinés une femme

Répétait : "C’est sans doute un messager du ciel !"

 


Ô le mystérieux pouvoir de la musique !

Depuis les jours sacrés d’Orphée et d’Arion

Enivrant le dauphin et charmant le lion,

Nul ne peut résister à son souffle magique

Où palpite le vol de l’Inspiration 

William Chapman (1850-1917) - journaliste, poète et traducteur québécois - Au fil des heures
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 21:16

William Chapman(1850-1917)  journaliste, poète et traducteur québécois 

 

 
À Samuel Casavant.

Intima verba

 

L’orgue ! ― Dans l’atelier immense qui bourdonne,

Maint ouvrier déploie un effort rude et long,

Ciselant tour à tour le bois, le fer, le plomb,

Pour créer l’instrument qui chante, pleure et tonne.

 

Heureux d’emprisonner dans ses flancs le trombone,

La flûte, le hautbois, le cor, le violon,

Le facteur patient, héritier d’Apollon,

Poursuit avec lenteur son travail monotone.

 

À polir un sonnet, une ode, un madrigal,

Le musophile prend une peine infinie.

Le vers doit y vibrer comme bois et métal.

 

Et j’applaudis en vous l’artiste de génie

Qui, l’oreille toujours ouverte à l’harmonie,

Dans le poète acclame un fraternel rival.

William Chapman(1850-1917) - journaliste, poète et traducteur québécois - Intima verba
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 20:46

 

 

Jules Richepin (1849-1926) poète, romancier et dramaturge français.

 


La flûte


Je n'étais qu'une plante inutile, un roseau.

Aussi je végétais, si frêle, qu'un oiseau

En se posant sur moi pouvait briser ma vie.

Maintenant je suis flûte et l'on me porte envie.

Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,

Un matin en passant m'arracha du marais,

De mon coeur, qu'il vida, fit un tuyau sonore,

Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,

Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;

Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux

Éveille les chansons au creux de mon silence,

Je tressaille, je vibre, et la note s'élance ;

Le chapelet des sons va s'égrenant dans l'air ;

On dirait le babil d'une source au flot clair ;

Et dans ce flot chantant qu'un vague écho répète

Je sais noyer le coeur de l'homme et de la bête.
 

Jules Richepin (1849-1926) - poète, romancier et dramaturge français - La flûte
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 18:45


 

 

Émile Goudeau (1849-1906) journaliste, romancier et poète français. 

 


Sur la route de Charenton


Enterrement étrange !

Un ange

Est cloué dans un cercueil.

Quatre lourdes guitares

Bizarres

Cahotant, mènent le deuil.

 

Dans une âcre fumée

Formée

Par les pipes de l'amant,

L'ombre de la maîtresse

Traîtresse

S'avance tranquillement.

 

Plus loin, une bouteille

Très vieille,

Dont on a bu le cognac,

Sur le pavé qui glisse,

Esquisse

Une marche ab hoc ab hac

 

Un fantôme revêche,

La dèche,

Sous un chapeau défoncé

Ouvrant sa gueule énorme,

S'informe

Qui des siens est trépassé.

 

Le spleen diabolique

Réplique :

C'est un frêle mirliton,

L'âme d'un très chouette

Poète,

Qu'on emporte à Charenton.

 

La bouteille grivoise

Dégoise

J'ai ramolli son cerveau.

Oh ! dit la femmelette

Squelette,

Mes flancs furent son caveau.

 

Les guitares, boiteuses

Chanteuses,

Grinçant avec désespoir

Geignent : La poésie

Transie

Est un lugubre éteignoir.

 

Or, ma carcasse infâme,

Sans âme,

Sortant du fond des égouts,

Regarda d'un air bête

Ma tête

Aller au pays des fous.

 

Depuis lors, par la ville

Servile

Et parmi les libres champs,

Comme en terre étrangère,

Seul j'erre,

Sans raison, hurlant des chants.
 

Émile Goudeau (1849-1906) - journaliste, romancier et poète français - Sur la route de Charenton
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 17:43


 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - 

Les Névroses, Les Âmes

 

 

Chopin

À Paul Viardot.

 

 Chopin, frère du gouffre, amant des nuits tragiques,

Âme qui fus si grande en un si frêle corps,

Le piano muet songe à tes doigts magiques

Et la musique en deuil pleure tes noirs accords.

 

L’harmonie a perdu son Edgar Poe farouche

Et la mer mélodique un de ses plus grands flots.

C’est fini ! le soleil des sons tristes se couche,

Le Monde pour gémir n’aura plus de sanglots !

 

Ta musique est toujours – douloureuse ou macabre –

L’hymne de la révolte et de la liberté,

Et le hennissement du cheval qui se cabre

Est moins fier que le cri de ton cœur indompté.

 

Les délires sans nom, les baisers frénétiques

Faisant dans l’ombre tiède un cliquetis de chairs,

Le vertige infernal des valses fantastiques,

Les apparitions vagues des défunts chers ;

 


La morbide lourdeur des blancs soleils d’automne ;

Le froid humide et gras des funèbres caveaux ;

Les bizarres frissons dont la vierge s’étonne

Quand l’été fait flamber les cœurs et les cerveaux ;

 

L’abominable toux du poitrinaire mince

Le harcelant alors qu’il songe à l’avenir ;

L’ineffable douleur du paria qui grince

En maudissant l’amour qu’il eût voulu bénir ;

 

L’âcre senteur du sol quand tombent des averses

Le mystère des soirs où gémissent les cors ;

Le parfum dangereux et doux des fleurs perverses

Les angoisses de l’âme en lutte avec le corps ;

 

Tout cela, torsions de l’esprit, mal physique,

Ces peintures, ces bruits, cette immense terreur,

Tout cela, je le trouve au fond de ta musique

Qui ruisselle d’amour, de souffrance et d’horreur.

 

Vierges tristes malgré leurs lèvres incarnates,

Tes blondes mazurkas sanglotent par moments,

Et la poignante humour de tes sombres sonates

M’hallucine et m’emplit de longs frissonnements.

 

Au fond de tes Scherzos et de tes Polonaises,

Épanchements d’un cœur mortellement navré,

J’entends chanter des lacs et rugir des fournaises

Et j’y plonge avec calme et j’en sors effaré.

 


Sur la croupe onduleuse et rebelle des gammes

Tu fais bondir des airs fauves et tourmentés,

Et l’âpre et le touchant, quand tu les amalgames,

Raffinent la saveur de tes étrangetés.

 

Ta musique a rendu les souffles et les râles,

Les grincements du spleen, du doute et du remords,

Et toi seul as trouvé les notes sépulcrales

Dignes d’accompagner les hoquets sourds des morts.

 

Triste ou gai, calme ou plein d’une angoisse infinie,

J’ai toujours l’âme ouverte à tes airs solennels,

Parce que j’y retrouve à travers l’harmonie,

Des rires, des sanglots et des cris fraternels.

 

Hélas ! toi mort, qui donc peut jouer ta musique ?

Artistes fabriqués, sans nerf et sans chaleur,

Vous ne comprenez pas ce que le grand Phtisique

A versé de génie au fond de sa douleur !
 

Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - Chopin
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 17:00


 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) poète français 

Les Névroses - Les Spectres, 1917 

 

L'amante macabre

À Charles Buet.

 
Elle était toute nue assise au clavecin ;

Et tandis qu’au dehors hurlaient les vents farouches

Et que Minuit sonnait comme un vague tocsin,

Ses doigts cadavéreux voltigeaient sur les touches.

 

Une pâle veilleuse éclairait tristement

La chambre où se passait cette scène tragique,

Et parfois j’entendais un sourd gémissement

Se mêler aux accords de l’instrument magique.

 

Oh ! magique en effet ! Car il semblait parler

Avec les mille voix d’une immense harmonie,

Si large qu’on eût dit qu’elle devait couler

D’une mer musicale et pleine de génie.

 

Ma spectrale adorée, atteinte par la mort,

Jouait donc devant moi, livide et violette,

Et ses cheveux si longs, plus noirs que le remord,

Retombaient mollement sur son vivant squelette.

 


Osseuse nudité chaste dans sa maigreur !

Beauté de poitrinaire aussi triste qu’ardente !

Elle voulait jeter, cet ange de l’Horreur,

Un suprême sanglot dans un suprême andante.

 

Auprès d’elle une bière en acajou sculpté,

Boîte mince attendant une morte fluette,

Ouvrait sa gueule oblongue avec avidité

Et semblait l’appeler avec sa voix muette.

 

Sans doute, elle entendait cet appel ténébreux

Qui montait du cercueil digne d’un sanctuaire,

Puisqu’elle y répondit par un chant douloureux

Sinistre et résigné comme un oui mortuaire !

 

Elle chantait : "Je sors des bras de mon amant.

"Je l’ai presque tué sous mon baiser féroce ;

"Et toute bleue encor de son enlacement,

"J’accompagne mon râle avec un air atroce !

 

"Depuis longtemps, j’avais acheté mon cercueil :

"Enfin ! Avant une heure, il aura mon cadavre ;

"La Vie est un vaisseau dont le Mal est l’écueil,

"Et pour les torturés la Mort est un doux havre.

 

"Mon corps sec et chétif vivait de volupté :

 "Maintenant, il en meurt, affreusement phtisique ;

 "Mais, jusqu’au bout, mon cœur boira l’étrangeté

 "Dans ces gouffres nommés Poésie et Musique.

 


"Vous que j’ai tant aimés, hommes, je vous maudis !

"À vous l’angoisse amère et le creusant marasme !

"Adieu, lit de luxure, Enfer et Paradis,

"Où toujours la souffrance assassinait mon spasme.

 

"Réjouis-toi, Cercueil, lit formidable et pur

"Au drap de velours noir taché de larmes blanches,

"Car tu vas posséder un cadavre si dur

"Qu’il se consumera sans engluer tes planches.

 

"Et toi, poète épris du Sombre et du Hideux,

"Râle et meurs ! Un ami te mettra dans la bière,

"Et sachant notre amour, nous couchera tous deux

"Dans le même sépulcre et sous la même pierre.

 

"Alors, de chauds désirs inconnus aux défunts

"Chatouilleront encor nos carcasses lascives,

"Et nous rapprocherons, grisés d’affreux parfums,

"Nos orbites sans yeux et nos dents sans gencives !"

 

Et tandis que ce chant de la fatalité

Jetait sa mélodie horrible et captivante,

Le piano geignait avec tant d’âpreté,

Qu’en l’écoutant, Chopin eût frémi d’épouvante.

 

Et moi, sur mon lit, blême, écrasé de stupeur,

Mort vivant n’ayant plus que les yeux et l’ouïe,

Je voyais, j’entendais, hérissé par la Peur,

Sans pouvoir dire un mot à cette Ève inouïe.

 


Et quand son cœur sentit son dernier battement,

Elle vint se coucher dans les planches funèbres ;

Et la veilleuse alors s’éteignit brusquement,

Et je restai plongé dans de lourdes ténèbres.

 

Puis, envertiginé jusqu’à devenir fou,

Croyant voir des Satans qui gambadaient en cercle,

J’entendis un bruit mat suivi d’un hoquet mou :

Elle avait rendu l’âme en mettant son couvercle.

 

Et depuis, chaque nuit, ― ô cruel cauchemar ! ―

Quand je grince d’horreur, plus désolé qu’Électre,

Dans l’ombre, je revois la morte au nez camard,

Qui m’envoie un baiser avec sa main de spectre.

Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - L'amante macabre
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 16:46

 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - 

Les Névroses -  Les Âmes

 


Le piano

À Marcel Noël.

 
Puis-je te célébrer autant que je le dois,

Cher interlocuteur au langage mystique ?

Hier encor, le chagrin, ruisselant de mes doigts,

T’arrachait un sanglot funèbre et sympathique.

 

Sois fier d’être incompris de la vulgarité !

Beethoven a sur toi déchaîné sa folie,

Et Chopin, cet Archange ivre d’étrangeté,

T’a versé le trop-plein de sa mélancolie.

 

Le rêve tendrement peut flotter dans tes sons ;

La volupté se pâme avec tous ses frissons

Dans tes soupirs d’amour et de tristesse vague ;

 

Intime confident du vrai musicien,

Tu consoles son cœur et son esprit qui vague

Par ton gémissement, fidèle écho du sien.

Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - Le piano
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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 15:11

 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) poète, musicien et interprète français.

 


La cornemuse

 

Sa cornemuse dans les bois

Geignait comme le vent qui brame

Et jamais le cerf aux abois,

Jamais le saule ni la rame,

N’ont pleuré comme cette voix.

 

Ces sons de flûte et de hautbois

Semblaient râlés par une femme.

Oh ! près du carrefour des croix,

Sa cornemuse !

 

Il est mort. Mais, sous les cieux froids,

Aussitôt que la nuit se trame,

Toujours, tout au fond de mon âme,

Là, dans le coin des vieux effrois,

J’entends gémir, comme autrefois,

Sa cornemuse.
 

Hendrik ter Brugghen - Le joueur de cornemuse

Hendrik ter Brugghen - Le joueur de cornemuse

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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 14:55


 

 

Tristan Corbière (1845-1875) poète français

 

 

Portes et fenêtres


N'entends-tu pas ? - Sang et guitare ! -

Réponds !.. je damnerai plus fort.

Nulle ne m'a laissé, Barbare,

Aussi longtemps me crier mort !

 

Ni faire autant de purgatoire !...

Tu ne vois ni n'entends mes pas,

Ton oeil est clos, la nuit est noire :

Fais signe - Je ne verrai pas.

 

En enfer j'ai pavé ta rue.

Tous les damnés sont en émoi...

Trop incomparable Inconnue !

Si tu n'es pas là... préviens-moi !

 

A damner je n'ai plus d'alcades,

Je n'ai fait que me damner moi,

En serinant mes sérénades...

- Il ne reste à damner que Toi !


 

Tristan Corbière (1845-1875) - poète français - Portes et fenêtres
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