28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 03:01
Marceline Desbordes-Valmore,

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,

est une poétesse française.

Les mots tristes
L'attente

Quoi ! je mourrai ! quoi ! le temps à sa suite
Amènera l’irrévocable jour,
Le jour muet et sombre, où sans retour
S’arrêtera ce cœur qui bat si vite !
Madame Amable Tastu.

Souvent toute plongée au fond de ma tendresse,
Expiant, Dieu le veut ! le nom de ta maîtresse,
Je pense que je souffre (aimer tant, c’est souffrir),
Qu’un jour je t’ai vu pâle, et que l’on peut mourir
Jeune, entends-tu ! Je meurs pour mourir la première,
Pour braver avant toi la nuit ou la lumière.
J’entends des mots affreux tinter autour de moi,
Ces mots que dans l’enfance on apprend sans les croire,
Roulant, sans la troubler, au fond de la mémoire,
Inécoutés longtemps, longtemps vides d’effroi,
Tout à coup pleins d’accents, pleins de deuil, pleins de larmes,
Bondissant sur le cœur comme un tocsin d’alarmes !
C’est la cloche effrayée au cri sinistre et prompt,
Dont le pouls bat rapide et fiévreux dans l’espace,
Redoublant son frisson avec la mort qui passe :
De pâleur et de crainte elle cerne mon front.
Sous mes cheveux levés une eau froide circule.
Ah ! ne t’étonne pas. J’aime ! je suis crédule ;
Ou plutôt, j’ai des yeux qui plongent sous les fleurs,
Au fond de nos baisers je sens rouler des pleurs !

L’avenir sonne ; arrête ! Oh ! que nous marchons vite !
Qu’une heure a peu de poids sur un cœur qui palpite!


I
Ne peut-on lentement respirer le bonheur,
Vivre sans éveiller le temps et le malheur ?
Embrasse-moi : plus près de ta moitié qui tremble,
Laisse passer la vie ; elle nous aime ensemble !
Quand tu m’as dit adieu, je me donne à rêver,
Et les mots qui font peur reviennent me trouver,
Ils disent que l’on meurt en sortant d’une fête,
Et je t’y vois courir, et je cache ma tête,
Et leurs sons plus aigus sifflent entre mes doigts :
« On meurt ! on meurt ! on meurt ! on se quitte une fois ! »
Puis ton nom !… Ah ! ce nom m’éveille ; il me rassure.
Ton baiser presse encor mes lèvres, j’en suis sûre !
Et je m’appelle folle en me sentant frémir.
Vois ! qu’un portrait de toi serait doux sous mes larmes ;
Et je n’ai que ton nom, ton nom ; pas d’autres armes.
Si je chantais, ma voix sortirait pour gémir ;
A mon âme qui pense elle reste attachée ;
Dans mes pâles tourments je demeure cachée :
Alors je rêve un monde où dureront toujours
Les caresses du cœur et les libres amours !
Prends mes ailes, viens ! viens, où jamais la pensée
N’est un poignard armé contre une âme oppressée.
Songes-y ! plus d’absence, et personne entre nous.
Là, nos trames d’amour n’ont plus de nœuds jaloux ;
Là, jamais un fil noir ne traverse la joie
Des fuseaux toujours pleins d’or et de pure soie !

Avant de t’avoir vu, devines-tu comment
J’entrevoyais du ciel le vague enchantement ?
Je regardais toujours, comme à travers un voile
On s’amuse à chercher la forme d’une étoile.
Sous l’immense rideau je ne pouvais saisir


II
L’Attente
Que des objets sans traits pour mes yeux sans désir,
Trop faible à m’élancer au delà de mon être,
Je rentrais dans ma vie, en te cherchant peut-être ;
Car, toujours comme toi brûlante avec langueur,
Sans t’avoir vu des yeux, je te cherchais du cœur !

Et je disais le soir aux vives étincelles
Qui dans l’ombre éclairaient mes doutes à genoux :
« Dieu jette-t-il aux nuits de si douces parcelles,
Pour écrire son nom entre le ciel et nous ! »

Et je rêvais le bruit de feuilles immortelles
Qui ne s’envolent plus sous l’haleine de l’air,
Sans nuit, sans froid, sans peur d’expier par l’hiver
De longs jours transparents comme les cœurs fidèles !
Et puis, en frissonnant, j’osais rêver encor
Je ne sais quel appui qui manquait à mon sort !

Là, du moins, je voyais les pauvres sans alarmes,
Sortis de leurs lambeaux, que Dieu n’a pas perdus,
Rassasiés d’un pain qui ne s’épuise plus,
À l’immense festin payé de tant de larmes ;

Un roi, de l’homme nu devinant les douleurs,
Sans sceptre, sans couronne, à la pitié sensible,
Agenouillé devant sa victime paisible,
Pesant ses fers tombés et les mouillant de pleurs ;

Du riche repentant l’âme enfin éclairée,
Versant un doux breuvage à quelque âme altérée :
C’était beau ! c’était tout. Quand ta voix me parla,
Le rideau s’entr’ouvrit, l’éternité brûla !
Le ciel illuminé s’emplit de ta présence ;
Dieu te mit devant moi, je compris sa puissance.
En passant par tes yeux mon âme a tout prévu :
Dieu, c’est toi pour mon cœur. J’ai vu Dieu : je t’ai vu !

Mais, pour te retrouver dans cette joie immense,
Il faut franchir l’espace, et la mort le commence.
Horreur ! il faut passer par un étroit cercueil,
Quitter ta main qui brûle, et ta voix toujours tendre.
Ah ! dans le désespoir d’être un jour sans l’entendre,
Tout mon ciel se referme… En tremblant, sur le seuil
Où la cloche qui pleure est toujours entendue.
Pour nous éteindre à deux, je suis redescendue ;
Où ces signaux de mort, envoyés devant moi,
S’allument, et longtemps tremblent comme des lampes,
Qu’on voit glisser au loin sur les gothiques rampes
D’une église, où je vais le soir prier pour toi.
Dis : cette ombre qui passe auprès de la chapelle,
Est-ce ton âme en peine, en quête de mon sort,
Sous une aile tremblante et paresseuse encor,
Dont le doux bruit de plume et m’effleure et m’appelle ?
« Heureux qui s’abandonne, » oh ! tu l’as dit souvent,
« Et qui s’envole à Dieu comme la plume au vent ! »

Mais, tiens : pour remonter, intrépide hirondelle,
Le chemin lumineux qui ramène au soleil,
Pour partir en aveugle, en joie, à tire-d’aile.
Et ne voir devant soi que l’horizon vermeil,
Il faut mourir enfant ! Il faut, doux somnambule,
S’élançant par la tombe aux jardins sans hivers,
Ne pas se réveiller à la voix des pervers,
Et du sein maternel s’en retourner crédule,
Comme un doux rossignol sort du fond d’une fleur,
Sans avoir répandu sa voix sur la vallée,
Et va frapper aux cieux pour son hymne exilée
Qui ne veut pas apprendre à chanter la douleur.
Beaux enfants ! tout pétris de baisers, de prières,
Faibles cygnes tombés des célestes bruyères,
Au duvet encor chaud de la main du Seigneur,
Et qui ne voulez pas ramper vers le malheur,
Vous faites bien ! Restez à l’alphabet d’un ange,
Dont chaque lettre sainte est un signe d’amour ;
Solfège harmonieux où nul accord ne change,
Va dont la clef sonore ouvre un autre séjour !
Mais, quand Dieu nous reprend vos ailes et vos charmes,
Que dit-il de les voir humides de nos larmes ?…

Et toi ! viens-tu ? Viens donc ! car au bruit de tes pas
Ma peur s’envolerait : je ne les entends pas !
J’étends mes mains au jour, et je le trouve sombre.
Je cherche à m’appuyer comme un enfant dans l’ombre.
Je lis, ou je crois lire ; et les lugubres mots,
En oracles rangés décrivent deux tombeaux
Qui, retenant sur eux ma frayeur arrêtée,
Sortent en traits de plomb de la page irritée.
Il faut fermer le livre et tomber à genoux ;
Il faut dire : Mon Dieu ! pitié pour lui… pour nous !

Et me voilà ! voilà comme tu m’as rendue !
À deux pas de tes pas, je suis seule, perdue ;
Je dépends d’un nuage ou du vol d’un oiseau,
Et j’ai semé ma joie au sommet d’un roseau !


Illustration mcp
Les mots tristes
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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 02:59
 
"Femmes et Fleurs"
 par les grands peintres (86)

Hans Zatzka (1859-1945)
Confidences
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Hans Zatzka (1859-1945)
Conversation
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Hans Zatzka (1859-1945)
La vendeuse de fleurs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Les Grâces
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Hans Zatzka (1859-1945)
Les Grâces
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Hans Zatzka (1859-1945)
Les nymphes au bain du harem
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Hans Zatzka (1859-1945)
Nymphe des eaux
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Hans Zatzka (1859-1945)
Nymphe des eaux
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Hans Zatzka (1859-1945)
Beauté endormie
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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 02:56
 
Pour le thème du mois d'octobre
de la communauté "douce France"

"Les Festivités"

"Bal et soirée"
par les grands peintres (20)

Ferdinand Bac(1859-1952)
Le bal masqué à l'Opéra
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Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) 
Bal masqué
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Henri-Charles Guérard (1846-1897)
Le bal masqué de l'opéra
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 02:15
Marceline Desbordes-Valmore,

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,

est une poétesse française.


Élégie
« Peut-être un jour sa voix tendre et voilée »


    Peut-être un jour sa voix tendre et voilée
    M’appellera sous de jeunes cyprès :
    Cachée alors au fond de la vallée,
Plus heureuse que lui, j’entendrai ses regrets.
Lentement, des coteaux je le verrai descendre ;
Quand il croira ses pas et ses vœux superflus,
Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre :
Enchaînée à ses pieds, je ne le fuirai plus.
Je ne le fuirai plus : je l’entendrai ; mon âme,
Brûlante autour de lui, voudra sécher ses pleurs ;
Et ce timide accent, qui trahissait ma flamme,
Il le reconnaîtra dans le doux bruit des fleurs.

Oh ! qu’il trouve un rosier mourant et solitaire ;
Qu’il y cherche mon souffle et l’attire en son sein ;
Qu’il dise : « C’est pour moi qu’il a quitté la terre ;
Ses parfums sont à moi, ce n’est plus un larcin. »
Qu’il dise : « Un jour à peine il a bordé la rive ;
Son vert tendre égayait le limpide miroir ;
Et ses feuilles déjà dans l’onde fugitive
Tombent : faible rosier, tu n’as pas vu le soir ! »

Alors, peut-être, alors l’hirondelle endormie,
À la voix d’un amant qui pleure son amie,
S’échappera du sein des parfums précieux,
Emportant sa prière et ses larmes aux cieux :
Alors, rêvant aux biens que ce monde nous donne,
il laissera tomber sur le froid monument
Les rameaux affligés dont la gloire environne
            Son front triste et charmant.

Alors je resterai seule, mais consolée ;
Les vents respecteront l’empreinte de ses pas.
Déjà je voudrais être au fond de la vallée ;
Déjà je l’attendrais . . . Dieu ! s’il n’y venait pas !

Illustration mcp
Elégie - Peut-être un jour
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 02:12
 
"Femmes et Fleurs"
 par les grands peintres (85)

Hans Zatzka (1859-1945)
Jeunes filles et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amour
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Cupidon
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amours
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeune fille et Amours
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeunes filles et Amour
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 02:10
 
Pour le thème du mois d'octobre
de la communauté "douce France"

"Les Festivités"

"Bal et soirée"
par les grands peintres (19)


Colette Bonzo (1917-1967)
Bal au bois de paiolivewe-Bonzo-bal-au-bois-de-paiolive-copie.jpg

William Adolphe Bouguereau (1825-1905)
Le bal de bacchus (1884)
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Ecole flamande
Bal du duc Joyeuse
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Albert Beck Wenzell (1864-1917)
Au bal
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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 02:17
Marceline Desbordes-Valmore,

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,

est une poétesse française.



La Prière perdue
Elégies

Inexplicable cœur, énigme de toi-même,
Tyran de ma raison, de la vertu que j’aime,
Ennemi du repos, amant de la douleur,
Que tu me fais de mal, inexplicable cœur !

Si l’horizon plus clair me permet de sourire,
De mon sort désarmé tu trompes le dessein ;
Dans ma sécurité tu ne vois qu’un délire ;
D’une vague frayeur tu soulèves mon sein.
Si de tes noirs soupçons l’amertume m’oppresse,
Si je veux par la fuite apaiser ton effroi,
Tu demandes du temps, quelques jours, rien ne presse ;
J’hésite, tu gémis, je cède malgré moi.
Que je crains, ô mon cœur, ce tyrannique empire !
Que d’ennuis, que de pleurs il m’a déjà coûté !
    Rappelle-toi ce temps de liberté,
    Ce bien perdu dont ma fierté soupire.
Tu me trahis toujours, et tu me fais pitié.
Crois-moi, rends à l’amour un sentiment trop tendre ;
    Pour ton repos, si tu voulais m’entendre,
Tu n’en aurais encor que trop de la moitié !
Non, dis-tu, non, jamais ! trop faible esclave, écoute,
Écoute ! Et ma raison te pardonne et t’absout :
Rends-lui du moins les pleurs ! Tu vas céder sans doute ?
Hélas ! non ! toujours non ! Ô mon cœur ! prends donc tout.
Illustration mcp
Prière perdue
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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 02:11
 
"Femmes et Fleurs"
 par les grands peintres (84)

Hans Zatzka (1859-1945)
Ambrosia la nymphe de la pluie 
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Hans Zatzka (1859-1945)
Le bouquet
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Hans Zatzka (1859-1945)
Un vent de fleurs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Danse des nymphes
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Hans Zatzka (1859-1945)
Fille des champs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Filles des champs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Fleurs des champs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Jeunes filles et flamands roses
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Hans Zatzka (1859-1945)
Le parfum des fleurs
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Hans Zatzka (1859-1945)
Portrait de femme
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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 02:10
 
Pour le thème du mois d'octobre
de la communauté "douce France"

"Les Festivités"

"Bal et soirée"
par les grands peintres (18)

Jean Antoine Watteau (1684-1721)
Les plaisirs du bal
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Jean Antoine Watteau (1684-1721)
Bal champêtre
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Jean Antoine Watteau (1684-1721)
Danse champêtre
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Jean Antoine Watteau (1684-1721)
Danse rurale
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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 02:30
Marceline Desbordes-Valmore,

née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859,

est une poétesse française.


L’attente I
Il m'aima
Elégies

Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée
M’éveilla tout entière et m’annonca l’amour  :
Comme la vigne aimante en secret attirée
Par l’ormeau caressant, qu’elle embrasse à son tour,
Je l’aimai ! D’un sourire il obtenait mon âme.
Que ses yeux étaient doux ! que j’y lisais d’aveux !
Quand il brûlait mon cœur d’une si tendre flamme,
Comment, sans me parler, me disait-il  : « Je veux ! »
Ô toi qui m’enchantais, savais-tu ton empire ?
L’éprouvais-tu, ce mal, ce bien dont je soupire ?
Je le crois : tu parlais comme on parle en aimant,
Quand ta bouche m’apprit je ne sais quel serment :
Qu’importent les serments ? Je n’étais plus moi-même,
J’étais toi. J’écoutais, j’imitais ce que j’aime ;
Mes lèvres, loin de toi, retenaient tes accents,
Et ta voix dans ma voix troublait encor mes sens.

Je ne l’imite plus ; je me tais, et les larmes
De tous mes biens perdus ont expié les charmes.
Attends moi, m’as-tu dit : j’attends, j’attends toujours !
L’été, j’attends de toi la grâce des beaux jours ;
L’hiver aussi, j’attends ! Fixée à ma fenêtre,
Sur le chemin désert je crois te reconnaître ;
Mais les sentiers rompus ont effrayé tes pas :
Quand ton cœur me cherchait, tu ne les voyais pas !

Ainsi le temps prolonge et nourrit ma souffrance :
Hier, c’est le regret ; demain, c’est l’espérance ;
Chaque désir trahi me rend à la douleur,
        Et jamais, jamais au bonheur !
Le soir, à l’horizon, où s’égare ma vue,
Tu m’apparais encore, et j’attends malgré moi :
        La nuit tombe . . . ce n’est plus toi ;
        Non ! c’est le songe qui me tue.
Il me tue, et je l’aime ! et je veux en gémir !
Mais sur ton cœur jamais ne pourrai-je dormir
De ce sommeil profond qui rafraîchit la vie ?
Le repos sur ton cœur ! c’est le ciel que j’envie !
Et le ciel irrité met l’absence entre nous.
Ceux qui le font parler me l’ont dit à moi-même :
            Il ne veut pas qu’on aime !
Mon Dieu, je n’ose plus aimer qu’à vos genoux.

Qu’ai-je dit ? Notre amour, c’est le ciel sur la terre.
Il fut, j’en crois mon cœur, effrayé d’un remord,
        Comme la vie, involontaire,
    Inévitable, hélas ! comme la mort.
J’ai goûté cet amour ; j’en pleure les délices.
Cher amant ! Quand mon sein palpita sous ton sein,
        Nos deux âmes étaient complices,
Et tu gardas la mienne, heureuse du larcin.
Oh ! ne me la rends plus ! Que cette âme enchaînée,
            Triste et passionnée,
Heureuse de se perdre et d’errer après toi,
Te cherche, te rappelle et t’entraîne vers moi !



Illustration mco
L'attente I (il m'aima)
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