24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 20:01

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

Recueil : Les Contemplations

 

L’Enfance

 

Paris, janvier 1835.

 

L’enfant chantait; la mère au lit exténuée,

Agonisait, beau front dans l’ombre se penchant;

La mort au-dessus d’elle errait dans la nuée;

Et j’écoutais ce râle, et j’entendais ce chant.

 

L’enfant avait cinq ans, et, près de la fenêtre,

Ses rires et ses jeux faisaient un charmant bruit;

Et la mère, à côté de ce pauvre doux être

Qui chantait tout le jour, toussait toute la nuit.

 

La mère alla dormir sous les dalles du cloître;

Et le petit enfant se remit à chanter –

La douleur est un fruit: Dieu ne le fait pas croître

Sur la branche trop faible encor pour le porter.

 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - L’Enfance
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9 février 2025 7 09 /02 /février /2025 17:50

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 


C’est une émotion étrange


C’est une émotion étrange pour mon âme

De voir l’enfant, encor dans les bras de la femme,

Fleur ignorant l’hiver, ange ignorant Satan,

Secouant un hochet devant Léviathan,

Approcher doucement la nature terrible.

Les beaux séraphins bleus qui passent dans la bible,

Envolés d’on ne sait quel ciel mystérieux,

N’ont pas une plus pure aurore dans les yeux

Et n’ont pas sur le front une plus sainte flamme

Que l’enfant innocent riant au monstre infâme.

Ciel noir ! Quel vaste cri que le rugissement !

Quand la bête, âme aveugle et visage écumant,

Lance au loin, n’importe où, dans l’étendue hostile

Sa voix lugubre, ainsi qu’un sombre projectile,

C’est tout le gouffre affreux des forces sans clarté

Qui hurle ; c’est l’obscène et sauvage Astarté,

C’est la nature abjecte et maudite qui gronde ;

C’est Némée, et Stymphale, et l’Afrique profonde

C’est le féroce Atlas, c’est l’Athos plus hanté

Par les foudres qu’un lac par les mouches d’été ;

C’est Lerne, Pélion, Ossa, c’est Érymanthe,

C’est Calydon funeste et noir, qui se lamente.

 


L’enfant regarde l’ombre où sont les lions roux.

La bête grince ; à qui s’adresse ce courroux ?

L’enfant jase ; sait-on qui les enfants appellent ?

Les deux voix, la tragique et la douce se mêlent

L’enfant est l’espérance et la bête est la faim ;

Et tous deux sont l’attente ; il gazouille sans fin

Et chante, et l’animal écume sans relâche ;

Ils ont chacun en eux un mystère qui tâche

De dire ce qu’il sait et d’avoir ce qu’il veut

Leur langue est prise et cherche à dénouer le nœud.

Se parlent-ils ? Chacun fait son essai, l’un triste

L’autre charmant ; l’enfant joyeusement existe ;

Quoique devant lui l’Être effrayant soit debout

Il a sa mère, il a sa nourrice, il a tout ;

Il rit.

 


De quelle nuit sortent ces deux ébauches ?

L’une sort de l’azur ; l’autre de ces débauches,

De ces accouplements du nain et du géant,

De ce hideux baiser de l’abîme au néant

Qu’un nomme le chaos.

 

Oui, cette cave immonde,

Dont le soupirail blême apparaît sous le monde,

Le chaos, ces chocs noirs, ces danses d’ouragans,

Les éléments gâtés et devenus brigands

Et changés en fléaux dans le cloaque immense,

Le rut universel épousant la démence,

La fécondation de Tout produisant Rien,

Cet engloutissement du vrai, du beau, du bien,

Qu’Orphée appelle Hadès, qu’Homère appelle Érèbe,

Et qui rend fixe l’oeil fatal des sphinx de Thèbe,

C’est cela, c’est la folle et mauvaise action

Qu’en faisant le chaos fit la création,

C’est l’attaque de l’ombre au soleil vénérable,

C’est la convulsion du gouffre misérable

Essayant d’opposer l’informe à l’idéal,

C’est Tisiphone offrant son ventre à Bélial,

C’est cet ensemble obscur de forces échappées

Où les éclairs font rage et tirent leurs épées,

Où périrent Janus, l’âge d’or et Rhéa,

Qui, si nous en croyons les mages, procréa

L’animal ; et la bête affreuse fut rugie

Et vomie au milieu des nuits par cette orgie.

 

C’est de là que nous vient le monstre inquiétant.

 

L’enfant, lui, pur songeur rassurant et content,

Est l’autre énigme ; il sort de l’obscurité bleue.

Tous les petits oiseaux, mésange, hochequeue,

Fauvette, passereau, bavards aux fraîches voix,

Sont ses frères, tandis que ces marmots des bois

Sentent pousser leur aile, il sent croître son âme

Des azurs embaumés de myrrhe et de cinname,

Des entre-croisements de fleurs et de rayons,

Ces éblouissements sacrés que nous voyons

Dans nos profonds sommeils quand nous sommes des justes,

Un pêle-mêle obscur de branchages augustes

Dont les anges au vol divin sont les oiseaux,

Une lueur pareille au clair reflet des eaux

Quand, le soir, dans l’étang les arbres se renversent,

Des lys vivants, un ciel qui rit, des chants qui bercent,

Voilà ce que l’enfant, rose, a derrière lui.

Il s’éveille ici-bas, vaguement ébloui ;

Il vient de voir l’Eden et Dieu ; rien ne l’effraie,

Il ne croit pas au mal ; ni le loup, ni l’orfraie,

Ni le tigre, démon taché, ni ce trompeur,

Le renard, ne le font trembler ; il n’a pas peur,

Il chante ; et quoi de plus touchant pour la pensée

Que cette confiance au paradis, poussée

Jusqu’à venir tout près sourire au sombre enfer !

Quel ange que l’enfant ! Tout, le mal, sombre mer,

Les hydres qu’en leurs flots roulent les vils avernes,

Les griffes, ces forêts, les gueules, ces cavernes,

Les cris, les hurlements, les râles, les abois,

Les rauques visions, la fauve horreur des bois,

Tout, Satan, et sa morne et féroce puissance,

S’évanouit au fond du bleu de l’innocence !

C’est beau. Voir Caliban et rester Ariel !

Avoir dans son humble âme un si merveilleux ciel

Que l’apparition indignée et sauvage

Des êtres de la nuit n’y fasse aucun ravage,

Et se sentir si plein de lumière et si doux

Que leur souffle n’éteigne aucune étoile en vous !

 

Et je rêve. Et je crois entendre un dialogue

Entre la tragédie effroyable et l’églogue ;

D’un côté l’épouvante, et de l’autre l’amour ;

Dans l’une ni dans l’autre il ne fait encor jour ;

L’enfant semble vouloir expliquer quelque chose ;

La bête gronde, et, monstre incliné sur la rose,

Écoute… — Et qui pourrait comprendre, ô firmament,

Ce que le bégaiement dit au rugissement ?

 


Quel que soit le secret, tout se dresse et médite,

La fleur bénie ainsi que l’épine maudite ;

Tout devient attentif ; tout tressaille ; un frisson

Agite l’air, le flot, la branche, le buisson,

Et dans les clairs-obscurs et dans les crépuscules,

Dans cette ombre où jadis combattaient les Hercules,

Où les Bellérophons s’envolaient, où planait

L’immense Amos criant : Un nouveau monde naît !

On sent on ne sait quelle émotion sacrée,

Et c’est, pour la nature où l’éternel Dieu crée,

C’est pour tout le mystère un attendrissement

Comme si l’on voyait l’aube au rayon calmant

S’ébaucher par-dessus d’informes promontoires,

Quand l’âme blanche vient parler aux âmes noires.
 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - C’est une émotion étrange
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9 février 2025 7 09 /02 /février /2025 17:22


 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 


Ah ! vous voulez la lune ?

 

Ah ! vous voulez la lune ? Où ? dans le fond du puits ?

Non ; dans le ciel. Eh bien, essayons. Je ne puis.

Et c’est ainsi toujours. Chers petits, il vous passe

Par l’esprit de vouloir la lune, et dans l’espace

J’étends mes mains, tâchant de prendre au vol Phoebé.

L’adorable hasard d’être aïeul est tombé

Sur ma tête, et m’a fait une douce fêlure.

Je sens en vous voyant que le sort put m’exclure

Du bonheur, sans m’avoir tout à fait abattu.

Mais causons. Voyez-vous, vois-tu, Georges, vois-tu,

Jeanne ? Dieu nous connaît, et sait ce qu’ose faire

Un aïeul, car il est lui-même un peu grand-père ;

Le bon Dieu, qui toujours contre nous se défend,

Craint ceci : le vieillard qui veut plaire à l’enfant ;

Il sait que c’est ma loi qui sort de votre bouche,

Et que j’obéirais ; il ne veut pas qu’on touche

Aux étoiles, et c’est pour en être bien sûr

Qu’il les accroche aux clous les plus hauts de l’azur.
 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - Ah ! vous voulez la lune ?
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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 17:33

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 


Regardez : les enfants se sont assis en rond


Regardez : les enfants se sont assis en rond.

Leur mère est à côté, leur mère au jeune front

Qu'on prend pour une soeur aînée ;

Inquiète, au milieu de leurs jeux ingénus,

De sentir s'agiter leurs chiffres inconnus

Dans l'urne de la destinée.

 

Près d'elle naît leur rire et finissent leurs pleurs.

Et son coeur est si pur et si pareil aux leurs,

Et sa lumière est si choisie,

Qu'en passant à travers les rayons de ses jours,

La vie aux mille soins, laborieux et lourds,

Se transfigure en poésie !

 

Toujours elle les suit, veillant et regardant,

Soit que janvier rassemble au coin de l'âtre ardent

Leur joie aux plaisirs occupée,

Soit qu'un doux vent de mai, qui ride le ruisseau,

Remue au-dessus d'eux les feuilles, vert monceau

D'où tombe une ombre découpée.

 

Parfois, lorsque, passant près d'eux, un indigent

Contemple avec envie un beau hochet d'argent

Que sa faim dévorante admire,

La mère est là ; pour faire, au nom du Dieu vivant,

Du hochet une aumône, un ange de l'enfant,

Il ne lui faut qu'un doux sourire !

 

Et moi qui, mère, enfants, les vois tous sous mes yeux,

Tandis qu'auprès de moi les petits sont joyeux

Comme des oiseaux sur les grèves,

Mon coeur gronde et bouillonne, et je sens lentement,

Couvercle soulevé par un flot écumant,

S'entr'ouvrir mon front plein de rêves.
 

 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - Regardez : les enfants se sont assis en rond
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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 17:00

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 


Elle était pâle, et pourtant rose...


Elle était pâle, et pourtant rose,

Petite avec de grands cheveux.

Elle disait souvent : je n'ose,

Et ne disait jamais : je veux.

 

Le soir, elle prenait ma Bible

Pour y faire épeler sa soeur,

Et, comme une lampe paisible,

Elle éclairait ce jeune coeur.

 

Sur le saint livre que j'admire

Leurs yeux purs venaient se fixer ;

Livre où l'une apprenait à lire,

Où l'autre apprenait à penser !

 

Sur l'enfant, qui n'eût pas lu seule,

Elle penchait son front charmant,

Et l'on aurait dit une aïeule,

Tant elle parlait doucement !

 

Elle lui disait: Sois bien sage!

Sans jamais nommer le démon ;

Leurs mains erraient de page en page

Sur Moïse et sur Salomon,

 

Sur Cyrus qui vint de la Perse,

Sur Moloch et Léviathan,

Sur l'enfer que Jésus traverse,

Sur l'éden où rampe Satan.

 

Moi, j'écoutais... - Ô joie immense

De voir la soeur près de la soeur!

Mes yeux s'enivraient en silence

De cette ineffable douceur.

 

Et, dans la chambre humble et déserte,

Où nous sentions, cachés tous trois,

Entrer par la fenêtre ouverte

Les souffles des nuits et des bois,

 

Tandis que, dans le texte auguste,

Leurs coeurs, lisant avec ferveur,

Puisaient le beau, le vrai, le juste,

Il me semblait, à moi rêveur,

 

Entendre chanter des louanges

Autour de nous, comme au saint lieu,

Et voir sous les doigts de ces anges

Tressaillir le livre de Dieu !
 

Pierre Auguste Renoir - Deux fillettes lisant

Pierre Auguste Renoir - Deux fillettes lisant

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28 janvier 2025 2 28 /01 /janvier /2025 22:20

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 

 

J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.

 

J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.

 

- Grand-père ? - Quoi ? - Je veux m'en aller. - Aller où ?

- Où je voudrai. - Partons. - Je veux rester, grand-père.

- Restons. - Grand-père ? - Quoi ? - Pleuvra-t-il ? - Non, j'espère.


- Je veux qu'il pleuve, moi. - Pourquoi ? - Pour faire un peu

Pousser mon haricot dans mon jardin. - C'est Dieu

Qui fait la pluie. - Eh bien, je veux que Dieu la fasse.

- Mais s'il ne voulait pas ? - Moi, je veux. Si je casse

Mon joujou, le bon Dieu ne peut pas m'empêcher.

Ainsi... - C'est juste. Il va peut-être se fâcher,

Mais passons-nous de lui. - Pour qu'il pleuve ? - Sans doute.

Viens, prenons l'arrosoir du jardinier Jacquot,

Et nous ferons pleuvoir. - Où ? - Sur ton haricot.
 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.
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28 janvier 2025 2 28 /01 /janvier /2025 22:05

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

 

 

Chant sur le berceau


Je veille. Ne crains rien. J’attends que tu t’endormes.

Les anges sur ton front viendront poser leurs bouches.

Je ne veux pas sur toi d’un rêve ayant des formes
Farouches ;


Je veux qu’en te voyant là, ta main dans la mienne,

Le vent change son bruit d’orage en bruit de lyre.

Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne
Sourire.

 

Le poète est penché sur les berceaux qui tremblent ;

Il leur parle, il leur dit tout bas de tendres choses,

Il est leur amoureux, et ses chansons ressemblent
Aux roses.


Il est plus pur qu’avril embaumant la pelouse

Et que mai dont l’oiseau vient piller la corbeille ;

         Sa voix est un frisson d’âme, à rendre jalouse            l’abeille ;

 

Il adore ces nids de soie et de dentelles ;

Son coeur a des gaîtés dans la fraîche demeure

Qui font rire aux éclats avec des douceurs telles
Qu’on pleure ;


Il est le bon semeur des fraîches allégresses ;

Il rit. Mais si les rois et leurs valets sans nombre

Viennent, s’il voit briller des prunelles tigresses
Dans l’ombre,

 

S’il voit du Vatican, de Berlin ou de Vienne

Sortir un guet-apens, une horde, une bible,

Il se dresse, il n’en faut pas plus pour qu’il devienne
Terrible.


S’il voit ce basilic, Rome, ou cette araignée,

Ignace, ou ce vautour, Bismarck, faire leur crime,

Il gronde, il sent monter dans sa strophe indignée
L’abîme.

 

C’est dit. Plus de chansons. L’avenir qu’il réclame,

Les peuples et leur droit, les rois et leur bravade,

Sont comme un tourbillon de tempête où cette âme
S’évade.

 

Il accourt. Reviens, France, à ta fierté première !

Délivrance ! Et l’on voit cet homme qui se lève

Ayant Dieu dans le coeur et dans l’oeil la lumière
Du glaive.

 

Et sa pensée, errante alors comme les proues

Dans l’onde et les drapeaux dans les noires mêlées,

Est un immense char d’aurore avec des roues
Ailées.


 

Victor Hugo (1802-1885) - poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français - Chant sur le berceau 
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17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 20:18

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

Recueil : Les contemplations (1856).


 

Elle avait pris ce pli


Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin

De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;

Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère ;

Elle entrait, et disait : Bonjour, mon petit père ;

Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait

Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,

Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.

Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,

Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,

Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent

Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,

Et mainte page blanche entre ses mains froissée

Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.

Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,

Et c'était un esprit avant d'être une femme.

Son regard reflétait la clarté de son âme.

Elle me consultait sur tout à tous moments.

Oh ! que de soirs d'hiver radieux et charmants

Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,

Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère

Tout près, quelques amis causant au coin du feu !

J'appelais cette vie être content de peu !

Et dire qu'elle est morte ! Hélas ! que Dieu m'assiste !

Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;

J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux

Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.
 

Boulanger Louis Candide -Léopoldine Hugo - Maison de Victor Hugo

Boulanger Louis Candide -Léopoldine Hugo - Maison de Victor Hugo

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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 19:59

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

Recueil : Les contemplations (1856).

 


L'enfant, voyant l'aïeule

 

L'enfant, voyant l'aïeule à filer occupée,

Veut faire une quenouille à sa grande poupée.

L'aïeule s'assoupit un peu ; c'est le moment.

L'enfant vient par derrière et tire doucement

Un brin de la quenouille où le fuseau tournoie,

Puis s'enfuit triomphante, emportant avec joie

La belle laine d'or que le safran jaunit,

Autant qu'en pourrait prendre un oiseau pour son nid.

 

Cauteretz, août 1843.
 

Adèle Martin vieille femme fillette et quenouille

Adèle Martin vieille femme fillette et quenouille

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15 décembre 2024 7 15 /12 /décembre /2024 20:20

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 

Recueil : Les contemplations (1856).

 


Mes deux filles


Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,

L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,

Belle, et toutes deux joyeuses, ô douceur !

Voyez, la grande soeur et la petite soeur

Sont assises au seuil du jardin, et sur elles

Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,

Dans une urne de marbre agité par le vent,

Se penche, et les regarde, immobile et vivant,

Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase,

Un vol de papillons arrêté dans l'extase.

 

La Terrasse, près Enghien, juin 1842.
 

Renoir - Les Filles de Paul Durand-Ruel, Marie Thérèse et Jeanne

Renoir - Les Filles de Paul Durand-Ruel, Marie Thérèse et Jeanne

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