"Près des étangs où la libellule voltige,
Où, dans les soirs d'été, vient se baigner l'oiseau,
On aperçoit l'Iris, qui tremble sur sa tige
Et semble un papillon posé sur un roseau..."
Charles Rouvin (19°) - poète - "La poésie des fleurs" 1890 - L’iris
L'iris, "petite plante vivace, à rhizomes ou à bulbes de la famille des Iridacées. à feuilles en lames de sabre que l'on cultive pour ses grandes fleurs ornementales et odorantes".
"Iris" du latin iris, iridis emprunté au grec Iris, Iridos, messagère des dieux, personnification de l'arc-en-ciel. Le terme a d'ailleurs longtemps été employé pour désigner l'arc-en-ciel. On le trouve associé à la fleur à partir du XIII° siècle, en raison de la coloration de ses pétales, aux reflets irisés.
En espagnol arc-en-ciel se dit arco, iris.
En arc-en-ciel aux nuances infinies, ou blanc pur, en teintes douces ou flamboyantes, ces fleurs apportent vivacité et brillance aux jardins.
Les iris n'aiment pas avoir les pieds mouillés. Si vous le repérez dans un endroit au bord de l'eau, alors vous saurez que l'eau y est peu profonde.
La famille des iris regroupe 300 espèces botaniques. Généralement divisées en rhizomateuses et bulbeuses.
On trouve souvent dans les jardins des Iris hybrides horticoles appelés à tort Iris germaniques.
- Le plus prestigieux des iris à rhizome est l'iris des jardins ou Iris germanica.
Avec ses feuilles persistantes en forme de glaive, ses fleurs bleu-mauve, il est le plus répandu.
Grâce au travail des pépiniéristes, créateurs, on décline de nouvelles variétés par hybridation, en centaines de formes généreuses, et nuances délicates, de l'orange au rose pâle, du jaune au rouille, du pourpre au presque noir.
Ils font partie des plantes les plus anciennement cultivées, indissociables des jardins médiévaux et des jardins de curé.
- Rhizomateux également, une espèce naine (20 cm de hauteur), parfaite pour les bordures,
- L'iris des marais (celui de Clovis), qui aime vivre les pieds dans l'eau.
- Les iris bulbeux à petites fleurs, faciles à cultiver, sont surtout présentés en bouquets.
- Les iris barbus, eux, déploient toute une gamme de fragrances. Elles varient d’une plante à l’autre, embaumant les jardins, pour parfois sentir le chocolat, l’anis, la vanille, ou la poudre de riz, le fruit de la Passion ou encore la fleur d'oranger.
La période de plantation se situe de juillet à octobre, pour une floraison d'avril à mai de l'année suivante.
Les iris de jardin ne sont pas très gourmands et se contentent d'un sol sec et calcaire. Ils réclament peu d'eau, mais beaucoup de soleil.
En revanche, les iris des marais aiment les terres humides, voire inondées.
L'iris nigrican est la fleur nationale de la Jordanie et est une espèce en voie de disparition.
C'est une plante à fleurs de la famille des Iridacées. Les fleurs sont violet noirâtre avec des feuilles recourbées. Il a besoin d'un ensoleillement direct et d'un drainage intense.
Les iris sont connus et présents dans les jardins depuis l'Antiquité, mais, jusqu'au XIX° siècle, on ne cultivait que des espèces botaniques naturelles.
La sélection horticole des iris de jardin ne s'est développée qu'à partir du début du XIX° siècle en France.
C'est Marie Guillaume de Bure (1781-1842), un amateur d'horticulture , qui créa vers 1820 les premiers cultivars, dont "Buriensis", qui fut la première variété d'iris de jardin vendue dans le commerce.
Les années suivantes, de Bure créa des centaines d'autres variétés rapidement suivi par Henri-Antoine Jacques, le jardinier en chef du roi Louis-Philippe Ier, qui lui-même entraîna Jean-Nicolas Lémon, un pépiniériste de Belleville, à se spécialiser dans la sélection des iris, qui pour le remercier, créera en 1840 le cultivar Jacquesiana en son honneur.
Au début du XX° siècle, Henry de Vilmorin et son fils Philippe de Vilmorin développèrent encore la création horticole d'iris en France grâce à l'utilisation de variétés d'iris asiatiques (iris mesopotamica et iris amas ramené de Amasra en Turquie par Sir Michael Foster en 1885). En 1904, Vilmorin crée ainsi les premiers iris de jardin triploïdes (Isoline) et tétraploïdes (Tamerlan et Oriflamme), plus grands et à plus grosses fleurs que les précédents qui étaient diploïdes.
À partir de 1920, après la mort d'Henry et Philippe de Vilmorin, c'est la famille Cayeux qui reprit le flambeau de la création d'iris en France.
Depuis des millénaires, on rencontre l'iris autour du bassin méditerranéen, terre de ses origines.
En 1950 av. Jésus-Christ, Thoutmosis, pharaon d'Égypte, de -1458 /- 1457 à - 1425 av. Jésus-Christ, rapporte des plantes de la guerre en Syrie. Satisfait de ses découvertes botaniques, il fit représenter ces fleurs, dont un iris, sur les murs de l'un des temples de Karnak.
Dans La Théogonie, œuvre du poète grec Hésiode (VIII° siècle av. J.-C.) écrite en hexamètres dactyliques, récit de l'origine des dieux, Iris est mentionnée trois frois,
Dans la mythologie grecque, Iris, fille de Thaumas et de l'Océanide Électre, sœur des Harpies et d'Arcé, était la messagère des dieux, et principalement d'Héra (Junon).
Dans l’Iliade d'Homère, elle est la messagère de tous les dieux éternels. Elle est toujours assise auprès du trône d'Héra , prête à exécuter ses ordres.
Lorsque Héra revenait des Enfers dans l'Olympe, c'est Iris qui la purifiait avec des parfums. Héra avait pour elle une affection sans limites, parce qu'elle ne lui apportait jamais de mauvaises nouvelles.
On la représente sous la figure d'une gracieuse jeune fille, avec des ailes brillantes de toutes les couleurs réunies. Les poètes prétendaient que l'arc-en-ciel était la trace du pied d'Iris descendant rapidement de l'Olympe vers la terre pour porter un message ; on la représente le plus souvent avec un arc-en-ciel. C'est pourquoi les Grecs, qui croyaient que l'arc-en-ciel était l'écharpe de la déesse Iris, messagère entre les dieux et les hommes, ont donné à cette fleur le nom de la divinité.
Iris a un autre rôle très important. Au moment de leur mort, elle coupe le cheveu qui relie encore les humains à la vie. Elle conduit ainsi leur âme vers l'au-delà. C'est pourquoi elle figure la liaison entre le ciel et la terre, entre les Dieux et les hommes.
Dans l’Iliade (Le texte a probablement été composé entre -850 et -750 av J.C.), Homère utilise les épithètes homériques :
L'Iliade XV - trad. Leconte de Lisle (1866)
......Et Héra frappa du fouet les chevaux rapides, et les portes de l'Ouranos s'ouvrirent d'elles-mêmes en criant, gardées par les Heures qui sont chargées d'ouvrir le Grand Ouranos et l'Olympe, ou de les fermer avec un nuage épais. Et ce fut par là que les déesses poussèrent les chevaux obéissant à l'aiguillon. Et le père Zeus, les ayant vues de l'Ida, fut saisi d'une grande colère, et il envoya la messagère Iris aux ailes d'Or :
- va hâte-toi, légère Iris ! Fais-les reculer, et qu'elles ne se présentent point devant moi, car ceci serait dangereux pour elles. Je le dis, et ma parole s'accomplira :.....
.....Si tu as dit la vérité dans ton coeur, va dans l'assemblée des Dieux, appelle Iris et l'illustre archer Apollôn, afin que l'une aille, vers l'armée des Akhaiens cuirassés, dire au roi Poseidaôn qu'il se retire de la mêlée, et qu'il rentre dans ses demeures ; .....
.....- Va ! rapide Iris, parle au Roi Poseidaôn, et sois une messagère fidèle. Dis-lui qu'il se retire de la mêlée, et qu'il reste, soit dans l'assemblée des Dieux, soit dans la mer divine. Mais s'il n'obéissait pas à mes ordres et s'il les méprisait, qu'il délibère et réfléchisse dans son esprit. .....
.....Et la rapide Iris aux pieds aériens lui répondit : - Poseidaôn aux cheveux bleus, me faut-il rapporter à Zeus cette parole dure et hautaine ? Ne changeras-tu point ? L'esprit des sages n'est point inflexible, et tu sais que les Erinnyes suivent les aînés.
Et Poseidaôn qui ébranle la terre lui répondit :
- Déesse Iris, tu as bien parlé. Il est bon qu'un messager possède la prudence ; mais une amère douleur emplit mon esprit et mon coeur, quand Zeus veut, par des paroles violentes, réduire son égal en honneurs et en droits. Je céderai, quoique indigné ;.....
.....Ayant ainsi parlé, la noble déesse prit un voile bleu, le plus sombre de tous et se hâta de partir. Et la rapide Iris aux pieds aériens allait devant.....
.....Iris aux pieds légers descend vers les vaisseaux,
Plus prompte que la neige, allors qu'en leurs assauts
sur la cime des monts déchirant les nuages,
les aquilons fougueux ont blanchi les rivages.....
...........Iris aux pieds rapides vient, à travers le dos de la vaste mer, porter un message, toutes les fois qu'une contestation, une querelle s'est élevée entre les Immortels. Alors, si l'un des habitants de l'Olympe trahit la vérité, Zeus envoie Iris, vers cette région lointaine, chercher, pour le grand serment des dieux, dans un vase d'or, la fameuse eau glacée qui tombe d'un rocher haut et escarpé. (Hésiode, Théogonie (v. 780-787)
.....Il parla ainsi, et la messagère Iris aux pieds tourbillonnants partit.....
Dans Les Oiseaux d'Aristophane, ouvrage, représenté aux Lénéennes en 414 av. J.-C., joyeuse utopie politico-religieuse ; elle parodie l'origine du monde selon la secte des orphiques. Iris est la messagère égarée des dieux à Coucou-Ville-les Nuées.
Le poète Alcée de Mytilène, poète grec de l'époque archaïque né vers l’an 630 av. J.-C.fait d'Iris, l'épouse du vent Zephyr et la mère d'Éros, le dieu de l'Amour.
Virgile - L’Énéide (fin du I° siècle av. J.-C.) livre IV
Le roman D'Énée et de Didon - 4, 695
Bibliotheca Classica Selecta
.....Alors Junon la toute-puissante prend en pitié cette longue souffrance et cette mort pénible : depuis l'Olympe elle dépêche la déesse Iris, pour qu'elle délivre de ses liens son âme en lutte et son corps enchaîné.
En effet, la mort de Didon n'était pas due au destin ni méritée ; la malheureuse partait avant le terme, sous l'effet d'une folie soudaine ; pour cette raison Proserpine n'avait pas encore arraché le cheveu de sa blonde chevelure, et n'avait pas voué sa tête à l'Orcus stygien.
Iris donc, avec ses ailes d'or, tout humides de rosée, trainant à travers le ciel, mille couleurs variées face au soleil, s'envole, descend et s'arrête au chevet de Didon.
"Sur l'ordre de Dis je lui porte moi-même ce cheveu sacré et je te détache de ton corps". Ainsi dit-elle et de la main droite elle coupe le cheveu : en un instant la chaleur de Didon s'est dissipée et sa vie s'en est allée dans le vent......
En Grande-Grèce, on plantait des Iris sur les tombeaux en hommage à Iris, qui était chargée, entre autres tâches, de couper les cheveux des femmes au moment de leur mort, puis de les guider jusqu'à leur séjour final.
Les rhizomes de l'iris dégagent un principe odorant essentiel, connu depuis l'Antiquité,
Dans : Transmettre les savoirs dans les mondes héllénistique et romain
Frédéric Le Blay (dir.)
Il est écrit :
Théophraste d’Erésos (372-288 av. J.-C.) le père de la botanique et l’auteur du livre "De Odoribus" (Des odeurs), nous fait connaitre un art particulier sur l'artisanat secret des parfumeurs.
.....Le parfum à l’iris est incontournable dans la parfumerie antique, et des exemples retenus par Théophraste.
Les espèces utilisées par la parfumerie (Iris germanica L. var. florentina et Iris pallida Lam.) sont naturalisées dans toutes les régions méditerranéennes, mais vraisemblablement originaires des bords de la Mer Noire ou de Macédoine. D’après Théophraste, La meilleure qualité provient d’Illyrie et des régions bordant l’Adriatique.....
Si l’iris est très en faveur dans la parfumerie antique, il le doit à son rhizome. Frais, le rhizome ne sent rien, chacun ne s’en douterait pas...Pour en arriver là, il faut attendre deux à trois ans pour que la drogue soit utilisable en parfumerie, après séchage.....
Théophraste recommandait l'iris pour calmer la colère et les humeurs violentes
et Pline l’Ancien (23-79) préconisait l’usage de la poudre d’iris pour parfumer le vin.
Le jus extrait des tiges, des feuilles et des rhizomes broyés servait encore à purifier les autels sous Dioclétien empereur romain (244-312).
L'Iris faisait partie des quelques fleurs que les vestales avaient le droit de cueillir.
Les Romains utilisaient la racine de divers iris pour aromatiser le “defrutum” (jus de raisin concentré).
Dans L’encyclopédie des herbes magique de Scott Douglas Cunningham (1956-1993) - Adapté de l'américain par Michel Echelberger
il est écrit :
.....Pour les Romains, les "trois flèches" de la fleur d'iris symbolisaient la fidélité, la sagesse et la vaillance. Pendant la courte floraison de cette belle plante élancée, vers la mi-mai en climat méditerranéen, de grandes guirlandes d'iris bleus et blancs ornaient les temples de Junon ; lorsque les fleurs étaient fanées, les prêtresses les vendaient à prix d'or au nom de la déesse......
D'après les anciennes légendes celtiques, des trésors se lovent sous les rhizomes des iris des marais, les lieux marécageux étant associés aux mondes magiques et aux initiations druidiques.
les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,
Elles sont dotées de pouvoirs magiques
La fée Iris
Guillaume Apollinaire (1880-1910) poète
Au jardin des cyprès je filais en rêvant,
Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent
Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées
Jusqu’au bassin mourant que pleurent les saulaies
Je marchais à pas lents, m’arrêtant aux jasmins,
Me grisant du parfum des lys, tendant les mains
Vers les iris fées gardés par les grenouilles.
Et pour moi les cyprès n’étaient que des quenouilles,
Et mon jardin, un monde où je vivais exprès
Pour y filer un jour les éternels cyprès.
Sous Clovis (466-511), roi des Francs et premier roi de France, c’est la fleur d’iris qui devient le symbole de la monarchie française en rapport avec la Vierge Marie, protectrice des Rois.
La légende attribue ce choix à Clovis.
Lors de la bataille de Vouillé en 507, les armées de Clovis sont repoussées dans les marécages de la Vienne par les Wisigoths d'Alaric II. Une biche au son de l'armée traverse alors la Vienne en crue au niveau d'un gué environné de grands iris jaunes dont les rhizomes contribuent à la stabilisation les berges et vasières des cours d'eau, indiquant ainsi que ce passage au sol stable pouvait être franchi par les armées franques qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dès lors adoptée par le roi des Francs, qui changea l’emblème de la grenouille en fleur de Lys (qui serait une fleur d'iris)
La fleur de lis serait apparue pour la première fois sur le sceptre de Charles-le-Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, roi de Francie occidentale (742-814) et empereur d’Occident (800). La Royauté française aurait donc choisi cet emblème sous forme d'aigrette trifide, l'un des plus anciens au monde. au même titre que d’autres familles régnantes européennes avaient choisi l’aigle, le lion ou le léopard.
L'abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179) disait
"l'iris est sec et chaud, toute sa force vient de ses rhizomes et sa force verte monte dans ses feuilles"
L'eau d'iris a de puissantes vertus astringentes, préconisées, pour les troubles cutanés.
L'iris pallida s'épanouit, entre Sienne et Florence, dans les merveilleux paysages de Toscane, gorgés d'or solaire et de parfums capiteux.
Emblème de Florence
Le lys de Florence (en réalité un iris)
Florence, la cité de Flore, célébrait autrefois la fleur de lis, figure emblématique de la puissance de la ville et de sa dévotion à la déesse du Printemps.
Le lys de Florence (il Giglio en italien) est le blason depuis le XI° siècle, à base de fleur de lis de gueules (rouge en héraldique) sur écu à champ argent (blanc en héraldique), de la ville de Florence (Firenze en italien, Florentia, la Ville de la fleur en latin), chef-lieu de la Toscane en Italie. L'emblème n'est donc pas un lys mais en réalité un iris horticole.
En effet, les iris étant abondants le long de la Lys en Belgique, il est parfois appelé fleur de "Lys".
Dans : Cf le chant XVI de la Divine Comédie de Dante (1265-1321) :
....."Suite au conflit qui opposa les Guelfes aux Gibelins, (deux factions médiévales qui s'opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l'Italie des XII° et XIII° siècles). les Guelfes victorieux choisirent d'adopter les armes de leurs ennemis mais en intervertissant les couleurs initiales. Le lis, autrefois blanc sur champ rouge, devint rouge sur champ blanc.".....
Cosmétiques
On cultive industriellement l’iris de Florence depuis le XIIIe siècle. Il est utilisé dans la fabrication des cosmétiques.
Le célèbre iris de Florence (Iris germanica florentina) a des fleurs blanches ou veinées de bleu pâle en avril-mai. Il est originaire des régions méditerranéennes orientales, notamment la Turquie. Il est présent en Italie, mais n’en est pas originaire. En France, on ne le trouve qu’en Corse, où c’est une plante protégée.
Son rhizome, qui contient 50% d’amidon, a un fort parfum de violette une fois séché ; il est très prisé en parfumerie.
On fabrique à la pharmacie de Santa Maria Novella (ouverte au public depuis 1612 et instaurée par le grand duc de Toscane, "L’Officina Profumo Farmaceutica di Santa Maria Novella"), une Eau d'Iris, (Aqua Flor).
On raconte aussi que la fleur de lys serait un ancien symbole d'une tribu franque des Francs, originaire des Flandres, où l'iris jaune poussait en abondance sur les rives de la Lys.
Le Seigneur d'Armentières en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le Roi de France Louis VII (1120-1180) il décida à son tour de l'ajouter à son propre blason. Ainsi naquit la "fleur de Lys de France" (qui n'est pas un lys, mais probablement un iris)
Au XIIe siècle, l'iris désignait
- une variété de quartz qui présente les couleurs de l'arc-en-ciel.
- un insecte des régions chaudes, voisin des mantes religieuses
- un minéral
- la membrane arrondie située au centre de la partie antérieure de l'œil
Regardez les pétales d'un iris à la lumière. Leur texture est changeante, scintillante, "irisée". Autre analogie avec l'arc-en-ciel, l'iris a désigné assez tôt la membrane colorée et brillante de l'oeil, et l'irisation, la faculté de disperser la lumière en rayons colorés.
- et même... une couleur. Un vert pâle, légèrement bleuté,
L'iris fait son entrée en botanique au XIIIe siècle,
l'iris représente la force du Printemps et la magie féconde de Flore et de Vénus.
Autrefois, on appelait "lis" toutes les plantes herbacées à grandes fleurs. De là, sans doute, la confusion entre ces deux plantes.
Symbole de la pureté et de l'innocence de la Vierge Marie (en compagnie du lis, autre cause de confusion), chez les chrétiens.
Communément considéré comme une des fleurs associées à la Vierge Marie. Il symbolise la Trinité et remplace parfois le lys dans les représentations de l’Annonciation. La confusion viendrait peut-être aussi de son étymologie.
En allemand, iris se dit "schwertlilie", lys en épée (la forme de ses feuilles évoquant l’épée qui transperce le cœur de la Vierge Marie).
En allemand, iris se dit "schwertlilie", lys en épée (la forme de ses feuilles évoquant l’épée qui transperce le cœur de la Vierge Marie).
Dans les anciens ouvrages d’herboristerie, l’iris est appelé "gladiolus"
On peut voir l'iris dans les enluminures du moyen âge (XV° siècle)
Les enlumineurs fabriquaient avec le suc des corolles de l’iris mélangé à de l’alun une sorte d'encre verte.
Dans les grandes heures d'Anne de Bretagne, on l'appelle Flambe, Iris pseudacorus, l'iris des marais, iris faux acore ou iris jaune ou encore flambe d'eau ou glaies en Saintonge - c'est une plante herbacée vivace, de marais ou bord de l'eau, de la famille des Iridacées.
Il ne faut pas la confondre avec le Lys. En effet, l'iris étant abondant le long de la Lys, il est parfois appelé fleur de Lys. En néerlandais, il s’appelle d’ailleurs "Gele lis", c'est-à-dire Lys jaune.
Dans le Berry, l'expression 'flambe de four" désigne l'iris à fleurs bleues, fréquemment planté sur le toit des anciens fours dans un but protecteur."
Flambe - Yris (Iris germanica L. = iris violet) -- Grandes Heures d'Anne de Bretagne, BNF, Ms Latin 9474, 1503-1508, f°25v
Au XVe siècle, les primitifs flamands, Hubert et Jan Van Eyck, Van der Weyden, Hugo Van der Goes... associent l'iris et le lis dans des bouquets stylisés et symboliques.
Hugo Van der Goes (vers 1440-1482) - retable Montfort v1470
Marie assise, avec l'Enfant sur ses genoux, sujet de l'adoration des trois rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar. Joseph, à côté de Marie
en bas à gauche les iris.
Detail :
Derrière les plis en bas à gauche on aperçoit de magnifiques iris
La reine Catherine de Médicis (1519-1589) choisit son propre emblème : l'écharpe d'Iris (l'arc-en-ciel).
il semble que la mode de l'iris comme parfum ait été lancée par catherine de médicis, au XVII° siècle, on l'utilisait en poudre pour les cheveux
Obtenue à partir du rhizome pilé et tamisé, propriété due à l’irone (Principe odorant du rhizome de l’iris utilisé en parfumerie), cette poudre imprimait sur les cheveux, la peau et les vêtements une délicieuse odeur de violette. On l'emploie toujours comme fixateur de parfum.
La poudre d'iris parfumait le linge de maison mais aussi les gants de cuir, les ceintures, les aumônières, les bijoux et les habits précieux.
Lorsque Catherine de Médicis vient en France épouser le futur roi Henri II, elle amène d’Italie son parfumeur René Le Florentin. Il installe une boutique sur le Pont au Change et devient célèbre pour ses parfums … et ses poisons. Il ouvre la voie à de nombreux parfumeurs italiens qui s’installent à Paris, notamment sous l’impulsion de Marie de Médicis.
La mode des produits parfumés se répand. Les peaux les plus fines de Sicile, de Sardaigne ou d’Espagne, sont tannées et parfumées, très en vogue au XVIe siècle.
Jean de La Fontaine (1621-1695) - poète
met à l’honneur l’écharpe d’Iris :
Phébus et Borée (Fables, VI, 3)
.....Il pleut, le soleil luit, et l’écharpe d’Iris
Rend ceux qui sortent avertis
Qu’en ces mois le manteau leur est fort nécessaire.....
Le Taj Mahal
est considéré comme un joyau de l'architecture moghole, un style qui combine des éléments architecturaux des architectures islamique, iranienne, ottomane et indienne.
L'iris a été gravé à plusieurs reprises en haut-relief sur le marbre du mausolée et sur le grés rouge de la mosquée. Point un peu original, c'est une plante qui est représentée dans sa totalité, pas sous la forme d'une simple fleur. De plus comme les panneaux qui l'ont sont à l'intérieur du mausolée, elles ont été protégé des intempéries et sont, encore de nos jours, parfaitement conservées.
Le Taj Mahal (la couronne du palais) est situé à Agra, au bord de la rivière Yamuna, dans l'État de l'Uttar Pradesh, en Inde. C'est un mausolée de marbre blanc construit par l'empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam, aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan "la lumière du palais". Elle meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle accompagnait son mari pendant une campagne militaire. La construction du mausolée commence en 1631 et est achevée dans sa plus grande partie en 1648. Son époux, mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d'elle.
Pierre de Marbeuf (1596-1645) poète baroque français du XVIIe siècle.
Iris et les sept paons
......
Elle va vers Éphèse afin que les Zéphyrs
Fassent voler ses Paons. Iris les appela,
Puis à son char pompeux elle les accoupla.
......
Pierre de Marbeuf (1596-1645) poète baroque
L'Iris
Les rayons du soleil se dardent sur l'enflure
D'un nuage opposé qui, rosoyant d'humeur,
Nous fera bientôt voir de l'Iris la voûture,
Peignant notre horizon de sa cambre lueur.
Ah ! la voici déjà, sa céleste présence
En bigarrant le ciel enfante divers ronds
Et découvre au soleil l'émail de sa naissance,
Qu'il a formé dardant sur elle ses rayons.
Elle fait d'un demi-rond seulement la ceinture
Dérobant la moitié de ce cercle à nos yeux,
Mélangeant ses couleurs de diverse peinture,
D'azur, de pourpre et d'or elle émaille les cieux.
Tel est le col doré des chastes colombelles,
Variant ses couleurs opposite au soleil ;
Mais encor de l'Iris les couleurs sont plus belles
Que l'émail colombin qui délecte notre oeil.
Allons donc à couvert, car cette messagère
De la reine des eaux vient pour nous annoncer
Que tantôt la moiteur de son arc circulaire
S'épurant de ses pleurs viendra nous arroser.
Le soleil à la nue oppose son visage
De ce bel arc-en-ciel pour former le voutis,
Jésus est le soleil, le monde le nuage,
La grâce le rayon, et la Vierge l'Iris.
Etymologies, XVII de Saint Isidore de Séville (560-636) évêque
"iris illyrica a reçu son nom de sa ressemblance avec l'iris du ciel. Pour cela même, les Latins le connaissent comme arcumen, nom dû à ce que sa fleur, par la variété de ses couleurs, imite l'arc-en-ciel."
Jean-Baptiste-Louis Gresset (1709-1777) poète
Epitre à ma muse
... La louange au ton faible et timide
Vient chaque jour, sous le titre insipide
D'odes aux grands, de bouquets aux Iris
Évariste de Parny (1753-1814) - poète
.....
Mais quand d'Iris l'écharpe colorée
S'arrondira sous la voûte des cieux
Quand vous verrez près de Flore éplorée
Le papillon recommencé ses jeux,
.....
Théodore de Banville (1823-1891) - poète
Recueil : Les Stalactites (1846).
L'Étang Mâlo.
.....
Son feuillage muet se tait malgré le vent ;
Le nymphaea, l'iris, le nénufar mouvant,
Le bleu myosotis et la pervenche sombre
Penchent étiolés, ou meurent sous cette ombre.
.....
Théodore de Banville (1823-1891) - poète
Recueil : Les Cariatides (1842).
À Iris.
Quand vous venez, ô jeune beauté blonde
Par vos regards allumer tant de feux,
On pense voir Cypris, fille de l'Onde,
Épanouir et les Ris et les Jeux.
Chacun, épris d'un désir langoureux,
Souffre une amour à nulle autre seconde,
Et lentement voit s'entr'ouvrir les cieux
Quand vous venez, ô jeune beauté blonde !
S'il ne faut pas que votre chant réponde
Un mot d'amour à nos chants amoureux,
Pourquoi, Déesse à l'âme vagabonde,
Par vos regards allumer tant de feux ?
Laissez au vent flotter ces doux cheveux
Et découvrez cette gorge si ronde,
Si jusqu'au bout il vous plaît qu'en ces lieux
On pense voir Cypris, fille de l'Onde.
Car chacun boit à sa coupe féconde
Lorsqu'elle vient à l'Olympe neigeux
Sur les lits d'or que le plaisir inonde
Épanouir et les Ris et les Jeux.
Donc, allégez ma souffrance profonde.
C'est trop subir un destin rigoureux ;
Craignez, Iris, que mon cœur ne se fonde
À ces rayons qui partent de vos yeux
Quand vous venez !
Ryōkan Taigu (1758-1831) est un moine et ermite, poète et calligraphe japonais.
"Un iris
près de mon ermitage
m'a enivré."
Utagawa Hiroshige (1797-1858), Utagawa Kunisada (1786-1865) - La beauté dans un jardin d'iris Bleu Violet
L'iris au japon
fête de l'Iris,
Kodomo No Hi !
Cette fête, chinoise à l'origine, a été introduite à la cours impériale du Japon vers le VIe siècle. A cette époque-là, on avait pour coutume de célébrer la fleur d'iris, cette autre impératrice du printemps nippon. On en trouvait (et on en trouve encore) partout : le long des chemins, autour des temples et des sanctuaires, dans des jardins dédiés mais aussi sur les toits en chaume des maisons, leurs racines permettant de les consolider. Le 5 mai, des rameaux d’iris étaient suspendus à l’entrée des maisons. Riche de ses propriétés purificatrices, on accordait à cette fleur un rôle de protection contre les maladies et les mauvais esprits. Elle a donc été naturellement associée à la fête des enfants car tout comme la carpe, elle est un symbole de force et de bonne santé.
De nos jours et en souvenir de ces temps anciens où l'iris était célébrée, les sento (bains publics japonais) font revivre la tradition à leurs clients en leur proposant un bain au tiges d'iris pour le 5 mai. Nus comme des vers et parés d'une couronne d'iris, on ondoie dans ce bain revigorant tel une carpe !
De nombreux parcs, poèmes et pièces de théâtre sont consacrés à l'iris
Iris du parc Mizumoto - Japon - Meiji Jingu Gyoen - Omura - Nagazaki
. Le grand nombre de peintures et de gravures japonaises représentant l'iris témoigne de son importance dans la culture nipponne: fête de l'Iris, nombreux parcs, poèmes et pièces de théâtre lui sont consacrés.
Iris at Horikiri 1916 - Takahashi Hiroaki dit Shotei (1871-1945)
François-René de Chateaubriand (1768-1848) écrivain
Mélanges littéraires
... "Elle est passée, la pluie de l'orage ; maintenant l'air est frais et parfumé. Dans l'orient obscur , déployant un arc immense, l'iris brille au soleil couchant"....
François-René de Chateaubriand (1768-1848) - écrivain
"Ma vie, semblable à un iris solitaire poussé sur le bord du fleuve du temps, donne aujourd’hui sa fleur."
Mes Origines Mémoires et récits (Traduction du provençal)
par Frédéric Mistral (1830-1914)
Ch. I. Au mas du juge
"Fleurs de glais" - "fleurs d'iris"
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Le fossé du Puits à roue! Ce fut le premier livre où j'appris, en m'amusant, l'histoire naturelle. Il y avait là des poissons, épinoches ou carpillons, qui passaient par bandes et que j'essayais de pêcher dans un sachet de canevas, qui avait servi à mettre des clous et que je suspendais au bout d'un roseau.
Il y avait des demoiselles vertes, bleues, noiraudes, que doucement, tout doucement, lorsqu'elles se posaient sur les typhas, je saisissais de mes petits doigts, quand elles ne s'échappaient pas, légères, silencieuses, en faisant frissonner le crêpe de leurs ailes; il y avait des "notonectes", espèces d'insectes bruns avec le ventre blanc, qui sautillent sur l'eau et puis remuent leurs pattes à la façon des cordonniers qui tirent le ligneul.
Ensuite des grenouilles, qui sortaient de la mousse une échine glauque, chamarrée d'or, et qui, en me voyant, lestement faisaient leur plongeon; des tritons, sorte de salamandres d'eau, qui farfouillaient dans la vase; et de gros escarbots qui rôdaient dans les flaches et qu'on nommait des "mange-anguilles". Ajoutez à cela un fouillis de plantes aquatiques, telles que ces "massettes", cotonnées et allongées, qui sont les fleurs du typha; telles que le nénuphar qui étale, magnifique, sur la nappe de l'eau, ses larges feuilles rondes et son calice blanc; telles que le "butome" au trochet de fleurs roses, et le pâle narcisse qui se mire dans le ru, et la lentille d'eau aux feuilles minuscules, et la "langue de boeuf" qui fleurit comme un lustre, avec les "yeux de l'Enfant Jésus" qui est le myosotis.
Mais de tout ce monde-là, ce qui m'engageait le plus, c'était la fleur des "glais". C'est une grande plante qui croît au bord des eaux par grosses touffes, avec de longues feuilles cultriformes et de belles fleurs jaunes qui se dressent en l'air comme des hallebardes d'or. Il est à croire même que les fleurs de lis d'or, armes de France et de Provence, qui brillent sur le fond d'azur, n'étaient que des fleurs de glais:
"fleur de lis" vient de "fleur d'iris", car le glais est un iris, et l'azur du blason représente bien l'eau où croît le glais.
Toujours est-il, qu'un jour d'été, quelque temps après la moisson, on foulait nos gerbes, et tous les gens du "mas" étaient dans l'aire à travailler. A l'entour des chevaux et des mulets qui piétinaient, ardents, autour de leurs gardiens, il y avait bien vingt hommes qui, les bras retroussés, en cheminant au pas, deux par deux, quatre par quatre, retournaient les épis ou enlevaient la paille avec des fourches de bois. Ce joli travail se faisait gaiement, en dansant au soleil, nu-pieds, sur le grain battu.
Au haut de l'aire, porté par les trois jambes d'une chèvre rustique, formée de trois perches, était suspendu le van. Deux ou trois filles ou femmes jetaient avec des corbeilles dans le cerceau du crible le blé mêlé aux balles; et le "maître", mon père, vigoureux et de haute taille, remuait le crible au vent, en ramenant ensemble les mauvaises graines au-dessus; et quand le vent faiblissait, ou que, par intervalles, il cessait de souffler, mon père, avec le crible immobile dans ses mains se retournait vers le vent, et, sérieux, l'oeil dans l'espace, comme s'il s'adressait à un dieu ami, il lui disait:
- Allons, souffle, souffle, mignon!
Et le mistral, ma foi, obéissant au patriarche, haletait de nouveau en emportant la oussière; et le beau blé béni tombait en blonde averse sur le monceau conique qui, à vue d'oeil, montait entres les jambes du vanneur.
Le soir venu, ensuite, lorsqu'on avait amoncelé le grain avec lapelle, que les hommes poussiéreux allaient se laver au puits ou tirer de l'eau pour les bêtes, mon père, à grandes enjambées, mesurait le tas de blé et y traçait une croix avec le manche de la pelle en disant: "Que Dieu te croisse!"
Par une belle après-midi de cette saison d'aires, - je portais encore les jupes : j'avais à peine quatre ou cinq ans - après m'être bien roulé, comme font les enfants, sur la paille nouvelle, je m'acheminai donc seul vers le fossé du Puits à roue.
Depuis quelques jours, les belles fleurs de glais commençaient à s'épanouir et les mains me démangeaient d'aller cueillir quelques-uns de ces beaux bouquets d'or.
J'arrive au fossé; doucement, je descends au bord de l'eau; j'envoie la main pour attraper les fleurs... Mais, comme elles étaient trop éloignées, je me courbe, je m'allonge, et patatras dedans: je tombe dans l'eau jusqu'au cou. Je crie. Ma mère accourt; elle me tire de l'eau, me donne quelques claques, et, devant elle, trempé comme un caneton, me faisant filer vers le Mas :
- Que je t'y voie encore, vaurien, vers le fossé !
- J'allais cueillir des fleurs de glais.
- Oui, va, retournes-y, cueillir tes glais, et encore tes glais. Tu ne sais donc pas qu'il y a un serpent dans les herbes cachés, un gros serpent qui hume les oiseaux et les enfants, vaurien ?
Et elle me déshabilla, me quitta mes petits souliers, mes chaussettes, ma chemisette, et pour faire sécher ma robe trempée et ma chaussure, elle me chaussa mes sabots et me mit ma robe du dimanche, en me disant :
- Au moins, fais attention de ne pas te salir.
Et me voilà dans l'aire; je fais sur la paille fraîche quelques jolies cabrioles; j'aperçois un papillon blanc qui voltige dans un chaume. Je cours, je cours après, avec mes cheveux blonds flottant au vent hors de mon béguin... et paf! me voilà encore vers le fossé du Puits à roue...
Oh! mes belles fleurs jaunes! Elles étaient toujours là, fières au milieu de l'eau, me faisant montre d'elles, au point qu'il ne me fut plus possible d'y tenir. Je descends bien doucement, bien doucement sur le talus; je place mes petons biens ras, bien ras de l'eau ; j'envoie la main, je m'allonge', je m'étire tant que je puis... et patatras! je me fiche jusqu'au derrière dans la vase.
Aïe! aïe! aïe! Autour de moi, pendant que je regardais les bulles gargouiller et qu'à travers les herbes je croyais entrevoir le gros serpent, j'entendais crier dans l'aire :
- Maîtresse! courez vite, je crois que le petit est encore tombé à l'eau!
Ma mère accourt, elle me saisit, elle m'arrache tout noir de la boue puante, et la première chose, troussant ma petite robe, vlin! vlan! elle m'applique une fessée retentissante.
- Y retourneras-tu, entêté, aux fleurs de glais? Y retourneras-tu pour te noyer?... Une robe toute neuve que voilà perdue, fripe-tout, petit monstre! qui me feras mourir de transes!
Et, crotté et pleurant, je m'en revins donc au Mas la tête basse, et de nouveau on me dévêtit et on me mit, cette fois, ma robe des jours de fête... Oh! la galante robe! Je l'ai encore devant les yeux, avec ses raies de velours noir, pointillée d'or sur fond bleuâtre.
Mais bref, quand j'eus ma belle robe de velours :
- Et maintenant, dis-je à ma mère, que vais-je faire ?
- Va garder les gelines, me dit-elle; qu'elles n'aillent pas dans l'aire... Et toi, tiens-toi à l'ombre.
Plein de zèle, je vole vers les poules qui rôdaient par les chaumes, becquetant les épis que le râteau avait laissés. Tout en gardant, voici qu'une poulette huppée - n'est-ce pas drôle? - se met à pourchasser, savez-vous quoi? une sauterelle, de celles qui ont les ailes rouges et bleues... Et toutes deux, avec moi après, qui voulais voir la sauterelle, de sauter à travers champs, si bien que nous arrivâmes au fossé du Puits à roue !
Et voilà encore les fleurs d'or qui se miraient dans le ruisseau et qui réveillaient mon envie, mais une envie passionnée, délirante, excessive, à me faire oublier mes deux plongeons dans le fossé :
"Oh! mais, cette fois, me dis-je, va, tu ne tomberas pas!"
Et, descendant le talus, j'entortille à ma main un jonc qui croissait là ; et me penchant sur l'eau avec prudence, j'essaie encore d'atteindre de l'autre main les fleurs de glais... Ah! malheur, le jonc se casse et va te faire teindre! Au milieu du fossé, je plonge la tête première.
Je me dresse comme je puis, je crie comme un perdu, tous les gens de l'aire accourent :
- C'est encore ce petit diable qui est tombé dans le fossé. Ta mère, cette fois, enragé polisson, va te fouailler d'importance!
Eh bien! non; dans le chemin, je la vis venir, pauvrette, tout en larmes et qui disait:
- Mon Dieu! je ne veux pas le frapper, car il aurait peut-être un "accident". Mais ce gars, sainte Vierge, n'est pas comme les autres :
il ne fait que courir pour ramasser des fleurs; il perd tous ses jouets en allant dans les blés chercher des bouquets sauvages...Maintenant, pour comble, il va se jeter trois fois, depuis peut-être une heure, dans le fossé du Puits à roue... Ah! tiens-toi, pauvre mère, morfonds-toi pour l'approprier. Qui lui en tiendrait, des robes? Et bienheureuse encore - mon Dieu, je vous rends grâce - qu'il ne soit pas noyé!
Et ainsi, tous les deux, nous pleurions le long du fossé. Puis, une fois dans le Mas, m'ayant quitté mon vêtement, la sainte femme m'essuya, nu, de son tablier ; et, de peur d'un effroi, m'ayant fait boire une cuillerée de vermifuge elle me coucha dans ma berce, où, lassé de pleurer, au bout d'un peu je m'endormis.
Et savez-vous ce que je songeai: pardi! mes fleurs de glais... Dans un beau courant d'eau, qui serpentait autour du Mas, limpide, transparent, azuré comme les eaux de la Fontaine de Vaucluse, je voyais de belles touffes de grands et verts glaïeuls, qui étalaient dans l'air une féerie de fleurs d'or !
Des demoiselles d'eau venaient se poser sur elles avec leurs ailes de soie bleue, et moi je nageais nu dans l'eau riante ; et je cueillais à pleines mains, à jointées, à brassées, les fleurs de lis blondines.
Plus j'en cueillais, plus il en surgissait.
Tout à coup, j'entends une voix qui me crie: "Frédéri!"
Je m'éveille et que vois-je! Une grosse poignée de fleurs de glais couleur d'or qui bondissaient sur ma couchette.
Lui-même, le patriarche, le Maître, mon seigneur père, était allé cueillir les fleurs qui me faisaient envie; et la Maîtresse, ma mère belle, les avait mises sur mon lit.
Mais il faudra attendre les impressionnistes, pour voir l'iris sur toiles.
notamment
Vincent Willem van Gogh (1853-1890)
Iris - 1889
Claude Monet (1840-1926)
les iris dans le jardin à Giverny - 1900
Claude Monet (1840-1926)
les iris
Paul Signac (1863-1935)
Iris 1894
Gustave Caillebotte (1848-1894)
Iris bleus, jardin du Petit Gennevilliers
L'iris est une fleur qui protège. On en plantait sur les toits des m aisons. On en voit en Normandie et en Bretagne sur les toits de chaume. Sa présence disait-on chassait les mauvais esprits, et protégeait la maison de la foudre.
Grace à son système de racines en rhizome, l'iris retient la terre des bords des rivières, des étangs et des mares.
Guy de Maupassant (1850-1893) - écrivain
"C'est une petite demeure de pêcheur, aux murs d'argile, au toit de chaume empanaché d'iris bleus. Un jardin large comme un mouchoir, où poussent des oignons, quelques choux, du persil, du cerfeuil, se carre devant la porte. Une haie le clôt le long du chemin
L'iris et l'art nouveau
Champagne Théophile Roeder 1864
vintage Art Nouveau
Louis-Théophile Hingre (1832-1911)
Pallas Athena
Alphonse Mucha (1860–1939)
iris
Élisabeth Sonrel (1874-1953)
iris
Paul Berthon (1872-1934)
Sarah Bernardt - 1901
Louis Majorelle - art nouveau - femme aux iris -
une paire de sconces murales conçues pour le restaurant Lucas Carton - vers 1902
Louis Majorelle - art nouveau - femme aux iris - une paire de sconces murales conçues pour le restaurant Lucas Carton - vers 1902
Émile GALLÉ (1846-1904)
Vase Iris
Faiencerie de Sarreguemines,
paire de vases en grès à décor d’Iris art nouveau - création attribué à Victor Kremer - 1900
Louis Comfort Tiffany (1848-1933)
Fenêtre figurant des magnolias et des iris (1908)
Il est important, régulièrement, de donner un coup de jeune aux iris en divisant les souches (juillet est la période idéale pour cette opération). Comme ils ont tendance à s'étendre, on se retrouve avec un surplus de rhizomes, que l'on est parfois obligé de jeter. Et c'est bien dommage, car le rhizome de l'iris des jardins (Iris germanica) permet de confectionner la merveilleuse poudre d'iris aux si nombreux usages.
Utilisée en cosmétique, elle exhale un délicieux parfum de violette – on l'appelait jadis "racine de violette" –, qui se développe au cours du séchage. En parfumerie, elle fixe les parfums. Elle est aussi riche en amidon, en mucilages et en tanins, qui lui confèrent des propriétés adoucissantes, absorbantes et déodorantes.
On l’utilisait, en effet, en comme shampooing sec, dentifrice ou bien comme lotion pour le visage mélangé avec de l’eau de rose ; on en mettait aussi dans les pots-pourris, en emplissait des sachets pour parfumer les armoires.
D’ailleurs cette mode revient comme en témoignent divers produits actuellement disponibles.
Cette racine d'iris a des propriétés expectorantes, diurétiques et légèrement purgatives.
On donnait autrefois à mâcher aux bébés cette étonnante racine d'iris au goût de violette pour calmer les gencives, un usage qui connaît un regain d'intérêt.
Autrefois, des rhizomes d'iris étaient disposés entre chaque couche de linge, pour le parfumer. Ils diffusaient une odeur marquée de violette.
Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète
Contrerimes
Le coucou chante
Le coucou chante au bois qui dort.
L’aurore est rouge encore,
Et le vieux paon qu’Iris décore
Jette au loin son cri d’or.
Les colombes de ma cousine
Pleurent comme une enfant.
Le dindon roue en s’esclaffant :
Il court à la cuisine.
Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète
Recueil : "Contrerimes"
Avril, dont l’odeur nous augure
Avril, dont l’odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure.
Ah, verse le myrte à Myrtil,
L’iris à Desdémone :
Pour moi d’une rose anémone
S’ouvre le noir pistil.
Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète
Iris, à son brillant mouchoir
Iris, à son brillant mouchoir,
De sept feux illumine
La molle averse qui chemine,
Harmonieuse à choir.
Ah, sur les roses de l'été,
Sois la mouvante robe,
Molle averse, qui me dérobe
Leur aride beauté.
Et vous, dont le rire joyeux
M'a caché tant d'alarmes,
Puissé-je voir enfin des larmes
Monter jusqu'à vos yeux.
Pierre Louÿs (1870-1925) - poète
L'iris
Je t'apporte un iris cueilli dans une eau sombre
Pour toi, nymphe des bois, par moi, nymphe de l'eau,
C'est l'iris des marais immobiles, roseau
Rigide, où triste, oscille une fleur lourde d'ombre.
J'ai brisé, qui semblait un bleu regard de l'air,
L'iris du silence et des fabuleux rivages;
J'ai pris la tige verte entre mes doigts sauvages
Et j'ai mordu la fleur comme une faible chair.
Les gestes et les fleurs, ô sereine ingénue,
Parleront pour ma bouche impatiente et nue,
Où brûlent mes désirs et l'espoir de tes mains:
Accueille ici mon âme étrangement fleurie
Et montre à mes pieds par quels obscurs chemins
Je mêlerai ta honte à ma vaste incurie.
Iris et les parfums
François Coty (1874-1934) industriel parfumeur français, à l’origine de la multinationale Coty Inc. II est considéré comme le père de la parfumerie moderne.
Il remporte de grands succès commerciaux dont iris en 1913, premier parfum soliflore,
Coty, qui dispose de deux magasins ouverts en 1905 décide de vendre ses parfums dans les grands magasins, se heurtant d’abord au scepticisme de ceux-ci. Comme l'indique Le Petit Journal, un jour prenant une caissette d’échantillons, il se rend dans l’un des plus grands magasins de Paris pour y proposer ses parfums. Dans l’un des salons du magasin, une cliente par mégarde le heurte : l’un des flacons tombe et se brise. Aussitôt se répand un parfum d’une délicatesse rare. Les personnes présentes s’émerveillent et les acheteurs prient François Coty de venir les trouver. Les commandes commencent à affluer, et peu à peu le succès s’affirme.
La fleur d’iris fut oubliée des parfumeurs, avant que Jacques Fath et Vincent Roubert, ne la ressuscitent pour une première fois en 1947. Seulement ils la ressuscitèrent sous une autre forme : celle du premier fleuri/fruité qui avait, comme nous le savons maintenant, de beaux lendemains.
Iris Gris de Jacques Fath est reconnu comme étant l’un des plus grands parfums, si ce n’est le plus grand, jamais égalé. Le duo unique de deux grands accords, l’Iris et la Pêche, reflètent le savoir-faire exceptionnel du parfumeur Vincent Roubert.
Mettant l’Iris en vedette dans une concentration jamais égalée, ce fût l’un des parfums les plus chers au monde. Lancé en 1947,mais d'une production onéreuse, il disparaîtra la même année que Fath, en 1954. Souvent copié et certainement jamais égalé, il demeure unique et intemporel.
Iris Gris de Legendary Fragrances : Histoire d'une double résurrection
Extrait à gauche et XO à droite En octobre 2017, Legendary Fragrances a sorti deux reconstitutions d' Iris Gris qui nous donnent enfin accès à ce parfum mythique : le premier fleuri/fruité. Ta...
Robert Desnos (1900-1945)
Chantefleurs, 1944-1945
L’iris au bord du rivage
Se reflétait dans l’étang,
Bel iris sauvage
Qui rêves au beau temps.
Iris mes beaux yeux
Tu parfumes les draps blancs,
Iris merveilleux,
Iris au bord de l’étang.
Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale
Selon la légende, l'iris des marais poussait en abondance sur la rivière Lys, et autour des remparts de Bruxelles : sachant que cette plante ne pousse que dans les eaux peu profondes, les troupes du duc de Brabant savaient où galoper à travers les zones inondées alors que l'ennemi s'enlisa en tentant de traverser le marais.
La région de Bruxelles-Capitale, consacrée le 18 juin 1989, a opté pour l'iris comme symbole le 5 mars 1991. Le design spécifique n'a été choisi qu'après un concours public où le dessin de Jacques Richez a été choisi.
En 2015, un nouveau drapeau, présentant l'iris typique stylisé a été adopté.
Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale
René Char (1907-1988) poète et résistant
I. iris.
l° Nom d'une divinité de la mythologie grecque, qui était la messagère des dieux. Déployant son écharpe, elle produisait l'arc-en-ciel.
2° Nom propre de femme, dont les poètes se servent pour désigner une femme aimée et même quelque dame lorsqu'on veut taire le nom.
3° Petite planète.
II. iris.
Nom spécifique d'un papillon, le numphale gris, dit le grand mars changeant.
Prévient du visiteur funèbre.
III. iris.
Les yeux bleus, les yeux noirs, les yeux verts, sont ceux dont l'iris est bleu, est noir, est vert.
IV. iris.
Plante.
Iris jaune des rivières.
...
Iris plural, iris d'Éros, iris de
Lettera amorosa.
René Char (1907-1988) poète et résistant
"Merci d'être, sans jamais te casser, iris, ma fleur de gravité.
Tu élèves au bord des eaux des affections miraculeuses, tu ne pèses pas sur les mourants que tu veilles, tu éteins des plaies sur lesquelles le temps n'a pas d'action, tu ne conduis pas à une maison consternante, tu ne permets pas que toutes les fenêtres reflétées ne fassent qu'un seul visage de passion, tu accompagnes le retour du jour sur les vertes avenues libres."
La destinataire de cette Lettre d’amour désignée par le mot "iris" et dont le poète ne révèle pas le nom est peut-être Marguerite Caetani, princesse Bassiano, "bonne et terrible, amie affectueuse et tigre cruel", aux dires de Paul Valéry.
La Louisiane des bayous, Le Monde, le 9 mars 2007
Sous les cyprès chauves, géants , la flore n'est pas en reste.
"La plus belle saison est le début du printemps, quand tout est inondé et en fleurs"
Au milieu de la mousse espagnole et des lentilles d'eau s'épanouissent la jacinthe d'eau et l'iris bleu, emblème de la Louisiane. -"
L'iris dans le Langage des fleurs -
Cœur tendre - messager de bonnes nouvelles - promesse de bonheur et de richesse
- Je vous aime tendrement
- A vous mon coeur
- Je vous fais confiance
Iris parme : cette fleur exprime le désir de séduire la personne aimée.
Iris violet : désir effeuillé - affolement de la personne qui le reçoit.
Iris blanc : Souvenir troublant - confiance dans l'amour que l'on porte et que l'on reçoit.
Iris bleu : renforce le message d’une future bonne nouvelle.
Iris jaune : bonheur que l'on a à aimer la personne qui le reçoit
Iris orangé : amour enflammé !