24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 22:46

 

2022


Cynthia Cochet - écrivaine franco-Suisse

1er Prix du Printemps de la poésie 2022

 


L'ail des ours

 

La première sortie cueillette de l’année

je me délecte de jeunes mâches sauvages

fraichement cueillies

sur le coteau bien exposé

la fraîcheur en bouche explose

après avoir jeûné quelques jours

le sauvage n’a pas son pareil

 

A l’orée de la forêt

la dent de lion tapisse le pré

il suffit de se pencher pour ramasser

pléthore de rosettes

la saveur est doucement amère

L’amer sera mon repère mon amer

 

pour me guider sur les flots

de la création culinaire

une forme de rébellion joyeuse

pour redorer le blason

d’une saveur boudée décriée

dans le carrousel toujours achalandé

de trop sucré d’édulcoré

 

Parfum de réveil

la forêt entière sent l’ail

Ôde à la renaissance

le printemps tant attendu

 

Les jeunes pousses d’ail des ours pointent

nous secouent pour peu qu’on les

confonde

avec des feuilles d’arum ou de colchiques

 

La terre nourricière se réchauffe

le gel dégel a fait son travail

sa bouche appelle les semailles

 

Le retour à la ville

est difficile

 

Asperges venues d’ailleurs

fraises gorgées d’eau

l’exubérance de certains stands

m’écœure

je retrouve la saveur à l’ancienne

sur les étals des maraîchers de métier

 

La terre sur les légumes ne trompent pas

le panais biscornu me fait de l’œil

j’imagine la beauté du potager

la sueur du jardinier

la main qui a planté

 

Où voulez-vous en venir?

à la simplicité

à la diversité des goûts

à l’envie d’essentiel dans l’assiette

 

Salade printanière

délicates pâquerettes et violettes

parsemées sur un lit de pissenlits et

pourpier

sobriété de l’assaisonnement

huile de noix rehaussée d’un balsamique

de pomme

 

accompagnée de son Panier de racines

panais salsifis et rutabagas rôtis à l’unilatéral

sauce vierge à l’ail des ours

confettis de graines germées

sur un émincé de pommes de terre,

plantain et oseille

 

le tout récolté et cultivé à côté de chez moi

Un plat hommage

aux mauvaises herbes

aux légumes oubliés

Pour faire revivre le savoir de nos aïeules

nos grands-mères et arrières grand-mères

 Cynthia Cochet - écrivaine franco-Suisse - L'ail des ours
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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 22:19

 

 

2009


Vette de Fonclare (1947) écrivaine et poétesse française.

 

 

L'ail

 

Magali a posé sur la toile cirée

Des olives, de l’huile et quelques gousses d’ail

A la robe bien fraîche et dont l’odeur canaille

Rappelle le Midi, ses saveurs épicées.

 

Les gousses sont rosées dans leur bulbe bien blanc

Sous leur pelure raide et sèche qui craquille,

Et l’on dit de leur chair qu’elle refortifie

Qui en fait un festin et en mange souvent.

 

On dit qu’on en tressait de fort jolis colliers

Dont on ornait le cou des tout petits enfants.

Sortes de talismans pour mieux les protéger

Des vampires, démons et autres garnements ! .

 

On conte également que la première grève

Advint un beau matin au pied des pyramides

Quand les serfs privés d’ail, leur plus précieux subside,

Posèrent leurs outils en attendant la trêve.

 

Oui ! Mais il y a l’odeur ! L’haleine empuantie

Des croqueurs d’ail repousse, indisposant les belles.

La seule solution, c’est de pousser icelles

A en manger aussi pour créer l’harmonie …

 Vette de Fonclare (1947) - écrivaine et poétesse française - L'ail
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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 22:05

 

 

Rimatouvent

Poème posté le 25/07/19 

 

 

Aïe ! Aïe   ! Ail ! Et vent pire ! 


La baronne de Bellemiche

Au tournoi de la saint Glinglin

D’un seigneur aussitôt s’entiche

Car il était beau et câlin.

 

Il pourfend vite ses rivaux 

Et lui dit soyez mon épouse

Profitons des temps estivaux

Et aimons-nous sur la pelouse.

 

Ayant pécule limité 

Ils logèrent en la vieille tour

Voisine de la gratuité

Mais abritant un vieux vautour.

 

Il y avait aussi des caves 

Où selon de vieilles rumeurs

Ne descendaient que les plus braves

Ou parfois quelques embaumeurs.

 

Des sépulcres d’un autre temps

Sinistres cela va sans dire

Abritaient, dès soleil levant,

Un certain nombre de vampires

 

Où de nocturnes sarabandes

Et d’hémorragiques repas

Animaient les sinistres bandes

Des descendants de Dracula.

 

La valeur de la tour bien sur 

Fréquentée de sombre manière

Ne valait même pas les murs

Nul n’investit en cette pierre.

 


Or le baron et la baronne 

Réussirent à faire déserter 

L’horrible faune polissonne

Qui de la tour dut s’écarter.

 

Elle fut cernée d’un jardin

Où l’ail planté en abondance 

Éloigna les buveurs sanguins

Leurs goules et leur descendance.

 

La marquise aimant la cuisine 

Faisait aussi des escargots 

De l’aïoli et des terrines

Où l’ail avait le dernier mot.

 

La tour enfin vit s’en aller

Ses nocturnes hématophages

Ils n’eurent plus qu’à détaler.

Laissant cercueils et bagages.

 

Le lieu devenant acceptable

Sa valeur grimpa aussitôt

Et pour un prix fort confortable

On le revendit illico.

 

Le doux baron et sa baronne

Partirent vers la côte d’azur

Le tortil vaut une couronne

Quand l’argent devient démesure.

 

Mais hélas les escargots

Pris en trop grandes quantités

Affectèrent leurs deux jabots 

D’hépatiques calamités.

 

Une cure étant nécessaire

Ils allèrent au pays d’Armor

L’air y était plus salutaire

Et le poisson bon pour le corps.

 

Leur penchant reprenant surface  

Pêchant des moules de bouchot

Ils eurent la détestable audace

De les faire au beurre d’escargot.

 

Et partant en cure à Vichy

Pour soigner une stéatose

Ils consignèrent par écrit 

De l’ail la grande apothéose.

 

Et les vampires désertant 

Une  France gastronomique

Ne firent plus couler le sang

Qu’en leur logis transylvanique.

 

La vente de la vieille tour

Enrichit tant leur descendance

Qu’elle paresse de nos jours 

Entre Vichy et la Provence.

 

Et sur le blason de famille

Avec l’escargot on a  peint

De l’ail, un hanap où pétille

De l’eau de Vichy Célestin.

Rimatouvent (Les poètes net) - Aïe ! Aïe   ! Ail ! Et vent pire ! 
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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 21:41

 

2011


Louis Dubost (1945) poète et professeur de philosophie

 


Diogène au potager

 

"Insociable sociabilité, constatait Emmanuel Kant. 

La fève déteste l'ail 

qui déteste le pois 

qui déteste l'échalote 

qui déteste le haricot 

qui déteste le poireau 

qui déteste la betterave 

qui déteste la tomate 

qui déteste la pomme de terre 

(conflit familial entre solanacées !) 

qui déteste le concombre 

qui déteste le melon 

qui déteste la courge 

qui déteste etc. 

On se croirait à l'université d'été des socialistes ou des écologistes ! 

La friche politique devrait en prendre de la graine : 

plutôt qu'à un énarque, il serait davantage pertinent 

de confier la gestion de l'État à un jardinier."

 Louis Dubost (1945) - poète et professeur de philosophie - Diogène au potager
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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 21:16

 

 

Alice May Brock (1941) artiste américaine et ancienne restauratrice

 

 

Ajouter de l'ail

 

Ajouter de la tomate et de l'origan, 

ça devient italien ; 

 

du vin et de l'estragon, 

ça devient français ; 

 

du citron et de la cannelle, 

ça devient grec ; 

 

de la sauce de soja, 

ça devient chinois ; 

 

ajouter de l'ail, 

ça devient bon !

Alice May Brock (1941) - artiste américaine et ancienne restauratrice - Ajouter de l'ail
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21 septembre 2023 4 21 /09 /septembre /2023 23:05

 

 

Luz Machado (Ágata Cruz, 1916- 1999) journaliste et poétesse vénézuélienne
 

 

L'ail.


L'ail serre son poing,

leur poing blanc puant qui ont enduré des libellules

pas nées.

Mais quand il rentre chez moi

et nu ses demi-lunes odeurs

et éclate son petit pigeonnier fou,

l'ail crie pour tout le temps qu'il était caché.

Alors vous savez

qui coupe la liberté sur terre.

 

 


El ajo.


El ajo aprieta su puño,

su blanco puño oloroso que enguantaron libélulas

no nacidas.

Pero cuando llega a mi casa

y desnudo sus medias lunas de olor

y reviento su mínimo palomar enloquecido,

el ajo grita por todo el tiempo que estuvo escondido.

Entonces sabe

que corta resulta la libertad sobre la tierra.

Luz Machado  (1916-1999)  - journaliste et poétesse vénézuélienne - L'ai.
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21 septembre 2023 4 21 /09 /septembre /2023 22:51

 

 

 

Boris Vian (1920-1959) écrivain, poète, parolier, chanteur,

 


L'anguille cuisinée 


Mettez les tronçons d'anguille 

dans une casserole, avec vin blanc, 

sel et poivre, oignons en lames, 

persil en branches, thym et laurier 

et une petite pointe d'ail. 

  Boris Vian (1920-1959) -  écrivain, poète, parolier, chanteur - L'anguille cuisinée 
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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 22:16

 

 

Année 1927 

Henri Leclerc (1870-1955) médecin et écrivain français, spécialiste des plantes médicinales et inventeur du mot phytothérapie dès 1913.

Les légumes de France, leur histoire, 

Revue d'Histoire de la Pharmacie  

 


L'ail


"L’ail, bravant les injures du temps, 

enfonce toujours dans le sol 

son bulbe résistant cuirassé d’écailles 

et dresse sa tige verte diadémée d’étoiles laiteuses ; 

bien loin de voir diminuer sa réputation,

il s’est nimbée d’une auréole nouvelle de gloire 

en prenant place dans les fastes de la science moderne, 

auprès des substances thérapeutiques les plus illustres."

Henri Leclerc (1870-1955) - médecin et écrivain français - L'ail
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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 18:28

 

 

Stéphane Mallarmé (1842-1898) poète français, également enseignant, traducteur et critique

Poésies, Nouvelle Revue française, 1914 (8e éd.) (p. 108).

 

Le Marchand d’ail et d’oignons

 

L’ennui d’aller en visite

Avec l’ail nous l’éloignons.

L’élégie au pleur hésite

Peu si je fends des oignons.

 Stéphane Mallarmé (1842-1898) - poète français - Le Marchand d’ail et d’oignons
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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 18:16

 

 

1920


Raoul Ponchon (1848-1937) écrivain et chroniqueur de presse français.

À Jean Loup Richepin.

La muse au cabaret

 

...


Le gigot


I


Quand le gigot paraît au milieu de la table,

Fleurant l’ail, et couché sur un lit respectable

De joyeux haricots,

L’on se sent beaucoup mieux, un charme vous pénètre,

Tout un chacun voyant son appétit renaître,

 Aiguise ses chicots.


 

On avait bien mangé mille riens-d’œuvre et autre

Mais... quel sera le rôt ?... songeait le bon apôtre

De convive anxieux.

Bravo ! c’est un gigot ! Une servante brave

Vient d’entrer, dans ses bras portant, robuste et grave,

Ce fardeau précieux.


 
Alors, l’amphitryon, le père de famille

Se demande, tandis que son œil le fusille :

Sera-t-il cuit à point ?
Il l’est — n’en doutez pas, et chacun le proclame,

Dès qu’il a vu plonger une invincible lame

Dans son doré pourpoint.


 
Son sang de tout côté ruisselle en filets roses.

Sa chair est admirable, et fait honte aux roses.

Le plus indifférent

Des convives, muet tout à l’heure et morose,

S’épanouit, du coup, débite mainte prose,

Devient même encombrant.


 
Il ne faut bien souvent une soupe ratée,

Pour que, dès le début, soit la verve arrêtée

Chez les plus beaux esprits ;

Le gigot vient, voici que la gaîté s’échappe.

On rit, on cause... l’un demande l’"œil du pape",

Et l’autre, la "souris".


 
L’un voudrait du « saignant», l’autre du "cuit", problème

Qui n’est pas difficile à résoudre. Un troisième

Hésite entre les deux...

Le propre d’un gigot, cuit selon le principe,

Étant de satisfaire au goût de chaque type,

Serait-il hasardeux.


 
Quelquefois on cause Art, Science, Politique,

La conversation prend un tour emphatique,

Qui n’est pas sans danger...

Arrive le gigot... adieu les grandes phrases !

Chacun à son voisin dit : assez.. tu me rases !

Parlons donc de manger.

...

 Raoul Ponchon (1848-1937) écrivain et chroniqueur de presse français - La muse au cabaret
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