Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) poétesse française
Selon Dieu
Mère, un cheval est à la porte :
Il demande la charité.
— Vite, du foin, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Cheval, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.
Mère, un ramier est à la porte :
Il demande la charité.
— J’ai là du bled, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Ramier, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans le connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.
Mère, un enfant est à la porte :
Il demande la charité.
— Tout notre lait, qu’on le lui porte :
Il en sera réconforté.
Enfant, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.
Mère, un vieillard est à la porte :
Il demande la charité.
— Du vin, du vin, qu’on le lui porte ;
Il en sera réconforté.
Vieillard, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et nourris de sa charité,
Nous t’avons bien réconforté.
Mère, un coupable est à la porte :
Il demande la charité.
— Ce manteau blanc, qu’on le lui porte ;
Nous l’aurons réhabilité.
Ami, dis à Dieu, notre maître,
Qu’avec joie et sans te connaître,
Et brûlants de sa charité,
Nous t’avons réhabilité.