





La Jeune Baigneuse
Déjà le cap Percé rayonne:
Sur ses pieds bleus
Le flux rejaillant résonne
Harmonieux.
O beau rocher ! tes blanches lignes
Courent dans l'air,
Puis s'enfoncent comme des cygnes
Dans le flot clair !
En longues flammes frissonneuses,
Sous ton arceau
Pendant des mousses lumineuses
Au fil de l'eau.
Silence !... Une baigneuse blonde,
Seule en ce lieu,
Rit et se fait des plis de l'onde
Un voile bleu.
Voici qu'une vague s'avance
En folâtrant ;
Conque humide, elle se balance
Dans le courant.
La joueuse qu'elle a frôlée
Rit aux éclats,
Et roule, bruyante et perlée,
Dans l'eau lilas.
O fraîcheur divine ! ô délices !...
Ses doigts joyeux
Ouvrent frileusement les lisses
De ses cheveux.
Ainsi, quand les pleurs de l'aurore
Baignent son sein,
Frémit l'iris qui se colore
Sur le bassin.
Dans l'écume une écaille rose
Pend au rocher...
Elle vole, s'écrie et n'ose
La détacher ;
Car, au long de la pierre humide,
Effroi soudain !
Une lame a sauté rapide
Jusqu'à sa main.
Qu'elle a de plaisir !... Enfantine !
Elle est debout,
Plus vermeille qu'une églantine
De la fin d'août.
Sa chevelure que l'air roule,
- Voile ingénu -
Fléchit sur son col, puis se moule
A son flanc nu,
Et bat l'eau. Par l'arceau de roche,
L'astre naissant
Dans ces plis longs et frais décoche
Un trait perçant.
Couvrant d'une main qui ruisselle
Son oeil châtain,
Ah !... la baigneuse au vent chancelle
Et sort du bain !
Près d'elle, une abeille sauvage,
Fille du ciel,
S'abat, laissant sur son passage
L'odeur du miel.
L'enfant la voit... " L'abeille est lasse
De voltiger ! "
Dit-elle, et, comme un souffle, passe
D'un pied léger.
A peine, sur la marge étroite
De galets bruns,
Effleure-t-elle le jonc moite,
Plein de parfums...
Au loin, d'une aile soleilleuse,
Un goéland
Rase au bord la grève écailleuse
En s'envolant.
Enfants sur la plage
par les grands peintres
Pour le thème de juillet
de la communauté "douce France"
La montagne
Massif du Jura
Aux environs des Rousses
Panorama sur le Mont Rond et la Dôle
Aux environs de Bois d'Amont - Jura
Les Rousses - Jura
Au sommet de l'Etna, debout près du cratère,
Comme Héraclès devant le bûcher de l'Oeta,
Embrassant du regard l'Océan et la terre,
Empédocle adora la nature et chanta :
Miroir de l'Infini, flots de la mer divine,
Gouffre inviolé, grand horizon bleu !
Lampes du ciel profond dont la nuit s'illumine,
Peuples de l'espace, étoiles de Dieu !
mystérieux ombrages,
Arôme enivrant qu'exhalent les bois !
Ô solitude sainte ! ô voluptés sauvages !
Bonheur indécrit, liberté sans lois !
Ô Nature éternelle, impénétrable, immense !
Ton temple est l'éther, les monts tes autels ;
Dans ta nudité chaste et ta toute-puissance
Je viens t'adorer, loin des bruits mortels.
Ta flamme, d'où jaillit l'étincelle éphémère
Qui donne la vie au néant glacé,
M'a tiré de la nuit originelle, ô Mère !
Ton lait m'a nourri, tes bras m'ont bercé.
Je me suis enivré de ce sommeil sans rêve
Que verse aux forêts le vent des hivers,
Et de ce lent réveil du printemps, quand la sève
Couronne les bois de feuillages verts.
J'ai, tour à tour poisson muet dans le flot sombre,
Taureau dans les champs, aigle dans le ciel,
Lion dans les déserts, sous ses formes sans nombre,
Pas à pas suivi l'être universel.
Mille fois retrempée à la source des choses,
Mon âme agrandie, en son vol joyeux,
Par l'échelle sans fin de ses métempsycoses,
Va de l'arbre à l'homme, et de l'homme aux dieux.
Maintenant il me faut une dernière épreuve ;
Je pars, mais je sais, en quittant le port,
Car déjà du Léthé j'ai traversé le fleuve,
Qu'un autre soleil luit sur l'autre bord.
Zeus, éther créateur, flamme, aliment des mondes,
De ton foyer pur l'esprit émané
Y retourne : et toi, Terre aux entrailles fécondes,
Je te rends ce corps que tu m'as donné.
Des souillures des sens l'âme humaine se lave
Comme le métal qu'épure le feu ;
Etna qui me reçois dans ton ardente lave,
Du sage qui meurt tu vas faire un dieu !
D'un suprême sourire il salua la terre,
Et l'Etna l'engloutit dans son brûlant cratère,
Et bientôt du volcan le reflux souterrain
Rejeta vers le ciel ses sandales d'airain.
Mais, ainsi qu'un navire aux vents livrant ses voiles,
L'esprit du sage errait au-dessus des étoiles.