19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 21:39

 

 

La cannelle dans la Bible

 

Cantique des Cantiques 4 : 

 


   12   

Tu es un jardin bien clos, ô toi, ma soeur, ma fiancée. 

Tu es une source close, une fontaine scellée. 


13 

Tes rameaux sont un verger, un verger de grenadiers 

portant les fruits les meilleurs : le henné avec le nard,

 
14 

le nard avec le safran et la cannelle odorante, le cinnamome,

et toutes sortes d'arbres donnant de l'encens, 

de l'aloès et de la myrrhe, et les plus fins aromates. 


15 

Tu es la source des jardins, un puits d'eaux vives, 

d'eaux ruisselant du Liban.

 

16

Eveille-toi, Aquilon ! Accours, Autan ! 

Viens souffler sur mon jardin,

pour que ses parfums s'exhalent

"Que mon bien-aimé pénètre dans son jardin 

et qu'il en goûte les fruits exquis."

La cannelle dans la Bible - Cantique des Cantiques 4 : 12, 13, 14, 15, 16
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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 20:37

 

 

La cannelle dans la Bible

 

Apocalypse 18 - marchandise de Babylone

 

9

"Et tous les rois de la terre, qui se sont livrés

avec elle à l’impudicité et au luxe, pleureront

et se lamenteront à cause d’elle,

quand ils verront la fumée de son embrasement"



10 

Ils se tiendront à distance par peur de ses tortures, 

et ils diront : " Malheur ! Malheur ! 

la grande ville, Babylone, ville puissante : 

en une heure, ton jugement est arrivé ! "

 

11 

Et les marchands de la terre pleurent et 

prennent le deuil à cause d’elle,

puisque personne n’achète plus leur cargaison :

 

12

cargaison d’or, d’argent, de pierres précieuses

et de perles, de lin fin, de pourpre, de soie et d’écarlate ;

toutes sortes de bois odorants,

d’objets en ivoire, en bois très précieux,

en bronze, en fer et en marbre ;
 


13 

cannelle, épices, parfums, baume et encens, vin,

 huile, fleur de farine et blé, bestiaux et moutons, 

chevaux et chariots, esclaves et marchandise humaine.

La cannelle dans la Bible - Apocalypse 18 : - marchandise de Babylone
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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 17:39

 

 

La cannelle dans la Bible

 

Proverbes 7

 

…15

C'est pourquoi je suis sortie au-devant de toi Pour te

chercher, et je t'ai trouvé.



…16

J'ai orné mon lit de couvertures, De tapis de fil d'Egypte; 

 


17

J'ai parfumé ma couche De myrrhe, d'aloès et de cinnamome. 

 

18

Viens, enivrons-nous d'amour jusqu'au matin, 

Livrons-nous joyeusement à la volupté.…

La cannelle dans la Bible - Proverbes 7 : 15; 16, 17, 18
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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 16:50

 

La cannelle dans la Bible

 

Exode 30:22-25

 L'Éternel parla à Moïse, et dit:

Prends des meilleurs aromates, cinq cents sicles de myrrhe, 

de celle qui coule d'elle-même; la moitié, 

soit deux cent cinquante sicles, de cinnamome aromatique, 

deux cent cinquante sicles de roseau aromatique,

cinq cents sicles de casse, selon le sicle du sanctuaire, 

et un hin d'huile d'olive.

Tu feras avec cela une huile pour l'onction sainte, 

composition de parfums selon l'art du parfumeur; 

ce sera l'huile pour l'onction sainte.

 

Exode 30 : 34-35 

Alors l'Éternel dit à Moïse : 

Prends des épices douces (cannelle),

 du stacte, de l'onycha et du galbanum, 

et de l'encens pur avec ces épices douces ; 

il doit y avoir des quantités égales de chacun. 

Tu en feras un encens composé 

selon "l'art du parfumeur", salé, pur et saint.

 

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13 janvier 2024 6 13 /01 /janvier /2024 17:10

 

 

La légende de la Testa di Moro

 


Histoire d'un jeune Maure et une jeune fille sicilienne, vers l’an 1100, période de la domination des Maures en Sicile, dans le quartier arabe de Palerme "Al Hàlisah" (qui signifie l’élu) aujourd’hui appelé Kalsa.


Il y avait une belle fille qui passait ses journées toute seule dans la maison, consacrant son attention aux soins des plantes de son balcon. Du haut de son balcon luxuriant, elle fut bientôt remarquée par un jeune Maure, qui en tomba follement amoureux et déclara ouvertement sa passion ardente pour elle.
La jeune femme, habituée à une vie solitaire, est agréablement frappée par cette promesse d’amour et lui rend la pareille en se donnant à lui.


Peu de temps après, la jeune fille a découvert que le Maure cachait un très grave secret. Son cœur n’était pas totalement libre comme il le lui avait dit, il avait une femme et des enfants qui l’attendaient à l’Est et le moment était venu de rentrer chez lui.


La jeune fille était dévastée d’apprendre une telle nouvelle et amèrement attristée par l’amour trahi qui allait maintenant l’abandonner, elle était saisie d’une colère qui la poussait inexorablement à se venger.


Ainsi, la nuit, alors que le Maure dormait, elle l’a frappé mortellement pour qu’il ne l’abandonne plus jamais. Elle a d’ailleurs décidé de lui couper la tête, créant avec elle un vase, dans lequel elle a placé un germe de basilic.


La jeune fille savait que cette plante parfumée (du grec "Basileus – Roi") représentait l’herbe des souverains ; de cette façon, malgré l’acte terrible accompli, elle continuait à prendre soin de son bien-aimé comme s’il était son roi.


Elle décida de placer la Testa di Moro sur son balcon, se consacrant chaque jour aux soins de la plante qui poussait luxuriamment.


Les voisins, envahis par l’odeur de la plante, l’ont vite enviée et ont fait fabriquer des pots en terre cuite qui avaient les mêmes caractéristiques que celui dont s’occupait amoureusement la jeune fille.


Aujourd’hui, la Testa di Moro porte une couronne, en mémoire du protagoniste de la triste histoire.

La légende de la Testa di Moro - Le pot de basilic
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12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 21:46

 

 

Conte turc 


"La vendeuse de basilic."


Il était une fois, il n'était pas une fois, dans un temps très lointain, quand le tamis étais dans le blé, un homme très pauvre qui avait trois filles.


Ces trois jeunes filles s'occupaient d'un petit jardinet attenant la petite cabane qui leur servait de logis et vendaient du basilic sur les marchés.


Un jour, le fils du Sultan d'un pays voisin, sur son cheval fièrement harnaché, passa tout près du jardinet et remarqua la présence de ces trois belles jeunes filles.


Il rentra au palais, mais plusieurs jours durant ne pouvant plus s'occuper des affaires du pays, décida de retourner vers le beau petit jardinet.


Arrivé près du jardinet embaumant, il vit l'une des sœur et la héla :

"Vendeuse de basilic ! Vendeuse de basilic !tu plantes, tu arroses, tu vends ce basilic, mais sais-tu combien de feuilles de basilic sur chaque brin ?"


La jeune fille, honteuse de ne savoir que répondre à ce beau prince, s'enfuit et se cacha dans le logis.


Le lendemain, le sultan repassa par le jardinet et vit cette fois la deuxième des jeunes filles.


- Vendeuse de basilic ! Vendeuse de basilic ! Tu plantes, tu arroses, tu vends ce basilic, mais sais-tu combien de feuilles de basilic sur chaque brin ?

 

La jeune fille avoua simplement :

Je ne sais pas, je n'ai jamais pensé à les compter.

 

Et s'enfuit elle aussi , se réfugiant au logis.

 

Le troisième jour, c'était au tour de la cadette d'arroser le basilic. Lorsque le fils du sultan lui posa la question, plus maligne que ces aînés, elle lui fit cette réponse."Fils du Sultan !Fils du Sultan ! Depuis tant d'années, tu lis, tu écris, tu apprends. Tu sais beaucoup de choses, mais sais-tu combien il y a d'étoiles au firmament ?"


Amusé par son aplomb et son espièglerie, touché par sa beauté, le fils du Sultan ne répondit point mais décida sur le champs d'en faire son épouse. Il se rendit au château, se changea et revêtit les habits d'un pauvre mendiant puis vint sonner à la porte de la cabane. Ce fut la cadette qui ouvrit la porte et lorsque elle lui demanda ce qu'il désirait, il lui répondit qu'il désirait parler à son père.


Celui-ci apparut au seuil de la porte et fit entrer le pauvre malheureux qui se tenait là.


Le fils du sultan dit alors:

"J'ai fait un rêve, je posais une question à chacune de tes trois filles mais je n'ai eu la réponse que de l'une d'entre elle, je désire épouser celle-ci."


Sur ce le père des trois filles appela son aînée et lui demanda si elle souhaitait convoler en noces avec le jeune homme.


Elle regarda le jeune homme pauvrement vêtu de la tête au pied et répondit :

"Ah, non, merci, je ne souhaite pas épouser un homme si pauvre !"


Le père appela alors sa deuxième fille, lui posa exactement la même question et elle lui fit exactement la même réponse.


Le père appela alors la cadette. En un coup d'œil, elle reconnut le fils du sultan sous ses guenilles et répondit gracieusement :

"Père chéri, c'est ma première chance et ne ne voudrais pas la renvoyer. Aussi , si tu m'y autorises, j'accepte d'épouser cet homme"


Le fils du sultan , tout heureux de la réponse , révéla immédiatement son identité en jetant et ordonna sur le champs que l'on prépare ses noces.


Les noces se firent après quarante jours et quarante nuits de fêtes somptueuses embaumant le basilic, ils se marièrent et furent heureux le restant de leur vie.

Peintre miniaturiste strasbourgeoise, Sabine Buchmann

Peintre miniaturiste strasbourgeoise, Sabine Buchmann

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12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 21:22

 

 

Chant populaire crêtois, 

cité par Angelo de Gubernatis


"Basilic, herbe de deuil, 

fleuris sur ma petite fenêtre ;

Moi aussi, je vais me coucher dans la douleur,

Et je m’endors en pleurant."

Chant populaire crêtois - cité par Angelo de Gubernatis - Basilic, herbe de deuil, 
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12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 21:15

 

 

chant funèbre roumain

Cité par Jérôme Goust

 

"Parsème des grains de basilic,

Mère, dans l’âtre,

Les bourgeons sont brûlés,

Meila ne va plus rentrer"

chant funèbre roumain - Cité par Jérôme Goust  -  Parsème des grains de basilic,
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12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 15:21

 

 

John Keats (1795-1821) poète anglais 

Isabella, or the Pot of Basil 

poème narratif écrit en 1818 et publié en 1820 

adapté de l'histoire du Décaméron (IV, 5) de Boccace.

 

 

Isabelle ou le pot de basilic

Conte d'après Boccace

Extrait

 

I

Gracieuse Isabelle, pauvre innocente Isabelle !

Lorenzo, un jeune pèlerin sous l’œil de l’Amour !

Ils ne pouvaient habiter la même demeure

Sans émotion au cœur, sans souffrance ;

Ils ne pouvaient s’asseoir aux repas sans éprouver

Quelle douceur pour l’un était la présence de l’autre ;

Ils ne pouvaient, à coup sûr, dormir sous le même toit

Sans rêver l’un à l’autre et pleurer chaque nuit.

...

 

VIII

  "O Isabelle, je m’aperçois à demi

Que je peux confier ma souffrance à ton oreille ;

Si jamais tu peux croire à quelque chose,

Crois à mon amour, crois que mon cœur

Est près de s’arrêter : je ne voudrais pas t’irriter

En pressant ta main malgré toi, ni blesser

Tes yeux en les fixant ; mais je ne peux vivre

Une nuit de plus sans t’avouer ma passion.

 

IX

"Amour ! tu me délivres de l’hiver glacial,

Jeune fille ! tu me mènes vers la chaleur de l’été,

Il me faut donc goûter la floraison qui s’épanouit

Dans la chaude maturité de ce gracieux matin."

Il dit, et ses lèvres timides tout à l’heure, s’enhardirent,

Un baiser chanta poétiquement, humide de rosée :

Une grande béatitude, une extase s’éleva en eux,

Telle une fleur de volupté sous la caresse de Juin.

...

XIV

La mignonne amoureuse habitait avec ses deux Frères

Enrichis par le commerce de leurs ancêtres,

Pour eux, plus d’une main lassée s’humectait de sueur

Dans les mines éclairées de torches ou dans les bruyantes

factoreries,

Plus d’un dos frémissant d’orgueil se courbait

Et saignait sous l’aiguillon du fouet ; les yeux creux,

Aveuglé, plus d’un passait des jours entiers dans la rivière,

Pour récolter les grains d’or roulés par les flots.

...

XI

Ces deux frères ayant découvert à de nombreux indices

Quel amour Lorenzo portait à leur sœur,

Et combien elle l’aimait aussi, chacun échangea

Avec l’autre ses plus amers soupçons, presque fou de penser

Que lui, le serviteur chargé de leurs affaires,

Fût l’heureux possesseur de l’amour de leur sœur,

Quand leur dessein était de la mener peu à peu

A quelque haut seigneur et ses bois d’oliviers.

 

XXII

Et ils tinrent plus d’un conciliabule jaloux,

Et plus d’une fois à part se mordirent les lèvres,

Avant d’avoir arrêté l’expédient le plus sûr

Pour faire expier son crime au jeune amoureux ;

A la fin, ces deux hommes pétris de cruauté

Tranchèrent la Pitié d’une entaille profonde jusqu’à l’os :

Car ils résolurent, dans quelque obscure forêt

De tuer Lorenzo, et de l’y enterrer.

...

XXVIII

Là fut tué et enterré Lorenzo,

Là dans cette forêt prit fin son grand amour ;

Ah ! quand une âme gagne ainsi sa délivrance,

Elle souffre dans la solitude, — est mal à l’aise dans la paix,

Comme les limiers couverts de sueur après l’hallali :

Ils trempèrent leurs épées dans l'eau, et firent galoper sans

merci

Leurs chevaux pour rentrer, éperonnant furieusement,

Chacun d’eux plus riche en étant meurtrier.

 

XXIX

Ils contèrent à leur sœur comment, en soudaine hâte,

Lorenzo s’était embarqué pour des rivages étrangers ;

Cette grande urgence était nécessitée

Par leurs affaires que requéraient des mains fidèles.

Pauvre fille ! revêts ton voile de veuve étouffant,

Et sois libérée sur le champ des maudits liens de l’Espérance ;

Aujourd’hui tu ne le verras plus, ni demain,

Et le jour suivant sera un jour de deuil.

...

XXXII

Au milieu de l’automne, vers le soir,

Le souffle de l’hiver arrive de très loin.

Le vent empoisonné de l’Ouest dépouille sans trêve

Les arbres de leur teinte dorée, siffle la ronde

De mort parmi les buissons et les feuilles,

Il dénude tout avant d’oser s’élancer

Hors de ses cavernes du Nord. De même la douce Isabelle

Par un dépérissement graduel perdit sa beauté,

 

XXXIII

Parce que Lorenzo ne revenait pas. Souvent

Elle demandait à ses frères, l'œil éteint,

S’efforçant de rester brillant, quelle contrée

Pouvait le retenir si longtemps prisonnier ! ils inventaient

De temps en temps un conte pour la tranquilliser. Leur crime

Etait sur leur tête, comme la fumée sur la vallée de Hinnom ;

Et chaque nuit dans leurs rêves ils gémissaient tout haut,

De voir leur sœur dans son linceul de neige.

 

XXXIV

Car elle était morte dans une ignorance assoupissante,

Mais pour une chose plus mortellement lugubre que tout ;

Cela vint comme un amer breuvage, bu par hasard,

Qui délivre le malade du fastueux drap mortuaire

En lui rendant quelques instants le souffle ; comme une lance

Éveillant un Indien de son hypnotisme, nuageux palais,

D’un coup féroce, et lui ramenant

Le sens du feu dévorateur au cœur et au cerveau.

 

XXXV

Ce fut une vision. Dans l’engourdissante obscurité,

Dans la tristesse de minuit, aux pieds de sa couche

Lorenzo se tenait, et pleurait ; la tombe de la forêt

Avait souillé sa luisante chevelure qui autrefois lançait

Ses éclats jusqu’au soleil, et mis sa froide empreinte

Sur ses lèvres, et brisé le suave luth

De sa voix rendue au silence ; le long de ses oreilles fangeuses

Un lit de boue était creusé par ses larmes.

 

...

XXXIX

Je suis une ombre maintenant, hélas ! hélas !

Sur les confins de l’humaine nature demeurant

Seul : seul je chante la sainte Messe

Agenouillé tandis qu’autour de moi tintent de menus sons de vie,

Que de chatoyantes abeilles volent à midi vers les champs,

Et que plus d’une cloche de chapelle annonce l’heure,

Me transperçant de douleur : ces sons deviennent étranges

pour moi,

Et tu es loin de moi parmi les humains.

...

XLV

Qui n’a rôdé dans un verdoyant cimetière,

Et laissé son esprit, comme un génie taupe,

Fouiller le sol argileux et le dur gravier

Pour voir un crâne, des os dans le cercueil et la robe funéraire;

Prenant en pitié chaque forme qu’a souillée la voracité de la

Mort,

Et lui insufflant encore une fois une âme humaine ?

Ah ! ceci est une fête en comparaison de ce qu’éprouvait

Isabelle s’agenouillant devant Lorenzo.

 

XLVI

Ses regards sondaient la terre fraîchement remuée, comme si

Un simple coup d’œil pouvait surprendre tous ses secrets :

Distinctement elle vit, comme d’autres auraient reconnu

Des membres livides au fond d’une source de cristal ;

Sur le lieu du meurtre elle semblait prendre racine,

Tel un lis né dans le vallon :

Alors, avec un poignard, soudain, elle commença

A creuser avec plus d’ardeur que les avares ne le peuvent.

 

XLVII

Bientôt elle déterra un gant boueux, sur lequel

Avec la soie sa fantaisie avait brodé de pourpres dessins,

Elle le baisa de ses lèvres plus froides que le marbre,

Et le mit dans son sein où il se sécha

Et glaça complètement jusqu’à l’os

Les suaves mamelles créées pour apaiser les cris des enfants :

Puis elle recommença à fouiller, sans répit

Si ce n’est pour écarter de temps en temps le voile de ses

cheveux.

 

XLVIII

La vieille nourrice se tenait à côté d’elle, étonnée,

Jusqu’à ce qu’elle se sentît le cœur ému de pitié

A la vue d’un si pénible labeur,

Alors elle s’agenouilla aussi, malgré ses mèches blanches

Et prêta ses mains décharnées à cette horrible besogne ;

Trois heures elles peinèrent sur ce douloureux travail :

Enfin elles touchèrent le fond de la fosse

Sans qu’Isabelle perdît son calme ni son sang froid.

 

XLIX

Hélas ! à quoi bon toutes ces histoires de vermines ?

Pourquoi s’attarder si longtemps près de cette tombe béante ?

Oh ! pour la grâce d’un Roman d’autrefois,

La plainte ingénue d’un chant de ménestrel !

Aimable lecteur, jette un coup d’œil sur le vieux conte,

Car ici, en vérité, il ne sied pas

De dire : — Oh ! tourne-toi vers le véritable conte,

Et goûte le charme de cette pâle vision.

 

L

D’un stylet plus émoussé que le glaive de Persée

Elles tranchèrent, non la tête d’un monstre informe,

Mais une tête, dont la beauté s’harmonisait merveilleusement

Avec la mort comme avec la vie. Les anciens bardes ont dit :

L'amour ne meurt jamais, mais vit, dieu immortel :

Si l'amour personnifié est jamais mort,

Isabelle l’embrassa et gémit à voix basse.

C'était l'amour ; froid — mort, c'est vrai ; mais toujours dieu.

 

LI

Anxieuses pour leur secret, elles emportèrent la tête chez elles

Où la récompense fut pour la seule Isabelle :

Elle lissa la chevelure en désordre avec un peigne d’or,

Autour de chaque œil plus creusé encore par la mort

Elle fixa des boucles comme des cils ; et la glaise gluante,

Avec des larmes aussi glacées que le suintement d’une source

Elle l’enleva ; puis de nouveau elle peigna et

Soupira tout le jour — puis de nouveau elle embrassa et pleura.

 

LII

Ensuite dans une écharpe d’or — parfumée avec la rosée

De fleurs précieuses, cueillies en Arabie,

Et les divines liqueurs distillées en gouttes odorantes

A travers les tuyaux serpentins rafraîchissants —

Elle l’enveloppa ; et pour tombe lui choisit

Un pot de fleurs, dans lequel elle l’enfouit,

La recouvrant de terre ; et par dessus elle planta

Un basilic fleuri, que ses larmes arrosèrent à jamais.

 

LIII

Elle oublia les étoiles, la lune, le soleil,

Elle oublia l’azur au-dessus des arbres,

Elle oublia les vallées où coulent les ruisseaux,

Elle oublia la brise glaciale de l’automne ;

Elle n’avait aucune notion de la fin des journées

Et ne discernait pas leur recommencement ; mais en paix

Se penchait sur son basilic en fleur immuablement,

Et le trempait de ses larmes jusqu’à la racine.

 

LIV

Ainsi elle le nourrit sans trêve de ses larmes amères,

Qui le rendirent gras, vert et florissant

Au point que son baume surpassa celui de ses semblables

Les autres toufles de basilics de Florence ; car il tirait,

En plus, sa nourriture et sa vie, d’un forfait humain,

De cette tête devenue pourriture cachée à tous les regards

Au point que ce joyau, en sûreté dans son écrin,

Prospéra au grand jour et s’épanouit en feuilles parfumées.

 

LV

O Mélancolie, demeure avec nous pour un instant !

O Musique, Musique, reprends haleine tristement !

O Écho, Écho, de quelque sombre rive,

Inconnue, Léthéenne, soupire vers nous — O soupire !

Esprits de deuil, relevez vos têtes, et souriez ;

Relevez la tête, suaves Esprits, avec accablement,

Et jetez une faible lueur dans vos ténèbres funéraires,

Teintant avec la pâleur de l’argent le marbre des tombes.

 

LVI

Gémissez ici, vous toutes, syllabes qui exprimez le malheur

Et que clame le gosier profond de la triste Melpomène !

Faites résonner la lyre de bronze sur le mode tragique,

Faites vibrer les cordes mystérieusement ;

Sifflez lugubrement plus haut que les vents, et sourdement ;

Car la naïve Isabelle doit bientôt habiter

Le royaume des morts ; elle se fane comme un palmier

Qu’entaille un Indien pour sa sève embaumée.

 

LVII

O laisse le palmier se faner de lui-même ;

Ne permets pas au froid hiver de geler son agonie !

Cela ne peut être — ces riches adorateurs de Babel,

Ses frères, remarquaient la continuelle averse

Qui coulait de ses yeux morts ; et plus d’un curieux lutin,

Parmi ses parents, s’étonnait qu’une telle dot

De jeunesse et de beauté fût dédaignée, étant l’apanage

D’une fille prédestinée à devenir la fiancée d’un seigneur.

 

LVIII

Bien plus, ses frères s’étonnaient davantage

De la voir languir à côté du Basilic verdoyant,

Et de voir celui-ci s’épanouir, comme par miracle ;

Grandement ils se demandaient ce que cela signifiait :

Ils ne pouvaient sûrement pas croire qu’une chose

De si peu de valeur eût le pouvoir de lui faire oublier

Sa propre jeunesse, et les gais plaisirs,

Et jusqu’au souvenir de l’amour anéanti.

 

LVIX

Aussi épièrent-ils le moment où ils pourraient pénétrer

Le mystère de ce caprice ; et longtemps ils épièrent en vain ;

Car rarement elle se présentait au confessionnal,

Et rarement elle éprouvait la sensation de la faim ;

Et quand elle quittait son trésor, elle rentrait à la hâte, aussi

vite

Qu’un oiseau volerait pour revenir couver ses œufs ;

Aussi patiente qu’une poule, elle s’asseyait

A côté de son Basilic, pleurant à travers ses cheveux.

 

LX

Ils imaginèrent donc de voler le pot de Basilic

Et de l’examiner dans un endroit secret :

Ce n’était que pourriture verdâtre et livide,

Et cependant ils reconnurent le visage de Lorenzo :

Ils avaient récolté la récompense de leur crime,

Si bien qu’ils désertèrent Florence sur l’heure

Pour n’y plus jamais retourner. Ils partirent au loin

Avec du sang sur leur tête, en exil.

 

LXI

O Mélancolie, détourne les yeux !

O Musique, Musique, reprends haleine tristement !

O Écho, Écho, quelqu’autre jour

Des îles Léthéennes, soupire vers nous — O soupire !

Esprits de deuil, ne chantez pas votre "Bon voyage !"

Car Isabelle, la douce Isabelle, va mourir ;

Elle va mourir d’une mort trop solitaire et incomplète

Puisqu’on lui a dérobé son cher Basilic.

 

LXI

Lamentablement elle regardait les choses mortes et inanimées,

Réclamant amoureusement son Basilic perdu ;

Et avec les accents mélodieux dans les cordes

De sa voix expirante, maintes fois elle pleurait

Sur le pèlerin à l’âme errante,

Pour lui demander où était son Basilic ; et pourquoi

On le lui cachait "Car c’est cruel", disait-elle,

"De me dépouiller de mon pot de Basilic"

 

LXIII

C’est ainsi qu’elle dépérit, qu’elle mourut de désespoir,

Implorant pour son Basilic jusqu’au dernier soupir.

Il n’y eut pas un cœur à Florence qui ne prît

En pitié son amour, dont la fin avait été si tragique.

De cette histoire naquit une plaintive ballade

Qui passant de bouche en bouche parcourut tout l’univers :

On en chante encore le refrain : "Quelle cruauté

De me dépouiller de mon pot de Basilic ! "

 

Joseph Severn (1793-1879) peintre britannique et l’ami du célèbre poète anglais John Keats.   Isabella et le pot de basilic

 

William Holman Hunt (182-1910) peintre britannique Isabelle et le pot de basilic, 1867 (Isabella and the Pot of Basil, 1867)

 

John William Waterhouse (1849-1917) peintre britannique  Isabelle et le pot de basilic, -1907

John William Waterhouse (1849-1917) peintre britannique Isabelle et le pot de basilic, -1907

Edward Reginald Frampton (1872-1923) artiste britannique  Isabelle et le pot de basilic, 

Edward Reginald Frampton (1872-1923) artiste britannique Isabelle et le pot de basilic, 

George Henry Grenville Manton (1855-1932) Peintre et illustrateur britannique  Isabella et le pot de basilic

George Henry Grenville Manton (1855-1932) Peintre et illustrateur britannique Isabella et le pot de basilic

Isabella (années 1800) de John Keats, publié par Collins

Isabella (années 1800) de John Keats, publié par Collins

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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 14:52

 

 

Jean Boccace (1313-1375) écrivain florentin du XIVᵉ siècle,
Recueil de nouvelles en toscan, le Décaméron.

Le Décaméron (1350-1354)

traduction d’après le texte qui se trouve dans un manuscrit du quatorzième siècle :

 

 

Le pot de basilic de Salerne

 

 

Quel est le mauvais chrétien

Qui m’a dérobé le pot de fleurs

Où était mon basilic de Salerne !

Il avait poussé avec vigueur.

C’est moi qui le plantai de ma main

 Le jour même de ma fête

Qui vole le bien d’autrui, commet une lâcheté.

 

Qui vole le bien d’autrui, commet une lâcheté,

Et le péché est très grand.

Ô malheureuse ! qui m’étais

Semé un pot de fleurs ?

Il était si beau, que je m’endormais à son ombre.

Tout le monde me l’enviait ;

Il m’a été volé, et devant ma porte.

 

Il m’a été volé, et devant ma porte :

Et j’en ai été très douloureusement affligée.

Malheureuse ! que ne suis-je morte.

Moi qui m’y étais si chèrement attachée !

C’est seulement l’autre jour que je fis mauvaise garde,

À cause de messire que j’aime tant.

Je l’avais tout entouré de marjolaine.

 

Je l’avais tout entouré de marjolaine

Pendant le beau mois de mai.

Je l’arrosais trois fois par semaine :

Aussi, je vis comme il prit bien.

Maintenant, il est certain qu’on me l’a volé.

 

Maintenant, il est certain qu’on me l’a volé ;

Je ne puis plus le cacher,

Si j’avais su d’avance

Ce qui devait m’arriver,

 Je me serais endormie sur le seuil de ma porte

Pour garder mon pot de fleurs.

Le Dieu tout-puissant pourrait bien me venir en aide.

 

Le Dieu tout-puissant pourrait bien me venir en aide,

Si cela lui plaisait,

Contre celui qui s’est rendu si coupable envers moi.

Il m’a mis en peine et en tourment,

 Celui qui m’a volé mon basilic.

 Qui avait un si doux parfum.

 Son parfum me ragaillardissait toute.

 

 Son parfum me ragaillardissait toute,

 Tant il répandait de fraîches odeurs.

 Et le matin quand je l’arrosais,

 Au lever du soleil,

 Tout le monde s’étonnait,

Disant : D’où vient une telle odeur ?

Et moi : par amour pour lui, je mourrai de chagrin.

 

Et moi, par amour pour lui, je mourrai de chagrin,

 Par amour pour mon pot de fleurs.

 Si quelqu’un voulait me dire où il est,

 Je le rachèterais volontiers

J’ai cent onces d’or dans ma bourse,

 Volontiers je les lui donnerais,

Et je lui donnerais un baiser, s’il le désirait.


 

 

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Evans Jura

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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