9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:23

 

 

Arsène Houssaye, né François Arsène Housset l(1814-1896) homme de lettres français. Il est également connu sous le pseudonyme d’Alfred Mousse.

La poésie dans les bois (1845)

 

 

Le premier givre

 


L’hiver est sorti de sa tombe,

Son linceul blanchit le vallon ;

Le dernier feuillage qui tombe

Est balayé par l’aquilon.


 
Nichés dans le tronc d’un vieux saule,

Les hiboux aiguisent leur bec ;

Le bûcheron sur son épaule

Emporte un fagot de bois sec.


 
La linotte a fui l’aubépine,

Le merle n’a plus un rameau ;

Le moineau va crier famine

Devant les vitres du hameau.


 
Le givre que sème la bise

Argente les bords du chemin ;

À l’horizon la nue est grise :

C’est de la neige pour demain.


 
Une femme de triste mine

S’agenouille seule au lavoir ;

Un troupeau frileux s’achemine

En ruminant vers l’abreuvoir.


 
Dans cette agreste solitude,

La mère, agitant son fuseau,

Regarde avec inquiétude

L'enfant qui dort dans le berceau. 

 

Par ses croassements funèbres

Le corbeau vient semer l’effroi,

Le temps passe dans les ténèbres,

Le pauvre a faim, le pauvre a froid


 
Et la bise, encor plus amère,

Souffle la mort.—Faut-il mourir ?

La nature, en son sein de mère,

N’a plus de lait pour le nourrir.
 

Hibou des marais - Gérard Schmitt

Hibou des marais - Gérard Schmitt

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:22

 

 

Emile Verhaeren (1855-1916) poète belge flamand, d'expression française.

 

 

Les hôtes

 

– Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,

je frappe au seuil et à l’auvent,

ouvrez, les gens, je suis le vent,

qui s’habille de feuilles mortes.

 

– Entrez, monsieur, entrez, le vent,

voici pour vous la cheminée

et sa niche badigeonnée ;

entrez chez nous, monsieur le vent.

 

– Ouvrez, les gens, je suis la pluie,

je suis la veuve en robe grise

dont la trame s’indéfinise,

dans un brouillard couleur de suie.

 

– Entrez, la veuve, entrez chez nous,

entrez, la froide et la livide,

les lézardes du mur humide

s’ouvrent pour vous loger chez nous.

 

– Levez, les gens, la barre en fer,

ouvrez, les gens, je suis la neige,

mon manteau blanc se désagrège

sur les routes du vieil hiver.

 

– Entrez, la neige, entrez, la dame,

avec vos pétales de lys

et semez-les par le taudis

jusque dans l’âtre où vit la flamme.

 

Car nous sommes les gens inquiétants

qui habitent le Nord des régions désertes,

qui vous aimons – dites, depuis quels temps ? –

pour les peines que nous avons par vous souffertes.
 

Emile Verhaeren (1855-1916) - poète belge flamand, d'expression française - Les hôtes
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:21

 

 

Kieran Wall poète 

Poésies, 2012

 


Hiver

 

La neige couvre tout de son fin manteau blanc

Et le décor a pris un tour étincelant.

L’absence de soleil n’est pas pour autant morne,

Les oiseaux se posant encore sur les bornes

 

Routières. L’air est épais, les flocons dansant

Sur lui comme des ballerines de faïence,

Donnant à l’atmosphère un visage encensant.

Le silence sied à une telle ambiance.

Kieran Wall - Poète - Hiver
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:21

 

 

Jean-Pierre Villebramar (1939) auteur et poète

décembre 2018

 

Solstice d’hiver

"l’espoir, ce perce-neige…"

 

je me souviens

c’était le solstice d’hiver, et la mer était haute,

et sombre la lumière

je me souviens des vagues s’enroulant sur la jetée,

et des oiseaux de nuit

de longs cheveux de varechs noirs, d’écumes grises

et de l’horizon rouge

je me souviens des couleurs de la nuit.

 

Dans une brasserie de front de mer, au plus intime

de la grande salle,

ayant trouvé refuge, et heureux,

je me souviens, et c’est le solstice d’hiver.

 

Viennent alors sur nous de grands nuages, depuis les golfes cantabriques,

la mer se met à crépiter

je prends dans mes mains ton visage, et je te dis :

"tu es heureuse"

tu souris.

Jean-Pierre Villebramar (1939) auteur et poète décembre - Solstice d’hiver
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:20


 

Nadia Ben Slima - poètesse

2015

 

Rumeur urbaine

 

Soudain… Le brouillard

les passants sont alors hagards.

Sur la route bitumée

ornée de peupliers

on devine à peine le passage

le sentier devient moins sûre

un air d’automne dans les marrons mûrs

Le trafic de la ville s’intensifie au loin

obligations, ruminations,

la ville s’affole,

le temps s’emballe

et la fraîcheur augurante de l’hiver blanc

ne perturbe pas les pas des passants

trépignent dans les klaxons

s’engouffrent dans les stations

en mouvement dans les rituels

illusoirement éternels

 

Alors mieux vaut être un ingénu

Dans cette ville

Où les saisons veillent

Au grain, au dessein

Enchanté. Pour qui le voit

À travers la brume d’émoi.

Nadia Ben Slima - poète - Rumeur urbaine
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:20

 

 

Elodie Santos auteur et poète

2008

 

 

Promenade blanche de vieille France

 

L’écrasement de la neige sous les bottes

Les branches cassées sur le chemin

Le cliquetis régulier de quelques gouttes s’échappant des stalactites de glace

Des flocons perdus aux quatre vents tombent des arbres aplatis

Les cheminées dégagent des parfums de tarte de grand mère

Les chalets chauds au pied des pentes raides ou s’étirent jusqu’au firmament

Les grands sapins

Les luges qui glissent sans laisser place au silence de ce lieu la nuit

Des cris de joie,

Des boules de neige,

Le ciel et ses nuages blancs

Tout est ici comme l’enfance

comme un voyage du temps jadis

Tout est ici comme en vieille France

Images d’Epinal, simplicité, absence, magie

C’est la plus belle promenade blanche de ma vie
 

Elodie Santos - auteur et poète - Promenade blanche de vieille France
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:19

 

 

Elodie Santos auteur et poète

 

 

Toile d’Hiver

 

La neige est si belle sur les arbres

lorsque s’empilent petit à petit

tous les flocons qui tombent du ciel

 

Tout est blanc et couleur d’écorce

et quelques oiseaux qui brillent comme des étoiles

au milieu de ce ciel de jour où le bleu est parti

 

Un rouge-gorge

Une mésange

Orange

virevoltent autour de la mangeoire

 

Et le grand pré est si blanc

Blanc

Comme une toile moelleuse

Comme une toile d’Hiver

Où les couleurs de vie

ne partiront jamais
 

Elodie Santos - auteur et poète - Toile d’Hiver
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:19

 

 

Sybille Rembard (1966) auteur et poète

Hiver 2009

 

 

Le rendez-vous

 

Rendez-vous manqué d’une soyeuse nuit

Boule de neige dans la glace de mon esprit

Je croyais dans la beauté des paysages blanchis

Neige, neige d’un amour englouti

Je t’ai attendu

Glaçon

Tu n’es pas venu

La tempête enflammée a fondu mon étincelle

Pourquoi ?

Tu disais notre amour inéluctable

Ton excuse :

Parois de glace qui enseveli

Je ne te pardonnerai jamais

Rendez-vous d’une mort subite

Froid
 

Sybille Rembard (1966) - auteur et poète - Le rendez-vous
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:18

 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist (1952) poète français

Odalisques, 1975

 

Campanile d’Hiver


La vigne endolorie sous le poids des nuages,

Pareille au clapotis des barques enchainées,

Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé

Par la rage du ciel et son gravier d’outrages.

 

Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages

Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées,

Comme si leur destin se tissait sous les dès

De gouttes détachées d’un suaire sauvage.

 

Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain

Sonne un glas parfumé d’une douce beauté

Dont le silence boit la mélodie sans fin.

 

Or la vigne endurcie, comme un oratorio,

Fugue le long de mots brillants de nouveauté,

Que ce poème joue sur un pas d’adagio.
 

Francis Etienne Sicard Lundquist (1952) - poète français - Campanile d’Hiver
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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 21:18


 

Daniel Thibon - auteur 

Robert Charlebois - musique

 

 

Je reviendrai à Montréal

 

Je reviendrai à Montréal

Dans un grand Boeing bleu de mer

J'ai besoin de revoir l'hiver

Et ses aurores boréales

J'ai besoin de cette lumière

Descendue droit du Labrador

Et qui fait neiger sur l'hiver

Des roses bleues, des roses d'or

Dans le silence de l'hiver

Je veux revoir ce lac étrange

Entre le cristal et le verre

Où viennent se poser des anges

 

Je reviendrai à Montréal

Écouter le vent de la mer

Se briser comme un grand cheval

Sur les remparts blancs de l'hiver

Je veux revoir le long désert

Des rues qui n'en finissent pas

Qui vont jusqu'au bout de l'hiver

Sans qu'il y ait trace de pas

J'ai besoin de sentir le froid

Mourir au fond de chaque pierre

Et rejaillir au bord des toits

Comme des glaçons de bonbon clair

 

Je reviendrai à Montréal

Dans un grand Boeing bleu de mer


Je reviendrai à Montréal

Me marier avec l'hiver 
 

Daniel Thibon  - auteur - Je reviendrai à Montréal
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