18 avril 2020 6 18 /04 /avril /2020 23:39
 
Mythologie
 
L'iris
 

 

"Près des étangs où la libellule voltige,
Où, dans les soirs d'été, vient se baigner l'oiseau,
On aperçoit l'Iris, qui tremble sur sa tige
Et semble un papillon posé sur un roseau..."

 

Charles Rouvin (19°) -  poète - "La poésie des fleurs" 1890 - L’iris
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

L'iris, "petite plante vivace, à rhizomes ou à bulbes de la famille des Iridacées. à feuilles en lames de sabre que l'on cultive pour ses grandes fleurs ornementales et odorantes".

  
"Iris" du latin iris, iridis emprunté au grec Iris, Iridos, messagère des dieux, personnification de l'arc-en-ciel. Le terme a d'ailleurs longtemps été employé pour désigner l'arc-en-ciel. On le trouve associé à la fleur à partir du XIII° siècle, en raison de la coloration de ses pétales, aux reflets irisés.


En espagnol arc-en-ciel se dit arco, iris. 
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

En arc-en-ciel aux nuances infinies, ou blanc pur, en teintes douces ou flamboyantes, ces fleurs apportent vivacité et brillance aux jardins.


Les iris n'aiment pas avoir les pieds mouillés. Si vous le repérez dans un endroit au bord de l'eau, alors vous saurez que l'eau y est peu profonde.


La famille des iris regroupe 300 espèces botaniques. Généralement divisées en rhizomateuses et bulbeuses. 


On trouve souvent dans les jardins des Iris hybrides horticoles appelés à tort Iris germaniques.


- Le plus prestigieux des iris à rhizome est l'iris des jardins ou Iris germanica.
 Avec ses feuilles persistantes en forme de glaive, ses fleurs bleu-mauve, il est le plus répandu.

 
Grâce au travail des pépiniéristes, créateurs, on décline de nouvelles variétés par hybridation, en centaines de formes généreuses, et nuances délicates, de l'orange au rose pâle, du jaune au rouille, du pourpre au presque noir.

Ils font partie des plantes les plus anciennement cultivées, indissociables des jardins médiévaux et des jardins de curé.


- Rhizomateux également, une espèce naine (20 cm de hauteur), parfaite pour les bordures, 
 

Iris germanica

Iris germanica

 

- L'iris des marais (celui de Clovis), qui aime vivre les pieds dans l'eau. 

Iris des marais

Iris des marais

 

- Les iris bulbeux à petites fleurs, faciles à cultiver, sont surtout présentés en bouquets. 

Iris bulbeux de Hollande

Iris bulbeux de Hollande

 

- Les iris barbus, eux, déploient toute une gamme de fragrances. Elles varient d’une plante à l’autre, embaumant les jardins,  pour parfois sentir le chocolat, l’anis, la vanille, ou la poudre de riz, le fruit de la Passion ou encore la fleur d'oranger. 

iris barbu

iris barbu

 

 

La période de plantation se situe de juillet à octobre, pour une floraison d'avril à mai de l'année suivante. 


Les iris de jardin ne sont pas très gourmands et se contentent d'un sol sec et calcaire. Ils réclament peu d'eau, mais beaucoup de soleil. 
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

En revanche, les iris des marais aiment les terres humides, voire inondées. 

Mythologie des fleurs - L"iris


L'iris nigrican est la fleur nationale de la Jordanie et est une espèce en voie de disparition.


C'est une plante à fleurs de la famille des Iridacées. Les fleurs sont violet noirâtre avec des feuilles recourbées. Il a besoin d'un ensoleillement direct et d'un drainage intense.  
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Les iris sont connus et présents dans les jardins depuis l'Antiquité,  mais, jusqu'au XIX° siècle, on ne cultivait que des espèces botaniques naturelles.


La sélection horticole des iris de jardin ne s'est développée qu'à partir du début du XIX° siècle en France.

C'est Marie Guillaume de Bure (1781-1842), un amateur d'horticulture , qui créa vers 1820 les premiers cultivars, dont "Buriensis", qui fut la première variété d'iris de jardin vendue dans le commerce.

Les années suivantes, de Bure créa des centaines d'autres variétés rapidement suivi par Henri-Antoine Jacques, le jardinier en chef du roi Louis-Philippe Ier, qui lui-même entraîna Jean-Nicolas Lémon, un pépiniériste de Belleville, à se spécialiser dans la sélection des iris, qui pour le remercier, créera en 1840 le cultivar Jacquesiana en son honneur.
 

L'iris de jardin Mme Chereau (1844) création Jean-Nicolas Lémon

L'iris de jardin Mme Chereau (1844) création Jean-Nicolas Lémon


Au début du XX° siècle, Henry de Vilmorin et son fils Philippe de Vilmorin développèrent encore la création horticole d'iris en France grâce à l'utilisation de variétés d'iris asiatiques (iris mesopotamica et iris amas ramené de Amasra en Turquie par Sir Michael Foster en 1885). En 1904, Vilmorin crée ainsi les premiers iris de jardin triploïdes (Isoline) et tétraploïdes (Tamerlan et Oriflamme), plus grands et à plus grosses fleurs que les précédents qui étaient diploïdes.


À partir de 1920, après la mort d'Henry et Philippe de Vilmorin, c'est la famille Cayeux qui reprit le flambeau de la création d'iris en France.
 

L'iris de jardin Tamerlan création Vilmorin

L'iris de jardin Tamerlan création Vilmorin

 

Depuis des millénaires, on rencontre l'iris autour du bassin méditerranéen, terre de ses origines.

 

En 1950 av. Jésus-Christ, Thoutmosis, pharaon d'Égypte, de -1458 /- 1457 à - 1425  av. Jésus-Christ,  rapporte des plantes de la guerre en Syrie. Satisfait de ses découvertes botaniques, il fit représenter ces fleurs, dont un iris, sur les murs de l'un des temples de Karnak. 


 

Bas relief de karnak fleurs

Bas relief de karnak fleurs

 

Dans La Théogonie, œuvre du poète grec Hésiode (VIII° siècle av. J.-C.) écrite en hexamètres dactyliques, récit de l'origine des dieux, Iris est mentionnée trois frois, 

 

Dans la mythologie grecque, Iris, fille de Thaumas et de l'Océanide Électre, sœur des Harpies et d'Arcé, était la messagère des dieux, et principalement d'Héra (Junon).

 

Dans l’Iliade d'Homère, elle est la messagère de tous les dieux éternels. Elle est toujours assise auprès du trône d'Héra , prête à exécuter ses ordres.

 

Lorsque Héra revenait des Enfers dans l'Olympe, c'est Iris qui la purifiait avec des parfums. Héra avait pour elle une affection sans limites, parce qu'elle ne lui apportait jamais de mauvaises nouvelles.


On la représente sous la figure d'une gracieuse jeune fille, avec des ailes brillantes de toutes les couleurs réunies. Les poètes prétendaient que l'arc-en-ciel était la trace du pied d'Iris descendant rapidement de l'Olympe vers la terre pour porter un message ; on la représente le plus souvent avec un arc-en-ciel. C'est pourquoi les Grecs, qui croyaient que l'arc-en-ciel était l'écharpe de la déesse Iris, messagère entre les dieux et les hommes, ont donné à cette fleur le nom de la divinité.


Iris a un autre rôle très important. Au moment de leur mort, elle coupe le cheveu qui relie encore les humains à la vie. Elle conduit ainsi leur âme vers l'au-delà. C'est pourquoi elle figure la liaison entre le ciel et la terre, entre les Dieux et les hommes.
 

Iris - Arthur Rackham 1920

Iris - Arthur Rackham 1920


Dans l’Iliade (Le texte a probablement été composé entre -850 et -750 av J.C.), Homère utilise les épithètes homériques :


L'Iliade XV - trad. Leconte de Lisle (1866)


......Et  Héra frappa du fouet les chevaux rapides, et les portes de l'Ouranos s'ouvrirent d'elles-mêmes en criant, gardées par les Heures qui sont chargées d'ouvrir le Grand Ouranos  et l'Olympe, ou de les fermer avec un nuage épais. Et ce fut par là que les déesses poussèrent les chevaux obéissant à l'aiguillon. Et le père Zeus, les ayant vues de l'Ida, fut saisi d'une grande colère, et il envoya la messagère Iris aux ailes d'Or :


- va hâte-toi, légère Iris ! Fais-les reculer, et qu'elles ne se présentent point devant moi, car ceci serait dangereux pour elles. Je le dis, et ma parole s'accomplira :.....


.....Si tu as dit la vérité dans ton coeur, va dans l'assemblée des Dieux, appelle Iris et l'illustre archer Apollôn, afin que l'une aille, vers l'armée des Akhaiens cuirassés, dire au roi Poseidaôn qu'il se retire de la mêlée, et qu'il rentre dans ses demeures ; .....


.....- Va ! rapide Iris, parle au Roi Poseidaôn, et sois une messagère fidèle. Dis-lui qu'il se retire de la mêlée, et qu'il reste, soit dans l'assemblée des Dieux, soit dans la mer divine. Mais s'il n'obéissait pas à mes ordres et s'il les méprisait, qu'il délibère et réfléchisse dans son esprit. .....


.....Et la rapide Iris aux pieds aériens lui répondit : - Poseidaôn aux cheveux bleus, me faut-il rapporter à Zeus cette parole dure et hautaine ? Ne changeras-tu point ? L'esprit des sages n'est point inflexible, et tu sais que les Erinnyes suivent les aînés.


Et Poseidaôn qui ébranle la terre lui répondit :


- Déesse Iris, tu as bien parlé. Il est bon qu'un messager possède la prudence ; mais une amère douleur emplit mon esprit et mon coeur, quand Zeus veut, par des paroles violentes, réduire son égal en honneurs et en droits. Je céderai, quoique indigné ;.....


.....Ayant ainsi parlé, la noble déesse prit un voile bleu, le  plus sombre de tous et se hâta de partir. Et la rapide Iris aux pieds aériens allait devant..... 


.....Iris aux pieds légers descend vers les vaisseaux, 
Plus prompte que la neige, allors qu'en leurs assauts 
sur la cime des monts déchirant les nuages, 
les aquilons fougueux ont blanchi les rivages.....


...........Iris aux pieds rapides vient, à travers le dos de la vaste mer, porter un message, toutes les fois qu'une contestation, une querelle s'est élevée entre les Immortels. Alors, si l'un des habitants de l'Olympe trahit la vérité, Zeus envoie Iris, vers cette région lointaine, chercher, pour le grand serment des dieux, dans un vase d'or, la fameuse eau glacée qui tombe d'un rocher haut et escarpé. (Hésiode, Théogonie (v. 780-787)


.....Il parla ainsi, et la messagère Iris aux pieds tourbillonnants partit.....

Iris et Jupiter (Zeus) - Michel Corneille Le Jeune

Iris et Jupiter (Zeus) - Michel Corneille Le Jeune

 

Dans Les Oiseaux d'Aristophane, ouvrage, représenté aux Lénéennes en 414 av. J.-C., joyeuse utopie politico-religieuse ; elle parodie l'origine du monde selon la secte des orphiques. Iris est la messagère égarée des dieux à Coucou-Ville-les Nuées.

 

Le poète Alcée de Mytilène, poète grec de l'époque archaïque né vers l’an 630 av. J.-C.fait d'Iris, l'épouse du vent Zephyr et la mère d'Éros, le dieu de l'Amour.

Iris par Anthony Frederick Sandys

Iris par Anthony Frederick Sandys


Virgile -  L’Énéide (fin du I° siècle av. J.-C.) livre IV
Le roman D'Énée et de Didon - 4, 695
Bibliotheca Classica Selecta


.....Alors Junon la toute-puissante prend en pitié cette longue souffrance et cette mort pénible : depuis l'Olympe elle dépêche  la déesse Iris, pour qu'elle délivre de ses liens son âme en lutte et son corps enchaîné.


En effet, la mort de Didon n'était pas due au destin ni méritée ; la malheureuse partait avant le terme, sous l'effet d'une folie soudaine ; pour cette raison Proserpine n'avait pas encore arraché le cheveu de sa blonde chevelure, et n'avait pas voué sa tête à l'Orcus stygien.


Iris donc, avec ses ailes d'or, tout humides de rosée, trainant à travers le ciel,  mille couleurs variées face au soleil, s'envole, descend et s'arrête au chevet de Didon.

"Sur l'ordre de Dis je lui porte moi-même ce cheveu sacré et je te détache de ton corps". Ainsi dit-elle et de la main droite elle coupe le cheveu : en un instant la chaleur de  Didon s'est dissipée et sa vie s'en est allée dans le vent......

Thomas Blanchet - Iris coupe le cheveu fatal à Didon - 1655

Thomas Blanchet - Iris coupe le cheveu fatal à Didon - 1655

 

En Grande-Grèce, on plantait des Iris sur les tombeaux en hommage à Iris, qui était chargée, entre autres tâches, de couper les cheveux des femmes au moment de leur mort, puis de les guider jusqu'à leur séjour final.

Sir Lawrence Alma-Tadema Iris dans les ruines - 1904

Sir Lawrence Alma-Tadema Iris dans les ruines - 1904

 

Les rhizomes de l'iris  dégagent un principe odorant essentiel, connu depuis l'Antiquité, 


Dans : Transmettre les savoirs dans les mondes héllénistique et romain
Frédéric Le Blay (dir.)


Il est écrit :


Théophraste d’Erésos (372-288 av. J.-C.) le père de la botanique et l’auteur du livre "De Odoribus" (Des odeurs), nous fait connaitre un art particulier sur l'artisanat secret des parfumeurs.


.....Le parfum à l’iris est incontournable dans la parfumerie antique, et des exemples retenus par Théophraste. 


Les espèces utilisées par la parfumerie (Iris germanica L. var. florentina et Iris pallida Lam.) sont naturalisées dans toutes les régions méditerranéennes, mais vraisemblablement originaires des bords de la Mer Noire ou de Macédoine. D’après Théophraste, La meilleure qualité provient d’Illyrie et des régions bordant l’Adriatique.....


Si l’iris est très en faveur dans la parfumerie antique, il le doit à son rhizome. Frais, le rhizome ne sent rien, chacun ne s’en douterait pas...Pour en arriver là,  il faut attendre deux à trois ans pour que la drogue soit utilisable en parfumerie, après séchage.....


Théophraste recommandait l'iris pour calmer la colère et les humeurs violentes 


et Pline l’Ancien (23-79) préconisait l’usage de la poudre d’iris pour parfumer le vin.
 

Parfumeuse de la Rome antique. Rome, Villa Farnèse Ier s. avant J.C.

Parfumeuse de la Rome antique. Rome, Villa Farnèse Ier s. avant J.C.

 

Le jus extrait des tiges, des feuilles et des rhizomes broyés servait encore à purifier les autels sous Dioclétien empereur romain (244-312). 


L'Iris faisait partie des quelques fleurs que les vestales avaient le droit de cueillir. 
 

Antoine François Callet - Deux Vestales préparant un sacrifice

Antoine François Callet - Deux Vestales préparant un sacrifice

 

Les Romains utilisaient la racine de divers iris pour aromatiser le “defrutum” (jus de raisin concentré).


Dans L’encyclopédie des herbes magique de Scott Douglas Cunningham (1956-1993) - Adapté de l'américain par Michel Echelberger 

il est écrit : 


.....Pour les Romains, les "trois flèches" de la fleur d'iris symbolisaient la fidélité, la sagesse et la vaillance. Pendant la courte floraison de cette belle plante élancée, vers la mi-mai en climat méditerranéen, de grandes guirlandes d'iris bleus et blancs ornaient les temples de Junon ; lorsque les fleurs étaient fanées, les prêtresses les vendaient à prix d'or au nom de la déesse...... 
 

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) Iris

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) Iris

 

D'après les anciennes légendes celtiques, des trésors se lovent sous les rhizomes des iris des marais, les lieux marécageux étant associés aux mondes magiques et aux initiations druidiques.

Alfons Maria Mucha (1860-1939), Fée de l'Iris

Alfons Maria Mucha (1860-1939), Fée de l'Iris

les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,
Elles sont dotées de pouvoirs magiques
La fée Iris


Guillaume Apollinaire (1880-1910) poète


Au jardin des cyprès je filais en rêvant,

Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent

Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées

Jusqu’au bassin mourant que pleurent les saulaies

Je marchais à pas lents, m’arrêtant aux jasmins,

Me grisant du parfum des lys, tendant les mains

Vers les iris fées gardés par les grenouilles.

Et pour moi les cyprès n’étaient que des quenouilles,

Et mon jardin, un monde où je vivais exprès

Pour y filer un jour les éternels cyprès.

Fée iris - CMB

Fée iris - CMB

 

Sous Clovis (466-511), roi des Francs et premier roi de France, c’est la fleur d’iris qui devient le symbole de la monarchie française en rapport avec la Vierge Marie, protectrice des Rois. 

La légende attribue ce choix à Clovis. 


Lors de la bataille de Vouillé en 507, les armées de Clovis sont repoussées dans les marécages de la Vienne par les Wisigoths d'Alaric II. Une biche au son de l'armée traverse alors la Vienne en crue au niveau d'un gué environné de grands iris jaunes dont les rhizomes contribuent à la stabilisation les berges et vasières des cours d'eau, indiquant ainsi que ce passage au sol stable pouvait être franchi par les armées franques qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dès lors adoptée par le roi des Francs, qui changea l’emblème de la grenouille en fleur de Lys (qui serait une fleur d'iris) 


La fleur de lis serait apparue pour la première fois sur le sceptre de Charles-le-Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, roi de Francie occidentale (742-814) et empereur d’Occident (800). La Royauté française aurait donc choisi cet emblème sous forme d'aigrette trifide, l'un des plus anciens au monde. au même titre que d’autres familles régnantes européennes avaient choisi l’aigle, le lion ou le léopard.
 

Clovis recevant la fleur de lys. XVe siècle

Clovis recevant la fleur de lys. XVe siècle

 

L'abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179) disait


"l'iris est sec et chaud, toute sa force vient de ses rhizomes et sa force verte monte dans ses feuilles"


L'eau d'iris a de puissantes vertus astringentes, préconisées, pour les troubles cutanés. 
 

iris nostra hortensis

iris nostra hortensis

 

L'iris pallida s'épanouit, entre Sienne et Florence, dans les merveilleux paysages de Toscane, gorgés d'or solaire et de parfums capiteux.


Emblème de Florence
Le lys de Florence  (en réalité un iris)


Florence, la cité de Flore, célébrait autrefois la fleur de lis, figure emblématique de la puissance de la ville et de sa dévotion à la déesse du Printemps. 


Le lys de Florence (il Giglio en italien) est le blason depuis le XI° siècle, à base de fleur de lis de gueules (rouge en héraldique) sur écu à champ argent (blanc en héraldique), de la ville de Florence (Firenze en italien, Florentia, la Ville de la fleur en latin), chef-lieu de la Toscane en Italie. L'emblème n'est donc pas un lys mais en réalité un iris horticole. 


En effet, les iris étant abondants le long de la Lys en Belgique, il est parfois appelé fleur de "Lys".


Dans : Cf le chant XVI de la Divine Comédie de Dante (1265-1321) :
....."Suite au conflit qui opposa les Guelfes aux Gibelins, (deux factions médiévales qui s'opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l'Italie des XII° et XIII° siècles).  les Guelfes victorieux choisirent d'adopter les armes de leurs ennemis mais en intervertissant les couleurs initiales. Le lis, autrefois blanc sur champ rouge, devint rouge sur champ blanc."..... 

 

emblème de Florence

emblème de Florence

 

Cosmétiques


On cultive industriellement l’iris de Florence depuis le XIIIe siècle. Il est utilisé dans la fabrication des cosmétiques. 


Le célèbre iris de Florence (Iris germanica florentina) a des fleurs blanches ou veinées de bleu pâle en avril-mai. Il est originaire des régions méditerranéennes orientales, notamment la Turquie. Il est présent en Italie, mais n’en est pas originaire. En France, on ne le trouve qu’en Corse, où c’est une plante protégée.


Son rhizome, qui contient 50% d’amidon, a un fort parfum de violette une fois séché ; il est très prisé en parfumerie.

 
On fabrique à la pharmacie de Santa Maria Novella (ouverte au public depuis 1612 et instaurée par le grand duc de Toscane, "L’Officina Profumo Farmaceutica di Santa Maria Novella"), une Eau d'Iris, (Aqua Flor). 

 

pharmacie de Santa Maria Novella ouverte au public depuis 1612

pharmacie de Santa Maria Novella ouverte au public depuis 1612

 

On raconte aussi que la fleur de lys serait un ancien symbole d'une tribu franque des Francs, originaire des Flandres, où l'iris jaune poussait en abondance sur les rives de la Lys. 


Le Seigneur d'Armentières en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le Roi de France Louis VII (1120-1180) il décida à son tour de l'ajouter à son propre blason. Ainsi naquit la "fleur de Lys de France" (qui n'est pas un lys, mais probablement un iris)
 

armoirie Armentières Carte postale signée Robert Louis.

armoirie Armentières Carte postale signée Robert Louis.

 

Au XIIe siècle, l'iris désignait 


- une variété de quartz qui présente les couleurs de l'arc-en-ciel. 

- un insecte des régions chaudes, voisin des mantes religieuses 

- un minéral 

- la membrane arrondie située au centre de la partie antérieure de l'œil 
Regardez les pétales d'un iris à la lumière.  Leur texture est changeante, scintillante, "irisée".  Autre analogie avec l'arc-en-ciel, l'iris a désigné assez tôt la membrane colorée et brillante de l'oeil, et l'irisation, la faculté de disperser la lumière en rayons colorés.

- et même... une couleur. Un vert pâle, légèrement bleuté, 


L'iris fait son entrée en botanique au XIIIe siècle, 
 

Les Heures de Spinola enluminé en Flandre vers 1510-1520

Les Heures de Spinola enluminé en Flandre vers 1510-1520

 

l'iris représente la force du Printemps et la magie féconde de Flore et de Vénus.


Autrefois, on appelait "lis" toutes les plantes herbacées à grandes fleurs. De là, sans doute, la confusion entre ces deux plantes.


Symbole de la pureté et de l'innocence de la Vierge Marie (en compagnie du lis, autre cause de confusion), chez les chrétiens. 


Communément considéré comme une des fleurs associées à la Vierge Marie. Il symbolise la Trinité et remplace parfois le lys dans les représentations de l’Annonciation. La confusion viendrait peut-être aussi de son étymologie.

 

En allemand, iris se dit "schwertlilie", lys en épée (la forme de ses feuilles évoquant l’épée qui transperce le cœur de la Vierge Marie). 
 

Livre d'heures, utilisation de Rome (les «heures Sforza»)1490-1521

Livre d'heures, utilisation de Rome (les «heures Sforza»)1490-1521

 

En allemand, iris se dit "schwertlilie", lys en épée (la forme de ses feuilles évoquant l’épée qui transperce le cœur de la Vierge Marie). 

Dans les anciens ouvrages d’herboristerie, l’iris est appelé "gladiolus"

 enluminure vierge moyen âge - Vat. Lat. 3769, fol. 145v

enluminure vierge moyen âge - Vat. Lat. 3769, fol. 145v

 

On peut voir l'iris dans les enluminures du moyen âge (XV° siècle)


Les enlumineurs fabriquaient avec le suc des corolles de l’iris mélangé à de l’alun une sorte d'encre verte.


Dans les grandes heures d'Anne de Bretagne, on l'appelle Flambe, Iris pseudacorus, l'iris des marais, iris faux acore ou iris jaune ou encore flambe d'eau ou glaies en Saintonge - c'est une plante herbacée vivace, de marais ou bord de l'eau, de la famille des Iridacées.


Il ne faut pas la confondre avec le Lys. En effet, l'iris étant abondant le long de la Lys, il est parfois appelé fleur de Lys. En néerlandais, il s’appelle d’ailleurs "Gele lis", c'est-à-dire Lys jaune.


Dans le Berry, l'expression 'flambe de four" désigne l'iris à fleurs bleues, fréquemment planté sur le toit des anciens fours dans un but protecteur."
 

Flambe - Yris (Iris germanica L. = iris violet) -- Grandes Heures d'Anne de Bretagne, BNF, Ms Latin 9474, 1503-1508, f°25v

Flambe - Yris (Iris germanica L. = iris violet) -- Grandes Heures d'Anne de Bretagne, BNF, Ms Latin 9474, 1503-1508, f°25v

 

Au XVe siècle, les primitifs flamands, Hubert et Jan Van Eyck, Van der Weyden, Hugo Van der Goes... associent l'iris et le lis dans des bouquets stylisés et symboliques. 


Hugo Van der Goes (vers 1440-1482) - retable Montfort v1470


Marie assise, avec  l'Enfant sur ses genoux, sujet de l'adoration des trois rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar. Joseph, à côté de Marie
en bas à gauche les iris.

 

Hugo Van der Goes (vers 1440-1482) - retable Montfort v1470

Hugo Van der Goes (vers 1440-1482) - retable Montfort v1470

Detail :

Derrière les plis en bas à gauche on aperçoit de magnifiques iris

iris détail retable Montfort-v-1470  Hugo Van der Goes

iris détail retable Montfort-v-1470 Hugo Van der Goes

 

La reine Catherine de Médicis (1519-1589) choisit son propre emblème : l'écharpe d'Iris (l'arc-en-ciel).


il semble que la mode de l'iris comme parfum ait été lancée par catherine de médicis, au XVII° siècle, on l'utilisait en poudre pour les cheveux

 
Obtenue à partir du rhizome pilé et tamisé, propriété due à l’irone (Principe odorant du rhizome de l’iris utilisé en parfumerie), cette poudre imprimait sur les cheveux, la peau et les vêtements une délicieuse odeur de violette. On l'emploie toujours comme fixateur de parfum.


La poudre d'iris parfumait le linge de maison mais aussi les gants de cuir, les ceintures, les aumônières, les bijoux et les habits précieux. 
 

Catherine de Médicis

Catherine de Médicis

 

Lorsque Catherine de Médicis vient en France épouser le futur roi Henri II, elle amène d’Italie son parfumeur René Le Florentin. Il installe une boutique sur le Pont au Change et devient célèbre pour ses parfums … et ses poisons. Il ouvre la voie à de nombreux parfumeurs italiens qui s’installent à Paris, notamment sous l’impulsion de Marie de Médicis.


La mode des produits parfumés se répand. Les peaux les plus fines de Sicile, de Sardaigne ou d’Espagne, sont tannées et parfumées, très en vogue au XVIe siècle.
 

Le pont au Change loti de maisons, en 1577

Le pont au Change loti de maisons, en 1577

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) - poète
met à l’honneur l’écharpe d’Iris :


Phébus et Borée (Fables, VI, 3)


.....Il pleut, le soleil luit, et l’écharpe d’Iris

Rend ceux qui sortent avertis

Qu’en ces mois le manteau leur est fort nécessaire.....
 

Phébus et Borée - Iris

Phébus et Borée - Iris

 

Le Taj Mahal

est considéré comme un joyau de l'architecture moghole, un style qui combine des éléments architecturaux des architectures islamique, iranienne, ottomane et indienne.


L'iris a été gravé à plusieurs reprises en haut-relief sur le marbre du mausolée et sur le grés rouge de la mosquée. Point un peu original, c'est une plante qui est représentée dans sa totalité, pas sous la forme d'une simple fleur. De plus comme les panneaux qui l'ont sont à l'intérieur du mausolée, elles ont été protégé des intempéries et sont, encore de nos jours, parfaitement conservées.


Le Taj Mahal (la couronne du palais) est situé à Agra, au bord de la rivière Yamuna, dans l'État de l'Uttar Pradesh, en Inde. C'est un mausolée de marbre blanc construit par l'empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam, aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan "la lumière du palais". Elle meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle accompagnait son mari pendant une campagne militaire. La construction du mausolée commence en 1631 et est achevée dans sa plus grande partie en 1648. Son époux, mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d'elle.

Décoration iris - Taj Mahal - Inde

Décoration iris - Taj Mahal - Inde

 

Pierre de Marbeuf (1596-1645) poète baroque français du XVIIe siècle.


Iris et les sept paons 

...... 

Elle va vers Éphèse afin que les Zéphyrs

Fassent voler ses Paons. Iris les appela,

Puis à son char pompeux elle les accoupla.
......

 

 Iris et les sept paons  Iris et les sept paons - XV° siècle - Bibliothèque du Vatican

Iris et les sept paons Iris et les sept paons - XV° siècle - Bibliothèque du Vatican

 

Pierre de Marbeuf (1596-1645) poète baroque 

 

L'Iris


 Les rayons du soleil se dardent sur l'enflure 

D'un nuage opposé qui, rosoyant d'humeur, 

Nous fera bientôt voir de l'Iris la voûture, 

Peignant notre horizon de sa cambre lueur.

 

 Ah ! la voici déjà, sa céleste présence 

En bigarrant le ciel enfante divers ronds

 Et découvre au soleil l'émail de sa naissance, 

Qu'il a formé dardant sur elle ses rayons.

 

 Elle fait d'un demi-rond seulement la ceinture 

Dérobant la moitié de ce cercle à nos yeux, 

Mélangeant ses couleurs de diverse peinture, 

D'azur, de pourpre et d'or elle émaille les cieux.

 

Tel est le col doré des chastes colombelles, 

Variant ses couleurs opposite au soleil ; 

Mais encor de l'Iris les couleurs sont plus belles 

Que l'émail colombin qui délecte notre oeil.

 

Allons donc à couvert, car cette messagère

De la reine des eaux vient pour nous annoncer 

Que tantôt la moiteur de son arc circulaire 

S'épurant de ses pleurs viendra nous arroser.


 
Le soleil à la nue oppose son visage 

De ce bel arc-en-ciel pour former le voutis,

Jésus est le soleil, le monde le nuage, 

La grâce le rayon, et la Vierge l'Iris.
 

Iris - Joséphine Wall

Iris - Joséphine Wall

 

Etymologies, XVII de Saint Isidore de Séville (560-636) évêque


"iris illyrica a reçu son nom de sa ressemblance avec l'iris du ciel. Pour cela même, les Latins le connaissent comme arcumen, nom dû à ce que sa fleur, par la variété de ses couleurs, imite l'arc-en-ciel."
 

Basilius (ou Basil) Besler (1561-1629)

Basilius (ou Basil) Besler (1561-1629)

 

Jean-Baptiste-Louis Gresset (1709-1777) poète 


Epitre à ma muse


... La louange au ton faible et timide

Vient chaque jour, sous le titre insipide

D'odes aux grands, de bouquets aux Iris
 

L. Horter - femme et iris

L. Horter - femme et iris

 

Évariste de Parny (1753-1814) - poète 

.....

Mais quand d'Iris l'écharpe colorée

S'arrondira sous la voûte des cieux

Quand vous verrez près de Flore éplorée

Le papillon recommencé ses jeux,

.....

 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Théodore de Banville (1823-1891) - poète
Recueil : Les Stalactites (1846).

 

L'Étang Mâlo.


.....

Son feuillage muet se tait malgré le vent ;

Le nymphaea, l'iris, le nénufar mouvant,

Le bleu myosotis et la pervenche sombre

Penchent étiolés, ou meurent sous cette ombre.

.....
 

 le pont japonais - Claude Monet - iris et nymphéa

le pont japonais - Claude Monet - iris et nymphéa


Théodore de Banville (1823-1891) - poète
Recueil : Les Cariatides (1842).

 

À Iris.

 

Quand vous venez, ô jeune beauté blonde

Par vos regards allumer tant de feux,

On pense voir Cypris, fille de l'Onde,

Épanouir et les Ris et les Jeux.

 

Chacun, épris d'un désir langoureux,

Souffre une amour à nulle autre seconde,

Et lentement voit s'entr'ouvrir les cieux

Quand vous venez, ô jeune beauté blonde !

 

S'il ne faut pas que votre chant réponde

Un mot d'amour à nos chants amoureux,

Pourquoi, Déesse à l'âme vagabonde,

Par vos regards allumer tant de feux ?

 

Laissez au vent flotter ces doux cheveux

Et découvrez cette gorge si ronde,

Si jusqu'au bout il vous plaît qu'en ces lieux

On pense voir Cypris, fille de l'Onde.

 

Car chacun boit à sa coupe féconde

Lorsqu'elle vient à l'Olympe neigeux

Sur les lits d'or que le plaisir inonde

Épanouir et les Ris et les Jeux.

 

Donc, allégez ma souffrance profonde.

C'est trop subir un destin rigoureux ;

Craignez, Iris, que mon cœur ne se fonde

À ces rayons qui partent de vos yeux

Quand vous venez !

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Ryōkan Taigu (1758-1831) est un moine et ermite, poète et calligraphe japonais. 


"Un iris

près de mon ermitage

m'a enivré."
 

Utagawa Hiroshige (1797-1858), Utagawa Kunisada (1786-1865) - La beauté dans un jardin d'iris Bleu Violet

Utagawa Hiroshige (1797-1858), Utagawa Kunisada (1786-1865) - La beauté dans un jardin d'iris Bleu Violet

L'iris au japon

fête de l'Iris,

Kodomo No Hi !
Cette fête, chinoise à l'origine, a été introduite à la cours impériale du Japon vers le VIe siècle. A cette époque-là, on avait pour coutume de célébrer la fleur d'iris, cette autre impératrice du printemps nippon. On en trouvait (et on en trouve encore) partout : le long des chemins, autour des temples et des sanctuaires, dans des jardins dédiés mais aussi sur les toits en chaume des maisons, leurs racines permettant de les consolider. Le 5 mai, des rameaux d’iris étaient suspendus à l’entrée des maisons. Riche de ses propriétés purificatrices, on accordait à cette fleur un rôle de protection contre les maladies et les mauvais esprits. Elle a donc été naturellement associée à la fête des enfants car tout comme la carpe, elle est un symbole de force et de bonne santé.


De nos jours et en souvenir de ces temps anciens où l'iris était célébrée, les sento (bains publics japonais) font revivre la tradition à leurs clients en leur proposant un bain au tiges d'iris pour le 5 mai. Nus comme des vers et parés d'une couronne d'iris, on ondoie dans ce bain revigorant tel une carpe !
 

 

De nombreux parcs, poèmes et pièces de théâtre sont consacrés à l'iris

Iris du parc Mizumoto - Japon -  Meiji Jingu Gyoen - Omura - Nagazaki
Iris du parc Mizumoto - Japon -  Meiji Jingu Gyoen - Omura - Nagazaki
Iris du parc Mizumoto - Japon -  Meiji Jingu Gyoen - Omura - Nagazaki

Iris du parc Mizumoto - Japon - Meiji Jingu Gyoen - Omura - Nagazaki

 

. Le grand nombre de peintures et de gravures japonaises représentant l'iris témoigne  de son importance dans la culture nipponne: fête de l'Iris, nombreux parcs, poèmes et pièces de théâtre lui sont consacrés.

Iris at Horikiri 1916 - Takahashi Hiroaki dit Shotei (1871-1945) ​​​​​​​

Iris at Horikiri 1916 - Takahashi Hiroaki dit Shotei (1871-1945)

Iris at Horikiri 1916 - Takahashi Hiroaki dit Shotei (1871-1945)

 

François-René  de Chateaubriand (1768-1848) écrivain


Mélanges littéraires


... "Elle est passée, la pluie de l'orage ; maintenant l'air est frais et parfumé. Dans l'orient obscur , déployant un arc immense, l'iris brille au soleil couchant".... 
 

Guy Head (1762-1800) Iris transporte l 'eau de la rivière Styx à Olympus

Guy Head (1762-1800) Iris transporte l 'eau de la rivière Styx à Olympus

 

François-René de Chateaubriand (1768-1848) - écrivain


"Ma vie, semblable à un iris solitaire poussé sur le bord du fleuve du temps, donne aujourd’hui sa fleur."
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Mes Origines Mémoires et récits (Traduction du provençal)
par Frédéric Mistral (1830-1914) 


Ch.  I. Au mas du juge


"Fleurs de glais" - "fleurs d'iris"


........
Le fossé du Puits à roue! Ce fut le premier livre où j'appris, en m'amusant, l'histoire naturelle. Il y avait là des poissons, épinoches ou carpillons, qui passaient par bandes et que j'essayais de pêcher dans un sachet de canevas, qui avait servi à mettre des clous et que je suspendais au bout d'un roseau. 


Il y avait des demoiselles vertes, bleues, noiraudes, que doucement, tout doucement, lorsqu'elles se posaient sur les typhas, je saisissais de mes petits doigts, quand elles ne s'échappaient pas, légères, silencieuses, en faisant frissonner le crêpe de leurs ailes; il y avait des "notonectes", espèces d'insectes bruns avec le ventre blanc, qui sautillent sur l'eau et puis remuent leurs pattes à la façon des cordonniers qui tirent le ligneul. 


Ensuite des grenouilles, qui sortaient de la mousse une échine glauque, chamarrée d'or, et qui, en me voyant, lestement faisaient leur plongeon; des tritons, sorte de salamandres d'eau, qui farfouillaient dans la vase; et de gros escarbots qui rôdaient dans les flaches et qu'on nommait des "mange-anguilles". Ajoutez à cela un fouillis de plantes aquatiques, telles que ces "massettes", cotonnées et allongées, qui sont les fleurs du typha; telles que le nénuphar qui étale, magnifique, sur la nappe de l'eau, ses larges feuilles rondes et son calice blanc; telles que le "butome" au trochet de fleurs roses, et le pâle narcisse qui se mire dans le ru, et la lentille d'eau aux feuilles minuscules, et la "langue de boeuf" qui fleurit comme un lustre, avec les "yeux de l'Enfant Jésus" qui est le myosotis.


Mais de tout ce monde-là, ce qui m'engageait le plus, c'était la fleur des "glais". C'est une grande plante qui croît au bord des eaux par grosses touffes, avec de longues feuilles cultriformes et de belles fleurs jaunes qui se dressent en l'air comme des hallebardes d'or. Il est à croire même que les fleurs de lis d'or, armes de France et de Provence, qui brillent sur le fond d'azur, n'étaient que des fleurs de glais: 


"fleur de lis" vient de "fleur d'iris", car le glais est un iris, et l'azur du blason représente bien l'eau où croît le glais.


Toujours est-il, qu'un jour d'été, quelque temps après la moisson, on foulait nos gerbes, et tous les gens du "mas" étaient dans l'aire à travailler. A l'entour des chevaux et des mulets qui piétinaient, ardents, autour de leurs gardiens, il y avait bien vingt hommes qui, les bras retroussés, en cheminant au pas, deux par deux, quatre par quatre, retournaient les épis ou enlevaient la paille avec des fourches de bois. Ce joli travail se faisait gaiement, en dansant au soleil, nu-pieds, sur le grain battu.


Au haut de l'aire, porté par les trois jambes d'une chèvre rustique, formée de trois perches, était suspendu le van. Deux ou trois filles ou femmes jetaient avec des corbeilles dans le cerceau du crible le blé mêlé aux balles; et le "maître", mon père, vigoureux et de haute taille, remuait le crible au vent, en ramenant ensemble les mauvaises graines au-dessus; et quand le vent faiblissait, ou que, par intervalles, il cessait de souffler, mon père, avec le crible immobile dans ses mains se retournait vers le vent, et, sérieux, l'oeil dans l'espace, comme s'il s'adressait à un dieu ami, il lui disait:
- Allons, souffle, souffle, mignon!
Et le mistral, ma foi, obéissant au patriarche, haletait de nouveau en emportant la oussière; et le beau blé béni tombait en blonde averse sur le monceau conique qui, à vue d'oeil, montait entres les jambes du vanneur.
Le soir venu, ensuite, lorsqu'on avait amoncelé le grain avec lapelle, que les hommes poussiéreux allaient se laver au puits ou tirer de l'eau pour les bêtes, mon père, à grandes enjambées, mesurait le tas de blé et y traçait une croix avec le manche de la pelle en disant: "Que Dieu te croisse!"
Par une belle après-midi de cette saison d'aires, - je portais encore les jupes : j'avais à peine quatre ou cinq ans - après m'être bien roulé, comme font les enfants, sur la paille nouvelle, je m'acheminai donc seul vers le fossé du Puits à roue. 


Depuis quelques jours, les belles fleurs de glais commençaient à s'épanouir et les mains me démangeaient d'aller cueillir quelques-uns de ces beaux bouquets d'or.


J'arrive au fossé; doucement, je descends au bord de l'eau; j'envoie la main pour attraper les fleurs... Mais, comme elles étaient trop éloignées, je me courbe, je m'allonge, et patatras dedans: je tombe dans l'eau jusqu'au cou. Je crie. Ma mère accourt; elle me tire de l'eau, me donne quelques claques, et, devant elle, trempé comme un caneton, me faisant filer vers le Mas :


- Que je t'y voie encore, vaurien, vers le fossé !

- J'allais cueillir des fleurs de glais.

- Oui, va, retournes-y, cueillir tes glais, et encore tes glais. Tu ne sais donc pas qu'il y a un serpent dans les herbes cachés, un gros serpent qui hume les oiseaux et les enfants, vaurien ?


Et elle me déshabilla, me quitta mes petits souliers, mes chaussettes, ma chemisette, et pour faire sécher ma robe trempée et ma chaussure, elle me chaussa mes sabots et me mit ma robe du dimanche, en me disant :


- Au moins, fais attention de ne pas te salir.


Et me voilà dans l'aire; je fais sur la paille fraîche quelques jolies cabrioles; j'aperçois un papillon blanc qui voltige dans un chaume. Je cours, je cours après, avec mes cheveux blonds flottant au vent hors de mon béguin... et paf! me voilà encore vers le fossé du Puits à roue...


Oh! mes belles fleurs jaunes! Elles étaient toujours là, fières au milieu de l'eau, me faisant montre d'elles, au point qu'il ne me fut plus possible d'y tenir. Je descends bien doucement, bien doucement sur le talus; je place mes petons biens ras, bien ras de l'eau ; j'envoie la main, je m'allonge', je m'étire tant que je puis... et patatras! je me fiche jusqu'au derrière dans la vase.


Aïe! aïe! aïe! Autour de moi, pendant que je regardais les bulles gargouiller et qu'à travers les herbes je croyais entrevoir le gros serpent, j'entendais crier dans l'aire :


- Maîtresse! courez vite, je crois que le petit est encore tombé à l'eau!
Ma mère accourt, elle me saisit, elle m'arrache tout noir de la boue puante, et la première chose, troussant ma petite robe, vlin! vlan! elle m'applique une fessée retentissante.


- Y retourneras-tu, entêté, aux fleurs de glais? Y retourneras-tu pour te noyer?... Une robe toute neuve que voilà perdue, fripe-tout, petit monstre! qui me feras mourir de transes!


Et, crotté et pleurant, je m'en revins donc au Mas la tête basse, et de nouveau on me dévêtit et on me mit, cette fois, ma robe des jours de fête... Oh! la galante robe! Je l'ai encore devant les yeux, avec ses raies de velours noir, pointillée d'or sur fond bleuâtre.


Mais bref, quand j'eus ma belle robe de velours :


- Et maintenant, dis-je à ma mère, que vais-je faire ?

- Va garder les gelines, me dit-elle; qu'elles n'aillent pas dans l'aire... Et toi, tiens-toi à l'ombre.


Plein de zèle, je vole vers les poules qui rôdaient par les chaumes, becquetant les épis que le râteau avait laissés. Tout en gardant, voici qu'une poulette huppée  - n'est-ce pas drôle? - se met à pourchasser, savez-vous quoi? une sauterelle, de celles qui ont les ailes rouges et bleues... Et toutes deux, avec moi après, qui voulais voir la sauterelle, de sauter à travers champs, si bien que nous arrivâmes au fossé du Puits à roue !


Et voilà encore les fleurs d'or qui se miraient dans le ruisseau et qui réveillaient mon envie, mais une envie passionnée, délirante, excessive, à me faire oublier mes deux plongeons dans le fossé :
"Oh! mais, cette fois, me dis-je, va, tu ne tomberas pas!"
Et, descendant le talus, j'entortille à ma main un jonc qui croissait là ; et me penchant sur l'eau avec prudence, j'essaie encore d'atteindre de l'autre main les fleurs de glais... Ah! malheur, le jonc se casse et va te faire teindre! Au milieu du fossé, je plonge la tête première.
Je me dresse comme je puis, je crie comme un perdu, tous les gens de l'aire accourent :
- C'est encore ce petit diable qui est tombé dans le fossé. Ta mère, cette fois, enragé polisson, va te fouailler d'importance!
Eh bien! non; dans le chemin, je la vis venir, pauvrette, tout en larmes et qui disait:
- Mon Dieu! je ne veux pas le frapper, car il aurait peut-être un "accident". Mais ce gars, sainte Vierge, n'est pas comme les autres :


il ne fait que courir pour ramasser des fleurs; il perd tous ses jouets en allant dans les blés chercher des bouquets sauvages...Maintenant, pour comble, il va se jeter trois fois, depuis peut-être une heure, dans le fossé du Puits à roue... Ah! tiens-toi, pauvre mère, morfonds-toi pour l'approprier. Qui lui en tiendrait, des robes? Et bienheureuse encore -  mon Dieu, je vous rends grâce - qu'il ne soit pas noyé!


Et ainsi, tous les deux, nous pleurions le long du fossé. Puis, une fois dans le Mas, m'ayant quitté mon vêtement, la sainte femme m'essuya, nu, de son tablier ; et, de peur d'un effroi, m'ayant fait boire une cuillerée de vermifuge elle me coucha dans ma berce, où, lassé de pleurer, au bout d'un peu je m'endormis.


Et savez-vous ce que je songeai: pardi! mes fleurs de glais... Dans un beau courant d'eau, qui serpentait autour du Mas, limpide, transparent, azuré comme les eaux de la Fontaine de Vaucluse, je voyais de belles touffes de grands et verts glaïeuls, qui étalaient dans l'air une féerie de fleurs d'or !
Des demoiselles d'eau venaient se poser sur elles avec leurs ailes de soie bleue, et moi je nageais nu dans l'eau riante ; et je cueillais à pleines mains, à jointées, à brassées, les fleurs de lis blondines.


Plus j'en cueillais, plus il en surgissait. 


Tout à coup, j'entends une voix qui me crie: "Frédéri!"


Je m'éveille et que vois-je! Une grosse poignée de fleurs de glais couleur d'or qui bondissaient sur ma couchette.


Lui-même, le patriarche, le Maître, mon seigneur père, était allé cueillir les fleurs qui me faisaient envie; et la Maîtresse, ma mère belle, les avait mises sur mon lit.
 

Belles lectures CM2-

Belles lectures CM2-

Mais il faudra attendre les impressionnistes,  pour voir l'iris sur toiles.
notamment 


Vincent Willem van Gogh (1853-1890)
Iris - 1889

 

Vincent Willem van Gogh (1853-1890) Iris - 1889

Vincent Willem van Gogh (1853-1890) Iris - 1889

 

Claude Monet (1840-1926)
les iris dans le jardin à Giverny - 1900

 

Claude Monet - les iris dans le jardin à Giverny

Claude Monet - les iris dans le jardin à Giverny


Claude Monet (1840-1926)
les iris 

 

Mythologie des fleurs - L"iris
 Claude Monet (1840-1926) les iris jaunes

Claude Monet (1840-1926) les iris jaunes

 

Paul Signac (1863-1935)
Iris 1894

Paul Signac (1863-1935) Iris 1894

Paul Signac (1863-1935) Iris 1894

 

Gustave Caillebotte (1848-1894)
Iris bleus, jardin du Petit Gennevilliers

Gustave Caillebotte (1848-1894) Iris bleus, jardin du Petit Gennevilliers

Gustave Caillebotte (1848-1894) Iris bleus, jardin du Petit Gennevilliers

 

L'iris est une fleur qui protège. On en plantait sur les toits des m    aisons. On en voit en Normandie et en Bretagne sur les toits de chaume. Sa présence disait-on chassait les mauvais esprits, et protégeait la maison de la foudre. 


Grace à son système de racines en rhizome, l'iris retient la terre des bords des rivières, des étangs et des mares. 
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Guy de Maupassant (1850-1893) - écrivain


"C'est une petite demeure de pêcheur, aux murs d'argile, au toit de chaume empanaché d'iris bleus. Un jardin large comme un mouchoir, où poussent des oignons, quelques choux, du persil, du cerfeuil, se carre devant la porte. Une haie le clôt le long du chemin

Mythologie des fleurs - L"iris

 

L'iris et l'art nouveau 

 

Champagne Théophile Roeder 1864 
vintage Art Nouveau

 

Champagne Théophile Roeder 1864 vintage Art Nouveau

Champagne Théophile Roeder 1864 vintage Art Nouveau

 

Louis-Théophile Hingre (1832-1911)

Pallas Athena

 Louis-Théophile Hingre (1832-1911) Pallas Athena

Louis-Théophile Hingre (1832-1911) Pallas Athena

 

Alphonse Mucha (1860–1939)

iris

Alphonse Mucha (1860–1939) iris

Alphonse Mucha (1860–1939) iris

 

Élisabeth Sonrel (1874-1953)

iris

Élisabeth Sonrel (1874-1953) - iris

Élisabeth Sonrel (1874-1953) - iris

 

Paul Berthon (1872-1934)

Sarah Bernardt - 1901

Paul Berthon (1872-1934) Sarah Bernardt - 1901

Paul Berthon (1872-1934) Sarah Bernardt - 1901

 

Louis Majorelle - art nouveau -  femme aux iris -

une paire de sconces murales conçues pour le restaurant Lucas Carton - vers 1902

Louis Majorelle - art nouveau -  femme aux iris - une paire de sconces murales conçues pour le restaurant Lucas Carton - vers 1902

Louis Majorelle - art nouveau - femme aux iris - une paire de sconces murales conçues pour le restaurant Lucas Carton - vers 1902

 

Émile GALLÉ (1846-1904)

Vase Iris

Émile GALLÉ (1846-1904) Vase Iris

Émile GALLÉ (1846-1904) Vase Iris

 

Faiencerie de Sarreguemines,

paire de vases en grès à décor d’Iris art nouveau - création attribué à Victor Kremer - 1900

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Louis Comfort Tiffany (1848-1933)

Fenêtre figurant des magnolias et des iris (1908)

Louis Comfort Tiffany (1848-1933) Fenêtre figurant des magnolias et des iris (1908)

Louis Comfort Tiffany (1848-1933) Fenêtre figurant des magnolias et des iris (1908)

 

Il est important, régulièrement, de donner un coup de jeune aux iris en divisant les souches (juillet est la période idéale pour cette opération). Comme ils ont tendance à s'étendre, on se retrouve avec un surplus de rhizomes, que l'on est parfois obligé de jeter. Et c'est bien dommage, car le rhizome de l'iris des jardins (Iris germanica) permet de confectionner la merveilleuse poudre d'iris aux si nombreux usages.


Utilisée en cosmétique, elle exhale un délicieux parfum de violette – on l'appelait jadis "racine de violette" –, qui se développe au cours du séchage. En parfumerie, elle fixe les parfums. Elle est aussi riche en amidon, en mucilages et en tanins, qui lui confèrent des propriétés adoucissantes, absorbantes et déodorantes.

 

On l’utilisait, en effet, en comme shampooing sec, dentifrice ou bien comme lotion pour le visage mélangé avec de l’eau de rose ; on en mettait aussi dans les pots-pourris, en emplissait des sachets pour parfumer les armoires. 

 

D’ailleurs cette mode revient comme en témoignent divers produits actuellement disponibles.

Poudre d'iris Giraud

Poudre d'iris Giraud

 

Cette racine d'iris a des propriétés expectorantes, diurétiques et légèrement purgatives. 


On donnait autrefois à mâcher aux bébés cette étonnante racine d'iris au goût de violette pour calmer les gencives, un usage qui connaît un regain d'intérêt. 
 

https://couchelavable.eu/boutique/fr/racine-d-iris/147-racine-d-iris-9006720640107.html

https://couchelavable.eu/boutique/fr/racine-d-iris/147-racine-d-iris-9006720640107.html

 

Autrefois, des rhizomes d'iris étaient disposés entre chaque couche de linge, pour le parfumer. Ils diffusaient une odeur marquée de violette.

Daniel Ridgway Knight - Les lavandières

Daniel Ridgway Knight - Les lavandières

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète
Contrerimes

 

Le coucou chante

 

Le coucou chante au bois qui dort.

L’aurore est rouge encore,

Et le vieux paon qu’Iris décore

Jette au loin son cri d’or.

 

Les colombes de ma cousine

Pleurent comme une enfant.

Le dindon roue en s’esclaffant :

Il court à la cuisine.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète
Recueil : "Contrerimes"

 

Avril, dont l’odeur nous augure

 

Avril, dont l’odeur nous augure

Le renaissant plaisir,

Tu découvres de mon désir

La secrète figure.

 

Ah, verse le myrte à Myrtil,

L’iris à Desdémone :

Pour moi d’une rose anémone

S’ouvre le noir pistil.
 

Serguei Toutounov iris

Serguei Toutounov iris

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) - poète

 

Iris, à son brillant mouchoir

 

Iris, à son brillant mouchoir,

De sept feux illumine

La molle averse qui chemine,

Harmonieuse à choir.

 

Ah, sur les roses de l'été,

Sois la mouvante robe,

Molle averse, qui me dérobe

Leur aride beauté.

 

Et vous, dont le rire joyeux

M'a caché tant d'alarmes,

Puissé-je voir enfin des larmes

Monter jusqu'à vos yeux.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

Pierre Louÿs (1870-1925) - poète


L'iris 

 

Je t'apporte un iris cueilli dans une eau sombre

Pour toi, nymphe des bois, par moi, nymphe de l'eau,

C'est l'iris des marais immobiles, roseau

Rigide, où triste, oscille une fleur lourde d'ombre.

 

J'ai brisé, qui semblait un bleu regard de l'air,

L'iris du silence et des fabuleux rivages;

J'ai pris la tige verte entre mes doigts sauvages

Et j'ai mordu la fleur comme une faible chair.

 

Les gestes et les fleurs, ô sereine ingénue,

Parleront pour ma bouche impatiente et nue,

Où brûlent mes désirs et l'espoir de tes mains:

 

Accueille ici mon âme étrangement fleurie

Et montre à mes pieds par quels obscurs chemins

Je mêlerai ta honte à ma vaste incurie.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris et  les parfums


François Coty (1874-1934) industriel parfumeur français, à l’origine de la multinationale Coty Inc. II est considéré comme le père de la parfumerie moderne.


Il remporte de grands succès commerciaux dont iris en 1913, premier parfum soliflore,


Coty, qui dispose de deux magasins ouverts en 1905 décide de vendre ses parfums dans les grands magasins, se heurtant d’abord au scepticisme de ceux-ci. Comme l'indique Le Petit Journal, un jour prenant une caissette d’échantillons, il se rend dans l’un des plus grands magasins de Paris pour y proposer ses parfums. Dans l’un des salons du magasin, une cliente par mégarde le heurte : l’un des flacons tombe et se brise. Aussitôt se répand un parfum d’une délicatesse rare. Les personnes présentes s’émerveillent et les acheteurs prient François Coty de venir les trouver. Les commandes commencent à affluer, et peu à peu le succès s’affirme.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

La fleur d’iris fut oubliée des parfumeurs, avant que Jacques Fath et Vincent Roubert, ne la ressuscitent pour une première fois en 1947. Seulement ils la ressuscitèrent sous une autre forme : celle du premier fleuri/fruité qui avait, comme nous le savons maintenant, de beaux lendemains. 


Iris Gris de Jacques Fath est reconnu comme étant l’un des plus grands parfums, si ce n’est le plus grand, jamais égalé. Le duo unique de deux grands accords, l’Iris et la Pêche, reflètent le savoir-faire exceptionnel du parfumeur Vincent Roubert.

Mettant l’Iris en vedette dans une concentration jamais égalée, ce fût l’un des parfums les plus chers au monde. Lancé en 1947,mais d'une production onéreuse, il disparaîtra la même année que Fath, en 1954. Souvent copié et certainement jamais égalé, il demeure unique et intemporel.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

Robert Desnos (1900-1945)
Chantefleurs, 1944-1945


L’iris au bord du rivage

Se reflétait dans l’étang,

Bel iris sauvage

Qui rêves au beau temps.

Iris mes beaux yeux

Tu parfumes les draps blancs,

Iris merveilleux,

Iris au bord de l’étang.
 

iris dans le grand étang - Daniel Sannier

iris dans le grand étang - Daniel Sannier

 

Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale


Selon la légende, l'iris des marais poussait en abondance sur la rivière Lys, et autour des remparts de Bruxelles : sachant que cette plante ne pousse que dans les eaux peu profondes, les troupes  du duc de Brabant savaient où galoper à travers les zones inondées alors que l'ennemi s'enlisa en tentant de traverser le marais.


La région de Bruxelles-Capitale, consacrée le 18 juin 1989, a opté pour l'iris comme symbole le 5 mars 1991. Le design spécifique n'a été choisi qu'après un concours public où le dessin de Jacques Richez a été choisi.


En 2015, un nouveau drapeau, présentant l'iris typique stylisé a été adopté. 
 

Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale
Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale

Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale

 

René Char (1907-1988) poète et résistant


I. iris. 
l° Nom d'une divinité de la mythologie grecque, qui était la messagère des dieux. Déployant son écharpe, elle produisait l'arc-en-ciel.
2° Nom propre de femme, dont les poètes se servent pour désigner une femme aimée et même quelque dame lorsqu'on veut taire le nom.
3° Petite planète.

 

II. iris.
Nom spécifique d'un papillon, le numphale gris, dit le grand mars changeant.
Prévient du visiteur funèbre.

 

III. iris.
Les yeux bleus, les yeux noirs, les yeux verts, sont ceux dont l'iris est bleu, est noir, est vert.

 

IV. iris.
Plante.
Iris jaune des rivières.
...
Iris plural, iris d'Éros, iris de
Lettera amorosa.

 

Norman Prescott-Davies (1862-1915) - Iris

Norman Prescott-Davies (1862-1915) - Iris

René Char (1907-1988) poète et résistant


"Merci d'être, sans jamais te casser, iris, ma fleur de gravité.


Tu élèves au bord des eaux des affections miraculeuses, tu ne pèses pas sur les mourants que tu veilles, tu éteins des plaies sur lesquelles le temps n'a pas d'action, tu ne conduis pas à une maison consternante, tu ne permets pas que toutes les fenêtres reflétées ne fassent qu'un seul visage de passion, tu accompagnes le retour du jour sur les vertes avenues libres."


La destinataire de cette Lettre d’amour désignée par le mot "iris" et dont le poète ne révèle pas le nom est peut-être Marguerite Caetani, princesse Bassiano, "bonne et terrible, amie affectueuse et tigre cruel", aux dires de Paul Valéry.

Mythologie des fleurs - L"iris

La Louisiane des bayous, Le Monde, le 9 mars 2007


Sous les cyprès chauves, géants , la flore n'est pas en reste. 
"La plus belle saison est le début du printemps, quand tout est inondé et en fleurs"


Au milieu de la mousse espagnole et des lentilles d'eau s'épanouissent la jacinthe d'eau et l'iris bleu, emblème de la Louisiane. -"
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

L'iris dans le Langage des fleurs - 
Cœur tendre - messager de bonnes nouvelles - promesse de bonheur et de richesse


- Je vous aime tendrement
- A vous mon coeur
- Je vous fais confiance


 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris parme : cette fleur exprime le désir de séduire la personne aimée.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris violet : désir effeuillé - affolement de la personne qui le reçoit.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris blanc : Souvenir troublant - confiance dans l'amour que l'on porte et que l'on reçoit.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris bleu : renforce le message d’une future bonne nouvelle.
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris jaune : bonheur que l'on a à aimer la personne qui le reçoit
 

Mythologie des fleurs - L"iris

 

Iris orangé : amour enflammé !

Mythologie des fleurs - L"iris
Mythologie des fleurs - L"iris
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13 avril 2020 1 13 /04 /avril /2020 00:57

Mythologie
 
Le lilas
syringa

 

"Je vois fleurir, assis à ma fenêtre,

L'humble lilas de mon petit jardin,

Et son subtil arôme qui pénètre

Vient jusqu'à moi dans le vent du matin."
....

François Coppée (1842-1908) - poète - Recueil : Le cahier rouge (1892) - À un lilas.
 

Lilas par Victor Charreton (1864-1936)

Lilas par Victor Charreton (1864-1936)

 

Le lilas doit bien son nom à sa couleur (même si l'inverse fut ensuite tout aussi vrai !). En effet, le nom lilas, d'abord écrit lilac, est un emprunt à l'arabe lîlak (qui s'explique par le fait que les consonnes finales n'étaient alors pas prononcées en français), lui-même issu du persan nîlak, qui signifie bleuté (dérivé de l'adjectif nil : bleu). (Rey p. 1906)

- emprunté au turc ottoman ليلاق - leylaq, lilas (Redhouse), turc actuel leylak ; en turc, l'indigo (Indigofera spp.) est çivit. C'est le turc qui semble avoir spécialisé le nom pour désigner le lilas.
- emprunté au persan līlaj, līlanj, līlang, indigo, couleur indigo (Steingass). En persan, lilas se dit yāsi firangī, le "jasmin des Francs".


Le nom botanique du lilas est Syringa, donné par Linné, le célèbre botaniste suédois. Ne pas confondre le lilas (Syringa) avec le seringat, dont le nom botanique est Philadelphus, autre magnifique arbuste de printemps à la floraison elle aussi très parfumée, mais blanche.


Le latin syringa, évoque la tige creuse des pousses de certains lilas.
Syringa  (latin) - Syrinx  (grec) - roseau (français)


Le Lilas commun ou lilas français (Syringa vulgaris)

 

est un arbuste ornemental de la famille des Oleaceae.


Les Lilas blancs, violets, bleus, magenta, doubles, simples sont parmi les premières fleurs à nous gratifier de beaux bouquets exhalant un parfum délicat. Ils embaument de leurs fragrances les jardins aux climats continentaux, particulièrement les jardins français.
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Sa floraison est abondante, d'avril à juin. Ses fleurs sont composées de quatre pétales réunies en grappes retombantes appelées thyrses. Son feuillage caduc est très décoratif. L’amertume de ses inflorescences leur évite d’être broutées.

 

Le lilas commun produit un nectar très apprécié par les abeilles et les papillons.​​​​​​​

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Le Syringa persica (lilas de perse)

 

à feuilles de persil (en raison de son feuillage découpé) se distingue aussi par sa floraison mauve-bleuté plus légère, plus précoce et plus longue.

C'est aussi une plante au parfum raffiné et résistant. 

syringa persica -  lilas de Perse

syringa persica - lilas de Perse


Syringa hyacinthiflora (lilas à fleurs de jacinthes)


a des grappes de fleurs simples,  rose moyen puis pâle,  très abondantes, au parfum moins fort que les autres variétés, plus précoces que tous les Lilas classiques.
 

Syringa hyacinthiflora

Syringa hyacinthiflora


Lilas oblata (lilas de Mandchourie)  


commence à fleurir début mars, c'est un grand arbuste de 3m de haut, plutôt étalé. Il est très florifère, en larges grappes, et très parfumé.
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa


Syringa prestoniae (Lilas de preston)
 


est un hybride trés rustique aux fleurs simples de couleur rose. Il attire les papillons. Il porte de gros panicules de petites fleurs au léger parfum. Sa floraison survient environ 2 semaines après le lilas commun (vulgaris). Ses feuilles sont grandes et de forme allongée.
 

Syringa Prestoniae Miss Canada

Syringa Prestoniae Miss Canada

 

Syringa reflexa (Lilas penché)


est un grand arbuste de 3, 4 mètres de haut très florifère qui porte en juin de longues inflorescences roses pendantes très ornementales. Un des lilas les plus originaux, indispensable au jardin. 
 

Syringa reflexa

Syringa reflexa

 

Syringa villosa (lilas tardif)


est un grand lilas de 2, 3 m de haut environ avec de grandes feuilles vertes. En juin, l'arbuste se couvre de longues et larges grappes roses très décoratives et très parfumées. Facile et original.
 

Syringa villosa "James Macfarlane"

Syringa villosa "James Macfarlane"

 

Syringa reticulata (S.amurensis, S.japonica) (lilas japonais)


est un superbe et vigoureux arbuste, grand ou petit arbre non drageonnant. Sa particularité réside dans sa floraison tardive pour un lilas, fin juin à début juillet. Ses petites fleurs blanches sont groupées en énormes inflorescences, parfumées. Spectaculaire et décoratif ! Il peut atteindre 5 mètres de haut. Culture facile au soleil dans toute bonne terre de jardin. 
 

 Syringa reticulata "S. amurensis, S. japonica"

Syringa reticulata "S. amurensis, S. japonica"


Syringa reticulata (Subsp. pekinensis) (lilas de Pékin)

 

est originaire des zones boisées sur les pentes, les vallées et les ravins du nord de la Chine. Il est communément appelé lilas de Pékin ou lilas chinois. Il a des branches arquées et des feuilles ovales vert foncé. Les fleurs sont voyantes, parfumées, blanc jaunâtre et fleurissent en panicules fin juin, début juillet. Il peut atteindre 6 mètres de haut
 

Syringa reticulata (Subsp. pekinensis)

Syringa reticulata (Subsp. pekinensis)

 

Syringa x chinensis "Saugeana" : Le lilas de Rouen.

 
Trouvé par Varin. 1777. S. chinensis "Rubra" a été obtenu par Saugé en 1809. Ses fleurs violettes plus foncées, simples et volumineuses à la fois, parfumées, fleurissent au Printemps. on l'utilise en haie et massif, il atteint entre 1 et 3 m.

 

Syringa x chinensis Saugeana Le lilas de Rouen

Syringa x chinensis Saugeana Le lilas de Rouen

 

Syringa meyeri "Palibin"  (lilas de Chine)


est sans doute le plus célèbre représentant d'une espèce chinoise de petite taille et très résistante. Il est issu du Syringa meyeri, originaire du Nord et de l'Ouest de la Chine, quoiqu'il n'ait jamais été trouvé dans la nature. 

Souvent plantée dans les jardins, cette variété primée par la Société Royale Horticole anglaise est appréciée pour aussi pour sa généreuse floraison remarquablement parfumée. Ses petites grappes de fleurs simples d'un mauve-rose clair éclosent en abondance au printemps puis, par intermittence, en fonction de la fraîcheur du sol, jusqu'à l'automne. Parfait pour les petits jardins, il se cultive également dans une petite haie fleurie, en groupe ou isolé, en pot sur la terrasse ou le balcon. C'est une plante très rustique, peu exigeante, économe en eau et résistante.

Syringa meyeri Palibin

Syringa meyeri Palibin

 

 

Syringa patula "Miss Kim" (Lilas de chine Miss Kim)

 

Ce lilas de Chine est un petit arbuste idéal pour les petits jardins, en haie, en alignement, en massif d'arbustes, en Isolé. Il atteint 2 m. Il est en forme de dôme et se couvre de belles panicules de fleurs simples rose pâle et parfumées. Ses feuilles se colorent de pourpre en automne. Sa période de floraison est à mi-printemps. Il est nectifaire attirant les papillons et les insectes butineurs, et mellifère attirant les abeilles.
 

Syringa patula "Miss Kim" (Lilas de chine Miss Kim)

Syringa patula "Miss Kim" (Lilas de chine Miss Kim)

 

Dans la mythologie grecque les poètes donnent le nom de syrinx à la flûte du dieu Pan.


Ovide (Publius Ovidius Naso- 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain, compose les Métamorphoses au tout début du 1er siècle, sous le règne de l'Empereur Auguste. 


Livre 1 des Métamorphoses (1.689 à 1.713)
Traduction  par A.-M. Boxus et J. Poucet


......"Alors le dieu dit : Au pied des montagnes glacées d’Arcadie, parmi les Hamadryades de Nonacris, la plus célèbre était une Naïade que les nymphes appelaient Syrinx".
Plus d’une fois, elle avait échappé aux satyres qui la poursuivaient et aux dieux qui hantent les forêts ombreuses et les grasses campagnes.
Elle honorait par ses activités la déesse d’Ortygie, et même lui avait voué sa virginité ; ceinte elle aussi à la manière de Diane, elle aurait pu faire illusion et passer pour la fille de Latone, si elle n’avait eu un arc de corne, au lieu de l’arc d’or de la déesse.
Même ainsi, on les confondait. Un jour qu’elle revenait du mont Lycée, Pan la voit et, portant sur la tête une couronne d’aiguilles de pin, il lui adresse ces paroles... »
Il restait au dieu à relater le discours de Pan, et le dédain de la nymphe pour ses prières et sa fuite à travers champs, jusqu’à ce qu’elle arrive au bord sablonneux du paisible Ladon ; là, les eaux arrêtant sa course, elle avait prié ses soeurs liquides de la métamorphoser.
Pan croyait déjà Syrinx à sa merci, mais dans ses mains il ne saisit que des roseaux du marais et non le corps de la nymphe.
Et tandis qu’il pousse des soupirs, l’air qu’il a déplacé à travers les roseaux produit un son léger, une sorte de plainte.
Séduit par cette nouveauté et la douceur de cette mélodie, Pan dit : « Pour moi, cela restera un moyen de converser avec toi ». Et ainsi grâce à des roseaux inégaux reliés entre eux par un joint de cire, il perpétua le nom de la jeune fille."......

 

Pan et Syrinx par Jean-François de Troy  (1679–1752)

Pan et Syrinx par Jean-François de Troy (1679–1752)

les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,


Elles sont dotées de pouvoirs magiques


La fée lilas et son parfum transportant les humains dans le royaume céleste

 

The Lilac Fairy

 

Lilac flower fairies
White May is flowering,
Red May beside;
Laburnum is showering
Gold far and wide;
But I sing of Lilac,
The dearly-loved Lilac,
Lilac, in Maytime
A joy and a pride!

 

I love her so much
That I never can tell
If she’s sweeter to look at,
Or sweeter to smell.

 

Cécily Maker Barker

Lilas par Cécily Maker Barker

Lilas par Cécily Maker Barker

 

Originaire d’Asie Mineure, le Syringa vulgaris aurait été introduit par les Maures dès le 10e siècle dans la péninsule ibérique. C’est le lilas le plus anciennement connu des botanistes européens.
 

Lilac vulgaris par Pierre-Joseph Redouté  (1759–1840)

Lilac vulgaris par Pierre-Joseph Redouté (1759–1840)

 

Il fut remarqué en 1548 par le naturaliste français Pierre Belon (1517-1564 considéré comme l'un des plus grands scientifiques du XVI° siècle), dans les Jardins de Constantinople où il était certainement cultivé depuis l’Antiquité. Il portait le nom de lilac. Quant au nom latin Syringa, il fut attribué au 18e siècle par Linné.


Pierre Belon accompagne deux ambassadeurs de François Ier auprès de Soliman Ier le Magnifique. Il parcourt le Levant de 1546 à 1549. Ce voyage en Grèce où il visite le mont Athos, en Turquie, en Égypte, où il explore Alexandrie et Le Caire, en Judée, en Arabie et en Palestine par l'isthme de Suez, permet à Belon de rapporter un grand nombre d'observations sur l'histoire naturelle et sur les moeurs des habitants.

 

Il s'agit de l'un des premiers voyages naturalistes de l'histoire. Il s'arrête ainsi dans les Îles grecques, à la recherche des plantes décrites par Dioscoride. Il relate son voyage en 1553, dans "Voyage au Levant, les observations de Pierre Belon du Mans, de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Turquie, Judée, Égypte, Arabie et autres pays estranges", édité en 1553. 
 

Les Observations de plusieurs singularitez..Belon Pierre 1553

Les Observations de plusieurs singularitez..Belon Pierre 1553

 

On dit que les moines du Mont Athos se servirent des graines de lilas de perse pour confectionner des chapelets appelés Pater-noster (un des noms de l'arbuste, il semble qu'il y ait confusion entre Melia azedarach qu'on surnomme aussi lilas de perse, et qui a des graines à 5 côtés, naturellement trouée en son centre et est utilisée pour faire des chapelets en Orient, et Syringa persica).

 

 Selon la légende, c’est dès le IV° siècle que des ermites chrétiens se seraient isolés sur la péninsule, mais on n’a de preuves certaines qu’à partir du VII° siècle, lorsque l’empereur Constantin IV donna le territoire du mont Athos aux moines qui s’y étaient fixés


Très vite, ces chapelets accompagnèrent les prières des pèlerins venus se recueillir en Terre sainte.




 

Melia azedarach (lilas de Perse)

Melia azedarach (lilas de Perse)

 

Dans les églises et les monastères des îles grecques, le lilas était offert au seigneur, et devenue ensuite une des fleurs emblématiques de la religion chrétienne et l’Eglise de France l’associa aux cérémonies de printemps, (Pâques et communions).


Symbole de protection, on lui attribue également des pouvoirs d’exorcisme.

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa


Les bergers d'autrefois utilisaient les jeunes tiges du lilas pour en faire des flûtes.

Joueur de flûte - XVIII°

Joueur de flûte - XVIII°

 

Auprès de ma blonde est composée en 1704, sous Louis XIV, et attribuée, selon une tradition locale, à André Joubert du Collet, cette chanson est probablement l’une des plus représentatives des chants populaires français.

 

Cette marche militaire — dont le titre original, "Le Prisonnier de Hollande", devient rapidement très populaire à l'époque parmi les troupes. Ainsi, l’histoire rapporte que les soldats du duc de Villars, maréchal de France (1653-1734) la chantent en entrant au Quesnoy en 1712.

 

Devenue le chant de marche du régiment de Champagne, elle se popularise durant les XVIII° et XIX° siècles et entre dans le répertoire populaire.
Elle a été interprétée entre autres, par Bordas, Aristide Bruant, Reda Caire, Armand Mestral 

 


Dans les jardins de mon père,

Les lilas sont fleuris ;

Dans les jardins de mon père,

Les lilas sont fleuris ;

Tous les oiseaux du monde

Viennent y faire leurs nids ...

 

Auprès de ma blonde,

Qu'il fait bon, fait bon, fait bon.

Auprès de ma blonde,

Qu'il fait bon dormir !


...............
 

 

Dans les colonies américaines, les lilas ont été introduits au XVIII° siècle.(v. 1750)


The "Purple Lilac" (lilas pourpre) est la fleur officielle de l'état du New Hampshire depuis 1919, parce qu'il "symbolise bien le caractère robuste des hommes et des femmes de l'État de granit".


Ils ont été plantés dans les premiers jardins botaniques. George Washington et Thomas Jefferson ont cultivé des lilas dans leurs jardins. New York reconnaît le lilas comme la brousse officielle de l'État.
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Évariste de Parny (1753-1814) - poète
Recueil : Poésies érotiques (1778)

 

Au gazon foulé par Éléonore

 

Trône de fleurs, lit de verdure,

Gazon planté par les amours,

Recevez l'onde fraîche et pure

Que ma main vous doit tous les jours.

Couronnez-vous d'herbes nouvelles ;

Croissez, gazon voluptueux.

Qu'à midi, Zéphyre amoureux

Vous porte le frais sur ses ailes.

Que ces lilas entrelacés

Dont la fleur s'arrondit en voûte,

Sur vous mollement renversés,

Laissent échapper goutte à goutte

Les pleurs que l'aurore a versés.

Sous les appas de ma maîtresse

Ployez toujours avec souplesse,

Mais sur le champ relevez-vous ;

De notre amoureux badinage

Ne gardez point le témoignage ;

Vous me feriez trop de jaloux.
 

 Lilas -1901 par Edmund Blair Leighton

Lilas -1901 par Edmund Blair Leighton

 

Vive la rose et le lilas est une chanson française traditionnelle du XVIII° siècle, sur le thème de l'amour volage. La chanson est connue sous d'autres titres comme Mon amant me délaisse ou La Méchante.


Mon amant me délaisse

O gai ! vive la rose !

Je ne sais pas pourquoi

Vive la rose et le lilas !

Je ne sais pas pourquoi

Vive la rose et le lilas

 

La nomenclature du calendrier républicain fut promulguée par décret du 4 frimaire an II (24 novembre 1793).Il fut aboli le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV) par Napoléon Ier.


Dans le calendrier républicain français, 
le 26e jour (16 avril) du mois de germinal (21 mars - 19 avril), est officiellement dénommé

 

La nomenclature du calendrier républicain fut promulguée par décret du 4 frimaire an II (24 novembre 1793).Il fut aboli le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV) par Napoléon Ier.
Dans le calendrier républicain français, 
le 26e jour (16 avril) du mois de germinal (21 mars - 19 avril), est officiellement dénommé


 


"jour du Lilas".


 Le Soleil entre au signe du Bélier.

C'est l'époque de l'Equinoxe du Printemps 

 

Tout végète et s'anime au retour du Zéphir 

La Nature à ses Lois ramène nos désirs 

Et l'Âge le plus pur apprend des Tourterelles 

Qu'il est doux de s'unir et de s'aimer comme elles

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il entre en vigueur le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793), mais débute le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), jour de proclamation de la République, déclaré premier jour de l' "ère des Français".
 

mois de germinal (21 mars - 19 avril)

mois de germinal (21 mars - 19 avril)

 

Dans l'Encyclopédie botanique Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1829) - 1815 - tome 3 - 


il est écrit :

 

..."Le lilas, dit M. Desfontaines, est le plus bel ornement des jardins et des bosquets lorsqu'il est paré de fleurs au retour du printemps. Ce charmant arbrisseau vient dans presque tous les terrains , et n'est pas sensible au froid les plus rigoureux.

 

Vahl (Martin Vahl (1749-1804) botaniste norvégien) m'a assuré qu'il résistait au climat glacé de la Norwège, et qu'on l'y cultivait en pleine terre. Il parait qu'il est originaire d'Asie. Matthiole (Pietro Andrea Mattioli 1500-1577) en a parlé le premier dans l'édition des commentaires par Dioscoride, imprimée en 1565 ; il dit que Busbec (Ogier Ghiselin de Busbecq 1522-1592 diplomate et botaniste flamand) l'avait apporté de Constantinople sous le nom de lilac, et qu'il lui avait donné le dessin dont il a publié la gravure.

 

Dans une édition postérieure, Mathiole ajoute que Cordus (Valerius Cordus - 1515-1544 médecin, chimiste et botaniste allemand) lui en avait envoyé du Jardin de Padoue  une branche chargée de fleurs et de fruits, en lui écrivant que cette plante était venue d'Afrique, sous le nom de Seringa, et qu'il en cultivait plusieurs pieds dans son jardin. Lécluse  (Charles de L'Écluse 1526-1609 médecin et un botaniste flamand) dit que le lilas, qu'il nomme Syringa à fleurs bleues, était déjà cultivé de son temps dans la plupart des jardins d'Allemagne et autres pays. Il ne paraît pas qu'il ait été connu des anciens. ...........

 


"Lemonnier avait essayé de greffer des lilas sur des frênes ; mais il m'a assuré que ces greffes ne tenaient pas longtemps, et qu'elles poussaient quelquefois avec une telle vigueur, qu'en peu d'années, elles épuisaient le sujet et le faisaient périr. ............

 


Le lilas de Perse s'élève moins ; il est plus sensible au froid : on le cultive dans les parterres. Il paraît que c'est vers le commencement du 17° siècle qu'il a été introduit en Europe, du moins les auteurs qui existaient avant cette époque n'en font point mention. Cornuti (Jacques Philippe Cornuti - 1606-1651 ou Cornut médecin et botaniste français) est le premier qui en ait parlé ; il assure qu'il fût apporté de Perse.".........
 

Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829)

Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829)

 

Antoine Fontaney (1803-1837) - poète
Recueil : Ballades, mélodies et poésies diverses (1829)


Tu m'aimes, je ne puis mourir


.........

Du nouveau jour qui m'environne

Que les rayons sont éclatants !

Mon front ranimé se couronne

De l'espoir d'un autre printemps.

Quels parfums promet le feuillage

De ces lilas qui vont fleurir !

J'aurai ma part de leur ombrage :

Tu m'aimes, je ne puis mourir.

..........

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Alfred de Musset (1810-1857) - poète
Poésies nouvelles (1836-1852)


Sur les débuts de Mesdemoiselles Rachel et Pauline Garcia


......

Discourons sur les arts, faisons les connaisseurs;

Nous aurons beau changer d'erreurs

Comme un libertin de maîtresse,

Les lilas au printemps seront toujours en fleurs,

Et les arts immortels rajeuniront sans cesse.

......
 

printemps  et lilas - William Stephen Coleman

printemps et lilas - William Stephen Coleman

 

Dans le Dictionnaire universel de matière médicale et de thérapeutique - Volume 4 - De F.V. Mérat - 1837 - page 333, 


il est écrit :


"Syringa vulgaris, Lilas


......"Ce charmant arbrisseau est originaire de Perse où il se nomme Lilac, lilag, et de l'Afrique septentrionale, où il se nomme Serinx, appellations qui ont servi à le désigner en français et en latin ; il appartient à la famille des jasminées et à la Diandrie monogynie ; il avait été apporté en Europe par Busbeck, ambassadeur de Ferdinand 1er, roi des Romains, à la Porte, (Giambatista della Porta - 1540-1615), physicien en 1562, qui en communique un dessin à Matthiole (Pietro Andrea Mattioli (1500-1577) médecin et naturaliste dont le commentaire sur Dioscoride a été imprimé en 1565 ; plus tard celui-ci en reçut des rameaux fleuris de Cordus (Valerius Cordus (1515-1544 - médecin, chimiste et botaniste allemand) à qui on l'avait  envoyé d'Afrique, et qui le cultivait dans le jardin de Padoue (comment. sur Dioscoride, p. 451), aujourd'hui il est répandu dans toute l'Europe, et il se cultive ainsi que ses variétés en pleine terre jusqu'en Norwège, au rapport de Wahl. 


Ses fleurs s'épanouissent au mois de mai, et embaument alors les parterres, comme elles en font l'ornement par leur beauté et leur abondance. Rien n'égale l'éclat des jardins des Tuileries, du Luxembourg et du bois de Romainville à cette époque de l'année.

 

Le bois de lilas est aussi dur que celui du buis ; il est gris avec des veines lie de vin ; mais il sèche difficilement. Ses branches creuses et évidées servent de tuyaux de pipe aux Turcs................"
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa


Les contes de La Comtesse de Ségur (Sofia Fiodorovna Rostoptchina) (1799-1874) femme de lettres française d’origine russe. 

 

II - La forêt des lilas


......
Quand Blondine fut entrée dans la forêt, elle se mit à cueillir de belles branches de lilas, se réjouissant d'en avoir autant et qui sentaient si bon. A mesure qu'elle en cueillait, elle en voyait de plus beaux ; alors elle vidait son tablier et son chapeau qui en étaient pleins, et elle les remplissait encore.


Il y avait plus d'une heure que Blondine était ainsi occupée ; elle avait chaud ; elle commençait à se sentir fatiguée ; les lilas étaient lourds à porter, et elle pensa qu'il était temps de retourner au palais. Elle se retourna et se vit entourée de lilas ; elle appela Gourmandinet : personne ne lui répondit.

 

"Il parait que j'ai été plus loin que je ne croyais, dit Blondine : je vais retourner sur mes pas, quoique je sois un peu fatiguée, et Gourmandinet m'entendra et viendra au-devant de moi."


Elle marcha pendant quelque temps, mais elle n'apercevait pas la fin de la forêt. Bien des fois elle appela Gourmandinet, personne ne lui répondait. Enfin elle commença à s'effrayer.


"Que vais-je devenir dans cette forêt toute seule ? Que va penser mon pauvre papa de ne pas me voir revenir ? et le pauvre Gourmandinet, comment osera-t-il rentrer au palais sans moi ? Il va être grondé, battu peut-être, et tout cela par ma faute, parce que j'ai voulu descendre et cueillir ces lilas ! Malheureuse que je suis ! je vais mourir de faim et de soif dans cette forêt, si encore les loups ne me mangent pas cette nuit."


Et Blondine tomba par terre au pied d'un gros arbre et se mit à pleurer amèrement. Elle pleura longtemps ; enfin la fatigue l'emporta sur le chagrin ; elle posa sa tête sur sa botte de lilas et s'endormit"..........
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Stéphane Mallarmé (1842-1898) - poète
Renouveau


......

Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,

Et creusant de ma face une fosse à ce rêve,

Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

 

J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…

Cependant l’azur rit sur la haie et l’éveil

De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

......

Oiseaux et lilas - Rosemary Millette

Oiseaux et lilas - Rosemary Millette

 

Victor Hugo (1802-1885) - poète
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865)

 


Ordre du jour de floréal

.......

Victoire, ami ! je dépêche

En hâte et de grand matin

Une strophe toute fraîche

Pour crier le bulletin.

 

J'embouche sur la montagne

La trompette aux longs éclats ;

Sachez que le printemps gagne

La bataille des lilas.
......

 Lilas - Catherine Klein

Lilas - Catherine Klein


Victor Hugo (1802-1885) - poète
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865)


Meudon

......

Nous fîmes des canapés d'herbes ;

Nous nous grisâmes de lilas ;

Nous palpitions, joyeux, superbes,

Éblouis, innocents, hélas !

......

Les Amoureux aux lilas par Marc Chagall

Les Amoureux aux lilas par Marc Chagall

 

René-François Sully Prudhomme (1839-1907) - poète
Recueil : Stances et poèmes (1865)

 


Ici-bas

 

Ici-bas tous les lilas meurent

,Tous les chants des oiseaux sont courts ;

Je rêve aux étés qui demeurent

Toujours...

 

Ici-bas les lèvres effleurent

Sans rien laisser de leur velours ;

Je rêve aux baisers qui demeurent

Toujours...

 

Ici-bas tous les hommes pleurent

Leurs amitiés ou leurs amours ;

Je rêve aux couples qui demeurent

Toujours...
 

Lilas, temps gris de Claude Monet  (1872)

Lilas, temps gris de Claude Monet (1872)

 

Charles Cros (1842-1888) - poète
Recueil : Le coffret de santal (1873)


Avenir

Sonnet.


Les coquelicots noirs et les bleuets fanés

Dans le foin capiteux qui réjouit l'étable,

La lettre jaunie où mon aïeul respectable

À mon aïeule fit des serments surannés,

 

La tabatière où mon grand-oncle a mis le nez,

Le trictrac incrusté sur la petite table

Me ravissent. Ainsi dans un temps supputable

Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés.

 

Or, je suis très vivant. Le vent qui vient m'envoie

Une odeur d'aubépine en fleur et de lilas,

Le bruit de mes baisers couvre le bruit des glas.

 

Ô lecteurs à venir, qui vivez dans la joie

Des seize ans, des lilas et des premiers baisers,

Vos amours font jouir mes os décomposés.
 

lilas - Nadia Strelkina

lilas - Nadia Strelkina

 

Charles Cros (1842-1888) - poète

 

Lilas

 

Ma maîtresse me fait des scènes.

Paradis fleuri de lilas

Je viens humer tes odeurs saines.

 

Les moribonds disent : Hélas !

Les vieux disent des mots obscènes

Pour couvrir le bruit de leurs glas.

 

Dans le bois de pins et de chênes

Les obus jettent leurs éclats.

Victoire ? Défaite ? Phalènes.

 


Pluie améthyste les lilas,

Sans souci d'ambitions vaines,

Offrent aux plus gueux leurs galas.

 

La mer, les montagnes, les plaines,

Tout est oublié. Je suis las,

Las de la bêtise et des haines.

 

Mais mon cœur renaît aux lilas.
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Albert Mérat (1840-1909) - poète
Recueil : L'Adieu (1873)

 


Ce qui m'arrive est affreux

 

Ce qui m'arrive est affreux :

Elle est morte, je l'enterre.

L'adieu fut très douloureux ;

Mais je commence à me taire.

 

J'ai, comme on jette des fleurs

Sur les blancs cercueils des mortes,

Versé sur elle des pleurs

Et des fleurs de toutes sortes.

 

Je demeure seul, hélas !

Avec ma mélancolie.

— Voici venir les lilas

Dont le parfum dit : oublie.
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

George Auriol (1863-1938) - poète

 

quand les lilas refleuriront - 1890
 


Quand les lilas refleuriront,

Au vent les capuchons de laine,

Robes rouges nous remettrons.

Quand les lilas refleuriront,

Sur le tapis vert de la plaine

Nous reviendrons danser en rond...

Quand les lilas refleuriront,

Allez dire au printemps qu'il vienne.

 

Quand les lilas refleuriront,

Les filles, près de la fontaine,

De leurs amoureux jaseront.

Quand les lilas refleuriront,

Personne alors qui ne comprenne

Les doux mots qu'elles parleront...

Quand les lilas refleuriront,

Allez dire au printemps qu'il vienne.

 

Quand les lilas refleuriront,

Nous redescendrons dans la plaine,

Cloches, sonnez vos carillons.

Quand les lilas refleuriront,

Les papillons qui se promènent

Dans l'air avec des moucherons

Comme nous danserons en rond...

Allez dire au printemps qu'il vienne.

 

Quand les lilas refleuriront,

Parfumant l'air de leur haleine,

Combien d'amoureux mentiront.

Quand les lilas refleuriront,

Pour tous ces baisers qui s'égrènent

Que de blessures saigneront...

Allez dire au printemps qu'il vienne.
 

Panier de Lilas George Arthur Gaskell

Panier de Lilas George Arthur Gaskell

François Coppée (1842-1908) - poète
Recueil : Le cahier rouge (1892).

 


À un lilas.

 

Je vois fleurir, assis à ma fenêtre,

L'humble lilas de mon petit jardin,

Et son subtil arome qui pénètre

Vient jusqu'à moi dans le vent du matin.

 

Mais je suis plein d'une colère injuste,

Car ma maîtresse a cessé de m'aimer,

Et je reproche à l'innocent arbuste

D'épanouir ses fleurs et d'embaumer.

 

Tout enivré de soleil et de brise,

Ce favori radieux du printemps,

Pourquoi fait-il à mon cœur qui se brise

Monter ainsi ses parfums insultants ?

 

Ne sait-il pas que j'ai cueilli pour elle

Les seuls rameaux dont il soit éclairci ?

Est-ce pour lui chose si naturelle

Qu'en plein avril elle me laisse ainsi ?

Lilas - August Macke -Fielder 1903

Lilas - August Macke -Fielder 1903


Victor Lemoine, botaniste français de la fin du XIX° siècle, en créant plus de 64 cultivars de lilas (Syringa vulgaris), a fortement contribué à son essor à travers le monde. Car cet arbuste aux feuilles caduques à la floraison printanière est autrement plus connu à l'étranger sous le nom de "lilas français"


Entre 1876 et jusqu'à sa fermeture en 1968, le pépiniériste Victor Lemoine de Nancy a créé plus de 214 variétés de lilas communs, notamment des lilas aux fleurs doubles avec les étamines remplacées par des pétales supplémentaires dont beaucoup sont considérés comme des classiques et encore dans le commerce aujourd'hui. Leur nom de lilas français ou hybride français est donc dû au développement de sa culture en France. Lemoine a étendu la gamme de couleurs en créant des teintes plus profondes et plus saturées.
Certains cultivars ont gagné le prix du « Garden merit » de la Société royale d'horticulture 

 

Syringa meyeri Palibin - Garden merit

Syringa meyeri Palibin - Garden merit

 

Le Poème de l'amour et de la mer op. 19 est une composition pour voix et orchestre d'Ernest Chausson, écrite entre 1882 et 1892. Dédié à Henri Duparc, il constitue, avec la Chanson perpétuelle, l'œuvre pour voix et orchestre majeure du musicien.


Les textes sont tirés des Poèmes de l'amour et de la mer, recueil publié en 1876 par Maurice Bouchor, un ami du compositeur. La gestation du Poème de l'amour et de la mer, particulièrement longue (près de dix ans), s'achève le 13 juin 1892.

 

La Fleur des eaux


L'air est plein d'une odeur exquise de lilas,

Qui, fleurissant du haut des murs jusques en bas,

Embaument les cheveux des femmes.

La mer au grand soleil va toute s'embraser,

Et sur le sable fin qu'elles viennent baiser

Roulent d'éblouissantes lames.

 

Ô ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,

Brise qui vas chanter dans les lilas en fleur

Pour en sortir tout embaumée,

Ruisseaux qui mouillerez sa robe,

Ô verts sentiers,

Vous qui tressaillerez sous ses chers petits pieds,

Faites-moi voir ma bien-aimée !

...............

 

 

La mort de l'amour

.......

Le temps des lilas et le temps des roses

Ne reviendra plus à ce printemps-ci ;

Le temps des lilas et le temps des roses

Est passé, le temps des œillets aussi.

 

Le vent a changé, les cieux sont moroses,

Et nous n'irons plus courir, et cueillir

Les lilas en fleur et les belles roses ;

Le printemps est triste et ne peut fleurir.

 

Oh ! joyeux et doux printemps de l'année,

Qui vins, l'an passé, nous ensoleiller,

Notre fleur d'amour est si bien fanée,

Las ! que ton baiser ne peut l'éveiller !

 

Et toi, que fais-tu ? pas de fleurs écloses,

Point de gai soleil ni d'ombrages frais ;

Le temps des lilas et le temps des roses

Avec notre amour est mort à jamais.
 

Femme au lilas Daniel Ridgway Knight

Femme au lilas Daniel Ridgway Knight

 

Les Lilas
Petite histoire de la commune des Lilas et de sa création en octobre 1867

 

Une ville jadis couverte de bois

 

Autrefois, le territoire de la ville des Lilas était couvert de champs, de vergers, de vignes et de bois, principalement de lilas et de bouleaux. Au 18e siècle, on n'y trouve encore aucune habitation. A cette époque, la carte des chasses ne fait mention que d'un seul lieu-dit: “les Brières” à Bagnolet.............

 

D’après "Les industries bizarres" paru en 1900 -  Bory Paul


Il est écrit : 


"...Grêles encore et à peine ouverts, les rameaux de lilas blanc ornent les vitrines des fleuristes à la mode au moment même où les hirondelles nous quittent pour aller sous des climats plus doux.


D'une blancheur immaculée, d'une grâce et d'une grâce et d'une légèreté sans égale, leurs thyrses élégants vont faire le charme des salons et le plaisir des yeux.


Plus que toute autre cette délicieuse fleurette ravit les jeunes fiancées pour qui elles sont l'hommage obligé, avec qui elles concordent si bien dans leur gracilité, dans leur épanouissement encore incomplet.

 

Cette image hâtive du printemps, ces ravissantes branches discrètement embaumées, qui trônent si bien dans les appartements somptueux, ne sont pourtant que les produits de l'ombre et du mystère, car c'est de caves obscures qu'il faut extraire ces joyaux recherchés.

Femme avec Lilas, 1892 de Louis Anquetin (1861-1932)

Femme avec Lilas, 1892 de Louis Anquetin (1861-1932)


Le lilas blanc, celui qui fait l'objet d'un si important commerce hivernal, est purement artificiel.


C'est en violentant la nature que nous remplissons nos corbeilles de ses délicieuses inflorescences ; nos confortables intérieurs reçoivent d'un pauvre famélique le relief de bon ton pour lequel les maîtresses de maison luttent de luxe et d'éclat.


Sa végétation est le prix d'efforts prolongés et multiples, car il ne faut pas moins de cinq à six ans pour produire ces branches parfumées qu'on se dispute à prix d'or à certains moments de l'année. La culture spéciale du lilas blanc est un des triomphes de l'industrie parisienne ; car c'est bien une industrie essentiellement parisienne que le forçage du lilas. Elle l'est par son centre d'opérations, elle l'est surtout par son origine.


On assure que le hasard seul a présidé à sa naissance, vers 1850. 


A cette époque, au lieu dit Vaugirard, couvert alors de jardins et de marais, vivait un brave horticulteur peu instruit, mais observateur perspicace. Modifiant un massif de lilas, il abandonna dans leur motte de terre quelques pieds arrachés ; mais comme le froid menaçait et que le temps lui manquait pour replanter ses arbustes, il les transporta, pour les mettre à l’abri, dans une sorte de souterrain, autrefois entrée d’une des carrières qui abondaient sous cette partie du sol parisien. 


Les lilas y avaient été complètement oubliés quand, aux premiers jours du printemps, pénétrant par hasard dans l’ancienne carrière, il aperçut ses arbustes couverts de ravissantes inflorescences blanches au lieu des thyrses d’une coloration intense qu’ils avaient donné jusqu’alors.


Ce spectacle plongea notre jardinier dans une profonde méditation d’où sortit le projet de réaliser industriellement ce que le hasard lui avait révélé. De là à l’exécution il n’y eut qu’un pas. L’hiver suivant, le souterrain, bien clos, bien disposé, fut rempli d’arbustes qui donnèrent au cœur de l’hiver des rameaux fleuris dont l’intelligent jardinier tira un prix énorme. Une telle aubaine ne manqua point d’éveiller l’attention des voisins, qui eurent bientôt surpris le secret du procédé. En peu de temps, toutes les anciennes carrières de la région devinrent des fabriques de lilas blanc. Voilà pourquoi, durant de longues années, cette culture fut centralisée à Vaugirard.


Mais Paris étouffait dans sa ceinture trop étroite ; il lui fallait de l’espace. Les constructions envahirent la zone suburbaine ; les terrains de Vaugirard furent des premiers absorbés, les carrières se vidèrent ; la gracieuse industrie dut émigrer et chercher ailleurs des installations favorables. 


En se déplaçant, les "forceurs" de lilas appelèrent la science à leur aide, la science qui avait péremptoirement démontré les effets de l’absence ou de l’abondance de la lumière sur la végétation. Ce fut à ce moment que se créèrent les établissements qui s’adonnaient en 1900 à la production industrielle du lilas blanc. 


Quand nous disons lilas blanc, c’est une façon de parler ; il conviendrait mieux de dire lilas non coloré, car – cela surprendrait plus d’un lecteur – le lilas le plus blanc, celui dont les inflorescences sont les plus délicates, est obtenu par le traitement des variétés précisément les plus vigoureuses et les plus riches en couleur. Ce sont les lilas dits "de Marly" et "de Charles X", dont nous admirons en pleine terre les éclatantes grappes, qui fournissent les éléments de cette gracieuse industrie."


..........
 

la marchande de fleurs, 1897 par Louis Marie de Schryver (1862-1942)

la marchande de fleurs, 1897 par Louis Marie de Schryver (1862-1942)

 

Anna de Noailles (1876-1933) - poète
Recueil : Le cœur innombrable (1901)


Les parfums


.....

 J'ai dans mon cœur un parc où s'égarent mes maux,

Des vases transparents où le lilas se fane,

Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,

Des flacons de poison et d'essence profane.

......

Lilas dans un vase par Edouard Manet

Lilas dans un vase par Edouard Manet

 

Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954) femme de lettres 

 


. La Maison de Claudine, 1922


..."Elle jetait sur ses épaules sa "visite" en cachemire noir brodée de jais, coiffait sa petite capote à grappes de lilas foncés, et s'en allait, de ce pas en effet, ce pas inimitable".....

 

 


La Vagabonde

 
........."Le soyeux bruissement des longs roseaux est entré, ce jour-là, par la glace baissée du wagon, en même temps qu'une odeur de miel, de sapin, de bourgeon vernis, de lilas en bouton, ce parfun amer du lilas avant la fleur, qui mêle la térébenthine et l'amande."...... 

 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

Les lilas blanc - Théodore Botrel

.....

Elle naquit par un Dimanche,

Du plus joli des mois de Mai

Quand le printemps à chaque branche

Suspend un bouquet parfumé ;

Et l'admirant, toute petite,

Si blanche en son berceau tremblant,

Sa mère l'appela de suite :

"Lilas-Blanc",

Mon petit brin de lilas blanc !

......
 

 

Succès de 1929
Anny Flore - Quand refleuriront les lilas blancs

 

 

Louis Aragon (1897-1982) - poète
dont Jean Ferrat mit de nombreux poèmes en musique
Poésie où Aragon parle du début de la guerre 1939- 1945
ode tirée du recueil Le Crève-cœur publié en 1941

 

Les lilas et les roses


"Ô mois des floraisons mois des métamorphoses

Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé

Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses

Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés

 

Je n’oublierai jamais l’illusion tragique

Le cortège les cris la foule et le soleil

Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique

L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles

Le triomphe imprudent qui prime la querelle

Le sang que préfigure en carmin le baiser

Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles

Entourés de lilas par un peuple grisé

 

Je n’oublierai jamais les jardins de la France

Semblables aux missels des siècles disparus

Ni le trouble des soirs l’énigme du silence

Les roses tout le long du chemin parcouru

Le démenti des fleurs au vent de la panique

Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur

Aux vélos délirants aux canons ironiques

Au pitoyable accoutrement des faux campeurs

 

Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images

Me ramène toujours au même point d’arrêt

A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages

Une villa normande au bord de la forêt

Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose

On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu

Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses

Et ni les deux amours que nous avons perdus

 

Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres

Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues

Et vous bouquets de la retraite roses tendres

Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou"
 

 

Louis Aragon (1897-1982) - poète

 

Les lilas


Je rêve et je me réveille

Dans une odeur de lilas

De quel côté du sommeil

T'ai-je ici laissé ou là

Je dormais dans ta mémoire

Et tu m'oubliais tout bas

Ou c'était l'inverse histoire

Etais-je où tu n'étais pas

Je me rendors pour t'atteindre

Au pays que tu songeas

Rien n'y fait que fuir et feindre

Toi tu l'as quitté déjà

Dans la vie ou dans le songe

Tout a cet étrange éclat

Du parfum qui se prolonge

Et d'un chant qui s'envola

Cliquer pour agrandir

O claire nuit jour obscur

Mon absente entre mes bras

Et rien d'autre en moi ne dure

Que ce que tu murmuras

 

Elsa Triolet et Louis Aragon

Elsa Triolet et Louis Aragon

 

paroles et musique de Hugues Aufray
Des jonquilles aux derniers lilas (1968) 


......

J'ai connu Émilie aux premières jonquilles.

Elle était si jolie des jonquilles aux derniers lilas.

Dans la ferme endormie, chaque fois que j'allais la voir,

Son père avec un fusil m'attendait derrière l'abreuvoir.

Il me chassa aux premières jonquilles,

Me fusilla des jonquilles aux derniers lilas.

......
 

 

Lilac Wine interprétée par Jeff Buckley (album Grace), a

uteur James Shelton.

 

Lilac Wine (Vin Lilas)


.......

I lost myself on a cool damp night

I gave myself in that misty light

I was hypnotized by a strange delight

Under a lilac tree

.......


Je me suis perdu dans une nuit fraîche et humide

Je me suis dirigé vers cette lumière brumeuse

J'étais hypnotisé par une grande joie étrange

Sous un lilas

.......
 

Paroles de la chanson 
Le Temps Du Lilas par Barbara

.....

Il a foutu le camp, le temps du lilas,

Le temps de la rose offerte,

Le temps des serments d'amour,

Le temps des toujours, toujours.

Il m'a plantée là, sans me laisser d'adresse.

Il est parti, adieu Berthe.

Si tu le vois, ramène-le moi,

Le joli temps du lilas.

.....
 

Gérard Lenorman - Lilas (1978)


.....

J'ai dans le coeur des rues sans fin

Lilas, lilas

Une odeur de pluie sur la peau

D'une petite fille au sang chaud

.....
 

 

Sybille Rembard (1966)


Lilas


 
La pluie larmoyante caresse ton parfum

aime le déséquilibre éphémère

des gouttelettes assoiffées de sève.

À chaque pétale elle découvre ta beauté

symphonie d’unités réfractées.

 

Les fleurs minuscules bleutées par la lumière

avancent comme un cortège joyeux

 

dansent comme une valse d'amour.

Forsythias et pivoines couronnent cet instant

courtisent l’allégorie.

Sous le sublime chapiteau de la nature

un voile parfumé fleurit notre chimère.
 

Lilas par Frederick Childe Hassam, (1859-1935)

Lilas par Frederick Childe Hassam, (1859-1935)

 

Le passé a plus de parfum qu'un bosquet de lilas en fleurs.
proverbe chinois

 

lilas par Frederick Childe Hassam, (1859-1935)

lilas par Frederick Childe Hassam, (1859-1935)

 

Traditions et coutumes au fil du temps

 


. Un lilas planté dans un jardin, protège la maison des mauvais esprits 


. On plantait du lilas pour éloigner l'esprit malin et conjurer le mal 


 

Lilas  par William Affleck

Lilas par William Affleck

 

. Si on brûle de l'encens de lilas ou si l'on jette des branches par la fenêtre d'une maison hantée, on se débarrasse des mauvais esprits et des fantômes.

  
. En Perse, on offrait à une branche de lilas fleurie et odorante pour mettre fin en douceur à une relation.

 

. En Angleterre, le lilas est  signe de tritesse, on raconte du lilas blanc dans une maison porterait malheur. Peut-être est-ce le fait que cette fleur était utilisée dans les cérémonies funéraires…


. Aux États-Unis, offrir du lilas à une jeune fille est supposé la maintenir célibataire toute l’année durant !


. Le lilas est fréquemment associé au retour des beaux jours. Il est de tradition d’offrir des bouquets de lilas à l’occasion du printemps.

Lilas - Catherine Klein

Lilas - Catherine Klein

 

. En Angleterre, le lilas est  signe de tristesse, on raconte du lilas blanc dans une maison porterait malheur. Peut-être est-ce le fait que cette fleur était utilisée dans les cérémonies funéraires…

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa

 

. Aux États-Unis, offrir du lilas à une jeune fille est supposé la maintenir célibataire toute l’année durant !


. Le lilas est fréquemment associé au retour des beaux jours. Il est de tradition d’offrir des bouquets de lilas à l’occasion du printemps.

Sarkis Diranian (Armenian, 1854-1918) le bouquet de lilas

Sarkis Diranian (Armenian, 1854-1918) le bouquet de lilas

Le lilas dans le langage des fleurs est symbole de protection.
il est parfait pour déclarer ses sentiments ! 

 

.  Un lilas aux fleurs d’un blanc profond signifie l’innocence, la pureté, la       jeunesse, un amour durable et fidèle ;

 
.  Un lilas d'une couleur crème peut traduire une relation menacée.


.  S’il est mauve, il signifie les premiers pas vers le chemin de la passion, 
   il signifie aussi la nostalgie ou la mélancolie…, 


.  Un lilas rose pour une jeune fille, c’est l’amour naissant.


.  Un lilas violet, bleu pour la réconciliation après une scène de ménage..... 
 

Mythologie des fleurs - Le lilas ou syringa
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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 23:33

Mythologie des fleurs 


Le pissenlit
Taraxacum 

 

 

....." Les pissenlits abondaient dans la plaine et dans nos jardins et c’était un amusement courant que de souffler très fort sur les boules vaporeuses formées par ces plantes quand la fleur est passée, d’en détacher, d’un coup, tous les petits fruits qui, soutenus par une aigrette rayonnante, se disséminaient au loin… — "


(Édouard Bled, "Mes écoles", Robert Laffont, 1977, page 68.)
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Le pissenlit est une plante à fleurs composées, qui croît dans les lieux herbeux et incultes, prairies, prés et pâturages, bords des sentiers, des ruisseaux et des rivières, talus et gravas, clairières et bois clairs. 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Le pissenlit apporte des vitamines (C et K), des éléments minéraux (calcium, potassium, fer, fibres, manganèse, béta-carotène), ainsi que de nombreux autres constituants qui en font une plante médicinale de premier ordre. Il stimule le foie et la vésicule biliaire. Il améliore le transit intestinal, nettoie le sang et combat le cholestérol. C’est aussi un excellent diurétique qui élimine les impuretés de l’organisme par les urines, d’où son nom.


Grâce à ses constituants amers, le pissenlit (Taraxacum officinale) fait également office de tonique général puisqu’il aide à combattre la fatigue du printemps.


Ses feuilles, ses boutons floraux, ses fleurs et même ses racines, tout est bon dans le pissenlit, crus ou cuits. Plante sauvage désormais cultivée. Il est temps de la redécouvrir !


Les feuilles, à peu près semblables à celles de la chicorée, se mangent en salade, quand elles sont jeunes et tendres..
Grillées, les racines fournissaient un substitut au café. Et avec les fleurs, on fabriquait un vin fortifiant.

 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

C'est une plante vivace, de plein soleil ou mi-ombre, à racine charnue pénétrant profondément dans le sol (plus de 50 centimètres), ce qui lui permet de résister au gel intense des régions froides.

Mythologie des fleurs - le pissenlit


On appelle "pissenlit" diverses plantes à tige généralement creuse et dont l'inflorescence est un capitule plat et jaune. 


Les pissenlits "véritables" sont des espèces du genre Taraxacum appartenant à la famille des Astéracées (autrefois Composées). La jolie fleur jaune vif est en réalité un capitule : un groupe de fleurs à cinq pétales soudés. Ce qui semble être un pétale est en réalité une fleur entière. Le pissenlit est un bouquet ! Les feuilles sont disposées en rosette, découpées en lobes triangulaires inégaux (comme des dents de lion!). Les fleurs sont regroupées en capitule (un seul par pied de pissenlit). La racine est enfoncée dans le sol. 


Les espèces du genre Taraxacum Officinalis sont des plantes dicotylédones anémochores. C'est le genre des pissenlits véritables, même s'il existe dans ce cas des "pissenlits blancs" (comme Taraxacum albidum), cultivés.
 

Pissenlit - Asteraceae - Taraxacum officinale

Pissenlit - Asteraceae - Taraxacum officinale

 

Des espèces d'autres genres de la famille des Asteraceae peuvent prendre néanmoins ce nom vernaculaire. 
 

Sonchus arvensis (le Laiteron des champs)

Sonchus arvensis (le Laiteron des champs)


Entouré de la neige blanche des pâquerettes, le jaune éclatant des pissenlits ensoleille les prés et prairies, c'est le printemps. Ils fleurissent de longs mois, abondants de mars à mai, mais on peut voir des fleurs de mars à novembre. 
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Si le ciel est découvert, tous les matins, la fleur s'ouvre, et tôt le soir, elle se ferme.


A la fin de la floraison, l'or jaune laisse place à des boules blanches duveteuses.

Les aigrettes légères s'envolent au moindre souffle ! ces petits parachutes élégants sont formés d'un fruit (akène), surmonté d'une aigrette, (le pappus) disséminant le fruit par le vent. 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Le pissenlit provoque de multiples sentiments. Bien que détesté par certains, avoir quelques pissenlits ici et là ajoute de la couleur, il attire les insectes utiles, coccinelles, papillons.

C'est une plante très mellifère. Ses fleurs sont riches en nectar et en pollen. Sa floraison au début du printemps en fait une source de nourriture très appréciable pour les colonies d'abeilles.
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit
Mythologie des fleurs - le pissenlit
Mythologie des fleurs - le pissenlit
Mythologie des fleurs - le pissenlit
Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Les graines aigrettées sont une nourriture importante pour les oiseaux qui en raffolent

bouvreuil et pissenlits

bouvreuil et pissenlits

 

Le pissenlit est une plante à latex, dont le lait ne brûle pas la bouche. Il est juste un peu amer. Le latex du pissenlit a pour effet de repousser les limaces et les escargots, qui se contentent de manger les feuilles fanées.

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Par contre, les lapins, les moutons, les vaches ou les chevaux en raffolent et le pissenlit s'en trouve plutôt bien, car plus il est brouté, mieux il repousse !

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

On lui donne une pleïade de noms assez variés.


- Baraban, Chopine, Cochet, Couronne-de-moine, Croupe (Drôme), Doudou, Fleur des beaux garçons, Florin d'or, Florion d'or, Groin de porc, Horloge du berger, Lait d'âne, Laitue de chien, Pichaulit, Pistelon, Tête de moineau, Tête de moine (parce qu'il est chauve quand il a perdu ses aigrettes), Salade de taupe et Pisse-en-lit, 


- Dent-de-lion (Du grec leon, lion, et odons, dent, par allusion aux feuilles profondément dentées. Ce mot à donné le mot dandelion en anglais, avec le même sens), 
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

- Cramaillot en Franche-comté.

 
Cramaillot, de cramail, forme ancienne du mot crémaillère. Le cramaillot est une "petite crémaillère", terme qui fait clairement allusion au bord dentelé si caractéristique des feuilles de la plante. 


Certains Francs-Comtois utilisaient d'ailleurs le mot de crémaillotte pour le pissenlit.


"crameillotte (ou  cramaillote), aussi appelée miel de pissenlit, est une recette de gelée, à base de fleurs de pissenlit, d'origine franc-comtoise."
La cramaillotte (miel de pissenlit) bénéficie depuis des siècles de la réputation de guérir les maux de gorge.

 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

L’origine du Pissenlit date de l’Antiquité. Selon la Mythologie grecque, c’est grâce au char d’Apollon que l’on doit la création du Pissenlit. 


Le déplacement d'Apollon sur son char amorçant sa course ascendante, générait une telle poussière, qu'après ses passages, celle-ci en retombant ce serait transformée en plante : le Pissenlit.


Delacroix - Apollon sur son char amorçant sa course ascendante
 

Apollon sur son char amorçant sa course ascendante - Delacroix -

Apollon sur son char amorçant sa course ascendante - Delacroix -

Dans la mythologie grecque, Hécate, la déesse de la Lune fit cadeau de pissenlits (laiterons maraichers) en cadeau à Thésée. Il les mangea ainsi pendant trente jours et devint puissant pour combattre le Minotaure, (le taureau de Minos)  ce monstre à corps d'homme et à tête de taureau.


Hécate fait partie de la Triade Lunaire, avec Séléné et Artémis : Hécate représente la nouvelle lune ou lune noire, qui symbolise la mort ; Séléné la pleine lune, qui symbolise la maturité dans le cycle de vie ; Artémis le croissant de lune, qui symbolise la naissance. 


Thésée est le fils d’Apollon, le dieu du soleil et d’Ethra. Une autre version fait de Thésée le fils d' Égée, roi d'Athènes
 

Thesee et le minotaure dans le labyrinthe Edward Burne-Jones

Thesee et le minotaure dans le labyrinthe Edward Burne-Jones

les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,


Elles sont dotées de pouvoirs magiques


La fée pissenlit

Dandelion -Fairy par C.M.B.

Dandelion -Fairy par C.M.B.

 

Le pissenlit était utilisé dès l'antiquité par les médecins grecs.

 

En Chine, on emploie la variété "Taraxacum mongolicum" depuis très longtemps 
 

 

On suppose que ce sont les invasions barbares qui ont mis fin à l'empire romain (IV° et V°s.) et ont contribué à répandre aussi largement le pissenlit

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Sainte Brigid et son emblème le pissenlit


Brigid (Brigitte) d'Irlande (451-v.525), est une sainte des Églises catholique et orthodoxe. Les fidèles l’honorent le 1er février.


Il y a débat pour savoir si le culte de sainte Brigid n'est pas dérivé de celui de la déesse celte triple Brigit, qui, dans les textes mythologiques irlandais, était célébrée lors de la fête druidique de Imbolc, la purification du 1er février, censée protéger les troupeaux et favoriser la fécondité. La tradition de fabriquer des croix de Brigid la veille de Imbolc (le 1er février), période de lactation des brebis (par assimilation, le pissenlit est devenu sa plante tutélaire pour la sève laiteuse qui se dégage de sa tige) s'est perpétuée.


Elle est aussi, fêtée le premier jour de février. Ce culte a peut-être été christianisé après l'évangélisation de l’Irlande.

....
_Extrait du livre : « Dictionary of Plant Lore ». De D.C. Watts. Traduction par Lune._


......"Les plantes à la sève laiteuse comme le pissenlit étaient souvent associées à la déesse dans le folklore écossais (F. M. MacNeill. 1959). C’est une connexion logique, car l’un de ses aspects est celui de la vachère, elle est donc associée au bétail et ainsi aux fleurs comme le pissenlit produisant un jus laiteux qui, croyait-on, nourrissait les tout premiers agneaux au printemps (E. E. Evans)......"


......."Dans les Hautes-terres d’Écosse, on dit que la "plante de Bride", c’est-à-dire le pissenlit, "nourrit de son lait les premiers agneaux" (F. M. MacNeill. 1959). Sa fleur est l’un des trois emblèmes de Bride, les deux autres étant l’agneau et l’huîtrier. Ses noms gaéliques sont : « Bearnon Bride », la petite fleur dentelée de Bride, « la petite flamme de Dieu » et « le présage de Sainte Bride“. Sainte Bride des rivages la porte à sa poitrine et la lumière du soleil est censée suivre....."


-McNeill, Florence Marian. The silver bough. 4 Vols. Glasgow, Maclehose, 1957–1968.


-Evans, E Estyn. Irish heritage: the landscape, the people and their work. Dundalk. W Tempest, 1942. Irish folk ways. Routledge, 1957


- Affiche ci-dessous conçue pour être encadrée et accrochée à un mur, publiée par Cuala Press de Dublin dans les années 1920, reflète l'association de la sainte avec le début du printemps et la saison d'agnelage.
 


 

Brigid par Winifred Mabel Letts (1882-1992) -

Brigid par Winifred Mabel Letts (1882-1992) -

 

En raison de sa consommation dans des salades, certains auteurs considèrent que ce nom est une corruption arabe du mot grec "trogemon" signifiant comestible. À moins qu'il ne provienne plus directement de l'arabe"tharakhchakon" qui désignait une plante semblable au pissenlit commun. 


Le nom générique Taraxacum trouve en effet son origine dans les écrits médiévaux perses en pharmacie. 


Vers 900, le savant perse Al-Razi (Rhasès) (865-925) pluridisciplinaire iranien qui a fait d'importantes contributions à la médecine, à l'alchimie et à la philosophie écrit :


...." le tarashaquq est comme la chicorée ".... 
 

Al Razi par Louis Figuier (1819-1894)

Al Razi par Louis Figuier (1819-1894)

 

Vers l’an 1000, le savant persan Ibn Sīnā, dit Avicenne (980-1037)

écrit tout un chapitre de livre sur le Taraxacum. 


Les médecins arabes mentionnaient déjà les vertus médicinales du pissenlit dans leurs écrits
 

Avicenne  tenant une branche de basilic - Miniature de Madina Saïdova

Avicenne tenant une branche de basilic - Miniature de Madina Saïdova

 

L'Abbesse Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179) écrit : 


.....Le pissenlit est chaud et sec ; il a beaucoup de vertus et il est pur dans la nature. Et si on en mange souvent, comme d’un autre aliment, il purge l’estomac et fait disparaître les troubles de la vue.......... 


Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.70.
 

 

L'écrivain Gérard de Crémone vers 1170 fait une traduction de l'arabe au latin : le terme tarashaquq est alors orthographié en "tarasacon"


(La bibliothèque de Besançon  conserve  le Recueil des traités de Médecine de Gerard de  Cremone  (1250–1260), célèbre traducteur médiéval  italien d’Hippocrate, d’Avicenne, d’Al- Razi entre autres.)

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Plusieurs tribus amérindiennes comme les Iroquois et les Ojibwés employaient le pissenlit pour se soigner. 

 

Albert le  Grand (1200-1280) Frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste, Évêque

voyait  dans  le  Pissenlit  le  "Flos Campi" (fleurs des champs) de la Bible. 

 

On fait également mention de l’usage du pissenlit dans un herbier britannique datant du XIIIe siècle.


L’usage du pissenlit est reconnu dans de nombreuses pharmacopées officielles (Inde, Autriche, République tchèque, Grande-Bretagne, Allemagne) et il a déjà fait partie de la pharmacopée américaine.
 

 

Au moyen âge


Un jardin modeste ne comporte pas vraiment d'espaces de loisirs, sa surface est variable, selon la richesse du paysan. Mais surtout le jardin s'agrandit alors de la nature environnante où la cueillette des herbes sauvages est possible, cueillette indispensable pour compenser les aleas météorologiques : lorsqu'une salade ou une herbe à porée n'arrive pas à pousser dans le jardin, on trouve toujours en remplacement de l'ache, du plantain ou du pissenlit.


le pissenlit (dens de lion - Taraxacum officinalis) est une plante tinctoriale, 
Les racines et les fleurs servaient aussi de colorants rouges (textile, enluminures etc...).


Horae ad usum Romanum , dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne Bourdichon Jean
 

Horae ad usum Romanum , dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne Bourdichon Jean

Horae ad usum Romanum , dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne Bourdichon Jean

 

Cambridge, Trinity College MS O.2.48 - fin du XIVe siècle


Herba Conoriel  - Dandelion - 


....."Herba Conoriel ressemble plus à Dandelion qu'à Dabelion précédemment discuté . Le paragraphe est également intéressant car les noms latins de la plante sont fournis (Oculus Bovis et Lactuca Asinina)"......


 

dandelion - Trinity College MS O.2.48 - Conoriel

dandelion - Trinity College MS O.2.48 - Conoriel

 

A la Renaissance, (XIVe -fin du XVIe)

 

Le principal critère de beauté pour les femmes bourgeoises est le teint pâle. Elles utilisaient un mélange à parties égales de suc de pissenlit et de crème afin d’unifier leur teint et d’éliminer toutes les impuretés.


Le Pissenlit est aussi utilisé pour la peau. On dit qu’il permet en effet de la nettoyer en profondeur et de la raffermir. Le suc frais de Pissenlit est employé pour atténuer les tâches de rousseur
 

 

Titien  (1490–1576) - femme au miroir

Titien  (1490–1576) - femme au miroir

 

Au XVI°s. le pissenlit de certaines des espèces du genre Taraxacum, notamment de la section Ruderalia (ensemble d'espèces très proches les unes des autres "pissenlit commun" ou de "pissenlit officinal")

était appelé "herba urinaria" et utilisé dans la maladie des reins
 

 

En 1537, Jean Ruel,(V.1474-1537), médecin et botaniste français. écrit :

 "les enfants qui en mangent sont exposés à de fâcheux accidents nocturnes".
 


Le genre "Leontodon" (du grec leontodon, en latin "dens Leonis", littéralement "dent de lion", allusion aux dents aiguës de ses feuilles) tel que défini initialement par Linné comprenait le basionyme Leontodon taraxacum.

 

Mais c'est Jérôme Bock (1498-1554) ou Hieronymus Bock, pasteur luthérien et botaniste allemand qui décrivait cet effet diurétique en 1546. 


Au cours du même siècle, Jacobus Theodorus Tabernaemontanus ou Jakob Dietrich von Bergzabern (1522-1590) connu aussi sous le nom de Tabernaemontanus, botaniste et médecin allemand recommande cette plante "contre l'échauffement de l'estomac et du foie, elle dégage l'encombrement de ceux-ci et elle expulse puissamment l'urine"
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Olivier de Serres (1539-1619) est un agronome français, protestant actif et auteur d'un vaste traité, le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs, qui connut 19 rééditions de 1600 à 1675. Il étudia de manière scientifique les techniques agricoles et en rechercha l’amélioration par l'expérimentation. De ce point de vue, il est généralement considéré comme le père de l’agronomie française.


En 1600, Olivier Serre  le rebaptise  "pisse en lict" soulignant par là son coté de stimulant rénal.


La sagesse populaire a bien nommé le pissenlit, par une allusion évidente à ses vertus diurétiques : 
 

Olivier Serre

Olivier Serre

 

Symbolique des fleurs dans l'art des XVe XVIe et XVIIe siècles


Les fleurs, objets symboliques, possèdent de multiples sens qui dépendent du contexte et du sujet traité. Leur splendeur éphémère est un hommage à la richesse et à la beauté de la nature ; mais elle peut aussi exprimer la fragilité de l’existence humaine, la vanité des biens de ce monde lorsqu’elles sont flétries ou que leurs feuilles sont rongées par des insectes. Elles perdent progressivement toute signification symbolique et deviendront de simples objets de délectation.


 ......."Considérée comme une mauvaise herbe, le pissenlit est assimilé aux herbes amères que l’on devait consommer lors de la célébration de la Pâque (L’Exode, XII, 8). 


Son autre nom familier "dent-de-lion" l’associe également au Christ (Cf.Saint Jean, Apocalypse V:5). Dans l’iconographie chrétienne, symbole de l’éphémère et du temps passé, seule la rustique fleur de pissenlit enfonce ses racines au pied de la Croix et apporte sa couronne de lumière à la scène dramatique de la Passion. 


Le pissenlit devient ainsi l’emblème du Sauveur ressuscité et de la rédemption de l’humanité. Sa représentation accompagne donc également le deuil. 
 

 

Gérard David (1455-1523) le repos pendant la fuite en Egypte 1523

les pissenlits en bas à droite

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Ambrosius Benson (1495-1550) - Le repos pendant la fuite en Égypte

Les pissenlits en bas à droite

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Jean de Witte (1808-1889) - Triptyque

Pissenlits en bas à gauche

Triptyque de Jean de Witte - 1473

Triptyque de Jean de Witte - 1473

 

Au musée de l’Œuvre de Notre-Dame on peut voir sur une plaque tombale provenant de la Cathédrale, cette épitaphe en allemand avec un pied de pissenlit en bas relief :

"Ô, homme fragile, songe au destin des fleurs".........

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Nicolas de Lamare (1639-1723) conseiller commissaire du Roy au Châtelet de Paris


Tome quatrième


518 - Traité de la police, livre V. Titre XLI. Chap. VII. VIII. écrit :


Pissant-Lit :
...."est une espèce de chicorée sauvage, qui croît avec les autres herbes champêtres en tous lieux incultes ; l'on en met dans les salades au printemps, quand les feuilles commencent à croître, et qu'elles sont encore tendres : est détersive, apperitive, et propre à purifier le sang. On la nomme en latin Dens léonis, parce que ces feuilles par leurs découpures représentent assez bien la mâchoire d'un lion garnie de dents"......

 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Jaucourt - L’Encyclopédie, 1re éd. 1751 (Tome 15, p. 904). écrit :


".....Taraxacum

est issu du grec Taraxis, : déréglement, trouble, confusion. Hippocrate emploie souvent ce mot, pour signifier ce désordre ou déréglement du ventre & des intestins, qui est causé par un cathartique, ou telle autre cause que ce soit. L’adjectif tarachodes, s’applique aussi aux maladies, aux fièvres & au sommeil inquiet, qui sont accompagnés de rêveries.


Taraxis désigne encore dans les médecins grecs une chaleur & pleurs de l’œil, accompagnée d’une rougeur contre nature, laquelle procede de quelque cause externe, comme du soleil, de la fumée, de la poussiere, du vent, &c. Cette légere ophthalmie cesse d’elle-même par la cessation de la cause. (D. J.)........."
 

 

Benjamin Leogarant (1781-?), auteur cité dans le Littré écrit :


Taraxacum : latin des botanistes, de taraxis, trouble, et akeomai, guérir : plante calmante.


Nom latin du pissenlit (synanthérées), ayant une trentaine d'espèces, parmi lesquelles on distingue le taraxacum dent-de-lion, dit vulgairement liondent, pissenlit, couronne de moine et dent-de-lion ; quelques auteurs l'appellent taraxacum commun, et d'autres ont confondu les genres taraxacum et léontodon, parce que le pissenlit a été le leontodon taraxacon, 


supplément au dictionnaire
Ajoutez : M. Devic, Dict. étym., rejette absolument la dérivation par le grec, laquelle est en effet peu vraisemblable. Il cite le bas-lat. tarasacon, espèce de chicorée, provenant de l'arabe tarachaqoūn, pissenlit, chicorée sauvage.

 

 

La nomenclature du calendrier républicain fut promulguée par décret du 4 frimaire an II (24 novembre 1793).Il fut aboli le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV) par Napoléon Ier.

Dans le calendrier républicain français, le 26e jour du mois de ventôse (19 février – 20 mars), Période des vents est officiellement dénommé

 

"jour du Pissenlit".

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il entre en vigueur le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793), mais débute le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), jour de proclamation de la République, déclaré premier jour de l' "ère des Français".


Le Soleil est au signe des Poissons La Nymphe du Rivage aux Poissons fait la guerre Dans ce Mois où les Vents déchaînés par les eaux Les font rentrer au Fleuve & rendent à la Terre La Prairie où les Fleurs ramènent les Oiseaux
 

ventôse (19 février – 20 mars), Période des vents

ventôse (19 février – 20 mars), Période des vents



Dans le petit livre du 


Docteur Saffray - Les remèdes des champs - herborisations pratiques
à l'usage des instituteurs, des écclésiastiques et de tous ceux qui donnent leurs soins aux malades -
première partie de octobre à mars
quatrième édition - Librairie hachette - 1880 - page 151


il écrit :


..." Voici une plante amie de l'homme, vulgaire et partant peu appréciée dans les villes, où l'on aime ce qui est rare, ce qui vient de loin et se paye cher........Vous la connaissez bien cette plante ; elle croît partout : dans les prairies, au bord des chemins, les chèvres, les moutons et les vaches la recherchent malgré son amertume, et vous vous êtes souvent amusés à disperser d'un souffle vigoureux ses fruits à longues aigrettes. C'est le pissenlit (Léontodon taraxacum), nommé aussi Florion d'or, Dent de Lion.


La racine, vous voyez, est grosse comme le doigt, d'un brun rougeâtre en dehors, blanche en dedans. Elle possède les mêmes propriétés que les feuilles, longues et profondément découpées, mais chez nous ce sont surtout celles-ci qu'on emploie. Leur amertume franche n'a rien de désagréable, aussi les mange-t-on en salade au printemps. Plus tard elles deviennent coriaces et contiennent plus de principe actif.


La décoction de  pissenlit, à la dose de 30 à 60 grammes de feuilles fraiches, leur suc à la dose de 50 à 150 grammes, agissent comme antiscorbutiques, toniques, diurétiques et dépuratifs. Leur emploi prolongé est utile dans les affections chroniques de la peau, la débilité des organes digestifs ; efficace dans les engorgements du foie et de la rate qui accompagnent si souvent les fièvres de marais, ainsi que dans les maladies bilieuses. Nous en userons largement en dépit de la mode, et soyez sûrs que nous en trouveront bien. Il est toujours facile de se procurer la plante fraiche, cependant on peut récolter la racine de l'été pour la faire sécher.


La fleur de Pissenlit mérite de fixer un instant votre attention. Elle est de la famille des Composées ou Synanthérées, l'une des plus nombreuses, remarquable par la disposition de ses fleurs réunies en capitule et insérées sur une sorte de plateau. Dans ces agglomérations, dont l'ensemble paraît former une fleur unique, les fleurons sont tantôt complets, comme dans le bleuet, tantôt comme dans le Pissenlit, la Chicorée, ils consistent seulement en une étroite languette, ou demi-fleuron. Leur fruit est d'ordinaire couronné par une aigrette plumeuse, parachute élégant qui permet au vent de les disséminer au loin.".......
 

Jean François Millet (1814-1875) Pissenlits, 1867-68

Jean François Millet (1814-1875) Pissenlits, 1867-68

 

Le pissenlit fait partie des plantes magiques des sorcières, la magie blanche qui a pour but d'influencer favorablement le cours des choses, le comportement d'une personne, de protéger, de faciliter les issues heureuses ou de prévenir certains maux.

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Les fleurs de pissenlits dans la coutume populaire


. Traditionnellement on souffle dessus pour les voir s'envoler, et il est courant de faire un vœu. 
 

Poen de Wijs (1948-2014) - pissenlit

Poen de Wijs (1948-2014) - pissenlit

 

. Pour les enfants, si les aigrettes ne s'envolent pas d'un seul coup, c'est qu'il n'est pas encore l'heure de rentrer, les parents ne les ont pas encore appelés.

Donald Zolan - pissenlits

Donald Zolan - pissenlits

 

. Pour connaitre le temps. 
Si les aigrettes s'envolent, c'est qu'il fera beau ; si elles tombent immédiatement, c'est qu'il va pleuvoir. (l'explication vient certainement de l'humidité de l'air).


 

Fernando Vicente Sánchez

Fernando Vicente Sánchez


En soufflant trois fois, le nombre de graines qu'il reste indique l'heure qu'il est (d'où le nom d'hologe du berger)

Mythologie des fleurs - le pissenlit


. Une coutume ancienne voulait que le pissenlit servit de présage aux jeunes filles à marier : les jeunes filles d'autrefois soufflaient sur la tête du pissenlit pour faire s'envoler toutes ses graines. Autant de fois elles soufflaient, autant d'années elles attendront un époux...


. On dit aussi que nous vivrons autant d'années qu'il restera de graines.
si le garçon, en soufflant, fait s'envoler toutes les aigrettes, c'est que la jeune fille qu'il courtise l'aime sincèrement ; autrement c'est que la fille se moque de lui.

Poen de Wijs (1948-2014) - pissenlit

Poen de Wijs (1948-2014) - pissenlit

 

. Mettre un bouquet de pissenlits, la nuit, sur le rebord de la fenêtre d'une personne, c'est une façon de l'avertir d'un adultère

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Dans le Manuel des pharmaciens et des droguistes de Kapeler et  Caventou - t.2, 1821, page 549, il est écrit :  


..."Plante de la famille des Composées, vivace, à feuilles longues dentelées disposées en rosette, à fleurs jaunes et à petits fruits secs surmontés d’une aigrette. Synonyme dent-de-lion (s.v. dent).Pissenlit officinal; feuille, fleur, graine, racine de pissenlit; salade de pissenlit; culture du pissenlit. Les feuilles radicales longues et couchées du pissenlit sont dentées, en lobes arqués et renversés, glabres et d’un beau vert. Fraîches, elles renferment, comme toute la plante, un suc laiteux doux, amer et salin....."
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Théophile Gautier (1811-1872) - poète


.......

Adieu les églantines

Et, moissons enfantines,

Les bluets dans les blés,

Les vertes sauterelles,

Et les pissenlits frêles

Sans cesse échevelés.
..............

 

Mythologie des fleurs - le pissenlit


Élie Reclus (1827-1904), est un journaliste, écrivain, ethnologue et militant anarchiste français de la fin du XIXe siècle.


........"Le pissenlit roi de la prairie, évoque l’idée de radiation : cette Composée est l’image d’état harmonique. Ses feuilles sont radiantes ; le pissenlit radie, il va du centre à la circonférence et revient de la circonférence au centre. 

Cette fleur qui est un soleil, devient une voie lactée, un monde d’astres après la floraison. Elle passe de vert en jaune et en gris-bleu.
La fleur est simple ; chaque fleur est si tranquille, est tout à fait chez soi et veut sa part de lumière, de chaleur, du monde entier dans le minimum d’espace.

 La splendeur du pissenlit, son moment de beauté suprême, est avant son complet développement. Les pétales du pissenlit sont jaunes, mais les étamines sont oranges. Quand le rouge s’y met, on pense à la chaleur, à la passion. L’orange enthousiaste évoque l’admirable élan des idéalistes."......
 

Elie Reclus

Elie Reclus


Victor Hugo - Les Misérables - tome 1 - page 686 - 1862


Victor Hugo utilisa le premier l'expression dans les Misérables : 

"être mort, cela s’appelle manger des pissenlits par la racine (…)".


Cette plante a la particularité de pousser rapidement et naturellement notamment dans la terre fraichement labourée ou retournée. On trouvait donc souvent des pissenlits à l’endroit où la terre avait été creusée pour enterrer quelqu’un.


. L'éminent lexicologue Alain Rey rappelle toutefois que le terme "pisse" contenu dans pissenlit a autrefois eu un lien intime avec la mort dans la formule "pisser sur la fosse de quelqu'un" qui voulait dire "lui survivre". 
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

François Coppée (1842-1908) - poète

 

 

J'adore la banlieue avec ses champs en friche


J'adore la banlieue avec ses champs en friche

Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche

Me parle de quartiers dès longtemps démolis.

Ô vanité ! Le nom du marchand que j'y lis

Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.

Je m'attarde. Il n'est rien ici qui ne me plaise,

Même les pissenlits frissonnant dans un coin.

Et puis, pour regagner les maisons déjà loin,

Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,

Je prends un chemin noir semé d'écailles d'huîtres.
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Encyclopédie Théologique - 1856 - publié par M. L'abbé Migne

Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires

 

Louis Pierre Francois Adolphe marquis de Chesnel de la Charbouclais


......"Lorsque le pissenlit est en graines, chacune de celles-ci est surmontée d'une aigrette qui la soutient dans l'air et la transporte quelquefois à de très grandes distances. A cet état de fructification, la fleur n'offre plus de pétales, mais une sorte de globe plumeux que le souffle suffit pour briser et en disperser les parties. 
Les jeunes filles ont encore fait de ce globe un objet de divination. Pour s'assurer d'une chose qui occupe leur pensée, elles soufflent une seule fois sur la boule en question : si toutes les graines se dispersent sous l'effort de cet innocent ouragan, la réussite du projet formé est immanquable ; mais s'il reste seulement une graine attachée au réceptacle, c'est qu'on ne doit avoir aucun espoir d'arriver à ses fins"........

 

Pissenlit - Marie Cardouat

Pissenlit - Marie Cardouat


Guy de Maupassant (1850-1893) écrivain et journaliste littéraire français écrit dans


une vie - 1883 - 


....."Etaient-ce la même campagne, la même herbe, les mêmes arbres qu'au mois de mai ? Qu'étaient donc devenues la gaieté ensoleillée des feuilles, et la poésie verte du gazon où flambaient les pissenlits, où saignaient les coquelicots, où rayonnaient les marguerites, où frétillaient, comme au bout de fils invisibles, les fantasques papillons jaunes ? Et cette griserie de l'air chargé de vie, d'arômes, d'atomes fécondants n'existait plus"......
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Guy de Maupassant (1850-1893) 


Contes et nouvelles - Histoire d’une fille de ferme, 

..."La cour de ferme, enfermée par les arbres, semblait dormir. L’herbe haute, où des pissenlits jaunes éclataient comme des lumières, était d’un vert puissant, d’un vert tout neuf de printemps. —"...
 

impression de champ de pissenlits - Igor Barkhatkov

impression de champ de pissenlits - Igor Barkhatkov

 

fin du XIXe et du début du XXe siècle 


Le pissenlit dans l'art nouveau


- la marque du dictionnaire Larousse, symbole de "la connaissance semée à tout vent "


Evolution du logo 


je sème à tout vent - Larousse 1876 -

Émile Reiber (1826-1893), architecte et décorateur français 

 

je sème à tout vent - Larousse 1876 -   Émile Reiber (1826-1893), architecte et décorateur français 

je sème à tout vent - Larousse 1876 - Émile Reiber (1826-1893), architecte et décorateur français 

 

L'image représentant une femme soufflant sur les aigrettes de pissenlits est due au peintre Eugène Grasset, 


Eugène Grasset (1845-1917)

ogotype de Larousse - 1890

Eugène Grasset (1845-1917) Logotype de Larousse - 1890

Eugène Grasset (1845-1917) Logotype de Larousse - 1890

 

Eugène Grasset (1845-1917) artiste

Petit-larousse - 1905

Petit-larousse - 1905

Petit-larousse - 1905

 

Jean Picart Le Doux (1902-1982) artiste peintre

Larousse 1970
 

Jean Picart Le Doux (1902-1982) Larousse 1970

Jean Picart Le Doux (1902-1982) Larousse 1970

 

Yan Pennor's (1957) designer graphiste

Logo de Larousse avec son allégorie de La semeuse stylisée

Larousse 1993 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Christian Delacroix - couturier

Larousse pour le millésime 2005 

Le nombre d’akènes change, mais le symbole demeure.
 

Christian Delacroix - Larousse 2005

Christian Delacroix - Larousse 2005

 

Maurice Pillard Verneuil (1869-1942)

art nouveau -

illustration dandelion, pissenlit, lowenzahn, 
 

Maurice Pillard Verneuil (1869-1942)  art nouveau - illustration pissenlit

Maurice Pillard Verneuil (1869-1942) art nouveau - illustration pissenlit

 

Juliette Milesi (1872-1959) 

art nouveau - illustration pissenlit
 

Juliette Milesi (1872-1959)   art nouveau - illustration pissenlit

Juliette Milesi (1872-1959)  art nouveau - illustration pissenlit

 

Daum


(ex Compagnie française du cristal Daum) est une cristallerie fondée en 1878 à Nancy, en Lorraine, en France par Jean Daum. Les ateliers Daum ont formé quelques-uns des grands noms de l'Art nouveau : Jacques Grüber, Henri Bergé, Almaric Walter, les frères Schneider y font leurs débuts…

- vases à décor de pissenlit

- 1890 comme la plume au vent

- 1900
 

vase Daum pissenlits 1890

vase Daum pissenlits 1890

vase Daum pissenlits 1900

vase Daum pissenlits 1900

 

Le fer forgé Art Déco d’Yvan Mercier


Spécialiste de la ferronnerie Art Déco, Yvan Mercier créé des lampes et du mobilier d'intérieur en s'inspirant des techniques des plus grands maîtres ferronniers d'art de cette époque (1910, 1920, 1930),
 

 

Depuis bien longtemps, la médecine populaire a reconnu à la racine de Pissenlit le pouvoir de stimuler les fonctions hépatiques. Cette propriété a été confirmée au 20e siècle, où elle fut employée avec succès contre les congestions du foie.

 

En 1927, le Dr Henri Leclerc, grand phytothérapeute écrivait


 ” Le pissenlit essore l’éponge hépatique et rince le filtre rénal “. 
 

 

Jean Rogissart, Mervale, Éditions Denoël, Paris, 1937, page 16)

 

....."Finis les feux de la veille et les longues parlottes des jours de neige et de frimas, des jours de prison et d’ennui : les pissenlits pointaient;" ......— 

pissenlits -  Mona Davis

pissenlits - Mona Davis

 

Jean-Paul Sartre (1905-1980) - La mort dans l'âme - Les Chemins de la liberté.


(Mort dans l'âme, 1949, page 134).

 "Il pense à tous les types qui essaieront de vous faire la cour pendant qu'il cassera les cailloux.
- Ou qu'il mangera des pissenlits par la racine, dit Pinette".

 

 

Alfred Jarry (1873-1907) poète, romancier, écrivain et dramaturge français.

 
Ubu roi (1888) 

..."Ainsi que le coquelicot et le pissenlit à la fleur de leur âge sont fauchés par l'impitoyable faux de l'impitoyable faucheur ... - ainsi le petit Rensky a fait le coquelicot."....
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Sidonie-Gabrielle Colette, (1873-1954) femme de lettres française,

 

Belles Saisons - 1945

...."Tout près de Paris, à vos pieds, promeneurs, cette rosace délicate, c'est le jeune pissenlit, et cette perle à son centre, c'est sa future fleur.'....
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Salvadore  Dali (1904-1989) - peintre


Battle Around a Dandelion (Bataille autour d’un pissenlit) - 1946
 

Salvadore  Dali (1904-1989) bataille autour d’un pissenlit - 1946

Salvadore  Dali (1904-1989) bataille autour d’un pissenlit - 1946

 

Jean de La Varende (1887-1959) est un écrivain français.


La Normandie en fleurs - 1950

...."Nous vîmes, un jour de vent d’orage, un hêtre se dépouiller d’un coup de toute sa feuillée, exactement comme une boule lumineuse de pissenlit "....− 
 

 

Jacques Prévert (1900-1977) - poète

 

......

Une hirondelle vole dans le ciel

vole vers son nid

son nid où il y a des petits

elle leur apporte une ombrelle

des vers de vase des pissenlits

un tas de choses pour amuser les enfants

dans la maison où il y a le nid

.......
 

 

Alain Hannacart (1955) - poète


Le pissenlit


Comme on met dans les livres les mots venus du cœur

Les graines sont réunies en une sphère délicate

Offert à tous les vents chaque trait devient une fleur

Comme un petit soleil sur le bord du chemin.
 

Mythologie des fleurs - le pissenlit

 

Le pissenlit en musique et chansons

 

Le pissenlit d'Anne Sylvestre


J'ai cueilli, j'ai cueilli

Trois fleurs de pissenlits, trois fleurs de pissenlits

J'ai choisi, j'ai choisi,

Les plus épanouies, les plus épanouies

 

Mais les autres m'ont dit, tireli

C'est que des pissenlits, mon ami

C'est même pas joli

Mais les autres m'ont dit, tireli

C'est que des pissenlits, mon ami

C'est même pas joli

 

J'ai cueilli, j'ai cueilli

Trois autres pissenlits, trois autres pissenlits

J'ai choisi, j'ai choisi,

Les plus épanouis, les plus épanouis

 

Et la maîtresse a dit, tireli,

Qu'ils étaient très jolis, mes amis,

Et elle a dit merci

Et la maîtresse a dit, tireli,

Qu'ils étaient très jolis, mes amis,

Et elle a dit merci

 

J'aime bien les pissenlits, elle a dit,

J'aime bien les pissenlits, c'est joli,

Elle a dit :"Eh bien oui !"
 

 

Les pissenlits par Ricet Barrier 

 

 

mais aussi les Rollings Stones (Mick Jagger & Keith Richards)


Dandelion (Pissenlit/dent-de-lion)
 

 

M.C. Palys  (1990) 

..."Doux souvenir d'enfance, je vois encore mon père cueillir une fleur de pissenlit, lui couper la tige, avec son couteau suisse, sortit de sa poche, en fendre le bout et écraser l'extrémité pour l'aplatir, afin d'en faire un sifflet, pour une petite musique."....

 

L'usine nouvelle - 2014


.........Les premiers pneus tests fabriqués par le manufacturier allemand Continental à l’aide d’un mélange de gomme innovant appelé Taraxagum, issu du pissenlit, ont été présentés à la foire de Hanovre en septembre. Le caoutchouc naturel employé dans le mélange de gomme de la bande de roulement généralement issu de l’hévéa a été remplacé à 100 % par du Taraxagum...........


..........Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pissenlit avait déjà été utilisé à cette fin, mais s'était avéré bien moins productif que l'hévéa. Et pour cause : le latex issu du pissenlit coagule - ou polymérise - spontanément et rapidement en caoutchouc, ce qui rend difficile sa récolte. Mais les chercheurs allemands sont parvenus à créer des pissenlits transgéniques dans lesquels l'enzyme à l'origine de la coagulation a été désactivée, pour un rendement de 4 à 5 fois supérieur. 
 

 

Le pissenlit dans le langage des fleurs


Symbolise la santé, l'intelligence, la chaleur, la résistance, l'abondance, la prévoyance et la liberté.


- Je répands la bonne semence. (le duvet fin et léger qui s'envole au moindre souffle)


- C'est aussi la fleur de l'enfance, de l'innocence et de la nostalgie, de l’insouciance, (lorsque l’on soufflait sur sa boule duveteuse pour faire un vœu.)
 

Françoise Méthot - cueillette des pissenlits

Françoise Méthot - cueillette des pissenlits

Mythologie des fleurs - le pissenlit
pissenlits - Tom Sierak

pissenlits - Tom Sierak

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2 avril 2020 4 02 /04 /avril /2020 16:49

Mythologie des fleurs 


Monnaie du Pape
Lunaire

 

....."Ce genre présente aux curieux, une agréable jouissance, par ses fleurs assez grandes, nombreuses, purpurines, ou mélangées de blanc et d'incarnat, disposées en bouquets ou en panicules étalées, au sommet de la tige et des rameaux : il leur succède des silicules très grandes, minces planes, de forme ovale ou arrondie : les deux valves tombent ; leur cloison persiste, et offre un beau disque satiné d'un blanc argenté et brillant, qu'on a comparé à la lune dans son plein, d'où lui est venu le nom de Lunaire (lunaria, Linn.)".......


Histoire des plantes de l'Europe - par J.L.M Poiret - tome Vi - 1829
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

La Lunaire (latin Lunaria), nom dérivé de luna, "lune", 


doit son nom au disque, fine membrane séparant les deux valves des fruits, d’un blanc argenté très luisant, semblable à l'éclat de la lune.


C'est une plante dicotylédone de la famille des brassicacées, ou crucifères, appartenant au genre Lunaria.
(Les plantes dicotylédones constituent une classe de végétaux dont l'embryon possède deux cotylédons, soit deux feuilles primordiales).

 
Monnaie du Pape :

une allusion aux gousses translucides et argentées semblables à des pièces qui contiennent des graines.


Les oiseaux les adorent !
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

On en connaît deux principales espèces, 


- Lunaria rediviva, la lunaire vivace,


Elle préfère les climats tempérés à froids (elle est abondante en Grande-Bretagne), 


Cette vivace apprécie surtout les lieux humides, notamment les bois. Ses feuilles sont plus nettement dentées que celles de L. annua, et ses fleurs violettes à quatre pétales beaucoup plus odorantes, les fruits, silicules très plates, ovales. 


Elle nous offre sa jolie floraison à partir du mois de mai.
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

- Lunaria annua, (L. biennis) la lunaire annuelle ou bisanuelle plus connue sous le nom de monnaie du pape. 


On la rencontre fréquemment au bord des chemins ou dans les décombres, dans des lieux semi-ombragés. 


Ses petites fleurs roses violettes ont quatre pétales, et les fruits circulaires sont semblables à des pièces d'argent d'où son nom de "monnaie du pape", 


Elle peut atteindre 60 cm à 1 m de haut. La tige est légèrement velue. Les feuilles sont grossièrement dentées, en forme de cœur assez grandes. Les fleurs forment de fausses ombelles au sommet d'une longue tige dressée. 


Elles fleurissent au mois d'avril.


Les plantes se ressèment naturellement au gré du vent.


Les jeunes plants passent l'hiver à l'état de rosettes de feuilles.

Au printemps, dès les premières douceurs, une tige s'élève en haut de laquelle apparaissent des fleurs en forme de croix, violettes ou blanches, parfumées.


Dès que le soleil se couche et que la nuit commence, les calices s'ouvrent et dégagent un parfum intense. Cela attire les insectes pollinisateurs, principalement les papillons de nuit. Les plantes assurent ainsi leur pérennité.


 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Lunaria telekiana est une autre espèce de lunaire endémique, rare et mal connue connue, d' Albanie, du Monténégro et du Kosovo .

Il a été proposé de la protéger en vertu des traités internationaux sur les espèces menacées. 

Lunaria telekiana - timbre albanais

Lunaria telekiana - timbre albanais

 

Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771


...."L’alysson de Dioscoride, est une espèce d’un autre genre de plante, qu’on appelle bulbonac, Lunaria. Sa racine est dure, blanche, & d’un goût brûlant. Ses feuilles sont au commencement presque rondes ; ensuite elles deviennent plus longues, & finissent en une pointe obtuse. Elles sont blanches, velues, & rudes. Ses fleurs sont en grand nombre, composées de quatre feuilles disposées en croix, & petites. Sa semence, qui est contenue dans des siliques, est de la figure d’un petit rein, élevée en lentille, & dont les bords sont déliés. ".......


Dioscodide (20 et 40 ap. J.-C) médecin grec
 

Dioscoride

Dioscoride

 

Autrefois, ses feuilles au goût âcre et amer étaient vantées en médecine pour leurs propriétés apéritives, diurétiques, antiscorbutiques et antiépileptiques et sa racine bulbeuse connue sous le nom de Bulbonac se mangeait en salade. 
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,

 

Elles sont dotées de pouvoirs magiques


La fée Honesty (Honnêteté) (nom de la lunaire au Royaume Uni)
 

fée Honesty (honneteté - lunaire-monnaie du pape)

fée Honesty (honneteté - lunaire-monnaie du pape)

 

 

Outre monnaie du pape, on la surnomme Herbe aux écus, Herbes aux lunettes, Passe-satin, Bulbonac, Médaille de Judas,  Médaillon, Satin blanc…. 

Le nom commun Honesty (Outre Manche) "honnêteté" est apparu au 16ème siècle, et peut également se rapporter aux gousses translucides.

"Lorsque la plante pousse naturellement dans une maison, cela veut dire que les personnes qui l'habitent sont honnêtes."
 

 En Asie du Sud-Est, on l'appelle "l'usine d'argent" 


Aux États-Unis, la lunaire est communément appelée "dollars d'argent"  "Silver Dollar, "argent chinois" ou "pièces de monnaie chinoise" parce que ses gousses ont l'apparence de pièces en argent.


Les pèlerins l'ont  amenée aux colonies sur le Mayflower en 1620. 


Thomas Jefferson (1743-1826) l'a élevée dans les célèbres jardins de Monticello (sa maison et son domaine) près de Charlottesville, en Virginie, à l'est des États-Unis. et l'a mentionnée dans ses lettres.


En français, la lunaire est connue sous le nom de "monnaie du pape" ("Pope's money"). 


Au Danemark, elle est connue comme judaspenge, 
et dans les pays néerlandophones comme judaspenning les deux signifiant "pièces de Judas", une allusion à l'histoire de Judas Iscariot et aux trente pièces d'argent qu'il a été payé pour avoir trahi le Christ.
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Dans :

Bon jardinier - 1811, p. 357. (destiné à l'Impératrice Joséphine)


.... "Les fleurs sont assez semblables à celles de la giroflée rouge simple...


Aux fleurs fanées succèdent des silicules plates, larges, orbiculaires comme la lune, terminées au sommet par le bout restant du pistil, ce qui a fait nommer trivialement cette plante Clef-de-montre. La cloison du milieu débarrassée de chaque côté de sa valve reste brillante et d'un blanc argenté comme la nacre de perle : ce qui a fait donner encore à la plante les noms de Monnoie du Pape, de Médaille de Judas, de Satinet et de Satin-Blanc. On s'est amusé longtemps à parer les cheminées de ces sortes de bouquets.".........
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

Dans :

Jaucourt - L’Encyclopédie, 1re éd. - 1751 (Tome 9, p. 725).


....."Elle tire son nom de bulbonac de sa racine bulbeuse ; celui de médaille dérive de la rondeur de ses siliques & de leur bord argentin. Le nom de lunaire dépend de la même cause ou de la forme de ses graines ; les noms de satinée, de satin blanc ou de passe-satin viennent de ce que les cosses de cette plante, dans leur maturité, sont transparentes & ressemblent à du satin blanc. Cette transparence est produite par la cloison mitoyenne de ces siliques, laquelle cloison est d’un blanc argenté, très-luisant. Les Anglois connoissent aussi cette espece de lunaire sous le nom de white-satin, & ce sont eux qui m’ont appris l’origine du nom françois." ........
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Saint Albert le Grand (V.1200-1280) est un frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste. Évêque. 


Albert le Grand fut-il magicien ? Il le dit : 


"Bien plus, nous sommes experts en magie.... Etiam nos ipsi sumus experti in magicis" (De anima...., I, 2, 6 ; éd. Stroick p. 32).


....."Une branche de monnaie du pape avec les silicules sèches permettait de protéger les personnes qui ouvrirait le livre de magie noire "Le grand Albert" (grimoire, célèbre livre de magie populaire, en latin, vers 1200-1280). Commencé peut-être vers 1245, il reçoit sa forme définitive vers 1580, et son édition française classique est de 1703"......


 Un tel livre avait la réputation de libérer tous les sorts pour lequel il avait été utilisé, lorsque ce n'était pas son propriétaire qui le consultait. 


La monnaie du pape permettait d'éviter la projection et l'utilisation des sorts en magie noire.


En magie, elle chassait les créatures censés sortir la nuit et les mauvais esprits qui envahissent la campagne.


Mise dans la maison, on pensait qu’elle apportait fortune et richesse.
 

Albertus Magnus, fresque de Tommaso da Modena (1332)

Albertus Magnus, fresque de Tommaso da Modena (1332)

 

On peut lire dans :


Plant Lore, Legends and Lyrics


..."Honesty  (honnêteté -Lunaria biennis - Lunaire et Moonwort, etc..). est mentionnée par C Geoffrey Chaucer (1340 -1400) poète anglais et auteur, comme l'une des plantes utilisées dans les incantations:


.....“And herbes coude I tell eke many on,
As Egremaine, Valerian, and Lunarie,
And other swiche, if that me list to tarie,
Our lampes brenning bothe night and day,
To bring about our craft if that we may,
Our fournies eke of calcination,
And of wateres albification.”......

 

Michael Drayton (1563-1631) un poète anglais 
fait également référence aux vertus de la plante: -

 

....."Enchanting Lunary here lies,
In sorceries excelling.”.....


Le poète nous dit également que cette Lunaire était considérée comme efficace dans la guérison de la folie.


.....“Then sprinkles she the juice of Rue
With nine drops of the midnight dew,
From Lunarie distilling.”.....


Il y a une superstition populaire selon laquelle partout où l'honnêteté (honesty) pourpre est florissante, les cultivateurs des jardins sont exceptionnellement honnêtes.
 

Plant Lore, Legends and Lyrics

Plant Lore, Legends and Lyrics

 

La lunaire a été mentionnée plusieurs fois à la Renaissance,

notamment par 
Jean Wier (1515-1588) médecin et opposant à la chasse aux sorcières.

 

dans
Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens infâmes, sorcières et empoisonneurs. Chapitre XVIII, 1579.


...."L’herbe communément nommée Lunaire, que aucuns appellent l’estoile de terre, qui porte sa semence en une petite graine ronde, s’ouvre de nuict & reçoit tellement les rayons de la lune qu’il semble que ce soit une étoile luisante. Les habitants des lieux ou telle herbe se trouve, voyans cette clarté la fuyent, estimans que ce soit un fantome dangereux"....
 

Jean Wier - Gravure de Johann Weyer par Pieter Holsteyn II de 1660

Jean Wier - Gravure de Johann Weyer par Pieter Holsteyn II de 1660

 

Autrefois, on nommait la lunaire "oublie"

 

Dans Le langage des fleurs de Louise Cortambert, Louis-Aimé Martin - 1842 - page 256 elle dit :


...."L'oublie est la même plante que la grande lunaire, qu'on appelle aussi Monnaie du Pape, Médaille de Juda, la Nacrée, la Satinée. Cette plante doit ses noms variés, non à sa graine, comme on le pense communément, mais à la cloison qui partage ses siliques plates, larges, orbiculaires comme la lune. Cette cloison dégagée de ces valves, ressemble à des médailles ou à des oublies. 
René, duc de Bar et de Lorraine, ayant été fait prisonnier à la bataille de Thoulongeon, peignit de sa propre main une branche d'Oublies, et l'envoya  à ses gens, pour leur reprocher leur peu de diligence à le délivrer.".....

 

Louise Cortambert
Louise Cortambert

Louise Cortambert

 

Une oublie est une pâtisserie qui date du Moyen Âge.
Mince et de forme ronde, elle est préparée à partir de farine et d'eau, de lait ou de vin blanc, d'œuf, de sucre ou parfois de miel. Elle est cuite entre deux fers par l'"oublieur", comme une gaufre, puis souvent roulée en cylindre creux. 


En Algérie, dans les années 1950, les vendeurs ambulants proposaient, en criant "marchand d'oublies".


Altération de l'ancien français oblaye, obleie, oblee (au XII° siècle), "oublie" vient du bas latin ecclésiastique oblata (hostia) "offrande, pain offert à l'eucharistie" de oblatus "offert ", spécialement "offert à dieu, sacrifié", 


Selon d'autres lexicographes, le terme oublie pourrait remonter au mot grec obélias (qui a donné le terme obélie utilisé par Rabelais), désignant un pain, de forme allongée et étroite, cuit à la broche ou entre deux fers et vendu en obole pour être servi à la fin du repas et trempé dans du vin.


Le premier sens du mot fut celui de pain azyme utilisé pour la consécration de la messe. Au second sens, c'est la pâtisserie, d'abord préparée comme l'hostie.
 


Face interne d'une palette de fer à oublie, Musée de la Gourmandise, Hermalle-sous-Huy
 

Face interne d'une palette de fer à oublie

Face interne d'une palette de fer à oublie

 

Reconstitution graphique d'une oublie d'après la palette de fer

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Le motif  "monnaie du pape" a été très représenté dans le mouvement Art nouveau de l'École de Nancy.


(L'Art nouveau, Modern style ou style Nouille est un mouvement artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle qui s'appuie sur l'esthétique des lignes courbes.)


L'école de Nancy, Alliance provinciale des industries d'art (en général appelée seulement école de Nancy) est le fer de lance de l'Art nouveau en France, dont l'inspiration essentielle est à chercher dans les formes végétales.
 

 

 

Louis-Jean-Sylvestre Majorelle, usuellement Louis Majorelle (1859-1926),

était un ébéniste et décorateur français du mouvement Art nouveau de l'École de Nancy, dont il fut également vice-président.


Villa Majorelle - Porte d'entrée décor Monnaie du Pape
 

Villa Majorelle - Porte d'entrée décor Monnaie du Pape

Villa Majorelle - Porte d'entrée décor Monnaie du Pape


 

Louis Majorelle (1859-1926), décorateur Monnaie du Pape rampe d'escalier -1904
 

 Louis Majorelle (1859-1926), décorateur Monnaie du Pape rampe d'escalier -1904

Louis Majorelle (1859-1926), décorateur Monnaie du Pape rampe d'escalier -1904

 

Emile Gallé, Vase Moonwort, 1894


Intitulé Moonwort, ce petit vase de forme tubulaire a été offert par Gallé à son ami Henri Hirsh. La boîte en marqueterie de bois qui l'accompagne lui servait d’écrin.


Sur la surface de ce vase se développe une plante de la famille des lunaria, communément appelée monnaie-du-pape. La branche de cette plante comporte des fleurs violettes et des fruits en forme de disques de couleur verte. Devenant beiges argentés une fois secs, ces disques ont la particularité de réfléchir la lumière, d’où le nom anglais de "moonwort".


Sur le flanc du vase on distingue l’inscription latine

 "Recondite vobis thesauros in coelos".


 La teneur de cette citation de l'évangile selon saint Matthieu est la suivante : 

"Ne vous amassez pas des trésors sur la terre" (…) Mais amassez-vous des trésors dans le ciel".


Cette création n’est donc pas dénuée d’humour. Gallé juxtapose la recommandation biblique à une plante baptisée monnaie-du-pape. 
 

Emile Gallé, Vase Moonwort, 1894 - musée Ecole de Nancy

Emile Gallé, Vase Moonwort, 1894 - musée Ecole de Nancy

 

Vase Daum Freres & Cie., Nancy, (1894-1896) -glass Bröhan Museum, Berlin - Monnaie du pape sur lequel est inscrit :


"Monnaie fait poids, Beauté fait soie",
 

Monnaie du Pape -Daum Freres & Cie., Nancy, (1894-1896) glass Bröhan Museum, Berlin

Monnaie du Pape -Daum Freres & Cie., Nancy, (1894-1896) glass Bröhan Museum, Berlin

 

Vase Daum Freres & Cie., Nancy, 
Monnaie du pape - 1894 /1896 

Monnaie du Pape -Daum Freres & Cie., Nancy, (1894-1896)

Monnaie du Pape -Daum Freres & Cie., Nancy, (1894-1896)


René Lalique (1880 - 1945)


Vase Lalique Monnaie du Pape - 1914
 

 vase Lalique monnaie du pape - 1914

vase Lalique monnaie du pape - 1914


Broche Art  Nouveau scarabée et monnaie du Pape jugendstil 1900
 

 Broche Art  Nouveau scarabée et monnaie du Pape jugendstil 1900

Broche Art  Nouveau scarabée et monnaie du Pape jugendstil 1900

 

La monnaie du pape est très appréciée en bouquets secs lorsque les parois externes des silicules s'étant détachées, il ne subsiste plus que la membrane translucide qui sépare les deux moitiés du fruit.


Il suffit de faire sécher les fleurs la tête en bas.


A l’automne, laissez quelques écus en place pour que la plante se ressème spontanément.


outre les décorations en vase 


 nature morte au vase de chine, bouquet de monnaie du pape et livres
 

 nature morte au vase de chine, bouquet de monnaie du pape et livres

nature morte au vase de chine, bouquet de monnaie du pape et livres

 

Dans :
Précis de phytographie ou histoire naturelle des plantes - 1818- page 423 


on peut lire


..."La lunaire ou monnaie du pape, satin blanc (lunaria annua L.), originaire de Suisse, à grandes feuilles cordiformes sur une tige de près de trois pieds, terminée par une panicule lâche de fleurs lilas. La cloison des silicules persistantes et de couleur perle argentée peut être employer comme ornement dans la coiffure."....
 

peigne de cheveux monnaie du pape

peigne de cheveux monnaie du pape

 

Bouquet de mariée monnaie du pape

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Décoration de Pâques

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Couronne de Noël ou bougeoir

ouronne de Noel ou bougeoir monnaie du pape

ouronne de Noel ou bougeoir monnaie du pape

 

Dans le langage des fleurs 


- la monnaie du pape signifie "oubli"


- Un gros bouquet en mélangeant les variétés blanches et violettes peut signifier "la fascination.
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)

 

Anne Philipe (1917-1990) femme de lettres française 


Un été près de la mer, France Loisirs, p. 97)


...."Le dessin avait des couleurs éclatantes : la maison orange, l’arbre vert, la route bleue, et au premier plan le chien marron-roux avec des yeux immenses comme des monnaies-du-pape." —.....
 

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
3a Monnaie du pape et fruits , 1904, - Louis Valtat

3a Monnaie du pape et fruits , 1904, - Louis Valtat

Lunaria (Les monnaies du Pape). - Marc Chagall. 1

Lunaria (Les monnaies du Pape). - Marc Chagall. 1

La monnaie du pape, peinture de Jacques Roger Simon, signé et daté b. g. 1933

La monnaie du pape, peinture de Jacques Roger Simon, signé et daté b. g. 1933

Lunaria annua, Anselmus Boëtius de Boodt, 1596

Lunaria annua, Anselmus Boëtius de Boodt, 1596

honesty - Lynne Henderson

honesty - Lynne Henderson

lunaria biennis (annua)

lunaria biennis (annua)

lunaria maior - Viola

lunaria maior - Viola

lunaria rediviva - lunaire vivace - gravures botanique Rousseau

lunaria rediviva - lunaire vivace - gravures botanique Rousseau

Représentation de la Lunaria major. Manuscrit italien du XVe siècle. Ici les siliques de la plante ont l’aspect de petites lunes

Mythologie des fleurs - Monnaie du Pape (Lunaire)
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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 16:11

 

Mythologie


Acanthe  
 

.....
"La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé, verdir une autre acanthe ;......

 

José-Maria de Heredia (1842-1905) - L'oubli
 

 

L'acanthe (Acanthus), est un genre de plantes vivaces, de la famille des Acanthacées comprenant une trentaine d'espèces originaires surtout d'Eurasie et d'Afrique.

 

On la trouve en Europe méridionale. La Grèce, la Dalmatie, l’Italie, le Portugal en possèdent plusieurs espèces. Ce sont de grandes herbes vivaces, à feuilles presque toutes radicales, dont les découpures latérales sont souvent terminées en épines, de là le nom du genre (du grec akanthos, épine).

 

L'acanthe séduit par sa grandeur et ses fleurs structurées.
 

Mythologie des fleurs - Acanthe


C'est une plante vivace majestueuse, aussi appelée patte-d'ours, pied d'ours, avec de grandes tiges à fleurs blanches et pourpres avec de grandes feuilles vertes. Elle  peut vite devenir envahissante si elle a trouvé l'emplacement idéal.

 

L’acanthe attire les abeilles et bourdons, seuls capables de polliniser ses fleurs. 
 

Mythologie des fleurs - Acanthe

Les deux espèces les plus répandues du genre sont  :


l’Acanthe molle (Acanthus mollis)


Elle affectionne les endroits arides. Ses nombreuses feuilles opposées sont grandes, divisées en plusieurs lobes dentés mais non épineux, d'un vert profond, luisantes, molles au toucher. Elle possède un long pétiole, l'ensemble pouvant atteindre près d'un mètre. 


Chaque fleur est entourée par trois bractées, la bractée centrale étant découpée et plus  grande que les deux autres. Le calice présente deux lèvres, dont la supérieure, assez longue et formant une sorte de "casque" au-dessus de la corolle, fréquemment teintée de violet sur le dessus. La corolle se réduit à une lèvre inférieure blanche, veinée de rose pourpre, à trois découpures ; Les quatre étamines sont soudées à la corolle.


Elle offre une floraison en épis spectaculaires de mai à août.
 

l’Acanthe molle (Acanthus mollis)

l’Acanthe molle (Acanthus mollis)

feuille acanthe molle

feuille acanthe molle

L’Acanthe épineuse (Acanthus spinosus)


possède des feuilles vert foncé luisant, moins larges que celles de l’espèce précédente, mais plus épineuses et plus profondément découpées. Sa tige est haute de plus d’un mètre. 


Ses fleurs lilas forment des épis moins allongés ; le calice présente quatre lobes dont deux plus grands, la corolle forme un tube fendu étalé en une seule lèvre à trois découpures. Il y a quatre étamines, dont deux plus petites. 


Elle offre une floraison estivale de juillet à août. 
 

’Acanthe épineuse (Acanthus spinosus)

’Acanthe épineuse (Acanthus spinosus)

feuille d'acanthe épineuse

feuille d'acanthe épineuse


Ces deux plantes, sont très employées dans les jardins paysagers. Leur ample et élégant feuillage forme des touffes d’une beauté remarquable. 
 

acanthes dans un massif paysager

acanthes dans un massif paysager

La feuille d’acanthe a été pendant longtemps l’élément le plus employé de la flore ornementale ; elle n’est caractéristique d’aucun style particulier car on la retrouve partout.

Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe

Histoire


Les bienfaits de l’acanthe à feuilles molles sont connus depuis l’Antiquité, en particulier son effet tonique et stimulant. 


Cette plante entrait dans la composition de boissons administrées aux guerriers pour reprendre des forces après le combat. 


De célèbres médecins grecs, notamment Pedanius Dioscoride (20-40/90 ap. J.-C) la recommandaient pour soigner les plaies et les coliques.
 

Dioscoride

Dioscoride


...."Les anciens ornoient de la figure de feuilles d'acanthe les habits précieux ; Virgile en parlant de la robe d'Hélène dit qu'elle étoit relevée de feuilles d'acanthe en broderie."....

(La botanique historique et littéraire - tome 2)

Hélène de Troie - Gaston Bussière

Hélène de Troie - Gaston Bussière

Les Danseuses de Delphes, également connues sous le nom de Colonne aux acanthes, sont trois figures en haut-relief surmontant une colonne d'acanthes trouvées près du sanctuaire d'Apollon pythien à Delphes.

Elles sont conservées au musée national archéologique de Delphes.

L'œuvre a inspiré à Claude Debussy le premier de ses Préludes.
 

Les Danseuses de Delphes, sur leur piédestal à feuilles d'acanthe

Les Danseuses de Delphes, sur leur piédestal à feuilles d'acanthe

 

Dans la mythologie grecque, Acanthe (Akantha) était une nymphe. 

Apollon (dieu des Arts,de la poésie...) voulut l'enlever et elle le griffa au visage.

Pour se venger, il la métamorphosa en une plante épineuse qui aime le soleil, et qui porte depuis son nom.
 

portrait de femme aux feuilles d'acanthe - Leonor Fini

portrait de femme aux feuilles d'acanthe - Leonor Fini


L'Acanthe molle (Acanthus mollis), est celle a inspiré les artistes grecs et romains ainsi que ceux la Renaissance et des Temps modernes par imitation de l'Antiquité. 


C'est surtout comme motif principal du chapiteau-corinthien que cette feuille a pris place dans l'histoire de l'architecture; elle a servi de base à des variations de détail véritablement très grandes qui ont pris pour point de départ une interprétation plus on moins libre de la nature; 
 

Acanthe Corinthian - image  provient des archives numériques NYPL

Acanthe Corinthian - image provient des archives numériques NYPL

On conte sans cesse l'anecdote devenue classique, qui suggéra la pensée de faire servir cette feuille aux besoins de l'architecture. 


C'est à Vitruve (1. IV, c. I,) que l'on doit de nous avoir transmis cette histoire :

 
  "Une jeune fille de Corinthe, arrivée à l'âge nubile, fut atteinte d'une maladie qui l'emporta ; après sa mort, de petits vases qu'elle avait aimés pendant sa vie, furent recueillis par sa nourrice, arrangés dans une corbeille, et déposés sur sa tombe, et pour qu'ils se conservassent plus longtemps au grand air, elle les recouvrit d'une tuile.

Cette corbeille avait été par hasard placée sur une racine d'acanthe. Pressée par le poids qui pesait en plein sur elle, cette racine d'acanthe poussa vers le printemps des tiges et des feuilles.

Ces tiges grandirent tout autour de la corbeille, puis rencontrant aux angles de la tuile une résistance qui les comprimait, elles furent forcées à leur extrémité de se recourber en forme de rouleau.

Le sculpteur Callimaque, que l'élégance et la délicatesse de son ciseau firent nommer chez les Grecs "Kat‹texnow" , passant auprès de ce tombeau, aperçut ce panier et les feuilles qui l'entouraient d'une manière si gracieuse.

Charmé de cette forme nouvelle, il l'adopta pour les colonnes qu'il éleva à Corinthe. Ce fut d'après ce modèle qu'il établit et régla les proportions de l'ordre corinthien."

 

Callimaque (Ve ou au VIe s. av. J.-C. ) Sculpteur et architecte de Corinthe
L'architecture de Vitruve. Tomes 1et 2/ trad. nouvelle par M. Ch.-L. Maufras,...C. L. F. Panckoucke, 1847. 

 

Callimaque invente le chapeau corinthien - Roland Fréart, Sieur de Chambray (ca 1606-1676)

Callimaque invente le chapeau corinthien - Roland Fréart, Sieur de Chambray (ca 1606-1676)

 

On trouve ce chapiteau corinthien :


En Grèce, le pilastre avec chapiteau corinthien des propylées du temple d'Eleusis, 


l'acanthe dans le grand fleuron qui surmonte la coupole du monument de Lysicrate à Athènes et les chapiteaux de cet édicule.

monument de Lysicrates - Grèce

monument de Lysicrates - Grèce

 

Diodore de Sicile (Diodorus Siculus) historien grec du ier siècle av. J.-C. cite

"de grandes acanthes d'or placées entre les colonnes sur le char qui portait le corps d'Alexandre le Grand."

Entrée d'Alexandre dans Babylone (1661-1665) Charles Le Brun,

Entrée d'Alexandre dans Babylone (1661-1665) Charles Le Brun,

 

Le temple d'Apollon à Bassae, et celui d'Artémis Laphria à Messène fournissent d'autres interprétations grecques de la grande feuille finement découpée, 

chapiteau temple d'Artémis

chapiteau temple d'Artémis

 

ainsi que les chapiteaux provenant du théâtre de Dionysos et de la Tour des Vents à Athènes, du temple d'Apollon à Phigalie. 


Durm, dans son travail sur l'architecture grecque, donne (p. 202) deux autres fragments d'acanthe conservés à Athènes, dont l'un se recommande par son élégance. 



 

 

Les monuments de Pompéi nous offrent des acanthes (d'inspiration grecque de la dernière époque); on en voit dans la maison de Plinius Rufus. 

 

L'époque romaine nous en a laissé un grand nombre; 


le chapiteau du temple de Mars vengeur à Rome possède de splendides feuilles d'acanthe, 
 

Chapiteau temple mars vengeur

Chapiteau temple mars vengeur

ainsi que le temple de Castor et Pollux à Cori, qui sont pourtant d'un caractère bien différent ;

il est indispensable de citer aussi les feuilles des temples d'Antonin et Faustine, du forum de Trajan, de l'Arc de Titus et autres temples de Rome, ainsi que celui de Vesta à Tivoli.

 

Le chapiteau du Panthéon à Rome

Le chapiteau du Panthéon à Rome

Le chapiteau du Panthéon à Rome

Le Bas-Empire continua cette tradition, qui s'affaiblit de plus en plus avec l'influence romaine; certaines feuilles d'acanthe, retrouvées dans les Gaules, sont grossières. 


A La Grande Mosquée de Kairouan - Tunisie
 

Chapiteau corinthien du portique qui précède la salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan.

Chapiteau corinthien du portique qui précède la salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan.

 

Ce décor peut être aussi observé entre autres à Saint-Remy, à Nîmes.

Chapiteau corinthien à Nîmes

Chapiteau corinthien à Nîmes

 

Plus tard au Moyen Âge, les sculpteurs de certaines églises romanes s’en servirent pour décorer les chapiteaux des arcatures, et Les enlumineurs de décorations.

 Annonciation encadrée de rinceaux dans Les Belles Heures du duc de Berry (1405-1409) - Pentecôte - Livre d'heures de Jean sans peur
 Annonciation encadrée de rinceaux dans Les Belles Heures du duc de Berry (1405-1409) - Pentecôte - Livre d'heures de Jean sans peur

Annonciation encadrée de rinceaux dans Les Belles Heures du duc de Berry (1405-1409) - Pentecôte - Livre d'heures de Jean sans peur

Mais il faut attendre la Renaissance italienne pour pour voir refleurir la feuille d'acanthe, et constater l’étendue de son emploi à l’ensemble des arts décoratifs ; 

Cartouche - III Ottomar Elliger (1727-1735) et Démarrage de feuilles d'acanthe sur un papier peint du XVIIIe siècle
Cartouche - III Ottomar Elliger (1727-1735) et Démarrage de feuilles d'acanthe sur un papier peint du XVIIIe siècle

Cartouche - III Ottomar Elliger (1727-1735) et Démarrage de feuilles d'acanthe sur un papier peint du XVIIIe siècle

et le XVIIIe siècle pour qu'elle s'épanouisse de manière contournée dans le mobilier.

Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe

Charles Nicolas Normand, architecte, historien de l'art, du patrimoine parisien, et archéologue français (1858-1934) dit :


"....Avec la Renaissance, cet ornement revient prendre la place qu'il mérite en raison de son élégance; les maîtres d'alors, ces architectes encore trop peu connus, se livrèrent à des études minutieuses sur les ruines antiques qu'ils reproduisirent ou dont ils s'inspirèrent; les variations sont alors extrêmement fantaisistes, cependant elles gardent encore quelquefois un grand caractère : on en peut juger par les exemples conservés dans le midi de la France à Vienne (Isère), à Poitiers, etc. Pourtant l'ensemble des feuilles d'acanthe produites à cette époque devient très défectueux; l'exécution comme l'idée sont lourdes et imparfaites, surtout en France et en Italie. Nous ne pouvons multiplier les exemples, comme nous l'avons fait pour l'époque grecque, qui nous en a laissé de si rares modèles qu'il est difficile de les reconnaître directement. Peu à peu cependant au génie souple de la Renaissance se substitua une formule enseignée dans les traités, qui limitait pour ainsi dire à peu près complètement la forme et la hauteur des feuilles; souvent, cependant, les artistes ne s'y soumirent plus......"

Marqueteries et bronzes dorés acanthes de style Louis XIV - André-Charles Boulle Commode

Marqueteries et bronzes dorés acanthes de style Louis XIV - André-Charles Boulle Commode

Pomona c.1885 by William Morris & Edward Burne-Jones

Pomona c.1885 by William Morris & Edward Burne-Jones

William Morris - Acanthus - papier 1874

William Morris - Acanthus - papier 1874

William Morris - Acanthus - papier 1875

William Morris - Acanthus - papier 1875


 

Dans le langage des fleurs, acanthe est le symbole de


- l'amour de l'art


- l'amour éternel


- Elle évoque la victoire sur les épreuves, symbolisées par les piquants de la plante.
 

acanthe

acanthe

 

 

René-François Sully-Prudhomme (1839-1907) -

 

Le cygne
.....
"Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes,

Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil

A des neiges d'avril qui croulent au soleil ;

Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire,

Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.

Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,

Le plonge, le promène allongé sur les eaux,

Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,

Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante."....
 

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

 

J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 118-119.


..."Les acanthes, dont le vert est glauque, ont des affinités avec l’eau azurée des fleuves; les ormes stériles, avec les roches; les myrtes, arbrisseaux de Vénus, avec les rivages de la mer qui l’ont vue naître; les vignes serpentantes en arcades, avec les courbes des collines; et les ifs hérissés, avec les givres de l’aquilon.".....
 

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

 

Émile Zola, La Faute de l’abbé Mouret, 1875


.......En bas, des acanthes bâtissaient un socle, d’où s’élançaient des benoîtes écarlates, des rhodantes dont les pétales secs avaient des cassures de papier peint. .....
 

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

 

Théophile Gautier, Le Roi Candaule, 1844


...."L’acanthe de Corinthe, la volute d’Ionie fleurissaient et se contournaient au chapiteau des colonnes"..... 
 

Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe

 

 

Sidonie Colette, Claudine à Paris,1901, page 62


... "la garniture de cheminée, amas informe et compliqué d’amours, d’acanthes, de volutes de bronze doré, me remplit d’admiration."... 
 


 

Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) - Poèmes antiques,La Mort de Penthée, 1874, page 180.


.... "Agavé, dont la joue est rose, Antonoé

 Avec la belle Inô, ceintes de verts acanthes, 

Menaient trois chœurs dansants d’ascétiques bacchantes 

Sur l’âpre kythairôn aux mystères voué. 

Elles allaient, cueillant les bourgeons des vieux chênes, 

L’asphodèle, et le lierre aux ceps noirs enroulé," ....
 

Penthée est déchiré par les Bacchantes ou Penteo Lacerato dalle Baccanti, Livre III, illustration des Métamorphoses d'Ovide, Florence, 1832 Luigi Ademollo

Penthée est déchiré par les Bacchantes ou Penteo Lacerato dalle Baccanti, Livre III, illustration des Métamorphoses d'Ovide, Florence, 1832 Luigi Ademollo

 

Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes,La Dryade, 1837, page 124.


Ménalque

.....
"Ida ! j’adore Ida, la légère bacchante :

Ses cheveux noirs, mêlés de grappes et d’acanthe,

Sur le tigre, attaché par une griffe d’or,

Roulent abandonnés ; sa bouche rit encor

En chantant Évoé ; sa démarche chancelle ;

Les pieds nus, ses genoux que la robe décèle,

S’élancent, et son œil, de feux étincelant,

Brille comme Phébus sous le signe brûlant"......
 

Bacchante par John Collier

Bacchante par John Collier

 

Anatole France (1844-1924) -

La Révolte des anges,1914, page 213.


...."À la porte du jardin (…) que fleurissaient le lis et l’acanthe toujours verte"....

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

Victor Hugo, La Légende des siècles,t. 4, 1877, page 573.


...."Viens, dit-elle. Je vins. Sa jeune taille était plus souple que l’acanthe; Elle errait éblouie, idéale bacchante, Sous des pampres divins"....
 

 

Alphonse Daudet, Le Nabab,t. 1, 1877, page 201.


… "quelque vieille abbaye (…) sans un vestige de l’homme parmi ses pierres où le lierre ne grimpe même plus, ni l’acanthe, mais qu’embaument les lavandes sèches et les férigoules".... 
 

 

Victor Hugo, Odes et ballades,

Le Chant de l’arène, t. 1, 1826, page 298

....

Voici la fête d’Olympie !

Tressez l’acanthe et le laurier !

Que les dieux confondent l’impie !

Que l’antique audace assoupie

Se réveille au cœur du guerrier !

....
 

 divinités de l'Olympe - Le Caravage

divinités de l'Olympe - Le Caravage

 

Anatole France (1844-1924)


A Théophile Gautier


Sur sa nouvelle d' " Arria Marcella "

Le creux d'un sein charmant que la cendre moula

Fut la coupe où tu bus cette ivresse éloquente,

Qui, sous l'étroit portique aux volutes d'acanthe,

Fit surgir dans la pourpre Arria Marcella.
 

 

Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) - Le vase


....
"Tandis que l'enfant tresse, avec deux pailles frêles

Et des brins de jonc vert, un piège à sauterelles.

Enfin, autour du vase et du socle Dorien

Se déploie en tous sens l'acanthe Korinthien."

....

 

Charles-Marie Leconte De Lisle (1818-1894) -

Phyllis - (Études latines, V)


.....
"Depuis neuf ans et plus dans l'amphore scellée

Mon vin des coteaux d'Albe a lentement mûri ;

Il faut ceindre d'acanthe et de myrte fleuri,

Phyllis, ta tresse déroulée."

.......
 

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) -

 

la Vénus de Milo

.....

"Et tu n'es pas la Muse aux lèvres éloquentes,

La pudique Vénus, ni la molle Astarté

Qui, le front couronné de roses et d'acanthes,

Sur un lit de lotos se meurt de volupté"

.....
 

Astarté - Richard Hone, John Raphael Smith
Astarté - Richard Hone, John Raphael Smith

Astarté - Richard Hone, John Raphael Smith

 

Victor Hugo (1802-1885) -

 

Le poète bat aux champs

.....

"Je te fais molosse, ô mon dogue !

L'acanthe manque ? j'ai le thym.

Je nomme Vaugirard églogue ;

J'installe Amyntas à Pantin"....
 

 

Jean Richepin (1849-1926) -

 

Première gelée

.....

"Oh ! comme c'est joli, la première gelée !

La vitre, par le froid du dehors flagellée,

Étincelle, au dedans, de cristaux délicats,

Et papillotte sous la nacre des micas

Dont le dessin fleurit en volutes d'acanthe.

Les arbres sont vêtus d'une faille craquante"

.....
 

Annick MONNIER, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons"; Fleur de givre, à Lajoux, Jura, France

Annick MONNIER, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons"; Fleur de givre, à Lajoux, Jura, France

 

Théophile Gauthier (1811-1872) -

 

Bûchers et tombeaux

......

"Entre les fleurs et les acanthes,

Dans le marbre joyeusement,

Amours, aegipans et bacchantes

Dansaient autour du monument ;"

.....
 

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) Bacchus et bacchantes (1884)

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) Bacchus et bacchantes (1884)

 

Théodore de Banville (1823-1891) -

 

Les Cariatides


.....

"Hirondelles du ciel, sans peur d'être surprises

Vous pouvez faire un nid dans notre acanthe en fleur :

Vous n'y casserez pas votre aile, tièdes brises."

Mythologie des fleurs - Acanthe

 

André Chénier  (1762-1794) - poète

 

Voilà ce que chantait aux Naïades prochaines

 

Voilà ce que chantait aux Naïades prochaines

Ma Muse jeune et fraîche, amante des fontaines,

Assise au fond d'un antre aux nymphes consacré,

D'acanthe et d'aubépine et de lierre entouré.

L'Amour, qui l'écoutait caché dans le feuillage,

Sortit, la salua Sirène du bocage.

Ses blonds cheveux flottants par lui furent pressés

D'hyacinthe et de myrte en couronne tressés :

" Car ta voix, lui dit-il, est douce à mon oreille,

" Autant que le cytise à la mielleuse abeille. "
 

Hylas et les nymphes d'eau -Henrietta Rae

Hylas et les nymphes d'eau -Henrietta Rae

 

José-Maria de Heredia - (1842-1905) -

 

L'oubli

.....

"La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux

Fait à chaque printemps, vainement éloquente,

Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;

 

Mais l'Homme indifférent au rêve des aïeux

Ecoute sans frémir, du fond des nuits sereines,

La Mer qui se lamente en pleurant les sirènes.".

chapiteau corinthien et acanthes

chapiteau corinthien et acanthes

 

Théodore de Banville (1823-1891) - poète


Sculpteur, cherche avec soin ...


Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l'extase,

Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase ;

Cherche longtemps sa forme et n'y retrace pas

D'amours mystérieux ni de divins combats.

Pas d'Héraklès vainqueur du monstre de Némée,

Ni de Cypris naissant sur la mer embaumée ;

Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions,

Ni de riant Bacchus attelant les lions

Avec un frein tressé de pampres et de vignes ;

Pas de Léda jouant dans la troupe des cygnes

Sous l'ombre des lauriers en fleurs, ni d'Artémis

Surprise au sein des eaux dans sa blancheur de lys.

Qu'autour du vase pur, trop beau pour la Bacchante,

La verveine mêlée à des feuilles d'acanthe

Fleurisse, et que plus bas des vierges lentement

S'avancent deux à deux, d'un pas sûr et charmant,

Les bras pendant le long de leurs tuniques droites

Et les cheveux tressés sur leurs têtes étroites.
 

Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Teresa dans le jardin de pensées et d'acanthes - Laura Alma-Tadema -

Teresa dans le jardin de pensées et d'acanthes - Laura Alma-Tadema -

paysage marocain (Acanthus) de Henri Matisse (1869-1954, France)

paysage marocain (Acanthus) de Henri Matisse (1869-1954, France)

Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
Mythologie des fleurs - Acanthe
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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 01:38
Mythologie
 
"La Clématite"

"Lorsque, vers le milieu de l'été, nous dirigeons nos pas le long des haies, vers  les vieux murs ; souvent une odeur douce et suave vient flatter agréablement notre odorat : elle est produite par les fleurs de la clématite, arbrisseau grimpant dont les tiges sarmenteuses s'entrelaçant avec les plantes qui les avoisinent, s'étendent en longs festons, retombent en guirlandes, ou forment des touffes épaisses de verdure et de fleurs."


( Flore médicale volume 3 - par Mme E. Panckouke et par P.J. Turpin - 1816) 
 

clématite vitalba

clématite vitalba

Les Clématites (Clematis) forment un genre de la famille des renonculacées.
Il comprend environ 300 espèces de vivaces herbacées à souche ligneuse et de plantes grimpantes, semi-ligneuses, persistantes ou caduques. On les trouve dans les deux hémisphères, notamment en Europe, dans l'Himalaya, en Chine, en Australie, en Amérique du Nord et Amérique centrale.


Les clématites sont cultivées pour leur abondante floraison  très décorative, généreuse, souvent suivie de fruits plumeux, gris argenté.
Le genre a été nommé par Carl von Linné en 1753 à partir du nom κληματἰς / klématis, en grec ancien, qui signifie "sarment" ou "branche" (rameau grimpant de la vigne) 


Les plantes du genre Clematis sont la plupart du temps grimpantes, ligneuses, atteignant en général deux à cinq mètres de haut.


La clématite des haies (Clematis vitalba. L.)Vitalba est la fusion des mots latins "vitis" et "alba", (la vigne blanche), un nom inspiré de la couleur de ses fleurs et de ses fruits.


On l'appelle parfois aubavis, aubervigne, barbe de chèvre, berceau de la Vierge, bois à fumer, bois fumant, bois de pipe, cheveux de la bonne dame, chevelure de vieillard, clématite brûlante, clématite des haies, corde à lessive, cranquillier, cranvillier, herbe aux gueux, reine des lianes, sain bois, vigne blanche, vigne de Salomon ou viorne des pauvres. 


Dans les pays anglophones, cette fleur est surnommée "travellers joy" (joie des voyageurs) en raison de sa jolie floraison sauvage et de l’incroyable variété de teintes et de formes de ses fleurs, également connu sous le nom de barbe du vieil homme,
 

travellers joy (joie du voyageur)

travellers joy (joie du voyageur)

Feuilles


Les feuilles composées imparipennées affichent des folioles très polymorphes: généralement ovales, lancéolées, un peu en forme de cœur (cordées) à leur base, tantôt entières, crénelées ou dentées... Une grande palette de formes ! Les espèces grimpantes s'accrochent au support ou à la plante hôte par le biais des pétioles transformés en vrilles. 


Certaines espèces disposent de feuilles persistantes comme la Clematis armandii ou les clématites du genre Cirrhosa.
 

Illustration Clematis vitalba

Illustration Clematis vitalba

Fleurs


les fleurs de deux cm sont longuement pédonculées, à tépales blanchâtres, inodores et recouverts de poils fins, les étamines rigides et écartées à styles longs, plumeux et persistants sont groupées en panicules axillaires et disposées en cymes multiflores.


Certaines, comme Clematis recta, sont odorantes. 


Avec le lierre, le houblon et quelques autres, la clématite fait partie des rares lianes européennes.


La clématite étant une liane, une plante qui peut devenir aussi grande qu'un arbre, mais dont le tronc est si mince et flexible qu'elle ne peut pas tenir debout toute seule. Alors elle grimpe sur les autres arbres et s'en sert comme support pour se tenir droite ! 
 

Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite

Du fait de la diversité des espèces, l'aspect des clématites varie considérablement.


Principaux types:


• Clématites ligneuses à grandes fleurs (C. jackmanii). Ancienne variété pleinement rustique, florifère et peu exigeante, ce qui permet de l'adopter dans toutes nos régions.
 

Clematites Jackmanii

Clematites Jackmanii

• Clématites ligneuses ou semi-ligneuses à petites fleurs (C. montana).Grimpante très vigoureuse, à fleurs parfumées, rose pâle, à anthères jaunes. Les feuilles vertes sont teintées de pourpre, surtout au printemps.

clematites montana

clematites montana

• Clématites à tiges annuelles herbacées (C. integrifolia).La clématite-marguerite.Toutes les clématites ne grimpent pas. Celle-ci en clochettes étoile bleues, pousse comme une marguerite, en petite touffe bien droite et fournie. Dense mais plus haute que le genou.Elle jaillit au printemps, fleurit jusqu’en août et se pare d’aigrettes argentées en fin  d’été.Une plante sans problème et durable.

clematites integrifolia

clematites integrifolia


• Clématites à feuilles persistantes (C. armandii, C. cirrhosa et C. X indivisa ‘Early sensation')Originaire de Chine, La clématite d'Armand (Clematis armandii) doit son arrivée en Europe à Jean Pierre Armand David (1826-1900) missionnaire-naturaliste français qui lui a inspiré le nom, est une vigoureuse grimpante au feuillage persistant et à la floraison très précoce, qui plus est parfumée.
 

clématites armandii

clématites armandii

clématites armandii


clématites cirrhosa
 

clematites cirrhosa

clematites cirrhosa

clématites Early sensation

clematites early sensation

clematites early sensation

On trouve des clématites en fleurs toute l'année, mais surtout au printemps et en été. Dès avril, la clématite des Alpes ouvre ses grandes clochettes pendantes à laisser vagabonder sur une treille, un arbuste... En mai, la clématite montana déploie ses petites fleurs roses sur des tiges de plus de 5 m. La plupart des autres clématites possèdent une floraison remontante, en juin puis en fin d'été, voire tout l'été s'il n'est pas trop sec.

clématite des Alpes

clématite des Alpes

La clématite sauvage produit une masse de fleurs blanches parfumées à la fin de l'été et est pollinisée par les abeilles et les papillons. C'est aussi une plante alimentaire pour les espèces de papillons. 

abeille et clématite et Old Mans Beard Clematis -  Anton Seder (1850–1916)
abeille et clématite et Old Mans Beard Clematis -  Anton Seder (1850–1916)

abeille et clématite et Old Mans Beard Clematis - Anton Seder (1850–1916)

La floraison achevée, l’on voit apparaître des groupes de fruits (akènes), contenant une graine, Chaque fruit formant un plumet soyeux, au reflet argenté, persistant tout l’hiver, et qui permet la dispersion de la graine (Anémochorie) sous l'effet du vent au printemps.

On désigne communément cette aigrette sous les noms de barbe de vieil homme (Old man’s beard en anglais), cheveux de la Vierge, etc. 
 

akènes clématites

akènes clématites

Les têtes de graines de cette plante fournissent également une nourriture consommée par de nombreux oiseaux, tels que les chardonnerets et les verdiers.

chardonneret élegant - akènes

chardonneret élegant - akènes

Au mois de novembre avant que la chevelure des fruits ne soit trop abimée par les intempéries. Elles peuvent servir de décorations et couronnes pour Noël en y ajoutant de gros noeuds rouges. 

clematites early sensation

clematites early sensation

Le père des dieux, Jupiter (en latin Jovis), se retrouve dans plusieurs noms de plantes.


John Gerard (au chapitre 327 du livre II de son Histoire des plantes), mentionne la flammula jovis surrecta comme autre nom de ce qu’il appelle l’Upright Virgin’s Bower. Il s’agit d’une espèce de clématite. Aujourd’hui le nom de Flammula Jovis est attribué à Clematis recta (Clématite droite).
On appelait autrefois "flamme de Jupiter" la clématite droite à cause de sa tige qui rougit, ainsi que ses feuilles.


Pour les anglo-saxons la clématite  (joie du voyageur) faisait le travail du diable car elle tuerait d'autres plantes en les surpassant. C'est pourquoi elle est considérée comme une mauvaise herbe intrusive par de nombreuses personnes.
 

clématite recta purpurea

clématite recta purpurea

L’épisode de la Fuite en Egypte de Marie, Joseph et Jésus (évoquée dans Mathieu 2) sert de décor à de nombreuses légendes qui mettent en scène diverses plantes.


Certaines auraient abrité l’enfant et sa mère et caché des soldats. C’est le cas de la Clématite. Son feuillage, provoque d’importantes lésions cutanées, mais ses fruits duveteux auraient servi de berceau à l’enfant Jésus d’où le nom de "Berceau de la Vierge". 
 

La Fuite en Egypte de Marie, Joseph et Jésus - Philipp Otto Runge

La Fuite en Egypte de Marie, Joseph et Jésus - Philipp Otto Runge

La clématite est connue depuis l'Antiquité


Pline l’Ancien (Gaius Plinius Secundus) (23- 79ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, préconise, la clématite d'Egypte, l'anis, le lupin, et la jusquiame broyée dans du vin pour la morsure de l'Haje (serpent).


Pedanius Dioscoride (Pedanios Dioskoridês) (40-90 ap. J.-C.) médecin grec, pharmacologue et botaniste préconise  clematis (Aristolochia clematitis L.). La clématite serait efficace contre les poisons et les venins ainsi que les morsures de serpents.


Dioscoride, Pline et Galien (Claudius Galenus) (129-201) médecin grec considéré comme le dernier des grands médecins créateurs de l'Antiquité gréco-romaine, préconisaient la clématite des haies (C. vitalba) en huile macérée comme remède pour lutter contre certaines affections cutanées, la gale et la lèpre.


L'herboriste - André Chichkine 
 

L'herboriste - André Chichkine 

L'herboriste - André Chichkine 

Aux origines du monde - Contes et légendes d'Ukraine De Galina Kabakova

 

La clématite

"En tartarie, un chef cosaque vaincu, désespéré de voir ses soldats l'abandonner, se suicida avec sa lance. Cet acte de lâcheté ne tarda pas à être cruellement puni, car il survint bientôt un ouragan qui souleva les cosaques, les mit en pièces, dispersa leurs os. Il furent changés en clématites."
 

Cosaque zaporojien (Ukraine) par Konstantin Makovsky 1884

Cosaque zaporojien (Ukraine) par Konstantin Makovsky 1884

Saint Pantéléimon, les voyant toutes nues l'hiver, eut pitié d'elles et leur donna ce duvet, qui aujourd'hui, couvre leurs fruits. Cependant, elles étaient très tristes de demeurer en terre étrangère et ces âmes cosaques finirent par obtenir de Dieu d'être transportées en Ukraine pour que les jeunes filles en fassent des couronnes. 

Il les sema en Ukraine

Dans les forêts

Autour des meules

Pour que les filles puissent les cueillir,

En faire des couronnes,

En orner leurs tresses,

Pour que tout le monde sache

Le déshonneur des cosaques.


Voilà comment cela se passa ! on dit aussi que si les garçons mettaient tous simultanément une clématite à leur ceinture, tous les cosaques ressusciteraient."


(Pantaléon de Nicomédie (V.303 ou 305) médecin à la cour de l'empereur Maximien, ou saint Pantéleimon,anargyre et martyr à Nicomédie).

Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite

Les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,

Elles sont dotées de pouvoirs magiques


La fée clématite 
 

Clematis - JannaFairyArt

Clematis - JannaFairyArt

Travellers joy (joie des voyageurs)

Mythologie des fleurs - La clématite

En France, on l’appelait au Moyen Âge "herbe aux gueux", "viorne des pauvres" car les mendiants, en utilisaient la feuille irritante, pour s'en frotter diverses parties du corps, ce qui provoquait des ulcérations, ceci dans le but d'inspirer la pitié. Ils guérissaient ensuite ces affections cutanées en les recouvrant de feuilles de bette.

Le jeune mendiant de Bartolomeo Esteban Murillo (1618-1682)

Le jeune mendiant de Bartolomeo Esteban Murillo (1618-1682)

Pierre André Matthioli (1501-1577) médecin grec et botaniste traducteur du "De Materia medica de Dioscoride", préconise  clematis (Aristolochia clematitis L.). La clématite serait efficace contre les poisons et les venins ainsi que les morsures de serpents.


François-Joseph Cazin (1788-1864) médecin français, considéré comme l’ancêtre de l’école française de phytothérapie, employait les feuilles sèches et les jeunes bourgeons pour son action sur le tube digestif
 

bourgeon clématite

bourgeon clématite

Henri Corneille Agrippa, philosophe et alchimiste (1486-1535) attribuait au Soleil la clématite d’Égypte, 


Anne Osmont (1872-1953), poète et romancière française, la classe parmi les plantes… lunaires. 
 

clématite

clématite

Les clématites sont originaires du Japon et de la Chine. En Extrême-Orient, elles sont considérées comme un symbole d'amour durable.

C'est pourquoi des clématites stylisées ornent souvent au Japon les kimonos de mariage.

clématite style japonais

clématite style japonais

Les vanniers campagnards utilisaient la liane pour attacher les fagots, et dans la confection de leurs ouvrages (panier, corbeille, corde à linge et....).

Dans les campagnes, les enfants s'en servaient comme cigarettes en fumant en cachette ses tiges séchées.

lianes clématite

lianes clématite

Georges Sand (1804-1876) - poète -


Dans Valentine, roman publié en 1832, George Sand décrit magnifiquement la campagne berrichonne où elle s'est souvent promenée


"Rien ne saurait exprimer la fraîcheur et la grâce de ces petites allées sinueuses qui s'en vont serpentant capricieusement sous leurs perpétuels berceaux de feuillage, découvrant, à chaque détour, une nouvelle profondeur toujours plus mystérieuse et plus verte. Quand le soleil de midi embrase, jusqu'à la tige, l'herbe profonde et serrée des prairies, quand les insectes bruissent avec force et que la caille glousse avec amour dans les sillons, la fraîcheur et le silence semblent se réfugier dans les traînes.


Vous y pouvez marcher une heure sans entendre d'autre bruit que le vol d'un merle effarouché à votre approche, ou le saut d'une petite grenouille verte et brillante comme une émeraude, qui dormait dans son hamac de joncs entrelacés. Ce fossé lui-même renferme tout un monde d'habitants, toute une forêt de végétations ; son eau limpide court sans bruit en s'épurant sur la glaise, et caresse mollement des bordures de cresson, de baume et d'hépatique ; les fontinales, les longues herbes appelées rubans d'eau, les mousses aquatiques pendantes et chevelues, tremblent incessamment dans ses petits remous silencieux ; la bergeronnette jaune y trotte sur le sable d'un air à la fois espiègle et peureux ; la clématite et le chèvrefeuille l'ombragent de berceaux où le rossignol cache son nid.


Au printemps, ce ne sont que fleurs et parfums ; à l'automne, les prunelles violettes couvrent ces rameaux qui qui, en avril, blanchiront en premier ; la cénelle rouge, dont les grives sont friandes, remplace la fleur d'aubépine, et les ronces, toutes chargées des flocons de laine qu'y ont laissés les brebis en passant, s'empourprent de petites mûres sauvages d'une agréable saveur...".
 

 paysage - Anca Bulgaru

paysage - Anca Bulgaru


Jean Lorrain (1855-1906) - poète - romancier

 

C’était une pensive et douce créature

Aux épaules frêles, froides, comme azurées,

Aux petites oreilles jamais effleurées

D’aveux d’amour.

Un parc à l’ondoyant murmure

La gardait dans son ombre invisible et murée.

Parmi la clématite et la pourpre des mûres

Elle errait, blanche et calme, écartant les ramures,

Et les lilas neigeaient sur sa tête dorée.

 

Son père, un vieux baron, guerroyait dans de vagues

Et très lointains pays pour un roi de Bohême,

Et l’enfant solitaire, assise entre les vagues

 

De verdure, épelait quelqu’antique poème

Ou suspendait distraite une à une ses bagues

Aux tiges des roseaux empanachés d’or blême
 

Mythologie des fleurs - La clématite

Emil Nolde (1867-1956) - peintre allemand


"Les couleurs des fleurs m’ont irrésistiblement attiré, et presque tout d’un coup j’étais en train de peindre… Les couleurs épanouies des fleurs, et la pureté de ces couleurs, je les aimais. J’ai adoré les fleurs dans leur destinée : emportées vers le ciel, en floraison, brillantes, étincelantes, exaltantes, se penchant, se flétrissant, jetées dans la fosse finalement."  
 

la clématite - Emil Nolde

la clématite - Emil Nolde

Valère Gille (1867-1950) poète belge.

 


Réveil


Mon cœur, que je croyais à jamais endormi,

Le voici, lentement, qui s’éveille parmi

Des pays inconnus de songe et de lumière.

L’air est tout embaumé d’une odeur printanière,

L’azur nacré du ciel s’enflamme, et le soleil

D’un baiser juvénile accueille mon réveil.

 

J’aime ! Les bois sont pleins d’oiseaux d’or et de roses,

Une immense bonté rayonne dans les choses ;

Dans les prés étoilés de fleurs et de rayons,

Sur chaque épi vermeil, vibrent des papillons,

Partout autour de moi le feuillage palpite ;

Sous les lilrfs neigeux et sous la clématite

Des colombes d’amour, deux par deux, tendrement,

Egrènent tour à tour leur long roucoulement.

 

J’aime ! j’aime ! Et voici qu’une terre nouvelle

Dans l’aurore à mes yeux ingénus se révèle.

Tout me parle et m’enchante, et mille et mille voix

Des bois et des vallons m’appellent à la fois.

Je comprends la chanson des oiseaux, les murmures

Qui babillent, confus, à travers les ramures.

Mon bonheur est partout : sous les bocages verts,

Dans les sources, les fleurs, le ciel ; et l’univers

Est un hymne d’amour qui monte dans la brise.

Il s’enfle et me soulève, et mon âme qu’il grise,

Emportée avec lui, s’épanche dans les cieux.

Des éclairs fulgurants éblouissent mes yeux ;

 

J’aime ! Je suis la vie et la force féconde,

Et mon cœur flamboyant illumine le monde. 
 

embroidered-panel - Helen A. Lamb

embroidered-panel - Helen A. Lamb

Alice-Lemieux-Lévesque (1906-1983) - poète

 


L’arbre du jour 

 

Les étoiles, ce soir,

Sont un rideau de clématites

Au treillis des nuages.

Mais le matin, d’un seul bonjour,

Viendra les cueillir toutes.

 

Chaque heure a son amour,

Chaque jour sa déroute,

Chaque soir sa clarté,

Chaque instant de beauté

Ses traits d’éternité.
 

Mythologie des fleurs - La clématite


En 1936, Edward Bach a développé une méthode unique et naturelle pour rétablir l’harmonie émotionnelle. La clématite, très fréquente dans la campagne anglaise, lui a inspiré l’un des élixirs floraux appartenant au groupe de l’indifférence, 


Il dit :


Clematis : "pour les rêveurs, les endormis, pour ceux qui ne sont jamais complètement éveillés, sans grand intérêt pour la vie. Des gens tranquilles qui ne sont pas vraiment heureux dans leur situation actuelle et vivent plutôt dans le futur que dans le présent. Ils vivent dans l’espoir de temps plus heureux où leur idéal pourra se réaliser" 
 

Mythologie des fleurs - La clématite

Michel Lis (1937-2015) Michel le jardinier ou moustaches vertes, est un journaliste écrivain


La Clématite et le Rossignol


 Á la lisière des bois la clématite étouffe sans remords

les arbustes les plus vigoureux. Cette diablesse qui se

cache en hiver sous le manteau d'hermine de ses

fructifications vaporeuses fut même la cause d'un vrai

drame. Comme tous les oiseaux, le Rossignol chantait

le jour, mais une nuit alors qu'il dormait, les vrilles de

la clématite vinrent lui ligoter les pattes. Le Rossignol

eut tellement peur qu'il faillit en mourir ! C'est depuis

ce temps-là que ce favori de l'Empereur de Chine

demeure éveillé et chante la nuit, de peur sans doute

qu'une autre ' Herbe aux Gueux' - tel est le surnom

que porte la Clématite des haies - vienne l'entraver

pour toujours. Ce serait bien dommage quand même !
 

clematite vigne blanche - hiver

clematite vigne blanche - hiver

Jacques Herman (1948) - artiste peintre, historien, poète et enseignant vaudois.

 

Clématite


Où que tu ailles je te suis

Si sur la table je vomis

Parfois des mots incompris

Plaise au ciel que tu ne m’en veuilles

 

Je rougis parfois de honte

Mais tes parfums roulent dans mes nuits

Rôdent

M’enlacent

Me redonnent goût à la vie

Qui s’entortille autour de moi

Comme une clématite

Et qui fleurit

Au plus petit émoi
 

clematite - Odile Bailloeul

clematite - Odile Bailloeul

la clématite dans le langage des fleurs est le symbole :

 

- de l'âge mur et de l'amour durable 

- d'un désir amoureux ardent (clématite blanche)

- de l'attachement profond

- d'un amour platonique qui ne désespère pas

- d'une rencontre qui ne s'oublie pas
 

Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite
Mythologie des fleurs - La clématite
Étude de Clématite - Henri Bergé

Étude de Clématite - Henri Bergé

Mythologie des fleurs - La clématite
clématites et oranges -Christophe Corbard

clématites et oranges -Christophe Corbard

clématite et oeillet - Edouard Manet

clématite et oeillet - Edouard Manet

clématites Henri Bergé-

clématites Henri Bergé-

clématite d'automne

clématite d'automne

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24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 15:51

Mythologie

 

L'ancolie

L'Ancolie, symbole de la renaissance, dit-on, rend courageux et hardi.


Selon Albert le Grand (XIIIe siècle), son nom scientifique latin aquilegia serait dérivé "d'aquila"  aigle et rappellerait que certains botanistes avaient vu les serres du rapace dans les éperons de ses cinq pétales.


Dans le latin des botanistes aquilegia,(aquilinia par Jules Charles de L'Écluse), d'où, par altération, ancolie, ancholie.


On dit que la plante a été nommée "aquilegia, 
- soit parce que ses nectaires offraient une forme recourbée comme le bec recourbé de l'aigle, 

- soit parce qu'on lui attribuait de rendre la vue perçante ou aux serres crochues comme celle de l'aigle,"aquila", 

- soit de la ville d'Aquilée (province Udine en Italie), dans le territoire de laquelle elle est abondante.


Quelques étymologistes traduisent aquilegia par réservoir d'eau c'est effectivement la signification littérale de ce mot , mais elle n'est point appliquable à l'ancolie. 


Source :
Charles Dufresne, sieur Du Cange (dictionnaire médiéval) on trouve aquilea, aquilée, plante supposée bonne pour les yeux. 
Flore médicale de François Pierre Chaumeton - 1920 
On suppose qu 'ancolie a subi l 'influence du mot mélancolie.

 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Cette plante à fleurs du genre Aquilegia, est une renonculacée vivace. 


Les fleurs, au sommet d'un bouquet de longues tiges, sont élégantes, comportant des sépales pétaloïdes et des pétales en forme de cornet avec un éperon recourbé à l'arrière, et des étamines un peu plus courtes que les pétales,  offrant une large palette de coloris blanc, bleu clair, jaune pâle, rose, brun, bordeaux et le bleu, avec des feuilles divisées en trois, duveteuses, de couleur vert parfois teinté de bleu turquoise.


Elle croît dans les bois clairs et le long des haies, en France en particulier sur le Massif Jurassien, et dans la plupart des autres régions de l'Europe. 
Les chèvres sont les seules à brouter l'ancolie, les autres bestiaux la négligent. Cette plante, appartient d'ailleurs à une famille où les poisons âcres abondent.


Cette vivace rustique, délicate et fine, recherchée par les jardiniers fleurit du printemps à l'été.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

L'ancolie, nom de l'aquilégie vulgaire, dite aussi gant de Notre-Dame, gant de bergère, de cornette, aiglantine, colombine, fleur de parfait amour, manteau royal, herbe de lion, ancolie des jardins, ou encore tourette.


Plante cultivée dans les jardins à cause de la beauté de sa fleur.


Les anglais l'on nommée "columbine" comparant ces sortes d'ergots à ceux de l'innocente colombine. 
Les bergers l’appelaient "colombine"
Les nonnes "gants de fée" ou de "Marie"
Les brigands "la main de sorcière" 

 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

L'ancolie est une plante mellifère avec une pollinisation logiquement assurée par des insectes. Un nectar attractif est secrété par des nectaires qui tapissent l’intérieur de l’éperon. Vu l’étroitesse et la longueur de ce dernier, le nombre d’insectes pollinisateurs est limité. Il se restreint souvent à une espèce de Bourdon à longue trompe.


D’autres insectes, parmi lesquels les abeilles, percent l’éperon depuis l’extérieur de la fleur pour s’abreuver du nectar mielleux. Ce faisant, ils volent seulement leur nourriture sans assurer la pollinisation.


La dissémination des graines est particulièrement diffusée par les oiseaux.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Dans la mythologie Scandinave, l’Ancolie symbolise comme d'autres fleurs "la Déesse Nordique de l’amour et de la fertilité nommée Freyja" ou Frigg.  


Freyja aimait les fées. Elle pouvait passer des heures à profiter de leurs jeux joyeux et de la danse gracieuse à la lumière de la lune. Pour ces petites créatures, la déesse a laissé un nectar doux et les fleurs les plus parfumées comme cadeau. De ses cheveux tombaient des fleurs printanières et elle déposait la rosée matinale et la lumière du Soleil derrière son passage.


En arrivant chez les Aesirs, sa réputation de Déesse puissante de la fertilité et de la nature l'avait précédé et elle dévoila le secret du Seior, la sorcellerie.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Des grimoires anciens contiennent des recettes de philtres magiques où figure la fleur d'ancolie.

trois columbines violettes -  Sharon Freeman

trois columbines violettes - Sharon Freeman

trois columbines violettes -  Sharon Freeman

trois columbines violettes - Sharon Freeman

Les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,
Elles sont dotées de pouvoirs magiques


La fée ancolie
 

fée ancolie - columbine

fée ancolie - columbine

Dans la Rome antique, Numa Pompilius, second des rois légendaires de Rome (715-672 av. J.-C.), fondateur du collège des Vestales, interdit à ses prêtresses du culte, qui devaient respecter le vœu de chasteté, l’usage de cette plante. 

Vestale - Jacques Louis David

Vestale - Jacques Louis David


Lorsqu’elle rencontrait sur son chemin une touffe fleurie d’Ancolie, la vestale devait se voiler la face dans un pan de son manteau et passer rapidement en détournant la tête.
 

Vestale, vierges antiques- Jean Raoux.

Vestale, vierges antiques- Jean Raoux.

L'ancolie, fleur d'alchimiste :


Dante (1265-1321) se servait aussi de l’ancolie comme symbole, plante mâle et femelle (hermaphrodite)représentant le parfait amour. Penché sur l'athanor, il recherchait la création de la perfection absolue.  


La Dame de Dante semble être tout autant la Femme que l’Ancolie.
 

Flore - Francesco Melzi (1491-

Flore - Francesco Melzi (1491-

Cette fleur légèrement toxique mais néanmoins très jolie était considérée au Moyen Age comme l'un des attributs du Diable. 


Le surnom de "Bonne Femme" lui a également été administré au Moyen-Âge 
 


 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Les graines de l’Ancolie entrèrent longtemps dans la composition des parfums car la plante était réputée aphrodisiaque, et rendait apparemment irrésistible. 


Pour cette même raison, les courtisanes en firent grand usage. Elles en mâchaient les graines, 
 

Livre d'heures de Simon de Varie (1455) - JeanFouquet

Livre d'heures de Simon de Varie (1455) - JeanFouquet

La fleur d'ancolie était souvent représentée dans les enluminures du moyen âge

Ici dans les Heures de Charles d'Angoulême - Testard, Robinet 

Heures de Charles d'Angoulême Testard, Robinet

Heures de Charles d'Angoulême Testard, Robinet

Sur la Miniature du XIIIe siecle representant la construction d'une église a Saint-Denis

Miniature du XIIIe siecle representant la construction d'une eglise a Saint-Denis

Miniature du XIIIe siecle representant la construction d'une eglise a Saint-Denis

Au Moyen-Âge, Les gens de la Maison de Guise portaient l’Ancolie d’azur tigée et feuillée de sinople. Avant d’entrer en lice, au cours d'un tournoi, ils criaient la devise : "Guise à l’Ancolie".


Pierre de Versoris (1528 -1588) avocat au Parlement de Paris à partir de 1552, chef du conseil d'affaires de la maison de Guise et garde de leurs sceaux et député du Tiers état aux États généraux de 1576-1577 -

(blason  D'argent, à la face de gueules, accompagné de 3 ancolies d'azur)
 

Blason Pierre de Versoris (1528 -1588) - maison de Guise

Blason Pierre de Versoris (1528 -1588) - maison de Guise

Simon de Varie à genoux en prière - Jean Fouquet (1415-1481)

Simon de Varie à genoux en prière - Jean Fouquet (1415-1481)

Elle est aussi le symbole de la mélancolie. 

On retrouve cette association avec la mélancolie dès le XVème siècle 
dans le poème "L'amant rendu cordelier à l'observance d'amour" attribué à Martial d'Auvergne.

 

....."assez tost la messe chanter

Fist l'en ou il eut grant mistere

En laquelle devés noter

Que l'amant en ung oratoire

Estoit la tendu de soye noire

Ouvré aparans fleurs d'acolies

Puis sur luy avoit ung suaire

Tout couvert de merencolies"......
 

Columbine - Catherine G McElroy

Columbine - Catherine G McElroy

Jean Froissard (1337-1410)
Le temps des ancolies - Le Littré
dans la description du jardin d'Eden où s'effectue le songe,


......"Et li pluiseur aiment moult l'anquelie",....

......"Moult par estoit li lieu jolis ;

Anquelies, roses et lys

A l'environ d'illuec croissoient....."
 

jardin - Ginger Cook

jardin - Ginger Cook

Eustache Deschamps, dit Morel (v.1340-1404), d'après le manuscrit français


..."La violette donne aussi  Douce odeur ; 

si fait la soussie, La marguerite, l'angorie,"..... 
 

au XVIe s.
Pierre de Ronsard  (1524-1585) - poète 
dans le chant pastoral


....."Pour sacrifice à la nymphe Pomonne

Et l'ancolie en semence s'enflant

Et le Narcisse que le vent va soufflant."........
 

Vertumne et Pomone (1518/22) par Francesco Melzi - l'ancolie en bas au centre

Vertumne et Pomone (1518/22) par Francesco Melzi - l'ancolie en bas au centre

l'ancolie symbole religieux


- Les auteurs religieux voyaient celle d'une colombe, forme sous laquelle est traditionnellement représenté l'Esprit saint. Pour cette raison, au Moyen Âge, l'ancolie fut aussi appelée  columbina (columbine en anglais, colomba en latin, ce qui signifie colombe)

plusieurs tableaux de grands maîtres l'attestent.
 

 Sainte Famille - Joos van Cleve

Sainte Famille - Joos van Cleve

Le nom anglais "colombine" évoque la colombe du Saint-Esprit, dont elle symbolise les sept dons (intelligence, conseil, sagesse, connaissance, piété, force et crainte) cités par le prophète Isaïe. 

Ou encore les sept douleurs de la Vierge Marie (la prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la disparition de Jésus au Temple, la rencontre sur la via Dolorosa, la crucifixion, la déposition de la Croix, la mise au tombeau).


Source :
Les fleurs dans la peinture - Musées royaux des Beaux Arts de Belgique

Heure de Notre-Dame de Pitié Annonciation (1401-1500)

Heure de Notre-Dame de Pitié Annonciation (1401-1500)

- Ces cinq pétales sont aussi comparées à cinq colombes, ce qui fait de cette fleur un symbole de l’Esprit saint. Dans l’art, elle accompagnera notamment les scènes de l’Annonciation ou du Baptême du Christ.


- Ces cinq pétales, évoque au fidéle la main de la Sainte-Vierge d'où "Gants de Notre-Dame",  l'autre nom donné à cette fleur.
 

Jean Fouquet - Les heures de Simon de Varie  - Marie tenant l'enfant Christ

Jean Fouquet - Les heures de Simon de Varie - Marie tenant l'enfant Christ

On trouve l'ancolie comme symbole de l’Esprit-Saint au milieu des lys et des roses dans la couronne de la Vierge du Retable de l’Agneau Mystique de Jan Van Eyck. 
 

 l’Agneau Mystique de Jan Van Eyck

l’Agneau Mystique de Jan Van Eyck

- La consonance de l'ancolie avec "mélancolie" évoque aussi la douleur de la Vierge Marie.

 
- Signification funèbre à la Renaissance au nombre des symboles de la Passion du Christ.

Dans  le tableau La mort de la Vierge de Hans Multscher 1437, l'on aperçoit un vase d'ancolies  en bas à droite

 

La mort de la Vierge -  Hans Multscher 1437

La mort de la Vierge - Hans Multscher 1437

L'ancolie est  aussi souvent présente dans les peintures du 15e siècle et 16e siècle.


Dans le tableau de Léonard de Vinci - Bacchus ou Saint-Jean le Baptiste, en bas du tableau à gauche
 

Bacchus ou Saint-Jean Le Baptiste  Léonard de Vinci ou son atelier.

Bacchus ou Saint-Jean Le Baptiste Léonard de Vinci ou son atelier.

et Flore par Francesco Melzi,

Flore tient les ancolies dans ses mainsl

Flore - Francesco Melzi

Flore - Francesco Melzi

 

L'ancolie de Edwin P. James (1797-1861)


Au cours de l'expédition (1819-1820), Edwin P. James a accompli la première ascension de montagne en Amérique du Nord, et a été le premier à collecter de nombreuses espèces de plantes alpines, y compris ce qu'il a appelé "la montagne Columbine",  Aquilegia coerulea E.James , pour devenir en 1899 la fleur d'État du Colorado, maintenant avec le nom commun Colorado Blue Columbine.


"Il a été enterré à côté de sa femme dans le cimetière de Rock Spring ... Plusieurs années plus tard, la "Des Moines County Medical Society" a planté autour de sa tombe le Rocky Mountain Blue Columbine ( Aquilegia coerulea E. James) qu'il a découvert et nommé lors de la longue expédition" 

 

La chanson "Where the Columbines Grow" par AJ Fynn a été adopté comme première chanson officielle de l'État du Colorado en 1915
 

La chanson "Where the Columbines Grow" par AJ Fynn a été adopté comme première chanson officielle de l'État du Colorado en 1915


Vers des terres où brillent les étoiles tropiques;

Où le cri de l'aigle de montagne audacieux

Répond aux notes de la colombe

Est-ce que l'Ouest vêtu de pourpre, la terre qui est la meilleure,

La terre pionnière que nous aimons.
 
Refrain
 
C'est la terre où poussent les ancolines,

Surplombant les plaines bien en dessous,

Tandis que la brise fraîche d'été dans les arbres à feuilles persistantes

Chante doucement là où les ancolies poussent.


  
Le bison est parti des hautes terres,

Le cerf du canyon s'est enfui,

La maison du loup est déserte,

L'antilope gémit pour ses morts,

Le cri de guerre ne fait plus écho,

L'Indien n'est qu'un nom,

Et les nymphes du bosquet dans leur solitude,

Mais l'ancolie fleurit tout de même.


 
Que la violette illumine le ruisseau,

Au soleil du début du printemps,

Laissez le trèfle blond décorer le pré vert,

Aux jours où les orioles chantent,

Que la verge d'or annonce l'automne,

Mais, sous le ciel d'été,

Dans sa belle demeure occidentale, que la Columbine fleurisse

Jusqu'à ce que nos grands fleuves de montagne s'assèchent.
 

Rocky Mountain Blue Columbine (Aquilegia coerulea E. James)

Rocky Mountain Blue Columbine (Aquilegia coerulea E. James)

On préparait  un sirop d'une belle couleur bleue, qui décèle, mieux que celui de violette, les acides et les alcalis.

Le sirop de fleurs d'ancolie calmait la toux

Mythologie des fleurs - L'ancolie


Elle était utilisée en médecine contre la gale et la teigne


On se servait des semences pour favoriser la sécrétion urinaire


Les feuilles de l'ancolie servaient à soigner les plaies mais son utilisation médicinale est restreinte car, elle contient de l'acide cyanhydrique qui la rend toxique.


Aujourd'hui l'ancolie est utilisée en homéopathie.


L 'ancolie est liée a la tristesse , la solitude ou encore la folie.


On lui attribuait également le pouvoir de guérir l 'avarice 


Jadis on la plaçait sous les matelas pour éliminer l’infertilité.


Elle était censée protéger les jeunes couples contre la sorcellerie et le mauvais-œil.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Dans le langage des fleurs


L'ancolie est symbole de tristesse, de solitude et de folie.


D'après Marthe Seguin-Fontes dans "le langage des fleurs" (éd. du Chêne), l'ancolie signifie "folie, caprice". Cette interprétation viendrait de l'analogie de sa forme avec celle des bonnets d'étoffe portés par les fous au Moyen-Âge...De fou du roi, plus précisément.


L'ancolie ressemble aussi à un sceptre surmonté d’un capuchon à grelots considéré comme le symbole de la folie que se servait comme attribut les bouffons de cour
 

Le fou - Psalterium Caroli VIII regis

Le fou - Psalterium Caroli VIII regis

 et aussi la mélancolie, les feuilles de l’ancolie dont les formes … recueillent, elles aussi les gouttes de rosée, la pluie,...... les larmes…

goutte d'eau sur feuilles d'ancolie

goutte d'eau sur feuilles d'ancolie

En bouquet comme en poésie, l'ancolie est mélancolique. Elle symbolise l'infidélité, l'amour trahi.


L'ancolie des champs prie l'être aimé d'oublier le passé et de croire au renouveau d'un sentiment toujours vivace.


L'ancolie est aussi un aveu de folie, certes, mais de folie d'amour...........


Un bouquet d'ancolies blanches expriment des sentiments de tristesse et de solitude, 


Un bouquet d'ancolies bleues expriment l'amour avec tristesse


Un bouquet d'ancolies roses expriment des sentiments de tristesse et de tendresse.


Un bouquet d'ancolies pourpres montrent que l'on se bat pour récupérer  un amour perdu.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Guillaume Apollinaire  (1880-1918) - poète
Alcools, 1913

 

Clotilde

 

L’anémone et l’ancolie

Ont poussé dans le jardin

Où dort la mélancolie

Entre l’amour et le dédain

 

Il y vient aussi nos ombres

Que la nuit dissipera

Le soleil qui les rend sombres

Avec elles disparaîtra

 

Les déités des eaux vives

Laissent couler leurs cheveux

Passe il faut que tu poursuives

Cette belle ombre que tu veux
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Francis Jammes (1868-1938) - poète 
Recueil : "Clairières dans le ciel"

 

Deux ancolies se balançaient…

 

Deux ancolies se balançaient sur la colline.

Et l’ancolie disait à sa sœur l’ancolie :

Je tremble devant toi et demeure confuse.

Et l’autre répondait : si dans la roche qu’use

l’eau, goutte à goutte, si je me mire, je vois

que je tremble, et je suis confuse comme toi.

 

Le vent de plus en plus les berçait toutes deux,

les emplissait d’amour et mêlait leurs cœurs bleus.
 

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Christine De Pisan (1364 - 1430) - poète


Ancolie


Je vous rends la fleur d'ancolie.

Je suis en grand mélancolie,

Amies, que vous n'aiez changée;

Car vous m'avez trop estrangée.

Dites m'en le vrai, sans ruser,

Sans plus m'en faire en vain muser.

 

Traduction Barbara Botton


Ancolie


Je vous rends la fleur d’ancolie

Je suis en grande mélancolie,

Ami, c’est bien de votre gré

Car vous m’avez trop ignorée.

Dites-moi vrai sans décevoir,

Sans me faire de faux espoirs.

Maître du Boccace de Genève (15e siècle) dit Colin d'Amiens, enlumineur français

Maître du Boccace de Genève (15e siècle) dit Colin d'Amiens, enlumineur français

Jean-Loup Trassard (1933)
collection L'Imaginaire (n° 578), Gallimard


L'ancolie 


"Les récits présentés ici m'ont aidé à faire affleurer, avec son poids et sa durée, une épaisseur de terre où s'enracine l'arbre sur lequel n'a cessé de tirer une balançoire, où rôde encore le mythe des loups, où de vieux pièges se ferment sur une poignée de neige. La maison d'enfance y est centre d'un cercle qui va s'élargissant : les fermes demeurent tapies dans les écarts et les chemins s'effacent dont l'encre cherche à retrouver la pente. Au fond du sabot que façonnent les mots s'ouvrent des étangs peu éclairés, une immense forêt où des temps encore plus anciens se tiennent cachés. L'ancolie fleurissait toujours sous un même pommier, dans un seul petit pré. Chaque année nous rendions visite à ce point bleu de l'espace. L'un des ancrages où se tient le temps de maintenant est la verticalité de cette tige, aussi fine que tendue".

Mythologie des fleurs - L'ancolie

Théodore Agrippa d' Aubigné (1552-1630)  

 

"Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux

 

..........Vous y verrez mêlés mille beautés écloses,

Soucis, oeillets et lys, sans épines les roses,

Ancolie et pensée, et pourrez y choisir."

 

Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux :

J'en serai laboureur, vous dame et gardienne.

Vous donnerez le champ, je fournirai de peine,

Afin que son honneur soit commun à nous deux.

 

Les fleurs dont ce parterre éjouira nos yeux

Seront vers florissants, leurs sujets sont la graine,

Mes yeux l'arroseront et seront sa fontaine

Il aura pour zéphyrs mes soupirs amoureux.

 

Fruits sucrés de durée, après des fleurs d'attente,

Et puis nous partirons à votre choix la rente :

A moi toute la peine, et à vous le plaisir.
 

jardin - Ann Hardy

jardin - Ann Hardy

 

Calligraphie (1590-1596) - enluminure par Joris Hoefnage (flamand)

Calligraphie (1590-1596) - enluminure par Joris Hoefnage (flamand)

Calligraphie (1590-1596) - enluminure par Joris Hoefnage (flamand)

Mythologie des fleurs - L'ancolie
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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 00:52

Mythologie 


La pervenche 
 

Au printemps, les pervenches forment d'épais tapis de verdure et offrent de délicates fleurs bleues, blanches ou violettes.

"Pâle fleur, timide pervenche, Je sais la place où tu fleuris, Le gazon où ton front se penche, Pour humecter tes yeux flétris ! - A. de Lamartine"

 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

La pervenche est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Apocynacées. Elle fleurit d’avril à juin, mais la plante peut fleurir sporadiquement plus tard. On la trouve dans toute la France et au-delà à travers l’Europe, et pour la grande pervenche en Europe du Sud, en Afrique du Nord et en Asie Mineure, où elle croît dans les forêts de feuillus, les sous-bois et éventuellement au bas des haies.


Le nom botanique du genre Vinca viendrait soit du latin vincere signifiant vaincre en raison de la vivacité de ces plantes ou de vincire pour lier, enlacer ou nouer grâce à ces longues tiges sarmenteuses et rampantes.
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

. Vinca major :  Grande pervenche, fleur bleue-violet-mauve, feuillage vert ou vert et beige.

On la nomme aussi Violette carrée, Bergère, 

Ses feuilles et ses fleurs sont plus grandes que celles de la petite pervenche. 
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

. Vinca  minor : Petite pervenche, fleur bleue, feuillage vert ou vert et beige.

Ses autres noms populaire : Pervenche, Violette de serpent, Violette des sorciers, Petit sorcier, Vanchée, Buis bâtard, Violette des morts, Bergère, Pucelage,

Dans le Massif du Jura ainsi qu’en Vallée de Joux, la Petite Pervenche peut monter, en altitude, jusqu’à 1 100m.
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

On peut dire que les fleurs bleues, ont inspiré bien des poètes.


Novalis (1772-1801) - poète et romancier - dans son roman "Henri d'Ofterdingen"


Situé dans un univers médiéval mythique, c'est dans cet ouvrage qu'apparaît l'expression devenue célèbre de "fleur bleue" (Die blaue Blume). Chez Novalis, cette fleur symbolise l'amour absolu qu'Henri porte à Mathilde mais aussi l'union du rêve et du monde réel, qui était un des grands objectifs du romantisme" 


extrait du roman :
"Ce qui l’attira d’un charme irrésistible, c’était, au bord même de la source, une Fleur svelte, d’un bleu éthéré, qui le frôlait de ses larges pétales éclatants. Tout autour d’elle, d’innombrables fleurs de toutes nuances, emplissaient l’air de leurs senteurs les plus suaves. Lui, cependant, ne voyait que la Fleur bleue, et il la contempla longuement avec une indicible tendresse. Il allait enfin s’en approcher quand elle se mit soudain à tressaillir et à changer d’aspect ; les feuilles devinrent plus brillantes et se serrèrent contre la tige qui s’allongeait ; la fleur s’inclina vers lui et les pétales formèrent en s’écartant une collerette bleue où flottait un visage délicat."


peut- être était-ce la pervenche ?
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Comme dans le poème de Philippe Jaccottet (1925)

Poésie/Gallimard n°71 - page(s) 444-445

(Pléïade : Airs, poèmes 1961-1964)

Extrait :


" Fleurs couleur bleue

bouches endormies

sommeil des profondeurs

 

Vous pervenches

en foule

parlant d’absence au passant"
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Il existe d’autres variétés au feuillage doré, au feuillage beige, au feuillage bi-color….

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Les fleurs sont pollinisées par les abeilles et les bourdons.  


Ce sont d'excellentes plantes couvre-sol au beau feuillage persistant.


La pervenche est une plante mellifère : Du fait de la floraison précoce au printemps, elle est importante notamment lors pour la reprise des ruches et leurs colonies d’abeilles comme source de nourriture d'appoint.


la couleur des fleurs de la pervenche est vibrante aux yeux des abeilles. Il a été démontré que la vision des abeilles était particulièrement sensible aux ondes correspondant à la teinte bleu-violacé des pétales de la pervenche. En outre, la rétine des abeilles,comme celle de la plupart des insectes, est sensible aux UV.L’observation d’une fleur de pervenche au travers d’un filtre UV révèle que le tube de la corolle absorbe très fortement les UV, tandis que la base des pétales les réfléchit au contraire assez fortement. Le contraste ainsi créé constitue un puissant signal visuel, qui guide les déplacements de l’abeille vers le tube corollaire, au fond duquel du nectar est secrété.  (Abeilles et Fleurs n° 768 - Février 2015)
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 
Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Autrefois, la pervenche était surtout utilisée pour assécher les tissus, cicatriser les plaies et traiter des maladies de la peau. Ses bienfaits pour l’activité cérébrale ont été découverts récemment.


Rodolphus Agricola (1444-1485) dans ses écrits parus en 1539, indiquait la pervenche comme remède de l'angine. 


Les anciens disaient " Elle étanche le sang de quelque part qu'il coule ". 
Ils la préconisaient contre les hémorragies. Une feuille fraîche écrasée entres les doigts et introduite dans la narine, arrête le saignement de nez.

 

grandes pervenches - grandes heures Anne de Bretagne - herbier

grandes pervenches - grandes heures Anne de Bretagne - herbier

Autrefois on en faisait des colliers autour du cou des vaches pour ne pas qu'elles attrapent de maladie.
 

vache au collier de pervenches - Gaston Vuillier

vache au collier de pervenches - Gaston Vuillier

La magie :


comme toutes fleurs et plantes lunaires, la pervenche est employée en magie pour inciter au mariage, protéger le foyer, les épouses et les enfants.


La pervenche entrait tout naturellement dans les philtres d’amour, pour redonner vigueur aux liaisons rompues et faire revenir les amants volages.
Elle permettait aussi de réconcilier les amis et la famille.


La pervenche était toujours présente dans les maisons des sorcières, car elle les protégeait des magies négatives et préservait l'harmonie environnante. La fleur séchée, mélangée à de l'encens et d'autres herbes, était employée en fumigation dans les maisons susceptibles d'être infestées par des esprits maléfiques. 


Si, après en avoir jeté des tiges dans le foyer, on prononçait certaines invocations ou formules propres à attirer les âmes des trépassées, les volutes de la fumée faisaient apparaître les figures des êtres chers.
Elle était aussi capable de ramener au monde visible ceux qui appartiennent au monde invisible. 

 

On pouvait l’utiliser pour jeter un sort ou pour en annuler un autre, prédire un mariage ou la mort.

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

 

Un dicton dit :


"la pervenche, contre tout mal, prend sa revanche", 

 

Suspectée de détenir un démon...de nombreux rituels de cueillette sont nés !


"O pervenche,

Laisse toi prendre avec tes nombreuses qualités,

viens à moi ornée de ta vertu,

Pourvois-moi de telle façon

Que je sois toujours prospère,

Protégé contre les poisons et autres maux"
 


 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Dans la mythologie celte


La Dame Blanche (Grande déesse) connue dans les pays celtiques comme Dryade de la Mort et identifiée avec Macha. Reine des Morts, c’est l’aspect harpie de la Déesse. Elle représente mort, ruine et destruction.


Dans les anciens folklores français, italien, britannique, cette fleur aux cinq pétales bleus, consacrée à la Grande Déesse, passe pour être la fleur de la Mort.


"Au moyen âge, on plaçait une guirlande de pervenches sur les têtes de ceux que l'on conduisait au lieu de leur exécution. La fleur à cinq pétales bleus est consacrée à la Déesse ;  ses solides lianes vertes auront été les liens dont elle se sera servie envers sa victime." (Le mythe celte - Robert Graves) 


La Pervenche pouvait aussi être  tressée autour des couronnes des mariées. 
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Georges Chaulet (1931-2012) écrivain .

nous a conté l'histoire du "prince charmant chez la fée Pervenche"
(Hachette-Jeunesse - bibliothèque rose)


"AH, Prince! C'est encore quelque diablerie! J'ai bien envie de me sauver! - Du courage, La Malice! Diablerie ou pas, nous devons franchir ces flammes..."

Et le prince Charmant se précipite hardiment à travers la muraille de feu.
Passé ce premier obstacle, combien il en restera encore à renverser avant que tous deux arrivent chez la fée Pervenche!

Heureusement, l'écuyer La Malice a plus d'un tour dans son sac... à malices!
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

 

les fairies (fées) concerne le petit peuple issu de la mythologie celtique,

Elles sont dotées de pouvoirs magiques

 

La fée Pervenche et l'elfe

fée pervenche - Cicély Mary Barker

fée pervenche - Cicély Mary Barker

Elfe - Joséphine Elfe - Joséphine Wall

Elfe - Joséphine Elfe - Joséphine Wall

Elle est parfois associée au culte de la Vierge Marie

 

Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche

De Elena Balzamo, Reinhard Kaiser, Aux origines du monde,


Dans l'ancien testament la pervenche n'est pas mentionnée et voici pourquoi.

Lorsque la Sainte Vierge Marie eut l'âge de se marier, beaucoup de prétendants, hommes distingués, vinrent demander sa main, car elle était extraordinairement belle, si belle que le soleil refusait de se coucher quant il lui arrivait d'éclairer son visage.

Etant également très pieuse, elle avait décidé d'épouser le plus pieux des prétendants, quel que fussent sa naissance et son rang. Elle pria ardemment le Seigneur de lui envoyer un signe permettant de reconnaître son futur époux. Sa prière fut exaucée, et elle put annoncer aux prétendants :
Je donnerai ma main à celui dont la canne verdira.

Ces propos jetèrent un trouble.

Un soir, la jeune fille était assise avec ses parents devant la porte de leur maison, profitant de l'agréable fraîcheur. Un pauvre charpentier, qui se prénommait Joseph, arriva en tenant à la main un bâton recouvert de pousses vertes. La Vierge reconnut aussitôt le signe, et peu de temps après elle épousa le pieux charpentier.

Le jour de leurs noces, celui-ci ficha son bâton dans le sol, et aussitôt une multitude de vrilles jaillirent dans le sol, et les pousses vertes continuèrent à proliférer, de plus en plus nombreuses, de plus en plus denses. Elles restèrent vertes même à l'époque où toutes les autres plantes furent dépouillées de leurs feuilles.

Telle est l'origine de la pervenche.  
 

Vierge à la pervenche - Rubens

Vierge à la pervenche - Rubens

En Flandre, elle jonche le chemin que suit les futurs mariés pour se rendre à l’église, la fleur symbolise l'innocence de la fiancée, les feuilles la pérennité de sentiments amoureux.


"La pervenche porte bonheur à une fille lorsqu'elle est offerte par un tout jeune homme."
 

Demoiselle aux pervenches - Fanny Caille 1847-1893

Demoiselle aux pervenches - Fanny Caille 1847-1893

Dans le langage des  fleurs,  

 


Les tiges de la pervenche forment comme une corde, elle exprime donc 
-"la fidélité et l’amitié".

 

 Parce qu'elle conserve toute l'année ses petites feuilles ovales d'un vert foncé et luisant, elle est 

-"Symbole de l'éternité..",

 

Sa délicatesse, sa couleur bleue, en font un 

-"symbole de modestie, de douceur, du doux souvenir, de mélancolie et de la joie revenue".

"je me languis de vous"

"Tendre souvenir"

"Je ne rêve qu'à vous"

"Vous êtes mon premier amour"
 

Bouquet de pervenches - Anne Cotterill

Bouquet de pervenches - Anne Cotterill

Alphonse Karr n'oublia pas d'évoquer la symbolique de cette fleur "souvenir"

: "....La Pervenche avec ....ses fleurs d'un bleu si frais et si charmant, et que dans les campagnes on appelle violette des morts".


(Source : Plantes et arbres remarquables des rues, squares et jardins de Rouen ...de Bernard Boullard)
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

En Littérature


Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) décrit dans l''épisode de la pervenche, le bonheur, à travers le souvenir, que peut procurer la vue de cette simple petite fleur bleue.

En 1734, sur le chemin des Charmettes, il avait entrevu une pervenche. Trente années plus tard, en 1764, en herborisant avec son ami Du Peyrou, il rencontre pour la seconde fois de sa vie cette petite fleur bleue qui le transporte des années en arrière, au temps heureux.

 

" Ici commence le court bonheur de ma vie".

 "Le premier jour que nous allâmes coucher aux Charmettes, Maman était en chaise à porteurs et je la suivais à pied. Le chemin monte, elle était assez pesante, et craignant de trop fatiguer ses porteurs, elle voulut descendre à peu près à moitié chemin pour faire le reste à pied. En marchant elle vit quelque chose de bleu dans la haie et me dit : « voilà de la pervenche » je ne me baissai pas pour l’examiner car j’ai la vue trop courte pour distinguer à terre les plantes de ma hauteur.
Je jetai seulement en passant un coup d’œil sur celle-là, et près de trente ans se sont passés sans que j’aie revu de la pervenche ou que j’y aie fait attention.
 En 1764 étant à Cressier avec mon ami M. Du Peyrou, nous montions une petite montagne au sommet de laquelle il a un joli salon qu’il appelle avec raison Bellevue. Je commençais à herboriser un peu. En montant et regardant parmi les buissons je pousse un cri de joie : Ah voilà de la pervenche ; et c’en était en effet. Du Peyrou s’aperçut du transport, mais il en ignorait la cause ; il l’apprendra, je l’espère, lorsqu’un jour il lira ceci ".

 

Portrait de Rousseau à Ermenonville - Georges-Frédéric Meyer (1735-1779)

Portrait de Rousseau à Ermenonville - Georges-Frédéric Meyer (1735-1779)

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

 

André Lemoyne (1822-1907) - poète

Recueil : Les charmeuses (1864).

À André Theuriet.

 

Fleurs d'avril

 

Le bouvreuil a sifflé dans l'aubépine blanche ;

Les ramiers, deux à deux, ont au loin roucoulé,

Et les petits muguets, qui sous bois ont perlé,

Embaument les ravins où bleuit la pervenche.

 

Sous les vieux hêtres verts, dans un frais demi-jour,

Les heureux de vingt ans, les mains entrelacées,

Echangent, tout rêveurs, des trésors de pensées

Dans un mystérieux et long baiser d'amour.

 

Les beaux enfants naïfs, trop ingénus encore

Pour comprendre la vie et ses enchantements,

Sont émus en plein cœur de chauds pressentiments,

Comme aux rayons d'avril les fleurs avant d'éclore.

 

Et l'homme ancien qui songe aux printemps d'autrefois,

Oubliant pour un jour le nombre des années,

Ecoute la voix d'or des heures fortunées

Et va silencieux en pleurant sous les bois.
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Alphonse de Lamartine (1790-1869)

Recueil : Méditations poétiques inédites (1849)

 


La Pervenche

 

Pâle fleur, timide pervenche,

Je sais la place où tu fleuris,

Le gazon où ton front se penche

Pour humecter tes yeux flétris !

 

C'est dans un sentier qui se cache

Sous ses deux bords de noisetiers,

Où pleut sur l'ombre qu'elle tache

La neige des fleurs d'églantiers.

 

L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte

Les perles de nos nuits d'été,

Le rayon les boit goutte à goutte

Sur ton calice velouté.

 

Une source tout près palpite,

Où s'abreuve le merle noir;

Il y chante, et moi j'y médite

Souvent de l'aube jusqu'au soir.

 

Ô fleur, que tu dirais de choses

À mon amour, si tu retiens

Ce que je dis à lèvres closes

Quand tes yeux me peignent les siens !
 

Pervenches - aquarelle Martine Réau-Gensollen

Pervenches - aquarelle Martine Réau-Gensollen

Robert Desnos (1900-1945) - poète 

Recueil : "Chantefleurs"

 

La Pervenche et la primevère

 

Doña Dolorès Primevère,

Lady Roxelane Pervenche

Un beau dimanche,

Montent en haut du belvédère.

Rêveuse pervenche,

Douce primevère,

Radieuse atmosphère.
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Gérard Lemaire (1942-2016) -poète

 

Le bleu de la pervenche


Le bleu de la pervenche
Tranquillement plus bleu

La fleur s'élargit au-dessus
De l'herbe indiscrète

 La pervenche rayonne
Sa nature n'est qu'un chant

Ses larges pétales reines livrent
Le plus pur trésor

Son bleu au fond des yeux
Plus intense que tout autre

Il est bleu d'un monde
Celui qu'aucune main ne touche

Ce bleu fait parole
Sur les lèvres du muet

 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

 

La pervenche dans cette ballade enfantine traditionnelle, auteur anonyme (chanson populaire française).

 

Aux marches du palais. bis
Y a une tant belle fille, lon la,
Y a une tant belle fille............
......................
(....)La belle si tu voulais, (bis)
Nous dormirions ensemble, lon-la
Nous dormirions ensemble.

Dans un grand lit carré, (bis)
Couvert de toiles blanches, lon-la
Couvert de toiles blanches.

Aux quatre coins du lit, (bis)
Un bouquet de pervenches, lon-la
Un bouquet de pervenches.

(....) Et nous y dormirions (bis)
Jusqu'à la fin du monde, lon-la
Jusqu'à la fin du monde. »

 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Victor  Hugo (1802-1885) - poète 

Les chansons des rues et des bois

dans 

 

L'Église


(...)
C'était l'église en fleurs, bâtie

Sans pierre, au fond du bois mouvant,

Par l'aubépine et par l'ortie

Avec des feuilles et du vent.

 

Le porche était fait de deux branches,

D'une broussaille et d'un buisson;

La voussure, toute en pervenches,

Était signée: Avril, maçon.

 

Dans cette vive architecture,

Ravissante aux yeux attendris,

On sentait l'art de la nature;

On comprenait que la perdrix,

 

Que l'alouette et que la grive

Avaient donné de bons avis

Sur la courbure de l'ogive,

Et que Dieu les avait suivis.
(...)

 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Paul Bulliard (1911-1943) - Instituteur et  Poète français

St-Jean d'Aulph, 21 avril 1939.

poème extrait de "La Chanson simple"

 

 

Pervenches

 

Ce matin j'ai cueilli, dans la douce rosée

La pervenche d'azur en un coin d'ombre frais :

J'ai cru que ton regard, quand ma main s'est posée

- Regard limpide en l'herbe humide - m'appelait. 

 

 Et je suis revenu portant dans ce bouquet

Tes yeux adolescents, cette fleur de toi-même

Qui reflète un troublant infini, et que j'aime...

Ô les cieux, le printemps, des yeux dans un bouquet ! 

 

J'ai placé dans un vase, auprès de ton portrait

La pervenche d'azur qui te donnait sa vie,

Et le bleu de la fleur, à la photographie

Passa : ton regard cher lentement s'éclairait...

 

Aujourd'hui je t'attends: et j'ai le tendre espoir

Que tu viendras enfin et que je pourrai voir

Plus profond, plus subtil, plus beau que la pervenche,

Ton regard doux et bleu, où ton âme se penche. 
 

Bouquet de pervenches - Rita Le Bagousse

Bouquet de pervenches - Rita Le Bagousse

Jean François Victor Aicard (1848-1921) est un poète, romancier et dramaturge français.

Recueil : Les jeunes croyances (1867)


 

Le parfum des pervenches

 
Bonne Vierge, écoutez ma voix, je vous en prie ! 

Hier, parmi les bouquets vivants de la prairie, 

Je cueillis, en tressant ma guirlande, une fleur 

Dont le calice bleu n'exhalait nulle odeur.

 

« La pervenche, pour nous, dit ma mère chérie, 

Est toujours sans parfums célestes, car Marie 

Par les anges en fait dérober la senteur,

 Et leurs tremblantes mains la portent à son cœur.

 

« Mais quand l'hiver flétrit les plantes qui frissonnent, 

Pour embaumer les cieux les chérubins moissonnent 

Les âmes des petits innocents comme toi. »

 

Vierge, ayant écouté, tout joyeux, ces paroles, 

J'ai des fleurs du jardin ravagé les corolles, 

Pour que tes messagers n'y trouvent plus que moi !
 

Pervenches - François Barraud

Pervenches - François Barraud

Marcel Proust (1871-1922)

Du côté de chez Swann


"Ses yeux bleuissaient comme une pervenche impossible à cueillir et que pourtant elle m'eut dédiée."
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 

Et chanté par Bourvil le voleur de pervenches

 

Le voleur de pervenches

Il est encore en prison

Il a volé deux pervenches

Pour en faire deux chansons

Il a fait la première

Pour les beaux yeux de Sylvie

La deuxième pour sa mère

Les deux femmes de sa vie

Bienheureux le voleur

Quand il vole des fleurs

Pour l'amour et le coeur

La, la, la, la . . . .

 

Le voleur de pervenches

A le coeur en liberté

Les prisons sans dimanche

N'empêchent pas d'aimer

Et pour sa récompense

Un miracle est arrivé

Car il pleut des pervenches

La prison s'est écrasée

Bienheureux prisonnier

Ton amour t'a payé

D'un printemps tout entier

La, la, la, la . . . .

 

Le voleur de pervenches

S'est enfuit de sa prison

Il a des fleurs dans les manches

Et l'printemps aux talons

Toutes ces fleurs pour sa mère

Pour Sylvie et ses beaux yeux

Il a fleurit toute la terre

Les printemps sont toujours bleus

La, la, la, la . . 
 

Mythologie des fleurs -  La pervenche 
Mythologie des fleurs -  La pervenche 
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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 00:07

Les fleurs par les grands peintres -

 

Blanche Odin - Violettes

Les fleurs par les grands peintres -   Blanche Odin - Violettes

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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 00:06

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