Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique. Il est considéré comme l'un des plus importants écrivains de la langue française.
Printemps
Printemps
Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) écrivain et médecin québécois.
Les floraisons matutinales
Fleurs d’aurore
Comme au printemps de l’autre année,
Au mois des fleurs, après les froids,
Par quelque belle matinée,
Nous irons encore sous bois.
Nous y verrons les mêmes choses,
Le même glorieux réveil,
Et les mêmes métamorphoses
De tout ce qui vit au soleil.
Nous y verrons les grands squelettes
Des arbres gris, ressusciter,
Et les yeux clos des violettes
À la lumière palpiter.
Sous le clair feuillage vert tendre,
Les tourterelles des buissons,
Ce jour-là, nous feront entendre
Leurs lentes et molles chansons.
Ensemble nous irons encore
Cueillir dans les prés, au matin,
De ces bouquets couleur d’aurore
Qui fleurent la rose et le thym.
Nous y boirons l’odeur subtile,
Les capiteux aromes blonds
Que, dans l’air tiède et pur, distille
La flore chaude des vallons.
Radieux, secouant le givre
Et les frimas de l’an dernier,
Nos chers espoirs pourront revivre
Au bon vieux soleil printanier.
En attendant que tout renaisse,
Que tout aime et revive un jour,
Laisse nos rêves, ô jeunesse,
S’envoler vers tes bois d’amour !
Chère idylle, tes primevères
Éclosent en toute saison ;
Elles narguent les froids sévères
Et percent la neige à foison.
Éternel renouveau, tes sèves
Montent même aux coeurs refroidis,
Et tes capiteuses fleurs brèves
Nous grisent comme au temps jadis.
Oh ! oui, nous cueillerons encore,
Aussi frais qu’à l’autre matin,
Ces beaux bouquets couleur d’aurore
Qui fleurent la rose et le thym.
Auguste Angellier (1848-1911) poète, Critique et historien de la littérature et universitaire français.
Recueil : Le chemin des saisons (1903).
Le printemps
Les bourgeons verts, les bourgeons blancs
Percent déjà le bout des branches,
Et, près des ruisseaux, des étangs
Aux bords parsemés de pervenches,
Teintent les arbustes tremblants ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
Sur les buissons, les espaliers,
Vont se changer en fleurs écloses ;
Et les oiseaux, dans les halliers,
Entre eux déjà parlent de roses ;
Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
Reluisant de gomme et de sève
Recouvrent l'écorce qui crève
Le long des rameaux amoindris ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,
Sèment l'éveil universel,
Depuis les cours noires des bouges ;
Jusqu'au pur sommet sur lequel,
Ô neige éclatante, tu bouges ;
Bourgeons laiteux des marronniers,
Bourgeons de bronze des vieux chênes,
Bourgeons mauves des amandiers,
Bourgeons glauques des jeunes frênes,
Bourgeons cramoisis des pommiers,
Bourgeons d'ambre pâle du saule,
Leur frisson se propage et court,
À travers tout, vers le froid pôle,
Et grandissant avec le jour
Qui lentement sort de sa geôle,
Jette sur le bois, le pré,
Le mont, le val, les champs , les sables,
Son immense réseau tout prêt
À s'ouvrir en fleurs innombrables
Sur le monde transfiguré.
Jean François Victor Aicard (1848-1921) poète, romancier et dramaturge français.
Recueil : Les jeunes croyances (1867).
Le printemps donne à tout la vie.
Le printemps donne à tout la vie et la beauté ;
Chaque tige a sa fleur ; chaque fleur est superbe ;
L'azur est souriant. La nature en gaîté
Met des trésors d'amour et de bonheur dans l'herbe !
Dans les arbres, songeurs profonds, germe le fruit :
La joie est par les airs ; tout est gonflé de sève ;
Et ce jour trouble plus le penseur que la nuit,
Car un plus grand mystère entre dans son grand rêve !
Dieu se laisse entrevoir, et sur des arbrisseaux,
Êtres souffrants que nul doux parfum ne console,
Une fleur vient d'éclore, un nid de passereaux :
Encore de l'amour au sein d'une corolle !
Jean François Victor Aicard (1848-1921) poète, romancier et dramaturge français.
Recueil : Les jeunes croyances (1867).
Le printemps me plaît.
Le printemps me plaît... J'erre avec délices
Dans les champs joyeux, avec les moineaux ;
Je contemple tout : les riches calices,
Les insectes d'or et les foins nouveaux.
Ninetta là-bas relève sa robe,
Et, pour passer l'eau, montre son bas blanc :
Par le sang du Christ ! l'homme, roi du globe,
Devant ce pied-là se sent tout tremblant !
Le printemps me plaît... Je dis des folies !
Je suis sérieux, à la fois, et gai.
D'azur et de miel les fleurs sont emplies :
Pour suivre Nina j'ai passé le gué.
Bonjour, Ninetta ! j'éprouve en mon âme,
Dieu me le pardonne ! un trouble connu...
Viens, repasse l'onde en mes bras, ô femme,
Ou livre au ruisseau ton joli pied nu !