3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 18:50

 

 

 

 

Mythologie des arbres


Le magnolia 

 

 

Le magnolia, magnolier ou laurier tulipier forme un genre de plante à fleurs, de la famille des Magnoliacées, essentiellement des arbres et arbustes, des régions tempérées chaudes.

Les autres noms du magnolia : Bois-cachiman ; Bois-pin ; Laurier-tulipier ; Magnole.  Magnolia est un grand genre d'environ 210 à 340 espèces de plantes à fleurs dans la sous-famille des Magnolioideae de la famille des Magnoliaceae .

 

Les magnolias sont originaires d'Extrême-Orient (Japon, Chine), d'Asie centrale (Himalaya), d'Amérique du Nord (Sud des États-Unis), et d'Amérique centrale. Ils ont été largement acclimatés en Europe. 


Les arbres de Magnolia peuvent vivre jusqu’à un siècle et se plaisent plutôt dans des sols frais, humifères.


Ce sont des arbres ou arbustes, à feuilles généralement grandes, alternes, ovales ou elliptiques, caduques ou persistantes, généralement coriaces.


 

La floraison apparaît généralement après quinze à trente ans, en avril, mai, juin . 

Les fleurs solitaires, sont grandes, très décoratives, souvent dressées, généralement en forme de coupe, de couleur claire, blanc rosé, jaune clair. Les étamines, très nombreuses sont lamellaires. 

Le parfum du magnolia présente une grande fraîcheur citronnée, avec un léger accent de poire et de rose, teintée de notes vertes. Puis une facette florale solaire douce aux accents vanillés.

O corolle embaumée et blanche

Que l'air balance avec amour

Charme et vis... ne fut-ce qu'un jour

Un jour qui soit ton beau dimanche

A une fleur de magnolia  (1864) - Adolphine Bonnet



 

Les fruits, arilles, en forme de cône sont composés d'un ensemble de follicules (fruit sec dérivé d'un seul carpelle) et contiennent des graines à tégument rouge.


 

 

Le Feuillage.

Semi-persistant ou semi-caduc : La plante conserve une partie de son feuillage toute l'année.

Caduc : La plante perd ses feuilles à l'automne.

 

 

 

Il existe deux grands types de magnolias :

Ceux aux feuilles caduques fleurissant au printemps, juste avant l'apparition des feuilles.
Ceux au feuillage persistant. Les fleurs de ce dernier forment de grandes inflorescences en forme de tulipe de 25 cm de diamètre qui apparaissent en fin de printemps ou au début de l'été.

 


Magnolias à feuillage persistant 

 

Les magnolias persistants (parfois surnommé "laurier-tulipier") se distinguent des magnolias caducs non seulement par leur belles feuilles vernissées qui restent en place en toute saison mais également par leurs élégantes et imposantes fleurs blanc pur à blanc-crème délicatement parfumées, qui ne s'épanouissent pas au printemps mais en été.

Le tronc est généralement unique et le houppier souvent conique, plus ou moins large selon les variétés, mais parfois arrondi

La Période de floraison débute en général à la mi-juin pour atteindre son apogée en juillet et continuer decrescendo jusqu’à la fin août.

 


Magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora), 


est un grand arbre originaire de l’est de l’Asie et de l'Est de l'Amérique du Nord à la rusticité variable selon les variétés (-15 à -25°C). Il peut atteindre parfois les 18 m de haut pour 10 m de large, avec un port compact, ample et conique, mais, selon les variétés, elle peut dépasser 25 m. Il s'agit des plus anciennes plantes à fleurs. La croissance de cette espèce de magnolia est lente. 


Cet arbre fleurit tout l'été, et  le feuillage est persistant. Le Magnolia grandiflora est connu sous diverses appellations : magnolia d'été, magnolia à grandes fleurs, magnolia de Louisiane ou, encore, Laurier Tulipier.



Le feuillage est décoratif. Persistantes, les feuilles vertes et luisantes sont coriaces, larges, avec des poils roux en dessous.


Les premières fleurs apparaissent de juillet à septembre. D'abord, viennent les gros boutons floraux coniques et de couleur vert blanchâtre ; ils sont recouverts de bractées caduques pubescentes. Puis les boutons s'ouvrent pour que s'épanouissent les grandes fleurs parfumées, solitaires, à l'extrémité des branches. Les pétales blancs réunis en coupe, comme chez une tulipe, sont mis en valeur par le feuillage vert sombre. La vie d'une fleur de magnolia d'été n'est pas longue, mais, l'ouverture des boutons s'étale durant les trois mois d'été. Et lorsque les magnifiques fleurs fanent, les fruits, coniques, sont recouverts d'écailles vert rosâtre déhiscentes, laissant apparaître des graines rouges.

 

 

 

Magnolia persistant du Yunnan, Michelia du Yunnan


Magnolia denudata ou michelia persistant du Yunnan,  originaire du sud-ouest de la Chine, peut être cultivé dans diverses régions de France, pour peu qu'il soit abrité des vents glacés. 


Michelia yunnnaensis a dernièrement été requalifié en Magnolia dianica, c'est un petit arbre persistant appartenant à la famille des Magnoliacées.  Les michelias sont des magnolias subtropicaux à tropicaux, bien que reclassés parmi le genre Magnolia, ils sont encore souvent mieux connus sous le terme Michelia.  


Il forme un tronc court portant un houppier large en éventail, aéré. Sa stature dépasse rarement les 4,50 m. Il est de croissance assez lente et atteint 3 m de hauteur à 8-10 ans.


Ses feuilles sont persistantes, sans pétiole, au limbe épais et lustré, de forme oblongue.

 

Les rameaux et les bourgeons sont feutrés de bruns. Les fleurs sont nombreuses, naissant en fin d’hiver, à l’aisselle des feuilles. Les gros bourgeons floraux épais, long et duveteux sont remarquables dès l’automne. Les fleurs s’ouvrent en 5 tépales, blancs, cireux et fermes, fécondées par de petits coléoptères. Elles produisent une grappe de fruits ronds soudés, qui libèrent chacun une graine entourée de pulpe rouge.

 

Les michelias sont caractérisés par leur intense parfum floral, parfois utilisé en parfumerie, il dégage un effluve citronné.



 

 

 

Magnolia figo, arbuste de banane, 


Magnolia de porto, Magnolia fuscata  ou Michelia figo originaire de Chine, est un petit arbre subtropical à feuilles persistantes, de la famille des Magnoliacées. Il pousse très lentement et mûrit en un grand arbre compact à feuilles persistantes.

 

Sa tige principale se divise rapidement en tronc multiple portant des branches bien ramifiées. Il forme un dôme relativement régulier atteignant avec le temps 3 à 4 m de hauteur.

 

Initialement décrit par le missionnaire et naturaliste portugais João de Loureiro sous le nom de Liriodendron figo, il a été reclassé sous le nom de Michelia figo par le botaniste allemand Curt Polycarp Joachim Sprengel . En 2006, une analyse cladistique du genre Michelia a révélé qu'ils appartenaient au genre Magnolia , le nom étant maintenant Magnolia figo.


Sa silhouette naturellement élégante s’utilise en massif, en isolé, dans une haie libre. Les boutons floraux, sont recouverts de poils, lui conférant une texture proche de celle du velours. Les feuilles sont coriaces, vert foncé brillant .  


Ses fleurs odorantes, qui sont blanc crème et parfois jaunes, violettes arrondies, ou violet clair, sont fortement parfumées, caractérisée par son parfum puissant et suave, intermédiaire entre le l’odeur du chewing-gum et de la banane.


Fécondée, la fleur se transforme en fruit irrégulier qui s’ouvre à maturité sur de grosses graines, enrobée de pulpe orangée.


 

 

 

Magnolia champaca, Michelia champaca, 


champak ou champac  est un arbre est un arbre de grande taille de 15 m, au port pyramidal pouvant faire jusqu'à 50 m de hauteur, à feuilles persistantes, originaire de l’Asie du Sud, Asie du Sud-Est et de certaines régions la Chine du sud. On le plante pour son bois, ses fleurs. Il est aussi utilisé ornement ou comme arbre d’ombrage.


Son tronc est droit et à l’écorce lisse, de couleur gris clair. Son bois parfait au grain serré et au très beau poli est utilisé en ébénisterie et comme matériau de construction. Il dégage une odeur d’amande lorsqu’on le travaille.

 

Le magnolia champaca est surtout réputé pour ses fleurs très odorantes, blanches ou jaunes qui en font une des plantes les plus utilisées en parfumerie. Elles sont essentiellement utilisées pour le culte, pour fabriquer des guirlandes, et flottant dans des bols d’eau, pour parfumer la pièce. 


En Thaïlande, quelques hybrides ont été obtenues par croisement avec d’autres espèces.

 
 


 

 

Magnolias à feuillage caduc

 


Venus de Chine, du Népal ou du Japon, les magnolias à feuilles caducs, fleurissent, quant à eux, au printemp .
Ces arbustes d’un entretien facile, se plaisent en pleine terre comme en pot, ils ne craignent ni les maladies, ni les parasites, ni la pollution, non plus que le froid, la neige ou les giboulées...

 

 

Le Magnolia hypoleuca,


Hypoleuca vient du grec upo, "presque" et leucon, "pâle, de couleur blanche", en référence au dessous de ses feuilles blanc argenté.


Cet arbuste fait partie de la section Rhytidospermum. Il met longtemps à fleurir (il faut parfois attendre 15 ans pour les plants issus de greffage et plus pour ceux issus de semis).


En culture le Magnolia hypoleuca dépasse rarement 10 m de hauteur après de très nombreuses années. Dans la nature, les bois en zones montagneuses, il devient beaucoup plus grand puisqu'il atteint 30 m. Peu ramifié, généralement muni d'un seul tronc, il est malgré tout assez touffu et bien équilibré ; son port est pyramidal à colonnaire. L'écorce lisse de cet arbre évolue du brun clair au gris avec l'âge.


L'une des caractéristiques de ce magnolia est la taille de ses feuilles, très grosses. Obovales, elles sont munies d'une courte pointe à leur sommet. Leur revers est argenté lorsqu'elles sont jeunes alors que l'avers est lisse et vert moyen à vert foncé. Les feuilles sont disposées en verticilles, juste sous les fleurs.


La floraison a lieu de mai à juillet, selon le climat, sous forme de fleurs blanc-crème nuancé de rose, vraiment splendides, dégagent un parfum agréable et très puissant qui rend cette espèce facilement reconnaissable. La base des étamines est d'un rouge vif à cramoisi, remarquable.
Les fruits rouges sont cylindriques, et abritent des graines pendantes, rouges également.


 

 

 

Le magnolia liliiflora, magnolia à fleurs de lys

 
est un arbuste originaire des provinces chinoises du Sichuan et de Yunnan. C'est l’une des plus petites espèces, arbuste rustique qui appartient à la famille des Magnoliaceae. Il supporte des températures avoisinant les -20 °C. 


Il est bien adapté aux petits jardins, parce qu'il présente un très lent développement et sa hauteur à l'âge adulte n'excède guère 3 m.


Au début du printemps, avant que les feuilles ne s’ouvrent, cet arbuste arbore une floraison spectaculaire de fleurs légèrement parfumées, de couleur pourpre ou rose, en forme de lys. Elles s'épanouissent dès le mois d'avril et jusqu'à la fin du mois de juillet.


Après la floraison, des feuilles elliptiques vert foncé apparaissent. Cette espèce est un parent du magnolia soucoupe.
Son feuillage caduc se compose de feuilles ovales, d'un vert franc au-dessus et bien plus pâle au-dessous.


 

 

 

Magnolia macrophylla, magnolia à grandes feuilles, 


C'est un arbre rustique - 28° C,originaire du Sud-est des États-Unis, Mexique, de 10 à 18 mètres de haut, à l'écorce gris-jaune et au port étalé. 


De mai à juillet, il produit de grosses fleurs parfumées couleur blanc-crème avec la base des pétales violets à rouge.


Les feuilles, caduques, apparaissent en même temps que les fleurs, à l'extrémité des rameaux. Elles sont de couleur vert clair et pubescentes au revers. De forme oblongue, elles atteignent des dimensions spectaculaires. À l'automne, elles deviennent jaune d'or.


Comme la plupart des magnolias, c’est normalement un arbre à feuilles caduques, bien qu’il puisse être légèrement à feuilles persistantes dans les zones plus chaudes. 


 

 

 

Magnolia tripetala, magnolia parasol ou parapluie


est un arbre rustique de 6 à 10 mètres de haut, au port conique étalé et à l'écorce grise. Son ampleur étant assez limitée, il garni élégamment des jardins de toutes tailles. Il est parfait planté en isolé. 
 


De mai à juin, il produit des fleurs blanc-crème légèrement érigées puis largement ouvertes, dégageant un léger parfum plutôt désagréable. 


Mais la floraison reste toutefois relativement discrète sous le luxuriant feuillage qui ne peut passer inaperçu. 


Les feuilles, caduques, oblongues à lancéolées, qui se développent en verticilles à l'extrémité des rameaux, sont de grande taille. De couleur vert lumineux sur le dessus et légèrement grisé au-dessous, elle deviennent cuivrées en automne. Son feuillage étonnant, lui donne un air exotique


Le fruit est de couleur pourpre.


 

 

 

Magnolia stellata,- magnolia étoilé, 

 

Originaire du Japon, le Magnolia stellata est l’espèce la plus précoce et le plus florifère du genre Magnolia, et résiste à -25°C,  à l'abri des vents dominants. Il possède un port buissonnant puis étalé avec le temps, 


Elégant et raffiné, cet arbuste ne paraît jamais banal. Il est très intéressant pour les petits jardins car il se développe lentement et il ne dépasse pas les 3mètres de hauteur. Par sa petite taille et sa croissance lente, le Magnolia stellata est idéal en pot sur une terrasse.

 

C'est le plus florifère de tous les magnolias. Son éblouissante pluie d'étoiles d'un blanc pur  célébre la venue du printemps. L'explosion soudaine de ses fleurs blanches est un spectacle d'une beauté sans pareille. Les corolles charnues, magnifiques étoiles à la texture cireuse, apparaissent avant les feuilles sur les branches dénudées. Elles auront une excellente tenue si le climat se montre clément. 


Leur parfum assez léger et subtil avec ses notes vanillées et citronnées capte l'odorat.


A l'automne, le feuillage doré offre une belle lumière. 


Une grêle ou un coup de gel peut malheureusement  les fleurs si fragiles !

 

 

 

Magnolia soulangeana, Magnolia de Soulange


Le magnolia de Soulange est un hybride crée vers 1820, issu de Magnolia denudata et Magniolia liliflora. 


C'est un bel arbre dressé, un peu plus haut que large. Avec le temps il mesurera de 6 à 8 m de haut pour 4 à 5 m de large. Un tronc unique porte une belle ramure, bien équilibrée. Les feuilles vertes et luisantes sont entières, à la base contractée et au bout arrondi, brièvement acuminées. Très rustique (jusqu’à -20° C), il reste indispensable de protéger les jeunes sujets durant l’hiver les premières années. 


Il est représenté aujourd’hui par de nombreuses variétés. De culture facile il se décline en blanc, en rose, ou presque rouge. C’est un arbre de taille modérée, montrant fidèlement une floraison abondante et remarquable. Il est utilisé en arbre isolé, au milieu de la pelouse, ou d’une cour.


Dès la fin de l’hiver, avant même l’apparition de feuilles, de grandes fleurs en coupe, parfumées, éclosent de bourgeons protégés par des bractées velues. Chaque extrémité de rameaux porte de grosses fleurs. 


Ces fleurs coriaces sont faites pour être fécondées par les coléoptères.


 


 

 

Magnolia acuminata, magnolia acuminé      

   
Originaire des Régions appalachiennes des États-Unis, sud de l’Ontario, arbre à cornichons, avec une silhouette conique, il peut atteindre une hauteur de 25 mètres. Son port est dressé puis s'étale en vieillissant. Les grandes feuilles pointues sont vert vif sur le dessus.

 
Rustique,  vigoureux, c’est le plus résistant au froid des magnolias, mais bien qu’il ait les grandes feuilles et le grand port des magnolias classiques du sud, les fleurs verdâtres en forme de tulipe sont beaucoup moins voyantes. 


Le  mois de floraison est juin - juillet 


Ses fruits qui suivent les fleurs passent du vert au rouge à mesure qu’ils mûrissent. Ce magnolia peut être un bon arbre d’ombrage ou un arbre spécimen pour les climats plus froids, à condition que vous soyez prêt à tolérer le désordre qui accompagne les grandes feuilles.

 

Son bois fin est utilisé en ébénisterie et en marqueterie. Des tribus indiennes utilisaient son écorce à des fins médicinales.


 

 

 

Le magnolia kobus, magnolia de kobé 

 

Originaire d'Asie, Chine, Japon, le magnolia de Kobé ou magnolia japonais, est un grand arbuste vigoureux à croissance rapide qui offre, dès la fin de l'hiver, une magnifique floraison printanière très décorative. Variété hâtive, c'est un des premiers magnolias à fleurir...,une profusion de petites fleurs qui s'ouvrent en étoiles, délicatement parfumées, en coupe, blanches, parfois légèrement rose, les étamines sont jaunes. C'est l'une des rares espèces à tolérer le calcaire !


Rustique - 20° C, d'une hauteur de 8 à 15 m, possède un port pyramidal et ramifié. Il peut atteindre 22 mètres avec de très vieux arbres. L'écorce lisse, grise, rameaux brun rouge foncé.


Des fleurs blanches teintées de rose apparaissent avant l’ouverture des feuilles, grandes feuilles vert sombre, souvent plissées. Il est le plus souvent planté comme arbre spécimen lorsque des fleurs précoces sont souhaitées. Cette espèce a tendance à former des troncs multiples, mais en la taillant pour qu’elle n’ait qu’une seule flèche centrale, on lui donne une forme d’arbre plus traditionnelle.


Le Magnolia "Kobus" et le magnolia "Stella" produisent le magnolia "Loebner".

 

 

 

Magnolia salicifolia (Magnolia à feuille de saule)


Arbuste de forme conique, ses fins rameaux et ses feuilles dégagent une odeur anisée lorsqu'on la froisse. Rustique - 28°C, il atteint en général une hauteur de 9 m.


D'avril à mai, apparaissent des fleurs en étoiles, parfumées, blanc pur. Les feuilles étroitement ovales, assez allongées et sont vert clair dessus, et  ressemblent un peu à celles d’un saule,  elles sont plus larges mais pas aussi larges que la feuille de magnolia habituelle.


Ses feuilles, son écorce et mon bois sont agréablement parfumés avec une odeur de citron.

La couleur automnale est d’un agréable jaune doré.


 

 

 

Magnolia officinalis, magnolia officinal

 
Originaire de Chine, c'est une espèce d'arbres de la famille des Magnoliacées présente en Chine, dans les vallées et montagnes chinoises de 300 à 1500 m d'altitude. 


Magnolia officinalis est impressionnant, de 8 à 10m de hauteur, pouvant atteindre 20 m  pour les vieux arbres. Il a une croissance rapide et fait partie des plus belles espèces. Il s'agit d'un petit arbre robuste et de port élégant.


Son écorce est brune à gris cendré, épaisse et ridée, mais ne se fissure pas avec l'âge. Elle devient écailleuse à la base du tronc sur les sujets âgés. Les jeunes rameaux sont pubescents. 


Ses feuilles, caduques, sont immenses à deux lobes joliment groupées au bout des rameaux.

 

La base des étamines est teintée de rouge. 


Ses fleurs blanc-crème  exhalent un parfum prononcé et agréable, fruité, et s'ouvrent de mai à juin. 


Elles laissent place à des fruits rouges-rosés, rassemblés en cones assez décoratifs. Ils contiennent des graines rouges également. Avant de tomber, le feuillage prend de belles teintes brunes à brique.


En Chine, il y est fort apprécié pour ses propriétés médicinales.


 

 

 

Feuilles persistantes ou caduc selon le climat

 


Magnolia virginiana (Magnolia de Virginie)


Arbre aux castors, magnolia des marais ou magnolia des lauriers, originaire de l'Est des Etats- Unis est rustique -28° C, d'une hauteur de 8 à 10 m.


Dans les endroits plus frais, le magnolia virginiana est généralement une plante arbustive à feuilles caduques avec plusieurs tiges, tandis que dans les zones plus chaudes, il a tendance à être un arbre dressé qui reste à feuilles persistantes. 


C’est une excellente plante pour les endroits marécageux ou les sols argileux. 


Il offre une très longue floraison, de juin à septembre, sous forme de fleurs semi-doubles, en coupes globuleuses de couleur blanc-crème, de petite taille pour le genre, exhalent un merveilleux parfum citronné, et ses fruits rouge vif sont décoratifs. 


Les feuilles oblongues vertes brillantes ont un revers argenté.


 

 


 

Pollinisation du magnolia

 


Les magnolias ne fabriquent pas de nectar. Elles produisent bien un liquide, mais trop peu sucré pour attirer des insectes. Ils sont attirés par ses fleurs lumineuses à l’odeur agréable. Ils trouvent refuge la nuit alors que la fleur, refermée, leur sert d’abri.

Au centre de la fleur, le magnolia dispose d'étamines roses ou jaunes en spirale au bas d’une tige qui s’allonge au cours de la floraison. Ces étamines sont les organes mâles fabriquant le pollen.

Au sommet de cette tige, des excroissances femelles qui s’appellent des carpelles.

Les carpelles du magnolia s’accommodent assez bien de la présence des coléoptères. En se promenant un peu partout dans la fleur, ces insectes y déposent le pollen à la surface des carpelles, fécondant involontairement leur hôte.


 

 

 

Etymologie du magnolia

 

1703

Le mot magnolia Apparaît en latin scientifique 

par le Père Charles Plumier (1646-1704) en l'honneur du botaniste français Pierre Magnol (1638-1715).
Nova plantarum americanarum genera, p. 38 ; 

 

1731

repris par :

Mark Catesby 

Histoire naturelle de la Caroline, la Floride, & les sisles Bahama, (1731, 1, p. 39), 

 

 

1732

Johann Jacob Dillenius 

Hortus Elthamensis (1732, p. 207, pl. 168).


 

 

 

Mythologie Bouddhiste

 


Maitreya, le futur bouddha, atteindra l’illumination sous un champak.


Maitreya (mot sanskrit signifiant amical, bienveillant) est un Mahābodhisattva qui serait le prochain Bouddha à venir lorsque le Dharma, l’enseignement du Bouddha Shakyamuni aura disparu.


La croyance en l’avènement de Maitreya est partagée par les courants theravāda et mahāyāna du bouddhisme.


 


 

 

Il y a 100 millions d’années. 

 

Magnolia est un genre ancien. Apparaissant avant l'évolution des abeilles , les fleurs sont supposées avoir évolué pour encourager la pollinisation par les coléoptères . Pour éviter les dommages causés par les coléoptères pollinisateurs, les carpelles des fleurs de Magnolia sont extrêmement résistantes. 


Selon l’association "San Francisco Botanical Garden Society", des restes fossiles montrent des spécimens appartenant à la famille des Magnoliaceae. 

 

 


il y a plus de 65 millions d'années,

 

les premières magnoliacées fleurissaient au Groenland, à l'époque où cette terre était encore verdoyante.
 

 

 

 

Il y a 20 millions d'années



Des spécimens fossilisés de M. acuminata ont été trouvés datant d'il y a 20 millions d'années,  


Un autre aspect de Magnolia considéré comme représentant un état ancestral est que le bouton floral est enfermé dans une bractée plutôt qu'en sépales ; les parties du périanthe sont indifférenciées et appelées tépales plutôt que sépales et pétales distincts . 

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Vers 3300 av. J.-C - VI° siècle

 


Les magnolias étaient si précieux et coûteux que, dans l'Antiquité, seuls les empereurs chinois pouvaient en posséder. À cette époque, seul un membre de la famille impériale était autorisé à cultiver ou à posséder des magnolias.

 

Lorsqu'il souhaitait remercier quelqu'un pour un grand service, il offrait un magnolia qui montrait alors sa reconnaissance.

 

 

 

VII° - X° siècle

 

8 juin 618 – 1er juin 907

Magnolia denudata et Magnolia liliiflora ont été plantés depuis plus de mille ans dans les temples par les moines bouddhistes et dispersés dans toute l’Asie.


Magnolia denudata appelé Magnolia Yulan, est cultivé depuis la Dynastie Tang.

 

 

 

Wang Wei (701-761) poète, peintre, et musicien chinois de la période Tang. 

 

 

Le talus aux magnolias


Au bout des branches, fleurs de magnolias,

Dans la montagne ouvrent leurs rouges corolles;

– Un logis, près du torrent, calme et vide –

Pêle-mêle, les unes éclosent, d’autres tombent.

 

 

 

XVII° siècle

 


Les Chinois commencèrent à appeler les magnolias par leur nom longtemps avant l’ère 1600. Ce que les taxonomistes et les botanistes appellent Magnolia officialis depuis les années 1600, les Chinois l’appelaient "houpo".

 

1672

Fleurs de magnolias et de cerisier ornemental,

Yun Shouping, (1633-1690) peintre et poète chinois

1672, dynastie Qing.

Encre et couleurs sur papier, feuille d'un album réalisé avec Wang Hui

Palace Museum, Beijing.


 

 

 

1688


John Banister (1650-1692) botaniste, entomologiste britannique envoyé par l’Évêque Compton à Fulham en Grande-Bretagne comme père missionnaire en Virginie (USA). 


Il fait parvenir de nombreux spécimens de plantes dont un des premiers Magnolia au Jardin de la Société des Apothicaires (petit jardin sur les bords de la Tamise, appelé désormais le Chelsea Physic Garden. C’était un Magnolia glauca nommé à l’époque Magnolia virginiana

 

 

 

XVIII° siècle


 

1703

La première description de cet arbre est réalisée en 1703 par le père Charles Plumier (1646-1706), grand voyageur, naturaliste et botaniste mandaté par Louis XIV en tant que botaniste du Roi. 

Lors d’une expédition en Louisiane. Il lui donne le nom de Magnolia en hommage à Pierre Magnol (1638-1715) qui dirigeait le jardin des plantes de Montpellier à l’époque. 

 

 


1711

Il faut attendre 1711 pour que le premier exemplaire vivant de magnolia arrive en Europe. Débarqué au port breton de Paimboeuf, il est ensuite acheminé par la route à Nantes. 


René Darquistade propriétaire du navire et maire de Nantes, en fit mettre un échantillon en serre. aurait essayé de l’acclimater sur sa propriété en le cultivant en serre. Las d'attendre une hypothétique floraison de cet arbuste qu'on appelait à l'époque "laurier tulipier", celui-ci ordonna à son jardinier de le détruire. L'épouse de son jardinier, amoureuse des plantes nouvelles, récupéra l'arbuste et le planta en pleine terre derrière les dépendances du château, à l'abri des vents froids, où il s’est épanouit. 

Quelques années plus tard, le magnolia offrit ses premières fleurs blanc crème délicatement parfumées, qui attirèrent les botanistes.

 

 

 

1734


Mark Catesby (1683-1749) naturaliste et graveur britannique.
Reproduction d'une planche d'histoire naturelle tirée de l'"Histoire naturelle de la Caroline, la Floride & les Isles Bahama" (1734) 

Magnolia parasol 


 

 

Mark Catesby (1683-1749) naturaliste et graveur britannique.
Reproduction d'une planche d'histoire naturelle tirée de l'"Histoire naturelle de la Caroline, la Floride & les Isles Bahama" (1734) 

Magnolia


 

 

 

1735

Carl Linnaeus , qui connaissait les genres de Plumier , adopta le nom de genre Magnolia en 1735 dans sa première édition de Systema Naturae , sans description, mais avec une référence aux travaux de Plumier. 

 

 

1737

Rolland-Michel Barrin, comte de La Galissonnière (1693-1756) un officier de marine, administrateur colonial  et gouverneur intérimaire de la Nouvelle-France de 1747 à 1749,  rentrant d’une mission au Canada avec son navire le "Héros", introduit et acclimate dans sa propriété bretonne une sorte de Magnolia grandiflora que lui avait offert un chef indien. 


Ce cultivar nommé "Galissoniensis" est un des plus commercialisé à l’heure actuelle car plus vigoureux que "Maillardiensis".

 

 

 

1732

Johann Jacob Dillenius (1684-1747) botaniste britannique d'origine allemande .

Magnolia Laurifolia

 


 

 

1737

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

Dessin Planche botanique

Magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora L.)

altissima lauro-cerassi folio, flore ingenti candido
appelé tulipier à feuilles de laurier ou laurier de Caroline. 


 

 

 

1743

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

Dessin aquarelle

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand, 

 

Magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora L.)

altissima lauro-cerassi

 

 

 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

Dessin de planche botanique

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand, 

magnolia grandiflora détail


 

 

 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

dessin de planche botanique

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand,

Magnolia Maximo Flore

 

 

 

 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

dessin de planche botanique

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand, 

Le Magnolia parasol (Magnolia tripetala), 


 

 

 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

Dessin de planche botanique

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand, 

magnolia tripetala - Magnolia parasol - le fruit


 

 

 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770) illustrateur botanique

Dessin de planche botanique

"Plantae selectae" de Christoph Jakob Trew (1695-1769) médecin et un botaniste allemand, 

magnolia glauca


 

 

 

1753

Linné a retenu le nom de genre Magnolia dans le Species Plantarum (1753, 1, p. 535), 

En 1753, il reprend le Magnolia de Plumier dans la première édition de "Species Plantarum" . Il y décrit un genre monotypique , la seule espèce étant Magnolia virginiana . 
 

 

 

1764

Le magnolia de Nantes (de 1711) replanté en pleine terre et à bonne exposition près d’un pigeonnier, de magnifiques fleurs délicatement parfumées apparurent très vite, suscitant l’admiration de tous et permettant, l’identification de l’espèce par l’apothicaire François Bonamy.

Ce magnolia, appelé aussi "lauriertulipier", était si fameux, qu’il fit  l’objet d’une protection particulière durant la Révolution.

Il est officiellement baptisé Magnolia grandiflora. 
 

 

 

En 1780,

le premier magnolia asiatique introduit en Europe est le :

Magnolia denudata.

 

 

 

Karl August Senff (1770-1838) peintre, graveur et professeur germano-balte.

Magnolia grandiflora


 

 

 

Jules Michelet (1798-1874) historien français.

..."Le magnolia, non chétif comme on le voit à Paris, mais splendide, magnifique et à l'état de grand arbre, parfumait tou mon jardin de ses énormes fleurs blanches"....
 


 

 

En 1794,

Carl Peter Thunberg (1743-1828) naturaliste suédois

a collecté et décrit Magnolia obovata du Japon et à peu près au même moment, Magnolia kobus a également été collecté pour la première fois. 

 

 


Louis-Narcisse Baudry des Lozières (1751-1841) militaire et polygraphe français 

Voyage à la Louisiane et sur le continent de l'Amérique

..."le magnolia acuminata, le nyssa aquatica, etc..., dont les feuilles séchées et réduites enpoudre fournissent une espèce de gombeau aromatique"...


..."Parmi les arbres, on distingue surout l'élégant palmier, le superbe magnolia, qui font honneur à la nature par leur magnificence et leur dignité,"...
 

 

 

Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), physicien, botaniste et agronome français.

arboretum 1784,


..."le Magnolia de Virginie, Magnolia virginiana L. à floraison estivale, fut le premier Magnolia introduit en Europe (en 1688) avant d’être éclipsé par le Magnolia grandiflora ;  ses feuilles caduques ou persistantes selon les variétés, sont de petite taille, blanc-bleuâtre au revers ; ses fleurs sont plus petites mais "d’une odeur très suave"; et son écorce aromatique est  très appréciée des castors car en fait il vit à l’état naturel dans des zones de marais!"...


..."Originaire de l’Est et du Sud-Est de Etats-Unis, il possède de très grandes feuilles caduques au contraire du Magnolia grandiflora, ses feuilles sont "étalées et ramassées toutes ensemble au sommet des rameaux" et prennent de belles couleurs cuivrées en Automne  ; il est séduisant car les fleurs blanches aux pétales étroits "neuf à douze pétales, les uns pendants, les autres redressés" qui arrivent en Mai-Juin, sont dites d’une odeur plutôt désagréable"....

 

 

À la fin du XVIIIe siècle, les botanistes et les chasseurs de plantes explorant l'Asie ont commencé à nommer et à décrire les espèces de magnolia de Chine et du Japon. 

Les premières espèces asiatiques décrites par les botanistes occidentaux étaient :

Magnolia denudata , Magnolia liliiflora , Magnolia coco et Magnolia figo . 
 


 

 

XIX° siècle

 


1801

François-René, vicomte de Chateaubriand (1768-1848) écrivain, mémorialiste et homme politique français.

roman Atala (1801) 

..."Souvent égarées d’arbre en arbre, ces lianes traversent des bras de rivières, sur lesquels elles jettent des ponts de fleurs. Du sein de ces massifs, le magnolia élève son cône immobile ; surmonté de ses larges roses blanches, il domine toute la forêt, et n’a d’autre rival que le palmier, qui balance légèrement auprès de lui ses éventails de verdure"...
 

 



1812

Pierre Joseph Redouté (1759-1840)

Henry Louis Duhamel du Monceau, botanical 

Planche botanique  - Traité des Arbres et Arbustes que l'on cultive en France

Magnolia (Magnolia discolour), magnolier bicolore


 


 

 

Pierre Joseph Redouté (1759-1840)

Henry Louis Duhamel du Monceau, botanical 

Planche botanique  - Traité des Arbres et Arbustes que l'on cultive en France

MAGNOLIA Soulangiana

Gravure à l'aquarelle.
 

 

 

 

Pierre Joseph Redouté (1759-1840)

Henry Louis Duhamel du Monceau, botanical 

Planche botanique  - Traité des Arbres et Arbustes que l'on cultive en France

Magnolia Yulan


 

 

Pierre Joseph Redouté (1759-1840)

Musée des châteaux de Versailles et de Trianon

Magnolia Yulan


 

 

 

Pierre Joseph Redouté (1759-1840) illustrateur

A la demande de Joséphine de Beauharnais
Etienne-Pierre Ventenat traduisit Jussieu en français.

Il fit paraître cette description des plantes de la Malmaison, illustré par Redouté

Magnolia / Jardin de La Malmaison (Ventenat, Redouté)

 

 

 

Pierre Joseph Redouté (1759-1840) illustrateur

Collection des vélins du Muséum national d'histoire naturelle - 

portefeuille 46 - Plantes

Magnolia pumila


 

 

 

1816


Le pépiniériste Bruneau père s’illustra dans la multiplication intensive de l’espèce de magnolia.

Le jardin des Plantes de Nantes possède encore l’une de ces marcottes, plantée en 1816 par le directeur Hectot. 

Il fut nommé M. grandiflora "Maillardiensis" (nom de la propriété de Darquistade)
 

 

 

1820

L'hybride Magnolia ×soulangeana a été créé en 1820 par le botaniste français Étienne Soulange-Bodin (1774-1846), officier de cavalerie de l'armée napoléonienne à la retraite dans son château de Fromont près de Paris. 


Cet hybride est un croisement de Magnolia denudata et Magnolia liliiflora. Souvent le nom est écrit Magnolia ×soulangiana, mais ce nom n'est pas reconnu (Art 60.11 de CINB).


Depuis la France, l'hybride est rapidement entré en culture en Angleterre et d'autres parties de l'Europe, ainsi qu'en Amérique du Nord. Depuis lors, les sélectionneurs de plantes dans de nombreux pays ont continué à développer ce magnolia, et plus d'une centaine de cultivars sont maintenant connus.


 

 

 

1820

Curtis's Botanical Magazine 47 : t. 2164. 1820.

Magnolia thompsoniana , comme Magnolia glauca var. majeur

Gravure botanique ancienne originale coloriée à la main

Illustration botanique par Sydenham Teat Edwards et/ou John Curtis


 

 

 

William Makepeace Thackeray (1811-1863) romancier britanique 

La Foire aux Vanités : 

..."Joe Sedley était splendide. Sur sa jaquette verte s'étalait une fine faveur nuptiale ainsi qu'un grand magnolia blanc épanoui"...
 

 

 

Katsushika Hokusai (1760-1849) peintre, dessinateur et graveur japonais du XVIII° siècle, 

Moineau de Java  - Le magnolia


 

 

 

Céleste de Chateaubriand (1774-1847), écrivaine

Souvenirs de Mme de Chateaubriand, p.44.

..."L'impératrice Joséphine...nous fit présent de plusieurs arbustes et surtout d'un magnolia à fleurs pourpres, le seul qu'il y eût alors en France après celui qui lui restait à la Malmaison"... 
 


 

 

1855


Sir Joseph Dalton Hooker (1817-1911) botaniste et explorateur britannique du XIXe siècle.

Cathcart, John Fergusson (1802-1851)

Illustrations de plantes himalayennes p.35. 

Magnolia hodgsonii (syn. Talauma hodgsonii ).

Légende originale : "Branche fleurie de Talauma Hodgsoni"

 


 

 

 

Kōno Bairei (1844-1895) peintre japonais, illustrateur de livres et professeur d'art

Moineau de Java - Le magnolia


 

 

 

 

 

1864


Adolphine Bonnet (Mme E. Barutel) - auteur, poètesse 

Le chant de l'âme publié en 1864

 

A une fleur de magnolia

 

O corolle embaumée et blanche

Que l'air balance avec amour

Charme et vis... ne fut-ce qu'un jour

Un jour qui soit ton beau dimanche

 

Sois le sourire d'alentour,

Sois l'âme en fête de la branche,

La coupe où l'abeille se penche,

L'urne où l'eau du ciel fait séjour,

 

Je sais bien que ta soeur aînée,

Déjà languissante et fanée,

Perd son arôme et sa couleur ...

 

Oui sans doute, son heure passe,

Mais elle a parfumé l'espace,

Elle a fait son devoir de fleur. 


 

 

 

 

Georges Rodenbach (1855-1898) poète symboliste et un romancier belge 

extrait du poème "Mysticisme" 

 


Magnolia


Je rêve tout ce qu’il y a magnolia-fleur

De plus délicat autour d’elle,

Des blancheurs de magnolia

Et des hymens de tourterelle.

 

Car son âme au parfum troublant,

Sa grande âme que je devine

Est aussi comme un bouquet blanc

Fleuri dans la serre divine.


 

 

 


Eugène Sue (1804-1857) écrivain français

Les Mystères de Paris, 1843)

..." Ici des bananiers énormes atteignent presque les vitres de la voûte, et mêlent leurs larges palmes d’un vert lustré aux feuilles lancéolées des grands magnoliers"...

 

 

Victor Louis Amédée Pommier (1803-1877) homme de lettres et poète français.

Paris, 1866, p. 304).

..."Tout ce qu'a créé le bon Dieu, Depuis les magnoliers superbes Jusqu'aux palmiers à longues gerbes"..., 
 

 

 

1874

Illustrations de la flore forestière du nord-ouest et du centre de l'Inde, 

Dietrich Brandis, botaniste et administrateur forestier germano-britannique,

Fleurs et graines de Magnolia champaca - Michelia champaca 


 

 

 

Alphonse Daudet (1840-1897) écrivain et auteur dramatique français.

Rois en exil, 1879, p. 305.

..."Nul bruit qu'un égouttement d'eau (...) le trille perdu d'un rossignol (...). Cela errait avec de pénétrantes effluves de magnolias, de roses, de citronnelle après la pluie"...
 

 

 

Aubrey Vincent Beardsley (1872-1898) illustrateur et auteur anglais. 

Art nouveau 

Dessin floral montrant un magnolia étirant ses branches et ses fleurs vers le ciel alors que ses racines et ses radicelles portent des cœurs pointant vers le bas. 

Décoration de page de titre pour Yellow and White , 

Recueil de nouvelles de W. Carlton Dowe.

 
 

 

 

1890

Peinture de Martin Johnson Heade (1819-1904) peintre américain

Exposée depuis 1996 à la National Gallery of Art de Washington D.C.1.

Magnolias géants sur un tissu de velours bleu 
(Giant Magnolias on a Blue Velvet Cloth en anglais) 

 

 

 

J.B.Louis Pierre (1833-1905). Auteur 

Flore forestiere de la Cochinchine (1890-1891)

Baillon - ex Pierre

Magnolia champaca


 

 

 

1891

Imao Keinen (1845-1924)  peintre et dessinateur japonais de la fin du XIX° et du début du XX° siècle,

Perroquet blanc et magnolia

Séries : les oiseaux des quatre saisons

Editeur Nishimura Sozaemon 

 

 

 

1897

Maurice Pillard Verneuil (1869-1942) artiste et décorateur français du mouvement Art nouveau. 

Il s'est inspiré de l'art japonais et de la nature

Cacatoës et magnolia, bordure. Souris blanches. (1897)


 

 

 

François-Théodore Legras (1839-1916) maître verrier français.

Art Nouveau 

Ancien vase LEGRAS, décor émaillé, fleurs de magnolia, 


 


 

 

Chine, dynastie Qing, XIX° siècle. 

Suite de deux peintures carrées à l'encre et polychromie sur soie, 

L'une représentant un magnolia et des pivoines, l'autre représentant un vase empli de pivoines et magnolia.


 

 

 

1897

Georges Courteline (1858-1929) romancier et dramaturge français

Boubouroche, L'Art de culotter une pipe, 1897, p. 284

..."La fleur du magnolia dont se flétrit la blancheur de porcelaine au plus léger attouchement"... 
 

 

 

XX° siècle

 


Nature morte rustique du début du 20° siècle à l'huile

- branche de magnolia en fleur, avec d'autres fleurs et une paire de pommes jaunes 
 

 

 

 

Émile Gallé (1846-1904) industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste français.

Art nouveau à décor 

Table guéridon  

Pied losangique en Palissandre très épuré, plateau en Palissandre et marqueterie à décor japonisant de magnolia.


 

 

 

Émile Gallé (1846-1904) industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste français.

Art Nouveau 

Lustre Vasque Aux Magnolias,  Verre multicouches gravé à l'acide

 

 

 

Louis Majorelle (1859-1926) et Antonin Daum (1864-1930), 

Art nouveau

Créé pour l’exposition de l’école de Nancy en 1903, le modèle de flambeaux "Magnolia" est l’une des plus belles réussites de la collaboration entre Louis Majorelle et la maison Daum.

Provenant d’un hôtel particulier de Reims, cette paire de lampes en forme de flambeaux présente un piétement en bronze doré et patiné en forme de branches et de bourgeons de magnolia, supportant trois tulipes en verre. 


 

 

 

Illustration vintage

Impression magnolias


 

 

 

Louis Prang (1824-1909) lithographe, imprimeur et éditeur américain, 

Magnolias


 


 

 

Maurice Barrès (1862-1923) écrivain et homme politique français 

Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 31, 1906 (p. 5-34).

Un Voyage à Sparte

..."Cette Hélène enfermée dans sa gaine d’Asie, c’est la fleur du magnolia, close encore et qui doit, à l’aube prochaine, en s’épanouissant, transfigurer son tulipier. Mais cette rude Hélène du musée contient mieux que les couleurs et les parfums d’un merveilleux arbre de roses"... 
 

 

 

1908

"Magnolias et Iris"

Art nouveau 

Ce vitrail Favrile*, intitulé "Magnolias et Iris", a été réalisé par l'artiste décorateur américain Louis Comfort Tiffany vers 1908.

Iris sous un magnolia en fleurs, horizon de montagnes en arrière-plan. Une rivière "Rivière de la Vie", descend les montagnes jusqu'au premier plan.

Cette fenêtre a été créée comme un mémorial pour la famille Frank. Il a été installé à l'origine dans un mausolée d'un cimetière de Brooklyn et y est resté jusqu'en 1981. Entre 1900 et 1910, Tiffany a reçu un grand nombre de commandes pour de telles pièces. 

*Favrile est un verre d'art irisé qui a été développé par Tiffany (breveté en 1894, fabriqué pour la première fois en 1896) qui transmet richement la lumière et la couleur. Le secret est que la couleur n'est pas seulement à la surface du verre, mais également incrustée dans le verre. Tiffany a utilisé ce type de verre dans ses célèbres vitraux et faisait partie de la raison pour laquelle ses fenêtres étaient si lumineuses et richement colorées. 

 

 

 

 

Vers 1912

Tiffany Studios,

"Magnolias"

Art nouveau 

Vitrail Favrile, réalisé par l'artiste décorateur américain Louis Comfort Tiffany

 

 

 

 

Ohara Koson (1877-1945) est un artiste japonais 

Gravure sur bois, giclée, estampe, 

"magnolia et pie à ailes noires"

 

 

 

Zhou Qianqiu (1910-2006) peintre chinois

Encre de Chine 20e siècle - magnolia

Musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris


 

 

 

1920

Elizabeth Eaton Burton  (1869-1937) artiste et designer américaine dont le travail caractérisait le style Arts and Crafts

Gravure sur bois en couleur 

Magnolias

 

 

 

Marcel Proust (1871-1922) écrivain français,

A l’ombre des jeunes filles en fleurs

Une inconnue dans le train : 

..."Je ne pouvais détacher mes yeux de sa chair de magnolia, de ses yeux noirs, de la construction admirable et haute de ses formes"... 
 

 

 

1922

Colette (1873-1954) femme de lettres, actrice et journaliste française

"Le Veilleur", dans La Maison de Claudine

 ..."Une lune chaude d’août, grandissante, balançait mollement l’ombre du magnolia sur le parquet et le lit blanc répandait une lumière bleue"...
 

 

 

v. 1923

Art vintage 

aquarelle de fleur de Magnolia : Magnolia Virginiana) et Magnolia Grandiflora


 

 

 

Agatha Christie (1890-1976) femme de lettres britannique, auteur 

Fleur de magnolia (Magnolia Blossom) 

Nouvelle policière initialement publiée en mars 1926 

Revue The Royal Magazine au Royaume-Uni, 

Agatha Christie Hour Season 1, - Episode 6 - Magnolia Blossom


 

 

 

1923

Francis Jammes (1868-1938) poète et romancier français.

"Les caprices du poète" ( mémoires) 1923, p. 30

..."Toujours elle m'est apparue comme l'Atala des anciennes gravures, et d'autant plus en cet après-midi de juillet, qu'elle avait disposé, sur ses cheveux relevés en casque, l'une de ces roses de magnolier que Chateaubriand a chantées"... 


 

 

Margaret Mitchell (1900-1949) écrivaine américaine

Début du XX° siècle. 

Roman 

Autant en emporte le vent (titre original en anglais Gone with the Wind) 

 ..."Les geais moqueurs continuent à se disputer la possession du magnolier sous sa fenêtre"... 
 

 

 

1939

Abel Meeropol enseignant juif d’origine russe, vivant dans le Bronx 

Dans la chanson de 1939 " Strange Fruit ", par Billie Holiday 

Tirée d'un poème écrit et publié en 1937 par Abel Meetopol ; réquisitoire artistique contre le racisme aux États-Unis et plus particulièrement contre les lynchages que subissent les Afro-Américains, pour condamner la pratique du lynchage , la fleur de magnolia était associée au sud des États-Unis , où de nombreux lynchages ont eu lieu. :


...Scène pastorale du sud galant

Les yeux exorbités et la bouche tordue

Parfum de magnolias, doux et frais ,

Puis l'odeur soudaine de chair brûlée...
 


 

 

Zhāng Shūqí (1900-1957) peintre chinois du Zhejiang, réputé pour peindre des fleurs et des oiseaux. 

Magnolia blanc


 

 

 

Yu Fei'an (1912-2000) peintre chinois

Deux oiseaux verts sur un magnolia

"En 1947 pendant le mois supplémentaire de l’année Dinghai, je séjournais au Wanyangyun xuan. Devant le Leshou tang il y avait un magnolia xinyi en pleine floraison. Alors, je me suis souvenu de mon ami le sieur Lin qui, dans son jardin sur les bords de la Hu, avait un magnolia xinyi composé de deux troncs pour une souche unis comme un seul arbre, et ce sans greffe. C’était une chose extraordinaire. Alors j’ai réalisé cette peinture, pour consigner ce fait hors du commun. 

 

 

 

Pablo Neruda (1904-1973) poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien.

 


Ode au magnolia


...

Une fleur de magnolia

pure

ronde comme un cercle

de neige

monta jusqu’à ma fenêtre,

me réconciliant avec la beauté.

Entre ses feuilles lisses

– ocre et vert –

fermée,

elle était parfaite

comme un oeuf

céleste,

ouverte

elle était la pierre

de la lune,

Aphrodite embaumée,

planète de platine.

Ses grands pétales me rappelèrent

les draps

de la première lune

amoureuse,

et son pistil

érigé

était tour nuptiale

des abeilles.

 

Ô blancheur

entre

toutes les blancheurs,

fleur immaculée,

amour resplendissant,

odeur de neige blanche

et de citrons,

secrète secrétaire

de l’aurore,

coupole

des cygnes,

rayonnante apparition !

 

Comment

te chanter sans

toucher

ta peau très pure,

t’aimer

seulement

aux pieds

de ta beauté,

et t’emporter

dormante

dans l’arbre de mon âme,

resplendissante, ouverte,

aveuglante,

sur la forêt obscure

des songes !


 

 

 

Louis Aragon (1897-1982) poète, romancier et journaliste français

 

 

Absent de paris

 

Souviens-toi La senteur des magnolias blancs

Te parlait le langage amoureux des Tropiques

Dans le chemin de la Photographie-Hippique

Le soir se faisait tendre à la Croix-Catelan

 

Ce n'est qu'un lieu de valse où l'été s'abandonne

Mais qu'une ombrelle donne à l'ombre ses bras nus

C'est assez d'un soupir ouvert sur l'inconnu

Et la Madone noire un autre chant fredonne

 

Dans la chaleur tombée avec le jour défunt

Les bouches ont toujours un air de la blessure

Leur morsure a le goût de sang des pommes sures

Un songe de la mort tourne au cœur des partums

 

Il meurt d'avoir vanté ces parfums qu'il apporte

Celui dont le fantôme erre au fond de la nuit

Et Philippe-le-Bel regarde avec ennui

Arnauld de Catelan tué par son escorte

 

Comme elle va pleurer Madame de Savoie

Odorant messager qui venait de Provence

J'avais tremblé pour toi comme si par avance

Je savais que jamais je n'entendrais ta voix

 

On disait qu'elle était si belle et déchirante

Qu'une fois qu'on l'avait par malheur entendue

On en oubliait Dieu le temps et l'étendue

Les reines l'écoutaient aux rois indifférentes

 

Beaux assassins vous avez fait là du joli

Fallait-il qu'un de vous de lui-même vous vende

Qui lut au bal danser ruisselant de lavande

Et laissa dans son lit l'odeur du néroli

 

Ignorant aujourd'hui N'était cette croix blanche

Qui saurait maintenant où ce poète gît

Que le roi fut ému que l'herbe fut rougie

Et le doux rossignol mis entre quatre planches

 

Ce n'est pas qu'un chanteur que Paris oublia

Les drames plus récents l'embaument d'autre essence 

Ces morts-là voyez-vous ressemblent aux naissances

Et parfument la nuit d'autres magnolias


 

 

 

Nisaburo Ito (1910 – 1988) 

Gravure sur bois japonaise

Magnolia


 

 

 

Julien Green (1900-1998) écrivain américain de langue française, le premier étranger membre de l'Académie française.

Moïra, 1950, 

..."De sa place, Joseph voyait le long chemin pavé de brique rose qui menait à l’entrée principale de l’Université et, plus près de lui, un grand magnolia dont les feuilles noires se découpaient avec force sur un ciel d’un bleu éclatant"...

 

 

Dolly Parton (1946) - auteure et interprète américaine - 

Dolly Parton - Porter Wagoner · 
Beneath The Sweet Magnolia Tree

Chanson


 

Sous le doux magnolia

 

Sous le doux magnolia

Un soupçon d'automne était dans l'air

L'herbe devenait une douce nuance de brun

Les pétales tombaient des fleurs fanées

Et leurs feuilles flottaient.

 

 Là sous le doux magnolia

Dans les bras l'un de l'autre nous restons cachés

Nos besoins se sont renforcés, nos cœurs se sont rapprochés

Les vents d'automne soufflaient et le magnolia se balançait.

 

 Refrain :

Sous le doux magnolia

Nous avons trouvé l'amour, nous savions que c'était pour toujours

Nous avons créé de doux souvenirs d'amour

Sous le doux magnolia.

 

 Au fil des années, nous vivons nos vies

Le temps et le lieu ont commencé pour nous

Là sous le doux magnolia

Ce long petit automne où nous sommes tombés amoureux.

 

Refrain :

Sous le doux magnolia

Nous avons trouvé l'amour, nous savions que c'était pour toujours

Nous avons créé de doux souvenirs d'amour

Sous le doux magnolia.

 

Nous avons fait l'amour dans de doux souvenirs

Sous le doux magnolia...

 

 

 

Beneath The Sweet Magnolia Tree

(original)


A hint of autumn was in the air

Grass was turning a soft shade of brown

Petals was falling from withering flowers

And their leaves were flowing around.

There beneath the sweet magnolia

In each others arm we lay hidden away

Our needs grew stronger, our hearts grew closer

Autumn winds blew and the magnolia swayed.

 

Chorus:

Beneath the sweet magnolia tree

We’ve found love we knew it was for keeps

We made lovein' sweet memories

Beneath the sweet magnolia tree.

 

Through the years we live our lives over

The time and place has started for us

There beneath the sweet magnolia

That long little autumn when we fell in love.

 

Chorus:

Beneath the sweet mognolia tree

We’ve found love we knew it was for keeps

We made lovein' sweet memories

Beneath the sweet magnolia tree.

 

We made love in sweet memories

Beneath the sweet magnolia tree…


 

 

 

1977  

Étienne Roda-Gil (1941-2004) auteur et dialoguiste français.

Claude François / Étienne Roda-Gil / Jean Bourtayre

chanson de Claude François, 

 

Magnolias for Ever.

 

Your girl is crying in the night

Is she wrong or is she right?

Je ne peux plus rien y faire

Your girl is shining in the night

Burning burning burning bright

Je ne sais plus comment faire

Dites-lui que je suis comme elle

Que j'aime toujours les chansons

Qui parlent d'amour et d'hirondelles

De chagrin, de vent, et de frissons

Dites-lui que je pense à elle

Quand on me parle de magnolias

Quand j'entends ces musiques nouvelles

Qui résonnent comme des bruits de combats

Your girl is crying in the night

Is she wrong, or is she right?

Non, je ne sais plus comment faire

Elle est si forte qu'elle se brise

Elle était fière elle est soumise

Comme un amour qui lâche prise

Qui casse et ne plie pas

Tu lui ressembles

Quand elle tremble

Et dans ta voix

J'entends parfois

Un peu sa voix

Elle te ressemble

Quand elle tremble

Quand elle pleure

Là dans le cœur

Des arbres en fleurs

Dites-lui que j'ai peur pour elle

Dans les sous-sols quand il fait noir

Quand j'entends ces musiques nouvelles

Où s'en vient crier le désespoir

Dites-lui que je pense à elle

Dans un grand champ de magnolias

Et que si toutes les fleurs sont belles

Je me brûle souvent souvent les doigts

Des magnolias par centaines

Des magnolias comme autrefois

Je ne sais plus comment faire

Les magnolias sont toujours là

Elle ressemble à toutes les filles

Quand elles aiment comme ça

Qu'elles soient méchantes ou timides

Pauvres violettes ou magnolias

Elle aime les grands ciels humides

Et les déserts où il fait froid

Parfois elle pleure quand j'arrive

Et elle rit quand elle s'en va

Si tu t'en vas dans la tempête

Si tu t'en vas tu la verras

Dites-lui que je suis comme elle

Que j'aime toujours les chansons

Qui parlent d'amour et d'hirondelles

De chagrin, de vent, et de frissons


 

 

 

Juliette Dumas Tilquin (1954) - auteure et poète
 

 

Magnolia
   
       
Regarde-le sans rougir

Il est là pour te séduire,

Un cadeau pour toi.

 

Quand, bien avant de verdir,

Monte en lui comme un désir,

Il gonfle son bois.

 

Tous ses rameaux nus se percent,

Un flot de bourgeons se dressent,

 En boutons de soie.

 

Puis s'ouvrent sous la poussée

Gorgées de sève rosée

Mille fleurs de joie.


 

 

 

1989

Film Steel Magnolias est basé sur une pièce de 1987, Steel Magnolias , de Robert Harling.

Steel Magnolias est une pièce de théâtre de 1987, de Robert Harling. C’est un huis-clos dans le salon de beauté de Truvy Jones.

Les uniques personnages sont six femmes, tous les autres n'apparaissent que dans leurs conversations. Dans cette petite communauté de Louisiane, les six femmes ressemblent à des fleurs délicates de magnolia mais ce sont en réalité des fleurs faites d'acier qui ne se rompent pas face aux adversités de la vie.

La pièce a été adaptée au cinéma en 1989 avec une distribution exceptionnelle : Sally Field, Dolly Parton, Shirley MacLaine, Daryl Hannah, Olympia Dukakis et Julia Roberts. Cette dernière a reçu le Golden Globe du meilleur second rôle féminin pour ce film.


 

 

 

Alain Hannecart (1955) - poète

 

 

Le magnolia


Les fleurs fragiles et pâles comme des porcelaines

Ont la forme de tasses où l’on verse le thé

Elles ont passé l’hiver sous un manteau de laine

Qu’elles rejettent aujourd’hui pour sortir en beauté


 


 

 

Alice Caron Lambert, Jacques Denarnaud, 

La Cuisine des fleurs : 

les recettes d'Alice, ACR, 1996, page 65

"Chaque magnolia possède un parfum assez fort et une saveur particulière qui se révèle dans le sirop de sucre...
 

 

 

Pierre Perret (1934) auteur interprète

Le Lit
...
 Ton souffle a la tiédeur des fleurs de magnolias,

 Ta langue est un cheval qui ne t'écoute pas....
 

 

 

2009

Salvatore Adamo (1943) auteur-compositeur-interprète italo-belge. 

Chanson 

 

Les Collines de Rabiah

 

J'ai la mémoire qui chante

Quand, dans Beyrouth, je me revois

La démarche insouciante

J'étais personne et j'étais roi

J'ai la mémoire qui danse

Sur les collines de Rabiah


Quand le soleil, en transparence

Dessine mille magnolias, mille magnolias

Beyrouth alors était un rêve

J'en cueillais ma petite part

La paix ne s'appelait pas trêve

La guerre était pour bien plus tard


Au coeur des magnolias

Sur les collines de Rabiah

Au coeur des magnolias

Sur les collines de Rabiah


J'ai la mémoire qui pleure

Quand, sur l'écran, je te revois

En images qui écoeurent

Pauvre Liban, j'ai mal pour toi

J'ai la mémoire qui saigne

Du sang versé par tes enfants

Et tes soleils soudain s'éteignent

Et plus personne ne comprend, personne ne comprend

Que l'on massacre l'innocence

Comme Damour ou Chatila

Qu'on vienne d'Amérique ou de France

Mourir au nom de quel Allah

Que pour se partager tes ruines

Au plus sanglant, reste le mieux

Et c'est la paix qu'on assassine

Qu'on écartèle entre tes dieux


Au coeur des magnolias

Sur les collines de Rabiah

Au coeur des magnolias

Sur les collines de Rabiah


 

 

 

2010

Corinne Langlois et Roland Jancel, 

Magnolia 

l'arbre fleur venu du nouveau monde, 


"Ce livre album est la première monographie consacrée à cet arbre d'ornement, au port magnifique, aux grandes fleurs odoriférantes et aux feuilles vernissées. Le lecteur y retrouvera l'histoire rocambolesque de l'arrivée du magnolia et de son implantation en Europe, la description de ses différentes variétés - il en existe des dizaines, à feuilles caduques ou persistantes -, des indications sur ses modes de culture ou même des idées de promenades à l'ombre de ses hautes statures pyramidales. Dessins et aquarelles anciennes, croquis, photographies originales, forment l'iconographie de cet ouvrage unique".


 

 

 

En 2011, a été célébré à Nantes les trois cents ans de l'arrivée du magnolia dans le port de Nantes, en provenance du Nouveau Monde !, devenu un des symboles de la ville.
 

 

 

2014

Isabelle Wlodarczyk (1974) écrivaine

Geneviève de Gaulle : l'odeur de magnolia

Geneviève de Gaulle observe avec mépris les drapeaux nazis qui flottent sur Rennes. La France a capitulé. Geneviève a tout juste vingt ans. Ce jour-là, elle décide de devenir résistante. 

L'odeur de magnolia la suit depuis son enfance. Symbole de mort lorsqu'elle a perdu sa maman, cette odeur va devenir pour elle le symbole du retour à la vie.


 

 

 

2016

Ginette Malouin, artiste-peintre, poète

 

 

Fleurs de Magnolia ou Ode au printemps

 

Ces fleurs, délicates messagères du printemps

Comme d’éphémères papillons roses et blancs

Illuminent ma cour l’espace de quelque temps.

Elles pointent vers le ciel offrant  

Un contraste dans le bleu parfait du firmament.

Déjà ses pétales virevoltent dans l’air,  évanescents

Comme des amours éphémères lentement

Sur un air de  Vivaldi, elles vont valsant   

Et se déposent au sol délicatement…


 

 

 

2016

Irina Sztukowski.

Enfants jouant dans le jardin 

Illustration du livre Bernard Goes To Music School, écrit par Connie Du


 


 

 

2016

Brian Fallon (1980) de The Gaslight Anthem  auteur-compositeur-interprète-musicien américain. 

"Honey Magnolia" 

premier album solo intitulé Painkillers sorti en mars 2016.
 

 

 

 

Magnolias remarquables

 

 

Zhejiang - Chine

Magnolias de + de 500 ans


 

 

Le magnolia  de l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan, réputé à Toulouse, serait le plus vieux d'Europe.

Il fut planté par les belles-sœurs de la comtesse du Barry, favorite du roi Louis XV vers 1784. 

 

 

le Magnolia de l’Abbaye de Trois-Fontaines - Place du Château - Marne

obtient le Label "Arbre remarquable de France".

 

 

Sculptures 

 


Sarah Maloney (1965) artiste contemporaine qui utilise plusieurs techniques, dont la sculpture, l'art textile et la peinture

First Flowers 2014

Fleur de magnolia en bronze et acier


 


 

 

Hung Nguyên créateur d'œuvres d'art en verre 

Fleur de magnolia gracieuse créée avec une touche magistrale en verre borosilicate travaillé à la lampe

 
 

Aiden Dale Art
Sculpture métallique magnolia
 

Mythologie des arbres - Le magnolia

 

 

Babette Bloch

Sculpture en acier inoxydable

Magnolia

 

 

Le Magnolia et le Parfum


Quelques parfumeurs

 


Estée Lauder : Beautiful magnolia

Un jus délicat et floral magnifiant la fleur de magnolia avec légèreté et caractère. Se compose de deux catégories de Magnolia : la première capture la beauté du Magnolia fraîchement éclos dans la rosée du matin et s'associe au Magnolia de Chine. 


 

 

Fragonard : Magnolia

Magnolia évoque la fleur somptueuse au cœur d’un été ensoleillé. Son sillage est une ode à la lumière, à l’émerveillement et à la tendresse caressante du vent et aux jardins les plus parfumés.



 

Fueguia : Agua Magnoliana

Au cœur de la forêt amazonienne, pousse un arbre géant appelé Magnolia Fragantissima. Considéré comme le gardien des tropiques, ses fleurs inspirent le parfum Agua Magnolia de Fueguia 1833 avec ses notes de magnolia, de bois de santal et de jasmin, créant un bouquet floral et une concoction profondément exotique.

 



Kenzo : ciel magnolia

Doux comme la soie d’un kimono, le vent laisse s’échapper l’odeur du magnolia musqué.


 

 

Lancôme : Magnolia rosae

Magnolia Rosae de Lancôme est un mélange doux et éclatant d'essence de magnolia et d'une absolue de rose reposant sur une délicate signature de musc blanc.


 


Lanvin - Les fleurs de Lanvin - sunny magnolia

Sunny Magnolia  de  Lanvin  est un parfum Floral fruité pour femme. Ceci est un nouveau parfum. Sunny Magnolia  a été lancé en 2021. Le nez derrière ce parfum est Pierre-Constantin Guéros.


 


 

 

Symboles floraux

 


• Magnolia grandiflora pour : 

 

- Ville de Hefei, Chine, province d'Anhui

- Ville de Changzhou, Chine, province du Jiangsu

- Ville de Nantong, Chine, province du Jiangsu

- Ville de Shashi, Chine, province du Hubei

- Etats Unis, L’état du Mississipi et de Louisiane depuis 1900.

 

 

• Magnolia denudata pour :

- La Ville de Shanghai, Chine

 

 

. La fleur de magnolia odorante, "magnolia de Siebold" (Magnolia sieboldii)

fleur nationale de la Corée du Nord.


 


 

 

Langage du magnolia

 


Message : Mon amitié et mon amour sont éternels.


Les fleurs de magnolia sont le plus souvent offertes par les hommes aux femmes.

 


Les différentes symboliques du magnolia :

- Sa force, sa ténacité et sa résistance font du magnolia un emblème de puissance

- Il symbolise aussi le renouveau 

- Le magnolia représente aussi la dignité, le respect et la fidélité. Offrir un bouquet de magnolias est un témoignage de sentiments profonds.

- Le magnolia symbolise le Yin, symbole de la philosophie chinoise représentant notamment la beauté et la féminité parfaite.

 

- La symbolique des fleurs du magnolia varie aussi en fonction de leur couleur. 

. Les fleurs pourpres ou rouges, emblème d’amour pérenne et de loyauté.

. Les fleurs violetyes sont associées à la royauté, 

. Les fleurs roses représentent les amis, les amours et la féminité.

. Les fleurs jaunes signifient le soleil et le rayonnement.

. Les fleurs blanches sont le langage de la pureté, et dignité


Par ses différentes symboliques, le magnolia est une fleur que l’on peut offrir  :

. Pour témoigner son profond respect à une personne qu’on aime, 

. Pour faire une demande en mariage

. Pour faire un cadeau d’anniversaire, gage de joie et de considération.


 


 

 

Principales caractéristiques botaniques de la fleur de magnolia

 


- Les fleurs et l’écorce de magnolia ont été utilisées depuis des siècles dans la médecine traditionnelle chinoise. 


De nos jours, on peut trouver les fleurs et l’écorce de magnolia en comprimés, en poudres, dans des tisanes et des teintures. 
les fleurs de magnolia aideraient à lutter contre :

Les problèmes pulmonaires

La congestion de la poitrine

Les écoulements nasaux

Les crampes menstruelles

Le relâchement musculaire

Les troubles digestifs tels que les flatulences et la constipation


En Russie, les herboristes préparent souvent l’écorce de l’arbre de magnolia en la faisant tremper dans la vodka. 


 

 

 

Pour en savoir plus

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15 avril 2023 6 15 /04 /avril /2023 17:21

 

 

 

Mythologie des arbres


Le saule - Salix

 

 

Le saule (Salix) est un genre d'arbres, d'arbustes, d'arbrisseaux de la famille des Salicacées (Salicaceae). 


Il comprend 360 espèces environ, réparties à travers le monde, principalement dans les zones fraîches et humides des régions tempérées et froides de l'hémisphère nord et plus de 70 espèces d'arbres, arbustes et d'arbrisseaux caducs en Europe ! 


On rencontre des saules, au port en boule, étalé, pleureur ou érigé, des feuillages vert vif, gris velouté ou roses, des rameaux tordus ou de couleur rouge, des espèces qui fleurissent avant l'apparition des feuilles. 


Ils ont en commun leurs fleurs en chatons, mâles et femelles sur des pieds différents, leur préférence pour les sols frais à humides et légers et les expositions ensoleillées, leur croissance rapide, leur rusticité et leurs qualités esthétiques.


Seul, un pauvre arbre triste à la pâle verdure,

Le saule qu'il rêvait, au vent du soir, murmure

Sur son ombre éplorée un tendre et long regret.


 

 

 

Saule pleureur, saule blanc, saule tortueux, saule marsault ou saule crevette, la grande famille des saules peut entrer dans la plupart des jardins. 


Les rameaux de 2-3 ans ont une écorce riche en salicyline. L'écorce de saule est douée d'un réel pouvoir antithermique et antinévralgique, auxquels s'ajoutent des effets toniques et astringents.

 

 

 

Les feuilles sont caduques, alternes, ovales ou lancéolées.


 

 

Les fleurs sont réunies en chatons dressés, mâles ou femelles, portés par des pieds différents (plantes dioïques). Chaque fleur est portée par un nectaire, qui correspond au périanthe, et protégée par une bractée ciliée.
La fleur mâle, minuscule, comporte deux à cinq étamines.


La fleur femelle ne comprend qu'un seul ovaire, uniloculaire mais à deux carpelles. Les fleurs femelles fécondées forment des capsules à deux valves, qui libèrent des graines cotonneuses. Les saules peuvent être anémochores (pollinisés par le vent) ou entomochores (pollinisés par les insectes).


 

 

Les nombreux hybrides rendent souvent la détermination difficile.


La plupart des saules se couvrent à l'automne d'une cire blanche qui les protège pendant l'hiver. Comme toutes les cires, celle-ci est hydrophobe, c'est-à-dire qu'elle ne laisse pas passer l'eau. Cette propriété protège l'arbre de la déshydratation pendant l'hiver mais rend aussi la respiration plus difficile. Pour résoudre ce problème, l'arbre est équipé de lenticelles.

 

 

 

Les espèces et variétés de saules

 


Salix alba - Saule blanc, (saule tétard)

Le Saule commun, Saule argenté, Osier blanc, ou Saule Vivier, également appelé aubier ou tétard (Salix alba L.), est un arbre de la famille des Salicacées. Cet arbre commun dans les régions tempérées est souvent cultivé en forme de "têtard" pour la production d'osier.


Salix alba fait partie des plus grands saules (25 m de haut). Son tronc est court et ses branches dressées. Il développe des rameaux brun jaunâtre souples. Avec le temps, son écorce de couleur gris brunâtre se crevasse. Les bourgeons du saule blanc sont appliqués directement contre les rameaux de l’arbre. Ses feuilles sont caduques, alternes, joliment dentées . Sur la partie supérieure, elles sont vert grisâtre. Sur la partie inférieure, elles sont de couleur gris argenté.
 

Sa floraison nectarifère s'étale d'avril à mai. Un espace isolé près d'un cours d'eau est idéal pour cet arbre au puissant système racinaire, mais il peut également se développer sur des terrains modérément secs.


 

 

 

Salix matsudana (babylonica) Tortuosa - Saule de Pékin tortueux  


Le saule de Pékin, originaire de Chine, saule tortueux de la famille de Salicacées est un arbre très décoratif, à planter isolé, dans un grand jardin.
cet arbre pouvant atteindre les 10m de hauteur, pour 6 m de large, montre une silhouette gracieuse aux branches sinueuses, au port élancé.  Il est de croissance rapide, mais sa durée de vie est courte, autour d’une vingtaine d’années.


Son houppier est ovale, plus haut que large et assez lâche. La couronne est symétrique. Souvent, l’arbre se divise rapidement en plusieurs troncs d’allure tortueuse. Les branches se ramifient en de nombreuses branches sinueuses qui s’allongent gracieusement en spirale, ce qui lui donne une architecture très esthétique. La variété "Aurea" montre une écorce jeune de couleur jaune et luisante, remarquable sous les rayons du soleil.


Les feuilles caduques, lancéolées, légèrement dentées, recourbées, vert olive, sont d'une grande originalité au jardin. Il aime un sol léger, riche, frais à humide, de préférence non calcaire, en situation ensoleillée ou mi-ombragée. Il est très esthétique en hiver. En mars, il produit également des chatons blanc grisé.

 

Le bois est cassant, il n’est pas rare qu’un vent violent abatte quelques branches. 


 

 

 

Salix viminalis - saule des vanniers

 
Le Salix viminalis, appelé aussi vime ou osier vert , osier des vanniers est un arbuste très souple de 5 à 10 mètres de haut que l'on rencontre souvent taillé en têtard afin d'utiliser les rameaux jaunâtres ou rougeâtres, à l'écorce jaune orangé en hiver.

 

Il s'adapte à tous les sols sous exposition ensoleillée. Il peut être utilisé en isolé, massif, au bord d'un cours d'eau. Sa durée de vie : 30 ans
D'autres variétés de saule sont également utilisées en vannerie, comme le saule pourpre ou le saule blanc.


Les feuilles, dont le bord tend à s'enrouler, sont longues et étroites, vert franc au dessus et couvertes de poils argentés au dessous, les chatons apparaissent avant elles, en avril. Il existe des pieds mâles et femelles ; on les distingue par la floraison en chatons qui a lieu en avril-mai. 


Cette espèce produit de l'osier. Elle fait partie des espèces les plus utilisées pour la vannerie avec le saule pourpre (Salix purpurea), le saule à trois étamines (Salix triandra) et le saule blanc -ou commun- (Salix alba).


 

 

 

Salix udensis sachalinensis "golden sunshine"- Saule de Sakhaline Golden Sunshine


Le saule de sakhaline, saule doré est un arbuste au port buissonnant de 4 m de haut pour 3 m de large, aux feuilles lancéolées jaune d'or, et aux rameaux dorés,  prend des tons vert-jaune en automne et supporte bien le soleil. 


Ce saule souple et délicat est très décoratif, grâce à sa silhouette champêtre, à l’image de sa floraison printanière sous forme de chatons avant ses feuilles lancéolées dorées comme les blés.


Il se cultive facilement et requiert très peu d’entretien en raison de sa résistance aux maladies. Il est capable d’affronter les écarts de température les plus extrêmes, froids vifs et chaleur ardentes, à condition d’être planté au soleil, dans un sol riche régulièrement amendé, impérativement frais voire très humide (à proximité d’un plan d’eau par exemple) et d’être taillé court à la fin de chaque hiver (février-mars).


 Cet arbrisseau d'origine japonaise s'apparente au saule des vanniers. Très beau en sujet isolé mais peut être également installé dans une haie. 


 

 

 

Salix caprea Pendula - Saule marsault pleureur


Le salix caprea "Kilmarnock",  saule Marsault est une adorable forme horticole de saule, appartenant à la famille des Salicacées.


C'est un petit arbre de croissance rapide, de 2 à 3 m de haut pour 1,5 m de large aux longs rameaux souples, rouge brun et duveteux dans leur jeunesse, pouvant retomber jusqu'au sol. Au printemps, les boutons floraux en gros chatons argentés puis jaunes pâle, très décoratifs, portés en abondance par le bois encore nu.


Son feuillage allongé sur 8 à 10 cm et légèrement denté, est vert foncé, avec un revers vert clair. Il devient jaune en automne.  Le tronc est lisse et gris noirâtre, ponctué de crevasses en losange.
Facile à réussir, il résiste au froid Jusqu'à -20°C et accepte tout type de sol, même sec ou humide, pas trop calcaire. Son exposition doit être d’ensoleillée à mi- ombre, à l’abri des vents violents, sachant que ses jolie chatons chatoient merveilleusement dans les rayons du soleil. 


Il convient parfaitement aux petits jardins et sera parfait sur une pelouse, près d'un talus ou en massif. 


La forme "Pendula" fut découverte au 19ème siècle et fut propagée par Thomas Lang de Kilmarnock. 


 

 

 

Salix integra "Hakuro-Nishiki" - Saule crevette 


Cette variété de saule, très décorative, obtenue par les japonais à partir d’une espèce d’origine orientale est devenue un classique.


Le saule crevette, a un port arrondi de 1m à 2.50 m, aux nombreuses et fines tiges souples. 


Son fin feuillage lumineux, panaché de rose et de vert tendre au printemps se teinte de blanc et de vert moyen en été. Ses petites feuilles alternes sont allongées, courtement pétiolées, denses sur les branches. Ses jeunes pousses teintées de rose lui ont valu son nom de Saule crevette. Cet arbuste caduc et rustique prend un joli port en boule avec le temps. Au printemps, il produit, en plus, des petits chatons vert-jaune.  

 

Les fleurs, qui débourrent peu de temps avant les feuilles, forment de minuscule épis rouge-rosé. L’écorce des tiges matures est rouge sombre.


Il est attractif pour son feuillage aussi bien que pour sa forme.Il se cultive sans difficulté dans toute bonne terre de jardin. Le saule crevette a besoin d'un sol profond, lourd, riche, et bien humide, avec une exposition pas trop chaude ni trop ensoleillée, plutôt à mi-ombre.


 

 

 

Salix purpurea - saule pourpre


L'Osier pourpre, l’Osier rouge ou le Saule pourpre est un petit saule d'une hauteur de 1 à 2 m pouvant exceptionnellement pousser jusqu'à 6 m. Il appartient à la famille des Salicacées, et tire son nom de la couleur de ses fleurs, fréquemment pourpres, qui apparaissent au début du printemps. Avec un port touffu, souvent en boule, Salix purpurea est le seul représentant français du genre Salix dont les feuilles (et bourgeons) paraissent opposées ou subopposées. 


Cet arbrisseau est d'une longévité faible. C'est une espèce dioïque, avec une floraison de mars à avril, avant la feuillaison. Salix purpurea est pollinisé par les insectes, et ses graines sont dispersées par le vent. 


C'est une espèce pionnière. Le limbe de ses feuilles est finement denticulé. Ses rameaux grêles, souples, glabres, brillants, opposés et pourpre foncé. Ses bourgeons sont lisses et luisants. Chatons unisexués à bractées noires et rouges et velues. Ses fleurs mâles ont leurs anthères rouges.


Le saule pourpre décoratif en bois nu en hiver, porte un agréable feuillage bleuté en été. C’est arbuste de haie taillée ou libre très peu exigeant, utilisé pour le maintient de la terre ou végétalisation d’une zone humide. Il est favorable à la biodiversité. Il  est bien connu en France, l’osier rouge se rencontre au bord des cours d’eau sur les chemins ou à la lisière des bois, le plus souvent en groupement arbustif bas. C’est aussi une espèce pionnière.

 

 

 

Le Saule fragile ou Saule rouge (Salix fragilis) 


Le Saule fragile est un arbre de la famille des Salicaceae, de 5 à 15 m de haut, à couronne arrondie généralement formée de quelques branches lourdes. Les jeunes rameaux sont marron jaunâtres, parfois un peu rouges.

 

Ils poussent en angle assez ouvert sur les branches plus matures. Velus au départ, ils deviennent rapidement glabres. Il doit son nom à la fragilité de ses rameaux. Ce n’est toutefois pas le seul dont les rameaux sont cassants, cet attribut n’est donc pas déterminant.


C'est un arbre à croissance rapide, dont le tronc peut atteindre 1 m de diamètre, mais qui développe souvent des multi-troncs, avec une couronne irrégulière souvent inclinée. L'écorce est sombre, grise-brunâtre, crevassée sur les vieux sujets. Il croît rapidement. Ses feuilles vert foncé brillant sont sans poils et d'un vert pâle en dessous. La marge des feuilles présente une bordure légèrement crantée. Elles sont légèrement velues au début du printemps mais deviennent vite glabres. 


D'avril à mai a lieu la floraison, qui donne des épis de fleurs vert clair, en forme de gobelet,  se teintent de brun clair lorsqu’ils produisent des fruits. Elles forment ensuite des chatons, caractéristiques des saules.


Le saule fragile s'installe préférentiellement en bordure de cours d'eau et en plein soleil. Il peut servir à la plantation à la stabilisation des berges. De plus, les jeunes pousses sont très souples, il peut donc être utilisé pour la vannerie.


 

 

 

Le saule à deux couleurs, Salix bicolor, 

est une espèce de saule de montagne, de la famille des Salicaceae.

Salix bicolor atteint 3 m de haut. La plante prend la forme d'un large buisson mais peut aussi ressembler à un arbre multi-branches de 4 mètres de haut. Les branches sont glabres, brun-rouge ou de couleur noisette.

 

Les feuilles sont vert-jaune, glabres, elliptiques ou lancéolées, à l'apex pointu, sombres sur le dessus, blanches dessous.

 

Les chatons apparaissent au début du printemps, avant les feuilles. Comme tous les saules, cette espèce est dioïque, les fleurs s'épanouissant de mai à juin.


 

 

 

Étymologie


Saule (du françique salha, vers 1215, saule marsault, osier)
apparenté à :

- L’allemand Salweide, 

- L’anglais sallow, 

- Le danois selje. 

- Héritier du germanique salχaz 

- Le français saule,


Le germanique salχaz et  l'anglais willow sont issus de la même racine indo-européenne wel signifiant " rouler, tourner", allusion à la flexibilité du bois et l'utilisation des pousses et des branches pour tisser des paniers, fabriquer des clôtures.

Le latin salix, accusatif salĭcem, est en revanche à l'origine des formes d'ancien français saus et sausse (conservés dans certains dialectes) et de saussaie (qui vient de salicetu) endroit planté de saules. 


Une rangée régulière de saules est dénommée une saulée.


Une saulaie est un endroit où poussent des saules, tout comme une saussaie, terme vieilli et régional.


 

 

 

 

Mythologie Egyptienne

 

L’arbre sacré d’Héliopolis 

A Dendérah, quand le roi accomplit devant le roi Hathor les rites de l'érection du saule, arbre ayant un rôle mythique dès l'ancien Empire... il dit à la déesse en apportant une tige  à trois branches feuillues :

"Voici le saule, je dresse devant toi ces rameaux, puis il ajoute :

"Je t'élève le saule à tes narines, le premier mois de l'été : que ta face en rayonne"


Les scientifiques de la campagne d'Égypte devant le temple de Dendérah , 1819 par François-Martin Testard.- Musée Champolion


 

 

 

Mythologie greco-romaine


Itea (saule chez les grecs anciens) est le nom de la nourrice de Zeus qui surveillait son berceau suspendu à cet arbre magique.


Héra, déesse du foyer vit sous le saule de Chio jusqu’au jour de ses noces, elle y retourne chaque fois qu’elle a besoin de s’isoler.


Le saule est également associé à Artémis (Diane) 

Guillaume Seignac - Diane


 


 

 

 

Mythologie celtique

 


Le saule est un arbre du début du printemps, à l'époque où la pluie gonfle les rivières.

du 1° Mars au 10 Mars

 


Arbre aquatique, féminin, le "saule des rivières" est gouverné par la lune et est ainsi naturellement associé avec les cérémonies féminines d'Imbolc.

 

l'alphabet oghamique

ᚄ Saille 

Sail / saule 

 

Dans la mythologie celte, le saule est associé à la création des deux Œufs écarlates du serpent de mer qui contenaient le Soleil et la Terre. Le Saule a caché ces œufs dans ses branches jusqu'à ce qu'ils éclosent et apportent la vie terrestre. Si par ses feuilles qui descendent jusqu'à la terre, le Saule pleureur est lié à la mort et à la nostalgie, il est aussi symbole d'immortalité. 


 

La déesse blanche

Les silex trouvés dans les tombes étaient tailllés en forme de feuilles de saule. Le saule (helice en grec) donna son nom à l'Hélicon, le séjour des neuf muses, prêtresses et orgiaques de la Déesse Lune.

Le saule lui est consacré pour de nombreuses raisons ; c'est l'arbre qui affectionne le plus l'eau, or la déesse de la Lune passe généralement pour la dispensatrice de la rosée et de l'humidité ; ses feuilles et son tronc, sources de l'acide salicylique, sont souverains contre les crampes rhumatismales que l'on pensait autrefois être causées par le pouvoir des sorcières. Le premier oiseau orgique de la déesse est le torcol, migrateur printanier qui niche toujours dans les saules.

Le liknos ou tamis utilisé pour vanner le blé, était fait en saule. 
C'est à bord de ces grands tamis, que les sorcières du nord Berwick allaient sur la mer au cours de leurs sabbats

Les mythes celtes - Robert Graves - 1948


 


 

Le saule dans la religion

 

Religion juive et samaritaine


Célébration "Souccot"

Souccot signifie "cabane" ou "hutte" et fait référence aux abris dans lesquels les juifs ont cherché refuge après avoir fui l’Égypte avec Moïse lors de l’exode. 

Les familles juives célèbrent généralement l’occasion en construisant une structure qui ressemble à une hutte ou une cabane, où elles passeront la semaine. 

On utilise spécifiquement quatre plantes : le citron, une branche de palme, une branche de myrte et une branche de saule. Cette combinaison de végétaux, connue sous le nom des "Quatre espèces", fait partie intégrante du Souccot car elle est mentionnée dans la Torah. 


Juifs apportant leurs quatre espèces à la synagogue (carte de vœux de 1900)

 

 

 

Le saule dans la Religion chrétienne

 


La Bible raconte que "les Hébreux captifs pleuraient leur patrie perdue sous les saules au bord de l'Euphrate". 

 

Psaumes 137:2

"Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion.
Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos harpes..."

 

Lévithique 23:40

"Le premier jour, vous prendrez de beaux fruits, des branches de palmiers, des rameaux d'arbres touffus et des saules de rivière, et vous vous réjouirez devant l'Eternel, votre Dieu, pendant 7 jours..."


Esaie 44:4

"Ils pousseront au milieu de l'herbe comme les saules près des cours d'eau..."


Ezechiel 15:7

"C'est pourquoi ils rassemblent ce qui leur reste et transportent leurs biens de l’autre côté du torrent des saules..."


Ezechiel 17:5

"Il prit un plant du pays et le plaça dans un terrain fertile. Il le mit près d'une eau abondante et le planta comme un saule..."


Ézéchiel 17:4-6

"Il arracha le plus élevé de ses rameaux, l'emporta dans un pays de commerce, et le déposa dans une ville de marchands. Et il prit un rejeton du pays, et le plaça dans un sol fertile; il le mit près d'une eau abondante, et le planta comme un saule. Ce rejeton poussa, et devint un cep de vigne étendu, mais de peu d'élévation; ses rameaux étaient tournés vers l'aigle, et ses racines étaient sous lui; il devint un cep de vigne, donna des jets, et produisit des branches..."

 

Job 40:22

"Les lotus le couvrent de leur ombre, Les saules du torrent l'environnent..."

 

 

 

Le Dimanche des Rameaux est une fête liée à des rites préchrétiens, enrichis par des éléments de la religion chrétienne. Il marque en fait le début de la Semaine sainte, qui prépare la grande fête de Pâques.

Tout le monde connait la signification chrétienne de cette fête : le moment où Jésus est reçu avec des branches d'olivier, qui chez nous sont représentées par le saule.

Cet arbre est présent dans les textes les plus anciens, et aussi dans des textes bibliques. C'est aussi un symbole de la régénération, car c'est un arbre qui jette son fruit, son fruit n'apparaît pas. C'est pour cela que le saule a été souvent vu comme un élément négatif et a été remplacé par d'autres éléments végétaux. Mais peu à peu, les gens ont retrouvé ce symbole fort, parce que le saule est facile à planter. Il est donc redevenu un symbole de la "régénération".

 

Pâques Orthodoxes

L'épisode biblique de l'entrée de Jésus à Jérusalem est marqué par les fidèles le dimanche avant les Pâques orthodoxes. Ce jour-là, les gens des communautés traditionnelles apportent à l'église des rameaux de saule qui seront bénis durant la messe.

 

 

Tradition chrétienne en Ukraine

 


..."Une histoire qui commence avec le baptême, selon le rite orthodoxe grec, en 988, du prince de Kiev, Vladimir le Grand, canonisé deux siècles plus tard. Cette date marque le début de la christianisation de la "Rus’ de Kiev". Vladimir édifie de nombreuses églises, les premières en pierre du monde slave, dans lesquelles sont notamment vénérées des icônes de la Dormition de la Vierge. Son fils, Jaroslav le Sage, proclame la Vierge reine du peuple ukrainien en 1037, ce qui fait de lui le premier souverain occidental à consacrer son peuple à Marie.

 

La Vierge ne fut pas insensible à cette profonde dévotion de l’Ukraine à son égard. En témoignent ses apparitions, survenues à plusieurs reprises. La plus connue remonte au XVIIe, à Grouchiv, en Galicie, à l’ouest du pays. Un saule y fut planté en souvenir. Un siècle plus tard, une source jaillit au pied de l’arbre et provoqua des guérisons miraculeuses. En 1806, Stepan Chapowskyj peignit une icône de la Vierge et les villageois la fixèrent sur l’arbre. Ce dernier devint un lieu de pèlerinage.  En 1856, la Vierge est vénérée pour avoir stopper une épidémie de choléra. Le 26 avril 1987, elle serait de nouveau apparue au même endroit à une fillette de 11 ans, Maria Kizyne"...
 

 

 

Légende chrétienne du saule

 

Judas

"Quelques heures après la Dernière Cène, Judas trahissait Jésus par un baiser en échange de trente pièces d’argent. Voyant Jésus capturé et torturé, il regrettait sa trahison et jetait l’argent souillé de sang. Le remords rongeait son cœur et il fut affligé par les conséquences de son acte. La seule solution lui semblait être de disparaître de cette terre.


Tenant une solide  corde en main, il grimpat dans le premier arbre qu’il rencontra. C’était un saule. Judas attachait la corde à la branche la plus haute et sautait …. L’arbre gémit sous ce poids, mais ne voulait pas coopérer à la fin de ce traître. Le saule s’inclinait profondément et Judas se retrouvait à nouveau les deux pieds par terre. Depuis lors, cet arbre est appelé « saule pleureur » l’arbre qui pleure la mort de Jésus."
 

 

 

Le saule pleureur replie ses branches vers la terre depuis qu'il a servi à cacher la Vierge et l’enfant Jésus dans leur fuite en Égypte. (cf. Palmier)

 


Dans une autre légende, ce saule pleure depuis le jour que les verges ont frappé Jésus. 


 


 

 

Mythologie chinoise

 

Dans certaines régions, on plaçait lors de la Fête des Morts des branches de saule sous le toit pour prévoir la météo. En effet, un vieux proverbe dit que "la branche de saule verte annonce la pluie tandis que la branche de saule sèche prévoit le beau temps."


Le saule a une vitalité si puissante qu'une branche de saule peut vivre là où elle est plantée.


La cité des Saules, le Mou-yang-tchen, en Chine, est le lieu même de l’immortalité.


A Lhassa, au Tibet, le sanctuaire principal est au milieu d’une plantation de Saules.

 

Cet arbre est l’Arbre de Vie ou l’Arbre central. On sait que Lao Tseu méditait à l’ombre de son feuillage où il fonda le Taoïsme et y rencontra Confucius, au Ve siècle av. J.C.


 

 

 

Mythologie bouddhiste


Le Saule du samuraï

 

Les bouddhistes Japonais placent une âme dans certains arbres; notamment dans les saules pleureurs. Cette âme aurait de mystérieux pouvoirs pour le mal comme pour le bien.

 

La légende


Le samouraï Matsudeira possède, dans son jardin, un saule pleureur magnifique aux feuilles argentées.

 

Voici qu'un jour, sans aucune raison apparente, sa femme tombe gravement malade et meurt. Peu de temps après, son fils se casse la jambe. Matsudeira se demande si le saule n'est pas à l'origine de ces accidents. Plutôt que de l'abattre, il le propose à son voisin, Inabata, qui accepte immédiatement.

 

Un matin, ce dernier a la surprise de voir une femme d'une merveilleuse beauté appuyée contre le tronc du saule.

 

Inabata est veuf et sans enfant. Il propose à la ravissante créature de le suivre en sa modeste demeure. Quelque temps après, conquis, il lui demande sa main. L'année suivante naît un délicieux petit garçon qu'on nomme Yanagi, le saule. La famille vit dans le bonheur pendant cinq ans.

 

Voici qu'un des piliers soutenant le temple de Sanjusangendo s'effondre. Le daimyo consulte les prêtres. Ces derniers lui expliquent qu'il faudrait faire la réparation à l'aide du tronc provenant d'un saule. Il faut un grand et large saule pour tenir le temple. On lui signale que dans le jardin de son vassal Inabata, pousse un tel arbre. Il décide d'abattre le végétal et de le faire transporter au temple.

 

En apprenant cela, Inabata va trouver sa femme pour lui raconter son souci. Alors celle-ci lui dit: "J'ai un aveu à vous faire mon cher ami. Vous ne m'avez jamais demandé comment je suis venue à vous...Je suis l'âme du saule. Quand vous m'avez accueillie chez vous, j'ai ressenti une immense gratitude envers vous. Nous nous sommes mariés. Nous avons eu un enfant. Maintenant je sais qu'il me faut mourir car vous ne pouvez pas désobéir à votre Seigneur...Adieu". La femme avance vers l'arbre et disparait dans le feuillage.

 

Les bûcherons arrivent; abattent l'arbre sans prêter attention aux supplications du malheureux Inabata. Maintenant, le saule gît sur le sol. Il ne reste plus qu'à le transporter. On tente de le soulever sans succès. L'arbre résiste comme soudé au sol. Les bûcherons vont chercher du renfort; rien à faire,. L'arbre ne bouge pas. Trois cents hommes sont appelés à la rescousse. Le saule ne bouge toujours pas d'un centimètre.

 

Alors le petit Yanagi s'approche à son tour du saule, en caresse les feuilles argentées et lui murmure simplement: "Viens". Il saisit une branche. Tiré par la main minuscule, l'arbre cède à la douce prière et suit l'enfant jusqu'à la cour du temple.

 

Bibliographie
Contes et légendes du Japon, F. Challaye, Collection des contes et légendes de tous les pays, Fernand Nathan 1963


 

 

 

Le saule dans les tribus amérindiennes

 


Les Blackfoot racontent que, voici bien longtemps, Napi, le Vieil Homme, parcourait seul ce pays.

A cette époque, il n'y avait rien, pas même une pierre. Trouvant que ce monde était un endroit glacial, Napi créa l'épine dorsale du monde (les Montagnes Rocheuses), les rivières, les peupliers et les bosquets de saules, le bison, l'aigle, le loup, le castor et l'ours ainsi que tous les autres animaux à quatre pattes. 


 


 

 

IVe et IIIe millénaires av. J.-C. 

 


Le premier texte connu sur la médecine par les plantes est gravé sur une tablette d'argile, rédigé par les Sumériens en caractères cunéiformes 3000 ans av. J.-C.; ils utilisaient des plantes telles le saule en décoctions filtrées.
 


 

VIII° siècle av. J.-C. 

 


Homère (VIII° siècle av. J.C.) poète grec


Odyssée, X, 504-514 : chant XI -  la Nekyia

Après avoir indiqué à Ulysse le meilleur chemin et les vents favorables qu'il faut suivre, Circé ajoute :


..."Déploie les voiles et laisse faire le souffle de Borée.

Quand ton navire aura franchi l’Océan,

tu trouveras, sur un promontoire,

dans les bois sacrés de Perséphone,

plantés de saules et de peupliers noirs, 

les eaux du Pyriphlégéthon et du Cocyte

se jettent dans l'Achéron,

et tombent d'un rocher avec fracas..."

 

Alessandro Allori (1535-1607) - Odyssée Circé et Ulysse

 


 

 

V° - IV° siècle av. J.C.

 


Hippocrate (vers 460 avant J.-C. -377 av. J.-C.)  médecin grec du siècle de Périclès, philosophe, considéré traditionnellement comme le "père de la médecine".

avait déjà observé que l’utilisation d’écorce et de feuilles de saule permettait de soulager les douleurs lors maux de tête ou de fièvre. Il conseillait aux femmes de mâcher ses feuilles pour lutter contre les douleurs de l’accouchement. 
 

 

 

I° siècle av. J.C.

 

Virgile (70 av. J.-C.-19 av. J.-C.) poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

Les Bucoliques, III, 65


..."La bergère Galatée s'enfuit vers les saules, mais veut auparavant se faire voir"...
 


 

I° siècle

 

Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin qui vécut durant la période de la naissance de l'Empire romain. 


Livre X - Orphée et Eurydice

Vers 86 à 105

..."Et l’érable aux couleurs variées et avec eux les saules qui croissent au bord des rivières et le lotus aquatique,..." 

 

Dans la mythologie grecque, Aréthuse est une nymphe du cortège d'Artémis. Étant la fille de Nérée, elle est aussi une Néréide.

(Métamorphoses d'Ovide - V, 585

 

La fontaine d'Aréthuse


Un jour, je m'en souviens,

Je revenais de la forêt de Stymphale, 

Accablée du poids des chaleurs,

Que rendaient plus pesant 

Les travaux pénibles de la chasse;

Je trouve un ruisseau dont l'onde, 

Qui paraît immobile, erre lentement sans murmure, 

Et permettait à l'oeil de compter les cailloux

Que couvre son limpide cristal.

Son cours est presque insensible; 

Et de vieux saules, de hauts peupliers,

Qu'entretient sa fraîcheur, l'abritent de leur ombre.

Je m'approche de ses bords. 

Je mets un pied dans l'onde ;

J'y descends ensuite jusqu'aux genoux. 

Je détache enfin mes vêtements légers ;

Je les suspends sur un saule courbé,

Et je me plonge dans les flots. 

Mais tandis que de mes mains je frappe l'onde,

Et l'agite, et la divise dans mes jeux,

Je ne sais quel murmure 

Semble sortir du fond des eaux :

Je frémis, et, dans mon effroi,

Je m'élance sur le bord le plus prochain.

Abraham Bloteling Alphée et Arethuse


 

 

 

Pedanius Dioscoride (20 et 40 ap. J.-C.- vers 90 ap. J.-C) médecin, pharmacologue et botaniste grec. Son œuvre a été une source de connaissances majeures en matière de remèdes.

..."Le saule a des vertus astringentes, cicatrisantes et antalgiques. Usant tant des semences, de l’écorce que de la sève, il emploie le saule pour certaines affections cutanées (cals, poireaux), en cas d’hémoptysie et de douleurs auriculaires." 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79) écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).
 

Histoire naturelle - XXIV, 58

Traitant des remèdes fournis par les arbres sauvages.

"...ses feuilles pilées et prises en boisson, modèrent les excès amoureux et en usage répétés les éteignent complètement..."

 



 

 

 

II° siècle

 


Pausanias (115-180), dit le Périégète voyageur de l'Antiquité. Il est l'auteur d'une Description de la Grèce ou Périégèse


parle 

X

...d'un bois consacré à Proserpine, planté de peupliers au sombre feuillage {popidus nigra) et de saules....

...Le Thrace Orphée, mystérieux voyageur dans la région funéraire, région infernale, était représenté une branche de saule à la main....
 

3.16.7 
Lygodesma patronyme d'Artémis dont la statue avait été retrouvée par les frères Astrabacus et Alopecus sous un buisson de saule, dont elle était encadrée de telle manière 

 

LIVRE VII.

Achaïe
"... vers le fleuve Imbrasus, et sous un saule qu'on voit encore maintenant dans l'enceinte de son temple ; ils croient que ce temple est extrêmement ancien, ..."


D'après Galien (II° s.), peu de médicaments avaient autant d'usages que la sève de saule. 
 

 

 

VI° siècle - X° siècle

 


Le Livre de barde Taliesin - recueil de poèmes manuscrits du X° siècle,

Kat Godeu, ou Combat des Arbrisseaux

...Les saules et les sorbiers

Tardivement, vinrent dans les rangs...
 

 

 

XI° siècle

 


Au Moyen-Âge, Hildegarde de Bingen (vers 1098-1147) abbesse de l’abbaye de Rupertsberg. 

Le livre des subtilités des créatures divines :

..." Le saule est froid ; il est image des vices, parce qu’il semble beau ; il n’est pas très utile pour les hommes, si ce n’est qu’il les accompagne dans certaines choses extérieures et il ne vaut rien pour les médicaments, car son fruit et sa sève sont amers et ne valent rien pour l’homme ; si celui-ci en mangeait, il ferait naître et augmenter en lui la mélancolie, mettrait en lui de l’amertume et y diminuerait la santé et la joie..." 


 

 

 

XIV° siècle

 


Guillaume de Machaut (1300-1377) compositeur et écrivain français 

..."Mais se s'amie l'appelast, Li nices tantost s'en alast, Le dos li tournast et l'espaule, Et s'en alast penre [prendre] à la saule, Pour li monstrer come il valoit Et comment contre-mont saloit"...
 

 

 

XV° siècle


Miniature moyen âge

215v - Français 236

boccace, de casibus (trad. laurent de premierfait)

exécution des templiers - Philippe le Bel et saule


 

 


Alain Chartier (ou Charretier, en latin Alanus Auriga vers 1385/90-1430 ) 1430?), poète, diplomate, orateur et écrivain politique français. 

Dans La belle Dame sans mercy , l'acteur se réfugie derrière une treille de saule


..."Si m'assis derrière une treille

Drue de fueilles a merveille,

Entrelacée de saulx vers"...
 

 

 

XVI° siècle

 

 

1508

Enluminure

Parchemin par Jean Bourdichon vers 1508.

Grandes heures Anne de Bretagne

Saule blanc


 

 

 

1539

Hieronymus Bock (1498-1554) pasteur et botaniste allemand 

Ouvrage Kräutterbuch

publié dans sa première édition à Strasbourg en 1539.

Figure 2 : première illustration connue du saule marsault, 


 


 

Leonhart Fuchs,

De Historia stirpium, 1542.


 

 

 

Cesare Ripa (v. 1555-1622) érudit italien auteur de l'Iconologie (Iconologia overo Descrittione dell'Imagini universali), livre d'emblèmes extrêmement célèbre en son temps.

- La stérilité présumée du saule inspire la représentation de la figure allégorique de la Disette. Elle est décrite comme une femme émaciée, mal vêtue, debout à côté d'une vache maigre et tenant, de la main droite une branche de saule et dans la main gauche, une pierre ponce, toutes deux considérées comme stériles. 

Il explique :
"la stérilité est la raison principale de la disette".


 

 

 

Olivier de Serres (1539-1619) agronome français, 


"Le saule ou saulx : les diversités des saules se remarquent à la couleur, aucuns estans blancs, les autres tendans sur le rouge et tané, en leurs feuilles"
 

 

 

1557

Rembert Dodoens (1517-1585) botaniste et un médecin malinois. 

Histoire des plantes

"...Les feuilles vertes pilées bien menues et appliquées autour des parties honteuses ôtent l'appétit au jeu d'amour..."
 

 

 

1586

Jacques Daléchamps (1513-1588) est un des plus célèbres, à la fois botaniste, médecin et philologue.

l'Historia generalis plantarum. 

..."Les feuilles pilées et prises en breuvage refroidissent ceux qui sont trop échauffés en cas d’amour et même qui continuerait d’en prendre, elles rendraient la personne tout à fait inhabile à ce métier"...(on allait même jusqu’à assurer qu’un emploi du saule au long cours était susceptible de mener à la stérilité).

 

 

XVII° siècle

 

 

William Shakespeare (1565-1616)est un dramaturge, poète et acteur anglais. 

Hamlet, IV, 7, - v. 1600

 

Ophélie

 

    La reine  

...Au-dessus du ruisseau penche un saule, il reflète

dans la vitre des eaux ses feuilles d’argent

Et elle les tressait en d’étranges guirlandes

Avec l’ortie, avec le bouton d’or,

Avec la marguerite et la longue fleur pourpre

Que les hardis bergers nomment d’un nom obscène

Mais que la chaste vierge appelle doigt des morts.

Oh, voulut-elle alors aux branches qui pendaient

Grimper pour attacher sa couronne florale ?

Un des rameaux, perfide, se rompit

Et elle et ses trophées agrestes sont tombés

Dans le ruisseau en pleurs. Sa robe s’étendit

Et telle une sirène un moment la soutint,

Tandis qu’elle chantait des bribes de vieux airs,

Comme insensible à sa détresse

Ou comme un être fait pour cette vie de l’eau.

Mais que pouvait durer ce moment ? Alourdis

Par ce qu’ils avaient bu, ses vêtements

Prirent au chant mélodieux l’infortunée,

Ils l’ont donnée à sa fangeuse mort....


Alexandre Cabanel - Ophelie

 

 

 

1690


Akiyama Shirobei Yoshitoki, un médecin japonais de Nagasaki  alla étudier la médecine chinoise et devint un expert de l’Art Souple des Saisies du Maître Ka Ku Tei, forme de combats à mains nues inspirée des moines Shaolins.


A son retour au Japon vers 1690, Il se retira pour méditer. Observant la nature, l'hiver arrivant, la neige s'accumulait sur un magnifique cerisier, et sous le poids de la neige, les branches ployaient et craquaient.


Puis, il eut le regard attiré par un saule, tout frêle, ses branches étaient si souples qu’elles ployaient, et naturellement revenaient à leur place. …


Akiyama fonda une école qu’il appela le "Yōshin-ryū "  l’école du cœur de saule. Il fut le premier à utiliser le terme de jujutsu (technique de la souplesse).


 

 

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français 

 

L'enfant et le maître d'école

 

Dans ce récit je prétends faire voir

D'un certain Sot la remontrance vaine.

Un jeune Enfant dans l'eau se laissa choir,

En badinant sur les bords de la Seine.

Le Ciel permit qu'un saule se trouva

Dont le branchage, après Dieu, le sauva.

S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,

Par cet endroit passe un Maître d'école ;

L'enfant lui crie : Au secours, je péris.

Le Magister, se tournant à ses cris,

D'un ton fort grave à contretemps s'avise

De le tancer : Ah  le petit Babouin !

Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise !

Et puis, prenez de tels fripons le soin.

Que les parents sont malheureux, qu'il faille

Toujours veiller à semblable canaille !

Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort !

Ayant tout dit, il mit l'Enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.

Tout babillard, tout censeur, tout pédant,

Se peut connaître au discours que j'avance :

Chacun des trois fait un peuple fort grand ;

Le Créateur en a béni l'engeance.

En toute affaire ils ne font que songer

Aux moyens d'exercer leur langue.

Hé mon ami, tire-moi de danger ;

Tu feras après ta harangue.


 L'enfant et le maître d'école Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

 

 

 

XVIII° siècle

 

 


Jean-Antoine Morand (1727-1794) artiste, ingénieur, architecte, urbaniste et promoteur. 

Lors des grands travaux dans le quartier des Brotteaux au XVIIIe siècle, a fait planté des saules et des peupliers. 

Projet d’un plan général de la Ville et de son agrandissement par Jean-Antoine Morand – 1764 – AML 3s115

 

 

 

Edward Stone (1702–1768), recteur de l'église anglicane de son vivant, est connu pour avoir été le premier scientifique à documenter les vertus médicinales de l'écorce de saule.

Pour lui l'écorce de saule lui rappelle le quinquina au même goût amer dû à sa richesse en tanins (15 %). Il lui donne une indication supplémentaire contre les rhumatismes en recourant à la théorie des signatures. 

 

 

Comte de La Pérouse (1741-1788) officier de marine et un explorateur français.

...les aborigènes Aïnous utilisaient les fils de l'écorce de saule pour tisser des toiles... 


 

 

 

1796

Tela-Botanica.org : 

Mandel-Weide, Salix triandra subsp. Triandra , syn. Salix amygdalina L.

Extrait du livre Deutschlands Flora in Abbildungen 

Auteur    Johann Georg Sturm (Peintre : Jacob Sturm)

Salix triandra


 


 

 

Comte Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811) officier de marine explorateur et écrivain français.

 Supplément au Voyage - Tome II

..."Les rois seuls (de Taïti) peuvent planter devant leurs maisons l'arbre que nous nommons le saule pleureur,"... 
 

 

 

Jacques Delille (1738-1813) poète et traducteur français. 

L'homme des champs - 1800

..."Les lieux chers aux vivants sont aussi chers aux morts ; Qui vous empêchera de placer sur ces bords, Près d'un ruisseau plaintif, sous un saule qui pleure, D'un ami regretté la dernière demeure ?"... 

 

 

 

François-René, vicomte de Chateaubriand (1768-1848) écrivain français, 

Sur L'art Du Dessin Dans Les Paysages

..."Les chênes à la longue vie, aux écorces rudes… inspirent, sous leur ombre, des sentiments d'une tout autre nature que ces saules au feuillage léger, qui vivent peu et qui ont la fraîcheur des ondes où ils puisent leur séve,"... 
 


 

 

Johann Zorn (1739-1799) pharmacien et un botaniste allemand

Botanologia medica 

...Le saule pleureur (salix babylonica), consacré à la déesse Juno, et spécialement à la Juno Fluonia, est le meilleur moyen pour arrêter toute hémorragie, et pour empêcher une fausse couche...
 

 

 

Anonyme, graveur - Après 1790

Estampe - eau forte - saule pleureur

Musée Carnavalet, Histoire de Paris


 

 

Anonyme, graveur - Après 1790

Estampe - eau forte - saule pleureur

Musée Carnavalet, Histoire de Paris

 

 

 

Anonyme, graveur - Après 1790

Estampe - eau forte - saule pleureur

Musée Carnavalet, Histoire de Paris

 

 

 

Anonyme, graveur - Après 1790

Estampe - eau forte - saule pleureur

Musée Carnavalet, Histoire de Paris

 

 

 

XIX° siècle

 


d’après le botaniste Duhamel Du Monceau (1700-1782), physicien, botaniste et agronome français, qui cède lui aussi à la tentation de faire du saule pleureur (Salix babylonica) un symbole par excellence du deuil et des élégies.


..."Son port retombant offre l’image d’un être accablé de douleur dont la tête penchée sur une urne sépulcrale la recouvre d’une longue chevelure éparse et négligée"...

 

 

Henri-Louis Duhamel Du Monceau (1700-1782)

Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en France, 1804-1809.

Salix Babylonica.

 

°

 

Au 19° siècle, des chimistes réussissent à identifier le principe actif thérapeutique du saule blanc et trouvent les mêmes substances dans la plante la Reine des prés. 

 

 

Pierre-Joseph Leroux (1795-1870) était un pharmacien travaillant à Vitry-le-François.

Il isola en 1829 la salicine à partir de l’écorce de saule, près avoir fait bouillir de la poudre d'écorce de saule blanc dans de l'eau, concentre sa préparation. Il en résulte des cristaux solubles qu'il baptise salicyline (du latin salix). 

La salicine avait déjà été isolée en 1825 par deux pharmaciens italiens vivant dans la région de Vérone, Francesco Fontana et Bartolomeo Rigatelli, mais ni l'un ni l'autre n'avait obtenu de produit pur. C'est pour cette raison que l'on a attribué à Leroux l'isolement de la salicine.


 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique 

Œuvres complètes - III

 

Comédie dans les feuilles

 

Au fond du parc qui se délabre,

Vieux, désert, mais encor charmant

Quand la lune, obscur candélabre,

S’allume en son écroulement,


 
Un moineau-franc, que rien ne gêne,

A son grenier, tout grand ouvert,

Au cinquième étage d’un chêne

Qu’avril vient de repeindre en vert.

 

Un saule pleureur se hasarde

À gémir sur le doux gazon,

À quelques pas de la mansarde

Où ricane ce polisson.

 

Ce saule ruisselant se penche ;

Un petit lac est à ses pieds,

Où tous ses rameaux, branche à branche,

Sont correctement copiés.

 

Tout en visitant sa coquine

Dans le nid par l’aube doré,

L’oiseau rit du saule, et taquine

Ce bon vieux lakiste éploré.


 

 

 

Alfred de Musset  (1810-1857) poète, dramaturge et écrivain français de la période romantique,

Premières Poésies (1829-1835), 

 

Le saule


(extrait)

...

Pâle étoile du soir, messagère lointaine,

Dont le front sort brillant des voiles du couchant,

De ton palais d'azur, au sein du firmament,

Que regardes-tu dans la plaine ?

 

La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.

La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;

Le phalène doré, dans sa course légère,

Traverse les prés embaumés.

 

Que cherches-tu sur la terre endormie ?

Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;

Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,

Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

 

Étoile qui descends vers la verte colline,

Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,

Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,

Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, -

 

Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?

Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,

Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

 

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête

Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,

Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; -

Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !

...

Glisse au sein de la nuit, beau brick de l’Espérance !

Terre d’Écosse, adieu ! Glisse, fils des forêts !

— Que l’on tienne les yeux, que l’on veille de près

Sur ce jeune homme en deuil, qui seul, dans le silence,

De la poupe, en chantant, se penche sur les flots.

Ses yeux sont égarés. Deux fois les matelots

L’ont reçu dans leurs bras, prêt à perdre la vie.

Et cependant il chante, et l’oreille est ravie

Des sons mystérieux qu’il mêle au bruit des vents.

"Le saule… — au pied du saule…"  il parle comme en rêve :

 'Barbara ! — Barbara !' Sa voix baisse, s’élève,

Et des flots tour à tour suit les doux mouvements.

"Enfants, veillez sur lui ! — la force l’abandonne !

Sa voix tombe et s’éteint — pourtant il chante encor.

Quel peut être le mal qui cause ainsi sa mort ?

Couchez-le sur un lit, enfants, la mer est dure !

— Enseigne, répondit la voix des matelots,

Son manteau recouvrait une large blessure,

D’où son sang goutte à goutte est tombé dans les flots. "

 

 

 

Alfred de Musset  (1810-1857) poète, dramaturge et écrivain français de la période romantique,

 

Epitaphe célèbre d'Alfred de Musset au Père Lachaise


"Mes chers amis, quand je mourrai,

Plantez un saule au cimetière

J'aime son feuillage éploré ;

La pâleur m'en est douce et chère

Et son ombre sera légère

A la terre où je dormirai !"


1871 César Daly  (1811–1894) - De Musset


 

 

 

Louise-Victorine Choquet, dite Louise-Victorine Ackermann (1813-1890) poétesse française.


A Alfred de Musset


"Un poète est parti ; sur sa tombe fermée

Pas un chant, pas un mot dans cette langue aimée

Dont la douceur divine ici-bas l'enivrait.

Seul, un pauvre arbre triste à la pâle verdure,

Le saule qu'il rêvait, au vent du soir, murmure

Sur son ombre éplorée un tendre et long regret."

 

 

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869) poète, romancier, dramaturge français

 


Le saule

(extrait)


Pâle étoile du soir, messagère lointaine,

Dont le front sort brillant des voiles du couchant,

De ton palais d’azur, au sein du firmament,

Que regardes-tu dans la plaine ?

 

La tempête s’éloigne, et les vents sont calmés.

La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;

Le phalène doré, dans sa course légère,

Traverse les prés embaumés.

 

Que cherches-tu sur la terre endormie ?

Mais déjà vers les monts je te vois t’abaisser ;

Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,

Et ton tremblant regard est près de s’effacer.

 

Étoile qui descends vers la verte colline,

Triste larme d’argent du manteau de la Nuit,

Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,

Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, –

 

Étoile, où t’en vas-tu, dans cette nuit immense ?

Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

Où t’en vas-tu si belle, à l’heure du silence,

Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

 

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête

Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,

Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; –

Étoile de l’amour, ne descends pas des cieux !


 

 

 

Hans Christian Andersen (1805-1875) romancier, dramaturge, conteur et poète danois, 

Conte - Sous le saule

Johanne et Knud habitaient non loin de la ville de Kjöge, où l'on trouvait beaucoup de jardins qui s'étendaient jusqu'à la rivière. Il n'y avait pas grand-chose d'autre, mais c'était charmant en été ! C'est sous le saule d'un de ces jardins que Johanne et Knud passaient la plus grande partie de leur temps et c'était là une belle amitié.


 

 

 

Petrus Borel (1809-1859) poète, traducteur et écrivain français.

Isolement

...C'est aux champs, vers le soir, groupée en sa mantille,

Un Verther à la main sous le saule pleureur...

 

 


Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

Albertus, I

...- Vous reconnaissez-vous ? - Tenez, voilà le saule,

De ses cheveux blafards inondant son épaule...

 

 


Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.

Mascarades

...

Que, sensitive humaine,

Desdémone promène

Sous le saule pleureur

Sa triste erreur !

...

 

 

Les Tourterelles
...

Tandis que sur son col et sur son dos charmant

Couraient à l’abandon ses tresses envolées,

Que faisais-tu, perdu sous les longues saulées,

Que faisais-tu, perdu sous les longues saulées.
...

 

​​​​

 

 

1825

Les saules du tombeau de Napoléon

François Carlo Antommarchi (1780-1789) médecin français personnel de Napoléon à Longwood, avait profité de son séjour forcé dans l’île de Sainte-Hélène pour en étudier la flore. Dans son ouvrage publié en 1825, il donna un exposé des espèces existantes du temps de Napoléon.

Dans la catégorie des saules, ou Salix comme nom de l'espèce, on trouve le Salix Babylonica, dit Saule du Levant. Il le décrivit ainsi : 

..."Cet arbre est très facile à reconnaître à ses rameaux longs, grêles, flexibles et pendans (sic), qui lui font donner le nom de saule pleureur. Assez commun. Deux autres espèces encore indéterminées..."

Plusieurs saules pleureurs issus de boutures prises de Sainte-Hélène ont été recensés depuis le 19° siècle.
- Les saules Wellington
- Le saule Arnott
- Le saule Washington
- Les saules de Nouvelle-Zélande

Cheveu de Napoléon et feuille de saule de son tombeau à Ste-Hélène

 

 

 

 

1845

Honoré de Balzac, (1799-1850) écrivain français.


Les Paysans,

première partie, chapitre premier)

 

...Les odeurs forestières, senteurs adorées 

par les âmes friandes de poésie à qui plaisent 

les mousses les plus innocentes, 

les cryptogames les plus vénéneux, 

les terres mouillées, les saules, les baumes, 

le serpolet, les eaux vertes d’une mare, 

l’étoile arrondie des nénuphars jaunes ; 

toutes ces vigoureuses fécondations 

se livrent à vos narines en vous livrant 

toute une pensée, leur âme peut-être. — ...

 

 

 

George Sand (1804-1876) romancière, dramaturge, 


Le Péché de Monsieur Antoine - 1845 - t. 1, 1845, p. 55


..."L'îlot était couvert d'une épaisse saulée qui ne leur permettait pas de voir à dix pas autour d'eux"...
 

 

 

En 1853, un chimiste alsacien nommé Charles Frédéric Gerhardt réussit, à partir de la salicyline, à synthétiser l'acide acétylsalicylique qui est commercialisé en 1899 sous le nom d'aspirine. 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

 

L'heure exquise

 

La lune blanche

Luit dans les bois ;

De chaque branche

Part une voix

Sous la ramée ...

 

Ô bien-aimée.

 

L'étang reflète,

Profond miroir,

La silhouette

Du saule noir

Où le vent pleure ...

 

Rêvons, c'est l'heure.

 

Un vaste et tendre

Apaisement

Semble descendre

Du firmament

Que l'astre irise ...

 

C'est l'heure exquise.


 

 

 

Léon Dierx (1838-1912) poète parnassien et peintre français.


L'amour en fraude

...Il redonnait, à chaque bond,

L'onde aux ruisseaux, des fleurs aux rives,

Des alouettes et des grives

Au saule creux et moribond...

 


L'oeil

...Les filles des eaux, en essaims pensifs,

Sous les saules blancs en rond sont assises,

Formes indécises...
 



 

George Sand  (1804-1876) romancière, dramaturge française

 

Le Diable aux champs (1869), 


Eugène -

 Mais halte ! Amenez le canot ! Nous voici arrivés. 

 

Maurice -

Non, c’était plus bas. 

 

Eugène -

Non, non ; voilà le vieux saule, et je tiens à finir mon étude.

Quel trognon de saule, hein ? Avec deux lapins rongeant les rejets

de ses grosses racines, une corbeille par terre, peut-être un marmot

barbotant dans la flaque d’eau, ou un canard majestueux…

peut-être un dindon mélancolique perché sur cette branche…

Voilà un Flamand. 

 

Maurice -

Attachons bien le bateau, le courant est rapide.

Allons, je vais dessiner aussi ton arbre,

ça me servira pour asseoir une Colombine sous l’ombrage,

un Arlequin à ses pieds lui offrant des fleurs,

et Pierrot caché derrière le saule,

montrant sa tête blanche à travers les branches…

Il est tout à fait Watteau, cet arbre-là ! 


Damien -

Moi, je graverai tous les deux, si ça en vaut la peine,

mais, en attendant, je vais grimper sur le saule pour chercher

des chrysalides dans la poussière de son bois moisi.

Diable ! il ne tient à rien, c’est de l’amadou !


Maurice -

N’y monte pas, ne le casse pas avant que nous l’ayons dessiné.

Tiens ! il craque déjà ! 


Damien -

Eh bien, je vous laisse ! Donne-moi le filet,

je vais attraper des arginnis,

car j’en vois là-bas qui ont l’air de se moquer de nous. 

 

 

 

François Coppée (1842-1908) poète, dramaturge et romancier français.

 

Ritournelle

...Et nous choisirons les routes tentantes,

Sous les saules gris et près des roseaux,...

 

 

Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français,

 

Ophélie

...Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,

Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux...

 

Michel et Christine

...Dans les saules, dans la vieille cour d'honneur,

L'orage d'abord jette ses larges gouttes...

 

 

Mémoire

...Les robes vertes et déteintes des fillettes

font les saules, d'où sautent les oiseaux sans brides...

 


 

 

Arsène Houssaye (1815-1896) Poète et homme de lettres français

Recueil : La symphonie des vingt ans (1867).

 


Saules pleureurs

Chanson.

 

Elle passe comme le vent,

Ma jeunesse douce et sauvage !

Ma joie est d'y penser souvent :

Elle passe comme le vent,

Mon cœur la poursuit en rêvant,

Quand je suis seul sur le rivage.

Elle passe comme le vent

Avec l'amour qui la ravage.

 

Elle fuit, la belle saison,

Avec la coupe de l'ivresse.

Adieu, printemps ! adieu, chanson !

Elle fuit, la belle saison.

Je n'irai plus vers l'horizon

Chercher la muse ou la maîtresse !

Elle fuit, la belle saison :

Adieu donc, adieu, charmeresse.

 

Que de larmes ! que de regrets !

Toi dont mon âme fut ravie

Déjà si loin, — encor si près !

Que de larmes ! que de regrets !

Mes mains ont planté le cyprès

Sur les chimères de ma vie :

Que de larmes ! que de regrets !

Adieu, mon cœur ! adieu, ma mie !


 

 

 

Charles Deulin (1827-1877), romancier, journaliste et critique dramatique français.

"Les Trentes-Six Rencontres de Jean du Gogué", 

in Cambrinus et autres Contes, XIXe siècle (1874)

..."Mais voilà-t-il pas que le saule, qui était creux et pourri dans le cœur, craque sous son poids et se brise avec un fracas épouvantable ! —..."
 

 

 

1874

Anonyme

Traduction par J.-H. Rosny et Hong-Tjyong-Ou.

E. Dentu, 1892 éditeur et libraire français

Printemps parfumé

"...les branches des saules trempaient dans l’eau comme pour y pêcher, les papillons allaient de fleur en fleur, et I-Toreng, qui regardait ces choses, appela son domestique..."

..."Puis je vis des saules et leurs fleurs cotonneuses faisaient chaud au cœur des petits oiseaux qui chantaient sur l’arbre ; — ..."

..."Il s’examina une dernière fois dans le miroir et, satisfait, marcha vers la montagne où il passa quelque temps, comme il avait dit, à cueillir des fleurs, à chasser des papillons, et à dépouiller des branches de saule de leurs feuilles qu’il éparpillait ensuite sur l’eau, pour faire venir les poissons..." 

"...Sa taille mince et souple s’inclinait comme le saule au vent..."

"...La vie est comme un fleuve qui s’écoule, et c’est pourquoi la vue de l’eau suscite ma mélancolie ; mais le salut des saules que le vent incline me console..."


 

 

 

1885

Source du livre original :

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé 

Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Illustration Salix bicolor

 

 

 

1885

Source du livre original : 

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé 

Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Illustration Salix breviserrata

 

 

 

1885

Source du livre original : 

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé 

Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Illustration Salix hastata

 

 

 

1885

Source du livre original :

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé 

Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Illustration Salix triandra


 

 

 

19° siècle

Saule cendré (Salix Cinerea) 

Feuilles & Fleurs - 1808 - 1841


 

 

 

XX° siècle

 

 

D'après le missionnaire anglican John Bachelor (1855-1944) évangélisa le peuple aïnou dans l'île d'Hokkaidō au Japon

"the Ainu use what they call a kike-usk-bashui, a moustache lifter having shavings attached to it. They are made of willow" 

...Pendant qu'ils boivent lors d'une cérémonie, les hommes relèvent leur moustache avec un instrument en bois de saule...

 

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) poétesse française,

Recueil : "Les Pipeaux"


 

Le saule pleureur


Saule ! Frisson du paysage !

Obéissance au vent du soir !

Rêve penché sur un miroir !

Cheveux qui se croient du feuillage…

 

Faiblesse qu’un ciel encourage,

Et dont un ciel reprend l’espoir !

Cœur plein d’oiseaux sans le savoir !

Destin qui dépend d’un orage…

 

Ne serais-tu, Saule pleureur,

Avec cette forme de pleur

Et ce front de mélancolie,

 

Qu’un portrait à peine ébauché

De notre visage penché

Sur la rivière de la vie ?


 

 

 

Illustration de Salix viminalis 

Bilder ur Nordens Flora de C.A.M. Lindman, 1901-1905

 

 

 

Émile  Verhaeren (1855-1916) poète belge

La guirlande des dunes

1909


 

Un saule

 


Ce saule-là


Est-il tordu, troué, souffrant et vieux !

Sont-ils crevés et bossués les yeux

Que font les noeuds dans son écorce !

Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force !

Est-il misère, est-il ruine,

Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine,

Et, néanmoins, planté au bord

De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or ;

A travers l’ombre et à travers la mort,

Au fond du soir, mord-il la vie, encor !

 

Un soir de foudre et de fracas,

Son tronc craqua

Soudainement, de haut en bas.

 

Depuis, l’un de ses flancs

Est sec, stérile et blanc ;

Mais l’autre est demeuré gonflé de sève.

Des fleurs, parmi ses crevasses, se lèvent,

Les lichens nains le festonnent d’argent ;

L’arbre est tenace et dur : son feuillage bougeant

Luit au toucher furtif des brises tatillonnes.

L’automne et ses mousses le vermillonnent ;

Son front velu, comme un front de taureau,

Bute, contre les chocs de la tempête ;

Et dans les trous profonds de son vieux corps d’athlète,

Se cache un nid de passereaux.

 

 

Matin et soir, même la nuit,

À toute heure je suis allé vers lui ;

Il domine les champs qui l'environnent,

Les sablons gris et les pâles marais ;

Mon rêve, avec un tas de rameaux frais

Et jaillissants, l'exalte et le couronne.

Je l'ai vu maigre et nu, pendant l'hiver,

Poteau de froid, planté sur des routes de neige ;

Je l'ai vu clair et vif, au seuil du printemps vert,

Quand la jeunesse immortelle l'assiège,

Quand des bouquets d'oiseaux fusent vers le soleil ;

Je l'ai vu lourd et harassé, dans la lumière,

Les jours d'été, à l'heure où les grands blés vermeils,

Autour des jardins secs et des closes chaumières,

S'enflent, de loin en loin, comme des torses d'or ;

J'ai admiré sa vie en lutte avec sa mort,

Et je l'entends, ce soir de pluie et de ténèbres,

Crisper ses pieds au sol et bander ses vertèbres

Et défier l'orage, et résister encor.

Si vous voulez savoir où son sort se décide,

C'est tout au loin, là-bas, entre Furne et Coxyde,

Dans un petit chemin de sable clair,

Près des dunes, d'où l'on peut voir dans l'air,

Les batailles perpétuées

Des vents et des nuées

Bondir de l'horizon et saccager la mer.

 

 

 

Émile Chénin "Moselly" (1870-1918) romancier

Terres Lorraines (prix Goncourt 1907)

..."Une eau inquiétante par sa profondeur infinie, se perdant dans les tournants brumeux, sous des saules penchés et de grands roseaux aux panaches soyeux"... 
 

 

 

Raymond Radiguet (1903-1923) écrivain français.

 


Saule pleureur

 

Il perd ses plumes perd ses larmes

 

Comme un coeur se vide de larmes

L'arrosoir a perdu ses plumes

 

Éventail au soleil fané

Loterie des mois des années

Dans l'allée le sable s'enroue

Où mon chagrin fera la roue

 

Jardin faut-il que tu t'en ailles

Et l'été de cet éventail

Secondé par mon petit doigt

Qui chatouille un bouton de rose

Effronté sans pourtant qu'il ose

Trop presser son éclosion

 

Après s'être bien amusée

La rose rentre en son cocon

La rose revêt sa chemise

Et tout est à recommencer

 

Et les outils dans la remise

Ensemblejardin se lamentent

L'arrosoir voudrait sur l'amante

Verser des larmes mais la bêche

N'a pas retrouvé cette espiègle

Qui se cache sous l'herbe sèche


 


 

1908

Kenneth Grahame - romancier écossais

Le Vent dans les saules 

(titre original : The Wind in the Willows) 

roman publié en 1908 . En France, le roman est paru pour la première fois en 1935.
Classique de la littérature britannique pour enfant, et l'un des principaux représentants de la fantasy animalière. Ce roman se singularise par son mélange de mysticisme, d'aventure, de moralité et de camaraderie, et il est célèbre pour son évocation de la nature de la vallée de la Tamise.


 

 

 

1917

Pierre Loti (1850-1923) écrivain et officier de marine français

Vertige 

..."Dans la façon dont les modistes vous obligent à placer les vôtres [vos plumets], ceux-ci piqués au bout d'un petit bâton, ceux-là tout de travers sur l'oreille, ou bien en saule pleureur sur la nuque, il y a certainement un léger grain de névrose ou même de folie "...
 

 

 

1924

Carte postale

Voyage du devoir en Acadie

Grand-Pré 

Les saules d'Evangéline
Selon la légende, les saules marquent la présence de villages d'Acadiens déportés.


 

 

 

1928

Maurice Constantin-Weyer (1881-1964)  écrivain français. 

Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, page 161

..."Les bourgeons des saules avaient éclaté en projetant sur les branches rousses la poudre vert amande du feuillage naissant. — "

 

 

1928

Alexandre Arnoux  (1884-1973) romancier et un dramaturge français, membre de l’académie Goncourt (1947).

Les gentilshommes de Ceinture

..."Le vent lâche et oisif contournait les obstacles, ne s'escrimait que sur un prospectus sans défense, une branche molle de saule pleureur, d'avance vaincu"...
 

 

 

1930

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français

Corps et Biens (Éditions Gallimard, 1930).

 

Sous les saules 

 

L’étrange oiseau dans la cage aux flammes 

Je déclare que je suis le bûcheron de la forêt d’acier 

que les martes et les loutres sont des jamais connues 

l’étrange oiseau qui tord ses ailes

et s’illumine

 

Un feu de bengale inattendu a charmé ta parole 

Quand je te quitte il rougit mes épaules et l’amour 

Le quart d’heure vineux mieux vêtu qu’un décor lointain étire  

ses bras débiles et fait craquer ses doigts d’albâtre 

À la date voulue tout arrivera en transparence 

plus fameux que la volière où les plumes se dispersent 

 

Un arbre célèbre se dresse au-dessus du monde avec des pendus  

en ses racines profondes vers la terre 

c’est ce jour que je choisis 


Un flamboyant poignard a tué l’étrange oiseau dans la cage de

flamme et la forêt d’acier vibre en sourdine illuminée par le feu  

des mortes giroflées 

Dans le taillis je t’ai cachée

dans le taillis qui se proclame roi des plaines.


 

 

 

1933

Henri Gaussen (1891-1981)botaniste et biogéographe français.

Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, 

..."Le long des rivières se développe une végétation de Cannes de Provence qui s’encombre de Saules et de Peupliers jusqu’à donner des bois de ces arbres qui sont un autre climax. — 

 

 

Paul Valéry (1871-1945) écrivain, poète et philosophe français 

Corona et Coronilla, 1938-1945.

 

            Le Saule

 

Tremble, Tombe légère… Un souffle t’aime, Saule,

 

Qui fait sur toi frémir le songe d’une épaule…

Brise ?… ou mon seul soupir si simple et si soudain

 

Que j’exhale d’amour pour ce flottant jardin.

Sur ses fleurs, mon regard trompe le mal d’attendre

 

Le pas, la voix, la main, et puis, tout l’être tendre,

Cette Toi tout à moi que je sens devenir,

A qui l’heure qui meurt peut tout à coup m’unir

Et qui vient !… Je le sens…

 

Ma bouche enfin t’accueille !

L’approche met dans l’âme un tremblement de feuille

Et mes yeux, quoique pleins de feuillage et de jour,

Te voient derrière moi, toute rose d’amour…

 

Tremble, Tombe légère ! Un souffle t’aime, Saule…

Mais je n’ai plus besoin de songer d’une épaule, 

Et ce souffle n’est plus le souffle d’un seul cœur…   

 

Le temps vaincu succombe, et le baiser vainqueur

 

De l’absence sans nom dont un nom me délivre,    

Boit dans l’ombre à longs traits le feu qui nous fait vivre !


 

 

 

Paul Valéry (1871-1945) écrivain, poète et philosophe français 

Corona et Coronilla, 1938-1945.

"L'Adieu aux vers"

..."Le saule est mort. Il avait deviné, lui. Il n’a pas voulu voir ce qui se verra dans la fenêtre… Pauvre saule, pauvre frisson de tendresse et de poésie que nous partagions avec toi, le soir tombait"...  
 


 

 

Cicely Mary Barker (1895-1973) illustratrice britannique connue pour ses illustrations de fées et de fleurs. 

 


Fée du saule


Au bord du paisible ruisseau ou du bassin ombragé

je trempe mes feuilles dans l'eau fraîche.

 

Au-dessus de l'eau je me penche toute la journée,

Où jouent les épinoches et les vairons.

 

Je danse, je danse, quand la brise souffle,

Et plonge mes orteils dans le ruisseau en contrebas.


 

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 

Marie


...Être si simple, être si pauvre

Qu'on serait près de vous, Marie,

Dans une cuisine bleuie

Par l'ombre en prière d'un saule;...

 

 

 Le goûter


...Dans l'or fondant des primevères,

Le vent joue avec un chevreau ;

Et le jour passe sous les saules,... 
 

 

 

Fred Vargas (1957) écrivaine française

(Éditions Viviane Hamy, 1999), 


 

L'Homme à l'envers 


"Assis dans l'herbe au bord du Rhône, à l'écart 

d'une petite route qui longeait la berge, dans une sorte de 

clairière à l'horizon bouché par des haies de saules, 

Adamsberg plongeait dans la rivière une longue branche 

et luttait du bout de cette branche contre le courant. 

(...) 


Camille le repéra après presque une heure de marche, 

dans une clairière étroite et silencieuse, isolée au milieu des saules. 

Elle s'arrêta à une vingtaine de pas, Adamsberg s'était assis 

tout au bord de la berge, les pieds touchant l'eau. 

Il ne faisait rien, selon toute apparence, mais pour Adamsberg,

être assis dehors constituait une occupation en soi.  

(...)


Cette branche de saule, peut-être, dit-il en effleurant 

la baguette de bois placée entre eux deux. 

Et moi, de temps à autre.

- Bien, dit Camille en soupirant. Je vis avec lui.

- On comprend mieux comme ça, dit Adamsberg.

Il se leva, ramassa la branche de saule 

et fit quelques pas dans la clairière."


 

 

 

XXI° siècle

 

 

Vivre la Tradition celtique au fil des saisons

(édition originale 2001, trad. 2014), Mara Freeman
 

..."Le saule est un arbre du début du printemps, à l'époque où la pluie gonfle les rivières. En Écosse, il était l'un des neuf bois sacrés utilisés pour allumer les feux de Beltaine. Arbre aquatique, féminin, le "saule des rivières" est gouverné par la lune et est ainsi naturellement associé avec les cérémonies féminines d'Imbolc"...

 

 

2001

René Verville (1931-2021) nouvelliste

Le Saule de Grand-Pré. 

Roman Inspiré de la déportation des Acadiens de Grand-Pré


 

 

 

2001

Shan Sa (1972) écrivaine, peintre, poète et calligraphe française d'origine chinoise.

Roman - Les quatre vies du saule

En Chine, le saule pleureur symbolise la mort et la renaissance. Faut-il croire qu'une branche de saule puisse devenir une femme condamnée à poursuivre l'amour de siècle en siècle ?

En quatre périodes qui sont autant de Chine différentes, Shan Sa conte l'épopée de ces âmes errantes...

 

 

 

La phytothérapie : Santé par les plantes, Cachan, Selection Reader's Digest,

2007

Selon le phytothérapeute Paul Goetz, les chatons de saule contiennent des traces de substance œstrogènique.

 

 

Sylvain Adeline, dit Syrano (1979)  auteur-compositeur-interprète, vidéaste, graphiste et illustrateur français 

Source : Musixmatch

2015


 

Et les saules pleurent


Je me souviens de tout. Du hêtre et de l'avoir,

Des marrons, des châtaignes, des premières coupures de rasoir

Et des tisanes au tilleul le soir qui embaumaient nos chambres

Quand maman contait l'histoire. C'est vrai cela n'est plus que cendre

Mais l'incendie n'a rien ôté à la chaleur des longs dimanches

Passés à chat perché ou cochon pendu dans les branches

Du grand cerisier. A l'ombre de sa silhouette voûtée

On guérissait les brûlures indiennes par un goûter.

J'en ai connu des canicules et des gelées terre à terre.

Il a fallu plus d'une fois faire preuve de caractère

Et s'endurcir dans la rigueur loin du confort des serres

Sans obscurcir le lendemain pour voir plus clair hier.

Le corps frêne et l'esprit peuplier

Mais je me rappelle de tout. Les étés dans notre abris côtier

Lorsque montait la sève. Et je me résigne

A ces instants figés dans l'ambre, la résine.

Maintenant que mes vieux os craquent comme les bûches crépitent

Dans l'âtre brûlant où ils brasillent comme des pépites

Juste le temps de faire une connerie, je me souviens les conifères,

Un gosse moulant ses mains dans le plâtre pour la fête des mères

Ou enfilant, maladroit, des nouilles en collier.

En y pensant je me promène encore à l'orée des bois.

J'ai gardé ces empreintes dans mon coeur écolier

Et j'emprunte toujours les allées bordées de lilas.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Je me souviens de tout. De la moindre bourrasque,

De chacune des tempêtes qui a balayé mes basques

Et ma parure dont les restes sous le vent

En se soulevant pestent sur la façon dont jadis ils apparurent.

Je me souviens du temps ou j'étais beau et fort,

Où mon corps fourbu ne rechignait pas encore à l'effort

Où je faisais voler ces jupes comme des feuilles qui se balancent

En effaçant nos airs timides quand elle m'accordait une danse.

Deux éclats d'émeraudes posés sur des pommettes écarlates.

J'accompagnais ma dame dans quelque valse délicate.

Je n ai jamais plié. Toujours droit, le torse fier

Si ce n'est enchanté par les courbes de ma douce sorcière.

Puis nous avons regardé grandir paisiblement

Les deux jeunes pousses qu'on avait planté en s'aimant.

On les a protégé densément. Peut-être trop.

Une façon de s'excuser d'avoir au pied les chaines du bouleau.

Naturellement, elles sont parties puiser en d'autres sols

La force d'élever d'autres pousses au milieu des herbes folles

Apprenant des anciens que le ciel se touche

Pour apprendre aux petits quelles sont leurs racines et leurs souches.

Et d'au revoir en adieux la vie a soufflé nos seize ans,

Plissé notre écorce écorchée par les saisons

Mais dans ma vieille peau elle étouffit, devait se sentir à l'étroit.

Bon sang, qu'il a fait chaud pendant l'été 2003.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.

Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse

Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur.

Comme tout est sourd. Comme tout est sordide

Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.


 

 

 

2012

Le Saule pleureur de bonne humeur

David Foenkinos

Illustrateur : Soledad Bravi

...Elle s'appelle Shai Lin, elle a 8 ans, elle aime les arbres, surtout les saules pleureurs, tristes et puissants.

Quand sa famille doit déménager, elle n'a qu'une demande : qu'il y ait un saule pleureur dans le jardin. Après des jours de recherches, la famille trouve enfin une maison à louer avec l'arbre tant désiré...

Mais voilà, ce saule-là ne pleure pas ! Depuis qu'il est un tout petit arbre, il se sent différent : il voit la vie comme quelque chose de merveilleux et il est toujours de bonne humeur...


 

 

 

2015

Frédérique Elbaz  

Le Rire du Saule Pleureur

...C'est affreux, je suis malheureux, je suis si malheureux, tellement malheureux... Cela ne pouvait être que le saule pleureur gémissant sur son sort comme à son habitude. Le chat et l'enfant tombèrent d'accord pour lui rendre visite avec l'espoir de le consoler enfin de sa grande tristesse...

 
 

 

 

2020

Arnaud Riou 

L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Éditeur, 2020)

...Dans la tradition celtique, sept arbres sacrés se retrouvent pour former ensemble le Bosquet des Druides Ils se réunissent et forment un cathédrale végétale à travers laquelle chacun peut exprimer au mieux son énergie. Ces arbres au nombre de sept sont le Bouleau, l'Aulne, le Saule, le Chêne, le Houx, le Noisetier et le Pommier.

Lorsque dans la forêt, ils sont réunis en cercle, ils tiennent conseil et constituent le " bosquet druidique", lieu sacré, magique. Ce cercle végétal devient alors place d'initiation puissante, où les druides apprennent puis enseignent les secrets du monde de l'invisible. Le Bosquet des druides se positionne souvent près d'une source, d'une rivière ou d'une zone tellurique importante où toutes les connaissances cachées des arbres deviennent claires et accessibles aux initiés qui savent où se placer...
 

 

 

Symboles du saule

 


Le Saule symbolise la vie et l'immortalité, la Pureté et la Grace.

C'est un arbre hommage assimilé au deuil et à la renaissance, la mélancolie, 
C'est aussi l'emblème de bravoure, de liberté et d'humanité.

Planter un saule en arbre "hommage" permet de préserver le souvenir d’un être cher. cet arbre représentera la fidélité et le sentiment éternel.


 

 
 

 

Mythes et traditions du saule

 


- Dans la mythologie orientale, le saule est symbole d'immortalité.

- Une gerbe de branches de saule était utilisée  chez les scythes,  le saule permettait de lire l'avenir et plus précisément, le moment de leur mort en jetant une croix en brindilles de saule dans une source sacrée. Si la croix flottait, la mort surviendrait dans les prochains mois.

- Les branches de saule étaient utilisées dans plusieurs rituels grec.

- En Extrême Orient il est un symbole de mort... mais aussi de renaissance ! Car ses rameaux repoussent toujours quand on les coupe et qu'on les replante. 

- En Cantabrie, cueillir des branches de saule au lever du soleil du solstice d'été porterait chance.

- Chez les Germains, le "salix" saule était symbole de mort. Des sorcières habiteraient dans la cime des saules. On faisait alors des flûtes en bois de saule pour chasser le diable. (contes de Grimm).

- Les Enarei (une classe différente) utilisaient plutôt des morceaux d'écorce de tilleul.

- Chez les incas, la Saramama, déesse du maïs, était associée au saule.

- En Écosse, il était l'un des neuf bois sacrés utilisés pour allumer les feux de Beltaine. 

- En religion vaudou, on noue les branches de saules pour bloquer une personne.

- Une croix faite avec deux rameaux de Saule, que l'on jetait dans l'eau d'une source sacrée, permettait de connaître l'imminence ou non de sa mort. Une croix flottante annonçait une mort certaine dans les mois suivants. Celle-ci était cependant éloignée si la croix coulait ; plus éloignée encore si elle atteignait rapidement le fond de l'eau. 

- En Chine, on décore, au solstice d'été, les portes des maisons avec des feuilles de saule. 

- Chez les Pomos, le dieu Coyote créa des humains (avec des griffes) à partir de branches de saule et de cornouiller.

- Chez les Indiens de la Prairie, le saule est un arbre sacré, le symbole du renouveau cyclique : Le rameau que l’Oiseau apporta était une branche de saule, et elle était en feuilles. 

- Yang yu-Gwaneum (coréen Guanyin déesse Bodhisattva Avalokiteshvara "seigneur qui observe depuis le haut" associée à la compassion),  est représentée avec une branche de saule souvent dans la main droite, parfois dans le vase, symbole de guérison et de réalisation des vœux, fréquemment dans l’histoire coréenne. Utilisé pour arroser l'eau divine. Willow se plie sans se casser. Influencé par les rites tantriques où les branches de saule étaient utilisées pour offrir des rituels aux formes ésotériques de Guanyin.

- Au Tibet c'est l'Arbre central. 

- Chez les Ouigours le saule est l'arbre axial

- Au Japon dans le jeu de cartes traditionnel japonais Hanafuda, des branches de saule sont représentées sur la série des 4 cartes du mois de novembre (décembre dans la version coréenne). 

Novembre, le Saule (Yanagi)
Cette série de cartes met en scène le personnage du "Poète", qui n'est autre qu'Ono no Tôfu, le fondateur de la calligraphie japonaise, qu'il libéra des règles chinoises. Le Saule fait ainsi figure d'habileté et de sagesse. On raconte que cet homme, qui avait échoué six fois à un concours de lettrés, vit à l'occasion d'une promenade une grenouille tentant d'attraper une mouche sur la branche d'un saule; elle s'y essaya six fois sans succès, avant d'atteindre son but la septième fois, ce qui redonna du cœur au poète qui retenta le concours et le remporta. En ceci, la carte du Poète fait symbole de l'opiniâtreté récompensée.

 

 

 

Utilisation du saule

 

- Les saules sont cultivés principalement pour l'ornement, notamment le saule pleureur, de loin le plus connu dans les parcs et jardins.


- Certaines espèces fournissent du bois, apprécié notamment pour la fabrication de manches d'outils, de perches, et des rameaux flexibles utilisés en vannerie (osier).

Particulièrement droites et solides, Salix calodendron, Salix cinerea, Salix caprea, Salix viminalis et leurs mélanges sont utilisées pour la fabrication des fusains d'artistes.

 

 - Le saule est également l’un des neuf bois sacrés. Il est un bois généreux pour le sourcier.


- Avant l'invention de l'auxine de synthèse, on se servait de l'eau de saule pour faciliter le bouturage de tous types de plantes.


- La salicine peut aussi être utilisée pour tanner le cuir.


- Le saule qui accepte très bien la taille en tétard fut beaucoup utilisé comme bois énergie, aujourd'hui le bois issu de ce type de taille encore très répandu est essentiellement broyé et utilisé pour pailler jardins et potagers.



 

 

 

Pharmacologie du saule

 


- Les feuilles et l'écorce de saule sont connues depuis l'Antiquité pour ses vertus curatives. 

 

- Les propriétés médicinales des feuilles et des chatons sont utilisés en usage externe (antispasmodique, sédatif nerveux, anaphrodisiaque).


- Les feuilles des saules, riches en vitamine C, sont comestibles, mais elles ne sont pas d'un goût agréable. Les jeunes pousses du saule blanc peuvent être ajoutées crues aux salades, ou cuites en légumes. Celles des autres espèces sont trop amères pour pouvoir être consommées. 

 

Propriétés médicinales du saule blanc


Utilisation interne

- Soulage la douleur : fièvre, maux de tête, cystite, règles douloureuses, bursite, tendinite.
- Agit comme antirhumatismal :arthrite, rhumatismes dorsaux et articulaires (hanches et genoux).
- Agit comme astringent : traitement des hémorragies internes.
Protège des troubles du sommeil : insomnie, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes.

 

Utilisation externe

Soigne la peau : plaies, ulcères, cors, verrues.



 


 

 

Le saule par les peintres


 

Jean-Baptiste Camille Corot (1796–1875) peintre, dessinateur, graveur imprimeur et lithographe français

1796 

Le repos sous les saules.

 

 

Jean-Baptiste Camille Corot (1796–1875) peintre, dessinateur, graveur imprimeur et lithographe français

Les saules de Marissel

 

 

Jean-Baptiste Camille Corot (1796–1875) peintre, dessinateur, graveur imprimeur et lithographe français

La pêche en barque auprès des saules


 

 

 

Jean-Baptiste Coste (1746-1819) peintre français.

Jacques Marchand (1769-1845) Graveur

Estampe Saule pleureur 

Éditeur  :  chez J. Marchand (A Paris)


 

 

 

Charles François Daubigny (1817-1878) peintre français

Sanguine

Paysage à la rivière bordée de saules


 

 

 

1852

A. Gardien (18..-18..)  Dessinateur

Cimetière de Montivilliers. 

Seine-Inférieure. 

(Vue de la croix gothique et saule) 1852.


 


 

1856

Utagawa Hiroshige  (1797–1858) 

série Cent vues célèbres d'Edo ,

Non. 045, partie 2 : L'été. 

Yatsumi no hashi signifie " vue des huit ponts", car il est possible de voir huit ponts se succéder le long de la rivière depuis le point de vue adopté dans l’œuvre (le pont Ichikoku). De nouveau, l’artiste occupe le premier plan avec des branches pendantes de saule tandis que, dans le coin inférieur gauche de la composition, apparaît une planche du pont. En plan moyen, le cours d’eau est traversé d’embarcations qui paraissent venir de ponts perdus dans le lointain. Les bâtiments du fond sont le palais du shogun derrière lequel se dresse l'imposante majesté du mont Fuji. Le ciel est en gradation des couleurs habituelles du peintre du bleu sombre au rouge, traversé par le vol de deux oiseaux.

 

 

 

Estampe japonaise

Femme et saule

 


 

 

19° siècle

Aquarelle chinoise 

Aquarelle Peinture encadrée d’un oiseau 

Peinture de moelle chinoise de la fin de la dynastie Qing


 

 

 

Gustave Doré (1832-1883) illustrateur, caricaturiste, peintre, lithographe et sculpteur français.

illustration de la fable de Jean de La Fontaine

L'enfant et le maître d'école


 


 

Gustave Caillebotte (1848-1894) peintre français,

Saule en bord de riviere 

 

 

 

Claude Monet (1840-1926) peintre français .

Saule Pleureur, Giverny 1918

 

 

Claude Monet (1840-1926) peintre français .

Saule Pleureur, Giverny 1920-1922, 

Coll. privée


 

Claude Monet (1840-1926) peintre français .

Le saule pleureur et l'étang de nénuphars 


 

 

 

1883

Vincent van Gogh (1853 - 1890), 

Esquisse dans la lettre 252 de Pollard Willow

 

 

1884

Vincent Van Gogh (1853 - 1890)

Paysage avec des saules

 

 

1884

Vincent Van Gogh (1853 - 1890)

saule étété

 

 

Vincent Van Gogh (1853 - 1890)

1885

Le Saule, 

 


 

1888    

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais. 

Les saules


 

 

 

1911

Jacques Anthony Louis Beltrand (1874-1977) graveur français

Le Saule - Nu au bord de l'eau -  

"Revue de l'Art ancien et moderne" - 

Gravure

 

 

 

1927

Robert Polack

Le Saule

Illustration originale


 

 

 

Conte japonais sur le saule

 

Le saule vert


 

 

La femme saule

 

L’histoire de "Saule Vert"
 (L’histoire d’Aoyagi)

 

 

Dame saule

 

 

Pour en savoir plus sur le saule

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 22:08

 

 

 

 

Mythologie des arbres


Le cyprès - Cupressus

 

 

Le Cyprès commun, cupressus sempervirens, encore appelé cyprès sempervirent, cyprès toujours vert, cyprès d'Italie, cyprès de Provence, ou encore cyprès méditerranéen est un arbre de la famille des Cupressaceae.


C'est un conifère élégant à  la silhouette élancée, est un arbre ou un arbuste buissonnant,  pouvant atteindre une hauteur de 5 à 40 mètre, représentatif de la flore méditerranéenne, l'arbre des cimetières, symbole du deuil dans le monde méditerranéen.

 

Ses racines sont lignifiées, ce qui lui permet de rester stable malgré sa grande taille.

 

Trônant seul sur une pelouse, ou aligné en une haie ou un brise-vent, le cyprès constitue un bon élément de décoration. En outre, il est tout à fait indiqué pour orner le balcon ou la terrasse, ou encore les massifs. Sa culture se fait sur la majeure partie de l’année, bien que certaines saisons soient plus propices à sa plantation, comme le printemps par exemple.

 

Pour une apparence décorative, une taille du cyprès s’impose. Elle s’effectue à la fin de l’été ou au début du printemps. A défaut d’être taillé, le cyprès continue à grandir.

 


Le cyprès est une plante rustique qui supporte les températures froides, jusqu’à -20°C. Il tolère le vent mais apprécie surtout le soleil et de chaleur.
 

 

Le Cyprès est originaire de localités éparses dans les grandes régions tempérées chaudes ou subtropicales de l'hémisphère nord. Son aire d'origine comprend l'ouest de l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale, le nord de l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Himalaya, la Chine méridionale et le nord du Viet Nam.

 

À présent, il est auprès

De Fo-hi, dans les prés frais,

Où les sages s'en vont tous,

À l'ombre des grands cyprès,

Boire et rire avec les fous.

Charles Cros (1842-1888) Li-taï-pé - 1873


 


 

 L'écorce est brune-grise, assez fine et crevassée.

 

 

Les rameaux sont généralement assez courts et ont une section transversale quadrangulaire. Les jeunes pieds portent des aiguilles et les plus âgés des écailles vertes, imbriquées de façon assez serrée sur quatre rangs, un sur chaque face du rameau. 

 

Les feuilles sont en forme d'écailles triangulaires, disposées par paires opposées-décussées recouvrant totalement les rameaux. Elles persistent de 2 à 4 ans. Elles  ne sont jamais piquantes. Le feuillage a une odeur de résine fruitée délicieuse. 


 

 

La floraison du cyprès apparaît de février à avril selon le climat. Les cônes apparaissent à l'extrémité des rameaux. Les cônes mâles sont jaunes à brun et les cônes femelles sont verts et globuleux.



 

Les fleurs femelles sont des cônes ronds verdâtres globuleux ou ovoïdes, sont formés de 4 à 14 écailles également disposées par paires opposées-décussées. Elles atteignent leur maturité en 18 à 24 mois après la pollinisation, qui se fait par le vent. Attention, le pollen est allergisant.

 

 

Les graines sont petites. Elles portent deux ailes, de part et d'autre de la graine.


 

 

 

Le nombre d'espèces incluses dans ce genre varie de 16 à 31, voire plus. De nombreuses espèces sont cultivées comme arbres d'ornement. 

 


Liste des espèces

 


Le Cyprès de Santa Cruz - Cupressus abramsiana 

est un arbre résineux de la famille des Cupressacées originaire de Californie. 

Habitat : Régions maritimes à hivers doux.



 

Le Cyprès de l'Arizona - Cupressus arizonica

Cyprès bleu, 

(syn. Le Cyprès Piute - Cupressus nevadensis)

est un arbre de la famille des Cupressacées, originaire des régions du Sud-Ouest de l'Amérique du Nord, souvent cultivé comme arbre d'ornement.

Cette espèce, originaire des régions du Sud-Ouest de l'Amérique du Nord, arbore un très beau feuillage persistant gris bleu, ponctué de taches blanches de résine. 
À l'état naturel, l'espèce se trouve souvent dispersée en petits peuplements, ne formant pas de grandes forêts.

C'est un arbre qui croît dans des régions arides, en montagne, à des altitudes variant de 1800 à 2500 mètres.

Le cyprès de l'Arizona est un arbre toujours vert, de taille moyenne, dont la silhouette est conique plus ou moins ovoïde. Il peut atteindre une hauteur de 10 à 25 m.

 

 

Le Cyprès du Maroc - Cupressus atlantica, 

Cyprès de l'Atlas,

est un arbre de la famille des Cupressaceae, originaire du Maroc. 

Cet arbre est considéré comme une espèce en danger de disparition.

Le cyprès du Maroc est une espèce rare, endémique du sud de Maroc, que l'on trouve dans la vallée de l'oued N'Fiss dans les montagnes du Haut Atlas marocain au sud de Marrakech dans l'ouest du Maroc. La majorité des individus sont anciens, avec très peu de régénération naturelle, notamment à cause du surpâturage par les chèvres.



 

Le Cyprès de Baker - Cupressus bakeri, 

Cyprès de Modoc

est un arbre de la famille des Cupressaceae, originaire du sud-ouest des États-Unis. Il est considéré comme une espèce vulnérable. Sa diffusion est restreinte à des sites difficiles.
 

Cette espèce à croissance lente, est originaire d'une zone restreinte du Sud-Ouest des États-Unis :

- dans le nord de la Californie, dans les comtés de Siskiyou, Modoc, Shasta et de Plumas,

- dans le sud-ouest de l'Oregon, très localisé dans les comtés de Josephine et de Jackson.

On trouve ce cyprès en général sous forme de petits peuplements épars, ne formant jamais de grandes forêts, à des altitudes comprises entre 900 et 2000 mètres.


 


Le Cyprès de Bentham - Cupressus benthamii Endl.,

Arbre pouvant atteindre 25-30 m. Feuillage généralement pyramidal. Rameaux flexibles, légèrement pendants souples au toucher chez les individus jeunes.

 

 
Le Cyprès du Bhoutan - Cupressus cashmeriana

Cyprès de l’Himalaya,  Cupressus torulosa

Cyprès du Cachemire

est un arbre de la famille des Cupressacées, originaire de l'Est de l'Himalaya.  Il y pousse à des altitudes comprises entre 1 250 et 2 800 m.
Le nom spécifique cashmeriana, "du Cachemire", s'explique par le fait que l'espèce a d'abord été découverte dans cette région, bien qu'elle n'y existe pas à l'état sauvage, en 1838 par John Forbes Royle, botaniste britannique attaché à la Compagnie des Indes.

C'est un conifère de taille moyenne à grande pouvant atteindre 20 à 45 m de haut, rarement beaucoup plus, et un diamètre de tronc de 3 mètres.

Arbre national du Bhoutan, où il est souvent associé à des sites religieux ; il est largement planté autour des monastères et des temples.



 

Le Cyprès de Cheng - Cupressus chengiana

Arbre pouvant atteindre 30 m,  endémique de Chine Centrale où il pousse sporadiquement dans les zones montagneuses entre 800 et 2900 m d'altitude. C'est une espèce vulnérable, aux rameaux verts denses et vigoureux. 

 


Le Cyprès du Yunnan - Cupressus duclouxiana, 

Arbre moyen de 20-25 m, endémique du Sud de la Chine depuis le Sud-ouest du Sichuan jusqu'au Sud-est du Xizang (Tibet) en passant par le Yunnan. Il pousse dans les forêts des zones montagneuses entre 1400 et 3300 m d'altitude.

Sa couronne d'abord conique puis arrondie à aplatie chez les vieux sujets. Ramure assez dense avec des rameaux très étalés et retombants sans être pleureurs.



Le Cyprès du Tassili - Cupressus dupreziana, 

Cyprès de Duprez, tarout en tamahaq 

Arbre de la famille des Cupressacées, endémique du massif montagneux du Tassili n'Ajjer, dans le centre du Sahara et dans le sud-est du territoire algérien. Il y forme un peuplement unique et isolé, à des centaines de kilomètres de tout autre arbre (de même genre). 

Cet arbre est considéré comme une espèce en danger de disparition. 

C'est une des 'quatre espèces" retenues à l’issue de 25 ans des recherches  pour replanter l’Estérel.




Le Cyprès de Chine - Cupressus funebris 

Arbre de la famille des Cupressaceae, originaire de Chine, cultivé comme arbre d'ornement, notamment dans les monastères. 

Il mesure de 20 à 35 mètres de haut et comporte un tronc pouvant atteindre deux mètres de diamètre, et pousse plutôt dans la moitié Sud de la Chine.
 


 

Le Cyprès de Tibet - Cupressus gigantea

Grand arbre,  de 40-45 m pour un diamètre de tronc qui dépasse souvent les 3 m.  Les rameaux sont denses, vigoureux,

Ce cyprès est endémique et localisé au Sud-est du Xizang (Tibet) où il pousse le long des rivières entre 3000 et 3500 m d'altitude. Ce taxon est en danger. 
 


 

Le Cyprès blanc de l'Arizona - Cupressus glabra

Cette espèce est originaire de l'Arizona, cultivé surtout comme ornemental pour sa forme en pointe élancée. Il est présent dans la forêt de conifères montagnarde, les forêts mixtes de feuillus et de conifères, et les prairies arbustives des vallées. 

Ils est particulièrement connu pour sa robustesse, car peu importe le climat, il sera parfaitement à l’aise. Le bois de ces arbres dégage une odeur d'encens.


 

 

Le Cyprès de Gowen - Cupressus goveniana 

Cyprès de Californie 

est un arbre de la famille des Cupressaceae originaire de la Californie aux États-Unis, considéré comme une espèce menacée.

C'est un arbre toujours vert de forme générale conique, de taille très variable en fonction des conditions de milieu, pouvant aller d'arbres nains de moins d'un mètre à l'âge adulte sur certains sites jusqu'à des géants de 60 mètres de haut dans des conditions idéales.

Le feuillage forme des rameaux denses, de couleur vert foncé à jaune vert. Les feuilles, en forme d'écailles, couvrent des ramules arrondies (et non pas aplaties).


 

 
le Cyprès de Guadalupe - Cupressus guadalupensis 

est un arbre de la famille des Cupressaceae, originaire de l'île de Guadalupe au Mexique.

Cet arbre est considéré comme une espèce menacée.

Il en existe de petits peuplements épars du nord au sud de la Californie (États-Unis).

Ce cyprès est un arbre toujours vert à houppier conique plus ou moins ovoïde, de taille variable, les grands arbres adultes atteignant 10 à 20 mètres de haut.

Le feuillage forme des rameaux denses, de couleur vert foncé à gris vert.


 


Le Cyprès du Mexique - Cupressus lusitanica

Cyprès du Portugal, Cyprès de Goa

arbre de la famille des Cupressacées originaire d'Amérique centrale, cultivé comme arbre d'ornement dans les parcs et grands jardins.

Le nom spécifique, lusitanica (c’est-à-dire de Lusitanie, ancien nom du Portugal), lui a été donné par le botaniste britannique Philip Miller qui l'a décrit en 1768. Cette espèce était cultivée en Grande-Bretagne depuis 1682, année où elle fut importée du Portugal. 

Ce cyprès fut en effet importé pour la première fois en Europe par des moines espagnols qui le plantèrent au monastère de Buçaco, près de Coimbra au Portugal vers 1634. 

Elle croît en montagne à des altitudes comprises entre 500 et 4000 mètres.
Le cyprès du Portugal est un arbre toujours vert qui peut atteindre 20 à 30 mètres de haut, voire 40 mètres. Sa forme générale est conique-ovoïde.

 

 

le Cyprès de MacNab - Cupressus macnabiana

Petit arbre d'une dizaine de mètres mais pouvant occasionnellement atteindre 25-30 m. Port plutôt pyramidal élancé à colonnaire à ramifications relativement éparses. Écorce fine, brun-rougeâtre, lisse au début puis plus rugueuse par la suite par accumulation de couches successives qui se desquament en fines plaques.

Localisé au Nord de la Californie, dans Coast Ranges Mts ainsi que dans le Nord de la Sierra Nevada, environ jusqu'au niveau de Sacramento.

Cette espèce s'hybride naturellement avec C. sargentii de la même région mais, semble-t-il pas avec C. bakeri (aucune citation relevée) également de la même zone.

 



le Cyprès de Lambert - Cupressus macrocarpa 

Cyprès de Monterey

est une espèce d'arbre de la famille des Cupressacées, endémique de la côte centrale de la Californie.

Arbre sempervirent, de grande taille, qui devient souvent irrégulier et tabulaire sous l'effet des vents forts qui caractérisent son aire d'origine. 
Il peut pousser jusqu'à 25 mètres de hauteur et son tronc peut atteindre un diamètre plus de 2 mètres ou plus.

L'habitat naturel de ce cyprès est connu pour être frais, aux étés humides et presque constamment baigné par les brumes marines. Il ne résiste pas aux températures inférieures à - 15 °C.

Le feuillage pousse en rameaux denses, de couleur vert brillant.

 


 
 
le Cyprès de Nootka - Cupressus nootkatensis D. Don, 

est une espèce d’arbres du genre Cupressus de la famille des Cupressaceae, originaire de l'ouest de l'Amérique du Nord, largement cultivé comme arbre ou arbuste d'ornement.

Le nom spécifique, nootkatensis, fait référence à l'île Nootka (proche de l'île de Vancouver) où cet arbre fut découvert en 1793 par Archibald Menzies.

Le Cyprès de Nootka est un grand arbre pouvant atteindre 20 à 40 mètres de haut (exceptionnellement à 61 mètres14), en général à port pleureur.
C'est un arbre qui croît généralement dans des stations humides en montagne, souvent près de la limite des arbres, mais parfois à des altitudes plus basses.

Son feuillage est formé de rameaux aplatis, très denses, constitués de feuilles en forme d'écailles de 3 à 6 mm de long, de couleur vert foncé mat
Les plus anciens spécimens de Cyprès de Nootka connus dans le monde se trouvent dans la chaîne des Caren Range (dans la péninsule de Sechelt, sur la côte ouest de la Colombie-Britannique). L'un d'eux aurait 1834 ans.

Cet arbre a été introduit en France dès 1851, puis dans le reste de l'Europe.

 

 

Le Cyprès de Mendocino - Cupressus pygmaea 

Cyprès pygmée

endémique à certaines terrasses côtières et chaînes de montagnes côtières des comtés de Mendocino et de Sonoma dans le nord-ouest de la Californie. C'est un arbre très variable, et étroitement apparenté à Cupressus goveniana, suffisamment pour être parfois considéré comme une sous-espèce de celui-ci.

Le feuillage est de couleur vert foncé à vert clair terne.

Il a une forme de croissance très variable, en fonction des conditions du sol. Dans la communauté végétale de la forêt pygmée sur des sols pauvres, acides et dépourvus de nutriments avec un drainage entravé par une croûte de fer, il s'agit d'un arbre rabougri de 0,2 à 5 mètres de hauteur à maturité.

Lorsqu'il pousse sur des sols profonds et bien drainés, il peut s'agir d'un grand arbre atteignant 30–50 mètres de hauteur. L'écorce est gris-brun foncé, à texture filandreuse, et fissurée sur les vieux arbres.

 

 

Le Cyprès de Sargent - Cupressus sargentii 

Arbre de 10-20 m pouvant atteindre jusqu'à 25 m, mais souvent arbustif et inférieur à 10 m. Couronne d'abord étroitement conique ou largement buissonnante puis nettement toujours plus large que haute ou colonnaire, plutôt ouverte avec des branches horizontales.

L'écorce est rugueuse, sillonnée, fibreuse, gris-foncé à brun-gris presque noirâtre. 

Il est originaire de Californie et est répartie en deux populations disjointes de plus de 250 km.

La population du Nord est la plus importante et se trouve dans Coast Ranges Mts jusqu'au Nord de la baie de San Francisco. La population plus au Sud se situe dans la chaine de montagnes de Santa Lucia. En fait, entre les Comtés de Mendocino au Nord de San Francisco et de Santa Barbara au Sud on ne trouve que quelques stations très dispersées dans les chaînes de montagnes. 
On la trouve entre 50 et 1100 m d'altitude dans les zones de chaparral, les forêts sur les pentes.

Le Cyprès de Sargent se reproduit généralement à l'aide d' un feu de forêt, ce qui provoque une ouverture des cônes et une exposition du sol minéral nu pour la germination des semis, bien que parfois les graines tombent et germent sans feu , bien que de telles semble être l'exception plutôt que la règle. Il arrive souvent que de nombreux arbres d' un même peuplement aient tous le même âge.

 

 

 

Le Cyprès toujours-vert - Cupressus sempervirens, 

Cyprès d'Italie, cyprès de Provence, ou encore cyprès méditerranéen
cyprès commun, cyprès sempervirent

arbre de la famille des Cupressaceae. Il est originaire d'Asie mineure, mais il a été acclimaté dans tout l'hémisphère nord, et plus particulièrement autour du bassin méditerranéen.

Il résiste à −20 °C et tolère une sécheresse relative. Il est aussi présent dans l'hémisphère sud comme à Antananarivo où il est commun.

L'arbre peut atteindre 20 à 30 m de haut et 2 m de tour. 

Il est très ramifié, excepté dans sa partie inférieure. L'écorce est brune-grise, assez fine et crevassée.

L'arbre a deux ports totalement différents : la forme horizontalis, à aspect pyramidal et à branches très étalées (dite "cyprès mâle"), et la forme fastigiata, à aspect très élancé, ressemblant à une colonne ou un pinceau (dite "cyprès femelle ").
 

 

  
Le Cyprès doré vietnamien - Cupressus vietnamensis

Arbre originaire de la province de Hà Giang dans le Nord du Viet-Nam et étroitement apparenté au cyprès de Nootka. 

Cet arbre présente la particularité d'avoir deux types de feuilles au stade adulte : des feuilles en écaille, et des feuilles en aiguille (forme souvent rencontrée sur diverses espèces de cyprès au stade juvénile).

C'est une espèce menacée. L'arbre est rare et son aire de diffusion très restreinte. La principale menace est l'exploitation par l'homme, l'arbre étant très recherché localement pour son bois brun jaune, dur et odorant.
 

 

Hybrides

 

 

Le Cyprès de Leyland - Cupressus leylandii

(Cupressus macrocarpa, Cupressus nootkatensis)

est un conifère, hybride intergénérique entre le cyprès de Nootka, Xanthocyparis nootkatensis et le cyprès de Lambert, Cupressus macrocarpa. 

Les Leyland sont des conifères de grande taille, hauts et étroits, pouvant atteindre les 30 m de hauteur lorsqu’ils ne sont pas taillés. Leur croissance est très rapide : dans un sol riche, il s’élève d’environ 9 m en 10 ans !

Il fait partie de la famille des Cupressacées. Très vigoureux, lorsque les leylands sont apparus ils sont devenus rapidement une espèce incontournable des haies. 

Tolérants, peu couteux à la production, et très rapides de croissance. Toutefois, la plantation de cyprès de Leyland dans les haies est remise en cause aujourd’hui, au profit de haies mixtes ou libres.

 

 

 

 

Les "faux cyprès"

 

D'autres espèces sont désignées par le nom vernaculaire de "cyprès". Ce sont soit des espèces appartenant aux genres Chamaecyparis et Widdringtonia, parents éloignés du genre Cupressus, soit des plantes appartenant à la famille des Cupressaceae ayant certains caractères ressemblants avec les vrais cyprès.

 

Genre Chamaecyparis

- le Cyprès de Formose - Chamaecyparis formosensis

- le Cyprès de Lawson - Chamaecyparis lawsoniana

- le Cyprès du Japon ou hinoki faux-cyprès - Chamaecyparis obtusa

- le Cyprès de Sawara - Chamaecyparis pisifera

- le Cyprès blanc de l'Atlantique - Chamaecyparis thyoides

 

Genre Widdringtonia

- Widdringtonia cedarbergensis - le Cyprès du Cap 

Le Cyprès de Clanwilliam (Widdringtonia cedarbergensis J.A. Marsh), connu également et entre autres sous le nom de Cèdre du Cap, Cèdre de Clanwilliam ou Cyprès africain, de la famille des Cupressaceae (celle des cyprès), est un arbre endémique des montagnes de Cederberg au nord-est du Cap, nord de la province du Cap et sud de la province de Cap-Occidental, Afrique du Sud. Il est inscrit comme étant en danger critique de disparition.

 

- Widdringtonia nodiflora

- Widdringtonia schwarzii 

Widdringtonia schwarzii était auparavant appelé "Cèdre de Willomore", mais a été renommé Cyprès de Willomore pour une meilleure correspondance botanique.
Cet arbre est une espèce de Widdringtonia originaire d'Afrique du Sud, où il est endémique des montagnes de Baviaanskloof et Kouga à l'ouest de Port Elizabeth, province du Cap-Oriental. Il est en danger critique de disparition.

 

- Widdringtonia whytei 
appelé pendant longtemps Cèdre du Mulanje bien qu'il soit apparenté aux cyprès, est un arbre de la famille des Cupressaceae (celle des cyprès), endémique du mont Mulanje au Malawi dont il est l’arbre national. Son nom corrigé est Cyprès de Mulange. Il est également connu sous les noms de Cèdre de montagne et Cyprès de montagne.
 

 

 

 

Genre Widdringtonia

- Widdringtonia cedarbergensis - le Cyprès du Cap 

Le Cyprès de Clanwilliam (Widdringtonia cedarbergensis J.A. Marsh), connu également et entre autres sous le nom de Cèdre du Cap, Cèdre de Clanwilliam ou Cyprès africain, de la famille des Cupressaceae (celle des cyprès), est un arbre endémique des montagnes de Cederberg au nord-est du Cap, nord de la province du Cap et sud de la province de Cap-Occidental, Afrique du Sud. Il est inscrit comme étant en danger critique de disparition.

 

 

- Widdringtonia nodiflora – Cyprès des montagnes

est un arbre de la famille des Cupressaceae, il est originaire d’Afrique du Sud, dans les zones montagneuses. C’est un arbre en général de petite taille au feuillage en forme d’écailles, il portera des cônes globuleux, chaque arbre produisant des fruits mâles et femelle.

Il est unique dans le genre par sa capacité à repousser très facilement depuis la souche, cela lui permet de survivre aux incendies de forêt, un facteur majeur qui favorise son abondance par rapport aux autres espèces du genre. Il s’adaptera également bien en pot.

Les plants sont issus de graines en provenance d’Afrique du Sud. Très rare en culture.

 

 

- Widdringtonia schwarzii 

Widdringtonia schwarzii était auparavant appelé "Cèdre de Willomore", mais a été renommé Cyprès de Willomore pour une meilleure correspondance botanique.

Cet arbre est une espèce de Widdringtonia originaire d'Afrique du Sud, où il est endémique des montagnes de Baviaanskloof et Kouga à l'ouest de Port Elizabeth, province du Cap-Oriental. Il est en danger critique de disparition.
 

 

- Widdringtonia whytei 

appelé pendant longtemps Cèdre du Mulanje bien qu'il soit apparenté aux cyprès, est un arbre de la famille des Cupressaceae (celle des cyprès), endémique du mont Mulanje au Malawi dont il est l’arbre national. Son nom corrigé est Cyprès de Mulange. Il est également connu sous les noms de Cèdre de montagne et Cyprès de montagne.

 

 

Autres conifères

 


Cyprès chauve (Taxodium distichum)

 

Cyprès des étangs (Taxodium ascendens)

 

Cyprès de marais mexicain (Taxodium mucronatum)

 

Cyprès de Patagonie (Fitzroya cupressoides)

 

 

Cyprès de Russie ou cyprès de Sibérie, (Microbiota decussata),

 

 

 

Cyprès de la Cordillère (Austrocedrus chilensis)

 

 

Cyprès de Fujian (Fokienia hodginsii)

 

 

Cyprès de las Guaitecas (Pilgerodendron uviferum)

 

 

Etymologie

 


Du latin cupressus, cypressus, cyparissus,

emprunté au grec ancien κυπάρισσος. Antonomase de Cyparissos (Κυπάρισσος), jeune homme aimé d’Apollon, métamorphosé en cyprès.


Sempervirens se traduit par "toujours vert", ce qui témoigne de son feuillage persistant.

Allemand : Zypresse - Anglais : cypress - Breton : siprezenn - Chinois :  bǎishù ou bóshù - Danois : cypres -Espagnol : ciprés -Hongrois : ciprus -
Italien : cipresso - Japonais : itosugi, saipuresu - Néerlandais : cipres -
Norvégien : sypress - Occitan : ciprès (oc) - Polonais : cyprys - Portugais : cipreste - Roumain : chiparos -Tchèque : cypřiš 

Le cyprès pourrait aussi tirer son nom, Cupressus, de Cyprus, qui indiquerait une supposée origine chypriote.

 

 

 

Mythologies persanes

 


Originellement, Mithra est une divinité indo-iranienne dont l’existence est attestée dès le XIVe siècle av. J.-C. chez les Hittites. 

Mithraisme est un culte à mystères, apparu pendant le IIe siècle av. J.-C. en Perse.

Le document le plus ancien qui mentionne cette divinité est ce que l’on appelle l’Avesta qui est un livre religieux perse.


Chaque Iranien plantait un cyprès lors de la naissance de son enfant. 

Le cyprès présent dans le mithraïsme a été une source d’inspiration pour les chrétiens et les musulmans, qui ont introduit les arbres de son type dans leurs traditions.
 

 

 

Mythologie greco-romaine  

 

Hadès/Pluton et le cyprès

L'un des attributs qu'on voit le plus souvent auprès de Hadès (grec) Pluton (Romain), c'est le cyprès, dont le feuillage sombre et lugubre a toujours semblé consacré à la mélancolie et à la douleur. 

Ceux qu'on lui dévouait en étaient couronnés, et les prêtres de ce dieu portaient toujours des vêtements parsemés de feuilles de cet arbre. 

 

 
 

Selon Ovide (43 av. J.C. - 17 ou 18 ap. J.-C.), poète latin  

Les Métamorphoses Livre X vers 86                                        
 

Au milieu de cette forêt qu'on vit obéissant au charme des vers, le cyprès, verdoyante pyramide,vint se joindre à la foule des arbres charmés par le chant douloureux d'Orphée. Le cyprès avait jadis été un enfant, Cyparissus, qui était le plus beau de l'île de Céos, cher au dieu Phébus-Apollon, dont la main sait également manier l'arc et la lyre.                                                                                        
Dans les champs de Carthée errait un cerf fameux consacré aux Nymphes de ces contrées. Un bois spacieux et doré orne sa tête ; un collier d'or pare son cou, flotte sur ses épaules ; attachée par de légers tissus, une étoile d'argent s'agite et brille sur son front. À ses oreilles pendent deux perles éclatantes, égales en grosseur.

Libre de toute crainte, affranchi de cette timidité aux cerfs si naturelle, il fréquente les toits qu'habitent les humains. Il présente volontiers son cou aux caresses d'une main inconnue.

Mais qui l'aima plus que toi, jeune Cyparissus, le plus beau des mortels que l'île de Cos ait vu naître ? Tu le menais dans de frais et nouveaux pâturages ; tu le désaltérais dans l'eau limpide des fontaines : tantôt tu parais son bois de guirlandes de fleurs ; tantôt, sur son dos assis, avec un frein de pourpre, tu dirigeais ses élans, tu réglais sa course vagabonde.                                         
Couché sur le gazon, dans un bocage épais, le cerf goûtait le frais, le repos, et l'ombre. Cyparissus imprudemment le perce de son dard ; et le voyant mourir de cette blessure fatale, il veut aussi mourir. Que ne lui dit pas le dieu du jour pour calmer ses regrets ! en vain il lui représente que son deuil est trop grand pour un malheur léger.                                                     
Cyparissus gémit, et ne demande aux dieux, pour faveur dernière, que de ne jamais survivre à sa douleur. Cependant il s'épuise par l'excès de ses pleurs. De son sang les canaux se tarissent. Les couleurs de son teint flétri commencent à verdir. Ses cheveux, qui naguère ombrageaient l'albâtre de son front, se hérissent, s'allongent en pyramide, et s'élèvent dans les airs.
Apollon soupire :

"Tu seras toujours, dit-il, l'objet de mes regrets. Tu seras chez les mortels le symbole du deuil et l'arbre des tombeaux (Cyprès)."

En vain Appolon avertit Cyparisse de limiter son chagrin (Johann Ulrich Edition 1690)


    

 

Selon Silvanus (III° siècle)

Cyparisse aurait aussi été aimé du dieu Zéphyr et, selon la tradition latine, de Silvanus, l'esprit gardien des forêts, bien que seul le dieu Apollon aurait atteint l'amour du garçon.

Apollon a donné à Cyparisse l'un de ses cerfs sacré, consacré aux nymphes du pays de Carthée, sur l'île de Céos, qui devinrent désormais le fidèle compagnon du garçon. Cyparisse a orné les bois d'or de l'animal avec des guirlandes de pierres précieuses, qui pendaient également à son cou. À une occasion, Apollon a également donné à Cyparisse un javelot pour la chasse, mais le jeune homme, en essayant de chasser un autre cerf, a tué le sien par erreur.

La douleur du garçon pour la perte de son animal était si intense qu'il a demandé au dieu Apollon de lui permettre de le pleurer pour toujours et que ses larmes coulent éternellement. Le dieu accepta sa demande et le transforma en cyprès, l'arbre de la tristesse, de la douleur et du deuil des proches, consacré depuis au défunt.

Giorgio Andreoli (1465 /1470-1555) Cyparisse, 

 

    


 

 

 

Le cyprès et la bible

 


Cantique des cantiques 1.17 

Elle
"Notre couche est un lit de verdure. Les poutres de nos maisons sont des cèdres, et nos lambris des cyprès".

 

Ecclésiaste : 24.17 


"Je me suis élevée comme le cèdre dans le Liban et comme le cyprès dans le mont Hermon." 

 

Ecclésiaste : 50.11 

"Simon, fils du grand-prêtre Onias, a paru comme un olivier qui pousse ses rejetons, et comme un cyprès qui s’élève en, hauteur."

 

Samuel : 6.5 

"David et toute la maison d'Israël jouaient devant l'Eternel de toutes sortes d'instruments de bois de cyprès (berowsh), des harpes, des luths, des tambourins, des sistres et des cymbales."

 

Rois : 5.8 

"Et Hiram fit répondre à Salomon: J'ai entendu ce que tu m'as envoyé dire. Je ferai tout ce qui te plaira au sujet des bois de cèdre et des bois de cyprès (berowsh)."

 

Rois : 5.10

"Hiram donna à Salomon des bois de cèdre et des bois de cyprès (berowsh) autant qu'il en voulut."

 

Rois : 6.15 

"Salomon en revêtit intérieurement les murs de planches de cèdre, depuis le sol jusqu'au plafond; il revêtit ainsi de bois l'intérieur, et il couvrit le sol de la maison de planches de cyprès (berowsh)."

 

Rois : 6.34 (6:33) 

"Et deux battants de bois de cyprès (berowsh); (6:34) chacun des battants était formé de deux planches brisées."

 

Rois : 9.11 

"Alors, comme Hiram, roi de Tyr, avait fourni à Salomon des bois de cèdre et des bois de cyprès (berowsh), et de l'or, autant qu'il en voulut, le roi Salomon donna à Hiram vingt villes dans le pays de Galilée."

 

Rois : 19.23 

"Par tes messagers tu as insulté le Seigneur, Et tu as dit: Avec la multitude de mes chars, J'ai gravi le sommet des montagnes, Les extrémités du Liban; Je couperai les plus élevés de ses cèdres, Les plus beaux de ses cyprès (berowsh), Et j'atteindrai sa dernière cime, Sa forêt semblable à un verger;"

 

Chroniques : 2.8 

"Envoie-moi aussi du Liban des bois de cèdre, de cyprès (berowsh) et de sandal; car je sais que tes serviteurs s'entendent à couper les bois du Liban. Voici, mes serviteurs seront avec les tiens."

 

Chroniques : 3.5 

"Il revêtit de bois de cyprès (berowsh) la grande maison, la couvrit d'or pur, et y fit sculpter des palmes et des chaînettes.'

 

Psaumes : 104.17 

"C'est là que les oiseaux font leurs nids; La cigogne a sa demeure dans les cyprès (berowsh),"

 

Esaïe : 14.8 

"Les cyprès (berowsh) même, les cèdres du Liban, se réjouissent de ta chute: Depuis que tu es tombé, personne ne monte pour nous abattre."

 

Esaïe : 37.24 

"Par tes serviteurs tu as insulté le Seigneur, Et tu as dit: Avec la multitude de mes chars, J'ai gravi le sommet des montagnes, Les extrémités du Liban; Je couperai les plus élevés de ses cèdres, Les plus beaux de ses cyprès (berowsh), Et j'atteindrai sa dernière cime, Sa forêt semblable à un verger;"

 

Esaïe : 41.19 

"Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia, Le myrte et l'olivier; Je mettrai dans les lieux stériles Le cyprès (berowsh), l'orme et le buis, tous ensemble;"

 

Esaïe : 55.13 

"Au lieu de l'épine s'élèvera le cyprès (berowsh), Au lieu de la ronce croîtra le myrte; Et ce sera pour l'Eternel une gloire, Un monument perpétuel, impérissable."

 

Esaïe : 60.13

"La gloire du Liban viendra chez toi, Le cyprès (berowsh), l'orme et le buis, tous ensemble, Pour orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds."

 

Ezéchiel : 27.5 

"Avec des cyprès (berowsh) de Senir ils ont fait tous tes lambris; Ils ont pris des cèdres du Liban pour t'élever un mât;"

 

Ezéchiel : 31.8 

"Les cèdres du jardin de Dieu ne le surpassaient point, Les cyprès (berowsh) n'égalaient point ses branches, Et les platanes n'étaient point comme ses rameaux; Aucun arbre du jardin de Dieu ne lui était comparable en beauté."

 

Osée : 14.8 

"Ephraïm, qu'ai-je à faire encore avec les idoles? Je l'exaucerai, je le regarderai, Je serai pour lui comme un cyprès (berowsh) verdoyant. C'est de moi que tu recevras ton fruit."

 

Zacharie : 11.2 

"Gémis, cyprès (berowsh), car le cèdre est tombé, Ceux qui s'élevaient sont détruits! Gémissez, chênes de Basan, Car la forêt inaccessible est renversée !"


 

 

 

Tradition chrétienne

 


La symbolique du cyprès celle de la vie éternelle : son feuillage est toujours vert, avec toujours des fruits, son bois, quasi imputrescible, avec une odeur d'encens. 


C'est pourquoi il est utilisé pour la fabrication des cercueils des papes, souvent aussi pour ceux des dignitaires civils ou religieux et autres grands de ce monde. 


Autour des tombes, les cyprès étaient généralement plantés par deux pour les adultes (couples) ou isolés pour les enfants.


 

 

 

Tradition persanne


le cyprès fait parmi des éléments qui symbolisent le Bien et qui contribue à la lutte perpétuelle contre le Mal. 


Chaque Iranien plantait un cyprès lors de la naissance de son enfant. 


Le cyprès présent dans le mithraïsme (Mitra est originellement l'un des dieux souverains des Indo-Iraniens au côté de Varuna),  a été une source d’inspiration pour les chrétiens et les musulmans, qui ont introduit les arbres de son type dans leurs traditions. 


Ce culte à mystères, apparu pendant le II° siècle av. J.-C. en Perse.

Cyprès d'Abar-Kuh Iran - VéritéBeethoven

 

 

 

Il y a  4.000 ans, 


Dans l'Egypte antique, les médecins  utilisaient principalement les végétaux.
On employait l'huile extraite de ses feuilles et de ses cônes contre tous les désordres du système veineux, en particulier les hémorroïdes, les varices, les troubles de la ménopause.

 

Chez les Egyptiens, le cyprès symbolise le deuil mais aussi l’immortalité. Son bois odoriférant proche de l’encens, réputé imputrescible, étraient utilisés pour la fabrication des sarcophages. 
 

 

 

VI° siècle av. J.C.

 

 

Construction de Persépolis en 518 av. J.C.  pour illustrer la puissance des souverains achéménides. Les travaux s’étalèrent sur une soixantaine d’années.


Cyprès sur les bas-reliefs de Persépolis

 

 

La plantation de cet arbre au milieu du désert devint une tradition chez les Iraniens. Pour eux, le cyprès fait parmi des éléments qui symbolisent le Bien et qui contribue à la lutte perpétuelle contre le Mal. 


Dans les traditions populaires persanes, le désert est le lieu d’habitation des ogres (ghoul-e biâbâni).

 


Le cyprès apparaît aussi dans le Zoroastrisme, une religion née en Perse entre le Ier millénaire et le VIe siècle avant notre ère. La conversion du roi Vistasp est décrite ainsi : 


"...devant le roi, Zarathoustra planta un cyprès qui poussa très vite, et sur ses feuilles apparut une inscription en lettres d’or : "O roi Kai Vistasp, accepte la religion." Le cyprès évoque la flamme d’immortalité, l’auréole des saints ou des anges qui les rattache à la lumière de gloire de la Divinité. Les Amahraspands, entités célestes que rencontre Zarathoustra dans une terre sans ombres, ressemblent à des cyprès..."


Cf. Marijan Molé, Le problème zoroastrien et la tradition mazdéenne, P.U.F., Paris, 1963, p. 380


Pour combattre la présence effrayante des ogres, les Iraniens auraient planté des arbres toujours verts dans les déserts. L’histoire de cette pensée remonte sans doute au VIe siècle avant J.-C. : à cette époque, Zoroastre, le prophète iranien, fait planter deux cyprès dans le désert du Khorâssân afin de lutter contre les ogres du désert.


Page du Shâhnâmeh, manuscrit de Hossein ibn Hossein Bahmani. Il y est question du récit de Zoroastre apportant un cyprès du paradis qu’il plante à Kâshmar.

 

 

 

Confucius (551 av. J.-C.- 479 av. J.-C.) philosophe chinois

Entretien

..."C'est seulement quand l'hiver est arrivé qu'on s'aperçoit que le pin et le cyprès perdent leurs feuilles après tous les autres arbres"... 


 

 

 

V° siècle av. J.C. - III° siècle av. J.C.

 

 

Chouang-Tseu ou Zhuangzi (IV° siècle av. J.C.) penseur chinois auteur d'un texte essentiel du taoïsme  "le Zhuangzi — ou encore le "Classique véritable de Nanhua", Nánhuá zhēnjīng


..."Les frimas de l'hiver ne font ressortir qu'avec plus d'éclat la force de résistance du cyprès, qu'ils n'arrivent pas à dépouiller de ses feuilles"...


 

 

 

Chez les grecs et les romains, le cyprès symbolisaient le deuil. Il ornait les nécropoles, et lié au culte d’Hadès, (ou Pluton pour les Romains) dieu des Enfers, le dieu qui règne sur le séjour des morts. L'attribut que l'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime la tristesse et la douleur. 


Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.
 

 

 

Nabuchodonosor II,  roi du plus vaste Empire néo-babylonien entre 605 et 562 av. J.-C.

La construction du "Palais Nord" commémorée dans une inscription de Nabuchodonosor II


"Je rendis magnifique ma royale demeure. D'énormes poutres de cèdres venant des hautes montagnes, d'épaisses poutres de bois-ašuhu (pin ?) et des poutres de cyprès, j'en fis la toiture. 

Des vantaux en bois-musukannu (une essence précieuse), de cèdre et de cyprès, de buis et d'ivoire, plaqués d'argent et d'or, des seuils et gonds de bronze je plaçai à ses portes..."

Traduction reprise de Babylone 2008, p. 235.


 


 

 

5° siècle av. J.C. (ou début du 4°).

 


Dans la nécropole d'Hipponion (aujourd'hui Vibo Valentia) en Italie du Sud.

Hipponion

Lamelle découverte en 1965 est la plus ancienne qui nous soit parvenue à ce jour.

Elle provient d'une sépulture de femme. Repliée quatre fois sur elle-même, elle était déposée sur le cou de la défunte et semblait retenue à cet endroit par un fil, un collier ou un pendentif aujourd'hui disparus.

"...Ceci est consacré à Mnémosyne,

Quand tu seras sur le point de mourir,

tu t'en iras vers les demeures bien construites d'Hadès.

A droite, il y a une source près de laquelle se tient un cyprès blanc.

C'est là que les âmes des morts descendent et qu'elles s'y rafraîchissent..."



 

Dans la nécropole de Petelia, près de Crotone, en Calabre.

Petelia

Lamelle découverte en 1834  dans un tombeau, 

La petite tablette d'or est inscrite en grec ancien avec un dicton orphique et date d'entre 300 et 200 av. J.C.

Depuis 1843, l'original est conservé au British Museum . 

..."Tu trouveras à gauche de la maison d'Hadès une source,

Et à son côté se tiendra un cyprès blanc.

De cette source tu ne t'approcheras pas..."

 

 

Dans la nécropole près d'Eleutherna, en Crète Orientale.

Eleutherma

Lamelle découverte, datée du 3ème Siècle . Av. J.C.

"...Je suis desséchée par la soif et je meurs.

- Allons, bois à la source jamais tarie, à droite, là où se dresse le cyprès.

- Qui es-tu ? 

- Et d'où es-tu ? 

- Je suis fils de Terre et de Ciel étoilé..."

 

 

Dans le N-O  de la  Crète Conservée au Musée d'Héraklion,

Mylopotamos

Lamelle en forme de quartier de Lune,  datée du 2ème / 3ème S. Av. J.C. 

..." Je brûle de soif et je défaille : donnez-moi donc à boire

l'eau de la source qui coule pérenne, à droite, là où est le cyprès.

- Qui es-tu ? 

- D'où viens-tu ?

- Je suis fils de la Terre et du Ciel étoilé..."
 

 

 

V° siècle av. J.C.

 


Platon (428 / 427 av. J.-C.- 348 / 347 av. J.-C). philosophe antique de la Grèce classique, 


L'athénien

Clinias.

Étranger, en avançant, nous trouverons dans les bois consacrés

à Jupiter, des cyprès d’une hauteur et d’une beauté admirables,

et des prairies où nous pourrons nous arrêter et nous reposer. 
...

Livre 4

Clinias

Il n'y a pour ainsi dire pas de sapins ni de pins maritimes,

pas beaucoup de cyprès,

mais quelques pins ordinaires et quelques platanes, ..
 


 

 

Hippocrate (vers 460 av. J.-C.-377 av. J.-C.) médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le "père de la médecine", utilisait les fibres de l'arbre contre les maladies de l'utérus et du rectum. 

C’est un culte à mystères, apparu pendant le IIe siècle av. J.-C. en Perse.
 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 


Ovide (43 av. J.C. - 17 ou 18 ap. J.-C.), poète latin qui vécut durant la période de la naissance de l'Empire romain. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.

 

La métamorphose de Cyparissus 

 

Il était une colline, et sur la colline, une plaine très ouverte,

surface toute verdoyante grâce au gazon qui la couvrait.

Le lieu manquait d'ombre. Aussitôt que Orphée, le poète 

né des dieux s'y fut assis et eut touché les cordes de sa lyre,

l'ombre survint : l'arbre de Chaonie était là,

et le bois des Héliades, et le chêne vert aux hautes frondaisons,

et les tendres tilleuls, et le hêtre, et le laurier toujours vierge,

et les frêles coudriers, et le frêne dont on fait les lances,

et le sapin lisse, et la yeuse qui ploie sous ses glands,

et le platane des jours de fête, et l'érable aux tons contrastés,

et les saules poussant près des rivières, et le lotus aquatique,

et le buis toujours vert, et les graciles tamaris,

et le myrte bicolore, et le laurier-tin aux baies foncées.

Vous aussi, vous êtes venus, lierres flexibles et rampants,

avec les pampres de vignes, et les ormeaux mariés aux vignes,

les ornes et les épicéas et l'arbousier chargé de fruits rouges,

et les souples palmiers, récompenses du vainqueur,


et le pin ceinturé de feuilles, avec sa cime hérissée,

cher à la mère des dieux, puisque Attis, aimé de Cybèle,

a délaissé en lui sa forme d'homme et s'est endurci dans ce tronc.


 
À cette foule se joignit le cyprès, évoquant les bornes du cirque :

arbre aujourd'hui, il était jadis un enfant aimé de ce dieu fameux

qui manie les cordes de sa lyre comme celles de son arc.

Il existait là en effet, consacré aux nymphes du pays de Carthéa,

un cerf gigantesque aux cornes largement déployées

qui offraient à sa propre tête une ombre épaisse.

Ses cornes rutilaient d'or, et des colliers de perles,

suspendus autour de son cou, retombaient sur ses épaules.

Sur son front s'agitait, depuis sa naissance, une bulle d'argent

tenue par de petites lanières ; pendues à ses deux oreilles

des perles brillaient, de part et d'autre de ses tempes creuses.

Ce cerf, sans nulle crainte, oubliant sa timidité naturelle,

fréquentait les maisons et, sans retenue, il avait l'habitude

de tendre son cou aux caresses de mains inconnues.

Mais pourtant, c'est à toi plus qu'à quiconque, qu'il était cher,

Cyparissus, toi, le plus bel enfant de Céos ; c'est toi qui le menais

vers de nouvelles pâtures, vers l'onde claire d'une source.

Tantôt tu entrelaçais entre ses cornes des fleurs de toutes couleurs,

tantôt, cavalier monté sur son dos, tu allais joyeusement

Ici et là, retenant son mufle délicat avec des rênes de pourpre.

 

C'était l'été, au milieu du jour, et la chaleur du soleil

brûlait les bras courbes du Cancer, ami du rivage.

Fatigué, le cerf s'était étendu sur la terre gazonneuse

et cherchait la fraîcheur à l'ombre d'un arbre.

Par mégarde, le jeune Cyparissus le transperça d'un trait acéré

et quand il le vit mourant d'une cruelle blessure, il décida

qu'il voulait mourir lui aussi . Que de paroles de consolation

prononça Phébus, l'engageant à pleurer avec mesure

et de façon proportionnée ! L'enfant continua pourtant à gémir,

demandant aux dieux la faveur suprême de pleurer sans fin.

Déjà son sang s'était vidé en torrents de pleurs,

ses membres commencèrent à prendre une teinte verte,

et ses cheveux qui naguère pendaient sur son front de neige

se transformèrent en une chevelure hérissée, se raidirent

en une cime gracile et se mirent à regarder le ciel étoilé.

Le dieu gémit et, plein de tristesse, déclara : "Je te pleurerai,

et toi tu pleureras les autres et tu les assisteras dans leurs deuils". 

Luigi Ademollo Cyparissus dans un arbre ou Ciparisso, livre X, illustration des métamorphoses d'Ovide, Florence, 1832 (gravure coloriée à la main)

 

 

 

Martial (vers 40-vers 104) poète latin, connu pour ses Épigrammes


Epigramme 73 


"Regarde : mes traits bien formés n'annoncent point que je sois de bois, et ma lance amoureuse n'est pas destinée à servir d'aliment au foyer ; c'est d'un cyprès impérissable qu'une main digne de Phidias a dressé mon sceptre immortel".
 

                                            
 

Vers 77


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée 

Histoire naturelle (vers 77).

livre 16 chapitre 33

Sur le cyprès

"Arbor natu morosa, fructu supervacua, baccis torve, folio amara, odore violenta, ac ne timbra quidem gratiosa,"

"Arbre  fort haut, fort droit, qui ne vient que difficilement, dont le fruit est inutile, dont les feuilles sont amères, et dont l'odeur même et l'ombre sont dangereuses" 

 

Pline disait en parlant de l'Ile de Chypre ;

"si l’on y laboure la terre, il y naîtra des cyprès"
 


 

 

Claude Galien Galien (129-201) considéré comme le dernier des grands médecins créateurs de l'Antiquité gréco-romaine
 

"La nature est le meilleur médecin: elle fournit les trois quarts des remèdes et ne dit jamais de mal de ses collègues !" 
..."La nature ne dédaigne pas le décor. Ainsi s'est-elle préoccupée des oreilles, du prépuce, de la chair des fesses. Elle ne laisse aucune partie non polie, non finie, sans harmonie. Souvent le bon ouvrier ajoute à l'objet quelque ornement étranger à l'utilité de l'objet, comme feuilles de lierre, tiges de vigne ou cyprès, selon des techniques empruntées à la statuaire ;... 


Il parlait également de phytothérapie. ... et conseillait les fleurs femelles du cyprès contre la diarrhée, qui servait à rétablir la flore intestinale.


 

 

 

III° siècle

 

 

Origène (v.185-v.253)  père de l'exégèse biblique. Théologien de la période patristique.


Homélies sur le Cantique des Cantiques


II, 5. 
..."Nos maisons sont charpentées de poutres de cèdre et ont des lambris de cyprès" (Cantique 1, 17)

car, "au lieu du nard sauvage, croîtra le cyprès , et, au lieu de la conyze, s’élèvera le myrte" (Is 55, 13). 


Recherche donc de quelle nature sont ces bois, et comprends que le cèdre ne pourrit pas, et que le cyprès est d’une très bonne odeur ; travaille toi aussi à charpenter ta maison, de façon que l’on puisse dire aussi de toi : "Les poutres de nos maisons sont de cèdre et nos lambris de cyprès" (Cantique 1, 17)...


 

 

 

VIII° siècle - XIII° siècle

 


La plantation du cyprès au milieu du désert devint une tradition chez les Iraniens. Pour eux, le cyprès fait parmi des éléments qui symbolisent le Bien et qui contribue à la lutte perpétuelle contre le Mal. 


Suite à la plantation du cyprès dans le Khorâssân, on y construisit un grand sanctuaire qui devint pendant des siècles le lieu de pèlerinage de plusieurs milliers de croyants. Durant la dynastie des Abbassides (750-1258), cette construction fut complètement détruite et son cyprès tronqué sous l’ordre du calife Motavakki.

 

 

Le Goshtâsb Nâmeh d’Abou-Mansour Daghighi (935-976)

met en scène la venue de Zoroastre avec une branche de cyprès et le compare à :

"un arbre aux racines profondes et aux branches innombrables dont les feuilles sont des leçons et les fruits la sagesse". 

Selon la version avancée par ce poète compilateur des mythes iraniens, Zoroastre se rend auprès de Goshtâsb pour lui présenter sa religion avec une jeune pousse de cyprès qui sera plantée près d’un temple du feu et qui deviendra un arbre épais et robuste. Ce cyprès s’appellera le Cyprès de Kâshmar que des pèlerins viendront voir, venant de loin, à pied.

 

 

Dans Le Livre des Rois ou Shâhnâmeh, épopée retraçant l'histoire de l'Iran (Grand Iran) depuis la création du monde jusqu'à l'arrivée de l'Islam, aux alentours de l'an mille.

 
Ferdowsi (X° siècle) poète persan, surnommé "le recréateur de la langue persane" parle fréquemment de la beauté des héros comme d’une lune (le visage) sur un cyprès (le corps). 


...Mihrab lui répondit : "Ô cyprès au sein argenté, au visage de lune ! personne dans le monde, parmi les héros pleins de bravoure, n’ose suivre les traces de Zal"... 

...Il plaça devant Siawusch un vase d'or, lui tourna le con comme à un mouton, lui sépara la tête du corps qui était comme un cyprès d'argent et le sang coula dans le vase...

 

Shâhnâmeh (Livre des Rois), au

chapitre intitulé Goshtâsb-Nâmeh :

 

le Cyprès de Kâshmar

 

Tous les monarques se soumirent à son ordre

Celui de se rendre vers le Cyprès de Kâshmar

L’arbre devint un lieu de culte car

Zoroastre y attacha le démon

Nomme-le "paradis" si tu l’ignores

Pourquoi le nommes-tu Cyprès de Kâshmar ?

Pourquoi ne l’appelles-tu pas la pousse du paradis

Celle que le roi a plantée à Kashmar

Vieux cyprès à Kâshmar. Photo : Arash Golkâr


 

Daghighi Toussi Poète et écrivain de l’époque samanide au Xe siècle


..."Le cyprès du Khorâssân est un don du Paradis planté par Zoroastre dans le désert de Posht. 
 

 


Abolfazl Beyhaghi (Abu'l-Faḍl Bayhaqī  995/996-1077), écrivain et historien persan.

..."le cyprès de Kâshmar, sous lequel plus de mille moutons se reposaient à l’ombre, avait été planté par Zoroastre"... 
 


 

Bol en verre minâ au motif des deux amants et du cyprès.(XII°)

Période seldjoukide, (dynastie turque du Moyen Âge, issue d'une tribu qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l'Iran. L'Empire seldjoukide, de 1037 à 1194, comprenait l'Irak et l'Iran actuels, et toute l'Asie mineure).

 


 

Molânâ Jalâleddin Mohammad Balkhi dit Rumi (1207-1273) poète, théologien et mystique persan.

..."Ô mon cœur ! Sois libre dans ta joie, comme le cyprès

Soyons ivres ! Ignorons les péchés et le repentir"...
 

 

 

Saadi (vers 1210-1291 ou 1292) un des plus grands poètes et conteurs persans.

 

Le cyprès 


..."On reconnaît tout arbre à ses fruits,

tout bon arbre porte de bons fruits,

tandis que le mauvais arbre

porte de mauvais fruits, il est donc tronqué.

Pour le cyprès, ce n’est pas pareil.

Il est toujours heureux de ne pas donner de fruits.

Il est indépendant et libre"...

..."On demanda à un cyprès : tu ne portes pas de fruits ?

"Les libres sont pauvres !, répondit-il"...

 

 

 

 XIV° siècle

 

Hamdollâh Mostowfi (1281-1349) géographe et historien iranien.


"Depuis très longtemps, il y avait un arbre dont le feuillage était toujours vert. 

C’était l’arbre le plus élevé au tronc le plus large ; appelé Sarv (cyprès), cet arbre avait été planté par Goshtâsb, (Gouverneur de Balkh qui fut parmi les fidèles les plus fervents de Zoroastre), ou Djâmâsb (Philosophe iranien et grand vizir de Goshtâsb). 

Il était un symbole de fierté pour la région du Khorâssân". 


 

Obeyd-e Zâkâni, (1300-1371) poète mystique 

..."Le cyprès est réputé pour sa liberté

Puisqu’il connaît bien les règles de l’honnêteté"... 

 


 
Hafiz (Hâfez de Shirâzi 1325-1389/1390) poète, philosophe et un mystique persan 


..."Je me libérerai de tout lien humain, comme le cyprès

Et si possible, je me retirerai du Monde"...

 

 

Hafiz (Hâfez de Shirâzi 1325-1389/1390) poète, philosophe et un mystique persan 

 

Traduction par Marguerite Ferté.
Ghazels, Édition Bossard, 1925 (p. 10).

 

L’Obsession


Je vois le soleil éblouisseur,

Et ce sont ses yeux.


Je caresse l’ambre de mon chapelet,

Et c’est sa joue.


J’aperçois le cyprès altier,

Et c’est sa taille.


Je respire la rose de Kasvine,

Et c’est son haleine.


J’entends chanter l’eau du kanout,

Et c’est sa voix.


Et si je marche sur une vipère,

C’est encore Elle qui me hante.

 


 

 

Se tenant derrière la Colline de l'élégance accumulée, le Pavillon du porteur de lumière (Yan Hui Ge) se dresse majestueusement , avec à ses pieds, un vieil arbre, un cyprès surnommé  "lump tree".

Ce pavillon fut érigé à l'époque des Ming  (dynastie Ming prend place de 1368 à 1644) et son nom d'origine était le Pavillon des Attentes élevées (Pavilion of High expectations).

 

 

XV° siècle


 

Page du Shâhnâmeh de Shâh Ismâ’il II (XVe siècle), représentation d’un cyprès.

 

 

 

Page du Shâhnâmeh de Tahmâsebi (XVe siècle), représentation d’un cyprès.

 

 

 

XVI° siècle

 


Des fouilles archéologiques ont été réalisées à Dingling, la tombe de l'empereur Wanli (règne 1537-1619) en 1956. 


Sur 13 tombes, à part la tombe Dingling, toutes les autres sont demeurées intactes. 


Les pins et cyprès plantés à l'époque des Ming à l'intérieur et à l'extérieur des regroupement des tombes et de chaque côté de la Voie sacrée continuent de bien pousser. 

 


Monastère Santo Toribio de Liébana, couvent franciscain situé dans le municipio (canton) de Camaleño près de Potes en Cantabrie (Espagne), dans la comarque de Liébana.
 

Reliquaire du XVI° siècle en argent doré


Le Lignum Crucis (le bois de la Croix)

a une histoire très variable selon les sources. Néanmoins, tous les récits de l'époque affirment que c'est Sainte Hélène, impératrice romaine du ive siècle, qui serait à l'origine de l'Invention de la Croix. 


Partie restaurer les Lieux saints en Palestine, elle aurait trouvé les clous, les trois croix et le "titulus crucis" (plaquette "INRI" apposée par Ponce Pilate) sur l'emplacement du calvaire, dans un temple construit par Hadrien et dédié à Aphrodite. Ce temple a ensuite laissé place à la basilique du Saint-Sépulcre. 


le monastère Santo Toribio fit faire examiner le Lignum Crucis par des scientifiques en 1958. Ceux-ci certifièrent qu'il s'agit d'un cupressus sempervirens, notamment présent en Palestine.

 


 

Bernardo Castello ou Castelli (1557-1629) peintre italien baroque, 

Tancrède & le cyprès enchanté (Jérusalem délivrée, ch13, 1590)
La Jérusalem délivrée, chant 13 (Ismen ensorcèle la forêt) 

Le Tasse françois : Textes et images pour la réinterprétation de la Jérusalem Délivrée en France au temps de Marie de Médicis

 

 

 

 

 

Pierre Guédron (1565-1620) compositeur, chantre et luthiste français
et autres - René Bordier


Ballet de cour s’inscrit dans le cadre des festivités du mariage de Christine de France, fille d’Henri IV  avec Victor-Amédée de Savoie, le 22 février 1619. 

 

Ballet des Aventures de Tancrède en la Forêt enchantée

 

Tancrède, Clorinde et le Cyprès


Récit des Esprits : 

 

"Quelle étrange manie, ô cruels adversaires",

- Ces plaintes finies, le théâtre reprit sa clarté, 

et fut à l’instant changé en Amphithéâtre, la forêt ayant disparu. 

Et comme Tancrède commençait à faire quelque cadence, 

il vit naître à ses pieds un grand Cyprès qui s'éleva tout à coup 

 

au milieu du théatre comme si quelque demon l’y fût venu porter. 

Il était si bien representé que la plupart le crurent être naturel. 

Sur l’écorce du Cyprès se voyaient écrites les mêmes paroles 

que les voix plaintives avaient chanté. 

Tancrède s’approcha en dansant, et ayant lu les caractères, 

donna un coup d’épée au Cyprès en cadence et en coupa une branche 

dont sortit du sang,  alors comme si le tronc eût été sensible, 

il poussa hors une voix pitoyable chantant plusieurs vers. - 

 

 Récit de Clorinde : 

-Toi de qui la rigueur m’a fait cesser de vivre

qui se termine par les quatre vers :  


 "Fait ce qu’il te plaira, je ne puis à mes plaintes 

Rien en ajouter sinon 

Que lors que je reçus tes mortelles atteintes ; 

Clorinde était mon nom. "


- A ce mot de Clorinde Tancrède touché d’amour et de pitié tout ensemble,

jeta son épée, que les vents emportèrent hors de la forêt, 

et recula quelques pas tout étonné de l’accident, puis s’approcha en dansant, 

et ouvrant les bras pour embrasser Clorinde en ce Cyprès, 

il la voit tout à coup disparaître devant lui 

de quoi il ne resta pas seul émerveillé  

Car les assistants qui le virent si soudainement s'évanouir, 

ne se pouvaient quasi persuader qu’il n’y eût de l’enchantement en effet. 

En même temps entrèrent les deux Ecuyers de Tancrède

qui dansèrent un bal grave. 

Tancrède, cependant demeurait en extase, 

et  comme ravi de ce qu’il venait de voir et d’ouïr. 

Les Ecuyers revinrent vers le théâtre et ramassèrent l’épée de Tancrède, 

lequel en même temps ayant pris ses esprits, ramassa la branche du Cyprès 

qu’il avait coupée et, étant descendu en cadence vers les Ecuyers 

qui étaient en la Salle dansa un peu avec eux. -

Et lors les deux Ecuyers se retirant

firent place aux Chevaliers des aventures 

qui vinrent devers Tancrède, et l’embrassèrent tous trois en cadence. 

Rentrèrent après dans la salle, par les trois portes de dessous le théatre,

les Bucherons, les Scieurs et les Sagittaires, lesquels 

avec les quatre Chevaliers des Aventures dansèrent tous seize leur ballet.

 

 

 

 

1585

Kanō Eitoku (1543-1590)  peintre japonais

Paravent au cyprès 

Byōbu, paravent japonais décoré, confectionné vers la fin du XVI° siècle. 


Ce Paravent au cyprès est une œuvre de commande, réalisée, vers la fin de sa vie et intégrée aux nombreux autres éléments décoratifs du palais impérial de Katsura, résidence du prince Hachijō Toshihito, le plus jeune frère de l'empereur Go-Yōzei. 


Un imposant cyprès du Japon — les dimensions de l'arbre sont de l'ordre du grandeur nature —, au tronc penché, déploie ses branches noueuses et peu feuillues sur la surface d'un paravent composé de huit panneaux. L'arrière-plan, un fond doré à la feuille d'or, représente une nappe de nuages couvrant un ensemble d'îlots rocheux émergeant d'une étendue d'eau d'un bleu noir profond.


À la fin du xixe siècle, cette peinture murale devient propriété de la maison impériale. Elle fait partie des collections du musée impérial, devenu musée national de Tokyo au début du XX° siècle. Près de dix-huit mois de travaux ont été nécessaires pour restaurer ce chef-d'œuvre de la renaissance artistique de Momoyama.


 

 

 

1550-1574

Vase d'Urbino - Italie

Faience italienne de la Renaissance 

Apollon transforme Cyparisse en arbre 


 

 

 

XVII° - XVIII° siècle

 

 

 

Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-1630) homme de guerre, écrivain controversiste et poète baroque français. 

 

"Je sens bannir ma peur et le mal que j'endure,

Couché au doux abri d'un myrte et d'un cyprès,

Qui de leurs verts rameaux s'accolant près à près

Encourtinent la fleur qui mon chevet azure !..."

 

 

1616-1618

Le Dominiquin  (1581–1641) peintre italien du mouvement baroque.

La transformation de Cyparisse


 


 

 

Sous les Safavides (dynastie des Séfévides Perse de 1501 à 1736),

Le motif du cyprès apparaît sur les tissus en or mais sa représentation devient de plus en plus simplifiée : il n’en reste qu’un contour vide près duquel un autre arbuste orné fait son apparition. 


On voit cependant le motif du cyprès sur les tapis du roi Abbâs II (soit à la moitié du XVII° siècle). Ces motifs sont accompagnés d’ornements très fins et de calligraphies.


 

 

Motif du cyprès sur les tuiles safavides (XII° - XVIII° siècle)

 


 

 

 

 

 

1641 

Johann Wilhelm Baur (1607-1640)

Gravure Cyparisse Apollon Métamorphosé en cyprès 

Mythologie grecque Ovide

série sur les Métamorphoses d'Ovide


 

 

 

 

1644


Pendant la dynastie des Qing (1644-1912) , les filles du harem de l'empereur étaient choisies dans le jardin Impérial dans la cité interdite. On y trouve encore de nombreuses espèces végétales dont plusieurs pins centenaire,des cyprès et des glycines chinoises.

 

On dressait un autel sous la porte Tian Yi Men pour permettre à l'empereur de brûler de l'encens et de payer son tribu aux dieux à chaque Nouvel an chinois.

Au milieu de la cour dans laquelle se trouve le Hall se trouvait la Porte Céleste (Tian Yi Men) qui accueillait un cyprès aux branches entrelacées . L'entrelacement des branches de cet arbre est le symbole d'un amour loyal. 

 

 


 

 

 

Sous les Afsharides (dynastie iranienne d’origine turcomane)et les Zands (dysnatie iranienne d'origine kurde régnant sur l'Iran de 1750 à 1794). On trouve le motif du cyprès sur les tapis, la couverture des selles et des sacoches. 

 

Avec les Qâdjârs, (dynastie iranienne d'origine turkmène installée sur les bords de la mer Caspienne depuis les invasions mongoles qui régna sur l'Iran de 1789 à 1925)  l’usage du motif de cyprès devient plus complexe.
 

 

 

Ecole Romaine du XVII° siècle -

Cyparissus se transformant en arbre de Chypre avec son cerf tué au delà.

 

 

 

1780


Jean-François Peyron (1744-1814) peintre et graveur néoclassique français.
historien d'art

S.n., Genève 1780,

Essais sur l'Espagne faits en 1777 et 1778 ; où l'on traite des moeurs, du caractere, des monuments, du commerce, du théatre, et des tribunaux particuliers à ce royaume.


"Ces jardins sont en amphithéâtre, et plusieurs arbres vénérables par leur vétusté y prêtent encore aux Chrétiens l’ombrage qu’ils prêtaient autrefois aux Maures. Je me suis assis au pied de deux cyprès dont l’écorce ridée, la couleur blanchissante et la hauteur attestent l’antiquité. On les appelle encore les Cyprès de la Sultane ; et l’on prétend que c’est auprès de ces arbres que le perfide Gomel accusa la vertu de cette princesse, et celle des Abencérages. Ils ont, dit-on, près de quatre cents ans. Je les admirai de ce sentiment que me font expérimenter les monuments de pierre, mais ici la vie respire".
 

 

 

1793

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'"ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).

le Cyprès était le nom attribué au 17e jour du mois de frimaire.

 

Le 7 décembre

Le Soleil répond au Sagittaire 


"Pouvons nous de l'hiver sous nos heureux climats 

Redouter les rigueurs lorsque la chasseresse 

Dans les bois effeuillés affrontant les frimas 

Décoche sur un Daim ses traits avec adresse"


 

 

Noël Le Mire et Charles Monnet (XVIII° siècle).

Gravure pour les Métamorphoses d'Ovide, 

Cyparisse voulant se donner la mort est métamorphisé en cyprès par Apollon

 
 

 

 

XIX° siècle

 

1818


Stéphanie Félicité comtesse de Genlis marquise de Sillery (1746-1830) romancière, dramaturge, mémorialiste et pédagogue française, 

Chez Maradan, 1818

Voyages poétiques d' Eugène et d'Antonine

Page 50 -

..."L'if, le sombre sapin, et toi, triste cyprès: Fidèle ami des morts, protecteur de leur cendre, Ta tige, chère au cœur mélancolique et tendre, Laisse la joie au myrte, et la gloire au laurier ; Tu n'es point l'arbre heureux de l'amant, du guerrier, Je le sais; mais ton deuil compatit à nos peines"...

 

 

 

1826

Victor Hugo (1802-1885) Poète français

Odes et ballades 

Mon enfance

..."Souvent, pleurant sur eux, dans ma douleur muette,

J'ai trouvé leur cyprès plus beau que nos lauriers."...
 

 

 

1829

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) Poète français

Recueil : Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme 

Ne ris point des sonnets


..."Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,

Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur"...
 

 

 

1829

Jean-François Marmontel, (1723-1799) Auteur 

Contes Moraux

Paris, édition de 1829

Les promenades de Platon en Sicile

..."Un jour qu'en s'avançant du côté de Messine il parcourait le bord de l'île d'où l'on découvre l'Italie, il aperçut au bout d'un village voisin un jeune homme et une jeune femme assis et tristement appuyés au pied d'un cyprès"...


 

 

 

1837

 

Emile Boissier (1870-1905) écrivain et poète français 

Voyage botanique dans le Midi de l’Espagne pendant l’année 1837,

Paris, Gide et Cie, 1


..."Cinq ou six cyprès énormes croissent au pied d’un mur, celui du milieu, le plus gigantesque et dont l’âge a déjà fait sécher les branches supérieures, se nomme el cipreso de la Reyna sultana, il fut, dit-on, témoin des rendez-vous de la reine Zoraïde avec Aben-Hamet l’Abencerrage, aventure qui paraît aussi inventée que le massacre des membres de cette famille"...
 

 

 

1838

Walter Scott (Sir Walter Scott 1771-1832) poète, écrivain et historien écossais 

Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838

Robert Comte de Paris

..."Plusieurs autres passants se succédèrent ; mais le nombre en diminua à mesure que la nuit approcha et que l’ombre des cyprès s’étendit davantage. -
Comme tous les arbres phalliques, le cyprès est, tout à la fois, un symbole de la génération, de la mort et de l’âme immortelle. Dans les contes orientaux, le cyprès représente souvent le jeune amoureux, et la rose la bien-aimée. Le cyprès est, parfois, remplacé par le rossignol126. Dans un chant de noces de l’île de Crète, on compare le fiancé au cyprès, et la fiancée au narcisse parfumé'.... 


 

 

 

1838-1845.

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

Recueil : Poésies diverses 

 

Dans un baiser

 

..."Dans un baiser, l'onde au rivage

Dit ses douleurs ;

Pour consoler la fleur sauvage

L'aube a des pleurs ;

Le vent du soir conte sa plainte

Au vieux cyprès,..."
 

 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.


La Caravane

..."L'on avance toujours, et voici que l'on voit

Quelque chose de vert que l'on se montre au doigt :

C'est un bois de cyprès semé de blanches pierres"...
 


 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.


La fontaine du cimetière

..."Au milieu, deux cyprès à la noire verdure

Profilent tristement leur silhouette dure,

Longs soupirs de feuillage élancés vers les cieux,"...
 

 

1843


Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

Constantinople, Paris, Charpentier, 1843, chap. XIII.

J’avais déjà pris en Espagne, dans le Généralife et l’Alhambra, un amour du cyprès que mon séjour à Constantinople n’a fait qu’augmenter en le satisfaisant. 

Deux cyprès surtout ont ineffaçablement gravé leur silhouette dans ma mémoire, et le nom de Grenade ne peut être prononcé sans que je les voie jaillir aussitôt au-dessus des murailles de l’ancien palais des rois maures, dont ils sont à coup sûr contemporains. […] Mais retournons aux cyprès de Scutari.

Le Généralife, Alhambra (Grenade)
 


 

 

 

1845

Arsène Houssaye (1815-1896) Poète français 

Recueil : La poésie dans les bois (1845).

 

Le chemin de la vie

..."Plus loin, c'est le désert, le désert nébuleux,

Parsemé de cyprès et de bouquets funèbres ;

Enfin, c'est la montagne aux rochers anguleux,

D'où vont descendre les ténèbres"...

 

 

1846

Alexandre Dumas (1802-1870) écrivain français 

Impressions de voyage : De Paris à Cadiz (1846), Paris, François

..."Vous croyez les Maures à cent pas de vous et vous vous attendez à chaque instant à voir la belle sultane Zoréide sortir par une des portes mystérieuses du palais de Boabdil, pour venir s’asseoir sous le gigantesque cyprès qui a gardé son nom"...
 

 

 

1847

Jean-Baptiste Félix Lajard (1783-1858) diplomate et un archéologue français.


"Recherche sur le culte du cyprès pyramidal chez les peuples civilisés de l'Antiquité"


..."Originaire des régions méridionales de l'Asie intérieur, comme cela est confirmé dans la Bible, par les traditions orientales, par les écrivains grecs ou latins et par l'observation des voyageurs modernes, le bel arbre, que nous appelons cyprès pyramidal, a du attirer très tôt l'attention des prêtres studieux et méditatifs qui, sur les terres de la Chaldée, tentaient d'approcher l'essence de Dieu par les productions et les phénomènes du monde crée." De la même manière, il sera planté dans les cloîtres des monastères chrétiens, matérialisant la liaison entre le ciel et la terre"...
 

 

 

1854

Félix Lajard

Le culte du cyprès pyramidal 

chez les peuples civilisés de l'antiquité

..." Là où on ensevelit le jeune homme naquit un cyprès. Là où on ensevelit la jeune femme naquit un roseau. Quand le puissant Borée souffle, le cyprès se courbe; quand souffle le zéphir, le roseau se penche... "
 

 

 

1861

Gul-O-Sanaubar, 

Rose et cyprès, 

conte traduit de l'Indoustani,

Ce que la rose a fait au cyprès est un conte de fée persan. Andrew Lang l'a inclus dans The Brown Fairy Book (1904), avec la note "Traduit de deux MSS persans en possession du British Museum et de l'India Office. 


 

 

 

1862

Joseph Autran (1813-1877) poète et auteur dramatique français, 

Recueil : Le Poème des beaux jours 


Matinée de novembre

..."Devant ces vieux chenets qu'on replace en novembre.

Je rallume un feu clair de cyprès et de houx ;

Et, je ne sais comment, amis ! Je songe à vous"...
 

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.

Décor

Dans les grottes sans fin brillent les Stalactites.

..."Du cyprès gigantesque aux fleurs les plus petites,

Un clair jardin s'accroche au rocher spongieux,

Lys de glace, roseaux, lianes, clématites"...
 

 

 

 

1866


François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Poète et écrivain français

Recueil : Les loisirs lyriques 


Mélancolie

 

..."Qui près des noirs cyprès et des blancs mausolées,

Viens visiter les morts pour qu'ils ne soient pas seuls,

Répondant par des pleurs à leurs voix désolées,

Qui gémissent en vain à travers leurs linceuls,"...

 

 


1866

François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Poète et écrivain français 

Recueil : Les loisirs lyriques 


L'ange envolé.


Mon ange a reployé ses ailes

Et dort glacé sous un linceul ;

Coulez, ô larmes éternelles,

Car ici-bas je reste seul.

 

Chère ombre au ciel envolée,

Chaque nuit sous les noirs cyprès

Versant des pleurs sur ton blanc mausolée,

Je viens épancher mes regrets.

 

Cette douce sœur de mon âme,

Pour charmer mon cœur attristé,

Me parlait encore de sa flamme

Sur le seuil de l'éternité.


 
Chère ombre au ciel envolée,

Chaque nuit sous les noirs cyprès

Versant des pleurs sur ton blanc mausolée,

Je viens épancher mes regrets.

 

Si jusqu'à toi, de cette terre

S'élève mon chant désolé,

Sois attentive à ma prière

En ton beau royaume étoilé.

 

Chère ombre au ciel envolée,

Chaque nuit sous les noirs cyprès

Versant des pleurs sur ton blanc mausolée,

Je viens épancher mes regrets.


 

 

 

1867

Arsène Houssaye (1815-1896) Poète français 

Recueil : La symphonie des vingt ans 

Saules pleureurs

Chanson.


..."Que de larmes ! que de regrets !

Toi dont mon âme fut ravie

Déjà si loin, — encor si près !

Que de larmes ! que de regrets !

Mes mains ont planté le cyprès

Sur les chimères de ma vie :

Que de larmes ! que de regrets !

Adieu, mon cœur ! adieu, ma mie !
 

 

 

1867

Jean Aicard (1848-1921) Poète français

Recueil : Les jeunes croyances (1867).


Misère et soleil.

..."Et je m'enfuis. Le vent chantait sous l'azur bleu...

Je gagnai la cité des morts pour chercher Dieu !

Les cyprès pleuraient seuls, quand j'entrai, sur les fosses ;

D'ailleurs, partout la joie ou bien des larmes fausses ;"...
 

 

 

1869

V. de Gasparin,

Andalousie et Portugal,

Paris, Michel Lévy frères, 1869, p. 208.

..."Les cyprès tantôt dressent leurs pyramides en un profil solide et noir, tantôt laissent aller leurs grands rameaux comme il plaît au vent. Zoraya s’est promenée ici […] elle respirait les arômes fugitifs que soulève le zéphyr, pour les abandonner aussitôt ; ses petites babouches ont frôlé le pavé des azulejos dans cette cour où l’on entend sourdre l’eau vive et que dentellent les ifs, taillés en fer à cheval. […] Des lauriers abritaient leur verdure sous ce grand cyprès dévasté, à l’ombre duquel, dit la légende, Zoraya s’arrêta trop longtemps. L’eau se presse encore de courir, comme si elle allait raconter au calife les perfidies de sa captive"...
 

 

 

1870

Henri Leclerc (1870-1955), médecin et écrivain français, spécialiste des plantes médicinales et inventeur du mot phytothérapie dès 1913.

Précis de phytothérapie, p. 98).

..."On fera bien, comme je l’ai déjà conseillé, de formuler le médicament autrement que sous son nom français, le mot cyprès pouvant éveiller dans l’esprit des malades des pensées funèbres ou leur inspirer de ces plaisanteries classiques où l’humanité souffrante plaît à établir entre la Camarde et le médecin les liens d’une indésirable parenté"...
 


 

1873

Charles Cros (1842-1888) Poète 

Recueil : Le coffret de santal 

Li-taï-pé


..."A présent, il est auprès

De Fo-hi, dans les prés frais,

Où les sages s'en vont tous,

A l'ombre des grands cyprès,

Boire et rire avec les fous"...
 

 

 

1874

Jean Aicard (1848-1921) Poète 

Recueil : Les Poèmes de Provence (1874)

 


Les cyprès.

 

Vous m'êtes chers, cyprès du Nord, cyprès funèbres,

Malgré votre feuillage habité des ténèbres,

Car vous me rappelez d'autres cyprès joyeux,

Mes cyprès odorants dont la forme est la même,

Vos frères du Midi, tout l'horizon que j'aime,

Où vous seriez plus verts dans le bleu pur des cieux.

 

A vous voir je revois nettement comme en songe

Un grand chemin poudreux qui devant moi s'allonge,

Bordé de grenadiers qui réjouissent l'œil

Ou d'arbousiers touffus tout rougissants de baies,

Et je devine au loin des portails dans les haies

A deux cyprès debout aux deux côtés du seuil.

 

Et puis de toutes parts, ô campagne ! ô nature !

Que de jardins ayant des cyprès pour clôture,

Tout pleins de cris d'enfants par les jeux échauffés ;

Et que de fois j'ai vu, dans les murs de feuillage,

Paraître tout à coup le curieux visage

Des petits vagabonds rouges et décoiffés !

 

L'ombre de nos cyprès est épaisse et charmante ;

Ils connaissent le bruit des baisers de l'amante,

Ils connaissent le rire et les chansons d'amour ;

Le gai pinson, autour de son nid, y voltige ;

La cigale se pose au fin bout de leur tige,

Par les doux soirs d'été, pour voir mourir le jour.

 

Ils cachent de vieux bancs où vont s'asseoir les couples.

Ils sont fermes et droits avec des cimes souples,

Et leur fierté fut chère à Virgile rêvant ;

Théocrite avant lui les citait pour leur grâce,

Et tandis qu'il chantait : "Cueillons le jour !" Horace

Par leur faîte onduleux jugeait l'effort du vent.

 

Comme un Oriental j'aime ces sveltes arbres,

Oui, même ceux qu'on voit debout entre des marbres,

Toujours jeunes et verts comme sont les lauriers,

Et je crois que nos morts pourtant libres d'envie

Doivent encore rêver des plaisirs de la vie,

Sous l'ombrage riant des cyprès familiers.


 

 

 

1893

Emile Zola  (1840-1902) écrivain et journaliste français

Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893)  

..."Un moment, elle s’avança sur la terrasse, aux deux bouts de laquelle étaient plantés des cyprès centenaires, deux énormes cierges sombres, qu’on voyait de trois lieues"... —

 

 

1897

Pierre Loti (1850-1923) écrivain et officier de marine français

 ..."Ils disent la mort, comme la disent les grandes dalles funéraires dont la nef est pavée, comme la disent les cyprès et les tombes, et toutes les choses de ce lieu où les hommes viennent prier "....

 

 

José-Maria de Heredia (1842-1905) homme de lettres d'origine cubaine 

Bretagne

..."Viens. Partout tu verras, par les landes d'Arèz,

Monter vers le ciel morne, infrangible cyprès,

Le menhir sous lequel gît la cendre du Brave ;"...

 

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913), écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien.

La mythologie des plantes, Tome 2, p. 117. 

...En Grèce, le cyprès était un temple à lui tout seul, surtout quand il forme, en masse, un bois sacré. 

Au Japon, le cyprès (cyprès du Japon ou hinoki faux-cyprès, Chamaecyparis obtusa) est très usité d’un point de vue cérémonial et religieux : outre qu’on façonne des temples dans du bois de cyprès, cet arbre fournit aussi la matière dont se compose le sceptre du prêtre shinto, le shaku (bien que d’autres essences puissent intervenir pour ce faire : cerisier, cèdre, houx, if, etc.). Ce sceptre, qui rappelle celui de Zeus, nous signale que pour les Japonais, le cyprès appelle aussi l’élément igné : le feu rituel est allumé par le frottement de deux morceaux d’hinoki...

 


La mythologie des plantes ou Les légendes du règne végétal. Tome 2 / 

Page 115 à 120

Cyprès

...Comme tous les arbres phalliques, le cyprès est, tout à la fois, un symbole de la génération, de la mort et de l’âme immortelle. Dans les contes orientaux, le cyprès représente souvent le jeune amoureux, et la rose la bien-aimée. Le cyprès est, parfois, remplacé par le rossignol. Dans un chant de noces de l’île de Crète, on compare le fiancé au cyprès, et la fiancée au narcisse parfumé..... 

 

 

 

Gibran Khalil Gibran (1883-1931) poète libanais

Le Prophète : Le mariage

..."Car les piliers du temple se tiennent à distance,

Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre"...

 

 

XX° siècle

 


1904

(Album Mariani, 1904).

Ferdinand-Sigismond Bach dit Ferdinand Bac ou Bac (1859-1952) écrivain, dessinateur, caricaturiste, décorateur, peintre, ferronnier, paysagiste et lithographe français.

a prononcé l’éloge du cyprès.

"Je voudrais prononcer devant vous une plaidoirie en faveur du cyprès que nous avons relégué au cimetière pour être bien sûr qu’il ne revienne plus. 
Pourtant, au plus loin de l’antiquité, il garde le seuil des temples et des portiques qui s’ouvrent sur la gloire humaine. Sa colonne millénaire se dresse vers le ciel. Depuis son berceau persan jusqu’à nos ravins sauvages, derniers survivants des temples pastoraux, nous les rencontrons aux lieux qui ne sont pas encore lotis. 

Ceux-là, on les appelle "les cyprès des pauvres" parce que, les plus beaux de tous, ils ont grandi dans la solitude et dans le dédain des calmes vallées. Si ceux qui les ont bannis des villes savaient ce qu’ils ont exilé, s’ils se doutaient de quelle beauté souveraine ils ont dépouillé leur propre terre, ils comprendraient le tort qu’ils ont fait à l’âme des jardins. 
Les temps ne sont-ils pas venus où cet arbre immortel devra faire sa rentrée dans les belles cités de Dionysos et jalonner ce qui reste de ce rivage".

La Rotonde avec l'escalier du belvédère, dessin de Ferdinand Bac, 1923

 

 

 

1908

Charles Cros (1842-1888) Poète français 

Recueil : Le collier de griffes (posthume, 1908).

Au café

..."Le rêve est de ne pas dîner,

Mais boire, causer, badiner*

Quand la nuit tombe ;

Épuisant les apéritifs,

On rit des cyprès et des ifs

Ombrant la tombe"...

 

 

1913

Guillaume Apollinaire (1880-1918) Poète français

Recueil : Alcools 

Les Sept Epées


..."La cinquième Sainte-Fabeau

C'est la plus belle des quenouilles

C'est un cyprès sur un tombeau

Où les quatre vents s'agenouillent

Et chaque nuit c'est un flambeau"...

 

 

 

1916

Louis Hémon (1880-1913) écrivain français

..."Les souches basses et les racines émergeaient, bien que l'ombre des sapins et des cyprès serrés protégeât la longue agonie des plaques de neige "...

 

 

1917

Frère Marie-Victorin (1885-1944) religieux, frère des écoles chrétiennes, botaniste, 

"L'étude des sciences naturelles", 

Revue canadienne, vol. 20, no 4, octobre 1917

..."On pourrait encore chicaner Chapman au sujet des cyprès, qu'il plante malencontreusement sur la tombe de son père [dans son poème], puisque le vrai cyprès n'existe pas dans notre pays, et que le pin de Banks, auquel on applique improprement ce nom en certaines parties de la province, n'est jamais planté dans les cimetières"... — 

 

 

1920

Francis Carco (1886-1958) écrivain, poète, journaliste et parolier français.

Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920

..."Poète du désespoir, c’est sans espoir que j’ai cherché ta tombe parmi tant d’autres qui doivent lui ressembler, entre les mouvants rideaux de cyprès que le vent du soir emplissait de soupirs..." — 

 

 

 

1920

Le patio des cyprès est une pièce emblématique des jardins de l’Alhambra, une source d’inspiration pour les créateurs de jardins et les artistes.

Au début du XXe siècle, Jean-Claude Nicolas Forestier (1861-1930) urbaniste et paysagiste français s’en inspire pour plusieurs projets et en livre une analyse dans un ouvrage sur les jardins paru en 1920.

...Primitivement haies de myrtes : dans l’île, deux carrés de fleurs entourés d’une haie de myrtes ou de buis (aujourd’hui en fusains du japon). Nombreux petits ajustages de bronze pour de menus jets d’eau destinés à rafraîchir l’air et à arroser les plantes. Autrefois cette cour était probablement entourée d’une paroi verte de cyprès...
 

"Selon la légende, la sultane Morayma et son amant, un chevalier Abencérage (tribu Maure du sud de l’Espagne) se rencontraient sous un cyprès multiséculaire qui a donné son nom au lieu et dont subsiste encore le tronc."

 

Dessin : La cour des cyprès de la Sultane dans les jardins du Généralife, dans "Jardins -

"Carnet de plans et de dessins" de Jean-Claude Nicolas Forestier,

Paris, Emile Paul frères, 1920, n. p. - 1920

École nationale supérieure de paysage

 

 

 

1922

Charles Le Goffic (1863-1932) Poète français

Recueil : Impressions et souvenirs 


Le rossignol.

...
Précurseur des derniers apprêts,

Rossignol des nuits sans aurore,

Qu'on sera bien sous les cyprès

Où tour à tour monte et s'éplore

Ton chant d'extase et de regrets !

...
 

 

 

1925

Albert Éloy-Vincent (1868-1945) journaliste et peintre français.

"La part de la nature et celle de l’art dans le pittoresque régional"

Ecole Antique de Nîmes

VIème session

 

Le cyprès 

 

… Et je ne voudrais pas quitter les arbres, sans avoir parlé du cyprès, 

prince de la garrigue, seigneur des sentes pierreuses

bordées de thym, de sauge et de menthes sauvages.

 

Les autres arbres se tiennent volontiers les uns près des autres ; 

ils aiment à se rassembler en lignes parallèles comme une garde d’honneur 

ou à se former en cercle comme un conseil de vieillards avisés. 

Ainsi groupés ils se protègent mutuellement de leur ombre 

contre la flamme solaire et de leur force contre la violence du mistral.

 

Le cyprès, lui, est puissant et solitaire comme le prophète du poète. 

Insensible aux brûlures de juillet, impassible sous les assauts du mistral,

 il vit volontiers seul, à croire que sa pensée lui suffit 

et que la conversation des voisins l’importune. 

Il a certainement conscience de sa force. 

Sûr de sa résistance il s’adosse à nos mazets blancs exactement 

comme s’il était là pour les soutenir ; il les domine de sa pointe aigüe, 

et leur chante à toute heure à voix haute ou basse selon l’humeur du vent :

"N’ayez pas peur. Je suis là." 

De nos plaines vastes et aveuglantes ouvertes de toute part

aux vents du Rhône, il abdique sa fierté d’ermite

pour ne se souvenir que de sa vigueur et des devoirs qu’elle lui impose.

Il consent à faire partie du rideau épais qui abritera 

une longue étendue de vignes et d’arbres fruitiers. 

C’est un ami vigoureux, grave et bon qu’on associe à l’idée de la mort 

parce qu’étant éternellement vert il témoigne de la continuité de la vie 

et la certifie aux morts dont on lui a de tout temps confié la garde.

 

Tels sont nos cyprès où se réalise pour une bonne part l’âme de notre terre.

Quand, de la portière du train, vous les verrez passer gravement 

entre la fuite rapide des premiers plans et la fuite lente de l’horizon, 

donnez à ces fiers solitaires, qui consentent à se rassembler

uniquement pour nous servir un long regard de sympathie…" 


Samedi 12 septembre 1925


 


 

1931

Ludovic Charles Naudeau (1872-1949) journaliste et écrivain français.

— La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)  

"...Parfois apparait une belle colonnade de cyprès, sombre évocatrice de l’Orient,..."

 

 

Marguerite Yourcenar (1903-1987) femme de lettres et académicienne française (naturalisée américaine en 1947). Romancière et poétesse.

 


Le verger des cyprès

 

Le verger des cyprès a pour fruits les étoiles,

Balancés lentement au fond des nuits d’été ;

La vie, unique et nue à travers ses cent voiles,

Pour la répandre en tout reprend votre beauté.

Votre amour, mon amour, notre cœur et nos moelles,

Seront diversement après avoir été ;

Et, comme une araignée élargissant ses toiles,

L’univers monstrueux tisse l’éternité.

Le flot sans lendemain nous laisse et nous emporte.

Nous passons endormis sous une immense porte ;

Nous nous perdons en tout pour tout y retrouver ;

Mais les lèvres des cœurs restent inassouvies ;

Et l’amour et l’espoir s’efforcent de rêver

Que le soleil des morts fait mûrir d’autres vies.


 


 

Anatole Bisk, dit Alain Bosquet (1919-1998) poète et écrivain français d'origine russe.

pour Jacques Chessex


 

Le cyprès


Avec son cimetière en laisse, le cyprès

m'a retenu toute une après-midi

sur la colline : il fallait qu'il accuse

les vivants et les morts, le silence et le bruit.

Ce fut bientôt mon tour :

je me suis plaint des hommes,

des femmes, des objets,

des animaux que l'on bat sans raison,

des circonstances

où j'ai vécu ou, plutôt, j'ai cru vivre.

A la première étoile,

je lui ai dit : 

"Ce dialogue est attristant ;

rentrons chez nous, chacun de son côté :

toi sous l'écorce,

et moi sous le poème."


 

 

 

Khosrow Golsorkhi (1944- 1974) journaliste, poète et communiste iranien .

Le cyprès comme symbole de liberté apparaît aussi dans le poème "he’r-e gomnâm"

...abattit sur ta poitrine le coup mortel de l’ennemi

Mais ô cyprès debout, tu ne tombes pas

C’est dans ton essence de mourir debout !"...

 

 

1974

Pablo Néruda (1904-1973) poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien.

Citation : 

 J'avoue que j'ai vécu (1974) : 

"- Les cyprès des Guaïtecas me barrent le chemin… C'est un monde vertical : une nation d'oiseaux, une foule de feuilles."
 

 

 

1987

Claude Kayat (1939) écrivain, dramaturge et artiste peintre franco-suédois.

Les Cyprès de Tibériade

..."L’Antiquité vouait ces arbres à Vénus, déesse de l’amour. Notre temps en orne volontiers ses cimetières..."

 
 

 

 

Ruth Rendell (1930-2015) autrice britannique de romans policiers et psychologiques. 

Heures fatales 

Edition originale 1990 ; traduction française éditions Denoël, 1992

    "...Il l'enlaça, posa sa bouche sur la sienne et, l'espace d'un instant, avant qu'ils ne reculent dans les profondeurs de l'ombre, j'eus l'impression, tant ils étaient près l'un de l'autre, qu'ils ne formaient qu'un seul être ; ils étaient semblables à deux cyprès entrelacés, issus d'un même tronc. Et sur les pierres blanchies par la lune, leur ombre avait la forme allongée et pointue d'un arbre unique. 

    [...] Non, en réalité, la dernière image qui se présenta à mon esprit, avant de m'endormir, fut celle du cyprès au tronc jumeau, avec ses branches entrelacées et son ombre fondue dans une hampe unique..."
 

 

 

1992

Julien Gracq (1910-2007) écrivain français.

Carnets du grand chemin (1992) 

Le cyprès :

..." intrusion sévère, violemment protestataire, de l'univers des solides parmi la folle agitation féminine, hystérique, des feuilles et des vergettes à chaque instant mises en émoi par le vent..."
 


 

1997

Christian Cailleaux  (1967) illustrateur et auteur de bande dessinée français.

Haëllifa : Conte oriental à propos des femmes et de l'ivresse

..."Les yeux clos, dans le silence odorant et mouvant, le souffle nocturne de l'air tiède entre les cyprès et les orangers des jardins de la grande Cité, ..."
 


 

 

XXI° siècle

 

 

2000

Pierre Magnan (1922-2014) écrivain français

Le Parme convient à Laviolette (Editions Denoël, 2000), 

    "...Chacun courbait l'échine pour son compte, chacun ayant un couteau ou un louis dans sa main qu'il lui serait bien difficile de lâcher au seuil de l'éternité. Les cyprès soulignaient en un murmure les affres de ce rassemblement d'âmes consternées par la peur, et ceux qui étaient assez près des troncs pouvaient les entendre craquer doucement..."
 

 

 

2000


Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes

 (Larousse Livre, 2000) :


    ..."Cet arbre aux vertus étranges, pourvu de pouvoirs magiques, de forces vives, était surnommé l'arbre de vie. Ainsi, d'après certains, il suffisait de se frotter les talons avec de la résine de cyprès pour pouvoir marcher sur les eaux. Selon d'autres, en observant les flammes d'un feu de bois de cyprès, on pouvait consulter les oracles et trouver de l'or ou un bien plus précieux encore.

    Il est vrai que s'il pouvait parler, il en aurait des choses, des contes, des légendes, des récits aussi fantastiques qu'historiques à nous raconter, cet arbre qui fut l'un des premiers à apparaître sur la Terre, il y a des centaines de millions d'années, bien avant les arbres feuillus.

    Celui que l'on surnomme "l'arbre de résurrection" fut aussi un arbre funéraire, voué à Hadès, le dieu grec des enfers, sans doute à cause de son aspect immuable toute l'année, quelle que soit la saison. Dès lors, on comprend pourquoi, souvent, les cyprès se dressent près des cimetières. "Cyprès au cimetière éloigne de l'enfer", dit en effet un proverbe"...
 

 

 

2011 

Vette de Fonclare (1947) écrivaine et poètesse française

 


Le cyprès

 

Au bord de la falaise, un cyprès de Florence

Découpe sur la nue sa flamme torsadée.

Sa haute torche noire hiératique est tracée

Comme un trait vertical sur le ciel de Provence.

 

Il est planté là-haut tout près d’un cimetière

Où les tombes verdies d’un très ancien village

Pourrissent lentement. Brodé de fleurs sauvages,

Seulement ombragé par la sombre torchère,

 

L’enclos est triste et nu au coeur gris du maquis.

Le cyprès est énorme et semble indestructible :

Un géant fuselé qui paraît insensible

Aux assauts du mistral secouant à l’envi

 

La pointe fine et drue qui surmonte sa cime.

Monument végétal resserré sur lui-même,

Un vieil arbre immuable, un imposant totem

Posé sur le roc noir au dessus de l’abîme.


 

 

 

28/11/2014

Marie Intel poètesse française


Le cyprès


Dessinée sur l'aube qui enfin renait

La pointe du cyprès se met à ondoyer

Esquissant une ombre au sombre reflet

Pressage d'une journée chaude et ensoleillé

 

Sortir du sommeil et oublier les mauvais rêves

Ces images venues d'un ailleurs inconnu

Des semblants d'une vie échouée sur la grève

Mais qui génèrent en toi une angoisse retenue

 

De la fenêtre ouverte je peux sentir les odeurs

Fraicheur de la nature transportée par le vent

Magnifique spectacle offert par le ballet des fleurs

Dans le silence, le papillon et la brise sont amants

 

La vie à son prix, dont la quête du bonheur

Dans cet océan des souhaits inassouvis

Les abysses les plus noires enserre mon cœur

Terrassée par le mal, je sais à présent le prix de la vie

 

Quand le crépuscule dessinera l'ombre du cyprès

Les regards ne seront plus que peine et désespoir

Dans l'inertie de ce murmure sans après

L'aube va enfin renaitre dans l'agonie du soir.

 

Marie.C

 

 

 

2015

Agnès Juvanon du Vachat historienne des jardins,

Presses universitaires de Rennes, 2015

Le Cyprès de la Sultane de Grenade


Situé face au palais de l’Alhambra dans la ville espagnole de Grenade, le Généralife est un jardin de plaisance du xive siècle, de style arabo–andalou. Il se compose d’une suite de cours, les patios, parmi lesquels se trouve le Patio del Ciprès de la Sultana (Cour du Cyprès de la Sultane) construit après la reconquête de la ville par les Rois Catholiques en 1492. Cette cour-jardin était plantée de cyprès dont un seul subsiste aujourd’hui et dont le nom renvoie à un épisode associé aux Nasrides, dernière dynastie arabe à avoir régné sur l’Espagne de 1232 à 1492.


 

 

 

 

2018

2 Février 

Philippe Martineau, alias Famineur (1957) auteur et poète

 

Cyprès

 

Sous le pinceau du Caravage,

une cohorte de cyprès

tient en respect le paysage

et se prépare au pas d’après.

 

Est-ce à présent que tout s’éclaire

et se dénude jusqu’en bas ?

Mais la réponse est un tonnerre

en haut que je ne comprends pas.

 

S’enracinant dans le silence,

la soldatesque des cyprès

s’enfonce autant que je m’avance

et que mes pas sont indiscrets.

 

Est-ce à jamais que tout s’efface

et se consume dans la nuit ?

Mais la réponse de l’Espace

est en deçà du moindre bruit.


Le Caravage - Le Sacrifice d'Isaac - détail
La campagne décrite selon les conventions idylliques de l'époque, avec allée de cyprès, résidence de campagne et monastère se détachant sur un beau ciel d'été qui peut évoquer la Toscane


 

 

 

2022

Nhat Hanh (Auteur)

"Regarder le cyprès dans la cour : pour vivre en pleine conscience chaque moment de la vie."

Un jour, pour tout enseignement, Bouddha cueillit une fleur. Seul Mahakashyapa comprit la signification profonde de ce geste et donna naissance au zen : la voie du calme, du dépouillement et de la sérénité.

Regarder le cyprès dans la cour est un texte vibrant et profond qui nous invite à la pratique du zen, à trouver la sagesse dans nos actes quotidiens en accédant à la pleine conscience.


 

 

 

Le cyprès par les peintres

 


Samilâ Amir-Ebrâhimi - peintre iranienne

Les cyprès


​​​​​​​

 

 

1886

Arnold Böcklin (1827-1901) peintre, dessinateur, graphiste et sculpteur suisse.

L'ile des morts (Museum der bildenden Künste Leipzig) 1886


 

 

 

1884

Joseph Contini (1827-1892) peintre français.

Chapelle, pin et cyprès. 1884.

 

 

 

1923

Henri-Edmond Cross  (1856-1910) Peintre originaire du Nord

Les cyprès à Cagnes 1908 - 

Legs au Luxembourg 1923


 

 

 

Salvador Dalí (1904-1989) peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan 

Ossification du matin du Cyprès


 


 

Serge Delmas artiste peintre.

Les cyprès en Provence

 

 

 

1907

André Derain (1880-1954)

Cyprès à Cassis - 1907

 

 

 

André Derain (1880-1954)

Cyprès 


 

 

 

1922

Ferdinand Bac, L’Illustration, numéro de Noël 1922

"En 1908, un hasard heureux m’avait un jour mené à l’Ermitage de Saint François, près de Grasse, une maison patriarcale des champs du XVIIIème siècle. Avec sa cour nymphée, ses cascatelles rustiques, son bosquet de cyprès et de myrtes à flanc de coteau, il était pour moi un des derniers survivants d’une tradition mourante, et la révélation de cette humble beauté, si conforme à sa terre, m’émut à ce point que j’y eusse conçu alors volontiers la résolution de consacrer la fin de ma vie à une tentative de rénovation si, à ce moment, l’occasion m’en eût été offerte. ".

Jacques Lambert

Aquarelle de la revue "L’illustration de Noël" 1922


 

 

 

 

 

1913

Gustav Klimt (1862-1918) peintre symboliste autrichien

Eglise de Cassone - paysage avec cyprès

(MeisterDrucke-780941)


 


 

Ricardo Lopez Cabrera (1864/66-1950). - peintre espagnol

Paysage aux cyprès


 

 

 

1919

Amedeo Modigliani (1884-1920) peintre et sculpteur italien rattaché à l'École de Paris.

Cyprès et maison à Cagnes


 

 

 

1861

René-Xavier Prinet (1861-1946) peintre et illustrateur français

La terrasse et les cyprès de la villa d'Este à Tivoli


 

 

 

Auguste Renoir (1841-1919) peintre français.

Chapelle Cagnes et cyprès

 

 

 

Paul Signac (1863-1935) peintre paysagiste français, 

Deux cyprès , Mistral , Opus 241


 

 

 

c. 12-15 mai 1890

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais. 

Nuit étoilée (Route avec cyprès et étoile)

 

 

 

Juillet 1889

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais. 

Un champ de blé avec cyprès

Metropolitan Museum of Art, New York


 


 

1889

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais

Les cyprès

The Metropolitan Museum of Art, New York City (États-Unis)

 

 

 

Louis Mathieu Verdilhan (1875-1928) peintre français.

Paysage, maison et cyprès


 

 

 

Le cyprès dans le langage des arbres

 


- Le cyprès symbolise la tristesse et le deuil. C'est "l'arbre des cimetières", associé à la mort, d'où des expressions comme "dormir sous un cyprès", c'est-à-dire être mort, et "le cyprès, on l'aime mieux de loin que de près".


- Il est aussi symbole de la vie éternelle : son feuillage est toujours vert, avec toujours des fruits, son bois, quasi imputrescible, avec une odeur d'encens. 


 

 

 

Le cyprès et ses Traditions 

 


- Le cyprès est utilisé pour la fabrication des cercueils des papes, souvent aussi pour ceux des dignitaires civils ou religieux et autres grands de ce monde. 


- Autour des tombes, les cyprès étaient généralement plantés par deux pour les adultes (couples) ou isolés pour les enfants.


- Le Cyprès est sacré chez de nombreux peuples, grâce à sa longévité et à sa verdure persistante, est également nommé "Arbre de vie". 


- Chez les Grecs et les Romains, le Cyprès est en rapport avec les divinités de l'enfer. Il est l'arbre des régions souterraines, d'où sa présence remarquée dans plusieurs cimetières du bassin de la Méditerranée. 


- Le cyprès est l'un des attributs de la figure allégorique du Désespoir : elle en tient une branche dans la main droite car, de même que le cyprès ne repousse pas s'il est coupé, l'homme en proie au désespoir finit par annihiler en lui toute possibilité de cultiver le courage et la Vertu.


- Le symbole du paradis et de la perfection spirituelle de l’homme. Toujours vert, il est l’emblème de la végétation du jardin d’Eden


 

 

 

Utilisation du cyprès

 


- De nombreuses espèces sont couramment cultivées comme plantes d'ornement dans les parcs et jardins, et en Asie autour des temples.


- Les Cyprès sont également utilisés dans le bassin méditerranéen pour constituer des haies brise-vent. cultures.


- Dans l'archipel de Chiloé au Chili, le bois est traditionnellement utilisé pour protéger des intempéries les façades des maisons et des églises, ainsi que pour la construction navale.


- Quelques espèces sont appréciées pour leur bois qui peut être très durable. Le bois de cyprès est utilisé pour le clavecin de tradition italienne.


- Bien sec il peut être utilisé comme combustible ...


 

 

 

Pharmacologie du cyprès

 


-Les cônes ou noix de Cyprès sont efficaces  dans le traitement de toutes les manifestations de l'insuffisance veineuse : jambes lourdes, varices, hémorroïdes... ,également en cas de toux sèche, d'extinction de voix.

- L'huile essentielle de Cupressus sempervirens, le Cyprès traditionnellement planté dans les cimetières du Sud de l'Europe, est d'une grande utilité en aromathérapie et phytothérapie.


Cyprès et allergies
- Les pollens de Cyprès sont responsables d'allergies (pollinoses) et peuvent être transportés par le vent sur plusieurs dizaines de kilomètres. 

 


 

 

Cyprès remarquables

 

 

La forêt de cyprès géants de Bajie, au Tibet, en surprendra plus d'un. Avec son arbre de plus de deux millénaires, surnommé le roi des cyprès géants. 


 

 

 

Le plus vieil arbre du monde, un cyprès se trouvant en Patagonie, a été identifié par des chercheurs du CNRS. Il est âgé de 5484 ans.

Son surnom : "Gran Abuelo", l'arrière grand-père. Ce cyprès de Patagonie, au sud du Chili, a été identifié par des chercheurs du CNRS comme étant désormais le plus vieil arbre du monde. L'arbre serait âgé de précisément 5484 ans.
 

 

 

Le cyprès d’Abarqu en Iran situé dans la province de Yazd en Iran, le cyprès d’Abarqu serait vieux d’environ 4000 ans et est considéré aujourd’hui comme le plus ancien être vivant du continent. Il arbore encore un feuillage très dense du haut de ses 25 mètres. Pour l’approcher, rendez-vous dans l’enceinte de la Grande Mosquée d’Abarqu, un autre incontournable lors de tout voyage en Iran.

 

 

L'arbre de Tule est un cyprès de Montézuma (Taxodium mucronatum). Il se trouve à Oaxaca, au Mexique. Il affiche des mensurations impressionnantes : 41 mètres de haut, 42 mètres de circonférence, et un tronc d'un diamètre de 14,4 mètres à sa base. Son âge précis est inconnu (plus de 1000 ans).

Selon une légende locale Zapotèque, il aurait été planté il y environ 1400 ans par Pechocha, un prêtre d'Ehecatl, le dieu du vent des Aztèques ; le fait qu'il se trouve sur un site sacré, occupé plus tard par une église catholique, tendrait à renforcer cette légende.
L'arbre est surnommé l'"Arbre de la Vie" en raison de toutes les représentations d'animaux qui reconnaissabes sur son tronc noueux.

 


 

Le cyprès de Lambert ou cyprès de Monterey (Cupressus macrocarpa) provenant de la baie de Monterey aime la chaleur et l'humidité (surtout les atmosphères maritimes) et se plaît au bord de l'Atlantique dont tous les spécimens remarquables de France s'y trouvent. L'exemplaire de la presqu'île de Crozon est classé arbre remarquable et se situe dans la propriété privée de l'ancien manoir de Trébéron.

Hauteur 30m, circonférence 7.20m, envergure 20m. Exposé aux tempêtes, il perdit une branche importante suite à la tempête de 2014. Cette essence fut plantée en France à la fin du 19ème siècle. Le cyprès de Monterey de Trébéron fut planté quant à lui en 1867 à l'occasion d'un mariage. Le cyprès de Lambert fait partie du patrimoine naturel de la Bretagne.
 

 

 

Contes et Légendes

Le cyprès

 

 

Pour en savoir plus


 

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 19:34

 

 

Mythologie des arbres


Le Châtaignier commun - Castanea sativa
 

 

 

À la fois arbre forestier et arbre fruitier, le châtaignier commun (Castanea sativa Mill.), est un arbre majestueux, vigoureux, à cime large bien branchue et à croissance rapide, de la famille des "fagacées", qui produit des fruits largement consommés par l'homme : les châtaignes.


..."À nos pieds roulaient des châtaignes

Dont les bogues étaient

Comme le cœur blessé de la madone

Dont on doute si elle eut la peau

Couleur des châtaignes d’automne"...

Guillaume Apollinaire (1880-1918) -  1913 - Rhénane d’automne


 


 

Il a une grande longévité et peut dépasser le millénaire.

Il peut mesurer 25 à 35 m de haut et 4 mètres de diamètre. Les vieux châtaigniers peuvent atteindre des diamètres importants. Son ombrage est apaisant, son tronc est tordu et ses branches en fouillis.


Après des siècles à prendre la foudre, les tempêtes qui cassent leurs branches, les insectes qui vident leur tronc par l’intérieur, ils continuent à former des rejets qui poussent à vive allure. Le châtaignier fait partie de notre patrimoine végétal et culturel.


Lorsqu'il est en nombre sur un territoire délimité, il forme une châtaigneraie.


 

 

 

L’écorce du châtaignier, jeune est lisse et de couleur brun verdâtre, puis devient brun foncé se fissurant longitudinalement.

Avec l'âge, l'écorce a tendance à se vriller selon et le tronc a tendance à devenir creux.

 

 

 

Son bois est naturellement résistant aux moisissures, pourrissement et autres dépérissements, ce qui en fait un excellent bois pour les constructions en extérieur, et pour la fabrication de meubles depuis que l’ébénisterie existe, et quel dommage ! "comme bois de chauffage".


C'est aussi un bois riche en tanins qui a été largement exploité à cet effet de 1890 à 1960. Sa haute teneur en tanin fait que les araignées ne tissent jamais leur toile sur du bois de châtaignier.


 

 

 

Ses grandes feuilles caduques de couleur verte, luisantes dessus sont de forme oblongue-lancéolée aiguë, aux bords en dents de scie et pétiole court. Elles sont disposées en spirale, et sont riches en tanins.


 

 

 

La fleur permet aux abeilles de nous offrir un miel au goût marqué. Cet arbre monoïque à croissance sympodiale, fleurit de la mi-juin à la mi-juillet (les fleurs étant des chatons cylindriques jaune pâle).

 

Les fleurs blanches sont les chatons mâles dressés à la floraison et disposés à la base des rameaux, apparaissent les premiers et répandent alors une forte odeur,


 

 

Les boules vertes les fleurs femelles se réunissent par trois et sont disposés plus au sommet, elles sonneront les futures châtaignes après pollinisation par le pollen d'une autre variété de châtaignier puisque le châtaignier n'est pas autofertile.


 

 

 

 

La bogue (enveloppe verte piquante), entoure les fruits et dissuade certains prédateurs de s'attaquer aux châtaignes. Elle correspond à une transformation des bractées.

À l'intérieur de la bogue se trouvent les châtaignes, au nombre de 1 à 3, qui sont, au sens botanique, des fruits secs de type akènes enveloppés par une pellicule astringente et par un tégument.

Les fruits de châtaignier germent dès qu'ils tombent au sol à l'automne, les racines émergeant de la graine immédiatement et les feuilles et la tige le printemps suivant. Parce que les graines n'ont pas d'enrobage ou de nourriture interne, elles perdent leur viabilité peu de temps après la maturation et doivent être plantées immédiatement.


 

 

 

Les châtaignes, séchées, furent pendant longtemps la base de l'alimentation humaine dans certaines régions d'Europe, généralement dépourvues d'agriculture céréalière, ce qui lui valut d'être considéré comme un "arbre nourricier".

Dans d'autres régions, notamment autour de la mer Méditerranée, le châtaignier fut surnommé "arbre à pain" ou "pain des pauvres", car ses fruits y remplaçaient les céréales en période de disette.


On ramasse ou récolte les châtaignes à partir du mois d'octobre.


 

 

 

LE "MARRON COMESTIBLE" EST UNE CHÂTAIGNE

 

Mais attention, du fait de leur ressemblance morphologique, on confond parfois les châtaignes (alias les marrons) avec une famille bien distincte de fruits à bogue : les marrons d’Inde. Ces derniers, qui tombent du marronnier, sont toxiques. 

Le marronier d'Inde est un arbre de la famille des Sapindaceae, qui donne un fruit sec déhiscent.


1/ Le marron plus rond ne comporte qu'un seul fruit dans sa bogue (moins épineuse)


2/ La châtaigne a une forme aplatie, et contient trois ou quatre fruits, sa bogues ressemble à un hérisson.

                                            1                                                    2


 

 

 

L'origine du châtaignier semble être la Transcaucasie, l’Arménie, et la Perse d’où elle va gagner le monde grec. 


Son aire de distribution a été fortement étendue par l'Homme en Europe méridionale et surtout en Europe occidentale, vers le nord jusqu'en Écosse, et aussi localement en Afrique du Nord.


En France, le châtaignier est bien présent dans toutes les régions et fait partie des arbres feuillus importants des forêts françaises.


Aujourd’hui, les châtaigniers représentent plus d’un million d’hectares de forêt en France, troisième essence la plus représentée.

 


 

Dans le Limousin (dont il est un emblème, étant représenté sur le logotype du conseil régional), 


 


 



Les variétés sans étamine donc sans pollen (Bouche de Bétizac) sont des astaminées.

 

Il existe des variétés de châtaignier dont les fleurs mâles contiennent des étamines. 


Chez les staminées, la longueur du filet est un facteur clé de la faculté pollinisatrice de la variété. On répertorie ainsi des variétés :

 

- brachystaminées : 
Filet des étamines de 1 à 3 mm de long, anthères ne dépassant pas le périanthe, très peu de pollen (Marron de Lyon)


- mésostaminées : 
Filet des étamines de 3 à 5 mm de long, anthères dépassant un peu le périanthe, peu de pollen


- longistaminées : 
Filet des étamines de 5 à 7 mm de long, anthères dépassant largement le périanthe, beaucoup de pollen (variétés sativa pures : Belle épine, Marron de Goujounac, Marron de Chevanceaux, et les hybrides : Bournette, Précoce Migoule, Maraval et Marsol). Il est à noter que le pollen des variétés pures de sativa est de meilleure qualité que celui des hybrides, raison pour laquelle on privilégie les sativa comme pollinisateurs.


 

 

 

Le châtaignier est une espèce :

 

thermophile :

- Il aime la chaleur et l'eau .
Les anciens disaient : "au mois d'août, la châtaigne doit être dans un four, au mois de septembre dans un puits". 


héliophile  :

- Il aime la lumière ou de demi-ombre. Il tolère un léger ombrage dans le jeune âge. La croissance juvénile est rapide. 


Silicicole :

- Il aime les sols schisteux, granitiques et alluvionnaires ;
acidophile : il aime les sols acides, un fois établi, il supporte bien la sécheresse. Il ne peut pas pousser sur sols basiques riches en calcaire.

 

 

 

Une quinzaine de variétés de châtaigne sont cultivées dont huit portent l’appellation de marron :

 

 Variétés précoces :

Châtaignes : Ronde des Vans, Bouche de Bétiza

Marrons : Aguyane, Marigaule, Merle


 
Variétés de pleine saison :  

Châtaignes : Bourrue, Rousse, Rouge des Pyrénées

Marrons : Belle épine,  Pellegrine, Montagne, Sardonne

 

Variétés tardives :  

Châtaignes : Comballe

Marrons : Bouche rouge

Châtaignes Comballe


 

 

 

Quelques variétés de châtaigniers

 


Chataignier "Marigoule" - Castanea sativa "Marigoule"

Hybride naturel entre un châtaigner européen et japonais, arbre très vigoureux, il résiste à l'encre et l'anthracnose mais est sensible aux froids du printemps et à l'asphyxie.

C'est un arbre à grand développement, exigeant sur la qualité du sol, nécessitant la présence de pollinisateurs (1 rang sur trois de variété "Marron de Goujounac", "Marron de Chevanceaux" ou Précoce "Migoule").

Il produit de grosses châtaignes de couleur brun rouge brillant, se conservant bien,au goût sucré, qui se conservent bien. La mise à fruits intervient environ 5 ans après la plantation. 

Ce châtaignier ne produit des fruits que dans le sud de la France et en Bretagne.

Plante non parfumée, hauteur à maturité 30 m, largeur à maturité 15 m, couleur de floraison jaune, mois de floraison juin et juillet, couleur du feuillage vert moyen, type de feuillage caduc, port étalé.

 

 

Châtaignier "Marlhac" - Castanea sativa "Marlhac"   

Hybride d'origine INRA entre le "Marron de Laguépie" et un châtaignier japonais, produit des gros fruits se conservant bien, mise à fruit plutôt lente, c'est un arbre vigoureux à port étalé, résistant aux maladies, à maturité demi-précoce.

Plante non parfumée, hauteur à maturité 30 m, largeur à maturité 15 m, couleur de floraison jaune, mois de floraison juin et juillet, couleur du feuillage vert foncé, type de feuillage caduc.

 

 

Châtaignier "Maraval" - Castanea sativa "Marava"

Hybride de châtaignier européen et châtaigner japonais à gros fruits triangulaires. Sa mise à fruits est très rapide (3 à 4 ans), sa productivité moyenne.

Sa vigueur moyenne et ses faibles exigences permettent une densification au verger plus importante que d'autres hybrides. 

Plante non parfumée, hauteur à maturité 30 m, largeur à maturité 15 m, couleur de floraison jaune, mois de floraison juin et juillet, couleur du feuillage vert foncé, type de feuillage caduc, à port étalé.

 

 

Châtaignier "Marron de Lyon" - Castanea sativa "Marron de Lyon"

Fruit de couleur châtain tirant vers le rouge, aspect brillant, chair farineuse, sucrée, une bonne conservation et une bonne qualité gustative, utilisation en fruit de table, maturité première quinzaine d'octobre.

Castanea"'Marron de Lyon" est une variété de châtaignier très productive, à gros fruits, autofertile. Toutefois une fécondation croisée améliore la production. Cet arbre est greffé, soit de pied, soit de tête suivant la forme choisie.

Plante non parfumée, hauteur à maturité 30 m, largeur à maturité 15 m, couleur de floraison jaune, mois de floraison juin et juillet, couleur du feuillage vert moyen, type de feuillage caduc, à port étalé.

 

 

Chataignier "Marron de Redon" - Castanea sativa "Marron de Redon"

Arbre fruitier greffé pour la production de châtaignes de croissance rapide nécessitant un grand espace au verger ou en isolé au jardin.

Variété conseillée pour la culture dans l'ouest de la France.

Le Châtaignier "Marron de Redon" donne des fruits de bonne qualité, ses châtaignes sont grosses, à maturité début octobre.

 

 

Chataignier "Bouche de Bétizac" - Castanea "Bouche de Bétizac"

Hybride contrôlé entre Castanea sativa et Castanea crenata. 

Cette variété produit des châtaignes grosses voir très grosses, bonnes en marron grillé, très bonne saveur pour un hybride. Avec Marigoule, c'est la variété actuellement la plus cultivée dans les châtaigneraies françaises car elle est très productive .

Son fruit est brillant, de couleur châtain rouge clair virant rapidement au marron, brun foncé, mat.

"Bouche de Bétizac" garde ses feuilles longtemps au début de l'automne. Les fruits restent aussi longtemps accrochés à l'arbre et on utilise parfois des vibreurs pour les faire chuter.

"Bouche de Bétizac"  n'a pas de pollen et est pollinisé par de nombreuses variétés telles que "Belle épine", "Marron de Goujounac", "Marron de Chevanceaux"

Exigeant sur la qualité des sols et les besoins en eau.

Châtaignes "bouche de Bétzac"


 

 

 

Les principales régions productrices de châtaignes et de marron :

- L’Italie (76 000 t), 

- Le Portugal (25 000 t) 

- L’Espagne (20 000 t). 

- Avec 13 000 tonnes, la France est le IVème producteur d’Europe 

- Grèce (12 000 t)

 

En France, les trois principaux départements producteurs sont l'Ardèche, la Dordogne et le Var. L'Ardèche arrive en premier (4100 t) suivi du Var et de la Dordogne (1300-1700 t) puis viennent le Lot, la Lozère, la Corrèze, l’Aveyron, le Gard et... le Morbihan !

En Corse, une grosse partie de la production est consommée directement sous les châtaigniers par les porcs, dont on fait une charcuterie de haute qualité.

 

la châtaigne en Europe :

163.000 tonnes dont 104.000 tonnes pour l’Union Européenne


 


 

Parents proches du châtaignier commun

 


- Le châtaignier du Japon (Castanea crenata Siebold et Zucc.)

Espèce d'arbres à feuilles caduques originaire d'Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon).
Les feuilles sont semblables à celles du châtaignier européen, mais généralement un peu plus petites.
Ses châtaignes sont comestibles.

 

 

- Le châtaignier de Chine (ou châtaignier de Ducloux) (Castanea mollissima Blume)

Est un arbre de 20 m à feuilles arrondies à la base et velues au revers, de 10 à 22 cm. Jeunes pousses et bourgeons également pubescents.
Fruits : Chatons mâles de 4 à 20 cm et chatons femelles sur le même arbre. Bogues contenant 2-3 châtaignes brunes, moins grosses et sucrées que chez Castanea dentata.

 

 

- Le châtaignier d'Henryi  (Castanea henryi (Skan) Rehder & E.H.Wilson 1916)

Le châtaignier d'Henryi  (Castanea henryi) est un arbre à croissance rapidede 20-25 m pouvant dépasser fréquemment 30 m. Les jeunes rameaux pubescents puis devenant rapidement glabres et rougeâtres avec des lenticelles blanches. En hiver les bourgeons sont rougeâtres ou brun-noir. Les feuilles sont ovales-lancéolées. La face supérieure vert foncé luisant mais plutôt mate en sol sec ; la face inférieure davantage vert-jaune. 

Les fleurs mâles sont groupées en châton .  Les Fleurs femelles solitaires ou groupées par deux, assez espacées et souvent à la base des châtons mâles. Cupules (bogues) solitaires ou par 2, de 3 cm de diamètre environ. 

La floraison est en mai-juin et les fruits sont mûrs en septembre-octobre. Ils sont comestibles et souvent consommés. 

Un seul fruit par cupule, ovoïde, plus petit, pointu au sommet ce qui le fait ressembler à une goutte d'eau. 

Cet arbre pousse sur les pentes des régions accidentées de presque toute la Chine, dans les forêts mixtes entre 100 et 1800 m (Anhui, Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi, Sichuan, Yunnan, Zhejiang.)

En culture, cette espèce peu commune, s'implante assez bien sous nos climats pourvu que le sol soit acide à neutre et  drainé surtout en hiver. 
Curieusement on la trouve peu exploitée en Europe pour son bois alors que les arbres de plus de 30 m sont fréquents et que les fûts sont droits.


 

 

- Le châtaignier d'Amérique (Castanea dentata Borkh.)

Est une espèce de châtaignier de la famille des Fagaceae. Elle était particulièrement répandue dans les forêts de l'Est des États-Unis et du Sud-Est du Canada avant d'être ravagée par une maladie en provenance d'Asie.

Ce châtaignier à feuilles caduques est une espèce à croissance rapide et à bois dur. Il atteint 30 à 45 mètres de haut pour un tronc de diamètre de 3 mètres. L'arbre ressemble fortement à d'autres châtaigniers comme le châtaignier d'Europe, le châtaignier chinois ou le châtaignier crénelé.

Les fruits tombent en automne lorsque les bogues s'ouvrent. Les fruits sont très importants pour la faune locale. Ceux-ci sont en effet appréciés par le cerf de Virginie, le dindon sauvage et l'ours noir qui font des réserves de graisses pour passer l'hiver en les mangeant.
 

 

- Le châtaignier chinkapin d'Allegheny (Castanea pumila Mich. et Mill.)

"Castanea pumila", communément appelé le "Allegheny chinquapin",  "Chinquapin américain" (du Powhatan) ou châtaignier nain, est une espèce de châtaignier originaire du sud-est des États-Unis.  L'habitat de la plante est constitué de hautes terres sableuses et rocheuses. Il pousse mieux sur des sols bien drainés en plein soleil ou à mi-ombre.

C'est un arbuste ou un petit arbre à port étalé, atteignant 2–8 m de hauteur à maturité.  Les feuilles sont simples,  jaune-vert sur le dessus et plus pâle et finement poilu sur le dessous à courtes dents pointues. 

Les fleurs sont monoïques et apparaissent au début de l'été. Les fleurs mâles sont petites et jaune pâle à blanches, les fleurs femelles sont situées à la base de certains chatons. Le fruit est de couleur dorée avec de nombreuses épines acérées, mûrissant à l'automne. Chaque cupule contient une châtaigne brun foncé brillante ovoïde qui est comestible.

Un hybride naturel de Castanea pumila et Castanea dentata a été nommé Castanea × négliger.

Le fruit du "chinquapin d'Allegheny" est plus petit (la moitié de la taille d'une châtaigne) et n'est pas aplati (les châtaignes sont aplaties d'un côté). Les feuilles du chinquapin d'Allegheny sont plus petites que celles du châtaignier d'Amérique et ont des dents moins distinctes. 

Chataignier "chinquapin d'Allegheny"

 

 

Certains arbres ayant dans leur dénomination courante le nom de châtaignier n'ont en réalité aucun rapport avec la famille des Fagacées : châtaignier du Brésil, châtaignier des Antilles, châtaignier de Guyane, châtaignier de Malabar, châtaignier de Tahiti, entre autres.

Les Européens leur ont donné ce nom par analogie de l'usage de leurs fruits féculents.
 

 

 

Culture du châtaignier

 


- La châtaigne germe très facilement mais les arbres de verger sont greffés pour assurer une bonne production de fruits.

- La castanéiculture est le nom donné par l'administration française à la production commerciale de châtaignes en verger.

- Le chancre de l'écorce est une redoutable maladie engendrée par un champignon.
 

 

 

Étymologie Châtaignier

 


Le nom du genre vient du latin castanea qui désigne aussi bien l'arbre que le fruit, il est issu de l'adjectif en grec ancien καστάνεια "kastáneia", lui-même dérivé de κάστανον / "kástanon" ("châtaigne"), probablement emprunté à une langue d'Asie Mineure (arménien kaskeni qui désigne l'arbre et kask le fruit). 

 

Cette racine étymologique se retrouve dans de nombreuses langues celtiques, romanes, germaniques et slaves : 

Chestnut en anglais, 

Kastanien en allemand, 

Kasztan en polonais, 

Castaño en espagnol, 

Castagno (la plante) et castagna (le fruit) en italien, 

Kistinen et kistin en breton. 

En arabe arabe : gastal, gastanat, kastanā

En arabe persan : kastâne (l'arbre) 

En arabe syrien : kastana 

ont pour origine le mot sanskrit : kāṣṭha qui désigne l'arbre en général ou tout ce qui est ligneux, ce qui laisse supposer que le châtaignier fut introduit de l'Est et que la châtaigne était le fruit par excellence dans les régions d'Asie mineure.

 

Dans l'Antiquité on a pensé que kástana pouvait provenir d'un nom de lieu comme celui du village de Kastana, en Magnésie dans la région de Thessalie, mais il est plus probable que ces noms de lieux viennent du nom de la châtaigne et de son arbre bien diffusé dans cette région.
 

Castanea était l'ancien nom des chênes avant de désigner le châtaignier. Au-delà il semblerait que l'origine soit le Moyen-Orient où le terme kasht désigne un arbre fruitier en général.

Sativus : signifie "cultivé" en latin. 

Châtaigniers en fleurs - (Linda De Volder / flickr.com)


 

 

 

Toponymie


De nombreux phytotoponymes rappellent l'existence d'un castaneus (châtaignier) ou d'une ancienne castanetum, c'est-à-dire d'une châtaigneraie.

 

 

Les noms de famille :

Castagnède, Castagnet, Castagné, Castagner, Castang, Castant, Castaing, Castagnier, Castanié, Castaner etc...mais aussi Chastang, Chastand, Chastain, Châtain, Chastagner, Chastanet, Chastenet, Châtaignier, Châtaigne, 

 

Les noms de communes, villages, lieux-dits formés à partir du nom dialectal du châtaignier sont fréquents :

Castaing ou Castagnac, Chastenay, Châtenet ou Châtenois, ou plus simplement la Châtaigneraie.



 


 

 

 

Mythologie greco-romaine

 

 texte de Laurentius Legatus de Crémone issu de la Renaissance italienne du 16° siècle.


Dans la mythologie gréco-romaine, le châtaignier est la dépouille de la nymphe Néa, compagne de Diane, qui préféra se tuer plutôt que de céder aux avances de Jupiter qui tentait de la violer.

 
Ivre de colère, le dieu la métamorphosa en un CastaNea (chaste Néa), châtaignier dont les fruits garnis de bogues piquants symbolisent cette aventure.

Ambroise Dubois, 1500/1600 (XVIe siècle) Jupiter lançant la foudre


 


 

 

 

Mythologie celtique

 


Selon le calendrier Celtique,

du 15 au 24 mai et du 12 au 21 novembre, 


Chez les Celtes les racines noueuses du châtaignier sont un symbole de virilité et son fruit a longtemps été considéré comme un aphrodisiaque.

Ses feuilles dentelées en forme de lance lui donnent l’image d’un guerrier incorruptible, symbole de l'inflexibilité des lois célestes et terrestres.

Le châtaignier tel un gardien de la porte de l’hiver, permet aux hommes et aux bêtes de survivre à une époque où la nature était morte.

Et de nos jours pendant toute la période entre Noël et nouvel An, les marrons se mêlent aux pommes pour farcir oie ou dinde de fête.

A la fois arbre fruitier et arbre forestier, le châtaignier est un arbre de tradition qui, au fil des ans, a su instaurer avec les hommes une affectueuse complicité.

Les natifs, tout comme l'arbre, ont une image paisible, aimable et tolérante. Ils sont le symbole d'une grande honnêteté et d'une franchise exemplaire, associé à des personnes  humbles, secourables, pleine d’humour et de bon sens.


 

 

 

Traditions chrétiennes

 


Ézéchiel - genese

XXXI, 7, 8.
 ..."Les cèdres du jardin de Dieu ne lui étaient rien de son lustre, les sapins n'étaient pas pareils à ses branches, et les Châtaigniers n'étaient pas semblables à ses rameaux"... 

 

Livre de Daniel 
13-58
..."Dis-moi donc sous quel arbre tu les as vus se donner l’un à l’autre ?
 Il répondit : "Sous un châtaignier"...

 

Dans le folklore hispanique, les châtaignes incarnent les âmes du purgatoire. 

 

 

Il y a 8 à 9 millions d'années (Miocène / âge Tertiaire).

 


Les châtaignes ont un faible pouvoir de dispersion, sauf lorsqu'elles sont transportées par l'homme ou d'autres animaux (zoochorie). C'est donc essentiellement l'homme qui a permis à l'espèce de reconquérir de vastes surfaces forestières en Europe durant les derniers millénaires. 


On a découvert des traces fossilisées, notamment en Ardèche grâce au géologue Bernard Riou qui a ainsi pu démontrer sa présence (avant une première extinction) 
 


 

2000 av. J.C.


Selon les analyses palynologiques, le châtaignier apparait en Dordogne à partir de l'âge du bronze vers 2000 av. J.-C., 
 

 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Une armée grecque aurait survécu à leur retraite d'Asie Mineure en 401–399 avant J.C. grâce à leurs réserves de châtaignes. 


Source : Histoire de Châtaigne par Peggy Trowbridge Filippone. Pour les ressources de cuisine, histoire de l'alimentation, sur About.com.
 

 

Théophraste (v.371av. J.C.-288 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique  ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste, élève d’Aristote, 
appelait communément la châtaigne le "gland de Zeus".

 

 

 

I° siècle av. J.C.

 


Virgile (70 av. J.-C.-19 av. J.-C.), poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

Bucoliques III

Dans le dernier vers du dialogue avec Mélibée, 

Tityre dit : ..."Ici, du moins, tu aurais pu te reposer, avec moi cette nuit, sur des feuilles vertes ; nous avons des fruits mûrs, des châtaignes moelleuses et du fromage frais en abondance (...)".


Troisième Bucolique par John Dryden

 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 


Tite-Live (Titus Livius 59 av.- 17 ap. JC), historien de la Rome antique, auteur de la monumentale œuvre de l'Histoire romaine (Ab Urbe condita libri : AUC).

..."Lors de la Guerre des Gaules, l'armée de Jules César fit abattre et incendier les forêts de châtaigniers pour affamer les populations locales"... 

 

 


les Romains faisaient bon usage de la châtaigne comme indiqué dans la recette de

"mijoté de lentilles aux châtaignes"

tirée de l'ouvrage "De re coquinaria" - qui reste à ce jour une des sources les plus complètes sur la cuisine romaine.

De re coquinaria ou L'Art culinaire est le nom donné à une compilation de recettes culinaires romaines en dix livres constituée à la fin du IV° rédigés dans un latin très dégradé (par rapport au latin classique de l’Empire romain), bien que placé sous l'autorité de Marcus Gavius Apicius  (25 av. J.C.-37 ap. J.C.) célèbre riche romain, cuisinier et gastronome, figure de la haute société romaine, dont l'existence est signalée sous les règnes des empereurs Auguste et Tibère. 

Apicius, De Opsoniis et Condimentis (Amsterdam : J. Waesbergios), 1709.



 

 

 

VI° - IX° siècle

 


Le "Capitulare de villis vel curtis imperii" souvent abrégé en "Capitulaire de Villis"  est un acte législatif édicté entre 770 et 813 par Charlemagne pour la bonne gestion des domaines impériaux. (Un seul manuscrit écrit en latin médiéval, montre comment les jardins de l'époque carolingienne est conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel en Allemagne). 


..."viridarium ou verger

Il doit contenir plusieurs exemplaires des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier"...


 

 

 

XI° siècle

 


Le Moyen Age utilise le châtaignier pour la confection de plessis (haies)
afin de  délimiter les cultures, et les jardins.


 

 

 

XIII° siècle

 


La culture de la châtaigne est importée en France au XIII° siècle par des moines d'Asie Mineure,  qui pratiquent sa plantation et son greffage. 


Elle est utilisée en purées, grillée sous la cendre ou dans des poêles trouées, mais aussi en farine, elle devient la base de l’alimentation dans de nombreuses régions qui en plantèrent  sauvant la population de la famine ce qui lui vaudra d’être surnommée "arbre à pain".

 

 

Saint Albert le Grand (1200-1280), connu aussi sous les noms d’Albert de Cologne et Albertus Magnus, frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste et chimiste allemand. 

recommandait :

"Castanea autem cum sale trita, et postea cum melle temperata, valere dicitur contra, morsum anguium et rabidi canis."

"la châtaigne mélangée à du sel et cuite ensuite avec du miel, contre les morsures de serpent et la rage".


 

 

 

XIV° siècle

 

 

Pietro de Crescenzi francisé en Pierre de Crescent ou Pierre de Crescens (1230-1320 ou 1321) magistrat et agronome italien du XIII° siècle, qui fut également un écrivain (de langue latine), auteur d’un traité,

Le Ruralium commodorum opus.

Plantation et le greffage des châtaigniers 

Musée de la châtaigneraie à Joyeuse.

 


1370-1400

La Récolte des châtaignes

Anonyme italien

Tacuinum sanitatis (Tableau de santé); folio 15 verso


 

1390-1400

Nouvelle acquisition latine 1673, 

fol. 11, Récolte des châtaignes. 

Tacuinum sanitatis, Milano or Pavie (Italy), .

 

 

Enluminure extraite du Tacuinum sanitatis (Tableau de santé)

Châtaignes. 

dans sa version latine illustrée du milieu du XVe siècle 

(manuscrit de la BnF, cote 9333)


 

 

 

XVI°  siècle

 


Germain-Colin Bucher (1475-1545) poète angevin de la Renaissance.


Épitaphe d'un ivrogne 

Et haïssait lait, cerises et pommes,

Figues, raisins, et tout autre fruitage,

Sinon les noix, châtaignes et fromages ;

 

 

1583, 


Jean Liébault (1534-1596)Auteur  et Charles Estienne (1504?-1564) Auteur

Éditeur  :  J. Du Puys (Paris)

L'Agriculture et maison rustique

..."une infinité de personnes ne vivent que de la châtaigne...". 
 


 

XVII° siècle

 

 

Elle a connu son apogée en France au XVII° siècle. 

 

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français 

Les Fables IX

 

Le Singe et le Chat


Bertrand avec Raton, l'un Singe et l'autre Chat,

Commensaux d'un logis, avaient un commun Maître.

D'animaux malfaisants c'était un très bon plat ;

Ils n'y craignaient tous deux aucun, quel qu'il pût être.

Trouvait-on quelque chose au logis de gâté,

L'on ne s'en prenait point aux gens du voisinage.

Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté

Etait moins attentif aux souris qu'au fromage.

Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons

Regardaient rôtir des marrons.

Les escroquer était une très bonne affaire :

Nos galants y voyaient double profit à faire,

Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.

Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui

Que tu fasses un coup de maître.

Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naître

Propre à tirer marrons du feu,

Certes marrons verraient beau jeu.

Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,

D'une manière délicate,

Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,

Puis les reporte à plusieurs fois ;

Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.

Et cependant Bertrand les croque.

Une servante vient : adieu mes gens. Raton

N'était pas content, ce dit-on.

Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes

Qui, flattés d'un pareil emploi,

Vont s'échauder en des Provinces

Pour le profit de quelque Roi.
 

 

 

 

vers 1680

Jean-Baptiste Bonnart (1654-1726) peintre et graveur français

 

 

La Crieuse de châtaigne. 


Cette vendeuse de châtaigne

Fait un médiocre profit ;

Et si l'on en croit ce qu'on dit,

Elle boit bien ce qu'elle gaigne.

 

Gravure extraite du Recueil des modes de la cour de France


 

 

 

1698

Louis de Bernage (1663-1737) Intendant en Limousin en 1698, rédige sur la demande du roi Louis XIV, un Mémoire sur la Généralité de Limoges :

"...Tout le pays est couvert par quantité de bois de châtaignier dont le fruit fait la principale nourriture des habitants ...".


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Jean-Pierre Louis Laurent Houël (1735-1813) graveur, dessinateur et peintre français.

Le Châtaignier des cent chevaux sur les pentes de l'Etna

(entre 1776 et 1779), 

Paris, musée du Louvre.


 

 

 

Donatien Alphonse François de Sade, (Marquis de Sade, 1740-1814) homme de lettres, romancier, philosophe,

Historiettes, Contes et Fabliaux, 


La fleur de chataignier


On prétend, je ne l’assurerais pas, mais quelques savants nous persuadent

que la fleur de châtaignier a positivement la même odeur que cette semence

prolifique qu’il plut à la nature de placer dans les reins de l’homme pour la

reproduction de ses semblables.

Une jeune demoiselle d’environ quinze ans, qui n’était jamais sortie de la

maison paternelle, se promenait un jour avec sa mère et un abbé coquet dans

une allée de châtaigniers dont l’exhalaison de fleurs parfumait l’air dans le

sens suspect que nous venons de prendre la liberté d’énoncer.

— Oh mon Dieu, maman, la singulière odeur, dit la jeune personne à sa mère,

ne s’apercevant pas d’où elle venait… mais sentez-vous, maman… c’est une

odeur que je connais.

— Taisez-vous donc, mademoiselle, ne dites pas de ces choses-là, je vous en prie.

— Eh pourquoi donc, maman, je ne vois pas qu’il y ait de mal à vous dire que

cette odeur ne m’est point étrangère, et très assurément elle ne me l’est pas.

— Mais, mademoiselle…

— Mais, maman, je la connais, vous dis-je ; monsieur l’abbé, dites-moi donc,

je vous prie, quel mal je fais d’assurer maman que je connais cette odeur-là.

— Mademoiselle, dit l’abbé en pinçant son jabot et flûtant le son de sa voix,

il est bien certain que le mal en lui-même est peu de chose ; mais c’est que

nous sommes ici sous des châtaigniers, et que nous autres naturalistes, nous

admettons en botanique que la fleur de châtaignier…

— Eh bien, la fleur de châtaignier ?

— Eh bien, mademoiselle, c’est que ça sent le f…


 

 

 

1780

Antoine Augustin Parmentier (1737-1813) pharmacien militaire, agronome, nutritionniste et hygiéniste français.

En 1780, il publie à Paris et à Bastia un Traité de la châtaigne. Dans cet ouvrage, outre la description de l’arbre et du fruit, il expose ses différentes expériences scientifiques  destinées à déterminer le meilleur moyen de la conserver et de la consommer, après sa récolte en automne. 

 

Traité de la châtaigne, Paris, Bastia, 1780, Monory, in-8°, XXVIII-160 p
page 38

"...comment conserver la châtaigne ?

Je vais indiquer aux amateurs de la Châtaigne une recette pour la manger verte pendant toute l’année : elle consiste à faire bouillir ce fruit environ quinze à vingt minutes dans l’eau, et à l’exposer ensuite à la chaleur d’un four ordinaire, une heure après que le pain en a été tiré : par cette double opération, la Châtaigne acquiert un degré de cuisson, de dessication propre à la conserver très long-temps, pourvu qu’on la tienne dans un lieu extrêmement sec on peut s’en servir ensuite en la mettant réchauffer au bain-marie ou de vapeur, c’est ce que les Limousins nomment las fournflat : ceux qui préfèrent de la manger froide n’ont besoin que de la laisser renfler à l’humidité l’espace d’un jour ou deux.

Mais toutes ces méthodes de conservation ne sont applicables que pour une certaine quantité de Châtaignes ou de Marrons. Il faut avoir recours, pour conserver de grandes provisions, à un autre moyen, qui, dans l’espace de quelques jours, met ce fruit, quelque humide qu’on le suppose, en état de se garder des siècles sans appréhender qu’il subsiste d’avaries. On y parvient par le moyen du séchoir à fumée, que nous, décrirons bientôt. […]

 

pages 62-69

"les différentes préparations populaires autour de la châtaigne au XVIII° siècle...

Les habitans des montagnes du côté de Luques en Toscane font sécher les Châtaignes de la même manière que dans les Cévennes ; et , pour les conserver plus longtemps, ils les réduisent en farine, l’entassent dans des pots de terre bien bouchés, où elle se conserve plusieurs années, pour s’en servir comme nourriture ; ils en préparent des espèces de galettes qu’ils font cuire, ou, pour mieux dire, bêcher entre deux plaques de fer, semblables à-peu-près à celles sur lesquelles on fait les crepes de sarrasin. Ces galettes, quoiqu’elles aient la forme de celles que les Américains préparent avec la farine de Magnoc, sont infiniment meilleures que la cassave. 

Une autre préparation qui n’est pas moins en vogue en Italie et chez les Corses, c’est celle qui consiste à faire cuire la farine de Châtaigne avec de l’eau dans un chaudron sur le feu, à remuer fortement le mélange jusqu’à ce qu’il ai acquis une consistance ténace qui ne s’attache pas aux doigts. Cette préparation est connue sous le nom de polenta ; ailleurs on fait cette bouillie plus claire, et on se sert du lait à la place de l’eau : mais ces différentes manières d’accommoder la Châtaigne, ne sont imaginées que pour varier quelquefois l’usage où l’on est par-tout de la manger en nature...

 

pages 91-93

"Préparation usitée dans le Limousin pour cuire la Châtaigne".

On commence par peler les Châtaignes, en ôtant la peau extérieure : cette opération se fait dès la veille du jour où l’on se propose de faire cuire les Châtaignes. Les Domestiques , dans les maisons des Particuliers , et les Ouvriers , dans les métairies, s’occupent de ce soin pendant la veillée.

Ils détachent assez facilement et avec un couteau la peau extérieure par parties ; mais il n’en est pas de même de la pellicule intérieure qui est adhérente à la substance de la Châtaigne, et qui est comme collée par dessus, parce qu’elle s’insinue dans les sinus profonds de ce fruit, et en revêt les parois. Voici le procédé qu’on emploie pour dépouiller la Châtaigne de cette pellicule, qu’on appelle tan dans le Limousin.

On met pour cela de l’eau dans un pot de fonte de fer. (Il n’y a pas de ménage, dans cette province, qui n’ait ce meuble de cuisine si nécessaire.) On emplit ce pot à peu près à la moitié ; et , lorsque l’eau est bouillante , on y met avec une écumoire des Châtaignes pelées de la veille. […] On laisse le pot sur le feu, et on remue les Châtaignes avec une écumoire , jusqu’à ce que l’eau chaude ait pénétré la substance du tan, et ait produit un gonflement qui détruit son adhérence au corps de la Châtaigne. On s’assure de ce point précis , en tirant du pot quelques Châtaignes , et en les comprimant sous les doigts : lorsqu’elles s’échappent par la compression , en se dépouillant de tout leur tan sans aucun effort, on retire bien vîte le pot du feu, et l’on procède à l’opération du deboiradour. […]  enfin , les Châtaignes paroissent toutes blanchies : c’est le terme dont on se sert pour exprimer le résultat du dépouillement de la pellicule. […]

Ce mets est dessiné pour le déjeûner ; et c’est un spectacle fort agréable de voir les Ouvriers d’une métairie rassemblés autour du panier couvert de linge : le silence qui règne parmi eux , et l’attention avec laquelle chacun tire les Châtaignes de dessous le linge en choisissant toujours les plus rondes, parce qu’ils les regardent comme les meilleures, forment un tableau amusant.

 

page 105-106

..."la châtaigne, aliment vital pour le Limousin"

La Châtaigne présente de grands avantages aux Limousins ; leur sol froid et stérile ne pourroit fournir suffisamment de grains pour leur subsistance annuelle ; ce fruit y supplée. C’est un besoin pour eux, et les habitants des campagnes attendent avec impatience le moment où ils vont jouir de ce bienfait. Ils préfèrent cet aliment à tous les autres ; il est souvent le seul qu’ils peuvent se procurer pendant six mois de l’année ils le recueillent sans frais, sans peine ; et, moyennant quelques précautions simples, ils mettent leur petite provision à l’abri de tous les accidents.

La privation de la Châtaigne seroit donc un véritable fléau pour le Limousin ; dans les années où ce fruit manque, où il est même moins abondant, les paysans sont réduits à la plus déplorable misère, ils trempent de leurs larmes le peu de pain qu’ils peuvent se procurer avec peine; mais l’abondance de la Châtaigne ramène chez eux la joie, et cette volupté pure inconnue des riches oisifs et ennuyés des grandes villes , et qui dédommage en quelque forte cette partie précieuse de l’humanité, des travaux et des fatigues auxquels la nature semble l’avoir condamnée.

Si on prend une idée générale des attentions multipliées que le grain exige depuis l’instant que la nature l’a livré aux cultivateurs , jusqu’à celui où l’art s’en empare pour le nettoyer et le conserver, pour l’écraser sous des meules et le bluter, enfin, pour le soumettre à la fermentation et à la cuisson, on est presque tenté de donner la préférence à la Châtaigne, d’autant mieux que les parties de la fructification de son arbre, ne sont pas frappées des maladies formidables qui anéantissent en un moment le produit de nos moissons, que la culture exige peu de travail, et qu’il faut bien moins de temps et d’efforts pour en retirer le produit alimentaire"...


 

 

 

1786

Francisco de Goya (1746-1828) peintre et graveur espagnol. 

Enfants se battant pour les châtaignes 


 

 

 

XIX° siècle

 

 

Dans les années 1820, les industriels lyonnais découvrent que les tanins du châtaignier permettent de teindre la soie en noir. 

 

 

 

1820

Marchand de Marrons


Marchand d'estampes : Carle Vernet (1758-1836), peintre , dessinateur et caricaturiste, goguettier et lithographe français.

Illustrateur : Francois-Seraphin Delpech 

Marrons de Lyon - Marrons tout chauds


 

 

 

1834

Jean-Pierre Thénot (1803-1857) peintre français 

Source Gallica

Tronc de châtaignier

extrait de cours sur le paysage –


 

 

Source Gallica

Etude terminée de tronc de châtaignier.

 

 

 

1842  

Le colonel Dumas lance l’expression sur le chataignier, qui deviendra célèbre d’ "arbre à pain"
 

 

 

11 Janvier 1868

Théodore Rousseau (1812-1867) peintre et graveur français.

Illustration 1868

La grande allée de châtaignier 

Galerie Khalil-Bey Chérif Pacha 


 


 

1872

Anonyme, auteur du modèle

Marchand de marrons

Institution :Musée Carnavalet, Histoire de Paris


 


 

1878

Anselme Des Tilleuls (1850-19° siècle) auteur et adaptateur de livres pour la jeunesse 

Bernardin-Béchet, éditeur, 1878 (p. 7-8).

 

 

Les marrons grillés


Un habitant du Cantal venait chaque hiver s’installer

sous une porte cochère pour y vendre des marrons grillés.

Les petits garçons, en se rendant à l’école,

ne manquaient jamais, quand le froid était vif,

de s’arrêter devant le fourneau de l’Auvergnat

pour s’y chauffer le bout des doigts.

Ce brave homme, bien souvent, donnait un marron tout chaud

à celui des enfants qui lui semblait le plus gentil.

Victor, le fils d’un tailleur, ayant reçu un de ces marrons

et l’ayant trouvé de son goût, plongea la main dans le sac

et s’empara de plusieurs marrons

pendant que le marchand tournait le dos.

Arrivé à la maison, le petit garçon introduisit

ses marrons dans le foyer et les couvrit de cendres chaudes.

Craignant d’être surpris, il activa le feu en le soufflant avec sa bouche.

Tout à coup, les marrons, dont l’écorce n’avait point été fendue,

éclatèrent avec fracas en projetant des cendres brûlantes

dans les yeux du petit garçon.

Le père quitta sa planche et accourut aux cris de son enfant.

Dès qu’il en connut la cause, il s’écria :

— C’est le bon Dieu qui t’a puni, petit misérable !

je ne te plains pas : les voleurs sont indignes de pitié.

Victor faillit perdre la vue et souffrit beaucoup.

Lorsqu’il revint à l’école, ses camarades,

indignés de sa conduite, le chassèrent.

Victor, repentant et corrigé,

alla implorer sa grâce auprès de l’Auvergnat.


 

 

 

Joris-Karl Huysmans (1848-1907), auteur 1880.

 

Le marchand de marrons


..."Il est là, dans son échoppe, allumant la braise, attisant 

avec son soufflet les charbons du fourneau, écoutant

de toutes ses oreilles les papotages, les parlotes, les cancans

des laitières et des concierges. […] 

Et derrière le malheureux, au travers des vitres qui le séparent

de la piscine aux vins, s’alignent, vives, engageantes,

scintillant sur une planchette posée devant une glace,

des régiments de bouteilles, hautes en couleur et larges en ventre.

Quelle attirance, quelle fascination !

oh ! qui dira le charme des canons et du tafia ?

Ne les regarde point, pauvre hère, oublie froid, faim, bouteilles

et chante, nasillard, ta complainte obstinée :

eh ! chauds, chauds, les marrons !

Va, éreinte-toi, gèle, gèle, souffle sur les fumerons qui puent,

aspire à pleine bouche la vapeur des cuissons, emplis-toi

la gorge de cendre, trempe dans l’eau tes mains bouillies

et tes doigts grillés, égoutte les châtaignes, écale les marrons,

gonfle les sacs, vends ta marchandise aux enfants goulus,

aux femmes attardées ;

hue ! philosophe, hue ! entonne à tue-tête, jusqu’à la pleine nuit,

au clair du gaz, sous le froid, ton refrain de misère :

eh ! chauds, chauds, les marrons !..."
 

 

Jean-François Raffaëlli (1850-1924), 

illustrateur, Paris , H. Vaton, 1880.

Croquis parisiens

Le marchand de marrons

BnF, Réserve des livres rares, RES-8-LI3-751 (B)

Bibliothèque nationale de France

 

 

 

1881

 

Jean Jules Geoffroy (1853-1924) - Illustrateur

 

Le marchand de marrons, 

 

Le marchand de marrons,

A la grande joie de nos écoliers et écolières 

viennent faire cercle autour du chaudron brûlant. 

Le gamin a eu l'audace,

sans posséder un centime de commander.

Mais le vieux bonhomme a le nez fin

et ne veut lâcher le paquet

qu'en échange de sonnant. 

Les deux compagnons rient de la mésaventure 

de leur camarade et cela d'un de

ces rires malins et sournois.


 

 

 

1879

Robert Louis Stevenson (1850-1894) écrivain écossais 

 

Voyage avec un âne dans les Cévennes (1ère édition, 1879)

 

...Sur les versants inférieurs et au-delà de chaque gorge, des châtaigniers, par groupe de quatre, montaient jusqu'au ciel sous leur feuillage épandu. Certains étaient implantés chacun sur une terrasse individuelle pas plus large qu'un lit ; d'autres, confiants en leurs racines, trouvaient moyen de croître, de se développer, de rester debout et touffus sur les pentes ardues de la vallée. D'autres, sur les bords de la rivière, restaient rangés en bataille et puissants comme les cèdres du Liban. Pourtant là même où ils croissaient en masse serrée, ils ne faisaient point penser à un bois, mais à une troupe d'athlètes. Et le dôme de chacun de ces arbres s'étalait, isolé et vaste d'entre les dômes de ses compagnons, comme s'il avait été lui-même une petite éminence. Ils dégageaient un parfum d'une douceur légère qui errait dans l'air de l'après-midi. L'automne avait posé ses teintes d'or et de flétrissure sur leur verdure et le soleil, brillant au travers, atténuait leur rude feuillage, en sorte que chaque épaisseur prenait du relief contre son voisin, non dans l'ombre, mais dans la lumière. Un humble dessinateur d'esquisses lâchait, ici, désespéré, son crayon.


Je voudrais pouvoir donner une idée du développement de ces arbres majestueux, comme ils étalaient leur ramure ainsi que le chêne, traînaient leurs branchages jusqu'au sol ainsi que le saule ; comment ils dressaient des fûts de colonnes, pareils aux piliers d'une église ou comment,  ainsi que de l'olivier, du tronc le plus délabré, sortaient de jeunes et tendres pousses qui infusaient une vie nouvelle aux débris de la vie ancienne. Ainsi participaient-ils de la nature de plusieurs essences différentes. Et il n'était pas jusqu'à leur bouquet épineux du faîte dessiné de plus près sur le ciel qui ne leur conférât une certaine ressemblance avec le palmier, impressionnante pour l'imagination. Mais leur individualité, quoique formée d'éléments si divers, n'en était que plus riche et plus originale. Et baisser les yeux au niveau de ces masses abondantes de feuillages ou voir un clan de ces bouquets d'antiques châtaigniers indomptables, "pareils à des éléphants attroupés" sur l'éperon d'une montagne, c'est s'élever aux plus sublimes méditations sur les puissances cachées de la nature"....


Voyage avec un âne dans les Cévennes

Illustrateur Walter Grue  (1845-1915)

 


 

1885

La Cévenole est un hymne de Ruben Saillens (musique L. Roucaute). Il fut chanté pour la première fois lors d'une réunion commémorant la révocation de l'Édit de Nantes, à Saint-Roman-de-Tousque, le 23 août 1885.

On l'appelle même "la Marseillaise huguenote"


Refrain

..."Ô vétérans de nos vallées, 

Vieux châtaigniers aux bras tordus, 

Les cris des mères désolées, 

Vous seuls les avez entendus. 

Suspendus aux flancs des collines, 

Vous seuls savez que d’ossements 

Dorment là-bas dans les ravines, 

Jusqu’au grand jour des jugements"... 
 

 

 

1885

René Bressler dessinateur

Rougeron-Vignerot, graveur

Estampe, Arts graphiques

"Types parisiens - Le Marchand de marrons"

Deux enfants admirant un marchand surveillant la cuisson de ses marrons

Musée Carnavalet, Histoire de Paris


 

 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) poète français

Recueil : "Paysages et paysans"

 


 La châtaigneraie

 

Gloire à cette rencontre, en ces fonds de la Marche,

Surgissant, après tant de tours et contremarches,

D’une châtaigneraie, immense, en vétusté,

Comblant tout un ravin de son énormité !

 

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,

Lugubres frères noirs en la difformité,

Horrifiant l’endroit par la solennité,

Le morne, et le croulant de leurs rameaux en arches !

 

Grave, tombe au sol frais leur grande ombre qui marche

Sur des cèpes suintant leur venin fermenté.

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,

Lugubres frères noirs en la difformité !

 

Leurs troncs où les renflés d’écorce font des marches,

Moussus, ont pour l’orfraie un escalier ouaté,

Et la sifflante bête, à la torse démarche,

Trouve, en leur gros pied cave, abri, sécurité.

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches !


 

 

 

1890

A partir de 1890, cinq usines d’extraction du tanin s’ouvrent en Ardèche, et en 50 ans la châtaigneraie recule de 20 000 ha :

- Il devient plus rentable d’abattre les arbres pour extraire le tannin que les cultiver pour leur fruit.

 

 

fin 19° siècle

chaussures à châtaignes ou soles (Ardèche), pour écorcer les chataignes.

Celles-ci étaient foulées, après avoir été séchées dans une clède, afin d'être débarrassées de leurs deux peaux pour en faire de la farine.

La sole est composée d'une semelle de bois dans laquelle sont incrustés des pics en fer forgé, surmontée d'attaches de cuir.


 

Les tanins du châtaignier sont extraits en quatre phases : 

- réduction du bois en copeaux ; 

- macération des copeaux en cuves et extraction des tanins ; 

- concentration et cristallisation des tanins 

- broyage des cristaux en poudre.
 


A la fin du 19° siècle, l’encre apparaît, une maladie qui va ravager les châtaigneraies françaises. Des variétés asiatiques sont alors introduites pour lutter contre ses ravages. 


L'encre est une maladie grave du châtaignier, provoquée par un champignon parasite, Phytophtora cinnamomi ou Phytophtora cambivora, qui attaque le système racinaire et le collet de l'arbre provoquant inévitablement son dessèchement et sa mort, plus ou moins rapidement selon son âge.

 

 

 

 

 

XX° siècle

 


Ernest et Gustave Cord / Armand Viré auteurs

Extrait de La Lozère - 1900

"(...) Le Cévenol se nourrit mieux que les autres Lozériens et s'il a moins de laitage sur la table que les montagnards, c'est que la châtaigne qu'il mange été comme hiver, en tient lieu.

La châtaigne est le fond de sa nourriture
et la misère est grande lorsque la récolte de ce fruit est mauvaise"...

 


 

1900

Petits métiers

Marchand de crème glacé et marrons chauds


 

 

 

Guillaume Apollinaire  (1880-1918) poète et écrivain français,

Rhénanes, Alcools, 1913

Rhénane d’automne


..."À nos pieds roulaient des châtaignes

Dont les bogues étaient

Comme le cœur blessé de la madone

Dont on doute si elle eut la peau

Couleur des châtaignes d’automne"...


 

 

 

Jean François Victor Aicard (1848-1921) poète, romancier et dramaturge français.


 

Veillée d'hiver


Alors, qui met la joie à l'âme,

Quand l'aube est si proche du soir ?...

— C'est le bon feu, qui nous fait voir

De petits soleils dans la flamme.

 

Après le feu ? — La flamme encor ;

C'est le calèn d'huile d'olive

Qui porte au front la clarté vive

Comme un roi sa couronne d'or.

 

Puis ? — Le fiasque de vin, sans doute,

Qui, sous sa paille, simplement,

Tient caché tout le firmament,

Une étoile dans chaque goutte.

 

Et puis, après ? — C'est la chanson,

Les contes pour pleurer ou rire...

Oui, mais encor ? — La poêle à frire !.

— Oui, mais le fruit de la saison ?

 

Ingrats ! c'est la châtaigne brune

Qui, sous la cendre chaude, cuit,

Et nous dit, s'ouvrant avec bruit :

"La bouteille est vide. Encore une !"

 

La bonne compagne d'hiver,

Ne l'oublions pas, la châtaigne

Qui s'en vient dès que le froid règne,

Mourir vive près du feu clair.

 

La montagne aux villes l'envoie.

Nos petits montagnards, noircis,

Oiseaux d'hiver, moitié transis,

La vendent comme un pain de joie !

 

Et que d'écoliers en chemin,

Attardés et prêts aux reproches,

Sur les châtaignes, dans leurs poches,

Font chaud à leur petite main !


 

 

 

1920

Paul Chocarne-Moreau (1855-1855) peintre français.

Cliché Braun, Clément et Cie

"Chauds Les Marrons 1920"

Pour avoir trop prestement attaqué les fruits brûlants,
l'agresseur reçoit une punition...cuisante.


 

 

 

1926

Sabine Sicaud (1913-1928) poétesse française.

 

 

La châtaigne


Peut-être un hérisson qui vient de naître ?

Dans la mer, ce serait un oursin, pas bien gros…

Ici, la boule d’un chardon – peut-être

Ou le pompon sournois d’une bardane

Ou d’un cactus ? Mais non, dans le bois qui se fane,

Dans le bois sans piquants, moussu, discret et clos,

Cette chose a roulé subitement, d’en-haut,

Comme un défi… parmi les feuilles qui se fanent.

 

Allez, j’ai bien compris. C’est la saison.

Les geais, à coups de bec, ont travaillé dans l’arbre.

Même les parcs où veillent, tout pensifs, les dieux de marbre,

Ont de ces chutes-là sur leurs gazons.

 

Marron d’Inde là-bas, châtaigne ici. Châtaigne

Rude et sauvage, verte encore, détachée

Par force de la branche où les grands vents, déjà, l’atteignent

Le vent et les geais ricaneurs, et la nichée

Des écoliers armés de pierres et de gaules.

 

Comme il faut se défendre ! Sur l’épaule

De la douce prairie en pente, l’on pouvait

Glisser un jour, à son heure, qui sait ?

Et se blottir dans un coin tiède, pour l’hiver…

Ah! Pourquoi tant d’épines, tant d’aiguilles,

Tant de poignards dressés, pauvre peloton vert ?

Une fente… Voici qu’un peu de satin brille

Et le cœur neuf est là, dessous, et rien ne sert

D’être châtaigne obscure, âpre au goût, si menue !

Fendue, on est une châtaigne presque nue…

 

Et le coup de sabot sur la tête viendra,

Et le couteau pointu, l’eau bouillante, le pot

Qui sue avec de petits rires, des sanglots

Dans les tisons trop rouges ; tout sera

Comme il est dit en l’ordinaire histoire des châtaignes.

 

Et vous ne voudriez pas, quand me renseigne

Dans la ville brumeuse, un cri rauque : "Marrons tout chauds !"

Quand j’aperçois, joufflus, blêmes, sans peau,

Ou craquelés et durs avec des taches de panthère,

Les frères de ma sauvageonne, tous ses frères

Vous ne le voudriez pas, que j’évoque, là-bas,

Un vieil arbre perdant ses feuilles rousses,

Et me souvienne du choc sourd, lourd, lourd comme un glas,

De pauvres fruits tués qui tombent sur la mousse ?


 


 

1928 -1929

Le piseur que M. Monnier invente en 1928-1929, va bouleverser le décorticage des châtaignes sèches. Les châtaignes entrent dans la machine par le haut avec les peaux, sont décortiquées et ressortent pas le bas épluchées et triées.
 

Une fois séchées, les châtaignes doivent être encore épluchées : c’est l’opération de décorticage appelée pisage quand on enlève le première peau dure (le péricarpe), et repisage quand on enlève la seconde peau (le tan) fine et fripée. 


Pour "piser" les châtaignes tout un matériel spécialisé d’abord manuel puis mécanique a été mis au point au fil des siècles.  Tous les systèmes actuels dérivent directement de cette invention. 

Décortiqueur châtaignes M. Monnier - Musée de la châtaigne - Joyeuse - Ardèche


 

 

 

Jean Giono (1895-1970) écrivain français.

Que ma joie demeure

..."Quiconque a senti un jour de printemps sur les plateaux sauvages l’odeur amoureuse des fleurs de châtaignier comprendra combien ça compte de fleurir souvent"...  
 


 

1939

Jimmy Kennedy (1902-1984) parolier et compositeur irlandais, 
avec H. Kennedy ; T.Connor

Musique de Glenn Miller

 


Sous le châtaignier qui s'étend

 

Sous le châtaignier qui s'étend

je l'aimais et il m'aimait

Là j'avais l'habitude de m'asseoir sur ses genoux

Sous le châtaignier qui s'étend

Là sous les branches que nous avions l'habitude de rencontrer

Tous ses baisers étaient si doux

Tous les petits oiseaux faisaient "tweet-tweet"

J'ai dit "Je t'aime", et il n'y a pas de si ou de mais

Il a dit "Je t'aime", et le forgeron a crié "Chestnut!"

 

Sous le châtaignier qui s'étend

Là, il a dit qu'il m'épouserait

Maintenant tu devrais voir notre famille

Sous le châtaignier qui s'étend !

Là sous les branches que nous avions l'habitude de rencontrer

Tous ses baisers étaient si doux

Tous les petits oiseaux faisaient "tweet-tweet"

Sous le châtaignier qui s'étend

Là, il a dit qu'il m'épouserait

Maintenant tu devrais voir notre famille

Sous le châtaignier qui s'étend !


 

 

 

Dr Edward Bach (1886-1936) médecin et homéopathe britannique,

Les Douze "Guérisseurs" et autres remèdes (1ère édition 1941)

..."La fleur de châtaignier est préparée "Pour ces moments que certaines personnes vivent où l’angoisse est si grande qu’elle semble insupportable. Quand l’esprit ou le corps se sent comme s’il était arrivé à l’extrême limite de son endurance et qu’il doit maintenant se rendre. Quand il semble ne rien rester d’autre à envisager que la destruction et l’anéantissement."...
 

 

 

1945

Fang wen pei : auteurs  

e mei zhi wu tu zhi - "Châtaigne d'Henryi" - Castanea Henryi

Institute of Botany, CAS


 

 

 

Années 1947

Raoul Thomen (1876-1950) illustrateur, dessinateur humoristique et auteur de bande dessinée belge.

Carte postale "petits métiers de la rue"

Marchand de marrons


 

 

 

1948

Suzanne Ballivet (1904-1985) peintre et illustratrice française.

Le vendeur de marrons


 


 

1949

Dans "1984" de George Orwell (1903-1950) écrivain, essayiste et journaliste britannique.

Anonyme

Troisième Partie - Chapitre VI

le châtaignier est utilisé dans des poèmes récités tout au long (modifiant "The Chestnut Tree" de Glen Miller - 1939 
..."Le café du Châtaignier était presque vide. 
...
Sous le châtaignier qui s’étale,
Je t’ai vendu, tu m’as vendue !..."

 

 

 

1970

Barbara (1930-1997) auteure-compositrice-interprète française, 

Paroles de la chanson 

Il automne

" …Il automne, il automne,

Il automne des pommes rouges

Sur des cahiers d’écoliers.

Il automne des châtaignes

Aux poches de leur tablier…"
 

 

 

1975

Guy Thomas (1934-2020) parolier et poète français d'origine belge ayant écrit plusieurs chansons à succès, notamment pour et en collaboration avec Jean Ferrat.

Chanson de Jean Ferrat

 

Le châtaignier 


J'entends les vieux planchers qui craquent

J'entends du bruit dans la baraque

J'entends j'entends dans le grenier

Chanter chanter mon châtaignier

 

Bien à l'abri dans ma soupente

Moi j'entends chanter la charpente

J'entends les poutres qui se plaignent

Ce n'est pas du bois vermoulu

De ne plus donner de châtaignes

En supportant mon toit pointu

 

J'entends les vieux planchers qui craquent

J'entends du bruit dans la baraque

J'entends j'entends dans le grenier

Chanter chanter mon châtaignier

 

Quand on devient poutre-maîtresse

C'est tout le toit qui vous oppresse

Il faut chanter tout doucement

La chanson de ses origines

Celle qu'il me chante en sourdine

En y mettant du sentiment

 

J'entends les vieux planchers qui craquent

J'entends du bruit dans la baraque

J'entends j'entends dans le grenier

Chanter chanter mon châtaignier

 

C'est surprenant mais c'est logique

Il chante la chanson magique

Qu'il a apprise au fond des bois

Il me chante une chanson tendre

Que je suis le seul à comprendre

Quand la nuit vient à petits pas

 

J'entends les vieux planchers qui craquent

J'entends du bruit dans la baraque

J'entends j'entends dans le grenier

Chanter chanter mon châtaignier

 

C'est vrai pourtant qu'il nous protège

Contre le froid contre la neige

Tout en berçant mes insomnies

Ce n'est pas une chanson triste

Mon châtaignier est un artiste

Qui continue d'aimer la vie

 

J'entends les vieux planchers qui craquent

J'entends du bruit dans la baraque

J'entends j'entends dans le grenier

Chanter chanter mon châtaignier


 

 

 

1977

Renaud Séchan, dit Renaud, (1952) auteur-compositeur-interprète français.

Paroles de la chanson :


Laisse béton

..."Y m’a filé une beigne

J’ai filé un marron

M’a filé une châtaigne

J’ai filé mon blouson … "
 

 

 

Jan dau Melhau (1948) écrivain, musicien, chanteur, conteur et éditeur français dont la langue de production est l’occitan du Limousin.

Le mythe du chataignier

Le long voyage du châtaignier, de l’Orient vers l’Occitanie en passant par la Corse, par un conteur limousin qui tresse le français et l'occitan d'une façon originale et poétique.


 

 

 

1995

Lawrence Sail (1942) poète et écrivain britannique contemporain.

Sweet Chestnuts, de Building into Air, 1995

Traduit de l'anglais par Émile Martel

 


Châtaigniers


 Le fait de ne pas nommer l'objet, mais de présenter

Les châtaigniers, peut éventuellement devenir

Un hommage aux quiddités simples des choses —

Par exemple, de quelle manière sur l'herbe trempée d'octobre

Ils reposent, ébrasés, leur tête de massue verte et piquante toute

Explosée pour laisser voir un intérieur velouté

Pas tout à fait jaune, pas tout à fait blanc ni gris :

Et, étrangement carrés, les immeubles de fruits bruns,

Les trois ou quatre qui se tiennent au milieu,

Plus ou moins emboîtés, faciles à déloger.

 

Il vient le sentiment que quelque chose de secret est montré,

Qu'on révèle un lieu tendre au toucher,

Une indication offerte de ce qui interdit

À l'objet sa solitude, son indépendance.

Par-dessus le fruit tombé, l'arbre qui enfle ;

En-dessous, le milieu tordu des racines.

À l'intérieur de l'objet, sans nom, le sujet caché,

Son absence qui nous revient aussi naturellement

Que le cœur bondit en entendant le nom de son amour.


 

 

Robert Bourdu (1924-2014) professeur à la faculté des sciences d'Orsay (Université Paris-Sud). Matière de recherche et d'enseignement : la physiologie végétale, spécialisation métabolisme.

Le Châtaignier

..."Il existe peu d’arbres qui imprègnent aussi fortement de leur caractère les coutumes et la vie d’un terroir que le fait le châtaignier. En cela l’olivier lui est, peut être, comparable. Le chêne le hêtre sont les seigneurs de la forêt, les saules et peupliers indiquent les voies d’eau, comme les frênes les itinéraires routiers, le châtaignier lui, est familier […] Son ample frondaison et son tronc massif font penser à un grand-père paisible et accueillant. Il est tout à la fois arbre fruitier et arbre forestier, sans que l’on puisse affirmer que sa forêt n’est pas un ancien verger abandonné ou que son verger n’est pas une forêt aménagée. Il occupe quatre pour cent du parc forestier, mais sans jamais former de belles futaies, seulement des taillis denses où l’exploitation ne satisfait que les fendeurs et les fabricants de feuillards ..."
 


 

XXI° siècle

 


2006

Emmanuel Rastouil - auteur


 

Le châtaignier.

 


Ivre de fraîches eaux, de soleil et de vent

Il se pose repu, rallongeant sa tenture,

Et ses bras écartés dévoilent, je l’assure,

Abondance de fruits, les bogues en avant.

 

Les courbes de son dos offrent un paravent

Digne d’un lit ouvert juste à notre mesure,

Il invite à la paix, la détente et rassure,

Rend le contemplatif amoureux et rêvant.

 

L’automne à l’œil marron fait sa métamorphose,

Il sera là, bientôt, embrumant toute chose,

Nonchalamment, mais sûr d’arriver à ses fins.

 

Aussi le châtaignier relâche son étreinte

Et laisse l'étranger en morosité feinte

Quand, lorsqu'il pleut, la terre exhale ses parfums.


 


 

2008

Hespérance - auteur

 

La châtaigne et le marron

 

Une jolie châtaigne en belle robe verte

Vivait aux bois jolis sur son châtaignier

Non loin de là était la demeure entrouverte

D'un marron qui poussait sur son beau marronnier.

 

Arriva la saison où marrons et châtaignes

Se retrouvent tout nus sur la mousse des bois

Le marron fait le beau, la belle le dédaigne

Moi je suis comestible et vous ne l'êtes pas.

 

On m'appelle marron losque je suis confite,

Mon nom à ce moment devient marron glacé

On crie chaud les marrons lorsque je suis bien cuite

En me sortant des flammes où je viens de griller.

 

Mais ce n'est pas monnom, je suis une châtaigne

Châtaignes et marrons ne sont que des cousins

Ne croyez surtout pas, marron que je vous craigne

Mais vous, vous finirez chez le pharmacien.

 

Elle avait bien raison, le fruit du marronnier

Finit en traitement pour soigner les humains

La châtaigne au contraire, là pour les régaler

Va réjouir leur palais et calmera leur faim.

 

Quand vous irez au bois ramasser des châtaignes

Vous tous enfants des villes, le marron est tout rond

Un méplat d'un côté et c'est une châtaigne

Attention de ne pas vous laisser faire...marrons...  


 

 

 

03/11/2018

Carole Radureau - auteur -



La poésie-châtaigne

 

La poésie est une châtaigne

Qui crie au plus profond de la nuit

Qu’elle aime vivre et sans elle

Que serait le pain

Que seraient les vers libres de la vie ?

 

Comme une robe

Glisse sur sa peau

Une soie lumineuse et joyeuse

Si douce et si généreuse :

Un déshabillé à respecter.

 

Si le manteau qui protège son cœur aimant

Hérissé de piquants

Barricades contre la faim et l’agonie

Ouvre sa porte

La belle poésie- châtaigne dans un bâillement

Surgit et c’est la joie et c’est la rime et c’est la muse

En cascade

Pure.

 

La poésie est un fruit rond marron

Couleur des yeux de la forêt

Qui songe avec ravissement

Au crissement des bogues

Sous les pas.

 

La poésie est la fille de l’arbre-père

De l’arbre de vie

Qui a laissé choir

Sans émoi

Ses enfants

Bien protégés.

 

Une grande famille de force vive

De vitamines, habillée

De grande valeur

De morale pure

Héritée sans se soucier

Des mots-piquants

Des mots-duvet

Des mots-soie

Fusant tels des rires

De la couchette accueillante du sous-bois.


 

 


2020

Frederic Cogno, poète autodidacte, rêveur et passionné, 


 

Les châtaignes

 

Quand l’automne ôte l’oripeau,

Quand frissonnent les louveteaux

Dans la ténébreuse forêt ;

Quand le givre aux orgelets blancs

Fige les mots des revenants

Sur quelques sentes émaciées ;

Quand le soleil en vieil archange

Bénit les fruits tombés des branches

Pour l’écureuil, le sanglier…

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !

 

Ça sent bon la bûche de chêne,

Les petits chèvres des Cévennes,

Le fantôme du bourrelier ;

Je crois entendre les conteuses,

Les sabots de bois des faucheuses

Au cantou des cèpes séchés ;

La causerie au pied de l’âtre

Se réunit autour du pâtre

Qui dans la cendre a déposé...

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !

 

Ces coings confits, ces bonnes mines,

Ces yeux trinquant la williamine

Ont attendu cette veillée ;

On cajole les figarettes

Qui crépitent sous les cagettes

Et dans la braise ensommeillée ;

Quel miracle cet arbre à pain,

Chacun a son cornet en main

Chauds les marrons pour la mémé…

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !


 

 

 

Châtaigniers remarquables :


 

Le châtaignier des cent chevaux (italien : Castagno dei Cento Cavalli et sicilien : Castagnu dê Centu Cavaddi) est le plus grand et le plus ancien châtaignier connu en Europe. Il fait partie des 150 arbres déclarés "d’intérêt historique et monumental exceptionnel " en Italie.

Situé sur la route de Linguaglossa à Sant'Alfio, sur le versant oriental de l'Etna en Sicile.

Il est généralement considéré comme âgé de 2 000 à 4 000 ans.

Il s'agit d'un châtaignier commun (Castanea sativa). La circonférence de l'arbre faisait 57,9 mètres quand il a été mesuré en 1780.

L'arbre s'est depuis divisé en plusieurs gros troncs, mais ils partagent toujours les mêmes racines.

En 2006, le châtaignier des cent chevaux a été déclaré par l’UNESCO, "monument porteur d'une culture de paix"


 

 

Le châtaignier du château de Blaasveld Anvers en Belgique

 

Le châtaignier tri-centenaire de Momalle (6,30 m à 1,50 m du sol en 2008) en Belgique


 

 

Dictons et proverbes châtaignes

 


"Là où croissait le châtaignier, l’homme s’est installé. Là où l’homme partit s’installer, il apporta le châtaignier".

"Jusqu'à ce que les châtaigniers soient fleuris, ne sortez pas les couvertures des lits"

"Altéré comme une poêle à châtaigne"

"Chaque châtaigne, trois coups boire"

"De noix, de fille, de châtaigne, la robe cache les défauts"

"Femme et châtaigne, belle en dehors, en dedans la malice"

"La femme est comme la châtaigne belle au dehors et dedans le ver" 

"La femme est comme la châtaigne brillante en dehors mais en dedans le défaut"

"La femme est comme la châtaigne gâtée, belle au dehors amère au dedans" 

"Pluie de Notre-Dame, - Fait tout vin ou tout châtaigne".

 

proverbe créole : 

Fanm sé chatenn, nonm sé fouyapen - "Les femmes sont des châtaignes, les hommes sont des fruits à pain"

 

Proverbe Corse :

Esse cume a castagna, bèlla di fóra, ingrentu macagna. "être comme la châtaigne, belle à l'exterieur, gâtée dedans".

 

 

Citations châtaignes


Gustave Flaubert (1821-1880) écrivain français 

"Châtaigne : femelle du marron."

 

Hervé Bazin (1882-1944) écrivain

"Le fichu caractère de ma femme avait des causes physiologiques. Son opération l'a transformée.

Evidemment, elle sera toujours un peu châtaigne sous bogue, mais elle devient vivable".
 

 

 

Langage et symbole du châtaignier et des châtaignes


Surnommé "le pain du pauvre", le châtaignier est le symbole :

de force tranquille, de justice, de vérité, de générosité et de prévoyance.

On peut un Châtaignier arbre générosité lors d'un Hommage. 


 


 

 

Mythes et légendes

 


- La châtaigne servait de monnaie pour payer les redevances des paysans aux seigneurs. 

- Le tronc du châtaignier abritait les voyageurs.

- Les jeunes hommes offraient des châtaignes à leur promise en demandant sa main. Si elle les faisait cuire, ça voulait dire oui. Si elle les laissait dans le panier, ça voulait dire non. Il arrivait que pour se venger, il lui renvoie les pelures.

- Le tronc creux du châtaigner est le symbole du purgatoire, raison pour laquelle il arrive encore qu’on dépose une châtaigne dans les cercueils.

- La bogue de châtaigne qui s’ouvre, libérant son fruit est comparée au manteau de Saint Martin, dont il donna la moitié aux pauvres.


 

 

 

Utilisation du chataignier et des chataignes

 

Le bois

Le bois de châtaignier n'est pas un bois dur. Parmi ses principaux atouts, c'est un bois facile à travailler et à fendre, et son bois de cœur est très riche en tanins, ce qui en fait un bois durable. De plus il a une croissance rapide en taillis. Il est mis à contribution pour de multiples usages

dans :

- l'artisanat, la construction et l'agriculture depuis des siècles en Europe.

- le chauffage comme combustible ;

- l'agriculture comme échalas pour la vigne, piquet et plessage dans la construction de clôtures, etc ;

- la tonnellerie pour les douves (et autrefois aussi pour les cerclages)

- l'exploitation minière ;

- le bâtiment, notamment en charpente de toiture et comme élément de couverture (essente, bardeau, volige), 

- l'ébénisterie (mobilier, sculpture des petits objets );

- la menuiserie (lambris, moulures, huisserie, etc);

- pour la vannerie 

On trouve en France de nombreuses charpentes de toitures très anciennes en bois de châtaignier (La halle de Monpazie), souvent très peu altérées, attestant la durabilité de cette essence au long des siècles. On le retrouve fréquemment dans les maisons anciennes, y compris à l'étage montagnard, où les poutres de châtaignier sont souvent d'origine. Cependant, comme pour le chêne, s'il est exposé à l'humidité, les tanins solubles dans l'eau seront lessivés, ce qui diminue fortement la durabilité du bois.

Sa haute teneur en tanin fait que les araignées ne tissent pas leur toile sur ce bois, les charpentes en châtaignier restent donc durablement assez propres.

Il a été largement exploité de 1890 à 1960 pour sa richesse en tanins (6 % dans l'écorce, 13 % dans le bois et les bogues), en particulier dans la région lyonnaise, ce qui a conduit à la destruction de vieux peuplements entiers.

C'est un bois de chauffage moyen (mi-dur, projection d'escarbilles, fumée moyennement importante).

Halle de Montpazier


 

 

 

Utilisation alimentaire des châtaignes


Les châtaignes de plusieurs espèces sont consommées, en Europe, en Asie et Amérique du Nord. 

La châtaigne, mangée bouillie ou rôtie, constitue un aliment féculent très nutritif, fort employé dans les régions productrices et vendu dans les rues des villes sous le nom de marrons. 

Une fois ramassées, le séchoir à châtaignes permet de les sécher pour les conserver avant consommation, soit directement, soit après transformation par exemple sous forme de. À l'heure actuelle, en France, ces fruits servent surtout à la fabrication de marrons glacés, de crème de marrons et de marrons au naturel pour accompagner la dinde de Noël.

..."chaud les marrons, chaud"...

"La crème de marrons"

"la purée de marrons"

"marrons glacés"

"dinde aux marrons"

"farine de châtaignes" 

 

 

La châtaigne fait partie du régime alimentaire d'oiseaux (geais, corbeaux, pigeons) et de mammifères (sangliers, cerfs, écureuils).


 

- En France, mêmes les feuilles sont recherchées pour parfumer et emballer le fromage de chèvre comme le banon et le mothais sur feuille.

 


- Les abeilles tirent du châtaignier un miel foncé et de goût prononcé.
miel de châtaignier  à la couleur rouge ambrée et aux multiples vertus.

 Son goût fort et corsé, légèrement amer, est recherché des amateurs. Il est connu pour ses vertus  toniques.

Il serait aussi reminéralisant car riche en fer, faciliterait la circulation sanguine, serait bénéfique pour les rhumatisants et pourrait même stopper les maux de tête. On dit aussi qu'il serait bénéfique pour lutter contre l'ostéoporose.

 

 

 

Origine du marron glacé

Il existe plusieurs théories différentes :
Le premier marron glacé serait apparu à la cour du roi Louis XIV, grâce au sieur François Pierre de La Varenne, qui fit cuire une châtaigne avec du sucre (d'après son livre Le Parfaict Confiturier). 


Selon certains, la recette du marron glacé apparaîtrait pour la première fois au XVI° siècle, à Lyon.

 

D'autres affirment que le marron glacé est né à Coni, en Italie, toujours au XVI° siècle, en raison d'une grande disponibilité de châtaignes et d'une diffusion du sucre sans précédent.


En France, la première fabrique de marrons glacés a été créée en Ardèche par Clément Faugier, en 1882, afin d'utiliser une matière première importante dans la région


 

Propriétés médicinales du châtaignier :

L'écorce et le bois, grâce à leur teneur en tanin, constituent des astringents efficaces ; c'est la plante des hémorroïdes et des varices, pour ces actions anti-inflammatoires...

Les feuilles en infusion ont été employées contre la toux, la coqueluche et les catarrhes.

Les chatons désséchés sont utilisés avec succès contre la diarrhée.
 

 

 

Fêtes de la châtaigne

 


Des fêtes de la châtaigne sont organisées pendant les mois de récolte, en France et à travers le monde, dans les régions tempérées ou poussent les châtaigniers, pour célébrer ce fruit qui a nourri tant de personnes par le passé et qui fait partie intégrante du patrimoine gastronomique et culinaire.

 

En France

En France, nous avons plusieurs régions à forte vocation castanéicole : l’Ardèche, les Cévennes, le Périgord, la Corse, le Cantal  et le Massif des Maures, dans le Var, où ont lieu des fêtes de la châtaigne...

Les castagnades d’Ardèche se déroule en automne, entre les mois d’octobre et de novembre, pendant le temps de la récolte.

 

À Collobrières, capitale du Massif des Maures, les fêtes de la châtaigne se déroulent chaque année depuis plusieurs dizaines d'années, durant les trois derniers dimanches du mois d'octobre. 
Ces festivités attirent des milliers de personnes venues profiter du cadre, de l'ambiance et du plus grand marché de producteurs et d'artisans de la saison.

À Catenay, en Seine-Maritime, la fête de la châtaigne se déroule chaque année le dernier dimanche d'octobre avec environ 3000 visiteurs. 
Dans le village se tient un marché de l'artisanat et des saveurs d'automne avec des châtaignes fraîches, grillées et transformées (pain, farine, gâteau, galette, confiture, bière...). 
Une randonnée thématique a lieu le matin. Le midi, un repas à base de châtaigne est proposé.

À Villardonnel, dans la Montagne Noire, la fête des châtaignes a lieu chaque année entre octobre et novembre. 
Cette fête, traditionnellement appellée Las castanhas é lo vin novel, met en avant non seulement la culture castanéicole mais également le vin et les produits régionnaux. 
Les festivités durent deux jours avec en point d'orgue une grande foire3 avec des procteurs et artisans locaux. Sa première édition remonte à 1969.

A Mourjou, dans la châtaigneraie cantalienne, a lieu la Foire de la châtaigne et du châtaignier. 
Le programme s'articule autour d'un vaste marché autour des produits issus de la châtaigne et/ou du châtaignier. 
De nombreuses animations sont proposées: techniques, musique et chants, animations pour les enfants, repas, randonnée, gastronomie, etc. L'association du Pélou  organise cette grande fête depuis 1995, l'avant dernier week-end d'octobre. A noter que depuis 2018, la Châtaigneraie cantalienne bénéficie du label "Site Remarquable du Goût".

A Saint-Pons de Thomières dans l'Hérault a lieu la célèbre Fête de la Châtaigne qui vous donne rendez vous chaque dernier week-end d'Octobre,  avec un Grand marché toute la journée :  
Les rues du village sont occupées par les nombreux stands : producteurs locaux, artisanats, culinaires ...
Des Animations : Le cœur de la fête se tient Place du Foiralet (vers la Source et le long de l'Aguze) où les châtaignes sont grillées à l’aide de rouleaux aux feux de bois et proposées à chacun dans un cornet typique.
Un peu partout sur la fête vous croiserez des animations en mouvement, des fanfares les compagnons du devoir et bien d’autres ... 

En Italie, 
On cultive la châtaigne pratiquement partout. Les fêtes de la châtaigne ne possèdent pas de caractère sacré. Ce sont, avant tout, des traditions agricoles et paysannes, une occasion de se réunir dans les campagnes autour d’un repas à base de spécialités d’automne. 

En Espagne
La Castanyada en Catalogne, le Magosto en Galice, la Magosta en Cantabrie, ou le Magüestu aux Asturies sont une fête populaire que l'on célèbre le jour de la Toussaint, bien que ces derniers temps la célébration ait été déplacée la veille de ce jour, ou bien ou dans les jours proches. 
En effet, dans le folklore hispanique, les châtaignes incarnent les âmes du purgatoire. 
Il existe une dimension presque sacrée dans les célébrations autour de la châtaigne. 
 Pendant ces festivités, on mange des châtaignes rôties accompagnées de vin et de cidre. Les plus jeunes peuvent, dans certaines localités, célébrer les châtaignes à l’école ou même à l’université. 

Au Portugal, 
On retrouve une fête de la châtaigne assez similaire à celle d'Espagne. Mais les traditions castanéicoles s’inscrivent davantage dans le cadre de la religion chrétienne, notamment lors de fêtes comme la Toussaint et la Saint-Simon. 
Parmi ces traditions, un rituel répandu au Nord du Portugal consiste à installer des châtaignes sur une table pour les morts de la famille, un repas qu’aucun personne vivante n’est autorisée à toucher.

 

En Suisse
À Saint-Gingolph, petit village castanéicole entre la Suisse et la France, a lieu chaque deuxième week-end d'octobre depuis 1989 la plus vieille fête de la châtaigne du Valais. La brisolée royal ainsi que le sanglier à la broche y sont les principales spécialités.

 

 

À Catenay, en Seine-Maritime, la fête de la châtaigne se déroule chaque année le dernier dimanche d'octobre avec environ 3000 visiteurs. 
Dans le village se tient un marché de l'artisanat et des saveurs d'automne avec des châtaignes fraîches, grillées et transformées (pain, farine, gâteau, galette, confiture, bière...). 

Une randonnée thématique a lieu le matin. Le midi, un repas à base de châtaigne est proposé.

 

 

À Villardonnel, dans la Montagne Noire, la fête des châtaignes a lieu chaque année entre octobre et novembre. 
Cette fête, traditionnellement appellée Las castanhas é lo vin novel, met en avant non seulement la culture castanéicole mais également le vin et les produits régionnaux. 
Les festivités durent deux jours avec en point d'orgue une grande foire avec des procteurs et artisans locaux. Sa première édition remonte à 1969.

A Mourjou, dans la châtaigneraie cantalienne, a lieu la Foire de la châtaigne et du châtaignier. 
Le programme s'articule autour d'un vaste marché autour des produits issus de la châtaigne et/ou du châtaignier. 
De nombreuses animations sont proposées: techniques, musique et chants, animations pour les enfants, repas, randonnée, gastronomie, etc. L'association du Pélou  organise cette grande fête depuis 1995, l'avant dernier week-end d'octobre. A noter que depuis 2018, la Châtaigneraie cantalienne bénéficie du label "Site Remarquable du Goût".

A Saint-Pons de Thomières dans l'Hérault a lieu la célèbre Fête de la Châtaigne qui vous donne rendez vous chaque dernier week-end d'Octobre,  avec un Grand marché toute la journée :  
Les rues du village sont occupées par les nombreux stands : producteurs locaux, artisanats, culinaires ...
Des Animations : Le cœur de la fête se tient Place du Foiralet (vers la Source et le long de l'Aguze) où les châtaignes sont grillées à l’aide de rouleaux aux feux de bois et proposées à chacun dans un cornet typique.
Un peu partout sur la fête vous croiserez des animations en mouvement, des fanfares les compagnons du devoir et bien d’autres ... 

En Italie, 
On cultive la châtaigne pratiquement partout. Les fêtes de la châtaigne ne possèdent pas de caractère sacré. Ce sont, avant tout, des traditions agricoles et paysannes, une occasion de se réunir dans les campagnes autour d’un repas à base de spécialités d’automne. 

En Espagne
La Castanyada en Catalogne, le Magosto en Galice, la Magosta en Cantabrie, ou le Magüestu aux Asturies sont une fête populaire que l'on célèbre le jour de la Toussaint, bien que ces derniers temps la célébration ait été déplacée la veille de ce jour, ou bien ou dans les jours proches. 
En effet, dans le folklore hispanique, les châtaignes incarnent les âmes du purgatoire. 
Il existe une dimension presque sacrée dans les célébrations autour de la châtaigne. 
 Pendant ces festivités, on mange des châtaignes rôties accompagnées de vin et de cidre. Les plus jeunes peuvent, dans certaines localités, célébrer les châtaignes à l’école ou même à l’université. 

Au Portugal, 
On retrouve une fête de la châtaigne assez similaire à celle d'Espagne. Mais les traditions castanéicoles s’inscrivent davantage dans le cadre de la religion chrétienne, notamment lors de fêtes comme la Toussaint et la Saint-Simon. 
Parmi ces traditions, un rituel répandu au Nord du Portugal consiste à installer des châtaignes sur une table pour les morts de la famille, un repas qu’aucun personne vivante n’est autorisée à toucher.

 

En Suisse
À Saint-Gingolph, petit village castanéicole entre la Suisse et la France, a lieu chaque deuxième week-end d'octobre depuis 1989 la plus vieille fête de la châtaigne du Valais. La brisolée royal ainsi que le sanglier à la broche y sont les principales spécialités.

 

 

A Mourjou, dans la châtaigneraie cantalienne, a lieu la Foire de la châtaigne et du châtaignier. 

Le programme s'articule autour d'un vaste marché autour des produits issus de la châtaigne et/ou du châtaignier. 

De nombreuses animations sont proposées: techniques, musique et chants, animations pour les enfants, repas, randonnée, gastronomie, etc. L'association du Pélou  organise cette grande fête depuis 1995, l'avant dernier week-end d'octobre. A noter que depuis 2018, la Châtaigneraie cantalienne bénéficie du label "Site Remarquable du Goût".

 

A Saint-Pons de Thomières dans l'Hérault a lieu la célèbre Fête de la Châtaigne qui vous donne rendez vous chaque dernier week-end d'Octobre,  avec un Grand marché toute la journée :

Les rues du village sont occupées par les nombreux stands : producteurs locaux, artisanats, culinaires ...

Des Animations : Le cœur de la fête se tient Place du Foiralet (vers la Source et le long de l'Aguze) où les châtaignes sont grillées à l’aide de rouleaux aux feux de bois et proposées à chacun dans un cornet typique.
Un peu partout sur la fête vous croiserez des animations en mouvement, des fanfares les compagnons du devoir et bien d’autres ... 

 

En Italie, 

On cultive la châtaigne pratiquement partout. Les fêtes de la châtaigne ne possèdent pas de caractère sacré. Ce sont, avant tout, des traditions agricoles et paysannes, une occasion de se réunir dans les campagnes autour d’un repas à base de spécialités d’automne. 

 

En Espagne

La Castanyada en Catalogne, le Magosto en Galice, la Magosta en Cantabrie, ou le Magüestu aux Asturies sont une fête populaire que l'on célèbre le jour de la Toussaint, bien que ces derniers temps la célébration ait été déplacée la veille de ce jour, ou bien ou dans les jours proches. 

En effet, dans le folklore hispanique, les châtaignes incarnent les âmes du purgatoire. 

Il existe une dimension presque sacrée dans les célébrations autour de la châtaigne. 

Pendant ces festivités, on mange des châtaignes rôties accompagnées de vin et de cidre. Les plus jeunes peuvent, dans certaines localités, célébrer les châtaignes à l’école ou même à l’université. 

 

Au Portugal, 

On retrouve une fête de la châtaigne assez similaire à celle d'Espagne. Mais les traditions castanéicoles s’inscrivent davantage dans le cadre de la religion chrétienne, notamment lors de fêtes comme la Toussaint et la Saint-Simon. 

Parmi ces traditions, un rituel répandu au Nord du Portugal consiste à installer des châtaignes sur une table pour les morts de la famille, un repas qu’aucun personne vivante n’est autorisée à toucher.


 

En Suisse

À Saint-Gingolph, petit village castanéicole entre la Suisse et la France, a lieu chaque deuxième week-end d'octobre depuis 1989 la plus vieille fête de la châtaigne du Valais.

La brisolée royal ainsi que le sanglier à la broche y sont les principales spécialités.

 

 

Musées sur le chataignier et maisons à thème

 

Le musée de la châtaigneraie, situé à Joyeuse dans le département de l'Ardèche, permet la découverte de la culture de l'arbre le plus important économiquement du département. Il présente une collection d'outils anciens, d'objets usuels et de mobilier. En complément, il propose le sentier du châtaignier.


La maison du châtaignier, située à Châlus, dans la Châtaigneraie Limousine, est un espace muséographique interactif entièrement consacré au châtaignier, à ses possibilités ainsi que celles de la châtaigne, et qui présente l'activité et la production du métier de feuillardier.


La maison du châtaignier, à Saint-Pierreville, dans le nord de l'Ardèche, retrace également l'histoire locale de la castanéïculture, au travers d'objets, de pièces d'archives et de documents sonores.
 

 

 

Pour en savoir plus

 

- L’énergie des arbres – Plantes et Santé, hors série 2017

- Histoires d’Arbres, des sciences aux contes – Philippe Domont, Edith Montelle

- Calendrier Celtique – Michaël Vescoli

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9 novembre 2022 3 09 /11 /novembre /2022 23:12

 

 

Mythologie des arbres


Le noyer - Juglans regia 

 

 

Le noyer commun ou noyer est un arbre assez commun, cultivé pour son bois recherché en ébénisterie et ses fruits , les noix , riches en huile .

 

C'est le seul représentant en France de la famille des Juglandacées . Il est parfois appelé arbre de perse, calottier , écalonnier , gojeutier ou noyer royal. C'est un arbre robuste et résistant à la plupart des maladies, toutefois, il craint le gel printanier.

 

Le noyer est un arbre majestueux au tronc épais et aux grosses branches. Il atteint la taille de 20 à 25 m, s’il pousse en solitaire alors qu’il peut atteindre 30 m en peuplement. La croissance en hauteur se termine au bout de 60 à 80 ans. Il est originaire d'Orient, Asie centrale, régions montagneuses de l’ouest de l’Himalaya: Cachemire, Tadjikistan et Kirghizistan. On trouve encore dans ces pays des noyers sauvages dans des forêts plus ou moins dégradées.

 

Il peut donner des fruits, les noix en pleine production jusqu'à 70 ans, elle continue jusqu'à 200 ans, mais la production faiblit.

 

La durée de vie du noyer peut atteindre 600 ans.

 

Connais-tu le noyer, l'arbre au feuillage sombre,

Qui couvre au mois de juin tout un champ sous son ombre ?

Connais-tu le rugueux et robuste noyer,

Le voisin de la ferme et l'ami du foyer ?

Achille Millien (1838 1927) poète et un folkloriste français.


 

 

 

Son écorce est gris-clair, mince et lisse pour les jeunes, parcourue de profondes fissures avec les années.

 

 

 

Ses feuilles, caduques, alternes, assez grandes, sont composées, imparipennées et penninerves. Elles dégagent une odeur aromatique lorsqu’on les frotte.


 

 

 

Sa floraison, au début du printemps, colorera votre jardin grâce à ses jolies fleurs mâles groupées en chatons pendants, verdâtres, au sommet de rameaux de l’année précédente, insérés latéralement sur les rameaux et qui apparaissent avant les feuilles. Les chatons éclosent peu avant ou en même temps que le débourrement des feuilles entre avril et mai (ou juin suivant la région). 


 

 

Les fleurs femelles plus discrètes qui apparaissent plus tard sont généralement disposées par paires à l'extrémité des rameaux de l’année. Les fleurs ne comportent pas de pétale. Elles ne sont visibles que de près.

Pancrat - 28 janvier 2019 - fleurs femelles de noyer


 

 


La pollinisation se fait par le vent. Comme le décalage entre les périodes de floraison mâle et femelle diminue avec l’âge de l’arbre, la probabilité d’autopollinisation augmente avec le temps. La période de l’émission du pollen et la période de floraison femelle ne se chevauchent que très peu de temps. 
 

Les fruits, les noix, sont des drupes vertes, formées d’un brou charnu, contenant une coquille (noyau) à deux valves ligneuses, à l'intérieur de laquelle se trouve une amande réticulée, formée de deux cotylédons oléagineux. 


- le fruit entier tel que porté par l'arbre, 


 

- le fruit débarrassé de son écale verte


 

- les cerneaux comestibles. 


 

Les fruits sont mûrs à l'automne, en septembre-octobre. C'est le risque de gelée printanière qui fixe la limite nord de leur aire d'extension. Les noix sont souvent disséminées par les corneilles, écureuils et geais.

Les noyers poussant en forêt ne fructifient pratiquement pas.


 

 

L’intérieur du fruit du noyer comporte une coque dure qui renferme la noix, le fruit comestible sous forme de deux cerneaux séparés par le péricarpe.

Selon la théorie des signatures, l’analogie est grande entre les contours de la noix et la forme du cerveau. Ce qui laisse à penser que la noix serait bénéfique pour l’esprit. 
 

 

 

Espèces et variétés de noyer

 


La plupart des noyers couramment utilisés en France sont des variétés de Juglans regia. Elles diffèrent principalement par la taille et la qualité des noix, la période de récolte et le port de l'arbre. Certaines sont anciennes, d'autres plus récentes ou sont importées d'Amérique.


Le noyer est auto-fertile mais, pour la production en verger, il vaut mieux planter plusieurs variétés se fécondant entre elles car il existe un décalage dans le temps entre les floraisons mâles et femelles, chacune durant peu de temps.


Il ne produit pas de fruits avant une quinzaine d'années pour la plupart des variétés. Il existe toutefois quelques variétés plus rapide ou même très rapide : à partir de quatre à cinq ans après la plantation !


 

 

 

Variétés traditionnelles 

(variétés de Juglans regia) 

 


"Bijou" :

Arbre productif à port érigé.

Très grosses noix à coque dure, qui servait autrefois à faire des boîtes à bijoux.

Récolte : Maturité début octobre.

 

 

"Meylannaise' :

Arbre Très vigoureux. Rendement moyen. Port semi-érigé. Excellent pollinisateur.

Noix globuleuses de taille moyenne.

Floraison tardive en mai juin. Production octobre.

 


"Ronde de Montignac"

Arbre assez vigoureux. Port semi-érigé. Espèce pollinisatrice.

Coque claire, à pointe développée. Noix assez petites mais savoureuses.

Floraison en mai-juin. Récolte octobre-novembre.

 

 

"Parisienne" :

Arbre vigoureux. S'adaptant à des sols de richesse moyenne (Pollinisateurs : Franquette, Mayette).

Noix légèrement rectangulaire, s'ouvrant facilement. Goûteuses.

Floraison tardive, mai-juin - Récolte septembre - octobre.

 

 

"Marbot"

Arbre très vigoureux. Rendement moyen. Port érigé ou semi-étalé (Pollinisateur :  Franquette)

Qualité des noix et usage : Noix globuleuses, s'ouvrant facilement. Surtout pour la noix fraîche.

Floraison assez tardive, en mai - Récolte octobre

 


"Mayette" : 

Arbre vigoureux (pollinisateurs : Franquette, Corne du Périgord).

gros fruit à coque demi-dure, bonne qualité gustative. 

Récolte fin septembre 

 

 

"Franquette" : 

Arbre vigoureux et rustique. Mise à fruits rapide : à partir de 10 ans environ. 

Grosses noix à coque demi-dure d'un arôme délicat 

Récolte : Maturité  fin octobre (pollinisateurs : Parisienne, Mayette, Meylannaise et'Ronde de Montignac).

 

 

 

Variétés nouvelles

(variétés de Juglans regia)

 

 

"Ferjean"

Arbre à fructification très rapide, après 5 ans environ. Port semi-érigé, qui demande un sol riche et de l'eau. Résiste à la bactériose.

Noix savoureuse de taille moyenne à la coque fine.

Floraison assez précoce en avril. Récolte assez tardive en octobre.

 


"Pieral-Lara"

Arbre à Port semi-érigé à semi-étalé, d'une vigueur moyenne, à fructification très rapide (4 ou 5 ans). (Pollinisateurs : Franquette, Fernette et Ronde de Montignac')

Très grosse noix à coque mince. Bonne qualité, saveur douce.

Récolte fin septembre.
 


 

Variétés américaines


 

"Hartley"

Arbre vigoureux, fructification rapide : 10 ans. À planter dans des régions à climat chaud.

Grosse noix de bonne qualité.

Floraison précoce mi-mars-mi-avril. Récolte assez tardive.

 

 

"Chandler"

Arbre peu vigoureux à forme semi-étalée. (Pollinisateur : Fernette).

Grosse noix précoce de bonne qualité.

Floraison assez précoce fin avril.

 


 

 

Variétés à bois uniquement

 

"Noyer noir ou Noyer d'Amérique" (Juglans nigra) :

Grand arbre à développement rapide. Adapté aux sols lourds et humides.

Noix amères.

Cultivé pour l'ornement et son bois apprécié des ébénistes.

 

 

"Lozeronne" :

Arbre vigoureux. Excellente qualité de bois. (pollinisateur Noyer hybride - J. regia x J. nigra)

Très petits fruits.

récolte : Sans intérêt.

 

 

"Noyer hybride" ( J. regia x J. nigra ) :

Arbre à croissance très rapide. La circonférence augmente en moyenne de 5 cm par an.

Aucun fruit. 

récolte : Sans intérêt.


 


 

Etymologie


Du latin populaire "nucalis" (noix) devenu "nucarius" (noyer), dérivé du latin classique "nux" (noix.)
Nom commun (Vers 1150) 

- ancien français : noier, 

- Grec ancien :  karúa 

- Normand : nayer 

- Occitan : noguièr 

- Italien : noce

- Allemand : Walnussbaum 

- Anglais : walnut tree 

- Espagnol : nogal 

- Portugais : nogueira

 

Autre noms  :

le nom générique du noyer vient :

du latin "juglans" qui signifie noix, contraction de " Jovis glans", "Gland de Jupiter". 

regia : signifie royal.

Arbre dédié par les Romains au Père de tous les dieux. 

 

On l'appelle aussi :

Nouerdier ; Anouyé ; Gaillier ; Goghier ; Calotié ; Cassotyé ; Nouss ; Piyon ; Nolier ; Nouyar ; Nouey ; Neujaoli ; Calongnié.

 

La culture de noix est la NUCICULTURE

Un Producteur de noix s'appelle un NUCICULTEUR, 

Un verger de noyer s'appelle une NOYERAIE.


 

 

 

Mythologie grecque

 

 

Dans la mythologie grecque, le noyer était lié au dieu Dionysos. 


Dionysos, (Bacchus chez les romains), dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure, invité du roi Dion de Laconie, avait trois filles.

 

Dyonisos tomba amoureux de l'une d'elle, la princesse  Carya, et coucha avec elle en secret. 


Mais par jalousie, Lyco et Orphe, soupçonnant une histoire d'amour entre Dionysos et leur sœur, l'empêchèrent d'avoir des rapports avec le dieu, et dénoncèrent ses amours coupables à leur père. 


Furieux, et pour se venger, Dyonisos les a rendues folles, état dans lequel elles se sont enfuies vers le mont Taygète , où elles ont été transformées en rochers. 


Carya, qui cependant aimait ses soeurs, mourut de chagrin. Dionysos, toujours amoureux, métamorphosa le corps de Caria  en un noyer luxuriant, afin de produire des fruits fructueux, (Carya, en grec, se dit karwon, carya ou caryo, qui signifie "noix" mais aussi "noyau").


Les Laconi construisirent plus tard un temple en son honneur et, à son entrée, ils placèrent des statues sculptées en bois de noyer représentant les trois sœurs, appelées plus tard Caryatides. 


 

 

 

Mythologie greco romaine

 


Le noyer fut aussi considéré comme un arbre divinatoire voué tantôt à Artémis (grecque) Diane (romaine), la déesse chasseresse, tantôt à Perséphone (grecque) Proserpine (romaine), déesse des enfers (mais aussi déesse du printemps) la fille de Déméter  (grecque) Cérès (romaine) enlevée par Hadès (grec) Pluton (romain). 


 

 

Mythologie celte

 

Le noyer chez les celtes


Du 21 au 30 avril et du 24 octobre au 11 novembre


C’est un arbre important chez les celtes qui place ses natifs sous le signe de de l’intériorité (voire du secret) et de la passion.


Selon le calendrier celtique,


Les personnes nées sous le signe du noyer ont un caractère absolu. Ainsi, les natifs du noyer sont des épicuriens très jaloux passionnés et animés d’une grande joie de vivre !


Ils sont surprenants et plein de contrastes, et peut démontrer de l'agressivité, il est généreux, spontané, ambitieux, il est un partenaire difficile mais souvent admiré, stratège hors pair, il ne fait aucun compromis.


 

 
.


Le noyer et la religion

 

Cantique des Cantique 6 11

"Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir les jeunes pousses dans le vallon".

 

 

 

Rites  sous un noyer


Le noyer est l’un des lieux de rendez-vous des sorcières lors des sabbats nocturnes. 

Les sorciers organisaient des sabbats sous un certain noyer jusqu'à ce que, au début du XIIe siècle, le pape Pascal II fasse construire sur son emplacement l'église Santa Maria del Popolo. 


 

 

 


Il y a 115 000 ans, En Asie, le noyer commun survécut au "Dernier maximum glaciaire" dans des refuges isolés, situés entre la Chine et l’Asie centrale et le Caucase.


L’étude des dépôts de pollen fossile de Juglans regia ont montré que des populations de noyers poussaient au sud de l’Espagne, en Italie, France, Suisse, Bulgarie, Grèce, Albanie et Turquie durant le Pléistocène supérieur (période précédant l’Holocène, commençant il y a 126 000 ans et allant jusqu’à il y a 12 000 ans).


Les premières traces du noyer retrouvées datent de 17 000 ans, période où a vécu l’homme de Cro-Magnon. Elles se situent dans un gisement de Peyrat à proximité de Terrasson en Dordogne.


 

 

 

Il y a 7550 ans


Des fossiles de coquilles de noix ont été trouvés dans le nord-est de l'Italie datant de 7550 ans 

 

 

fin VII° siècle - début VI° siècle av. J. C.  


Ésope, (VII° - VI° s. av. J.C.) écrivain grec 

traduction par Émile Chambry,

..."Un noyer qui se trouvait au bord d’une route et que les passants frappaient à coups de pierres, se disait en soupirant : 

Malheureux que je suis de m’attirer tous les ans des insultes et des douleurs !"...
 

 

 

III° siècle av. J.C.


Originaire de l’Asie Mineure, de l'Himalaya et de la Chine, le noyer a été introduit de Perse en Grèce dès l'Antiquité, puis en Italie par les Romains. 


 

 

 

Le noyer commun commence à être cultivé en Gaule à partir de l’Âge de Fer II, c’est-à-dire entre 300 et 49 av.J.-C. et généralement les archéobotanistes s’accordent à dire que les régions d’Europe centrale et septentrionale cultivent le noyer commun dans le sillage des invasions romaines.

 

 

T. Maccius Plautus (Plaute 254 av. J-C-190). Venu très tôt à Rome, où il apprit le latin et le grec, et où il se mit au service d’une troupe de comédiens ; à la fin de sa vie, il était auteur, directeur de troupe et entrepreneur de spectacles.

Curculio (Le Charançon ou Le Parasite) pièce de théâtre comique en cinq actes - v. -193.

Au tout début    de la pièce (Acte I, scène 1)  

"Qui e nuce nuculem, esse uolt, fragit nucem"  

"Qui veut manger la noix commence par briser la coquille".


 


 

I° siècle av. J.C.

 

Tertentius Varron (116-27 av. J.C.) écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre,

Rerum Rusticum Agricultura

Chapitre XVI du livre I

..." comme le chêne, les noyers grands et durs, dans leur voisinage rendent stérile le fon de la terre"... 


 

 

 

Catulle (84 av. J.C.-54 av. J.C.) poète romain

 


Epithalame de Julie et de Manlius

 

Mais ne tardez plus à vous faire entendre, 

chants fescennins ; et toi, naguère le favori de ton maître, 

aujourd'hui l'objet de ses dédains, 

esclave, ne refuse point aux enfants les noix qui leur sont dues.

 

Inutile mignon, jette des noix aux enfants. 

Et toi aussi, assez longtemps tu as joué avec des noix ; 

maintenant il te faut prêter ton ministère à Thalassius. 

Esclave, jette des noix aux enfants.

 

Hier, ce matin encore, 

tes joues s'ombrageaient d'un duvet naissant; 

maintenant le barbier va raser ton menton. 

Pauvre, pauvre mignon, jette des noix aux enfants....


 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 


Il y a 2000 ans

Les grandes forêts "naturelles de noyers dans les portions reculées du Ferghana ou la plus grande forêt de noyers du monde" des monts Chatkal du Kirghizstan se sont révélées avoir environ 2 000 ans. 


 

 

Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.


Elégie du noyer


Noyer planté sur le bord de la route, je suis, malgré mon innocence,attaqué par les passants à coups de pierres. Telle est la peine ordinairement infligée aux coupables pris en flagrant délit, alors que l'heure de la justice arrive trop lentement au gré de la vengeance populaire. 


Mais moi je n'ai commis aucun crime, à moins que ce ne soit un crime de donner chaque année des fruits à mon maître. Autrefois, quand les temps étaient meilleurs, les arbres se disputaient à qui d'entre eux serait le plus fertile. Alors le maître reconnaissant avait coutume, à la venue des derniers fruits, de couronner de guirlandes les dieux du labourage ; ainsi, ô Bacchus, tu admiras souvent tes raisins ; souvent aussi Minerve admira ses olives. 


Les fruits eussent alors porté préjudice à l'arbre maternel, si une longue fourche n'eût étayé ses branches affaissées. Bien plus, à cette époque, les femmes imitaient notre fécondité : pas une alors qui ne fût mère ; mais depuis que le platane au stérile ombrage eut obtenu des honneurs exclusifs, nous autres, arbres fruitiers nous commençâmes à développer outre mesure notre spacieux feuillage ; aussi ne portons-nous plus de fruits chaque année ; et l'olive et le raisin n'arrivent au cellier que rabougris. 


Maintenant, pour conserver sa beauté, la femme ne craint pas de corrompre le germe de sa fécondité, et il en est peu dans notre siècle qui veuillent bien être mères. De même que Clytemnestre, je pourrais me plaindre, et dire : "Si j'eusse été stérile, je serais plus en sûreté." Que la vigne sache un jour le danger de sa fertilité, et elle étouffera ses raisins dans leur germe ; que l'arbre de Pallas vienne à l'apprendre, et il empêchera ses olives de croître ; que cela soit connu du pommier et du poirier, et bientôt l'un et l'autre n'auront plus de fruits ; que le cerisier aux produits de couleurs diverses en soit instruit, il ne sera bientôt plus qu'un tronc inutile. Je ne suis point jaloux ; mais pourquoi n'y a-t-il d'épargné que l'arbre orné d'un vain feuillage ? Regardez l'un après l'autre ces arbres dans toute l'intégrité de leur parure, c'est qu'ils n'ont rien qui les expose à recevoir des coups. 


Pour moi, au contraire, je vois mes branches mutilées, ou criblées de cruelles blessures ; et mon écorce entamée laisse à nu mon sein tout meurtri. Ce n'est pas la haine qui m'attire ce traitement, mais l'espoir du pillage. Que les autres comme moi portent des fruits, et ils se plaindront de même. Ainsi donc il a tort celui dont la défaite promet quelque profit au vainqueur ; le pauvre ne mérite pas qu'on cherche à lui nuire : ainsi craint les embûches le voyageur qui porte quelque argent ; il marche avec tranquillité s'il a sa bourse vide : ainsi je suis le seul attaqué, parce que moi seul je vaux la peine de l'être. 


Les autres gardent toujours intact leur vert feuillage ; s'il en est près de moi dont la rameaux brisés jonchent la terre de leurs débris, la faute en est à moi seul : mon voisinage leur a été fatal, et la pierre qui m'a frappé est retombée sur eux. Que je mente si les arbres éloignés de moi ne conservent pas dans tout son éclat leur beauté native ! Oh ! s'ils étaient doués de sentiment, et qu'ils parlassent, comme ils maudiraient ce funeste voisinage. Qu'il est affreux de voir la haine s'unir aux outrages que j'endure et d'être accusé par ses voisins d'être trop près d'eux ! Mais, dira-t-on, je suis pour mon maître un sujet de fatigue et de graves inquiétudes. Et que me donne-t-il, je vous prie, autre chose qu'un peu de terre ? Je pousse facilement et de moi-même dans un terrain sans culture, et la place que j'occupe est presque la voie publique. 


Pour m'empêcher de nuire aux moissons (car on m'accuse de leur nuire), on me relègue à l'extrémité des champs. Jamais la faux de Saturne n'émonde mes branches superflues, et jamais la bêche ne rafraîchit le sol qui durcit auprès de moi. Dussé-je périr de sécheresse ou être brûlé par le soleil, on ne me fera point l'aumône du moindre filet d'eau. Mais à peine mon fruit mûr a-t-il entr'ouvert son enveloppe, que la gaule impitoyable vient à son tour me prendre à partie. Elle fait pleuvoir dans toute mon étendue une grêle d'horribles coups, comme s'il ne me suffisait pas d'avoir à me plaindre des coups de pierre.


Alors tombent mes noix qui, elles aussi, trouvent place au dessert, et que tu recueilles, ô fermière économe, pour les conserver. Elles servent également aux jeux des enfants, soit que debout, et à l'aide d'une noix lancée sur les autres, ils rompent l'ordre dans lequel elles sont disposées ; soit que, baissés, ils atteignent en un ou deux coups le même but, en la poussant du doigt. Quatre noix suffisent pour ce jeu ; trois au-dessous et la quatrième au-dessus. D'autres fois on fait rouler la noix du haut d'un plan incliné, de manière à ce qu'elle rencontre une de celles qui sont à terre sur son passage. Avec elles aussi on joue à pair ou non, et le gagnant est celui qui a deviné juste. Ou bien on trace avec de la craie une figure pareille à la constellation du Delta, ou à la quatrième lettre des Grecs ; sur ce triangle, on tire des lignes, puis on y jette une baguette ; celui des joueurs dont la baguette reste dans le triangle gagne autant de noix qu'en indique l'intervalle où elle est restée. Souvent enfin on place à une certaine distance un vase dans lequel doit tomber la noix qu'y lance le joueur. 


Heureux l'arbre qui croît dans un champ éloigné de la route, et qui n'a de tribut à payer qu'à son maître ! il n'entend ni les vociférations bruyantes des passants, ni le grincement des roues, et n'est pas inondé par la poussière du grand chemin. Il peut offrir au laboureur tous les fruits qu'il a portés et lui en livrer exactement le compte. Quant à moi, il ne m'est même jamais permis de voir mûrir mes fruits : abattus avant le temps, et alors que leur enveloppe molle encore ne recouvre qu'un germe laiteux, ils ne sauraient même profiter à ceux qui m'en dépouillent. Quoi qu'il en soit, il se trouve encore des gens pour me lapider, et pour conquérir, par des attaques prématurées, un butin sans valeur : de sorte que si l'on établit le compte et de ce qu'on m'enlève et de ce qu'on me laisse, tu seras, toi, voyageur, mieux partagé que mon maître. Souvent, à l'aspect de ma cîme toute nue, on croit reconnaître les outrages et la fureur de Borée ; l'un accuse la chaleur, et l'autre incrimine le froid ; un troisième, la grêle ; mais ni la grêle, effroi du laboureur, ni le vent, ni le soleil, ni la gelée ne sont les auteurs de cette spoliation ; mon fruit seul en est la cause ; ce qui me perd, c'est ma fécondité, ce sont mes richesses.


Pour moi comme pour beaucoup d'autres, elles sont une source de maux. Elles l'ont été pourtoi, Polydore ; elles l'ont été pour Amphiaraüs, forcé par l'avarice de sa perfide épouse à affronter le sort des combats. Les jardins du roi flespérus eussent été hors d'atteinte ; mais un arbre, un seul, portait des trésors immenses. Les ronces et les épines, nées seulement pour faire du mal, et les arbustes qui leur ressemblent, trouvent leur sûreté dans les instruments naturels de leur vengeance ; moi qui suis inoffensif, et qui ne saurais me défendre avec mes branches dépourvues d'épines, je me vois assailli de pierres par d'avides fripons. Que serait-ce donc si, lorsque la terre se fend sous l'astre enflammé de Sirius, je n'offrais une ombre amie à qui fuit les ardeurs du soleil ? Que serait-ce si je n'étais au voyageur un abri contre les irruptions soudaines de la pluie ? Eh bien ! pour tant de bienfaits, pour tant de services rendus à tous avec un zèle infatigable, je suis lapidé. A tant d'insultes qu'il me faut souffrir, ajoutez les reproches de mon maître. Je suis cause, dit-il, que son champ est rempli de cailloux ; et comme il en purge le sol, qu'il les ramasse et les rejette sur le chemin, il donne ainsi sans cesse au passant des armes contre moi. 


Aussi le froid, si odieux aux autres arbres, n'est utile qu'à moi seul. L'hiver, tant qu'il dure, m'est une garantie contre tout danger. Il est vrai qu'alors je suis nu ; mais c'est là ce qui me sauve ; car mes ennemis n'ont rien à m'enlever. Mais aussitôt que mes branches se couvrent de nouveaux fruits, les pierres tombent sur moi comme la grêle. On dira peut-être : "Ce qui s'étend sur le domaine public appartient au public. Or cet aphorisme est applicable aux grands chemins." S'il en est ainsi, voyageur malfaisant, vole les olives, coupe les blés, arrache les légumes du champ voisin. Que ce même brigandage franchisse les portes de Rome et que ces murs, ô Romulus, en consacrent le droit. 


Que le premier venu prenne de l'argent sur l'étalage de telle boutique, des diamants dans telle autre, ici de l'or, là des pierreries ; qu'il s'approprie enfin toutes les richesses sur lesquelles il pourra mettre la main. Mais une telle licence n'existe pas ; et tant que César régira l'empire, tant qu'il veillera sur nos destinées, jamais homme ne volera impunément. Et ce n'est pas seulement dans l'enceinte de Rome que ce dieu a rétabli la paix ; il en a étendu les bienfaits sur le monde entier. Mais à quoi me sert tout cela, si, en plein jour et aux yeux du public, on m'accable de coups, et s'il ne m'est pas laissé au instant de repos ? 


Aussi ne voyez-vous jamais un nid suspendu à mes branches, un oiseau s'abriter sous mon feuillage : mais des pierres qui se tiennent attachées à mes rameaux fourchus, comme un vainqueur au fort qu'il a conquis ; c'est là tout ce qu'on y voit. Souvent, il est des crimes que le coupable peut nier ; souvent la nuit a déployé son voile sur bien des forfaits ; mais le suc de mon fruit me venge du ravisseur, qui se noircit les doigts en touchant son écorce. Ce suc est mon sang, et l'empreinte de ce sang est indélébile. 


Oh ! combien de fois, dégoûté de vivre si longtemps, n'ai-je pas désiré de mourir de sécheresse ! Combien de fois n'ai-je pas souhaité d'être renversé par l'ouragan en furie, ou violemment frappé de la foudre ! Et plût au ciel que la tempête enlevât mes fruits tout d'un coup ! ou que je pusse les faire tomber moi-même ! C'est ainsi, ô castor, habitant des fleuves du Pont, qu'en débarrassant ton corps de la partie qui t'expose au danger, tu assures la conservation du reste ; mais moi, que puis-je résoudre quand le passant prend ses armes, que son oeil fixe d'avance l'endroit où il doit me frapper ? Je ne puis me soustraire à ses atteintes en changeant de place ; mes racines, liens puissants et tenaces, m'enchaînent à la terre. 


Je suis donc livré à ses coups, comme un criminel aux flèches de la populace, laquelle a réclamé sa victime garrottée, ou comme la blanche génisse, lorsqu'elle voit lever sur sa tête la hache pesante, ou tirer le couteau prêt à l'égorger. Vous avez cru plus d'une fois que le vent seul faisait trembler mon feuillage, mais c'était aussi de frayeur que je tremblais ! Si je l'ai mérité, si je semble coupable, livrez-moi aux flammes ; alimentez vos foyers fumeux de mes débris. Si je l'ai mérité, si je semble coupable, coupez-moi, et que, dans mon malheur, je n'aie du moins à subir qu'un seul supplice ! Mais si vous n'avez pas de motifs de me brûler ni de m'abattre, épargnez-moi, et poursuivez votre chemin.


 

 

 

Titus Livius (59 av J.C.-10 ap. JC.)


Histoire romaine 


Livre XXIII, 

..."Les tonneaux partaient, arrivaient la nuit, et par là, échappaient à la vigilance des sentinelles ennemies. Mais ensuite, des pluies continuelles donnèrent au courant une rapidité extraordinaire, et les eaux, dans leurs tourbillons, détournèrent les tonneaux, et les portèrent sur la rive que gardaient les Carthaginois.....Annibal, qui à cet instant, prit des précautions si exactes, que plus rien ne pénétra plus dans la ville. Du camp romain, on jeta, dans le fleuve, des noix, qui portées jusqu'à la ville par le courant, étaient recueillies avec des claies"...  
 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79 ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain du 1° siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

 

Histoire Naturelle - XV, 91

...Jovis "Jupiter", glans "gland " on construit Juglans "gland de Jupiter" car en comparaison au gland du chêne, consommé par les paysans, la noix est d’une richesse nutritive incomparable...

..."Les noix ont été importées des Grecs dès le 7ème siècle avant JC. comme un cadeau royal, les Grecs l’ont surnommé "Karya Basilica", ou noix royal et l’ont considéré comme un arbre prophétique"... 

 

Histoire Naturelle - 28, XXIII, 147

..." Les Grecs ont nommé les noix en référence à la lourdeur de tête. En effet, l’odeur nocive de l’arbre lui-même et des feuilles pénètre jusque dans le cerveau. Les noix causent la même nuisance à un moindre degré, si elles sont prises en aliment"... 


 


 

Pedanius Dioscoride ( 20 et 40 ap. J.-C.-vers 90 ap. J.-C.) médecin, pharmacologue et botaniste grec. 


Il est l'auteur du traité "À propos de la matière médicale ", œuvre plus connue sous le nom latin de De materia medica.

 

Materia Medica 26, I, 125. 

...L’utilisation médicinale de la noix (karya basilika, καρυα βασιλικα)...

..."La noix, que certains nomment noix Perse, est difficile à digérer, produit de la bile, donne mal de tête…Mais consommée par quelqu’un qui jeûne, elle est utile pour faire vomir…Les noix fraîches sont meilleures pour l’estomac car plus douces, c’est pourquoi on les mélange avec de l’ail…"
 

 

 

Plutarque  (45-125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. Grec d'origine, il est considéré comme un médio-platoniste.
dans le tome IX 

des Oeuvres morales évoque :

..."Les effluves lourds et enivrants" du noyer qui ont donné son nom grec à l’arbre"...
 

 

 

Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle (1° siècle) agronome romain 

De l’agriculture, livre XII

présente des recettes de cuisine comprenant des noix. Elles peuvent servir à fabriquer du vinaigre à partir de vin éventé ou une sorte de sauce pesto épaisse.
 

 

 

Martial (40-104), poète latin d'origine espagnole, connu pour ses Épigrammes.

 
Entre 84 et  103, 

dans "Épigrammes" :

Il décrit le quotidien d’un propriétaire romain, Linus, vivant modestement à la campagne. Pour souligner le caractère humble et innocent de son existence, Martial rapporte que Linus ne s’adonnait  pas à de détestables jeux d’argent mais qu’il pariait uniquement des noix, à l’image des  enfants romains :

Traduction de H. J. Izaac : 

..."Jamais tu n’as préféré les tessères aux simples osselets si gentils et tu   n’as jamais aventuré au jeu qu’une poignée de noix"... 

 


 

II° siècle

 

 

Fin du I° - début du II° siècle


Le jeu de noix ou jeu avec des noix (en latin nucibus ludus) se pratiquait dans la Rome antique, semblable au jeu de billes d'époque moderne. 


Suétone (I°-II° siècle) haut fonctionnaire romain, membre de l'ordre équestre, auteur de nombreux ouvrages dont la Vie des douze Césars qui rassemble les biographies de Jules César à Domitien, rapporte que Auguste aimait se délasser en jouant avec des enfants "aux osselets et aux noix".

Enfants romains jouant au ludus castellorum, vers 270/300, musée Pio Clementino, Vatican.


 

 


Galien (Claudius Galenus 129-201) médecin grec de l'Antiquité 

Il est le premier à donner un moyen pour rendre sa fraîcheur aux noix sèches.

Sur les facultés des aliments, livre II, chap. 28 

..."pour celles qui sont déjà sèches, si on les trempe préalablement dans l’eau, comme certains le font, la faculté ressemble à celles des vertes..."
 

 

 

IV° siècle

 


Ambroise de Milan ou saint Ambroise (339-397) évêque de Milan de 374 à 397, Docteur de l'Église, il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident, avec saint Augustin, saint Jérôme de Stridon et saint Grégoire le Grand. Il est connu en tant qu'écrivain et poète, quasi fondateur de l'hymnodie latine chrétienne et lecteur de Cicéron et des Pères grecs, dont il reprend les méthodes d'interprétation allégoriques.


..."D’après le texte hébreu, les fruits portés par le bâton d’Aaron étaient des amandes. Mais la Septante, suivie par les anciennes versions latines,  parle de "noix", et Ambroise considère toujours qu’il s’agissait d’une branche de noyer"...


..."L’yeuse toujours verte, et les noix, dont la coque est dure, mais le fruit tendre, — ce n’est pas sans raison que la verge sacerdotale d’Aaron était de noyer, et le bâton de Jérémie de même, —"...


 

 

 

V° siècle

 


Palladius Rutilius Taurus Aemilianus (V° siècle) agronome,  auteur d'un traité sur l'agriculture,

De Rustica 

Conservation des noix vertes en les couvrant de paille ou de sable ou en les enfermant dans une caisse en noyer.

Il avait évoqué une recette de "confiture de noix" visant à conserver les noix vertes : 

..." les noix vertes, simplement dépouillées de leur écale, et mises dans du miel, sont encore verte au bout d’un an"... Ce procédé plus tard élaboré, connaîtra un franc succès au Moyen Âge et à l’Époque moderne.

 

 

Jérôme de Stridon ou saint Jérôme (347-420)  moine, traducteur de la Bible, Docteur de l'Église et l'un des quatre Pères de l'Église latine,

Dans une de ses lettres  

..."qui veut manger le noyau, brise la noix"...

 

 

X° siècle

 


La noix dans la vallée de la Dordogne avait déjà une grande valeur. 

Les paysans acquittent leurs dettes en setiers (Anciennement "Mesure pour les grains") de noix. 
 

 

 

XI° siècle

 

L’école de médecine de Salerne (Schola Medica Salernitana),  fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IX° siècle atteint son apogée au XI° siècle et XII° siècle.

Au XIe siècle, la ville de Salerne produit avec une relative abondance céréales, fruits et noix. Ce qui en fait l'une des villes les plus saines d'Italie.


Noix après le repas ...


Du bien et du mal que font les noix

Puisque beaucoup font tant de cas

De la noix après le repas,

Il en faut toucher quelque chose,

Et pour mieux suivre notre glose,

Je dis que par dessus les noix

Des communes on fait le choix,

Qu'à l'estomac elles sont bonnes,

Et ne nuisent point aux personnes,

Pourvu que selon notre aveu

En tout temps l'on en mange peu,

Et que d'une dent martiale

L'on mâche bien ce qu'on avale,

Ainsi les noix dans jeune, ou vieux

Font que la viande se cuit mieux,

Mais l'excès nous gêne la panse

Et la tête plus qu'on ne pense ;

Que si cet excès est plus grand

Je ne veux pas être garant,

Qu'un flux de sang quoi qu'il en gronde

N'envoie un homme en l'autre monde,

Je maintiens aussi que la noix

Gâte la parole et la voix, 

Et qu'elle nuit à la poitrine

Mais qu'elle sert de Médecine,

Et d'un antidote bénin

Contre la force du venin, 

Car son huile très onctueuse

De la qualité vénéneuse

Emousse si bien la vertu,

Que le venin devient vaincu,

Soit qu'elle relâche le ventre

Aussitôt qu'elle est dans son centre,

Ou bien par le vomissement

Qu'elle le chasse promptement


 

 

 

Bernard de Clairvaux (1090-1153) abbé de Clairvaux, moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Sermon     

..."Ce n’est pas la coutume de la mère de donner la noix entière à son petit enfant sans premièrement la rompre mais elle la casse, et puis lui présente le noyau.  

Mes  très chers  frères, je devais  me comporter de cette façon en votre endroit, vous faisant ouverture s’il m’était possible, des mystères qui sont clos et cachés : mais pour autant je me sens moins capable de ce faire, prions ensemble vous et moi que la mère sagesse nous rompe ces noix, noix, dis-je, lesquelles cet arbrisseau et cette tendre plante de la vertu sacerdotale envoyée de Sion par le Seigneur, a produites"...
 

 

 

XII° siècle

 


Hildegarde de Bingen (1098-1179) abbesse, mystique, visionnaire, illustratrice, compositrice, poètesse, fondatrice et prédicatrice franconienne. Elle a aussi développé des compétences en phytothérapie et diététique.


Au Moyen-Âge, Hildegarde considère le noyer comme un arbre dont toutes les parties sont bénéfiques ; feuilles, écorces, brou et noix lui permettent de concocter des remèdes répondant à des affections aussi variées que la goutte, les maladies de peau, les vers intestinaux…

 

Elle rédige aussi une mention spéciale à propos de l’huile extraite de la noix en indiquant qu’elle "donne la joie à l’esprit" de celui qui en mange.

 

 

Au Moyen-Âge, c'est sous un énorme noyer proche de Benevento en Campanie que se déroulait le sabbat des sorcières, Elles pratiquaient une danse funèbre autour du noyer de la ville.


 

 

 

XIII° siècle

 

 

Roman de Renart, 

écrit par des clercs anonymes entre la fin du XII° et la fin du XIII° siècle. C’est un roman dont les animaux sont les héros. 

...Et l’autre se met à brailler, s’en faisant un plaisir.
"Dieu, dit Renart, comme votre voix devient claire et pure ! Si vous ne mangiez plus de noix, vous n’auriez pas votre pareil au monde. Chantez donc une troisième fois !"...

 

 

 

Guillaume de Lorris (v 1200-1238) poète français du Moyen Âge 

Le Roman de la rose 


"...Les noix du verger sont meilleures 
car elles ne sont amères ni fades"...

 

..."Cher Père, dit la demoiselle, il y a là l'annonce d'une mauvaise nouvelle ; 
votre orgueil ne vaut pas une coque de noix. Sachez que Fortune se moque de vous!"...

 

..."Donnez - leur des noix ou cerises , 
Cormes , prunes , fraiches merises,"...

 

..."Par vaux, par plaines et par montagnes
Pommes, poires, noix et chataignes"...


 

 

 


Au 13° siècle, dans le Périgord les contrats de location étaient payés en huile de noix à l'abbaye cistercienne du Dalon (commune de Sainte-Trie). Elle était considérée comme un bien aussi précieux que l'or.

 

 

 

Albert le Grand (1200-1280) frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste. 

..."Un grand secret est renfermé dans les noix ; car si on les fait brûler, qu’on les pile et qu’on les mêle avec du vin et de l’huile, elles entretiennent les cheveux et les empêchent de tomber"...


 

 

 

Au Moyen Âge,  le médecin Henri de Mondeville (1260-v.1320), auteur d’une Chirurgie, s’écarte  légèrement de son sujet quand il explique  :

..."la taupe meurt si on ferme tous ses trous sauf un qui soit du côté du vent, dans lequel on brûle une noix vidée et remplie de Soufre ou de Cèdre, c’est-à-dire de Poix.


 

 

Pierre de Crescent (1230-1320 ou 1321) magistrat, écrivain et un agronome italien auteur d’un traité,

Le Ruralium commodorum opus.

(Le livre des prouffitz champestres et ruraulx.)


..."pour éliminer les vices des noix sèches, il faut les "mondifier" (nettoyer) et les tremper une nuit dans l’eau chaude pour "leur oste leur nuysement" (leur oter leur nuisance)...


 


 

 

Jean Froissart (1337-1405) important chroniqueur français de l'époque médiévale. Il mentionne à deux reprises des jeux nécessitant des noix. Il dresse la liste des jeux de son enfance.  

Entre autres, il utilisait les coquilles de noix comme hochet

(écrit entre 1362 et 1373)

 


 L’Epinette amoureuse  


Quand venait le temps du Carême,

j’avais sous une escabelle

une riche provision de coquilles,

que je n’aurais cédée pour aucun denier.

Un après-midi,

alors que je jouais à la coquille trouée

avec les  enfants de ma rue,

au moment d’agiter et de lancer la coquille,

je leur criais : "Hochez fort,

car le bandeau tient vraiment bon !"

...    

Nous creusions aussi des fossettes,

où nous faisions rouler des noix :

quelle tristesse c’était pour celui qui manquait son coup !


 

 

 

XV° siècle

 

 

Lazzaro Bastiani (1430-1512) peintre italien de l'école vénitienne de la haute Renaissance.

Saint Antoine de Padoue sur un noyer et deux saints

La noix est considérée comme l'attribut de St Antoine de Padoue car il est dit qu'il prêchait assis sur cet l'arbre.


 

 

1480  

Les Évangiles des quenouilles 

Fouquart de Cambray, Duval Antoine, Jean d'Arras

Recueil de contes médiévaux , publiés à Bruges chez Colart Mansion en 1480. 

Le récit raconte les propos de six femmes dites "sages doctoresses et inventeresses" qui se retrouvent à l'occasion de 6 veillées nocturnes. Elles abordent tour à tour divers sujets de discussion comme les maladies, les remèdes, les recettes, les dictons, les conseils et enfin les interdits de la vie quotidienne.

 

 


vers 1493

Le Ménagier de Paris 

Livre manuscrit d'économie domestique et culinaire (XIV° s), attribué à un bourgeois parisien, qui l'aurait écrit à l'intention de sa jeune épouse afin de lui faire connaitre la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine.


..."La recette de confiture de noix fraîches consiste à prendre des fruits verts, tout juste formés tels qu’ils sont encore à la Saint-Jean (le 24 juin), les peler, les faire tremper 10 jours, leur ajouter des clous de girofle et du gingembre et de faire bouillir le tout avec du miel"... 


 

La culture du noyer  connait une forte expansion dans toute la France, mais le Périgord fait de la noix un vrai commerce. Elle contribue à la fortune de la région. 

 

 

Fra Bartolomeo (1472-1517) peintre italien qui devint religieux Dominicain.

La Vierge à la noix

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XVI° siècle

 

 

 

Hôtel Lallemant, Bourges (Cher)

Fin XV° - début    XVI° siècle.

Angelot jouant avec une toupie faite d’une noix.

Le caisson représente un angelot en train d’enrouler sa ficelle autour de l’axe en bois surmonté d’une croix. L’axe traverse la croix de   part en part et la ficelle s’enroule à l’intérieur de la noix. 


Détail du plafond à caisson.


 

 

Italie centrale Epoque :  XVI° siècle   

Coffre en bois de noyer sculpté, 

avec un blason noble. 

 


 

William Shakespeare (1564-1616) dramaturge, poète et acteur anglais 

Hamlet

..."Je tiendrai dans une coquille de noix ; je m'y croirais au large et le roi d'un empire sans limites... si je n'avais pas de mauvais rêves."...
 

 

 

La moitié des textes sur les confitures de noix étaient l’œuvre de médecins.
Le trempage dans l’eau demeure nécessaire à la consommation de noix sèches.

 

 

 

Antoine Mizauld de Molusson (1510-1578) astrologue et médecin français

La maison  champestre et agriculture, Paris,  Robert Foüet, 1607,

..."Si tu jettes en un seau d’eau les écorces vertes de Noix broyées, et arrose la terre de cette eau là, tu en verras sortir un grand nombre de vers. Ce que j'ai écrit pour l’amour des pêcheurs"...

 

 

 

 

XVII° siècle  

 

 

Claude La Colombière (1641-1682 ) prêtre jésuite français, directeur de conscience, conseiller personnel et écrivain spirituel, précepteur des enfants de Colbert et le prédicateur particulier de la Duchesse d’York,

..."aprés avoir employé les plus habiles cuisiniers pour les apprêter, et les avoir fait servir avec le plus de propreté et de magnificence qu'il est possible, la personne que vous auriez priée, ne daignait pas toucher à ce régal, qu'elle demandât de l'ail ou des noix pour manger à la vue de vos bisques et de vos ragoûts"...    
 

 

 

Hubert van Ravesteyn (1638-1691) peintre néerlandais 

nature morte noix et pipe, 

Art Gallery of Ontario

 

 

 

Hubert van Ravesteyn (1638-1691) peintre néerlandais

Nature morte noix et rose


 

 


On trouve en Italie, Allemagne, France et ailleurs en Europe, toujours à peu près les mêmes recettes visant à éliminer la nocivité naturelle de la noix et à lui faire gagner des vertus médicinales et diététiques.

 

 

Georg Flegel (1566-1638) peintre allemand réaliste.

Nature morte 

Collation modeste dans un bol en porcelaine de Chine  : des fruits secs, une noix entière et une demi noix ouverte et vide ; souris et scarabée, symbole de disparition très probable et très prochaine de la nourriture, 

 

 

Georg Flegel (1566-1638) peintre allemand réaliste.

Nature morte 

Noix, fruits secs et Brezel 


 

 

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673) comédien et dramaturge français,

1668 

L’Avare acte II – scène 1 :

...Plus une grande table de bois de noyer, à douze colonnes aux piliers tournés, qui se tire par les deux bouts, et garnie par le dessous de six escabelles"...

 

 

 

Louis Liger (1658-1717) agronome français.

L’huile de noix a été utilisée en cuisine. C’est une huile peu raffinée, bonne aux paysans et aux domestiques et à "faire de la soupe" ou à "composer des ragoûts pour les domestiques" (Les régions du Périgord, Quercy, Limousin et Auvergne sont des productrices et exportatrices de noix et d’huile de noix).

On s’efforce toujours de garder leur fraîcheur en les conservant dans du sable, en les hydratant et les débarrassant de leur nocivité grâce à l’action du sucre. Cependant les confitures de noix font l’objet d’une production et d’un commerce important. Certaines deviennent renommées comme les confitures de noix liquides de Rouen. 


 

 

Charles Estienne (1504-1564) médecin, imprimeur et écrivain français, et Jean Liébault (vers 1535-1596)médecin français,

Encyclopédie agronomique Agriculture et maison rustique  (1564)

Sur la culture des noyers et sur l’emploi des noix et de l’huile de noix dans divers remèdes. 

Le chapitre XXXII de l’édition de 1658 est consacré au noyer. 

On y retrouve tous les clichés répétés depuis l’Antiquité, sur toutes les nuisances que peut provoquer son ombre à la végétation alentour ou à ceux qui s’endorment dessous. Puis très pragmatiquement, il indique que l’arbre "est utile et  profitable " et livre de précieux conseils de plantation, d’entretien et de récolte. "Les profits que le noyer rend à son maistre sont infinis" dit-il car il lui donne d’excellentes confitures (de noix vertes), du bois de chauffage pour la cuisine, et son fruit "pour sa table et pour la cuisine, et pour la lampe".


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

1700

Blason de la ville de Noyers (Yonne)

 

 

 

Louis Lémery (1677-1743)    

1705, Traité des aliments :

..."La Noix est encore appelée Juglans, quasi Jovis  glans, parce que dans les premiers temps on se servait du gland parmi les aliments ; et comme dans la suite on trouva les Noix qui parurent plus agréable au goût que les Glands, on les honora du nom de Glands de Jupiter"...
 

 

Au siècle des Lumières (de 1715 à 1789), on trouve sept auteurs anglais utilisant des sauces aux noix. 


Hannah Glasse dans son livre de cuisine The Art of Cookery made Plain and Easy (publié en 1747) emploie des noix en saumure ou des liqueurs de noix pour confectionner les sauces aux poissons (sauce d’anchois, d’huîtres, sauce pour maquereau) ou de viande de bœuf.


 

 

 

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.


(Fables, livre IV, 12)

 


La guenon, le singe et la noix.

 

Une jeune guenon cueillit une noix dans sa coque verte.

Elle y porte la dent, fait la grimace :

- "Ah! certes, dit-elle, ma mère mentit

quand elle m’assura que les noix étaient bonnes". 


Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes

qui trompent la jeunesse !

- Au diable soit le fruit et elle jeta la noix.

Un singe la ramasse,

vite entre deux cailloux la casse,

l’épluche, la mange et lui dit : 

"Votre mère eut raison, ma mie.

Les noix ont fort bon goût.

Mais il faut les ouvrir.

Souvenez-vous que, dans la vie

sans un peu de travail,on n’a pas de plaisir".

 

Illlustration JJ Granville


 

 

 

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.

Fables (1792) 

..."Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir. - Souvenez-vous que, dans la vie, - Sans un peu de travail on n'a point de plaisir"...
 

 

 

1793

14 fructidor (31 août)  Noyer - noix

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792). 

(18/19 août – 16/17 septembre)


Le Soleil correspond au Signe de la Vierge

En voyant ces beaux fruits que donnoit l'âge d'or 

Unissons tous nos voeux pour le retour d'Astrée 
Cet âge si vanté chez nous revit encor

Quand THEMIS & la PAIX se séparent l'Année


 

 

 

XIX° siècle

 

 

En 1819, les frères Grimm publient Tom Pouce (Daumesdick) dans la 2e édition des Contes de l'enfance et du foyer.

Tom Pouce est un héros du folklore britannique.

Ce personnage, tellement petit que sa taille n'excédait pas celle du pouce de son père.

..."Son carrosse est très joli : une coquille de noix blonde, trois cigales ou cent fourmis, lez promènent autour du monde"...


 

 

Stendhal (1783-1842) écrivain français

1830 

Le Rouge et Le Noir : 

…"huit ou dix noyers magnifiques étaient au bout du verger; leur feuillage immense s’élevait peut-être à quatre-vingt pieds de hauteur"…

 

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869) poète et romancier français

..."Il est deux vieux noyers aux portes de l’église,

Avec ses fondements en terre enracinés,

Qui penchent leur feuillage et leurs troncs inclinés

sur un creux vert de mousse…"

 

 

Joseph-François Burdallet (1781-1851), auteur

2e quart 19e s. -  1846 (19.06)

Esery, noyer

 

 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) poète français 

Recueil : Paysages et paysans (1899).


 

Les trois noyers


Qui les planta là, dans ces flaques,

Au cœur même de ces cloaques ?

Aucun ne le sait, mais on croit

Au surnaturel de l'endroit.

 

Narguant les ans et les tonnerres,

Les trois grands arbres centenaires

Croissent au plus creux du pays,

Aussi redoutés que haïs.

 

À leur groupe un effroi s'attache.

Nul n'oserait brandir sa hache

Contre l'un de ces trois noyers

Qu'on appelle les trois sorciers.

 

Car, si le hasard les rassemble,

Il fait aussi qu'ils se ressemblent :

Ils sont d'aspect énorme et rond,

Jumeaux de la tête et du tronc.

 

Ils ont la même étrange mousse,

Et le même gui monstre y pousse.

Ils sont également tordus,

Bossués, ridés et fendus.

 

Et, de tous points, jusqu'au gris marbre

De leur écorce, les trois arbres

Pour les yeux forment en effet

Un trio sinistre parfait.

 

Par le glacé de leur ombrage

Ils rendent à ce marécage

L'humidité qu'y vont pompant

Leurs grandes racines-serpent.

 

Au-dessus du jonc et de l'aune

Leur feuillage verdâtre et jaune

Tour à tour fixe et clapotant

Est tout le portrait de l'étang.

 

On ne voit que le noir plumage

Du seul corbeau dans leur branchage ;

Et c'est le diable, en tapinois,

Qui, tous les ans, cueille leurs noix.

 

On dit qu'ils ont les facultés,

Les façons de l'humanité,

Qu'ils parlent entre eux, se déplacent,

Qu'ils se rapprochent, s'entrelacent.

 

On ajoute, même, tout bas,

Qu'on les a vus, du même pas,

Cheminer roides, côte à côte,

Dressant au loin leur taille haute.

 

Et l'on prétend que leurs crevasses,

Autant d'âpres gueules vivaces,

Ont fait plus d'un repas hideux

Des pâtres égarés près d'eux.

 

Enfin, tous trois ont leur chouette

Qui, le jour, n'étant pas muette,

Pousse des plaintes de damné

Dès que le ciel s'est charbonné.

 

Et chacune prédit un sort :

L'une clame la maladie,

Une autre annonce l'agonie,

La troisième chante la mort.

 

C'est pourquoi, funeste et sacrée,

L'horreur épaissit désormais

Leur solitude. Pour jamais

On se sauve de leur contrée !


 

 

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918)

Recueil : Alcool -


Simultanéités

..." Belles noix du vivant noyer

La grand folie en vain vous gaule

Brunette écoute gazouiller

La mésange sur ton épaule"...
 

 

 

Louis Codet (1876-1914) écrivain français.

 

La noix 


J'ai pelé la petite noix

Dont j'ai cassé la coque blanche

Entre deux pierres,

La curieuse coque de bois.

J'ai pelé la petite noix;

On dirait un jouet d'ivoire,

Un curieux jouet chinois.

L'odeur fraîche et un peu amère

De ces grands bois

M'a parfumé la bouche entière !

J'ai croqué la petite noix,

Ce curieux jouet chinois.


 

 

 

Le vieux noyer

1878

Léon Gaucherel

Henri-Joseph Harpignies

L'Art - Imprimerie A. Salmon


 

 

 

XX° siècle

 

Certes anciennes - 1900

Les noix

 

Gaulage des noix - Auvergne


 

 

Gaulage et Récolte des noix - Auvergne


 

 

Dénoisillage - Echos du Quercy

 

 

 

Giovanni Giacometti (1868-1933) peintre suisse.

Sous le noyer

Peinture, 1908

 

 

 

Gibran Khalil Gibran (1883-1931) poète libanais d'expression arabe, anglaise et française, artiste peintre. 

..."Nous sommes comme les noix, Nous devons être brisés pour être découverts"...
 

 

 

1922

Noix et noyer

Planche Botanique grand format, 

provenant d'une encyclopédie Larousse 

éditée au début du XX° siècle. 


 

 

 

Edward Bach (1886-1936) médecin et homéopathe britannique,

Les Douze "Guérisseurs" et autres remèdes

 (1ère édition 1941, traduction française Centre Bach 2011) 

..."La fleur de noyer est préparée pour "Pour ceux qui ont des idéaux et ambitions bien définis dans la vie et les réalisent, mais qui en de rares occasions sont tentés de se laisser détourner de leurs propres idées, de leurs buts et de leur travail par l’enthousiasme, les convictions ou les fortes opinions des autres. Le remède donne constance et protection contre les influences extérieures."...
 

 

 

 

Tristan Derème, (de son vrai nom Philippe Huc, 1889-1941) poète français, 


Recueil : Les noix


 

La chouette


Dans un grand noyer habitait une chouette. 

C’est elle qui nous dénonçait à l’oncle Théodore 

quand nous avions mangé des noix. 

Vous ne me croyez pas ?

Je vous supplie d’entendre mon histoire.


On nous avait donc défendu de manger des noix, sinon au dessert ; 

et l’oncle Théodore nous avait dit gravement :

"Si vous désobéissez, je serai prévenu par la chouette, qui est vigilante. 

Elle habite le noyer. Vous ne la voyez pas mais elle vous voit, 

et si vous prenez une seule noix, dès que vous oserez arracher 

cette peau épaisse et verte qui enveloppe la coquille, elle vous lancera 

sur les doigts l’un de ses regards redoutables et je saurai tout."

Nous étions fort interdits.

 

Pendant plusieurs jours, 

nous n’osâmes toucher à ces fruits défendus. 

Mais il nous vint ensuite à l’idée que l’oncle, pour nous effrayer, 

avait sans doute exagéré beaucoup le pouvoir de la chouette.

Au demeurant, cet oiseau devait se soucier assez peu de faire punir

des enfants qu’elle ne connaissait que de vue. Bref, un soir affreux,

mon oncle, à table, considérant mon pouce et mon index :

"La chouette, dit-il, a regardé tes doigts ! 

Le feu de son œil les a noircis. Qu’as-tu fait ?" 

J’avouai en pleurant.


Ne me dites pas que c’est la peau des noix qui a fait de telles taches.

Je le sais maintenant. Je l’ignorais alors.

L’année suivante, sous l’arbre, et redoutant toujours le regard

dangereux, je mis les vieux gants de mon oncle et constatai le soir,

délicieusement, que les yeux de l’oiseau ne perçaient pas le cuir.


 

 

 

1948


Charles Trenet (1913-2001) auteur-compositeur-interprète français.



Une noix

 

Une noix

Qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix

Qu'est-ce qu'on y voit,

quand elle est fermée

On y voit la nuit en rond

et les plaines et les monts

Des rivières et des vallons,

on y voit toute une armée

Des soldats bardés de fer

qui joyeux partent pour la guerre

Et fuyant l'orage des bois,

on voit les chevaux du roi,

près d'la rivière


Une noix

Qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix

Qu'est-ce qu'on y voit

Quand elle est fermée

On y voit mille soleils,

tous à tes yeux bleus pareils

On y voit briller la mer

et dans l'espace d'un éclair

Un voilier noir qui chavire

On y voit les écoliers

qui dévorent leurs tabliers,

des abbés à bicyclette,

le 14 Juillet en fête

Et ta robe au vent du soir

On y voit des reposoirs

qui s'apprêtent


Une noix

Qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix

Qu'est-ce qu'on y voit

Quand elle est ouverte...

Quand elle est ouverte,

on n'a pas le temps d'y voir

On la croque et puis bonsoir

On n'a pas le temps d'y voir

On la croque et puis bonsoir

Les découvertes

Ha, une noix

 

 

 

Nâzım Hikmet Ran (1901-1963) poète turc, puis citoyen polonais, 

 

 

Le noyer


Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées

Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer

Un vieux noyer tout émondé, le corps couvert de cicatrices

Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.

 

Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer

Et tout mon feuillage frémit comme au fond de l'eau le poisson

Et comme des mouchoirs de soie, mes feuilles froissent leurs frissons

Arrache-les, ô mon amour, pour essuyer tes pleurs.

Or mes feuilles, ce sont mes mains, j'ai justement cent mille mains

De cent mille mains je te touche et je touche Istanbul

Mes feuilles ce sont mes yeux, et je regarde émerveillé

De cent mille yeux je te contemple et je contemple Istanbul

Et mes feuilles battent et battent comme cent mille coeurs

 

Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer

Nul ne le sait, ni toi, ni même la police.


 

 

 

Violette Leduc (1907-1972) romancière française

La Folie en tête (1970) 

..."Je te soigne, ma table, le papier de verre te purifie, le brou de noix te rend ta couleur"...
 

 

 

Jean Ferniot (1918-2012) journaliste et écrivain français d'origine franc-comtoise

Pierrot et Aline (1973) 

..."Mon oncle prenait les noix et il les cassait avec un petit marteau très souple. Il mettait les coquilles d'un côté, pour le feu, et dans un panier il jetait les cerneaux"...
 


 

 

Pierre Desproges (1939 -1988) humoriste français réputé pour son humour noir, son anticonformisme et son sens de l'absurde.

L’almanach

..."En ce qui concerne les problèmes sentimentaux, les hommes ont un cerveau de la taille d’une noix."....
 

 

 

1990

Paul-Marie Veyne (1930-2022) historien et universitaire français
dans :
René Char en ses poèmes, 

chapitre : "la pyramide des martyrs obsède la terre", Paris, Gallimard, 1990.


Le soldat à la noix

..."Un jour, pendant la guerre, on m’a demandé de trouver sur le plateau de Valensole un terrain nu où des avions alliés en difficulté pourraient se poser. Je trouve un grand champ convenable, mais un magnifique noyer vieux de trois siècles s’élevait au milieu.

Le propriétaire acceptait de louer le champ, mais refusait obstinément d’abattre le bel arbre. Je finis par lui dire pourquoi il nous fallait ce terrain ; il accepte alors.

On commence à dégager la base de l’arbre ; on suit la racine majeure, très longue et épaisse, sur une dizaine de mètres.

À l’extrémité de la racine, nous trouvons les ossements d’un guerrier du Moyen Age – (mieux vaut penser à une sépulture gauloise du troisième ou du deuxième siècle avant notre ère) – et il avait une noix dans la poche lorsqu’il a été tué, car l’extrémité de la racine maîtresse arrivait exactement à la hauteur de son fémur. La noix avait poussé dans la tombe"...


 

 

 

XXI° siècle

 

2000

Pierre Magnan (1922-2012) écrivain français

Le Parme convient à Laviolette 

Éditions Denoël, 2000 :

roman policier

    ..."La Varzelle était au flanc de Bardonnanche, le pays des noyers. Bordant les champs et bornant les biens, parfois surplombant les chemins vicinaux, il y en avait au moins soixante qui s'étalaient, avec des troncs bien droits et sans nœuds jusqu'à dix mètres de hauteur On n'a jamais entendu dire que le propriétaire de soixante noyers à tronc lisse fût mort pauvre en ces parages."...
 

 

 

Fred Vargas (1957) romancière française

Dans les Bois éternels 

Éditions Viviane Hamy, 2006, 

    ..."Il revissa son stylo, l'accrocha dans sa poche intérieure et ferma les yeux. Quinze ans jour pour jour qu'il s'était endormi sous l'ombre interdite du noyer. Quinze ans de dur travail que nul ne lui arracherait. Au réveil, il avait soigné son allergie à la sève de l'arbre"...
 

 

 

Catheau - Ex Libris - auteur 

24 mars 2010

 

Noyer noyé

 

Sous la robe orbée des paupières bombées de la nuit

Dans l’eau lente du regard et le scaphandre des souvenirs

Flotte l’ombre matinale d’un autrefois déjà lointain

 

Le grand noyer noyé par un après-midi froid de mars

Dans la stridence démente des scies méchantes

Dans le bourdonnement énervé des dures tronçonneuses

Dans la pâle ignorance de ceux qui ne savent plus

Que ses cheveux de racines caressaient le cœur de la terre

Se métamorphosaient mystérieusement en indolents lombrics

Faisaient fortes et noires les fourmis zélées et opiniâtres

Aspiraient l’obscure senteur de l’humus âcre et puissant

Le grand noyer noyé qui ignorait qu’il deviendrait sabots endurants

Qui avait résisté au feu au froid à la folie et à la foudre

Qui m’offrait ses chatons en chenilles sur son écorce grise

Qui pleuvait de bonnes bogues vives et vertes au soleil de septembre

Qui me récompensait d’un en-cas de cerneaux irritants sous la langue

Qui me promettait le râpeux vin de noix après la messe du dimanche

Et le gâteau crissant des colliers de noix beiges fracassées sous le fer

Et l’huile forte et douce des salades plantées au potager d’été

 

Le grand noyer noyé au houppier en épi aux feuillages épais

Qui vit tomber au vent sa frondaison céleste et solitaire

Saignant de son écorce ses fissures écorchées

Où soudain ont coulé les larmes alourdies de sève translucide

 

A sombré doucement dans mon rêve éveillé

 

 


 

Manuela Maria - poète

15/10/2006

 

Noyer

 

Me promenant dans les allées encore verdoyantes

Marchant sur un tapis de feuilles et brindrilles craquantes

Je ramassais les noix qui s'offraient appétissantes

Au pied d'un imposant noyer aux couleurs ravissantes

 

Les fleurs mâles en chatons, en avril naissant

Avec galanterie avant les vertes feuilles venant

Le groupe de femelles ils vont courtisant

Pour donner ce fruit que la pulpe va embrassant

 

Depuis l'antiquité le monde il va charmant

Implacable, de la foudre va nous protégeant

Des noix doucereuses toujours nous régalant

Donnant ce bois robuste des meubles d'antan


 

 

 

15 Juillet 2017 

Jean-Baptiste Evette (1964) écrivain français auteur de plusieurs romans chez Gallimard et chez Plon ainsi que d'œuvres pour la jeunesse. 

 


Noyer royal


Exposant à nouveau

ces frêles esquifs de mots

aux périls de la navigation

sur la page blanche

 

Je pense forcément

à la coque de noix

et mon ennemi

mon persécuteur intérieur

chuchote : "Poèmes à la noix"

 

Noix gaulées

ou tombées

d’une vieille branche

d’un haut noyer

 

Avant d’avoir franchi la page

risquons nous la  noyade

dans les lagunes du doute

embarqués sur une coque

trop légère

une coquille de noix ?

 

Noix

ouvertes au couteau

au risque de se couper

les doigts

 

Avec une goutte de cire

pour y fixer un mât

d’allumette

muni d’une voile triangulaire

en papier

 

Berceau d’un rêve

minuscule

confié à l’onde

périlleuse

 

Mais ne rêvassez pas

à l’ombre du noyer

dit-on encore en Dauphiné

ou dans le Périgord noir

sous peine d’attraper

froid au corps ou à l’âme

 

Pourtant tout n’est pas froid

dans le noyer

 

L’Évangile des quenouilles

spécifiait en quatorze cent quatre-vingt :

"Si une femme veut

"que son mari ou ami

"l’aime fort

"elle lui doit mettre

"une feuille de noyer

"cueillie la nuit de la Saint-Jean

"tandis qu’on sonne nonne

"en son soulier du pied senestre

"et sans faute il l’aimera

"moult merveilleusement

 

Et Pline l’Ancien

explique l’emploi des noix

lors des mariages

par leur double enveloppe :

fruit bien gardé

symbole de la noce sacrée

 

Taché de brou de noix

saoul de vin de noix

on doute si son ombre

est toxique ou pas

 

D’après les savants,

les racines des noyers diffusent

dans le sol une substance

la juglone qui ralentit la croissance

des autres plantes et parfois les tue

Ainsi la terre est souvent nue

sous le noyer

 

Ce qui me trouble aussi

c’est qu’à une lettre près

dans sa coque, le cerneau

ressemble beaucoup à un cerveau


 

 

 

Langage du noyer et des noix


- La fleur de noyer est "la fleur de la re-naissance" 

- Malgré qu'il soit considéré comme un arbre sinistre, hanté par les sorcières, le noyer est un arbre porte bonheur.

- Les Noix ont la réputation d'attirer la chance et de contribuer à la prospérité matérielle et sont traditionnellement considérés comme des fruits de connaissance et de sagesse.

- La noix est le plus souvent considérée comme propice, favorable aux mariages, à la génération, et symbole d'abondance. 

 

 

 

Traditions, mythes et légendes 

Noix et noyer


On retrouve le symbole de la noix dans de nombreuses civilisations.


- Selon une légende hébraïque, le fruit défendu était une noix.

- Selon une légende slave, les personnes vertueuses étaient sauvées du Déluge et repeuplaient le monde en se sauvant sur une coquille de noix.

- En Bulgarie le noyer est lié à l’au-delà. A la Pentecôte, les femmes ramassent les feuilles de l’arbre pour en tapisser les tombes de leurs chers disparus. Les feuilles vertes du noyer apporteraient l’apaisement, des vivants comme des morts. Des branches de noyer sont aussi apportées à l’église pour que les fidèles s’agenouillent dessus pendant l’office. Ainsi, ils ont des chances de renouer, ne serait-ce qu’un instant, avec leurs proches défunts.

- Les Picards du XIXe siècle plantaient un noyer l'année de leurs noces. 

- Les Anglais souffrant d'affection partageaient quant à eux une noix avec l'être convoité pour obtenir son amour. 

- Le noyer porte bonheur aux habitants qui ont placé à leur porte une ramille ou une croix de ses feuilles, avant l'aube de la Saint Jean.

- Les noix servaient autrefois aux jeux des enfants. A Rome, les jeunes époux, le jour de leur mariage, jetaient des noix au peuple pour annoncer que dès ce jour, ils devenaient sérieux et renonçaient aux jeux de l'enfance.

- En Italie, en Grèce, en Roumanie et en Lettonie,on jetait des noix sous les pas des mariés en Italie, 

- Vers le milieu du XIX° siècle, avait lieu à Gaillac, dans le Tarn, une pratique : lorsque les mariés étaient agenouillés au pied de l'autel, les assistants faisaient pleuvoir sur leur dos une grêle de noix. Le premier qui se retournerait vers les agresseurs serait le plui jaloux dans le ménage. 

- Au Pays basque espagnol, quand on plantait un Noyer destiné à marquer la limite d'une propriété, on empoignait les petits enfants qui assistaient à l'opération et on leur administrait une magistrale fessée pour qu'ils en gardent le souvenir. 

- En Cornouailles, si les Noyers ne rapportent pas, on les gaule violemment quand ils sont en sève en les agonisant d'injures. 

- Dans l'Aubrac, pour que les Noyers aient une abondante récolte, on les secouait le Jeudi saint, au moment où les cloches sont sur le point de partir pour Rome. 

- En Sicile, au contraire, on croit que celui qui plante un noyer devra périr dès  que le tronc de l’arbre deviendra aussi gros que sa tête.

- En Gascogne, lorsqu'un jeune homme demandait la main d'une jeune fille, il était invité à partager le repas familial : si, à la fin, on lui présentait des noix, cela signifiait que sa demande était rejetée. 

- La noix était utilisée comme talisman porte-bonheur, en particulier si c’est une noix à trois nœuds (ou noix de Saint-Jean). 

- Piocher une noix pleine parmi d’autres vides est le signe de l’arrivée prochaine d’un mari pour une jeune fille. 

- En Italie, au Piémont, l’huile de noix était considérée comme sacrée au XIXe siècle. Lors de la messe de minuit à Noël, on faisait brûler des lampes contenant de cette huile. A la fin de la messe, on les éteignait et on conservait l’huile restante comme remède oculaire !


 

 

 

Proverbes et dictons

noix et noyers

 


Français


"A la Madeleine,

Les noix sont pleines.

A la Saint-Laurent,

On fouille dedans".

 

"S'il y a des noix, 

l'hiver est froid".

 

"Quand, au printemps,

La lune est claire, 

Peu de noix espère, 

Si la lune est trouble,

La noix redouble".

 

"S'il pleut à la Sainte-Marguerite, 

Les noix seront rentrées bien vite".

 

"A la Sainte-Hélène, 

La noix est pleine, 

Et le cerneau 

Se met dans l'eau".

 

"A la Sainte-Croix, 

Cueille tes pommes 

et gaule tes noix".

 

"A la Saint-Gérard,

Les noix sont mûres 

pour toi et pour moi".

 

"A la mi-août, 

Les noix ont le ventre roux'.

 

"Il faut craindre trois choses dans ce monde : 

le devant d'une femme, 

le derrière d'une mule, 

et l'ombre du noyer". 

 

"Qui a des noix, en casse;

Qui n'en a pas, s'en passe".

 

"Lorsque l’orage gronde en février, 

il n’y a point de noix au noyer".

 

“S'il y a des noix 

L'hiver sera froid.”

 

“Il faut casser la noix

Pour en avoir la chair.”

 

"Lorsqu’il pleut le jour de la Saint Philippe,

point de noix au noyer". 

 

"Lorsqu'il pleut le 3 mai,

Point de noix au noyer".

 

 


Allemand


"A pain dur et noix dures,

dents dures".

 

"Qui a mangé les noix,

peut bien se charger des coquilles".

 

 

Anglais

 

"Un oeuf, une pomme, une noix,

Se mangent après qui que ce soit".

 

 

Portugais

 

"Dieu donne les noix,

mais il ne les casse pas".

 

 

Russe


"Un ami non éprouvé est comme une noix non cassée".

 

 

Persan


“Vouloir donner de l’éducation à un homme indigne,

c’est prétendre placer des noix sur une coupole.”

 

 

Géorgien 


"Quand tu donnes une noix à quelqu’un,

donne-lui aussi de quoi la casser.”

 

 

 

Utilisations

 noix et noyer

 


Le Noyer fait partie des arbres généreux sur tous les plans. 

 

Menuiserie :

- Le bois de noyer est un bois de qualité pour la menuiserie et l'ébénisterie (ronce de noyer). On utilise dans ce cas essentiellement le Juglans regia ; des plantations de noyer à bois d'espèce Juglans nigra (noyer noir d'Amérique) ou d'espèce hybride juglans-nigra au bois plus clair sont également utilisées.

- Les ébénistes apprécient son bois, surtout celui des vieux arbres pour la fabrication des meubles précieux, des manches d'instrument et des crosses de fusil. 

- Les luthiers en réalisent des violons et des guitares au son profond. 

 


Peinture et décoration : 

- la partie charnue autour de la coquille émet un jus qui tache, le brou de noix (jus de la partie charnue autour de la coquille) : 

Les peintres récoltent son brou, qui pigmente les peintures à l'huile et leur teinture pour bois. 

Pierre Soulages - 1949 - Peinture au brou de noix

 

 

Combustible :

Les coquilles de noix peuvent servir de combustible. 

 

 

Alimentation :


Très nutritive (600 calories aux 100 g), la noix est aussi laxative, draineuse cutanée, draineuse lymphatique, vermifuge, antilithiasique urinaire. Autrement dit, elle exerce une circulation en différents points de l’organisme.
 

- Les noix fraîches se conservent dans un endroit ventilé, frais et sec. 

- Les noix fraîches ou sèches peuvent se consommer directement comme fruits secs. On les casse à l'aide d'un casse-noix, d'un marteau, d'une pierre ou des mains.

- En cuisine, les cerneaux noix peuvent être utilisées dans de nombreux plats sucrés (patisserie) comme salés (salades).

- De la noix, on extrait aussi, par pression, de l'huile de noix. C'est une huile de qualité, aux propriétés nutritionnelles bénéfiques (oméga 3).

- On fait aussi du vin de noix avec les noix vertes cueilles sur l'arbre. 

- Les feuilles et les chatons (fleurs mâles) peuvent servir pour faire des alcools ou des décoctions. 

- Eau de noix (recette ancienne du Périgord) : râper en juin des noix encore grosses comme des noisettes, et les laisser macérer trois mois dans de l'eau de vie additionnée de la moitié de son volume de sirop et d'un morceau de cannelle. Filtrer...

 

 

Phytothérapie:

- Liqueur de brou de noix : comme le brou de noix est astringent, elle s'emploie contre la diarrhée et les douleurs d'estomac, . Il se prépare avec le brou seul, sans aromates, mais plus souvent avec la noix verte entière en cerneau, à la macération de laquelle on ajoute du sucre et des aromates.

- Les naturopathes connaissent les apports considérables de son fruit en diététique, 

- Les feuilles de noyer, avec la noix sont Tonifiantes, Stimulantes, Stomachiques, Astringentes, Hypoglycémiantes pour :

   . Les troubles circulatoires 

   .  Les troubles cutanés 

   . Les troubles gastro-intestinaux 

   . Les Soins capillaires

   . Les soins vétérinaires

 


Cosmétologie :

- Les fabricants de savons utilisent son huile pressurisée. 

 

 

 

Quelques noyers remarquables

 

 

Pour en savoir plus sur le noyer et la noix

 

Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur

(Éditions Plume de carotte, 2012) :

Avec le noyer "on nage dans le bonheur".

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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 23:47

 

 

 

 

Mythologie des arbres


Le poirier - Pyrus communis 

 

 

Le Poirier commun (Pyrus communis L.) est un arbre fruitier de la famille des Rosacées, cultivé pour son fruit, la poire.


Ses autre noms Pirus communis ; Chigigné ; Poirier de Sauge ; Saugier.

 
C'est un arbre originaire des régions tempérées d'Europe et d'Asie de l'Ouest, plusieurs milliers de cultivars distincts ont été recensés et sont cultivés dans tous les continents.


Arbre de taille moyenne, le poirier peut atteindre dix à quinze mètres de haut et vivre jusqu'à 200 ans. Les poiriers cultivés sont greffés sur des cognassiers pour obtenir des arbres plus petits.

 

Vieux poirier

On ne sait pas qui t’a semé

Le vent peut-être

Vieux poirier

On ne sait pas qui t’a planté

Devant ma fenêtre

Conte musical de Michèle Bernard et Jean-Claude Touzeil


 


Leur emplacement privilégié est le plein soleil, à l'abri des vents et des gelées tardives.


Les feuilles vertes, plus pâles en dessous, caduques et ovales, portées par un long pétiole à bord finement denté prennent généralement de belles couleurs automnales dès octobre. 


 

 

Les nombreuses petites fleurs blanches aux étamines rouges, réunies en grappes corymbiformes, s'épanouissent d'avril à mai. 


Les fleurs mellifères ont une odeur qui attire les abeilles sauvages assurant la pollinisation.  Le vent n'intervient que de manière négligeable. Si les abeilles domestiques dédaignent généralement le nectar du poirier, elles visitent les fleurs pour leur pollen lorsque la température dépassent 11 °C.

Comme la plupart des fruitiers de la famille des Rosacées, les poiriers sont auto-incompatibles, c’est-à-dire qu’il faut une pollinisation croisée de deux variétés pour assurer une production de fruits. Un verger de poiriers doit comporter associée à la variété cultivée principale, des variétés pollinisatrices dont la floraison concordera.

Les premières petites poires apparaissent dès le mois de mai et vont, petit à petit, grossir pour donner ces merveilleux fruits à la chair fondante et parfumée, qui seront récoltés en été ou en automne, selon les variétés.


 

 

 

Disponible toute l'année, la poire est différente selon les saisons :

 

La poire d'été :

avec la Guyot, gros fruit à peau jaune et à chair parfumée et juteuse et la Williams, fruit trapu, à épiderme lisse, de couleur jaune à vert clair ou rouge, à chair juteuse, fine et sucrée. Cette poire d'été est récoltée entre Juillet et Octobre dans le Sud-est


La poire d'automne :

Avec l'Alexandrine, jaune doré et peu juteuse, la Beurré Hardy à peau épaisse, vert olive, parsemée de rouge sombre, la Louise Bonne à peau verte, fine et à chair acidulée, la Comice et la Doyenné du Comice à chair fine et sucrée, juteuse et fondante, la Conférence, allongée, d'un brun pâle tacheté de roux, à chair juteuse fine et parfumée.


La poire d'hiver :

Avec la Passe-crassane, d'un jaune marbré, à chair juteuse et granuleuse. Ce gros fruit se reconnaît au bouchon de cire rouge à l'extrémité de son pédoncule. L'Angélys est une nouvelle variété de poire à l'épiderme épais, de couleur bronze, à chair fine, demi-fondante.
 

 

 

Si le nombre de fruits par grappe est important ,certaines variétés sont très prolifiques :

- Louise-Bonne d'Avranches 

 

 

- Duchesse d'Angoulême

 

 

 

Quelques variétés de poires  :

 

- Comtesse de Paris : 

poire de garde à la chair mi-fine très sucrée et juteuse ;

 

 

- Conférence : 

Poire d'automne à chair fondante. Peu sensible à la tavelure ;

 

 

- Précoce de Trévoux : 

Poire d'été fondante, juteuse et sucrée. Peu sensible à la tavelure ;

 

 

- Williams : 

Poire de fin d'été à chair fondante et parfumée. Variété assez sensible à la tavelure.

 

 

 

- Jules Guyot 

Variété de moyenne vigueur qui produit rapidement de grosses récoltes. Gros fruits allongés, jaunes, teintés de rose à maturité. Chair fine, juteuse, fondante, assez sucrée et parfumée. Récolte précoce. Le Poirier Jules Guyot n'est pas autofertile. Il est résistant à la tavelure. A cultiver dans les régions du Sud de la France.


 

 

 

Ancêtres sauvages

 


Il existe des poiriers sauvages dans toute l'Eurasie de climat tempéré. Le poirier Pyrus communis est probablement l'espèce originelle puisqu'on trouve les formes sauvages proches et interfertiles, classées comme Pyrus pyraster (L.) Burgstd. en Europe tempérée et Pyrus caucasica Fed. en Asie. 


La plupart de ces poiriers sauvages sont relativement épineux et donnent des petites poires pierreuses et astringentes. Récoltées dès la Préhistoire, elles se conservaient séchées. La sélection de formes améliorées en Asie centrale et dans l'est du bassin méditerranéen ont été largement diffusées par greffage.

 

les formes sauvages P. caucasica ou P. pyraster et les cultivars de P. communis se croisent spontanément pour donner des formes férales et des produits d'hybridations qui se plaisent au bord des vergers et dans les clairières des forêts adjacentes. L'Arménie et le Caucase sont extrêmement riches en formes sauvages de poirier.

 

 

Pyrus caucasica,  Poirier du Caucase

 

Le poirier du Caucase, est une espèce de poiriers de la famille des Rosaceae, endémique des montagnes du Caucas, la plus répandue parmi les 11 espèces de poiriers sauvages de Géorgie et considérée comme la principale espèce progénitrice des cultivars de poiriers locaux. Il s'observe à l'état sauvage aussi bien en Géorgie qu'en Arménie. 

 

Il est considéré comme un ancêtre sauvage du poirier cultivé européen Pyrus communis. antérieurs qui suggéraient une relation étroite entre les cultivars de poiriers de Géorgie locaux et Pyrus caucasica.

 

Son port généralement est pyramidal ou en couronne ovoïde élancée. Il mesure de 15 à 25 m de haut. L'écorce gris foncé, profondément cannelée, se fissure en écailles qui peuvent s'exfolier. En vieillissant, son tronc devient gris foncé, presque noir. Les jeunes rameaux sont verdâtres ou brun foncé avec quelques petites lenticelles. Le poirier du Caucase supporte le gel.

 

Les feuilles longuement pétiolées sont ovales, brillantes, vert foncé, pointe courte et pointue et la base est largement cunéiforme.

 

Les fleurs hermaphrodites, éclosent en avril, en grand nombre.

 

En automne, les fleurs donnent de petits fruits jaunes ou vert jaunâtre. La pulpe est blanche ou verdâtre, aigre-douce, astringente et amère, avec un grand nombre de graines, noircissant à maturité, comestibles.

 

 

 

Pyrus pyraster - Le poirier sauvage


Le Poirier sauvage européen est une espèce de poiriers de la famille des Rosaceae, présent dans les haies et les bois de toute l'Europe, excepté l'Europe du Nord. À la différence du poirier commun cultivé, ses rameaux peuvent porter une épine terminale et ses fruits sont petits et de saveur âpre.


Il est considéré comme un ancêtre sauvage du poirier cultivé européen Pyrus communis (avec Pyrus caucasica).


Il est présent partout en France, mais il est plus rare dans le Nord et la région méditerranéenne. En Espagne il est présent dans les régions montagneuses du tiers nord du pays, en particulier dans les forêts de feuillus. 


C'est une espèce de basse altitude, des collines et petites montagnes inférieures à 1 200 mètres d'altitude.


C'est un arbre de 11-15 mètres de hauteur, à cime pyramidale quand il est jeune. Son écorce et fissurée et écailleuse. Les Jeunes rameaux rigides, lisses, jaunâtres, luisants, sont parfois terminés par une épine.


Ses feuilles sont simples, ovales, longuement pétiolées, à bords finement denticulés et très luisantes sur le dessus.


Ses fleurs blanches sont hermaphrodites, très précoces. La floraison a lieu en avril-mai, mellifère pollinisée par les insectes.


Ses fruits sont petits, bien charnus, de forme variable. 

 


 

 

Mais la variation génétique des poiriers cultivés a aussi été enrichie, par hybridation et introgression, de beaucoup d'espèces de poiriers sauvages qui sont interfertiles et croissent dans la zone de culture traditionnelle du poirier commun. 


Parmi ces poiriers sauvages, : 

- P. spinosa Forssk., 

Poirier épineux, Poirier amandier, Poirier à feuilles d'amandier 

originaire de l'ouest de la Turquie, du bassin égéen et du sud des Balkans; 


 

- P. elaeagnifolia Pallas,

réparti en Turquie et dans l'est de la Bulgarie; 


 

- P. salicifolia Pallas, 

dans le Caucase et les zones adjacentes de la Turquie; 

 


- P. syriaca Boiss.

des climats plus arides du Croissant fertile,

Pyrus syriaca est un arbre à feuilles caduques de la famille des Rosacées. Il est désigné par le nom commun de poire syrienne . C'est la seule espèce de poire qui pousse à l'état sauvage au Liban, Turquie, Syrie et Israël .

 

 

- P. nivalis Jacq.

Le poirier des neiges du sud et sud-est de l'Europe et l'espèce proche P. korshinskyi Litw. en Asie centrale.


    
 

Étymologie Pyrus Communis

 


Le nom de genre Pyrus vient du latin pirus signifiant "poirier", et du latin communis "commun".

Dans la langue commune, poire est issu du bas latin pira, pĭrum. 

L'ancien français était peire, pere resté dans les dialectes de l'ouest de la France. 

En occitan : pera (pero) 

En italien : pera, 

En espagnol : pera 

En anglais : pear 

En néerlandais : peer, 

En allemand : Birne ( forme tardive et altérée du Sud de l'Allemagne).

Le mot celtique : breton per(enn), gallois peren, irlandais piorra. 

 

Le périer désigne un lieu planté de poiriers d'où les noms de famille les plus connus Périer 


 

 

 

Mythologie greco-romaine

 

 

Dans la mythologie grecque, le poirier était un arbre lunaire dédié à la déesse Héra, Fille de Cronos et Rhéa et épouse et sœur de Zeus.


Elle est la protectrice des femmes et la déesse du mariage. 


Les poires sont considérées comme un fruit sacré, le plus souvent lié à trois déesses dans la mythologie grecque et romaine: Héra, Aphrodite et Pomone. 
Les trois déesses sont réputées pour leur affinité avec les jardins et le temps des récoltes. 


Dans l'Héraion de Mycènes, l'un de ses plus anciens sanctuaires dédiés à Héra, certains temples dédiés à cette divinité étaient en partie fabriqués à base de bois de poirier, symbole de pureté et d’innocence.

Franck Devedjian - intérieur du temple d'Héra, Héraion d'Argos.

 

 

 

Mythologie chinoise 

 


le poirier symbolise la vie immortelle eet la prospérité en raison de la longévité de l'arbre.

 

La poire est un symbole de confort, le mot poire en chinois signifie à la fois "poire" et "séparation". La tradition veut qu'une poire ne soit pas partagée entre  deux ou plusieurs personnes, pour éviter la séparation des amoureux, des amis et de la famille.  

 

Les fleurs de poirier sont symbole de deuil, parce qu’elles sont blanches et que le blanc est la couleur du deuil dans les cultures japonaises et chinoises, mais aussi symbole du caractère fragile, éphémère, de l’existence à cause de leur courte durée de vie.

 les poires "sacrées" en forme de bouddha, (fruits sont placés dans un moule)

 

 

 

Tradition chrétienne

 


Le poirier est un point de la chanson populaire des Fêtes,

"Les Douze Jours de Noël", 


The Twelve Days of Christmas (Les Douze Jours de Noël) est un chant de Noël très connu dans les pays anglophones.

Il s’agit d’une comptine à récapitulation où sont énumérés douze cadeaux qu’une personne dit avoir reçus de son amoureux/se durant les douze jours consécutifs du temps de Noël. Après l’annonce d’un nouveau cadeau, la liste des précédents est répétée à l’envers.

Le premier  cadeau est une perdrix dans un poirier.

D’après le refrain populaire de la chanson, on dit que la perdrix représente le Christ, tandis que le poirier symbolise le salut de l’humanité.


 


 

 

5800 et 2500  à 900 av. J.-C.,

néolithique et de l'âge du bronze


 

Poirier cultivé

Longtemps avant la domestication des poiriers, on cueillait les poires sauvages. Des restes carbonisés de ces petits fruits, parfois coupés en deux et probablement séchés, ont été trouvés sur plusieurs sites du néolithique et de l'âge du bronze en Suisse, dans le nord de l'Italie, dans l' ex-Yougoslavie et en Allemagne. On trouve des restes similaires pour le néolithique récent en Grèce, en Moldavie et Ukraine.

À défaut d'informations archéologiques plus précises, on est forcé de s'appuyer sur les textes de l'Antiquité gréco-latine pour avoir quelques indices sur la domestication. Par expérience, les arboriculteurs ont appris que la meilleure manière de multiplier un poirier intéressant, était d'en greffer un rameau, alors qu'en semant ses graines il pouvait retourner à l'état sauvage ou produire des fruits de piètre qualité.


reconstitution époque néolithique

 

 

 

1071 ans avant J.C.


La Bible est le premier ouvrage où le Poirier apparaisse. On l'y montre, au temps de David dans la vallée de Raphaïm, sous les murs de Jérusalem.
 

 

 

VIII° siècle av. J.-C., 

 


Homère (VIII° siècle av. J.-C.) a qualifié la poire de "cadeau des dieux".

écrit dans :

l'Odyssée


chant VII

Arrivée d'Ulysse chez Alcinoüs.

..."Hors de la cour se trouve un grand jardin de quatre arpents près des portes. Tout autour une clôture court des deux côtés. Ici poussent de grands arbres, vigoureux, poiriers, grenadiers et pommiers aux fruits splendides, figuiers domestiques et vigoureux oliviers. Jamais leurs fruits ne sont perdus ni ne manquent, ni hiver, ni été, chaque année. Mais toujours le Zéphyr qui souffle fait croître les uns, fait mûrir les autres. La poire mûrit après la poire, la grappe après la grappe, la figue après la figue. ..
Tels étaient les brillants présents des Dieux dans la maison d’Alcinoos. Le divin Ulysse qui a tant souffert, se tenant là, admirait..."

 


Chant XXIV

Laerte

"...L'ingénieux Ulysse lui dit alors:

- Vois d'abord la cicatrice que m'a faite la blanche défense d'un sanglier lorsque j'allai sur le Parnèse voir Autolycus, le père de ma mère chérie. De plus, je vais te nommer les arbres que tu me donnas jadis quand tout enfant, je te suivais au jardin. Tu me donnas d'abord treize poiriers, dix pommiers et quarante figuiers; puis tu me promis en outre, cinquante rangées de vignes entre lesquelles le blé mûrissait..."


 

 

 

IV° siècle - III° siècle av. J.C.

 


Théophraste (288 av. J.C.-322 av. J.C.)  philosophe de la Grèce antique ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste dans Recherches sur les plantes, avait connaissance des techniques d'arboriculture.

Il distingue les poiriers cultivés (apios) des poiriers sauvages (akhras) et utilise ónkhnê comme synonyme d'apios. Il indique les deux techniques de greffage en fente et en écusson pour multiplier les arbres fruitiers cultivés. 


 

 

 

II ème siècle avant J.-C., 

 

 

Caton l'Ancien, (234 av. J.C.-149 av. J.C.) homme politique, écrivain, agronome romain mentionne dans ses écrits "De agricultura" six variétés de poiriers

Économie Rurale

..."Chapitre 7

Les poires seront celles d'Anicius, (et des semailles excellentes confites dans du vin cuit),..." 


 

 

 

I° siècle

 


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.)écrivain et naturaliste romain auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).
Il décrit 35 variétés de poires

 

Histoire Naturelle - livre XV


XI. - 1

..."Quelques poires aussi, appelées poires de livre, montrent par leur nom quelle grosseur elles atteignent, (XII.)..."

 

XVI. (XV.) - 1

..."Une précocité semblable a valu tel surnom de superbe à une espèce de poire ; elle est très petite, mais très hâtive. Tout le monde préfère la crustumienne ; au second rang est la Falerne, ainsi nommée parce qu'elle donne à boire, tant elle est juteuse (ce jus porte le nom de lait) ; d'autres de la même espèce, de couleur noire, reçoivent le nom de syriennes. Les dénominations des autres varient suivant les localités. Parmi les poires dont les noms sont adoptés à Rome, la décimienne et la pseudodécimienne, qui en vient, ont rendu célèbre le nom de leurs auteurs, ainsi que les dolabelliennes, dont le pédicule est très long..."

 

XVI. - 2


..."la pomponieone, surnommée mammosa, la licérienne, la sévienne, et la turranienne, variété de la sévienne, et qui s'en distingue par la longueur de son pédicule ; la favonienne rouge, un peu plus grosse que la superbe; la latérienne, l'anicienne, qui vient après l'automne, agréable par son goût acidulé. On appelle libérienne une poire, la favorite de l'empereur Tibère : elle est plus colorée par le soleil et acquiert plus de volume : autrement elle serait absolument la même que la licérienne. Le lieu d'origine donne le nom à l'amérine, la plus tardive de toutes, à la picentine, à la numantine, à l'alexandrine, à la numldique, à la grecque, à la tarentine, variété de la grecque, à la signine, nommée par d'autres testacée à cause de sa couleur, comme l'onychine et la purpurine. Sont dénommées d'après l'odeur, la myrapie (poire-parfum), la laurée, la nardine ; d'après le temps de la récolte, l'hordéaire; d'après la forme du col, l'ampullacée; d'après la peau lanugineuse, la brute ; d'après la ressemblance avec la courge, la cucurbitine; d'après le goût, l'acidulé. On ignore le motif du nom de la poire barbarique, de la poire de Vénus, qui sont dites colorées; de la royale, qui a un pédicule très court, et qui est presque sessile ; de la patricienne, de la voconienne, verte et oblongue. En outre, Virgile (Géorg., II, 87) a nommé la volème, empruntée à Caton (De re rust., VII), lequel parle aussi de la sémentive et de la musté..."

 

 XVII. - 2

..."la forme des poires est conique. Les tardives restent sur l'arbre jusqu'aux gelées, qui les mûrissent; telles sont la grecque, l'ampullacée, la laurée, et, parmi les pommes, l'amérine et la scandienne. Les poires se gardent comme les raisins, et d'autant de façons différentes; c'est le seul fruit, avec les prunes, qu'on met dans des barils. Les pommes et les poires ont une propriété vineuse ; les médecins les défendent comme le vin dans les maladies (XXIII, 62). On les fait cuire dans du vin et de l'eau, et elles forment une marmelade ; préparation qu'on ne peut faire en outre qu'avec le coing et la variété appelée struthée..."

 

XVIII. - 3

..." Les poires se gardent dans des vases de terre poissés ..."

 


Livre 16


XXXI.  - 1

..." Tous les arbres qui sont communs aux montagnes et aux plaines deviennent plus grands et prennent une apparence plus belle dans les plaines ; mais ils ont le bois meilleur et plus veiné dans les montagnes, excepté les pommiers et les poiriers..."
 

 

Histoire naturelle 

 

XV, 58 
..."des précoces et des tardives, certaines de couleur noire venant de Syrie, ou "les variétés tardives (qu)] restent suspendues à l'arbre mère jusqu'aux froids hivernaux et mûrissent avec le gel..."

 

XXXIII,115


..."Il est interdit aux malades de manger toutes les sortes de poires -- indigestes même pour les gens en bonne santé --, de même que le vin leur est défendu. Mais cuites, ces mêmes poires sont remarquablement saines et agréables..." 

Histoire Naturelle- Pline l'Ancien manuscrit- XII° collection Abbaye de Saint Vincent-Le Mans 

 

 

 

Les Romains, en pratiquant de manière systématique le greffage et en développant une soixantaine de variétés, ont joué un rôle prépondérant dans la domestication du poirier en Europe.


L'introduction du poirier cultivé en France a été faite à l'époque de l'expansion de l'Empire romain. 


Herculanum (Pompei) ville romaine antique située dans la région italienne de Campanie, détruite par l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C.,


La maison de l'Auberge (Casa dell'Albergo), 

Les restes d'un arbre carbonisé ont été identifiés comme un poirier, ce jardin intérieur devait donc être un verger, qui est reconstitué de nos jours. 

photo d'Aldo Ardetti (14 août 2007) maison de l'auberge

 


 

 

IV° siècle - V° siècle

 


 

Saint-Germain d'Auxerre  (vers 380-448). Ses parents étaient les seigneurs du village. Il étudie à Auxerre et à Autun puis à Rome, où il devient un avocat célèbre et recherché. Il épouse Constance de Lyon, riche, belle et vertueuse.

 

Il est nommé gouverneur et administrateur de plusieurs provinces romaines : l’Aquitaine, le Lyonnais et la Semonoise. Il s’installe à Auxerre, mais doit faire de fréquents voyages surtout pour y exercer la haute.

 

Pour se détendre, Germain aime beaucoup la chasse et il a l’habitude d’exposer ses trophées (surtout les bois de cerf) près d’un poirier près d’Auxerre ; comme le faisaient tous les seigneurs du temps.

 

Cela ne plaisait pas à saint Amâtre, évêque d’Auxerre, qui voit dans ce rite une sorte d’idolâtrie. Profitant d’une absence de Germain, Amâtre fait couper le poirier… mais, devant la colère de Germain,il s’enfuit à Autun, chez son ami saint Simplice, sous la protection du préfet Julius.

 

Saint Amâtre a une révélation lui disant que Germain sera son successeur sur le trône épiscopal d’Auxerre.

 

Il revient à Auxerre, rencontre Germain, parvient à le convertir et l’ordonne diacre, puis prêtre (vers 410). Sentant sa fin venir, Amâtre désigne Germain comme son successeur, ce qui est approuvé par l’ensemble du clergé du diocèse. Germain refuse d’abord ce choix, puis y voit la volonté de Dieu et accepte finalement.

 

En 418, à la mort de saint Amâtre, Germain devient donc évêque d’Auxerre

 

 

 

Saint Augustin (354-430), philosophe et théologien chrétien romain d'origine Berbère ayant occupé le rôle d'évêque d'Hippone en Numidie

 

C II, V, 10

Le vol des poires

..."Il y avait un arbre, un poirier, dans le voisinage de notre vigne, qui était chargé de fruits attrayants ni par leur forme ni par leur saveur. Nous allâmes en jeunes vauriens le secouer et le dépouiller au beau milieu de la nuit (où, suivant une malsaine habitude, la fin d’un jeu sur les places publiques nous avait conduits) et nous en retirâmes de grandes brassées ; elles n’étaient pas pour nos agapes mais plutôt pour jeter aux porcs, et même si nous en mangeâmes quelque chose, ce qui comptait alors pour nous fut la délectation de l’illicite..." 

Eglise Saint Augustin de la Grande Motte, - carreaux de faïence Gabriel Mutte et Elvina Moret-Bailly Mutte,- Le vol des poires

 

 

 

A la fin de l'Empire romain, vers 476, une soixantaine de variétés au goût médiocre et proche du fruit sauvage sont recensées.

 

 

IX° - XII° siècle

 


Au Moyen-Âge, la poire est inscrite au Capitulaire de Villis comme espèce végétale indispensable, elle ne trouve que des usages relativement limités : elle est cuite au vin ou à l’hypocras.

 

Ecole de médecine de Salerne (IX° -XII° siècle)

Les aphorismes d'Hyppocrate


..."La poire ne vaut rien, 

sans vin.

Si vous la mangez en compote,

C'est un excellent antidote ;

Mais poire crue est un poison.

Vous pouvez là-dessus régler votre conduite.

Crue, elle charge trop l'estomac ; étant cuite,

Elle y porte la guérison.

Quand on a mangé de la poire,

Que le premier soin soit de boire"...

 

 

L’école de médecine de Salerne (IX° - XII°),  

 

Les fruits


En notre cour est un poirier,

Justement auprès d'un noyer.

Mais parlons de la poire,

Tu n'en mangerais point sans boire

Car poire mangée sans vin

Est quasi pire que venin.

Si poires du venin étoient,

Tous les poiriers maudits scroient :

Mais poire qui crue est poison

Cuite sert de contrepoison :

Poire crue l'estomach grève,

La même cuite le relève :

Après la poire, boire il faut,

Et après la pomme, va tôt.



 

 

 

 

XIIIe siècle

 

 

Le Roman de la poire (Li romanz de la poire) est un roman français du XIII° siècle d'un certain Tibaut.
 

Le Roman de la Poire est un poème allégorique construit autour d'une alternance entre modes d'expression oral et écrit, lyrique et narratif. Dans cet article, l'auteur considère la polarisation entre chant et écriture dans le cadre de la trajectoire narrative du roman, allant de la naissance de l'amour sous le poirier à l'achèvement du livre. Le titre est dérivé d'une scène centrale où la demoiselle partage avec l'amant une poire qu'elle a épluchée avec ses dents.


Le texte est conservé à la Bibliothèque nationale de France (Ms. fr. 2186). C'est un manuscrit enluminé datant des années 1250. 

 

Le roman de la poire

 

Ci endroit commence l'histoire

De la plus merveilleuse poire

Qui jamais soit, ni jamais ne fut

Dieu l'aima qui en planta le fût.

 

Amors qui par A se commence

A contre moi donné sentence (...)

 

À ce tournoi(ement), mais que je sois armé.

J'irai promptement, Dame, si vous m'aimez.

Et je disposai mon épée entre nous deux

 

Ici finit le roman de la poire

Qui des amants à dit l'histoire.
 

Mythologie des arbres - Le poirier, Pyrus communis 

 

 

1228

 

Jean Renart écrivain français de la fin du XII° siècle 

Extrait du Guillaume de Dole de Jean Renart :

 

menu typique de 1228,

avec la poire et le fromage 

 

Si (Ainsi) s'en vont en la sale arriere  

on li soupers ert attornez (était préparé)  

mout biaus de viandes assez : 

faons de let, porciax farsiz

dont li ostex ert bien garniz,

et bons convins (lapins), poulez lardez

                 (de ce estoit granz la plentez (l'abondance)                          
et poires et fromages viez (vieux)

 

Autrefois l’usage était, dans les repas, de manger la poire avant le fromage. Mais, depuis l’année 1393, cet usage fut interverti ; 


 

​​​​​​​

 

 

Wang Yinglin (1223-1296 ) érudit confucéen et éducateur réputé a probablement écrit XIII° siècle, à l'époque de la dynastie Song, le Classique des trois caractères ou San Zi Jing à l’intention des enfants de son clan. 


Tous les Chinois connaissent l’histoire de Kong Rong, un descendant de Confucius (son nom de famille était Kong ), qui a vécu vers la fin de la dynastie de Han de l’Est (25-220).


Kong Rong était le sixième de sept fils. Un jour, alors qu’il était enfant, sa mère déposa sept poires sur la table à l’intention de ses enfants. 


Kong Rong choisit la plus petite. Heureux, mais perplexe, son père lui demanda pourquoi il avait agi ainsi. L’enfant de 4 ans lui répondit :

"Je suis jeune et je dois laisser les plus grosses poires à mes frères aînés. Mais puisque j’ai également un frère cadet, je dois lui laisser une plus grosse poire." 

Kong Rong image Li Zhi vision


 


 

Etienne Boileau (1200 ou 1210-1270) un des premiers prévôts de Paris 

Le livre des métiers

1260 - perier "bois de poirier utilisé pour la confection des barils (de vin)"
 

 

 

 

XIV° siècle

 

 

1305


Iconographie des manuscrits du "Traité d'Agriculture" de Pierre de Crescent ou Pierre de Crescens (1230-1320 ou 1321) magistrat et un agronome italien qui fut également un écrivain (de langue latine), auteur d’un traité, le Ruralium commodorum opus.

Dans l'exemplaire du Traité d'Agriculture conservé à Prague, les poiriers situés en arrière-plan pourraient bien indiquer que c'est un poirier qui est greffé. 


Cette espèce se prête d’ailleurs particulièrement bien à la greffe, à preuve les cinq rubriques qui lui sont consacrées dans

..."La manière de henter soutillement"...

 

 

XV° siècle

 


Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

 

Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 274

Poire :   

Proverbe.

Le moisir font les poires molles. "Les poires blettes finissent par moisir" :

Vous usez de grosses parrolles Et autre chose n'y povoir. Face chacun bien son devoir ; Le musir font les poires molles.

(poires molles signifie "vaines promesses" ; dans le passage ci-dessus, le prov. vise un adversaire que l'on affecte de ne pas craindre, considérant ses grosses paroles comme des menaces en l'air.)

 

 

 

Corbechon édition  G. Sodigné-Costes, 1372. 

Poirier : 

"Perier est un arbre fruit portant, qui est ainsi appelé pour ce qui monte tousjours en soy estroicent tant aussi comme le feu qui en grec est appelé pir, si comme dit Ysidoire"

 

 


Hector de Chartres, Cout. R., 1398-1408.

Poirier de bois. "Poirier sauvage" : 

"Le prieur et couvent du Neuf Castel ont acoustumé prendre en ladicte forest le boiz sec en estant et en gesant et le vert tout en gesant quant ventes sont rendues aux diz prieur et freres, excepté chesne, hestre, et houx, les melliers, pommiers et periers de boiz"

 

 


Évrard de Conty (XIV° siècle) médecin et écrivain français

Le livre des échecs amoureux moralisés - 1400, 312.

Poirier d'angoisse : 

"Variété de poirier dont les fruits ont un goût très âpre"

 

 

 

Poirier de saint Riule. 

"Variété de poirier dont les fruits arrivent à maturation vers la fête de ce saint (3 septembre)"  

"Elle (la montagne de l'Ambition) est aussi paree et remplie d'arbres nobles et beaux et excellens et par especial d'arbres qui portent fruit, comme sont oliviers, loriers, pins, paumiers, cyprès, basmes, figuiers, peschiers, amandiers, coigns, dactiers, poiriers de saint Reule et d'angoisse, et d'autres moult divers".

 

 

Gaston Paris (1839-1903) médiéviste et philologue romaniste français.

Mélanges de littérature française du Moyen Âge 

littérature du quinzième siècle, 1910-1912.

le roman- Cliges 

"Au milieu de la pelouse s'élève un arbre (un poirier, comme on le voit plus tard), dont les branches artistement ployées retombent vers la terre et forment un vaste berceau. On y fait porter un lit, et c'est là que les amants passent leurs plus douces heures dans un complet abandon. Or, "un jour, un jeune chevalier de Thrace, appelé Bertran", voit l'épervier avec lequel il chassait s'essorer dans le verger sous la tour ; il veut le reprendre et escalade, sans grande peine, semble-t-il (de même qu'il le fera au retour), le mur du verger. 

...— Les amants dorment, nus, sur le lit placé sous l'arbre. Bertran les voit et les reconnaît, bien qu'il ait peine à en croire ses yeux. A ce moment, une poire tombe de l'arbre et réveille Fénice, qui voit Bertran. Elle éveille Cligès en lui criant : "Tuez- le ou nous sommes perdus !". 
 

 

 

XVI° siècle

 

1505


Matthiole (1501-1577) médecin et un botaniste italien


    ..."Puisque ainsi est que les hommes ne s'en peuvent abstenir, au moins qu'ils apprennent pour se garder d'en mourir, de n'en manger point s'ils ne sont cuits avec des poires sauvages."... 
 

 

 

Albrecht Dürer (1471-1528),

dessinateur, graveur et peintre allemand de la Renaissance, 

La vierge à la poire  1526

 

 

 

Joris Hoefnagel (1542-1601) enlumineur flamand.

Il est connu pour ses illustrations de sujets d'histoire naturelle, de vues topographiques, d'enluminures et d'œuvres mythologiques. 

manuscrit 1561-1562 

enluminure 1591-1596

mouche, papillon, poire et mille-pattes, 

 

 

 

La reine Margot (1553-1615)

La poire fut sa collation préférée 

"Deux cailles roulées dans une feuille de vigne et une poire cuite à point entre deux braises". 
 

 

 

XVIIe siècle 

 

 

Au 16° et 17° siècle, les variétés cultivées en France, telles que "Caillou rosat" ou la "Poire d'angoisse", étaient si peu savoureuses qu'elles n'étaient consommées qu'une fois cuites.

D'après le "Thresor de santé de 1607", 
..."les poires sont astringentes et nutritives, mais...elles sont fort venteuses, parquoi on les doit servir cuites en la braise avec anis, fenouil ou coriandre, beuvant incontinent après un bon verre de vin vieil. Les douces sont profitables à l'entrée du repas, les autres à la fin"...
 Une recette pour garder les poires consiste à les peler, les couper en quartiers, les faire cuire dans du vin doux, puis les faire sécher au soleil ou dans un four.

 

 

1610


Poirier de Bollwiller ou Sorbopyrus Tatarova arbre hybride issu du croisement intergénérique d'un poirier commun (Pyrus communis L.) et d'un alisier blanc (Sorbus aria).


Il apparaît pour la première fois dans la littérature en 1610, à Bollwiller, Alsace, et s'est propagé depuis par multiplication végétative.


Cet arbre est présent dans de nombreux jardins botaniques et arboretums à travers le monde mais n'a pas été beaucoup cultivé pour son bon fruit de la taille d'un gros abricot.


Cette variété produit des fleurs blanches et des fruits jaunes orangés, mielleux, juteux, excellents à manger, de couleurs vert pâle. 

 

1650

Gravure de Pirus polvvilleriana - J.Bauhin -1650

 

 

1652


Abbé Antoine LeGendre, curé Hénouville

La manière de cultiver les arbres fruitiers

..." Le poirier ne peut jamais réussir sur le pommier, ni le pommier sur le poirier. Les greffes d'arbres ne réussissent que sur des arbres ui sont de même espèce ou qui ont une sève conforme"...


..." Pour greffer des Poiriers bons à planter en espalier, contre-espalier, ou en buisson, le plant qui y réussit le mieux est celui du cognassier parce que les arbres sont nains de leur nature et se maintiennent bas fort heureusement. Les poiriers sauvageons n'y sont pas propres, car naturellement ils s'élèvent trop"...


 

 

 

Des variétés donnant des fruits de meilleure qualité apparaissent à la Renaissance. Sous le règne de Louis XIV, plus de 500 variétés de poiriers sont recensées.


Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), créateur du Potager du roi à Versailles, expert en arboriculture, écrit : 


..."en matière de fruits l'expérience nous apprend trois choses : pour les fruits d'été, ils doivent être cueillis à mesure qu'ils sont mûrs… Un poirier donne pendant dix ou douze jours et ne passe jamais guère cela"...


..."Les poires demandent qu’on les traite d’une manière douce, délicate et douillette comme si c’était, pour ainsi dire de belles jeunes demoiselles."...


..."J'aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée, tout au moins tendre et délicate, avec une eau douce, sucrée et de bon goût, et surtout quand il s'y rencontre un peu de parfum… en second lieu, à défaut de ces premières, j'aime celle qui ont la chair cassante avec une eau douce et sucrée et quelquefois un peu de parfum… en troisième lieu je fais véritablement cas de celles qui ont un assez grand parfum, mais dont la chair n'est pas extrêmement dure, pierreuse, et pleine de marc"…
 

Un poirier taillé en "vase de Médicis", une des formes décrite par Jean-Baptiste de la Quintinie dans ses écrits.

 

 

 

Pu Songling (1640-1715) écrivain chinois 

Le merveilleux poirier 

Nouvelle publiée pour la première fois dans Strange Tales from a Chinese Studio.


..."Dans un village chinois non spécifié, un prêtre taoïste échevelé supplie en vain un vendeur de poires pour une seule poire. Cependant, un passant altruiste propose d'acheter une poire au vieil homme, ce qu'il accepte volontiers. Le taoïste propose alors de rendre la pareille en donnant des poires gratuites à la foule; il enterre le pépin de la poire dans le sol et arrose le sol avec de l'eau bouillante, peu de temps après, un poirier mûr pousse. Après avoir distribué tous les fruits de l'arbre aux passants, le taoïste coupe l'arbre et s'en va. L'avare vendeur de poires, qui avait été rattrapé par le spectacle, se rend à peine compte que toutes ses poires ont disparu - et que sa charrette de fruits a été coupée en morceaux. Se rendant compte que le taoïste avait employé la sorcellerie contre lui, le marchand de fruits se précipite pour le confronter, mais il a disparu sans laisser de trace. Dans son post-scriptum, Pu Songling met en garde contre l'avarice, notant que "les individus (comme le vendeur de poires) sont trop nombreux pour être énumérés séparément, donc l'exemple d'un villageois aussi stupide est tout sauf une surprise."...

 

 

XVIII° siècle

 

 

Louis Racine (1692-1765) poète français



La religion (page 54 vers 11)

..." Toutes les espèces de poires viennent d'un premier poirier.

Les mêmes pépins produisent des poires différentes,

et la même graine d'une fleur

produit différentes espèces de cette fleur"...

 

 

Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803) poète, philosophe et officier militaire français.


L'automne


..."Le poirier en buisson, courbé sous son trésor,

Sur le gazon jauni rouler les globes d'or,"...


 

1753

Pyrus communis L a été décrit par Carl Linné en 1753 dans "Species plantarum". 

L'espèce est présentée sous la forme d'une variété du poirier commun : Pyrus communis var. pyraster. 

 

 

En 1787 

un botaniste allemand Burgsdorff, remonte la variété au niveau de l'espèce pour créer : Pyrus pyraster (L.) 


 

 

 

1792

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792),


Le mois de brumaire est le deuxième mois du calendrier républicain français.


 

Octobre 


Le Soleil entre au Signe du Scorpion

Avant la fin du Jour, la prudente Bergère

De crainte que la Brume égare son troupeau

Le presse de rentrer, portant le faible agneau

Et le bois ramassé pour une Bonne Mère


 

 

 

XIX° siècle

 


Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), peintre, graveur, éditeur et enseignant belge.

Traité des Arbres et Arbustes que l’on cultive en France en pleine terre (1801–1819) 

Original from the New York Public Library.

Pyrus Communis

 

 

 

1827


Nouveau dictionnaire des origines, inventions et découvertes dans les arts, les sciences. Tome 1 /

François Carpentier  (1756-1841). Auteur 

Poire : 

..."Le poirier nous vient du Mont ida ; les poires les plus délicates furent tirées d'Alexandrie, de la Numidie, et de différentes parties de la Grèce.
Il y a bien des espèces de poire, contenues sous différents noms. On prétend que la poire de Saint-Germain a été trouvée dans la forêt de Saint-Germain. La virgoulée a été ainsi nommée du village de Virgoulée, près de Limges, d'où elle nous est venue ; le martin-sec nous fut donné par un nommé Martin ; la poire de Colmar est née apparemment sur le territoire de la ville de ce nom : le bon-chrétien nous a été donné par Saint François de Paule, qu'on surnommait le bon chrétien.


L'humble François de Paule était, par excellence,

Chez nous nommé le bon chrétien ;

Et le fruit dont le saint fit part à notre France

De ce nom emprunta le sien"... 
 

 

 

Samuel Palmier  (1805–1881)  (1805-1881) peintre et graveur anglais 

Poirier dans un jardin clos, 

vers 1829

 

 

 

Curé d'Ars (1786-1859) prêtre catholique français vénéré par l'Église.disait à propos de la poire :

..."On devrait interdire ce fruit diabolique car il cause de certains débordements du corps et de l’âme et peut engendrer la débauche. Tout bon chrétien devrait la proscrire"...

 

 

La poire et les caricatures

 


La Poire est devenue un symbole symbole de la presse satirique.


Le succès de cet emblème s'est traduit par la prolifération du signe dans toute la France et a contribué au rétablissement, en 1835, d'une censure de la presse.


Disparu un temps, l'emblème de la Poire est réapparu lors de la révolution de 1848, puis à nouveau en 1871 et perdure,

 


Vers 1815

La Poire était mûre. Anonyme, c. 1815.

Le proverbe, retourné contre l'empereur dans une caricature de 1815 où son profil est découpé dans une feuille.


 

 

Vers 1827

Jean-Baptiste Isabey (1767- 1855) peintre, miniaturiste, aquarelliste, dessinateur, lithographe, décorateur d'opéra et costumier français.

Caricature d'Alexandre Du Sommerard.  c. 1827.

 

 

 

1832

Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.

"Voulez vous aller faire vos ordures ailleurs polissons"


 

 

1832

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.

"Je suis le poiricide Mayeux, tonnerre de D...! vends moi ton éventaire que je le f.... !!!"


 

 

1832

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.

Mauvaise charge. 

publié en 1832,

Dans le titre le mot "charge" signifie le fardeau que porte le peuple. 


 

 

1832

J.J. Grandville (1803-1847) caricaturiste, illustrateur et lithographe français.

Réception par les deux poirivores. Grandville, 1832.

Lithographie de Grandville et Forest publiée en novembre 1832, 

Dans La Caricature dont le commentaire dit : 

"Cette réception, c'est un rêve, un cauchemar poiréiforme  (...) Figurez-vous la poire suprême recevant toutes les variétés de l'espèce. À sa droite, je vois (...) la poire à gober se dandiner gauchement à côté du gros martin sec. À la gauche du fruit principal, je vois (...) la poire de Naples. Autrefois je voyais la poire d'amour, elle n'y est plus".


 

 

1832

Charles Philipon (1800-1862) dessinateur, lithographe et journaliste français, fondateur de la maison d’édition Aubert, directeur de La Caricature et du Charivari.

Projet d’un monument Expia-poire. Philipon, 1832

décrit par Philipon comme celui d'une "statue au Juste-Milieu"  : 

à élever sur la place de la révolution, précisément à la place où fut guillotiné Louis XVI


 

 

1832

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.

"Ah ! scélérate de poire pourquoi n’es tu pas une vérité !." 

Lithographie originale

Mayeux, tient une poire et s’apprête à la couper. Il s’agit d’une allusion parodique aux propos tenus par Louis-Philippe en août 1830 : "La Charte sera désormais une vérité". Mayeux s’insurge contre les atteintes à la liberté de la presse, et se venge sur une poire.

 

 

1832

Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle

Le Cauchemar de Lafayette

publié dans La Caricature no. 69, 23 février 1832


 

 

1832

Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle

Mr Montaugibet en pâtissier gâte-sauce montre le ministre Camille de Montalivet en mauvais cuisinier, au visage piriforme, portant un bonnet piriforme et une chemise ornée de poires, qui sert une poire sur laquelle est écrit "état de siège" par référence aux émeutes de juin 1832, garnie d'une sauce aux pruneaux (par référence à Victor Prunelle, maire de Lyon) et au persil (par référence à Jean-Charles Persil, procureur général). 


 

 

1833

J.J. Grandville (1803-1847) caricaturiste, illustrateur et lithographe français et Deesperret

Élévation de la poire.

Lithographie 

Légende : 

"Adoremus in aeternum sanctissimum philipoirum."
Paris Musées


 

1833

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.

"Le Diable emporte les fruits !!"  

Mayeux fait allusion sur le mode ironique à cette interprétation en proclamant, à propos du soutien apporté en juillet 1830 par La Fayette à Louis-Philippe :

"Adam nous a perdu par la pomme et La Fayette par la poire".


 

 

1833

Charles-Joseph Traviès de Villers, dit Traviès (1804-1859) peintre et caricaturiste suisse, naturalisé français.

"La poire est devenue populaire",  

Le voyou employé aux trognons de pommes dans les théâtres des boulevards, la croque sur les murailles pendant ses nombreux loisirs c'est ainsi que Paris s'embellit tous les jours. 

 

 

 

1833

Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.

"Les Favoris de la poire" .

Les Favoris de la poire joue sur le double sens du mot "favoris" qui désigne aussi bien les côtelettes royales que deux de ses ministres, d'Argout et Barthe, dont la posture peut indiquer qu'ils cajolent le roi ou qu'ils recherchent sa protection.

 

 

 

1833

Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français.

"La Poire et ses pépins"

La Poire et ses pépins de Bouquet en 1833 montre le corps royal tout entier, pris dans sa dimension symbolique, pour représenter un système dont profitent les pépins.


 


1834

Auteur anonyme

Le Bœuf Gras, février 1834.


 

 

1834

La Poire commence à mûrir. Anonyme, 1834.

Caricature publiée en 1834 par Le Charivari où la houppe, les favoris, les yeux et la bouche de Louis-Philippe sont figurés par des insectes.


 

 

1834

Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.

"Machine législatifère de la monarchie représentative, ornée de ses trois pièces principales et de tous ses menus accessoires",

qui reprend sous la signature de Daumier la représentation du roi en tant que poire dans le bois gravé Les Poires, le clystère est également associé à la figure de la Poire pour symboliser le régime tout entier.


 

 

 

1834

Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.

"Pot de vin, arrestations arbitraires, mitraillades, transnoninades, elle couvre tout de son manteau" 


 

 

1834


Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXᵉ siècle.

Du pain! Garçon ! Une poire pour 221. , 1834.

Se réfère au ministre Charles Dupin et aux 221 députés de la Chambre, assis à l'arrière-plan, auprès desquels le roi se tient debout.


 


Honoré Victorin Daumier (1808-1879) graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIX° siècle.

Caricature

La poire  


 

 

 

 

 

1831 - 1834

Supplément du numéro suivant de La Caricature,

Charles Philipon (1800-1862) dessinateur, lithographe et journaliste français, fondateur de la maison d’édition Aubert, directeur de La Caricature et du Charivari.

le numéro 56 du 24 novembre 1831, étaient reproduits "les quatre dessins figurant la ressemblance progressive du roi Louis-Philippe, que Philipon a soumis à la Cour d’Assises pour empêcher ses juges de confondre dans une même proscription les différents genres des règnes légal, animal, minéral et végétal" : 

Les Poires de Philipon parurent ainsi d’abord en une feuille autographiée (texte et dessins) signée Ch. Philipon, et sous le titre de : Croquades faites à l’audience du 14 novembre.



 

17 janvier 1834

Les moeurs et la caricature par John Grand-Carteret d'après la page publiée par le Charivari 

Les poires de Philipon


 

 

 

1834


La revue Le Charivari publie le 27 février 1834 sur sa couverture le texte du jugement d'un procès contre elle sous la forme d'une poire.


 

 

1835

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, 

La poire

Caricature à la plume.


 

 

1835

Henri Beyle, plus connu sous le nom de plume de Stendhal (1783-1842) écrivain français, 

La poire

Dessin sur le manuscrit du Chasseur vert 

 

 

1836

Gustave Flaubert (1821-1880) écrivain français 

Caricature manuscrite. Bibliographie , folio 18v.

La poire


 

 

1848

Anonyme

Lithographie

"Simple résumé de l'histoire de dix sept ans", 1848.

La légende de la première caricature précise : 

"Le soleil de Juillet qui l'avait trop mûrie et dorée, en avait fait une Poire grasse, l'orage de Février la fit Poire molle, ce qui prouve qu'elle n'était pas de conserve."


 

 

1848

Anonyme

"La poire tapée"

Référence humoristique à une expression désignant une technique de conservation des poires par séchage) qui fuit une foule en colère tandis que des pièces d'or s'échappent de son sac.


 

 

1871

Alfred Le Petit, (Alfred Le Grand, Caporal ou Zut 1841-1909) peintre, caricaturiste et photographe français.

Fleurs fruits et légumes du jour. Zut, 1871.

Caricature publiée dans le contexte des élections de 1871 et rappelle le rôle joué par Adolphe Thiers durant la monarchie de Juillet dont elles exploitent l'emblème. Thiers propose au spectateur la Poire tandis que les héritiers de Louis-Philippe, représentés par cinq autres poires, sont présentes à l'arrière-plan.


 

 

 

 

Charles V. Bond (1825-1864) peintre américain

(1856)

Nature morte fruit, oiseau et poirier nain


 

 

 

19° siècle

Édouard Manet (1832-1883) peintre et graveur français 

Jeune garçon épluchant une poire

Le garçon qui épluche la poire est Léon Koëlla Leenhoff, le fils de Suzanne Leenhoff, la femme de Manet.


 

 
 
 
1872

Camille Pissarro (1830-1903) peintre impressionniste puis néo-impressionniste franco-danois.

collection privée

Pommes et poires dans un panier rond 1872 


 

 

 

1860

Alfred A. Hoffy (1796–1872) était un lithographe et illustrateur botanique américain du milieu du XIXe siècle qui a fondé le premier périodique américain consacré uniquement à la culture.

Hoffy's North American Pomologist, 1860.

Lithographie des fruits. 

poire 


 


 

Charles Deulin (1827-1877) romancier, journaliste et critique dramatique français.

Le poirier de misère

 

 

Claude Monet (1840-1926) peintre français 


 

 

 

1876

Paul Gauguin (1848-1903) peintre postimpressionniste français.

Poires et raisins


 


 

1878

Paul Cézanne (1839-1906) peintre français

trois poires

Three Pears (c. 1878-79)   National Gallery, Washington DC 
(Collection of Mr. & Mrs. Paul Mellon)


 

 

 

19° siècle

Vincent van Gogh (1853-1890)  peintre et dessinateur néerlandais.

Nature morte aux poires 

Collections nationales de Dresde


 

 

 

1882


Angelo de Gubernatis (1840-1913), écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien. 


La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 
(C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


..."POIRIER. — Cet arbre a souvent pris un aspect sinistre devant l’imagination populaire, probablement à cause de son bois qui pourrit facilement et qui craque, ou peut-être des vers qui rongent la poire. Le Chasseur bossu, personnage démoniaque d’une légende suisse que l’on raconte entre Wildegg et Lupfig, joue de mauvais tours  sur un poirier sauvage ; il s’y pendit lui-même, et il y pendit les siens. L’évêque Amator, dit Girard de Rialle, fit arracher et brûler un poirier d’Auxerre, auquel tous les chasseurs des environs apportaient les têtes des bêtes qu’ils tuaient"...

 

Dans le département de l’Orne, pour chasser les mauvais esprits qui attaquent les pommes et les poires, on brûle la mousse du tronc et des branches, et on chante :


Taupes et mulots, sortez de mon enclos, 

Ou je vous brûlerai la barbe et les os. 

Bonjour, les rois, jusqu’à douze mois. 

Douze mois passés, rois, revenez. 

Charge, pommier ; charge, poirier ! 

A chaque petite branchette, 

Tout plein ma grande souchette.

 

A Valenciennes, les enfants courent les rues avec des flambeaux, en criant :

Bour, peumes, poires, 

Des cerises noires, etc.

 

D’après une légende de la Thuringe, citée par Mannhardt, (Baumkultus der Germanen, I, 146), une vache enflammée se changea d’abord en poirier, et ensuite en vieille femme.

Cette légende figure trois saisons de l’année : l’été enflammé devient poirier en automne, et vieille femme, c’est-à-dire stérile, dans la saison d’hiver. (Pylus, croyant échapper à Héraclès, se transforme inutilement en un poirier.)

Dans l’Argovie, en Suisse, lorsqu’un garçon est né, on plante  un pommier ; et pour une fille, un poirier. Le poirier est donc  considéré comme inférieur au pommier, peut-être parce que son  bois et son fruit se corrompent plus facilement, à cause de la carie  qui les ronge.

C’est pourquoi, en Allemagne, le peuple tourmenté par le mal de dents, s’en prend au poirier :

Birnblaum, ich klage dir ; 

Drei Würmer die stechen mir, 

Der eine ist grau, 

Der andere ist blau, 

Der dritte ist rot, 

Ich wollte wünschen sie wären alle drei todt.

 

Dans les proverbes populaires, l’ours paraît comme l’ami des  poires ; il s’en approprie la plus grande quantité, de manière que  toute société faite avec l’ours pour le partage des poires devient  trompeuse.

Dans l’ancienne "Rappresentazioae del Figliuol Prodigo", un  compagnon de l’enfant prodigue, dit déjà :

Già, disse l’orso, e’ fia di molte pere : 

El tempo pur lo fece poi mentire.


Le proverbe toscan de nos jours dit :

"Chi divide le pere con l’orso, n’ha sempre men che parte."

 

Le proverbe des paysans espagnols a remplacé l’ours par le maître, et recommande de ne jamais partager avec lui des poires ni sérieusement, ni par jeu. Les contes populaires piémontais, lorsqu’ils finissent par des noces, concluent par cette plaisanterie traditionnelle :

"A l’an fait tante nosse e tanti spatüss, mi i jera daré de l’üss e a l’an gnanca dame na fetta d’prüss."

(Ils ont fait maintes noces et maintes réjouissances ; je me  trouvais derrière la porte, et je n’ai pas même reçu une tranche de poire." 

 

La poire était souvent un symbole érotique chez les anciens ; si on taillait des statues de Hera en bois de poirier, la poire était spécialement consacrée à Aphrodite. Columelle connaissait une espèce de poire que l’on appelait pira venerea (la poire d’amour française ?). Un conte breton de Luzel fait mention d’un poirier aux poires d’or. Mais, en général, le poirier n’occupa pas beaucoup l’imagination populaire, qui l’a craint quelquefois, mais rarement en fit l’objet d’un culte. Un paysan sicilien, voyant qu’avec le bois d’un poirier stérile on allait façonner un crucifix, lui lança ce vers comique :

Pira ’un facisti e mraculi vôi fari ? 

(Tu n’as pas fait des poires et tu veux faire des miracle ?)


 

 

 

1888

Vincent Van Gogh  (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais. 


 

 

 

Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français, 

Album Zutique

 

Jeune goinfre

 

Casquette,

De moire,

Quéquette

D’ivoire,

 

Toilette

Très noire,

Paul guette

L’armoire,

 

Projette

Languette

Sur poire,

 

S’apprête,

Baguette,

Et foire.


 

 

 

1885

Livre original : 

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Illustration Pyrus communis


 

 

 

Camille Jacob Pissarro  (1830-1903) 

Peintre impressionniste puis néo-impressionniste franco-danois.

Poiriers et fleurs à Eragny, matin, 1886

 

 

 

Amédée Masclef  (1858-1916) abbé et botaniste français,  connu pour son ouvrage Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales publié en 1891 à Paris, en trois volumes de 400 planches, et réédité en 1893. 

Atlas des plantes de France. 1891

Pyrus communis L.


 

 

Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français, 


La Fortune des Rougon ne laissent personne indifférent : 


..."Une des curiosités de ce champ était alors des poiriers aux bras tordus, aux nœuds monstrueux, dont pas une ménagère de Plassans n’aurait voulu cueillir les fruits énormes. Dans la ville, on parlait de ces fruits avec des grimaces de dégoût ; mais les gamins du faubourg n’avaient pas de ces délicatesses, et ils escaladaient la muraille, par bandes, le soir, au crépuscule, pour aller voler les poires, avant même qu’elles fussent mûres.


    La vie ardente des herbes et des arbres eut bientôt dévoré toute la mort de l’ancien cimetière Saint-Mittre ; la pourriture humaine fut mangée avidement par les fleurs et les fruits, et il arriva qu’on ne sentit plus, en passant le long de ce cloaque, que les senteurs pénétrantes des giroflées sauvages. Ce fut l’affaire de quelques étés.


    Vers ce temps, la ville songea à tirer parti de ce bien communal, qui dormait inutile. On abattit les murs longeant la route et l’impasse, on arracha les herbes et les poiriers. Puis on déménagea le cimetière. Le sol fut fouillé à plusieurs mètres, et l’on amoncela, dans un coin, les ossements que la terre voulut bien rendre. Pendant près d’un mois, les gamins, qui pleuraient les poiriers, jouèrent aux boules avec des crânes ; de mauvais plaisants pendirent, une nuit, des fémurs et des tibias à tous les cordons de sonnette de la ville. Ce scandale, dont Plassans garde encore le souvenir, ne cessa que le jour où l’on se décida à aller jeter le tas d’os au fond d’un trou creusé dans le nouveau cimetière."...

 

 

Publicités du savon Pears (des poires)

 

 


Le savon transparent Pears a été produit et vendu pour la première fois en 1807 par Andrew Pears dans une usine juste à côté d'Oxford Street à Londres, en Angleterre.

C'était le premier savon translucide grand public au monde. Sous la direction de Thomas J. Barratt, qui a épousé Mary Pears, la fille aînée de Francis Pears en 1865, petit-fils d'Andrew Pears, A. & F. Pears ont lancé un certain nombre d'innovations dans les ventes et le marketing.


 

1885

Publicité Savon des poires

Actrice Mary Anderson

 

 

1886

Pears soap

Savon des Poires -

Publicité de 1886


 

 

1887

Pears soap

Savon des Poires

Publicité  Lillie Langtry 


 

 

1888

L'exposition du centenaire de Melbourne du 27 octobre 1888 savon poires
"Pears soap"

The Sydney Mail and New South Wales Advertiser  (NSW : 1871 - 1912),

 

 

1888

Exposition du centenaire de Melbourne de 1888 pour le savon Pears :

savon Pears a utilisé la statue la plus célèbre de Giovanni Focardi nommée You dirty boy !


 

1890

Savon des poires

Publicité  

Australian Town and Country Journal  (Sydney, NSW : 1870-1907)

 

 


1890

Savon des poires

Des moines se rasent avec le savon à raser de Pears tel qu'approuvé par Sir Erasmus Wilson. 

Lithographie d'après H. Stacy Marks. (1829-1898)


 

 

1895

Suspense  de Charles Burton Barber - 

Publicité savon des poires


 

 

1893

Visite de la Reine Charlotte en chaise à porteur pour l'achat de savon des poires pour son teint. (1893, 8 avril ). 

Australian Town and Country Journal  (Sydney, NSW : 1870-1907),


 

 

19°siècle 

Pears soap 

Le bain - savon des poires

peinture originale

 

 

 

19° siècle

Vintage Pears Soap peinture originale

Poster Métal Art Mural Retro Savon poire

Pears soap from original painting

 

 

 

D. H. Lawrence (1885-1930) est un écrivain et poète britannique

 


Fleurs de poirier


Les fleurs de poirier forment une fontaine d'écume

Au bout de ta chaumière, don retombent

Les embruns et les jets d'écume

 

Les fleurs contre ta vitre

Font les "marionnettes". Pointe en peignant

Ta chevelure, pointe ton nez dans l'allée !

 

Cette année-là, à l'éclosion des poires, mon délice

Quand tu t'es glissée nue sur moi,

Tes petits seins pendant comme des touffes blanches

 

De fleurs de poirier  ! Et ce petit genou

Bien planté dans ma poitrine quand tu t'es étirée

Vers la fenêtre et le poirier blanc !

 

Et, nue, tu t'es reglissée  sur moi,

Etendu sur le lit, tu t'es assise, les fleurs sur les cuisses.

Et tu m'as regardé

 

Et, comme, allongé, je te regardais dan les yeux,

Tu as pleuré, et fait frémir le lit sous moi.

J'en défaillais de surprise -

 

Elle me terrifie la fleur de poirier

Ronde et blanche comme un sein menu

Avec une aréole rouge en son milieu.

 

Mon Dieu, dire que cela est à jamais révolu,

Que tu as disparu pour toujours,

Te penser morte me terrifie.


 

 

 

XIX° siècle

 

La plupart des variétés actuellement cultivées sont issues de sélections réalisées au 19° siècle.

 

 

 

François Fabié (1846-1928) - Poète régionaliste, romancier et dramaturge

 

Berger d'abeilles

 

Berger d'abeilles, je le fus,

A huit ans, la-bas, chez mon père,

Lorsque son vieux rucher prospère

Chantait sous ses poiriers touffus.


 

 

 

Anna Ancher  (1859-1935) peintre danoise 

Poirier dans la cour avant

 

 

 

1886


"Cultiver des poires"  également traduit par "planter un poirier", "semer des poires" et "le merveilleux poirier ", est une courte histoire de Pu Songling , d'abord publiée dans Strange Tales from a Chinese Studio . Situé dans la Chine ancienne, l'histoire tourne autour d'un vendeur de poires avare et d'un prêtre taoïste .


Illustration d'une scène de la nouvelle "Growing Pears" (fais pousser tes poires) (Zhongli) 


 

 

 

Marcel Proust (1871-1922) écrivain français, 


 A la recherche du temps perdu, 


..." Les maisons étaient sordides. Mais à côté des plus misérables, de celles qui avaient un air d’avoir été brulées par une pluie de salpêtre, un mystérieux voyageur, arrêté pour un jour dans la cité maudite, un ange resplendissant de tenait debout, étendant largement, sur elle l’éblouissante protection de ses ailes d’innocence : c’était un poirier en fleurs"... 
 

 

 

XX° siècle

 

1903

Gustav Klimt (1862-1918) peintre symboliste autrichien

Le poirier  

musées d'art de Harvard


 

 

 

 

Émile Guillaumin (1873-1951), écrivain paysan français.


..."en pleine campagne, des poiriers non greffés, 

ou sauvageons, donnent aussi leurs fruits, plus petits, 

plus coriaces, de saveur agréable pourtant à maturité 

et qui font les délices des écoliers en vacances"...


 

 

 

1907

Maurice Barrès (1862-1923) écrivain et homme politique français

Mes cahiers

tome 6, 1907, p.95

..."Dans des fourrés inextricables d'orties et d'arbustes à baies blanches il y a, je le crois plus que je ne l'ai vu, trois dalles, trois tombes des Mahis. Un poirier penché dessus y égrène ses poires"...
 

 

 

Nathan Katz (1892-1981) poète et dramaturge alsacien 


Les petites poires sur la claie


Septembre est déjà passé

Et la Nativité de Marie.

Les petites poires reposent toutes

Dans la paille sur la claie

 

Comme il fait chaud dans la cave

Et comme on se sent dans l'intimité.

 

Un peu de lumière du jour

Tombe à travers les évents.

Comme les petites poires se réjouissent

D'être dans la cave.

 

Par le soupirail de la cave

Elles voient le poirier qui est debout. 

 

 


Saint-Pol-Roux (1861-1940) poète symboliste français.

 

La poire
                                         
À Georges Courteline.

 

Panse ronde, elle pend, unique en mon verger, comme une étoile du

berger, elle pend sur le monde à la façon des lustres, cette poire

illustre à cent lieues à la ronde.

Parents, amis, disciples, marchands, traiteurs, maîtresses,

bonnes gens à foison, le cœur en pâmoison, les voici

tous autour du tronc, faisant mûrir ce centre qui serait

un ventre aux rayons convergents de leurs vœux, et vers sa gloire

Louis-Philippe volutent l’encens de leur pipe, les roucoulades

de leur flûte et l’ophidienne tresse de leurs blonds cheveux. 

Sous son masque où brille un œil à forme de nombril,

le fruit de marbre assiste parmi l’arbre aux mille bruits

de la foule en louanges, tel un ange bouffi suspendu par un fil 

à un nuage vert au-dessus d’une goule qui regarde en l’air. 

Elle pressent, la garce, tant d’essaims de dents là-bas

dans la ruche des bouches que, dispose à la farce, de plus en plus

elle enfle sa baudruche et s’arrondit comme une femme 

avant ses couches, et l’on te voit bientôt, ô poire des espoirs,

grosse en raison de l’appétit des grands et des petits,

tandis que se dilatent tes pépins, tes pépins identiques

aux rognons d’un lapin. Et de croître en croître elle s’enfle

et se gonfle à ce point qu’elle semble à la Nature mettre

un furoncle à moins que ce ne soit un goitre, cette poire

blette, énorme à croire que vraiment elle va pondre,

et mûre tellement qu’un rien de plus elle va fondre.

Mais un jour l’heure sonne où, cédant à son poids

pour ne pas dire à son dessein, la poire entre les poires,

notre Poire enfin, rompt son fil à la patte, choit à travers

 l’espace, dégringole, éclate et pétarade ainsi qu’un derrière

chargé de ricin, s’épate veule dans les gueules béantes

au-dessous des nez, — et toutes les personnes sont empoisonnées !


Panse ronde, elle pend, unique en mon verger,

comme une étoile du berger,

elle pend sur le monde à la façon des lustres,

cette poire illustre à cent lieues à la ronde.


 

 

 

Raymond Radiguet (1903-1923) écrivain et poète français 


L'Ange 

 

..."Croyez-vous que ce soit pour rien,

Qu'au poirier le pépiniériste

Laisse blettir ses belles poires ?

C'est qu'on reconnaît le voleur,

À la molle empreinte du doigt"...

 

 

 

1916

 

Hilda Doolittle(1886-1961). - auteur américaine

traduction Pierre Vinclair d’un poème issu du premier recueil "Sea garden", 1916.

 


Le poirier

 

Poussière d’argent,

Levée depuis la terre,

Plus haut que n’atteignent mes bras,

Tu es montée.

O argent,

Plus haut que n’atteignent mes bras,

Tu nous fais face, en grosses masses ;

 

Jamais fleur n’ouvrit

Feuille blanche si dévouée

Jamais fleur ne divisa l’argent

D’un argent si rare ;

 

O poire blanche,

Tes touffes de fleurs,

Épaisses sur la branche,

Offrant les fruits mûrs de l’été

Dans leur coeurs pourpres.


 

 

 

1922

Colette(1873-1954) femme de lettres, actrice et journaliste française. 

La Maison de Claudine

..."La chambre des jeunes mariés... Une armoire de poirier noir, énorme, opprime cette chambre basse aux murs blancs, écrase entre elle et le lit une chaise de paille"...
 


 

Vette de Fonclare (1937) écrivaine et poétesse française.

 

La poire

 

Sa bedaine renflée est parfois un peu molle :

Ne la tâtez pas trop, vous allez la taler !

Est-elle jaune-beige ? Est-elle beige-jaune

Comme les rayons blonds de la fin de l’été ?

 

Bonne bouille dorée aux bajoues éboulées,

Elle a la forme outrée d’une caricature,

Telle un Louis-Philippe aux gros traits effacés ;

Et c’est encor bien pis quand elle est un peu mûre.

 

Sa peau jaune est épaisse et il faut la peler !

Mais quand c’est fait : miracle ! Une crème fondante

Se répand sur la langue en un doux velouté

Sucré comme il le faut. La poire est succulente,

 

Juteuse et délicate, et sa chair toute blanche

A une texture tendre et douce sous les dents.

La grosse piroïde a bien pris sa revanche

Car ce n’est pas un fruit, c’est un enchantement !

 

 

 

1940

Cicely Mary Barker (1895-1973) illustratrice britannique 

 

La fée des fleurs de poirier


Chantez, chantez, chantez, merles !

Chante, belle grive !

C'est le printemps, le printemps, le printemps ;

alors chante, chante, chante,

De l'aube jusqu'à ce que les étoiles disent "chut".

 

Regarde, vois, vois la fleur

Sur le poirier qui brille d'un blanc éclatant !

Il tombera comme neige, mais les poires pousseront

Pour le plaisir des hommes et des oiseaux.

 

Construisez, construisez, construisez, vous pinson ;

Construisez, merles et troglodytes,

Un nid chaud et sûr où vos œufs pourront reposer ;

Alors assieds-toi, assieds-toi, petite poule !


 


 

Charles Trenet (1913-2001) auteur-compositeur-interprète français.


 
 Le Nid de Pies 

 

Y'a un nid d'pies dans l'poirier

J'entends les petits qui chantent

Y'a un nid d'pies dans l'poirier

J'entends les petits chanter


Y'a une bombe qui a explosé

Au-dessus d'la mer immense

Y'a une bombe qui a explosé

J'entends les petits pleurer

 

Moi j'entends mille bruits je crois

Mille bruits de joie

De tristesse

Moi j'entends la vie de chacun

Que ce soit l'tocsin

L'allégresse


Y'a un village qui vient d'mourir

J'entends son clocher sous l'onde

Y'a un village qui vient d'mourir

J'entends ses enfants partir


Y'a une table en bois épais

Où l'on parle de la guerre

Y'a une table en bois épais

Où l'on parle de la paix


On y discute depuis vingt ans

Depuis jadis et naguère

On y discute depuis vingt ans

 

Les discours ça passe le temps

Ceux qui sont morts pour des idées

Furent-ils décidés à le faire ?


Ceux qui vivent ici ou ailleurs

Se croient-ils meilleurs

Pauvres frères


Y'a un nid d'pies dans l'poirier

Moi j'entends tomber les poires

Y'a un nid d'pies dans l'poirier

Allons vite les ramasser


Nous les mangerons après dîner

En oubliant les histoires

Qui pourraient nous faire regretter

Le monde et la société


Mais chacun a son paradis

Qui contient, je vous l'dis

Des merveilles

Il suffit de fermer les yeux

De s'boucher un peu

Les oreilles


Et quand on croit qu'tout est fini

Y'a un nid d'pies qui chantent

Et quand on croit qu'tout est fini

Y'a un nid d'pies, c'est la vie
 

 

 

Robert Ranke Graves (1895-1985) poète et romancier britannique.

Les Mythes celtes, la Déesse blanche (1948),

..."Le bois de poirier est si ardent qu'on l'utilise souvent dans les Balkans à la place du cornouiller pour allumer le feu rituel". Il en déduit que les noms des arbres fruitiers ont été substitués dans le Combat des arbres "aux noms des neuf essences forestières qui prirent part à l'engagement."... 
 

 

 

Michèle Bernard (1947) auteure-compositrice-interprète française 

Conte musical 

Livret

Musique de Michèle Bernard, arrangements de Jean-Luc Michel

Texte de Michèle Bernard, Jean-Claude Touzeil, et Paul Lefèvre-Géraldy


01. Vieux poirier

02. Il fait jaillir des fleurs

03. Le type au tracteur rouge

04. Il est une île

05. Le renard

06. I E A U O oiseau

07. Maillots jaunes et fourmis rouges

08. On fabrique des bretelles

09. La nature c’est pas joli

10. Ma balançoire

11. Le poirier de Misère – L’Étranger

12. Le poirier de Misère – Le Génie

13. Le poirier de Misère – La Mort

14. Le poirier de Misère – La Mort (fin)

15. Chanson des poires

16. Dans les branches

17. Fleur de poirier

18. Courrier

 

 

Michèle Bernard (1947) auteure française et Jean-Claude Touzeil (1946) poète français

Extrait du conte musical

 

Vieux poirier

 

Vieux poirier

On ne sait pas qui t’a semé

Le vent peut-être

Vieux poirier

On ne sait pas qui t’a planté

Devant ma fenêtre

 

Tu as dû échapper

Aux dents des bêtes

À l’orage, à la tempête

Tu as dû échapper

Aux bûcherons

Aux pucerons

 

Tu n’es pas au Japon

Une aquarelle

Ni chez un bonze au Tibet

Tu es en Normandie

Chez un poète

C’est bien plus près

 

Bien des gens sont passés

Par ta prairie

Et tu te souviens de tout

Chaque poire une histoire

Un bout de vie


Raconte-nous


 

 

Michèle Bernard (1947) auteure française et Jean-Claude Touzeil (1946) poète français

Extrait du conte musical

 

Chanson des poires

 

Passecrassane

Fondante des bois

Doyenne du comice

Nous sommes un délice

Conférence

Belle épine du mas

Louise bonne et concorde

On aime qu’on nous morde

Docteur guyot, poire de fisée

Soldat laboureur et curé

 

Beurré giffard

Alexandrine

On vous attend dans la cuisine

 

Et c’est parti pour la charlotte

Sortie du four, ça ravigote

La belle hélène est au frigo

Elle attend son chocolat chaud

 

Mais nous

En tranche fine ou en compote

Sur la pâte à chou on mijote

Dans un lit de crème on barbo

Les poires sens dessus dessous

Ça danse le tiramisu

Les poires sens dessus dessous

 

Ça danse le tiramisu

Mais nous restons très raffinées

Nous sommes des dames bien nées

Mais oui, très chère, nous adorons

Qu’on retienne nos petits noms


 


 

 

Marcelle Delpastre (1925-1998) poète limousine de langue occitane et française.


Le Poirier


         Il est mort, le poirier des petites poires jaunes. Il est mort sec. Jamais n’y remontera la sève. De feuille ni de fleur il n’en reviendra pas.


         Je me souviens de l’arbre tel qu’il était. Les branches qui pendaient jusqu’à terre en guirlande de fruits. Les petites poires, je m’en souviens.


         À peine changeaient-ils de couleur, il m’en fallait, encore aigres – ils sont doux, pourtant, de chair plus ferme et plus sucrés que les agousts, les premiers de l’année. Encore quelques jours, ils tombaient en tas, dans le soleil, et le parfum qui en montait !


        Les frelons y vrombissaient, tête rouge et corps de miel, les papillons peints comme des émaux, de soie, de ciel – de lune verte.
         Ce poirier – ce poirier – quand il me revient en mémoire, j’ai mon enfance au bord des dents, le sang de ma jeunesse sur la langue.

 


 

Gilbert Pommier (1960) Poète, musicien et psychomotricien

Extrait de:  Confidences

Sonnets

..."Laisse poire tomber de secrète volupté

Dans la bouche fondante d’une sangsue alitée ;"...


 


 

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du

Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée 1982), 


  ..."La fleur du poirier est parfois utilisée en Chine comme symbole de deuil, parce qu'elle est blanche, et surtout comme symbole du caractère éphémère de l'existence, car elle dure peu, et est d'une extrême fragilité.

      Dans les rêves, la poire est un symbole typiquement érotique, plein de sensualité. Ceci est probablement dû à sa saveur douce, à son abondance de suc, mais aussi à sa forme qui évoque quelque chose de féminin."...
 


 

1985

Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques 

1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987, 

le Poirier (Pirus communis) a les caractéristiques suivantes :  

Genre : Féminin 

Planète : Vénus

Élément : Eau

 

Divinités :

Héra-Junon ; Aphrodite-Vénus 

 

Pouvoirs :

Désir sexuel ; Pouvoirs psychiques.

 

Utilisation rituelle :

Cet arbre était consacré à Héra, et les premiers xoanons de cette déesse à Argos étaient en bois de cette essence. 

    La poire, comme le coing, a longtemps été un fruit dédié à Vénus ; on l'utilisait dans les charmes d'amour. Athénée décrit le char d'Aphrodite rempli de roses, de myrtes et de poires. 

 

Utilisation magique :

Une pratique de divination par le bois de cet arbre est mentionnée par Strabon. Les Avares du Bosphore faisaient des marques aux tronçons d'une branche de Poirier qu'ils avaient débitée, et ces morceaux étaient jetés pêle-mêle, au hasard, sur une étoffe blanche. On se penchait alors sur le résultat et l'on tirait de la position des marques des indications pour les événements à venir. Cette coutume est à rapprocher des rites de figuration symbolique, appelés runes, employés chez les Scandinaves et les Germains jusqu'au V e siècle. Ces figurines rudimentaires étaient souvent taillées dans des bâtons en Poirier sauvage. On leur attribuait une vertu préservatrice contre les maladies, les accidents, les dangers de toute sorte. 

    Quant à la poire, elle a été utilisée sous toutes ses formes - crue, cuite, séchée, pelure, jus, pépins et même la queue - dans les charmes d'amour-attachement. 

    Le bois de Poirier est actuellement l'un des plus recherchés pour fabriquer les baguettes magiques. 


 

 

 

Michel Cazenave (1942) écrivain et poète

dans son Encyclopédie des symboles (1989).

dans la symbolique analytique écrit  : 

La forme évasée vers le bas de la poire évoque la silhouette d’une femme au large bassin, et c’est pourquoi ce fruit possède une signification sexuelle
 

 

 

Alain Hannecart, poète français

 


Portraits de poires


Tant il est gorgé d’eau tant il donne à boire

Ce fruit délicieux porte le nom de poire

Ainsi qu’un sein gonflé que l’on mène au palais

Il faut le suçoter pour qu’il donne son lait

 

Il suffit simplement de lui ôter sa peau

Pour qu’une eau savoureuse vous coule entre les doigts

Vive comme la source qui court à travers bois

Semblable à ces naïades qui enchantait Sappho

 

Qu’elle mûrisse au verger ou dans un murissoir

Ainsi qu’un enfant joue sur une balançoire

A trop passer ses heures sur le fil du rasoir

Un jour elle finira par se fendre la poire

 

Elle murit sagement avec gravité

Ainsi qu’une petite cloche sans jamais s’agiter

Détachée désormais des pesanteurs terrestres

Elle vous donne son âme d’une blancheur de neige

 

 

 

XXI° siècle

 

 

2003


Petra Sonnenberg auteur


Les Forces spirituelles des arbres (Édition Véga, 2003), 

 

Devise du poirier, pyrus communis :

- conjuration, trahison et égoïsme sont des ennemis malhonnêtes...

 

Visualisation, rayonnement et caractère : 

- charme, nature morte, renouveau, fiabilité sont quelques un des aspects évoqués par le poirier. Il semble en effet un arbre relativement peu compliqué et très ouvert aux contacts.


 

 

Jacques Darras (1939) poète français

Poème publié dans l’anthologie

Une salve d’avenir.

L’espoir, anthologie poétique,

parue chez Gallimard en Mars 2004

 

Les poires


est-ce pomme

est-ce poire

le fruit défendu

(le fruit d’Ève fendue)

qu’Adam consomma

toutes lèvres confondues

au verger des plantes

Dieu a répondu :

c’est le fruit du pêcher

c’est la pêche charnue

qu’en mon jardin j’ente

-les pommiers sont déçus

les poires déshespérues

 

 

 

Denis Brihat, Photographe (1958-2011)

La poire

 

 

 

Gillian Kemp 

La Magie des arbres, 

"les arbres du ciel" 

..."Les jolis bouquets de fleurs blanches que montre le poirier en mai  pourraient fort bien représenter la réalisation de vos désirs, notamment  dans la sphère privée.

Le poirier, de par la forme de son fruit, est en  relation avec le monde féminin : consolidation des liens affectifs et amoureux, associations fructueuses, vous allez être comblé sur le plan  relationnel. Vous pouvez envisager l'avenir avec sérénité et faire des  projets à long terme. Vous devriez recevoir bientôt un gage d'amour ou  de fidélité. De tous les fruitiers, le poirier est celui qui vit le plus  longtemps, deux cents à deux cent cinquante ans : attendez-vous à  beaucoup de bonheur !"... 


 

 

 

2013


Jean-Baptiste de Panafieu,

auteur de Champignons

 (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013),

    ..."La  poire a été très longtemps considérée comme l'antidote idéal pour les champignons, pour leur cuisson mais aussi en cas d'empoisonnement. Il fallait donc les cuire avec des poires, si possible sauvages et amères, et finir le repas avec les mêmes fruits, accompagné de bon vin en quantité "car il a en telle matière vertu tyriacalle", c'est-à-dire de contrepoison."...

    "Puisque ainsi est que les hommes ne s'en peuvent abstenir, au moins qu'ils apprennent pour se garder d'en mourir, de n'en manger point s'ils ne sont cuits avec des poires sauvages." (Matthiole, 1505)."...


 

 

 

2014


La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire

Livre de : David Alliot - Philippe Charlier - Olivier Chaumelle - Frédéric Chef - Bruno Fuligni - Bruno Léandri

la mort  de Julien Offray de La Mettrie (1709-1751). 

ses dernières volontés :


    ..."La Mettrie avait souhaité être enterré dans le jardin de l'ambassade, façon pour lui de retrouver la France, et qu'on plante sur sa fosse un poirier, qu'il comptait nourrir de sa matière organique...

Ce testament impie ne sera pas respecté : on inhume La Mettrie dans l'enceinte d'une église catholique "où il est tout étonné d'être", ironise Voltaire dans une lettre du 14 novembre."...


 

 

 

Johannes Kühn (1934) poète, dramaturge, écrivain allemand.

À qui appartient ce long cortège de nuages blancs

Traduit de l'allemand par Joël Vincent

Cheyne, 2015


 

Le poirier au vent d'automne

 
Il croule presque sous le poids

des poires mûres,

d'être si garni.

Il gémit au vent d'automne,

appelle à une délivrance

de ses tourments.

C'est qu'il n'était pas apprécié

du temps de la floraison

dans le bonheur des bruissements

plein de candeur de mars

comme aujourd'hui avec ses fruits

gorgés d'odeurs sucrées.

Et on va le secouer, jure l'agriculteur,

à en remplir à la file sacs et paniers

par des mains adroites.

Seront

tous comblés et joyeux

ceux qui habitent le même toit que lui.

Les fruits étalés, on va les cuire

dans un chaudron en cuivre.

Les flammes chaufferont le tout.

En l'honneur de l'aïeul

qui a planté l'arbre,

et pour le remercier, on placera

sur sa tombe dans un vase décoré

les dernières fleurs du jardin.

 

 

 

Pierre Adam et Martial Debriffe, 

Conte-moi les Alpes  (Éditions de Borée, 2015) 

 

La légende de Jean de Tube : 

    [...] Pour un beau verger, c'était un beau verger ! Dans le pays on l'appelait couramment le Pré de Tube. Encore un nom fameux ! Les arbres y poussaient avec tant de vigueur, les troncs étaient si puissants, si épais, si énormes qu'on y appelait les poiriers des poirières, pour mieux en montrer la grosseur, apanage des maternités.


    Sur ces arbres mûrissaient des fruits aux noms savoureux : la royale qui est le mets des princes et des rois, la louis-bonne, juteuse, et le martin-sec ; la poire de livre, très précoce ; ou peut-être encore des variétés plus rustiques : la poire de pâte, toujours appréciée parce qu'elle est la première à être mûre, le brunachon, excellent à cuire dans la cendre, ou le michellon, tout rond et acide, fruits mi-sauvages et mi-civilisés ; l'aigre-doux et la poire de bon-chrétien ; et par dessus-tout, cette chose, la meilleure de toutes, celle à quoi l'on ne connaît au monde qu'un seul équivalent pour l'excellence, le velouté, la douceur de carnation, et que pour ce motif l'on a dénommée la cuisse-dame. Tout cela mûrit bien et fait bonne récolte, les casses de Faudon étant situées à l'Adroit. Ajoutez-y des eaux fraîches et bondissantes sous la mousse des ruisseaux, de l'ombre,de la verdure, et tout autour le désert tourmenté des roches et des pierres. Le Pré de Tube était l'oasis désirée, le refuge providentiel. Aussi les diablotins prirent-ils fantaisie de s'y arrêter pour y boire et pour y manger quelques fruits.

 

Ç'allait être au tour de Jean de Tube à faire des expériences et de méditer sur la vérité des proverbes populaires. Le commun des mortels a beau se moquer du diable, les bons Alpins en la circonstance avaient beau le prendre pour leur tête de Turc, tout de même il demeurait fort... comme un Turc et Mgr de Gap qui, au fond, n'était qu'à demi rassuré, donna sans hésiter à son escorte la permission demandée.

 

    Alors ce fut, comme l'on dit "de la belle ouvrage".

 

    Représentez-vous les dégâts que peuvent causer, lorsqu'ils ont la bride sur le cou, dans un verger bien soigné où les poires juteuses achèvent de jaunir, plusieurs centaines de diablotins. Ils allèrent droit aux meilleurs fruits, dédaignant les michellons et les brunachons encore acides, passèrent sans regarder les aigres-doux, se régalèrent de poires de libres, de royales, de cuisses-dame et de louises-bonnes, puis se livrèrent des combats épiques avec les poires de bon-chrétien. Jean de Tube en un instant, avait vu disparaître, engloutir et gaspiller sa récolte d'un an. Sa peine était grande, mais le gros de la population ne le plaignait pas trop, car on ne l'aimait guère avec sa manie de toujours calculer en dessous, de combiner, de chicaner, de mêler les poux à la paille ; certains étaient même satisfaits de le trouver en difficulté. Hélas ! le pauvre homme n'avait encore rien vu. En un clin d’œil les diablotins consommèrent leur œuvre...

 

    Ils arrachèrent les arbres, en telle sorte que la racine resta en haut et la terre fut toute bouleversée. Cette fois c'était la ruine pour Jean de Tube. Les démons libérés continuèrent pendant neuf années leur infernale sarabande dans les casses de Faudon. Il fallut un grand concours de prières publiques d'exorcismes e de processions pour en purger l'endroit. Mais depuis lors, ces lieux maudits n'ont rien produit. Le Pré de Tube n'a plus d'herbe et les arbres fruitiers ont été remplacées par des ronces, des églantiers et des buissons d'aubépines.

 

    Chose curieuse, nous dit Juvénis qui, voici longtemps, a narré cette histoire : "Depuis ce temps-là on entendit remuer dans cet abîme desdites casses et les bouleverser tellement que la terre s'abîme et la source qui en sort devenir noire." On s'explique la terreur des gens de La Bâtie-Neuve, témoins oculaires de ces prodiges : les uns avaient pris la fuite en poussant des cris épouvantables, d'autres sur place moururent d'effroi et d'horreur."


 

 

 

Gilbert Pommier (1960) Poète, musicien 

Confidences, 

 


Laisse poire tomber

 

Laisse poire tomber de secrète volupté

Dans la bouche fondante d’une sangsue alitée ;

Sur un nid de pierre en copeaux débités

Un coq de bruyère s’est demain allongé.

 

Est-ce passe intime par tes mains cha(t)-hut(t)ée,

Qui sur mon corps dévoile ce bestiaire adulé ?

Baie de chevrotine à dessein bien placée,

Là où nul cœur ne l’en pourra déloger.

 

Lièvre fou de l’automne, éblouissant batik

D’une rousseur tachetée en forme de viatique

Sur la forêt en fleurs d’une douce ère au tiques

 

Piquaillant sonnaillant sonne tout sonne l’heure

Du sonnet guerroyant à la brune douceur

D’une toison à-doré(r)(e)de brûlante chaleur !


 

 

Poirier remarquable

 


Poirier champêtre, Kleinvillars, Baden-Württemberg (Allemagne)

...Un très solide poirier domestique hors catégorie, une belle écorce crénelée 

une hauteur frôlant les 16,5 m et plusieurs circonférences : 5,40 m à 1 m du sol / 5,57 m à 1,50 m / et 2,50 m pour la base de la plus grosse branche maîtresse...
 


 

Expressions populaires et la poire

 


- "Garder une poire pour la soif" (se ménager quelque chose pour les besoins à venir)

- "Quand la poire est mûre il faut qu'elle tombe" (l’occasion est favorable)

- "Ne pas promettre de poires molles" (menacer violemment, la certitude que ça allait chauffer et qu’on en prendrait pour son grade, une forte sanction allait tomber).

- "Faire avaler des poires d’angoisse" (provoquer du chagrin, signifie actuellement vivre une situation très pénible. En réalité, au Moyen-Âge, une poire d'angoisse est un objet lié à la pratique de la torture alors très courante. Bien souvent, lorsque le présumé coupable se faisait supplicier, il ne pouvait s'empêcher de hurler).

Une poire d'angoisse datant des années 1600.

 

- "Couper la poire en deux" (faire des compromis ; choisir une position médiane.)

- "Entre la poire et le fromage" (A l'origine, l'expression signifiait donc "vers la fin du repas", c'est-à-dire à un moment où l'on commence à être repu et détendu, un instant plus convivial et propice aux discussions, moment du repas où les langues se délient)

- "Entre le fromage et la poire" (Chacun dit sa chanson à boire selon un adage d’origine médiévale.

- "Faire sa poire" (Faire des façons, prétentieux, fier, se donner des grands airs).

- "Une poire", "Une bonne poire" (désigne généralement celui qui se fait gruger, : "Tu me prends pour une poire ?".) 


 

Traditions et Légendes sur la poire


 

- Un mariage dans l’année si tu épluches ta poire en un seul ruban de peau. Et le nombre de tours que tu as fait pour l’éplucher est une prédiction du nombre d’enfants que tu auras.

- Si le soir de Noël une jeune fille se dirige à reculons vers un poirier en fait neuf fois le tour, elle verra son futur époux.

- On dit que le poirier attire la foudre.

- Une poire dans la chambre d’une femme enceinte protège sa grossesse dans les premiers mois.

- Dans de nombreuses légendes coréennes, la poire donne la fertilité aux femmes. Il confère également la sagesse et la santé.

- Au Japon et en Chine, le poirier est symbole de longévité, mais ces fleurs ont une autre signification. Les fleurs de poirier sont symbole de deuil, parce qu’elles sont blanches et que le blanc est la couleur du deuil dans les cultures japonaises et chinoises, mais aussi symbole du caractère fragile, éphémère, de l’existence à cause de leur courte durée de vie.

 

 

 

Langage du poirier

 


- Symbole d’innocence et de pureté, et de délicatesse 

- Prospérité, Bienveillance

- Offrir un poirier, c'est offrir un arbre qui ravit le regard tout au long de l'année. 
Les magnifiques fleurs du poirier signalent le retour du printemps, et symbolisent la beauté et la pureté. 

En automne, elles sont récompensées par de belles poires juteuses. 

 


 

Utilisations du poirier

 

Utilisation du bois de poirier :


- Le bois du poirier, très homogène, compact, peut acquérir un beau poli. Il est recherché pour l'ébénisterie, la gravure et la sculpture.

- Il constitue un excellent bois de chauffage. 

 

 

Utilisation médicinales :

- La poire a des propriétés antioxydantes, laxatives et diurétiques. L’arbre et son fruit figurent parmi les remèdes populaires.

- Les poires, prises régulièrement ont un effet diurétique et favorisent l’élimination des toxines, en plus d’être très nutritives et rafraîchissantes.

- Ses feuilles, en décoction, ont aussi un effet diurétique et anti-inflammatoire.

- Son écorce peut être utilisée en décoction, notamment pour lutter contre la fièvre. Elle est réputée tonique et astringente et a été employée comme fébrifuge.

 

 

Utillisation Alimentaire :

- La poire, fruit du poirier, est consommée fraîche ou cuite. Elle est utilisée pour diverses préparations.

- poires au sirop, poire Belle-Hélène, sorbet

- poiré, une boisson alcoolisée pétillante

- alcool de poire, faite à partir de la variété "William"

 

 

Utilisation cosmétique :

La poire regorge de vitamines et de minéraux qui préservent la santé et la beauté. Naturellement riche en acides de fruits et antioxydants, la poire ralentit le vieillissement cutané. Ses propriétés antibactériennes en font aussi un véritable allié pour les peaux à problèmes.

- Parfum, savon, poudre etc...
 

 

 

Contes et légendes du poirier

 


(d’après les Contes de la bonne graine de Lionel Hignard)


Les poires du pays de Tegor (conte breton)


     Il était une fois un roi qui adorait les poires… Il promit de marier sa fille à celui qui lui rapporterait les plus belles poires… Dame Bertrande possédait le plus beau verger du royaume et aussi les plus belles poires. Elle pensa que c’était là l’occasion d’assurer l’avenir de l’un de ses trois fils.  

Elle envoya donc l’aîné, Morvan, qui était un gros fainéant avec un plein panier de poires. Se disant que c’était vraiment facile et qu’il allait devenir riche, le voilà parti sur les chemins. Il rencontra une vieille femme :

    – Des bons œufs frais pour le roi, lui répondit-il pour se moquer.

    – Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle.

    Mais arrivé à la Cour du roi, ses belles poires s’étaient transformées en poussins voletant et piaillant. Le Roi en fut énervé… et le menaça du cachot s’il reparaissait devant lui.

    Le lendemain, fâchée de l’imbécillité de son fils aîné, Dame Bertrande envoya son cadet, un peu plus malin remplir la mission à son tour. Et, c’est chargé d’un nouveau panier de poires que Brieg prit à son tour le chemin du château… En route, il croisa une mendiante :

    – Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle.

    – Des crapauds ! Un plein panier de crapauds, la vieille !

    Mais lorsqu’il voulut montrer ses belles poires au Roi, voilà que de son panier sortit une ribambelle de crapauds coassant. Le Roi était furieux qu’on se moque de lui et il s’en fallut de peu que le garçon ne soit pendu haut et court !

Dame Bertrande se désola…

    – Qui va épouser la Princesse maintenant ?

Erwan, le plus jeune de ses fils s’approcha. Il n’était pas très grand ni très costaud mais il était le moins sot.

    – Puisque tu es là, il nous reste encore une chance. Demain, tu iras porter les poires au château.


     Le lendemain matin, Erwan cueillit les plus belles poires du verger, les mit dans son panier et prit le chemin du château. En route, il croisa lui aussi une vieille mendiante :

    – Qu’as-tu là dans ton panier ? lui demanda-t-elle

    – Des poires, ma bonne Dame, dit-il en soulevant le torchon qui couvrait son panier. En voulez-vous une ? lui proposa t-il en lui tendant la plus belle.

    – Merci mon garçon, sourit la vieille femme.

    Et aussitôt, elle se transforma en une splendide jeune fille qui, de sa baguette dorée, éclaboussa de lumière les fruits qui grossirent, grossirent, grossirent… Lorsque le Roi découvrit ces fruits magnifiques, il fut émerveillé.

    Erwan épousa la Princesse et n’oublia pas d’inviter au mariage la jolie fée qui l’avait si bien aidé. Erwan et la Princesse vécurent heureux et eurent beaucoup de ….. poires !

 

 

 

Les Légendes de France contées par les Arbres (2001),

Robert Bourdu,  


chapitre :

Le Poirier fraternel


    "Les voix qui nous viennent des arbres ne prononcent pas toujours des paroles humaines. Le langage est parfois codé et les idiomes entendus sont compris sans qu'on en connaisse bien le vocabulaire ou la syntaxe. L'arbre est habité parfois d'aimables occupants qui échangent entre eux et avec les hommes des messages qui sont pour une oreille attentive et charitable facilement compréhensibles.

    Un très vieux poirier occupe la place centrale d'un village près de Dôle dans le Jura. Le poirier est de tous les arbres fruitiers tempérés l'espèce qui a la plus grande longévité. Il peut vivre bien plus de deux cents ans. Celui-ci est dans ce cas. Il a résisté aux vents violents qui balaient la contrée, protégé sans doute par un moulin tout près duquel il coule une vie paisible. Mais les branches deviennent trop envahissante et menacent la toiture du moulin. Les racines minent les fondations. On décide de l'abattre.
    Le propriétaire, armé d'une hache, allait se mettre au travail, quand il aperçut dans la frondaison un petit écureuil. Celui-ci le fixait, penchant gentiment la tête comme pour attirer l'attention et la compréhension de l'homme qui allait mettre à bas son ami de toujours. les regards se croisèrent. L'homme ne bougea pas, des secondes passèrent. L'homme était vaincu. Il reprit ses outils et abandonna son projet. L'arbre et l'écureuil vécurent en paix.

    Des années se succédèrent. Le brave homme quitta son moulin. Celui-ci fut vendu. Le nouveau propriétaire décida de se débarrasser au plus vite de ce poirier, laid et encombrant. Il sortit sa tronçonneuse - la légende se modernise - vérifia le niveau du réservoir à carburant et d'un geste vif fit démarrer le bruyant moteur. A ce moment, contrairement à toutes les lois du comportement animal, un oiseau vint se poser sur la plus grosse branche ! L'oiseau était magnifique, noir sur le dos avec de larges taches blanches et, sur la tête, comme une calotte rouge. C'était un pic-épeiche mâle. Son tchik-tchik sonore fit taire la tronçonneuse. L'homme était admiratif, béa, il voulait jouir en silence du spectacle... Et comme l'oiseau ne quittait pas l'arbre, l'homme n'osa pas faire repartir son engin. En silence, il regagna son moulin.

    Le vieux poirier est toujours debout : un regard d'écureuil et la voix sonore d'un pic ont eu raison des raisonnements les mieux argumentés. L'arbre est devenu un véritable lieu de rassemblement des lus beaux oiseaux des environs. Un pic-vert semble s'être lié d'amitié avec le pic épeiche, des sitelles grises, la tête en bas, explorent en sautillant les gerçures profondes de l'écorce. Un couple de pies s'isole sur les plus hautes branches pour confectionner un nid spacieux et d'aimables tourterelles inlassablement modulent des roucoulements en roulant indéfiniment les "r"...

    Le poirier est sans aucune doute un disciple de François d'Assise qu'on imagine parfois en prière au pied de l'arbre. Les voix et les arbres, les voix dans les arbres parlent une langue dont seuls les savants, les mystiques et les bergères comprennent le sens.

 

 

 

Contes populaires et légendes de Bretagne,

D’après Ernest du Laurens de la Barre (1819-1881) notaire et juge de paix, ainsi qu'un conteur et écrivain breton

 

Les poires d'or


Il y a bien longtemps, vivait un petit Roi, entre Daoulaz et Logona, qui n’avait pour tout royaume qu’une métairie et aussi un petit courtil avec un beau poirier qui rapportait tous les ans trois poires. Toute la fortune du Roi ! Il avait deux garçons et une demi-douzaine de filles à nourrir. Ce poirier donnait chaque année trois poires d’argent en juillet et d’or en août si on les laissait mûrir. Le tout était de les cueillir à point, mais en voulant attendre toujours le dernier moment pour les cueillir, il les perdait souvent car à la fin elles disparaissaient…


Quand garçons et filles furent en âge, l’aîné Yann dit au cadet Claudik :

- Si tu veux, volons et partons avec les poires !

- Non pas car les poires sont à mon père et à mes sœurs !

- Alors je demanderai une poire pour moi tout seul à mon père !

 

Malgré son chagrin, le vieux Roi consentit à faire le partage. C’était fin juillet et les poires prenaient une teinte dorée. Yann se mit à monter la garde le premier soir puis le deuxième et le troisième, il s’endormit. A son réveil, une poire avait disparu !

- Cela m’est égal, la mienne y est encore. Ce soir je veillerai mieux cria Yann.


Mais le même scénario se passa pour une deuxième poire et là Claudik pris la parole pour apaiser son frère qui chercher querelle à ses sœurs et à son père pour la dernière poire.

- Ce soir je garderai la poire restante avec un sabre et mon biniou. Je te donnerai la moitié de cette poire.


Et le soir venant au pied du poirier, il se mit à jouer un petit air de biniou pour se donner du cœur.


Jusqu’à minuit, rien puis…

Au dernier coup de minuit, un bras long, long qui s’avançait pour prendre la poire. Et un grand coup de sabre. La main énorme qui tombe avec la poire d’or. Puis un grand cri, un hurlement et puis plus rien. Yann réveillé par les hurlements arriva au courtil.

- Que se passe-t-il ici? demanda t-il.

- Voici la main du voleur et la poire d’or !

- Que comptes-tu faire Claudik ?

- Chercher la main du voleur et la lui rendre car je ne veux pas garder le bien d’autrui ! Et pour la poire nous partagerons.


Claudik se souvint qu’on disait qu’un géant habitait au cœur de la forêt du Kranou non loin d’ici qui passe pour un ogre affamé.


Le lendemain il partit de bon matin à Plougastel chercher le sorcier qui pouvait lui donner un bon onguent pour recoller la main sur son propriétaire. Le lendemain vers midi, Claudik s’en revenait de Plougastel, essoufflé avec dans son sac à biniou la main et la recette du sorcier. Alors il rencontra son frère sur la place de Daoulaz. Quand tout le monde fut rassemblé sur la place, le crieur publia que le Roi-géant de la forêt donnerait sa fille Fleur du Kranou , en mariage à celui qui le guérirait d’une grande blessure.


Yann partit immédiatement sans écouter les conseils de son frère et ne revint pas. Trois jours se passèrent. Inquiet de son frère et voulant tenter l’aventure, Claudik partit pour le château de la forêt avec son sac rempli du biniou, de la main et de la recette du sorcier avec quelques affaires en plus…
Il avait bien pénétré dans la forêt quand il arriva à une maison et une petite vieille qui filait sur le seuil. Une porte ouvrait au passage du château.

- Holà, madame la comtesse de la porte, ouvrez s’il vous plaît, car j’ai une commission pressée pour votre maître ! 

- Vraiment, mon joli garçon répondit la dame flattée.

- Oui

- Je ne dis pas non mais tu sais tous ceux qui franchissent cette barrière ne repassent jamais !

- J’insiste !

- Comme tu voudras mon garçon, et la vieille curieuse lui demanda ce qu’il portait ainsi sur le dos.

- La main, des remèdes, mon biniou et un beau justin brodé pour vous si je reviens vivant. 


La vieille attendrie lui dit alors tout bas : 

- Écoute, mon joli sonneur, prends le sentier de ronces et joue un air de musique au pied de la tour pour la princesse qui viendra danser avec toi et tes affaires n’en iront pas plus mal.


Ce qu’il fit, en la remerciant, il s’avançait dans une forêt de plus en plus sombre. Il lui semblait même que la main dans son dos le poussait à avancer. Bientôt il aperçut, au milieu des arbres, les grosses tours du manoir. Et il se mit à jouer. Aussitôt une des lucarnes s’ouvrit : une dame belle comme l’aurore se pencha, lui dit :

- Me voilà ! 


Claudik se laissa faire. La dame prit son bras gauche pour une danse sous son air de biniou. Bientôt fatigué avec l’énorme main dans son sac, Claudik s’arrêta et demanda à la princesse :

- Madame, présentez moi à votre père le Roi, s’il vous plaît !

- Dansons au moins le bal, car après avoir vu mon père, vous ne pourrez danser de votre vie. 

- Oh ! que si, répliqua t-il. J’ai là dans mon sac de quoi me tirer de presse. Je veux guérir votre père et vous épousez ensuite, si vous y consentez, Madame.

- Je le voudrais bien, mais hélas…

- Ayez confiance !


La princesse lui dit alors de le suivre sans parler. Ils passèrent ainsi par des enfilades de salles superbes, pavées de marbre et d’argent, gardées par des lions, des léopards et des dragons. Et beaucoup de poires étincelantes que Claudik reconnut aisément. Devant la salle du Roi, des dragons qui gardaient l’entrée lancèrent des flammes sur le sonneur. Mais dès qu’elles approchaient du sac, elles s’éteignaient à l’instant, par respect apparemment. Fleur du Kranou, ravie, espérait à nouveau ses noces. Tout d’un coup le géant s’éveilla en criant : j’ai faim ! Et aussitôt qu’il eut aperçu Claudik, il ordonna qu’on le mette à la broche avec des pommes de terre. 


Mais à peine les cuisiniers et leurs couteaux s’approchaient que les lames se cassèrent en mille morceaux, par respect apparemment. Puis le sonneur ayant gonflé son biniou, joua l’air de la vieille et le bal de recommencer joliment. Tout le monde ne pouvait s’empêcher de danser. Quand Claudik eut fait sa dernière pirouette, il tomba à genoux au pied du géant qui allongea son unique main pour le saisir mais elle fut repoussée comme par enchantement et le géant de hurler : 

- Ah! Si j’avais l’autre !

- L’autre? La voici !


Claudik sans la permission, se mit à l’ouvrage comme un chirurgien consommé.

- Es tu sûr que ça soit solide au moins !

- Sûr et certain, mais votre main ne sera bien recollée, Monseigneur, que trois jours après les noces de Fleur du Kranou, avec…

- Avec qui, hurla le géant ?

- Moi-même.


Le géant en eut une attaque épouvantable et mourut. Claudik épousa Fleur du Kranou dans de fortes belles noces. Le poirier d’or fut transplanté au Kranou après la mort de son père, Claudik dota ses sœurs généreusement. Et de ce joli mariage, vint au monde qu’une fille unique, ressemblant à sa mère. Or cela a toujours été ainsi de siècle en siècle, et on dit même qu’en ce temps ci, les jeunes gens à marier veulent encore trouver l’héritière de notre fameux poirier. C’est là, Messieurs, ce que je vous souhaite.


 

 

 


Charles Deulin (1827- 1877) écrivain, critique et journaliste originaire de France. 

 

Le Poirier de Misère


I


Au temps jadis, il y avait au village de Vicq, sur les bords de l’Escaut, une bonne femme nommée Misère qui allait quémander de porte en porte, et qui paraissait aussi vieille que le péché originel.

En ce temps-là, le village de Vicq ne valait guère mieux qu’un hameau : il croupissait au bord d’un marécage, et on n’y voyait que quelques maigres censes couvertes de joncs.

Misère habitait à l’écart une pauvre cassine en pisé, où elle n’avait pour toute société qu’un chien, qui s’appelait Faro, et pour tout bien qu’un bâton et une besace, que trop souvent elle rapportait aux trois quarts vide.

La vérité est de dire cependant qu’elle possédait encore dans un petit closeau, derrière sa hutte, un arbre, un seul. Cet arbre était un poirier si beau qu’on ne vit jamais rien de tel depuis le fameux pommier du paradis terrestre.

Le seul plaisir que Misère goûtât en ce monde était de manger des fruits de son jardin, c’est-à-dire de son poirier ; malheureusement, les garçonnets du village venaient marauder dans son clos.

Tous les jours que Dieu fait, Misère allait quêter avec Faro ; mais à l’automne Faro restait à la maison pour garder les poires, et c’était un crève-cœur pour tous les deux, car la pauvre femme et le pauvre chien s’aimaient de grande amitié.

 

II


Or, il vint un hiver où, deux mois durant, il gela à pierre fendre. Il chut ensuite tant de neige que les loups quittèrent les bois et entrèrent dans les maisons. Ce fut une terrible désolation dans le pays, et Misère et Faro en souffrirent plus que les autres.

Un soir que le vent hurbêlait et que la neige tourbillonnait, les malheureux se réchauffaient l’un contre l’autre près de l’âtre éteint, quand on frappa à la porte.

Chaque fois que quelqu’un s’approchait de la chaumine, Faro aboyait avec colère, croyant que c’étaient les petits maraudeurs. Ce soir-là, au contraire, il se mit à japper doucement et à remuer la queue en signe de joie.

"Pour l’amour de Dieu ! fit une voix plaintive, ouvrez à un pauvre homme qui meurt de froid et de faim.

— Haussez le loquet ! cria Misère. Il ne sera point dit que, par un temps pareil, j’aurai laissé dehors une créature du bon Dieu."

L’étranger entra : il paraissait encore plus vieux et plus misérable que Misère, et n’avait pour se couvrir qu’un sarrau bleu en haillons.

"Asseyez-vous, mon brave homme, dit Misère. Vous êtes bien mal tombé, mais j’ai encore de quoi vous réchauffer."

Elle mit au feu sa dernière bûche et donna au vieillard trois morceaux de pain et une poire, qui lui restaient. Bientôt le feu flamba, et le vieillard mangea de grand appétit : or, pendant qu’il mangeait, Faro lui léchait les pieds.

Quand son hôte eut fini, Misère l’enveloppa dans sa vieille couverture de futaine, et le força de se coucher sur sa paillasse, tandis qu’elle-même s’arrangeait pour dormir la tête appuyée sur son escabeau.

Le lendemain, Misère s’éveilla la première :

"Je n’ai plus rien, se dit-elle, et mon hôte va jeûner. Voyons s’il n’y a pas moyen d’aller quêter dans le village."

Elle mit le nez à la porte : la neige avait cessé de choir et il faisait un clair soleil de printemps. Elle se retourna pour prendre son bâton et vit l’étranger debout et prêt à partir.

"Quoi ! vous partez déjà ? dit-elle.

— Ma mission est remplie, répondit l’inconnu, et il faut que j’aille en rendre compte à mon maître. Je ne suis point ce que je parais : je suis saint Wanon, patron de la paroisse de Condé, et j’ai été envoyé par Dieu le Père pour voir comment mes fidèles pratiquent la charité, qui est la première des vertus chrétiennes. J’ai frappé à l’huis du bourgmestre et des bourgeois de Condé, j’ai frappé à l’huis du seigneur et des censiers de Vicq ; le bourgmestre et les bourgeois de Condé, le seigneur et les censiers de Vicq m’ont laissé grelotter à leur porte. Toi seule as eu pitié de mon malheur, et tu étais aussi malheureuse que moi. Dieu va te le rendre : fais un vœu, il s’accomplira."

Misère se signa et tomba à genoux :

"Grand saint Wanon, dit-elle, je ne m’étonne plus que Faro vous ait léché les pieds, mais ce n’est point par intérêt que je fais la charité. D’ailleurs, je n’ai besoin de rien.

— Tu es trop dénuée de toutes choses, dit saint Wanon, pour n’avoir point de désirs. Parle, que veux-tu ?"

Misère se taisait :

"Veux-tu une belle cense avec du blé plein le grenier, du bois plein le bûcher et du pain plein la huche ? Veux-tu des trésors, veux-tu des honneurs ? Veux-tu être duchesse, veux-tu être reine de France ?"

Misère secoua la tête.

Un saint qui se respecte ne doit pas être en reste avec une pauvresse, reprit saint Wanon d’un air piqué. Parle, ou je croirai que tu me refuses par orgueil.

— Puisque vous l’exigez, grand saint Wanon, répondit Misère, j’obéirai. J’ai là, dans mon jardin, un poirier qui me donne de fort belles poires ; par malheur, les jeunes gars du village viennent me les voler, et je suis forcée de laisser le pauvre Faro à la maison pour monter la garde. Faites que quiconque grimpera sur mon poirier n’en puisse descendre sans ma permission.
— Amen ! » dit saint Wanon en souriant de sa naïveté, et, après lui avoir donné sa bénédiction, il se remit en route.

 

III


La bénédiction de saint Wanon porta bonheur à Misère, et dès lors elle ne rentra plus jamais la mallette vide à la maison. Le printemps succéda à l’hiver, l’été au printemps et l’automne à l’été. Les garçonnets, voyant Misère sortir avec Faro, grimpèrent sur le poirier et remplirent leurs poches ; mais au moment de descendre, ils furent bien attrapés.

Misère, au retour, les trouva perchés sur l’arbre, les y laissa longtemps et lâcha Faro à leurs trousses quand elle voulut bien les délivrer. Ils n’osèrent plus revenir, les Vicquelots eux-mêmes évitèrent de passer près de l’arbre ensorcelé, et Misère et Faro vécurent aussi heureux qu’on peut l’être en ce monde.

Vers la fin de l’automne, Misère se réchauffait un jour au soleil dans son jardin, quand elle entendit une voix qui criait : "Misère ! Misère ! Misère !" Cette voix était si lamentable que la bonne femme se prit à trembler de tous ses membres, et que Faro hurla comme s’il y avait eu un trépassé dans la maison.

Elle se retourna et vit un homme long, maigre, jaune et vieux, vieux comme un patriarche. Cet homme portait une faux aussi longue qu’une perche à houblon. Misère reconnut la Mort.

"Que voulez-vous, l’homme de Dieu, dit-elle d’une voix altérée, et que venez-vous faire avec cette faux ?

— Je viens faire ma besogne. Allons ! ma bonne Misère, ton heure a sonné, il faut me suivre.

— Déjà !

— Déjà ? Mais tu devrais me remercier, toi qui es si pauvre, si vieille et si caduque.

— Pas si pauvre ni si vieille que vous le croyez, notre maître. J’ai du pain dans la huche et du bois au bûcher ; je n’aurai que quatre-vingt-quinze ans à la Chandeleur ; et, quant à être caduque, je suis aussi droite que vous sur mes jambes, soit dit sans affront.

— Va ! tu seras bien mieux en paradis.

— On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne au change, dit philosophiquement Misère. D’ailleurs, cela ferait trop de peine à Faro.
— Faro te suivra. Voyons, décide-toi."

Misère soupira.

"Accordez-moi du moins quelques minutes, que je m’attife un peu : je ne voudrais point faire honte aux gens de là-bas."

La Mort y consentit.

Misère mit sa belle robe d’indienne à fleurs qu’elle avait depuis plus de trente ans, son blanc bonnet et son vieux mantelet de Silésie, tout usé, mais sans trou ni tache, qu’elle ne revêtait qu’aux fêtes carillonnées.

Tout en s’habillant, elle jeta un dernier coup d’œil sur sa chaumière et avisa le poirier. Une idée singulière lui passa par la tête, et elle ne put s’empêcher de sourire.

"Pendant que je m’apprête, voudriez-vous me rendre un service, l’homme de Dieu ? dit-elle à la Mort. Ce serait de monter sur mon poirier et de me cueillir les trois poires qui restent. Je les mangerai en route.

— Soit !" dit la Mort, et il monta sur le poirier.

Il cueillit les trois poires et voulut descendre ; mais, à sa grande surprise, il ne put en venir à bout.

"Hé ! Misère ! cria-t-il, aide-moi donc à descendre. Je crois que ce maudit poirier est ensorcelé."

Misère vint sur le pas de la porte. La Mort faisait des efforts surhumains avec ses longs bras et ses longues jambes ; mais, au fur et à mesure qu’il se détachait de l’arbre, l’arbre, comme s’il eût été vivant, le reprenait et l’embrassait avec ses branches. C’était un spectacle si bouffon, que Misère partit d’un grand éclat de rire.

"Ma foi ! dit-elle, je ne suis point pressée d’aller en paradis. Tu es bien là, mon bonhomme. Restes-y. Le genre humain va me devoir une belle chandelle". 

Et Misère ferma sa porte, et laissa la Mort perché sur son poirier.

 

IV


Au bout d’un mois, comme la Mort ne faisait plus son service, on fut tout étonné de voir qu’il n’y avait eu aucun décès à Vicq, à Fresnes et à Condé. L’étonnement redoubla à la fin du mois suivant, surtout quand on apprit qu’il en était de même à Valenciennes, à Douai, à Lille et dans toute la Flandre.

On n’avait jamais ouï parler de pareille chose, et, lorsque vint la nouvelle année, on connut par l’almanach qu’il en était arrivé autant en France, en Belgique, en Hollande, ainsi que chez les Autrichiens, les Suédois et les Russiens.

L’année passa, et il fut établi que depuis quinze mois il n’y avait point eu dans le monde entier un seul cas de mort. Tous les malades avaient guéri sans que les médecins sussent comment ni pourquoi, ce qui ne les avait point empêchés de se faire honneur de toutes les cures.

Cette année s’écoula comme la précédente, sans décès, et, quand vint la Saint-Sylvestre, d’un bout de la terre à l’autre les hommes s’embrassèrent et se félicitèrent d’être devenus immortels.

On fit des réjouissances publiques, et il y eut en Flandre une fête comme on n’en avait point vu depuis que le monde est monde.

Les bons Flamands n’ayant plus peur de mourir d’indigestion, ni de goutte, ni d’apoplexie, burent et mangèrent tout leur saoul. On calcula qu’en trois jours chaque homme avait mangé une boisselée de grain, sans compter la viande et les légumes, et bu un brassin de bière, sans compter le genièvre et le brandevin.

J’avoue pour ma part que j’ai peine à le croire, mais toujours est-il que jamais le monde ne fut si heureux, et personne ne soupçonnait Misère d’être la cause de cette félicité universelle : Misère ne s’en vantait point, par modestie.

Tout alla bien durant dix, vingt, trente ans ; mais, au bout de trente ans, il ne fut point rare de voir des vieillards de cent dix et cent vingt ans, ce qui est d’ordinaire l’âge de la dernière décrépitude. Or ceux-ci, accablés d’infirmités, la mémoire usée, aveugles et sourds, privés de goût, de tact et d’odorat, devenus insensibles à toute jouissance, commençaient à trouver que l’immortalité n’est point un si grand bienfait qu’on le croyait d’abord.

On les voyait se traîner au soleil, courbés sur leurs bâtons, le front chenu, le chef branlant, les yeux éteints, toussant, crachant, décharnés, rabougris, ratatinés, semblables à d’énormes limaces. Les femmes étaient encore plus horribles que les hommes.

Les vieillards les plus débiles restaient dans leurs lits, et il n’y avait point de maison où l’on ne trouvât cinq ou six lits où geignaient les aïeuls, au grand ennui de leurs arrière-petits-fils et fils de leurs arrière-petits-fils.

On fut même obligé de les rassembler dans d’immenses hospices où chaque nouvelle génération était occupée à soigner les précédentes, qui ne pouvaient guérir de la vie.

En outre, comme il ne se faisait plus de testaments, il n’y avait plus d’héritages, et les générations nouvelles ne possédaient rien en propre : tous les biens appartenaient de droit aux bisaïeuls et aux trisaïeuls, qui ne pouvaient en jouir.

Sous des rois invalides, les gouvernements s’affaiblirent, les lois se relâchèrent ; et bientôt les immortels, certains de ne point aller en enfer, s’abandonnèrent à tous les crimes : ils pillaient, volaient, violaient, incendiaient, mais, hélas ! ils ne pouvaient assassiner.

Dans chaque royaume le cri de "Vive le roi !" devint un cri séditieux et fut défendu sous les peines les plus sévères, à l’exception de la peine de mort.

Ce n’est point tout : comme les animaux ne mouraient pas plus que les hommes, bientôt la terre regorgea tellement d’habitants, qu’elle ne put les nourrir ; il vint une horrible famine, et les hommes, errant demi-nus par les campagnes, faute d’un toit pour abriter leur tête, souffrirent cruellement de la faim, sans pouvoir en mourir.

Si Misère avait connu cet effroyable désastre, elle n’eût point voulu le prolonger, même au prix de la vie ; mais, habitués de longue date aux privations et aux infirmités, elle et Faro en pâtissaient moins que les autres : puis ils étaient devenus quasi sourds et aveugles, et Misère ne se rendait pas bien compte de ce qui se passait autour d’elle.

Alors les hommes mirent autant d’ardeur à chercher le trépas qu’ils en avaient mis jadis à le fuir. On eut recours aux poisons les plus subtils et aux engins les plus meurtriers ; mais engins et poisons ne firent qu’endommager le corps sans le détruire.

On décréta des guerres formidables : d’un commun accord, pour se rendre le service de s’anéantir mutuellement, les nations se ruèrent les unes sur les autres ; mais on se fit un mal affreux sans parvenir à tuer un seul homme.

On rassembla un congrès de la mort : les médecins y vinrent des cinq parties du monde ; il en vint des blancs, des jaunes, des noirs, des cuivrés, et ils cherchèrent tous ensemble un remède contre la vie, sans pouvoir le trouver.

On proposa dix millions de francs de récompense pour quiconque le découvrirait : tous les docteurs écrivirent des brochures sur la vie, comme ils en avaient écrit sur le choléra, et ils ne guérirent pas plus cette maladie que l’autre.

C’était une calamité plus épouvantable que le déluge, car elle sévissait plus longuement, et on ne prévoyait point qu’elle dût avoir une fin.

 

V


Or, à cette époque, il y avait à Condé un médecin fort savant, qui parlait presque toujours en latin et qu’on appelait le docteur De Profundis. C’était un très honnête homme qui avait expédié beaucoup de monde au bon temps, et qui était désolé de ne pouvoir plus guérir personne.

Un soir qu’il revenait de dîner chez le mayeur de Vicq, comme il avait trop bu d’un coup, il s’égara dans le marais. Le hasard le conduisit près du jardin de Misère, et il entendit une voix plaintive qui disait : "Oh ! qui me délivrera et qui délivrera la terre de l’immortalité, cent fois pire que la peste !"

Le savant docteur leva les yeux, et sa joie n’eut d’égale que sa surprise : il avait reconnu la Mort.

"Comment ! c’est vous, mon vieil ami, lui dit-il, quid agis in hac pyro perché ?

— Rien du tout, docteur De Profundis, et c’est ce qui m’afflige, répondit la Mort ; donnez-moi donc la main que je descende."

Le bon docteur lui tendit la main, et la Mort fit un tel effort pour se détacher de l’arbre, qu’il enleva le docteur de terre. Le poirier saisit aussi celui-ci et l’enlaça de ses branches. De Profundis eut beau se débattre, il dut tenir compagnie à la Mort.

On fut fort étonné de ne point le voir le lendemain et le surlendemain. Comme il ne donnait pas signe de vie, on le fit afficher et mettre dans la gazette, mais ce fut peine perdue.

De Profundis était le premier homme qui eût disparu de Condé depuis de longues années. Avait-il donc trouvé le secret de mourir, et lui, jadis si généreux, se l’était-il réservé pour lui seul ?

Tous les Condéens sortirent de la ville pour se mettre à sa recherche : ils fouillèrent si bien la campagne en tous sens qu’ils arrivèrent au jardin de Misère. À leur approche, le docteur agita son mouchoir en signe de détresse.

"Par ici ! leur cria-t-il, par ici, mes amis : le voici, voici la Mort ! Je l’avais bien dit dans ma brochure, qu’on le retrouverait dans le marais de Vicq, le vrai berceau du choléra. Je le tiens enfin, mais non possumus descendere de ce maudit poirier.

— Vive la Mort !" firent en chœur les Condéens, et ils s’approchèrent sans défiance.

Les premiers arrivés tendirent la main à la Mort et au docteur ; mais, ainsi que le docteur, ils furent enlevés de terre et saisis par les branches de l’arbre.

Bientôt le poirier fut tout couvert d’hommes. Chose extraordinaire, il grandissait au fur et à mesure qu’il agrippait les gens. Ceux qui vinrent ensuite prirent les autres par les pieds, d’autres se suspendirent à ceux-ci, et tous ensemble formèrent les anneaux de plusieurs chaînes d’hommes qui s’étendaient à la distance d’une portée de crosse. Mais c’est en vain que les derniers, restés à terre, saquaient de toutes leurs forces, ils ne pouvaient arracher leurs amis du maudit arbre.

L’idée leur vint alors d’abattre le poirier : ils allèrent quérir des haches et commencèrent à le frapper tous ensemble ; hélas ! on ne voyait seulement pas la marque des coups.

Ils se regardaient tout penauds, et ne sachant plus à quel saint se vouer, quand Misère vint au bruit et en demanda la cause. On lui expliqua ce qui se passait depuis si longtemps, et elle comprit le mal qu’elle avait fait sans le vouloir.

"Moi seule puis délivrer la Mort, dit-elle, et j’y consens, mais à une condition, c’est que la Mort ne viendra nous chercher, Faro et moi, que quand je l’aurai appelé trois fois.

— Tope, dit la Mort, j’obtiendrai de saint Wanon qu’il arrange l’affaire avec le bon Dieu.

— Descendez, je vous le permets !" cria Misère ; et la Mort, le docteur et les autres tombèrent du poirier comme des poires trop mûres.

La Mort se mit à sa besogne sans désemparer, et expédia les plus pressés ; mais chacun voulait passer le premier. Le brave homme vit qu’il aurait trop à faire. Il leva pour l’aider une armée de médecins et en nomma général en chef le docteur De Profundis.

Quelques jours suffirent à la Mort et au docteur pour débarrasser la terre de l’excès des vivants, et tout rentra dans l’ordre. Tous les hommes âgés de plus de cent ans eurent droit de mourir et moururent, à l’exception de Misère qui se tint coite, et qui depuis n’a point encore appelé trois fois la Mort.

Voilà pourquoi, dit-on, Misère est toujours dans le monde.

 

 

 

Pour en savoir plus

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11 août 2022 4 11 /08 /août /2022 23:39

 

 

Mythologie des arbres


Le Figuier - Ficus carica  

 


Ficus carica, Figuier, Figuier comestible ou Figuier commun, est un arbre fruitier de la famille des Moracées qui donne des fruits comestibles appelés figues. 

On l'appelle plus rarement Figuier de Carie en référence à la cité antique en Asie mineure ou  "Arbre à cariques".

 

Ce figuier était plus de deux fois centenaire ;

Sa branche se tordait comme un nombreux serpent ;

Sous sa voûte on errait comme en un cloître on erre,

Et cet arbre était fier d’ombrager un arpent.

Robert de Montesquiou-Fezensac (1855-1921) - Le Figuier


 

 

 

 

Le Figuier comestible fait partie des plantes importantes du bassin méditerranéen, où il est cultivé depuis des millénaires. C'est le seul représentant européen du genre Ficus qui regroupe près de six cents espèces, la plupart tropicales.


Cette espèce semble originaire d'une vaste zone de climat tempéré chaud, englobant le pourtour du bassin méditerranéen jusqu'à l'Asie centrale. 


Le figuier est un petit arbre, de trois à quatre mètres de haut. Certaines variétés peuvent cependant atteindre dix mètres de hauteur pour dix mètres de largeur. Il peut vivre jusqu'à 300 ans et atteint sa pleine production vers 7 ans.


Son tronc est souvent tortueux, au port souvent buissonnant. Toutes les parties de la plante (rameaux, feuilles, fruits) contiennent un latex blanc et irritant.


 

 

 

Peu exigeant, le figuier est robuste et peut produire très longtemps. Arbre méditerranéen, il résiste bien à la chaleur. 

Les feuilles sont caduques, rugueuses, finement velues, assez grandes, munies d'un long pétiole et d'un limbe palmatilobé. 


 


 

 

Les fleurs du figuier ont de nombreuses formes réunies à l'intérieur d'un réceptacle charnu en forme de poire, ouvert au sommet, qui grossira après la fécondation pour donner la figue. Cette inflorescence est appelée sycone. 


A l'intérieur d'un sycone il y a des fleurs mâles et des fleurs femelles. Mais les premières ne peuvent féconder les secondes.  Il existe des variétés de figuiers partiellement ou totalement autofertiles, les fleurs femelles donnant des fruits de façon parthénogénétique.


Comme tous les angiospermes, les fleurs de figuiers permettent la pollinisation ;

 

La figue semble dénuée de fleurs. Toutefois, elles existent se cachant à l’intérieur de ce fruit en forme de poire ; on peut les apercevoir lorsqu’on coupe en deux une figue non mûre. Plus tard, ces fleurs donneront naissance aux véritables fruits : les nombreux petits grains croquants contenus dans la figue qui n’est autre qu’un gros sac rempli de petits fruits.

 

Les fruits sont composés, avec un réceptacle charnu contenant des petits fruits qui ressemblent à des graines.


À maturité, les fruits, ou figues, sont selon les variétés de couleur verdâtre, jaune, marron-rouge ou violet plus ou moins foncé, parfois bicolores ou striés. 

 


La fructification, de Mai à septembre et la Récolte des figues en Eté

 

Un figuier adulte peut donner 100 kg de figues fraîches soit 30 kg de figues sèches


 

 

 

 

Pour la production, seules les variétés femelles  sont cultivées, elles peuvent être bifères ou unifères plus rarement trifères :

 

Les unifères (zones les plus chaudes pas de températures inférieures à −12 °C en hiver et pas trop de gelées tardives au printemps) fructifient une seule fois en fin d'été. Les figues apparaissent sur le bois de l'année à l'aisselle des feuilles. Seules mûrissent les premières qui se trouvent en partie basse du rameau à maturité. Les figues apparues plus tardivement, se trouvant donc en partie haute des rameaux de l'année, avortent lorsque les températures baissent ;

 

Les bifères donnent deux récoltes par an, une au printemps ou au début de l'été, l'autre en fin d'été ou à l'automne selon la variété et le climat. Les figues apparues tardivement en position apicale sur les rameaux de l'année précédente ne chutent pas et passent l'hiver à l'état de petits bourgeons pour reprendre leur développement dès que la température devient favorable. Puis sur le bois de l'année, les figues se développent normalement ;

 

Les trifères dites aussi cimaruoli. Les figues apparues en partie haute des rameaux de l'année continuent à se développer normalement en fin d'été pour arriver à maturité très tardivement et parfois seulement au printemps suivant. Cela n'est possible que sous un climat très chaud comme celui du sud de l'Italie ou de l'Espagne.


 


 

 

Le figuier mâle, parfois appelé "Figuier sauvage", qui ne donne pas de fruits comestibles, est aussi appelé "Caprifiguier" (caprificus, ou Figuier de bouc).

 

Les caprifiguiers contiennent des fleurs femelles à style court et ne donnent que des petites figues imangeables. Par contre ils fournissent le pollen pour féconder l'autre type de figuier qui contient des fleurs femelles à style long et qui produira les figues comestibles. C'est un petite hyménoptère, le blastophage du figuier, qui transporte le pollen d'un type de figuier à l'autre. 

 

Les figuiers sauvages ont pour particularité d'avoir une reproduction dépendant d'une symbiose avec un insecte : le blastophage. Cet insecte assure la pollinisation des fleurs femelles. En retour, le figuier abrite et nourrit l'insecte, dont le cycle se déroule quasi entièrement dans la plante.


 

 

 

 

Espèces et variétés de figues

 


Parmi les variétés unifères (qui produisent des fruits une fois par an), on trouve :


- "Col de dame blanc"

Unifère tardif, Plantation : octobre-novembre. Surveiller l’arrosage en été. La Récolte s’effectue à partir de début septembre, jusqu’en novembre-décembre. Sa chair rouge foncée est protégée de la pluie par une peau claire très épaisse. 

 
- "Pastilière"

Plantation : octobre-novembre. Arroser généreusement le jeune plant pour favoriser un enracinement profond. La Récolte s'effectue à partir de septembre. Cet unifère tardif a besoin d’une chaude arrière-saison. La figue se reconnaît à sa forme triangulaire, sa couleur violacée très foncée et son pédoncule rouge désaxé. Elle est précoce et d’excellente qualité gustative : charnue, juteuse et rafraîchissante. On peut la manger avec sa peau, qui est très fine. Parfaite pour réussir les confitures, elle se défait très vite à la cuisson. 


- "Blanche marseillaise" (Marseillaise, Blanquette, Petite Grise, Couille du pape, Athènes) .

Figuier autofertile très productif à petit ou moyen développement, à port d’abord érigé qui s’étale avec l’âge. Ses fruits de petite taille sont très doux et savoureux, à chair rosée sucrée et parfumée, à la fois ferme et fondante. La peau est jaune vert, jaune à maturité, avec un petit pédoncule épais, elle se fend facilement si le temps est humide. Les figues se cueillent vers la mi-août et peuvent se manger fraîches, séchées, en confiture. Seuil de résistance : -12°. À cultiver de préférence en climat méditerranéen ou atlantique.


- "Violette de Solliès" (Bourjassotte noire, Solliès, Parisienne, Barnisotte) :

Sa production est très tardive, entre la mi-août et fin octobre, adaptée aux régions du Midi. Ses fruits bleu noir sont gros et aplatis, avec un pédoncule court. Ils offrent une chair rouge et sucrée, parfumée, de bonne conservation, à consommer frais. L’arbre, autofertile, a un développement important, avec un système racinaire puissant et très étendu. Cette variété possède une AOP.


- "Sucre vert" (Figue Reine, Mussega, Cougourdane, Higo Blanco) :

Ses fruits arrivent tard, entre septembre et novembre. Ils sont de bonne taille, avec une peau verte qui se pique de brun lorsqu’ils arrivent à maturité. Leur chair vert pâle est de très bonne qualité, mielleuse et bien sucrée. Elle se déguste fraîche, séchée ou en confiture. L’arbre a un développement moyen, environ 3,5 m de hauteur et un port compact avec un feuillage extrêmement dense. Il est cultivé dans les régions du sud de la France ou sur la façade atlantique.


 

- "Col de dame blanc"

Unifère tardif, Plantation : octobre-novembre. Surveiller l’arrosage en été. La Récolte s’effectue à partir de début septembre, jusqu’en novembre-décembre. Sa chair rouge foncée est protégée de la pluie par une peau claire très épaisse. 

 
 

- "Pastilière"

Plantation : octobre-novembre. Arroser généreusement le jeune plant pour favoriser un enracinement profond. La Récolte s'effectue à partir de septembre. Cet unifère tardif a besoin d’une chaude arrière-saison. La figue se reconnaît à sa forme triangulaire, sa couleur violacée très foncée et son pédoncule rouge désaxé. Elle est précoce et d’excellente qualité gustative : charnue, juteuse et rafraîchissante. On peut la manger avec sa peau, qui est très fine. Parfaite pour réussir les confitures, elle se défait très vite à la cuisson. 


 

- "Blanche marseillaise" (Marseillaise, Blanquette, Petite Grise, Couille du pape, Athènes) .

Figuier autofertile très productif à petit ou moyen développement, à port d’abord érigé qui s’étale avec l’âge. Ses fruits de petite taille sont très doux et savoureux, à chair rosée sucrée et parfumée, à la fois ferme et fondante. La peau est jaune vert, jaune à maturité, avec un petit pédoncule épais, elle se fend facilement si le temps est humide. Les figues se cueillent vers la mi-août et peuvent se manger fraîches, séchées, en confiture. Seuil de résistance : -12°. À cultiver de préférence en climat méditerranéen ou atlantique.


 

- "Violette de Solliès" (Bourjassotte noire, Solliès, Parisienne, Barnisotte) :

Sa production est très tardive, entre la mi-août et fin octobre, adaptée aux régions du Midi. Ses fruits bleu noir sont gros et aplatis, avec un pédoncule court. Ils offrent une chair rouge et sucrée, parfumée, de bonne conservation, à consommer frais. L’arbre, autofertile, a un développement important, avec un système racinaire puissant et très étendu. Cette variété possède une AOP.


 

- "Sucre vert" (Figue Reine, Mussega, Cougourdane, Higo Blanco) :

Ses fruits arrivent tard, entre septembre et novembre. Ils sont de bonne taille, avec une peau verte qui se pique de brun lorsqu’ils arrivent à maturité. Leur chair vert pâle est de très bonne qualité, mielleuse et bien sucrée. Elle se déguste fraîche, séchée ou en confiture. L’arbre a un développement moyen, environ 3,5 m de hauteur et un port compact avec un feuillage extrêmement dense. Il est cultivé dans les régions du sud de la France ou sur la façade atlantique.

 

 

Les variétés bifères (qui produisent deux fois par an), on distingue :


- "Sultane" (Noire de Bellone) :

Ce figuier très précoce est particulièrement productif. Il est rustique, plutôt cultivé en climat doux où il pourra former un arbre bien développé de 7 m de hauteur. Cette variété autofertile n’aura pas besoin d’un autre figuier à proximité pour fructifier. Ses figues piriformes et violettes sont de taille moyenne, les figues-fleurs étant plus rebondies mais en quantité moindre que celles d’automne. Leur chair rouge, parfumée et sucrée se déguste aussi bien fraîche que séchée.
 

 

 

-  "Longue d’août" (Figue banane, Figue poire, Jérusalem) :

Elle produit en début et fin d’été de grosses figues allongées qui deviennent jaune brun à maturité. Ses figues-fleurs sont assez grosses, avec une peau légèrement bosselée, un pédoncule assez long et une chair rosée à blanc vert. Les figues d’automne, bien plus petites, montrent des côtes saillantes. Elles se consomment fraîches, en confitures et peuvent se sécher à condition d’avoir été cultivées en terrain bien drainé. Cette variété de figuier bifère autofertile résiste aux gelées et les fruits sont résistants à l’humidité. Il affiche un développement moyen et un port étalé.

 

 

- "Grise de Tarascon" (Dauphine, Rouge d’Argenteuil, Grosse de Juillet, Boule d’or) :

Ce figuier vigoureux et autofertile produit de très grosses figues fleurs rondes à peau gris violet. En régions tempérées, la quantité de figues-fleurs est importante, au mois de juillet. La seconde récolte se fait en septembre octobre. La chair rose est juteuse, charnue et sucrée, avec peu de graines, elle se consomme fraîche et en confiture. L’arbre rustique affiche un beau port retombant et il tend à drageonner.
 

 

 

Des variétés à cultiver en pot


"Rouge de Bordeaux" (Pastilière, Hirta du Japon, Pastelière) :

Figuier autofertile et unifère d’origine japonaise de taille petite à moyenne, environ 3 m, et port très compact. Cette variété est idéal pour une culture en pot ou pour de petits jardins. Ses figues-fleurs tombent facilement par contre il offre une bonne et précoce (début du mois d’août) production de figues d’été de taille moyenne et de teinte noir violet. Leur chair rose dorée montre peu de grains avec une saveur douce et sucrée. Ce figuier se montre rustique mais assez sensible aux maladies et ses fruits se fendent facilement.

 

 

"Précoce de Dalmatie" (Dalmatie, San Pietro) :

Figuier autofertile et bifère à petit développement. Son feuillage est relativement clairsemé et l’arbre est peu ramifié. Ses figues-fleurs sont à maturité en juillet et ses figues d’automne entre la fin août et octobre. De taille exceptionnelle, elles affichent une peau jaune vert et une chair très sucrée et charnue. Ce figuier résiste très bien au froid (-15°) et ses fruits résistent bien à la pluie.

 

 

"Black Jack" :

Ce figuier unifère et productif à petit développement offre de grosses figues noires à chair rouge orangé clair. Elles supportent bien l’humidité et leur maturité peut se prolonger jusqu’aux premières gelées. Ces figues peuvent être séchées.


 

 

Des variétés résistantes au froid

 

"Brown Turkey" (Negro Largo, Common blue, Brown Naples, Aubique noire, English brown turkey) :

Ce figuier bifère et autofertile résiste au gel jusqu’à -30°, il est très cultivé dans le nord-est. Ses fruits sont de taille moyenne en été et de petite taille en automne. Leur peau est brun rouge avec une chair goûteuse qui peut être cuisinée, préparée en confitures ou mangée fraîche. De taille moyenne, il affiche un port buissonnant et compact que le prête à la culture en bac.

 

 

"Brunswick" (Magnolia, Castle Kennedy, Madonna) :

Figuier autofertile et bifère à faible développement donne de grosses figues-fleurs en juillet puis des plus petites en septembre octobre avec une récolte abondante. Leur peau est brun rouge clair à maturité. Très rustique, il est également résistant face à la sécheresse.


 

"Hardy Chicago" :

Cette variété bifère est particulièrement résistant au froid, d’ailleurs il a été découvert assez récemment (années 1980) dans la ville de Chicago. Il produit de petites figues violettes au long et fort pédoncule, dont la chair couleur fraise offre une saveur douce et miellée.
 

 

Figuier sycomore

Ficus sycomorus, figuier du pharaon


Le figuier sycomore ou sycamore (Ficus sycomorus) est un arbre de la famille des moracées.

Ficus sycomorus peut mesurer jusqu'à 20 m de haut et 6 m de large avec une couronne assez dense.

Cultivé en Égypte depuis le troisième millénaire avant Jésus-Christ, le figuier sycomore est originaire d’Afrique centrale où on le trouve du Sénégal au Nord Est de l'Afrique du Sud, à l'exclusion des régions de forêt tropicale humide. Il pousse spontanément dans la péninsule Arabique et dans certaines régions de Madagascar. Il a été naturalisé en Israël et en Égypte.

Dans son habitat d’origine, l’arbre pousse généralement sur des sols riches, le long des rivières et dans les forêts mixtes.

L'écorce est jaune-vert et s'exfolie en bandes laissant apparaître une écorce intérieure jaunâtre. Comme tous les figuiers, le sycomore contient du latex.

Les feuilles cordiformes vert foncé sont disposées en spirale autour du rameau. Sur la face inférieure vert clair, on voit apparaitre des nervures proéminentes et les deux faces sont rêches.

Le fruit est une figue comestible de vert au jaune rosé, mais souvent rempli d'insectes. Les figues  poussent en grappe tout au long de l'année avec un pic entre juillet et décembre. Le fruit est comestible 

Les fruits comme les feuilles peuvent servir d'alimentation pour le bétail en améliorant la production de lait.

Son bois peut servir de combustible et le frottement de deux branches permet d'allumer un feu.

Certains cercueils de momies en Égypte étaient faits de son bois. Le Livre d'Amos (7:14) se réfère à son fruit. A Jéricho, Zachée monte sur un figuier sycomore pour voir passer Jésus (Évangile selon Luc - 19:4).


 

 

 

Étymologie


Le nom générique "Ficus" est le nom latin d'un figuier. 

L'adjectif spécifique carica signifie originaire de la Carie, ancienne province d'Asie mineure d'où le figuier est supposé provenir.


 

 

 

Le figuier dans la Religion 

 


Islam

La sourate 95 du Coran s'appelle al-Tīn (en arabe pour "Le Figuier"), serment "Par le figuier et l'olivier" en référence au lieu de naissance de "Issa" (Jésus) fils de Maryam (Marie).  

 

Versets 1 – 3 Trois serments

"Par le figuier et l’olivier ! 

Et par le Mont Sinaï!  

Et par cette terre (La Mecque) rendue sécuritaire !"


 


 

 

La Bible

 

 

Chez les hébreux, les figues font partie du trésor que Moïse a promis à son peuple une fois en Terre promise.

Le figuier est le deuxième arbre cité dans la Bible, après l'arbre de la connaissance du bien et du mal (assimilé au pommier dans la tradition chrétienne mais au figuier dans la tradition juive). 

 

Ancien testament Génèse 3. 6-7

"Alors la femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger et agréable aux yeux et désirable pour acquérir l'intelligence ; elle prit son fruit et le mangea, elle en donna aussi à son mari avec elle et ils mangèrent. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes".



2 Rois  20 : 7

"Puis Ésaïe dit : "Prenez un gâteau de figues". Ils en prirent un, ils le mirent sur l'ulcère, et le roi resta en vie". 

 

Matthieu 21- 18-19-20

"Le matin, en retournant à la ville, il eut faim. Voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha; mais il n'y trouva que des feuilles, et il lui dit: Que jamais fruit ne naisse de toi! Et à l'instant le figuier sécha. Les disciples, qui virent cela, furent étonnés, et dirent: Comment ce figuier est-il devenu sec en un instant? Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi et que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a été fait à ce figuier, mais quand vous diriez à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez."

 

Matthieu 24-32

"Lorsque ses rameaux deviennent tendres et que les feuilles poussent l'été est proche".

 

Marc, 11:12-14 ; 11:20-24 ; 11:25-26 

"Le lendemain, après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; et, s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues. Prenant alors la parole, il lui dit : Que jamais personne ne mange de ton fruit ! Et ses disciples l’entendirent ....

Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la ville. Le matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines. Pierre, se rappelant ce qui s’était passé, dit à Jésus : Rabbi, regarde, le figuier que tu as maudit a séché. Jésus prit la parole, et leur dit : Ayez foi en Dieu. Je vous le dis en vérité, si quelqu’un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute point en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrive, il le verra s’accomplir. C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir."...

Et lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas non plus vos offenses."

 

Luc 13 : 1 6-9

"Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l'affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu'ils offraient un sacrifice.
Jésus leur disait encore cette parabole : - Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n'en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : - Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en trouve pas. - Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ? - Mais le vigneron lui répondit : - Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir. Sinon, tu le couperas."


 

Jérémie 8:13

"Je veux en finir avec eux, dit l'Eternel; Il n'y aura plus de raisins à la vigne, Plus de figues au figuier, Et les feuilles se flétriront ; Ce que je leur avais donné leur échappera."

 

Joël, I, 12 

"La vigne est confuse, Le figuier languissant, Le grenadier, le palmier, le pommier, Tous les arbres des champs sont flétris. La joie a cessé parmi les fils de l'homme !"

 

Jean. 1, 43-51

C’est sous un figuier que se trouvait Nathanaël, avant qu’il ne soit rejoint par Jésus. Nathanaël (" Dieu a donné ") est nommé Barthélémy par les autres évangélistes et dans les Actes des apôtres. Dans la liste des douze disciples, son nom est chaque fois associé à celui de Philippe qui l’a conduit à Jésus.

"Le lendemain, il voulut s’en aller en Galilée. Et Jésus trouve Philippe, et lui dit : Suis-moi. Or Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre. Philippe trouve Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth. Et Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens et vois. Jésus vit Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui : Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude. Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais. Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d’Israël. Jésus répondit et lui dit : Parce que je t’ai dit que je te voyais sous le figuier, tu crois ? tu verras de plus grandes choses que celles-ci. Et il lui dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme." 

 

 

 

Mythologie égyptienne

 


Dans la cour du temple d'Héliopolis en Égypte poussait un vénérable sycomore, ou Figuier des pharaons. On l'appelait le Figuier du dieu Thot et de la déesse Seshat. Thot, le dieu à tête d'ibis, était le dieu de la sagesse, Il était le scribe divin, il contrôlait les saisons, les phases de la lune et l'avancée des étoiles. Il inscrivait sur les feuilles du figuier du Paradis tout ce qui avait marqué la vie de chaque être humain, afin de préparer le jour du jugement par Osiris, dieu des morts.


Il est arbre de vie pour les anciens Égyptiens. C’est l’arbre de Nout portant des fruits d’immortalité, nourriture des défunts. Très nutritive, la figue entrait dans la composition des repas pour bien des Égyptiens.


La figue était l'un des fruits du paradis pour les Égyptiens. Fruit d'immortalité, il était donné par la Dame du Sycomore, soit la déesse Neith, Nephtys, Isis ou Hathor, aux âmes des défunts représentées par des oiseaux perchés sur l'arbre. Probablement, il s'agit davantage d'Hathor, la déesse du destin souvent montrée avec une tête de vache assimilée au Moyen Empire à Nout. 


Un hiéroglyphe montre un panier de figues dans des corbeilles recouvertes de feuilles, sans doute pour qu'elles restent fraîches. Comme un signe du destin, la dernière souveraine égyptienne, Cléopâtre, mourut mordue au sein par un serpent caché dans une corbeille de figues. 


 

 

 

Mythologie grecque

 


Le figuier était un don de la déesse des moissons et de la terre, Demeter.
Le figuier était aussi dédié à Dionysos comme la vigne et le lierre.


Ulysse, dans l'Odyssée d'Homère, s'accroche à un figuier pour ne pas être aspiré par le monstre marin Charybde, alors qu'il erre sur un radeau dans le détroit de Messine.

À l'origine, elle était une nymphe dont Glaucos était follement amoureux. Cet amour n'étant pas réciproque, Glaucos alla demander à la magicienne Circé un philtre d'amour, mais celle-ci, éperdument amoureuse de Glaucos et jalouse de Scylla, profita de l'occasion pour changer la nymphe en un monstre terrifiant.

"...A son sommet s'élève un figuier chargé de feuilles ; au-dessous de ce figuier est la formidable Charybde, qui engloutit sans cesse l'onde noire : trois fois par jour et elle la rejette, et trois fois encore elle l'avale en poussant des mugissements effroyables..."


 

 

 

Mythologie romaine

 

 


. Associé à Mercure et à Junon, le figuier est avant tout un attribut de Mars, dieu de la nature en fleurs qui présidait au renouvellement printanier de la végétation.

 

. On rapporte qu’il poussa un figuier sur le toit d’un temple dédié à la déesse Dia. Ce temple des vestales fut détruit, car on y voyait dans l’apparition du figuier sur le temple que les Vestales desservaient, la présence d’un être impur. 

 


. Les luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur dieu dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin).

Selon la légende, la louve avait allaité Romulus et Rémus, après avoir découvert les deux jumeaux sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte ; ce figuier qui avait arrêté le panier contenant Romulus et Remus, jetés au Tibre, avant qu'ils ne soient recueillis et élevés par le berger Faustulus et son épouse Acca Larentia, une prostituée surnommée lupa (en latin la "louve") par les autre bergers de la région.

En raison de cette légende, le figuier "Faustulus" est devenu un arbre protecteur enraciné au coeur même du champ politique de Rome : le "Forum".

La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome du 13 au 15 février, c’est-à-dire à la fin de l’année romaine, qui commençait le 1er mars.



 

 

 

Mythologie celtique

 


14 juin au 23 juin – Figuier

Dans le calendrier celtique, le figuier représente la sensibilité, l'intelligence, la force,  l'indépendance, la famille, les enfants et les animaux, mais aussi l'oisiveté et la paresse. 

 

 


Le XIIe millénaire av. J.-C.

de l’an 12 000 av. J.-C. à l’an 11 001 av. J.-C.

 


début du Néolithique, 

dans la vallée du Jourdain.

Ficus carica est un des plus anciens fruitiers domestiqué.

Mordechai E Kislev, Anat Hartmann, Ofer Bar-Yosef

Date de publication - 2 Juin 2006

..."Il est généralement admis que le figuier a été domestiqué au Proche-Orient il y a environ 6500 ans. Nous rapportons ici la découverte de neuf figues carbonisées et de centaines de drupelettes stockées à Gilgal I, un village du début du Néolithique, situé dans la basse vallée du Jourdain, qui date d'il y a 11400 à 11200 ans. Nous suggérons que ces fruits comestibles ont été récoltés à partir d'arbres parthénocarpiques cultivés à partir de branches intentionnellement plantées. Ainsi, le figuier pourrait avoir été la première plante domestiquée de la Révolution néolithique, qui a précédé d'environ mille ans la domestication des céréales"...
 

 

 

Le IIIe millénaire av. J.-C. -  3000 à 2001 av. J.-C. .

 


Le figuier était connu dans le Moyen Orient  chez les ancêtres de Sumériens qui le cultivaient à Babylone.


Les Egyptiennes faisaient des boissons pour les grandes cérémonies et des produits pharmaceutiques à partir de la figue. 


 


 

 

1296 av. J.C. -1186 ,av. J.C.

 


Ramsès I°, pharaon de la XIXe dynastie en voyage avec sa suite avait servi plus de 300 chapelets de figues

Relief représentant Ramsès Ier devant une table d'offrande - Metropolitan Museum of Art de New York. - photo John Campana


 

 

 

970 à 931 av. J.-C.

 

Au temps de Salomon règne 970 à 931 av. J.-C le figuier était répandu dans tout le Moyen Orient

Figuier de "l'Hortus Conclusus" du roi Salomon 

 

Cantique des cantiques


..."Le figuier embaume ses fruits,

Et les vignes en fleur exhalent leur parfum.

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !"...
 


 

 

IX° siècle - VIII° siècle av. J.C.

 


Homère (VIII° siècle av. J.-C.) aède (poète) 

 Iliade V, 902.

..."Le suc de figuier trouble le lait"...
 

 

 

V° siècle av. J.C. - IV° siècle av.J.C.

 

Pour protéger ce fruit "plus précieux que l'or", pour en préserver son mystère, les Grecs en interdisait l'exportation. En plus de son usage quotidien pour la nourriture, ils 'en servaient comme source d'énergie et le recommandaient aux athélites pour plus de force et d'agilité. Les medecins grecs l'utilisait pour faire des cataplasmes.

 

Empédocle (V° siècle av. J.-C. ) philosophe, poète, ingénieur et médecin grec de Sicile, 

De la Nature, fr. 33.

mentionne également que le suc de figuier trouble le lait 

 



Platon (428 / 427 av. J.-C. - 348 / 347 av. J.-C.

philosophe antique de la Grèce classique, surnommé philosykos à cause de son grand amour pour les figues, n'hésitait pas à les conseiller aussi aux philosophes en pensant qu'elles les rendaient plus intelligents.
 

 

 

IV° siècle av. J.-C. -  II° siècle av. J.C.  

 


Théophraste (371 av. J.C. - 298 av. J.C.)  philosophe de la Grèce antique botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

au Livre V de son ouvrage Histoire des Plantes,

recommande le figuier pour les échafaudages, comme pour tout support vertical.

 


Caton l'ancien (234 av. J.C. -149 av. J.C.) homme politique et un écrivain romain dans

De Agri Cultura mentionne cinq espèces, la figue Marique, l'Africaine, la Herculanum, la Sagonte et la Tellane noire.

L'iconographie montre des figuiers cultivés en Mésopotamie et en Égypte antique, ils sont en général conduits en gobelet sur tronc court. 
Ayant ramené au Sénat, une figue précoce de Carthage, demanda aux sénateurs quend ce fruits avait été cueilli. Tous convenaient qu'il était frais, mais pour les inciter à détruire Carthage : il leur a été répondu 

"il a été cueilli, il y a trois jours, tant l'ennemi est près de nos portes". 
 

 

 

I° siècle

 


Aulus Cornelius Celsus (Celse / 25 av. J.-C.-50 après J.-C.) polygraphe de l'Antiquité, personnage majeur dans l'étude de l'origine de la médecine antique.

dans son Traité de médecine, mentionne divers cataplasmes de figue, 
 


 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. - 79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain 

Encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Livre XV -  68-72-77-78-79

Il recensait vingt-neuf variétés, réparties sur les rives de la Méditerranée

.. On vénère un figuier poussé à Rome sur le Forum même dans le Comitium parce qu'en ce lieu furent enterrées rituellement des foudres;...

...Le figuier était sensé préserver de la foudre d'où l'expression "fulguribus ibi conditis" qui remonte à l'époque étrusque. Il était aussi un symbole de bienveillance des dieux protecteurs de Rome c'est pourquoi, c'est toujours un présage quant il se déssèche et les prêtres ont soin d'en planter un nouveau. D'autres figuiers étaient vénérés comme celui qui était planté devant le temple de Saturne et fut arraché en l'an six cent de Rome, tout comme celui qui a poussé fortuitement au milieu du Forum...

.. Plus encore en mémoire du figuier qui, nourricier des fondateurs de l'empire, Romulus et Rémus, leur offrit un premier abri dans le Lupercal et fu nommé Ruminal parce que sous son ombre fut troucé la louve donnant aux petits enfants la mamelle... un bronze représentant ce miracle a été consacré auprès de ce figuier...

...On nomme caprifiguier le figuier sauvage dont les figues ne murissent jamais ; mais qui donne aux autres ce qu'il n'a pas lui-même, puisqu'on observe un transfert naturel des causes et que, comme de la pourriture, il nait quelque chose...

  
 

 

 

Columelle (1° siècle) agronome romain 


recommande de tasser les figues sèches dans des "orcae" (amphores) poissées et de veiller à séparer deux couches par du fenouil.

 

 

Galien (129-201) médecin grec de l'Antiquité 

rapporte que les hommes chargés de garder les vignes ne se nourrissaient guère que de figues durant les deux mois qui précédaient les vendanges. 
 

 

 

II° au VII° siècle

 

Phéniciens, Égyptiens, Crétois, Grecs et Romains, tous vénéraient cet arbre et le cultivaient. Comme ce fut le cas pour nombre d’autres plantes alimentaires, les Romains l’introduiront dans le reste de l’Europe. 
 

 

 

VIII° siècle

 

 

Dès la fin du VIIIe siècle, le figuier sera cultivé en France, notamment dans les vergers de Charlemagne (747-814).

capitulaire de Villis

Le verger (Viridarium) et le cimetière : pommier, poirier, prunier, cormier, gui, laurier, châtaigner, figuier, etc...

 

 

 

XII° siècle

 


Hildegarde de Bingen (vers 1150-1160) 

Le Livre III de la Physica ou Livre des Subtilités des créatures divines 
tome 2, p. 35-36 

..."Ecorce et feuilles peuvent constituer de bons remèdes, « quant au fruit de cet arbre, il ne vaut rien à manger pour le bien-portant, parce qu’il lui donne le goût du plaisir et de l’orgueil : il en deviendra ambitieux, recherchera les honneurs et sera cupide et aura des mœurs capricieuses, si bien qu’il ne sera jamais dans les mêmes dispositions d’esprit"... 


 

 

 

XIV° siècle

 

 

Le Liber Diversarum Artium de Montpellier (Livre des arts divers - manuel médiéval de peinture) mentionne le lait de figue comme liant végétal pour colorants. Aussi utilisé en mélange à l'œuf entier pour le même usage ;

 

 

XVI° siècle

 

 

Les conquérants espagnols introduisirent le figuier au Mexique au XVI° siècle. 


Jacques Amyot (1513-1593) prélat français, et un des traducteurs les plus renommés de la Renaissance. 

Romulus

..."Elle leur monstra un flambeau ardent de dessus un figuier sauvage, en estendant derriere quelques tapis et couvertures"...

 

 

XVII° siècle

 


Au Moyen Âge, Ibn al-Awam donne une synthèse des connaissances sur la taille du figuier.

 

 Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688) avocat, jardinier et agronome français créateur du Potager du roi à Versailles. 

Fervent défenseur du figuier, il en fit des plantations au Potager du Roi à Versailles, taillées en espalier, contre des murs ensoleillés

La taille du figuier est décrite en détail (Instruction pour les Jardins) par La Quintinie qui donne une description exhaustive de la taille du figuier dont les objectifs sont de maintenir les fruits accessibles, de forcer l'obtention de figue-fleurs et d'avoir des figues hâtives et sucrées sur le bois de l'année.

Vue et perspective du Jardin potager de Versailles.
Gravure de Pierre Aveline (1654-1722)

 

 

 

XVI° siècle

 

 

Les conquérants espagnols introduisirent le figuier au Mexique au XVI° siècle. 


Jacques Amyot (1513-1593) prélat français, et un des traducteurs les plus renommés de la Renaissance. 

Romulus

..."Elle leur monstra un flambeau ardent de dessus un figuier sauvage, en estendant derriere quelques tapis et couvertures"...
 

 

 

XVIII° siècle

 


Au XVIIIe siècle, les missionnaires établiront le figuier dans leurs missions californiennes, d’où le nom de Mission que porte l’une des variétés de figues les plus communes. 

 

 

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois :

Dictionnaire universel d'agriculture et de jardinage (1751)

..."le figuier est de tous les arbres celui à qui la taille fait plus de tort, et il ne faut jamais y rien couper que l'on n'y soit obligé" à la suite d'une interprétation caricaturale des écrits de Richard Bradley (1718), lequel critique la conduite des figuiers en espalier et mentionne un figuier non entretenu et productif. Ce texte sera à l'origine d'une idée tenace propre aux ouvrages français, selon laquelle "le figuier ne se taille pas"  dont la première formulation est en 1774 dans le Traité de la culture du figuier de la Brousse : "La façon d'élever les jeunes plants de Figuiers est peu coûteuse. II faut les voir croître sans y toucher, c'est-à-dire, sans les élaguer : la moindre taille leur serait préjudiciable."...

 

 

Nature morte aux figues  

vers 1760 -

Luis Egidio Meléndez, École d'Espagne, 

 


 

Georg Dionysius Ehret (1708-1770)

"Plantae selectae quarum imagines ad exemplaria naturalia Londini, in hortis curiosorum nutrit,"

vol. 8: t. 73 (1771) - Trew, C.J.

Ficus carica 


 

 

 

XIX° siècle

 

1834


Édouard Charton, Eurayle Cazeaux, Eugène Best, Le Magasin pittoresque, volume 2, 

..." Ils en cultivent deux espèces : le figuier domestique, et le figuier sauvage ou caprifiguier"....

 

 

1855

Charles Marie René Leconte de Lisle

Poèmes antiques, Cunacepa (1855) 

..."Et le son de ta voix m'enivre et chante mieux

Que la blanche Apsara sous le figuier des Dieux !..."

 

 

1862

Victor Hugo (1802-1885)) poète, dramature et écrivain

Les Misérables (1862) 

..."Les maisons royales ressemblaient à ces figuiers de l'Inde dont chaque rameau, en se courbant jusqu'à terre, y prend racine et devient figuier"....

 

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869) poète, romancier, dramaturge français, historien,

Consolation

..."A l’ombre du figuier, près du courant de l’onde,

Loin de l’oeil de l’envie et des pas du pervers,"...

 

 

Louise Ackermann,(1813-1893) poètesse française

Premières Poésies, 1871

Nice, mai 1852. 

In Memoriam - III

..."Au pied des monts voici ma colline abritée,

Mes figuiers, ma maison,

Le vallon toujours vert et la mer argentée

Qui m’ouvre l’horizon"...

 

 

 

1879

Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), peintre français

La Cueillette des figues, 1879, sanguine


 

 


1880

Dans les comptes-rendus hebdomadaires de l'Académie des sciences, 1880 (t. 91), p. 67, 

..."Sur un ferment digestif contenu dans le suc de figuier par M. Bouchut"...

 

 

 

1887

Édouard Rosset-Granger  (1853-1934) peintre et illustrateur français.

La Cueillette des figues

Musée Granet - Aix-en-Provence


 

 

 


1893

Marcel Schwob (1867-1905) écrivain français — conteur, poète, traducteur, érudit — proche des symbolistes.

Mimes (1893), Les figues peintes 

..."En retour, je prie la petite déesse qui garde le figuier dans mon jardin de changer la couleur des figues. Elles étaient blanches, savoureuses et sucrées; mais Iolé en est lasse. Maintenant elle désire des figues rouges, et jure qu'elles seront meilleures..."

Figues de Bartolomeo Bimbi – 1696

 

 

 

1894


Robert de Montesquiou-Fezensac (1855-1921) homme de lettres français, poète, dandy et critique d'art et de littérature.

Revue des Deux Mondes, 4e période, tome 121, 1894 (p. 162-166).

 


Le Figuier

 

Ce figuier était plus de deux fois centenaire ;

Sa branche se tordait comme un nombreux serpent ;

Sous sa voûte on errait comme en un cloître on erre,

Et cet arbre était fier d’ombrager un arpent.

 

C’était toujours la nuit sous ses rameaux en arches.

Aussi les amoureux s’y donnaient rendez-vous ;

Car les enfans toujours plaisent aux patriarches,

Et les vieux sages sont amis des jeunes fous.

 

Vrai ! ses tiges vivaient parasites ou franches,

Et leur fourmillement noir bruissait toujours ;

Mais le tronc reposait rassasié de branches

Ainsi que Job était rassasié de jours.

 

Ses surgeons pullulaient sous le vert de sa robe ;

Mais la sève sans cesse émanait du vieux cœur ;

Ainsi Dieu sur un doigt levé maintient le globe

Et rien qu’en y pensant assure sa vigueur.

 

En vain des ans nouveaux s’épuisaient les clepsydres ;

Plus vieux, l’arbre, au rebours de l’homme, était plus beau ;

Ses têtes renaissaient comme celles des hydres,

Et sa racine allait réveiller le tombeau.

 

Or il roula si bien ses anneaux de couleuvre,

Or il couvrit la plaine entière d’un tel poids,

Que le Seigneur le vit, s’admira dans son œuvre,

Et dit à l’arbre vert qui paraissait un bois :

 

"Arbre, je veux pour toi faire une chose encore,

Car tu mis à profit et ton temps et ton suc ;

De quel honneur nouveau veux-tu qu’on te décore,

Ô toi qui sus vieillir sans devenir caduc ?"

 

"Veux-tu plus de rameaux, ou veux-tu plus de feuilles ?

Veux-tu que plus d’oiseaux t’emplissent de leur bruit ?

Je voudrai ce que tu voudras, quoi que tu veuilles…"

— Et l’arbre murmura : "Produire encore un fruit !"


 

 

 

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918) poète et écrivain français, critique et théoricien d'art 

C’est l’hiver

..."C’est l’hiver et déjà j’ai revu des bourgeons

Aux figuiers dans les clos"... 

 

 


Stéphane Gsell (1864 -1932), archéologue et historien français, spécialiste de l'Afrique romaine et plus particulièrement de l'Algérie romaine, dans :

Histoire ancienne de l'Afrique du Nord - T 1 p. 240-274  

..."certaines variétés de figuier sont arrivées en Afrique du Nord avec les phéniciens et que d'autres se sont propagées avec la domination romaine"...


 

 

 

XX° siècle

 

 

1906

Le Petit Journal illustré du 19 Août 1906

la fête des figues à Smyrne - 


 

 

1918


Photographie Gabriel Bretocq

Médiathèque de l'architecture et du patrimoine

Ourtas, Israël et Territoires palestiniens.

Figuier de "l'Hortus Conclusus" du roi Salomon :

"C'est un jardin fermé que ma sœur fiancée" (Cantiques des Cantiques)


 

 

 

 

Louis Aragon (1897-1982) poète, romancier et journaliste français


 

Le figuier


La maison n’était qu’un nœud de ténèbres

Reviens veux-tu bien nos pas recroiser

A-t-elle toujours ses volets funèbres

L’escalier de pierre aux marches brisées

 

Dis tu t’en souviens de l’enclos de murs

Où les lys avaient follement fleuri

La ronce y poussait dont saignaient les mûres

Nous rêvions alors y chercher abri

 

J’y revois toujours ta robe légère

Repassons le seuil en vain condamné

Retrouver ici l’odeur passagère

Qui remonte à nous du fond des années

 

Je trace ton nom sur le figuier mâle

Qui a ce parfum des corps entr’aimés

Ton nom va grandir dans l’écorce pâle

Avec l’arbre et l’ombre au jardin fermé

 

Peu à peu perdant la forme des lettres

Qu’il s’écarte donc comme font les plaies

Illisible alors au passant peut-être

Ce cri de soleil dont je t’appelais

 

Les mots que l’on dit sur les lèvres meurent

Le sens qu’ils portaient s’éteint lentement

Il faut apprécier que rien n’en demeure

Les baisers sont seuls partis les amants

 

Je ne t’ai donné qu’un chant périssable

Comme était ce cœur pourtant qui battit

Ah mon triste amour mon château de sable

Les baisers sont seuls les amants partis


 

 

 

Marcel Pagnol (1895-1974) écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français

..."L'auteur dramatique fait des pièces comme un figuier fait des figues, c'est-à-dire sans rien y comprendre"...
 

 

 

Augustin Hanicotte (1870-1957)

cueillette des figues -

Trois garçons grimpent avec agilité aux branches d’un figuier sauvage pour se régaler de ses fruits.

 

 

 

André Gide (1869-1951) écrivain français, il obtient le prix Nobel de littérature en 1947.

 


Les Nourritures terrestres.


.
— Chante à présent la figue, Sémiane,

Parce que ses amours sont cachées.

 

Je chante la figue, dit-elle,

Dont les belles amours sont cachées.

Sa floraison est repliée.

Figue ! Chambre close où se célèbrent des noces ;

Aucun parfum ne les conte au dehors.

Comme rien ne s’en évapore,

Tout le parfum devient succulence et saveur.

Fleur sans beauté ; fruit de délices ;

Fruit qui n’est que sa fleur mûrie…

 

J’ai chanté la figue, dit-elle,

Chante à présent toutes les fleurs…


 

 

 

1972

Henri Matisse (1869-1954) peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français.

Ecrits et propos sur l'art (1972), Jazz 

..."Dans un figuier aucune feuille n'est pareille à une autre; elles sont toutes différentes de forme; cependant chacune crie: figuier"...
 

 

 

Juana de Ibarbourou (1892-1979) poétesse uruguayenne

 


Le Figuier

 

Parce qu’il est rugueux et laid

parce que toutes ses branches sont grises,

j’ai pitié pour le figuier.

 

Dans ma villa il y a cent beaux arbres :

pruniers ronds

droits citronniers

et orangers aux bourgeons lustrés.

 

Au printemps,

tous se couvrent de fleurs

autour du figuier.

 

Et le pauvre semble si triste

avec ses branches tordues qui jamais

ne s’ornent de bourgeons serrés.

 

Alors,

chaque fois que je passe à ses côtés

je dis, en procurant

à mon accent la douceur et l’allègresse :

"C’est le figuier, le plus beau

des arbres de mon jardin."

 

S’il m’écoute,

s’il comprend la langue que je parle,

quelle douceur si profonde se nichera

dans sa sensible âme d’arbre !

 

Et peut être la nuit,

quand le vent évente sa palme,

engourdi de joie, le figuier lui raconte :

"Aujourd’hui l’on m’a dit que j’étais beau."

 

***

 

La Higuera

 

Porque es áspera y fea,

porque todas sus ramas son grises,

yo le tengo piedad a la higuera.

 

En mi quinta hay cien árboles bellos:

ciruelos redondos,

limoneros rectos

y naranjos de brotes lustrosos.

 

En las primaveras,

todos ellos se cubren de flores

en torno a la higuera.

 

Y la pobre parece tan triste

con sus gajos torcidos que nunca

de apretados capullos se visten…

 

Por eso,

cada verz que yo paso a su lado,

digo, procurando

hacer dulce y alegre mi acento:

-Es la higuera el más bello

de los árboles en el huerto.

 

Si ella escucha,

si comprende el idioma en que hablo,

¡qué dulzura tan honda hará nido

en su alma sensible de árbol!

 

Y tal vez a la noche,

cuando el viento abanique su copa,

embriagada de gozo, le cuente:

-Hoy a mi me dijeron hermosa.


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