19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 20:56

 

 

Mythologie des arbres


Le pêcher - Prunus persica 

 

 

Le Pêcher, parfois appelé Pêcher commun, (Prunus persica (L.) Batsch) est une espèce d'arbres fruitiers de la famille des Rosacées, haut de 2 à 7 mètres, à port étalé et à croissance rapide, cultivée pour son fruit comestible, la pêche.


Bien qu'originaire de Chine, le pêcher n'existe plus véritablement à l'état sauvage.


Toutefois, en Chine, on trouve des pieds échappés des cultures au moins au Gansu, Hebei et Shanxi. Sa floraison blanche ou rose, bien qu'éphémère, est du plus bel effet au printemps.


 

..."Sous les nuages chatoyants, 

la pluie rouge des fleurs de pêchers 

occulte les grandes portes : "...


Hăo Jīng (1223-1275) - Fleur tombée


 

 

 

Le pêcher est cultivé pour ses fruits ou pour l'ornement dans les régions tempérées ou subtropicales du globe. C'est dans le Sud que le pêcher se plaira le plus même s'il est possible de le cultiver au Nord en prenant la précaution de le protéger du vent et des gelées.


Synonymes :
Amygdalus persica L, Persica platycarpa Decne. (= Prunus persica forma compressa), Persica vulgaris Mill. (= Prunus persica var. persica)


Son écorce est lisse, ses feuilles caduques acuminées sont vert franc et dégagent une légère odeur d'amande. Elles sont longues avec un court pétiole. 


 

 

Ses fleurs roses apparaissent avant les feuilles à la fin de l'hiver ou début du printemps, voire en été pour les variétés plus tardives (pêche de Nancy). Elles sont hermaphrodites. 

 


 

 

Le fruit, comestible produit par le pêcher (Prunus persica) originaire de Chine, nommé "pêche", principalement consommé frais, est une drupe généralement sphérique.


Les pêches sont des fruits climactériques charnus, juteux et sucrés, avec une chair jaune, blanche, ou rouge (sanguine), une peau veloutée de couleur jaune ou orange plus ou moins lavée de rose-carmin à rose-saumon ou brune chez les sanguines, et un noyau dur, adhérent ou non.


 

 

 

On connaît des centaines de variétés de pêcher : 


peau veloutée ou lisse, noyau adhérent à la chair ou se détachant librement. Il existe aussi des pêchers à fruits aplatis.

 

Dans chaque groupe, il existe des fruits à chair blanche, à chair jaune ou sanguine.

 

 

Fruit à peau duveteuse


Les fruits de Prunus persica var. persica (L.) Batsch donne des pêches à peau duveteuse, à chair blanche ou jaune

- noyau libre : pêche proprement dite,

- noyau adhérent : pavie, pêcher de Pavie, de Pavie, commune du Gers.

 

 

 

Fruit à peau lisse


Les fruits de Prunus persica var. nucipersica (Suckow) C. Schneider présentent une peau lisse.

- noyau libre : nectarine, nectarinier

- noyau adhérent : brugnon, brugnonier

 

 

 

Pêche plate


La variété de pêche plate, Prunus persica (L.) Batsch forma compressa (Loudon) Rehder, a été sélectionnée en Chine. On l'appelle "pêche plate de Chine", "pantao" ou "peento" .


Son nom est associé aux pêchers légendaires, cultivés par la Reine-Mère de l'Occident, Xiwangmu. Comme la consommation de leurs fruits octroyait l'immortalité, on dénommait aussi ces pêches xiānguǒ "fruit des Immortels", ou shòutáo  "pêche d'immortalité".


La pêche plate est appelée Paraguayo en espagnol, et Saturn peach ou doughnut peach en anglais, en raison de sa ressemblance avec un beignet.


La pêche plate est une mutation de la pêche (P. persica Batsch.) qui s'est produite en Chine il y a environ 2000 ans. Le pêcher à pêches plates a tendance à fleurir plus tôt que les autres variétés de pêchers.


Il produit des fleurs voyantes avec un pistil plus court que les étamines. Le fruit est doux et peu acide. Les pêches peuvent être à peau duveteuse ou à peau lisse, à chair blanche ou jaune, à noyau adhérent ou non.


La pêche plate présente sur les étals de nos marchés aujourd'hui est le fruit du pêcher Ferjalou Jalousia. Il est issu d'un croisement entre variété Kiang-Si avec la variété Indépendance. Ces recherches ont été menées de 1975 à 1999 par René Monet, directeur de recherche à l'INRA de Bordeaux

 

 

 

Pêche de vigne


C'est un type de pêche plutôt qu'une variété précise.

La pêche sanguine tardive est souvent appelée pêche de vigne. Elle se présente avec une chair rouge foncé, une peau gris souris et une maturité très tardive. La caractéristique commune des pêches de vignes est une production de fruits à la même période que la vigne. 


Le pêcher étant sensible aux attaques d'oïdium de la vigne, des viticulteurs 
La couleur lie de vin de la variété française lui valut également le nom de pêche vineuse et pêche sanguine.


 

 

 

Etymologie

 


Du latin médiéval "persicarius" (VIII° siècle, Le Capitulare de Villis) 


Du latin malum persicum "pomme de Perse" ou "pomme persane", 

Du bas latin  donna pessica, 


Du latin médiéval pesca,  pesche (XII° s.),  pescher (fin XIV° s. Roques t.2, ) 
 

pêche (1740).

Italien pesca,

Français pêche

Anglais peach.


Pêche - prunus-persica - natural history - museum London - 1759

 


 

 

Mythologie Egyptienne

 


Harpocrate le dieu du silence, est  un dieu d’origine égyptienne, puisque son nom signifie  "Horus enfant".

 

D’après les nombreux auteurs anciens et modernes, Harpocrate est le fils d’Osiris et d’Isis. Souvent présent dans les temples, les Égyptiens lui offraient des lentilles. 

 

Surtout, il était représenté sous la forme d’un enfant qui met le doigt à sa bouche, geste interprété comme une invitation au silence. De ce fait, son attribut était le pêcher, car la feuille de cet arbre passait pour ressembler à une langue et le fruit à un cœur. 

 

Symboliquement, il évoquait le sage qui préfère le silence à la parole intempestive, ou bien le mystère qui entourait les cérémonies religieuses. 


 

 

 

Mythologie chinoise

 

 

Xi Wang Mu ou "Reine-mère de l'Ouest" est un personnage de la mythologie chinoise antique devenu sous la dynastie Han une divinité taoïste.


Chef des immortelles, toutes les femmes aspirant à obtenir le Dao sont considérées comme ses disciples.


Xi Wang Mu est  représentée sous les traits d'une belle femme vêtue d'habits royaux et voyageant parfois sur le dos d'une grue. 

 


Xi Wang Mu occupe un palais dans une caverne au nord, sur une montagne de Jade (Yu chan) située très loin à l'ouest.  

 

Elle régne sur le paradis occidental des immortels du mont Kunlun, dans lequel les hommes vivent dans l'aile droite et les femmes dans l'aile gauche. Elle est servie par les "filles de jade" et trois oiseaux bleus à trois pattes, lui fournissent sa nourriture.

 

Dans son jardin, lieu magique, poussent les herbes d’immortalité et les pêches de longue vie, qui libèrent de la mort tous ceux qui en mangent. Toutefois, l'arbre ne donne des fruits qu'une fois tous les 3 000 ans ou 9 000 ans. Lorsque les pêches sont mûres, Xi Wang Mu invite les immortels à un festin au cours duquel ils dégustent ces fruits merveilleux.


 

 

 

Légende japonaise


Epoque Edo,

 


Momotarō est un héros du folklore japonais. Sa légende est particulièrement bien connue au Japon et en Asie de l'Est. Ce nom signifie "garçon de pêche ", et Momo signifie pêche.

 


Alors qu’une dame assez âgée et sans enfant lavait son linge dans une rivière, elle vit venir vers elle, transportée par le courant, une pêche aux dimensions impressionnantes.

 

La ramenant chez elle, en essayant de l’ouvrir avec son mari, ils découvrent, niché dans la pêche, un petit garçon qu’ils adopteront et appelleront Momotaro, Momo signifie pêche en japonais, Tarō est un prénom de garçon japonais très populaire.

 

En grandissant, la force de l’enfant ne cesse de croître, et le voilà bientôt capable d’exécuter les tâches les plus difficiles sans grand effort. 

 

 

 

6000 - 7000 av. JC.

 


Plusieurs noyaux de pêches retrouvés sur des sites archéologiques attestent de la consommation de pêches depuis le Néolithique.

 

Sur les fouilles de Hemudu au Zhejiang des noyaux de pêches sauvages datant de 6000-7000 avant notre ère, ont été retrouvés.

 

 

 

1570 - 1045 av. J.C.

 


Un site datant de la dynastie Shang dans le Hebei a révélé deux noyaux de pêches semblables à ceux des pêches issues des cultivars de pêcher actuels. 
 


 

 

VIII° siècle av. J.C. - III° siècle av. J.C.

 


On trouve les premières mentions du pêcher  (tao 桃) dans le premier texte littéraire, le Classique des vers (shijing "livre des odes"), composé entre le VIII° et III° siècle av. J.C., pour trouver les premières mentions du pêcher.

 

Le pêcher fut ensuite importé en Inde et au Proche-Orient. 

 

C’est depuis l’Asie par la route de la soie en provenance de Chine, qu’elle a gagné l’Occident, au cours des siècles. 

 

Elle devait atteindre l'Inde et le proche Orient d’abord la Perse (d’où son appellation "Prunus persica"), puis l’Arabie, la Mésopotamie, et enfin l’Egypte (où la pêche était le fruit d’Harpocrate, dieu du silence).

 

Des restes de pêche ont été découverts dans l'île de Samos, au VII° siècle av J.C.

 

Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C. ) roi macédonien, suite à la conquête de la Perse, introduisit le pêcher en Europe sous le nom de pecta.

 

 

221 av. J.C.

 

Des noyaux de pêche ont été découverts dans les régions du sud de la Chine (Sichuan, Guizhou) dans la période pré-Qin 
 


 

 

I° siècle av. J.C.

 


En France, des noyaux de pêches ont été retrouvés parmi les vestiges archéologiques de l'époque gallo-romaine à Saintes (visibles au Musée archéologique). 

 

Les fouilles de Neuss, en Rhénanie (Novaesium) ont livré des noyaux datant du début du I° siècle de notre ère.

 

La pêche est arrivée chez les Romains vers le I° siècle après JC, lorsque grâce à Alexandre le Grand les pêches ont atteint les frontières romaines.

 

Celse (Aulus Cornelius Celsus v. 25 av. J.-C. -v. 50 ap. J.-C.)  romain de l'Antiquité,  personnage majeur dans l'étude de l'origine de la médecine antique, mentionne la pêche pour la première fois. 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -79), écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée


Histoire naturelle livre LXVII. 1 (vers 77) 

- connait plusieurs variétés de pêchers :

persicum Asiaticum, mûrissant après l'automne,

p. duracinum, à chair adhérente au noyau,

p. Gallicam, hâtive,

p. populare "pêche commune",

p. Supernas, de Sabine,

 

Pline dit la pêche sans odeur et juteux tout en provoquant la soif. 


..."Les pêches sont plus salutaires (-que les prunes-), de même que le suc de ce fruit seul, ou exprimé dans du vin ou du vinaigre. Il n’est pas de fruit de ce genre plus innocent, qui ait moins d’odeur et plus de suc, tout en excitant la soif. Les feuilles pilées, en topique, arrêtent les hémorragies. Les noyaux, avec de l’huile et du vinaigre, s’emploient en topique dans les douleurs de tête"...

 

À cette époque, les Romains cultivaient cinq variétés de pêchers qu'ils dénommaient malum persicum "pomme de Perse

 

 

 

V° siècle

 


Tao Yuanming (365-427) considéré comme un des plus grands poètes inspirés par le taoïsme. Il chante dans ses poèmes la retraite à la campagne et le vin.

 

préface des Mémoires de

"la source des fleurs de pêcher"

 

Elle raconte l'aventure d'un pêcheur laïque, qui entre par accident dans une vallée coupée du monde des vivants, aux pêchers en fleurs. Ses habitants vivent dans une forme de paradis. 

 

Après avoir découvert leur vie en les écoutant, et après avoir fait le serment de ne pas divulguer leur secret, il s'en retourne dans son pays. Mais il ne peut garder son secret. Le souverain fait effectuer des recherches dans tout le pays, mais en vain. Et le monde des pêchers en fleurs reste une histoire au succès constant à travers les siècles, dans le monde asiatique.

 

Le peintre coréen An Gyeon 
Illustration du poème sous la dynastie Qing, dans le jardin du Palais d'été de Pékin a su évoquer avec une grande force le mystère, dans ce qui reste la plus ancienne peinture de paysage coréenne conservée.


i


 

 

VIII° siècle  - début du IX° siècle.

 


Le capitulaire De Villis,

"Capitulare de Villis vel curtis imperii (ou imperialibus)"


ordonnance royale de Charlemagne

- fin du VIII° début du IX° siècle.


Le viridarium ou verger : "vergier" en vieux français, planté de vigne, de charmille et de buis, pouvant aussi évoluer en jardin d'agrément. Il doit contenir plusieurs exemplaires de chacun des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier

 

 

 

IX° siècle

 


Bai Juyi (772-846), écrivain et poète chinois de la dynastie Tang 

Traduction de Guomei Chen

 


C'est une fleur sans que ce soit une fleur

 

C’est une fleur sans que ce soit une fleur,

C’est le brouillard sans que ce soit non plus le brouillard.

Arrivé après minuit, pour disparaître dès l’aube.

Venu tel un rêve de printemps, éphémère,

Il se dissipe comme les nuages du matin, sans laisser de trace.


 

 

 

XI° siècle

 


Yàn Jĭ Dào (1030-1106) poète chinois - 

"La saison des perdrix"


..." Tu chantas : jusqu'à ce que s'épuisât, sous l'éventail aux fleurs de pêchers, la bourrasque"...
 

 

 

XIII° siècle

 

 

Hăo Jīng (1223-1275) Poète et Politicien chinois - 

Dynastie officielle Yuan

 

 

Fleur tombée

 


Sous les nuages chatoyants, la pluie rouge des fleurs de pêchers occulte les grandes portes :

Jadéite des rameaux où seule demeure la marque verte des calices.

Pêchers et pruniers sous le vent d'est dans un rêve de papillon,

Défilé montagneux sous la  clarté lunaire dans l'âme du coucou.

 Cette balustrade de jade dans la brume froide, ces mille arbres et ce vide !   
Au jardin du Val d'Or parfum anéanti - j'irai faire déborder la coupe à libation.

Ce désordre qui jonche la cour, Seigneur, ne le balayez pas :

Laissez plutôt subsister la grâce d'un printemps jusqu'au crépuscule.  

            
 


 

 

Guàn Yún Shí (1286-1324) poète


La Roche aux fleurs de pêchers


..."Teinte de fleurs de pêchers, l'ondée franchit l'aire blanche consacrée,
En certitude, je sais : de ce monde de poussière les Immortels ont fui"...

 

 

 

XV° siècle

 


Nguyên Trai (1380-1442), sous le pseudonyme Uc Trai, lettré confucéen, poète et homme politique vietnamien sous les dynasties Hô et Lê.

Traduction de Lise Piquette

 


Le pêcher


 
De quel éclat resplendit la fleur de pêcher !

À l’approche du nouveau printemps, elle sourit.

Le vent de l’Est en est amoureux,

Convoite son parfum qui trouble les cœurs.


 


 

Táng Yín (1470-1523) peintre et poète chinois

 


Chanson de la chaumière aux fleurs de pêchers

 


Posée au milieu des fleurs de pêchers, la chaumière aux fleurs de pêchers, 

Dans la chaumière aux fleurs de pêchers, le génie des fleurs de pêchers. 

Le génie des fleurs de pêchers, le voici qui cultive les plants de pêchers, 

Et qui cueille les fleurs de pêchers, qu’il troque contre l’argent du vin. 

Que le vin le tienne lucide, il reste assis face aux fleurs, 

Que le vin lui donne l’ivresse, il revient somnoler parmi les fleurs. 

Les fleurs tombent, les fleurs s’ouvrent, année après année. 

Car je veux vieillir et mourir entre fleurs et vin, 

Dont, sans fleurs, sans vin, les restes travaillent aux champs ! 


 

 

 

Horae ad usum Romanum - XV° siècle

dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne 

Jean Bourdichon (1457-1521). Enlumineur


Fleurs de pêcher


 

 

 

XVII° siècle 

 

 

Le pêcher est cultivé depuis le Moyen Âge.

(Paris,1612)

L'apparition de l'espalier au XVII° siècle a contribué à l'extension de sa culture. 


En 1612, un manuel de jardinage (François Gentil, dit frère), Le jardinier solitaire, ou dialogues entre un curieux et un jardinier solitaire. conseille d'utiliser la technique du palissage sur mur afin d'obtenir des pêches en région Parisienne, bien qu'il s'agisse encore de palissage sur treillages.


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

À Versailles, dans le Jardin fruitier du Roi Louis XIV (1638-1715), il existait déjà une quarantaine de variétés différentes dont les noms évoquaient parfois les charmes féminins :  "Téton de Vénus", "Belle de Chevreuse", "Grosse Mignonne". Le roi Soleil était un grand amateur de pêches.

 


C'est le responsable du Potager de Louis XIV à Versailles, Jean de la Quintinie, qui explique, à la deuxième moitié du XVIIe siècle, comment le plâtre facilite tant la construction des murs que le palissage des branches... et il fait entourer de murs plâtrés plusieurs de ses jardins carrés versaillais. Selon la tradition, c'est l'un de ses amis, le mousquetaire de la Reine Réné-Claude Girardot qui introduit la technique des murs à pêches dans le terroir de Montreuil... à partir de sa propriété de Bagnolet !


Sur les coteaux, les Montreuillois produisent du raisin et surtout des pêches : l'invention des murs à pêches permet d'augmenter la production en protégeant les arbres du froid. L'abbé janséniste Jean-Roger Schabol, soutient dès les années 1750 que sur 800 familles, 600 s'occupent de la culture du pêcher, et soutient que "l'invention" des murs à pêches est due à une tradition locale enfouie, et attribue un rôle clé à l'un des jardiniers de la Quintinie, le montreuillois Nicolas Pépin, cultivateur.


Les pêches de Montreuil sont devenues fameuses et ont approvisionné les tables des souverains de l'Europe jusqu'au début du XX° siècle.


 


 

Période Yongzheng, env. 1725,


Xi Wang Mu ("Marraine de l'Ouest"), divinité taoïste 

Décor sur une assiette en porcelaine de la dynastie Qing,

 

Style famille-rose, fleurs pêcher affiché dans les collections de porcelaine de Dresde Zwinger 

 

 

 

1793

Calendrier républicain


Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'"ère des Français ".

 

La Pêche était le nom attribué au 22e jour du mois de vendémiaire, 

le 22 septembre :


 

A cette époque arrive :


L'EQUINOXE D'AUTOMNE & commence l'Année de l'Ere Nouvelle

Après avoir mûri les deux fruits de l'automne 

Au signe de Thémis pâlit l'Astre du Jour 

VERTUMNE plus épris des charmes de POMONE

Cent fois change de forme & suit son seul amour


 

 

 

1796


Prunus persica (L.) Batsch

Pfirsich, Prunus dubia persica

Figure 64 de Deutschlands Flora à Abbildungen 

Auteur    Johann Georg Sturm (Peintre : Jacob Sturm )



 


Vase chinois du XVIII°


Vase balustre en porcelaine décorée en bleu sous couverte et émaux polychromes dit doucai (couleurs contrastées) de rochers et de branches de neuf pêches dans leur feuillage, des chauve-souris en vol, le col orné d'une frise de ruyi.


Le symbole de longévité est renforcé lorsque les pêches sont représentées au nombre de neuf (jiu tao). En effet, neuf est le plus haut chiffre yang (principe mâle), et il est homophone d'éternité. La chauve-souris quant à elle est homophone de bonheur (fu). L'association des chauves-souris et des pêches est particulièrement favorable, elle est appelée "Image de grands bonheurs et longévité" (duofu duoshu tu).


 


 

 

XIX° siècle

 

 

1817


Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle - tome XVIII - appliqué aux arts

 

..."Malus Persica et Malum Persicum ou Persicus des Latins, melea persicè des Grecs. Ces noms sont ceux du Pêcher et de la pêche, encore appelés, en Italie, persico et persiche d'où dérivent les noms français et européens de cet arbre. Le pêcher est originaire de Perse ; c'est ce que ses noms apprennent, et principalement dans l'île de Rhodes, où il fleurissoit sans donner de bon fruit ; de la Grèce il vint en Italie, et de là dans la Gaule, et sa culture dans ces contrées lui fut très favorable, car dès le temps de Pline les pêches de France avoient du renom. Théophraste, Dioscoride et autres auteurs grecs nomment le pêcher, melea persicè, et le distinguent très bien du persea, espèce de laurier d'Egypte qui ne produisoit pas de fruit en-deça de ce pays, et que les Perses d'alors ne confondoient pas non plus avec la pêche, qui, comme à présent, passoit pour un poison. C'est à la culture prolongée qu'on doit nos pêches peu connues en Orient.

Sloane a nomé malus persica un sapotilier, et le fruit du mammea"...


 

 

 

vers 1850-51

Un nectarinier (Prunus persica var. nectarina) 

Tige fructifère et coupe de fruit. 

Zincographe en couleur de C. Rosenberg,  Connecticut.

 

 

 

1857


Prunus persica var. persica Batsch - Pêche tardive de Pavie

Ministère de l’Agriculture, du commerce, et des travaux publics, 

Enquête Agricole , Basses-Alpes, Var, Alpes-Maritimes, 

imprimerie impériale, Paris, 1857. 

 

 

 

1869


La peche plate fut introduite en Europe en 1820 par l'Anglais Joseph Kirke sous le nom de "pêche de Java" (le noyau provenant alors de l'île de Java). 


Son introduction aux États-Unis s'est faite vers 1828 par William Prince. Ces arbres périrent, et il fallut attendre une réintroduction de cette variété par P.J. Berkmans pour voir à nouveau des pêches plates sur le continent américain, vers 1869.


 

 

 

1870

 

Montreuil

Les espaliers étaient disposés sur des murs blanchis pour refléter la chaleur solaire et en restituer une partie la nuit, évitant ainsi les gelées.  A la fin du XIXe, les pêchers de Montreuil couvraient 600 kms de mur, à tel point qu’en 1870 les prussiens contournèrent ce labyrinthe communal !


 

 

 

Vers 1880

 

Guillaume Severeyns ( c. 1830- c. 1890)

Lithographe Belge

Pêche rouge de mai



 


 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

 


La fleur qui fait le printemps


..."Pourtant le pêcher est tout rose,
Comme un désir de la pudeur,"...

 

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.

Il est surnommé "le poète du bonheur"
 

 

Bien souvent je revois sous mes paupières closes


..."Le verger plein d'oiseaux, de chansons, de murmures,

Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres"...

 

 


Charles Cros (1842-1888) poète et inventeur français.


 

Insoumission

A Lionel Nunès.


..."Tant mieux, puisqu'il y a des pêches,

Du vin frais et des filles fraîches,

Et l'incendie et ses flammèches"...

 

Stefano Novo (1862-1927) - le panier de pêches

 


 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,

 

Les fleurs sont à Sèvre aussi fraîches

Que sur l'Hybla, cher au sylvain ;

Montreuil mérite avec ses pêches

La garde du dragon divin.

 

 

Dans un recueil de chansons publié en 1850 à Montbéliard figure un couplet dédié à la pêche, improvisé par Victor Hugo à la fin d'un repas, à chanter sur l'air de Souvent la nuit quand je sommeille.

La compositrice Pauline Viardot a également utilisé ce poème dans l'une de ses chansons intitulée "Les attraits" mais l'édition de sa partition n'attribuait pas le poème à Hugo et se contentait de la classer "Poésie du XVIII° siècle".

 

Ce que j'aime


Couplet fait à un dessert

 

D'attraits ravissants pourvue,

Seule elle réunit tout :

Ses appas charment la vue,

Et chacun vante son goût.

Sa peau, veloutée et fraîche,

Joint toujours la rose au lis ;

Ce pourrait être Phyllis

Si ce n'était une pêche.
 

 

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913) écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien.


Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 


C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882,


    PECHER. — D’après une superstition populaire sicilienne, celui  qui a le goître et qui, la nuit de la Saint-Jean ou de l’Ascension,  mange une pêche, en guérit sans faute, à condition que le pêcher à  l’instant même périsse ; on pense que le pêcher, en mourant, prend  le goître sur lui, et en délivre celui qui a le malheur d’en être affligé.  Dans la Lomelline (Haute-Italie), on cache soigneusement les feuilles du pêcher sous la terre, où elles pourrissent : elles aident à la  guérison des boutons qui se forment sur les mains, dits poireaux.

 

 

1885


Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé "

"Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz" 
 Gera, Allemagne 


Pêcher - Prunus persica ; Famille : Rosaceae

Source du livre original : Autorisation d'utilisation accordée sous GFDL par Kurt Stueber 
 

Mythologie des arbres - Le pêcher - "Prunus persica" 

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

 

 

1888


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs

Souvenir de Mauve

 

 


Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre néerlandais

Pêcher en fleurs


 

 

 

1894

Les pêches Melba ont été ainsi nommées par le cuisinier français Auguste Escoffier, aux commandes des cuisines de l'hôtel Savoy à Londres dès 1889. Lieu dans lequel résida pendant près de deux ans, une cantatrice australienne de renom, Helen Porter Mitchell (1861-1931), plus connue sous le pseudonyme de Dame Nellie Melba. C'est après l'avoir entendu et vu chanter qu'Escoffier lui rend hommage à travers ce dessert créé en 1894.

Photographie signée de Dame Nellie Melba dans le rôle d'Ophelia in Hamlet, vers 1889

 


 

 

XX° siècle

 

1918


Hermann Karl Hesse (1877-1962) romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. 

Poèmes choisis, José Corti, 1994

 


Pêcher en fleur ("voll Blüten")


Le pêcher sous les fleurs explose,

Toutes ne viendront pas à fruit,

Lumineuse écume de roses

Sur l’azur où la nue s’enfuit.

 

Fleurs aussi montent mes pensées,

Cent par jour…Laisse-les fleurir,

Laisse, le fruit de ces journées,

C’est le secret de l’avenir.

 

Il faut des fleurs en abondance.

Innocence et jeux ont leur droit,

Sinon pour nous, ce monde étroit

Serait vide de jouissance.


 

 

 

Charles Le Goffic (1863-1932) poète, romancier et critique littéraire français dont l'œuvre célèbre la Bretagne.


Recueil : Le bois dormant (1900).

 


Printemps de Bretagne.

 

Une aube de douceur s'éveille sur la lande :

Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.

Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande

Aux pâles "En-Allés" qui ne reviendront plus.

 

Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle,

Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,

Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :

Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.

 

Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !

Sourire virginal de la terre et des eaux !

C'est comme un miel épars dans la lumière blonde :

Viviane éveillée a repris ses fuseaux.

 

File, file l'argent des aubes aprilines !

File pour les landiers ta quenouille d'or fin !

De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ;

Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.

 

C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme,

Une lueur ravie à ton ciel enchanté,

Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme

A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !

 

 

 

1960 


Art Floral - Histoire naturelle

Hamburg, Germany

Illustration botanique vintage, décoration murale,

Pfirsich, - Prunus persica, - L. Batsch

Pêcher

 

 

 

1961

 

Roald Dahl (1916-1990) écrivain britannique et scénariste, auteur de romans et de nouvelles, qui s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes.

James et la Pêche Géante (James and the Giant Peach)

Roman pour enfants 

 

 

 

1973-1976 


À la suite de missions de terrain de l'Académie des Sciences chinoise, il semblerait que le Tibet et le Gansu où les pêchers Prunus mira et P. kansuensis Rehd. sont indigènes, doivent être considérés comme un des centres d'origine des pêchers.


 

 

 

2003


Jean Levi (1948) orientaliste français, spécialiste de la Chine et de la pensée chinoise.


Confucius - 


Editions Albin Michel


Le Han-Fel-tse, quoique postérieur de plusieurs siècles à Confucius rapporte une anecdote dans le droit-fil de la tradition confucéenne des manières de table et manifeste le soin jaloux avec lequel le Maître surveillait les aliments et donnait à chacun une valeur rituelle et morale.


Confucius se tenait assis aux côtés du duc Ngai de Lou. Le duc offrit une pêche avec du mil, en lui disant :


"Servez-vous, je vous prie".


Confucius mangea d'abord le mil puis ensuite la pêche. L'assistance neput s'empêcher de pouffer, la main devant la biouche. Le duc lui-même s'étonna : "le mil n'est pas servi pour être mangé, mais pour nettoyer la peau des pêches !
- Je sais, dit Confucius, mais le mil est la plus noble des cinq céréales. C'est aussi la plus noble des offrandes dans les sacrifices aux ancêtres royaux, tandis que des six fruits la pêche est le plus vil. Elle est proscrite du temple ancestral quand on sacrifie aux aïeux. J'ai entendu dire que le vil pouvait servir à nettoyer le noble, non l'inverse. Aussi à frotter le plus vil des fruits avec la plus noble des céréales, je me serais servi du noble pour nettoyer le vil. Ne voulant pas heurter les convenances, je me suis refusé à donner la préséance à la pêche sur la plus précieuse des offrandes du temple ancestral". 


 


 

2016 


Nguyên Thanh Kim - Le courrier du Vietnam 

Traduction de Lê Van Nghia

 

 

La beauté printanière

 

Qui va de pair avec la fleur de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân plein sous la brume et la rosée

Qui se vautre dans les fleurs de pêcher

Sur la digue se hâte de tourner

 

Qui est jeune avec les fleurs de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân qui tourne au froid

Va finir peut-être l’année courante

Et la nature devient vermeille de printemps.

 

Qui contemple les alentours

Dans le soir à Nhât Tân passionnément

Du lais où brille chaque pétale de fleur

À la fin rit bruyamment.

 

Qui retourne à la racine de pêcher

Dans le soir à Nhât Tân pour rêver

Ce n’est pas facile d’y avoir

Plein de couleurs de fleurs dans nos yeux.


 

 

 

Utilisation des pêches

 

 

Alimentaire

 

 

Valeur nutritionnelle de la pêche

- Les pêches fraîches sont une source de fibres alimentaires, de vitamine A,  B3 - B 5, C, de potassium et de vitamine C, et de beta-carotène


- Les pêches se mangent crues, fraiches et dans les salades de fruits. Cuites, elles se préparent au sirop, en compote, en sorbet, en confiture, en pâtisseries diverses, en pêche Melba, en liqueur...



 

 


Recette vin de pêche
 

 

 

Expression avec le mot pêche (fruit)


 

- Avoir la pêche Tenir la pêche pêche  

"Être en pleine forme"

 

- Avoir une peau de pêche pêche

"Avoir une peau rose et veloutée"

 

- Donner une pêche à quelqu’un 

"Donner un coup de poing au visage de quelqu’un".

 

- Se fendre la pêche pêche

"Rire".
 


 

 

Mythes et légendes

 


- En Egypte, il est sacré, symbole de silence et d’enfance 

 


- Dans les pays occidentaux, symbole de renaissance et de reprise des activités végétatives après la période hivernale. 

 


- En Chine, le pêcher est le symbole de l’immortalité. 

. On utilise le bois de pêcher pour repousser les démons en plaçant des planches sur les portes des maisons. 

. Les fleurs de pêcher représentent la pureté et la féminité, elles sont associées à l’amour : le nombre de mariage est plus important au moment de la floraison des pêchers en Chine du Nord.

. Les jeunes femmes les placent dans leur maison comme un signe de bonne chance et de joie lorsqu'elles se fiancent

 


- Au Japon, la Fleur de Pêcher est liée au mariage et est un signe à la fois de virginité et de fidélité. 

 


- Au vietnam les fleurs de pêcher sont un gage de bonheur et de bonne santé. Elles symbolisent également l’endurance

. La fleur de pêcher de couleur rose foncé s’apparente à la beauté des jeunes filles.

. La légende raconte que la fleur de pêcher sert à chasser les mauvais esprits, éloignent les pensées négatives et la malchance.

. Les Vietnamiens décorent leur maison de branches de pêcher pour apporter joie et bonne humeur à tous. 

. Envoyer des fleurs de pêcher rouges aux gens du Sud, pendant la célébration du Nouvel An, est considéré comme un cadeau précieux.
 

 

 

 

Signification des fleurs du pêcher

 


- Elles expriment l'admiration, la gratitude, les sentiments d’amoureux,  les amours durables, intenses et immortelles. 

- Les bourgeons représentent les enfants

- Les fleurs fraîches, ouvertes et colorées représentent les adultes.

- Rêver de la fleur de pêcher est un signe de sérénité,  joie, bonheur, affection et amour.


 

 

 

Pêches et fleurs de pêcher

en peinture et illustration

 

 

Jean-Jacques Grandville (1803-1847) illustrateur 

Fleur de pêcher

 

 

Huang Huangwu (chinois, 1906-1985) 

fleurs de pêcher

 

 

Huo Chunyang (1946)

Fleurs de pêcher

 

 

Zhao Shao'ang  (1943)

Fleurs de pêcher 

China The Metropolitan Museum of Art

 

 


Pierre Bonnard (1867-1947)

nature morte - pêches

 

 

Paul Cezanne (1839-1906) 

Nature morte - plat de pêches

 


Paul Gauguin (1848-1903) 

Nature morte aux pêches c. 1889  - 

Fogg Art Museum, Cambridge, MA

 

 

Catherine Klein (1861-1929)

pêches

 


 

Robert Papp

nectarines

 

 


Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche

 

 

Raphaelle Peale (1774-1825)

nature morte à la pêche  

 

 

Abbey Ryan (1979)

quatre pêches

 

 

 

Pour en savoir plus



- Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994),


- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles, (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 


- Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Editions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Pêcher (Prunus persica) 
 

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8 mars 2022 2 08 /03 /mars /2022 20:23

 

 

Mythologie des arbres


L'érable

 

 

L'érable est un arbre du genre Acer, de la famille des Sapindacées selon la classification APG III. La plupart des érables peuvent atteindre entre 10 et 45 m de hauteur, ont des feuilles caduques, mais une minorité en Asie du Sud et dans le bassin méditerranéen sont sempervirentes.


L’érable est un arbre au port majestueux. Très répandu en France, il pousse dans les régions du Centre, du Nord et de l’Est. Il tolère de manque de luminosité, et plutôt tolérant quant à la nature du sol. En forêt, il côtoie Chênes, Hêtres, Ormes et Tilleuls. 

 

L'érable vit ! chante en son vol

Tout le choeur des forêts en fête :

L'érable, de la souche au faîte

Frémit au chant du rossignol.


Nérée Beauchemin (1850-1931) Poète  
Recueil : Patrie intime (1928).


 


 

 

Le faisceau des racines de l'érable est typiquement dense et fibreux. Quelques espèces, dont Acer cappadocicum, drageonnent régulièrement.


Leur feuillage toujours caduc ; presque toujours à lobes palmés,  se pare de belles couleurs éclatantes orange, rouge en automne. Parfois des stries blanches, grises ou rouge marquent son tronc. L'esthétisme est également mis en valeur l'hiver, avec son écorce qui se détache par plaques ou en lambeaux et qui s’enroulent sur eux-mêmes.


Leurs petites fleurs aux couleurs jaunes, orangées, rouges ou vertes attirent les abeilles qui les pollinisent. Elles s'épanouissent à la fin de l'hiver ou au cours du printemps, puis laissent la place aux fruits secs à deux ailes.


 

 

Les disamares (double samare), caractéristique que l'on observe chez tous les érables, formant une hélice prompte à s'envoler,  la graine peut ainsi, grâce au vent, être transportée sur des distances considérables. 
Les samares matures sont une source alimentaire, décortiquées et consommées par rongeurs et passereaux granivores.


 

 

Autres noms de l'érable : Agrelle ; Alezabre ; Argélabre ; Arroube ; Auzeraule ; Bois-biche ; Bois chaud ; Bois de bique ; Bois de coq ; Bois de merde ; Bois de poule ; Coquêne ; Orjol ; Orme jaune ; Ouzraoul.

 

Une acéraie, érablaie ou érablière est un peuplement forestier dominé par les érables.


 

 

La famille des érables est très vaste. :

 

- des montagnes d'Europe, dès le Tertiaire (63 M d'années) :

. Érable plane, Acer platanoïdes

. Érable sycomore ou Érable Faux Platane, Acer pseudoplatanus

. Érable champêtre, Acer campestre, assez fréquent à la campagne, mais souvent malade.

 

- du pourtour méditerranéen :

. Érable à feuilles d'obier ou Érable duret ou ayard, Acer opalus. 

. Érable de Montpellier, Acer monspessulanum, qui supporte néanmoins le froid.

 

- D'Amérique et du Canada :

. Erable rouge (Acer Rubrum)

. Erable à sucre (Acer saccharum) qui donne le sirop d’érable dont les feuilles virent au rouge vif, à l'automne,

. Erable à feuilles composées.

. Erable noir

. Erable argenté

. Erable à grandes feuilles

. Erable à épis

. Erable de Pennsylvanie

. Erable nain

. Erable circiné

 

- des espèces asiatiques, notamment japonaises, 
dont les feuilles ont plus de 5 lobes et qui sont moins hauts. 

 

Petite affiche présentant 12 variétés d'érable que l'on peut retrouver au Canada. 

La forme des feuilles et des samares permettent une identification facile du type d'érable. 


 

 

 

Il existe une centaine d’espèces à travers le monde, 

 

 

Érable de Crète -  Acer sempervirens

Acer creticum, Acer orientale 


C'est une espèce d'arbre, proche de l'Acer monspessulanum, Originaire du Liban, de Crète, de Grèce et de l’ouest de la Turquie, Acer sempervirens se distingue de tous ses congénères. Il est le seul érable à ne pas perdre ses feuilles en hiver.  Comme beaucoup de plantes persistantes, il supporte bien la sécheresse.


Cette caractéristique, étonnante chez un érable en fait un arbre rare et difficile à trouver en culture ou dans les ouvrages de plantes. Mais si c'est cette rareté qui en fait son intérêt principal, il n'en reste pas moins un très mignon petit arbre, à ramure dense de forme ovoïde, ne dépassant pas 7m de haut et aux feuilles très jolies, élégantes, vert sombre aux bords ondulés. 


L'écorce est grise ou légèrement brune. Les jeunes pousses sont cuivrées, très esthétiques. 


Les fleurs de l'érable de Crête, plutôt insignifiantes, jaune verdâtre, donneront naissance à des samares de la même tailles, aux ailes peu écartées. 


 

 

 

Parmi les espèces d'érables les plus ornementales :

 

Erable champêtre - Acer campestre 

L'acer campestre 

 


L'Acer campestre, plus connu sous le nom d'érable champêtre, pousse spontanément en Europe, excepté le nord, et au Magreb. Très rustique (-25° à -30°C), on peut le croiser jusqu'à 1 000 m d'altitude, dans les bois et en lisière de forêts. Suivant sa situation géographique, il deviendra un arbre ou gardera un port arbustif. 

 

De taille moyenne, doté d'un port arrondi et dense, le feuillage vert légèrement satiné de cet érable, caduc, est composé de feuilles de petite taille. On le remarque en automne, lorsque son feuillage prend des tons d'or, de cuivre et de bronze.  

 

Les érables champêtres poussent assez lentement et saccommodent de presque tous les sols et de toutes les situations. On retrouve souvent son port dense et arrondi dans les haies. Haut de 12 m, environ.Les sujets les plus âgés peuvent dépasser 25 mètres de hauteur. Avec le temps, cette essence qui peut vivre bien plus d'un siècle peut former plusieurs troncs enchevêtrés, portant chacun un houppier dense. 

 

On observe souvent une sève laiteuse suintant des feuilles chez cette espèce. Sa floraison très discrète a lieu au printemps, en même temps que naissent les feuilles. Les petites fleurs sont verdâtres groupées en corymbes. Se forment ensuite des fruits ailés souvent rougeâtres, les samares. Les ailes de ce fruit sont opposées, parfaitement alignées.

 

L'érable champêtre forme le bois le plus dur que l'on puisse trouver chez ce genre. Son écorce est de couleur gris pâle et fissurée. Les rameaux des jeunes sujets montrent souvent une écorce liégeuse côtelée.


 

 

 

L'Érable de Montpellier - Acer monspessulanum L. 

 


L'érable de Montpellier, appartient à la section Monspessulanum de la classification des érables, originaire des rivages . Il est parfois appelé Azerou ou Agast, Violonier (provençal).

 

C'est généralement un arbre à l'écorce foncée et à la ramure dense. Le houppier, très ramifié, est généralement dressé mais s'arrondit avec l'âge. De croissance lente à moyenne, il peut atteindre et parfois dépasser 15 m dans des conditions favorables et peut vivre jusqu'à 150 ans. Peu exigeant et rustique, il supporte très bien les sols calcaires et arides. 

 

Ses feuilles opposées, caduques, à 3 lobes entiers, vert foncé sont petites et possèdent un long pétiole. En automne, elles prennent des teintes rouges ou d'or brillant qui le rendent très spectaculaire. 

 

Il fleurit en avril ou mai, avant ou pendant la feuillaison. Les fleurs sont groupées en corymbes glabres, retombants et terminaux, de couleur jaune-verdâtre, soit mâles, soit femelles. Les fleurs femelles ont un pétiole plus court et généralement plus épais que celui des fleurs mâles.

 

Les fruits sont des disamares, pendantes, à ailes pratiquement parallèles, parfois partiellement chevauchantes.

 

A. monspessulanum (et le similaire A. campestre ) est apprécié par les amateurs de bonsaï. Les petites feuilles et la petite taille de l'érable répondent bien aux techniques visant à encourager la réduction et la ramification des feuilles. 


 


 

Erable à peau de serpent - Acer davidii  

 


Originaire de Chine, L'Acer Davidii ou Acer laxiflorum ningpoense, également appelé également appelé érable du Père David, encore Érable jaspé, fait partie des érables dits à peau de serpent, en raison de la beauté de leur écorce verte rayée de blanc, décorative lisse et jaspée, qui évoque la peau de ces reptiles par leurs coloris et leurs motifs. C'est un arbre de mi-ombre, de sols non calcaires et frais. 

 

Avec son écorce originale et bien visible en hiver, son port élégant, de 12 m de haut, sa couronne arrondie à étalée est soutenue par des branches minces et fragiles, légèrement retombantes. Le tronc, simple ou multiple, est court, ramifié près de la base.

 

Cette variété porte des grappes rouges pendantes décoratives, et des feuilles vert foncé à revers plus clair, au jaune orange flamboyant en automne. 

 

La variété "Sélection" offre une écorce vert-rouge marbrée de blanc.


 

 

 

Erable du Fleuve Amour - Acer ginnala 

 


L'érable du fleuve Amour est un petit arbre aux branches minces et arquées, au port étalé, une espèce à utiliser en haie ou en isolé dans les jardins de taille modeste. Il est très résistant, bien adapté au milieu urbain et supporte bien la taille.

 

Les disamares sont rose rouge et les fleurs blanc crème et parfumées sont disposées en grappes dressées, suivies de fruits ailés rose vif. 

 

Son feuillage vert prend une magnifique couleur jaune orangé puis rouge écarlate en l'automne. 

 

De croissance rapide, Acer ginnala est rustique (-15°),   de culture facile à condition d'être installé dans un sol frais, riche et bien drainé. Il apprécie les expositions ensoleillées, mi-ombre.


 


 

 

Érable à feuilles de frêne - Acer negundo

 


L'Erable negundo est une espèce d’une dizaine de mètres de hauteur est originaire de l’est de l'Amérique du Nord. On l'appelle aussi Érable à giguère, peut-être par déformation du nom "érable argilière" qu'utilisaient les Français de l'Illinois, en 1814. Il est appelé parfois , Érable américain ou Érable à feuilles composées. Cette essence a été introduite sur d'autres continents en tant qu'arbre d'ornement pour les parcs et jardins. 

 

C'est un arbre très rustique (-15°), à croissance rapide, supporte l'exposition au soleil, à port étalé, à feuilles vertes caduques, avec des grappes de minuscules fleurs jaune verdâtre non parfumée à la fin du printemps. Il a la particularité de produire des bourgeons et des feuilles jusqu'aux premières gelées. Son bois est cassant, rendant les travaux d'élagage parfois dangereux.

 

L'Acer negundo "Flamingo" est un érable à port étalé et à croissance rapide. Très rustique. Ses feuilles sont marginées de crème et de rose à l'extrémité des pousses au printemps. Très ornemental, c'est un arbre d'environ 7 mètres de haut, aux feuilles panachées, vert brillant, marginées de blanc et de rose au printemps. Le plus : il supporte les terrains calcaires.


 

 

 

Érable cannelle - Acer griseum  

 


L'Acer griseum est un érable très original, originaire de Chine, pouvant atteindre 10 m de hauteur, appelé aussi "Erable à écorce de papier" ou "Erable cannelle", est rustique jusqu'à -30°C.

 

Il est reconnaissable à son étonnante écorce brun cannelle, qui s'exfolie en vieillissant. De plus il agrémente les jardins en automne grace à ses feuilles qui se teintent de jaune orangé. voire rouge écarlate, mais c'est en hiver qu'elle est la plus remarquée.  

                    
De culture facile, de croissance lente, il pousse dans tout sol frais, fertile, bien travaillé et bien drainé, en situation mi-ombragée. Son port est étalé, avec des branches minces et fragiles. Les feuilles caduques, opposées, sont vert clair puis orangé et rouge en automne. En juin, une floraison jaune en grappes pendantes sont suivies de samares velues d'avril à mai,  laisse place à des fruits ailés. 


 

 

 

L’érable sycomore  - Acer pseudoplatanus

 


L'érable sycomore est une espèce d'arbres de grande taille  fréquent en Europe. On l'appelle parfois faux platane, grand érable, ou érable de montagne, plus rarement érable blanc.

 

Il s'agit d'un arbre à croissance rapide les premières années, et qui rejette facilement de souche quand il est coupé. L'érable sycomore est un grand arbre à tige élancée, pouvant atteindre 35 à 40 m de haut et un diamètre de 3,5 m . Sa durée de vie peut atteindre les 500 ans.

 

L’écorce est d’abord lisse et gris jaunâtre, puis gris rougeâtre et de plus en plus foncée sur les arbres âgés où elle se détache en s’écaillant en larges plaques.

 

Les feuilles, opposées, caduques,  palmées, à long pétiole (légèrement cordiforme à la base), glabres et vert sombre à la face supérieure, vert glauque portant des poils sur les nervures à la face inférieure.

 

Il ne fleurit que vers 20 à 25 ans. Les fleurs de couleur vert jaune, groupées en panicules tombantes, apparaissent avec les feuilles, à la différence de celles de l'érable plane dont les fleurs groupées en corymbes dressés apparaissent avant les feuilles. Les fruits sont des disamares dont les ailes sont écartées.

 

L'Acer pseudoplatanus "'Brilliantissimum",  l'érable crevette, se distingue des autres érables sycomores par sa petite taille (3 à 5 m) et la couleur rose saumoné de ses feuilles au printemps. Il apprécie la mi-ombre.


 

 

 

L'Érable plane -Acer platanoides L.  

 


L'Érable plane est un arbre de grande taille, fréquent dans les régions collinéennes et montagneuses d'Europe. Il est parfois appelé Érable de Norvège, Iseron, Plane, Main-découpée, Plaine ou Faux Sycomore.

 

Son nom lui vient de la forte ressemblance des feuilles avec celles du platane.

 

C'est un grand arbre à tige élancée, de croissance très rapide pendant les premières années, rejette facilement. Il peut atteindre 20 m à 30 m de haut et une circonférence d'environ 8 à 9 m. Le diamètre de son tronc peut atteindre 1 m. Il peut vivre jusquà 200 ans. Il atteint ses plus belles proportions dans les forêts de feuillus où les chênes, tilleuls et ormes sont dominants.

 

L'écorce est brune, et présente de nombreuses crevasses peu marquées. Les fleurs vert jaune, groupées en corymbes dressés, apparaissent avant les feuilles.

 

En général, l'érable plane commence à fleurir à l'âge de 15-20 ans. Les feuilles, opposées, caduques, palmées , glabres, vertes et luisantes, à long pétiole. Elles prennent une très belle teinte jaune à l'automne.

 

Les fruits sont des disamares à ailes horizontales larges très écartées.

 

Cette espèce est répandue dans presque toute l'Europe, ainsi qu'en Asie dans la région du Caucase, en Iran et en Afghanistan. On le rencontre jusqu'à une altitude de 1 500 m en France. Il a été introduit entre autres en Amérique du Nord, où il est considéré comme invasif et nuisible. 

 

C'est une essence de demi-ombre. Il apprécie un climat assez humide, avec des tendances continentales ou montagnardes.  

 

Il est cultivé comme arbre d'ornement et beaucoup planté comme arbre d'alignement.

 

 

 

Erable du Japon  - Acer palmatum 

 


L'érable du Japon, est un petit arbre qui vient de l'Est de l'Asie. Sa cime étalée et arrondie, ample et gracieuse, ses branches parfois tortueuses, procure une ombre légère et laisse magnifiquement filtrer les rayons du soleil dans sa frondaison. 

 

C'est un très joli arbuste qui séduit par ses couleurs chatoyantes.  Au fil des saisons, il évoluera, du vert bronze ou tendre au pourpre sombre, à l'écarlate ou à l'orange vif. Une même branche peut porter des feuilles palmées ou ciselées en lanières et qui prennent d'extraordinaires et changeantes couleurs. 

 

Des fleurs rougeâtres sans grand intérêt apparaissent en avril avant des fruits rouges ailés, en septembre.

 

Le choix des variétés est vaste. Leur port peut être érigé ou retombant ce qui leur confère une multitude d'utilisations différentes. Beaucoup de variétés ont une couleur automnale remarquable, certains ont même une couleur de bois rouge corail pendant l'hiver, brun olive au printemps, vert en été et rouge brillant à l'automne.

 


 

 

L’Érable argenté - Acer saccharinum, 

 


L'érable argenté, érable de Virginie ou Plaine blanche (Canada),  dont l'espérance de vie est comprise entre 100 et 150 ans. Il peut atteindre de 20 à 30 m de haut. 

 

L'écorce est gris argenté et son bois est tendre. Le système de racines est peu profond et fibreux. Il s'étend en largeur beaucoup plus qu'en profondeur. La croissance est rapide. 

 

Le feuillage est caduc, avec des feuilles découpées, vertes au-dessus et argentées en dessous, jaunes ou orangées en automne, un pétiole vert ou rose. Les rameaux sont légèrement retombants. Les fleurs jaune verdâtre apparaissent à la fin de l'hiver ou au tout début du printemps.

 

Les fruits sont des disamares ailées mûres dès le mois de mai/juin.  Elles servent souvent de premières nourritures printanières aux animaux de la forêt. L'arbre commence à produire des fruits à partir de 10 ans.

 

L'érable argenté, tout comme l'érable à sucre et l'érable rouge, peut être entaillé pour produire du sirop d'érable, de teinte plus claire que celui des deux autres espèces, par contre, son eau est la moins sucrée.

 

L’arbre est originaire de l’Est de l'Amérique du Nord. Il est fréquent dans les parcs car il supporte bien la pollution atmosphérique des villes.

 

Il pousse à l'état sauvage dans les vallées humides et le long des cours d'eau. L'érable argenté apprécie un sol humide, plutôt argileux, et évite le calcaire. Il tolère les inondations temporaires, fréquentes dans son environnement naturel, en zone inondable près des grands cours d'eau de plaine. Il apprécie le soleil, ou la mi-ombre. Il est rustique, s'adapte très bien à presque toutes les conditions de sol et beaucoup mieux aux conditions urbaine que l'érable rouge et l'érable à sucre et résiste jusqu'à -35°. 

 

L’arbre a été introduit en Europe en 1725. Parmi les érables américains, il est l'un de ceux qu'on rencontre le plus fréquemment en Europe, avec l'érable negundo, pour l'ornement des espaces verts ou planté en alignements dans les rues des villes. La plupart des spécimens appartiennent à la forme laciniatum, au feuillage clair très découpé. La forme sauvage se rencontre souvent dans les parcs anciens mais est rarement planté de nos jours.


 

 

 

L’Érable à sucre - Acer saccharum

 


L'érable à sucre ou Érable franc  est une espèce d'arbres nord-américains de la famille des sapindacées, qui peut vivre jusqu'à 250 ans. L'arbre est reconnaissable par son feuillage jaune, orangé et rouge en automne et est très apprécié pour son eau qui coule au printemps et qui sert à faire le sirop d'érable.

 

L'érable à sucre est un arbre pouvant atteindre 35 m de hauteur, et exceptionnellement jusqu'à 45 mètres.

 

Les feuilles caduques  ont 5 lobes palmés, les lobes inférieurs sont relativement petits, tandis que les supérieurs sont plus grands et profondément entaillés. Les couleurs d'automne apparaissant lors de l'été indien sont souvent spectaculaires, allant du jaune vif à l'orange fluorescent et au rouge orangé. Les feuilles et les bourgeons sont pointus et bruns. L'eau d'érable est très bonne, mais le sirop d'érable qui est fait avec cette eau est encore meilleur.

 

Les fleurs sont en corymbes jaune-vert et sans pétales; la floraison a lieu au début du printemps. Le fruit est une samare dont les ailes portent deux graines globuleuses tombant de l'arbre en automne.

 

L'érable à sucre est facilement identifiable par sa sève claire dans le pétiole, ses bourgeons sont bruns. Sur les arbres âgés, l'écorce est exfoliée. Le revers de la feuille est mat,  les lobes de la feuille d'érable à sucre ont une forme rectangulaire.

 

On le retrouve principalement en Amérique du Nord et surtout au Québec vers la côte Est, et dans une vaste partie du nord-est des États-Unis. Dans sa région d'origine, l'espèce a une croissance rapide (10 mètres en 20 ans).

 

L'érable à sucre a besoin d'un sol riche, profond et assez frais. Il est très rustique et peut être planté jusqu'à 1 000 m d'altitude. C'est une essence d'ombre qui dépérit souvent à l'âge adulte si planté au plein soleil et qui supporte mal la pollution des villes.

 

La culture de l'érable dans le but d'en faire du sirop d'érable s'appelle de l'acériculture. Il a été introduit en Europe, mais pas en grand nombre, et les spécimens y sont généralement de moindre taille. En France, on le rencontre notamment dans la région du Limousin.

 

L'usage principal de cette espèce reste la production de sirop d'érable. Durant l'été, l'érable à sucre fabrique des sucres. Au début de l'automne, ces sucres sont transformés en amidon dans les racines pour y passer l'hiver. Durant l'hiver, l'eau gèle et la sève ne circule presque pas. Au printemps, l'amidon dans les racines est transformé en sucre . Cette transformation attire l'eau du sol. Les cycles quotidiens de gel et dégel pompent, dans le tronc, cette eau sucrée appelée "eau d'érable".

 

L'eau d'érable n'est pas de la sève. Celle-ci, nettement plus chargée en minéraux et molécules organiques complexes, ne remonte par les racines que lorsque le métabolisme de l'arbre est relancé. L'arrivée de la sève et de son goût amer marque la fin de la récolte d'eau d'érable. Donc, on ne récolte pas la sève mais l'eau d'érable. 

 

En été, l’arbre produit des feuilles qui transforment la sève brute en sève élaborée. Celle-ci fait croître les racines de l’arbre qui produisent encore plus de sève brute. Ce cycle permet à l’arbre de se développer. C’est pendant cette période que l’érable produit des fruits, appelés samares.

 

En automne, l’érable relâche les samares. Puis en octobre, l’absence de sève brute dans les feuilles de l’arbre les fait rougir puis tomber.

 

Afin de produire le sirop d'érable, les arbres ne sont mis en production qu'après environ 40 ans de croissance. C’est au printemps que l’on récolte l’eau d’érable par des trous forés dans le tronc. 


 

 

 

Pollinisation

 


La pollinisation des fleurs, un bouquet de micro-fleurs vertes, jaunes, orangées ou rouges selon les espèces, s'effectue par le vent, mais elle peut aussi être opérée par des insectes. 

 

Elles fournissent aux insectes du pollen et du nectar dès la sortie de l'hiver, avant l'arrivée des feuilles. Les bourgeons nourrissent également de nombreux oiseaux.

 



 

 

 

Étymologie 

 


Le nom érable apparaît au milieu du 13ème siècle. Il vient du vieux latin "acerarbot", où "acer" d'origine indo-européenne signifiant "pointu, dur". 

 

 

Erable s'est dit en latin classique Acer, aceris

Pour éviter tout confusion avec l'adjectif acer, acris, acri = aigu, âcre, vif, on a ajouté le nom arbor. 

On a en bas-latin "acer arbor" pour désigner l'érable.

Acer arbor est devenu "acerabulus" (acer et du gaulois abalo "pomme")

un peu plus tard acerabulus, qui, accentué sur le second a, devient "acerable", "Arblay", "Araule", "Azérable",  "arable", "esrable",  érable.

 

 

 

Mythologie grecque

 

 

Phobos, fils d'Arès et d'Aphrodite, frère de Déimos, dieu de la peur panique et de l’épouvante représente la crainte.

 

Il accompagne son frère et son père sur les champs de bataille. Il harcelait les troupes de guerriers antiques, où il inspirait la peur de mourir aux soldats du camp adverse. Ces derniers refusaient alors le combat. Ainsi, le mot phóbos (signifiant "peur" en grec ancien) a donné le mot "phobie" en français. 

 

Phobos est souvent représenté dans l’art avec un visage effrayant aux yeux exorbités et à la bouche grande ouverte et grimaçante. Cette figure inquiétante, font naître la crainte chez celui qui la regarde comme si le dieu exerçait encore aujourd’hui son pouvoir.

 

L’érable était considéré comme la marque de Phobos, à cause de la couleur rouge sang de ses feuilles durant l’automne. 

Phobos (mosaïque du IV° siècle apr. J.-C., Halicarnasse). British Museum


 

 

 

Mythologie celtique

 

Calendrier celtique :

11 au 20 avril et 14 au 23 octobre - Érable

Périodes liées à la feuillaison et à la chute des feuilles.

 

Dans l'astrologie celtique, l'érable représente la résistance, et une personne débordant d'imagination et d'originalité, timide et réservé, ...

 

"Pour les druides, une bonne étoile veillait sur la destinée de leurs protégés car l'érable était le messager des dieux. Ceux-ci parlaient aux hommes dans le souffle du vent agitant les hautes branches de l'arbre. Ils utilisaient sa sève comme breuvage destiné à calmer les esprits impulsifs et violents. On assurait que cette potion, mélangée avec d'autres sucs végétaux, avait également la capacité d'apaiser les inflammations de toutes sortes. 

 

Dans la forêt de Brocéliande, c'est un érable immense qui dominait la fontaine de Barenton dans laquelle Merlin l'Enchanteur venait puiser des gobelets d'eau pure."


 

 

 

Légende du sirop d'érable

 


Les Micmacs 

(peuple autochtone de la côte nord-est d'Amérique). 

 

Une vieille femme Micmac alla un jour de printemps recueillir la sève d’érable. Comme elle trouvait qu'elle était meilleure chaude, elle se mit à la faire chauffer sur le feu, à l’intérieur de son tipi.

Après toute cette récolte, la vieille dame fatiguée s’endormit. C'est lorsqu'elle se réveilla beaucoup plus tard qu'elle trouva dans son pot un sirop clair et sucré.

 


Les Algonquins

(peuple autochtone ayant historiquement occupé certaines parties de l'ouest du Québec et de l'Ontario, avec pour centre la rivière des Outaouais et ses affluents).

Un Algonquin enleva son tomahawk d’un érable qu’il avait planté le jour d’avant. La sève se mit alors à couler. Sa femme, voyant cela, décida d’y goûter et trouva cela très bon.

Elle décida de s’en servir pour faire cuire la viande. Son homme apprécia vraiment le goût de celle-ci et décida d’appeler ce met "sinzibuckwud" qui signifie  "tiré des arbres".

 


La légende des Fendilles, ou légende iroquoise

 

Par un beau matin froid et piquant, il y a fort longtemps, un chef Iroquois du nom de Woksis sortit de sa hutte. Puisqu’il devait aller à la chasse, il retira son tomahawk (hache) de l’érable dans lequel il l’avait plantée la veille au soir. Le tomahawk avait fait une profonde fente dans l’arbre mais Woksis n’y fit pas attention. Il partit chasser. Un récipient en écorce de bouleau était posé au pied de l’érable. Goutte à goutte, la sève qui ressemblait à de l’eau s’écoula de l’entaille faite dans le tronc de l’érable et remplit le récipient.

Le lendemain, la femme de Woksis remarqua que le récipient était plein. Pensant que la sève incolore était de l’eau, elle s’en servit pour faire un ragoût de gibier. Le soir venu, au souper, Woksis sourit et dit à sa femme: "Ce ragoût est délicieux. Il a un goût sucré". N’y comprenant rien, la femme trempa son doigt dans le ragoût qui avait mijoté tout l’après-midi. Woksis avait raison: le ragoût était sucré. On venait de découvrir les fendilles sucrées qui nous donnent le bon sirop d’érable.

 

 

- 65 millions d'années /  - 2,58 millions d'années 

 


Des fossiles retrouvés en Asie ont été datés du Paléocène et en Amérique du Nord datés de l’Éocène d’ailleurs en 1976.

 

Le spécialiste des érables Piet de Jong a estimé l’origine des érables au début du Tertiaire au Sud-Est de la Chine ; la diversification des sections se serait généralement achevée vers la fin de l’Éocène. 

 

Au Japon, des érables fossiles vieux de 6 millions d'années ont été trouvés dans la ville de Yuzawa dans la préfecture d'Akita. 

 

En Europe, les érables des montagnes étaient présents sur terre avant les grandes glaciations.
 

Période du miocène -

Feuilles fossiles d'Acer trilobatum (Sapindaceae, Miocène)

gisement d'Öhningen, Allemagne, 

Muséum National d'Histoire Naturelle de Karlsruhe, en Allemagne.

Auteur    H. Zell


 


 

 

VII° siècle av. J.C.

 


Homère (VII° siècle av. J.C.) poète grec  


Iliade - Cheval de Troie


Après dix ans de siège Ulysse imagine alors une ruse pour investir la cité : faire entrer dans Troie un gigantesque cheval de bois d'érable champêtre (acer campestre),  dans lequel les Grecs en armes prennent discrètement place.  L'architecte charpentier Épéios se charge de la construction.


Les Troyens, voyant le champ de bataille déserté, croient avoir gagné la guerre. Pensant que le cheval est une offrande, ils le font entrer à l'intérieur de leurs murs. À la nuit tombée, les Grecs, jaillissant des flancs de bois du cheval et s'emparent définitivement de la cité...


Henri-Paul Motte - Le Cheval de Troie

 


 

 

I° siècle av. J.C.

 

 

Virgile (né vers 70 av. J.-C.-19 av. J.-C.) poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

Énéide - Livre III

Chute de Troie - Mission d'Enée

Cheval et Grecs dans Troie 

Récit d'Énée. 
2, 110

..."Souvent les Danaens ont voulu s'enfuir, abandonner Troie

et s'éloigner, épuisés qu'ils étaient par cette guerre sans fin.

Ah ! Que ne l'ont-ils fait ! Souvent l'âpre tempête marine

les a retenus, et l'Auster les a effrayés au moment du départ.

En particulier, quand déjà se dressait ce cheval en planches d'érable,

des nuages grondèrent dans toute l'immensité du ciel"....
 

 

 


Properce (Sextus Propertius) poète latin  (47 av. J.-C.-v.16/15 av. J.-C.)

Chapitre IV. L’élégie de Vertumne : l’œuvre trompeuse

..."Jusqu’à Numa, j’étais un simple tronc d’érable, rapidement taillé à coups de serpe, dieu pauvre dans une ville que j’aimais. Mais puisse la terre des Osques t’être légère et ne pas meurtrir tes mains d’artiste, Mamurius, toi qui cisela mes traits dans le bronze et sut si habilement couler ma statue pour lui faire remplir tant de rôles. Unique est l’œuvre, mais nombreux sont les hommages qu’elle reçoit. (59-64)"...

Vertumne et Pomone   Début du XVIe siècle – Francesco Melzi


 


 

I° siècle

 


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C-79) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Histoire naturelle 


Livre Seize

..."XXVI. (XV.)  L'érable (acer pseudoplatanus, L. ), a peu près de la même grosseur, vient immédiatement après le citre (XVIII, 29), pour l'élégance et le fini des ouvrages. On en distingue plusieurs espèces. Le blanc (acer pseudoplatanus, L. ), qui est d'une blancheur admirable, est appelé gaulois dans l'Italie transpadane, et il vient au delà des Alpes. L'autre espèce a des taches marbrées; dans toute sa beauté, il est dénomme d'après sa ressemblance avec la queue du paon; le meilleur est en Istrie et en Rhétie. L'érable de qualité inférieure se nomme crassi venium. Les Grecs les distinguent par l'habitat : l'érable de plaine étant blanc, ou marbré (ils le nomment glinus) (acer creticum), l'érable de montagne étant marbré, plus dur; et dans cette espèce même le mâle est plus marbré et s'emploie dans des ouvrages plus élégants. La trolsième espèce, d'après les Grecs, est le zygia (acer compestre, L. ), bois rougeâtre, facile à fendre, a écorce livide et raboteuse; d'autres auteurs aiment mieux en faire une espèce indé pendante de l'érable, et le nomment en latin carpinus (charme, carpinus netulus, L.)

 

XXVII. 

(XVI.) 1 

Ce qu'il y a de plus beau dans l'érable, c'est le bruscum, et surtout le molluscum. Ce sont deux tubérosités de cet arbre; le bruscum a des veines plus contournées; celles du molluscum sont repandues d'une manière plus simple : et si le molluscum était assez gros pour faire des tables, on le préférerait indubitablement au citre.

 

(XIII, 29) :

au lieu qu'à part les couvertures des tablettes et le plaqué des lits, on ne le voit que rarement employé. On fait aussi avec le bruscum des tables noirâtres. On trouve dans l'aune (talnus lutinosa, L) une tubérosité aussi inférieure aux précédentes que l'aune lui-même est inférieur à l'érable. L'érable mâle fleurit le premier. On préfère aussi les érables venus dans des lieux secs aux érables venus dans des lieux humides; il en est de même pour le frêne. Il y a encore au delà des Alpes un arbre dont le bois est très semblable a celui de l'érable blanc; on le nomme staphylodendron (staphylea ponnata, L. ); il porte des gousses, et dans ces gousses des noyaux, qui ont le goût de l'aveline"....


 


 

VIII° siècle

 


Vers 760


Au Japon, les mots "momiji" et "kaede" sont synonymes avec érables. 


Le mot kaede est dérivé du kaerude dans le "Manyoshu" (Recueil de dix mille feuilles) première anthologie de poèmes japonais datée des environs de 760.
Ce mot s’inspirerait de la similitude entre la forme de la feuille et la patte d’une grenouille. Le mot japonais pour grenouille est kaeru. Le momiji serait la forme dérivée du mot momizu..


Dans le Japon ancien momizu signifiait changer de couleur, c'est-à-dire, tourner au rouge ou au jaune. Ils auraient été appelés momiji parce qu'ils étaient représentatifs des arbres qui changent de couleur en automne.


 


 

Zhāng Jì, poète chinois du VIII° siècle.

 

 

Je m'ancre pour la nuit au Pont des Erables

 


Au moment où la lune se couche, les corbeaux crient et l'air se rafraîchit.

Eclairé par les lampes des pêcheurs, mélancolique, je somnole sous les érables.

Je suis subitement réveillé par la cloche du Temple de la Montagne Glacée,

Qui annonce à minuit l'arrivée d'un bateau de passagers.


 

 

 

XIV° siècle

 


En Europe durant le Moyen-âge, le bois était utilisé lors de rituels pour chasser le "mauvais esprit".

 

Première moitié du XIV° siècle

Décor de feuilles d'érable, vitrail église des franciscains de Colmar.


 

 

 

1557


Lors d’un de ses voyages au Canada, que Jacques Cartier coupe un arbre d’où, à son étonnement, s’écoule une sève au goût sucré. Les Premières Nations lui apprennent alors que cet arbre magique s’appelle "couton". Aujourd’hui, nous le connaissons sous un autre nom :


"érable à sucre"


Il est le premier Européen à avoir écrit sur l’érable à sucre et l’eau d’érable.

Arrivée de Jacques Cartier à Quebec, 1535

 

 

 

XVIII° siècle

 


1700

Depuis toujours ou presque, les Amérindiens avaient donc appris à recueillir la sève d’érable et à la transformer en sirop.


C’est seulement dans les années 1700 que les Québécois ont su tirer profit de cette grande découverte.


 

 

Acer L.

Ce nom fut donné en 1719 par Tournefort et reconnu par Carl von Linné en 1735 et confirmé en 1753.

 


 

Herbier du XVIII° siècle.

Acer tomentosus

Ancien herbier du grand séminaire

Originaire de Virginie, répandu dans les jardins, connu aussi sous les noms de : érable rouge, érable de Charles Wager. 

 


 

 

 

Kitagawa Utamaro (v. 1753-1806) peintre japonais


Courtisane au kimono décoré de feuilles d'érables avec recueil de poèmes à ses pieds


 

 

 

1793

 

Calendrier républicain


Le calendrier républicain  est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1° vendémiaire an I (22 septembre 1792), déclaré premier jour de l'"ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Dans le calendrier républicain, l'Érable était le nom attribué au 21° jour du mois de frimaire.


22 novembre : Le Soleil répond au Sagittaire

 

Pouvons nous de l'hiver sous nos climats heureux

Redouter les rigueurs lorsque la chasseresse 

Dans les bois effeuillés affrontant les frimas

Décoche sur un Daim ses traits avec adresse


 


 

Utagawa Hiroshige (1797-1858) dessinateur, graveur et peintre japonais


série Cent vues d'Edo, 

 

nº 091, partie 3: automne.

À l'intérieur du sanctuaire Akiba à Ukeji

La planche met en valeur les feuilles d’érable aux couleurs orange et ocre reflétées par l'eau. 

 

 

 

nº 094, partie 3: automne.

Les érables à Mama, le sanctuaire Tekona et le pont de Tsugihashi 

L’image est encadrée par les troncs de deux érables dont les branches s'entrelacent et dont la couleur automnale des feuilles présente une teinte à la fois rougeâtre et noirâtre 


 

 

 

Charles-Hubert Millevoie (1782-1816) écrivain français

 


La tendresse maternelle


..."Elle lui forme un lit de fleurs et de feuillage,

De l'érable docile agite le rameau...

Et ne s'aperçoit pas qu'elle berce un tombeau !


 

 

 

1848


Utagawa Kunisada (1786-1865), connu également sous le nom Utagawa Toyokuni III
peintre d'ukiyo-e les plus populaires du XIX° siècle


Jeune beauté sous les érables en automne

 

 


Art nouveau

19° siècle

Vase Montjoye - François Théodore Legras 

Vase verre à fond givré vert amande et travaillé à l'acide, avec des feuilles d'érable en relief.


 

 

 

Sir Charles Wager (1666-1743), officier de marine britannique est une figure marquante et son nom a été donné à un arbre et à des lieux géographiques :

 

- l'arbre est un érable (Acer tomentosum), qui figure sous le nom de "Sir Charles Wager's maple" (car "c'est cet amiral qui l'a fait venir en Angleterre"), ou d'"Érable à fleurs" dans les livres de botanique de l'époque. Selon le "Nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle appliquée aux Arts…," (société de naturalistes et d'agriculteurs, imprimerie de Crapelet, Paris 1803 — Histoire des arbres forestiers par F.A. Michaux, 1810), il ne s'agit pas d'une sous-variété, et cet arbre s'individualise par le duvet cotonneux qui recouvre l'extrémité de ses rameaux, ses ovaires glabres, ses capsules globuleuses, et surtout par ses grandes grappes de fleurs écarlates "dont les plus jeunes branches sont si bien garnies, qu'à une petite distance l'arbre en parait tout couvert".

 

Les chimistes de l'époque  se sont intéressés à l'érable de Wager : il figure (avec l'olivier de Bohème, le cornouiller mâle, le sumac de Virginie, le marronnier d'Inde) dans les compositions de produits astringents utilisés pour le tannage des peaux. 

 

 

Pierre Petitclair (1813 - 1860) écrivain québécois. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre.

Anthologie de la poésie québécoise

du XIX° siècle (1790-1890)

par John Hare - Cahiers du Québec / Hurtubise HMH, 1979

 

 

L'érable


 

Parti du nord, l'hiver, en frissonnant,

Déroule aux champs son froid manteau de neige !

L'arbuste meurt, et le hêtre se fend.

Seul au désert, comme un roi sur son siège,

Un arbre encore ose lever son front.

Par les frimas couronné d'un glaçon ;

Cristal immense, où brillent scintillantes

D'or et de feux mille aigrettes flottantes,

Flambeau de glace, étincelant la nuit,

Pour diriger le chasseur qui le suit :

Du Canada c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

Mais quand zéphyr amollit les sillons,

Que le printemps reparaît dans la plaine,

Le charme cesse ; ils tombent ces glaçons,

Comme des bals la parure mondaine

Dont la beauté s'orne tous les hivers.

L'arbre grisâtre échauffé par les airs,

Verse des pleurs de sa souche entr'ouverte,

Comme un rocher suinte une écume verte ;

Mais douces pleurs, nectar délicieux,

C'est un breuvage, un mets digne des dieux ;

Du Canada, c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

L'été s'avance avec ses verts tapis ;

Et libre enfin du bourgeon qui la couvre,

En festins verts sur chaque rameau gris,

Comme un trident une feuille s'entr'ouvre ;

L'arbre s'ombrage, épaissit ses rameaux,

Fait pour l'amour des voûtes, des berceaux.

Sur le chasseur, l'émigré qui voyage,

Le paysan, il étend son feuillage,

Dôme serré qui brave tour à tour

Les vents d'orage et les rayons du jour :

Du Canada, c'est l'érable chérie,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

L'automne enfin sur l'aile d'Aquilon,

Comme un nuage emporte la feuillée,

Et verse à flots sur l'humide vallon,

Brume, torrent, froid, brouillard et gelée.

L'érable aussi dépouille son orgueil,

Et des forêts sait partager le deuil ;

Mais en mourant, sa feuille, belle encore,

Des feux d'Iris et du fard de l'aurore,

Tombe et frémit, en quittant son rameau,

Comme le vent siffle aux mâts d'un vaisseau :

Du Canada, c'est l'érable chéri,

L'arbre sacré, l'arbre de la patrie.

 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

 


À Vianden


..."Il songe. Il s'est assis rêveur sous un érable.

Entend-il murmurer la forêt vénérable ?"...
 

 

 

1839


Alexandre Dumas Père (1802-1870),  écrivain français 


Othon l’archer, 

..."Othon sortit aussitôt de l’église, (…), acheta un arc du meilleur bois d’érable qu’il put trouver, choisit une trousse garnie de ses douze flèches"...

 

 

1867


Acer Palmatum v.14 (1867) 


- L'Illustration horticole - Biodiversity Heritage Library


 

 

 

William Chapman (1850-1917) journaliste, poète et traducteur canadien.


..."Le véritable poète ne peut rien produire (…) sans que ses écrits portent un vague reflet de souffrance ; tel l’érable de la forêt canadienne, qui ne peut donner sa sève délicieuse sans une blessure au flanc"...
 

 

 

1882

 

Le comte Angelo De Gubernatis (1840-1913) écrivain, poète, linguiste, philologue et orientaliste italien. 


Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 
(C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


"Érable" (acer) —

Cet arbre est l’objet d’un culte spécial en Allemagne. Autrefois, en Alsace, on attribuait à la chauve-souris la propriété de faire avorter les œufs de cigogne ; dès qu’elle les avait touchés, ils étaient frappés de stérilité. Pour s’en préserver, la cigogne plaçait dans son nid quelques rameaux d’érable, et la seule puissance de cet arbre redouté en interdisait l’entrée au vespertilio. On plaçait aussi des branches d’érable au-dessus de l’entrée des maisons que l’on voulait soustraire aux visites de la chauve-souris"...
 

 

 

1889


Les Japonais ont fait évoluer leurs propres cartes vers une thématique plus culturelle : les fleurs. Le plus connu des cartiers de hanafuda est Nintendo. La célèbre marque (qui est plus connue maintenant pour ses jeux vidéo) a en effet été créée en 1889 afin de commercialiser les cartes de hanafuda 


Le Hanafuda

- 花札, traduit comme le "Jeu des fleurs" - est un jeu de cartes traditionnelles japonais. Il se compose de 48 cartes réparties en 12 mois du calendrier japonais. Chaque mois comporte un thème floral et des symboles que propose la nature japonaise à travers les saisons d'une année.


 

 

 

XX° siècle

 

 

Albert Lozeau (1878-1924) poète canadien-français.

 

 

Érable rouge

 


Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,

Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

 

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,

Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

 

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule

De sa large ramure au bruit frais d'eau qui coule.

 

Il n'est qu'une blessure où, magnifiquement,

Le rayon qui pénètre allume un flamboiement !

 

Le bel arbre ! On dirait que sa cime qui bouge

A trempé dans les feux mourants du soleil rouge !

 

Sur le feuillage d'or au sol brun s'amassant,

Par instant, il échappe une feuille de sang.

 

Et quand le soir éteint l'éclat de chaque chose,

L'ombre qui l'enveloppe en devient toute rose !

 

La lune bleue et blanche au lointain émergeant,

Dans la nuit vaste et pure y verse une eau d'argent.

 

Et c'est une splendeur claire que rien n'égale,

Sous le soleil penchant ou la nuit automnale !


 

 

 

Tokuriki Tomikichirō (1902-2000) artiste et peintre japonais, 

gravure sur bois

Rochers et érables rouges devant le temple situé dans la forêt.

 


 

 

Lionel Groulx (1878-1967) Historien, prêtre-éducateur et intellectuel 

Les Rapaillages, Montréal, éditions Le Devoir, 1916, p. 9-11.  

 


 

La leçon des érables

 


   Hier que dans les bois et les bruyères roses,

   Me promenant rêveur et mâchonnant des vers, 

   J'écoutais le réveil et la chanson des choses,

   Voici ce que m'ont dit les grands érables verts : 

 

   "Si notre front là-haut si fièrement s'étale ;

   "Si la sève robuste a fait nos bras si forts,

   "C'est que buvant le suc de la terre natale,

   "Nous plongeons dans l'humus des grands érables morts. 

 

   "Si nos rameaux font voir de hautaines verdures,

   "C'est pour perpétuer, au siècle où tout s'éteint,

   "La gloire des géants aux fières chevelures

  "Qui verdirent pour nous depuis l'âge lointain.

 

   "Dans nos feuilles, parfois, une brise commence,

   "Dolente, le refrain des vieux airs disparus.

   "Écoutez : elle chante et l'âme et la romance

   "Des aïeux survivants en nos feuillages drus. 

 

   "Tantôt, l'air solennel des graves mélopées  

   "Incline, avec le vent, notre haut parasol ;

   "Un orgue ébranle en nous le son des épopées ;

   "Nous respirons vers Dieu la prière du sol ! 

 

   "Prier, chanter avec la brise aérienne

   "Et l'âme du terroir et l'âme des aïeux ; 

   "Et puis, se souvenir afin qu'on se souvienne,

  "Voilà par quels devoirs l'on grandit jusqu'aux cieux !"

 

                 ***        

       

   Ainsi, dans la forêt, près des bruyères roses,

   M'ont parlé l'autre jour les grands érables verts.

   Et, songeur, j'ai connu le prix des nobles choses

   Qui font les peuples grands, plus grands que leurs revers. 

 

   Ils gardent l'avenir ceux qui gardent l'histoire,

   Ceux dont la souvenance est sans mauvais remords,

   Et qui, près des tombeaux où sommeille la gloire,

   À l'âme des vivants, mêlent l'âme des morts. 

 

   Ils le gardent surtout ceux dont les lèvres fières

   Ont gardé les refrains du parler maternel : 

   Épopée ou romance où l'âme de nos pères

   Vient prier et vibrer d'un accent éternel. 

 

   Gardons toujours les mots qui font aimer et croire,

   Dont la syllabe pleine a plus qu'une rumeur.

   Tout noble mot de France est fait d'un peu d'histoire,

   Et chaque mot qui part est une âme qui meurt !

 

   En parlant bien sa langue on garde bien son âme.

   Et nous te parlerons, ô verbe des aïeux,

   Aussi longtemps qu'au pôle une immortelle flamme

   Allumera le soir ses immuables feux ; 

 

   Que montera des blés la mâle villanelle,

   Que mugira le bronze en nos clochers ouverts,

   Et que se dressera dans la brise éternelle

   Le panache hautain des grands érables verts ! 


 


 

 

Nérée Beauchemin (1850-1931) Poète, écrivain et médecin québécois.

Recueil : Patrie intime (1928).

 


L'érable

 


L'érable au torse dur et fort,

Ébrèche le fer qui l'assaille,

Et, malgré mainte et mainte entaille,

Résiste aux plus grands coups du Nord.

 

L'hiver, dont le cours s'éternise,

De givre et de neige a tissé

Le linceul de l'arbre glacé.

L'érable est mort ! hurle la bise.

 

L'érable est mort ! clame au soleil

Le chêne orgueilleux qui s'élance.

L'érable prépare en silence

Le triomphe de son réveil.

 

Sous le velours âpre des mousses

La blessure ancienne a guéri,

Et la sève d'un tronc meurtri

Éclate en glorieuses pousses.

 

Des profondeurs d'un riche fond,

L'arbre pousse ; il semble qu'il veuille

Magnifier, de feuille en feuille,

Le miracle d'un coeur fécond.

 

Il n'a fallu qu'une heure chaude

Pour que soudain, l'on vît fleurir,

Sur les bourgeons, lents à s'ouvrir,

La pourpre, l'or et l'émeraude.

 

L'érable vit ! chante en son vol

Tout le choeur des forêts en fête :

L'érable, de la souche au faîte

Frémit au chant du rossignol.

 

Contre la bise et l'avalanche,

Le roi majestueux des bois

A pris, et reprendra cent fois,

Sa victorieuse revanche.

 

L'érable symbolise bien

La surnaturelle endurance

De cette âpre race de France

Qui pousse en plein sol canadien :

 

Robuste et féconde nourrice

Dont le flanc, tant de fois blessé,

Des rudes coups d'un fier passé

Porte l'illustre cicatrice.
 

Mythologie des arbres - L'érable


 

 

1929


Alain Gerbault,(1893-1941) navigateur et écrivain français


À la poursuite du soleil; tome 1 : 

De New-York à Tahiti, 

..."J’écris ces lignes dans la cabine du Firecrest. Le teck et le bois d’érable brillent"... 
 

 

1931

Lucien Rainier (Joseph Melançon - 1877-1956) poète québécois, membre de l'École littéraire de Montréal.


Montréal, Éditions du Devoir, 1931.

Avec ma vie,

Juin 1908.


Sur la mort de Louis Fréchette


                                    I

 

Un érable est tombé... Dans le clair paysage

de la patrie, il dessinait un grand contour ;

son ombre enveloppait la terre avec amour ;

des oiseaux merveilleux chantaient dans son feuillage.

 

Et, vers l’appel divin du soleil, chaque jour,

montait plus haut sa fière cime, quand l’orage,

d’un formidable choc, a soudain clos son âge...

Ceux-là qui l’ont perdu le pleurent sans retour.

 

Un érable est tombé... La débordante sève

n’alimentera plus, au prochain avenir,

sa verte frondaison de pensée ou de rêve...

 

Mais tu lui resteras fidèle, ô Souvenir !

Écoutez : sur le monde, un vent de gloire emporte

l’écho mélodieux de sa ramure morte !...


                                    II


Poète ! si ton corps dans l’ombre disparaît,

ton poème à jamais resplendit sur l’histoire !

Cette patrie en deuil, qu’illumine ta gloire,

pare ton souvenir d’un immortel regret.

 

Tu chantas sa beauté : fleuve, plaine ou forêt ;

son passé de défaite auguste ou de victoire ;

et ta voix, dont résonne encor notre mémoire,

puisait dans un cœur franc l’éclat d’un verbe vrai.

 

Sois béni, pour ton œuvre abondante et vivace !...

Quand ils diront ton nom, les hommes de ma race

seront de gratitude et d’orgueil envahis ;

 

et les enfants liront tes vers, dans les écoles,

pour apprendre, aux leçons de tes nobles paroles,

à vénérer leur Dieu, leur langue et leur pays !...



André Masson (1896-1987) L'Erable sous l'orage - 1943/1944

 


 

1945, 


Gabrielle Roy (1909-1983) romancière franco-manitobaine. 


Bonheur d'occasion,

 ... "Les érables, saignant à plaies ouvertes, c'était le son de mille gouttes jointes une à une qui tombaient. Rose-Anna (...) voyait la sève blonde dans les bassins, (...) le goût du sirop était sur ses lèvres, la senteur sucrée dans ses narines et toute la rumeur de la forêt dans son souvenir"... 
 

 

 

1940


La Flore Illustrée "Flore illustrée du Japon" de Tomitarō Makino (1862-1957) botaniste japonais.

(ou Makino shin Nihon shokubutsu zukan),

décrit 26 espèces d’érables dont une seule est importée de Chine. Les Arbres du Japon en recense un plus grand nombre mais en incluant les variétés et cultivars de Acer palmatum. 
 


 

 

James Sacré (1939) poète français, 

Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles 

Editions: Le Castor Astral & Le Noroît

 


Tous les arbres couleurs 

 

Tous les arbres couleurs les érables surtout

un jour d’automne pourtant gris

que dedans c’est comme on pourrait pleurer

parce que la solitude et rien

çа fait quand même ces feuillages

des sortes de verreries comme à la fois simples

et curieusement compliquées

on les aurait disposées

dans les buissons sur le pré dehors

dedans c’est comme on pourrait sourire

la solitude en couleurs quand même rien.


 


 

Guy Rancourt (1948) poète et philosophe québécois

 

 

Le temps des sucres

 

Quand j'attends

Le temps où la sève coule dans nos claires rivières

Quand j'attends

Le temps où le printemps nous réchauffe et revivifie

 

Regarde et écoute le sang de nos érables

Goutte à goutte plongeant ding dong ding dong

Dans ces bassins d'eau sucrée

Où tant de gens adorent se tremper les lèvres

 

Quand j'attends

Le temps où la sève coule dans nos claires rivières

Quand j'attends

Le temps où l'érablière frissonne et pétille

 

Arrête-toi et écoute

Les murmures des seaux et chaudières

Arrête-toi et regarde

La fumée enivrante des grands récipients de sirop

 

Quand j'attends

Le temps où le concert des érables enchante nos oreilles

Quand j'attends

Le temps où le festin des sucreries réjouit nos palais

 

Arrête-toi et hume

Les mille parfums de ces vases fumants

Arrête-toi et bois

Le nectar sucré de nos érables

 

Le soleil surplombe nos têtes

Le printemps sonne le réveil et dégel

C'est la belle saison

Le temps des sucres est arrivé

Richard T Pranke Le temps des sucres

4f Richard T Pranke Le temps des sucres


 

15 décembre 1964


Une feuille d'érable pour le Canada


Le 15 décembre 1964, le Premier ministre libéral du Canada, Leaster B. Pearson, propose au Parlement d'adopter un drapeau unifolié à la feuille d'érable pour remplacer la "Red Ensign" de la marine britannique assortie de l'écu des armoiries du Canada (lions anglais, lion écossais, harpe d'Irlande, lys de France et feuilles d'érable canadiennes).


La feuille d'érable se réfère à l'arbre mythique du pays, dont la sève a nourri les habitants au printemps et continue de les régaler. En 1834 déjà, la Société Saint-Jean-Baptiste l'avait adopté pour emblème.
Il est officiellement adopté par la Chambre des Communes d'Ottawa le 15 février 1965.


 

 

 

1989


Le Livre des Fleurs

(Librairie philosophique J. Vrin, 1989),

Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) 


    ..."Chaque fête populaire est en même temps une fête de fleur. (...) Au mois d'octobre c'est la fête des érables rouges que l'on va contempler en bandes jusque dans les montagnes des environs de Tokio et dont on ne se lasse pas d'admirer le contraste avec le vert sombre des sapins et le bleu du ciel toujours foncé à cette saison. Le soir on en dispose partout des branches dans des vases et on ressort la nuit pour la fête de la lune qui tombe le 16 du même moi"... 


 

 

 

Kato Teruhide (1936-2015) peintre japonais

automne au temple Kiyomizu

 

 

 

1989

20 dollars canadien 

Elizabeth II Feuille d'érable


 

 

 

XXI° siècle

 

 

Didier Colin, 

Larousse Livre, 2000

Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes 

 


    ..."C'est un arbre très populaire chez nos amis canadiens, dont ils choisirent la feuille (mapleleuf) pour emblème de leur pays, et dont le sirop, qu'ils confectionnent à partir de sa sève chauffée et brassée, est devenu un produit national.


Bien sûr, les abeilles savaient bien avant les hommes la saveur de la sève de l'érable et la délicatesse de ses fleurs. Depuis toujours, elles les butinent avec volupté, fournissant alors un miel d'érable délectable et riche en sucre. mais déjà, au temps jadis, en Chine, l'érable était associé à la notion d'honneur, le nom désignant cet arbre présentant une homophonie avec le verbe chinois qui signifie "conférer un honneur".


Symbole de longévité et de vigueur en Amérique du Nord comme dans tous les pays anglo-saxons, l'érable était aussi réputé pour chasser les démons et les mauvais esprits nocturnes. Ainsi, on en plaçait devant la porte de sa maison ou au pied de son lit, comme la cigogne qui joint de nombreuses brindilles d'érables à son nid, dans le but de chasser les chauve-souris friandes de leurs œufs."...
 

 

 

Paul Bergèse, poète et enseignant, est un auteur contemporain pour la jeunesse.

 


L’érable…

 

L'érable m'a offert

deux feuilles de printemps

pour rafraîchir l'été

et trois feuilles d'été

pour réchauffer l'automne.

Il m'a offert aussi

quatre feuilles d'automne

de vert, d'or et de roux

pour colorer l'hiver,

l'hiver

qui se dévoue

et prépare un printemps

qui permettra à l'arbre

de me donner deux feuilles

pour rafraîchir l'été.


 

 

 

Mythes et légendes de l'érable

 


- La feuille d'érable figure sur le drapeau du Canada sous la forme d'une figure stylisée à onze pointes. 

 

- regonfle les esprits lassés des multiples épreuves de l'existence.

 

- Au Japon, on apprécie particulièrement l'érable du Japon et, chaque automne, les Japonais vont admirer leurs couleurs flamboyantes pendant la période qu'ils appellent "momijigari" ("admirer les érables"). 

Période Heian, déjeuner sous les momiji

 

 

 

 

Signification de l'érable

 

 

- Au Japon, l’érable est associé aux souvenirs importants.

 

- symbole des 58 ans de mariage en France

 

- Symbolique : Indépendance et liberté.

 

- L’érable est associé à une personne riche en imagination, timide et réservée. 

 

- Les fleurs d'érable désignent la réserve et le sens de l'observation.

 

 

 

Utilisations de l'érable 

 


L’érable est très utile aux êtres humains pour sa sève et son bois ; les animaux se nourrissent de son écorce, de ses bourgeons ou encore de ses rameaux et fruits.

 

 

Usage 

 


- En aménagement : 

En fonction de la forme et de la taille des espèces, les érables peuvent être plantés comme arbre d'alignement, dans les parcs, s'utiliser en haie brise-vent ou libre, en massifs, en sujet isolé ou même en pot, ou encore en niwaki ou en bonsaï.

 

- Bois de chauffe, car il fournit beaucoup de chaleur et brûle lentement. 

 

- Emballage de certains fromages (feuille).

 

- Des espèces fournissant du bois d'œuvre et d'autres enfin utilisées comme arbres d'ornement pour la forme particulièrement découpée de leurs feuilles ou pour la coloration de leur feuillage en automne. 

 

- Le bois clair et à grains fins de l'Érable plane et le bois plus dur de l'Érable sycomore sont  recherchés en sculpture, en ébénisterie, en tournerie (manches d'outils), en menuiserie, pour les parquets, les jouets.

 

- Il est très utilisé pour les instruments de musique

Les éclisses et le manche du violon sont traditionnellement fabriqués en érable sycomore, lui donnant une grande partie de ses qualités acoustiques.

Les luthiers ont retenu l'érable pour la particularité de son bois ondé, où l'alternance de lignes claires et sombres donnant un effet esthétique très particulier et un fini légèrement onduleux au toucher. 

Gibson Les Paul ( Deutsche Museum )


 

 

 

Alimentaire

 

. En Amérique du Nord, les érables sont utilisés pour la production du sirop d’érable et de tous les produits qui en découlent comme le sucre, les bonbons ou le beurre d’érable. 

 

. Les jeunes feuilles se consomment dans les salades mêlées.                                                  

. Les Amérindiens consommaient les jeunes pousses au printemps ainsi que les samares qui avaient spontanément germé.

 

. Les jeunes feuilles tendres de toutes les espèces d'érable se mangent également, crues ou cuites.

 

. Les Micmacs fabriquaient du thé avec l'écorce de l'érable de Pennsylvanie et confectionnaient une boisson avec les rameaux et l'écorce de l'érable à sucre.

 

. Les Iroquois faisaient sécher l'écorce de l'érable rouge et de l'érable argenté, puis ils la broyaient pour en faire une sorte de farine à pain.
 

 

Vertus médicinales

 

. L'érable est connu pour soutenir les traitements contre l'asthénie, les affections pulmonaires, les rhumatismes, et pour redonner du tonus aux convalescents, car son énergie est puissante et dynamique. 

 

. Le sirop d'érable est un excellent reconstituant.

 

. Les Amérindiens utilisaient les raclures des racines bouillies de l'érable à épis pour en couvrir les plaies et les abcès ou pour soulager les maux d'yeux.

 

. On a aussi employé la décoction de l'écorce de diverses espèces d'érable pour les mêmes indications.

 

 

 

Origine du sirop d’érable

 


La découverte du sirop d’érable s’est passée bien avant l’arrivée de Jacques-Cartier, venu d’Europe pour coloniser l’Amérique.


À l'époque, les tribus amérindiennes de l’est du Canada savaient déjà comment recueillir la sève et la transformer en sirop.


Deux versions de l’histoire nous racontent comment s’est passé la découverte de la sève d’érable par les Amérindiens.


Plusieurs racontent que ce sont les chiens des Amérindiens qui ont mis la puce à l’oreille de leur maîtres. Une branche d’érable se serait cassée et les chiens se seraient bousculés pour lécher la sève qui coulait de l’arbre. En les observant, les Amérindiens eurent aussi l’idée d’y goûter.


La deuxième version, celle qu’on entend le plus souvent, raconte qu’un écureuil qui courait dans un arbre cassa soudainement une branche. Un Amérindien observant la scène vit que l’écureuil se mit ensuite à lécher la sève de l’arbre. L’Amérindien décida alors d’en faire autant et ô surprise…un arbre qui pleure du sucre !

 

 

 Recettes à l'érable

 


L'érable peut agrémenter n'importe quelle recette, de l'entrée jusqu'au dessert. Trouvez la recette parfaite pour toutes les occasions !
 

 

 

Conte hongrois de l’Érable

 

 

Un roi avait trois filles. La plus jeune des trois était blonde, d’une beauté et d’une bonté incomparables.  Un jeune pâtre faisait paisser son troupeau sur la prairie du château et jouait tous les soirs de la flûte, et la jeune princesse l’écoutait. 

 

Une nuit, le roi, la princesse et le pâtre eurent un mauvais songe : le roi vit en songe que sa couronne avait perdu ses diamants ; la jeune princesse qu’elle avait visité le tombeau de sa mère et qu’elle n’en était point revenue ; le pâtre que deux bêtes fauves avaient dévoré le plus bel agneau de son troupeau.

 

Après ce songe, le roi appela ses trois filles et leur annonça que la première des trois qui reviendrait à lui avec un panier de fraises serait sa fille bien-aimée qui hériterait de lui sa couronne et ses sept royaumes. Les trois filles s’en allèrent de suite à la recherche des fraises, et se rendirent à une colline verdoyante. L’aînée des trois filles jeta ce cri : 

"Panier, remplis-toi, pour que je puisse recevoir la couronne de mon père".

 

Le panier resta vide. La seconde fille, à son tour, reprit : 

"Panier, remplis-toi pour que je puisse recevoir les sept royaumes de mon père". 

 

Le panier resta vide. Après que les deux sœurs aux cheveux noirs eurent ainsi parlé, la cadette aux cheveux blonds dit avec tendresse : 

 

"Panier, remplis-toi, pour que je puisse devenir la fille bien-aimée de mon père". 

 

A l’instant même, son panier se remplit de fraises. A cette vue, les deux sœurs envieuses, craignant de perdre la couronne royale et l’héritage paternel, ôtèrent la vie à leur sœur cadette, et, l’ayant ensevelie sous un vieil érable, brisèrent le panier en se partageant entre elles les fraises.

 

Revenues chez leur père, elles lui annoncèrent que leur sœur, s’étant trop avancée dans la forêt, avait été dévorée par une bête fauve. Le père, à cette nouvelle, se couvrit la tête de cendres et cria : 

"Malheur ! J’ai perdu le diamant le plus précieux de ma couronne".

 

Le pâtre, à l’approche de la nouvelle lune, essaya de mettre la flûte à sa bouche pour en tirer des sons ; mais la flûte devint muette. En effet, pourquoi la flûte jouerait-elle encore, puisque la jeune princesse n’est plus là pour l’écouter ? puisque la bête fauve a dévoré le plus bel agneau de son troupeau ?

 

Sur la pente de la colline verdoyante, du tronc du vieil érable, à l’arrivée de la troisième nuit, on vit sortir une nouvelle pousse, à l’endroit même où la jeune princesse avait été ensevelie. En passant par là, le pâtre vit la nouvelle pousse de l’érable et eut grande envie de s’en faire une nouvelle flûte. Dès qu’il eut approché cette flûte de ses lèvre, la flûte enchantée chanta ainsi : 

"Joue, joue, mon cher ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable ; une flûte faite avec une pousse d’érable".

 

Le pâtre apporta alors sa flûte au roi. Le roi, à son tour, l’approcha de ses lèvres, et la flûte reprit : 

"Joue, joue, mon père ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable". 

 

Les deux sœurs méchantes approchèrent, elles aussi, de leurs lèvres, la flûte magique, et l’instrument chanta ainsi : 

"Joue, joue, mon meurtrier ; autrefois, j’étais la fille d’un roi ; maintenant, je suis une pousse d’érable, une flûte faite avec une pousse d’érable." 

 

Alors le roi, maudit les deux filles, et les chassa très loin du château.

 

 

Légendes canadiennes 

Conte huron-wendat.

Texte : Martine Latulippe

 


Les érables rouges

 


Autrefois, le Grand Esprit veillait à ce que toutes ses créatures vivent dans un monde heureux. Nul ne connaissait la faim, la soif ou le froid. Tous vivaient en paix. Ce bonheur dura des lunes et des lunes… Jusqu’à ce qu’un jour, l’une des bêtes, Rat musqué, fasse une étrange proposition. Rat musqué suggéra d’organiser un concours pour voir quel oiseau volait le plus vite et quel animal de la forêt courait le plus rapidement. Les autres bêtes acceptèrent, voyant là une occasion de s’amuser. Les oiseaux commencèrent. Chacun d’eux s’envola vers le ciel, sous les yeux attentifs de Faucon, qu’on avait nommé juge. Sans grande surprise, Aigle remporta la victoire. Vint ensuite le tour des autres animaux.

 

Plusieurs prirent place sur la ligne de départ : Cerf, Caribou, Loup, Lièvre, Élan et bien d’autres. Ours tenait le rôle du juge. Le signal du départ fut donné. Tous s’élancèrent dans le sentier traversant la forêt. À la surprise générale, cette fois, le gagnant de la course fut… Lièvre! Ce que les autres concurrents ne savaient pas, c’est que Lièvre gagna grâce à une ruse que Renard lui avait conseillée… Grand joueur de tours s’il en est un, Renard avait suggéré aux autres lièvres de se placer partout le long du parcours.

 

Les lièvres se relayèrent tout au long de la course, et quand Cerf apparut au bout du sentier, s’approchant de la ligne d’arrivée, le dernier lièvre surgit sur le chemin et traversa la ligne d’arrivée en quelques bonds, pas même essoufflé.

 

Ours, qui n’avait pas une très bonne vue, ne remarqua pas que le lièvre vainqueur n’était pas celui qui avait pris place parmi les coureurs au départ. Il déclara donc Lièvre grand gagnant du concours! Ce qui avait commencé comme un simple jeu n’était à présent plus drôle du tout… Les esprits s’échauffèrent rapidement. Les animaux de la forêt protestaient, critiquaient. Cerf était vraiment furieux. Il s’éloigna du groupe sans tenter de dissimuler sa colère. Ours, mécontent de l’attitude de son compagnon, voulut le rattraper et lui demander de s’expliquer. Mais, dans un brusque élan de rage, Cerf fonça sur lui, tête baissée.

 

Il frappa Ours de ses bois. Ours subit plusieurs blessures qui se mirent à saigner abondamment. Si Loup n’était pas intervenu, Ours serait peut-être mort, ce jour-là… Pourchassé par Loup, Cerf s’enfuit rapidement dans la forêt. Mais le sang d’Ours s’était répandu sur ses bois, et tout au long de sa fuite, le sang s’éparpilla sur les feuilles des érables environnants, qui prirent une teinte rouge vif. C’est depuis ce jour que Cerf perd ses bois quand les arbres perdent leurs feuilles. Il se retrouve sans défense devant Loup, puni d’avoir fait couler le sang sur la Terre. C’est aussi depuis ce jour que les érables rougissent chaque automne avant que leurs feuilles tombent. Le Grand Esprit rappelle aux animaux et aux hommes la paix perdue.


 

 

 

Pour en savoir plus

 

 

Société "La Feuille d’Érable" recycle tous les déchets de bureau


Pionnière dans le recyclage des papiers de bureau en 1983, elle est aujourd’hui une belle entreprise de la filière du Recyclage et de la Récupération. Elle collecte, trie et recycle les papiers de bureau, les ampoules, les piles, les plastiques, les gobelets, les biodéchets,..,  et les cartons produits par les collectivités, les entreprises, les administrations, les commerces, les établissements scolaires sur le territoire breton.


https://www.feuille-erable.fr/
 

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 14:21

 

 

Mythologie des arbres


Le peuplier

 

 

 

Le peuplier est un genre d'arbre des régions tempérées et froides de l'hémisphère nord. Les peupliers (Populus) font partie de la famille des Salicacées  (Salicaceae).

 

Ce sont souvent des arbres de haute taille, au port élancé dont la croissance est rapide. Il possède une silhouette de forme colonnaire ou pyramidale caractéristique, et porte des branches dès la base. il devient le premier arbre transgénique en 1986. Il peut vivre 400 ans et atteindre jusqu’à 40 mètres de haut. 


 

Les grands peupliers longent le ruisseau ;

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) - Recueil : "Les Pipeaux" - Les peupliers

Pierre Eugene Montezin (1874-1946)


 

 

Les peupliers se rencontrent rarement en forêt dense, mais plutôt près des rives d'un cours d'eau, aux abords des zones humides, voire temporairement inondés.  Ils sont appréciés des castors. Ils recèpent ou drageonnent facilement quand ils ont été coupés.


Sa taille imposante le destine surtout aux grands jardins. Il est recommandé de le planter assez  loin de toute construction car ses puissantes racines sont très développées en surface pouvant déformer le terrain autour. 


 

 

Son tronc très long et rectiligne et son écorce gris pale lisse chez le jeune arbre, et de plus en plus crevassée alors que l'arbre vieillit. Le bois est blanc, léger, tendre, assez résistant, adhérent et peu fissile.


 

 

Les fleurs groupées en chatons mâles avec étamines rougeâtres et femelles plus rigides, apparaissent avant les feuilles. 

peuplier populus canadensis


 

 

Les fruits en capsule sont entourés par un fin duvet cotonneux qui peut être très allergisant.


 

 

Ses feuilles vert foncé lustré, simples, alternes, cordiformes ou triangulaires ou ovales, caduques, acuminées, à long pétiole se colorent souvent au printemps et prennent une belle teinte dorée en automne.

Du fait de leur long pétiole, elles ont une façon caractéristique de bouger sous l'effet du vent provoquant des variations de coloration (et particulièrement chez le tremble). 


 

 

Son système racinaire est traçant et contribue à la dissémination par drageonnage à partir de racines superficielles. Il est souvent superficiel, et peut détruire des murs, soulever les enrobés bitumés et coloniser des tuyaux d'égouts. Certaines espèces (peuplier tremble) peuvent pousser sur des sols sableux pauvres et supportent relativement bien les embruns marins.
 

 

 

Dans le passé, la régénération des peupliers (peupliers blancs, baumiers, noirs, trembles, etc.) était probablement principalement conditionnée par :

 

- Le travail des castors (autrefois présent dans tout l'hémisphère nord) 

- Les incendies (dans les régions plus sèches) ;

- Les perturbations induites par l'activité et la divagation des cours d’eau (érosions, alluvionnements, inondations…)

- Les perturbations induites par les migrations de grands mammifères (mammouths notamment) qui cassaient et enterraient des branches en favorisant le bouturage.


Le genre Populus est divisé en six sections :

- La section Turanga  

 

- La section Populus :

  . la sous-section Albidae (peupliers blancs) : le peuplier blanc (Populus alba      L.).

  . la sous-section Trepidae (trembles) 

  . la sous-section Tomentosae 

 

- La section Aegiros (peupliers noirs) 

 

- La section Tacamahaca (peupliers baumiers) 

 

- La section Leucoides

 

- La section Abaso :

  représentée par la seule espèce Populus mexicana Wesm. ex DC., 1868 .

 

 

 

Les espèces naturelles ont été utilisées pour créer des cultivars depuis le XVIII° siècle. Certains hybrides se sont fixés à l'état sauvage. On trouve les principales espèces de peupliers. 

 

Le genre Populus englobe 35 espèces des régions tempérées et froides de l'hémisphère nord. Il comprend aussi de nombreux hybrides naturels ou artificiels, parmi lesquelles :

 

Populus nigra - le peuplier noir (Asie et Europe) :


Le peuplier noir et sa variété le peuplier d'Italie (Populus nigra italica), de 20 à 30 mètres, d'une silhouette élancée remarquable, avec des branches toutes redressées à la verticale, ce qui lui donne une silhouette en forme de fuseau. 


C'est l'espèce de peuplier la plus connue en France, et un des arbres d'Europe qui grandit le plus vite. Il vit moins de 200 ans en général, mais peut devenir énorme .

 

Les peupliers noirs "sauvages" ont un aspect très différent (beaucoup plus tortueux) mais leur écorce sombre et épaisse, profondément crevassée, et leurs feuilles un peu en forme de cœur pointu montrent bien qu'il s'agit de la même espèce.


 

 

 

Populus alba L. - le peuplier blanc, 


aussi appelé, Abèle, Peuplier à feuille d'érable, Peuplier argenté, Blanc de Hollande, Aube, Ypréau ou Piboule, 

 

Le peuplier blanc de Hollande  un port ample, étalé ou pyramidal,  très raffiné de 20 à 30 mètres de hauteur. 

 

L'écorce de ce peuplier est blanche ou claire, lisse ou peu crevassée, contrairement à celle du peuplier noir (sauf à la base du tronc chez les vieux arbres). Le tronc est en général droit, les branches moins tordues.

 

Les feuilles caduques, ont une forme différente, plus épaisses vert sombre dessus, au revers duveteux avec des reflets argentés ;  avec sa belle coloration à l'automne. Leur pétiole a une section transversale arrondie.

 

Cette espèce vit en Europe centrale et méridionale, mais aussi en Asie occidentale et centrale et en Afrique du Nord. On trouve cette espèce dans presque toute la France métropolitaine, y compris en Corse.

 

Même si le peuplier blanc préfère le bord de rivières ou les lieux humides, il supporte les milieux modérément secs. Il présente aussi une certaine tolérance envers les embruns marins. 


 


 

 

Populus balsamifera L. - Le Peuplier baumier 

 


"baumier" en raison de la résine qui dégouline sur les rameaux et les feuilles au printemps.


Il est aussi appelé liard, peuplier noir, baumier du Canada et peuplier de Gilead. Très semblable au peuplier de l'Ouest avec lequel il s'hybride quand leur aires se chevauchent.

 


C'est une espèce de la famille des Salicaceae, pouvant atteindre 30 m en 40 ans, à couronne relativement étroite, traversée jusqu'à la cime par un tronc droit, et à branches redressées et régulières, à croissance très rapide au stade juvénile.

 

Son écorce est gris foncé. Des rameaux minces vert olive, au feuillage légèrement dentelé caduque, alterne, ovoïde , acuminé, long, vert foncé et glabre dessus et légèrement velu au revers. Débourrement très précoce et couleur d'automne jaune.

 


Les fleurs sont constituées de grappes de graines entourées d'un duvet blanchâtre.

 


C'est une espèce des régions boréales de l'Amérique du Nord. Il se distribue de l'Alaska à Terre-Neuve-et-Labrador ; dans les forêts des prairies humides, les vallées humides, les dépressions, le bord des cours d'eau et des lacs, sur les bancs de sable, sur les pentes peu abruptes.

 


Peuplier balsamifera est appelé "Peuplier baumier", tout comme Populus trichocarpa.


Le peuplier baumier (Populus trichocarpa) aux jeunes feuilles dégageant une odeur balsamique avant de se muer en une belle parure dorée en automne


 

 

 

Populus deltoides -  Peuplier deltoïde 

 


ou peuplier à feuille deltoïde, peuplier de Virginie (Europe) ou encore Peuplier noir d'Amérique (Europe).

 

Il est originaire d'Amérique du Nord, de la famille des Salicaceae dont les feuilles sont triangulaires (comme un delta majuscule) d'où son nom vernaculaire de Peuplier à feuille deltoïde.

 

 
C'est le plus grand des peupliers, ayant la croissance la plus rapide, originaire des régions septentrionales tempérées. Il atteint facilement 100 cm de diamètre lorsque les conditions de croissance sont favorables. 

 

Son tronc blanc ou gris, son écorce est lisse, mais avec le temps se craquèle et devient ridée. 

 

Ses feuilles caduques vert foncé, lisses et un peu dentelées, volètent gracieusement dans le vent. 

 

Les chatons mâles et femelles apparaissent sur des arbres séparés à la fin de l'hiver ou au printemps, avant les feuilles.

 

Le nom "cottonwood" provient des graines blanches et moelleuses produites par les chatons femelles. Les bourgeons et les feuilles déployées sont souvent aromatiques. 

 

De part son système racinaire envahissant, éviter de faire pousser à moins de 30 mètres d'un bâtiment. 

 

 

 

Populus simonii - le peuplier de Simon,

 


C'est une espèce d’arbres de la famille des Salicaceae. C'est un arbre d’une vingtaine de mètres et qui peut atteindre 50 cm de diamètre, il couvre une partie importante de la Chine centrale et septentrionale ainsi que la Corée. Il occupe les montagnes, plaines, dépôts alluviaux et vallées, du niveau de la mer à 3.000 m.

 

Populus simonii appartient au genre Populus, comprenant environ 40 espèces répartis parmi les arbustes et les arbres des régions tempérées et froides du nord.

 

La culture de Populus simonii remonte à plus de 2000 ans. Après 1949, les plantations de Populus simonii ont connu un important développement dans le nord de la province de Shanxi, en Mongolie-Intérieure, dans le Jilin et l’ouest du Liaoning.

 

Les forêts de Populus simonii sont habituellement des forêts secondaires, les exploitations et les déboisements irraisonnés n’ayant laissé que peu de peuplements "naturels ". Espèce depuis longtemps introduite en Europe occidentale en 1862, où il suscita quelques espérances en montagne. 

 

Son écorce lisse et la coloration de son feuillage, ainsi que sa petite taille justifient son utilisation en arboriculture ornementale. Il est particulièrement prisé dans le nord de l'Europe où on le connaît également sous le nom de Populus przewalskii.Ses rameaux souples lui donnent un aspect pleureur. 

 


Sa floraison en chatons pendants est en Mars et Avril. Ses feuilles sont caduques ovales elliptiques vert jaune.

 

Les boisements en Populus simonii sont très nombreux notamment dans la région des Trois Nords où celui-ci est abondamment utilisé pour la fixation des dunes.


 


 

Peuplier tremble - Populus tremula L.

 


Le Tremble, Tremble d'Europe est une espèce d'arbre du genre Populus de la famille des Salicaceae. De taille moyenne, c'est la seule variété de peuplier forestier, il est répandu dans l'ensemble de l'Eurasie.

 

Tremula (tremble) doit son nom au fait que ses feuilles s'agitent au moindre souffle de vent. 

 

C'est un arbre robuste, au port étalé à croissance vigoureuse, de taille moyenne, de 20 à 30 m de haut, très résistant au froid et qui s'élève haut en montagne (jusqu'à 2000 mètres et plus, à la limite de la forêt). C'est l'un des feuillus capable de pousser le plus au Nord, au-delà même du Cercle polaire. C'est un des tout premiers arbres à s'installer dans les espaces vides, on dit que c’est un arbre "pionnier".
 

 

L'Écorce lisse, parsemée de lenticelles en losange, se crevasse avec l'âge. Son bois blanc crème, très homogène, est de bonne résistance mécanique. 

 

Les feuilles sont petites, glabres, alternes, arrondies, crénelées, cordées et acuminées, à couleur variable (rouge bronze, puis vert foncé, enfin jaune en automne), à pétiole allongé et aplati, très souple. Elles sont très sensibles au vent et s'agitent au moindre souffle. Cela est dû à ses pétioles aplatis et flexibles. Ce nom est aussi utilisé au Québec pour désigner une espèce du même genre, le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides).

 

Les fleurs sont groupées en chatons pendants mâles (gris argentés à rouges) et femelles (verts) sur des pieds séparés (espèce dioïque). La pollinisation se fait par le vent mais comme les autres peupliers, l'espèce se propage le plus souvent par les rejets poussant sur les racines. 

 

On trouve des nectaires extrafloraux à la base des pétioles.

 

Le fruit est une capsule glabre avec des graines blanches et duveteuses. 

 

Le système racinaire est traçant.


 


 

 

Peuplier Tremble pleureur - Populus tremula pendula

 


Petit arbre pleureur de 5 à 6 mètres, développe des branches longues et pendantes, de longs chatons gris et pourpres. Ses feuilles tremblent à la moindre brise.


Ce peuplier pleureur, produit des feuilles d'abord rouge bronze, puis vert foncé, enfin jaune en automne qui tremble et bruisse à la moindre brise. Très résistant aux parasites.

 

 

 

Peuplier du Yunnan - Populus yunnannensis  

 


Le peuplier de Yunnan, également connu sous le nom de peuplier chinois.

 
Très bel arbre ornemental, à croissance rapide,  à feuilles caduques qui atteint une hauteur de 25 mètres. Ses feuilles sont vertes des deux côtés.


Originaire du Sud de la Chine, c'est le plus méridional des Peupliers Baumiers et il reste très longtemps en végétation à l'automne : il est alors susceptible d'être endommagé par les gelées. Il est très résistant à la sécheresse.

peuplier yunnan - Krzysztof Ziarnek, Kenraiz


 


 

 

Peuplier grisard - Populus canescens, 

 

 

Le peuplier grisard est un hybride naturel du Populus tremula (tremble) et du populus alba (peuplier blanc). Il présente des similitudes avec  l'une et l'autre des deux espèces et, ce qui est rare pour un hybride, il produit des graines fertiles. 

 

Ce grand arbre à croissance rapide posséde une couronne aérée et fermée ainsi qu'un tronc tortueux. Sa dimension à l'âge adulte peut atteindre 30 à 40 mètres. Son port est colonnaire puis étalé.

 

Son écorce est vert grisâtre clair, voire parfois presque blanc, et présente des striures horizontales noires. 

 

Ses feuilles trigones à ovoïdes sont vert foncé et luisantes, sont recouvertes d'un tomentum gris sur le revers et sont grossièrement dentées et lobées sur le contour du limbe. Son nom vient du d'ailleurs du feutre grisâtre que présente la face inférieure de ses feuilles lorsqu'elles sont jeunes.

 

Le Populus x canescens convient bien aux plantations paysagères et en isolé dans les parcs et les plantations périphériques. Bien qu'il préfère les sols humides et riches en nutriments, il croît également dans les sols plus secs et moins riches. Il ne supporte ni les sols tourbeux, ni les sols acides. Résiste bien au vent (marin).


 


 

 

Peuplier de Chine - Populus lasiocarpa

 


ou peuplier à fruits velus. Le nom de l'espèce, lasiocarpa, signifie " aux fruits duveteux". C'est un arbre de la famille des salicacées. On le trouve au centre et à l'ouest de la Chine.

 

Ce peuplier plus petit,  peut mesurer 14 mètres de haut. La croissance de cet arbre est lente et il forme une couronne ovoïde à ovoïde étalée. 

 

Ses jeunes rameaux sont jaune-marron, veloutés et anguleux, tandis que son écorce présente une magnifique couleur grise à brun clair qui s'exfolie par la suite, par petites plaques. Les branches sont brun jaunâtre et épaisses.

 

C'est l'un des rares peupliers à avoir des chatons mâles et femelles sur un même arbre. Il appartient aux peupliers à grandes feuilles remarquables ovoïdes à cordiformes sont vertes et possèdent une nervure médiane et un pétiole rouges. La face supérieure est de couleur vert vif avec des nervures et des pétioles rouges bien visibles, tandis que le revers est de couleur plus claire. À la venue de l'automne, elles se colorent d’un jaune doré. 

 

La floraison de cet arbre est constituée tant de chatons mâles que de chatons femelles. Il est utilisé dans des endroits abrités. Cet arbre est un merveilleux atout dans les parcs, les ceintures de verdure ou les jardins plus imposants. 

 

L'espèce préfère pousser sur des sols légèrement humides et pas trop riches, bien que des sols légèrement plus humides soient également tolérés. Il est très exigeant sur la nature du sol et est extrêmement sensible au vent. 


 


 

 

Peuplier de Berlin - Populus berolinensis 

 


Le Peuplier de Berlin, est un arbre d'ornement hybride de la famille des Salicacées, d'une hauteur de 20-25 m, à croissance rapide. Ce grand arbre à large couronne colonnaire, traversée par le tronc jusqu'à la cime, et à forts rameaux et branches redressés. 

 

Ses rameaux anguleux, gris jaune puis plus foncés. Les bourgeons verdâtres et collants, pointus, obliques et à fort parfum balsamique. Sa floraison au mois de mars, avec des chatons rouges et odorants, apparaissent avant le feuillage.

 

Les feuilles sont  caduques, alternes, ovoïdes et longuement acuminées, à pétiole arrondi, vert frais dessus et vert blanchâtre au revers, deviennent jaunâtre en automne. Les racines plates sont plates. 

 

Cet arbre très rustique, tient en atmosphère enfumée ou urbaine, avec une tendance à drageonner, d'une durée de vie (d'environ 80 ans), son bois plutôt cassant. Sans exigence, il se plaît même sur les sols les plus mauvais, par contre, il ne supporte pas les inondations régu­lières. D'autre part, il supporte bien les périodes de sécheresse.


 


 

 

Étymologie

 

Probablement issu du latin populus (peuple) - populi

Pouplier, poplier,

dérivé avec le suffixe -ier de l’ancien français pople ("peuple"),

du latin pōpŭlus ("peuple"), du fait de la plantation de nombreux peupliers par les Romains dans les lieux publics.


 


 

 

Mythologie grecque

 

L'Océanide Leucé transformée en peuplier


Hadès, dieu grec des Enfers séjourne dans un château situé au centre de la terre, là où la lumière ne pénètre jamais. Les ombres planent autour de cet endroit maudit dépourvu de vies. Seuls les cyprès, symboles du deuil, poussent ici. Pour se déplacer dans son royaume, le dieu discret use de son casque d’invisibilité forgé par les Cyclopes. Il possède également une fourche pour exprimer son pouvoir.

 

Moins volage que ses frères, Hadès entame tout de même une liaison avec la plus belle des nymphes et la fille du Titan Océanos, l’océanide Leucé (en grec, Λευκή / blanc ou peuplier blanc) qu’il capture.

 

Leucé était une nymphe qui fut aimée d'Hadès. Il tomba amoureux d'elle et l'emmena aux Enfers, mais elle était une divinité mortelle. Elle a vieilli et est morte de façon naturelle. 

 

Pour la garder toujours près de lui, transforma son corps en un peuplier blanc argenté qu'il plaça sur le bord de l’Achéron, le fleuve des Enfers. Elle demeure depuis, dans l'Autre Monde, sur la rive du fleuve "Mémoire". 

Gustave Doré  (1832–1883) Océanides (Naïades de la mer) v.1860 

 


 

 

Héraclès et la couronne rameaux de peupliers

 


Lors de son onzième travail qui consiste à combattre Cerbère, le chien tricéphale gardien des Enfers, Héraclès découvre le peuplier au bord de l’Achéron. 

 

Héraclès ramène alors du séjour des morts un rameau de peuplier, qu’il tresse et dont il se fait une couronne.

 

Les feuilles extérieures de cette couronne demeurèrent noires, car le noir est la couleur de la fumée de l'enfer, mais les feuilles qui touchaient le front d’Hercule pâlirent au contact de sa sueur, et devinrent argentées. 

 

Ovide - Les Métamorphoses - livre 9

Capture de Cerbère par Héraclès, par Hans Sebald Beham, 1545.

 

 

 

Phaéton et les Héliades

 

 

Le jour où Phaéton apprend que son père est le Soleil, il court jusqu’à lui et lui demande de conduire son char durant une journée. 

 

Hélios essaie de le dissuader car personne n’est capable de guider les chevaux divins hormis lui. Ce garçon imprudent réussit à obtenir de son père la permission de conduire son char, le char du soleil. 

 

Phaéton, arrivé en hauteur, effrayé par l'altitude et, par les animaux du zodiaque qui le menacent, sent la peur et l’angoisse l’envahir. Incapable de tenir les rênes, il les lâche,  perd le contrôle de l'équipage, et provoque l’affolement des chevaux ailés qui descendent à une allure vertigineuse vers la Terre, et commence à mettre le feu à la Terre épouvantée.

 

Gaïa, presse Zeus d’intervenir, qui pour éviter une catastrophe universelle est contraint de le foudroyer. Il tombe dans la fleuve Éridan - actuellement le Pô -, où les naïades enterrent ses restes. 


Ses sœurs, les Héliades, ("enfants du soleil"), filles d'Hélios et de Clymène, retrouvent son tombeau et lui rendent les honneurs funèbres. Elles  se montrèrent folles de chagrin. Elles pleurent tant et si longtemps qu'elles s'enracinent, se couvrent d'écorce, de feuilles et de branches, se métamorphosant en peupliers noirs près de l’Eridan, bordant le Pô.

Leur mère qui tente d'intervenir ne peut que leur arracher du sang.

"Arrête, mère, je t'en prie, c'est notre corps que tu déchires en cet arbre [...].

De leur écorce coulent des larmes et des branches nouvelles ruissellent des gouttes d'ambre qui durcissent au soleil. Recueillies par le fleuve limpide, elles serviront de parure aux femmes romaines."  
 

Ovide - Les Métamorphoses - Les "Héliades", II, V. 333-366

Santi di Tito  (1536–1603) Métamorphose des Héliades


 

 

 

La métamorphose des Héliades en peuplier dans l'art

 


Tapisserie :

histoire de Phaéton, la tombe de Phaéton et la métamorphose des Héliades
Ecouen, musée national de la Renaissance

Détail de la tapisserie avec la métamorphose des Héliades :

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d’Ecouen) / Gérard Blot


 


 

La mort de Phaéton et la transformation des Héliades, ses sœurs

Brebiette Pierre (1598-1650) – conservé au Musée du Louvre

Dessin de présentation pour servir de modèle au graveur.

Dessin préparatoire pour les illustrations des "Tableaux des Vices et des Vertus",

livre publié en 1655 par Marolles sous le titre "Temple des Muses"

 


 

 

Le Temple des Muses,

dessiné  et gravé par Bernard Picart le Romain  (1673-1733). Graveur

Antoine de Labarre de Beaumarchais, (16..-1757?). Auteur du texte

Éditeur : A Amsterdam, // Chez Zacharie Chatelain // MDCCXXXIII


 

 

 

 

Tenture Les Métamorphoses d’Ovide

D’après Battista DOSSI – La chute de Phaéton

Tissée pour le duc Hercule II d’Este,

dans l’atelier de Hans Karcher à Ferrare, en 1545


 

 

 

Les Héliades changées en arbre,


Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile,

déduisant comme amour le combat à l'occasion de Polia
trad. de langage italien en français par Jean Martin et Jacques Gohorry ; 

décoré de dessins de Mantegna,

gravés sur bois par Jean Cousin et Jean Goujon ;

publ. par Bertrand Guégan, d'après l'édition Kerver Colonna, Francesco (1433?-1527).


 

 

 

 

Giovanni Antonio Bazzi, dit Le Sodoma (1477-1549)peintre italien de la haute Renaissance.


Les Héliades étaient inconsolables et le pleuraient jour et nuit, jusqu’à finalement se métamorphoser en peupliers… Cignus, qui était le jeune amant de Phaéton, était désespéré lui aussi, et fut transformé en cygne.

Chute de Phaéton avec la métamorphose des Héliades


 

 

 

Robert de Baudous (V.1575-V.1659)

d'après Hendrick Goltzius,

après 1655

Les soeurs de Phaéton changées en arbre, et Cygnus en cygne, gravure,

 


 

Entourage de Francisque Millet (1642-1679), 

Paysage avec les soeurs de Phaéton transformées en peupliers

autour de sa tombe,


 

 

 

 

Jaspar Isaac (Isac ou Isacsz -V.1585-1654) graveur et un marchand d'estampes français d'origine flamande

Phaéton et les Héliades - 

Les Métamorphoses d’Ovide, Paris, Veuve l’Angelier, 1617
 

 

 

 

Les Hespérides

 


Filles d'Atlas et d'Hespéris, les nymphes du couchant résident dans le jardin abritant les pommes d'or. Lorsque Héraclès les dérobent elle sont transformées en arbres. Hespéra devint un peuplier, Erythée un orme et Eglé fut changée en Saule. 

 

Hespéra devint un peuplier, Erythée un orme, Eglé le tronc sacré d’un saule 


Ovide (Argonautiques, IV, 1423-1428).

Albert Herter - Jardin des Hespérides


 

 

 

Hécate déesse de l'Ombre et de Morts

 

 

Les peupliers noirs (Populus nigra) symbole d'Hécate, lui étaient dédiés et on ne la conjurait que par des incantations, des philtres d'amour ou de mort. 

 

En épousant Hadès, dieu des Enfers, Hécate accède au rang de reine du monde souterrain. Elle laissera sa place à Perséphone, déesse de la germination. 

 

Hécate présente deux aspects opposés : déesse protectrice liée aux cultes de la fertilité, accordant richesse matérielle et spirituelle, honneurs et sagesse, conductrice des âmes, mais aussi déesse de l'ombre et des morts.

 

Théogonie d'Hésiode.

 


 

 

Diopatra,  naïade du mont Othrys 

 


Diopatra était une naïade du mont Othrys et l'une des Spercheides . Elle était la fille du dieu du fleuve Spercheus et de la naïade Deino . 

 

Cerambus, reconnu comme le plus grand chanteur de son temps, raconta, lorsque le dieu Poséidon tomba amoureux de Diopatra, le dieu transforma ses sœurs en peupliers afin de ravir la jeune fille, mais a restauré leur forme d'origine après avoir satisfait ses désirs. 

 

Les nymphes méprisées, ont transformé Cerambus en un coléoptère rongeur de bois Cerambyx. Peu de temps après, il y eut une gelée soudaine et les ruisseaux gelèrent, le froid prédit vint enfin, et son bétail périt ainsi que les arbres et les sentiers.

 

Le nom de Diopatra signifie "famille divine" qui vient de dion et patra.


Antoninus Liberalis , Métamorphoses XXII

Naïade par Paul Chabas

 

 

 

Hymne à Demeter



Érysichthon, fils du roi de Thessalie Triopas, prit une vingtaine d'hommes avec lui et alla à la plaine du Dotion, au pied du mont Ossa.

 

Là se trouvait un bosquet planté par les Pélasges consacré à Déméter. Au centre se trouvait un peuplier qu'affectionnaient particulièrement les nymphes et qui dominait les environs.

 

Érysichton ordonne à ses hommes d'abattre cet arbre. Déméter ordonne alors à sa prêtresse Nicippé d'aller raisonner le prince qui la repousse. Il finit par abattre l'arbre.

 

Déméter furieuse, l'affecte alors d'une faim insatiable. Triopas chassa ce coûteux fils de chez lui et Érysichthon passa le reste de sa vie à mendier et fouiller les ordures.


Callimaque - Les Hymnes

Le Bûcheron et l’Hamadryade - Émile Bin (1870).

 

 

 

Oracle  Peupliers

 

 

A Pagae sur le golfe de Corinthe, existait un "peuplier noir oracle" situé dans un sanctuaire dédié à la Héra, déesse du mariage et de la fécondité.

 

 

 

Mythologie celtique

 


Pour les druides, le peuplier symbolisait le vieil âge de l'homme en raison de ses feuilles blanches. L'arbre abritait les dieux, incarnait les plus nobles passions et les meilleures vertus.

 

L’alphabet celtique ancien est composé de 20 lettres Ogham, chacune assignée à un arbre particulier et ayant une signification symbolique particulière. 

 

Le peuplier est assigné à l’Ogham pour "E", Edad/edhadh (Peuplier/tremble)
et représente la victoire, la transformation et la vision. C’est l’arbre tremblant, murmurant, parlant, tout à la fois le vent, le souffle, la respiration, la parole, la communication, le mouvement.

 

Dans le calendrier celtique, point de solstice, mais des équinoxes : celui du printemps pour le peuplier blanc et celui d’automne pour le peuplier noir.


 

 

 

Le peuplier dans la religion Chrétienne

 

La Bible 

Genèse 30


37 - Et Jacob prit des branches fraiches de peuplier blanc, de coudrier, et d'erable, et y pela des raies blanches, mettant à nu le blanc qui etait aux branches.


38 - Puis il plaça les branches, qu'il avait pelées, dans les auges, dans les abreuvoirs, sous les yeux des brebis qui venaient boire, pour qu'elles entrassent en chaleur en venant boire.…
 

 


 

Peuplier héraldique

 


Ce meuble se blasonne comme les autres arbres, mais on donne le nom de panelle à ses feuilles lorsqu'il faut indiquer qu'elles sont d'un émail particulier.


d'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason
L.-A. Duhoux d'Argicourt — Paris, 1899


 

Un Peuplier :
. de sinople symboliserait la liberté.
. sur champ d'argent symboliserait une disposition douce.
. sur champ de gueules symboliserait un amour vrai et honnête.
. sur une terrasse de sinople symboliserait un goût pour la vertu.

d'après le Manuel héraldique ou "Clef de l'art du blason" 
par L. Foulques-Delanos, Limoges, oct. 1816

 

 


Blason - ville de Barjouville(Eure-et-Loir) - France

D'or à la bande d'azur chargée de trois oies d'argent, accompagnée en chef de deux coquilles du même, rangées en bande, celle du chef brochant sur l'autre, et, en pointe de trois peupliers de sinople rangés en bande.


 

Il y a 140 millions d’années.

 


les paléobotanistes s’accordent à donner au peuplier une place très ancienne, au sein des angiospermes. Certaines empreintes de feuilles appartenant à cette famille d’arbres ont été retrouvées au Groenland. 

 

 

Il ya 50 millions d'années

 

Face et contre-face de feuille fossile,

Populus Wilmattae (peuplier),

Eocène (50 millions d'années), USA (Wyoming, Green River),

 

 

 

Entre 2750 et 2550 ans av. J.C.

 


Dans des tombes sumériennes ont été retrouvés des couronnes et colliers de feuilles de peuplier. 

 

Cimetière royal d'Ur, artefact


Une couronne de feuilles de peuplier en or, lapis-lazuli et cornaline, a été trouvée avec le corps d'une gardienne accroupie au pied de la bière de la reine Puabi, la Dame d'Ur

 

 

 

VIII° siècle av. J.C.

 


Homère (fin du VIII°  siècle av. J.-C. ) surnommé "le Poète" par les Anciens. 


Iliade


Chant IV


..."Simoïsius s'avançait pour combattre, lorsqu'Ajax lui enfonce sa lance dans la poitrine au-dessus de la mamelle droite : la pointe d'airain ressort derrière l'épaule, et le héros roule dans la poussière.

- Comme le peuplier uni, qui, né sur les bords verdoyants d'un vaste marais, laisse croître à son sommet de nombreux rameaux, et qui, après avoir été coupé par le fer étincelant d'un ouvrier habile pour former les roues d'un char magnifique, gît étendu et désséché sur les rives d'un fleuve : ainsi Simoïsius, fils d'Anthémion, est abattu et dépouillé par Ajax issu de Jupiter"...
 

 


 
 

IV° - III° siècle av. J.C.

 


Théophraste (V. 371 av. J.C.-288 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique, botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste, distinguait trois sortes de peupliers aux propriétés identiques.

 
Livre I 


- le peuplier blanc fait partie, avec le tilleul et l'orme, des arbres dont les feuilles se retournent "après le solstice d'été et on reconnaît à ce signe que le solstice est passé". Elles présentent alors au soleil leur face intérieure, blanchâtre, tandis que la face supérieure est verte, et l'arbre semble changer de teinte. 


- X.

Les feuilles des autres arbres sont (dans chaque essence) semblables entre elles ; cependant celles du peuplier blanc et du ricin sont dissemblables et de configuration variée ; les nouvelles sont arrondies et les anciennes anguleuses, 
 

 

 

I° siècle  av. J.C.

 


Ovide (43 av. J.-C.- 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin 

Les Héroïdes


Œnone à Pâris


..."Il est, je m’en souviens, un peuplier planté sur la rive du fleuve. Tu y gravas des mots qui rappellent notre amour. Peuplier, vis longtemps, toi qui, planté sur le bord du rivage, portes ces mots sur ton écorce ridée : "Quand Pâris pourra respirer loin d’Œnone, l’eau du Xanthe, changeant son cours, remontera vers sa source." Xanthe, remonte maintenant vers elle Ondes, retournez sur vous-mêmes, Pâris peut vivre et avoir abandonné Œnone"...

Reyer Jacobsz. van Blommendael - Paris and Oenone 

 

 

 

Diodore de Sicile (1° av. J.C.) historien grec auteur de la Bibliothèque historique, une monumentale histoire universelle.


..."chez les barbares les plus sauvages, la passion cède à la sagesse et Arès respecte les Muses"... 
 

 

 

I° siècle

 


Dioscoride (20 ap. J.C.-v.40 ap. J.C.),  médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l'œuvre a été une source de connaissances majeures en matière de remèdes. Il est l'auteur du traité " À propos de la matière médicale", plus connue sous le nom latin de "De materia medica".


..."faisait macérer des feuilles de peuplier dans du vinaigre afin de venir à bout des douleurs de la goutte et utilisait sa résine contre les catarrhes gastro-intestinaux"....

 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée "Histoire naturelle" (vers 77).


- "Le peuplier noir possède de grandes vertus. Sa semence, infusée dans le vinaigre, est bonne contre l’épilepsie. Cette espèce fournit un peu de résine qui est employée pour les emplâtres". 


- Quant au peuplier blanc, "on accordait (à ses rameaux) les vertus de prévenir les écorchures et les inflammations diverses, occasionnées pendant la marche par le frottement sur les parties sensibles". 

"Histoire Naturelle" de Pline l'Ancien (manuscrit du milieu du xiie siècle, coll. de l'Abbaye de Saint-Vincent du Mans, France).

 

 

 

II° siècle

 

Galien (129 et mort v. 201), médecin grec de l'Antiquité qui exerça à Pergame et à Rome où il soigna plusieurs empereurs

signale "l’emploi des bourgeons de peuplier". 
 


 

 

XIV° siècle

 


Au Moyen Âge, au peuplier furent associés les souvenirs, la nostalgie, les regrets et les remords, les sentiments coupables, le sacrifice et l'expiation.

 

Paul Serusier- L'Incantation ou Le Bois Sacré (1914) musée des beaux-arts de Quimper.

 


 

Manfredus de Monte Imperiali,

Liber de herbis et plantis, XIVe siècle.

Populus Tremola - tremble

Dans ce manuscrit du Liber de herbis et plantis (ou Tractatus de herbis), Le peuplier y est loué pour les propriétés médicales de sa résine ou de ses feuilles, employées notamment pour lutter contre la goutte ou les douleurs auriculaires.


 

 

 

XV° siècle

 

Konrad Witz (1400-1445)  peintre suisse

La pêche miraculeuse, 1444

Première représentation de paysage réaliste dans l'art. Ici le Léman bordé de peupliers

 

 

 

XVI° siècle

 

 

Au début du XVI ème siècle, il a été fait état d’une pommade confectionnée à base de résine de bourgeons de peuplier destinée aux maux de tête, à la somnolence et à la perte de la parole.

 

 


1503


Raphaël (1483-1520) peintre

"La Crucifixion Mond ou Gavari" - 1503

Peinture religieuse  - National Gallery de Londres

Dans l'iconographie chrétienne le peuplier renvoie à la passion du Christ.


 

 

1538

Thibault Lespeigney (1496-1550) apothicaire-poète 

Promptuaire des médecines simples

..."les bourgeons de peuplier ont fait la gloire du célèbre "onguent populéum" 
Cette onguent calmant était jadis employé, en particulier contre les hémorroïdes"....

 


 

XVI° siècle

 


Olivier de Serres (1539-1619) agronome français, auteur d'un vaste traité, 
"le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs", - 800.


..."En trois especes est distingué le peuplier : populus alba, nigra et libica : en françois appellés aubeau, peuplier et tremble… tous lesquels arbres montent hautement, plus toutesfois l'aubeau et le tremble que ni le peuplier ni le saule,"... 


 

 

 

XVII° siècle

 


Vincenzo Cartari,  graveur

décrit :

..."le peuplier est considéré comme un arbre infernal parce qu'il croît sur les rives de l'Achéron"...
 

 

 

XVIII° siècle

 

 


1749

Le Peuplier d'Italie (peuplier noir) a été introduit en Italie puis en France. Le général Bonaparte apprécia cet arbre, lors de ses campagnes d'Italie, et en fit planter dans l'Est de la France et sur les rives de l'antique canal de Briare.


 

 


Duhamel Du Monceau, Henri-Louis (1700-1782).


Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France. Tome 2 / 


Nouvelle édition, augmentée de plus de moitié pour le nombre des espèces, distribuée d'après un ordre plus méthodique, suivant l'état actuel de la Botanique et de l'Agriculture ; avec des figures, d'après les dessins de
Pierre Joseph Redouté,... Tome second (-quatrième). 

Peuplier faux tremble


 

 

 

Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste, philosophe et écrivain français.


Il a classé le peuplier noir dans les "sédatifs de la douleur musculaire".
 

 

 

En 1795, 


Antoine Baumé, dont la recette est connue, indiquait :

"l'onguent calmant" de bourgeons de peuplier comme sédatif, anti-inflammatoire et antihémorroïdaire.
 

 

 

Madame de Staël (1766-1817) romancière, épistolière et philosophe genevoise et française

Corinne ou l'Italie - XV, 7.


..."Le peuplier, cet arbre régulier comme l'architecture"...,
 

 

 

1797


La Décade philosophique littéraire et politique

Par une société des gens de lettres

Sur le bois du peuplier d'Italie


- 8° Le bois des vieux peupliers, pris au pied des arbres, est excellent pour faire des sabots ; il ne peut pas y en avoir de plus légers : ce n'est pas aujourd'hui qu'on lui connaît cette propriété ; car je trouve dans les Eléments de Mythologie, page 264, "qu'on descendait dans l'antre de Trophonius, vêtu d'une tunique de lin, la tête ceinte de bandelettes, ayant aux pieds des sabots fait avec du Peuplier" (ce qui remonte à la plus haute antiquité.) -
 

 

 

1792


Calendrier républicain


Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1° vendémiaire an I (22 septembre 1792), 


Le Peuplier était le nom attribué au 9e jour du mois de pluviôse. soit 21 - 22janvier

 

Le Soleil est au signe du Verseau

 

Sous un léger tissu s'achemine au Boccage 

La Nymphe au doux Nectar apportant son trousseau 

Bravant Pluie et Hiver, brulante en ce bel âge

Des feux qui vont l'unir à son cher Pastoureau


 


 

 

XIX° siècle

 

 

1814

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) écrivain et botaniste français

Harmonies de la nature 1815, p.101

..."Les peupliers d'Italie ne sont autre chose, suivant l'ingénieux Ovide, que les soeurs de Phaéton"...


Alfred Victor de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.
La neige (1820)


 

Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,

Des histoires du temps passé,

Quand les branches d'arbres sont noires,

Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !

Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,

Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher

L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,

Comme la girouette au bout du long clocher !

....


 

 

 

 

Honoré de Balzac (1799-1850) écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, 


Eugénie Grandet (1834), 


    "- Venez, Cruchot ? dit Grandet au notaire. Vous êtes de mes amis, je vais vous démontrer comme quoi c'est une bêtise de planter des peupliers dans de bonnes terres...

    - Vous comptez donc pour rien les soixante mille francs que vous avez palpés pour ceux qui étaient dans vos prairies de la Loire, dit maître Cruchot en ouvrant des yeux hébétés. Avez-vous eu du bonheur ?... Couper vos arbres au moment où l'on manquait de bois blanc à Nantes, et les vendre trente francs !"

    Eugénie écoutait sans savoir qu'elle touchait au moment le plus solennel de sa vie, et que le notaire allait faire prononcer sur elle un arrêt paternel et souverain. Grandet était arrivé aux magnifiques prairies qu'il possédait au bord de la Loire, et où trente ouvriers s'occupaient à déblayer, combler, niveler les emplacements autrefois pris par les peupliers.

    "Maître Cruchot, voyez ce qu'un peuplier prend de terres, dit-il au notaire, Jean, cria-t-il à un ouvrier, me... me... mesure avec ta toise dans tou... tou... tous les sens ?

    - Quatre fois huit pieds, répondit l'ouvrier après avoir fini.

    - Trente-deux pieds de perte, dit Grandet à Cruchot. J'avais sur cette ligne trois cents peupliers, pas vrai ? Or... trois ce... ce.... ce... cent fois trente-d... eux pie... pieds me man... man... man... mangeaient cinq... inq cents de foin ; ajoutez deux fois autant sur les côtés, quinze cents ; les rangées du milieu autant. Alors, mé... mé... mettons mille bottes de foin.

    - Eh ! bien, dit Cruchot pour aider son ami, mille bottes de ce foin-là valent environ six cents francs.

    - Di... di... dites dou... ou... ouze cents à cause des trois à quatre cents francs de regain. Eh ! bien, ca... ca... ca... calculez ce que que que dou... ouze cents francs par an pen... pendant quarante ans do... donnent a... a... avec les in.. in... intérêts com... com... composés que que que vous ous saaavez.

    - Va pour soixante mille francs, dit le notaire.
    - Je le veux bien ! ça ne ne ne fera que que que soixante mille francs. Eh ! bien, reprit le vigneron sans bégayer, deux mille peupliers de quarante ans ne me donneraient pas cinquante mille francs. Il y a perte. J'ai trouvé ça, moi, dit Grandet en se dressant sur ses ergots. Jean, reprit-il, tu combleras les trous, excepté du côté de la Loire, où tu planteras les peupliers que j'ai achetés. En les mettant dans la rivière, ils se nourriront aux frais du gouvernement, ajouta-t-il en se tournant vers Cruchot et imprimant à la loupe de son nez un léger mouvement qui valait le plus ironique des sourires.

    - Cela est clair : les peupliers ne doivent se planter que sur les terres maigres, dit Cruchot stupéfait par les calculs de Grandet."


 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, 


Notre-Dame de Paris - 


...Jeune fille, le sapin n'est pas beau, 

N'est pas beau comme le peuplier, 

Mais il garde son feuillage l'hiver.

Hélas ! à quoi bon dire cela ? 

Ce qui n'est pas beau a tort d'être ; 

La beauté n'aime que la beauté, 

Avril tourne le dos à janvier...

 

 

Victor Hugo (1802-1885) 

 

Printemps - 


...Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, 

Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! 

Les peupliers, au bord des fleuves endormis, 

Se courbent mollement comme de grandes palmes ;... 

 

Claude Monet - peupliers au printemps

 



 


 

 

Aloysius Bertrand (1807-1841) poète français, inventeur du poème en prose

Jean des Tilles

..."Mais alors des corbeaux qui se balançaient

à la verte flèche des peupliers, 

croassèrent dans le ciel moite et pluvieux"...

 


 

Gérard de Nerval (1808-1855) écrivain  et poète français

 

Le relais

..."Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -

Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !"...

 

 

1848

Les arbres de la liberté

 

 

 

1850

l'abbé Joseph-Simon Méthivier. 

Mémoires d'outre-tombe d'un peuplier mort au service de la République (2e édition) 

Chapitre XIII

..."Comment, en réfléchissant, j'ai découvert, tout peuplier que je suis, qu'il y a en France deux sortes de guerre : la guerre par les CANONS, et la guerre par les FAUSSES IDÉES"...

La première est un jeu pour les Français ; mais la dernière est sérieuse, car elle ne laisse pas pierre sur pierre dans l'édifice social.

 

La Plantation d'un arbre de la Liberté par Jean-Baptiste Lesueur


 


 

 

Charles-Marie Leconte de Lisle (1818-1894) poète français

Phidylé

..."L'herbe est molle au soleil sous les frais peupliers,

Aux pentes des sources moussues"...

 

 

 

Hector Malot (1830-1907) romancier français.

Sans famille (tome 1).

..."Nous allions, et, penché sur le bordage, je regardais les peupliers qui, les racines dans l'herbe fraîche, se dressaient fièrement, agitant dans l'air tranquille du matin leurs feuilles toujours émues; leur longue file alignée selon la rive formait un épais rideau vert qui arrêtait les rayons obliques du soleil, et ne laissait venir à nous qu'une douce lumière tamisée par le branchage"...

 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) poète français


L'heure du berger


..."Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;

Des peupliers profilent aux lointains,

Droits et serrés, leur spectres incertains ;

Vers les buissons errent les lucioles ;"...


 

 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et romancière française


L'innocence

..."Le frivole soleil et la lune pensive
Qui s'enroulent au tronc lisse des peupliers
Refléteront en nous leur âme lasse ou vive
Selon les clairs midis et les soirs familiers"...

 

 


 

1881

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

OEuvres complètes, 

tome 1, Sagesse, 1881, p.275.

..."Cheminons vers la ville au long de la rivière, Sous les frais peupliers, dans la fine lumière"... 
 


 

Charles Le Goffic (1863-1932) Poète français


Recueil : Amour breton (1889).


Les peupliers de Keranroux.


Le soir a tendu de sa brume

Les peupliers de Keranroux.

La première étoile s'allume :

Viens-t'en voir les peupliers roux.

 

Fouettés des vents, battus des grêles,

Et toujours sveltes cependant,

Ils lèvent leurs colonnes grêles

Sur le fond gris de l'occident.

 

Et, dans ces brumes vespérales,

Les longs et minces peupliers

Font rêver à des cathédrales

Qui n'auraient plus que leurs piliers.

 

Vincent van Gogh (1853 - 1890). 1885


 

 

 

Amédée Masclef (1858-1916) Abbé et botaniste français surtout connu pour son ouvrage en trois volumes de 400 planches.

"Atlas des plantes de France" publié à Paris en 1891 et réédité en 1893.

 

Atlas des plantes de France. 1891 

Peuplier tremble

 

 

Peuplier noir

 

 

 

1891

 

Sous les peupliers : souvenir du 6 septembre 1891 : 

valse : pour piano / par Edgard A. Arachtingi,... ; 

illustré pa H. Viollet Arachtingi, Edgard A. Compositeurs

 

 

 

Camille Soubise (1833-1901) / F. Doria  - auteur -

 

 

La Chanson Des Peupliers


Le soir descend sur la colline,

La lune monte dans les cieux

Et les bois fleuris d'aubépine

Sont pleins de bruits harmonieux !

Quelle est cette voix qui soupire

Dans la brume, au déclin du jour ?

On dirait une immense lyre,

Préludant à des chants d'amour !

 

Le vent souffle, dans les ramures,

Dans les genêts, dans les sentiers

Entendez-vous ces doux murmures ?

C'est la chanson des peupliers !

 

Voici le chœur errant des brises,

À leurs accords il vient s'unir,

 

 

 

XX° siècle

 

 

 

1905

Colette (1873-1954) femme de lettres française, également mime, comédienne, actrice et journaliste.

Dialogues de bêtes - 1905, p.121

..."La voix continue du peuplier, ce mât feuillu de monnaies rondes"...

 

 

 

1912

Anatole France (1844-1924) écrivain français, et critique littéraire.

Les Dieux ont soif, 1912, p.167.

..."Sur une cour, où s'élevait un arbre de la liberté, un peuplier, dont les feuilles agitées rendaient un perpétuel murmure, la chapelle (...) présentait son pignon nu"... 

 

 

 

1914 - 1935

Gaston Bonnier, botaniste français.

Flore complète illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique (comprenant la plupart des plantes d'Europe), tome 10, Paris, E. Orlhac, 1914-1935.

Peuplier noir (2548), peuplier blanc (2549) et peuplier tremble (2550). 

 

 

 

1915

Joris-Karl Huysmans (1848-1907) écrivain et critique d'art français

La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915

..."Ce jardin était silencieux, avec ses allées tombales, ses peupliers étêtés, ses gazons piétinés, à moitié morts"...
 

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) poétesse française


Recueil : "Les Pipeaux"

 


Les peupliers


Les grands peupliers longent le ruisseau ;

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.

 

Un par un, faisant un tremblant rideau

Au torrent qui bavent,

Les grands peupliers longent le ruisseau,

Et vont, d’un air grave.

 

Fiers de tout ce qui se passe là-haut,

Et qu’eux seuls ils savent,

Hochant sur le ciel leur léger plumeau,

Avec des airs graves…

 

Les grands peupliers longent le ruisseau.

 

Ruisseau aux grands peupliers par Henry Moret


 

 

 

Charles-Louis Gatin (1877-1916) botaniste français 

Les arbres, arbustes et arbrisseaux forestiers, Paris, 1932.

 

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 


Les hauts peupliers

 

Mon père aimait les chênes ;

Ma mère les sorbiers,

Moi, j’aimais les fontaines

Et les hauts peupliers.

 

De ma chambre d’enfant,

Je les voyais jouer

Comme des lévriers

Avec le chat du vent.

 

Leurs jeux, dans le soleil,

Jetaient sur mon cahier

Des ombres mordorées

Et des morceaux de ciel.

 

 Ce qu’ils devenaient calmes

Lorsque tombait le soir !

Sur leurs branches étales,

Ils prenaient des étoiles.

 

Et tout en les berçant,

Me berçais si longtemps

Qu’à mon tour, en rêvant,

Je me voyais, jouant,

Etoile dans le vent.

 

Claude Monet champ et peupliers

 


 

 

Pierre Menanteau (1895-1992) poète français.

 

Peuplier


Peuplier, peuplier,

Arbre si bien lié

Au moindre vent qui passe,

C'est toi, qui, le premier,

Pressentis dans l'espace

Un souffle, on ne sait quoi

Qui devance le froid.

 

Peuplier, peuplier,

Torche d'inquiétude

Erigée en l'été

Que ton feuillage élude,

Ne me crois pas lié

Au froid de ton aubier.

 

Peuplier, peuplier,

Sous mon humaine écorce

J'ai mon chaud, j'ai mon froid

Soumis à d'autres lois

Que celles qui te forcent,

O toi, si bien lié.

 

Alfred Sisley - peupliers


 

 

 

Edmond Rostand (1868-1918) écrivain, dramaturge, poète et essayiste français.

publié dans Le Figaro, le 10 mai 1917 :

 

 (...)

C’est l’heure où l’on sort de son trou

La bouche amère et le cœur mou.

Pour souffrir ce qu’on a souffert,

On remet son chapeau de fer.

Des hommes passent, lourds, pliés,

Et la route est sans peupliers.
 

 

 

Bertolt Brecht (1898-1956) dramaturge, metteur en scène, écrivain et poète allemand.


Traduction Michel Cadot


Le peuplier de la Karlsplatz

 

Un peuplier se dresse sur la Karlsplatz

A Berlin, au milieu du désert.

Les gens qui passent sur la place

Regardent avec plaisir son feuillage vert.

 

Pendant l’hiver de quarante-six

On avait froid et le bois était rare

Bien des arbres furent jetés bas

Et ce fut leur dernière année de vie.

 

Mais le peuplier de la Karlsplatz

Nous montre encore son feuillage vert :

Merci aux habitants de la place

Qui pour nous le conservèrent !
 

 

 

 

Octavio Paz (1914-1998) poète, essayiste et diplomate mexicain,

 


Quatre peupliers

 

Comme derrière elle-même va cette ligne

qui se poursuit dans les limites horizontales

et dans l’occident toujours fugitif

où elle se cherche se dissipe

 

– comme cette même ligne

par le regard levée

change toutes ses lettres

en une colonne diaphane

résolue en une non touchée

ni entendue ni vue mais pensée

fleur de voyelles et de consonnes

– comme cette ligne qui n’en finit pas de s’écrire

et avant de se consumer se redresse

sans cesser de s’écouler mais vers le haut :

les quatre peupliers.

 

Aspirés

par la hauteur vide et là en bas,

dans une flaque faite ciel, dupliquée,

les quatre sont un seul peuplier

et ils n’en sont aucun.

 

Derrière, frondaisons en flammes

qui s’éteignent – le soir à la dérive –

d’autres peupliers déjà haillons spectraux

interminablement ondulent

interminablement immobiles.

 

Le jaune glisse vers le rose,

la nuit dans le violet s’insinue.

 

Entre le ciel et l’eau

il y a une frange bleue et verte :

soleil et plantes aquatiques,

calligraphie ardente

écrite par le vent.

 

C’est un reflet suspendu dans un autre.

 

Passages : palpitations de l’instant.

Le monde perd corps,

il est une apparition, il est quatre peupliers,

quatre mélodies mauves.

 

De fragiles branches grimpent par les troncs.

Elles sont un peu de lumière avec un peu de vent.

 

Va-et-vient immobile. Avec les yeux

je les entends murmurer des paroles d’air.

 

Le silence s’en va avec le fleuve,

revient avec le ciel.

 

Réel est ce que je vois :

quatre peupliers sans poids

plantés sur un vertige.

 

Une fixité qui se précipite

vers le bas, vers le haut,

vers l’eau du ciel dormante

en un svelte effort sans dénouement

pendant que le monde lève l’ancre vers l’obscur.

 

Pulsation de clartés dernières :

quinze minutes assiégées

que Claude Monet voit d’une barque.

 

Dans l’eau s’abîme le ciel,

en elle-même l’eau fait naufrage,

le peuplier est un coup de feu bleu :

ce monde n’est pas solide.

 

Entre être et ne pas être titube l’herbe,

les éléments s’allègent,

les contours s’estompent,

moires, reflets, réverbérations,

scintillement de formes et présences,

brume d’images, éclipses,

nous sommes ce que je vois : miroitements.

 

Claude Monet - quatre peupliers

 

 

 

Léo Ferré (1916-1993) auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète franco-monégasque.


Benoit misere 


..."Je n'existe que pour mieux m'extasier devant tout ce que j'invente : 

quand je vois un peuplier, c'est moi qui le fais, à l'instant même, 

et il meurt dès que je meurs à lui"...

 

 

Edmond Vandercammen (1901-1980) peintre et poète belge d'expression française.

 

Le peuplier

 

Le temps est-il ce peuplier

Que j’interroge à ma fenêtre ?

Comme moi, il a ses saisons,

Les songes renaissant

D’une mémoire paysanne,

Mais sa durée est compromise

Par les tempêtes enivrées

Que lui réservent les automnes.

 

 À quelle altitude céleste

Portera-t-il le poids de ses années ?

A mon réveil je le salue :

Il me répond

Par une danse dans le vent.

 

 Je lui propose un long voyage

Dans la campagne des ancêtres :

Il me répond par le gémissement

De ses racines fatiguées.

 


 

 

Roger-André Halique (1938) poète français 

 


Les peupliers


Ecoute dans le matin

Ces arbres qui te parlent !

Ils te disent que le temps passe

Comme les nuages au dessus d’eux

 

Regarde les papillons d’argent

Qui frémissent dans leurs branches !

Ils butinent le soleil

Pour donner du miel à tes yeux

 

Sens-tu ce vent qui te porte ?

S’il est facteur de pollens et de pleurs

C’est en confidence qu’ il te souffle

Que l'Amour est éternel.


 

 

 

La Cathédrale verte

De Groene Kathedraal


1968


Inspiration Cathédrale Notre-Dame de Reims


La Cathédrale verte (en néerlandais : De Groene Kathedraal) est une plantation artistique de peupliers d'Italie (Populus nigra italica) située près d'Almere, aux Pays-Bas et conçue par l'artiste Marinus Boezem qui imite la taille et la forme de la Cathédrale Notre-Dame de Reims. La cathédrale verte mesure 150 m de long et 75 m de large, et les peupliers matures mesurent environ 30 m de haut.


Ce projet de land art a été installé en avril 1987 sur un terrain de polder ; 178 arbres ont été plantés sur une butte, à un demi-mètre au-dessus de la zone environnante. Au cours des années suivantes, certains arbres ont été remplacés en raison des dommages causés par les cerfs et de la pierre a été posée dans le sol pour faire écho aux nervures transversales et aux poutres de soutien de la cathédrale.


Tout juste à proximité, une clairière a été aussi crée plus tard qui reprend exactement l'empreinte de la cathédrale.


 

 

 

René Char (1907-1988) poète et résistant français.


Le Nu perdu, 1971.

 

Effacement du peuplier

 

L’ouragan dégarnit les bois.

J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres.

Laissez le grand vent où je tremble

S’unir à la terre où je crois.

 

Son souffle affile ma vigie.

Qu’il est trouble le creux du leurre

De la source aux couches salies !

 

Une clé sera ma demeure,

Feinte d’un feu que le cœur certifie ;

Et l’air qui la tint dans ses serres.


 

 

 

1976

Jacques Prévert, 

éditions Gallimard, 1976, p. 69 

..."Deux amoureux humains - deux rescapés - s'approchèrent d'un peuplier - sur son cœur ils gravèrent - leurs cœurs et leurs noms enlacés - et furent épargnés"...

 

 

Miguel Delibes Setién (1920-2010) écrivain espagnol.

Vieilles histoires de castille 

..."Le village demeure, et il reste quelque chose de chacun, accroché aux collines, aux peupliers et aux champs de blé"...

 

 

1996

Nathalie Tordjman (1956), écrivaine et journaliste

Le Peuplier, Le Nom de l’arbre, Actes Sud, 1996, page 47


..."Arbre d’alignement dressé dans la campagne, le peuplier sert de repère aux voyageurs. Arbre de plantation hors des forêts, il profite à ceux qui vendent son bois. Libre, il colonise les bords des ruisseaux et des fleuves en compagnie de son proche parent, le saule"...
 

 

 

XXI° siècle

 

 

Nâzım Hikmet Ran (1901-1963) poète turc, puis citoyen polonais

(Poésie du Monde – Seghers 2003)


 

Le peuplier

 

L’arbre, on l’admire toute la nuit

Dans l’eau, c’est un cyprès d’argent

Pour Nédime, poète d’Istanbul.

 

Essénine de Riazan

Aime les mariées en blanc

Bouleaux tristes et mélancoliques.

 

Un peuplier frissonne en moi

Où que je sois j’entends sa voix

Depuis que je suis en exil.

 

Comme chaque arbre le peuplier

Se tient debout sa vie durant

Guettant sans répit des choses.

 

Il guette tout au long des routes

Les villages d’Anatolie

Durant l’été chaud et roussi.

 

Il m’a guetté moi aussi

Et il criait dans la nuit

Face aux grilles de la prison.

 

Témoin de nos déchéances

Témoin de notre malchance

Témoin de nos espoirs.

 

Témoin aussi de nos misères

Et du travail de la terre,

Ah ! Sacré peuplier va.

 

Mais chanter les peupliers,

Se contenter de les aimer

A quoi bon, mon cher pays !

 

Penché sur la terre noire

Essuyant mon front en sueur

Je n’ai pu planter un seul peuplier. 


 

 

 

 

2010

Brigitte Broc (Auteur) 

La demeure du peuplier

Poèmes

 


 

2010

Michel Bussi (1965)

Nymphéas noirs (Éditions Presses de la Cité, 2010), 


..."Ce matin d'ailleurs, dehors, le bruit des tronçonneuses était infernal. J'ai appris ça il y a peu de temps. Ils ont décidé, à ce qu'il paraît, de scier quatorze hectares de peupliers.

Oui, abattre des peupliers ! Ici, à Giverny ! D'après ce qu' j'ai compris, ces peupliers ont été plantés au début des années 1980, des petits arbrisseaux de rien du tout à l'époque, sans doute pour rendre le paysage plus impressionniste encore. Sauf que, depuis, des spécialistes, d'autres sûrement, ont expliqué que ces peupliers n'existaient pas du temps de Monet, que le paysage de la prairie qu'admirait le peintre à la fenêtre de sa maison était ouvert, et que plus les peupliers poussent, plus leur ombre recouvre le jardin, l'étang, les nénuphars... Et moins l'arrière-plan des tableaux de Monet devient reconnaissable à l'horizon par les touristes. Donc, c'est apparemment décidé, après avoir planté les peupliers, maintenant, on les coupe ! Pourquoi pas après tout, si ça les amuse. Il y a des Givernois qui gueulent, d'autres qui applaudissent. Moi, je vais vous dire, aujourd'hui, je m'en fous"...
 

 

 

2011

Philippe Conter

Déjà l'automne chez les peupliers


 

 

 

Mythes et légendes

 


- Autrefois, le peuplier etait lié aux Enfers, la douleur et au sacrifice, ainsi qu'aux larmes.

 
- Le peuplier noir est aussi un arbre fécond lié aux rites conjugaux. 


- si une jeune fille glisse sous son oreiller trois feuilles de peuplier, elle rêvera de son fiancé.


- Autrefois, dans la campagne de Bologne, à la naissance d’une fille, on plantait, si on le pouvait, jusqu’à mille peupliers ; et on en prenait grand soin jusqu’au mariage de la jeune fille ; alors on les coupait, et le prix de la vente était la dot de la mariée. 


- En Sicile, ce peuplier, qu’on appelait sainte poutre, était coupé à la veille de la Saint-Jean. Il symbolisait alors la plus grande ascension solaire et la chute qui la suit. 


- le peuplier est l'arbre de cérémonie amérindienne de la danse du Soleil.


- Méditer sous un peuplier, aide à oublier les choses futiles, pour accéder à votre paix intérieure.

 

 

 

Signification du peuplier

 


C'est l'arbre de la mélancolie, du souvenir des êtres disparus...

Le peuplier est aussi toujours porteur d'espoir et promesse de régénérescence.


- Symbole de liberté, arbre du peuple, un peuplier (d'où son nom tiré du latin Populus), préféré au chêne depuis la révolution française est planté en place publique dans de nombreuses communes de France.

Peuplier noir : le courage

Peuplier blanc : le temps, le courage d'entreprendre et la patience.

 


 

Utilisation du peuplier

 


La France est aujourd’hui le premier exportateur européen de bois de peuplier et le deuxième mondial.

 


Usage

 


- Les cultures en alignements

Les plantations en alignements sont largement pratiquées à travers le monde. 


- Le peuplier est largement utilisé comme brise-vent (Populus nigra var. ‘Italica’), dans la lutte contre l'ensablement, comme arbre de bord de route ou canal), pour l'ombrage ou pour leurs qualités ornementales.


- C'est un bois blanc tendre et léger  est facile à coller, à teindre, à peindre, à clouer et à agrafer, mais il se scie et se ponce difficilement.


- Les belles billes servent au déroulage. On en fait des panneaux (lattes, contreplaqués), boîtes à fromage, emballages légers et  bourriches. On l'utilise pour la fabrication de petits meubles. La qualité inférieure sert généralement pour la fabrication de palettes, de cagettes ou de pâtes à papier.


-  Au siècle dernier, dans les régions de production, il servait de bois de charpente; léger et résistant, on l'utilisait comme volige, chevron ou poutre en tronc entier.


- Les peupliers sont cultivés de façon industrielle par des "populiculteurs" dans des zones dédiées dites peupleraies ou ramiers en région toulousaine.


- Le peuplier fait partie des plantes pouvant absorber et dégrader le trichloroéthylène (TCE), un polluant fréquent des nappes dans les régions industrielles et urbaines.

 

 

 

Vertus médicinales 

 

- Son écorce comme celle du saule a été utilisée pour combattre la fièvre.

 
- L'emploi de ses feuilles, bourgeons ou jeunes rameaux, pour leurs propriétés diurétiques et antirhumatismaux. 


- En usage externe, on l'utilisait dans des pommades cicatrisantes. Sous forme de poudre de charbon de bois, il est toujours employé pour lutter contre l'aérophagie.


- Les bourgeons parfumés et résineux du peuplier baumier sont largement utilisés pour fabriquer des pommades apaisantes, appliquées sur les plaies ouvertes, blessures et infections. Le peuplier baumier contient de la salicine, un analgésique


- Les amérindiens utilisaient sa résine contre les maladies de peau.

 

 

 

Peupliers remarquables

 

 

Peuplier d'Italie - populus italica


un spécimen dans la commune de Charmes-sur-l'Herbasse (Drôme) mesure 9,65 m de circonférence, 

 

 


peupliers de Caroline - Populus x canadensis, 


Au Parc Lafontaine, quelques spécimens mesurent plus de 2 m de diamètre. 


 

 

Pando, âgé de 80.000 ans

Pando serait le plus grand et le plus vieil organisme végétal au monde.

Pando (qui, en latin, signifie "je m'étends") est le nom donné à une immense colonie clonale de peupliers faux-trembles (Populus tremuloides), située à l'ouest des États-Unis dans l'Utah,aux États-Unis, cette forêt de 43 hectares se compose de 47.000 arbres génétiquement identiques et reliés à un seul et même système racinaire. 


 

 

 

 

 

Les peupliers dans l'art

 

 

André Brasilier (1929-2021) peintre français,

Les peupliers bleus , 1929-2021


 


Max Beckmann (1884-1950) peintre et dessinateur allemand

Paysage avec peupliers


 

 

Salvador Dalì (1904-1989) peintre, sculpteur, graveur

Madrid architecture et peupliers


 

 

Henri Joseph Harpignies (1839-1916) peintre

Peupliers


 

 

Utagawa Hiroshige  (1797-1858) dessinateur, graveur et peintre japonais.

estampe 13, 

douzième station des Cinquante-trois Stations du Tōkaidō, 1833-34.  

Numazu-juku


 

 

Katsushika Hokusaï  (1760-1849) peintre, dessinateur et graveur 

Hodogoya sur la route du Tokaido, 

trente-sixième des Trente-six vues du mont Fuji, vers 1830.


 

 

Paul Klee (1879-1940) peintre allemand 

Paysage avec peupliers


 

 

Gustav Klimt (1862-1918) peintre symboliste autrichien

Le grand peuplier

 

 

Gustav Klimt (1862-1918) peintre symboliste autrichien

Orage approchant (Le Grand Peuplier II)

 

 

 

1891 

Gustave Loiseau peintre postimpressionniste français.

Les peupliers

 

 

Gerhard Marcks (1889-1981)

Peuplier isolé


 

 

Henri Martin peintre post-impressionniste français.

Les peupliers, 1934 

Musée d’art moderne de la ville de Paris

 

 

 

Claude Monet  (1840-1926) peintre français

Sous les peupliers, effet de soleil, 1887,

Staatsgalerie Stuttgart.

 

 

 

Claude Monet  (1840-1926) peintre français

De l'été à l'automne 1891

"Les Peupliers" série de vingt-trois tableaux impressionnistes 

 

Peupliers près de Giverny, temps couvert

Moa Museum Art


 

Rangée de peupliers en automne 

Collection privée

 

 

Peupliers au bord de l'Epte, automne    

collection privée

 

 

Les Peupliers, effet blanc et jaune 

Philadelphia Museum of Art  

 

 

Les Peupliers au bord de l'Epte  

Tate Modern Londres

 

 

Effet de vent, série des peupliers

Musée d'Orsay - Paris

 

 

Les Trois Arbres, temps gris

collection privée


 

 

Les Trois Arbres, printemps

Dallas Museum of Art24

 

 

Les Trois Arbres, été

The National Museum of Western Art Tokyo

 

 

Trois Peupliers, effet d'automne

collection privée

 

 

Les Peupliers, trois arbres roses, automne

Philadelphia Museum of Art

    

 

Les Trois arbres, automne 

collection privée

 

 

Les Quatre peupliers

Metropolitan Museum of Art

 

 

Peupliers sur l'Epte    

National Gallery of Scotland

 

 

Peupliers au bord de l'Epte, vue du marais    

collection privée

 

 

Peupliers, vus du marais    

Fitzwilliam Museum


 

 

Pierre Eugène Montézin (1874-1946) peintre post-impressionniste français

Ruisseau bordé de peupliers


 

 

Francis Picabia (1879-1953) peintre, dessinateur et écrivain français,

Les Peupliers, Moret-sur-Loing

 

 

 

 

Egon Schiele  (1890-1918) peintre et dessinateur autrichien rattaché au mouvement expressionniste.

La querelle du peuplier Soleil d’automne par (1912) Leopold Museum, Vienne


 


Paul Sérusier  (1864-1927) peintre postimpressionniste français,

Paysage d'automne aux trois peupliers - 

 

 

Alfred Sisley (1839-1899) artiste peintre et graveur anglais, 

Ligne de Peupliers à Moret sur Loing

 

 

L'allée des peupliers au bord du Loing (1892)

collection particulière. 


 

 

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

Allées de peupliers en automne, Nuenen 1884

musée Van Gogh d'Amsterdam

 

 

 

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

Verger en fleurs avec peupliers


 

 

Pierre-Eugène Vibert (1875-1937) artiste peintre, dessinateur, illustrateur et graveur suisse 

Les peupliers - 1904


 

 

Einar Wegener (Lily Elbe) artiste peintre

Peuplier sur Hobro


 

 

 

Pour en savoir plus : 


. Jean-Marie Pelt - Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), 


. Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842


. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 


. Jean Gadant, auteur de l'article intitulé "Les arbres du souvenir et de la Liberté." (Revue Forestière Française, 1989) 


. Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) 


. Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015),


. Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),

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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 17:48

 

 

Mythologie des arbres

 

L'aulne - alnus

 

vergne ou verne

 


L'aulne (Alnus) ou aune forme un genre d'arbre de l'hémisphère nord poussant sur les sols humides, de la famille des bétulacées. Il est aussi nommé vergne ou verne.

 

 


Alnus Glutinosa

 Au bord de la rivière les racines de l’aulne

se nouent se tordent    ruissellement ligneux

cascade de branches nouées    amarres en désordre

serpents minéralisés qui vont boire dans l’eau

Claude Roy (1915-1997), Le voyage d’automne, Ed. Gallimard, 1987
Paris samedi de Pâques 29 mars 1986



 

 

Aulne commun - Alnus glutinosa 

Aulne glutineux

 


L'aulne le plus commun en Europe de l'Ouest, est un arbre de taille moyenne, pouvant atteindre 20 à 30 mètres, portant ses branches quasi horizontalement, et croissant très fréquemment dans les bois humides, marécages, sur les berges,  habitué des bords de rivières de France. 


Des bourgeons violacés qui garnissent les rameaux en fin d'hiver, naissent de petites feuilles,  largement ovales, crénelées-dentées, vert foncé, accrochées à de long pétioles, qui tomberont à l'automne sans avoir vraiment changé de couleur. La particularité de l'aulne glutineux : les jeunes feuilles collent aux doigts, d'où le nom de "glutineux".

 

 

Les premières fleurs mâles sont organisées en bouquets de chatons mâles et femelles, verdâtres puis ocre jaune. Ils pendent aux extrémités des rameaux et libèrent leur pollen de fin février à début avril, avant le développement des feuilles, pour le plus grand plaisir des abeilles. 

 

Ces inflorescences sont bientôt rejointes par les fleurs femelles, globuleuses et pourpres ressemblant à de petits cônes de pins. Elles restent accrochées aux branches tout l'hiver suivant, après avoir noircis et laissé tomber leurs graines. 

Anus glutinosa - Photo - Bruce Marlin

 


 

Son bois est léger, tendre et homogène. Il est imputrescible dans l'eau, mais non durable hors de l'eau. L'important système racinaire de l'aulne est, d'ailleurs, très apprécié pour maintenir les berges et les sols en zones inondables, avec une capacité à accueillir la petite faune. 

aulne glutinosa - Pologne - photo Panek

 

 


Après tronçonnage, la souche d’une verne ne meure pas.  Au contraire, dès le printemps suivant, des rejets profitent du système de racines encore en place pour se développer rapidement. Alors que la vieille souche pourrit lentement, un bouquet de plusieurs brins forme un cercle autour d’elle. La verne ressuscite alors sous une forme légèrement différente que l’on appelle une cépée.

 

Les aulnes forment des futaies appelées "aulnaies". 

Aulnaie de Saint Cergues

 

 

Le genre Alnus comprend environ 30 espèces d'arbres et arbustes de climat tempéré frais qui proviennent surtout des régions fraîches à froides de l'hémisphère nord (Eurasie et Canada) et de l'hémisphère sud le long des Andes.

 

Certaines espèces sont ubiquistes et poussent aussi en conditions plus sèches. Quels que soient les habitats où ils vivent, les aulnes sont surtout des espèces pionnières, à colonisation et à croissance très rapides.

 

 


l'aulne blanc - Alnus incana 

 


Du latin incanus : "couvert de poils blanc grisâtre".


L'aulne blanc, aulne rugueux, aulne de montagne, arcoce ou varne est un arbre, de 7 à 15 m ; pouvant vivre de 60 ans à 100 ans, de la famille des bétulacées, originaire des régions tempérées de l'hémisphère nord. On le trouve en France, surtout dans les Alpes.

 

Les fleurs mâles sont regroupées en grands chatons jaunes pendants terminaux. Les fleurs femelles, beaucoup plus discrètes, rougeâtres, dressées, sont disposées plus haut que les fleurs mâles sur le rameau.


Cette essence de demi-lumière peut fournir des peuplements serrés.


Ses radicelles portent des nodosités abritant des bactéries qui peuvent transformer l'azote atmosphérique en substances assimilables par les plantes.


Si on le nomme Incana, c'est à cause de son écorce lisse et grise, et ses feuilles vert grisâtre sur le revers, alternes avec un long pédoncule, ovale, aiguë, doublement dentée.


C'est une espèce rustique s’accommodant aux situations froides.


On s'en sert  pour la fixation des sols (terrils, carrières), le reboisement des terrains calcaires et l'ancrage contre les glissements de terrain.

 


 

L'aulne à feuilles en cœur - Alnus cordata 

 


L'Aulne de Corse, Aulne cordé, ou Aulne à feuilles en cœur (Alnus cordata), parfois appelé Aulne d'Italie ou Aulne cordiforme est un arbre feuillu de la famille des Bétulacées, originaire du Sud de l'Europe (Italie, Corse). Il se rencontre aussi sur le continent où il est souvent planté et parfois naturalisé. 


C'est un arbre de taille moyenne de 17–25 m, avec un tronc pouvant aller jusqu'à 1 m de diamètre. Son houppier est étroit et conique. L'écorce jeune est lisse, brun gris avec des lenticelles, puis elle devient boursouflée, crevassée, noirâtre en vieillissant.


Les feuilles vert brillant cordiformes (en forme de cœur), avec une fine marge dentelée, sont alternes. Elles sont caduques mais restent sur l'arbre d'avril à décembre dans l'hémisphère Nord.


Les minces chatons cylindriques mâles sont pendants, de couleur jaunâtre ; la pollinisation a lieu au début du printemps, avant l'apparition des feuilles. Les chatons femelles sont vert foncé à brun, dur, ligneux, et superficiellement ressemblants à certains cônes de conifères. Ils sont de forme ovoïde, à maturité en automne.


Les petites graines ailées se dispersent en hiver, laissant le "cône" ligneux noirâtre sur l'arbre jusqu'à un an après.


Ses racines sont étalées et ramifiées.


On le trouve le long des cours d'eau en Corse entre 600 et 1 000 m. Il a été planté en Champagne en mélange avec les pins noirs. Il se régénère spontanément à Angers dans les bras de la Loire.


Il a été utilisé pour la fixation des sols sur sol calcaire. Il rentre aussi dans la composition de nombreuses haies brise vent ou champêtres.


Très apprécié par la faune sauvage, les plantations d’aulnes sont à protéger dans les premières années (tubes, filets…). Son bois est très semblable à l'Aulne glutineux.

photo Alnus cordata. - Sabencia  Guillermo César Ruiz


 


 

 

L'aulne vert  - Alnus viridis subsp. suaveolens 

synonyme : Alnus alnobetula subsp. suaveolens


Alnus viridis, dénommé Aulne vert, Aulne de Sitka, Verne, ou encore Arcoce en Savoie est une espèce d'aulne du genre Alnus, très présente dans toutes les zones froides ou montagnardes de l'hémisphère nord. Il est abondant dans les zones montagneuses de Corse et des Alpes, appartenant à la famille des Betulaceae.


C'est un arbuste de 1 à 3 m de haut, possèdant une écorce brune. 


Ses rameaux glabres avec des bourgeons pointus, à peine pédonculés ; pourprés brillants. Il se signale par son odeur un peu entêtante. Ses feuilles plus arrondies, visqueuses en dessous et très odorantes, vertes brillantes dessous avec des touffes de poils à l'angle des nervures, dents doubles et pointues de forme ovoïde . 


La fleur est un chaton qui apparaît tardivement au printemps après l'apparition des feuilles contrairement à d'autres aulnes. Les parties mâles sont pendantes, tandis que les parties  femelles sont regroupées sur les branches.


Les graines sont de couleur brun clair et disposent d'une fine aile.


L'arbre pousse rapidement même sur des sols pauvres. Il colonise généralement les zones de montagne soumises à des avalanches régulières. Il peut repousser à partir de ses racines. Sa souplesse lui permet de se coucher sous le manteau neigeux, ou de ployer sans dégâts sous l'avalanche. Son système racinaire protège les sols de l'érosion ; les vernes sont donc des arbustes très familiers des ravines et pentes raides de moyenne montagne.

 

La verne est le seul arbre qui laisse à sa mort le terrain plus riche qu’il ne l’a trouvé en naissant. Cette miraculeuse propriété permet aux vernes de pousser dans les endroits les plus pauvres. Ainsi l‘aulne vert réussit à survivre sur les terrils de déchets minéraux.

 
 


 

Aulne de l’Orégon - Alnus rubra 

Aulne rouge

 


Alnus rubra,  l'Aulne rouge, est une espèce d'arbre de 12-25 m, de la famille des Betulaceae.

 
Originaire de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Son nom provient de la couleur rouge que peut prendre son écorce une fois entaillée. il s’agit de l’espèce d'aulnes la plus grande d'Amérique du Nord.  Cet arbre peut vivre jusqu'à 100 ans. 


C'est un arbre à feuilles dentées, ovales, épaisses et non collantes, vert foncé et mates. Son revers est grisâtre et velu le long des nervures, perdant beaucoup de ses feuilles en été. La face supérieure est glabre, mais la face inférieure porte parfois un fin duvet épars lui conférant une teinte rousse. En automne, la couleur des feuilles vire au jaune puis au brun.


Son écorce est lisse gris pâle à crêtes aplaties souvent couverte de lichen blanc.


Les inflorescences mâles et femelles sont des chatons qui apparaissent avant les feuilles au printemps. L'inflorescence mâle est composée de groupes de chatons pédonculés, de couleur vert-jaune devenant souvent rougeâtre, libérant leur pollen en avril . Le chaton femelle, disposé en groupe est plus petit. Il donne naissance à des cônes ovoïdes produisant des graines à ailes très réduites, aplaties, qui se dispersent au vent à partir du mois de mai jusqu'en hiver.


Présent de l’Alaska à la Californie et en Idaho, et résistant à -20 °C.
Bois rougeâtre qui sert à fabriquer des meubles et du papier. Blessures rouges. 


Cette espèce résiste bien aux inondations et peut parvenir à pousser dans des zones où l'eau est un peu saumâtre. Les jeunes arbres peuvent survivre à la destruction en produisant des rejets apparaissant sur la souche.

 

Aussitôt abattu, le bois de la verne change de couleur au contact de l’air. En l’espace de quelques heures, il vire du blanc jaunâtre au rouge brique vif. Cette particularité lui a valu, dans bien des régions, son appellation populaire d’aulne rouge. Pourtant, au fil des mois, cette belle couleur s’atténue pour finalement se stabiliser en un rouge-orange plus ou moins délavé.


 

 

 


Etymologie

 


Le type aulne, aune   qui vient du latin alnus avec une influence francique ( issues de alira, alisa), des mots grecs als : mer et naus : nef - navire (bois employé pour la construction des chaloupes)

Vers 1200 sous la forme ausne 

En 1268-71 aune, arbre; 

Vers 1314 aulne.

Littré (1872-1877) aulne  

Aune est issu du lat. alnus, de même sens

"aulne" vient du radical "al", 

Ancienne appellation "verne" ;

En breton : "guern", d'où le préfixe "Guer".

Allemand : Erle ;  Anglais : alder ; Arabe : ar ; celte : gwern ; Catalan : vern ; Corse : alzu ; Espagnol : aliso ; provençal : vèrna ; Italien : ontano ; Japonais :  hannoki : Norvégien : older ; Occitan : vèrnhe ; Portugais : amieiro ; Russe : olʹchá 

La forte présence de l’aulne (verne) dans le Massif central expliquerait le nom donné aux "Arvernes", Du nom des Arvernes découle celui de l’Auvergne.

"Aulne" a donné "Aunis", vaste plaine calcaire de Charente maritime.


Presque chaque région possède ses lieux-dits : (Vergnes, Vernet, Vernay, Auverné...) et puisent leurs racines dans celles du mot gaulois désignant l'aulne : verno.


 

 

 

Tarins des Aulnes 

 


Ce sont des oiseaux originaires des pays du nord de l’Europe (Scandinavie, Russie, Allemagne,etc …). Ils se nourrissent essentiellement de graines d’épicéas. C'est une espèce de passereaux partiellement migratrice de la famille des fringillidés.
 

A l’automne ils migrent vers le sud et changent leur alimentation  pour se repaître de graines de vernes.

Au cours de leurs migrations qui conduira certains d’entre eux jusqu’en Espagne, ils empruntent “ chemin des Tarins ”. C'est le chemin qui suit les bosquet des rivières, ruisseaux, étendues d'eau, en suivant les alignements de d'aulnes.


 

 

 

L’Aulne

(Aon en breton) - rivière

 

est un fleuve côtier français de 144 km de long1, qui prend sa source sur la commune de Lohuec dans les Côtes-d'Armor et se jette dans la rade de Brest au niveau des communes de Landévennec et de Rosnoën. Sa partie aval est aussi dénommée "Rivière de Châteaulin".

Locmaria-Berrien -  l'Aulne et sa vallée  - Moreau.henri

 

 

 

Mythologie grecque

 


- En Grèce, l’aulne était un  arbre sacré symbolisant la régénération et l’éternité des cycles de vie, un arbre de la vie après la mort.


- La Grèce antique reconnut Phoronée, fils du Dieu Inachos et de Mélia, nymphe du frêne, avec l’aulne sacré. Phoronée gouvernait tout le Péloponnèse et régnait à Argos qu’il avait fondé, où son culte lui survécut longtemps. Il fut le premier utilisateur du Feu que lui aurait donné Prométhée. 


Un culte de l’aulne en Grèce, a survécu à Argos, on retrouve des légendes celtiques, où l’abattage d’un aulne sacré était puni. La maison du coupable était détruite par le feu.

 

- Dans l' Odyssée, Le bois d'aulnes est le premier nommé des trois arbres de résurrection, avec les peupliers et les cyprès, formant un bosquet autour de la grotte de la nymphe Calypso, dans l'île d'Ortygie. 

 

Ulysse est retenu depuis huit ans chez la nymphe Calypso, sur l'ïle d'ortygie

..."Située très loin dans la mer, "au bout du monde", Calypso était là, chantant de sa voix mélodieuse..." On sentait du plus loin le cèdre pétillant et le thuya, dont les fumées embaumaient l'île. Autour de la caverne, s'étendait une forêt luxuriante, composée d'aulnes , peupliers et cyprès odorants, où gitaient les oiseaux à la large envergure, chouettes, éperviers et criardes corneilles, qui vivent dans la mer et travaillent au large"...

Ulysse et Calypso dans les grottes d'Ogygia. Peinture de Jan Brueghel l'Ancien (1568–1625).


 


 

 

 

Mythologie celte 

 


. Le glyphe pour l’aulne est "je suis une larme étincelante du Soleil."


. L'aulne était considéré par les Celtes comme l'arbre de vie et l'arbre de l'union. Il faisait partie du bosquet sacré des druides. 


. L'aulne était magique, son bois devient rouge, lorsqu'on le coupe. 


. Les Celtes choisirent l’Aulne pour symboliser le 4e mois de leur calendrier lunaire (du 18 mars au 14 avril), mois de l’équinoxe de printemps.

 
. Protecteur on utilisait son bois pour fabriquer les boucliers. 


. Il possède des pouvoirs de guérison notamment pour les arbres se situant à sa proximité. (l'aulne a la capacité d'enrichir le sol d'oxygène). 

 

 

Signification des Oghams :

FEARN - L'Aulne  : Protection spirituelle. 


. L'aulne correspond à l'ogham "Fearn" (lettre F prononcé V). L'aulne est lié aux quatre éléments : 


  - A l'Eau, son bois imputrescible résiste à l'eau, on l'utilisait pour fabriquer des pirogues ou construire des pilotis. 


  - A la Terre, par la teinture brune qu on tire de la décoction de ses rameaux. 


  - A l'Air, par la fabrication de sifflets à partir de ses branches (le syrinx fut l' un des tout premiers instruments de musique).

 
  - Au Feu, car son bois purificateur fournit un excellent charbon.
Phoronée, fils du dieu fleuve Inachos et de la nymphe du frêne Mélia, roi du Péloponnèse, ainsi que comme le premier roi d'Argos, fut identifié à l'Aulne,  Son culte lui survécut longtemps après sa mort.

 

. L'Aulne était également dédié à Bran le béni (ou Bendigeidfra), le Corbeau Béni ou le Grand Corbeau est le chevalier des Celtes et l'un des grands héros du cycle épique gallois, le Mabinogion. L'attribut de béni viendra plus tard avec le christianisme.


Bran est un géant, divinité de l'Autre Monde, maître de la vie et de la mort par sa possession du Chaudron d'Abondance et de Résurrection, roi couronné de toute l'île de Bretagne, maître de la Magie et dieu de la Guerre. 

 

. Merlin l'Enchanteur

Merlin fit pousser des ifs du tronc des aulnes, ce qui signifiait que de la royauté terrestre pouvait émaner la souveraineté spirituelle. Fondation, force intérieure, principes. Il sera celui qui aidera a relever les défis.

 

. Dans le Cad Goddeu attribué au barde gallois Taliesin, l'Aulne est le chef des Bretons métamorphosés en arbres par le dieu magicien "Gwyddyon".


"le Combat des Arbres"


...Les aunes en première ligne,

S’ébranlèrent

...

..."L’aune se jette en la bagarre. 

Il est au premier rang.

Mais le saule et le sorbier

Sont bien plus prudents"...


il est décrit comme 

"le plus acharné à la bataille 

de toutes les essences, 

le plus chaud des arbres au combat".


 

 

 

Mythologie germanique 


 

- L’aulne est un arbre qui donne le pouvoir aux magiciens de ressusciter les morts qui une fois sur terre tourmentent les vivants.

 

- Arbre des eaux dormantes et donc traîtresses, l'Aulne sera un arbre maléfique pour les Allemands (Erlköning-Le Roi des Aulnes de Goethe - mis en musique par Schubert)

Le roi des aulnes - Julius Von Klever


 

 

 

Il y a 800000 ans - 450000 ans

 


Dans les fossilisations dans la glace du Groenland, les nouvelles techniques de séquençage de l’ADN, ont permis de raconter un passé de forêts de pins, d’aulnes et d’ifs, peuplées de papillons et d’araignées. 
 

 

 

I° siècle av. J.C.

 


Marcus Vitruvius Pollio, connu sous le nom de Vitruve, architecte romain.

C'est de son traité, De architectura, que nous vient l’essentiel des connaissances sur les techniques de construction de l'Antiquité classique.


LIVRE II

IX. Des bois de construction.

10. L'aune, qui croît sur le bord des rivières, et dont le bois paraît n'être d'aucune utilité, possède de rares qualités : car l'air et le feu entrant pour beaucoup dans son essence, la terre pour peu, l'eau pour moins encore, il en résulte que sa substance ne renferme que fort peu d'humidité. Que dans un marais on vienne à asseoir les fondements d'un édifice sur des pilotis faits de ces arbres enfoncés très près les uns des autres, ces arbres se remplissant de l'humidité qu'ils n'ont pas, soutiennent la charge des constructions les plus massives et les conservent sans s'altérer. Ainsi le bois qui n'oppose à l'air aucune résistance, employé dans l'eau, dure fort longtemps. C'est une remarque qu'il est facile de faire à Ravenne, dont tous les édifices, soit publics, soit particuliers, sont fondés sur des pilotis de cette nature.

 


LIVRE CINQUIEME

XII. Des ports, et des constructions qui doivent se faire dans l'eau

5. Si le lieu n'est pas ferme, on y enfoncera des pilotis de bois d'aune ou d'olivier, ou de chêne, durcis au feu, et on remplira les intervalles de charbon, comme je l'ai dit pour les fondements des théâtres et des murailles"... 

Vitruvius presente son traité "De Architectura" à l'Empereur Auguste.

 

 

 

Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) de la fin du VIII° siècle av. J.-C. t l’Odyssée lui sont attribuées.


L'Odyssée


Calypso et Ulysse


Alors, songeant au départ d'Ulysse, elle lui donna une hache de bronze au beau manche d'olivier et commode à la main; puis encore une doloire bien polie, et, le conduisant à l'extrémité de l'île, elle lui désigna de grands arbres, aulnes, peupliers et sapins à la cime élevée, brûlés du soleil et propres à flotter légèrement.


Ulysse abattit vingt arbres, les charpenta avec l'airain et les lissa avec art; puis, Calypso lui apporta des tarières; il perça les troncs, et les assembla avec des chevilles. Ulysse se fit ainsi un large radeau, et, dressant un tillac, il le couvrit de poutres serrées, hissa un mât et une antenne recourbée, et façonna un gouvernail, qu'il protégea contre les flots par des claies d'osier; puis enfin, il lesta son radeau.

d'après Joos de Momper (1564-1635) Calypso et Ulysse


 


 

Virgile (v. 70 av. J.-C.- 19 av. J.-C.) poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

 

Les Géorgiques

-..." C’est Jupiter qui donna aux serpents leur venin malfaisant, lui qui commanda aux loups de se faire pillards et à la mer de se soulever, lui qui secoua les rayons de miel pour les enlever aux feuilles, lui qui cacha le feu et arrêta le cours des ruisseaux de vin qui coulaient partout, tout cela pour que le besoin, à force d’exercice, créât peu à peu les différents arts, cherchât dans les sillons l’herbe du froment, et fit sortir des veines du caillou le feu qui s’y cache. Alors pour la première fois les fleuves sentirent les troncs creusés des aunes; alors le nautonier dénombra et nomma les constellations: les Pléiades, les Hyades et Arctos, fille brillante de Lycaon"...

 
 

 

 

III ème siècle après J.-C.

 

 

L’érudit Serenus Sammonicus 

Préceptes médicaux. 

recette censée soigner les affections de la rate : 

"Le liber, arraché, sans le secours du fer, à un aune que la cognée du bûcheron n’a jamais touché, donne une boisson singulièrement efficace, mais il faut avoir soin de la faire bouillir jusqu’à ce que l’eau soit réduite au tiers".

 
Une autre recette composée de :

..."Cendres d’aulne mêlées à du miel et appliquée sur les ulcères et "les plaies dont l’origine est douteuse"...


 

 

 

XII° - XV° siècle

 


Au Moyen Age on associait l’aulne aux sorcières et au feu du fait de son bois rouge.

Il est dit "arbre aux sorcières", son charbon servait à tracer des cercles magiques


L'écorce de l'aulne, dont on peut tirer une couleur noire, était utilisée par les chapeliers pour teindre le feutre des chapeaux.


 

 

 

XVII° siècle

 


Marc-Antoine Girard de Saint-Amant (1594-1661)

 


La solitude

 

..."Que j'aime ce marais paisible !

Il est tout bordé d'alisiers,

D'aulnes, de saules et d'osiers,

A qui le fer n'est point nuisible"...
 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Dans le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire de 1793 jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. 


Dans le calendrier républicain, l'Aulne était le nom attribué au 9e jour du mois de germinal (29 mars).

Germinal (21/22 mars - 19/20 avril) – Période de la germination


21-22 Mars : Le Soleil entre au signe du Bélier. 


"C'est l'époque de l'équinoxe du printemps

Tout végète & s'anime au retour du Zéphir 

La Nature à ses Lois ramène nos désirs 

Et l'Âge le plus pur apprend des Tourterelles

Qu'il est doux de s'unir & de s'aimer comme elles"
 

 

 

 

XIX° siècle

 

 

Johann Wolfgang Von Goethe (1749-1832) romancier, dramaturge, poète, scientifique, théoricien de l'art et homme d'État de la ville libre de Francfort.

Recueil: Elégie de Marienbad

Traduction: Jean Tardieu

Editions: Gallimard


 

Le Roi Des Aulnes

 

Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?

C’est le père, le père avec son enfant.

Il tient le garçon dans ses bras serré

Pour le protéger, pour le réchauffer.

 

Mon fils, pourquoi donc cacher ton visage ?

– Père, vois-tu pas venir le Roi des Aulnes ?

Avec ses cheveux, avec sa couronne ?

Mon fils, ce n’est rien qu’un léger nuage.

 

Petit enfant, viens, viens donc avec moi !

Que de jolis jeux jouer avec toi !

Et combien de fleurs brillent sur nos bords !

Ma mère, chez elle, a des habits d’or !

 

— Mon père, mon père, n’entends-tu pas

Ce que me promet, ce que dit le Roi ?

Calme-toi mon fils, mon fils sois tranquille

Dans les feuilles mortes c’est le vent qui file.

 

Ne veux-tu donc pas venir avec moi ?

Mes filles sauront si bien t’accueillir

Elles qui conduisent la ronde des bois

Te feront danser, chanter et dormir.

 

Mon père, mon père, vois-tu là-bas

Les filles du Roi dans ce lieu sans fleurs ?

Mon fils, mon garçon je vois bien cela :

Les saules sont vieux, grise est leur couleur.

 

Je t’aime, je t’aime, enfant, tu me plais !

Si tu ne veux pas, je te forcerai.

Mon père, mon père, il va m’emporter

Le Roi m’a fait mal, le Roi m’a blessé !

 

Le père a grand’peur, il chevauche vite

Il tient dans ses bras l’enfant qui gémit.

Il atteint la cour, un dernier effort :

Déjà dans ses bras l’enfant était mort.

 

Moritz von Schwind  (1804–1871) Der Erlkönig  (le roi des Aulnes)
vers 1830 
Österreichische Galerie Belvedere  

 

 

 

1840


Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français

1840, p. 1102

 

Les Rayons et les Ombres

 

..."À cette heure indécise où le jour va mourir,

Où tout s'endort, le cœur oubliant de souffrir,

Les oiseaux de chanter et les troupeaux de paître,

Que de fois sous ses yeux un chariot champêtre,

Groupe vivant de bruit, de chevaux et de voix,

A gravi sur le flanc du coteau dans les bois

Quelque route creusée entre les ocres jaunes,

Tandis que, près d'une eau qui fuyait sous les aulnes,

Il écoutait gémir dans les brumes du soir

Une cloche enrouée au fond d'un vallon noir! "...

 

 

    
Aloysius Bertrand (1807-1841) poète, dramaturge et journaliste français

 

Ondine


..." Ecoute ! - Ecoute ! -

Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte,

et mes soeurs caressent de leurs bras d'écume

les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou

se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! "...

 

 

 

1862


Charles-François Daubigny  (1817-1878)

 Le bouquet d’Aulnes, 1862


 

 

 

1869


— Edmond Nivoit,  E. Jolly, Charleville, 1869, page 159


Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes

..." On y plante principalement des pins, des bouleaux, des marsaults, et des aulnes ; quelques-unes de ces essences réussissent assez bien"...
 


 

 

 

Jules Breton (1827-1906) peintre et poète français.

 

Le soir

A Louis Cabat.

..."C'est un humble fossé perdu sous le feuillage ;

Les aunes du bosquet les couvrent à demi ;

L'insecte, en l'effleurant, trace un léger sillage

Et s'en vient seul rayer le miroir endormi"...

 

 

 

 

Jules Breton (1827-1906) peintre et poète français.

 

Automne

A Jules Dupré.

Courrières, 1875

..."La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux

Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes

Qui se teignent de sang ; "...


 


 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète français, également romancier, dramaturge et critique. 

 

 

Recueil : "Clairières dans le ciel"

 

Dans le chemin…

 

Dans le chemin toujours trempé, 

tant y est épais, le feuillage visqueux

de l’aulne amertumé, nous nous promènerons.

Mais comme elle est plus grande que moi,

c’est elle qui écartera les branches et elle

encore qui mettra sur mon épaule sa joue

et ses yeux bleus qui fixeront le sol.

 

 


 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

 

Allégorie

..."Grâce endormie et regard somnolent,

Une naïade âgée, auprès d'un aulne,

Avec un brin de saule agace un faune,

Qui lui sourit, bucolique et galant"...

 

 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète symboliste grec d'expression française.

 

Conte d'amour (VII)


..."Hier : c'était les soleils jaunes.

Hier, c'était encor l'été.

C'était l'eau courant sous les aulnes

Dans le val de maïs planté"...

 

 

 

1885

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Allemagne

Alnus glutinosa


 

 

 

XX° siècle

 


1916

M.S. del., J.N. Fitch 

Curtis's Botanical Magazine, London., vol. 142 = ser. 4, vol. 12: Tab. 8658

- Lithographie Alnus cordata 

 

 

 

1923

— Pierre Benoit (1886-1962) écrivain français, membre de l'Académie française

Mademoiselle de la Ferté,

Albin Michel, 1923, Cercle du Bibliophile, page 141.

..."Le ruisseau, élargi, poursuit sa route sous un dôme d’aulnes et de bouleaux"...

 

 

1960

Benjamin Péret 

Albin Michel

Anthologie des Mythes, légendes et conte populaires d'Amérique

Kaj Birket-Smith, The Chugach Eskimo, National-museets Publikationsfond, Copenhague, 1953.


Le climat


..."La femme était "celle-qui-possède" les aulnes, et son mari "celui-qui-possède" le soleil...
Après cela, le soleil et les aulnes devinrent amis. Les aulnes dirent au soleil ce qu'il convenait de faire et le soleil en fit de même. Les aulnes peuvent faire n'immporte quoi au soleil, mais ils n'en feront rien, à cause des hommes"... 

 

 

 

 

1963

 

Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse

"L’usage du monde", 1963, p. 20

..."Sable doux aux pieds, quelques vaches dans les vernes, une gamine en fichu qui gardait des oisons, et dans un trou d’obus un mendiant endormi recouvert de journaux"... —

 

 

1967

Bescherelle. 1845 ,

Aulne : Nom d'un génie malfaisant qui, suivant les Allemands, habitait les campagnes, les fontaines, "Le roi des aunes". 

Mais le roi des aunes est la traduction erronée due à Charles Nodier, de Erlkönig, titre de la célèbre ballade de Gœthe (1782), où aunes ne désigne pas des génies, mais des arbres poussant dans les lieux marécageux. Goethe lui-même avait emprunter son titre à Herder, lequel en l'adaptant du danois ellerkonge ("roi des elfes ") avait fait un premier contresens en le traduisant par Erlkönig "roi des aulnes " (d'après Kluge 1967)

 

 

1969

François Mauriac (1885-1970) écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, membre de l'Académie française 

Un adolescent d’autrefois

..."Je descendis vers la Hure, qui est le ruisseau de Maltaverne, et où je savais que Simon pêchait … Je remarquai que la bordure d’aulnes (pourquoi ne pas donner aux aulnes leur nom d’ici : les vergnes ?) la bordure de vergnes paraissait bleue"... 

 

 

1980

Henri Vincenot (1912-1985) artiste français. Il est avant tout un écrivain mais également un peintre et un sculpteur.

Mémoires d’un enfant du rail, 

..."Marcel était émerveillé. Une maison toute seule, sans voisins, sans rues, sans école, au milieu des prés et des bois, près d’une rivière sauvage qui court dans les vernes et les buissons, faisant cascade sur un barrage de troncs échoués"... 

 

 

1986

Pierre Magnan (1922-2012) écrivain français, 

Le Mystère de Séraphin Monge, 1986

..."Les vernes ne quittaient plus cette couleur garance par laquelle leurs branches dénudées annoncent le printemps"... 

 

 

 

Claude Roy (1915-1997), in Le voyage d’automne, Ed. Gallimard, 1987

Paris samedi de Pâques 29 mars 1986

 

Alnus Glutinosa


 Au bord de la rivière les racines de l’aulne

Se nouent se tordent ruissellement ligneux

Cascade de branches nouées amarres en désordre

Serpents minéralisés qui vont boire dans l’eau

 

Arbre avide et droit nourri par tant de bras

Enfoncés dans la terre plongés profond dans l’eau

Son tronc trapu a jeté l’ancre de toutes parts

Distillant lentement entre la terre et l’eau

La sève qui gonfle enfin les chatons de printemps

Gluants d’un sperme heureux dans le jeune soleil


 

 

 

1996

Jean Anglade (1915-2017) écrivain et traducteur français.

La Soupe à la fourchette

..."Par terre, dans un coin, des bûches écorcées, bûches de vergne, celles qui font les sabots les plus légers, les plus jolis"...


 

 

1998,

L. Gaborit,

Quand on était petits à la Tranchelardière,

..."Vers la fin de l’été, un dimanche après-midi, nous allions en famille nous promener le long du ruisseau. Papa (sabotier) y choisissait les vergnes qu’il abattrait pour faire des sabots. Je ne sais pas où il prenait les frênes et les ormeaux"... 

 

 

1999

Pierre Moinot (1920-2007) écrivain français.

Le Matin vient et aussi la nuit,

..."Albert…tapotait de son manche de couteau un morceau de vergne pour en décoller l’écorce et se faire un sifflet"...

 

 

1999

Jacques Mallouet (1928-2004) chroniqueur et nouvelliste

Les Jours chiffrés, 

..."Sur la lande que le gel a pétrifiée, les noisetiers et les vergnes s’ornent de longs chatons soufrés que le vent agite et délabre en un nuage doré"... 

 

 

 


Frédéric Jacques Temple (1921-2020) écrivain et poète français.

 

..."J’ai marché sur l’herbe grasse

de ses berges coutumières

entre les vergnes et les saules

respirant la sombre odeur

lumineuse des truitelles"...


 

 

 

 

XXI° siècle


 

2001

Michel Roussillat -

Collection Nature


L'aulne - Le nom de l'arbre

 

"Arbre des marécages et des tourbières, l'aulne est l'une des espèces les plus mythiques de l'Europe septentrionale ; il est l'arbre des maléfices, celui de la fin proche ; il donne aux magiciens, dit-on le pouvoir de ressusciter les morts... Récupéré par le romantisme allemand, il alimente, en particulier, la terrifiante légende du roi des aulnes, dans la célèbre ballade de Goethe. Cet arbre de l'hiver, humble parmi les humbles, si familier et pourtant si mal connu, est présent presque partout, éclairant les jours gris de la douceur de ses chatons, et supportant les fondations des villes d'Amsterdam, Bruges ou Venise. Ses graines légères voyagent sur les eaux, cherchant la terre qui les accueillera. On veut réhabiliter aujourd'hui cet arbre des jours difficiles et des lieux inquiétants"...
 

 


 

 

Philippe Martineau auteur


2014 - d’après le poème éponyme de Goethe

Extrait de:  Goethe et Poe

 

Le roi des aulnes

 

Alors que la pluie tombe et s’abat en griffant,

un cavalier s’égare au milieu de l’aulnaie.

De près, on voit que c’est un père et son enfant

et qu’au fond de leurs yeux une inquiétude naît.

 

Le garçonnet frissonne et se masque la face,

car il voit devant eux qu’une forme s’exhume

et que c’est le Roi des Aulnes prêt à la chasse.

Mais pour le père il n’y a là que de la brume.

 

Le garçonnet frémit quand il entend la voix

qui l’appelle et l’invite à entrer dans le rêve.

L’enfant répète en pleurs ce que souffle le roi

quand le père n’entend que le vent qui se lève.

 

Alors que le brouillard est rejoint par la nuit

et que l’enfant suffoque de plus en plus fort,

le cavalier cravache en écartant la pluie !

Mais quand il sort enfin son fils est déjà mort.


 

 

 

2021


Patrice Fougeray Journaliste, écrivain

 

 

A l’ombre des aulnes


 
À l’ombre des aulnes

Le soleil peut darder

Et partout éblouir

À l’ombre des aulnes

Il s’est mis à pêcher

Et sa ligne à raidir

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La bouteille de rosé

Rafraîchit dans l’eau calme

À l’ombre des aulnes

Où la furtive faune

Fait le bouchon plonger

Et sur le scion tinter son alarme

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

Pas de friture ce soir

Le poisson trop malin

À l’ombre des aulnes

Se décroche et fuit sans espoir

L’ appât bien trop fin

À l’ombre des aulnes

 

À l’ombre des aulnes

La sieste consolatrice

Laisse en paix le poisson

À l’ombre des aulnes

Le soleil se couche en prémices

D’une soirée sans façon

À l’ombre des aulnes

 

 A l’ombre des aulnes

A la nuit tombée

On s’y étend parfois

À l’ombre des aulnes

Pour de tendres baisers

Et de très doux émois

À l’ombre des aulnes
 

Mythologie des arbres - L'aulne - alnus


 

Arbres remarquables

 


Aulne de Saint-Pardoux, Limousin

Sur la butte de Sardent.

À son pied, on trouve deux fontaines à dévotions. La légende raconte que saint Pardoux aurait mis le feu à un arbre et il se serait brûlé aux yeux, l’eau de la fontaine l’aurait guéri. Depuis, on raconte que cette eau guérirait les douleurs aux yeux.


Cet aulne glutineux aurait une centaine d'années, reconnaissable à son écorce crevassée. 
 

 

 

Langage et Symbolique de l'Aulne


 

- L'aulne est un arbre qui symbolise l'humilité.

- Il est associé au courage et représente l'esprit d'évolution.


 

 

 

Utilisation de l'Aulne

 


- Plusieurs espèces d'aulnes sont utilisées comme arbres d'ornement et parfois d'alignement, du fait de leurs silhouettes caractéristiques, de leur forte rusticité et de leur croissance très rapide tout en gardant un gabarit modéré. Les fruits d'aulnes sont aussi utilisés en aquariophilie pour leurs capacités à réduire le potentiel hydrogène de l'eau, ainsi que leurs branches en tant que décoration.


- Certaines villes lacustres comme Venise, Bruges ou Amsterdam comptent de nombreuses constructions édifiées sur des pilotis en aulne. 

 

 

 
l’artisanat et la sculpture :


Le bois d’aulne est léger et tendre. C’est un bois très maniable et facile à travailler. 


- On utilisait son bois pour la construction des pontons, roues de moulin, des portes d'écluses

 
- Pour la confection des sabots, des bobines et des fuseaux, des manches d'outils, des sabots, des meubles, des maquettes ou sculptures en bois d'aulne. 


 

- Les bouteilles de Chartreuse étaient vendues autrefois dans des boites cylindriques tournées dans du bois d'aulne.


- Dans le Marais Poitevin, son bois imputrescible, est également préféré à d’autres pour la fabrication des fameuses "pigouilles"  barques destinées à se déplacer. 


- le bois d’aulne était autrefois également utilisé pour la construction navale. 


- Son bois noble et ses qualités acoustiques de l'aulne en ont fait un des bois les plus prisés dans la fabrication de guitares haut de gamme, notamment le corps de la Fender Stratocaster.

corps aulne guitare stratocaster-


- Son tannin a fait utiliser son écorce en tannerie, et en teinturerie et chapellerie (donnant une couleur noire quand l'écorce est mélangée à des sels de fer).


- Le bois de l'aulne est un bon bois de chauffage. Il fournit une chaleur très vive en brûlant et était donc très recherché par les boulangers et les verriers, car il ne dégage pas de fumée. 


- Son bois servait également à réaliser des conduites d’irrigation 


- La sciure à été employée pour fumer les poissons et les viandes ; son écorce, avec laquelle on tannais les cuirs, peu aussi faire une belle tenture grise.


- Le charbon d'aulne était utilisé autrefois pour la poudre à canon, conférant une meilleure qualité à l'explosif. Les aulnaies qui avaient notamment été conservées pour la production d'un charbon de bois apprécié pour les poudreries ont fortement régressé.

Aulnaie en forêt de Rambervillers

 

 

Alimentaire


L'aulne vert Au Québec,

Les chatons mâles séchés sont utilisés comme épice sous le nom de "poivre des dunes", offrant une saveur citronnée et une certaine amertume, pouvant remplacer le poivre noir ou rose et ayant des similitudes au poivre long.

 

 

 

Pharmacologique

 

- La verne était un remède contre la vermine : on éparpillait de bon matin dans sa chambre des feuilles de verne fraîchement cueillies et encore toutes humides de rosée. Comme les parasites s’y rassemblaient en masse, il ne restait ensuite qu’à récupérer les feuillages et à s’en débarrasser avec ces nouveaux locataires.


 

 

 

Mythes et légendes de l'Aulne

 


- En magie l’Aulne est un arbre sacré. Les sorcières usent de son bois léger pour fabriquer leurs baguettes magiques et les druides brûlent son écorce pour libérer une fumée favorable aux apparitions. 


- Au solstice d’été, sous les Aulnes enchantés, la Dame blanche apparaît dans les airs entourée d'un halo de lumière !


- On dit que l'Aulne pleure des gouttes de sang quand on le fend, ce qui lui a valu de nombreuses superstitions. 


- En Irlande, on détruisait par le feu la maison de celui qui avait abattu un Aulne sacré. 


- Pour guérir les verrues, en Provence, il faut les fouetter jusqu'au sang avec un rameau d'Aulne qui doit être ensuite caché dans l'anfractuosité d'un mur.


- On lui attribuait le pouvoir d éloigner le feu des maisons ou les rongeurs des champs et de faciliter la mise-bas du bétail. 


- Au moyen age on associait l’aulne aux sorcières et au feu du fait de son bois rouge.

 

- Il est employé dans la magie : les adeptes du spiritisme le brûlent car sa fumée est propice à leurs évocations.


- Dans le comté de Nice, une fête était traditionnellement consacrée à l'aulne, pour marquer le retour du printemps. L'aulne y est appelé "verna", dérivé du nom latin du printemps ("ver").

 

 

 

Proverbes et dictons 

 


- Si l'aulne verdit avant le bouleau alors l'été sera humide, si c'est le bouleau qui devance l'aulne alors cette saison sera sèche.


- prendre la verne pour un frêne” signifiait jadis se tromper grossièrement. 
 

 

 

L’Aulne (Aon en breton)

 

est un fleuve côtier français de 144 km de long1, qui prend sa source sur la commune de Lohuec dans les Côtes-d'Armor et se jette dans la rade de Brest au niveau des communes de Landévennec et de Rosnoën. Sa partie aval est aussi dénommée "Rivière de Châteaulin".

Chateaulun les bord de l'Aulne Jean-Edouard Dargent (1824-1889) - Musée Quimper

 

 

 

Le Fée de l'Aulne

 


Le Fée de l'Aulne est une gabare sablière construite en 1958 au chantier Keraudren de Camaret pour l'armement Le-Bot.


Il fut le dernier caboteur en bois et à voiles, désarmé en 2000 de la flotte de la compagnie maritime Penn-ar-Bed. C'était l'ancien ravitailleur des îles de Sein, Molène et Ouessant.


Le Fée de l'Aulne fait l’objet d’un classement au titre objet des monuments historiques depuis le 25 avril 2002.


Destiné à servir comme sablier, Fée de l'Aulne a la possibilité de remonter les rivières côtières bretonnes comme l'Aulne grâce à son faible tirant d'eau et de ravitailler en fret les îles du Ponant grâce à son grand gabarit. Ce fut la plus grande unité fabriquée par le chantier naval Keraudren de Camaret-sur-Mer.


 


 

Conte Rédigé par Jane Hervé 

poésie des images et des lettres

Conte 24 avril 2021 

Le chalet des Aulnes
 

 

 

Légende du Loup-Aulne

 

 

La constellation du Loup est associée à l’Aulne, arbre magique dont le petit fruit à ailettes symbolise l’âme qui tournoie dans le vent des incarnations successives, et dont le lonhaton évoque le corps qui mûrit et tombe chaque fois que l’âme a besoin d’une meilleure monture.


C’est le milieu de la nuit. La lune est pleine. Un hurlement de loup se fait entendre et l’écho lui répond.

 

Sous un dolmen, après avoir trempé ses lèvres dans le breuvage magique du chaudron de Dadga, le héros Llevelyn se prépare pour le grand voyage au-delà du monde visible. C’est cette nuit que sa dernière initiation va s’accomplir et qu’il va visiter le monde des Morts. Les hurlements se rapprochent.

 

Un loup d’une taille monstrueuse passe sous le dolmen en courant plus vite que le vent du Nord. Saisissant ses oreilles, Llevelyn saute sur son dos. Soudain s’ouvre devant lui la brèche entre les mondes. Le loup et son cavalier lumineux s’y précipitent et les voilà tous les deux au milieu des ombres, des fantômes de ceux qui ont déjà vécu.

 

Mais cet univers est illusoire et une seconde brèche s’ouvre : le loup conduit alors Llevelyn dans le domaine de la mémoire de ses incarnations passées. Il se voit tel qu’il fut enfant, homme, femme, vieillard. Multiples images corporelles. Soudain un rocher vibre et pivote sur lui-même, découvrant la troisième brèche. Le loup, toujours courant, la traverse et Llevelyn pénètre les arcanes de ses vies futures : il voit tout ce qui s’accomplira et qui semble déjà réalisé. Le loup trébuche et glisse dans un gouffre. La chute semble infinie et le héros se retrouve contre la pierre froide du dolmen, alors que le coursier de la déesse de l’au-delà s’enfuit, hurlant son amour vers le disque argenté de la déesse de la Mort-dans la-Vie.

 

 

 


 

 

 

Légende biélorusse 

 

 

Jaloux de Dieu sculptant un Homme, le diable a sculpté un loup avec de l’argile ou bois.

 

Cependant, après avoir créé la "forme", il ne pouvait pas l’animer. Croyant que sa création prendrait vie si elle était dirigée contre Dieu, le diable a commencé à courir autour du loup et à crier: "Mords-le!".

 

Mais le loup est resté immobile jusqu’à ce que Dieu crie: "Mords-le!"


Le loup a attaqué le diable qui tentait de s’échapper en escaladant un aulne. Mais l’animal a réussi à l’attraper par le talon.

 

Le diable a versé alors du sang sur le tronc de l’arbre et depuis lors, le bois de l’aulne est devenu rougeâtre. Et le diable est resté « sans talon » (Bez : "sans", paty : "talon" en russe); et depuis on l’appelle Antipka (Anchutka) "Bespaty ".

 

 

Legendes d'ardenne 


Le petit berger du pont des aulnes

 

 

Il y avait une fois à la Ferme des Aulnes une fermière si revêche, si acariâtre, si méchante, si avare que ses domestiques étaient malheureux et mouraient de faim. Mais plus que les autres encore, un petit berger était son souffre-douleur ; elle aimait le faire souffrir du matin au soir, été comme hiver, par n’importe quel temps même quand il rentrait mouillé et transi de froid. Elle ne lui donnait qu’un morceau de pain et un peu d’eau chaque jour et il dormait au milieu de ses moutons.

 

Pourtant cette fermière n’était pas si méchante avec tout le monde. Tous les lundis quand venait lui rendre visite le curé de Culviseau, c’était fête à la ferme, des mets de toute sorte, des vins, des fruits et encore et encore ; le petit berger regardait souvent par la fenêtre avec envie, lui qui n’avait qu’un morceau de pain sec dans sa poche.

 

Un jour qu’il menait tristement son troupeau, il rencontra au bord du chemin, un pauvre vieillard, vêtu de haillons, à la figure maigre, presque mourant de faim qui lui dit :

- la charité, s’il te plait, petit berger. Dieu te le rendra !

- je n’ai pas grand chose, pauvre vieillard, qu’un morceau de pain sec mais il n’est pas dit que je n’aiderai pas plus pauvre que moi.
Et prenant le morceau de pain de son sac, il le cassa en deux et en donna moitié au pauvre vieillard.

- mange et puisses tu trouver sur ta route plus riche que moi

- merci, petit berger, tu es charitable et je vais te récompenser ; fais trois souhaits et ils seront exaucés

- trois souhaits ? mais qui es-tu donc ?

- que t’importe, fais trois souhaits

- eh bien ! j’aimerais avoir un sifflet qui fera danser jusqu’à ce que je cesse d’en jouer tous ceux qui l’entendront, puis une arbalète avec laquelle je pourrai tuer les oiseaux à n’importe quelle distance, et enfin j’aimerais quand j’en aurai envie faire péter la fermière aussi longtemps que ça me plaira.

- C’est bien, sois content, tout sera comme tu l’as demandé
Et le vieillard reprit sa route.

 

Quand il rentra le soir à la ferme, la fermière qui attendait le curé était de fort méchante humeur. Elle lui lança deux petits morceaux de pain sans un mot.

 

Très triste, le petit berger alla s’asseoir près de ses brebis et il vit entrer le curé. Il se cacha derrière la fenêtre et vit la bombance qui commençait : poulets, faisans, galettes, vins, liqueurs, tout avait l’air si bon !!! Alors il pensa au vieillard et il pensa : je vais voir si ça fait effet. Dès qu’il prononça les mots "fermière, je veux que tu pètes", la fermière fit un si gros pet, si assourdissant que le curé tout ahuri resta collé sur sa chaise ; le petit berger était si content qu’il dit "fermière, je veux que tu pètes toute la nuit".


 
Furieux le curé dit alors "sale femme! c’est ainsi que vous recevez les gens ?"

 

Mais la fermière ne pouvait s’arrêter et un vacarme assourdissant envahit la salle toute empestée. Le curé, furieux, repartit en disant qu’il devait y avoir quelque sorcellerie là-dessous.

 

Le lendemain, en traversant la prairie, le curé alla voir le petit berger.

 

- bonjour petit berger, que fais tu de tes journées ? qu’as tu dans ton sac ?
Le petit berger sortit ses deux croûtons et lui dit : "quand j’ai faim, je prends mon arbalète et je tue un ou deux oiseaux que je fais rôtir".

- Diable ! tu es si adroit que ça ?

- Je n’ai jamais raté mon coup. Tiens monsieur le curé, vous voyez le corbeau là-bas ? je vais le tuer.

- Ma foi, je verrai bien si tu es si adroit que ça.


Le petit berger visa et le corbeau tomba transpercé par la flèche. Le curé se dit qu’il devait y avoir diablerie là-dessous.

 

Mais le corbeau était tombé dans un buisson d’épines et quand le petit berger vit le curé empêtré, il sortit son sifflet et siffla. Alors le curé se mit à danser, à danser, sa soutane se déchira dans les ronces et bientôt, il fut nu ; le petit berger arrêta alors de siffler et le curé, rouge de honte, dut rentrer au presbytère.

 

Le lendemain, très mal en point, il alla voir le seigneur de Montcornet et lui raconta toute l’histoire. "c’est un sorcier, dit-il, il faut qu’il soit brûlé vif".
Le petit berger fut donc condamné. Il y avait foule ce jour-là au pied du bûcher, tous les gens du village et même le curé et la fermière. Le bourreau dit alors "comme c’est la coutume, petit berger, tu as le droit de demander quelque chose avant de mourir".

 

Alors le petit berger dit : "bourreau, j’aimerais prendre le sifflet qui est dans ma poche et jouer un air avant de mourir".

 

Alors il prit son sifflet et siffla, siffla et tout le monde se mit à danser, à danser, à danser et personne ne remarqua que le petit berger était descendu du bûcher et partait….on ne le revit jamais.


 

 

Frédéric Kiesel (1923-2007) poète, écrivain et journaliste belge.
Duculot, Gembloux, 1977. Préface de Thomas Owen.

 


Légendes des quatre Ardennes, 

 


Il y a mille ans déjà, la forêt ardennaise était renommée pour ses plantes miraculeuses, que les druides connaissaient jadis. Or, un puissant duc qui régnait au-delà de la Champagne avait été frappé par un mal mystérieux. Aucun médecin de son duché, de Paris et même de la lointaine Provence, ne parvenait à lui rendre la santé. Le peuple en était bien triste, car ce duc était juste et bon. Et déjà, d'avides voisins convoitaient son duché, car il n'avait d'autre descendant qu'une fille de dix-sept ans.

 

Comme il continuait à dépérir, un vieillard venu du nord vint annoncer ceci :

 

"Le duc ne pourrait être guéri que par une plante magique, très rare, qui ne pousse qu'en forêt d'Ardenne, du côté de Sedan. Mais on ne la trouve que dans le jardin d'un château ceint de hautes murailles, caché par d'immenses futaies que hantent les loups et autres bêtes malfaisantes. Et le seigneur du château est un ogre, fort comme un ours, et d'une grande cruauté."

 

On fit proclamer à son de trompe dans tout le duché, et les terres environnantes, que le duc offrait, à qui lui ramènerait d'Ardenne la plante du jardin de l'ogre, la plus grande récompense en son pouvoir: la main de sa fille et sa couronne quand il serait fatigué de régner.

 

La renommée de la forêt était tellement terrible que seuls deux hommes se lancèrent dans l'aventure : un page, tout jeune, mais déjà vaillant, qui aimait, comme un père, le duc son maître, et un officier de la garde, homme robuste et redouté, dur avec ses hommes et très vantard.

 

Personne n'osait trop parier sur le succès de l'un ou de l'autre. Mais on redoubla de prières dans toutes les églises du duché, pour le succès de l'expédition des deux hardis compagnons.

 

Ils firent route ensemble, mais, à l'orée de la forêt, l'officier fanfaron prétexta une subite fatigue.

 

"Je vais me reposer dans l'auberge que voici, dit-il au page. Puis j'irai chercher de mon côté pendant que tu le feras du tien. Retrouvons-nous ici dans une semaine".

 

Le page accepta. Il pénétra seul à cheval sous les épais ombrages. Quelques rares pistes, à peine tracées, le guidaient entre les buissons. Parfois, une clairière envahie par la mousse blonde et odorante des reines des prés lui offrait sa lumière de paradis terrestre.

 

Heureusement pour le page, malgré leur sauvagerie, les lieux n'étaient pas complètement déserts. Il rencontra des charbonniers qui s'affairaient autour d'une butte de terre sous laquelle ils faisaient consumer des bûches à à feu étouffé, pour en obtenir du charbon de bois.

 

La venue d'un jeune cavalier surprit ces braves gens, noirs comme des diables. Il leur dit où il voulait aller.

 

"Le château de l'ogre? Jeune homme, n'y pensez pas! On n'en revient pas vivant !"

 

Il leur expliqua le but de son voyage. Cela les convainquit de lui indiquer la direction, l'est, et quelques repères : un affleurement de schiste bleu, une source ferrugineuse entourée de "langues de cerfs", un chêne foudroyé, un torrent dont il fallait remonter l'étroit ravin.

 

Avant la tombée de la nuit, le page arriva au pied de la haute roche obscure que couronnaient les murailles du château de l'ogre. Il gravit le chemin raboteux qui menait à l'entrée, et frappa à la porte.

 

La chance souriait au jeune audacieux. Le maître de céans était absent et sa femme tenta en vain de dissuader le page d'accomplir son projet : 

 

"Pauvre garçon, tu n'auras pas touché à l'herbe de santé que mon cruel époux t'aura tué ! Sauve-toi tant qu'il en est temps. J'entends la trompe de mon mari qui revient de la chasse."

 

Le page ne se laissa pas fléchir. Et l'épouse du terrible personnage eut une idée :

"Tu ressembles au fils que nous avions et qui est mort il y a cinq ans. Tu as l'âge qu'il aurait s'il avait vécu. Je dirai que tu es ce fils, que les bonnes fées de la forêt ont rendu à la vie. Mon époux aimait beaucoup cet enfant. C'était son seul sentiment humain. Il voudra sans doute croire cette fable."

 

Il la crut. L'ogre revenait heureux de la chasse, portant sur ses épaules un chevreuil encore chaud dont le sang lui souillait les vêtements.

 

"La joie de retrouver mon fils vaut plus que tous les chevreuils d'Ardenne", s'écriait-il, fou de joie.

 

Le page vécut trois jours dans le château. Il en visita tous les recoins et sa mère supposée lui montra, dans le petit jardin clos, au pied du donjon, l'herbe magique. Il la cueillit, remercia sa bonne hôtesse et s'en fut.

 

Après toute une journée de trajet, qui lui parut à peine une heure tant il était joyeux, il retrouva à l'auberge l'officier du duc, avec qui il avait fait route la semaine précédente. Il lui montra sa précieuse trouvaille. Furieux du succès de son compagnon, l'officier le tua d'un coup de poignard dans le dos, lui déroba la plante magique et l'enterra sous un aulne à l'orée de la forêt.

 

Le fourbe soudard rentra triomphant chez le duc. Il raconta que son compagnon avait été tué par un loup, la nuit, en forêt. La décoction de l'herbe magique guérit le duc en quelques semaines, et l'on célébra en grande pompe les fiançailles de la jeune duchesse avec le capitaine félon. Elle connaissait sa brutalité et pleurait à la fois la mort du page qu'elle avait aimé sans le lui dire, et l'obligation d'épouser bientôt le capitaine pour tenir la promesse faite par son père. Celui-ci, avant le mariage, voulut aller voir cette fabuleuse forêt d'Ardenne à laquelle il devait d'avoir recouvré la force, échappant au rendez-vous du trépas. Le duc partit avec une troupe de soldats, à laquelle le capitaine se joignit de mauvais gré. Il s'agissait pourtant de revenir sur le terrain de l'exploit qui allait le faire duc et plus tard souverain de son pays.

 

Après plusieurs jours, la compagnie arriva à l'orée de la forêt, elle prit du repos avant d'y pénétrer. Un des gardes coupa une branche d'un aulne, et, comme les enfants, il s'en fit un sifflet.

 

Quand le petit instrument fut achevé, au lieu d'émettre un sifflement il chanta :

 

"Souffle, souffle, soldat,

Ce n'est pas toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour la plante enchantée."

 

Le garde crut avoir la berlue. Il souffla plusieurs fois dans le sifflet d'aulne. Chaque fois, la même voix, une voix très jeune, lui chantait les mêmes paroles.

 

Effrayé, il alla raconter cette étrange aventure au duc, qui fit l'expérience lui-même.


A nouveau le sifflet chanta, mais les paroles étaient différentes :

 

"Souffle, souffle, noble duc,

Ce n'est pas toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour la plante enchantée."

 

Le front du duc se rida. Il devina qu'un crime avait été commis. Il fit souffler chacun de ses compagnons dans le sifflet d'aulne.

 

Les paroles étaient chaque fois les mêmes que celles qui avaient été chantées au premier garde. Mais quand ce fut le tour du capitaine criminel, la voix fut plus forte et chacun entendit très distinctement :

 

"Souffle, souffle, soudard félon,

C'est toi qui m'as tué

Dans les grands bois d'Ardenne

Pour me ravir l'herbe enchantée."

 

Le duc fit immédiatement arrêter le capitaine. On l'enchaîna et on creusa sous l'aulne où l'on retrouva le corps du page, le dos portant la trace d'une plaie profonde.

 

Et tandis qu'on pendait à la maîtresse branche de l'aulne l'officier assassin, le sifflet chantait tout seul :

 

"Souffle, souffle, noble duc,

C'est toi qui m'as vengé

Dans ces grands bois d'Ardenne

Où poussera toujours l'herbe enchantée."


 

 

 

Pour en savoir plus :

 


- Éloïse Mozzani - Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) 


- Jean Markale - Nouveau Dictionnaire de Mythologie celtique (Éditions Pygmalion - Gérard Watelet, 1999), 


- Angelo de Gubernatis - Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
 

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 20:07

 

 

 

Mythologie des arbres

L'abricotier - Prunus armeniaca

Abricotier d'Arménie - Amygdalus armeniaca - 

 


 

L'abricot est un fruit à noyau du genre Prunus originaire des montagnes de l'Iran oriental, du Turkestan et du nord-ouest de l'Inde où il se trouve encore.


Originaire d'Asie Centrale, il est adapté aux climats chauds, notamment au climat méditerranéen. Il peut cependant résister à des températures très basses en hiver (jusqu'à -25°C, voire -30°C pour certaines variétés. La récolte d'abricots y sera cependant plus aléatoire, car l'arbre en période de floraison est très sensible aux gelées printanières. 


Des abricotiers sauvages poussent dans la chaîne de montagnes des Tian shan, d'Asie centrale et dans diverses régions de Chine  ainsi qu'en Corée et au Japon.

 

...En marche vers le nord, 

A la vue de fleurs d'abricotiers

Soie de glace taillée découpée, 

De délicates pliures en maintes épaisseurs,

Une légère touche de fard rouge appliquée,

C'est un nouveau style de beautés poudrées,

Elégantes et parfumées 

qui se répandent en vapeurs parfumées"... 


Sòng Huī Zōng - Zhào Jí (1082-1135) 
"Le pavillon du Mont des Hirondelles"


 


 

 

L'abricotier  (Prunus armeniaca) arbre de petite taille au port naturellement étalé, raffiné du printemps à l'automne, caresse le verger par sa floraison précoce. Il s'épanouit dans une terre bien drainée et ensoleillée. Ses fleurs laissent la place aux fruits à noyaux.


C'est un arbre de petite taille au port naturellement étalé, dépassant rarement 6 mètres de hauteur, et appartenant à la famille des Rosacées. Sa durée de vie est en général de 40 à 45 ans, et on peut espérer récolter des abricots 3 ou 4 années après la plantation. Cet arbre fruitier peut atteindre jusqu’à  5-6 mètres de hauteur environ,  mais il existe également des variétés naines.


Il a tendance à avoir une forte végétation. Le tronc est à écorce craquante brun-noir. Le port peut aller d'une position érigée à une forme retombante presque pleureuse. Il a une croissance sympodiale. Il est multiplié par greffage. Enfin il est caractérisé par une floraison précoce ; ce qui le rend sensible aux gels de printemps.


 

 

 

Des fleurs blanches ou rose pâle décoratives, et autofertiles apparaissent avant les feuilles à la mi-mars, avec 5 sépales et 5 pétales, 25 étamines. Le pistil est unicarpellé à ovaire infère non adhérent, contenant 2 ovules.


L'abricotier peut donc féconder ses fleurs avec son propre pollen.


 

 

Les feuilles luisantes, caduques, arrondies, alternes, portées par de longs pétioles.  ont un limbe de forme elliptique cordiforme, pourvu de stipules, à bord crénelé denté. 


 

Suite à cette belle floraison, un fruit ovale jaune orangé, orange (plus ou moins intense) et rouge-orangé, à l’épiderme duveteux et velouté, se développe à partir de l'ovaire et mûrit de la fin juin à la mi-août. Sucrés et légèrement acidulés, les abricots sont déclinés à travers une trentaine de variétés en France. 


 

Le noyau, non adhérent à la chair, contient une amande douce ou amère selon le cas.


 

La maturation débute une semaine avant la récolte. Le fruit cesse d'accumuler des réserves et commence à les utiliser comme source d'énergie. La durée de cette période varie en fonction des variétés et des conditions climatiques.


 

Les bourgeons floraux sont situés à côté ou à la place des bourgeons végétatifs, ils ne contiennent en général qu'une seule  fleur. Ils entrent en dormance progressivement au cours de l'été. Si les températures hivernales sont trop basses les pièces florales sont nécrosées et il y aura déficience de fructification.


 

 

 

Pollinisation


La majorité des variétés traditionnelles est autofertile, ce qui ne rend pas la présence d'abeilles indispensable. Mais actuellement, de nombreuses variétés d'origine américaine autostériles sont introduites dans les vergers français et nécessitent la présence d'une variété pollinisatrice adéquate (compatibilité et époque de floraison).


 

 

 

Aujourd'hui, la France est reconnue pour ses variétés qualitatives qui s'adaptent bien au climat, notamment au climat méditerranéen. Pouvant résister à des températures très basses en période hivernale (-25°C pour certaines variétés), on le retrouve volontiers dans des régions situées au nord de la Loire avec une récolte cependant plus aléatoire sur des variétés à floraison tardive.

 

 

Dans les régions où le climat est plutôt défavorable, on veillera à choisir une variété à floraison tardive.

 

On peut classer les nombreuses variétés d'abricotier selon plusieurs critères : la pollinisation, la précocité de la floraison, la précocité de la récolte...

 

Variétés autofertiles :

- "Bergeron"

- "Luizet"

- "Précoce de Saumur" 

- "Rouge du Roussillon"

 

Variétés peu ou pas autofertiles : 

- "Lambertin", 

 

 

Variétés à floraison précoce : 

- "'Précoce de Saumur" 


C'est un abricotiers précoces ! Les fruits se récoltent dès fin juin et pendant le mois de juillet. Il est rustique.  Il doit toutefois ll’installer à un emplacement ensoleillé et protégé des vents du Nord et d’Est pour préserver sa floraison hâtive des gelées tardives (les fleurs sont détruites à -2°C).  Il donne des fruits ovales orange clair ponctués de rouge . Ils sont savoureux, juteux et fondants. 


et aussi 

- "Muscat"

- "Pêche de Nancy"

 

 

 

Variétés à floraison tardive ou semi tardive 

- "Rouge du Roussillon"

Cet abricotier est à réserver aux climats doux, comme le sud de la France, malgré sa floraison semi-tardive, en mars-avril.  Il fournit à partir de mi-juillet, de beaux fruits orange clair piquetés de rouge, appréciés pour leur arôme unique, très prononcé. Leur chair est fondante, sucrée et parfumée mais plus adaptés aux  confitures, compotes ou les tartes aux fruits. Ils tiennent mieux à la cuisson.

 

- "Bergeron"

Apprécié pour ses gros fruits de bon calibre, une chair ferme, et acidulée.  Rustique, il est  bien adapté aux régions plus froides et aux variations de températures qui sévissent souvent en fin d’hiver. Sa floraison semi-précoce, en mars-avril, lui permet d’éviter les fortes gelées de fin d’hiver. Sa production est régulière et vigoureuse. La récolte survient à partir de mi-juillet et jusqu’à mi-août.


et aussi

- "De Hollande",

- "Fleurit tard", 

- "Gros rouge",

- "Poman rosé" 

- "Roman", 

- "Orangé de Provence",

 

 

 

Variétés à maturité précoce (juin-juillet) :
 

- "Luizet"

Variété vigoureuse, productive et rustique. Avec sa floraison qui survient en mars-avril, et sa résistance à des basses températures, cette variété est bien adaptée aux régions froides. Il fournit en juillet des abricots de gros calibres, jaune-orangé, ponctuée de rouge violacé,  une chair ferme et assez juteuse et sucrée. Délicieux frais, ils sont également adaptés à la pâtisserie ou à de savoureuses confitures maison car le dénoyautage est facile.

 

 

- "Lambertin", 


Arbre à floraison et maturité précoce en février. Ses fruits orangés teintés de rouge côté soleil, de bonne qualité gustative, à la chair légèrement farineuse. Maturité début juillet, l'’acidité de la peau se révèle à la cuisson et à la centrifugation, peut être congelé. Petit noyau rond qui se détache bien de la chair, amande amère.


et aussi :

- "Bulida", 

- "Early Blush"

- "Orangered"

- "Orangé de Provence"

- "De Boulbon".


 

Les dates de floraison et de récolte varient bien sûr en fonction des régions 

Il peut être planté en plein vent. Dans le nord de la France, il accepte cependant la culture en espalier.


 

 

L'abricotier du Japon, mume, ume ou umé 

(Prunus mume (Sieb.) Sieb. et Zucc.)

 


est un arbuste à fruits à noyau du genre Prunus, rattaché à la famille des Rosaceae.

Il appartient avec l'abricotier P. armeniaca et les autres abricotiers du monde, au sous-genre Prunus section Armeniaca du genre Prunus.


Son aire d'origine se situe dans les régions centrales du sud de la Chine (Sichuan et Yunnan) et sa culture s'est répandue dans tout l'Extrême-Orient. Il est profondément associé à l'art et la littérature des grandes civilisations de ces régions.


L'espèce a été introduite au Japon avec le bouddhisme au viie - viiie siècle. 
Prunus mume est un arbre à cime arrondie, à écorce d'un gris plus ou moins verdâtre.


Les fleurs à corolle blanche ou rose, éclosent tôt au printemps, en mars-avril, parfois dès janvier. Les fleurs sont solitaires ou par deux. Il existe des variétés à fleurs doubles recherchées pour leur aspect ornemental. Les fleurs exhalent un parfum pénétrant.


Ses feuilles alternes, caduques, aux bords finement dentés, apparaissent peu de temps après la chute des pétales. Le pétiole porte en général des nectaires.


Les fruits sont des drupes globuleuses de petite taille à noyau adhérent. Ils sont marqués, comme les abricots, d'un sillon allant du pédoncule à la pointe. Ils arrivent à maturité entre fin mai et fin juillet. Ils gardent une couleur verdâtre panachée de jaune, et sont assez acides et très peu sucrés, mais exhalent un parfum agréable.


 

 

 

Etymologie 

Abricotier

 


D’abricot avec le suffixe -ier,


Abricot est un singulier exemple de la propagation et de l’altération des mots ; c’est par l’intermédiaire de l’arabe qu’un mot latin est revenu dans les langues romanes.


Latin "praecoquum" : fruit précoce, mais aussi aperire (ouvrir)

Grec "abros" : délicat, tendre

Bysantin "berikokkon ou berikkokion" 

Arabe  "praikokion " transcrit en "al-barquq"

 

Bescherelle, dans son Dictionnaire de la langue française, le faisait venir du 

- celtique "abred" :  précoce


A l'origine du mot abricot

- Portugais : albricoque

- Espagnol : albaricoque

- Catalan : albercoc

- Provençal : aubercot, aubricot, ambricot, albricot

- Italien : albicócco, albercocca, albicocca

- Français : aubercot, arbricot, abricot


Académie française - Bonheur et surprises de la langue - 2018


 


 

 

Dans les Grandes Antilles, le terme abricot désigne le fruit d'un arbre appelé Abricotier des Antilles Mammea americana L. de la famille des Clusiacées.


 

 

 

Tradition et mythe de la Chine ancienne 

Autel de l'Abricotier, au temple de Confucius

 

 

Le plus grand et le plus ancien temple confucéen se trouve à Qufu, la ville natale de Confucius, petite ville avec environ six cent mille habitants. Elle est située dans la partie ouest de Shandong.

 
Il est fondé en 479 av. J.-C., soit un an après la mort de Confucius, sur l'ordre du duc Ai de l'État des Lu qui souhaite que la demeure du maître devienne un lieu de dévotion, un temple où des sacrifices seront rendus en son honneur. Le temple est agrandi à plusieurs reprises durant 2 000 ans, jusqu'à atteindre sa grande dimension actuelle...


Le développement des temples de Confucius par l'État est une conséquence de sa progressive élévation au rang de "saint".


Le temple est composé de 9 cours entourées de 466 salles et pavillons. Le temple est protégé par une muraille d'enceinte, renforcé aux quatre angles de bastions. A l'intérieur du temple, on trouve partout des pins et cyprès centenaires, le Pavillon Kuiwen, le pavillon des stèles avec inscriptions calligraphiées par des empereurs, des grandes salles et

l'autel de l'Abricotier


Tout au long de sa vie, Confucius n’était "jamais fatigué d’apprendre et jamais las d’enseigner aux autres " ; même si le célèbre abricotier, où la légende raconte que Confucius enseignait chaque jour ses leçons à ses 72 disciples, n’est plus là, un bel autel fermé est là pour commémorer l’endroit.

Durant les années qui suivent la construction du temple de Qufu, les esprits de Confucius et de ses disciples ont été représentés sur des fresques murales et des statues en terre cuite et en bois. 

 

 

 

V° siècle av. J.C.


L'abricotier est cultivé en Chine depuis 2000 ans

 

 

 

 

III° siècle av. J.C.

 


220-280 av.J-C.


Tous les composants de l’abricotier sont très largement utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise depuis la période des trois royaumes (220-280 av.J-C).

 

 


 

I° siècle av. J.C.

 


L'introduction de la culture de l'abricotier au Proche Orient s'est faite à travers l'Iran et l'Arménie, aux alentours du I° siècle avant notre ère.


Les Grecs puis les Romains ne prirent connaissance de l'abricotier qu'à cette époque qu'on trouve des mentions de ce fruit dans des textes.

 

 

Marcus Gavius Apicius (v. 25 av. J.-C.-37 apr. J.-C.) figure de la haute société romaine  amateur de plaisirs (notamment les plaisirs de la table)
"De re coquinaria" Livre IV"...


 (L'Art culinaire, le premier livre de recettes connu)


..."Minutal ex praecoquis: adicies in caccabum oleum, liquamen, vinum, concides cepam ascaloniam aridam, spatulam porcinam coctam tessellatim concides. his omnibus coctis teres piper, cuminum, mentam siccam, anethum, suffundis mel, liquamen, passum, acetum modice, ius de suo sibi, temperabis, praecoqua enucleata mittis, facies ut ferveant, donec percoquantur. tractam confringes, ex ea obligas. piper aspargis et infere... , 

 

Ajoute dans une cocotte de l'huile, du garum, du vin, émince de l'oignon sec d'Ascalon, coupe en petits dés la palette de porc cuite. Après avoir fait cuire tout cela, tu  piles du poivre, du cumin, de la menthe sèche, de l'aneth, verse dessus du miel, du garum, du vin paillé, un peu de vinaigre, et du jus de la cuisson, tu mélanges bien.Ajoute des abricots dénoyautés et fais les bouillir jusqu'à complète cuisson. Tu lieras avec de la pâte émiettée, tu saupoudres de poivre et tu sers.

 

 


Pedanius Dioscoride (entre les années 20 et 40 ap. J.-C. - vers 90 ap. J.-C., médecin, pharmacologue et botaniste grec mentionne l'abricot  sous le nom de "Mailon armeniacon" "pomme d'Arménie". Il dit que les latins l'appelaient "Praikokion"

L'origine arménienne était indiquée par le nom grec, mais ce nom pouvait signifier seulement que l'espèce était cultivée en Arménie.


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. - 79) écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée "Histoire naturelle" (vers 77) fait une allusion rapide à une variété portant le nom de praecocium (précoce).


Rozier, Cours complet d'Agriculture, tome I, planche 3 : Abricot précoce

 


 

 

VIII° siècle

 


Il fut introduit en Espagne par les Maures après 714.

 

 

 

X° siècle

 


Abū ʿĪsā Muḥammad ibn Hārūn al-Warrāq, (889- 994), érudit arabe
propose une recette de poulet aux abricots (décrits comme jaunes et acides) appelée mishmishiyya. (livre de cuisine de 1226)


 

 

 


XV° - XVI° siècle

 


Son introduction en France se serait faite par deux voies :


- En provenance de Catalogne par le Roussillon. On ne sait pas à quelle époque mais probablement avant le XV° siècle.L’abricot redécouvre l’Europe chrétienne à partir de l’Andalousie arabe : al-barqûq devient albaricoque en espagnol, albercoc en catalan.

- En provenance d'Italie par la vallée de la Loire. Le roi René d'Anjou (1409-1480) qui hérita du royaume de Naples en 1435 ramena d'Italie ce fruitier dans sa région natale, où il prit le nom d'"abricotier" vers 1560 ;

 


 


 

 

Miniature, manuscrit Aja’ib al-makhluqat ("Wonders Of Creation"),

Zakariyya ibn Muhammad al-Qazwini, 

abricotier (Mishmish).


 

 
 

 

Plusieurs manuscrits contiennent des représentations de la cueillette de l'abricot

Tacuinum Sanitatis, du médecin Arabe Ibn Butlân, 

Mala Persica potius quam Armeniaca / Abricotier - Tacuinum sanitatis, Ibn Butlân, manuscrit enluminé, Latin 9333 f°6v, 1400-1501


 

 

 

Tacuinum Sanitatis in Medicina, 

du médecin arabe Ibn Butlan,

Récolte des abricots, Codex de Vienne, 

manuscrit d'Italie du Nord, fin XIVe s., folio 9v,

Osterreichische Nationalbibliothek.


 

 


 

Ambroise Paré (1509 ou 1510-1590 chirurgien et anatomiste français.
Livre XIX, 20.

..."Nous voyons du noyau d'abricot venir un abricotier et non le pommier, parce que nature garde toujours son genre et espece"... 

 

 

 

Pierre de Ronsard (1524-1585) poète français


..."J'ai l'esprit tout ennuyé

Achète des abricots,

Des pompons, des artichauts,

Des fraises et de la crème

C'est en été ce que j'aime"...,

 


 

Guillaume de Salluste Du Bartas (1544-1590) Diplomate et poète, Du Bartas est un calviniste convaincu.


La terre se couvre de fleurs et de fruits

Ja le pesché velu, jà l'orenge doré,

Le friand abricot, et le coing decoré

D'un blanchastre duvet, portent sur leur escorce,

Escrite du grand Dieu la pourvoyante force.

 

 

 

1560 - 1624

La dénomination en latin scientifique de armeniaca a été utilisée la première fois par le naturaliste suisse Gaspard Bauhin (1560-1624) (dans Pinax theatri botanici).

 


 

1575 - 1589

La forme, le velouté de sa peau, les courbes du fruit et sa couleur jaune orangé parfois teintée de rouge ont contribué à faire de l’abricot un symbole sensuel.

Au point qu’à la Cour de France, où rébus et bons mots étaient très en vogue à la Renaissance, la Reine Louise de Lorraine, épouse d’Henri III, finit par faire interdire l’emploi du mot, tant celui-ci était employé dans des expressions triviales.


 

 

 

XVII° siècle

 

 

Charles Sorel (v.1602-1674), romancier et écrivain français 

Le Berger extravagant - Livre 5, page 206)

…"il faudroit qu’une nymphe abricotière mangeast des serises, et une nymphe serisée des abricots, afin qu’elles s’aydassent mutuellement sans pécher contre nature, et sans dévorer leurs propres membres"

 


 

1686
Il sera plus tard, dès la Renaissance, introduit en France. À Versailles, le jardinier de Louis XIV plante des abricotiers dont le fruit est très apprécié. 

L’été (la récolte des fruits et irrigation). Détail de la gravure représentant les quatre saisons
et placée en tête de la sixième partie d’Instruction pour les jardins fruitiers
et potagers (Tome 2) de Jean-Baptiste de La Quintinie publié en 1690


 

 

Le surnom d'œuf de soleil de l'abricot nous vient de Jean Chardin, dit le "Chevalier Chardin" (1643-1713) voyageur et un écrivain français dans son Voyage en Perse et aux Indes orientales.


 

 

Olivier de Serres (1539 – 1619) agronome et maître confiturier

En 1600 paraît un ouvrage intitulé "Théâtre de l’agriculture et mesnage des champs".  

Il consacre plusieurs chapitres aux confitures : "Au sucre, plusieurs et divers fruits des arbres et du parterre du jardin se confisent très bien, et de même se conservent fort longtemps en bonté et beauté." Il passe en revue les différentes manières de préparer les fruits dont les abricots.

 

 

 

Nicolas de Bonnefons: un valet passionné de confitures

Valet de chambre du Roi – en l’occurrence Louis XIV Nicolas de Bonnefons œuvre aussi en tant qu’agronome.

En 1651, il publie "Le jardinier français"

avec des recettes de confitures et de gelées. dont l'abricot

En revanche l’abricot est cultivé dans le monde arabe, jusque dans al-Andalus. Les Arabes l’ont-ils découvert via les Romains ou via les Grecs ? Ils l’appellent en effet al-barqûq (tiré de praecoquus ou praikokon) ou mishmish


 

 

 

 

XVIII° siècle

 

 


Il faut attendre le XVIII° siècle, pour voir l'abricotier se développer à plus grande échelle.

 

 

 

Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

1re édition (1751)

ABRICOTIER, s. m. arbre à fleur en rose, dont le pistil devient un fruit à noyau. La fleur est composée de plusieurs feuilles disposées en rose : le pistil sort du calyce, & devient un fruit charnu presque rond, applati sur les côtés & sillonné dans sa longueur ; ce fruit renferme un noyau osseux & applati, dans lequel il y a une semence.

 

 

 

1753.

La croyance en une origine arménienne fut entérinée par Carl von Linné qui baptisa l'espèce Prunus armeniaca (1753). 

 

 

 

André Marie de Chénier, dit André Chénier (1762-1794) poète et journaliste français 

- Les bucoliques

...Vois le jeune abricot, sous les yeux d'un beau ciel, 

arrondir son fruit doux et blond comme le miel....


 

 

 

 

Diderot et D’Alembert

Ouvrage majeur du XVIIIe siècle, 

l’"Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers" fut éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert. 

Encyclopédie, 1758


"Prenez des abricots verds ; remplissez un chauderon d'eau à demi ; jettez-y des cendres de bois neuf ou gravelées ; faites faire à cette lessive sept ou huit bouillons ; mettez-y vos abricots ; remuez-les avec l'écumoire. Quand vous vous appercevrez qu'ils quitteront le noyau, mettez-les dans de l'eau froide, maniez-les, nettoyez & passez dans d'autre eau claire. Faites bouillir de l'eau dans une poele ; jettez-y vos abricots que vous tirerez de l'eau claire. Quand ils seront cuits, vous ferez fondre dans une poele une quantité de sucre clarifié, proportionnée à celle des abricots : cependant vous laisserez égoutter vos abricots entre des serviettes ; vous les tirerez de-là pour les jetter dans le sucre ; vous les y laisserez bouillir doucement ; bientôt ils verdiront : alors poussez le bouillon ; remuez, écumez, laissez refroidir, & serrez."
 

 

 

Abbé  François Rozier (1734-1793) botaniste et agronome français.
parle de l'abricot


..."Le fruit est doux, agréable, un peu aromatique ; la chair du fruit nourrissante, béchique, indigeste ; l’amande rafraîchissante, émulsive ; la gomme de l’écorce incrassante, adoucissante. L’amande fournit une huile qui peut s’employer dans les mêmes cas que celle d’amande douce"...

 

 

 

Gravure sur bois extraite de l'ouvrage 

Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), physicien, botaniste et agronome français.

"Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre",
Paris, Guérin et Delatour, 1755.

Abricots


 

 

 

XIX° siècle

 


 

1803

Edme Mentelle & Conrad Malte-Brun,

Géographie mathématique, physique & politique de toutes les parties du monde, vol. 16, 1803, p. 272

..."La plupart des montagnes de Valachie sont garnies de bois composés de poiriers, de cerisiers, d’abricotiers et autres arbres fruitiers qui donnent aux forêts l'aspect d'immenses vergers"..

 

 


Alexandre Dumas (1802-1870) est un écrivain français 

Grand Dictionnaire de Cuisine 
 l’ "Entremets Flan d’abricots à la Metternich", 

"L’abricot … est un des éléments le plus usuellement et le plus agréablement employés dans la confection des entremets sucrés, ainsi que pour nos desserts de l’automne et de l’arrière-saison. Au moyen de cet excellent fruit on parfume délicieusement des sorbets, des glaces ; on fait d’excellents gâteaux, des beignets, des tourtes, des flans, des crèmes, des compotes et des conserves," …. 
 

 

 


1848

Louise Bernier, Les Histoires de la vieille tante Christine, Belin-Leprieur et Morizot, Paris, 1848.

"Les Pensionnaires et les abricots", 

..."L'élève est bien vite au haut de l'échelle, elle cueille , et jette les abricotsqui sont ramassés. Aussitôt, on dépouille le malheureux arbres de ses plus beaux fruits : seulement, comme je l'ai dit, on en laisse quelques-uns çà et là, et il ne fallait pas avoir de bons yeux pour s'apercevoir de la cueillet abondante qui venait d'être faite"...

Gravure extraite de "Les Pensionnaires et les abricots", 

 

 


1838 - 1886  

L'abricot en Valais  

...Il y a maintenant 120 ans, un émigré français a planté en Valais le premier abricotier. Entre la révolution française et la guerre du Sonderbund, la Suisse vécut une période troublée. Le sang coula, hélas ! à plusieurs reprises, sur son sol. Entre la jeune et la vieille Suisse, de véritables batailles s'engagèrent, dans la haute vallée du Rhône.

Pendant que beaucoup de valaisans guerroyaient, un homme planta dans la vallée le premier abricotier ; il s'appelait Gabriel Luizet. C'était un émigré français. Quels ennuis l'avaient chassé de son pays ? Nous ne le savons. Venu en Valais pour y trouver la paix, il y rencontra la guerre en ce printemps 1838. Luizet s'élève un peu au-dessus de la plaine, sur le coteau de Saxon. Il confie à ce sol qu'il ne connait pas encore, un novau d'abricot. Le germe pousse. L'arbre grandit. Cinq ans plus tard, un fruit merveilleux mûrit, promesse d'innombrables autres fruits.


D'où venait ce noyau originel ? Ses plus lointains ancêtres devaient être chinois, depuis le Turkestan jusqu'à la Mandchourie. Confiais par les qualités de ce fruit, des voyageurs l'introduisirent en Arménie ; d'où son nom "Prunus Armeniaca". Il s'y plut, comme il allait se plaire en Valais, car se sont deux vallées assez nemblables, chaudes, venteuses sur les pentes et si sèches qu'elles doivent être irriguées. 


Les Romains à leur tour s'emballèrent pour l'abricot et lui donnèrent à conquérir l'Italie. Mais ils l'appelèrent "Malus praecox" =  pommier précoce, parce que la floraison est chaque printemps menacée par le gel. (Rien n'a changé sous les bises du Nord en avril).


Les migrations, ces grands brassages des peuples, ouvrirent à l'abricot, par les Maures, les portes de l'Espagne et de la France. De France, il allait donc entrer en Suisse le plus simplement du monde et se trouver chez lui dans ce jardin rhodanien.


Au dire de vieux valaisans, ce seraient les soldats-mercenaires qui auraient apporté les premiers noyaux d'abricots, avec lesquels ils obtinrent les premiers sauvageons d'abricotier.


Après la légende et l'article qui précèdent, nous arrivons dans le domaine de la certitude concernant l'introduction en Valais des abricotiers greffés de diverses variétés.


En 1886, encore un Français, Joseph Sablier originaire de Rive de Gier, région proche de Lyon, achetait au lieu dit "Les Iles du Fonds",  terres de Saxon, les portions bourgeoisiales de Dame Anne-Marie Volluz  veuve d'Etienne, selon cadastre de Saxon. L'acquéreur y établit un jardin-fruitier et y construisit sa maison. Il importa de la région lyonnaise toutes les variétés cultivées à cette époque :

"Luizet", fruit de bonne grandeur, parfumé, savoureux, doré, lavé de rouge à l'insolation, assez ferme, supportant bien le transport. Reste la variété la plus cultivée en Valais ; 


par Marguerite Chappot-Jeanneret selon "Le Confédéré" du 6 août 1958, le journal français "Expres" a publié cet article sur l'abricot du Valais. 

 

 

1866


Victor Hugo (1802-1885), poète français

Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 123.

...Et Gilliatt avait entendu cette Parisienne raconter en ces termes ses malheurs : "je suis très ennuyée, je viens de recevoir des gouttes de pluie sur mon chapeau, il est abricot, et c'est une couleur qui ne pardonne pas"...

 

 

1873

Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

Le Ventre de Paris, 1873, p. 823.

C'était elle, c'étaient ses bras, c'était son cou, qui donnaient à ses fruits cette vie amoureuse, cette tiédeur satinée de femme. Sur le banc de vente, à côté, une vieille marchande, une ivrognesse affreuse, n'étalait que des pommes ridées, des poires pendantes comme des seins vides, des abricots cadavéreux, d'un jaune infâme de sorcière. Mais, elle, faisait de son étalage une grande volupté nue. 

 

 

 

1875

Jules Trousset est un encyclopédiste, historien et géographe français,

Grande Encyclopédie illustrée d’économie domestique et rurale, grande cuisine, cuisine bourgeoise, petite cuisine des ménages, 

Paris, Arthème Fayard, éditeur 1875, 2 vol. 

Crème aux abricots

 "Faites cuire douze abricots avec 125 grammes de beau sucre, passez-les au tamis et laissez-les refroidir. Ajoutez ensuite un petit verre de ratafia des quatre fruits ou de ratafia de noyau, délayez-y huit jaunes d'œufs, passez ce mélange à l'étamine, afin qu'il n'y reste rien des germes, ajoutez-y le sucre nécessaire et faites cuire au bain-marie dans la même jatte, ou dans le moule, ou dans les petits pots que vous désirez servir sur table, en conduisant votre opération comme celle des autres crèmes analogues. On peut remplacer le ratafia par un demi-verre de vin blanc ; mais il ne faut pas que ce soit un vin trop savoureux ou trop parfumé, parce qu'il aurait l'inconvénient de masquer le goût du fruit."

Mythologie des arbres - L'abricotier - Prunus armeniaca

 

 

1876

Du Breuil,

Culture des arbres et arbrisseaux à fruits de table,1876, 

...L'abricotier est l'objet de cultures assez étendues ... en Auvergne, aux environs de Paris ... Les fruits de cet arbre sont consommés à l'état frais, mais ils le sont plus encore sous forme de marmelades et de pâtes.... 

 

 

 

1885


D'après De Candolle (Origine 1882), ce serait le botaniste Joseph Decaisne (1807-1882) qui serait le premier à avoir soupçonné l'origine chinoise de l'arbre. Il avait reçu des échantillons du Dr Bretschneider d'abricots sauvages "des montagnes de Pékin" :

..."Le fruit est petit... sa chair est jaune rougeâtre, d'une saveur acide, mais mangeable et d'abricots cultivés aux environs de Pékin, deux fois plus gros et semblables à nos abricots"....

 

 


1899


Remy de Gourmont (1858 -1915) écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

Esthétique de la langue française1899, p. 141.

... Le t pour le c dur se trouve en latin : quinque, quintus, ce qui correspond à la déformation française; taberna et caverna; torquere, tortura, l'italien busto a donné, buste et busc. En français on peut noter tabatière pour tabaquière, peut-être abricotier pour abricoquier... 

 

 

Chu Manh Trinh (1862-1905) célèbre érudit de la dynastie Nguyen, l'auteur de l'article nostalgique Ham Tu quan.

..."En gazouillant dans la forêt d'abricotier, 

les oiseaux font offrandes de fruits"...


 

 

 

1899

Pal (1855-1942). Illustrateur

Imp. Paul Dupont (Paris)

Abricotine, délicieuse liqueur P. Garnier. Enghien-les-Bains, 

lithographie  Affiche

Bibliothèque nationale de France, 

 

 
 

1899

Pal (1855-1942). Illustrateur

Imp. Paul Dupont (Paris)

Abricotine, délicieuse liqueur P. Garnier. Enghien-les-Bains, 

lithographie  Affiche

Bibliothèque nationale de France, 

 

 

 

XX° siècle

 

 

1900

Tamagno

affiche Produits d'Auvergne

fruits confits et pâte d'abricot

 

 

 

Romain Rolland (1866-1944) écrivain français, lauréat du prix Nobel de littérature de 1915.

Jean-Christophe,- La Nouvelle journée, 1912, p. 1444.

..."Des maisons multicolores, abricot, citron, cédrat, qui luisent parmi les oliviers, fruits merveilleux, dans le feuillage ... La vision italienne est une sensualité; les yeux jouissent des couleurs, comme la langue d'un fruit juteux et parfumé"...

 

 

 

Sabine Sicaud (1913-1928) poètesse française

Printemps

..."Je m'étire, j'étends mes bras au bon soleil

Pour qu'il les dore comme avant, qu'ils soient pareils

Aux premiers abricots dans les feuilles de juin"...

 

 

 

1905

Art nouveau

Eugène Grasset (1845-1917) graveur, affichiste, décorateur et architecte français d'origine suisse, représentatif de l'art nouveau.

Abricotine liqueur  P. Garnier


 

 

 

1910

J.-L. Goffart et J. R. Guillot, 

Abricot Docteur Mascle, revue horticole  Hortalia, 


 

 

 

Pierre Benoit (1886-1962) écrivain français, membre de l'Académie française, 

L'Atlantide, 1919, p. 136

..."Et surtout, dans les grands plats vermeils ou dans les jarres d'osier, des fruits, des masses de fruits, figues, dattes, pistaches, jujubes, grenades, abricots, énormes grappes de raisin, plus longues que celles qui firent ployer les épaules des fourriers hébreux dans le pays de Chanaan, lourdes pastèques ouvertes en deux, à la chair humide et rose, avec leurs régimes de grains noirs"...

 

 

 

Sidonie Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954) femme de lettres française, 

Printemps passé - La maison de Claudine

Dans le verger, de raides baguettes d'abricotier, sacrifiées, brûleront, une heure encore, leur petite flamme de fleur avant de mourir, et les abeilles n'en laisseront rien perdre... 

 

 

 

Paul Claudel (1868-1955) dramaturge, poète, essayiste et diplomate français, membre de l'Académie française.

Le Poète regarde la croix, 1938, p. 239.

..."Voici tous les fruits du verger et la profusion de la corbeille, toutes ces variétés de délices, tout ce qui est né pour fondre, la poire et la pomme dans notre bouche qui réalisent toutes les promesses de la chair, la pêche, l'abricot, la prune profonde, le grapillon aigrelet de la groseille, les raisins bleus et blancs" ...

 

 


Paul Charles Jules Robert (1910-1980) lexicographe et éditeur français. 

Société du Nouveau Littré, Paris, 1965

Abricot, n. m. (du portug. Albricoque, d’après l’arabe al-barqoûq, le fruit précoce, du lat. praecox ou praecoquus). Fruit de l’abricotier, (drupe) qui se consomme frais, cuit, en compote, confiture, gelée, marmelade, pâte, ou séché par déshydratation, huiles, essences.


 

 

 

Hassan Amdouni (1955) enseignant et écrivain belgo-tunisien, docteur en histoire et civilisation de l'université Paris-Sorbonne,

corrigé et remanié 

Sources extraites du livre "La Médecine Du Prophète


  Muhammad Salla-llah allahi wa salam" par JALAL AD-DIN AS-SUYUTI revue,


... L'abricot est froid humide. Il pourrit rapidement.   L'eau où on le laisse macérer étanche bien la soif. Il va mieux à l'estomac que la  pêche. (La pêche, en Orient, est un fruit très médiocre ; l'   abricot est de beaucoup meilleur. L'abricot hamawi est d'un parfum très fin   et très délicat).  On l'adjoint aux préparations par digestion....


 

 

 

Francis Ponge (1899-1988) écrivain et poète français

Gallimard, 1971.

"L'abricot" in Pièces,"  


    ..."La couleur abricot, qui d'abord nous contacte, après s'être massée en abondance heureuse et bouclée dans la forme du fruit, s'y trouve par miracle en tout point de la pulpe aussi fort que la saveur soutenue"...


 

 

 

XXI° siècle

 

 

 

Pierre Perret, La belle fermière,

Chansons éroticoquines (2002)


...Quant un moribond l'appelait

Narguant la mort à son chevet

Elle la collait comme un défi

La bouche édentée de l'ancêtre

A son abricot en folie

Et le papi était guéri

L'abricotier et le pêcher...
 

 

 

Christiane Beerlandt, auteure 

Symbolique des aliments, la corne d'abondance 

Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014

    ..."L'Abricot est très gentil et très doux avec lui-même. Il écoute ses sentiments ; il se sait joyeusement ému et attendri par la Vie, par le fait même de son Être, et aussi par son corps physique, dans cette vie. Les émotions ne sont nullement bloquées et peuvent couler librement. Il donne libre cours à l'eau et aux liquides, ainsi qu'à la Vie même. Il n'a pas peur de ses sentiments et il n'a pas peur non plus qu'un autre voie ses sentiments. Il nage dans la luxuriance de sa féminité. L'Abricot est sensible ; il a de l'empathie et partage les sentiments des autres. Il est plein d'amour et écoute tout le temps la voix de son coeur. Il ferait tout pour autrui, de grand coeur, mais en même temps il s'oublie un peu. Il est préoccupé émotionnellement par le bonheur et le malheur des autres. Tout va très bien pourvu qu'il épanche tout ce que son foie a capté"....


 

 

 

Thierry Delahaye - auteur

Collection Le nom de l'arbre

le 23/04/2007

... L'abricotier aux fleurs blanches, dont le nom arabe signifie "le précoce", nous donne les premiers fruits de l'été. Le pêcher aux délicates fleurs roses le suit de près avec ses innombrables variétés de brugnons, pavies, nectarines et pêches vraies.


C'est un grand périple qui a conduit le pêcher et l'abricotier de Chine dont ils sont originaires, jusqu'à nos jardins et nos vergers.

En Extrême-Orient, le pêcher est symbole d'immortalité et son fruit apporte, disait-on, "mille printemps". On prétend aussi que c'est l'abricot, et non la pomme, qui aurait causé la perte d'Adam et Eve au jardin d'Eden : des légendes, mais qui disent bien l'attrait de ces fruits qui cachent, sous leur robe aux couleurs de feu, un arôme, une saveur et une douceur incomparables....


 


 

Vette de Fonclare (1937) écrivaine spécialisée dans la littérature jeunesse et poétesse française

 

 2009

L'abricotier

 

Une explosion de fruits sur notre abricotier !

Une énorme récolte, et des fruits si serrés

Que l’arbre vu de loin forme une boule orange !

Une exquise saveur pour celui qui en mange !

 

C’est la première fois qu’il est si prolifique

Car les autres moissons furent plutôt mythiques :

Un abricot par ci, un abricot par là !

Le moins qu’on puisse dire est qu’on s’en souviendra …

 

Mais nous venons d’apprendre une affreuse nouvelle :

C’est que l’âme de l’arbre s’enfuit à tire d’ailes,

Et que dès l’an prochain nous allons le pleurer.

En s’auto-sacrifiant le bel abricotier

 

Veut assurer sa suite : ces acliaines d’or

Sont un ultime don un an avant sa mort,

Son tout dernier cadeau après l’apothéose.

Les gros fruits orangés sont tavelés de rose…


 

 

 

Extrait de passage en Arabie (Marco Del Bucchia éditore)

2012

(traduit de l’italien par Sabine Huynh)

 

L'abricotier


Il m’est arrivé de dire que l’abricotier était ma maison

je préférais le bruit de ses feuilles

au silence qui résonnait contre les vieux murs.

Quand l’automne me bouclait à l’intérieur

je fixais l’arbre comme l’on fixe un rivage

au bout d’un voyage en mer

ou le soleil depuis un lieu dévasté par la pluie.

 

Maintenant que l’arbre est mort, suis-je sans demeure ?

J’aurais dû élire un chêne, un châtaignier sauvage

mais mortels ils le sont aussi, j’en ai bien peur.

Quoi qu’il en soit, un abricotier se tenait devant la maison.

 

Il m’est arrivé de dire que l’abricotier était ma maison

à présent dans ces pièces

remplies de bon sens, vides de sens

je me surprends à errer.


 


 

Dylan Pereira - poète  


Noyau d'abricot 


Le noyau à l'abri

De l'abricot,

 

L'abricot à l'abri

De l'abricotier,

 

Le noyau à l'abri

De l'abricot à l'abri

De l'abricotier,

 

Le noyau n'est pas mûr

Pour faire de la confiture.


 

 

 

Sympatique - Oasis des artistes  

20/3/2015 

 

Fleurs d'abricot


Se couvrent tes branches de cette blancheur

Graciles , mobiles au moindre vent si doux

Brins si fins, ornés en grappes de ces fleurs

Exposées à la sensation d’un œil si jaloux.

 

Abricot, du temps présent j’attends ce futur

fleurs que j’admire , beau fruits que je cueille

hâte de me satisfaire, ce temps est allures

des fois t’es orné autres ,oui sans feuilles.

 

je vis en tes frondaisons ;nouées de sèves

entre ta senteur ,ta peau charnue juteuse

et ta chaire veloutée , de ta couleur je rêve

et du jaune au rouge vire ma nuit douteuse.

 

je ne sais si savourer tes taches de rousseurs

ou lentement s’enivrer mort en ta senteur

je dors entre ce suc de ton fruit et tes fleurs

bel arbre de l’abondance j’attends tes heures.


 

 

 

Jacques Viallebesset (1949) écrivain et poète français,

Extrait :  Ce qui est épars".

 

A Marie et géraud


Les abricots du coeur


La roue des saisons moissonne les hommes

Dans un temps immobile où les collines

Toscanent dans la rondeur moelleuse des jours

 

Quand le père est parti les arbres ont versé

Des larmes de sève d’où éclosent les fleurs

La vie roule sans fin les galets du temps

 

Les abricots du cœur au verger d’amour

Sont des soleils confits dans la bouche du temps

Qui disent paix et joie aux amis de plein vent

 

Racines qui s’enfoncent dans le sol millénaire

Tous les arbres renaissent de leurs blessures

Seuls les fruits du bonheur transcendent la mort.


 


 

Utilisation

 

- L’abricotier est cultivé essentiellement pour son fruit.

- Il est quelquefois utilisé pour son bois (lequel est traditionnellement employé dans la fabrication d'instruments de musique tels que le duduk ou le blul).

- C’est aussi un arbre d’ornement pour sa floraison printanière.

 

 

Alimentaire


- Le fruit est consommé frais mais sa saison est brève et sa conservation très courte.

- Il est aussi transformé (en pâtisserie, confiture, compote, conserve, fruits au sirop) 

 

 

- Il peut être sèché.

Pour assaisonner les sauces, on fait recours au hermès. Le hermès algérien n'est autre que l'abricot sec. Très sec. 

 

- L'amande du noyau est consommée dans certains pays.

- De son noyau, on tire des liqueurs comme le Noyau de Poissy ou l’amaretto.

 

 

Médecine traditionnelle


- L'huile d'amande du noyau d'abricot lutte efficacement contre les bourdonnements d'oreilles, quelque gouttes à l'intérieur du conduit auditifs vous soulageront.

 

 

Cosmétique


- L'huile d'amande du noyau d'abricot est tonifiante, nourrissante, hydratante, assouplissante, revitalisante, régénérante, adoucissante, illumine le teint

- Protège légèrement des rayons solaires

- Peut être utilisée comme soin démaquillant

- Huile de base pour les massages


 

 

 

Mythes et légendes de l'abricot

 


- Dans la mythologie grecque, l'abricot comme certains autres fruits et fleurs étaient  liés à la sexualité et dédiés à Vénus.

- Il existe d'innombrables recettes de charmes, de philtres, utilisant la pulpe ou l'essence d'abricot pour susciter la passion amoureuse. 

- Selon une croyance très répandue en Espagne, l'abricot a le pouvoir d'éveiller la passion et le désir charnel. 

- En Andalousie, les femmes qui ont mis des feuilles et des fleurs d'abricotier sous leurs jupes deviennent irrésistibles.


 

 

 

Contes et légendes

 

La “ mère Misère ”

D’après un conte espagnol


Il était une fois une vieille femme, toujours de noir vêtue, qui vivait si pauvrement que tout le monde l’appelait "la Mère Misère". Elle habitait dans une maisonnette à moitié en ruine, et n’avait pour tout bien qu’un petit banc de bois, quelques planches pour dormir dans un coin et une petite marmite cabossée, elle aussi noircie par les ans. Mais cette marmite allait rarement au feu car la Mère Misère n’avait guère de quoi se nourrir.

 

Cependant, à côté de sa masure, se trouvait un abricotier. Cet arbre lui donnait de beaux fruits, dorés et succulents et, en retour, elle lui accordait ses soins attentionnés, lui apportant chaque jour un peu d’eau à son pied, au moment où il fallait.

 

La Mère Misère restait digne et ne se plaignait jamais, sauf d’une chose : des galopins des environs venaient souvent piller son abricotier, s’installant sur ses branches pour déguster plus à leur aise les fruits de l’arbre. Vieille comme elle l’était, et de peu de forces, elle ne pouvait se défaire de ces garnements qui ricanaient quand elle les menaçait.

 

Un soir, un homme s’arrêta devant sa porte. Fatigué par une longue journée de marche, il demanda à la Mère Misère de lui accorder l’hospitalité pour la nuit. Elle accepta de bon cœur, et lui fit partager son très frugal dîner. Le lendemain matin, au moment du départ, le voyageur lui dit :

–  Mère Misère, tu m’as accueilli généreusement et je veux t’en remercier. Sache que j’ai le pouvoir d’exaucer des vœux. Fais donc un vœu, mais un seul, et il sera exaucé.  

La Mère Misère répondit :

– Eh bien, je souhaite qu’à partir de maintenant, quiconque grimpera dans mon abricotier y restera collé et n’en pourra plus redescendre sans mon autorisation.

– Il en sera ainsi, Mère Misère. Adieu ! dit le voyageur en s’en allant. Et il s’évanouit à ses yeux.  


A peu de temps de là, la bande des galopins s’en revint et, selon leur habitude, ils grimpèrent sur l’arbre pour profiter de ses fruits. Mais, lorsqu’ils voulurent en redescendre, impossible. Ils se trouvaient collés aux branches sans pouvoir s’en détacher. Ils eurent beau crier, appeler la Mère Misère à leur secours, rien n’y fit. Elle demeura inflexible. Alors, les parents vinrent la supplier à leur tour de libérer leurs enfants. La Mère Misère le leur refusa tout net. Et les garçons restèrent ainsi prisonniers dans l’arbre, pendant plusieurs jours.

 

Lorsque la Mère Misère eut estimé que la punition avait assez marqué leurs esprits, elle prononça les mots qui les autorisaient à quitter l’abricotier mais non sans avoir reçu la promesse solennelle de leur part qu’ils ne recommenceraient plus à piller son arbre.


Un jour, la Mort s’en vint. Elle aborda la Mère Misère et elle lui dit :

– Mère Misère, ton tour est venu de me suivre. Prépare-toi à faire le grand voyage.

 

La vieille s’attendait à cette arrivée et répondit à la Mort :

–  Mort, je vais m’apprêter, accorde moi juste le temps qu’il faut ; je n’en aurai pas pour longtemps, puis j’irai avec toi. Pendant ce temps, si tu veux, monte dans l’abricotier et goûte quelques-uns de ses fruits.

 

La Mort fit comme la Mère Misère le lui avait proposé. Mais lorsqu’elle essaya de descendre de l’arbre, impossible, elle resta collée à ses branches. Elle demanda à la Mère Misère de la faire sortir de là, mais elle s’y refusa.

 

La Mort eut beau se démener et tempêter, et menacer, et supplier, rien n’y fit. La Mère Misère ne la libéra point. Alors, la Mort demeura dans l’arbre longtemps, très longtemps. Les jours, et les mois, et les années passèrent. La Mort était toujours captive dans l’abricotier de la Mère Misère. De la sorte, plus aucun être vivant ne mourrait : il ne trépassait plus ni un humain, ni un âne, ni un moineau, ni même une mouche. Rien. La Terre se peuplait de plus en plus d’êtres accablés de vieillesse et de maladies, de gens désespérés et aussi d’animaux nuisibles de toutes espèces, insectes et autres…

 

Alors, la Mère Misère dit un jour à la Mort :

– Mort, je consens à te permettre de sortir de l’arbre mais à une condition.

– J’accepte d’avance ta condition, Mère Misère, dis-moi cette condition.

– Ma condition est que tu ne te saisisses jamais de moi. Que tu me laisses aller mon existence sans t’en mêler. Promets-tu ?

– Je te le promets, Mère Misère.

 

La Mère Misère prononça alors les mots qui délivraient la Mort. Et la Mort s’en retourna dans le monde. Depuis ce temps-là, effectivement, la Mort a tenu sa promesse et Mère Misère continue d’être de ce monde.

 

 

 

Conte chinois 


Xing Chan et la fée abricot

 


Il était une fois, au bord du Lac de l'Ouest, un village où habitait une jeune fille, habile et intelligente, qui s'appelait Xing Chan, Mademoiselle Abricot. 

 

Un jour, au début de l'été, Xing Chan, qui avait alors sept ou huit ans, faisait paître ses buffles dans un pré à l'entrée du village. Non loin, dans les vergers, les abricotiers étaient chargés de fruits rouges et jaunes dont le parfum embaumait.

 

Soudain, un abricot, le plus gros et le plus rouge , tomba sur le sol, juste aux pieds de Xing Chan qui le ramassa et allait le porter à sa bouche quand une voix claire se fit entendre:


- Petite fille, petite fille, ne me mordez pas, laissez-moi aller.

 

Muette, Xing Chan regardait autour d'elle, personne. Qui pouvait bien lui parler? Stupéfaite, elle laissa tomber l'abricot par terre. Miracle! L'abricot roula et soudain se transforma en une jolie femme. C'était la Fée Abricot!

 

La Fée tira de ses cheveux une épingle d'or et la mit dans les mains de Xing Chan en souriant:


- Ma fille, vous êtes travailleuse, aimable; alors gardez cette épingle. A l'avenir, si vous vous trouvez dans l'embarras, vous n'aurez qu'à frapper trois fois avec cette épingle et appeler par trois fois "Fée Abricot", je viendrai immédiatement me mettre à votre service. Puis, la Fée, reprenant la forme d'un abricot tout rouge, s'envola jusque sur l'arbre.

 

Xing Chan grandit et on lui donna pour époux le neuvième fils de la famille Song. Au début du mariage, le nouveau couple vivait en bonne intelligence et témoignait de l'affection aux parents.

 

En principe, les membres de la famille Song étaient de braves gens; seulement, ils étaient trop nombreux et ne s'entendaient pas très bien. L'un voulait faire quelque chose, l'autre une autre, l'un préférait les mets sucrés, l'autre les mets salés.

 

Le brave homme de père était incapable de faire obéir ses neuf fils adultes; la mère était très bonne, mais elle ne pouvait pas non plus faire admettre ses idées à ses enfants.


Voyant ses beaux-parents accablés de soucis, Xing Chan leur proposait souvent des idées, celles-ci étaient toujours bonnes et justes. Si sa belle-mère oubliait de faire quelque chose, elle le faisait pour elle, et bien. C'est ainsi que ses beaux-parents s'habituèrent à adopter ses idées.

 


Trouvant que leurs beaux-parents préféraient Xing Chan, ses belles-soeurs commencèrent à murmurer et méditèrent de lui jouer des tours. 

 

Un jour, c'était le tour de Xing Chan à préparer la nourriture. Elle mit à bouillir une marmite de riz et une marmite de fromage de soja; sa belle-soeur aînée l'appela alors d'un signe de la main à la porte de la cuisine, pour lui demander de l'aider à tailler des empeignes de souliers.

 

Dès qu'elle fut partie, la seconde belle-soeur entra, mit des bûches dans le feu et des poignées de sel dans le fromage de soja. Quand Xing Chan revint, le riz et le fromage sentaient le roussi. Après réflexion, elle comprit que c'était ses deux belles-soeurs qui s'étaient jouées d'elle! Sans un mot, elle mit pas mal d'eau dans le riz, et un peu de fécule et d'eau dans le fromage de soja.

 

A l'heure de déjeuner, les hommes revinrent des champs, les enfants se précipitèrent pour mettre la table, disposer les bancs. Les huit belles-soeurs, debout à côté, se lançaient des clins d'oeil, le sourire au lèvres, en pensant à ce qui allait se passer pour le riz et le fromage roussis.

 

Cependant, Xing Chan apporta en souriant la nourriture de la cuisine et dit:

- Il fait chaud, j'ai préparé la bouillie de riz grillé pour vous rafraîchir, et comme vous avez mangé trop souvent du fromage de soja, cette fois-ci, j'ai fait la bouillie de fromage de soja pour vous changer un peu.


Beau-père, belle-mère, frère aîné, frère cadet, neveux, nièces..., tous les membres de la famille mangèrent avec appétit en complimentant Xing Chan sur sa cuisine. Les deux marmites furent bientôt vides.

 

Après cette affaire, les belles-soeurs furent convaincues des mérites de Xing Chan; comme elle témoignait beaucoup de respect à ses beaux-parents, une grande sollicitude pour son mari, et qu'elle se montrait aimable et juste avec tous les autres, on la choisit pour diriger la famille, afin de soulager de cette charge ses beaux-parents trop âgés...

 

Devenue maîtresse de la maison, elle n'imposait jamais ses ordres, mais toujours modeste, discutait avec ses beaux-frères et ses belles-soeurs pour prendre les décisions. Elle s'entendait à bien distribuer le travail des champs ou celui du ménage. 


 
Les neuf beaux-frères travaillaient au champ et ne s'occupaient de rien à la maison; là, les belles-soeurs se chargeaient du tissage, de la couture et de la préparation des repas. Les adolescents devaient soigner les bêtes de trait, faucher l'herbe, couper du bois à brûler et ramasser le fumier. La belle-mère s'occupait des enfants et le beau-père était chargé spécialement d'aller au marché pour les ventes et les achats.

 

Ainsi, la famille avait de quoi manger et se vêtir et la vie s'améliorait de plus en plus; on put même reconstruire la maison. Xing Chan se montrait la même pour tous; elle ne favorisait personne.

 

Dès qu'elle eut pris en charge la maison, l'entente régna dans la famille: Les vieux aimaient les jeunes, qui les respectaient; pas de querelles entre les frères et les belles-soeurs, même les enfants devinrent très sages.


Xing Chan aimait aider ses voisins, quand ces derniers manquaient de riz ou de bois, sans souffler mot, elle leur en prêtait tout naturellement. Les voisins l'avaient donc en grande estime, et ils la donnaient en exemple à leurs filles ou leurs belles-filles.

 

La bonne réputation de Xing Chan se répandit de bouche en bouche et parvint même jusqu'aux oreilles de l'Empereur. Celui-ci ne pouvant croire qu'il existait une fille si intelligente, envoya un émissaire pour la mettre à l'épreuve. L'émissaire présenta à Xing Chan une amande en lui demandant de la partager entre tous les membres de sa famille. Comment allait-elle s'en tirer ?

 

A la lecture de l'ordonnance impériale, la famille fut frappée de stupeur, mais Xing Chan, sans perdre son sang-froid, prit l'amande de la main de l'émissaire et dit:


- Vous vous êtes donné beaucoup de peine, monseigneur ! Allez-vous reposer, je vous prie, dans la salle à manger, et vous verrez comment la famille va se partager votre amande.

 

Aussitôt, Xing Chan construisit un âtre en briques sur lequel elle installa une grande marmite remplie d'eau. Quand l'eau se mit à bouillir, elle y jeta l'amande puis un peu de sucre. De cette façon, elle put distribuer à chaque membre de la famille un bol de thé à l'amande !

 

A cette vue, l'émissaire hocha la tête avec admiration. Il retourna rapidement auprès de l'Empereur et fit son rapport:


- Xing Chan n'est pas seulement intelligente et habile, mais aussi belle comme une fée !


L'Empereur, vivement intéressé, ordonna alors à son émissaire d'aller enlever cette beauté avec trois milles gardes pour l'amener à la cour. Arrivés au bord du Lac de l'Ouest, les hommes d'armes entourèrent la maison de grand-père Song. 


 
L'émissaire impérial entra et lut l'ordonnance de son maître à la famille. Hommes, femmes et enfants, tremblants de peur, commencèrent à crier et à pleurer; les plus jeunes s'accrochaient aux vêtements de Xing Chan; les hommes se disputaient avec l'envoyé impérial : toute la famille était dans le trouble et la confusion.


Xing Chan fit éloigner ses parents et dit:


- Attendez un instant au dehors, s'il vous plaît ! Je vais préparer mes bagages et je vous suivrai.


Une fois entrée dans sa chambre, elle retira l'épingle de ses cheveux et frappa trois fois sur la table en s'écriant :


- Fée Abricot, en ce moment, j'ai des difficultés, pouvez-vous m'aider !

Aussitôt la Fée fit son apparition et lui répondit:

- Je connais vos ennuis ; je vais vous faire déménager et vous installer au fond du Lac de l'Ouest; là vous pourrez vivre tranquillement !

Xing Chan acquiesça. D'un coup de sa manche légère, la Fée déchaîna un tourbillon de vent qui emporta les gens de la famille, la maison, les moutons, les vaches, les instruments agricoles au fond du lac.


Le vent impétueux emporta aussi l'émissaire et les gardes impériaux et les dispersèrent çà et là. Les voisins stupéfaits se précipitèrent au bord du Lac de l'Ouest; ils aperçurent encore une cheminée se dressant sur l'eau qui bientôt s'y enfonça tandis que revenaient le calme et la tranquillité. Quant à la famille de Xing Chan, elle arriva saine et sauve au fond du lac.

 

La famille avait laissé un bon souvenir à ses voisins, et ceux-ci brûlaient de savoir si elle vivait oui ou non dans le lac. Un jour, l'un d'entre eux eut l'idée d'appeler Xing Chan pour lui emprunter une charrue. Miracle ! Au bout d'un petit moment, une charrue apparut sur l'eau.

 

A partir de ce jour, quand quelqu'un avait besoin de quelque chose, il allait le demander à Xing Chan. Lorsque des voyageurs, venus d'une autre province, arrivaient, recrus de fatigue, il leur suffisait de demander à Xing Chan pour avoir bientôt des chaises, des bancs et des tables à leur disposition. 

 

On bénéficia de ce privilège des années durant. Malheureusement, un homme cupide emprunta un jour quatre bancs à Xing Chan, les emporta chez lui et ne les rendit plus. Xing Chan, fut-elle fâchée ? En tout cas, elle ne prêta plus ses affaires aux gens, qui, peu à peu, cessèrent de lui demander son aide.

 

Pourtant, à la saison des abricots, on raconte encore à Hangzhou, combien mademoiselle Abricot était habile, bonne et généreuse.

 

 

 

Vincent Van Gogh (1853 - 1890) peintre et dessinateur néerlandais. 

"Verger aux abricots en fleurs" 

 

 

 

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), 

Le bocal d'abricots, 1758, 

Art Gallery of Ontario, Toronto, Canada.

 

Mythologie des arbres - L'abricotier - Prunus armeniaca
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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 22:05

 

 

Mythologie des arbres


Le Frêne élevé - Fraxinus excelsior 

 


Autres noms du frêne :
Grand frêne, frêne à feuilles aiguës, quinquina d'Europe, langue d'oiseau.

 

Le Frêne élevé ou Frêne commun, (Fraxinus excelsior ), est un grand arbre familier et majestueux de nos forêts tempérées appartient à la famille des Oléacées. Il est originaire d’Europe. Il est présent jusqu’à 1 500 m d’altitude.


C'est une essence qui aime la lumière, les sols frais et humides, les situations ensoleillées, supporte les embruns et les vents violents, mais des gelées tardives peuvent endommager son feuillage ou compromettre sa floraison.
 

Frêne hautain, forestier et champêtre

L'arbre premier de tant d'arbres divers,

L'arbre immortel au renom de mes vers,

L'arbre aux serpents toujours odieux maître ;

Jean Vauquelin de la Fresnaye (1535-1607)

 

 

 

Vigoureux et de croissance rapide, il peut atteindre 40 mètres de haut à l’âge adulte et vivre 250 ans. On reconnaît le frêne à ses gros bourgeons noirs. C’est un arbre élancé au houppier en forme de voûte aérée.

  
Il croit de 10m en 20 ans en moyenne. Ses racines s'étendent beaucoup et sont très voraces.


Cet arbre est notamment reconnaissable à son large tronc dont l'écorce est lisse, gris verdâtre ou jaunâtre, d'abord lisse qui, en vieillissant prend une teinte plus sombre gris brun, qui se fissure peu à peu, faisant apparaître des crevasses verticales. 


Le frêne est très utilisé comme essence de reboisement à utiliser dans les meilleurs sols, riches, profonds et frais, les fonds de vallon notamment ; il prospère bien en peuplement mélangé, en compagnie du merisier, de l'érable sycomore ou de l'érable plane.


 


 

 

A partir de bourgeons noirs caractéristiques facilement observables en hiver, apparaissent les feuilles. 


 

Puis les fleurs

 

 

De longues feuilles lancéolées vert foncé aux bords finement dentés apparaissent assez tardivement, en mai, arrivent après les fleurs et persistent jusqu'en début d'hiver, devenant jaunes à l'automne.

Elles comptent un nombre impair de folioles vert foncé au bord dentelé au sommet pointu et au dessous plus clair. Selon les espèces, elles sont plus ou moins larges et lancéolées. On les dit pennées car disposées de part et d’autre de la tige de façon symétrique, directement rattachées au rameau. Elles font un bon fourrage pour le bétail. 

 


 

Des panicules de fleurs vert-jaune apparaissent en avril-mai avant les feuilles. Elle donnent des grappes de fruits oblongs et aplatis, les samares simples, localement surnommées "langues d'oiseau " qui persistent longtemps sur l’arbre. 

Les fruits sont des samares, soit des fruits secs comportant une seule graine ainsi qu’une excroissance en forme d’aile qui favorise leur dissémination par le vent. Les fruits mûrissent en grappes allongées.

 

Il existe des frênes mâles, des frênes femelles et des frênes hermaphrodites. 

La pollinisation de cette espèce se fait grâce au vent, tout comme la dispersion des graines.




La frênaie est une forêt de frênes ou riche en frênes.


 

 

 

On connaît une soixantaine d’espèces de frênes vivant essentiellement dans les forêts tempérées. 

 

Principales espèces de frênes


Le frêne commun - Frexinus excelsior "Hessei" 

frêne à une feuille ou frêne à feuilles simples, 

est un cultivar de l'espèce Fraxinus excelsior originaire d' Europe et d'Asie occidental .

Il est connu pour être vigoureux, sans pépins et résistant aux ravageurs. Il est largement cultivé comme arbre d'ombrage , ayant un feuillage brillant et vert foncé. Port horizontal  - 

 

 

Le frêne commun - Frexinus excelsior "Jaspidea" 

Arbre de taille moyenne possédant une couronne conique. Ses rameaux sont jaunes et striés de vert dans le sens de la longueur. Ses bourgeons de couleur noire offrent un contraste important.

Ses feuilles imparipennées sont jaune verdâtre lors de la feuillaison et virent ensuite au vert clair. En automne, son feuillage devient d'un jaune d'or magnifique, couleur qu'il conservera longtemps.

La floraison de cet arbre est discrète et il produit de nombreuses samares disposées en fascicules denses. Le cultivar "Jaspidea" s'utilise en plantation le long des voies rapides, dans les jardins publics et en alignement dans les rues, ainsi que comme arbre de parc. Cet arbre préfère les sols humides et nutritifs. 

 

 

Le Frêne monophylle - Fraxinus excelsior Diversifolia, 

est un cultivar. Grand arbre à couronne pyramidale régulière et à branches érigées, Découvert en Angleterre en 1789. Tronc droit et se poursuivant jusqu'à la cime. 

La Couleur d'automne est parfois jaune, mais au feuillage tombant généralement encore vert.

Plante de mi-ombre, utilisé en solitaire,  tient à l'ombre au stade juvénile, un peu amateur de chaleur, jeunes sujets sensibles aux gels tardifs, tient au vent, très forte capacité de bourgeonnement, dessèchement de la cime en cas de baisse de la teneur en eau du sol, atteint environ jusqu'à 200 ans d'âge

 

 

 

Frêne pleureur (Fraxinus pendula) 

Il ne dépasse pas 3 à 4m de haut. Ses branches retombent avec grâce près du sol formant de larges arcs lui confèrent un magnifique port pleureur.

Arbre à croissance rapide qui est souvent utilisé comme arbre de pavillon d'été. L'écorce de couleur gris brun est régulièrement et peu profondément cannelée. Ses feuilles composées de couleur vert foncé sont imparipennées. Lors de la feuillaison, les feuilles sont vert brun et deviennent jaunes en automne. 

Le cultivar "Pendula" ne produit ni fleurs, ni fruits. Il est utilisé comme arbre de parc, en isolé, dans les jardins et les jardins publics. Cet arbre préfère les sols nutritifs et humides. 

 

 

 

Frêne à fleurs - Fraxinus ornus 

encore appelé orne, ornier, frêne à manne ou orne à manne, est un arbre d'une hauteur de 20 à 30 mètres, qui ne se rencontre que dans le sud de l'Europe. 

Très proche du frêne commun, il possède cependant une vigueur moindre (6 à 10m) et offre une floraison blanche très élégante et parfumées au printemps. Il supporte bien les sols secs.

 

 

Frêne à feuilles étroites - Fraxinus angustifolia, 

frêne du Midi ou Frêne oxyphylle, (bords de Méditerranée), frêne d’origine méditerranéenne dont le feuillage très fin devient jaune d’or en automne. 

arbre pouvant atteindre une hauteur de 20 à 30 m avec un tronc d'un diamètre allant jusqu'à 1,5 m.

On le rencontrée sur les berges des cours d’eau, ou  pionnière forestière.

 

 

Frêne rouge - Frexinus pennsylvanica

Arbre de grande taille dont la couronne arrondie a tendance à s'étaler. Son tronc présente une fourche. L'écorce est gris brun et devient ensuite cannelée, tandis que les jeunes rameaux sont minces et de couleur brun clair.

Ses feuilles imparipennées foncé. Le revers des feuilles  de couleur plus claire est recouvert d'une pubescence grisâtre.

A la venue de l'automne, son feuillage vire au jaune. Floraison discrète en avril sous la forme de panicules latérales pubescentes. Les fleurs jaune verdâtre sont suivies de l'apparition de samares.

Le F. pennsylvanica est utilisé comme arbre de parc, en alignement dans les rues et avenues. Il se développe tant dans les sols temporairement inondés que dans les sols riches en nutriments, secs n'enserrant pas son pied. Très bonne résistance au vent.

 

 

Frêne blanc - Fraxinus americana 


L’arbre est originaire de l’Est des États-Unis. Il apprécie les terrains humides à proximité des cours d’eau. L’arbre bourgeonne plus tard que le frêne commun ce qui fait qu’il résiste mieux au gel. Plus l’arbre devient âgé et plus celui-ci appréciera un ensoleillement important. Il a été introduit en Europe en 1724. 

Le frêne d’Amérique atteint une taille de 30 mètres. Le tronc est garni d’une écorce grise cannelée sur la longueur. Les feuilles, longues sont imparipennées, blanchâtres en partie inférieure...prenant une intense coloration rouge en automne. Les fleurs sont dépourvues de pétales. Arbre dioïque, les fleurs mâles et femelles s’ouvrent sur des pieds distincts.

frêne blanc

 


 

Frêne des montagnes - Sorbus aucuparia  

Mountain ash tree


communément appelé rowan et sorbier, 

est une espèce d'arbre ou d'arbuste à feuilles caduques vert moyen avec un bord dentelé qui devient rouge riche en automne, de la famille des rosacées. C'est une espèce très variable et les botanistes ont utilisé différentes définitions de l'espèce pour inclure ou exclure les arbres indigènes de certaines régions; une définition récente inclut les arbres originaires de la majeure partie de l'Europe et de certaines parties de l'Asie, ainsi que de l'Afrique du Nord.


La gamme s'étend de Madère , des îles britanniques et de l'Islande à la Russie et au nord de la Chine. 

 

Un joli petit arbre indigène, Sorbus Aucuparia a un tronc élancé avec une écorce lisse, une couronne lâche et arrondie,

D'avril à juin, Mountain Ash ou Rowan comme on l'appelle souvent s'épanouit avec des fleurs blanches, appréciées des abeilles, suivies de grappes de baies rouge orangé, qui mûrissent d'août à octobre, appréciées des oiseaux. Les frênes de montagne poussent bien dans les sites difficiles. 

La plante est peu exigeante et résistante au gel et colonise les endroits perturbés et inaccessibles en tant qu'espèce pionnière éphémère .


Les fruits et le feuillage de Sorbus aucuparia ont été utilisés par les humains dans la création de plats et de boissons, comme médecine populaire et comme fourrage pour le bétail. Son bois dur et flexible est traditionnellement utilisé pour le travail du bois. Il est planté pour fortifier le sol dans les régions montagneuses ou comme arbre d'ornement et compte plusieurs cultivars .

 


 

 

Étymologie


du grec phraxis, "haie", ou du latin fraxinus, signifiant "foudre", car isolé, il attirerait la foudre.

D’autres origines lui confèreraient la traduction de "fraxinus" en   "séparation", allusion à la simplicité avec laquelle on peut fendre son bois.

Ancien français fresne, fraisne ;

Moyen français frêne, fresne ; 

Anglais : Ash tree ; Allemand : Esche ; Breton : Onn ; Néerlandais : Es ; Norvégien : Ask ; Espagnol : Fresno ; Italien : Frassino ; Occitan : Fraisse ; Portugais : Freixo.

 

Le nom du frêne est à l'origine de nombreux patronymes :

Fresnay, Frenoy, Fresnoy, Dufrêne etc..


et toponymes : 

Fresnes, Fresnay, Fresney, Fresnoy,  En France par exemple, il est possible de trouver des villes portant les noms de Source du Frêne Sacré, Tertre-du-Frêne, ou encore Saint-Martin-du-Frêne. Fresnes-sous-Coucy etc..

Fresnes-sous-Coucy, à l'ombre des frênes

 

 


Mythologie grecque


Dans la mythologie grecque, les Méliades, Mélies ou encore nymphes méliennes (melía, " frêne") sont les nymphes des frênes. 

 

Selon Hésiode,

Les Nymphes Méliades sont les plus anciennes et naissent dans le tumulte de la première génération des dieux. 
Gaia (la Terre ou l'Univers) est apparu du sein du Chaos. Elle a généré quelques dieux puis Ouranos (le Ciel) qu'elle épouse. Découle alors la génération des Titans, 

Les méliades furent engendrées par Gaïa (la Terre), fécondée par les gouttes de sang tombées au sol quand Cronos a coupé les parties génitales d'Ouranos (le Ciel).

 

Les Nymphes Méliades sont les protectrices des Frênes. Elles protégeaient aussi les jeunes enfants, qui non souhaités, étaient suspendus aux Frênes et abandonnés. On les invoquait aussi pour la protection des troupeaux.

 

Elles ont élevé Zeus (avec les Curètes) après que sa mère, Rhéa, sur les conseils de Gaïa, l'eut placé en Crète pour le cacher de son père, Cronos, jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour le détrôner. 

 

Plus tard, quand Zeus s'est essayé à donner naissance à l'homme, c'est du frêne que sont nés une sorte d'humains particulièrement violents qui ont passé leur temps à se battre entre eux et à se détruire.

 

Dans une autre version

L'ancienneté de leur naissance remonterait, aux guerres sanglantes entre tribus, et les Frênes permettaient de tailler de longues lances droites et effilées qui versaient le sang ennemi. D'autant que l'ennemi pouvait adorer le dieu du Ciel tandis que les attaquants déifiaient la déesse Terre-Mère. 

       

 

- Les Nymphes des Frênes étaient réputées pour être aussi l'arbre de la pensée.


- Pour les Grecs, le frêne marqué par son affinité avec l’élément eau, était sacré pour  Poséidon, fils de Cronos et de Rhéa, dieu de la mer et des séismes, 


- Dans l'Iliade d'Homère, le javelot d'Achille était en frêne.


- Ovide, dans les Métamorphoses, le nomme "arbre aux javelots"

Ouranos et Gaïa sur une mosaïque de la villa romaine de Sassoferrato. (glyptothèque de Munich).

 

 


 

Mythologie celte

 

- Chez les Celtes, troisième arbre de l'alphabet druidique, correspondant à la lettre Nion, le frêne incarne la volonté inébranlable. Intransigeant, dur, inflexible, vif, impulsif, exigeant, le frêne aide à ne pas perdre la volonté d’y arriver, tout en gardant une totale liberté, ils l’associaient à l’enchantement. 


- Il symbolise la renaissance, la fécondité aquatique, et fut de tout temps considéré comme "l'arbre du monde", reliant le haut et le bas, porteur de vie, de durée et de sagesse. 

- Il représente la puissance de l'eau et la rapidité des chevaux (telle la marée montante) 

- Il donne le pouvoir aux druides qui confectionnent leur baguette dans ses ramures. 

- C'est l'arbre qui non seulement libère, mais aussi celui qui élève les pensées, les sentiments et qui purifie l'esprit. Il a la réputation d'amollir les cristallisations qu'elles soient du corps (rhumatismes), ou psychiques.

 

- Le glyphe pour le Frêne est "Je suis un vent sur les eaux profondes."


- Le frêne était sacré pour Gwydion, le célèbre Druide,un fils de dieu comptant plusieurs exploits.

 
- Les natifs du frêne construisent leur propre monde intérieur pétri de songes, de rêves et de romantisme.


Les moines chrétiens marquèrent leur victoire sur la religion druidique en brûlant un peu partout les frênes sacrés des villages en Irlande, Bretagne et Cornouaille. 

 

 

 

Mythologie nordique

Germains et Scandinaves, 

 

Dans la mythologie scandinave, l'axe et support du monde est un frêne géant nommé Yggdrasil. Le culte scandinave dédiait cet arbre à Odin, roi des cieux, et lui accordait des pouvoirs surnaturels.

 

Yggdrasil, 


Son nom signifie le "destrier du Redoutable", ygg – le redoutable représente ici Odin, le "père de tous les dieux", celui de la guerre.


C'est Yggdrasil, l'arbre fondateur, la charpente de l'univers. Il est relié à la voûte céleste par sa couronne, à la terre par son tronc, et au monde souterrain par ses racines, d'où il puise la Sagesse...


Yggdrasil est représenté comme un immense  Frêne avec trois racines reliant trois mondes différents (Ásgard, Midgard et Niflheim). 

. La première racine provient de la source de Hvergelmir, située en Niflheim. Un dragon, Nídhögg, garde jalousement cette source et ronge la racine.

. La deuxième naît dans la fontaine de Mímir, située en Jötunheim. Cette fontaine est censée contenir la source de toute sagesse. Elle est gardée par un géant et abrite la tête du dieu Mímir qui détient les secrets de l'univers. 

. Enfin, la troisième racine provient du puits d'Urd, en Asgard, lequel puits est gardé par trois Nornes, de vieilles sorcières très sages et craintes par les dieux, car tissant la destinée, à laquelle même les dieux sont soumis.

 

Yggdrasil est aussi l'hôte d'autres personnages : 

. Un aigle est perché dans ses branches et Vedrfölnir un faucon, est perché entre ses yeux. 

. La chèvre, Heidrun, vit près du sommet de l'Arbre, et se nourrit de ses feuilles. 

. Les quatre cerfs Dain, Duneyr, Durathror et Dvalin courent dans ses branches et se nourrissent également de son feuillage. 

. Un cinquième cerf, Eikthyrnir, broute aussi les rameaux et de ses cornes ruisselle l’eau qui tombe dans Hvergelmir. 

. Un écureuil, Ratatosk, court sans cesse dans l'Arbre, ne cessant de semer la discorde entre Nídhögg et Vidofnir. 

. Le dragon Moin s'ingénie à détruire l'Arbre.

 

Le frêne sacré, axe de l'univers, prit racine dans le corps d'Ymir et monta jusqu'au ciel après la création de Midgard (notre monde) à la périphérie de la terre par les Ases (les dieux principaux).

C'est en restant pendu à une branche d'Yggdrasil, percé d'une lance, durant neuf jours et neuf nuits qu'Odin découvrit le sens des runes.


 

 

 

Mythologie nordique

L'Askafroa "femme du frêne"

 

L’Askafroa (en suédois "femme du frêne ", Askefrue en danois ou Eschenfrau en allemand, est une créature mythologique scandinave ou germanique, similaire aux hamadryades grecques. 


Gardienne du frêne, l'Askafroa était vue comme une créature malicieuse et obscure qui pouvait être dangereuse. Pour s'attirer ses faveurs, il fallait lui offrir un sacrifice le jour du mercredi des Cendres.


L'universitaire suédois Hyltén-Cavallius consigna la croyance en une créature féminine vivant dans un frêne, dans le "Hundred de Ljunit".


..." Les anciens avaient l'habitude d'offrir un sacrifice à l'Askafroa le matin du mercredi des Cendres. Avant le lever du soleil, ils versaient de l'eau sur les racines du frêne en disant : "Nu offrar jag, så gör du oss ingen skada", c'est-à-dire : "Je t'offre aujourd'hui ce sacrifice pour que tu ne nous fasses pas de mal", et  croyaient que si quelqu'un cassait une branche ou une brindille, il tomberait malade"....


 

 

 

Spiritualité du frêne chez les lakotas (sioux)

 


Les Lakotas sont une tribu autochtone américaine du groupe ethnique sioux. Ils forment eux-mêmes un groupe de sept tribus.

Les Lakotas vivent dans le Dakota du Nord et le Dakota du Sud (États-Unis) et aussi au Canada. 
 

Les Lakota ont élu "le Frêne" pour représenter tous les arbres de la création ainsi que l’homme en son individualité en façonnant le tuyau de la Pipe Sacrée dans son bois.

C’est lorsqu’il est jeune et bien droit qu’il est choisi, de préférence par temps orageux, "avant le premier coup de tonnerre. L’arbre sentant la foudre, retient sa sève sans ses racines ; ainsi le bois ne fendra pas".

 


La Pipe Sacrée (Chanunpa)

Pour les Lakota , le frêne bois tendre, facile à forer  est utilisé le tuyau du calumet.

Black Elk speaks - Publié pour la première fois en 1932, le livre coécrit par John G. Neihardt et Black Elk,


Selon Wallace Black Elk (1863-1950) en français Wapiti noir, né le 1er décembre 1863 et mort le 19 août 1950 (à 86 ans), est un homme-médecine, et un chef spirituel de la tribu des Indiens Lakotas (Sioux). Il fut un petit cousin du célèbre chef indien Crazy Horse, Voilà comment il construisit sa première chanunpa, alors qu’il n’était encore qu’un enfant.


..."C’est le long d’un ruisseau qu’ils ont trouvés ( lui et son grand-père) le frêne qu’il cherchait pour y tailler le tuyau de sa chanunpa. Aprés l’avoir découvert, il a attendu un an avant de couper le tronc pour l’évider"...


 

 

 

5000 ans av JC


. On a découvert des outils agricoles néolithiques  avec un manche de frêne.


 


 

VIII° siècle av. J.C.

 

Hésiode poète grec qui aurait vécu à la fin du VIII° ou au début du VII° siècle, 


écrit sa Théogonie ainsi que Les Travaux et les Jours au VIII° siècle av. J.C. et c’est dans ces œuvres que sont faites les premières mentions du frêne 


Théogonie 10

v. 187 

..."Les Nymphes des frênes sont nées des gouttes du sang répandu par Ouranos lors de sa mutilation par Cronos"... 

 

Les Travaux et les Jours, 

v. 143-145.

..."Elles sont les mères de la race humaine, faisant ainsi des hommes
les descendants directs des arbres, et plus particulièrement du frêne "...


 


 

 

Homère (fin du VIII siècle av. J.C. aède (poète) 

L'’Iliade et l’Odyssée du poète

relate la Guerre de Troie et l’errance d’Ulysse.

L’armement d’Achille, héros de l’Iliade, révèle l’importance de l’utilisation du bois de frêne dans la conception des lances grecques. "Frêne du Pélion", arme meurtrière d'Hector. 
 

Achille vainqueur d'Hector - Pierre Paul Rubens (1577-1640)


 

 

 

V° siècle av. J.C.  -  IV° siècle av. J.C.


Hippocrate (460 avant J.-C.-377 av. J.-C.) médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le "père de la médecine".

reconnaissait les vertus médicinales du frêne et en prescrivait lui-même à ses patients. 


 

 

 

I° siècle

 


Au I° siècle av. J.C. la Hasta est une arme de jet. Elle était utilisée comme lance légère par les légionnaires romains, réservée aux soldats les plus expérimentés, les triaires (les triarii).  

               
La hasta se compose de trois parties : la tête fabriquée en bronze ou en fer dont la longueur ne dépasse pas un empan ; la hampe (le manche) très mince en bois de frêne (léger et flexible) longue d'environ 0,90 m. 

triaire avec arme d'Hast en bois de frêne


 

 

 

Ovide, (43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C,) poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain.


Les Métamorphoses 

 

Au neuvième vers du livre 5 

Phinée, fils de Danaé, brandit un javelot de frêne à la pointe de bronze . 

 

Huitièmevers du livre 10 

"le frêne dont le bois sert à faire des lances". 


vers 122 du livre 12, 

Alors qu’Achille combat Cygnus, fils de Neptune, le coup mortel est décrit ainsi : 

 "A ces mots il lance son arme contre Cygnus ; le frêne ne s’égare pas". 

Antonio Tempesta. 114. Cycnus luttant contre Achille.

 


 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. -  79), écrivain et naturaliste romain, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée 


Histoire naturelle (vers 77). - livre 16

..."XXIV. (XIII.) C'est en effet pour le bois que la nature a produit les autres arbres, et le frêne (fraxinus excelsior, DC.) surtout en fournit en abondance. 

C'est un arbre é!evé et rond; la feuille en est pinnée : il a eté.rendu très célèbre par les éloges d'Homère et par la lance d'Achille (Il. XX, 277). 

Le bois en est employé dans plusieurs ouvrages, Le frêne qui croît sur le mont Ida en Troade ressemble tellement au cèdre, que, l'écorce étant enlevée, il trompe les acheteurs. Les Grecs en ont distingué deux espèces : l'une longue et sans noeuds, l'autre courte, plus dure, plus foncée, à feuilles de laurier. Les Macédoniens donnent le nom de bumella à un frêne très grand, et dont le bois est très flexible. D'autres ont divisé les espèces d'après la considération de l'habitat, le frêne de plaine ayant le bols madré, celui de montagne l'ayant serré. Les auteurs grecs disent que les feuilles de cet arbre sont mortelles aux bêtes de somme, et inoffensives pour les ruminants.

En Italie elles ne font aucun mal, même aux bêtes de somme ; loin de la, dans les morsures des serpents rien n'est plus utile que de les appliquer sur les plaies, après avoir bu du suc exprimé de ces feuilles. Telle en est la vertu, que les serpents ne se mettent pas sous l'ombre que cet arbre projette, même le matin ou le soir, alors qu'elle est la plus longue, et que même ils s'en tiennent fort loin. Si on renferme (nous en avons fait l'expérience) un serpent entre un cercle de feuillage de frêne et un brasier, le reptile ira se jeter plutôt dans le brasier que dans le frêne. Par une merveilleuse bonté, la nature a placé la floraison du frêne avant la sortie des serpents, et la chute des feuilles de cet arbre après leur retraite dans leurs trous"...

 

..."Telle est leur vertu qu’un serpent ne passe pas sous leur

ombre, même le matin ou le soir, lorsqu’elle est la plus longue,

et même se tient loin de l’arbre. Notre expérience nous permet

de dire que, si l’on enferme un serpent auprès d’un feu dans

un cercle de feuillages de frêne, il se jette pour s’enfuir dans

les flammes plutôt que dans le frêne. Par une merveilleuse

bonté de la nature, le frêne fleurit avant la sortie des

serpents et ne perd ses feuilles qu’après leur retraite"...


 


 

 

XI° siècle

 


Attribuée à Turold 

(la dernière ligne du manuscrit dit : Ci falt la geste que Turoldus declinet)


Poème épique - La Chanson de Roland 

vers. 720 : laisse 5642 : 

"et qu’entre ses poings il tenait sa lance de frêne". 
Cette vision survient lors d’un rêve de l’Empereur Charlemagne qui s’annonce comme un présage fatidique de la mort de Roland ainsi que de la trahison de Ganelon.  

vers 2537 : laisse 185, 

"Brûlent les lances de frêne et de pommier". 
Il s’agit encore ici d’un songe de Charlemagne,


 

 

 

XII° siècle

 

Hildegarde de Bingen (1098-1179) moniale bénédictine mystique, illustratrice, a aussi développé des compétences en phytothérapie et diététique.


Hildegarde de Bingen préconisait la feuille de frêne pour "purger le corps de son eau". 


 

 

 

Marie de France (fl. 1160-1210) poétesse de la "Renaissance du XII° siècle", la première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire. Elle appartient à la seconde génération des auteurs qui ont inventé l'amour courtois.


Le Fresne, parfois orthographié Le Fraisne, et traduit en français moderne par Le Frêne, est un lai breton.  C'est le troisième du recueil des Lais de Marie de France. Il est composé de 518 octosyllabes.

 

Le frêne


..."L'histoire se déroule en Bretagne, où se trouvent deux seigneurs

voisins amis. La femme de l'un des deux accouche de jumeaux.

L'épouse de l'autre, décrite comme perfide, déclare que cela

n'a pu arriver qu'en raison d'un adultère, ce qui entraîne le

nouveau père de famille à prendre sa femme en soupçon et à la

maltraiter. Mais, par la suite, c'est la femme perfide qui accouche

de deux enfants. Honteuse, elle abandonne une de ses deux

filles. Une suivante va placer le bébé, accompagné d'un gros

anneau, dans un frêne, près d'un couvent. Le portier de

l'abbaye découvre l'enfant et l'apporte au couvent, où les

personnages comprennent, par l'anneau et les fins habits, que

le nourrisson est de haute naissance. L'abbesse décide d'éduquer

l'enfant et de l’appeler Frêne, en référence à l'endroit où elle

a été trouvée. Le Frêne devient une demoiselle courtoise dont la

beauté est connue dans toute la Bretagne. Un chevalier nommé

Goron tombe sous son charme, et séjourne à plusieurs reprises

dans le couvent pour lui parler. Elle part avec lui et vit longtemps

à ses côtés, sans qu'ils soient mariés. Les vassaux de Goron lui

reprochent cette situation et lui enjoignent d'épouser une femme

noble. Ils lui proposent une jeune fille du voisinage nommée Coudrier.

Goron consent à l'épouser. Le jour des noces, Coudrier arrive

accompagnée de sa mère. Frêne assure le service comme servante,

sans montrer extérieurement de peine. Elle prépare le lit pour la

nuit de noces, et y dispose l'étoffe qu'elle avait reçue lors de son

abandon. La mère de la future épouse, voyant cette étoffe, lui

demande d'où elle vient. Après que Frêne eut raconté son histoire,

la mère comprend qu’elle est sa fille. Elle avoue la vérité à son mari

sur sa grossesse. Il est ensuite convenu que Frêne épouse Goron"...


Le frêne et le coudrier avaient un grand prestige dans les sociétés celtiques, ce qui peut constituer une source symbolique pour le poème. "Ce frêne présente les caractéristiques symboliques d'un arbre sacré ; c'en est un véritable, les quatre branches correspondent aux quatre points cardinaux".


 

 

 

Béroul poète anglo-normand du XII° siècle, 

Le roman de Béroul, composé entre 1150 et 1190, 

la plus ancienne des versions de Tristan et Iseut 


.Au vers. 3478 

Les chevaliers sont prêts à rendre jugement par le truchement de leur lance de frêne.

 

 

Au moyen age, on plantait des frênes près des châteaux forts pour assurer l’approvisionnement en lances et javelots. 

 

 

XIII° siècle

 

1179-1241


L'Edda de Snorri ou plus simplement l'Edda, également connue sous les noms d’Edda en prose et de Jeune Edda, est un texte littéraire en vieil islandais rédigé à partir de 1220 par Snorri Sturluson. Si l’Edda se veut d’abord un manuel de poésie scandinave traditionnelle (la poésie scaldique), c’est aussi et surtout une présentation complète et organisée de la mythologie nordique, qui en fait l’un des chefs-d’œuvre de la littérature médiévale (et plus spécifiquement de la littérature norroise) et un classique de la littérature islandaise.


manuscrit regroupant un ensemble de poèmes, compilation que l’on doit à Snorri Sturluson (1179-1241). 


Ces textes résument les traditions nordiques qui, transmises oralement jusque là, menaçaient de s’égarer et de se perdre. L’Edda renvoie donc à des traditions bien antérieures au Moyen-Âge de Sturluson.

 

Yggdrasil, extrait :

 

..."Je connais neuf mondes, neuf domaines couverts par l’arbre du monde.

Cet arbre sagement édifié qui plonge jusqu’au sein de la terre…

Je sais qu’il existe un frêne qu’on appelle Yggdrasil.

La cime de l’arbre est baignée dans de blanches vapeurs d’eau,

De là découlent des gouttes de rosée qui tombent dans la vallée.

Il se dresse éternellement vert au-dessus de la fontaine d’Urd"...

 


Le Hávamál 
Ce poème du monde paysan qui préserve les mythes de l'Edda poétique et la dimension épique de l'aventure humaine est attribué au dieu de la poésie Odin.

Et c'est au prix d'un autre sacrifice que le dieu obtint le secret des runes : Blessé par sa propre lance Gungnir, Odin se pend à Yggdrasil, le frêne axial du monde, durant neuf nuits, sans boire ni manger.


C'est en tout cas ce que révèle le Rúnatal ("Dénombrement des runes"), un des poèmes qui compose le Hávamál (les "Dits du Trés-Haut") :

 

Il est dit, aux stances 138 et 139 du Havamal.
Ecritures que nous transmettent lesdits de Odin, le Très Haut


Yggdrasil, extrait 

 

Le secret des runes

 

"Je sais que je pendis

À l'arbre battu des vents Neuf nuit pleines,

Navré d'une lance

Et donné à Odin,

Moi-même à moi-même donné,

-À cet arbre

Dont nul ne sait


D'où proviennent les racines.

Point de pain ne me remirent

Ni de corne;

Je scrutai en dessous,

Je ramassai les runes,

Hurlant, les ramassai,

De là, retombai."


 

 

 

XVII° siècle

 

François Tristan L'Hermite (1601-1655) gentilhomme et écrivain français. 

 

..."Le promenoir des deux amants


Sur ce frêne deux tourterelles

S'entretiennent de leurs tourments,

Et font les doux appointements

De leurs amoureuses querelles"...


 

XVIII° siècle

 


Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) écrivain, dramaturge, musicien et homme d'affaires français.

Romance de Chérubin (Le Mariage de Figaro)


Troisième couplet

 

..."Sentais mes pleurs couler,

Prêt à me désoler ;

Je gravais sur un frêne,

(Que mon coeur, mon coeur a de peine !)

Sa lettre dans la mienne ;

Le roi vint à passer"...
 


 

Sainte Marie de l'Incarnation, religieuse ursuline française, enseignant sous le frêne des Ursulines.

Ce frêne était bien enraciné en 1639.

C’est sous ce frêne, dans la cour du couvent des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier à Québec, que Marie de l’Incarnation enseignait aux jeunes Amérindiennes qu’elle appelait les délices de son cœur.

Elle s’était adaptée à leurs cultures en apprenant 4 langues autochtones, et en enseignant à l’extérieur.

Cet arbre fut brisé par une tempête, il y a déjà plus d’une centaine d’années. En mémoire de ce symbole, un frêne fut planté dans la cour lors du 350e anniversaire de l’arrivée de nos fondatrices à Québec, et un autre, lors du 375e.

Stadaconé est un village iroquoien qui était situé sur l'emplacement de l'actuelle ville de Québec 

Marie de l’Incarnation enseignant sous un frêne. Claude Bettinger (1942-1998).

Vitrail coloré Verre, métal 1987

 

 

 

XIX° siècle

 

 

1809


François-René, vicomte de Chateaubriand (1768-1848) écrivain, mémorialiste et homme politique français.

Les martyrs, ou, Le triomphe de la religion chrétienne, Volume 1


..."L'odeur des graisses d'ours mêlées de cendres de frêne dont ils frottent leurs cheveux,"... 


 

 

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) poète, dramaturge, écrivain et homme politique québécois.

Stadaconé est un village iroquoien qui était situé sur l'emplacement de l'actuelle ville de Québec.  


Le Frêne des Ursulines

 

Il semblait à nos yeux un pilier des vieux âges,

Ce vieux tronc qui brava tant de vents en courroux.

Il avait sur nos bords vu les Pâles-Visages

 

Remplacer les grands guerriers roux.

 

Aigrette énorme au front du vaste promontoire,

Colosse chevelu dans le roc cramponné,

Il avait vu passer bien des jours sans histoire

Au sommet de Stadaconé.

 

Son ombre avait couvert bien des bivouacs sauvages,

Abrité bien longtemps des hordes aux flancs nus,

Tandis que le grand fleuve à ses mornes rivages

Jetait ses sanglots inconnus.

 

Il savait des secrets que nul œil ne devine ;

Quand, un jour, face à face, il vit ― aspect troublant ―

Sur le même rocher surgir la croix divine

À côté d’un long drapeau blanc.

 

Et puis, de siècle en siècle et d’années en années,

L’arbre antique vécut ― flux et reflux du sort ―

La légende sublime où notre destinée

A pris son incroyable essor.

 

Il vit tous nos héros ; il vit toutes nos gloires ;

Il vit nos fiers travaux et nos saints dévoûments ;

Il vit notre abandon, nos stériles victoires,

Avec leurs sombres dénoûments ;

 

Et, sur ses derniers jours, dans ses décrépitudes,

Comme une harpe où tremble un vieux lambeaux d’accord,

 

On croyait voir, au vent des vieilles solitudes,

Ses rameaux frissonner encor.

 

Et lorsque le géant quatre fois centenaire

Courba sa tête où tant de soleils avaient lui,

Ce fut triste ; on comprit que c’était toute une ère

Qui disparaissait avec lui.

 

O frêne ! ô grand témoin des choses envolées !

On a sacré, depuis, le sol où tu tombas ;

Et sur ta place vide, en bruyantes mêlées,

Des enfants prennent leurs ébats.

 

Oui, des enfants, des jeux, des rires, des fronts roses,

À l’endroit même d’où, colosse aux flancs rugueux,

 

Tu vis se dérouler, en tes ennuis moroses,

La noble histoire des aïeux !

 

Des cris de joie, après le vol des oriflammes,

Le clairon, les obus et le tambour battant !…

Si comme l’être humain les arbres ont des âmes,

Ô grand mort n’es-tu pas content ?

 

Pour moi, quand, de l’antique enclos des ursulines,

Pour la première fois, tout ému, j’entendis

Monter ces voix d’enfants, fraîches et cristallines

Comme un écho du paradis,

 

Soudain, sous les arceaux dépouillés du vieux frêne,

 

Longue chaîne héroïque évoquée à la fois,

Il me sembla revoir passer l’ombre sereine

Des saintes femmes d’autrefois !

 

De nos martyrs chrétiens immortelles rivales,

De dévoûments obscurs grands cœurs fanatisés,

Que la France d’alors jetait sans intervalles

Sur ces bords incivilisés !

 

Dames de haut parages ou filles des chaumières,

Qui laissaient tout, famille, amis, brillants partis,

Pour venir apporter les divines lumières

Aux petits d’entre les petits !

 

Et je rêvai longtemps ; car jamais, ô vieil arbre,

À nul fronton superbe, au seuil de nul tombeau,

 

Je n’ai rien vu, fouillé dans le bronze ou le marbre,

De plus touchant et de plus beau,

 

Que celle qui porta le nom de La Peltrie,

Sainte veuve, enseignant, sous tes ombrages frais,

Avec le nom de Dieu le grand mot de Patrie

Aux petits enfants des forêts


 

 

 

Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889), écrivain français, romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, 


Memoranda, Journal intime 2 1856, p. 75

"Ma race est forte", me disait-il hier, − et je le crois. Ces gens de Fresney ne sont pas des frênes, mais des chênes plutôt! "...
 

 

 

Alfred Victor de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.

Mémoires inédites 1863, p. 10 :

..." Les frênes vieux de cinq siècles laissent pendre leurs branches tordues et leurs feuilles allongées (...). Leurs vieilles têtes sont chargées de panaches arrondis"...
 

 

XX° siècle

 

Émile Verhaeren (1855-1916) poète belge flamand, d'expression française.

 


Vieille ferme à la Toussaint

 

..."La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes,

Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints,

Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint,

Les feuillages fanés des frênes et des aunes"...
 


 

Jules Leclercq (1848-1928) Explorateur et écrivain, auteur de récits de voyages et géographe belge.


La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, 

Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 69


..."La capitale du nord n'a pas le moindre monument, mais elle se glorifie de posséder un arbre, le seul qu'il y ait en Islande; c'est un frêne d'environ cinq mètres de haut, ombrageant la façade d'une maison tournée vers le fjord. Les indigènes en sont extrêmement fiers et le montrent comme la grande curiosité du pays"... — 

 


L’Islande ne possédant pas de conifères indigènes, il était de tradition d’utiliser un "Mountain Ash Trees" un frêne des montagnes.


 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, 

 


Chanson de grand-père

 

..."Dansez, les petites reines,

Toutes en rond.

Les amoureux sous les frênes

S'embrasseront"...

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, 

 

Tristesse d'Olympio

Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.

 

..."Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,

La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,

Le vieux frêne plié,

Les retraites d'amour au fond des bois perdues,

L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues

Avaient tout oublié !"...


 

 

 

Charles-Marie Leconte De Lisle (1818-1894) poète français,


Les étoiles mortelles


..."Un soir d'été, dans l'air harmonieux et doux,

Dorait les épaisses ramures ;

Et vous alliez, les doigts rougis du sang des mûres,

Le long des frênes et des houx"...

 

 

José-Maria de Heredia (1842-1905) homme de lettres d'origine cubaine. Né sujet espagnol, il a été naturalisé français en 1893.


Le cocher


Étranger, celui qui, debout au timon d'or,

Maîtrise d'une main par leur quadruple rêne

Ses chevaux noirs et tient de l'autre un fouet de frêne,

Guide un quadrige mieux que le héros Castor.

 

 

Paul Verlaine (1844-1896)  écrivain et poète français


Malines


..."Comme les arbres des féeries,

Des frênes, vagues frondaisons,

Êchelonnent mille horizons

A ce Sahara de prairies,

Trèfle, luzerne et blancs gazons"...

 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète symboliste grec d'expression française.


L'eau qui jaillit ...


..."L'eau qui jaillit de ce double rocher

Remplit ce long bassin d'une onde trépillante ;

Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher

Linottes et serins, Lui font une voûte ondoyante"..

Le Fréchou pays aux Frênes

 


 

 

XX° siècle

 

 

Jacques Chardonne (1884-1968), écrivain français.

Attachements - 1943, p. 195.

..." Il y a, au bord de l'eau, un groupe de frênes. Légèrement contournés, comme un peu dansants, les branches graciles et griffues, le feuillage découpé en petites palmes, ils ont je ne sais quoi d'exotique"... 

 

 

Sidonie Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954) femme de lettres française, comédienne, actrice et journaliste. 

Belles saisons, Nudité, 1943, p. 129

..."Une grande jarre méridionale qui contenait, pétillante et renouvelée, la boisson inoffensive nommée "freinette"....

 

 


Jean Rogissart (1894-1961) écrivain français 

Passantes d’Octobre,

Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)

..."Quand il se dresse face à quelque «vieille écorce», chêne, frêne, ou hêtre, plus large qu’une huche, lorsque d’un simple regard, il le cube de la souche au houpier, tant de solives pour le tronc, tant de stères pour les branches … Arsène André éprouve une virile volupté"... 

 

 

Paul Vialar (1898-1996) écrivain français.

Homme de chasse, 1961, p. 68.

..."Il buvait du cidre et de la frenette aux repas"... 


 

 

 

Jean-Baptiste Manhès (1926-2018) poète et conteur français

années 1980

 


Le frêne

 

Des chênes et peupliers on a chanté la voix,

Sous l’ombre de l’ormeau jadis jugeait un roi,

Le poète a décrit du sapin la crinière,

Mais le frêne des prés est laissé en arrière.

Au milieu de la haie dressé droit comme un i,

S’il n‘est majestueux, le frêne est bien joli,

Soit en alignement le long des chemins creux

Ou seul droit vers le ciel au coin du pré herbeux.

L’été son habit vert abrite les oiseaux ;

Sous la mousse du pied larves et vermisseaux

Régalent leurs becs fins, un vrai festin de roi.

Quand s’égrène midi au communal beffroi,

A la saison des foins, le faucheur en sueur

A sa branche suspend son outil de labeur,

Ses forces réparées par un frugal repas,

Sous son ombrage frais il se reposera.

Si après l’été chaud est rare le regain,

Ses branches émondées apaiseront la faim

Du troupeau de Salers qui sans cesse rumine

Sous les yeux du berger qui, au couteau, dessine

Dans sa branche tombée un serpent enroulé ;

Quelle fierté pour lui de l’avoir ciselé!

Pendant le long hiver, le paysan bricoleur,

Dans son tronc débité, met ses dons en valeur,

Pour créer un outil campagnard et costaud :

Soit un manche de faux ou rustique râteau.

Et même autrefois ignorant hickory,

C’est dans son pied trempé qu’on fit les premiers skis.

Depuis la nuit des temps, pour remplir son carquois,

Le malin Cupidon utilise son bois.

Comme rien ne se perd, du sol déracinée,

La souche, pour Noël, est dans la cheminée,

Réchauffant la maison et les sabots de bois

Que l’enfant au réveil videra avec joie.

Sur pied ou abattu, le frêne méconnu

Aux paysans auvergnats des services a rendus.


 

 

 

Seamus Heaney (1939- 2013) poète anglophone très apprécié dans le monde anglo-saxon, pour une poésie mêlant l'évocation sensuelle de la nature
Seeing Things, Faber & Faber, 1991.

 

 

Le frêne

 

Jamais plus il ne se lèvera, mais il se tient prêt.

Éclaboussé par le matin, comme un miroir,

Il regarde à travers la large fenêtre, songeur,

Sans se soucier du temps clair ou nuageux.

 

Point de vue de haut sur tout le pays.

Premiers livreurs de lait, première fumée, troupeau, arbres

Saturés d’humidité au-dessus des haies détrempées —

Tout cela est pour lui, il est comme une sentinelle

 

Oubliée et incapable de se rappeler

Le pourquoi, les raisons de sa station surélevée,

S’étant réveillé soulagé, quoique dans la même position,

Mais délivré de toute contrainte, comme une déferlante.

 

Peu à peu, sa tête s’éclaircit avec la lumière, et sa main inutile

Tâtonne désespérément jusqu’à pouvoir agripper

Le membre fantôme d’un frêne, sur lequel il pourra s’appuyer.

Parvenu à cette prise, il peut maintenant tenir en place

 

Ou manier sa canne comme un rameau d’argent, et venir

Marcher de nouveau parmi nous : tel un docte juge.

J’aurais pu tirer de la haie un bien meilleur bonhomme !

Sans doute Dieu se remémorant Adam a-t-il dit la même chose.


 

 

XXI° siècle


Michel Cosem  - Philippe Davaine - Auteurs - Le frêne
Paru en mars 2004
Arbres de grand vent


Le frêne


 
Frêne guetteur

Frais et jeune

Plein d’idées

Mais silencieux.

Pourquoi es-tu venu

Là où il ne fallait pas,

Pourquoi ne réponds-tu pas

Aux questions essentielles

Pourquoi lorsque je t’appelle

Malgré ton courage

Regardes-tu au loin ?

Frêne guetteur


 

 

 21/08/2020


Perrine Mane - Directrice de recherche CNRS - Responsable du Groupe d'Archéologie Médiévale


..."Les tonneaux sont toujours cerclés avec des cerceaux de bois, le fer n’apparaissant que postérieurement. D'après les sources écrites, ce bois proviendrait des pousses de châtaignier ou de coudrier pour la futaille ordinaire, du chêne, de l’orme ou du charme pour les grosses pièces, ou encore du noisetier, de l'érable, du frêne... 


À propos du frêne, l’agronome bolonais Crescenzi précise au début du XIVe siècle,  
" Il est très bon à faire cerceaulx à tonneaux et à tynnes et aultres vaisseaux "... 

Tonnelier, vitrail de Saint Julien l’Hospitalier, Notre-Dame de Chartres, exécuté durant la première moitié du XIIIe siècle


 

 

 

Frênes remarquables

 


L'île Coton - Drain (Maine-et-Loire)


Le frêne, vieux de près de deux siècles, présente des mensurations impressionnantes : 6 mètres de circonférence pour 18 mètres de hauteur.
Ce frêne est la combinaison de deux arbres - un frêne commun et un frêne oxyphylle - qui ont fini par se souder. Il est également appelé frêne têtard en raison de sa protubérance en haut du tronc ayant la forme d'une larve de batracien.

Le tronc est creux et largement ouvert d’un côté 

vénérable frene ile coton - Gilles Montavon

 

 

 

la ferme des Préaux - Fleuriel (Allier)


C'est un frêne taillé en trogne d’un âge certain, avec une silhouette magnifique ! 

On dirait deux arbres jumeaux mais il ne s’agit en fait, probablement, à l’origine que d’un seul arbre "séparé" au fil du temps en deux unités accolée, avec deux troncs massifs, puissants surmontés chacun d’un gros bourrelet d’où partent les bouquets de branches maitresses verticales. 

Sa silhouette indique qu'il a été décapité à l’origine à cette hauteur et ensuite taillé régulièrement au niveau du bourrelet. 

Tout le cœur est décomposé, creux et rempli d’un terreau de bois. Sans le traitement en trogne, cet arbre serait mort depuis bien longtemps.

photo zoom nature


 

 

Vence (Alpes-Maritimes)


Le majestueux frêne, se dresse aux abords des remparts de la vieille ville et qui a même donné son nom à la place sur laquelle il se situe.

La légende locale raconte que le roi François 1er l’aurait planté de ses mains en 1538 alors qu’il était dans la région avec sa cour et sur l’invitation du Pape Paul III, afin de signer avec l’empereur Charles Quint la trêve de Nice, pour mettre fin à la huitième guerre d’Italie.


ce frêne, âgé donc d’environ 483 ans, et mesurant une vingtaine de mètres de hauteur, très haut mais très creux, a failli être abattu. Ce trésor emblématique du patrimoine naturel de Vence est surveillé de près.

Photo France Bleue

 

 

Frêne par les peintres

 

 

Chaïm Soutine (1894-1943) -  

Grand frêne de Vence 

il disait : "Cet arbre, c’est comme une cathédrale".

 


 

Sophie Lafeuillade -

Peintre en décors - le frêne

 


John Constable (1776 - 1837) -

étude de frêne - (MeisterDrucke-16159)


 

1883

Emmanuel Lansyer (1835-1893)

Peintre paysagiste et aquafortiste français.

Vue des frênes du lavoir de Plomanac’h au soleil couchant, 


 

 

Illustration 1838-40. frene

Gravure ancienne 

David Dietrich, : Forstflora

Frêne élevé - Fraxinus excelsior - gemeine esche


 

 

Illustration 1891

A. Mascelf

Atlas des plantes de France

Frêne élevé - Fraxinus Excelsior

 

 


Illustration 1897

Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen

Fraxinus ornus - frêne à fleurs


 


 

Langage du frêne

 

Le frêne est un arbre à forte valeur symbolique.

 

- Il représente la longévité, la force, la renaissance et l’apaisement. 

Toujours vert, il était le symbole de la pérennité de la vie, que rien ne pouvait détruire.

 

- Le frêne a pour langage la grandeur.

Cela vient du fait qu'il peut atteindre trente mètres et s'impodrt dans son environnement. 

 

- Signifiant la grandeur, il figure très souvent  dans les armoiries et les blasons. 

 

 

Tinchebray-Bocage ( Orne,- France)

Écartelé : au 1er de vair plain, au 2e à deux marteaux de carrier d'or, affrontés, les manches en barre et en bande, encadrant un bloc de granit d'argent, au 3e de gueules à deux navettes d' ou, les fuseaux de sable, passés en sautoir et à la bobine de fil d'argent brochant, au 4e d'argent à la feuille de frêne de sinople posé en pal.

 

 

Le Chefresne (Manche, France)

Parti : au premier d'argent au frêne de sinople, au second d'azur à la croix huguenote d'or ; le tout sommé d'un chef de gueules chargé d'un léopard d'or armé et lampassé d'azur. (création : Jean-François Binon, adoptée par délibération du conseil municipal du 30 juin 2006)

 

 

Fresnes (Val-de-Marne)

D'azur au frêne terrassé d'or, à l'agneau d'argent passant et brochant sur le fût de l'arbre.

 

 

Fresne-Léguillon (Oise, France)

D'argent au frêne de sinople ; au chef d'azur chargé de trois molettes à cinq rais du champ.

 

 

Saint-Rémy-en-Comté (Haute-Saône, France) 

Parti d'azur et de gueules au frêne d'or à deux branches brochant sur la partition, accosté à dextre d'un heaume d'argent et d'or, et à senestre d'une rose d'argent boutonnée et pointée d'or, surmonté et brochant sur la partition d'un cœur d'argent à la fasce d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or. L'écu est timbré d'une couronne à deux tours d'or, aux pierres d'azur, chacune des tours chargée d'une croix de Saint-André de gueules, entourée d'un rang de perles d'argent.

 

 

Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe, France

Parti: au 1er d'or au frêne arraché de sinople, au 2e d'azur semé de fleurs de lis d'or, au lion du même brochant.


 

 

 

 

Mythes et légendes

 

- On attribuait au frêne d'autres vertus : d'aider les impuissants. 
"qui ne peut doit parler au frêne", "le frêne est la providence des impuissants".


- Un petit morceau de bois de frêne, cousu dans les vêtements, doit accélérer la cicatrisation des plaies ouvertes – cette croyance est probablement due au fort de tannin dans son écorce.


- Les pêcheurs prêtaient au bois de frêne des pouvoirs magiques. Ils étaient persuadés que, utilisé pour la fabrication des avirons et de l'ossature d'une barque, il protégeait de la noyade.


- Chez les Romains il représentait le symbole du bonheur conjugal, 


- chez les Ecossais, un rameau de frêne accroché au-dessus du lit passait pour mettre les époux à l'abri des disputes. 


- En Écosse, on donnait aux nouveau-nés une cuillère à café de frêne. La famille fraxinus sécrète une manne ros calabrina pectorale, adoucissante, purgative qu'on prenait en tisane, en sirop, en pastilles, et qu'on recueillait en incisant l'arbre, de juin à juillet.


- En Europe du Nord, le Frêne est le symbole de la fécondité, 


- dans le Sud de la France, c'est l'arbre de la sagesse et du bonheur


- En Wallonie, c'est l'arbre de l'hospitalité.


- Autrefois on attribuait à son bois, râpé sur les morsures de serpents, le pouvoir de les guérir. 
 


 


 

Dictons et proverbes

 

- "Regardez bien la pousse des arbres

Si le chêne est vert avant le frêne

Vous serez secs jusqu'à l'automne

Si le frêne est vert avant le chêne

Tout l'été sera mouillé"

 

-  "Qui ne peut doit parler au frêne"

 

 -"Le frêne fait la braye d’acier et une marne de sparme"

 

 Dicton danois 


- "Frêne avant chêne, été pluvieux

Chêne avant frêne, été radieux"


 


 

Utilisations et propriétés du frêne

 

- A la fois souple et résistant, le bois du frêne a été utilisé depuis la préhistoire.

Le frêne est une espèce menacée, du fait du réchauffement climatique, le frêne est attaqué par diverses maladies

 


Usages


- Le bois du frêne est blanc, légèrement rosé et nacré, très tenace, résistant mais souple et élastique, et facile à travailler. Il est utilisé en menuiserie et ébénisterie, pour la fabrication des manches d'outil en bois, des arcs ; mais il est également très prisé dans la fabrication de nombreux instruments de musique.

Bois est également utilisé pour la fabrication des cercles à fromage, pouvant prendre une forme arrondie et la garder même après plusieurs utilisations car il est très "nerveux". 

Dans la vie courante, on en faisait aussi des barreaux d'échelle, des gouvernails, des rames, des raquettes de sport, des cannes et des batons de hocquey et les anciens skis.


- Très bon bois de feu, il se fend aisément. Il était utilisé autrefois pour le charronnage.


- tannerie et teinturerie : conservation des peaux,  tons verts pour la laine (écorce des jeunes rameaux)


- Le Frêne peut être planté en alignement de rue, mais peut être un arbre d'ornement, avec de nombreuses variétés, à feuillage panaché, à rameaux jaunes, à port pleureur ou fastigié, naine…


- D’une grande longévité, la reproduction par marcottage permet d’obtenir un frêne élevé en bonsaï.
 

 


 

Alimentaire


- alimentation animale : fourrage 

C'était aussi un arbre de haie ou d'ombre près des points d'eau, il suffisait souvent d'abattre des branches pour que les animaux se servent. Les caprins, les ovins, les équidés et les bovins en sont très friands (feuillage très appétant). C'est aussi le cas des cervidés qui occasionnent aux jeunes plants forestiers de fréquents abroutissements.
- Lors des étés secs, les paysans récoltent le feuillage pour nourrir les ruminants. 


- alimentation humaine :

Fruits verts confits en guise de câpres ou de cornichons et boisson. La fleur fraîche de l'ornus , additionnée de levure, produisait, après fermentation, une boisson rafraîchissante et antirhumatismale. 

 


Médecine


Une revue de synthèse de 2007, a classé le frêne parmi les plantes médicinales aux propriétés diurétiques les plus prometteuses. Ses propriétés anti-inflammatoires ont également été confirmées scientifiquement.

 

Il est utilisé traditionnellement contre l’hypertension dans le sud-est marocain, sous forme de poudre de racine séchée bouillie quelques minutes dans l’eau.


- plante anti-rhumatismale, diurétique, analgésique, tonique, fébrifuge, astringente (feuille, écorce, fruit). 


- De l'écorce, on extrayait le "quinquina d'Europe", qui est fébrifuge. Des propriétés anti-inflammatoires. Le mannitol et les sels de potassium présents dans les feuilles sont responsables de l'activité diurétique qui stimule les fonctions d’élimination de l'organisme. Il est aussi utilisé comme protecteur tissulaire des articulations. Il permet ainsi de freiner leur vieillissement.

Ses propriétés fébrifuges (lutte contre la fièvre) sont efficaces dans le traitement du paludisme.


 

 

- Les feuilles séchées s’utilisent en infusion, d’abord pour leurs propriétés antalgiques et anti-inflammatoires. 

On recommande les infusions dans le traitement des douleurs articulaires, arthrose, arthrite ou rhumatismes. Les feuilles ont des propriétés diurétiques favorisant le "nettoyage" des articulations par le drainage de l’acide urique. 

Les feuilles favorisent l’élimination du cholestérol et luttent contre les calculs rénaux, les jambes lourdes, le gonflement des membres. 

Etant un coupe-faim naturel, et pour toutes les raisons précitées, le frêne est un très bon allié pour perdre du poids. 

Le miellat que produisent les feuilles en saison chaude a des vertus anti-inflammatoires, antalgiques et antioxydantes. 


 

On fabrique dans certaines régions (Nord de la France, Belgique, Normandie), une boisson faiblement alcoolisée fermentée rafraîchissante, et pétillante appelée frênette (ou encore freinette, frenette, fresnée ou frênée), à partir de feuilles de frêne et d'autres ingrédients.

Les feuilles étaient séchées puis mises en tisane. On ajoutait sucre et levure de boulanger. On laissait le tout quelque temps en barrique, puis on le mettait en bouteille


 



 

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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 20:05

 

 

Mythologie des arbres


L'amandier - Prunus dulcis

 

L'amandier, Prunus dulcis ou amygdalus communis, est une plante mellifère de la famille des Rosaceae. Avec l'olivier, l'amandier reste l'arbre emblématique de la région méditerranéenne. L’amandier appartient à la section Amygdalus caractérisée par l’absence de pédoncule sur les fleurs.


Originaire de l'Asie occidentale, l'amandier est un arbre cultivé en Iran depuis 5000-6000 ans. Les Grecs l'ont ramené en Europe. En France, il ne produit réellement de fruits que dans des zones définies de Provence, du Languedoc-Roussillon, de Corse, de la vallée de la Garonne et du littoral atlantique. 


L'amandier s'accommode d'un hiver relativement court, mais ne supporte pas le gel. Il se développe sous des climats tempérés, à des endroits plein soleil, bien éclairés, loin de l'humidité. Un sol sans matière organique, perméable, caillouteux, sec, calcaire, voire légèrement salé.

 

De l’amandier tige fleurie,

Symbole, hélas! de la beauté,

Comme toi, la fleur de la vie

Fleurit et tombe avant l’été.


Alphonse de Lamartine (1790-1869) - La branche d’amandier - Nouvelles méditations poétiques -

 

 

Cet arbre vigoureux de 6 à 12 m de hauteur,  qui peut vivre plus de 100 ans, ne manque pas de charme avec son tronc tortueux et sa floraison précoce.  Ses racines sont profondes et puissantes.

 

À la fin du mois de février, parfois plus tôt, si le temps le permet, apparaissent les fleurs d’amandier de couleur blanc-rosé, une floraison précoce (le premier arbre à fleurir) et abondante, marquant le bassin méditerranéen.

 

Annonciatrices des beaux jours, seules ou regroupées par deux. Elles apparaissent avant les feuilles. Le réceptacle floral est creusé en coupe (hypanthium). Le calice comprend 5 petits sépales verts, lobés qui tombent rapidement. La corolle a 5 pétales blancs légèrement tachés de rose. Les étamines alternes aux pétales. Le pistil est libre.


 

 

Les Feuilles de l'amandier sont caduques, d'un vert brillant, lancéolées, à marge dentée. Elles ont la particularité de se développer après la floraison.

 

 

Il produit un fruit charnu à noyau (ou drupe) oblongue et velu, de couleur vert amande,  dont la chair devient sèche à maturité et s’ouvre en deux valves, libérant un noyau contenant la graine, l'amande comestible (Une ou deux, à l'intérieur du péricarpe).

 

 

Elle  se récolte en juillet, pour une consommation à l’état vert et en automne (septembre) pour une consommation à l’état sec.

 

 

 

Tous les textes de l'Antiquité sont cohérents avec l’hypothèse de la domestication d’une espèce amandier sauvage "Prunus fenzliana", de la famille des Rosaceae, du sous-genre Amygdalus. Il est originaire des régions caucasiennes de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Turquie, de l'Iran et du Turkmenistan, dans les régions à des altitudes de 1 400−3 500 m.

 

En se basant sur la morphologie et l’habitat, Ladizinsky (1999) proposa de considérer Prunus fenzliana Fritsch. comme l’ancêtre le plus probable de l’amandier cultivé. Une étude génétique est venue en 2010 conforter cette hypothèse. Basée sur 26 marqueurs SSR3 de nombreux cultivars d’amandier et d’espèce sauvages et cultivées de Prunus, l’étude de Zeinalabedini et al. (2010) apporte des arguments solides pour considérer que Prunus fenzliana, est l'ancêtre des amandiers cultivés Prunus dulcis.
 

Il s’est ensuite répandu en Iran, Anatolie, et Levant. Le semis dirigé de ses amandes douces a permis sa diffusion en Grèce puis à Rome et de là dans tout l’empire romain.

Prunus fenzliana - Gérard, Arménie.


 


 

Il existe de nombreuses variétés et formes d’amandes,

- mais on cultive généralement l'amande douce Prunus dulcis var. dulcis à coque épaisse et dure, dont on se sert en pâtisserie surtout pour fabriquer la pâte d’amande.


- L’amande à coque tendre (Prunus dulcis var. fragilis) est aussi comestible et très appréciée pour la table à l’état frais, moins par l’industrie, car la coque très mince se brise facilement. 

 

Il y a deux grandes variétés d'amandiers, qui se distinguent par la nature de leurs fruits :


- amande douce : la plus consommée

 


- amande amère : fruit de l'amandier sauvage, de moins en moins cultivée, parce qu'elle contient des substances biochimiques toxiques (l'acide prussique et l'acide cyanhydrique).

 

 

L’amandier est autostérile : il faut généralement planter deux variétés différentes pour obtenir une fructification.

 

Fruits à coque tendre

 

- "All In One" : 

Dates de floraison : tardive en février-mars.

Date de Récolte : Maturité fin août-septembre.

Autofertile.

Grosses amandes tendres à la coque très friable. 
 

 

- "Ardéchoise" :

Dates de floraison :  Floraison précoce

Date de récolte : . Maturité en septembre. 

Pollinisé par "Princesse".

Fruit allongé à coque semi-tendre.

 

- "Princesse" :

Date de floraison : Floraison tardive début mars. 

Date de récolte : Se consomme en vert en juin, en sec en août-septembre. 

Pollinisée par "Ardéchoise"', "Aï".

Gros fruit ovoïde à coque très tendre souvent abîmée par les pies. 

Goût pistache. Utilisé dans les calissons d’Aix.

 

- "Aï" :

Dates de floraison : très tardive en mars. 

Date de récolte : Maturité à la mi-septembre. 

Pollinisé par "Texas", Ferragnes".

Coque ronde et amandon allongé, aplati et charnu, sucré.

Se mange aussi en vert.

 

- "Non Pareil" :

Date de floraison : assez tardive. 

Dates de récolte : Maturité fin août-septembre. 

Pollinisé par "Texas".

Fruit à coque très tendre s’enlevant en frottant avec la main.

Bel amandon de bonne saveur.

 

- "A la Dame" (syn. "sultane", "Dame de Provence", "Ronde")

Dates de floraison : en février

Date de récolte : Consommées en vert en juillet ou en sec à la mi-septembre.

Fruit moyen, amandon de saveur douce d’excellente qualité gustative.

 

- "Ferragnes"

Dates de floraison : très tardive 

Date de récolte : Maturité à la mi-septembre. 

Pollinisé par Ferraduel, Ferrastar, Aï, Lauranne

Fruits à coque tendre 

Amandon clair à goût sucré nuancé de cacao et de poivre très savoureux.

 

 

Fruits à coque dure 

 

- Prunus tenella  "Garden Price"

Dates de floraison : Floraison très tardive en mars. 

Date de récolte : Maturité à la mi-septembre. 

Pollinisé par "Ferragnes"

Amandon sans la peau, à goût sucré aux nuances de mie de pain.

 

- "Ferrastar"

Dates de floraison : Floraison très tardive en mars. 

Date de récolte : Maturité à la mi-septembre. 

Pollinisé par Ferraduel", "Ferragnes", "Ferralise", "Texas"

Gros fruits en forme de cœur.

 

- "Lauranne"

Dates de floraison : Floraison tardive. 

Date de récolte : Maturité début octobre. 

Autofertile.

Production régulière d’amandons utilisés dans l’industrie.

 


Amandier pour balcon


- Prunus tenella  "Garden Price"Amandier 

Dates de floraison : Fleurs roses tardives. 

Date de récolte : Feuilles étroites luisantes de 8 cm de long. 

Autofertile.

Fruits à coque tendre, d’une grosseur normale.

 


Amandier d'ornement

 

Amandier de Chine "Prunus triloba Multiplex"

Dates de floraison : Fleurs rose tendre en pompons serrés, en mars-avril.

Pas d’amande.

 

- "Prunus glandulosa Alba Plena"

Dates de floraison  : Manchons de fleurs blanches en pompons en avril-mai.

Pas d’amande.

 

"Prunus tenella Fire Hill"

Dates de floraison : Fleurs rose vif semi-double en mars, avant les feuilles.

Amande comestible.

Originaire des Balkans
 

 

 

 

Intérêt apicole


L'amandier est une excellente plante mellifère, riche en nectar et en pollen.

Sa floraison abondante et précoce est une aubaine pour la reprise du couvain au printemps. Le miel de l'amandier est monofloral.

 


 

 

Étymologie amandier - amande


 

Du latin amygdala, lui-même importé du grec ancien ἀμυγδάλη, amygdálê ("amande").

En Provençal : amandola, amella, amenta ; 

En Italien :  mandorla, mandola ; 

En Espagnol : almendra ; 

En Portugal : amendoa ; 

En Catalan : ametlla ; 

 


 

Mythologie grecque


Phyllis


Selon certaines versions, Phyllis est l'héroïne d'une histoire d'amour, dont le héros est tantôt Acamas, tantôt son frère Démophon, tous deux fils de Thésée.


Phyllis était la fille de Sithon, roi des Bisaltes, qui habitaient  la Thrace. 


La guerre de Troie terminée, les Grecs rentraient dans leur pays en vainqueurs ; l'un deux, appelé Démophon, fils de Thésée, débarqua sur les côtes de Thrace, près de Amphipolis. C'est Ià qu'il fit la connaissance de Phyllis qui tomba amoureuse de lui. 


Les deux jeunes gens fixèrent la date de leur mariage ; mais il fallait que Dimophon parte faire la guerre de Troie, mais promit à Phyllis de revenir au bout d'un mois. Le jour où Démophon devait rentrer, Phyllis montait et descendait la côte en attendant son arrivée. 


Lorsque le retour de la flotte fut annoncé, Phyllis attendit le navire sur le rivage. Après avoir descendu la côte neuf fois, ne le voyant pas débarquer, gagnée par le désespoir, elle mourut de chagrin. Héra, pris de pitié pour cet amour immense, la transforma en amandier stérile. Une version raconte que la jeune femme s'est changée en amandier stérile. 


Quelques mois plus tard, en plein hiver, Démophon rentra mais ne retrouva pas Phyllis. 


Abattu par le malheur, il embrassa l'écorce et pleura contre le tronc en écoutant le cœur de sa bien-aimée, et l'Amandier fleurit en plein hiver, preuve de son amour ; depuis lors, à la même date, l'amandier fleurit malgré l'hiver.


A chacun de ses baisers (ou selon les versions à chacune de ses larmes) des fleurs apparurent sur l'arbre qui ne portait pas encore de feuilles.

Edward Burne Jones  (1833–1898) - Phyllis et Demophon

 

 

 

Gravure sur bois de Phyllis et Démophon d'Héroide,

Venise, début du XVIe siècle

 

 

 

L'amandier et la bible

 


Genèse 30 -

Verset 37


Jacob prit des branches vertes de peuplier, d'amandier et de platane; il y pela des bandes blanches, mettant à nu le blanc qui était sur les branches. 

 

Jérémie 1, 12 -

Verset 11 


L'Eternel m'adressa encore la parole en ces termes : Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : Je vois une branche d'amandier. 

Benjamin West - Jérémie voit une branche d'amandier fleurie


 

Verset 12 


Tu as bien vu, me dit l'Eternel. Eh bien, je veille sur ma parole pour accomplir ce que j'ai dit.


    

 

Ecclésiaste 12, 

verset 5


Où l'on redoute ce qui est élevé, où l'on a des terreurs en chemin, où l'amandier fleurit, où la sauterelle devient pesante, et où la câpre n'a plus d'effet, car l'homme s'en va vers sa demeure éternelle, et les pleureurs parcourent les rues ;

 


Exode 25 -

Verset 33 -3.4


Il y aura sur une branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs, et sur une autre branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs; il en sera de même pour les six branches sortant du chandelier. A la tige du chandelier, il y aura quatre calices en forme d'amande, avec leurs pommes et leurs fleurs.…

 

Exode 37:

Versets 19-20


Il y avait sur une branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs, et sur une autre branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs; il en était de même pour les six branches sortant du chandelier. A la tige du chandelier il y avait quatre calices en forme d'amande, avec leurs pommes et leurs fleurs.

 

 

 

Genèse 43, 11 


Israël, leur père, leur dit: Puisqu'il le faut, faites ceci. Prenez dans vos sacs des meilleures productions du pays, pour en porter un présent à cet homme, un peu de baume et un peu de miel, des aromates, de la myrrhe, des pistaches et des amandes.

 

 

Nombres 17, 8.


Le lendemain, lorsque Moïse entra dans la tente du témoignage, voici, la verge d'Aaron, pour la maison de Lévi, avait fleuri, elle avait poussé des boutons, produit des fleurs, et mûri des amandes. 

Julius Schnorr de Carolsfeld  (1794–1872) gravure sur bois Aaron et baton fleuri


 

 

 

L'amandier et l'Arche d'Alliance


 

Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

Les fleurs d’amandier symbolisent l’espérance d’une vie nouvelle, meilleure, plus heureuse : celle de la fidélité à l’Alliance conclue avec Dieu. Aussi ont-elles été choisies pour accompagner l’Arche :

 

"… l'arche de l'alliance, petit coffret de bois de cédre, de 3 piés 9 pouces de long, sur 2 piés 3 pouces de large & 2 piés 3 pouces de haut. Il renfermoit la cruche où étoit la manne & la verge d'Aaron qui avoit fleuri ; le propitiatoire faisoit le couvercle de ce coffre.

Aaron et les chefs de chaque tribu reçurent ordre d'apporter chacun une verge d'amandier, avec leur nom écrit dessus.


Ces verges devaient être mises dans le tabernacle, et y rester jusqu'au lendemain, la souveraine sacrificature devant être déférée à celui dont la verge aurait éprouvé quelque changement miraculeux.


La chose ayant été exécutée, la verge d'Aaron se trouva, le matin du jour suivant, couverte de feuilles, de boutons et d'amandes.


Lorsque les Israélites furent nourris de manne dans le désert, il en recueillit dans un vase qu'il mit depuis dans le tabernacle.


250 lévites, complices de Coré, eurent la hardiesse de vouloir offrir de leur chef l'encens au Seigneur ; un feu subit sortit du tabernacle et consuma ces téméraires …" 

La verge d’Aaron sur l’arche d’alliance (Speculum humanæ salvationis 10C23)


 

 

 

Tradition chrétienne

L'amande et la mandorle

 

L’amande est en effet très tôt adoptée comme un symbole de la Vierge Marie. Dans la tradition chrétienne le fruit de l'amandier est un symbole de virginité, sa forme figurant l’union de deux cercles, de l’humanité et de la divinité. 


Il n’est pas rare de trouver, dans l’iconographie chrétienne, Jésus et Marie représentés dans une mandorle, auréole en forme d'amande.


 


 

Saint-Valentin et l'amandier

 

 

Valentin dont le nom de famille était De Terri était moine, a vécu au III° siècle, sous le règne  de Claude II le Gothique. Ce n’est alors que le début du christianisme. Accusé de marier les chrétiens alors que l’empereur vient d’interdire le mariage, il se fait arrêter et mettre en geôle.

 

Durant sa détention, il fait la connaissance de la fille du geôlier qui est aveugle de naissance. Elle lui apporte à manger chaque jour. Un soir un miracle se produit : la jeune fille retrouve la vue. 

 

Malheureusement l’empereur Claude II apprend l’évènement et les agissements de Valentin. Il ordonne immédiatement son exécution. Valentin sera roué de coups par les légionnaires romains et décapité le 14 février 269.

 

Juste avant d'être décapité, valentin offre des feuilles en forme de Coeur à la jeune fille avec un message d'amour :

"De ton Valentin"


Pour honorer la mémoire de Valentin toute la famille de la jeune fille se convertit au christianisme. On dit que la fille planta, près de la tombe de Valentin, un amandier. 


Voilà pourquoi l'arbre est le symbole des amoureux et de la virginité. C'est le premier arbre fruitier à fleurir à la fin de l'hiver. Les fleurs paraissant bien avant les feuilles, chaque rameau se voile alors complètement de blanc, évoquant ainsi une robe de mariée. 


Alexandre IV, pape de 1254 à 1261 nommera Valentin "patron des amoureux". Il est fêté à ce titre le 14 février.


 

 

 

Conte portugais


La princesse et les amandiers en fleurs

 

Il était une fois, alors que le Portugal n’existait pas encore, et que  l’Algarve était sous l’occupation des maures, un roi arabe, régnait un roi qui n’avait jamais connu de défaite.


Un jour, il vit parmi les prisonniers de la dernière bataille, la jolie Gilda, princesse aux yeux bleus, et cheveux couleur d'or d'une grâce délicate, qui venait du Nord. Elle était si charmante que tous l’appelait "La Belle du Nord". 


Impressionné, le roi maure lui rendit sa liberté. Petit à petit il gagna sa confiance et finit par lui avouer l’amour qu’il entretenait pour elle. Il la demanda en mariage. 


Ils se marièrent et il y eu beaucoup de jours de fête dans tout le pays. Malgré ses fêtes grandioses, Gilda semblait murée dans une grande tristesse, et son époux ne savait plus quoi faire pour la rendre joyeuse.
La princesse souffrait de nostalgie. Les champs couverts de neige lui manquaient. Elle ressentait une puissante mélancolie, en rêvant de sa terre natale. 


Le roi, qui avait peur de perdre sa jeune et tendre épouse, eut donc une idée. Il ordonna que toute la région de l'Algarve soit couverte de gigantesques plantations d’amandiers. 


Quand vint la fin de l'hiver, tous les arbres étaient en fleurs. Le bon roi invita sa bien-aimée à découvrir le paysage depuis le haut de la plus haute tour des remparts du château.


Aperçevant la campagne toute blanche, la reine applaudit et poussa des cris de joie à la vue de ce spectacle indescriptible. Elle guérit sur l’instant de la saudade car cette étendue de fleurs blanches donnait l’illusion d’un épais manteau de neige.


Le couple royal vécut de longues années d’un bel et intense amour, impatient, année après année, de retrouver le printemps qui apportait le merveilleux spectacle des amandiers en fleurs. La princesse se sentait heureuse, se souvenant de sa patrie lointaine.

Jacques-Michel Dunoyer, Amandiers en fleurs

 

 

 

35000 ans av. J.C. - 10000 ans av.J.C.

 


Pendant longtemps, les amandes étaient probablement cueillies avant que la domestication de l’amandier n’ait eu lieu. Il est difficile de distinguer maintenant les restes archéologiques de coquilles sauvage et de celles d'origine domestique.


La cueillette de ses fruits est attestée grâce aux fouilles. Des restes d’amandes carbonisées ont été trouvées à Ohalo II,  Benot Ya'aquov, Gesher (Israël),  dans les grottes d’Öküzini (Turquie) et dans les grottes Franchthi (Grèce) datant du solithique et Néolithique (Zohary et al.2, 2012). 


Il semble qu’à ces époques il s’agissait d’amandes sauvages.
 

 

 

9000 à 7000  ans av.J.C.


À l’époque du Néolithique précéramique A (entre 9 000 et 8 500 ans av. J.-C.) , on a trouvé des restes d’amandes à Netiv Hagdud, vallée du Jourdain (Israël) et Jerf al Ahmar (Syrie). 


À l’époque suivante du Néolithique précéramique B (de 8 500 à 7 000 ans av. J.-C.) c’est à Çayönü (Turquie).


Au Néolithique tardif, de nombreux restes d’amandes ont été découverts à Chypre, en Turquie, en Iran et Grèce.
 

 

 

Entre 6 300 et 5 300 ans av. J.-C.


Les amandiers qui peuvent se propager par graines font partie des premiers arbres fruitiers à avoir été domestiqués.

Pour Zohary et al. (2012), leur domestication a probablement eu lieu dans la partie orientale du bassin méditerranéen, au Chalcolithique c’est-à-dire entre 6 300 et 5 300 ans av. J.-C., à peu près au même moment que l’olivier, la vigne et le palmier.


 


 

3300 av. J.-C. – 1200 av. J.-C.


Parmi les restes de fruits de l’âge du bronze, à Bab edh-Dhra (Jordanie), les amandes qui apparaissent avec des raisins et des olives, proviennent probablement d’arbres domestiqués. 
 


 

Vers 3000 - 1325 av. JC.

 

En Égypte ancienne, l’amande n’était pas cultivée comme en Palestine. Aussi constituait-elle un cadeau fort apprécié. Ainsi, quand le vieux Jacob, en période de disette, accepta d’envoyer son dernier-né avec ses frères aînés auprès de Joseph, l’intendant de Pharaon, pour acheter du blé, il leur recommanda : 

...."Dans vos bagages, prenez des meilleures produits du pays, pour les porter en présent à cet homme, un peu de baume et de miel, de la gomme adragante et du ladanum, des pistaches et des amandes (Gn 43,11)..."

 

Les amandes sont mentionnées dans les premiers textes culinaires sumériens, ainsi que dans la Bible indiquant la présence des amandiers en Mésopotamie et en pays de Canaan aux alentours 1 700 ans av. J.-C.

 

Il faudra attendre l’aube du IIIème millénaire av. JC. pour que l’amande soit proprement domestiquée à la confluence de l’Iran et de l’Arménie actuels d’où elle essaimera vers le pourtour méditerranéen.


Les restes  trouvés dans la tombe de Toutankhamon en Égypte datent de (1 325 ans av. J.-C.).


 

 

 

1200 ans avant J.C. - II° siècle av. J.C.

Les Phéniciens (Liban actuel) diffusèrent l'amandier sur tout le pourtour méditerranéen jusqu'en Ibérie 
 

 

 

Le naturaliste grec Théophraste (-371, -288), est le premier « savant » à avoir étudié les plantes en elles-mêmes.

 

Dans son ouvrage Histoire des plantes,

on trouve 25 occurrences du mot "amandier" (αμυγδαλἠ, amugdalê) dispersées dans le texte, à propos de la description de sa racine, de l’apparition des feuilles, de la structure de ses graines, de ses fleurs, etc. Il donne aussi plusieurs recommandations pour les techniques culturales comme l’indication que les amandiers doivent être plantés plus espacés que les pommiers.

(Livre II, 5)

Sur les plantes

livre 1

....."Parmi les arbres, aucun n'est gymnosperme, mais chez les uns la graine est entourée d'une chair ou d'enveloppes tantôt tégumentaires comme, celles du gland et de l'arbre d'Eubée, tantôt ligneuses comme celles de l'amande et de la noix. Aucun non plus n'est angiosperme, à moins que l'on ne regarde le cône : comme une capsule parce que l'on peut en séparer les fruits"...


En ce qui concerne l’amandier, il pense qu’il est "douteux" que cet arbre ait existé en Italie du temps de Caton, car celui-ci mentionne bien des "noix grecques", mais certains les rangent dans la catégorie des noix proprement dites " (HN, XV, 90). 


Nux graeca (étymologiquement "noix grecque") fut le premier nom donné à l’amande par les Romains mais il a pu désigner antérieurement une "noix venue de Grèce".


L'amandier est donc introduit progressivement vers la Grèce et les Grecs le diffusent dans le reste de l'Europe méridionale.


les Grecs de l’Antiquité servaient l’amande macérée dans du miel.
 

 
Son implantation au sein de l’empire romain remonte au III° - II° siècle av. J.C. 

 


 

 

I° siècle

 


Pedanius Dioscoride (entre les années 20 et 40 ap. J.-C - 90 ap. J.-C) médecin, pharmacologue et botaniste grec  auteur du traité "À propos de la matière médicale", 


De Materia Medica 10, I, 123

..."L’amande broyée sert à faire divers cataplasmes. Prise avec de l’amidon de blé et de la menthe, elle est bonne pour le crachement de sang".... 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.  79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Histoire Naturelle 11, XV, 89. 

..."l’emploi d’amandes amères pour faire de l’huile Comparée à la noix et à la noisette, l’amande est plus ferme et plus âcre"... 


 

 

 

VIII° siècle

 


711

Les conquérants musulmans le diffusèrent aussi jusqu'à Al-Andalous (terme qui désigne l'ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et certains du Sud de la France, qui furent, à un moment ou un autre, sous domination des différents états arabes et musulmans) 

Dans les contes des Mille et Une Nuits

On parle d'une pâte d'amande consommée comme aphrodisiaque, et on mentionne l'amande pour fabriquer une diversité importante de gâteaux.

..."À une autre boutique, elle prit des câpres, de l’estragon, de petits concombres, de la percepierre et autres herbes, le tout confit dans le vinaigre ; à une autre, des pistaches, des noix, des noisettes, des pignons, des amandes, et d’autres fruits semblables ; à une autre encore, elle acheta toutes sortes de pâtes d’amande"... 

 

716

Durant son règne, Chilpéric établit un diplôme (charte datée du 29 décembre 716), où il confirme les privilèges d'immunité accordés par ses ancêtres à l'abbaye de Saint-Denis, il y mentionne "les amandes avec d'autres épices".


 

 

 

IX° siècle

 

812

Charlemagne ordonne d'introduire les amandiers dans les fermes impériales. Des recueils de lois mentionnent sa culture.

Au Moyen Âge, la consommation des amandes dans la cuisine est très importante 

 

 

XII° siècle

 

Vers 1150

En Espagne. A Tolède 

vers 1150 sous le règne d’Alphonse VII (1105-1157)

La pate d'amande, cette spécialité était connue sous le nom de "Postre Regio". Le Mazapán est le dessert le plus célèbre de Tolède, il est généralement créé pour les fêtes de Noël. Il doit contenir au moins 50% du poids total en amandes.


 

 

 

1197

Bible en images

Espagne (nord)  - Navarre

Corbie, abbaye Saint-Pierre

Enluminure Verge fleurie d'Aaron


 

 

 

XIII° siècle

 


1220

En France, c'est à Verdun, en 1220, qu'un apothicaire invente la dragée, amande enrobée de sucre et de miel durcis à la cuisson, pour faciliter la conservation et le transport des amandes. A cette date, les dragées sont vendues aux femmes enceintes par les apothicaires, comme bienfaisantes pour leur grossesse.

Les dragées symbolisent l'Amour éternel et la fécondité.

 

 

1268

Le Livre des métiers, 159

rédigé au temps de Saint Louis vers 1268 par Étienne Boileau, 

...  Quiconques est huiliers à Paris, il puet faire huile de olives, de amandes, de nois, de chenevis et de pavoz... 

 

 


Vers 1290

De natura rerum, (De la nature des choses), 

poème en langue latine du poète philosophe latin Lucrèce (1° siècle av. J.C)

Miniature au livre 10 "De amigdalo" - amandier

Saint-Amand, abbaye - France (nord)

Enluminure Amandier


 

 

XIV° - XV° siècle

 

 


Mahmoud Chabestari (1287-1320) mystique et poète perse.

..."La shariât est l'écorce, la haqîqat en est l'amande... Lorsque le migrateur a atteint la certitude personnelle, l'amande est mûre et l'écorce éclate".
.. 
 

 


Les amandes constituent une part importante du commerce de Venise. au XiV° siècle.

 

En 1407, une terrible famine s’était abattue sur les villes allemandes et décimait les habitants. La situation était encore plus terrible à Lübeck, car la ville était assiégée par les troupes ennemies. 


Pour parer à la situation, le conseil municipal ordonna de fouiller les entrepôts du port, et c’est ainsi que l’on découvrit une grande quantité de miel et d’amande dans un entrepôt abandonné. 


Tout d’abord délaissés, un boulanger eut l’idée de confectionner un pain délicieux avec le miel et l’amande, ce fut une réussite et la ville fut sauvée de la famine grâce à la pâte d’amande et les habitants furent revigorés, ce qui permet de mettre l’ennemi en fuite. 


C’est ainsi qu’est né le massepain de Lübeck.


 

 

1461

 

Speculum humanae salvationis

Miniature enluminure

Belgique - Hainaut

Mons, abbaye Notre-Dame 

Verge fleurie d'Aaron - amandier


 

 

 

Enlumineur Maître de Jacques de Besançon,

Maître des Très Petites Heures d'Anne de Bretagne (14..-15..)

(France, Paris, Bibliothèque Mazarine, Ms 412 f. 017)

vers 1492

enluminure : Nombres, 17:23
Verge fleurie (amandier) d'Aaron 


 


 

XVI° siècle

 


L'amandier est  introduit dans le midi de la France remonterait aux alentours de 1548. 

 

 

 

XVII° - XVIII° siècle

 

 

1617


Manuscrit de la Bibliothèque du roy -

Par la compagnie des Libraires avec privilèges du roy

tome second

Les oeuvres d' Hippocrate (460 avant J.-C. -377 av. J.-C. )médecin grec philosophe, considéré traditionnellement comme le "père de la médecine".


...."Les amandes sont chaudes et nourrissantes? Les amandes sont pleines d'une huile fort grasse qui s'enflamme facilement, voilà pourquoi elles sont chaudes ; mais elles sont d'un autre côté fort nourrissantes parcequ'elles ont beaucoup de chair. Les amandes douces sont bonnes à manger ; mais pour les remèdes elle ont moins de vertu que les amères : elles ne laissent pas d'atténuer et de provoquer les urines"....


 

 

 

 

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1° vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de "l'ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).

 

L' Amande

Le 18° jour du mois de Thermidor (19/20 juillet-17/18 août) - Période des chaleurs (5 août)


 

Le Soleil correspond au Signe du Lion 


..."Sous un Soleil brulant l'Eau qui tombe en cascade 

& les Jeux séduisans de ce Signe amoureux 

Aux délices du Bain invitent la Nayade 

Qui dans l'onde limpide attiédira ses feux"...

 

 

 

XIX° siècle

 


Le Littré, dictionnaire de la langue français. Texte intégral, sans publicité ni brimborions. Dictionnaire ancien, paru de 1873 à 1877

Paré VI, 6.

..."Ces glandules sont de grandeur et figure d'une amende, et pour ceste cause sont dites amydales"...


Au milieu du XIX° siècle, l'amandier est implanté aux États-Unis, devenu aujourd'hui le premier producteur mondial d'amandes, en particulier avec la Californie.

 

 

 

Alphonse de Lamartine, de son nom complet Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine, (1790-1869) poète, romancier, dramaturge français, historien,

Nouvelles méditations poétiques

 

 

La branche d’amandier

 


De l’amandier tige fleurie,

Symbole, hélas! de la beauté,

Comme toi, la fleur de la vie

Fleurit et tombe avant l’été.

 

Qu’on la néglige ou qu’on la cueille,

De nos fronts, des mains de l’Amour,

Elle s’échappe feuille à feuille,

Comme nos plaisirs jour à jour !

 

Savourons ces courtes délices;

Disputons-les même au zéphyr,

Epuisons les riants calices

De ces parfums qui vont mourir.

 

Souvent la beauté fugitive

Ressemble à la fleur du matin,

Qui, du front glacé du convive,

Tombe avant l’heure du festin.

 

Un jour tombe, un autre se lève ;

Le printemps va s’évanouir ;

Chaque fleur que le vent enlève

Nous dit : Hâtez-vous de jouir.

 

Et, puisqu’il faut qu’elles périssent,

Qu’elles périssent sans retour !

Que ces roses ne se flétrissent

Que sous les lèvres de l’amour !


 

 

 

1825


Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) avocat et magistrat de profession, connu comme gastronome et auteur culinaire français.


Physiologie du goût,1825, p. 321.

...Enfin nous partageâmes une assiette d'amandes amères, dont j'avais entendu vanter la propriété pour modérer les fumées du vin. Ainsi armés au physique et au moral, nous nous rendîmes chez Little, où nous trouvâmes les Jamaïcains, et bientôt après le dîner fut servi... 

 

 

 

1833


Marie-Antoine Carême dit Antonin Carême (1784-1833) est un pâtissier et un chef français. Connu comme "le roi des chefs et le chef des rois", il est le premier à porter cette appellation de "chef".


Les Grandes heures de la cuisine française, 1833, p. 151.


...Petits diablotins de blanc-manger aux avelines. Pilez bien parfaitement six onces d'amandes d'avelines émondées; délayez-les avec trois verres de crème que vous aurez fait bouillir. Vous passez le tout à la serviette avec pression, pour en extraire autant que possible le lait d'amandes, que vous versez peu à peu dans deux grandes cuillerées de farine de crème de riz que vous délayez sans grumeleaux... 


 

 

 

1837


Honoré de Balzac  (1799-1850) écrivain français. Romancier, 

César Birotteau,1837, p. 182.

"...Nota. La maison A. Popinot tient également des huiles de la droguerie, comme néroli, huile d'aspic, huile d'amande douce, huile de cacao, huile de café, de ricin et autres"... 


 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) un poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français.

 


Exil


...Si je pouvais voir, ô patrie,

Tes amandiers et tes lilas,

Et fouler ton herbe fleurie,

Hélas !...
 

 

 

Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

 


Premier sourire du printemps

 

...Dans le verger et dans la vigne,

Il s'en va, furtif perruquier,

Avec une houppe de cygne,

Poudrer à frimas l'amandier...

 

Thomas-William Marshall amandier en fleurs en Corse - 1910

 


 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915) écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

 


Agathe


...Agathe, réjouie par le feu des fers rouges,

Comme un amandier par les douces pluies d'automne,...
 

 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et romancière française d'origine roumaine, 


La jeunesse


...Et que les coeurs sont comme un jardin qui fleurit

Avec ses amandiers et ses roses trémières !...
 

 

 

1884

Jules Adeline (1845-1909) dessinateur, graveur et historien français, auteur d’environ 9 000 dessins, gravures et aquarelles,

Lexique des termes d'art, 1884.

Architecture : Amande mystique. 

"L'amande mystique est une auréole elliptique enveloppant les représentations de figures divines dans les tableaux des peintres primitifs ou dans les verrières de l'art gothique. Elle est tracée de deux portions de cercle donnant une forme d'amande.

On donne aussi à cet encadrement, parfois décoré de rayons, le nom de gloire ou d'auréole elliptique."


 

 

 

1897

Les Plantes médicinales de Köhler 

Cet ouvrage, écrit principalement par Hermann Adolph Köhler (1834-1879), médecin et chimiste.

L'ouvrage a été publié pour la première fois à la fin du XIXe siècle par Franz Eugen Köhler de Gera. 

Il contient quelque 300 illustrations pleine page en chromolithographie.

Prunus dulcis - Köhler-s Medizinal-Pflanzen - 1897


 

 

 

Cécile Sauvage (1883-1927) "poétesse de la maternité" femme de lettres française, 


Le jour


...Voici que les frelons éthiopiens vont choir,

Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes,

Sur un brin d'amandier sifflote un merle noir...
 

 

 

 

David Herbert Lawrence, plus connu comme D. H. Lawrence, (1885-1930 ) écrivain britannique. 

Auteur de nouvelles, romans, poèmes, pièces de théâtre, essais, livres de voyage, traductions et lettres, il est célèbre notamment pour son roman L’Amant de lady Chatterley.


    
Amandiers dépouillés

Traduction Jacky Lavauzelle


Amandiers humides, sous la pluie,

Comme le fer se colle sinistrement sur la terre;

Troncs noirs des amandiers, sous la pluie,

Comme des outils de fer tordus, hideux, sortant de la terre,

Sortant de la profondeur, de la douceur sicilienne du vert de l’hiver,

Herbe de terre immangeable,

Troncs d’amandiers se courbant en noir, fer sombre, escaladant les pentes.

 

Amandier, sous la terrasse,

Noir, rouillé, le tronc de fer,

Vous avez soudé vos minces tiges les plus fines,

Comme l’acier, comme l’acier sensible dans l’air,

Gris, la lavande, l’acier sensible, se courbant finement et se cassant dans

une parabole.

 

Que faites-vous sous la pluie de Décembre ?

Vous avez une sensibilité électrique étrange dans vos pointes d’acier ?

Sentez-vous l’air aux influences électriques 

Comme certains appareils magnétiques étranges ?

 

Prenez-vous des messages, dans un code étrange,

Du  ciel sauvage, électricité vagabonde, qui rôde  constamment autour de

l’Etna?

Prenez-vous le murmure du soufre dans l’air ?

Entendez-vous les accents chimiques du soleil ?

 

Avez-vous téléphoné le grondement des eaux sur la terre ?

Et de tout cela, ne faites-vous pas des calculs ?

Sicile, la Sicile de Décembre sous une masse de pluie 

Avec le fer des noirs branchements, rouillés, comme de vieux

Instruments tordus

Et brandissant et se penchant sur l’envol hivernal de la terre, escaladant les

pentes

D’un vert tendre immangeable !


 

 

Sabine Sicaud (1913-1928) poétesse française.

 

Quand je serai guérie

 

...J'ai besoin de sorbets et de liqueurs glacées,

De fruits craquants, de raisins doux, d'amandes fraîches.

Peut-être d'ambroisie...

 

 

Sabine Sicaud (1913-1928) poétesse française.

 

Le funiculaire de la Rhune


... Au loin, des pics ont l’air en neige d’amandiers ;

Et, sur toute la côte où danse l’Atlantique,

C’est le galop de grands nuages romantiques...
 

 

 

1957


Georges Brassens (1921-1981) auteur-compositeur-interprète français.

 

L'amandier


J'avais l' plus bel amandier

Du quartier,

J'avais l' plus bel amandier

Du quartier,

Et, pour la bouche gourmande

Des filles du monde entier,

J' faisais pousser des amandes

Le beau, le joli métier !


 
Un écureuil en jupon,

Dans un bond,

Un écureuil en jupon,

Dans un bond,

Vint me dir' : "Je suis gourmande

Et mes lèvres sentent bon,

Et, si tu m' donn's une amande,

J' te donne un baiser fripon !


 
— Grimpe aussi haut que tu veux,

Que tu peux,

Grimpe aussi haut que tu veux,

Que tu peux,

Et tu croqu's, et tu picores,

Puis tu grignot's, et puis tu

Redescends plus vite encore

Me donner le baiser dû !"


 
Quand la belle eut tout rongé,

Tout mangé...

Quand la belle eut tout rongé,

Tout mangé...

"Je te paierai, me dit-elle,

À pleine bouche quand les

Nigauds seront pourvus d'ailes

Et que tu sauras voler !


 
"Mont' m'embrasser si tu veux,

Si tu peux...

Mont' m'embrasser si tu veux,

Si tu peux...

Mais dis-toi que, si tu tombes,

J'n'aurai pas la larme à l'oeil,

Dis-toi que, si tu succombes,

Je n' porterai pas le deuil !"


 
Les avait, bien entendu,

Toutes mordues,

Les avait, bien entendu,

Toutes mordues,

Tout's grignoté's, mes amandes,

Ma récolte était perdue,

Mais sa joli' bouch' gourmande

En baisers m'a tout rendu !


 
Et la fête dura tant

Qu' le beau temps...

Et la fête dura tant

Qu' le beau temps...

Mais vint l'automne, et la foudre,

Et la pluie, et les autans

Ont changé mon arbre en poudre...

Et mon amour en mêm' temps !


 

 

 

1974


Lübeck s’autoproclame "capitale mondiale de la pâte d’amande".

Ainsi, huit fabricants de massepain de la ville ont formé en 1974 la Lubecker Marzipan Association. Son but est de préserver l’intégrité du nom "Lübecker Marzipan".

Ceux-ci distinguent leur massepain des autres en exigeant que leur produit se compose d’une proportion de 30% de sucre, par opposition à un ratio de 50% de sucre dans la pâte d’amande ordinaire. C’est ce qui en fait un produit de grande qualité.


 

 

1997

Dominique Marny écrivaine française

Presses de la Cité, 1997

A L'ombre Des Amandiers 


 

 

 

Tahar Ben Jelloun

Seuil (18/06/1998)

Les amandiers sont morts de leurs blessures


 


 

Hussein Jamil Barghouthi, (Barghouti 1954-2002) poète, écrivain,

Éditions Actes Sud - Sindbad

Je serai parmi les oliviers


 

 

 

Waciny Lâredj (Auteur) Catherine Charruau (Traduction) 

Paru en février 2001

Fleurs d'amandiers

La nuit de l'amandier -

Suivi de Le mas des amandiers


 

 

 

Lorand Gaspar (1925 – 2019) poète, médecin, historien, photographe et traducteur français d’origine hongroise

Patmos et autres poèmes

Gallimard éditeur, 2001

 

Amandiers


 
Te faire surgir

de la provenance du bond

de l’effraction perdue du jaillir.

 

Là tu te tiens

dans les décombres du porche

fraîcheur de sève, poignée d’écume –

neige odorante dans la nuit du regard.

 

Que la joie est simple au bout du cheminement obscur !

Comme ces minces pellicules donnent corps à la lumière !

 

Regarde comme il fond ce peu

de blanc tombé au fond de l’œil !

 

Les amandiers dans la nuit !

Ô les dents de clarté !

 

Pulsation sourde d’étoiles

dans l’épaisseur de la terre –

 

Le soleil couché dans sa barque souterraine

nos doigts aveugles cherchent des couleurs –

dans ta bouche des caillots de ténèbres

dans ton ventre la douleur du venin

savoir de ta vie si tu peux la comprendre –

 

Nous sommes l’un l’autre dévêtus

de noms qui collaient à la peau

appelant sans nom le silence

qui cimente les sons de la musique –


 
Ô pure douleur du chant de naître

inapaisable travail sans visage

et nous-mêmes nuages et paroles

allant avec les bêtes au soir

dans les poudres de l’étendue –

 

Dans l’œil de la tourmente

sur le seuil brûlant du cratère

l’églantier.

 

Noyau de pudeur déboutonné

tendresse doucement froissée –

 

Ces bris, ces haltes claires dans le sang

orage tactile dans le noir humide.

 

Dans l’enclos défait du combat

rougeur qui porte à bout de bras

le cœur de sa fragilité –

quelque part c’est toujours le même

bruissement d’aubes dans les pierres.

 

Toi soleil coureur essoufflé

couché bouche à bouche sur les eaux

sur la mer ouverte à tous vents

la barque de nos mains dérive

 

Or fumé, brûlé des visages

dans la pénombre des années

gardant au-dedans ses lueurs –

 

Musique

nos doigts raclent

des cordes invisibles

dans la lumière dissoute

chaude étoffe arrachée

à l’hiver –

 

Toujours cet écho

sa source illisible

où erre avant l’aube

pieds nus le jasmin

 

Tu nages encore et c’est nuit

tu nages dans la nuit qui a toujours été

et ton corps a percé l’eau glauque

qui sent l’empois et la levure.

 

Et la chair rame dans la chair

les mains torturent et les mains tuent

elles griffent à clair les ténèbres

et retournent à l’obscur.

 

Juste avant le jour le feuillage

frissonnant des dernières étoiles

lueurs serrés au centre des vagues

couleur d’écaille et de ferveur
 

Le bruit déchiré d’un caïque

par les vents de résurrection –

 matin toutes voiles dehors

dans le ravin étroit du chant

sur le brun si chaud des cailloux


 
Une mouette a crié

dans l’auge aveugle d’un corps

fragment de jour affolé,

 

Et la mer et l’espace sans oreilles –

bat dans le mur du bleu

bat, le blanc d’un pétale –

 

Dentelles, frondaisons, linges et grappes

nos encres lavées à grande eau

toutes images essorées

les rafales du vent peignent la mer  –

Thomas William Marshall - Amandiers en fleur au bord de la mer

 

 

 

2006

Christian Signol (1947) écrivain français

roman : Les amandiers fleurissaient rouge


 

 

 

Françoise Bourdon

La nuit de l'amandier

 

 

Michelle Cohen Corasanti est une ancienne avocate

Le rameau d'amandier

 

 

 

Mahmoud Darwich  (Écrivain)

Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

 

 

Le 07 octobre 2007, 

Mahmoud Darwich poète palestinien lisait son poème “Pour décrire les fleurs d’amandier” au Théâtre de l’Odéon (Odéon – Théâtre de l’Europe).

Traduction de l’arabe vers le français : Elias Sanbar. 

Lecture de la traduction française : Didier Sandre. 

Pour décrire les fleurs d’amandier, l’encyclopédie

 

 

“Pour décrire les fleurs d’amandier” 


des fleurs et le dictionnaire

ne me sont d’aucune aide…

Les mots m’emporteront

vers les ficelles de la rhétorique

et la rhétorique blesse le sens

puis flatte sa blessure,

comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.

Comment les fleurs d’amandier

resplendiraient-elles

dans ma langue, moi l’écho ?

Transparentes comme un rire aquatique,

elles perlent de la pudeur de la rosée

sur les branches…

Légères, telle une phrase blanche mélodieuse…

Fragiles, telle une pensée fugace

ouverte sur nos doigts

et que nous consignons pour rien…

Denses, tel un vers

que les lettres ne peuvent transcrire.

Pour décrire les fleurs d’amandier,

j’ai besoin de visites

à l’inconscient qui me guident aux noms

d’un sentiment suspendu aux arbres.

Comment s’appellent-elles ?

Quel est le nom de cette chose

dans la poétique du rien ?

Pour ressentir la légèreté des mots,

j’ai besoin de traverser la pesanteur et les mots

lorsqu’ils deviennent ombre murmurante,

que je deviens eux et que, transparents blancs,

ils deviennent moi.

Ni patrie ni exil que les mots,

mais la passion du blanc

pour la description des fleurs d’amandier.

Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc

dans leur dédain des choses et des noms ?

Si quelqu’un parvenait

à une brève description des fleurs d’amandier,

la brume se rétracterait des collines

et un peuple dirait à l’unisson :

Les voici,

les paroles de notre hymne national !


 

 

 

Pierre Magnan, auteur de Chronique d'un château hanté (Éditions Denoël, 2008) :


     "Quand Poverello Lombroso, en ce début d'année 1349, mit pied à terre sous les remparts de Manosque, ce fut à l'ombre d'un amandier dont les branches en fleur encadraient étroitement la ville. On était en février et les amandiers ont depuis toujours l'habitude de défier l'hiver. En général, ils perdent dans ce défi mais, quand ils gagnent, la profusion d'amandes suffit pendant trois ans aux besoins du pays.

    Cette année-là, ils gagnaient. Février avait un goût d'avril et le Poverello se serait bien arrêté pour peindre les branches fleuries, mais il n'était pas ici pour ça."


 


 

Fred Vargas, nom de plume de Frédérique Audoin-Rouzeau (1957) archozoologue et romancière française. 


L'Armée furieuse


Éditions Viviane Hamy, 2011


...Le commissaire Adamsberg délocalise son enquête en Normandie où il tombe sous le charme d'une des suspectes qu'il invite à manger afin d'en apprendre davantage :


    "- ... Vous pensez que je peux demander quelques amandes en plus ?
    - Bien sûr, dit Adamsberg en levant la main vers la serveuse.
    - Ça ne va pas coûter trop cher ?
    - La police paiera.
    Lina rit en agitant sa cuiller.
    - Pour une fois que la police paie les amendes, dit-elle.
    Adamsberg la regarda sans comprendre.
    - Les amendes, expliqua Lina. Les amandes qu'on mange, les amendes qu'on paie. C'était un jeu de mots. Une plaisanterie.
    - Ah bien sûr, dit Adamsberg en souriant. Pardonnez-moi, je n'ai pas l'esprit vif. Ça vous ennuie de continuer à me parler de votre père ? On a su qui l'avait tué ?
    - Jamais..."

 

 

 

Langage de l'amande et l'amandier

 


Dans le langage des arbres, l'amandier symbolise :


- L’amandier figure comme l'un arbre emblématique du pourtour méditerranéen où il est cultivé de longue date. L’abondante floraison blanc-rosé des amandiers constitue dès le mois de mars l’un des tout premiers spectacles de la nature méditerranéenne.


- La douceur ou l'étourderie.


- La re-naissance, l'amour et la virginité : les fleurs d'amandier sont annonciatrices du printemps,  paraissant bien avant les feuilles, chaque rameau se voile alors complètement de blanc, s'apparentant ainsi à une robe de mariée.

 

- Les feuilles, les fleurs, parfois l'écorce et même le bois;  sont  associés aux vœux de chance et d'argent. 

 

- L'Abondance, prospérité, sagesse, esprit de décision

 

L'amande symbolise


- L'immortalité, la solidité, car elle est capable de devenir un arbre superbe comme le petit enfant dont elle commémore le baptême...

 

- Les amandes peuvent être offertes par les jeunes mariés à leurs invités pour les remercier de leur présence,

Une légende raconte qu’elles doivent être au nombre de cinq et de plus aux amandes uniquement pour cinq voeux ; santé, longévité, prospérité, félicité et fécondité. 


Le nombre impair symbolise l’indivisibilité de l’union des mariés…


 

 

 

Mythes et légendes de l'amandier

 


- Pour les Hébreux, l’amandier, était le symbole d’une vie nouvelle représentant le masculin. 


- Dans la tradition juive, l’amandier (luz) représente la base de l’entrée dans la ville mystérieuse de Luz, laquelle est un séjour d’immortalité.

 

- La légende dit que le fruit seul peut même féconder une vierge, il ne faut pas s'endormir sous un amandier en rêvant à ton amoureux sous peine de te retrouver enceinte de lui au petit matin. Cette croyance a longtemps été véhiculée en Europe...


- Dans les chants des troubadours, la fleur d'amandier était symbole de pureté.


- Le lait d'amande chez les Grecs symbolisait l'énergie créatrice et était comparé au sperme.

 

- Chez les Arabes, manger des amandes apporte la sagesse.
 

- Dans certaines croyances, l’amande symbolise le secret (le secret est un trésor) passage de l’ombre à la lumière afin de s’en nourrir. 

 

- Glisser quelques amandes sous votre oreiller et réfléchir à la question avant de s'endormir, pour obtenir une réponse dans vos rêves.

 

 

 

Utilisation de l'amande

 


Ornement


Ses fruits sont la principale raison de la culture de l’amandier, mais la beauté de ses fleurs et de son écorce, en font un bel arbre d’ornement.

 


Alimentaire


- L'amande est très riche en acides gras insaturés, protéines, glucides et vitamines, et délicieuse au goût.

L’amande, fruit oléagineux se décline en fruit, poudre, huile végétale, purée, crème, boisson (lait). Pour notre santé, riche en anti-oxydants, oméga 3, vitamine E. 

 

- L'amande entre dans la composition de nombreuses "douceurs" française comme :
 . Les nougats de Montélimar,
 . Les calissons d'Aix,
 . Le gâteau de Pithiviers, 
 . Les macarons de Reims et de Nancy, 
 . Les soleils de Nice etc...…

 


- Elle est un constituant important des pâtisseries provençale et orientale.


- La pâte d'amande est un reconstituant énergétique. 


- En Italie, les amandes amères produites par les amandiers cultivés, sont utilisées pour fabriquer des liqueurs légèrement amères (comme l’amaretto) ou des macarons (l’amaretti).

 

 

Cosmétique


L'huile d'amande a des vertus adoucissantes et hydratantes

 

 

Dermatologie 


- Son pouvoir à traiter les inflammations cutanées et à adoucir et à tonifier la peau.

 

Gemmothérapie


Les bourgeons de l'amandier sont utilisés chez les personnes âgées, pour leur propriété anti-scléreuse.


 

 

 

Les origines de la pâte d’amande

 

- On trouvait, en Italie, un pain d’épice accompagné d’une garniture en pâte d’amande dans un magasin de San Gimignano.


- Bien que l’on pense que son origine se trouve en Perse (actuel Iran) et qu’elle ait été introduite en Europe par les Turques, les Hongrois et les Italiens s’en disputent la paternité. 


- Elle serait apparue au VIIIe siècle en Orient, où elle était la confiserie du harem. Le nom Marzapane viendrait du nom de la pièce de monnaie Mauthaban qui avait cours dans la ville de Byzance.


- Elle aurait été introduite en Europe au XIII° siècle par les Perses, et les croisés vénitiens en auraient percé le secret.


- Le massepain est ensuite devenu une spécialité en Allemagne, dans la région de la Mer Baltique, et notamment dans la ville de Lübeck.

 

 

La pâte d’amande de nos jours à travers le monde

 

- En Italie, le massepain est employé pour reproduire la forme et la couleur des fruits.


- En Espagne, il représente des animaux que l’on remplit de jaune d’œuf et de sucre.


- Au Portugal, où sa confection est assurée depuis les temps anciens par les nonnes, le massepain traditionnel est en forme de fruits faits dans la région de l’Algarve et sont appelés Morgadinhos.


- En Grèce et à Chypre, le massepain est fait dans une multitude de formes et de tailles et presque toujours laissé en blanc. Et particulièrement dans les îles de la mer Égée, où la pâte d’amande blanche est considérée comme un mets de mariage que l’on sert aux invités lors des festivités.


- Aux Pays-Bas et en Belgique, les figures en pâtes d’amande sont offertes aux enfants la veille de la Saint-Nicolas.


 

 

 

Maro peintre - 

Le canigou et les amandiers en fleurs

 

 

 


Yves Brayer (1907-1990)

peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre français.

Les amandiers en fleurs


 

Annie Riviere 

Artiste peintre paysagiste provençal 

Les amandiers sont en fleur  

 


1896 - 

Paul Signac (1863-1935)

Peintre paysagiste français, proche du mouvement libertaire

amandiers en fleurs 


 

Vincent Van Gogh  (1853–1890) peintre

Fleur d'amandier

(Février 1890 - 1890)


 

 

 

 

 Festivals des amandiers

 

Italie - Agrigente


Les festivals d’Agrigente, le festival des fleurs d’amandier Mandorlo in Fiore est l’un des plus beaux?
Le festival a été célébré pour la première fois dans les années 30 à Naro à la demande du comte Alfonso Gaetani, avec l’intention de faire connaître les produits typiques siciliens dans le monde entier. On l’appelait « la fête de la nouvelle année » (« festa dell’annata nova » en italien) et elle célébrait le mythe de Proserpina. Dans les rues du village, il y avait un défilé de charrettes en fleur et de femmes portant de riches costumes, danseurs et musiciens. Quelques années plus tard, cette fête se déplace à Agrigente sous le nom de « Fête de l’amandier en fleurs », devenant ainsi la fête du folklore : en effet, il y a beaucoup de groupes folkloriques qui y participent.

 

 

 

Portugal - Vila Nova de Foz Côa


Vila Nova de Foz Côa est devenue « la capitale de l’amandier » (la ville et ses environs compte environ 106000 amandiers en 38000 hectares, 
- Chaque année, entre les mois de février et mars, Vila Nova de Foz Côa fête ses Amandiers en Fleur. 

 

Maroc - Tafraout


- La fête des amandiers (ou le moussem des Amandiers), a lieu chaque année à Tafraout, dans l'Anti-Atlas marocain. Elle est dédiée à la promotion et à la valorisation du patrimoine local.

Elle se déroule chaque année au mois de mars, 

 

 

Alleins  - France - Bouches du Rhône

Fête de l'amande et de l'amandier Place De la Républiqu

 

 

La Route des vins allemande célèbre la fleur d'amandier dans des couleurs éclatantes.

La floraison des amandiers

Les semaines roses de Palatinat
 


 

Pour en savoir plus sur l'amande et l'amandier


- Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, 

 

- Jean-Marie Pelt  "Des fruits" (Librairie Arthème Fayard, 1994),


- Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de" Le langage des fleurs". (Société belge de librairie, 1842) 


- Emma Faucon, "Le Langage des fleurs" (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes


- René Guénon, dans Le Roi du Monde, Chap. VII : Luz ou le séjour d’immortalité


- Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Amandier (Amygdalus communis) 


- Sylvie Verbois, auteure de Les arbres guérisseurs : Leurs symboles, leurs propriétés et leurs bienfaits (Éditions Eyrolles, 2018) transcrit le message que lui inspirent les arbres 


- Le livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995, réédition, 2019), Éloïse Mozzani. 


- Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) 


- Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000).


- Petit Larousse des symboles (Éditions Larousse, 2006) établi sous la direction de Nanon Gardin et de Robert Olorenshaw


- Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013).
 

 


 

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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 22:38


 

 

Mythologie des arbres - 


Le mimosa - Acacia dealbata

 

 

Le mimosa "Acacia dealbata" est une espèce d'arbres  couramment désignés sous le nom de "mimosa d'hiver" ou "mimosa des fleuristes".

 

On lui attribue aussi les noms de : Mimosa argenté, Mimosa de Nice, Mimosa blanchissant, Mimosa d’hiver...

 

Je rêvais à toi, – tu passas !

Et je vis à ta boutonnière,

Penchant ses graines de lumière,

Une branche de mimosas.

"Oh ! donne-la moi, je t’en prie,

Cette petite fleur flétrie…"

 


 

Introduite d'Australie, cette plante s'est par la suite échappée des cultures.

 

En France, on peut la trouver à l'état sauvage sur les côtes méditerranéennes et atlantiques où elle s'est naturalisée. Elle affectionne les sols siliceux et peut supporter des températures assez basses, jusqu'à −7 à −10 °C. Elle demande cependant un bon ensoleillement.

 

Ainsi les principales régions du monde où l'on trouve du mimosa sont le sud de l'Australie, le bassin méditerranéen, la Californie, le Chili, le sud de la Chine et les plateaux indiens, Madagascar et l'Afrique australe.


Le mimosa porte en fait le nom du genre Acacia. La classification classique plaçait cette espèce dans la famille des Mimosacées, mais la classification phylogénétique l'a mise dans la famille des Fabacées, élargie depuis 2003.

 

Cette fleur compte de nombreuses variétés, comme

le mimosa "Clair de lune" d’origine méditerranéenne, 


 

 

 

Le mimosa "Floribunda"

 

 

et

Le mimosa "Longiflora" originaires d’Australie, utilisés pour lutter contre l’érosion. 
Toutes les variétés sont dotées de petites fleurs jaunes pelucheuses. 


 


 

 

Le mimosa est une plante ligneuse. Cet arbre peut atteindre 25 m de haut à l'état sauvage. Il possède un tronc lisse de couleur gris-bleu à gris-brun, dont la base se fissure avec l'âge. 

tronc jeune


 

Tronc vieux

 

 

Ses rameaux sans épines, duveteux, portent des feuilles composées persistantes divisées en 10 à 25 paires de folioles elles-mêmes divisées (feuilles bipennées de couleur glauque à vert-gris) en très petites et nombreuses foliolules (17 à 50 paires pour une seule feuille, ces foliolules se repliant la nuit ou par chaleur : leurs aisselles "articulées" provoquent des mouvements de turgescence thermonastiques).


 

 

 

Les fleurs se présentent sous forme de petits pompons jaunes et soyeux de 5 mm de diamètre, disposés en panicules, chaque glomérule comportant de 13 à 42 fleurs (multiflorie).

Une fleur comprend un calice gamosépale constitué de 5 sépales très petits, duveteux. La corolle dialypétale est constituée de 5 petits pétales libres de couleur jaune.

Ces pièces florales sont rapidement dépassées par de nombreuses étamines qui, s'épanouissant au bout de leur long filet, forment les pompons d'un jaune lumineux. L'ovaire, situé au-dessus du point d'insertion du calice et de la corolle (on parle d'ovaire supère), ne comporte qu'un seul carpelle.

 

 

 

Les fruits sont des gousses articulées, plates et brunes à maturité, contenant des graines noires ellipsoïdes, à court funicule épaissi en arille vrai blanc crémeux.

 

 

Espèce pyrophyte, ses fruits s'entrouvrent sous l'effet de la chaleur du feu des incendies : les graines se libèrent alors et germent, la levée de dormance étant associée au passage du feu. 

Ses graines peuvent être disséminées par les oiseaux et le vent, mais une grande majorité d'entre elles tombent à proximité de la plante mère.

 

 

 

 

Cette plante aux fleurs hermaphrodites et protogynes se reproduit par entomogamie.

La floraison survient de janvier à mars dans l'hémisphère nord. La fructification se caractérise par une faible proportion de fleurs qui se développent en fruits, processus qui pourrait être une adaptation des petites fleurs individuelles.

Nectarifère et odorant, il attire de nombreux insectes qui assurent la pollinisation des fleurs. 

 


 

 

Le mimosa a une forte croissance. Son jeune bois demeure donc très cassant et coupant. Sur la Côte d'Azur, les épisodes de neige (souvent lourde) cassent les branches comme du verre. 


 

 

 

Dans le langage courant, les espèces de ce genre prennent, selon les cas, l'appellation d'acacia, cassier, mimosa, mulga ou encore tamarin. 


En effet, l'espèce appelée mimosa dans le langage courant a pour nom de genre Acacia, qualifie un "arbre  au bois dur portant souvent des aiguillons, à feuillage fin, dont les fleurs, odorantes ou non, en grappes ou en touffes, sont de couleur blanche, rose ou jaune, et dont le fruit est une gousse".

Les espèces portant le nom de genre Mimosa, nous les appelons plutôt "sensitives".


En France, on désigne souvent du nom vernaculaire "acacia"  un arbre entièrement différent, le robinier de l'espèce Robinia pseudoacacia, souvent dit "Robinier faux-acacia".

 

 

L'espèce Acacia dealbata a aussi été dénommée Acacia affinis, Acacia decurrens var. dealbata, Acacia decurrens var. mollis, Acacia derwentii, Acacia puberula ou encore Racosperma dealbatum.

 

Il existerait deux sous-espèces :

- Acacia dealbata subsp. dealbata Link
- Acacia dealbata subsp. subalpina Tindale & Kodela

 

et une variété

- Acacia dealbata var. mackayana Seem.


 


 

On compte plus de 1 000 espèces du genre Acacia mais les plus courantes sont des hybrides issues de Acacia dealbata comme notamment Acacia dealbata "Mirandole" à croissance très rapide et le plus rustique,

Acacia dealbata "Gaulois", à croissance rapide et grosses inflorescences…


 

 

 

Acacia d'Egypte - Vachellia nilotica 


On lui donne aussikles noms de Acacia d’Arabie - Acacia épineux - Gommier rouge - Babul acacia - Gum arabic Tree - Egyptian Thorn - Qarad -  Sant - Soul


Cet acacia est utilisé depuis les premières dynasties égyptiennes.


Cette espèce fait partie de la famille des Fabaceae, les légumineuses.


Autrefois, elles étaient considérées comme des espèces à part entière ce qui prêta souvent à confusions ; d’ailleurs en 1753, Linné décrit et nomme le Mimosa nilotica ainsi que le Mimosa scorpioides mais en fait, il était en présence de deux sous-espèces et donc de la même plante.


Ses origines : Afrique du Sud, péninsule arabique et particulièrement l’Égypte
D’après l’explorateur, orientaliste et naturaliste suédois Pehr Forsskal, les noms utilisés en Égypte pour le désigner sont qarad et sant; Delile précise que sant est le nom de l’arbre et qarad le nom du fruit.


- Soul est un nom vernaculaire arabe. En Afrique, il est bien sur désigné sous de nombreux autres noms.

– Babul acacia est son nom vernaculaire commercial en Inde.

– Gommier rouge pour la couleur de la gomme qu’il exsude.


Toutes ces espèces sont résistantes à la sécheresse et à la chaleur et peu tolérantes au gel.


Elles se développent sur toutes sortes de sols; certaines même tolère un sol salin.

La croissance est relativement lente.

Ce sont des arbres de 5 à 13 m pouvant atteindre 20 m, souvent plus large que haut, au tronc court et épais, à la couronne basse, dense et étalée, arrondie ou plate.

Le système racinaire est profond ou étalé selon l’habitat.

Les rameaux brun-vert à noirs sont glabres ou légèrement tomenteux.

L’écorce gris-brun foncé à noire est épaisse et profondément fissurée; la gomme exsudée est rougeâtre.

Les feuilles sont protégées à leur base par de fines épines, droites mais souvent légèrement recourbées vers le bas, grises, de 5 à 7,5 cm; les arbres matures en sont généralement dépourvus.

La floraison se déroule à plusieurs périodes de l’année selon l’apport en eau de la zone.C’est un des rares acacias à être autofécond. Maturité sexuelle à partir de 5 à 7 ans.

La dissémination est faite par les mammifères.

 

 

 

Acacia jaune - cassier

Vachellia farnesiana - Mimosa de Farnèse 

 


Le Cassier (Vachellia farnesiana, anciennement Acacia farnesiana), appelé parfois "Cassie ancienne" , "Cassie du Levant", " Acacia odorant" Mimosa de Farnèse, est une espèce végétale appartenant à la famille des Fabacées (sous-famille des Mimosoïdées, tribu des Acaciées) originaire d'Amérique tropicale. Il est présent dans d'autres régions tropicales et notamment aux Antilles, en Afrique et en Australie.

 

Jusqu'en 2005, il se trouvait dans le genre Acacia, ce qui explique son appellation de "Cassier". Il a appartenu à différentes familles aujourd'hui invalides telles que les Mimosacées, les Papilionacées et les Légumineuses.
Aux Antilles françaises, il est connu sous les noms d'acacia jaune ou acacia odorant.

 

Son nom spécifique vient du fait que cet "acacia" a d'abord été importé en Italie dans les jardins Farnese, illustre famille noble. Il a été spécialement dédié à l'un de ses membres, le cardinal Odoardo Farnese.


Cette espèce est cultivée dans le Midi de la France pour extraire de ses fleurs une huile utilisée en parfumerie. 


C'est un arbre à feuillage persistant (du moins dans les zones chaudes) haut de 8 à 10 mètres dont les rameaux ont un port retombant, armés de longues épines stipulaires, droites et blanches.


Ses feuilles composées et bipennées, vert clair à vert moyen, dont les foliolules présentent un contour entier et une nervation pennée, sont disposées de façon alterne le long des rameaux. A leur aisselle se trouvent de longues épines droites et blanches.

 

Il possède une floraison en fin d'hiver (entre janvier et mars). Ses petites fleurs pentamères jaune orangé caractéristiques des Acaciées sont réunies en glomérules globuleux pédonculés disposés solitairement ou par 2 à 3 à l'aisselle des feuilles. Elles exhalent un parfum suave très apprécié en parfumerie.


Les fruits sont des gousses cylindriques, brunes à noirâtres, effilées à chaque extrémité, contenant des graines de couleur brune.


Son écorce brune à noirâtre est fissurée longitudinalement. Riche en tanins, elle a longtemps été exploitée pour cette propriété.

 

Peu exigeant en ce qui concerne la nature du sol, cet arbuste préfère les situations ensoleillées et résiste à la sécheresse. Aux Antilles, on le trouve dans les fourrés épineux.


 

 


Acacia du Sahara - Acacia Raddiana - Vachellia tortilis,

l’Acacia faux-gommier, 

 

L'acacia à épine parapluie, est une espèce de la famille des Fabaceae. Longtemps considéré comme appartenant au genre Acacia, son genre aujourd'hui reconnu par l'APG III est Vachellia. 


Egalement connue sous le nom d'épine parapluie et de babool israélien, l'arbre du désert, est un arbre à canopée moyen à grand originaire de la majeure partie de l'Afrique, principalement de la savane et du Sahel de Afrique (en particulier la péninsule somalienne et le Soudan), mais également présent au Moyen-Orient. 


Il constitue une ressource essentielle tant pour les animaux sauvages tels que les Antilopes et les Girafes que pour les animaux domestiques tels que les Dromadaires mais aussi pour les populations rurales qui se nourrissent de ses graines, utilisent son bois et profitent de ses propriétés médicinales.


Il prolifère dans le sahara Marocain, et il est notamment très présent au bord des oueds.


L’arbre du Désert, l’acacia Raddiana compte parmi les 155 espèces spontanées du genre acacia en Afrique. C’est un arbre au feuillage persistant qui pousse en sols sableux sous un climat très sec.


 

 

 

L'acacia du Sénégal - Senegalia senegal -  

gommier blanc, 

 


est une espèce d'arbres originaire d'Afrique appartenant à la famille des Fabacées.


C'est un arbre de croissance rapide mais de taille modeste, de 3 à 6 m de haut4. L'écorce est griset, sur les troncs des arbres adultes, en fines plaques de couleur un peu plus sombre. 


Les rameaux sont velus lorsqu'ils sont jeunes. Des épines généralement disposées par trois garnissent la base des pétioles des feuilles, deux latérales plus petites et la troisième plus grande et plus nettement dirigées vers le sol.


Les inflorescences apparaissent d'août à septembre pour le pic de floraison puis prolongation jusqu’en début de saison sèche (décembre). 


Ce sont des épis portés par un pédoncule et chaque épi mesure de 5 à 10 cm de long. Au sein de l’épi, les fleurs sont sessiles composées d’un calice non velu et d’une corolle. Le nombre d’étamines est variable. Le fruit est une gousse aplatie presque droite, légèrement plus étroite entre chaque graine, et avec un bec recourbé court à l'extrémité. Chaque gousse contient 5 ou 6 graines lisses, de couleur gris-vert à brun sombre, discoïdales. Chaque graine présente sur chacune de ses faces aplaties une dépression en forme de U.


L'origine exacte de cette espèce est incertaine, mais sa présence est ancienne en Afrique tropicale et dans la péninsule arabique.


On tire de l'exsudat de l'acacia Sénégal, la gomme arabique, utilisée à large échelle dans les industries pharmaceutique, alimentaire, cosmétique et textile. On le récolte en pratiquant des entailles dans le tronc et les branches de l'arbre ou en utilisant un outil en forme de biseau.


Le bois très dense sert à fabriquer des manches d'outils et à produire un charbon de haute qualité. L'écorce est riche en tannins et est utilisée dans la pharmacopée populaire pour ses propriétés astringentes et expectorantes. Les rameaux épineux font de bonnes haies défensives.


Le jeune feuillage et les cosses de S. senegal sont broutées par les ruminants domestiques et sauvages. Les feuilles contiennent des protéines assimilables. Les graines séchées sont utilisées comme nourriture par l'homme principalement comme aliment de disette.


Les racines superficielles sont très utiles pour fabriquer toutes sortes de cordes très solides. L'écorce de l'arbre est également utilisée pour fabriquer de la corde.


L'acacia Sénégal est une des essences utilisées pour créer la grande muraille verte Africaine. 


Avec ses racines peu profondes largement ramifiées, l'arbre est approprié pour contrôler la désertification et l'érosion éolienne, en fixant les dunes de sable. L'arbre ne survit pas au gel. Il préfère les sols sableux ou légèrement limoneux dans la zone saharienne semi-aride. 


L'arbre peut commencer à fructifier dès sa troisième année.


Le rendement en gomme arabique dépend de la quantité d'eau suffisante dans le sol. Des études menées dans l'ouest du Soudan ont montré que la culture d'Acacia Sénégal à faible densité, ainsi que de sorgho ou de karkadeh, s'était révélée bénéfique, contribuant ainsi à la lutte contre la pauvreté et à l'approvisionnement alimentaire de la population locale.

L'acacia du Sénégal donne la gomme arabique dure (ou kitir), qui est celle de première qualité sur le marché mondial. Elle est récoltée pour l'essentiel au Soudan, dans la province du Kordofan du Nord.

 

 

 

Acacia Catechu - 

Senegalia Catechu,

 

L'Acacia à cachou (Senegalia catechu), encore appelé cachoutier, est une espèce d'arbres appartenant à la famille des Fabacées. Elle est originaire d'Asie.

Ses autres noms communs Kher, Cachou, Catechu, Cutchtree, Black Cutch, Black Catechu.

 

Le senegalia catechu est un arbre à feuilles caduques et épineux qui peut atteindre 15 m de hauteur. 


La plante est appelée khair en hindi et kachu en malais, d'où le nom a été latinisé en "catechu" dans la taxonomie linnéenne, en tant qu'espèce type à partir de laquelle les extraits de cutch et de catechu sont dérivés.


L'acacia à cachou est surtout cultivé pour son bois rouge foncé.


Il est riche en tannins et en flavonoïdes. La catéchine et le catéchol (auxquels sont apparentées les catécholamines) ont été découverts dans des extraits de cette espèce, qui a donné son nom aux importantes catéchines, catéchols et catécholamines de la chimie et de la biologie.



On produit à partir du bois une teinture d'un brun rougeâtre, utilisée pour le tannage des peaux et également dans le passé pour le cachoutage des voiles (imperméabilisation).


On utilise pour préparer le cachou l'intérieur du bois, sous l'écorce, ligneux et coloré, qu'au Bengale on faisait bouillir dans de l'eau sur le feu, dans des vases de terre deux ou trois fois, jusqu'à dessication totale.


Le catechu de Senegalia se trouve dans certaines parties de l'Asie du Sud et de l'Asie du Sud-Est, notamment au Cambodge, en Inde, au Myanmar, en Thaïlande et en Indonésie


 

 

Origine du "cachou Lajaunie"

Le cachou, extrait de bois d'acacia d'Inde et du Bengale, riche en tanin
Si l'on en croit "l'officine Dorvault" "bible" des pharmaciens,:

... la poudre de cachou est un extrait du bois de l'acacia catechu qui croît en Inde et surtout au Bengale. C'est un produit astringent mais non amer, très riche en tanin... 

 

 

 

Robinia pseudoacacia - Robinier faux-acacia,

Acacia, Faux-acacia,

 

Robinier pseudoacacia, rappelle sa ressemblance, relative, avec les espèces du genre Acacia, dont fait partie le "mimosa des quatre-saisons". Le robinier faux-acacia a été placé dès 1753 dans le genre Robinia par Linné. Il n'a jamais été considéré comme faisant partie du genre Acacia en classification linnéenne. Le robinier faux-acacia n'a jamais été classé parmi les Acacias, néanmoins l'appellation "acacia" persiste dans le langage courant.

 

Ses noms vernaculaires sont aussi simplement "faux-acacia", ou encore "robinier"8. Il est parfois appelé "carouge".

 

En anglais, il se nomme black locust, Robinie

En allemand Akazienbaum,

En espagnol robinia

En italien robinia ou acacia 


Le robinier faux-acacia ou robinier (Robinia pseudoacacia) est une espèce de la famille des Fabacées (légumineuses de la sous-famille des Viciaceae).

Cet arbre présente des fleurs zygomorphes caractéristiques chez les Fabacées. Ses fruits sont des gousses ressemblant à un haricot plat avec des graines à l'intérieur.


Il a été importé en 1601 en France par Jean Robin (arboriste des rois Henri III, Henri IV et Louis XIII) qui reçut des graines de son ami John Tradescant l'Ancien, 1570-1638, naturaliste anglais en relation avec la Virginia Company (Compagnie de Virginie).

 

Originaire de la région des Appalaches, à l'est de l'Amérique du Nord, le robinier faux-acacia est très répandu en Pennsylvanie, en Géorgie, dans l’Illinois et dans l'Arkansas.  C'est un arbre de basse altitude (au-dessous de 700 m) qui s'est naturalisé dans l'ouest de l'Europe, ne dépassant pas les Pays-Bas au nord, ainsi que dans les zones tempérées des autres continents.

 

Il a été largement planté pour stabiliser les terrains sablonneux ou rocailleux et pour son bois.


C'est un arbre pionnier de croissance rapide (1,5 m de haut et 2 cm de diamètre dès la première année). 


Les fleurs du robinier donnent l'un des miels de printemps les plus réputés - le miel d'acacia - un miel liquide à la belle couleur d'ambre clair qui cristallise très lentement (plusieurs années). Le nectar de fleurs de robinier est très riche en sucre. 


Ses épines et sa croissance rapide sont un précieux atout pour faire des haies.

Ses fleurs odorantes trouvent un débouché en parfumerie.

Au mois de mai et de juin, les fleurs peuvent être incorporées aux beignets (les fameux beignets d'acacia). Elles se consomment aussi crues mais il faut éviter d'en manger de grandes quantités.

Le robinier est également utilisé comme arbre d'ornement. Il existe de nombreuses variétés horticoles, à feuillage jaune, à feuilles monophylles, sans épines, ou bien à port pleureur. D'autres espèces du genre Robinia sont également plantées à cet effet, notamment R. hispida, R. viscosa, toutes deux à fleurs roses. On les multiplie par bouture ou semis. Mais le semis est le meilleur mode de multiplication : les arbres obtenus vivent plus longtemps et drageonnent moins.

Ces extraits parlent du robinier faux acacia

Ch.-J. de Chênedollé, Extraits du journal,1824, p. 127.

...Il y avait plaisir à passer sous les voûtes parfumées de ces acacias en fleurs qui balançaient leurs longues grappes d'albâtre sur les froments en épis qui ondoyent à leurs pieds...

 

Alexandre Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 728.

...On entendait caqueter les oiseaux d'une volière voisine; les branches des faux ébéniers et des acacias roses venaient border de leurs grappes les rideaux de velours bleu...

 

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, p. 418.

... il était le jardin des femmes; et − comme l'allée de myrtes de l'Énéide −, plantée pour elles d'arbres d'une seule essence, l'allée des acacias était fréquentée par les beautés célèbres. (...) bien avant d'arriver à l'allée des acacias leur parfum qui, irradiant alentour, faisait sentir de loin l'approche et la singularité d'une puissante et molle individualité végétale... 

 


 

Albizia julibrissin, Mimosa de Constantinople

Arbre à soie


Communément appelé Albizia, Acacia de Constantinople puisqu'il est originaire du Moyen-Orient et d'Asie de l'Est, de la famille des fabacées.


Cette espèce fut introduite en Europe en 1749 par le naturaliste florentin Filippo degli Albizzi qui découvrit cet arbre lors d'une expédition à Constantinople9. Introduit quelques années plus tard en France, il est d'abord planté et cultivé en serre chaude, et ce n'est qu'en 1804 qu'une tentative de culture en plein air au Jardin des plantes de Paris eut lieu.


C'est un arbuste décoratif très apprécié pour sa floraison estivale, Ses fleurs soyeuses en pompons roses ou blanchâtres, et son port étalé, parfait pour créer un ombrage léger dans le jardin.  L'arbre à soie créera de l'ambiance fleurie dans le jardin. 


Originaire des climats doux, l'albizia craint les grosses gelées vers -12°C / -15°C.


Il était utilisé par les Chinois pour stopper le stress et l'anxiété et pour ses vertus sédatives. Hormis son utilisation ornementale, l'arbre à soie est aussi un arbuste nectarifère où les papillons, les abeilles et les oiseaux-mouches adorent butiner.


C'est un arbre qui peut atteindre 3 à 15 m de haut avec un houppier en couronne étalée. Le plus grand spécimen mesuré en 2006 atteignait 20 m de hauteur et sa couronne s'étalait sur 24,5 m d'envergure.


L'écorce de cet arbre est fine, de couleur gris-vert puis grise, presque lisse, avec des lenticelles blanchâtres. Elle a tendance à former des stries longitudinales en vieillissant. 


Ses feuilles, caduques, sont de disposition alternes. Très grandes, elles sont composées bipennées. Le feuillage est parfois consommé par des herbivores sauvages tels que les cervidés. 

 

Les inflorescences sont de couleur blanc-rosé, rose-pâle ou rose-rouge. Ces fleurs sont hermaphrodites. La floraison a lieu à la fin du printemps et en été, entre mai et juillet dans l'hémisphère nord. Les fleurs d’Albizia julibrissin sont butinées pour leur nectar par des abeilles, des papillons, et des oiseaux-mouches. 


Le fruit est une gousse plate, linéaire. D'abord de couleur verte, cette gousse brunit en mûrissant puis, après dispersion des graines, sa couleur tourne au marron léger et sa consistance devient papyracée. Chaque gousse contient des graines, de forme ovale qui deviennent marron en murissant. Les graines peuvent éventuellement être consommées par des oiseaux ou des écureuils. 


 

 

 

Etymologie du mot acacia

 


la racine grecque "akantha" (identifiant tout végétal piquant) aurait donné deux dérivés "l'acacia" et "l'acanthe". Le terme "acacia" pourrait aussi provenir de la racine "kakos" (le mal) précédée d'un privatif "a", il signifierait alors "l'innocence", "l'ingénuité". 


Ce nom se transforma en "akakia" de "ake" ou "akis" mot grec ancien signifiant "la pointe" (de lance, le projectile/le javelot) et "akazo" signifiant "aiguiser",.car de nombreuses espèces du genre se défendent contre les herbivores par des rameaux épineux.

 

La légende de Saint Acace empalé sur des branches d'acacia aurait été engendrée par l'étymologie populaire basée sur la racine grecque de cette plante, akis, qui a donné le radical indo-européen ak présent dans les racines latines communes acer qui signifie "pointu, aigu, perçant " et au figuré "piquant au goût", acus qui signifie "aiguille". 


 

 

 

Mythologie Egyptienne

 

Isis et Osiris : II. - La quête d'Isis

 


Voulant prendre le pouvoir sur toute l'Égypte, après avoir organisé un  plan machiavélique Seth, dieu du mal tua Osiris. Après son crime accompli, il le prit la précaution d'enfermer Isis dans une chambre de sa maison, afin qu'elle ne pût rechercher le cadavre d'Osiris qu'il avait jeté dans le Nil avec l'aide de ses compagnons.

Elle rencontra Thot, le dieu grand prince de Vérité, qui lui dit :

"Viens, ô déesse Isis, reprends courage et confie-toi à moi, je te guiderai et je t'aiderai. Cache-toi et voici ce qui arrivera : tu auras un fils ; il deviendra grand et il sera beau, et il sera fort. Il siègera sur le trône de son père, et il vengera, et il sera le Roi des Deux-Couronnes ; le plus puissant des monarques qui règnent sur la terre".

A ce moment là, Isis ne pensait pas à l'enfant Horus, qui n'était pas encore né. Elle ne songeait qu'à retrouver le corps de son mari assassiné pour l'ensevelir et le déposer dans sa tombe. Elle réussit donc à quitter la maison de Seth dans la nuit ; grâce à Thot, escortée de sept scorpions marchant auprès d'elle et qui devaient mordre quiconque la menacerait ou même tenterait de s'approcher d'elle. Deux d'entre eux ouvraient la marche, explorant la route, deux autres l'escortaient, l'un à droite, et l'autre à gauche, la protégeant sur chaque flanc. Et les trois derniers, l'arrière-garde, la suivaient à peu de distance. Ils avaient tous reçu de Thot des des ordres stricts : ils ne devaient parler à personne ; ils devaient avancer les yeux fixés à terre pour scruter le chemin, car les serpents et les vipères sont au service de Seth.

 

Ceux qui marchaient les premiers, Trefen et Befen, conduisirent Isis jusqu'à la ville de Pa-Sin, à l'entrée des marais des Papyrus. En entrant dans la ville qu'il fallait traverser, l'étrange cortège intrigua les femmes installées à filer leur quenouille sur le pas de leur porte. Craignant sans doute qu'il ne demandât asile pour Isis traînant péniblement, fatiguée de la longue étape ; l'une de ces femmes rentra chez elle précipitamment et claqua bruyamment la porte au nez de la déesse, effrayée à la vue de cette escorte de scorpions. A cette insulte, les sept gardes du corps s'arrêtèrent pour délibérer. Après quoi, l'un après l'autre, ils s'approchèrent de leur chef, Tefen, et chacun à son tour injecta son venin empoisonné dans la queue de Tefen. Pendant ce temps , une paysanne qui habitait un peu plus loin et qui s'appelait Taha, quitta le seuil de sa maison, et s'avança pour accueillir la voyageuse inconnue qu'elle ne soupçonnait guère d'être la déesse Isis. Elle l'invita à prendre du repos chez elle. Isis se réfugia donc dans la masure (vieille maison délabrée) de cette femme pauvre et charitable.

 

Tefen, le chef des scorpions avec sa queue bien remplie de venin, se glissa sous la porte de la méchante femme qui se nommait Usa, celle qui avait grossièrement fermé sa porte au nez de la déesse, et il piqua son petit enfant de Usa. Par sortilège, la maison se mit à brûler. Usa angoissée, pensait que son fils allait mourir, alors elle se mit à courir à travers les rues de la ville, appelant au secours. Mais personne ne répondait à son appel, personne n'osait sortir de sa maison. Ce fut Isis qui vint à son aide. La déesse eut pitié du petit enfant et elle souhaita dans son coeur que cet innocent fût sauvé. Elle s'écria, appelant la femme Usa : "Viens me trouver, viens me trouver ! Ma bouche possède le souffle de vie. Je suis une femme dont on connaît bien le pouvoir dans mon pays. Mon père m'a enseigné le secret qui chasse le démon de la mort. Moi, sa fille bien-aimée, j'ai le pouvoir".

 

Alors Isis étendit ses mains sur l'enfant dans les bras de sa mère, et récita cette formule :

"O poison de Tefen, sors du corps de l'enfant, tombe à terre, ne pénètre pas plus avant son petit corps. O poison de Tefen, sors, tombe sur le sol. Je suis Isis, la déesse, la maîtresse des mots magiques et des charmes puissants. Je sais composer des formules qui guérissent, je sais dire les paroles qui charment le mal. Prêtez l'oreille à mes paroles : que chacun des reptiles qui a mordu voie son venin tomber à terre. Obéissez à ma voix. Je vous parle, ô scorpions. Je suis seule et dans la douleur ; je veux que l'enfant vive et que le poison soit sans action. Au nom de Râ, le dieu vivant, que la force du poison s'éteigne. Qu'Horus soit sauvé par sa mère Isis, et que celui qui a été piqué soit aussi sauvé. Et, tout à coup, bien que ce ne fût pas la saison des pluies, la pluie tomba du ciel sans nuages et la maison incendiée cessa de brûler ; les flammes furent étouffées et tout rentra dans l'ordre. La colère du ciel était vaincue par l'intervention d'Isis.

 

Et la dame Usa, désolée d'avoir fermé sa porte à la face d'Isis, apporta dans la maison de la paysanne sa voisine des cadeaux pour la déesse, qu'elle se repentait cruellement d'avoir repoussée. Ainsi, le petit enfant fut sauvé grâce aux charmes d'Isis. Et quand sa mère le vit bien portant et gai, elle revint une seconde fois dans sa gratitude, chargée de toutes sortes de bonnes choses pour Isis. Puis la déesse reprit sa route, en quête du corps de son mari. Partout devant elle les méchants esprits des chemins, les serviteurs de Seth, semaient la panique et, saisis d'épouvante, les hommes se cachaient si bien qu'Isis ne rencontrait personne qu'elle pût interroger. Une jour, cependant, elle aperçut des petits enfants qui jouaient sur le bord de la route et elle leur demanda:

"Petits enfants, avez-vous vu passer par ici des hommes qui portaient un coffre très long et très lourd?" "Oui, dirent-ils, nous les avons vu. C'est dans la branche du Nil qui passe à Tanis qu'ils ont jeté le coffre et c'est par là que le flot a dû depuis longtemps l'entraîner jusqu'à la mer".

 

"Oh, dit Isis, se lamentant et gémissant de douleur, maudite, maudite soit cette branche du Nil. Mais vous, petits enfants, quand votre bouche dira des mots au hasard pendant que vous jouez dans la cour du temple, les sages vous écouteront, et dans les temps futurs, on tirera de vos paroles enfantines des présages parce que vous avez donné à Isis en quête des indications précieuses".

Et elle reprit son chemin, toujours accompagnée des fidèles scorpions. Elle suivait les traînées de mélilot qui poussent le long des routes, car elle savait que là où Osiris était passé, le mélilot avec ses petites fleurs jaunes pousse et elle suivait la trace d'Osiris grâce au parfum et aux fleurs. Elle marcha longtemps, longtemps, car le coffre contenant les restes d'Osiris avait été porté par les vagues de la mer jusqu'à Byblos en Syrie, la ville d'Adonis. Le coffre avait échoué sur le rivage et un buisson le cachait aux regards.

Par la vertu du cadavre divin, ce buisson devint un gigantesque acacia, si grand et si beau et si dru que son tronc poussa autour du coffre, l'enveloppa et le dissimula entièrement. Si bien qu'un jour, Malcandre, le roi du pays, découvrant cet arbre magnifique, le fit couper et, sans soupçonner l'existence du coffre, en fit faire une des colonnes qui soutenaient le toit de son palais.


C'est après cela que la malheureuse Isis, toujours en quête, arriva enfin à Byblos. Lasse et toujours affligée, elle s'assit auprès d'une fontaine et ne parla à personne. Elle attendait la nuit pour se transformer en hirondelle et c'est ainsi qu'elle découvrit le tronc d'acacia transformé en colonne au palais du roi Malcandre et contenant toujours le cercueil d'Osiris. Une hirondelle venait chaque nuit voleter autour de cette colonne en poussant à chaque seconde des cris de douleur, mais personne n'y prêtait attention. Enfin la déesse se décida à agir. Un matin, quand les servantes de la reine vinrent à passer auprès de la fontaine, elles aperçurent cette femme affligée et silencieuse comme à l'ordinaire. Mais ce matin-là, elle les salua et entama avec elles une conversation. Les femmes de la reine, toujours curieuses, ne demandaient pas mieux que de bavarder. L'étrangère leur offrit d'arranger leurs cheveux et de les tresser à la mode de son pays ; elle leur fit respirer l'admirable odeur dont ses cheveux étaient parfumés et elle proposa de leur en procurer. Bien entendu, elles se laissèrent parer, coiffer et parfumer à la mode du pays lointain de cette inconnue. Lorsqu'elles revinrent au palais, la Reine flaira ce parfum des dieux et, informée, elle demanda bien vite à voir l'étrangère. Elle l'envoya chercher et celle-ci lui plut.

 

Elle la garda auprès d'elle comme une amie et même, bientôt, elle la chargea de veiller sur son petit enfant. Cette reine, femme du roi Malcandre, était la reine Nemanou. Elle avait pleine confiance en sa nouvelle amie. Bien entendu, la reine ne se doutait pas du tout des procédés étranges de la nouvelle gouvernante. Elle ne savait pas que pour nourrir ce petit, Isis se contentait de lui mettre un doigt dans la bouche. La reine ne soupçonnait pas non plus que, chaque nuit, Isis, transformée en hirondelle gémissante, reprenait sa folle envolée autour de la grande colonne du palais et cherchait un moyen de s'emparer de cette colonne et de son contenu. Il vint pourtant une nuit où la reine Nemanou, inquiète, se leva et alla voir ce qui se passait dans la chambre de son petit enfant. O surprise, le petit enfant dormait paisiblement, mais il était environné de hautes flammes, brûlant sans fumée autour de lui, tandis que sept scorpions de grande taille le veillaient attentivement. Aux cris de la reine, le roi Malcandre, les serviteurs, et même la gouvernante Isis, tout le monde accourut. Et d'un geste, Isis eut tôt fait de faire tomber les flammes. Les scorpions disparurent. Et Isis dit tristement à la reine : "Tu n'as pas eu confiance. Ton fils ne sera jamais immortel".

 

Chaque nuit, la déesse le plongeait dans le feu pour le purifier de ses éléments terrestres. Mais c'est fini. Jamais plus la déesse ne pourra recommencer. La reine fut attristée au-delà de ce qu'on peut penser. Quand au roi, tout honoré d'avoir abrité sous son toit une déesse, il demanda ce qu'il pouvait faire pour la remercier. Isis lui demanda la grande colonne. A l'instant même, le roi fit venir des charpentiers et, d'un coup de hache on abattit l'acacia. Isis elle-même en fendit le tronc. Après avoir arraché le cercueil d'Osiris, elle parfuma ce tronc, qui l'avait contenu, avec une précieuse essence, elle l'enveloppa d'une toile fine et elle le confia au roi et à la reine et aux gens de Byblos qui en firent un objet de vénération. Alors, Isis, la déesse, se mit en route, emmenant avec elle le cercueil qui contenait le corps d'Osiris, son frère et son mari. Le roi Malcandre la fit accompagner par ses deux fils aînés pour lui faire honneur. A peine en route, Isis fit arrêter la caravane. Elle fit ouvrir le coffre pour contempler le visage insensible de son époux. A cette vue, ses cris de douleur, ses gémissements remplirent l'espace vide d'une telle horreur que le plus jeune des fils du roi en resta stupide pour le restant de sa vie.

 

Cependant Isis, penchée sur le coffre ouvert, avait posé son visage contre celui d'Osiris et elle se lamentait. Tout à coup, levant la tête, elle s'aperçut que le fils aîné du roi l'observait curieusement. Indignée d'être ainsi épiée, elle le foudroya d'un regard terrible. Saisi d'une terreur insurmontable, il mourut sur-le-champ. Sans se soucier davantage du sort des princes de Byblos, Isis se remit en route. Après bien des peines, elle ramena le coffre et les restes d'Osiris en Egypte. Elle le déposa dans les environs de Bouto en un lieu solitaire et détourné où personne n'allait jamais.

 


D'après le tombeau mythique d'Osiris sous la butte sacrée surmontée d'un arbre et le hyéroglyphe Osiris, stèle en grès, XXX° dynastie, époque ptolémaïque (Marsailly/Blogostelle)

 

 

 

Iousaas et l'Acacia, pouvoir divin

 


Dans l’antiquité l’acacia avait une grande place dans le culte égyptien. Il est un arbre sacré nommé l’arbre de vie, arbre de Iousaaset, divinité archaïque que l’on trouve dans les Textes des Pyramides.

Atoum (ou Atum) est une importante divinité. Il fut l'une des divinités les plus importantes et les plus fréquemment mentionnées dès la plus haute antiquité, comme en témoigne les Textes des Pyramides où il est représenté à la fois comme un créateur et père du Roi. 


Dans le mythe Héliopolitain de la création établit à la VIe dynastie (2321-2150), il est considéré comme le premier Dieu, après s'être créé lui-même, né de Noun (L'océan primordial). L'explication de la création du premier couple divin, Shou et Tefnout par Atoum varie selon les traditions :


Une croyance fait que ces derniers furent créés par Atoum suite à des relations sexuelles avec une Déesse, appelée Iousaaset (ou Iousaas, Juesaes, Ausaas, Iusas ou Jusas, en Grec : Saosis), ce qui signifie "la grande, celui qui en sort".

Elle est décrite comme son ombre ou sa main. Iousaaset était considérée comme la mère et grand-mère des Dieux. Sa force, sa rusticité, ses propriétés médicales et sa comestibilité, ont conduit l'Acacia à être considéré comme l'arbre de vie, ainsi, en tant que mère et grand-mère, des divinités, il a été dit que Iousaaset possédait cet arbre.  


Le nord d'Héliopolis, est identifié comme le lieu de naissance de la divinité. L'acacia a été reconnu pour sa robustesse, ses propriétés médicinales et pour sa comestibilité. Son tronc irrégulier se couvre d'épines acérées assurant sa protection contre les animaux. Son utilité lui a donné un rôle central. Sa gomme qui servait à vernir les sarcophages. 


Les égyptiens ont fait de l’acacia un emblème solaire car ses feuilles rappellent le lotus de l’héliotrope qui s’ouvrent aux rayons du soleil levant et qui se ferment lorsque le soleil disparaît à l’horizon.


 

 

 

L'Acacia dans la religion

La bible

 


Compagnon de l’Exode


Dans la Bible l'acacia est appelé bois de shittim et n'est  cité pratiquement que dans le livre de l’Exode, en vingt-six occurrences.


Cf. Nombres 33, 49.

- C’est à Abel-hash-Shittim, "la plaine des acacias", dans la partie des Steppes de Moab, près du Jourdain, au nord-est de la Mer Morte que s’acheva l’errance prolongée d’Israël dans le désert. 

Dans le mobilier du Tabernacle, le bois de shittim était presque toujours plaqué d’or. Et l’Arche d’Alliance qui contenait les tables de pierre de la Loi, était recouverte d’or à l’intérieur comme à l’extérieur : une façon de signifier que, pour être garant de l’avenir du Peuple élu et de sa foi, le bois d’acacia, image du libre-arbitre de l’homme, devait être protégé de la versatilité récurrente de celui-ci, et consolidé dans le bien par la fidélité inaltérable de Dieu.

 

Outre le fait qu’on le rencontre abondamment dans la péninsule du Sinaï, c'est sans doute pour des raisons techniques qu’il a été choisi comme matériau du premier Tabernacle destiné à abriter la présence active de Yahvé au milieu de son peuple pendant la traversée du désert. 


Il s’agissait d’une Tente spécialement dédiée au culte où reposait l’Arche qui conservait les trois symboles de la libération d’Égypte : le bâton d’Aaron (qui avait fleuri), l’urne (en or) de la manne et les tables de la Loi. 

 

Exode 40:3, 21 

 
L’Arche était tout d’abord installée dans le Très-Saint, un compartiment du tabernacle (une tente transportable destinée au culte, fabriquée au même moment que l’Arche). Un rideau placé à l’entrée du Très-Saint empêchait les prêtres et le peuple de voir à l’intérieur

 


Exode 25: 8-10-21, 16 ; 31:18. ; 37:6-9.


L’arche de l’Alliance était un coffre sacré fabriqué par les Israélites des temps bibliques sur l’ordre de Dieu, selon le modèle qu’il leur avait donné. Elle abritait "le Témoignage", c’est à dire les Dix Commandements, gravés sur deux tablettes de pierre

L’Arche mesurait 2,5 coudées de long, 1,5 coudée de large et 1,5 coudée de haut (env. 111 × 67 × 67 cm). Elle était en bois d’acacia, recouverte d’or massif tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et couronnée d’une bordure travaillée artistiquement. À chaque extrémité du couvercle en or massif se trouvaient deux chérubins, également en or. Ils se faisaient face, la tête inclinée, et déployaient leurs ailes vers le haut, couvrant ainsi le couvercle. Il y avait quatre anneaux d’or au-dessus des pieds de l’Arche. Des barres en bois d’acacia recouvertes d’or étaient introduites dans les anneaux pour transporter. 

 

 

 

 Transport. 

Nombres 7:9 ; 1 Chroniques 15:15. 


- L’Arche devait être transportée sur les épaules des Lévites à l’aide des barres en bois d’acacia


 
Exode 25 : 12-16 

- Pour que les Lévites n’aient pas à toucher l’Arche, les barres n’étaient jamais retirées

Le roi David transportant l'arche de l'Alliance à Jérusalem, au début du 16e siècle.Getty / Heritage Images

 

 

Isaïe 41,17-20.

- Je planterai dans le désert le cèdre et l’acacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai ensemble dans les terres incultes le cyprès, l’orme et le mélèze, afin que tous regardent et reconnaissent, afin qu’ils considèrent et comprennent que la main du Seigneur a fait cela, que le Saint d’Israël en est le créateur.

 

 

Exode 30: 1-10.

L'autel pour l'encens

C'était un petit meuble, d'environ 18 pouces carrés et d'environ 3 pieds de haut. Il était fait de bois d'acacia recouvert d'or. Il y avait une "couronne" ou une bordure dorée sur le dessus de la table pour empêcher le feu de tomber.

L'autel doré avait des anneaux d'or à chaque coin. Des bâtons de bois, recouverts d'or, ont été fournis afin que l'autel puisse être porté pendant que les enfants d'Israël se déplaçaient dans le désert.


 

 

Exode 35: 7

utilisation du bois d'acacia pour la fabrication des poteaux, des panneaux et du mobilier intérieur de la "Tente du rendez-vous". 

Les Israélites apportent leur contribution
- peaux de béliers teintes en rouge, beau cuir, bois d’acacia,

 

Les acacias du Néguev

Une légende Rabbinique précise que lorsque Jacob se rendit en Egypte, il porta avec lui des plans d’acacias, les mêmes types d’arbre que ceux qu’Abraham avaient planté à Beer-Sheba. Durant l’Exode, les enfants d’Israël transportèrent encore ces plants durant leur errance dans le désert. C’est du bois de ces arbres, Shittim,  que fut construite l’Arche d’Alliance. Ainsi qu’il est dit :


Exode 35 :24  

"Tous ceux qui présentèrent par élévation une offrande d'argent et d'airain apportèrent l'offrande à l'Éternel. Tous ceux qui avaient du bois d'acacia pour les ouvrages destinés au service, l'apportèrent."

Acacia du Neguev


 

 

Exode 36: 20-26

- Puis il fit en bois d'acacia les cadres de panneau du tabernacle, qui se tenaient debout.

- Chaque cadre de panneau avait dix coudées de haut et une coudée et demie de large.

- Chaque cadre de panneau avait deux tenons joints l'un à l'autre. comment il fit tous les cadres de panneaux du tabernacle.

- Ainsi il fit les cadres de panneaux pour le côté sud du tabernacle, 20 cadres de panneaux, orientés vers le sud. 

- Puis il fit 40 socles à douilles en argent pour passer sous les 20 cadres de panneaux, deux socles à douille sous un cadre de panneau pour ses deux tenons et deux socles à douille sous chaque cadre de panneau suivant pour ses deux tenons.

- Pour l'autre côté du tabernacle, le côté nord, il fit 20 cadres de panneau

- et leurs 40 socles à douille d'argent, deux socles à douille sous le cadre d'un panneau et deux socles à douille sous chacun des autres cadres de panneau.
 

 

 

I Rois 5 et II Chroniques 2 

La légende d'Hiram
 

Hiram est un personnage du premier livre des Rois et du deuxième livre des Chroniques, qui font partie de la Bible. Il est fils d'une veuve de la tribu de Nephthali et d'un père Tyrien. 


Le roi de Tyr Hiram Ier l'envoie à Salomon, roi de Judée et fils de David, pour l'aider à bâtir le Temple de Salomon.


Il s'occupa, à la demande de Salomon, de la décoration du Temple ("la maison de l'Éternel").

Il moula et dressa les deux colonnes Jakin et Boaz en bois d'acacia avec leur chapiteau (Jakin ou Jachin, la colonne de droite, et Boaz ou Bohaz, celle de gauche) près du vestibule du Temple.

 


Hiram a pris de l'importance dans l'histoire de la construction du Temple de Salomon. Ses connaissances s'étendent. Il intervient dans l'ensemble de la construction et non plus dans la finition et la décoration. La transmission orale a amplifié le personnage.

 

La première allusion écrite de la mort d'Hiram figure dans une légende rapportée par le Talmud :

..Lorsque le Temple fut terminé, le roi Salomon fit périr Hiram et tous les ouvriers afin qu'ils ne puissent entreprendre une autre construction en l'honneur d'une divinité païenne après avoir construit le Temple de l'Éternel.

St John's Church, Chester - Hiram entre les deux colonnes du Temple

 

 

Mais il est possible que la tradition orale ait confondu Hiram avec Adoniram étymologiquement : "Seigneur Hiram". Adoniram, mentionné dans I Rois V, 14 commandait les ouvriers du roi Salomon sur le Mont Liban et fut lapidé par la foule sous le règne de Roboam, fils de Salomon. 

Cette confusion est présente dans de nombreux textes maçonniques anciens.
 


 

Dans le Coran :

Sourate 56:27-33


"Les gens de la droite, mais que sont les gens de la droite? seront parmi des jujubiers sans épines et des acacias alignés, sous d’amples ombrages, près d’une eau vive, avec une abondance de fruits, non encore cueillis mais non défendus."
 

 

 

L'acacia et la franc maçonnerie

La légende d'Hiram


Au début du XVIII° siècle, une légende d'Hiram, s'appuyant sur le personnage biblique et faisant de lui l'architecte du Temple de Salomon, est apparue dans les rites maçonniques de la franc-maçonnerie.

Hiram Ier, roi de Tyr, qui confirme à Salomon le traité signé avec son père, le roi David et qui procure le bois nécessaire aux constructions.


Avant la fin des travaux sur le chantier du Temple de Salomon, Hiram l'architecte possède un secret. Il inspecte régulièrement le chantier. Trois ouvriers criminels tentent d'extorquer son secret à Hiram sans attendre de le recevoir de manière régulière. 


Pour cela, ils se postent aux trois portes du Temple, chacun d'eux bloque successivement le passage à Hiram et exige qu'il révèle son secret mais à chaque fois Hiram refuse et cherche une autre issue. À chaque fois un des conjurés le frappe et le troisième coup est fatal. Les criminels emportent alors le corps hors du Temple et l'enfouissent.


Salomon ordonne qu'on recherche le corps et il envoie pour ce faire un certain nombre de frères qui retrouvent le corps d'Hiram grâce à un végétal, l'acacia qui marque l'emplacement de la tombe. 


 

La découverte du corps donne lieu à une formule rituelle d'exclamation et ceux qui l'ont retrouvé retournent chercher Salomon. Celui-ci procède à l'exhumation du corps, qui après deux tentatives infructueuses est relevé au moyen des "cinq points parfaits de la maîtrise". Il se produit à ce moment deux substitutions : le nouvel initié, qui avait joué le rôle d'Hiram pendant la cérémonie, remplace celui-ci, mais le secret d'Hiram en revanche n'est pas retrouvé : il est remplacé par un secret substitué, puis on enterre le corps avec les honneurs hors du commun. 

 

 

Rituel maçonnique

 

La légende d'Hiram en franc-maçonnerie est le thème qui sert au rite de passage que vit le récipiendaire (compagnon) pour accéder à la "Maîtrise". Au début du XVIII° siècle, on voit apparaître dans les rituels du troisième grade de la franc-maçonnerie un mythe maçonnique reprenant le personnage biblique d'Hiram, dont elle fait l'architecte du Temple de Salomon.

L'Acacia, seul végétal de la symbolique maçonnique bleue, a été introduit dans les rituels en même temps que le mythe de l'Architecte, probablement vers 1730.


Il est étroitement lié au mythe d'Hiram, 


- "Cette branche verdoyante, au sein de la mort, est l'emblème du zèle ardent que le maçon doit avoir pour la vérité et pour la justice au milieu des hommes corrompus qui trahissent l'une et l'autre".


Dans les rituels maçonniques du 3ème degré, à la question 

- "seriez-vous Maître ?", 


il est répondu : 

- "L’acacia m’est connu."


Le rituel  dit ;

- "L’acacia est le signe qui nous a frappés" 
 il affirme aussi que 
- « la connaissance repose à l’ombre de l’acacia ». 


L'acacia, tout en apparaissant comme l'emblème qui permet aux Maîtres Maçons de s'identifier, est porteur d'un message moral que tous doivent mettre en pratique dans leur vie profane, et la branche d'acacia correspond au passage du témoin, comme dans une course de relais ou dans le transport de la flamme olympique, de Hiram au nouveau maître.
et nous méconnaissons certaines propriétés de l'acacia dont les Francs-Maçons font le symbole du Maître car il est incorruptible, inflexible et ses fleurs jaunes lui donne une aura dorée...

• Franc-maçonnerie : les spirituels égyptiens auraient transmis leur vénération pour cet acacia sacré aux premiers membres de cette confrérie.

Initiation au troisième grade de la franc-maçonnerie vers le début du XIX° siècle

 

 

 

 

Histoire de L'Arbre du Ténéré

 


C'était  un Acacia faux-gommier du Niger (vachellia tortilis) solitaire en plein sable sur une grande piste, au beau milieu du désert de Ténéré, au Niger. considéré comme l'arbre le plus isolé du monde. 


Poussant, solitaire, au milieu du désert du Ténéré à plus de 230 kilomètres au nord-est de la cité nigérienne d’Agadez, son destin exceptionnel fit du lui une légende.

C'était un arbre solitaire situé Aucun autre arbre ne se situait à moins de 150 km de cet Acacia tortilis. Il était le dernier survivant d'une forêt d'acacias qui couvrait certainement la région il y a très longtemps, environ 6 000 ans, lorsque l'eau faisait verdoyer la nature qui depuis s'est asséchée.
 

C'était un symbole vieux de 300 ans, pas très grand, seulement 2 à 3 mètres de haut, à cause d'un ensablement constant. Mais il était là, ses racines puisant ses réserves d'eau dans une nappe phréatique estimée à 30 mètres de profondeur (par un forage établi par des militaires français pendant l'hiver 1938-1939). Il était le seul arbre au monde à avoir été représenté sur une carte au 1/4 000 000e.


Cet arbre connut une vie exceptionnelle. Sa forme caractéristique en parasol et ses deux troncs en Y le rendaient visible de très très loin et il servait de repère aux nombreuses caravanes de Touaregs qui traversaient le désert du Ténéré

Arbre du Tenere - années 1960

 


Un jour, l’arbre mourut. Un camionneur, ivre, transportait du matériel à travers le désert. Avec des centaines de kilomètres de vide tout autour de lui, l’homme réussit, on ne sait comment, a renversé le seul arbre qui se trouvait sur sa route à 150 kilomètres à la ronde. L’homme poursuivit sa route. L’arbre, grièvement blessé, dépérit lentement au milieu du Sahara.

 

Quelques mois plus tard, une expédition fut lancée pour arracher sa carcasse desséchée au désert. Sa dépouille fut transportée dans la ville de Niamey. A sa place, on construisit un monument pour abriter ses restes (que l’on peut encore visiter aujourd’hui) en ultime hommage à l’extraordinaire résistance de ce petit acacia.


 


Les restes de l'arbre sont exposés au musée national Boubou-Hama de Niamey.

Il est aujourd'hui une emblème nationale.
 
Dans le Sahara marocain, il n'est pas rare de trouver des bouts de tissus accrochés aux branches des vieux sujets : il s'agit d'ex-voto invoquant la bénédiction d'un saint enterré à proximité.


 

 

 

L'acacia dans l'Histoire

 

 

2650 av. J.-C. 


La gomme arabique de l'acacia Sénégalia est certainement la plus ancienne et la plus connue de toutes les gommes. 


Les Égyptiens la connaissaient sous le nom de kami et l'auraient utilisée dès la troisième dynastie (2650 av. J.-C.) pour assurer la cohésion des bandages de momies.


 

 

1780 avant J.C.


Tombe d'osiris, mur exterieur du temple d'Amon (Karnak).
Fin du Moyen Empire.

Un gisant en pierre, représentant Osiris, 

Tombeau d’Osiris surmonté des branches d’acacia


 

 

 

I° siècle après J.C.

 


Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 écrivain et naturaliste romain du I° siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Histoire Naturelle

Livre douze

..."Ce végétal (acacia catechu, Willd.) (acacia à cachou) vient aussi sur le mont Pélion, et sert à falsifier le médicament. On emploie aussi pour cette sophistication la racine d'asphodèle ou labile de boeuf, ou l'absinthe, ou le sumac, ou le marc d'huile. Le lycion le meilleur pour l'emploi médical est écumeux (XXIV, 77). Les Indiens l'envoient dans des outres de peaux de chameau ou de rhinocéros. Le végétal lui-même est appelé en Grèce, par quelques-uns, pyxacanthe chironien" (XXIV, 77).

Acacia catechu - Köhler–s Medizinal Pflanzen

 

 

Pedanius Dioscoride (20 et 40 ap. J.-C.- vers 90 ap. J.-C.) médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l'œuvre a été une source de connaissances majeures en matière de remèdes de nature végétale, animale ou minérale.

Il est l'auteur du traité Peri hulês iatrikês, "À propos de la matière médicale", œuvre rédigée en grec ancien mais plus connue sous le Dans son livre il désigne une préparation extraite d’un gommier rouge (Vachellia nilotica),

 
 

 

 

XIV° siècle


 

Acacia 

Du latin acacia, lui-même issu du grec akakia "innocence, simplicité", le mot désigna à l'origine "le fruit de la plante".

Il fit son entrée dans la langue sous la forme "acacie" au XIV° siècle, quoique l'on ait pu le rencontrer sous d'autres écritures, telles "acacia", "achacie", "achace", "acace" durant près de deux siècles. 


 

 

 

XV° siècle

 


Les Heures de Marguerite d’Orléans. 


Le Maître de Marguerite d'Orléans est un maître anonyme enlumineur actif à Bourges, Rennes, Angers et Poitiers entre 1428 et 1465. Il doit son nom à un livre d'heures manuscrits qui a un temps appartenu à Marguerite d'Orléans.


Dans les Heures de Marguerite d’Orléans, les bordures purement florales sont rares. 

 

La présence d’espèces exotiques pour le nord de la Loire au XV° siècle, montre que l'artiste n’a pu faire appel qu’à une connaissance empirique de la nature. Ainsi l’acacia, arbre de la famille des Mimosacées, appartient aux régions sèches et venteuses comme la péninsule de Sinaï, qui se rencontre d’ailleurs dans les Saintes Écritures.

 

Au Moyen Âge, la gomme d’acacia était appréciée des scribes et des illustrateurs, qui l’utilisaient dans leurs couleurs comme liant pour les pigments. On la trouve largement dans les manuscrits, les peintures et les encres. 

 

Livre-dheures - Paris-BnF.- ms.-Rothschild. - 2534-fol-75r


 

 

 

XVIII° siècle

 

L'acacia (mimosa) est originaire d'Australie et de Tasmanie, il a été introduit en Europe à la suite du premier voyage du célèbre explorateur, le capitaine Cook à bord de l'Endeavour (août 1768 – juillet 1771). Les deux botanistes du bord, Joseph Banks et Daniel Solander rapportent alors d’Australie quelques rameaux fleuris en Angleterre.

 

John Hamilton Mortimer (1740-1779). 

Auparavant attribué à Johann Zoffany (1733-1810) ; une plaque au revers du cadre donne la date 1771.

Les personnes représentées sont, de gauche à droite, le Dr Daniel Solander , Sir Joseph Banks , le capitaine James Cook , le Dr John Hawkesworth et John Montagu, 4e comte de Sandwich .

Collections numériques de la Bibliothèque nationale d'Australie (NLA) : 


 

 

 

Surnommé "acacia du levant", acacia vera, au XVIII° siècle pour le différencier du faux acacia, dit "robinier", nom donné par Robin "garde du jardin du roy", le mot opérera de multiples pirouettes sémantiques au fil du temps


 

Vers 1800 

Baldassare Cattrani (fl. 1776-1810)

Album de dessins botaniques originaux à l'eau et à la gouache sur vélin

Acacia Vera

 

 

 

Après son apparition au début du XVIII° siècle, la légende d'Hiram sera contée dans la Franc-maçonnerie avec de très nombreuses variantes selon les pays, les époques, les rites maçonniques, voire les auteurs.

Mais il est toutefois possible d'y repérer un certain nombre d'éléments communs à la très grande majorité d'entre elles. Les ouvriers du chantier sont divisés en trois catégories qui ne sont pas celles données par la Bible mais celles des grades maçonniques : apprentis, compagnons et maîtres. 

 

 

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris.

Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'"ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Acacia - le 2 juin  - Prairial - 9° mois - Période du 20 mai au 18 Juin


"Le Soleil correspond au Signe des Gémeaux 

Ma faulx n'a fait tomber les foins de la Prairie 

Que pour nourrir l'hiver les utiles troupeaux 

De même j'aurai soin des carressans oiseaux 

Que ton brulant amour fait éclorre à la vie"

 

 

 

 

Peter-Adolf  Hall (1739-1793) Ecole française

Jeune homme avec un bouquet de mimosa à la boutonnière 


 

 

 

En 1783,

Le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck nomme l'acacia "Mimosa arabica" ; ce nom d’espèce est repris mais classé, en 1805, dans le genre Acacia par le botaniste allemand Carl Ludwig von Willdenow.


 

 

 

Mimosa 

Curtis Botanical Magazine Australian Plants 1787


 


 

XIX° siècle

 


C'est le navigateur français Nicolas Baudin qui fait parvenir en Europe les premiers pieds vivants. 


Arrivés entre 1800 et 1804 en France, ils sont acclimatés dans les jardins du château de Malmaison, alors demeure de Joséphine de Beauharnais. Ils sont plantés au XIX° siècle, sans doute durant le Second Empire, pour la production de fleurs coupées, sur la Côte d'Azur qui offre un climat favorable à son développement, grâce à son ensoleillement et à la rareté des gelées. L'espèce se plaît en effet dans les sols secs et siliceux.


 

 

 

Jean-Marie Ragon de Bettignies (1781-1862) franc-maçon, auteur et éditeur français.

écrit à propos de l'acacia 


..."il était révéré chez les Arabes anciens, et parfois même, il était objet de culte et idolâtré"...

 

 

 

En 1813,

le botaniste français Alire Raffeneau–Delile le reclasse dans le genre Acacia mais avec l’épithète nilotica.


 

 

Herbier de l'amateur de fleurs

Auguste Drapiez - 1829

P. J.  De Mat. 

Natural History Museum Library, London Biodiversity Heritage Library. 

Mimosa botrycéphala

Acacie discolore


 

 

1834


Acacia d'Egypte

Le nom Vachellia fut donné, en 1834, par les botanistes écossais Robert Wight et George Arnott Walker Arnott en honneur au collectionneur de plantes John Harvey Vachell.


 

 

1875


Jules Soury (1842-1915) 

Contes et romans de l’ancienne Égypte

Revue des Deux MondesRevue des Deux MondesRevue des Deux Mondes, 3e période, tome 7, 1875 (p. 791-830).


...Puis l’ombre tombait des collines libyques, et les milliers de barques qui couvraient le Nil s’approchaient des rives plantées de palmiers, de sycomores aux troncs noueux, de mimosas et de tamaris au feuillage gracieux ; on écartait les roseaux, on amarrait les embarcations à ces pierres dont il est parlé au Livre des morts ; 
.........
Parfois la table d’offrandes où les enfans, les frères, portaient à certains jours les dons funèbres, se dressait sur la lisière d’un champ, entre un bouquet d’acacias et de dattiers au tronc grêle. ...

 

 

1888

La flore pharaonique d'après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes 

Victor Loret
Publications de la Société Linnéenne de Lyon  Année 1888  15  pp. 1-64
Fait partie d'un numéro thématique : Notes et Mémoires – 1887

...- Acacia Nilotica Del.
Quelques unes des guirlandes qui ornaient les momies d'Ahmès I et d'Aménophis I, rois de la XVIII° dynastie, étaient composées de fleurs d'Acacia nilotica. Cet arbre, dont le bois servait à faire des cercueils, des meubles, des statues, se nommait Shant en ancien égyptien. L'hébreu Shett, par assimilation du N au T, l'arabe Sant et le copte Dhonte, Shanti, désignet également l'acacia et dérivent du nom hiéroglyphique de cet arbre. L'acacia nilotica est un arbre très ancien sur les bords du Nil ; son nom se trouve dans les textes contemporains des pyramides. Une brique d'El-Kab renfermait, au dire d'Unger, quelques fragments d'Acacia nilotica. La gomme provenant de cet arbre se nommait, en ancien égyptien, Qami (gomme). 
On sait que la gomme de l'Acacia est la gomme araboque du commerce.


- Acacia Seyal Del.
Cet Acacia est mentionné fort souvent dans les anciens textes Egyptiens sous le nom de Ash. Son bois servait à faire des cercueils, des statues, des portes, des barques. Il fournissait une essence souvnt citée dans les inscriptions et qui n'était autre, probablement, qu'une dilution de sa gomme dans l'eau. L'Acacia Seyal se rencontre beaucoup de nos jours en Thébaïde. Dès les premières dynasties, son nom se trouve sur les monuments.


- Acacia Farnesiana Willd.
Les fleurs de cette espèce se vendent depuis quelques années chez les fleuristes, sous le nom de Mimosa. On connaît leur forme globuleuse et leur aspect soyeux. Les anciens Egyptiens leur donnaient le nom pittoresque de Per-shen, qui signifie "grains chevelus". Ces fleurs sont souvent employées en médecine, et on les rencontre dans presque toutes les recettes de parfumerie, désignées par un synonyme.

La momie d’Amenhotep Ier est l’une des très rares momies royales à avoir gardé ses bandelettes depuis sa découverte en 1881. ©Dr. Sahar Saleem

 

 

Pierre Mouillefert (1846-1903) Traité des arbres et arbrisseaux forestiers. Paris 1892-1898

La présence d’espèces exotiques pour le nord de la Loire au XV° siècle, montre l'artiste n’a pu faire appel qu’à une connaissance empirique de la nature.

Ainsi l’acacia, arbre de la famille des Mimosacées, appartient aux régions sèches et venteuses comme la péninsule de Sinaï, qui se rencontre d’ailleurs dans les Saintes Écritures. 


 

 

 

le mimosa des fleuristes est introduit et plantés au XIX° siècle, sans doute durant le Second Empire, sur la Côte d’Azur qui offre un climat favorable à son développement, grâce à son ensoleillement et à la rareté des gelées. L'espèce se plaît en effet dans les sols secs et siliceux.

Il en devient le symbole, cultivé pour la production de fleurs coupées.

 

 

 

Il fournit un excellent charbon de bois.

Ses fleurs à la longue étamine jaune densément regroupées en pompons inspirent poètes et musiciens et s’imposent comme un motif décoratif de l’Art Nouveau.

Georges Riom - 

Mimosa et Anémone, C. 1890 

Original chromolithographie 

 

 

 

XX° siècle

 

 

Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn (1877-1909) surnommée "Sapho 1900", poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.
 

 

Intérieur

..."Aucun souffle ne fait trembler le mimosa 

Sur lequel, en chantant, un vol d’oiseaux pesa"... 

bouquet mimosa - Serguei Toutounov

 

 

 

Maurice Pillard Verneuil,

Etude de la plante. Paris, 1903.

Détail feuille de mimosa

 


 

Maurice Pillard Verneuil,

Etude de la plante. Paris, 1903.

mimosa

 

 

 

Pierre-Joseph Redouté, 

Mimosa decurrens

Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) /

Franck Raux 


 

 

 

 

Oeillets et mimosa - Valse lente par Joseph Conte

Hommage amical à Mr et Mme Thouvenin

P. Dubois illustrateur


 

 

 

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 8 juillet 1953, poétesse et comédienne française.

 

Le mimosa


L’autre matin, sous la feuillée,

De soleil rose ensoleillée,

Je rêvais à toi, – tu passas !

Et je vis à ta boutonnière,

Penchant ses graines de lumière,

Une branche de mimosas.

"Oh ! donne-la moi, je t’en prie,

Cette petite fleur flétrie…"

 

Murmurai-je. Et tu refusas !

D’un œil foncé qui me regarde,

Tu refusas. Tu dis : "Je garde

Cette branche de mimosas."

Et, sans voir qu’à cette seconde

Je ne voulais plus qu’elle au monde,

De mon tourment tu t’amusas :

"Il y en a sur la pelouse…

 

- Non, je veux, car je suis jalouse,

Cette branche de mimosas !

Si tu l’aimes, toute fanée,

C’est qu’alors on te l’a donnée,

En te taisant, tu t’accusas.

Parle ! nomme-moi ma rivale !

Regarde-moi… je suis plus pâle

Que la branche de mimosas ! "

 

Mais toi, d’une voix attendrie,

Tu t’écrias : Ô ma chérie,

À mes regards tu proposas

Cent visages : des fous, des sages,

D’autres plus fins que les feuillages

De la branche de mimosas.

 

Mais, très curieux de nature,

Je rêvais de voir la figure

- Car je ne la connaissais pas –

Que vous faites, alors qu’on ose

Vous refusez la moindre chose…

Tiens, les voilà, les mimosas !"
 

 

 

 

Oswald Wirth (1860-1943) secrétaire de Stanislas de Guaita, il dessina en collaboration avec lui un Tarot, réédité depuis sous le nom de Tarot de Wirth. Ce Tarot est expliqué et commenté dans son ouvrage Le Tarot des imagiers du Moyen Âge, devenu un classique..

Arcane 17 selon Oswald Wirth :

Le Tarot des Imagiers

"la vie… est une déesse douce et belle, comme la jeune fille nue de l’arcane 17, qui agenouillée au bord de l’étang, y déverse le contenu d’une urne d’or, dont s’écoule un liquide brûlant, vivificateur de l’eau stagnante. A cette amphore tenue de la main droite en correspond une autre qu’incline la main gauche, pour épancher sur la terre aride une eau fraîche et fertilisante… L’arrosage constant entretient la végétation plus particulièrement représentée par un rameau d’acacia et une rose épanouie."
 

 

 

Édouard E. Plantagenet (1892-1943) Professeur chargé de cours au Collège libre des sciences sociales. - Écrivain maçonnique, directeur des "Annales maçonniques"


..."connaître l'acacia équivaut à dire que l'on n'ignore rien du drame symbolique vécu"...
 


 

 

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français, 

Recueil : "Chantefleurs"

 


Le Mimosa

 

Sur la route de Saint-Tropez,

Mimosa Monsieur, mimosa Madame

Sur la route de Saint-Tropez,

De Saint-Tropez à La Ciotat,

Cueillez le mimosa,

Cueillez-le pour l’offrir aux dames.


 


 

Louis Aragon est un poète, romancier et journaliste français, né probablement1 le 3 octobre 1897 à Paris, où il est mort le 24 décembre 1982.


Aragon - Le fou d'Elsa 


Si le miroir mimer osa

La rose et l'or des mimosas

......

Aux mimosas comme à la rose

Insensible à qui le grisa

Et n'est plus miroir que d'Elsa 
 

 


 

Jules Boucher (1902-1955), écrivain, occultiste, alchimiste et franc-maçon français.

cite Tiele qui, Dans son "Histoire comparée des anciennes religions" indique que des prêtres de l'Egypte ancienne, dans certaines processions, portaient une arche sainte d'où sortait un acacia et sur les flancs de laquelle on pouvait lire : "Osiris s'élance".

Fresque égyptienne


 


 

Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto,(1904-1973) poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien.

 


Ode au mimosa - extrait


 Mimosa

soleil terrestre,

explosion du parfum,

cascade,

cataracte,

chevelure

de tout le jaune 

déversé

en une seule vague

de feuillage,

Je te proclame

rayon de miel

du monde:

Nous voulons

élégantes, alcooliques

guêpes,

frelons de miel

et de velours,

plonger

les yeux,

la chemise,

le coeur, les cheveux

dans ta frémissante

senteur,

un instant

être

bourdons

sylvestres,

dans ta coupe

jaune

jusqu’à ne plus être

qu’arôme

dans ta

planète,

pollen d’honneur,

intimité de l’or,

"plume de ta fragrance."

 

 

 

Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto,(1904-1973) poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien.

 

 

Mimosa

 

 Une vapeur, un brouillard,

  Un nuage  m'entourait.

  J'allais dans San Jeronimo

  Vers le port presque endormi

  Quand hors de l'hiver

  Une montagne de lumière jaune,

  Une tour en fleurs parut sur le chemin  

  Et tout fut empli de parfum.

  C'était un mimosa.


 

 

En 1968, 

Près de Jérusalem, des urnes funéraires en pierre calcaire furent mises à jour. L'une d'elles portait, gravé, le nom de "Johanam" ; elle contenait les ossements d'un homme, d'une trentaine d'années, de 1,70 m, environ, dont le calcanéum était traversé par un long clou sur lequel des fragments d'acacia étaient encore collés.
 


 

Marc Chagall (1887-1985) 

Grand bouquet de mimosas 1977


 

 

 

Hervé Turpin (1954) artiste peintre

Vase de mimosas

 

 

 

Christian Jequel (1935)

Cueillette du mimosa


 

Christian Jequel (1935)

Cueillette du mimosa

 

 

Christian Jequel (1935)

Cueillette du mimosa

 


 

Sergueï Toutounov (1958)

Vase de mimosas


 

 

 

1991

Christian Jacq

Maître Hiram et le roi Salomon

...Les éléments principaux de la légende maçonnique y apparaissent, à savoir la construction du temple de Salomon, Hiram assassiné par trois ouvriers souhaitant accaparer les secrets du maître d'œuvre, le corps emporté par les criminels, la tombe marquée d'un acacia, ainsi que l’enterrement de Maitre Hiram par Salomon sous le Saint des Saints de son temple. Dans ce roman, Hiram, de son nom égyptien Horemheb, y est présenté comme un architecte égyptien, détenteur des secrets d'Imhotep, qui construira le temple de Salomon en y incorporant les secrets des bâtisseurs de pyramides...
 

 

 

 

1999

Christian Jacq

Ramsès, tome 5 : Sous l'acacia d'Occident
(29/04/1999)


L'empereur Hattousil, le Hittite, le somme d'épouser sa fille sous peine d'une nouvelle agression. Durant trois décennies encore, le Fils de la Lumière devra maintenir l'ordre, concilier, régner. Et quand le grand âge viendra, il ira s'asseoir à l'ombre de l'acacia d'Occident. Ameni, son fidèle scribe, posera enfin son pinceau.


 


 

XXI° siècle

 


Michèle Corti

29 janvier 2003


 

Le mimosa


Ô gouttes de soleil, parures d'élégances

En duvet délicieux comme une joue d'enfant

Vous épandez sur nous la divine fragance

Quand le vent si léger nous parle du printemps.

 

Mimosa, ton doux nom chantonne à notre oreille

Comme brise de mer ou murmure d'abeilles.

Aux terres du midi, tu offres ton décor

De feuillages légers aux belles grappes d'or.

 

Tu lances tes bouquets aux vieux murs des villages

De la Côte d'Azur, à l'accent si joli.

Tu ornes les cheveux, parfumes le corsage

De la belle Mireille ou bien de Magali.

 

Lorsque le jour s'en va et que le ciel se pare

De teintes safranées au couchant qui s'endort,

Tu rayonnes toujours, tel une immense tiare

Couronnant le pays des splendeurs de son or.


 

 

 

Vette de Fonclare

Publié le 3 avril 2008 

 


Le mimosa

 

Tout au fond du jardin c’est une boule d’or

Offerte par l’hiver aux terres provençales.

Car janvier est bien gris, il fait très froid dehors,

Mais des pompons citron narguent le grand mistral.

 

Il fait très froid dehors et l’on est en janvier,

Et l’on sent le parfum délicat et ténu

Que distille en douceur l’arbuste illuminé

Où le soleil tout rond semble être suspendu.

 

Sa fragrance est semblable à la poudre de riz

Qu’on posait autrefois sur le bout de son nez,

Distillée par les fleurs, globules canari

Explosant tous ensemble en millions de bouquets.

 

Car l’âme du soleil descendue sur la Terre

S’est diffractée partout en minuscules sphères.

Saupoudrés de doré et gorgés de lumière,

Ces tout petits bouquets s’en vont vaincre l’hiver.


 

 

 

2009

Jacques Largeaud

Le troisième temple (suite du roman la cité de la joie)

...La  zone 9 est pour les esprits du feu (salamandres, griffons, phoenix) dans un décor de montagnes et d'acacias, avec la fée Morgane....
 

 

 

2014

Louis Vibauver

27/01/14

 


Le mimosa

 

Relayant juste après Noël

Tous les sapins enguirlandés

Les mimosas plus naturels 

Etincell'nt au mois de Janvier.

 

Avec leurs boules de coton

On décroch' mieux que le le pompon

Et comme l'or qui brille au ciel

Leurs fleurs sont des grains de soleil.

 

Il peut porter le maillot jaune

Pour être le premier en fleurs 

Et comme à l'entour il embaume

Les parfumeurs  l' mett'nt à l'honneur.

 

Il ne se prend pas le citron

Pour fuir l'amer mais sentir bon

Et ses feuilles bien sensitives

Se rétract'nt à la moindre brise.


L'oiseau qui niche dans ses branches

Peut être bien serein je pense

Mêm'  si ses œufs sont convoités

Par les gourmets à chaque entrée.

 

Il peut porter le maillot jaune

Pour être le premier en fleurs 

Et comme à l'entour il embaume

Les parfumeurs  l' mett'nt à l'honneur.
 

 

 

 

2016


Les remèdes d’origine égyptienne utilisés dans la médecine vétérinaire antique
Marie-Hélène Marganne

Produits typiquement égyptiens utilisés dans les recettes répertoriées dans le Corpus hippiatricorum Graecorum.

 

- L’acanthe d’Égypte ou alexandrine (ἄκανθα Αἰγυπτία ou ᾽Ἀλεξανδρίνη)(23). C’est l’acacia d’Égypte, Acacia nilotica (L.) Willd. (24), déjà mentionné par Théophraste (25), qui, dans ses Recherches sur les plantes (IV, 2, 8), précise que "c’est de l’acacia que vient la gomme" (κόμμι, emprunt à l’égyptien qami) (26).

23 Hipp. Cant. 13, 4 (II, p. 151, 12-13 Oder-Hoppe) ; Hipp. Berol. 95, 6 (I, p. 325, 22) ; Add. Lond. (...)

24 Amigues, 1989, p. 209-210.

25 Thphr. HP IV, 2, 1 et 8 ; IX, 2.*

26 Amigues, 2006, p. 66 et 265.

 

- La gomme d’Alexandrie (κόμ[μ]ι ᾽Ἀλεξανδρῖνον)(36), qui, comme on l’a noté plus haut, est récoltée sur l’acacia d’Égypte.
36 Hipp. Berol., 129, 54 (I, p. 399, 3) : κόμεως Ἀλεξανδρίνου.


 


 

Le mimosa

dans le langage des fleurs, 


est un symbole de lumière


- l’emblème de la magnificence, l'élégance, la tendresse, 

- sécurité, et amour inconditionnel

- l’amitié.

- Les amours secrètes

- L’innocence puisque ses épines ne donneraient pas de maladie. 

 

le mimosa se prête à dire : 

" Nul ne sait à quel point je vous aime".


 

 

 

Symboles, mythes et légendes 

de l'acacia - mimosa

 


- Des hiéroglyphes de nombreuses tombes représentent cette plante si importante pour les égyptiens; il est supposé qu’ils l’utilisaient afin de communiquer avec les dieux.

 

- Certains pensent que les israélites tout comme les égyptiens consommaient l’écorce de cet acacia à des fins spirituelles.

 

- Pour l'acacia du Sahara, les touaregs ont comme proverbe : un chameau pour le déplacement, des dattes pour le repas et un acacia pour la pause de midi.
 

 

- Toute tombe juive peut recevoir la branche d’acacia. C’est un symbole d’immortalité. Ce symbolisme est caractéristique des plantes à feuilles persistantes. 

 

- Il représente l’énergie féminine, c’est pourquoi depuis 1946, il est l’emblème de la Journée de la femme le 8 mars.

 

 

- Certains disent que l’acacia brûle en laissant très peu de cendres et qu’il fait très peu de fumée. 

 

- La branche d'acacia est l'emblème de la Franc-maçonnerie. Il symbolise "l'amour de Dieu". 

 

- en Australie, le vert et le jaune sont les couleurs officielles du pays en référence à l’Acacia emblème floral. Chaque année, une journée lui est même dédiée, le 1er septembre. Les Aborigènes le soutiennent depuis toujours comme un marqueur de saison, une source de nourriture et de matière première pour la chasse et les instruments de musique.

 

 

- A Tunis, on prétend que le mimosa se fane entre les doigts des amants infidèles.

 

- La fleur était utilisée dans les rituels de purification du corps et de l’esprit.

 

- Dans les songes, le mimosa est signe de sécurité.

 

- La légende dit que le Mimosa fleurit en hiver parce qu'il a gardé la mémoire de sa période de floraison en Australie.

 

- Le mimosa aurait aussi le pouvoir de favoriser les rêves prophétiques. Il suffirait pour cela de placer dans son oreiller deux ou trois rameaux chargés de fleurs.

 

- Dans le chamanisme, cet arbre est supposé chasser les mauvais esprits.

 

- La magie, elle utilise la fleur dans les rituels de purification du corps et de l’esprit, mais seulement en usage externe car le mimosa est une plante toxique.


 

 

 

Utilisation du mimosa

 

C'est un arbre très apprécié car il fleurit dès janvier, emplissant de couleur ensoleillée et de parfum les jardins.

Souvent utilisés dans la confection de bouquets, les pompons d'or du mimosa apparaissent dès le mois de décembre. Très résistant lorsqu’il vit dans de bonnes conditions climatiques, le mimosa pousse vite.

Les variétés répandues comme fleurs coupées sont cultivées dans des plantations ou isolément et sont exportées vers le Japon, l'Amérique et l'Europe du Nord.


Pour conserver le mimosa, il est conseillé d’écraser le bout des tiges au marteau après les avoir coupées et de les mettre dans de l’eau tiède un peu sucrée.

Son tronc fournit un excellent bois de chauffage. Imputrescible et de densité moyenne, il possède de bonnes propriétés de collage, d'où son utilisation dans les produits de bois composite (lambris, terrasse, poutres en panneaux de fibres, contreplaqué , placage stratifié etc...), la laine de bois ou le bois de spécialité (ameublement).

Igor Shipilin - Ukraine

Igor Shipilin - Ukraine

 

 

Le mimosa et le parfum 

 

 

C'est surtout en parfumerie que le mimosa est réputé, et il a contribué à l'essor de Grasse au XIX° siècle.


Sa fleur, très fragile, donne une essence utilisée comme modificateur des accords floraux basés sur la rose et le jasmin.

Elle a d'abord été traitée par la technique de l'enfleurage à froid, permettant d'extraire la concrète, puis l'absolue. Le même résultat est aujourd'hui obtenu grâce à des solvants volatils (hexane ou éthanol).

Afin de permettre à Grasse de traiter d'importantes quantités de fleurs, le mimosa a été planté tout autour de la ville, formant d'imposantes forêts, mais aussi dans de nombreuses communes du Var et des Alpes-Maritimes. Il a même donné son nom à la commune de Bormes-les-Mimosas, dans le Var.

 


Le mimosa entre ainsi dans la composition de parfums renommés, comme Amarige de Givenchy

 


 

Le mimosa en France

 

Le mimosa s’adapta à son nouvel environnement, appréciant le climat ensoleillé et les gelées peu fréquentes de la Côte d’Azur. 

 

Ses pompons  hivernaux, d'un jaune éclatant illumine la Côte d'Azur, dont il est le symbole. le mimosa, soleil d'hiver, l’or de la Côte d’Azur...
 

Il est célébré chaque année depuis 1931 à Mandelieu-la-Napoule, capitale du mimosa tous les ans en février,  période durant laquelle ces petits soleils illuminent les collines et enivrent les sens par ses effluves...à l’occasion de la fête du mimosa.


Une route du mimosa lui est consacrée sur 130 km dans le Var et les Alpes-Maritimes.

 

Commune du littoral méditerranéen et des Alpes-Maritimes, Mandelieu-La Napoule est idéalement située entre Siagne et Grande Bleue, au pied du massif de l'Estérel et du Tanneron.

 

 

 

On trouve autour de Grasse de nombreuses plantations, et le célèbre arbuste a même marqué de son sceau le nom d’une ville de la région : Bormes-les-Mimosas. 

Quartier historique de la commune, le village de Bormes les Mimosas a su préserver son identité tout en évoluant au fil des ans.

Au cours des décennies, le village a developpé ses atouts en mettant en valeur son patrimoine historique et son fleurissement exceptionnel. 

 

 

La Côte Atlantique n’est pas en reste :

la douceur climatique de l’île de Noirmoutier permet de faire fleurir abondamment le mimosa, à tel point qu’on surnomme le lieu l’"île aux mimosas" !

...Autrefois, il était de tradition de venir y acheter du mimosa en février. Ces traditions se sont perdues mais le mimosa continue d’embaumer et embellir l’île de Noimoutier.... (Ouest France)

 

 

 

Des honneurs lui sont donnés sur la façade atlantique, par exemple lors de la Cavalcade du Mimosa sur l’île d’Oléron,

d’où il inspira Barbara pour sa chanson

 

 

"L’île aux mimosas"

 

Il y a si peu de temps,

Entre vivre et mourir,

Qu'il faudrait bien pourtant,

S'arrêter de courir,

 

Toi que j'ai souvent cherché,

A travers d'autres regards,

Et si l'on s'était trouvés,

Et qu'il ne soit pas trop tard,

Pour le temps qui me reste à vivre,

Stopperais-tu ta vie ivre,

Pour pouvoir vivre avec moi,

Sur ton île aux mimosas,

Et comme deux chevaux,

Courant dans la prairie,

Et comme deux oiseaux,

 

Volant vers l'infini,

Et comme deux ruisseaux,

Cherchant le même lit,

Nous irions dans le temps,

Droits comme des roseaux,

Quand sous le poids des ans,

Nous courberions le dos,

Ce serait pour mieux boire,

Ensemble à la même eau,

 

Et si tu m'avais cherchée,

De soir en soir, de bar en bar,

Imagine que tu m'aies trouvée,

Et qu'il ne soit pas trop tard,

Pour le temps qu'il me reste à vivre,

J'amarrerais mon piano ivre,

Pour pouvoir vivre avec toi,

Sur ton île aux mimosas,

 

Nous aurions la fierté,

Des tours de cathédrales,

Et nous serions plus près,

Du ciel et des étoiles,

Nous saurions le secret,

Des aurores boréales,

Il y a si peu de temps,

Entre vivre et mourir,

Qu'il faudrait bien pourtant,

S'arrêter de courir,

Et prendre un peu de temps,

De voir les fleurs s'ouvrir,

​​​​​​​

Toi que j'ai souvent cherché,

A travers d'autres regards,

Et si l'on s'était trouvés,

Et qu'il ne soit pas trop tard...

 Mythologie des arbres - Le mimosa - Acacia dealbata
 Mythologie des arbres - Le mimosa - Acacia dealbata

 

 

Acacia deabalta

 

Utilisation 

 

Acacia dealbata a été planté pour contrôler l’érosion de certains sols, notamment en Australie et en Inde où il joue également un rôle de brise-vent.

En horticulture, c'est un arbre très apprécié car il fleurit dès janvier. Il est utilisé par les fleuristes pour les bouquets.

Son tronc fournit un excellent bois de chauffage. Imputrescible,  d'où son utilisation dans les produits de bois composite etc...

Le mimosa est également commercialisé comme arbre d’ornement, et d'ombrage.

 

Alimentaire

 

Il peut être utilisé dans la cuisine où il aromatise confitures, liqueurs, chocolats, tartes... Les colons européens auraient également utilisé la gomme, dissoute dans l’eau ou le lait, pour soigner la dysenterie et diarrhées. Des infusions de son écorce sont efficaces contre les indigestions.
 

• C’est une plante mellifère.
 

 

 

Parfumerie

 

La plante est utilisée dans l’industrie de la parfumerie et de la cosmétologie dans la cité du parfum, Grasse.

 

 

 

Acacia nilotica - Acacia arabica -

Vachellia nilotica - gommier rouge


Utilisation


C'est un arbre multi usages  feuilles, gousses, graines, bois, écorce, etc.... sont utilisées aussi bien comme plante fourragère pour nourrir le bétail, pour le reboisement, pour la production de gomme arabique, de tanins, de colorants, de bois de chauffage, ainsi que pour ses propriétés médicinales.


En Inde, le feuillage est couramment utilisé comme fourrage. Les gousses, qui mûrissent vers la fin de la saison sèches, sont recherchées par les animaux de pâturage. On les utilise en Inde en complément des rations destinées à la volaille.


C'est également un arbre d'ombrage et d'ornement.

L'espèce est aussi exploitée pour son bois. Ce bois brun foncé, solide et durable, résistant aux termites, est presque deux fois plus dur que le teck et résiste très bien aux chocs. Il a une large gamme d'applications dans la construction, la production de traverses de chemin de fer, de poignées d'outils, de pâte à papier, etc. Son pouvoir calorifique élevé, en fait un excellent combustible comme bois de chauffage ou pour produire du charbon de bois.


L'écorce pour le tannage des cuirs et comme colorant dans certains pays d'Afrique


On le plante aussi pour la réhabilitation des terres, sur des sols tant salins qu'alcalins. Il peut aussi servir de brise-vent, particulièrement la sous-espèce, Vachellia nilotica subsp. cupressiformis, intéressante plantée autour des champs car sa couronne étroite fait moins d'ombre que d'autres espèces.

 

 

Industrie textile


La gomme est aussi utilisée dans l'impression textile (calicot), la teinture et comme empois pour la soie et le coton, ainsi que dans la fabrication du papier en Inde. À Mumbai, elle est commercialisée sous le nom de gomme amravati.
L'arbre est une bonne plante-hôte pour élever des insectes à laque (gomme-laque) dans le Sindh (Pakistan).

 


Alimentation


La gomme, comestible, est utilisée dans la confection de confiseries.

Dans l'est de Java, les graines germées sont consommées comme légumes et les graines torréfiées sont mélangées au café.

 

 

 

Pharmacopée

 

Grâce à sa teneur en tanins, la plante agit comme un astringent puissant. Une décoction du fruit est considérée comme fébrifuge, et les graines ont une activité antipaludéenne, antidiabétique, antihypertenseur et antispasmodique. Les tannins on montré un pouvoir molluscicide et algicide puissant


La gomme, appelée à l'origine gomme arabique, possède des propriétés similaires à celles de la gomme arabique vraie (de Senegalia senegal). Elle est récoltée dans les forêts du Nil depuis l'époque des pharaons. On l'utilise en médecine populaire.

Un extrait de la racine est un inhibiteur potentiel du virus de la mosaïque du tabac.


 

 

 

Acacia jaune - cassier

Vachellia farnesiana - Mimosa de Farnèse 

 

Utilisation 

 

Son écorce brune à noirâtre est fissurée longitudinalement. Riche en tanins, elle a longtemps été exploitée pour cette propriété.

• C’est une plante mellifère.
 


Ornement


Il peut être planté seul ou en bosquet, mais il est aussi utilisé pour constituer des haies. Celles-ci, grâce aux épines de l'espèce, peuvent avoir un caractère défensif.

 

Parfumerie


Cette espèce est cultivée dans le Midi de la France pour extraire de ses fleurs une huile utilisée en parfumerie. Cette huile est relativement riche en farnésol, molécule odorante dont le nom vient de cette plante (sous son appellation de Mimosa de Farnèse).

 

 

Élevage

 

En Australie, le feuillage de cet arbuste est parfois utilisé pour nourrir le bétail. Ses gousses vertes lui apportent un appoint protéique.

 


Propriétés médicinales



Les fleurs en infusion sont employées dans les affections cardiaques d'origine nerveuse et chez les malades présentant des troubles de la digestion (dyspepsies).


 

 

Vachellia tortilis,

l’Acacia faux-gommier,

 

Utilisation


L’espèce A. tortilis possède un grand nombre de vertus utiles pour l’Homme comme pour d’autres organismes, et ce à différents niveaux.


L’espèce V. tortilis permet de lutter contre la désertification dans les zones arides comme notamment les régions péri-saharienne et sahélienne, de par le peu d’exigences en eau qu'elle requiert.


L'Acacia faux-gommier est une des essences utilisées pour créer la grande muraille verte Africaine.


Ainsi, le bois présente un intérêt majeur comme combustible et comme bois de construction. 


L'Acacia faux-gommier présente aussi un intérêt pastoral appréciable grâce aux feuilles, fruits et même épines qui pourront servir de fourrage pour le bétail, dont notamment les chèvres et les dromadaires.


L’écorce de A. tortilis, riche en tanins, est une source de colorant une fois broyée

 

Ce sujet est idéal pour la culture en bonsaï.

 

 

Usages alimentaires


Vachellia tortilis possède un grand nombre d’usages utiles pour l’Homme et constitue donc une importance notable dans l’économie rurale des régions sèches d’Afrique. Différentes parties de la plante peuvent être exploitées à des fins diverses et variées. Les graines peuvent être mangées. D’autres parties de la plante peuvent être consommées mais ça n’est que ponctuel ou en période de disette. 

 

 

Pharmacopée


Les utilisations à objectif thérapeutiques de V. tortilis varient selon les cultures et les endroits.


Différents organes de cette espèce comme les stipules, graines et jeunes épines permettent de soulager la colique des sables dont certains dromadaires peuvent être atteints.


L’écorce, une fois broyée, peut servir de substance vermifuge et de désinfectant. 


La gomme possède un grand nombre de vertus médicales. Elle peut être utilisée comme pansement et antidiarrhéique, affections oculaires comme un entropion ou même des maladies pulmonaires. La graine possède, elle aussi, des vertus antidiarrhéiques. La fumée se dégageant lorsque le bois de V. tortilis est brûlé permet de lutter contre la toux.


L’huile extraite d’A. tortillis est riche en acides gras saturés et insaturés.  Les acides gras sont connus pour leur activité antidiabétique importante et leur forte capacité à réduire le taux de cholestérol présent dans le sang.

 

Importance culturelle


Restes de l'Arbre du Ténéré au musée national du Niger


 

 

 

Senegalia senegal,

l'acacia du Sénégal ou gommier blanc,

 

Utilisation


On tire de l'exsudat de l'acacia Sénégal la gomme arabique, utilisée à large échelle dans les industries pharmaceutique, alimentaire, cosmétique et textile. On le récolte en pratiquant des entailles dans le tronc et les branches de l'arbre ou en utilisant un outil en forme de biseau.


Le bois très dense sert à fabriquer des manches d'outils et à produire un charbon de haute qualité.

 

Le jeune feuillage et les cosses de S. senegal sont broutées par les ruminants domestiques et sauvages. Les feuilles et les gousses contiennent des protéines assimilables.

 

À l'instar d'autres espèces de légumineuses, S. senegal fixe l'azote grâce à une bactérie fixatrice d'azote vivant dans les nodules des racines. Cette fixation de l'azote enrichit les sols pauvres où elle est cultivée, permettant la rotation d'autres cultures dans des régions naturellement pauvres en nutriments.


Les racines superficielles sont très utiles pour fabriquer toutes sortes de cordes très solides. L'écorce de l'arbre est également utilisée pour fabriquer de la corde.

 

L'acacia Sénégal est une des essences utilisées pour créer la grande muraille verte Africaine. 

 

L'arbre ne survit pas au gel. Il préfère les sols sableux ou légèrement limoneux dans la zone saharienne semi-aride, en particulier en Afrique de l’Ouest et dans la partie occidentale du Soudan. Un système de racines radiales assez dense se développe autour de l'arbre qui est alors capable de récolter de l’eau de pluie. 

 

Alimentaire


Les graines séchées sont utilisées comme nourriture par l'homme principalement comme aliment de disette.

 


Pharmacopée


L'écorce est riche en tannins et est utilisée dans la pharmacopée populaire pour ses propriétés astringentes et expectorantes. Les rameaux épineux font de bonnes haies défensives.


 

 

 

Acacia Catechu - Senegalia Catechu,

 

Utilisation

 

L'acacia à cachou est surtout cultivé pour son bois rouge foncé.


On produit à partir du bois une teinture d'un brun rougeâtre, utilisée pour le tannage des peaux et également dans le passé pour le cachoutage des voiles (imperméabilisation).

 

Alimentaire


On utilise pour préparer le cachou l'intérieur du bois, sous l'écorce, ligneux et coloré, qu'au Bengale on faisait bouillir dans de l'eau sur le feu, dans des vases de terre deux ou trois fois, jusqu'à dessication totale.


..." Selon Kerr, le Cachou de l'acacia est préparé avec le cœur du bois de l'arbre, que l'on réduit en copeaux et que l'on fait bouillir dans des vases en terre, jusqu'à réduction de moitié de l'eau employée. Le décocté est ensuite mis dans un vase plat, et on l'évapore jusqu'à réduction à un tiers. On laisse reposer la matière pendant un jour, puis on l'expose au soleil, en agitant de loin en loin. Quand la masse est devenue assez consistante, on la coule sur une natte ou sur un drap couvert de cendres de bouse de Vache, et on la divise en morceaux quadrangulaires, dont on achève la dessiccation au soleil. On choisit, autant que possible, le bois brun pâle, qui fournit un extrait plus léger et blanchâtre ; le bois trop coloré donne un extrait noir et de moindre qualité. "...

 

Pharmacopée


propriétés : astringentes, bactéricides et expectorantes.


On l'utilise pour traiter des maux divers comme la diarrhée, la toux, la bronchite et les troubles digestifs. En Inde, on mâche ses feuilles pour se couper l'appétit.

 


 

Albizia julibrissin, acacia de Constantinople

Mimosa de Constantinople, Arbre à soie

 

Utilisation


Le feuillage est parfois consommé par des herbivores sauvages tels que les cervidés. 


Les fleurs d’Albizia julibrissin sont butinées pour leur nectar par des abeilles, des papillons, et des oiseaux-mouches. 


Les graines peuvent éventuellement être consommées par des oiseaux ou des écureuils. Le feuillage est parfois consommé par des herbivores sauvages tels que les cervidés. 

 

Ornement


L'arbre à soie est largement utilisé comme plante ornementale en raison de sa belle floraison, de son feuillage léger et de son port étalé qui fournit de larges zones d'ombre. Il est planté dans les jardins et les parcs, mais aussi comme plante d'alignement en milieu urbain. Il est en effet adapté à des sols compacts et secs souvent présents dans l'espace urbain.

 


Culture


Certaines formes d’Albizia, dont Albizia julibrissin f. rosea, sont également utilisées dans la réalisation de bonsaïs.

 


Cosmétiques

 

Son écorce est utilisée en cosmétique dans la composition de raffermissants de la peau.

 

 

Pharmacopée


L'écorce est utilisée pour traiter les ecchymoses et comme vermifuge


 


 

Anecdotes


Acacia, un terme qui s'est peu à peu transformé au fil des siècles


- L'acacia "Manœuvre halant les bateaux"


- Faire ses acacias
Être habitué de l'avenue des Acacias au bois de Boulogne (qui va de la Porte-Maillot à la Concorde.  Le rdv du monde élégant (se promener par chic)


- De l’idée de "promenade mondaine" Feydeau passe à celle de "divertissement mondain" (emploi unique dans la docum.)


 

 

 

– Une collection de ses graines sont conservées dans la

Millennium Seed Bank de Wakehurst Place (Royaume-Uni)

 

 

 

Cueillette du mimosa

en cartes postales

 

 

 

 

Jean Gilletta (1856-1933). Cueillette du mimosa. Côte d’Azur.

 

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 19:15

 

 

Mythologie des arbres

 

Le sapin

 

Le Sapin genre  "Abies" est un conifère à feuillage persistant, famille des Pinacées, et de la sous-famille des Abietoideae.  (Cèdre, Épicéa, Mélèze, Pin, Tsuga), genre Abies, qui comprend environ 50 espèces de sapins. 

 


Les Cèdres et les Tsugas sont parmi leurs plus proches parents.

La classification des espèces à l'intérieur du genre est classiquement basée sur la morphologie des cônes femelles. 


À l’état naturel, c’est un grand arbre monoïque au port élancé et conique. 
Résistant bien aux maladies, le sapin ne demande que très peu d’entretien une fois planté. Son feuillage persistant, de coloration variable selon les espèces, en fait un élément important de décoration en toutes saisons.

 

Je voudrais, comme le sapin,

Me voiler d'un feuillage austère,

Et, cherchant en haut mon chemin,

Laisser mon ombre seule à terre

Sous le sapin.


Henri Durand (1818-1842) Poète 
Recueil : Poésies complètes (1858) - Sous le sapin.


 

 

 

Le sapin est originaire des régions tempérées de l'hémisphère nord. Il est reconnaissable au mode de fixation des aiguilles sur la tige, ainsi qu'à ses cônes grands et dressés, de forme conique et solitaires, axillaires aux rameaux et répartis sur la partie haute du sommet. Ils apparaissent sur les rameaux âgés d’un an et arrivent à maturité en une saison. Ils ont tendance à s’aplatir sur les arbres les plus vieux.

 
 

 

Son tronc unique bien cylindrique est rectiligne. Ses branches régulièrement insérées en verticilles sont étagées du pied au sommet.


 

Le sapin porte deux sortes de fleurs, les mâles petites et jaunes regroupées vers la base des jeunes rameaux et les femelles, moins nombreuses, d’abord vertes (ou selon les variétés pourpres ou violettes) puis marron regroupées en forme de cônes (ou de cylindres) dressés à l’extrémité de rameaux courts, d’une dizaine de centimètres (et jusqu’à 30 cm) qui libéreront les graines à maturité.


Les graines triangulaires sont ailées avec un sac de résine à la jonction entre l’aile et la graine, ce qui favorise leurs dispersions par le vent lorsque le cône se désagrège sur l’arbre, notamment à maturité dû à l’assèchement, seul l’axe principal appelé rachis reste en place sur le rameau formant une pointe. Les écailles peuvent être réniformes ou cunéiformes avec une base pédicellée et portent une bractée saillante et lobée. Les graines sont protégées par une membrane.


 

L’écorce est fine et douce chez les jeunes individus et va en vieillissant créer des sillons et s’effriter en écailles. Elle peut éventuellement créer une protection contre le feu. 


Outre leurs tailles diverses, les sapins se distinguent par la couleur de leur feuillage, la forme et la couleur de leurs cônes et enfin leur port qui peut être pyramidal, conique et étalé ou en boule pour les variétés naines.

 

C’est un arbre mellifère car les pucerons produisent sur ses aiguilles un miellat dont les abeilles sont friandes.


 

Une forêt où le sapin domine est une sapinière. 

Le sapin commun originaire des montagnes d’Europe est souvent planté pour son bois ou comme arbre d’ornement. Il est répandu entre 400 et 1 900 m d’altitude environ dans des sols frais et humides sur les versants nord et ouest dans l’étage montagnard.


Le sapin a une croissance lente les 10 premières années qui s’accélère ensuite. Il vit longtemps (2 à 3 siècles) et certaines variétés dépassent les 30 m de haut. Mais il existe aussi des cultivars nains ne dépassant pas 0,80 m de hauteur. Il a depuis toujours été employé par l’homme.


Outre son emploi décoratif au jardin, isolé ou planté en haies majestueuses, le sapin, rustique et résistant, est utilisé comme espèce de reboisement. Son bois blanc est employé en menuiserie et en construction. Il sert également à la production de pâte à papier.

 

 

Étymologie 

 


Le mot "sapin" remonte plus précisément au bas-latin sappīnus (Varron r. r. I 6, 4; Pline 16, 61),  dérivé  de sapa "sève" et du latin "pīnus".


Le mot sapa est d'origine indo-européenne et signifie "dégouliner".  Pinus "Pectiné" précise que ses aiguilles sont disposées en peigne de part et d'autre des rameaux.

Sapin :

En gallois : sybwydd

 

Sapin blanc". 

En celtique insulaire : sibnit 

 

Certains noms de personnes de l'antiquité :

Sapalo, Sapauidus, Sapaudus, Sappolus, etc. 


En toponymie :

la Savoie, dont le nom procède de Sapaudia. 

 

"Sapin" désignait jadis aussi le matériau, le bois, avant de prendre le sens du genre latin abies, mot continué d'ailleurs par l'occitan avet, abet et l'italien abete.

Un sapay ou une sapaie est l'ancien terme pour nommer à la fois une sapinière, terme attesté pour la première fois en 1632, 

Une sapinière est donc une forêt où le sapin domine.

 

 

 

Espèces natives  ou introduites en Europe

 


Abies alba (Mill., 1759) et Abies pectinata (Mill., 1759)

Sapin blanc , sapin commun, sapin pectiné, sapin des Vosges 

 

est un conifère de la famille des Pinacées. Il est localement appelé Sapin de Normandie ou Sapin de l'Aigle, Sapin de croix, Sapin des Vosges, Sapin noir, Sapin à feuilles d’if, ainsi que Vuargne, Ouargne ou Warne, Sap, Avet ou Aveth, Ghjàllicu, et plus rarement Sapin argenté.

 

C'est une essence importante pour la foresterie en Europe.

 

Le sapin pectiné est l'arbre européen le plus haut, il peut en effet atteindre 60 à 80 mètres de hauteur.

 

Il vit jusqu'à 500 ans et le diamètre de son tronc atteint 2 mètres. La cime est d’abord conique, pointue puis ovoïde, et enfin tabulaire (étalée). Le tronc est droit, les branches horizontales.

 

Il est présent dans les milieux froids et humides, il supporte le froid jusqu'à -23°, à des altitudes comprises entre 400 et 1500 m d'altitude. 

 

L'écorce est lisse gris argenté, d'où son nom de sapin blanc. Au fil des ans, le tronc se crevasse et devient noir d'où son autre nom de sapin noir.

 

Les feuilles sont des aiguilles persistantes (elles ne tombent pas en hiver), non piquantes de longueur variable, disposées sur 2 rangs. 

 

La floraison a lieu de mai à juin. Les cônes sont dressés sur les rameaux de la cime et sur les branches. 

 

Le Sapin commun est souvent associé aux hêtres dans les étages montagnards inférieurs et moyen et à l'épicéa dans l'étage montagnard supérieur.

 

Celui-ci est cultivé pour ses qualités en menuiserie et en ébénisterie (meubles, lambris, parquets...).

 

 

Abies amabilis 

Sapin gracieux 

 

D'autres noms communs peuvent le désigner, tels que sapin amabilis, sapin argenté, sapin rouge ou sapin des Cascades.


Le sapin gracieux est un conifère de la famille des Pinacées, originaire de la côte ouest de l'Amérique du Nord, qui atteint une grande taille, entre 24 et 46 métres, et vit plusieurs centaines d'années. Le spécimen le plus vieux, connu à ce jour, a l'âge vénérable  de 725 ans.


Originaire de la côte ouest de l'Amérique du nord, cette espèce est très peu plantée en France.

 

Le plus grand Abies amabilis actuel connu mesure près de 72 m et se situe dans la forêt nationale Olympique, État de Washington, mais certains auteurs pensent que cette espèce peut atteindre 75 m de hauteur. Le port est pyramidal chez les jeunes individus, la cime devient tabulaire avec l'âge.

 

C'est une espèce qui grandit lentement et en fait donc un sujet idéal pour la culture bonsaï.

 

Le sapin gracieux est facile de culture mais il est exigeant en eau.

 


 


Abies balsamea - Abies Canasensis

var. phanerolepis Fernald (1909) - identique 

Sapin baumier - sapin du Canada


Le sapin baumier est une espèce de sapins de la famille des Pinaceae, originaire d'Amérique du Nord, a été introduite sur d’autres continents. Il atteint 15 à 20 mètres de hauteur et le tronc plus de 60 centimètres de diamètre, de forme globalement pyramidale, à feuillage persistant,  d'une durée de vie de 70 à 150 ans.


C'est dans le nord des Etats-Unis mais principalement au Canada qu'on le rencontre.


Le Sapin baumier est une espèce monoïque qui fleurit en mai-juin.


Les cônes de 5 à 10 centimètres se dressent verticalement sur les rameaux. Ils mûrissent en automne et perdent leurs écailles, seul le rachis persiste jusqu'à l'été suivant.


Il y joue un rôle écologique important : comme brise-vent il crée des microclimats favorables à la faune, tout comme ses graines alimentent les oiseaux et son feuillage les élans.


Ses aiguilles vertes sont odorantes, plates, avec deux raies blanches en dessous, et non piquantes, son écorce  grise et lisse sur les sujets jeunes, présente des vésicules contenant de la résine que l'on récolte pour fabriquer le "baume du Canada".


Les aiguilles sont parfois infusées pour en faire une tisane.


Ce conifère a besoin d'un bon ensoleillement pour prospérer ; 
C'est dans la province canadienne du Québec que le sapin baumier atteint sa latitude la plus septentrionale. 


Le bois est utilisé pour la fabrication de papier et de bois de charpente. Les sapins baumiers servent aussi d'arbres de Noël, les aiguilles tiennent mieux que celles des épicéas.


 



Abies cephalonica -

Sapin de Céphalonie ou sapin de Grèce 

 

 

Le Sapin de Céphalonie est un conifère qui appartient à la famille des Pinacées. Originaire de Grèce, ce sapin à croissance lente pourra atteindre une hauteur allant jusqu'à 30 mètres, dans son aire d'origine.

 

C'est un sapin monoïque à port pyramidal à longues branches horizontales, Son écorce d’abord lisse et brun-orangé puis grise à fissures noires, Les aiguilles sont droites, vert brillant, pointues, disposées en spirale ou en brosse relevée sur le rameau, 2 bandes blanches sur la face inférieure des aiguilles. Les bourgeons sont pointus, violacés, non résineux.

 

Les cônes mâles ovoïdes, de 1 à 2 cm, sont rougeâtres puis jaune. Les cônes femelles de 10 à 15 cm de long, résineux sont brun rougeâtre à maturité.

 

Sa  pollinisation est anémogame.

 

Il s'agit de l'un des sapins les plus résistants à la sécheresse, il tolère des températures jusqu’à 41°C . Cependant, il craint les gelées tardives, et les grands froids hivernaux.

 

Cette espèce est endémique de Grèce où elle a une très large répartition. On la trouve dans les régions d'Épire, de Macédoine-Centrale (Mont Olympe et Mont Athos), du Péloponnèse, Sterea Ellas, sur les îles Ioniennes (Céphalonie). Elle pousse entre 400 et 1800 m d'altitude, on la trouve très rarement au-dessus de 2 000 m.

 

Son Âge d’exploitabilité entre 110 et 150 ans. Il est utilisé en construction (charpente, toiture), menuiserie et ébénisterie, caisserie, bois de chauffage, sapin de Noël.

 
 


Abies concolor

Sapin du Colorado


est un arbre de la famille des Pinacées qui pousse entre 1000 et 3000 mètres d'altitude, notamment dans les Montagnes Rocheuses (Arizona jusqu'à l'Utah en passant par le plateau du Colorado), d'où il est originaire.

L'abis concolor a été introduit en Europe en 1872. Ce sapin en forme de cône, à aiguilles non parfumées de couleur vert-gris, arrangées régulièrement autour des pousses. Ses cônes cylindriques, fortement résinifères, sont verts, jaunes, ou violet pâle, brun en mûrissant.


Il atteint une taille comprise entre 30 et 40 mètres. Son branchage est bien fourni jusqu'à environ 40 ans et ensuite il se rarifie. 


Il apprécie les endroits abrités et moyennement ensoleillés. Rustique il peut résister jusqu'à  -15°.


On le cultive surtout dans les parcs à titre ornemental mais il est également planté pour son bois dans les régions sèches.


 


Abies fraseri

Sapin de Fraser


est une espèce de conifères de la famille des Pinacées.


Il s'agit d'un arbre sempervirent, un conifère pouvant atteindre de 9 à 25 m de hauteur, avec un diamètre moyen au niveau du tronc de 30 cm. Il présente un houppier étroit et des racines peu profondes.


Ce sapin est originaire des Appalaches, au sud-est des États-Unis. Il pousse dans des zones, élevées en altitude, du centre et du sud des Appalaches. On le trouve en Virginie, dans le Tennessee et en Caroline du Nord.

 
Il peut atteindre près de 9 à 15 m de hauteur et 6 à 7,5 m de largeur. Sa croissance est lente. Sa forme est pyramidale et ses branches sont horizontales. Ses aiguilles droites, sont de couleur  Vert, Gris, argent. L’écorce lisse, mince, gris-brun avec des ampoules de résine. La couronne est conique, avec des branches droites horizontales ou avec un angle de 40 ° vers le haut du tronc, elle est dense lorsque l’arbre est jeune.

 

Il s'agit d'une espèce relictuelle de la dernière période glaciaire, qui ne pousse plus que sur 7 à 10 crêtes montagneuses situées au-dessus de 1500 m d'altitude.

 

Le sapin de Fraser a un rôle dans la rétention des sols peu profonds qui couvrent les pentes escarpées et humides sur lesquelles il pousse. Il est souvent utilisé comme plante ornementale dans les grands parcs.

 


Cette espèce a été décrite scientifiquement pour la première fois en 1813 sous le nom Pinus fraseri par le botaniste germano-américain Frederick Traugott Pursh dans le 2e volume de son ouvrage Flora Americae Septentrionalis. Le botaniste et explorateur français Jean-Louis Marie Poiret a placé cette espèce dans le genre Abies dès 1810, dans le supplément tome 5 de l'Encyclopédie méthodique (Botanique) commencé par Jean-Baptiste de Lamarck.

Son nom d’espèce est un hommage au botaniste britannique John Fraser.
Il peut être cultivé et utilisé pour son bois ; il est également apprécié comme sapin de Noël, en raison de son puissant parfum citronné, de sa forme, de ces branches robustes capables de supporter de lourdes décorations, et sa capacité à conserver ses aiguilles longtemps après la coupe. Les aiguilles froissées dégagent une forte odeur de résine.


 


Abies grandis - sapin géant

Sapin de Vancouver - Sapin de l’Orégon


Le Sapin de Vancouver ou Sapin géant est une espèce de la famille des Pinaceae. C'est un sapin originaire d'Amérique du Nord (Oregon, Washington et Colombie-Britannique). Celui-ci a été introduit en Europe en 1831,  où il est l'une des essences forestières exotiques les plus importantes, surtout à proximité de l'Atlantique.


Cet arbre peut atteindre 50 à 55 m en France, et jusqu'à 80 m sur son territoire origine. Sa longévité peut atteindre 200 à 300 ans. 


Son écorce est lisse, brillante, elle est vert olive avec de nombreuses vésicules de résine, puis devient craquelée en plaques carrées avec l'âge.


Ses aiguilles longues, droites, non piquantes, vert foncé, brillantes, alternant deux longueurs différentes et possédant deux raies blanches et disposées en peigne sur les rameaux. Elles dégagent un parfum d'agrumes quand on les frotte. Le bourgeon est gris violacé et résineux. Ses cônes sont dressés.


Cette essence a besoin d’une humidité atmosphérique élevée. On le trouve souvent près des rivières. Il craint la sécheresse estivale. Il résiste moyennement bien au vent, et relativement bien aux froids hivernaux. On le trouve jusqu'à 1600-1800 mètres d'altitude.


La grande force du Sapin de Vancouver est sa croissance rapide. 


C'est un excellent bois blanc pour l’industrie.  Il y a une production importante en France pour la menuiserie, la charpente, l'emballage, le coffrage ou la papeterie. Il est facile à travailler.


 

Abies homolepis

Sapin du Japon - sapin de Nikko 


Est une espèce de la famille des Pinaceae. Il est originaire des zones caractérisées par de fortes précipitations estivales; sur les versants humides et ombragés des montagnes du japon.

 

C'est un grand sapin à couronne pyramidale régulière conservant sa forme même en prenant de l'âge, branchu jusqu'à la base si l'espace est suffisant. Il a une croissance modérée. Il atteint entre 20 et 30 mètres, et  6 à 10m de largeur.

 

Rustique, il résiste bien aux gelées et croît sur des terrains bien arrosés et drainés, jusqu'à plus de 2000m. Il est sensible à la forte chaleur et aux atmosphères sèches . C'est le "sapin des atmosphères urbaines" (Schütt, Lang, Schuck).


Il est élancé avec un houppier dense et régulier dans sa jeunesse, où il forme alors un cône parfait.  Les jeunes rameaux sont profondément ridés, brun jaune clair; la vieille écorce est grise et écailleuse.


Ses aiguilles sont rigides, nettement dressées vers le haut, serrées, de vert frais à revers blanc argenté. A maturité, il porte des cônes de grande taille, cylindriques, vert violacé puis bruns.


Sa valeur esthétique majestueuse en fait un des arbres nationaux du Japon. Il peut atteindre plus de 40m de haut et s'est exporté de façon heureuse dans les parcs et jardins aux mêmes latitudes.

Abies homolepis, montagnes Ohdaiga-hara, Honshu, Japon. Septembre 2013. Tom Christian.


 


Abies lasiocarpa

Sapin subalpin -sapin des Rocheuses 


est une espèce de sapin de la famille des Pinaceae. 

 

Il se compose des sapins subalpins ou sapins des Rocheuses. Ils sont originaires de l'Alaska, et des régions situées entre les états de Washington et de l'Oregon et les Rocheuses. s'étend sur l'ouest de l'Amérique du Nord. 


On le trouve à des altitudes comprises entre 300 et 900 m au nord et entre 2 400 et 3 650 m au sud de sa zone d'expansion. On le retrouve fréquemment au niveau de la limite des arbres.


Le sapin est d'une taille de 18 à 27 mètres mais peut atteindre parfois les 40 à 50 mètres avec un tronc de 1 mètre de diamètre. Leur rusticité leur permet de supporter les températures froides à - 46°C et chaude à 30° C.


L'écorce des jeunes sapins est lisse et grisâtre et devient rugueuse et fissurée sur les vieux arbres. Les aiguilles sont de couleur verte mais avec deux lignes de stomates bleues/blanches au-dessous.


Les cônes orientés vers le haut sont de couleur brun-noirâtre avec une pubescence jaune-brune. Le cône se décompose au début de l'automne pour libérer ses semences.


Dans les jardins, les sapins sont plus petits, mais plus larges. Ils pourront atteindre près de 4,5 à 6 m de largeur dans les régions du nord-ouest. Dans les jardins de Californie, ils poussent très lentement. Leurs aiguilles sont bleu-vert.


Variétés

Il existe trois sortes de sapins subalpins :

- Abies lasiocarpa var. lasiocarpa - Le sapin subalpin côtier dans les régions proches de l'océan Pacifique.

- Abies lasiocarpa var. arizonica (Merriam) Lemmon - Le sapin subalpin Corkbark en Arizona et au Nouveau-Mexique.

Le sapin subalpin des Rocheuses dans les Rocheuses est généralement reconnu comme une espèce à part, Abies bifolia.

Son bois est utilisé en construction et en papeterie. On l'utilise aussi pour en faire des sapins de Noël.

 

Abies lasiocarpa,cônes de graines. Russian Peak, Californie, septembre 2007. Jeff Bisbee.

 

 

 

Abies nordmanniana

Sapin de Nordmann - sapin du Caucase - sapin de Crimée, 


est un sapin de la famille des Pinacées. Cette espèce est originaire des régions tempérées d'Asie occidentale : région du Caucase, Arménie, ainsi qu'au sud et au nord de la mer Noire : Turquie, Crimée.


Il s'agit d'une espèce sciaphile.


Il a été introduit en Europe au milieu du XIX° siècle, par Alexander von Nordmann botaniste suédophone finlandais. 


Il croît dans des forêts de montagne à des altitudes comprises entre 1 000 et 2 000 mètres, sous un climat de type continental relativement humide. Il supporte les sols calcaires, ainsi que la sécheresse.


C'est un grand sapin, au tronc droit et aux branches basses très étalées, pouvant atteindre plus de 60 mètres de haut à l'état naturel. Le diamètre du tronc peut atteindre 2 mètres. 


En culture, il ne dépasse généralement pas les 30 mètres de haut. Sa croissance est très lente. Son écorce est gris brun et lisse. Elle se ride sur les arbres âgés.


C'est une espèce très proche du sapin pectiné (Abies alba), dont elle ne diffère que par quelques caractères secondaires :

- deux bandes claires de stomates sur leur face inférieure, sont un peu plus longues 


La forme arrondie des rameaux due à la disposition des aiguilles,


Les cônes cylindriques sont de couleur brun-rougeâtre, , mais sont plus arrondis. Comme ceux du sapin pectiné, ils sont érigés et se désintègrent à maturité sur l'arbre en libérant les graines ailées, celles-ci étant également un peu plus grosses.


Arbre d'ornement apprécié dans les parcs publics et les grands jardins pour son port plus décoratif que celui du sapin pectiné.


Cette espèce est très utilisée de nos jours en Europe pour la production de sapins de Noël. Le sapin de Nordmann, bien que moins odorant que l'éoicéa, garde longtemps ses aiguilles dans la chaleur des logements, et  sont moins piquantes. 


Son bois blanc, relativement noueux, est utilisé dans le domaine de la construction ainsi que pour la production de pâte à papier.


 



Abies x borisii-regis

Sapin de Bulgarie -sapin du roi Boris - sapin de Macédoine 


est une espèce de la famille des Pinacées. Il est surtout présent dans les montagnes des Balkans. Il est distribué en Albanie, au Nord Grèce, en Macédoine et  au sud de la Bulgarie, de 700 à 1800 m d'altitude.


Ce sapin rustique, atteint au maximum 40 m de hauteur et possède un tronc droit, d’une circonférence de 150 cm. Ses branches principales forment une couronne conique qui a tendance à s’aplatir lorsque l’individu prend de l’âge.

Les branches secondaires sont généralement plus souples et élancées, sauf pour les branches qui portent les cônes, ces dernières étant plus fermes et trapues. 


L’écorce des jeunes arbres est lisse et de couleur grisâtre, alors que celle des individus plus âgés devient rugueuse de couleur brunâtre. 


Les aiguilles sont quant à elles disposées en spirales et insérées sur les rameaux en deux rangées bien distinctes. Les bourgeons sont ovoïdes, bruns et sont persistants (ils restent pendant plusieurs années).


Les cônes femelles ovoïdes ou cylindriques coniques, dressés, et pédonculés vert pourpre pâle, à écailles et bractées saillantes, plus ou moins pendantes ; en groupe près du sommet de l'arbre.

 
Les cônes mâles sont latéraux et possèdent des petites écailles pourpres. Ils ont cependant une couleur plutôt jaune-verdâtre.


Les graines sont en forme de coin et possèdent de petites ailes.
Il est souvent utilisé comme sapin de Noël et son bois peut être employé pour la construction ou la fabrication de matériaux.


 


Abies pinsapo

Sapin d'Andalousie - sapin d’Espagne 


Le sapin d'Espagne est une espèce de la famille des Pinacées originaire d'Espagne. C'est un conifère résineux, originaire de moyennes à hautes montagnes d’Espagne et du Maroc. C’est un arbre qui atteint une taille importante, mais de croissance lente, ce qui explique qu’on le rencontre facilement dans les jardins.


Il a été introduit en France en 1839.


Ces aiguilles sont aplaties, mais plutôt moins aplaties que chez la plupart des sapins. Elles sont bleutées lignées de blanc sur les 2 faces, imbriquées les unes dans les autres le long des rameaux. 


Son écorce grise, lisse quand il est jeune, devient crevassées avec l’âge.
Il est de forme conique régulière durant sa jeunesse, mais devient cylindrique avec une cime tabulaire à maturité. 


Le sapin d’Espagne met généralement plus d’une vingtaine d’année avant de produire des cônes. Mais un individu greffé peut fleurir bien plus rapidement.


Il peut atteindre une trentaine de mètres dans ses montagnes, mais sera plus modeste en culture hors de son milieu naturel. Il peut former plusieurs flèches et porte des branches serrées. Les aiguilles courtes, rigides sont moins aplaties que chez la plupart des sapins, avec de fines bandes blanc bleuté sur les deux faces. Les rayons sont en écouvillon, les bourgeons très résineux. 


Les extrémités des branches du bas forment de minuscules cônes pourpres : les fleurs mâles qui produisent le pollen. Les cônes femelles sont grands, étroits, bien dressés et bruns à maturité et produits plutôt vers le faîte de l'arbre.


La fécondation est assurée par le vent.


Les organes reproducteurs sont de petits cônes apparaissant au printemps. Les cônes mâles ont une couleur pourprée et apparaissent au bout des branches basses.

 
La Chaleur et la sécheresse ne le dérangent pas, mais en revanche ce sapin est fragile à la pollution. Bien qu’il soit d’origines méridionales, Abies pinsapo supporte les gelées jusqu’à -25 C, mais à cette température, les cicatrices du gel peuvent marquer son écorce.


Le sapin d’Espagne se décline dans divers variétés horticoles souvent de plus petit développement et très décoratives, de la forme d’arbre pleureur, à la flèche étroite comme la variété fastigiée, ou encore des cultivars nains, qui apporte de belles formes compactes et géométriques.

 

Son bois distillé produit un goudron végétal.


 

Abies procera

Sapin noble -  sapin de l’Oregon 


est une espèce de sapin de la famille des Pinacées, originaire du nord-ouest de l'Amérique du Nord. C'est un grand sapin au feuillage persistant mesurant généralement de 40 à 70 m de hauteur et 2 m de diamètre, avec une couronne conique étroite. 


Originaire des montagnes de l’Oregon et de Washington, ce sapin bleu est très rustique, ce qui ne l’empêche pas de supporter aussi la sécheresse.


Le sapin bleu, très rustique, est originaire des montagnes de la chaîne des Cascades et des chaînes côtières du Pacifique entre l'extrême nord-ouest de la Californie et l'ouest de l'Oregon et de l'État de Washington, aux États-Unis. C'est un arbre d'altitude, poussant généralement de 300 à 1500 m d'altitude.


Avec sa forme conique, son écorce lisse gris argenté, avec des boules de résine, devenant rouge-brun, rugueuse et fissurée sur les vieux arbres.  


Ses branches bien étagées lorsqu’il est jeune, le sapin noble, comme on l’appelle également, se caractérise surtout par ses aiguilles persistantes gris-vert à bleu-gris vif, rayées très finement de gris au revers, sur 2 rangs, aplaties sur les rameaux et légèrement inclinées vers le bas. Elles sont disposées en spirale sur la tige, mais légèrement tordues pour être au-dessus de la tige. 


Les cônes sont dressés, avec les écailles pourpres presque complètement cachées par les longues bractées jaune-vert ; bruns à maturité, ils se désintégrent pour libérer leurs graines ailées à l'automne.


Le bois de l'arbre est utilisé en construction et en papeterie. On l'utilise aussi pour en faire des sapins de Noël.


Il fait partie des sapins vendus pour devenir des arbres de Noël dans nos intérieurs en décembre.


 


Abies sibirica

Sapin de Sibérie 

 

est une espèce de conifère à feuillage persistant, originaire de la Taïga, soit de la Mongolie, de la Chine, de l'Oural et surtout, de la Sibérie, dans certaines zones montagneuses de la Mongolie et le Heilongjiang au nord de la Chine.


C'est l'espèce de sapin la plus répandue en Russie. Il apprécie l'ombre et il est extrêmement résistant au froid à des températures atteignant -50 °C. dans ces régions. Il pousse essentiellement dans les régions montagneuses et boréales, entre 1900 et 2400 m d'altitude. 


Le sapin de Sibérie atteint 30 à 35 m de hauteur, avec un tronc cylindrique, des branches horizontales démarrant presque au sol et une couronne conique, ce qui lui donne une allure légèrement pyramidale. Le sapin de Sibérie est peu résineux. Il croît lentement au début et dépasse rarement deux cents ans d'âge, car il est exposé aux maladies fongiques. 


Son écorce glabre varie du vert de gris au brun-grisé avec des traces légères de résine typiques des sapins. 


Ses feuilles sont des aiguilles aromatiques, douces, aplaties, de couleur vert-clair sur la face supérieure et avec deux bandes blanches à grises sur la face inférieure.


Il fleurit au mois de mai avec des inflorescences jaunâtres, et ses fruits sont des cônes ou pignes de forme cylindrique, qui brunissent à l'automne avec la maturité. Ces cônes contiennent plusieurs graines en forme de lance.

 
L'huile essentielle que l'on extrait des aiguilles sont utilisées en aromathérapie reconnue pour ses propriétés : spasmolytique - anti–infectieuse des voies respiratoires - décontractante, anti-inflammatoire - apaisante, relaxante - légèrement sédative. 


Son arôme balsamique agrémente eaux de toilette, confiseries et tabacs. 


Son bois doux et léger est exploité pour la pâte à papier, le contreplaqué, la fabrication de mâts, de canots, etc., la fabrication de traverses et de meubles.


 

 

 

Les espèces :

 

Espèces et variétés de sapins :


Comprenant 50 espèces environ de grandes tailles, répandues dans l’hémisphère nord, le sapin compte également de très nombreux cultivars pour les espèces A. concolor, A. alba, A.procera, A. nordmannia, A. koréana... plus adaptés par leur taille réduite à la culture en jardin.

Outre leurs tailles diverses, les sapins se distinguent par la couleur de leur feuillage, la forme et la couleur de leurs cônes et enfin leur port qui peut être pyramidal, conique et étalé ou en boule pour les variétés naines.
 

 

- les Sapins méditerranéens

localisés en Algérie, en Sicile, en Turquie, en Espagne et en Grèce ne résistent pas au grand froid, mais s'adaptent en altitude. 

Abies numidica - Sapin de Numidie -  Sapin d'Algérie - Line


 

- les Sapins d'Asie, 

sont rarement plantés en France.

Abies koreana - sapin de Corée - Lestat (Jan Mehlich)


 


- les Sapins américains, 

dont le sapin de Vancouver et le sapin noble, sont les plus hauts (40-80 m).


 

- Le sapin de Douglas 

n'est pas du genre des sapins, mais des Pseudotsugas.

 

 

Picea abies (L.) H.Karst.

Epicéa - sapin rouge

 

Pesse, Pin pleureur, Sapin à poix, Sapinette

- Du latin pix : poix (poisseux),

- et abies pour sa ressemblance avec le sapin.

Traditionnel sapin de Noël, c'est l'Essence forestière principale, conifère le plus répandu en Europe, une des essence les plus utilisées pour le reboisement et l'exploitation.

Son Bois apte à toutes sortes d’emploi, résine utilisée pour la préparation de l’essence de térébenthine, écorce aux propriétés antiseptique, balsamique, expectorant, sédatif, antiphlogistique et antibiotique.

 

 

Les sapins de Noel


Le plus parfumé :

Picea excelsa ou Epicea

Reconnaissable à sa forme conique, il est doté d’aiguilles fines et dures de couleur vert foncé. Parfait pour recréer la magie de Noel grâce à son parfum puissant qui compensera sa perte d’aiguilles.  Installez le une dizaine de jours avant les fêtes seulement pour profiter de son odeur intense.

 

 

Le plus beau :

abies nobilis ou Sapin noble


Sa jolie couleur verte bleuté et son écorce gris argenté apportent une touche des plus esthétiques. Ses aiguilles sont douces et tiennent longtemps sur l’arbre, elles dégagent de surcroit une odeur de résine fort agréable.  Son port pyramidal et ses branches rigides seront idéales pour supporter de nombreuses décorations.

 

Les alternatives :

abies fraseri ou Sapin de Fraser, picea omorika ou Sapin de Serbie

Abies fraseri possède une forme conique et un parfum légèrement citronné. Ses branches robustes et fournies, ses aiguilles restant longtemps en place, il est tout à fait adapté à la période de Noel.

 

Picea Omorika

possède des reflets argentés qui le mettent en valeur. Ses branches courtes se redressent à leur extrémité : parfait pour y accrocher de nombreuses décorations d’autant que son feuillage est dense. Sa forme conique est idéale pour les emplacements restreints. C’est celui qui supportera le mieux d’être replanté.

 

 

 

Mythologie grecque, 

 

 

Le sapin argenté et Le sapin blanc était sacré pour Artémis (Diane), déesse de la lune protectrice des naissances.


Les végétaux attribués à Artémis sont la myrte, le sapin blanc, l'amarante, le cyprès, le cèdre, le noisetier, le saule, la marguerite, l'armoise commune, le palmier dattier et le noyer.

 

denier frappé par Publius Accoleius Lariscolus en septembre-décembre 43 avant J.-C., représentant Diana Nemorensis 


 

Cénée - '(Caénis, Caéenus (kaineus)

Caénis (Kaineus), originaire de Gyrtone en  Thessalie, fille du roi lapithe nomméé le plus souvent Élatos, le Sapin ou Koronos, un jour qu'elle se promenait sur le rivage de la mer, est violée par Poséidon, qui pour prix de son plaisir lui accorde un vœu. Caénis fait alors le souhait de devenir un homme.  Caenis (Kaineus) devint homme, et à cette faveur, le dieu en joignit une autre, le privilège d'être invulnérable.. 


Après avoir tué plusieurs ennemis, sans jamais être blessé, il fut frappé par de vers rameaux de sapin, enseveli sous un amas de troncs d'épicéas que ses ennemis lui jetèrent dessus, Kaineus fendit le sol d'un coup de pied et disparut sous terre.

 
On vit tout d'un coup sortir de dessous les arbres un oiseau couvert de plumes jaunes ; il s'envola ; c'était Caénis (Kaineus)  que Poséidon avait ainsi métamorphosé.

Cénée et les Centaures. Gravure de Bauer pour les Métamorphoses d'Ovide, livre XII, 470-535.


 

 


Penthée,

Penthée, fils d’Échion (l’un des Spartes), et d’Agavé (fille de Cadmos), est roi de Thèbes.


Successeur de Cadmos sur le trône de Thèbes, il s’oppose à l’introduction du culte dionysiaque dans son royaume. Alors qu’il est caché en haut d'un sapin du mont Cithéron pour épier la bacchanale, il est découvert et précipité du fâite sur la terrei mis en pièces par les ménades, à la tête desquelles figure sa propre mère Agavé et ses deux tantes, Ino et Autonoé. 


Les Baccantes
Euripide ( v.  480 av. J.-C. - 406 av. J.C. ) Grand tragique de l'Athènes classique, 

Penthée Thèbes Bacchantes - Léonard Gaultier Gravure XVIIe


 

 

 

Mythologie greco Romaine

 


Dès l'antiquité romaine, lors des fêtes Saturnales, célébrations d'origine agricole en hommage au dieu Saturne (Cronos dans la mythologie grecque), père de Jupiter, on décorait sa maison avec des branches de conifères, et verdure persistante. 


Une fête qui durait une semaine, du 17 au 24 décembre, autour du solstice d'hiver, et pendant laquelle la hiérarchie maître/escale était suspendue, aucune guerre ne pouvait être déclarée et aucun condamné exécuté. Pendant sept jours, les tribunaux et écoles étaient fermés, et on s'offrait des cadeaux symboliques tout en savourant de délicieux repas sur de grandes tablées, sans distinction de "classes sociales".
 

 

 

Mythologie celtique, 


 

Dans l’astrologie celtique, Le sapin signifie "le mystérieux". 

Les Celtes avaient pour habitude d’associer chaque mois lunaire à un arbre. L’épicéa, symbole de l’enfantement, aurait été choisi pour le mois de décembre.

Pour eux, cette période correspondait à la renaissance du Soleil. 


 

 

 

Mythologie nordique 


Fête de Yule


Lors des festivités de Yule, il était alors d’usage de choisir un Epicéa majestueux dans la forêt et de le décorer de chandelles, de fruits, de fleurs et de blé en présents au Soleil Nouveau Né.


Une étoile de paille était placée en haut du sapin, symbolisant l’étoile polaire, boussole pour retrouver son chemin.


C’est le dieu ase Heimdall qui venait, dans la nuit, visiter chaque foyer, et déposait des cadeaux  au pied du sapin à ceux avaient été sages pendant l’année, 


 

 

 

Les arbres verts (à feuillage persistant)
dont le sapin  dans la religion  

 

Pour certaines religions comme le christianisme, certains versets bibliques parlent de l'idolâtrie du peuple hébreux qui avait tendance à imiter les cultures "païennes" étrangères aux coutumes Hébraïques et qui adoraient d'autres dieux, finissaient eux aussi par adorer ces autres dieux ou idoles.

 

On trouve des passages bibliques faisant références aux arbres verts, ces arbres au feuillage persistant qui étaient utilisés pour les rites aux dieux, quelles soient de prospérité, de fertilité ou autre. Ces offrandes ou sacrifices permettaient d'invoquer et d'obtenir la faveur des dieux invoqués


Extraits bibliques :  

 

- Livre de Deutéronome 12.2

 "Vous détruirez tous les lieux où les nations que vous allez chasser servent leurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines, et sous tout arbre vert."

 

- Livre de Deutéronome 16:21

"Tu ne fixeras aucune idole de bois à côté de l'autel que tu élèveras à l'Éternel, ton Dieu."

 

- Livre des 2 Rois 16.4 

"Il offrait des sacrifices et des parfums sur les hauts lieux, sur les collines et sous tout arbre vert.

 

- Livre de Chroniques 2.4

"Il offrait des sacrifices et des parfums sur les hauts lieux, sur les collines et sous tout arbre vert."

 

- Livre de Jérémie 2.20 

"Tu as dès longtemps brisé ton joug, Rompu tes liens, Et tu as dit: Je ne veux plus être dans la servitude! Mais sur toute colline élevée Et sous tout arbre vert Tu t'es courbée comme une prostituée."

 

 

- Livre Ezechiel 6:13 

"Et vous saurez que je suis l'Éternel, Quand leurs morts seront au milieu de leurs idoles, Autour de leurs autels, Sur toute colline élevée, sur tous les sommets des montagnes, Sous tout arbre vert, sous tout chêne touffu, Là où ils offraient des parfums d'une agréable odeur A toutes leurs idoles."

 

- Livre de Jérémie 3:6 

"L'Éternel me dit, au temps du roi Josias : As-tu vu ce qu'a fait l'infidèle Israël ? Elle est allée sur toute montagne élevée et sous tout arbre vert, et là elle s'est prostituée."

 

- Livre de Jeremie 10:2-6
"Ainsi parle l’Eternel : n’imitez pas la voie des nations… Car les coutumes des peuples ne sont que vanité, on coupe le bois dans la forêt; la main de l’ouvrier le travaille avec la hache; on l’embellit avec de l’argent et de l’or, on le fixe avec des clous et des marteaux, pour qu’il ne branle pas."

 

 

 

Mythe du sapin dans la religion chrétienne

 

Saint Colomban

On raconte que Saint Colomban de Luxeuil (540-615), moine irlandais ayant beaucoup voyagé en Gaule, un soir de Noël, il aurait emmené quelques religieux du monastère de Luxeuil, fondé par lui au pied des Vosges en 590, au sommet d’une montagne.

Là se trouvait un très vieux sapin, objet d’un culte païen. 

Chez les Celtes, l’épicéa était en effet considéré comme "l’arbre de l’enfantement". Colomban et ses compagnons auraient alors accroché leurs lanternes aux branches de l’arbre, de manière à dessiner une croix lumineuse. 

 

 

Saint Boniface 

 

A la fin du VII° siècle, aux environs de Geismar, un Moine évangélisateur Allemand , Saint Boniface (né en 680), voulant convaincre les druides germains, prononce un sermon sur la Nativité  , que le chêne n’était pas un arbre sacré, comme les rites païens les ont conduits à croire. Il le prouva en abattant un arbre de chêne bien droit.

 
"En tombant, le grand chêne écrasa tout ce qui se trouvait sur son passage, chaque arbuste,  à l’exception d’un jeune sapin.

Saint Boniface qualifia cette survie surprenante de miracle, et déclara dans sa même prédication : 

... Désormais, nous appellerons cet arbre, l’arbre de l’Enfant Jésus...
Depuis, on plante en Allemagne de jeunes sapins pour célébrer la naissance du Christ."


De nombreux documents attesteraient le fait que les sapins qui étaient à l’extérieur ainsi que ceux qui étaient portés dans les maisons étaient décorés avec dévouement et zèle religieux au XVIe siècle dans le but de commémorer l’événement miraculeux de Saint- Boniface en Allemagne. 

 


 

Un officier suédois, blessé près de Lützen et ensuite soigné, aurait remercié en célébrant une fête de Noël. Pour cela, il aurait dressé un arbre décoré avec des luminaires – comme il était de coutume dans son pays d’origine. 

 

Martin Luther (1483-1546)


Au XVIe siècle, il était coutume que les enfants reçoivent des cadeaux le 6 décembre. Dans la plupart des cas, il s’agissait de petites friandises, de pommes ou de noix. Celui qui apportait les cadeaux ce jour-là était Saint Nicolas. 

Martin Luther réformateur protestant, aurait alors offert un sapin à ses enfants le jour de la veille de Noël pour qu’ils se souviennent des merveilles de Dieu. Il fut le premier à mettre des lumières sur un arbre de Noël en apposant des bougies allumées sur ses branches pour imiter un scintillement d’étoiles dans une forêt de sapins.

Luther voyait le culte de saint Nicolas comme une chose infantile, il a introduit un autre personnage dans la distribution des cadeaux. Dans un de ses discours de table transmis, il aurait demandé à sa fille Magdalena : Petite Lena, qu’est-ce que le Christ saint va t’offrir ?

Avec l’importance grandissante de l’Enfant Jésus, la plupart des cadeaux ont été offerts à Noël et plus à la Saint-Nicolas.

Il y a des œuvres d’art qui montrent Luther en famille pour Noël. Un conifère orné de bougies y est représenté. 

 

Martin Luther (1483-1546) avec sa femme Katharina, et ses enfants à Wittenberg pour Noël 1536 
Gravure allemande XIX° siècle


 

 

Décorations


Vers 1520, on décorait les arbres avec des confiseries, des pommes et même des petits gâteaux (oublies) et on plaçait déjà, à cette époque, une étoile au sommet pour rappeler celle de Bethléem. 

 

Le Christbaum qui signifie “l’arbre du Christ” était une tradition bien ancrée qui s’était établie de façon permanente et s’est propagée dans d’autres parties de l’Europe occidentale dans les années 1700. 

 

Hans Christian Andersen (1805-1875) poète et auteur danois .

 

Conte 
 

Le sapin


L'histoire parle d'un sapin si impatient de grandir, si anxieux pour découvrir de plus grandes choses, qu'il n'apprécie l'instant présent. Le conte a été publié pour la première fois le 21 décembre 1844 avec La Reine des neiges, dans Nouveaux Contes, premier tome, deuxième collection, à Copenhague, au Danemark, par C. A. Reitzel. Un érudit (le biographe d'Andersen Jackie Wullschlager) indique que Le Sapin a été le premier des contes de fées d'Andersen à exprimer un profond pessimisme.

 

Résumé
Dans les bois se dresse un petit sapin. Il est pressé de grandir et très embarrassé lorsqu'un lièvre saute sur lui, acte qui souligne sa petite taille. Les femmes l'appellent le bébé de la forêt et encore une fois, il est gêné et frustré. Une cigogne lui raconte avoir vu de vieux arbres être abattus puis utilisés comme mâts de navire. Comme le petit arbre les envie ! A l'automne, les arbres voisins sont abattus et les moineaux racontent au petit sapin les avoir vu décorer les maisons.

Un jour, alors qu'il était encore dans sa jeunesse, le sapin est coupé pour Noël. Il est acheté, transporté dans une maison, décoré et, la veille de Noël, illuminé de bougies, de pommes colorées, de jouets et de paniers de bonbons. Une étoile d'or surmonte l'arbre. Les enfants entrent et pillent l'arbre de ses bonbons et de ses cadeaux, puis écoutent un petit homme raconter l'histoire de 'Klumpe-Dumpe' qui est tombé en bas, et pourtant a été élevé aux grands honneurs, et a obtenu la main de la princesse.

Le lendemain, le sapin s'attend à ce que les festivités reprennent, mais des serviteurs descendent l'arbre et le portent dans le grenier. L'arbre est seul et déçu, mais les souris se rassemblent pour entendre l'arbre réciter l'histoire de Klumpe-Dumpe. Les rats arrivent et, lorsqu'ils déprécient l'histoire simple, les souris partent et ne reviennent pas. Au printemps, le sapin - maintenant flétri et décoloré - est transporté dans la cour. Un garçon marche sur l'arbre et prend l'étoile de sa branche la plus haute. Le sapin est ensuite coupé en morceaux et brûlé.

 

 

 

La légende du Sapin

 

Hermann Joseph Troxler, Thierry Chapeau. 
éditions du Bastberg, 1996


Autrefois, tous les arbres de la forêt conservaient leurs feuilles à l'approche de l'hiver. Aujourd'hui, seul le sapin reste vert à la mauvaise saison.

Aux alentours de Noël, un petit oiseau ne put s'envoler vers les pays chauds, car son aile était brisée. Comment allait-il résister à la rigueur de l'hiver ?

Tremblant de froid, il s'abrite dans le feuillage d'un gros chêne.

Le chêne refuse de l'accueillir :

"Va-t-en, tu vas manger tous mes glands" dit-il.

Malgré la neige, il quitte le gros arbre pour se réfugier dans les branches du hêtre touffu.

"Ne reste pas là, tu vas picorer mes faines" dit-il.

Le petit oiseau terrifié s'échappe pour se cacher dans un bouleau qui le chasse sans tarder :

"Je ne veux pas de toi, tu vas salir mes branches".

Repoussé par tous les arbres, le petit oiseau se couche dans la neige pour mourir.

Il voit soudain à quelques pas de là un sapin qui lui fait signe. Les ailes engourdies par le froid, il se traîne vers le sapin.

"Ici, tu ne crains rien, je te protègerai" lui dit-il.

La veille de Noël, un vent terrible souffla sur la forêt.

Tous les arbres perdirent leurs feuilles sous la force du vent. Seul le sapin conserva son feuillage, car il avait accueilli le petit oiseau malade.

Voilà pourquoi le sapin est aujourd'hui l'arbre de Noël, généreux et protecteur, autour duquel nous nous réunissons.

 

 

 

Il y a 49 millions d'années

 

Les strates fossilifères de la Formation ont été datées par radiométrie , pour donner une estimation de l' Yprésien , le stade intermédiaire de l'Éocène inférieur, il y a environ 49,4  millions d'années ,qui a été révisé à une estimation d'âge la plus ancienne. d'il y a 51,2 millions d'années, basé sur les données isotopiques du zircon détritique publiées en 2021. 


Formation de Klondike Mountain (formation géologique de l' Éocène inférieur "Yprésien" ) , à l'ouest de Curlew, Washington, USA.

Collection du Centre d'interprétation Stonerose 

Eocène, 49 millions d'années, "site sans nom", 

Le plus vieux sapin véritable décrit

Feuillage "d' Abies milleri" 

Une section de brindille de 3 cm de haut avec des aiguilles et montrant des cicatrices d'aiguilles circulaires distinctes.


 Abies milleri - fossile - brindille de 3 cm - Eocène - Kevmin  

 

 

Formation de Klondike Mountain, Republic, Ferry County, Washington, USA, 

Collection du centre d'interprétation Stonerose

Eocène, Yprésien, 49 millions d'années. 

Une graine d'aile d' Abies milleri de 2,4 cm de long .


 Abies milleri - fossile graine aile de 2,4 cm -  Eocène - Kevmin 


 

 

 

XX° siècle av. J.C. - XIII° siècle av. J. -C 

 


A l’époque pré-chrétienne en Egypte, les arbres à feuilles persistantes étaient abattus, choisis pour leur vertu à rester frais et vert à travers les quatre saisons, symbolisant l’immortalité et donc la fertilité, montés et décorés avec des offrandes de nourriture et de précieux cadeaux à leurs dieux païens. Le dieu Rê (Râ) était également fortement associé au jour de l'an.


Les prêtres égyptiens enseignant que les arbres à feuilles persistantes sont nés de la tombe de leur dieu Osiris qui a été ressuscité par l’énergie d’un arbre à feuilles persistantes après avoir été tué par un autre dieu.
 

 


A cette époque, on parlait déjà d’un arbre (L’épicéa, arbre de l’enfantement), le jour du 24 décembre, puisqu’on considérait ce jour comme la renaissance du soleil. 

Les celtes avaient adopté un calendrier basé sur les cycles lunaires. À chaque mois lunaire était associé un arbre, l’épicéa fut celui du 24 décembre.

Pour le rite païen du solstice d’hiver, un arbre symbole de vie était décoré avec des fruits, des fleurs et du blé.


 


 

I° siècle av.  J.C. 

 

Dans l’empire romain, la date du 25 décembre – qui correspondait alors au solstice – marquait la fête de la divinité solaire Sol Invictus. Elle était elle-même précédée de la semaine des Saturnales, célébrant Saturne, dieu de l’agriculture pendant laquelle il était d’usage de… s’échanger des cadeaux.

Les Romains outre le houx, le lierre, décoraient aussi pour l’occasion leurs maisons avec des branches de conifères. 
 

 

 

V° - VI° siècle

 

 

On raconte qu'en 590,  Saint Colomban de Luxeuil (540-615), moine irlandais, accompagné de ses compagnons, arrivé au sommet d'une montagne, auraient alors accroché leurs lanternes aux branches d'un grand sapin, de manière à dessiner une croix lumineuse. 

 

 

 

VII° siècle

 

A la fin du VII° siècle, aux environs de Geismar, un Moine évangélisateur Allemand , Saint Boniface de Mayence (vers 675 -754), voulant convaincre les druides germains, prononce un sermon sur la Nativité, que le chêne n’était pas un arbre sacré, comme les rites païens les ont conduits à croire. Il le prouva en abattant un arbre de chêne bien droit. Un petit sapin ne fut pas écrasé, et Saint Boniface déclara que ce serait "l'arbre de Jésus christ".

 

 

 

XV° siècle XVI° siècle

 

La ville de Riga, capitale de la Lettonie, revendique officiellement, la paternité du premier sapin de Noël. Il aurait été installé en 1510, par une guilde de marchands. D’abord destiné à être brûlé pour le solstice, il aurait finalement été préservé, décoré et érigé sur la place du marché de la ville pour célébrer Noël. Aujourd’hui encore, une dalle de pierre en signale l’emplacement.

 

 


Plus vraisemblablement, on peut dater l’apparition de la tradition du sapin de Noël au XVe siècle, dans les pays germaniques. 


Dès le XV° siècle, dans l’Occident médiéval, il était fréquent de jouer sur le parvis des églises, de scènes de la Bible, dont le récit du jardin d’Éden, notamment à l’occasion des grandes fêtes liturgiques. "Devant la difficulté de trouver un pommier avec ses fruits en plein décembre, on choisit alors un sapin". 
Les premières parures furent d’abord comestibles avec des pommes rouges, rappelant les fruits défendus de l’arbre du jardin d’Éden, puis des noix ou de "oublies" petits gateaux minces et de forme ronde, préparés à partir de farine et d'eau, de lait ou de vin blanc, d'œuf, de sucre ou parfois de miel, (destinés à rappeler l'hostie. On trouvait également des petits personnages, des poupées de chiffon et des rubans ou des papiers colorés... 


Les artisans lyonnais ont commencer à cette époque à réaliser des lamettas (clinquant, franges de métal étroites, minces et scintillantes). 


La toute première mention écrite de cette coutume remonte à 1521, dans un livre de comptes de la ville de Sélestat (Bas-Rhin), appartenant à l’époque au Saint-Empire romain germanique. 


Ce registre indique cette dépense :

"Quatre schillings aux gardes forestiers pour surveiller les mais à partir de la Saint Thomas". On payait donc les garde-forestiers pour empêcher l’abattage sauvage des "mais" (de l’alémanique meyen, "arbres festifs"). 
Quant à Saint Thomas, il se fêtait alors le 21 décembre. Pour la ville, l’interprétation ne fait aucun doute : "si la ville de Sélestat doit ainsi protéger sa forêt en prévoyant une telle dépense, il est à supposer que le fait de décorer un arbre à cette époque de l’année était relativement courant et faisait partie des coutumes". 

 


 

Christofle de Beaujeu (né en 1550) poète français de la fin du XVI° siècle

 

Je ne suis plus celui qui sous l'ombre plaisante

Je ne suis plus celui qui sous l'ombre plaisante

D'un beau rang de sapins, tout seul se promenait,

Un luth dessous son bras, qui doucement sonnait,

Me délivrant d'ennui, et de douleur cuisante :

Mais je suis bien celui qui non tant se contente

A plaidasser ici, heureux qui ne connaît

Procureurs ni procès, ains qui tout libre voit

Aux champs, à force d'yeux, tout ce qui se présente.

 

Ô que j'étais'heureux, exempt de toutes peines,

Etant dessus les bords de ces vives fontaines,

Ou à l'ombre plaisant d'un sapin tout nouveau !

 

Et puis comme lassé d'être voisin des nues,

Je venais contempler un cent de filles nues

Qui se baignaient au lac, jusqu'aux tétins en l'eau.

Paul Cezanne - les trois baigneuses

 

 

Siméon-Guillaume de La Roque (1551-1611) poète baroque français.


Complainte


...Je me plais au travail que sans cesse j'endure,

Avec ces hauts sapins mon désir se mesure

Et s'accroît tous les jours...
 


 

L'étoile n'apparaitra quant à elle qu'en 1560, signe distinctif des célébrations protestantes, pour faire la différence avec les célébrations catholiques. Un symbole correspondant à l'étoile de Bethléem, étoile ayant guidé les Rois Mages jusqu'au Christ. 
 

 

 

Pour sauver les forêts de la destruction complète de religieux fanatiques chrétiens, un décret a été émis par Ammerschwihr, en Alsace en 1561, qui proclame que :


"nul ne peut avoir pour Noël plus d’un arbuste". 


Les premiers comptes rendus des décorations de sapins de Noël décrivent des roses découpées dans du papier de couleur, des pommes, des gaufres, des cadeaux et du sucre.

 

 

XVII° siècle

 


Au début du XVIIe siècle, ces deux traditions semblent s’être confondues, 


Au cours du XVIIème apparaissent les premiers sapins illuminés, éclairés de bougies ou chandelles, souvent au nombre de douze, une pour chaque mois de l'année. 


On utilisait des coquilles de noix remplies d’huile à la surface desquelles des mèches flottaient ou des chandelles souples nouées autour des branches.

La plus ancienne mention de l’arbre de Noël comme sapin entier se trouve dans une description des usages de la ville de Strasbourg, en 1605. On y lit le passage suivant :

"Pour Noël, il est d’usage, à Strasbourg, d’élever des sapins dans les maisons ; on y attache des roses en papier de diverses couleurs, des pommes, des hosties coloriées, du sucre, etc."

Un autre témoignage de l’existence du sapin décoré pour Noël se retrouve dans l’Essence du Catéchisme que publia en 1642-1646 le pasteur protestant Dannhauer, de Strasbourg.

Il constate que depuis quelque temps, en Alsace, on suspend, à la Noël, pour la récréation des enfants, des bonbons et des jouets aux branches d’un sapin. Il déclare qu’il ignore d’où cet usage, qu’il blâme fortement, a pu tirer son origine.
 

 

 

 

XVIII° siècle

 

 

C’est en 1738 que Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, roi de France, aurait installé un sapin de noël dans le château de Versailles.

 

On trouva par la suite de plus en plus d’arbres de Noël particulièrement en Alsace-Lorraine, où existait déjà la tradition du sapin.
 

 


André Chénier (1762-1794) poète et journaliste français

 

Hercule

 

Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre

En un bûcher immense amoncelle sans nombre

Les sapins résineux que son bras a ployés.
 

 

 


En 1765, Goethe se trouvant à Leipsig, chez un ami, exprime la surprise que lui cause le spectacle d’un arbre de Noël qu’il voyait pour la première fois.


Au XVIII° siècle, la coutume strasbourgeoise se répandit dans toute l’Allemagne, et de là, gagna les contrées du Nord : la Pologne, la Russie, le Danemark, la Suède et la Norvège. En Scandinavie, une touchante coutume se rattache à celle de l’arbre de Noël : c’est le "repas des oiseaux".

L’arbre de Noël est planté dans la neige, devant la porte du logis, et on le saupoudre de grain. Aussitôt les oiseaux se précipitent dans les branches du sapin symbolique et s’en donne à cœur joie de picorer. C’est pour elle, en cette rude saison, une rare bonne fortune... 

 

 

 

XIX° siècle

 

1821


Le sapin de Noël et ses décorations habituelles ont été très probablement introduits en Amérique en 1821 par les Allemands de Pennsylvanie. 


Ce fait est affirmé dans un journal ayant appartenu à Matthew Zahm de Lancaster, en Pennsylvanie dans son article qui est daté du 20 Décembre 1821 où il parle de l’arbre de Noël et de ses nombreuses décorations. 
Jusqu’à présent, il s’agit de la première mention écrite associée à des sapins de Noël qui ait jamais été trouvé en Amérique.

 

 

Tome 1. Par F.s André-Michaux,... Bessa, del. Gabriel sc.. 

François-André (1770-1855). Auteur du texte
...Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, considérés principalement sous les rapports de leur usage dans les arts et de leur introduction dans le commerce, ainsi que d'après les avantages qu'ils peuvent offrir aux gouvernements en Europe et aux personnes qui veulent former de grandes plantations... 

 

 

1824

chant de Noël d'origine allemande - O Tannenbaum, o Tannenbaum - Traduction de la version de 1824 -  Ô sapin, ô sapin

 

 

Ô sapin, ô sapin

 

Ô sapin, ô sapin

Comme tes feuilles sont fidèles !

Tu ne verdis pas seulement en été

Mais aussi en hiver quand il neige

Ô sapin, ô sapin

Comme tes feuilles sont vertes !

 

Ô sapin, ô sapin

Tu sais beaucoup me plaire !

Que de fois, à Noël,

Un arbre comme toi m'a réjoui !

Ô sapin, ô sapin

Tu sais beaucoup me plaire !

 

Ô sapin, ô sapin

Ton habit veut m'enseigner quelque chose

Espoir et stabilité

Il donne tout le temps courage et force

Ô sapin, ô sapin

Ton habit veut m'enseigner quelque chose

 

 

 

Histoire des arbres forestiers

François-André Michaux (1770-1855).

Abis canadensis 


 

 

Amable Tastu (1798-1885)   femme de lettres française, poétesse et librettiste.

Recueil : Poésies (1826).


 

Les saisons du Nord

 

Connaissez-vous ces bords qu'arrose la Baltique,

Et dont les souvenirs, aimés du Barde antique,

Ont réveillé la harpe amante des torrents ?

Connaissez-vous ces champs qu'un long hiver assiège,

L'orgueil des noirs sapins que respecte la neige,

Ces rocs couverts de mousse et ces lacs transparents ?
 

 

 

L’arbre de Noël fait son apparition à Paris, en 1837, grâce à la duchesse d’Orléans Hélène de Mecklembourg, duchesse d’Orléans. Mais ce fut un échec, les parisiens y voyant des habitudes protestantes. 

 

 

Le sapin Nordmann a été introduit en Europe au milieu du XIX° siècle. C'est Alexander von Nordmann botaniste suédophone finlandais, sujet de l'Empire russe, qui découvrit cet arbre dans le Caucase (dans l'actuelle Géorgie) alors qu'il enseignait l'histoire naturelle à Odessa, aujourd'hui en Ukraine. Il en fit parvenir les premières graines en 1838.


 

 

1844

C'est au XIX° siècle que la tradition, dans sa forme actuelle, a réellement franchi les frontières du monde germanique et gagné l’ensemble de l’Europe par le biais de l’aristocratie. 


En Angleterre,  le prince Albert de Saxe-Cobourg Gotha, né en Allemagne, mari de la reine Victoria, a importé la tradition du sapin de Noël  en 1844. 
Des illustrations de journaux de l’époque représentent ainsi la famille royale devant un arbre de Noël richement décoré. On y aperçoit notamment de très nombreuses bougies. Héritières des lumières du solstice.

Illustration datant de décembre 1848, représente la reine Victoria, le prince Albert et leurs enfants admirant un sapin de Noël

 

 

Pierre Baour-Lormian (1770-1854)  poète et écrivain français, membre de l’Académie française.


Hymne au soleil


Sous les coups réunis de l'âge et des autans

Tombe du haut sapin la tête échevelée ;

 

 

Alfred de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.

La mort du loup


Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,

Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,

Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,

Nous avons aperçu les grands ongles marqués

Par les loups voyageurs que nous avions traqués.

 

 


Alfred de Musset (1810-1857) Poète, dramaturge et écrivain français de la période romantique, 


Souvenir


Les voilà, ces sapins à la sombre verdure,

Cette gorge profonde aux nonchalants détours,

Ces sauvages amis, dont l'antique murmure

A bercé mes beaux jours.
 

 

 

1856

 

"O Tannenbaum"- traduction Laurent Delcasso (1797-1887), recteur de l’académie de Strasbourg - Mon beau sapin 

Mon beau sapin est un chant de Noël d'origine allemande. Son titre original est : O Tannenbaum. La version la plus célèbre est basée sur une musique traditionnelle et un texte de 1824 composé en allemand par Ernst Anschütz, organiste et professeur à Leipzig, Royaume de Prusse. La première version connue des paroles date de 1550, une autre version a été composée en 1615 par Melchior Franck. 


Cette chanson a été traduite dans de nombreuses langues. 


Elle a été publiée en 1856 à Strasbourg dans un recueil de chants populaires allemands librement traduits pour le public scolaire français. Les paroles sont de Laurent Delcasso (1797-1887), recteur de l’académie de Strasbourg. Elles sont accompagnées d’une partition de la mélodie arrangée pour deux voix par Pierre Gross (1823-1867), maître adjoint à l’école normale de Strasbourg.


Le Sapin

 

Mon beau sapin, roi des forêts,

Que j’aime ta verdure !

Quand par l’hiver bois et guérets

Sont dépouillés de leurs attraits,

Mon beau sapin, roi des forêts,

Tu gardes ta parure.

 

Toi que Noël Planta chez nous,

Au saint anniversaire,

Joli sapin, comme ils sont doux

Et tes bonbons et tes joujoux,

Toi que Noël planta chez nous

Par les mains de ma mère.

 

Mon beau sapin, tes verts sommets,

Et leur fidèle ombrage,

De la foi qui ne ment jamais,

De la constance et de la paix,

Mon beau sapin, tes verts sommets,

M'offrent la douce image.
 

La fête de Noël. Illustration extraite de Beaux jours et fêtes des petits enfants,

 

 

Louise Ackermann (1813-1890) poétesse française.

Recueil : Contes et poésies (1863).


In memoriam (I)

 

Hélas ! avec l'amour ont disparu ses charmes ;

Et sous ces grands sapins, au bord des lacs brumeux,

Je verrais se lever comme un fantôme en larmes

L'ombre des jours heureux.
 

 

 

Cette tradition se généralisera en fait après la guerre de 1870 dans tout le pays grâce aux immigrés d’Alsace-Lorraine qui firent largement connaître la tradition de l’arbre de Noël aux Français.


Mais ce sont les Alsaciens qui, en émigrant en France après la guerre de 1870, en ont véritablement répandu l’usage dans les foyers français.

 

 

Gravure du XIXe siècle

Noël dans la famille de Luther 


 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,


Nous


Pas plus que le sapin ne cesse d'être vert,

Pas plus que le soleil ne renonce au solstice,

Nous n'oublions l'honneur, le droit et la justice ;

 

Henri Durand (1818-1842) Poète vaudois de langue 

Recueil : Poésies complètes (1858).

 


Sous le sapin.


Quand je m'assieds sous le sapin,

Grave et seul dans ma rêverie,

J'oublierais là soir et matin

Tout, jusqu'aux fleurs de la prairie,

Sous le sapin.

 

J'écoute aux branches du sapin

Le souffle des airs, à toute heure

Murmurant une hymne sans fin,

Harpe des bois qui chante et pleure

Sous le sapin.

 

Je vois le ciel sous le sapin

A travers le sombre feuillage

Sur lequel l'hiver passe en vain,

Et je songe aux hivers de l'âge

Sous le sapin.

 

Lors je me dis, sous le sapin :

Les fleurs de l'herbe sont bien belles,

Mais durent à peine un matin ;

Cherchons les beautés éternelles

Sous le sapin.

 

Je voudrais, comme le sapin,

Me voiler d'un feuillage austère,

Et, cherchant en haut mon chemin,

Laisser mon ombre seule à terre

Sous le sapin

 

Car on m'a dit, sous le sapin,

Toute notre gloire mortelle

Pour l'âme est un rêve trop vain

Et doit dormir un jour sans elle

Sous le sapin.

 

Toi donc qui viens sous le sapin,

Regarde-moi sans trop sourire !

Et donne-moi ta douce main ;

Je n'ai plus qu'un mot à te dire

Sous le sapin.

 

Crois-moi, crois-moi, sous le sapin !

Tu sais combien mon âme t'aime ;

Mais notre amour, qu'il soit divin

Et qu'il s'appuie au tronc suprême

Sous le sapin.
 

 



 

 

Charles Dickens (1812- 1870) considéré comme le plus grand romancier de l'époque victorienne. Dès ses premiers écrits, il est devenu immensément célèbre, sa popularité ne cessant de croître au fil de ses publications.


..."Cet arbre, planté au milieu d’une large table ronde et s’élevant au-dessus de la tête des enfants, est magnifiquement illuminé par une multitude de petites bougies et tout garni d’objets étincelants.

Il y a des poupées aux joues roses qui se cachent derrière les feuilles vertes, il y a des montres, de vraies montres, ou du moins avec des aiguilles mobiles, de ces montres qu’on peut remonter continuellement ; il y a de petites tables vernies, de petites armoires et autres meubles en miniature qui semblent préparés pour le nouveau ménage d’une fée ; il y a de petits hommes à face réjouie, beaucoup plus agréables à voir que bien des hommes réels - car si vous leur ôtiez la tête, vous les trouveriez pleins de dragées.

- Il y a des violons et des tambours, des livres, des boîtes à ouvrage, des boîtes de bonbons... toutes sortes de boîtes ; il y a des toutous, des sabots, des toupies, des étuis à aiguilles, des essuie-plumes et des imitations de pommes, de poires et de noix, contenant des surprises. Bref, comme le disait tout bas devant moi un charmant enfant à un autre charmant enfant, son meilleur ami : Il y avait de tout et plus encore ! ..."


 

 

 

1872

Johan Georg Otto von Rosen (1843-1923)  peintre suédois

Le marché de Noël 


 

 

 

François Coppée (1842-1908) Poète français  

Recueil : Les Humbles (1872).

 

Le sapin de Noël

 

Joujoux d'Allemagne.

L'odeur de ces joujoux mal taillés et mal peints

M'a permis de courir tes déserts de sapins,

Et j'ai connu ton ombre immense, ô forêt Noire !

 

 


Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

Recueil : Amour (1888).


Bournemouth


Le long bois de sapins se tord jusqu'au rivage,

L'étroit bois de sapins, de lauriers et de pins,

Avec la ville autour déguisée en village :

Chalets éparpillés rouges dans le feuillage

Et les blanches villas des stations de bains.

 

 

 

François Coppée (1842-1908) Poète français  

Souvenir du Danemark

 

A la princesse D.....

 

C'est un parc scandinave, aux sapins toujours verts,

Où le vent automnal courbe les fleurs d'hivers

Dans les vases de marbre ancien sur la terrasse ;

 

 

 

 

Stéphane Mallarmé (1842-1898) poète français, également enseignant, traducteur et critique d'art

Recueil : Poèmes de jeunesse.


Soleil d'hiver

Son aiguillette, sans bouffette,

Triste, pend aux sapins givrés,

Et la neige qui tombe est faite

De tous ses cartels déchirés !

 

 

Anatole France (1844-1924) écrivain français, 

Recueil : Les poèmes dorés (1873).

 


Les sapins

 

On entend l'Océan heurter les promontoires ;

De lunaires clartés blêmissent le ravin

Où l'homme perdu, seul, épars, se cherche en vain ;

Le vent du nord, sonnant dans les frondaisons noires,

Sur les choses sans forme épand l'effroi divin.

 

Paisibles habitants aux lentes destinées,

Les grands sapins, pleins d'ombre et d'agrestes senteurs,

De leurs sommets aigus couronnent les hauteurs ;

Leurs branches, sans fléchir, vers le gouffre inclinées,

Tristes, semblent porter d'iniques pesanteurs.

 

Ils n'ont point de ramure aux nids hospitalière,

Ils ne sont pas fleuris d'oiseaux et de soleil,

Ils ne sentent jamais rire le jour vermeil ;

Et, peuple enveloppé dans la nuit familière,

Sur la terre autour d'eux pèse un muet sommeil.

 

La vie, unique bien et part de toute chose,

Divine volupté des êtres, don des fleurs,

Seule source de joie et trésor de douleurs,

Sous leur rigide écorce est cependant enclose

Et répand dans leur corps ses secrètes chaleurs.

 

Ils vivent. Dans la brume et la neige et le givre,

Sous l'assaut coutumier des orageux hivers,

Leurs veines sourdement animent leurs bras verts,

Et suscitent en eux cette gloire de vivre

Dont le charme puissant exalte l'univers.

 

Pour la fraîcheur du sol d'où leur pied blanc s'élève,

Pour les vents glacials, dont les tourbillons sourds

Font à peine bouger leurs bras épais et lourds,

Et pour l'air, leur pâture, avec la vive sève,

Coulent dans tout leur sein d'insensibles amours.

 

En souvenir de l'âge où leurs aïeux antiques,

D'un givre séculaire étreints rigidement,

Respiraient les frimas, seuls, sur l'escarpement

Des glaciers où roulaient des îlots granitiques,

L'hiver les réjouit dans l'engourdissement.

 

Mais quand l'air tiédira leurs ténèbres profondes,

Ils ne sentiront pas leur être ranimé

Multiplier sa vie au doux soleil de mai,

En de divines fleurs d'elles-mêmes fécondes,

Portant chacune un fruit dans son sein parfumé.

 

Leurs flancs s'épuiseront à former pour les brises

Ces nuages perdus et de nouveaux encor,

En qui s'envoleront leurs esprits, blond trésor,

Afin qu'en la forêt quelques grappes éprises

Tressaillent sous un grain de la poussière d'or.

 

Ce fut jadis ainsi que la fleur maternelle

Les conçut au frisson d'un vent mystérieux ;

C'est ainsi qu'à leur tour, pères laborieux,

Ils livrent largement à la brise infidèle

La vie, immortel don des antiques aïeux.

 

Car l'ancêtre premier dont ils ont reçu l'être

Prit sur la terre avare, en des âges lointains,

Une rude nature et de mornes destins ;

Et les sapins, encor semblables à l'ancêtre,

Éternisent en eux les vieux mondes éteints.

 


 

Jean Aicard (1848-1921) poète

Recueil : Les jeunes croyances (1867).


Solidarité.


..."Là, dans les rochers gris, immuable comme eux,

S'élève le sapin rêveur auprès du chêne ;"...

 


 

1870-1871

Otto Günther-Naumburg (1856-1941) peintre et professeur d'université allemand 

L'arbre de Noël allemand dans les temples de la renommée à Versailles, guerre franco-prussienne, 1870-1871


 

 


1877

H.J. Overbeek

Illustration danse autour de l'arbre de Noël 

 

 


Georges Dubosc (journaliste français 1854-1927) 

Dans le Journal de Rouen du 25 décembre 1897, écrivait : 

..."Devant les yeux émerveillés des touts petits, le verdoyant sapin, illuminé de mille petites lumières tremblotantes, se dresse tout chargé de jouets et de cadeaux qui, pendant des heures, mettent du bonheur dans les âmes de tout ce monde enfantin.

A ces joujoux d’un jour, on joint quelquefois une large distribution de bons vêtements chauds et de hardes neuves : tricots qui recouvrent les petits membres grelottants, mitaines qui préservent des engelures, foulards où s’enfouissent les petits nez rougis par la bise, bonnes galoches qui sonnent sur le pavé au moment des glissades. Et comme il n’est point de belles fêtes sans chanson, on chante quelques-uns de ces jolis noëls naïfs, sur des airs qui ont traversé les siècles et qui n’en sont pas moins une bonne et égayante musique"...

Joyeux Noël, Viggo Johansen, 1891


 

 

 

Jean Lorrain (1855-1906) écrivain français

 

Mélusine

..."La splendeur de sa gorge éblouit le regard

Et l'émail de ses dents a des clartés divines ;

Mais Mélusine est folle et fait dans les ravines

Paître au pied des sapins la biche et le brocart"...

 

 

Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.


Forêts

..."Tous ceux que visita la Douleur solennelle,

Et que n’émeuvent plus les soirs ni les matins,

Rêvent de s’enfoncer au coeur des vieux sapins,

Et de coucher leur vie à leur ombre éternelle"...

 

 

Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.


Les monts

..."Ils semblent redresser leur antique stature,

Ravis de voir flotter comme une chevelure

Leurs grandes forêts de sapins"...

 

 


Charles Guérin (1873-1907) Poète français 

Recueil : Le cœur solitaire (1896).


Chansons, chansons, chansons.

..."Et qu'on ne laisse auprès de moi

Que mon fidèle vieux chagrin,

Un rameau de sapin des bois

Et des branches de romarin"...


 

 

 

XX° siècle

 


1900

Illustration A. Schwartz 

Un moment critique à bicyclette  - étrennes de Noël 


 

 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et une romancière française d'origine roumaine,


 

L'hiver


C'est l'hiver sans parfum ni chants...

Dans le pré, les brins de verdure

Percent de leurs jets fléchissants

La neige étincelante et dure.

 

Quelques buissons gardent encor

Des feuilles jaunes et cassantes

Que le vent âpre et rude mord

Comme font les chèvres grimpantes.

 

Et les arbres silencieux

Que toute cette neige isole

Ont cessé de se faire entre eux

Leurs confidences bénévoles...

 

- Bois feuillus qui, pendant l'été,

Au chaud des feuilles cotonneuses

Avez connu les voluptés

Et les cris des huppes chanteuses,

 

Vous qui, dans la douce saison,

Respiriez la senteur des gommes,

Vous frissonnez à l'horizon

Avec des gestes qu'ont les hommes.

 

Vous êtes las, vous êtes nus,

Plus rien dans l'air ne vous protège,

Et vos coeurs tendres ou chenus

Se désespèrent sur la neige.

 

- Et près de vous, frère orgueilleux,

Le sapin où le soleil brille

Balance les fruits écailleux

Qui luisent entre ses aiguilles...


 

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918), poète et écrivain français, critique et théoricien d'art. 

Rhénanes, Alcools, 1913

 

Les Sapins

 

Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus

Comme des astrologues

Saluent leurs frères abattus

Les bateaux qui sur le Rhin voguent

 

Dans les sept arts endoctrinés

Par les vieux sapins leurs aînés

Qui sont de grands poètes

Ils se savent prédestinés

À briller plus que des planètes

 

À briller doucement changés

En étoiles et enneigés

Aux Noëls bienheureuses

Fêtes des sapins ensongés

Aux longues branches langoureuses

 

Les sapins beaux musiciens

Chantent des noëls anciens

Au vent des soirs d’automne

Ou bien graves magiciens

Incantent le ciel quand il tonne

 

Des rangées de blancs chérubins

Remplacent l’hiver les sapins

Et balancent leurs ailes

L’été ce sont de grands rabbins

Ou bien de vieilles demoiselles

 

Sapins médecins divaguants

Ils vont offrant leurs bons onguents

Quand la montagne accouche

De temps en temps sous l’ouragan

Un vieux sapin geint et se couche


 

 

 

Ion Talos (1934) Anthropologue

Université Babeș-Bolyai

Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine

Sapin (Bradul).


Arbre sacré et merveilleux, il dissimula la Vierge Marie et Jésus aux yeux de leurs poursuivants et fut donc béni : il serait toujours vert et sa cime aurait la forme d'une croix. Son caractère sacré ressort bien de la confession qui lui est  faite, parce que le berceau de Jésus y fut suspendu et parce que les pâtres font jaillir le Feu vivant en frottant deux morceaux de son bois (Feu et Fumée).


Le sapin est utilisé pour différentes pratiques magiques et religieuses. Lorsqu'on construit une maison, on plante un sapin ou une branche à proximité,  afin d'apporter aux habitants bonheur et joie. 


Dans les rites calendaires tel celui des Gars de Brasov (Junii brasovenï), les acteurs rapportent de la forêt des sapins dont ils ornent les marioles de la ville ainsi que les portails des maisons des édiles. 


Le sapin revêt une grande importance dans les rites nuptiaux, et funéraires. Le soir du charivari a lieu la "Danse du Sapin" à la ferme du fiancé, ronde autour d'un sapin décoré. Le jour des noces, les gars portent l'arbre chez la promise où, après d'autres cérémonies, une nouvelle ronde a lieu ou l'arbre est aspergé d'eau. Les participants à la noce, les étendards, les animaux et la localité sont ornés de branches de sapin. 

 


Quand un ou une célibataire décède, sept ou neuf gars gagnent la forêt à pied ou à cheval et cherchent le "Sapin du Mort". Lorsqu'ils croient l'avoir trouvé, il s'agenouillent et récitent le Notre Père. Chacun lui donne un seul coup de hache et l'arbre doit donc tomber après sept ou neuf coups. On l'emporte alors à la maison du défunt. En chemin, on rencontre des filles qui chantent le "chant du Sapin" (cântecul bradului) et décorent l'arbre comme pour un fête joyeuse. On porte le mort et le sapin au cimetière et on le plante sur la tombe où il représente la fiancée (ou le fiancé) du disparu (ou de la défunte). Cette cérémonie remplace les noces.


Le "chant du Sapin", probablement très ancien, présente un dialogue entre les chanteuses et l'arbre évoquant le triste sort de ce dernier qui doit échanger la montagne contre une plaine bourbeuse. 
 

 

 

 

 

Jean-Louis Vanham (1937)  Poète, critique littéraire, conteur pour enfants

 


Trois petits sapins


Trois petits sapins

Se donnaient la main

Car c’était Noël

De la terre au ciel.

 

Prirent le chemin

Menant au village

Jusqu’à l’étalage

D’un grand magasin.

 

Là, ils se couvrirent

De tout ce qui brille :

Boules et bougies,

Guirlandes pour luire,

 

Et s’en retournèrent

La main dans la main

Par le beau chemin

De l’étoile claire

 

Jusqu’à la forêt

Où minuit sonnait,

Car c’était Noël

De la terre au ciel.


 


 

Marcel Rieder (1862-1942) peintre français

Décoration de l’arbre de noël

 

 

 

Paris - Librairie agricole de la maison rustique (1829-1974)

Revue horticole.. 

Abies Nordmanniana


 

 

 

Dominique Dimey, née en 1957 à Issoudun, est une auteure-compositrice-interprète Française.

 

 

C’est la grève des sapins,

 


C’est la grève des sapins,

Des aiguilles, des pommes de pin

Ils veulent tous être palmiers,

Cerisiers et bananiers.

 

Les sapins sont fatigués

A la fin de chaque année.

Toutes ces guirlandes à porter

Ca leur donne le dos courbé.

 

Les sapins sont enrhumés

De vivre près des cheminées.

Sans air pur, sans horizon

Enfermés dans des maisons.

 

Les sapins en ont assez

De faire de l’ombre l’été

Sans être remerciés,

Et l’hiver d’être coupés.

 

Les sapins ont déclaré

Que pour la nouvelle année,

Ils se mettront en congé,

La forêt sera fermée.

 

Les sapins s’en vont au vert,

Les sapins quittent l’hiver,

Pour aller se faire bronzer,

Au chaud sous les cocotiers!


 

 

 

Delia Suiogan (1966) Professeur d'université


sur la vraie signification du sapin dans la tradition roumaine ancienne. 

(Trad. Valentina Beleavski)


écrit :


..."Le sapin est un des doubles végétaux de l'être humain dans la culture roumaine. Il fait l'objet de nombreux rituels. Le fait qu'il est connu de nos jours uniquement en tant que sapin de Noël prouve que la culture roumaine a perdu de nombreux rites anciens. D'où l'importance de déchiffrer les sens anciens des symboles de notre culture. C'est à peine au 17e siècle que le sapin de Noël apparaît dans la culture roumaine, donc très tard. Certaines communautés traditionnelles roumaines ne l'acceptent toujours pas. Ce qui est une bonne chose à mon avis. Dans la tradition roumaine ancienne, le sapin a une toute autre signification. Il est même interdit d'apporter le sapin à l'intérieur de la maison. C'était un mauvais signe que d'apporter le sapin coupé prématurément dans son habitation"...


Le sapin accompagnait les gens tout le long de leur vie, étant un élément clé de tous les moments de transition :


..." le baptême, les noces et les funérailles. Delia Suigan nous en dit davantage : «Le sapin, en tant que double végétal de l'être humain, est utilisé dès la naissance d'une personne jusqu'à sa mort. Par exemple, lors de la cérémonie du baptême, au moment où un enfant recevait son nom on lui désignait un sapin. La manière dont le sapin poussait illustrait le développement de l'enfant. D'où le parallélisme entre l'univers humain et celui végétal. Le sapin fait aussi partie du rituel des noces. On coupait le sommet du même sapin qui avait été offert à l'enfant, pour que le jeune homme qui se mariait l'utilise en tant que drapeau de noces. Le sapin devenait ainsi le témoin du nouveau contexte social et culturel dans lequel l'homme se retrouvait une fois marié. Le sommet du sapin était attaché à l'extérieur de la maison, où il restait jusqu'au moment où il tombait tout seul. De nombreux symboles l'accompagnaient, dont celui d'une famille qui devenait un tout et qui ne se séparait plus jamais. Enfin, au moment des funérailles, on coupait le tronc du même sapin pour le transformer en lance, un autre symbole funéraire. Il devenait ainsi l'échelle par laquelle l'âme allait remonter vers le ciel"....  


Dans de nombreux ouvrages, le sapin est associé à un axis mundi, une liaison permanente entre le Ciel et la Terre que les communautés traditionnelles tentaient de préserver. Cet arbre éternel devient ainsi un des éléments dont les symboles sont presque inconnus de la société moderne, mais dont les valeurs spirituelles sont très anciennes et très profondes


 

 

 

 

La route des sapins

 

Une route de 42 km de Champagnole à Levier au travers de la forêt jurassienne, jalonnée de 21 sites touristiques permettant de découvrir son histoire, sa faune, sa flore, sa particularité, son exploitation, ses balades, ses belvédères, ses aires de jeux...


La route des Sapins relie Levier au sud de Pontarlier dans le Doubs à Champagnole dans le Jura et permet de pénétrer au cœur des plus belles forêts de résineux de la Franche-Comté.

 

La Forêt de la Joux, une des plus belles sapinières d’Europe.
 

 

 

La Forêt de la Joux - Jura

 

La forêt de la Joux est une forêt des départements du Jura et du Doubs située sur le rebord du second plateau du Jura, à une altitude comprise entre 634 et 995 mètres. La majeure partie du massif relève du Domaine. Elle est prolongée au sud par la forêt de la Fresse et au nord par la forêt de Levier.

Elle est considérée comme l’une des plus belles sapinières de France. Certains de ses plus grands sapins atteignent près de 50 mètres de hauteur. Les sapins y représentent environ 70 % des individus, devant les épicéas (environ 20 %) et les hêtres (10 %).

Une tradition veut que certains sapins exceptionnels soient élus président. Depuis 1897, quatre sapins ont obtenu ce titre. L'actuel, de plus de deux ans, désigné en 1964, atteint la taille actuelle de 45 mètres, son diamètre étant de 1,20 mètre.

 

 

Pointe-Sapin

est un village du comté de Kent, à l'est du Nouveau-Brunswick, au Canada.


Le village fut nommé Pointe-au-Grand-Sapin par ses fondateurs, vraisemblablement d'après la présence de sapins. Le nom prit ensuite la forme Pointe-aux-Sapins avant de prendre la forme actuelle1. La localité a aussi porté le nom de Sapin Cape en anglais.


 

 

 

Un sapin argenté (Abies Alba) remarquable

dans la région de Sibiu, dans le centre de la Roumanie, 

L'arbre est appelé "le gardien de Cibin" et serait âgé d'environ 500 ans. Selon sa légende, il aurait aidé un berger à retrouver ses moutons perdus.


Légende roumaine

un berger qui avait 10 moutons aurait abrité ses animaux sous un sapin un jour de tempête.

Il s'est endormi et, au réveil, il a constaté que les moutons étaient partis. Il a prié pour retrouver les animaux perdus et, après s'être endormi, a rêvé que le sapin était devenu très haut et épais.

Son rêve s'est réalisé et à son réveil il a grimpé à l'arbre d'où il a pu localiser ses moutons.

Le sapin multiséculaire, sentinelle de Cibin (500 ans). (Photo : Paul Bordaș)

 

 

 

Langage des arbres

 


- Le sapin exprime l'espoir dans l'adversité et une élévation spirituelle ou sociale,

- L'épicéa symbolise la durée, le temps qui passe.

- Le sapin est le symbole de la période des fêtes de Noël et fin d’année

 

 

 

Mythes, rites et traditions du sapin

 

- En Allemagne, il était sensé favoriser la fécondité pour les jeunes mariés ou la prospérité des troupeaux.

- On retrouve des témoignages de ce symbole de prospérité en Silésie et dans les Sudètes.

- En Roumanie, on plante un sapin ou une branche à proximité,  afin d'apporter aux habitants bonheur et joie. Le sapin revêt une grande importance dans les rites nuptiaux, et funéraires. 

- En Angleterre, par contre, il avait plutôt des connotations funestes. Il était réputé pour empêcher un mort de revenir dans sa maison ou signifiait encore l’annonce de la fin prochaine du propriétaire d’un sapin frappé par la foudre.

- C’est pour les cadeaux de Noël des enfants qu’il est le plus universellement connu et utilisé.


 

 

 

Utilisation du sapin


- Le bois de sapin est dense, peu résineux, et utilisé en menuiserie, papeterie et charpente.

- C'est de la résine du sapin que l'on extrait la térébenthine.

 

 

Utilisations alimentaires

 

les jeunes pousses ont une saveur acidulée rappelant le citron: elles sont parfois amères. On peut les grignoter telles quelles ou les ajouter aux salades ; elles peuvent aromatiser divers aliments, le poisson en particulier.

 

 

Le Miel de Sapin :

son utilisation et ses bienfaits


Le miel de sapin est un miel rare, il est très réputé chez les amateurs de par son goût unique et sa rareté. Il arrive même que ce miel soit en pénurie pendant plusieurs années consécutives, ce qui le rend encore plus attractif.

 

Ce miel est unique et ne provient pas du nectar des fleurs comme les autres miels mais des aiguilles du sapin. C’est ce que l’on appelle le miellat, produit principalement par les pucerons et les cochenilles. Les abeilles butinent ces ressources riches en sucres pour le transformer en bon miel.

 

Il faut savoir que pour mériter l’appellation "miel de sapin" la concentration de miellat doit approcher les 80% !


Le miel de Sapin est principalement produit dans les Vosges, comme celui de Secrets de Miel, mais également dans le Jura, l’Alsace et le Massif Central. Il est d’une teinte foncée mais sa couleur peut varier selon le terroir de production.

 

 

Vertus médicinales du sapin
 

- L’huile essentielle des aiguilles du sapin pectiné (Abies alba), l’essence la plus répandue dans les Vosges, est expectorante, antitussive, antibactérienne. Indiquée en période de froid et de fêtes, elle est utile dans les bronchites, la sinusite, les rhumes et toute infection de l’appareil ORL et d’un usage agréable en inhalation en raison de ses effluves balsamiques.  Précieuse aussi est sa capacité à redonner un coup de fouet à un organisme en panne d’énergie en stimulant les glandes surrénales. Pour cet usage, quelques gouttes pures en massage sous la plante des pieds le matin permettent d’affronter une journée énergique.

- Les bourgeons de sapin sont également utilisés en phytothérapie sous forme de tisane, ou dans des sirops pour leurs propriétés sur les voies aériennes. 


- La gomme de sapin baumier  est une oléorésine utilisée en optique et en pharmacie sous le nom de "baume du Canada"

Il pourrait également être l'annedda, l'arbre de vie qui sauva l'équipage de Jacques Cartier d'une épidémie de scorbut.

 

 

 

Ethnobotanique amérindienne


Les Amérindiens l'utilisent :

 

à des fins médicinales diverses.

- La gomme pour les démangeaisons légères et comme onguent antiseptique.

- La gomme en cataplasme sur les fractures, les plaies ouvertes et les blessures, les piqûres d'insectes, les furoncles,les infections, les brûlures, les rhumes,

- Les aiguilles pour faire un thé laxatif et pour faire des cataplasmes. Les racines pour les maladies cardiaques.

- La sève comme remède contre le rhume et toux, les troubles pulmonaires.

- infusion de l'écorce et parfois du bois pour la toux.

- infusion de l'écorce, parfois mélangée à de l'écorce d'épinette et de mélèze, pour soigner la gonorrhée. 

les bourgeons, les cônes et l'écorce interne pour la diarrhée, utilisent utilisent les cônes pour les coliques

- les bourgeons comme laxatif.

- La gomme fondue sur des pierres chaudes est utilisée en inhalation, et les émanations pour soigner les maux de tête.

- Le baume liquide provenant des cloques d'écorce est utilisé pour les yeux douloureux.

- L'écorce est également utilisée pour faire une boisson

 

 

A des fins utilitaires

 

- Les feuilles, les aiguilles et le bois sont fourrés pour faire des oreillers. La croyance veut  que l'arôme empêche d'attraper un rhume. 

- Les rameaux sont utilisés comme tapis pour le sol des tentes, pour fabriquer des abris en broussailles et le bois sert à la fabrication des pagaies.

- Les aiguilles sont utilisées pour la literie, les racines comme fil, et  la poix pour imperméabiliser les coutures des canoës.

- Ils font bouillir la résine deux fois et l'ajoutent au suif ou à la graisse pour faire une poix de canoë.

- Le bois de sapin est utilisé comme combustible.

 

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 23:39

 

 

Mythologie des arbres

 

Le houx


 


Le houx (Ilex aquifolium L., 1753)

est un petit arbre, à feuillage persistant de la famille des Aquifoliacées, 
C'est une espèce de sous-bois, du genre Ilex, assez commune en Europe jusqu'à 1 500 m d'altitude.

Il a une croissance relativement lente, guère plus de 15 à 20 cm par an.

Selon les variétés, la hauteur adulte varie de 1,20 m à plus de 20 m !

300 ans, c’est la durée de vie couramment atteinte par le houx.

En raison de ses formes, et de leurs couleurs très variées, les houx sont de beaux arbustes d’ornement. D’une très grande rusticité, ils réussissent dans toutes les régions et acceptent la plupart des sols, même s'ils préfèrent une légère acidité. 

Les rameaux sont couverts de fruits rouge vif,  d'un feuillage persistant avec des feuilles piquantes.


"En décembre, dans les forêts brumeuses,

le houx seul s'est paré pour la renaissance

du soleil à l'équinoxe le plus pâle.

Ferme dans sa cotte plus verte et plus solide,

qui tranche sur la foule triste des arbres en haillons,

riche de ses pendeloques vermeilles,

il attend, roi mage des grands bois, se lever l'étoile de Noël." 

 

Pierre Lieutaghi (1939) écrivain et ethnobotaniste français.


 


 

Roi de l’hiver, le houx tire de son feuillage persistant, le symbole de son immortalité.

Si le vert de ses feuilles et le rouge de ses fruits le prédestinent à la parure des fêtes de Noël, il est aussi méconnu pour de nombreux attraits comme la très grande qualité de son bois ou de ses vertus thérapeutiques.

 

Le houx est intéressant au jardin tout au long de l'année. Persistant, résistant, il supporte le froid, les embruns et la pollution. Portant des fruits de différentes couleurs selon les espèces, vert sombre ou panaché, baies rouges, oranges ou jaunes.

Les petites baies à l’automne qui resteront sur l’arbuste tout au long de l’hiver et feront le bonheur des oiseaux, des merles notamment.

Merlette dans une haie de houx © Getty - middelveld


Le houx est une plante dioïque, il faut donc un pied mâle et un pied femelle pour obtenir les fameuses baies ornementales rouges, oranges, jaunes, blanches ou noires qui apparaissent en automne sur les plantes femelles uniquement. Il existe toutefois quelques variétés autofertiles. 

 

Le houx aime pousser dans les sous-bois ou à l'ombre d'un mur. Il atteint plusieurs mètres de haut et est un excellent refuge pour les oiseaux qui y construisent leurs nids à l'abri de leurs prédateurs, qui osent rarement se confronter à ses piquants. Le houx apporte la chance aux maisons scandinaves qui le plantent en leur jardin.

 

Cette essence est dite d'ombre et qualifiée de "dryades" par les forestiers.
 


Les baies rouges sont portées par les pieds femelles qui ont besoin de la présence d’un pied mâle pour être fécondées.

 

La dispersion de son pollen par le vent (anémochorie) ou les insectes (entomochorie), les fleurs mâles leur offrant pollen et nectar contrairement aux fleurs femelles qui ne produisent que du nectar.
 


Les baies du houx sont en revanche toxiques pour l’homme.

 

Le houx original et décoratif, est recherché au moment de Noël. C'est d'ailleurs la plante la plus souvent représentée pour illustrer les fêtes de fin d'année. 

C’est cette particularité qui en fait un arbuste très décoratif durant l’hiver.

 


 

La floraison a lieu en mai-juin. 

 

Les fleurs mâles petites à 4-5 pétales portent 4-5 étamines soudées à la base de la corolle, alternes avec les pétales et un pistillode (pistil stérile). Les petites fleurs femelles blanches ou un peu rosées, petites, pédonculées. La pollinisation est entomophile.


Les baies sont portées par les pieds femelles qui ont besoin de la présence d’un pied mâle pour être fécondées. Ce sont de petites drupes sphériques vertes, puis jaunes et en fin rouges à maturité.

 

Ils contiennent des noyaux jaunâtres contenant chacun une graine lignifiée triangulaire. 

 

Bien que toxiques pour l’homme, ces baies qui persistent jusqu’en mars sont consommées par certains oiseaux frugivores (merles, grives notamment).

 

Le houx s’adapte à beaucoup de terrains tout en préférant les sols acides, humides et bien drainés. Toutefois, il peut être parasité par une minuscule mouche Phytomyza illicis dont la larve s’abrite et se nourrit de ses feuilles. 

 

En vieillissant le houx Vénérable devient inoffensif. Il cesse de fabriquer des piquants autour de ses feuilles, et peut devenir un arbre imposant,:

comme le gros houx du cloître de Tronchet (Ille-et-Vilaine)

Un tour de tronc égal à 2,09 m

environ 11 m de hauteur, 

Certaines feuilles du bas ne présentaient pas de piquants ou du moins de manière beaucoup moins prononcée.

Son âge estimé 140 à 180 ans.

Houx du cloître de Tronchet (Ille-et-Vilaine)


 

 


Il existe des plants mâles et des plants femelles, mais il faut au moins un plant mâle et six à huit plants femelles pour produire les baies.

 

Outre le fait d’être les seuls à porter les baies, les plants femelles se reconnaissent très facilement grâce à leurs feuilles plus arrondies et moins piquantes et leurs fleurs qui présentent un renflement vert au centre. 

 

Attention aux confusions ! Le houx est souvent confondu avec le fragon épineux, souvent appelé petit houx.

 

Le Fragon petit-houx ou Fragon faux-houx (Ruscus aculeatus) est un sous-arbrisseau sempervirent dioïques de la famille des Asparagaceae (ou des Liliaceae, selon la classification classique) poussant dans l'aire méditerranéenne-atlantique.

 

1885 - Otto Wilhelm Thomé,(1840-1925), botaniste allemand , illustrateur - Ruscus aculeatus - Fragon faux-houx 

 

 

 

Ilex aquifolium - Houx commun


Le houx commun (Ilex aquifolium) est l'espèce la plus connue, c'est celui qui peuple nos bois et nos forêts.

 

Il a de tout temps été appécié pour son feuillage vert foncé luisant, persistant à bords piquants et ondulés. Un arbuste de mi-ombre vraiment peu exigeant, mais un sol frais et fertile favorise, comme c'est souvent le cas pour les houx, une croissance plus vigoureuse. 

 

En hiver, il s’orne pour le plus grand plaisir de tous, de fruits en forme de petites boules rouges luisantes : ces fruits sont des baies qui murissent en septembre et persistent tout l’hiver. Entre mai et juin, le houx produit de minuscules fleurs blanches, très convoitées par tous les pollinisateurs du jardin.

Il est fréquemment associé avec le hêtre à un délicieux champignon automnal, le pied-de-mouton (Hydnum repandum), 

 

Le genre Ilex (famille des Aquifoliacées) comprend quelque 400 espèces! 


 

 

Ilex aquifolium "J.C. van Tol" - Houx sans épines Van Tol

 

est un arbuste au feuillage persistant avec la particularité de n’avoir pratiquement aucun piquant sur ses feuilles. Le houx J.C Van Tol est auto fertile et fructifie généreusement, de gros fruits rouges de septembre à mars, ceux-ci viennent décorant nos jardins en y apportant une touche de couleur durant la période hivernale.

 

L’arbuste préfère un emplacement mi-ombre dans un sol riche en humus plutôt humide, sans être pour autant exigent, sa croissance est plutôt lente, mais il atteindra 5 à 6 m de hauteur après plusieurs années s’il n’est pas taillé.


 

 

Les baies du houx ne sont pas toujours rouges ! 

 

Ilex aquifolium "Amber" - Houx sans épines Amber

arbre à feuillage persistant avec des feuilles vert foncé brillantes à bords lisses ou épineux, de petites fleurs blanches (mâles et femelles généralement sur des plantes séparées) et, sur les plantes femelles, des baies couleur mandarine voyantes en automne.


 

 

Ilex aquifolium "Bacciflava" - Houx commun à baies jaunes 

Arbuste de grande taille. Le port est pyramidal et compact. La floraison aux mois de mai et juin donne des fruits très nombreux de couleur jaune. Le feuillage est persistant, ondulé et particulièrement piquant.


 


 

Ilex aquifolium "Argentea Marginata"  - Houx commun panaché 

est un arbuste ou arbrisseau dioïque, au port conique, atteignant 6 m de hauteur pour une largeur de 2,50 m. Feuillage persistant, vert bordé de blanc à reflets argentés. Feuilles largement ovées, rigides et très épineuses. Les jeunes feuilles et les nouvelles pousses sont pourpres. Fleurs blanches, d'avril à juin. Fruits rouge corail de septembre à mars, en grand nombre sur les plantes femelles. Pousse dans un sol normal, pas ou très peu calcaire. Exposition à mi-ombre ou au soleil.Taille de formation à la sortie de l'hiver. On le plante en isolé, en massif, en haie libre ou taillée.

 

 

Ilex aquifolium "Argentea Marginata Pendula" - Houx Anglais

présente un port pleureur très intéressant en sujet isolé, d'autant que son feuillage marginé de crème prend des teintes rosées lorsqu'il est jeune. Autre atout : il porte de beaux fruits rouges en automne et hiver.

Pas très vigoureux, il se développe progressivement en un grand arbuste ramifié ou éventuellement en un petit arbre arrondi aux branches arquées. C'est un houx femelle qui produira des grappes de baies rouge vif en automne s'il est pollinisé par un mâle à proximité.

Le plus approprié pour une position en plein soleil ou à l'ombre légère et tachetée avec un abri contre les vents forts.

 

 

Ilex aquifolium "Ferox argentea" - Houx hérisson

Houx hérisson, est un sujet mâle au feuillage vert brillant marginé de jaune pâle et couvert d'épines. Très ornemental, il devra tout de même être réservé à un emplacement du jardin éloigné des accès et des jeux des enfants car il est très piquant. Vous pouvez constituer des haies défensives très efficaces avec cette variété.

D’un très bel effet ornemental, il est préférable de ne pas le mettre dans un endroit de passage.

 

 

Ilex aquifolium 'Pyramidalis Fructu Luteo" - Houx Pyramidalis

Semblable au houx pyramidal, ce grand arbuste ou arbre à feuilles persistantes a un port buissonnant dense, avec des feuilles vertes brillantes. Utile comme abri ou comme haie. Idéal dans un sol bien drainé, au soleil ou à mi-ombre. Son feuillage dépourvu de piquants se pare de nombreuses baies jaunes en automne, et tout l'hiver.

 

 

Ilex x altaclerensis - Houx de Highclere

est une variété hybride issu du houx commun et du Houx de Madère : il est rustique, superbe, vigoureux et de belle stature.

Le houx de Highclere, sous ses différentes variétés, forme un arbre petit à moyen, de santé solide et toujours de très belle prestance formant un arbre au tronc gris pouvant atteindre 20 m de hauteur.

Les feuilles ne sont pas munies de piquant, elles sont tout juste parfois dentelées.

Très vigoureux ce houx tolère la pollution, les embruns et s'avère un sujet idéal pour constituer des haies brise-vent ou brise-vue. 

 


Ilex Crenata - Houx crénelé

appelé communément houx crénelé ou encore houx japonais est un arbuste d'ornement au feuillage persistant, de la famille des Aquifoliacées. Ce houx non piquant ressemble à un buis. Il est utilisé en haie, massif, pour l'art topiaire notamment sous la forme de taille dite "en nuages" et en bonsaï...

Il est originaire d'Extrême Orient et utilisé au Japon depuis des siècles. Il est considéré comme un arbre typique des jardins traditionnels japonais. C'est un arbuste vigoureux, qui aime les hivers froids et les étés relativement doux.

Cet arbuste à la floraison rose vif et au feuillage caduc peut tout de même atteindre 5 mètres de hauteur pour 3 mètres d'étalement.


 

Ilex glabra - Houx glabre

est une espèce moins commune mais intéressante pour son beau feuillage vert lustré ne comportant pas d'épine.

Le revers des feuilles est souvent tacheté de brun, de gros fruits sphériques noirs ou blancs ornent cet arbuste dont la taille peut atteindre 3 mètres en tous sens. Il sera parfait en fond de massif pour constituer un écrin aux autres plantes, et peut mettre être envisagé en haies car son feuillage est persistant tout l'hiver.


 

Ilex fargesii - Houx de Farges

est un arbuste persistant au port érigé avec des feuilles ovales-lancéolées. Il fleurit en mai-juin et ses fruits sont rouges.

C'est un arbuste originaire du centre de la Chine (Gansu, Hubei, Hunan, Shaanxi, Sichuan) où on le trouve dans les forêts, sur les pentes des montagnes de 1500 à 3000 m d'altitude. Si dans la nature il peut atteindre 4 à 8 m de haut et former un petit arbre, en culture il formera un buisson d'environ 3 à 5 m de haut. Jeunes rameaux verts, striés longitudinalement, devenant bruns ensuite. Toutes les parties sont glabres. Bourgeons terminaux étroitement coniques à apex aigu.

 

 

Ilex x meserveae - Houx de Meserve "Blue Maid"

est un arbuste vigoureux au feuillage très dense et persistant. Il produit des fruits rouges et lustrés en été.

Cette espèce horticole très rustique se plaira dans tous les jardins. Elle se décline en de nombreux cultivars comportant tous la mention 'Blue' en référence au feuillage très légèrement bleuté.

"Blue Stallion" présente des feuilles rougissant en hiver, c'est en outre un arbuste mâle, bon pollinisateur de "Blue Maid" ou "Blue Princess".

 

 

Ilex opaca - Houx américain

Cette espèce est native du centre et de l'Est des États-Unis, du Massachusetts au Texas et de la Floride au Missouri. C'est le plus connu sous le nom de "Houx d'Amérique".

C'est un arbre à feuillage persistant au port conique très ornemental dans les parcs et jardins. Son feuillage vert brillant, et ses rameaux ornés de baies bien rouges servent de décor de Noël en Amérique du Nord. 

 

 

Ilex purpurea - Ilex chinensis - Kashi Holly - Houx oriental - Houx violet

Feuilllus à feuilles persistantes, lisières de forêts sur les pentes des montagnes à des altitudes de 500 à 1 000 mètres en Chine.

C'est l'une des 50 herbes fondamentales utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise , où il a le nom Dongqing. 

 

 

Ilex verticillata - Houx verticillé

originaire du Nord-Est de l'Amérique, concurrence le houx commun. Il  se couvre de baies rouge écarlate plus nombreuses et plus attrayantes, durant l'hiver. Son feuillage étant caduc dès les premiers frimas, seules les baies ornent l'arbuste créant un contraste très graphique avec le paysage enneigé. 
La variété 'Winter Red' est d'ailleurs très recherchée car les baies persistent jusqu'au printemps suivant.


 

Ilex Paraguariensis - Yerba Maté, Maté, Thé des Jésuites, thé des Indien, Herbe de Saint-Barthélémys.

 

Originaire d'Amérique du sud Arbre ou arbuste dioïque à l'écorce lisse, gris cendré, au feuillage persistant, épais, dur, vert foncé, brillant au revers plus clair, grandes feuilles simples, ovales, à bord denté ou crénelé, mais sans épines, court pétiole légèrement rougeâtre, avec des grappes de minuscules fleurs blanc verdâdre, a fruits d'un rouge violacé ou noir.

Sa hauteur varie de 4 à 20 m à l'état sauvage. En jardin, en buisson de 3 à 6 m.

Sa boisson était déjà utilisée par les Guaranis avant l'arrivée des conquistadors, et ce furent les Jésuites qui en répandirent l'usage.


 

 

Houx royal de Tasmanie - Lomatia tasmanica

 

“Le plus vieil arbre que l'on ait identifié serait le houx royal de Tasmanie (immense île située au Sud-Est de l'Australie), de l'essence "Lomatia tasmanica" qui a plus de 43.000 ans.

Sa graine initiale aurait germé au Pléistocène, au moment de la coexistence entre Neandertal et l'homme moderne. Le premier arbre sorti de la graine est mort depuis longtemps, mais la plante, elle, ne meurt pas, plusieurs centaines de troncs se succèdent sur 1 200 mètres”, 
expliquait en 2008 Francis Hallé 


Cette plante à feuilles vert brillant et à fleurs rose-rouge ne produit ni fruit ni graine, peut vivre 300 ans, et se reproduit donc uniquement par multiplication végétative, c'est-à-dire par bouturage ou marcottage naturel.

 


 

Etymologie du houx

 

Houx :


Les origines du mot houx remontent au début du 13ème siècle sous la forme hos ou hous dérivé du bas-Francique hulis ; dérivés eux-mêmes de l’ancien germanique hulis ou huls et du moyen Néerlandais huls. Au milieu du 13ème siècle, ce même mot a donné hulseie devenu ensuite houssé, puis houssaie ou houssière, lieu planté de houx.


La racine se retrouve dans l'anglais holly, qui désigne cet arbre date du milieu du 15° siècle et remonte au milieu du 12° sous la forme holin, de l’ancien anglais holen issu de l’ancien germanique hulin ; la même origine nordique ancienne ressort en Néerlandais (hulst) ou en danois (hylver). 


Il est apparenté au celtique et  gaélique sous plusieurs formes : cuilenn, celyn ou cuilionn, cuillean et au breton kelenn, dérivés d’une racine kel signifiant piquer, probablement tiré du proto-indo-européen kulisos désignant une plante épineuse.

Des noms de lieux-dits comme la Houssaye (Normandie) dérivent de ces mots.

 

 

Ilex quifolium

L'attribut "aquifolium", emprunté par Carl von Linné à Pline, signifie littéralement "à feuille épineuse" (de folium, feuille et acus, aiguille), tandis que le nom "Ilex", qui désignait en latin l'yeuse, chêne vert, a été choisi pour la ressemblance des feuilles et l'aspect persistant. 

Acrifolium (de acer et folium) qui désignait déjà en latin le houx ; terme rencontré chez Caton sous la forme acrufolius pour qualifier des outils agricoles.

 

Le houx En gaulois : "celeno" 

En Occitan : "grefuèlh" 

En Breton : "kelen" 

En Catalan : "agrifoli", "arbre de visc" ;

En Espagnol : "acebo" 

En Hollandais : "gewone hulst"

En Italien : "Agrifolia" 

En Allemand : "gemeine stechpalme", "gewôhnliche stechpalme" ; "hulsdorn"

En Anglais : "holly", "holly tree", "holm"

holly, qui sonne comme holy, qui signifie sacré.
D'où l’expression "holy day" (jour saint, sacré), qui sera plus tard transformée en "holiday" (vacances, jour férié) !

Le houx est aussi surnommé Agrelon ; Agrilou ; Ailes de chauve-souris ; Angril ; Angrivô ; Aréoulé ; Bois à la glu ; Bois franc ; Cache-minottes ; Cache-pottes ; Cour, Crouza, Écouda, Égouriou, Epine du Christ, Épine de rat ; Gargal ; Glorieu ; Grand Housson ; Grand houx ; Grand Pardon ; Gréboul ; Gréou ; Grifeuil ; Grifol, ; Haix ; Hoise ; Houk ; Houlh ; Hour ; housson ; houx d’Europe ; Houx du diable ; Husse ; Houssar ; Hussa ; Jaruss ; Lussô ; Laurier piquant ; Mesplier sauvage ;  Oulette ; Ouyou ; Pinfou ; Pique-rat ; Rou ; Verte Huce ; Vis ; Visc ; 

 
 
Le houx,  a donné les noms communs

- houssaie "lieu planté de houx"

- houssine "baguette de houx"

- houssoir "balai de houx"


d'où les expressions houssiner : battre avec une houssine, houspigner : peigner avec un houssoir transformées plus tard en houspiller : maltraiter, tourmenter.
 

 

Des noms de lieux en France

 

Dans la moitié de la France, Nord de la ligne Nantes-Vosges

. Houx - Eure et Loire (Hussum 1247)

. Le Housseau - Mayenne

 

du picard dialectal Houssin : branche de houx

. Houchain - Pas de Calais


dérivé du catalan grévol, et langue d'oc agrèu, grèul, (aquifolium : houx)

. Gréolières - Alpes Maritimes

 

de l'Occitan grifoul (Agrifolium : houx)

. Aigrefeuille - Haute-Garonne

. Greiffeil - Aude

 

du franco- provençal égruèle (houx),

. francisé en Aigrefeuille commune de Bâgé-La-Ville

 

de acrifolium, acrifolius, occitan du Massif Central orfeuil, féminin arföla : houx
. Arfeuil - commune de Tarnac Corrèze

 

Holly by Elizabeth Blackwell from Herbarium Blackwellianum emendatum et auctum, 1754. also known as A Curious Herbal ”

Holly by Elizabeth Blackwell from Herbarium Blackwellianum emendatum et auctum, 1754. also known as A Curious Herbal ”


 

La mythologie celtique

 

 

Le roi houx et le roi chêne


Le Combat entre le Roi Houx et le Roi Chêne symbolise l'affrontement entre la saison froide (la période hivernale) et la saison chaude (la période estivale).


Les Celtes divisent l'année en deux périodes, deux saisons, une saison claire et une saison sombre, marquant ainsi la roue du temps. Les deux frères s'affrontent pour déterminer qui aura le droit de régner le plus longtemps. Le combat entre les deux se déroule au moment de Yule (fête du solstice d'hiver occidentale pré-chrétienne, que certaines personnes attribueraient à une sorte de proto-noël chez certains peuples germaniques),  lorsque le Roi Chêne coupe la tête du Roi Houx et prend sa place sur le trône jusqu’à la mi saison.


Le Roi Chêne, (la vie, un arbre renaissant avec son feuillage à l’arrivée du printemps) le jumeau lumineux, règne de Yule à Litha. Il représente l'expansion et la croissance. Son arbre, le chêne, symbolise la force et la longévité, son fruit, le gland, est évidemment phallique, et ses racines s'étendent aussi loin sous terre que s'élèvent ses branches, montrant ainsi qu'il règne à la fois sur le Ciel, la Terre, et le Monde Souterrain.


Le Roi Houx, le jumeau sombre, règne de Litha à Yule. Il représente la retraite et le repos. Son arbre, le Houx, a un feuillage persistant et ses baies rouge vif resplendissent quand tout le reste est sans fruit, symbole que le Roi Houx est le Gardien de la Vie pendant le repos de son frère.


Le Roi Houx serait armé d'une masse en houx justement, qui ferait aussi office de sceptre lors de son règne hivernal. Il aurait à la place des cheveux des feuilles de houx qui orneraient sa tête.


Au solstice d’hiver, les couronnes de houx commémoraient la défaite du Roi Houx. Car face au Roi Chêne incarnant la lumière, le Roi Houx ne pouvait que s’incliner, reconnaissant le triomphe de la lumière sur l’obscurité, de la vie de la mort.


Il serait aussi la personnification sombre de la roue Wiccan de l'année. Il est également vu par certains néopaïens comme un précurseur du Père Noël.


Il existe cependant des variantes à cette histoire de combat. En effet, il est parfois question de clémence envers son adversaire, qui, à la suite de sa défaite, patienterait jusqu'à la mi saison suivante pour regagner sa place sur le trône. Il peut être aussi question de célébrer la lumière qui prend le dessus sur l'obscurité par le combat de deux frères à chaque fin de saison.


Il peut également être question d'une affiliation au Dieu Cornu sous l'aspect de dieu solaire. 


En effet, Le Roi Houx et le Roi Chêne pourraient également être comparés au cycle solaire qui se lève avec la nouvelle saison et qui se couche avec la fin de l'autre saison.

 

 

On pensait que les fées qui vivaient dans le buisson de houx entraient à l’intérieur des maisons pendant les mois d’hiver pour prendre une pause du froid et des conditions difficiles.

Les branches du houx offraient de très bonnes cachettes pour les fées, les elfes et les esprits de la forêt qui y trouvaient refuge pendant la saison froide.

Le houx était une plante sacrée.

Cicely Mary Barker

 

 

En Pays de Galles, chaque 1° mai, la fête de Beltaine ou de la Lumière prétend que chaque année, le chevalier solaire du Chêne combat le chevalier lunaire du Houx.

Depuis l’époque celte, l’issue de ce combat est connue : le chevalier du Houx est vainqueur, mais épargne celui du Chêne, mais généreux, épargne son rival en échange de la couronne !…

 


 

Les druides et le houx

 


Chez les Gaulois notamment. Les druides vénéraient particulièrement cet arbre qui figurait en bonne place parmi les sept arbres sacrés de leur bosquet. Il était l’arbre de Taranis, dieu de la foudre, le 8e arbre de l’alphabet druidique. 


Chez les Celtes, le mois du houx correspondait à la période du 8 juillet au 4 août.


Il continuait d’exercer son influence les mois suivants, les druides avaient remarqué que le houx s’accroche souvent au chêne, qu’ils vénéraient par-dessus tout…

 

Les druides coupaient les branches piquantes pour en faire des bâtons de vie.


Les croyances gauloises disaient que blesser l'arbre causerait de graves problèmes aux villages voisins. Les druides croyaient puiser dans cette énergie pour accroître la leur.
 

Pour les couper correctement sur les arbres, un goutte de sang était essentielle, mais du vin rouge était censé convenir tout aussi bien. Les baies rouges incarnaient l’énergie féminine, les baies du gui symbolisaient la semence masculine. Unies dans le rituel accompli durant le solstice d’hiver, ces deux plantes devinrent "des parentes mythiques" et jouèrent le rôle vital de garantir la vie renouvelée au printemps.
 

Le houx était planté à proximité des maisons afin de protéger des maléfices, des intrusions négatives et des esprits malveillants.
 

Ce qui fascinait les druides, c’est à la fois que le houx est un poison et un remède.

Le calendrier celtique 

 


La source majeure qui nous renseigne sur le calendrier celtique est le calendrier de Coligny, qui date de l'époque gallo-romaine.

Les Druides mirent au point un calendrier lunaire annuel, constitué de treize lunes ou périodes lunaires et de cinq nuits

Les cinq nuits correspondent au premier jour de l'Année, pour la première, et les quatre suivantes ponctuent les solstices d'hiver et d'été et les équinoxes de printemps et d'automne.

A chaque lune fut attribuée à un arbre.


huitième lune - 


Lune d'yeuse ou du houx - 8 Juillet au 4 Août -L'Indépendance - 


Plante épineuse tenue pour diabolique, sauf en Hiver, quand les rameaux couvert de fruits rouges se chargent d'écarter les maléfiques de la maison.

 

 

 

Mythologie gaélique

 

 

Dans le folklore gaélique, Holly (houx) était le seigneur des bois pendant les mois où la lumière déclinait et était le rival de Oak (chêne) pour les faveurs de la dame des bois, Birch (bouleau), qui changeait son allégeance d'Oak (chêne) à Holly (houx) au milieu de l'été chaque année, puis revenait au solstice d'hiver.

Wendy Andrew La Reine du solstice d'hiver

 

 

La huitième lettre de l'alphabet gaélique est le houx. Il représente T comme houx était Tinne en vieux gaélique. Son nom gaélique moderne est cuileann.

 


 

Mythologie nordique 

 

Les Runes: écriture sacrée en Terre du Milieu

De Julie Conton

 

..."Le houx était dédié au dieu lumineux et protecteur Heimdall, le gardien vigilant du pont arc-en-ciel reliant le monde des humains, Midgard, au monde des dieux, Asgard. 


Heindall  veillait sur l'espace sacré des cérémonies. Puisqu’il garantissait la porosité entre ces deux mondes, sa présence suffisait à insuffler le sacré et, lors des célébrations funèbres, assurait la passage de l’âme défunte du monde des humains au monde des défunts.


Pour cette raison, les peuples germains et scandinaves plaçaient dans les espaces sacrés des bouquets ou des buissons de houx. Ces buissons de houx figuraient la présence de Heimdall et invoquaient la fonction protectrice du dieu. Installer des couronnes ou des bouquets de houx aux portes et dans les espaces sacrés revenait donc à placer symboliquement le dieu Heimdall en gardien de ces espaces. Il protégeait le monde humain – symbolisé par la maison – de l’extérieur qui se transformait l’hiver en un monde sombre, hostile et terrifiant, terrain de jeu des puissances maléfiques.


La forme circulaire de la couronne de houx n’est pas anodine... On reconnaît dans ce cercle le symbole du cycle des saisons, un symbole de recommencement, de renaissance et par conséquent une forme rassurante. Elle lie étroitement la récurrence de la mort du Roi Houx et la renaissance favorisée par le dieu Heimdall, intercesseur entre la vie et la mort"...

 

 

Des tribus germaniques fêtaient les esprits des bois en hiver en décorant leurs maisons de rameaux de houx.




 

 

 

Mythologie  romaine

 


C’était des rameaux de houx que les Romains utilisaient pendant les Saturnales (en latin Saturnalia) qui célébraient le dieu Saturne …ces festivités coïncidaient avec la fin des activités agricoles proche du solstice d'hiver, entre le 17 et 24 décembre, accompagnées de grandes réjouissances populaires.

 

Pendant ces festivités, les Romains s'offraient mutuellement des couronnes de houx, ou un arrangement floral en forme de guirlande ou d'une couronne. 

 

Il était aussi de coutume de décorer les maisons, les autels, les statues de Saturne avec des branches de cette plante, de s'orner soi-même ou de remercier les personnes chères par des compositions florales de verdure et de fleurs comportant un message. 


Durant cette période, les barrières sociales disparaissaient, on organisait des repas, on échangeait des cadeaux, on offrait des figurines aux enfants.

Antoine Callet (1741-1823) - Les Saturnales


 

 

 

Le houx et la religion chrétienne

 

HOUX : il fait référence au buisson ardent, à la couronne d’épine.

Selon l'Évangile de saint Marc, le roi Hérode chercha à massacrer les enfants mâles de moins de deux ans, pour être sûr d'éliminer celui que les textes prophétiques annonçaient comme le Messie roi des juifs. 


Marie, Joseph et l’enfant furent contraints de quitter la bourgade de Bethléem en Galilée pour fuir en Égypte. Des miracles jalonnant leur chemin. Sous une escorte de lions, de loups et de léopards, la famille pu avancer sans danger. Pour les nourrir et les désaltérer le palmier se baissa leur offrant ses fruits, de ses racines jaillit une source. La famille pu avancer sans danger.

Lorsque les soldats d'Hérode s'approchèrent dangereusement, un buisson de houx se dresse, et dans un élan miraculeux, s’élance et enveloppe la Sainte Famille, d’un mur de feuillage épineux, pour les cacher, et ainsi les sauver.

Anthonis van Dyck la fuite en Egypte

 
 

 

Les premiers chrétiens

Une légende raconte que la croix était en bois de houx, parce que parmi tous les arbres, seul le houx se laissa sacrifier.

 

 

la couronne de houx

Pour ne pas éveiller les soupçons et les persécutions, les premiers chrétiens, adoptèrent la tradition des couronnes, et le houx perdit ainsi son caractère païen pour devenir un symbole chrétien typique de la saison de Noël, les feuilles pointues de la couronne représentent les épines,  la forme des feuilles rappelle celle des flammes, symbole de l’amour ardent de Dieu pour son peuple, leur couleur  verte représente la vie éternelle,  et les fruits rouges, les gouttes de sang de Jésus.


 



 

La couronne de houx de l'Avent et ses 4 bougies qu'on allume une à une les 4 dimanche de décembre, en préparation de l'avènement du Christ, nous rappellent les liens entre Noël et Pâques.


Pour que l'année à venir soit profitable, il faut faire rentrer du houx à la maison à Noël.

 

 

 

Tradition et mythe suédois


Sainte Lucie (13 décembre)

 


Selon la tradition, la nuit du 13 décembre était la plus longue de l’hiver; une nuit où tous les êtres maléfiques de la croyance populaire étaient très actifs, les animaux avaient alors la possibilité de parler, et les puissances surnaturelles étaient en mouvement. 

Pour illuminer la longue nuit, repousser  et se protéger des esprits malins, les Suédois désignait la Sainte-Lucie comme la porteuse de la lumière. La population veillait et allumait de nombreuses bougies afin d’éloigner les Ombres. 

La fille incarnant Sainte Lucie marchait d’une ferme à l’autre avec son cortège.

 

Aujourd'hui encore, En Suède, tous les ans durant la période de l'avent, on célèbre encore la Sainte Lucie (13 décembre) à l'occasion de laquelle des jeunes filles déambulent dans les rues de Stockholm coiffées d'une couronne de houx ornée de bougies allumées.


 

 

 

Tradition nordique

 

Fête de Yule (21 décembre)


Symboles : Bûche de Chêne, Houx, Gui, Roue Solaire.


Cette fête est aussi appelée le "Solstice d'Hiver", car elle est fêtée lors de la nuit la plus longue de l'hiver, le 21 Décembre. Ensuite, les jours se rallongent à nouveau, c'est pourquoi les Wiccans célèbrent le retour du Soleil, symbole d'espoir et de fécondité.


Yule est une fête du solstice d'hiver occidentale pré-chrétienne, reprise par les Chrétiens, au cours du IVe Siècle, incarnant la naissance du Christ, le 25 décembre.


Yule a été associée aux fêtes de Noël dans les pays nordiques depuis la christianisation des peuples germaniques et balto-finnois.

Brightstone - Yule

 


Mythe

La fête s'observe en commémorant la mort du Holly King (Roi de houx) qui meurt tué par son successeur le Oak King (Roi de chêne). Ce sont tous deux des dieux-arbres.

Il existait la couronne horizontale, d'origine scandinave ou germanique, qui portait quatre bougies. Chaque dimanche il était coutume d'allumer une nouvelle bougie, ce qui symbolisait la renaissance de la lumière. Le plus souvent rouge, la couleur des bougies variait cependant selon les régions.

Yule Shona Mac-Donald


 

 

 

Les portes des maisons étaient décorées de couronnes de houx et de lierre (ivy) au cours des Saturnales, culte romain de Bacchus.


Les deux plantes sont utilisées pendant Yule. 


Elles sont immortalisées dans la chanson "The Holly and The Ivy".

 

Chanson de Noël

 

Le houx et le lierre
 


(Anglais)



The holly and the ivy,

When they are both full grown,

Of all the trees that are in the wood,

The holly bears the crown.

 

(Chorus)

Oh, the rising of the sun

And the running of the deer,

The playing of the merry organ,

Sweet singing in the choir.

The holly bears a blossom

As white as lily flower,

And Mary bore sweet Jesus Christ

To be our sweet savior.

 

(Chorus)

The holly bears a berry

As red as any blood,

And Mary bore sweet Jesus Christ

To do poor sinners good.

 

(Chorus)

The holly bears a prickle

As sharp as any thorn,

And Mary bore sweet Jesus Christ

On Christmas Day in the morn.

 

(Chorus)

The holly bears a bark

As bitter as any gall,

And Mary bore sweet Jesus Christ

For to redeem us all.

 

(Chorus)

The holly and the ivy,

Now both are full well-grown,

Of all the trees that are in the wood,

The holly bears the crown.

 

 

(Français)

 

(Chorus)

Le houx et le lierre,

Quand tous deux ont totalement grandi,

De tous les arbres du bois,

Le houx détient la couronne.

 

Refrain

Oh, le lever du soleil

Et la course du cerf,

Le jouer de l'orgue joyeux,

Chantant doux dans le chœur.

Le houx porte une fleur,

Aussi blanche que le lys,

Et Marie a enfanté le doux Jésus-Christ

Pour qu'il soit notre doux sauveur.

 

(Refrain)

Le houx porte une baie

Aussi rouge que le sang,

Et Marie a enfanté le doux Jésus-Christ

Pour faire du bien aux pauvres pécheurs.

 

(Refrain)

Le houx porte un piquant

Aussi pointu que toute épine,

Et Marie a enfanté le doux Jésus-Christ

Au matin du jour de Noël.

 

(Refrain)

Le houx a une écorce

Aussi amère que toute bile,

Et Marie a enfanté le doux Jésus-Christ

Pour qu'il nous rachète tous.

 

(Refrain)

Le houx et le lierre,

Maintenant ont tous deux totalement grandi,

De tous les arbres du bois,

Le houx détient la couronne.

 

(Refrain)


 

 

 

Tradition amérindienne

 


Comme les anciens Européens,  certains Amérindiens de l'est de l'Amérique du Nord croyaient que les feuilles épineuses du houx repoussait les mauvais esprits, les sorcières et les foudres du ciel. C'est pour cette raison qu'il plantaient du houx près de leurs habitations. 

 

Ils avaient découvert une méthode de séchage des baies qui en préservait toute la brillance et la rondeur. Elles servaient à la décoration des vêtements et des cheveux ainsi que de monnaie d'échange avec d'autres peuplades où le houx ne poussait pas à l'état naturel. 


Des rameaux de houx peints sur des objets ou brodés sur des vêtements étaient signe de chance. Pour les guerriers amérindiens, la plante entière avait force de symbole : la rigidité de son bois représentait leur résistance, les épines leur férocité, et la couleur persistante des feuilles, leur courage face à l'ennemi.


 


 

v. 1350 av. J.-C. – IV° siècle av. J.C.

 


Le houx était en Europe un des sept arbres principaux du nemeton celte
(mot gaulois désignant le sanctuaire, le lieu spécifique dans lequel les Celtes pratiquaient leur culte, sous la direction des druides). 

En gaélique, le nemeton se dit nemed, terme qui signifie "sacré".


Pour les druides, le houx était associé aux jours décroissants, à l’obscurité, mais aussi au renouveau de l’année suivante :  le houx prenait graduellement du pouvoir chaque automne, jusqu’à ce qu’il fasse régner l’hiver sur le monde, puis au solstice d’hiver, le chêne, prenait sa place et ramenait l’été. 
Sa présence protégeait des sorts de magie noire, d’empoisonnements, de la foudre et des mauvais esprits, et était perçue comme signe de chance et de bonne fortune : on baignait les nouveaux nés dans une infusion de houx ; on en accrochait des branches au-dessus de la porte et des fenêtres, ainsi seuls les gens bienveillants pouvaient pénétrer dans les maisons. On considérait aussi tout lieu rassemblant un houx, un chêne et un conifère comme habité par un esprit bienfaisant de la forêt.

 

Pour les Gaulois, les baies rouges du houx possédaient le pouvoir d’attirer les femmes et représentaient le principe féminin de la vie tandis que les fruits blancs du gui, qui apparaissent à la même période, en symbolisaient la semence masculine : on les associait en fin d’année dans des rites de fertilité et de réconciliation. 
 

 


 

IV° siècle avant J.C.

 


Théophraste,(v. 371 av. J.C.-288 a. J.C.) philosophe de la Grèce antique  parle d’une yeuse sauvage (prinos agria) qui, peut-être, désigne le houx.


 

I° siècle après J.C.


Pline l’Ancien (23 -79 Caius Plinius Secundus), écrivain et naturaliste romain auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).Il y mentionne que le houx et toutes les espèces de Ilex ont des feuilles piquantes. 


Aquifolia était le nom donné au houx par Pline l'Ancien, déformation d'un mot ayant pour origine l'adjectif latin acer, acris, acre signifiant pointu, perçant et apparemment redevenu à la mode du temps de Macrobe.

 


Dans histoires naturelles chapitre 15


..."L'agrifolium, pilé avec du sel, est un bon topique pour la goutte. Les fruits sont bons pour faciliter l'écoulement périodique, pour la colique, la dysenterie, et les maladies causées par la bile. Pris dans du vin, il resserrent le ventre. La racine, cuite et appliquée, fait sortir les corps étranger engagés dans les chairs. Elle est encore excellente pour les luxations et les tumeurs.

 

XXIV -116

..."L'arbre aquifolia planté près d’une maison, le houx protégeait contre la magie maléfique. Pythagore écrit que le pouvoir de leurs fleurs change l’eau en glace. Il dit également que lorsqu’un bâton de ce bois est lancé contre une bête sans suffisamment de force, il se rapprochera de lui-même jusqu’à l’animal, à une coudée environ, par sa propre magie, puisqu’un grand pouvoir réside dans cet arbre"...


 

 

 

II° siècle  - V° siècle


Lors de la christianisation de la Gaule, le houx a d’abord été vu comme un arbre païen associé au solstice d’hiver, Tertullien (Quintus Septimius Florens Tertullien v.155-v. 220) premier auteur chrétien à produire un vaste corpus de littérature chrétienne latine, interdit et bannit la pratique du  houx, comme coutume païenne.


Les autorités de l’église étaient impuissantes face à la popularité persistante des rituels du houx, et réinterprétèrent finalement la pratique en termes chrétiens.


Ils attribuèrent  à cet arbre :

- une évocation de la présence de Dieu porteur de lumière dans le buisson ardent apparu à Moïse ou dans le cœur de Marie. 

- "Selon la légende, chaque palmier qui accueillit le Sauveur Jésus lorsqu’il entra à Jérusalem, reçut des épines comme souvenir de l’épreuve à laquelle le Christ fut soumis". (Schöpf 1986, 146). 


Les feuilles piquantes du houx devinrent un symbole chrétien de la couronne d’épines et ses baies rouges devinrent le sang du Christ".

 

Après avoir proclamé le gui comme définitivement païen, le houx eut définitivement une place populaire en l’associant à Noël, avec la légende du buisson de houx qui sauva la Sainte Famille fuyant la Galilée, en l'enveloppant pour la cacher des soldats du roi Hérode qui avait décidé de massacrer tous les nouveau-nés depuis qu’il avait pris connaissance de la prophétie de la naissance du roi des Juifs. Marie le bénit, et depuis il reste toujours vert.


Les Chrétiens médiévaux associèrent le bois de houx à la croix du Christ, les piquants de ses feuilles à la couronne d’épines de la Passion, et même la couleur de ses fruits au sang versé pendant la crucifixion. Dans certaines légendes, les fruits du houx étaient blancs avant que le sang du Christ les colore de rouge.
 


 


 

 

VI° siècle - XIV° siècle.

 


Dans l’Europe médiévale, le houx était symbole de bonheur. 

On devait planter cet arbuste devant la maison pour la protéger contre les tonnerres et les éclairs, et les feuilles et les baies se chargeraient d’éloigner la sorcellerie et les mauvais esprits…

Les jeunes filles  tiraient un présage en comptant les piquants des feuilles de houx récoltées de nuit en silence. Le comptage des piquants accompagné de la comptine « fille, femme, veuve, religieuse », répétée en boucle, désignait leur destin supposé…

Durant le Moyen-Âge, du fait de sa réputation protectrice, le houx est souvent apparu sur les blasons en héraldique.


"Le Ménagier de Paris" , II, 5.

livre manuscrit d'économie domestique et culinaire. 

Il est attribué à un bourgeois parisien, qui l'aurait écrit à l'intention de sa jeune épouse afin de lui faire connaitre la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine. 

Il a été publié pour la première fois par le baron Jérôme Pichon en 1846 pour la Société des bibliophiles français.


..."Pour faire glus il convient peler le houx quant il est en sa seve",...  (pour faire de la glu il convient de peler le houx quand il est en sève)


..."Pour desroussir le vin blanc, preigne plain pennier de feuilles de houx et gecte dedens la queue par le bondonnail"...  (poour déroussir le vin blanc, prend un plain panier de feuilles de houx, et jette dedans la queue...)
 


 

XIII° siècle

 


En 1250,

Le village de Houx  (Eure-et-Loir) se nomme Hussum et son seigneur Simon est le premier vassal des seigneurs d’Épernon.

Ses armoiries sont un bouclier divisé en quatre et rempli de six feuilles de houx. La domination des terres change de mains, passant de la famille de Cintray ou bien encore au Seigneur de Hanches.

Le blason reste en mémoire.


 


 

XV° siècle


Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne 

Jean Bourdichon (1457 ?-1521) Enlumineur

Le houx - agrifolium


 

 

 

 

XVI° siècle

 

Les missionnaires découvrent dans la zone centrale d'Amérique du sud, les Guaranis (groupe de populations amérindiennes des régions amazoniennes du Brésil, d'Argentine, de Bolivie, de l'Uruguay et du Paraguay), sont connus pour être les premiers à avoir cultivé le houx (Ilex paraguariensis).

 

Les Jésuites sous le charme du maté décident alors d’initier dans la région la culture du houx du Paraguay.

 

Ainsi, l'usage et la culturese répandent dans le reste de l'Amérique du Sud, aussi loin qu'en Équateur,  lorsque le biologiste Aimé Bonpland après avoir réussi à comprendre la germination.

 

C'est pourtant une espèce menacée à l'état sauvage, notamment à cause de la déforestation.


 

 

 

XVII° siècle

 


Marc-Antoine Girard, sieur de Saint-Amant (1594-1661) poète français, auteur de poèmes burlesques, satiriques ou lyriques.


Le Soleil Levant

 

..."Le chevreuil solitaire et doux,

Voyant sa clarté pure

Briller sur les feuilles des houx

Et dorer leur verdure,

Sans nulle crainte de veneur,

Tâche à lui faire quelque honneur"...

 


1653

Histoire generale des plantes contenant 18 livres 

Jacques Dalechamps · 1653


..."Et Theophraste dic : Dessauuages ceux qui gardent tousiours leurs tucilles l'reusé le Houx , & c.où Gaza a fort bien interpreté le mot dyeia pour le Houx"...


(Et Théophraste dit : Des sauvages ceux qui gardent toujours leurs feuilles l'yeuse, le houx et ou Gaza a fort bien interprété le mot dyeia pour le hou)


 



1694


Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708)  botaniste français.


"Elemens de botanique, ou Methode pour connoître les plantes",

Aquifolium Houx, (Planche 37) 


 


 

XIX° siècle

 


1826/32

Le Roman du Renart - 

Dominique Martin Méon (1748-1829) bibliophile et philologue français 


C’est la Branche de Renart com il fu Empereres.


..."Quant iloques vint un vilain 

Qu tint un baston en sa main 

Qui ert [était] grant e gros et de hous,"... 
 

 

 

Emily Jane Brontë (1818 -1848) poétesse et romancière 

 


L’amour et l'amitié

 

L’amour à la sauvage églantine est pareil

Et l’amitié pareille au houx.

Si le houx reste obscur quand fleurit l’aubépine,

Lequel fleurit plus constamment?

 

La sauvage églantine est suave au printemps;

L’été, ses fleurs embaument l’air.

Attendez toutefois que revienne l’hiver,

Qui dira l’églantine belle?

 

Dédaigne l’églantine et sa vaine couronne,

Fais du houx luisant ta parure

Afin, lorsque Décembre aura flétri ton front,

Qu’il y respecte sa verdure.

 

***

Love and Friendship

 

Love is like the wild rose-briar,

Friendship like the holly-tree —

The holly is dark when the rose-briar blooms

But which will bloom most constantly?

 

The wild rose-briar is sweet in spring,

Its summer blossoms scents the air;

Yet wait till winter comes again

And who will call the briar fair?

 

Then scorn the silly rose-wreath now

And deck thee with the holly’s sheen,

That when December blights thy brow

He still may leave thy garland green.


 

 

Théophile Gautier  (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.

 


Me voilà revenu de ce voyage sombre

 

..."Ne croissez pas ici ! Cherchez une autre terre,

Frais amours du printemps ; pour ce jardin austère

Votre éclat est trop vif ;

Le houx vous blesserait de ses pointes aiguës,

Et vous boiriez dans l'air le poison des ciguës,

L'odeur âcre de l'if"...
 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 


 

Les oiseaux


..."Comme ils s'en allaient tous, furieux, maugréant,

Criant, et regardant de travers le géant,

Un houx noir qui songeait près d'une tombe, un sage,

M'arrêta brusquement par la manche au passage,

Et me dit : - Ces oiseaux sont dans leur fonction.

Laisse-les. Nous avons besoin de ce rayon"...

 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français. 


 

Demain dès l’aube…


 ..."Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en feu"...

 



 

 

 

Frédéric Soutras (1814-1884) poète pyrénéen. 

En 1864, il est un des fondateurs de la Société Ramond.

recueil "Ls Pyrénéennes ; rêves, pensées et paysages" 

Pièce a été mise en musique par M. F. Soubies. 

Août 1852.

 


Mon vieux bâton de houx

 

Dans une gorge où le vertige

Plane au bout d’un mont escarpé,

Où l’écume en flocons voltige,

Par un pâtre tu fus coupé ;

Rejeton d’une mâle tige,

Tu grandis parmi les cailloux,

Mon vieux bâton de houx.

 

Souvent, m’a dit le jeune pâtre,

Tu dirigeas ses pas errants,

Le soir, quand un voile grisâtre

Cachait l’abîme ou les torrents ;

Souvent aussi tu vins combattre

Avec les chiens contre les loups,

Mon vieux bâton de houx.

 

Je m’épris de ta rude écorce,

Du ferme tissu de ton bois,

Des grands noeuds qui disaient ta force,

Du sang qui disait tes exploits ;

Et du berger, qu’un rien amorce,

Je t’achetai pour quelques sous,

Mon vieux bâton de houx.

 

Le riche fier de sa cassette,

Pour t’avoir, ô mon seul trésor,

Viendrait en vain dans ma retraite,

Viendrait m’offrir ton pesant d’or ;

S’il insistait, gare à sa tête ! …

On ne guérit pas de tes coups,

Mon vieux bâton de houx.

 

Depuis quinze ans, toujours ensemble,

Fiers et confiants, nous allons

De la cascade où le roc tremble

A la neige des hauts vallons ;

Et l’amitié qui nous rassemble

Brave l’effort du temps jaloux,

Mon vieux bâton de houx.

 

Combien de fois, dans la tempête,

Solide et fort comme l’acier,

Tu m’as soutenu sur la crête

Ou sur les pentes du glacier,

Quand le sang sifflait dans ma tête,

Quand se dérobaient mes genoux,

Mon vieux bâton de houx !

 

Que de fois, le long des ravins,

Au bas des sentiers hasardeux,

En nous écorchant aux épines,

Nous avons roulé tous les deux !

Mais, l’oeil plein des choses divines,

Je m’écriais : relevons-nous,

Mon vieux bâton de houx !

 

Puis, quand le soir, avant la lune,

Nous ramenait dans les hameaux,

Pour contempler la vierge brune

Assise au pied des grands ormeaux,

Moi qui pourtant n’en aime qu’une,

Je m’arrêtais… instants bien doux,

Mon vieux bâton de houx !

 

Ainsi, défiant les abîmes,

Joyeux ou grave pèlerin,

J’ai visité les grandes cimes,

D’où le ciel luit comme un écrin ;

Et revenant des lieux sublimes,

Je disais : les hommes sont fous,

Mon vieux bâton de houx.

 

Maintenant, plus d’une blessure

Marque ma chair, marque ton bois ;

Le schiste aigu de sa morsure

Nous atteignit plus d’une fois ;

Mais nous avons la fibre dure,

Et vite se ferment nos trous,

Mon vieux bâton de houx.

 

Allons encor ! – tant qu’une haleine

S’exhalera de mes poumons,

Allons des brumes de la plaine

Aux lumineux sentiers des monts ;

Là haut, où l’aigle a son domaine,

Courons aux divins rendez-vous,

Mon vieux bâton de houx.

 

Enfin, de ses rides glacées,

Lorsque le temps m’aura flêtri,

Compagnon de mes odyssées,

Dans le repos du même abri,

Evoquant nos gloires passées,

Je te dirai : souvenons-nous,

Mon vieux bâton de houx !

 

Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur (1822-1899 ) peintre et sculptrice française, 

 

 

 

Pierre Dupont (1821-1870) chansonnier, poète et goguettier français

 

Les boeufs

 

..."J'ai deux grands boeufs dans mon étable,

Deux grands boeufs blancs marqués de roux ;

La charrue est en bois d'érable,

L'aiguillon en branche de houx.

C'est par leur soin qu'on voit la plaine

Verte l'hiver, jaune l'été ;

Ils gagnent dans une semaine

Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté"...
 

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) poète, dramaturge et critique dramatique français.


Ballade sur les hôtes mystérieux de la forêt

Il chante encor, l'essaim railleur des fées,

Bien protégé par l'épine et le houx

Que le zéphyr caresse par bouffées.

Norman Rockwell

 

 

Charles Zacharie Landelle (1812-1908) peintre de genre et portraitiste français.


"Le houx qui s'y frotte s'y pique"


 


 

Fritz Ludvig von Dardel (1817-1901)

Chroniqueur, illustrateur et dessinateur de bandes dessinées suédois . 

Procession de Lucia en Suède, 1848, Fritz von Dardel.


 

 

 

1856

Adolphe de Chesnel (marquis 1791-1862) polygraphe, historien et encyclopédiste français.

Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires, où sont exposées les croyances des temps anciens et modernes, publié par Jacques Paul Migne 


..."A Noël, dans le pays de Galles en Angleterre, chaque homme conduit sa femme sous un bouquet de houx suspendu au plafond, et lui souhaite une bonne année. Quelques-uns disent qu'une idée superstitieuse se rattache à cette coutume ; mais les gens malicieux prétendent qu'il n'y faut voir simplement qu'une figure poétique par laquelle le mari donne avis à sa femme que si elle ne se montre pas suffisamment soumise pendant le cours de l'an qui commence, elle doit s'attendre à une correction"...

 

 

1869

Dictionnaire des sciences naturelles : 

Par plusieurs professeurs du Jardin du roi et des principales Écoles de Paris (1816-1845) 

Planches, Botanique : Végétaux Dicotylédons, 192-313 - livre

Planche Botanique Gravure Originale Flore Plantes Médicinales

Houx Ilex Drupe Baie Plantain Cuscute Alchemille Mâcre Chataigne d'eau 


 

 

 

Émile Littré (1801-1881) médecin, lexicographe, philosophe et homme politique français, Dictionnaire de la langue française, communément appelé "le Littré "

houx

(hoû) s. m.


1°   Arbre toujours vert dont les feuilles sont luisantes et armées de piquants.
   Houx panaché, espèce de houx dont la feuille est tachetée de jaune.

   Il se dit aussi d'une canne de houx. Vous avez là un joli houx.

   Terme de botanique. Genre houx, ilex, type de la famille des ilicinées, où l'on distingue : 1° le houx commun (ilex aquifolium, LINNÉ) ; 2° le houx maté, dit aussi herbe ou thé du Paraguay, des jésuites, de saint Barthélemy, petit arbre glabre (ilex paraguayensis, LAMBERT){{}}; les feuilles en sont employées en quantité considérable, dans l'Amérique méridionale,

 

2°   Houx-frelon, dit aussi petit houx, housson, fragon piquant (ruscus aculeatus, L.), famille des liliacées asparagées, arbrisseau à rameaux aplatis simulant des feuilles toujours vertes et piquantes et dont les racines passent pour diurétiques et apéritives (voy. frelon).


 


 

1885

Otto Wilhelm Thomé,(1840-1925), botaniste allemand , illustrateur 
ouvrage illustré Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz in Wort und Bild für Schule und Haus

 (Flore d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse en texte et en image pour l'école et la maison) première édition en quatre tomes avec 571 planches illustrées à Gera en 1885. 

Le houx - Ilex aquifolium


 

 

 

Charles Marie René Leconte de Lisle (1818-1894) poète français, 

 


Symphonie


..."O chevrier ! ce bois est cher aux Piérides.

Point de houx épineux ni de ronces arides ;

A travers l'hyacinthe et le souchet épais

Une source sacrée y germe et coule en paix"...
 

 

 

Charles Frémine (1841-1906), poète de la Normandie, qui a fourni nombre de poèmes aux instituteurs du XXème siècle pour meubler la mémoire des enfants.

 

Coupez le gui ! Coupez le houx !

 


Feuillage vert, feuillage roux ;

perles rouges et perles blanches...

 

Coupez le gui ! Coupez le houx !

Feuillage vert, feuillage roux ;

 

Mariez leurs branches !

Perles rouges et perles blanches.

 

Coupez le gui ! Coupez le houx !

C'est la Noël ! Fleurissez-vous.*

 

Courez à la forêt prochaine,

Courez à l'enclos des fermiers ;

 

Coupez le gui sur le grand chêne,

Coupez le gui sur les pommiers !

 

Chassez les grives et les merles,

Chassez la mésange au dos bleu

 

Du gui dont les fleurs sont des perles,

Du houx dont les fleurs sont du feu.


 

 

 

Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) un poète, écrivain et journaliste français


 

La guarrigue

 

..."Puisse ma libre vie être comme la lande

Où sous l'ampleur du ciel ardent d'un soleil roux,

Les fourrés de kermès et les buissons de houx

Croissent en des senteurs de thym et de lavande"...
 

 

 

Rémy de Gourmont (1858-1915) écrivain français, romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

 

 

Le houx


 
Simone, le soleil rit sur les feuilles de houx :

Avril est revenu pour jouer avec nous.

 

Il porte des corbeilles de fleurs sur ses épaules,

Il les donne aux épines, aux marronniers, aux saules ;

 

Il les sème une à une parmi l'herbe des prés,

Sur le bord des ruisseaux, des mares et des fossés ;

 

Il garde les jonquilles pour l'eau, et les pervenches

Pour les bois, aux endroits où s'allongent les branches ;

 

Il jette les violettes à l'ombre, sous les ronces

Où son pied nu, sans peur, les cache et les enfonce ;

 

A toutes les prairies il donne des pâquerettes

Et des primevères qui ont un collier de clochettes ;

 

Il laisse les muguets tomber dans les forêts

Avec les anémones, le long des sentiers frais ;

 

Il plante des iris sur le toit des maisons,

Et dans notre jardin, Simone, où il fait bon,

 

Il répandra des ancolies et des pensées,

Des jacinthes et la bonne odeur des giroflées.


 


 

Anatole Le Braz (1859-1926) professeur de lettres, écrivain et folkloriste français de langue bretonne, 

 

Soir de Bretagne


..."D'un geste bucolique, il porte en main la gaule

Dont le houx encor vert s'achève en aiguillon ;

Il dégage en marchant une odeur de sillon,

L'âpre et saine senteur de la terre éventrée"...
 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète, romancier, dramaturge et critique français. 


..."J'aime l'âne si doux

marchant le long des houx.

Il a peur des abeilles

et bouge ses oreilles"...
 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et une romancière française d'origine roumaine


 

Les paysages

 

..."Le charme désolé du paysage roux

Soupire un air connu des vieilles épinettes ;

La grive se déchire aux dards tranchants des houx

Et le corail pâlit aux épines-vinettes...

Le charme désolé du paysage roux !"...


 

 

 

1899

Art nouveau

Jane Atché dite Jal (1872-1937) artiste peintre, affichiste et illustratrice française

Bibliothèque nationale de France

le Houx : panneaux décoratifs


 

 

 

XX° siècle

 


1900

Art nouveau

Grand Médaillon Art nouveau en argent

décor de houx recto-verso.

 


 

1900

Époque art nouveau, 

François-Théodore Legras (1839-1916).maître verrier français

Vases Art Nouveau en verre émaillé décor de houx.




 

1900

Art Nouveau

"Lustre branches de houx, 5 lumières, vers 1900"

Lustre "branches de houx" 

5 branches en bronze donc 5 lumières.

Le feuillage est peint d'origine en vert très foncé, les boules de houx sont de petites perles rouges.


 

 

 

1902

Paul Kauffmann, 

Paul Adolphe Kauffmann dit aussi Peka (1849-1940) illustrateur français.
Il signait "P. Kauffmann" ou "P.K.".

Planche en couleur - carte 

Le marché aux houx des Rameaux (Alsace),



 

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 

Le roi rit dans les houx 


Le roi rit dans les houx,

Hou-hou !

C’est là qu’il joue aux cartes

En mangeant de la tarte

Et buvant du vin doux,

Hou-hou !

 

Mais la reine le voit,

Ha-ha !

Et brise sa couronne

Avec une anémone.

On est roi ou pas roi,

Ha-ha !

 

C’est un oiseau jaloux,

Cou-cou !

Qui a conté l’affaire

À la forêt entière

Et la redit partout,

Cou-cou !

Roi houx - Anne Stokes


 

 

Paul Morand (1888-1976) écrivain, diplomate et académicien français. 

 


..." L'amour est comme l'églantine sauvage, L'amitié est comme le houx, Le houx est sombre lorsque l'églantine est en fleur, Mais lequel fleurit avec le plus de constance ?...

 

 Fermé la nuit, Gallimard

..."C'est comme dans le mariage : d'abord sous le gui, ensuite sur le houx"... 
 

 

Robert Ranke Graves (1895-1985) poète et romancier britannique.

Dans son ouvrage Les Mythes celtes : La Déesse Blanche, 

Robert Graves évoque certains mythes contenant le Roi Houx et son frère le Roi Chêne. Ces mythes sont des variantes où il est question du Chevalier Chêne et du Chevalier Houx, se battant chaque 1er mai jusqu'au jugement dernier.


 

 

 

Alain Hannecart (1955) poète français


 

Le houx


..."Mon feuillage toujours vert me donne de la prestance

En vérité je pique un peu , j’ai l’air de me défendre,

Quand je veux m’exprimer mes larmes me devancent.

Je symbolise la vie qui renaît de ces cendres"...


 

 

 

Jean-Baptiste Evette (1964) écrivain français, Romancier, auteur de théâtre de rue, traducteur de l'anglais

 

La question houx

 

Certes, il reste vert

en hiver

ilex aquifolium

et cela nous rassure

peut-être encore

sur le retour

des beaux jours

 

Mais une fois décrochées

les décorations de Noël

une fois passées les festivités

et les pâtisseries

que reste-il du houx ?

un cri dans la forêt

qppel ou avertissement

de bête nocturne

 

Entre en scène le coriace

chevalier vert

cuirassé de pointes

en sa jeunesse

 

Dans sa vieillesse

ermite solitaire

sans épines

méditatif

 

Comme d’autres sentinelles

sempervirentes

le houx s’est retiré

de la compétition vers le haut

pour plus de lumière

 

Il reste là, il attend

et quand l’automne

dépouille de leurs feuilles

ses rivaux

il profite sans frissonner

du soleil d’hiver

 

Un cousin sud-américain

produit le maté

boisson reconstituante

mais n’essayez pas

le thé du houx d’ici

Laissez les baies rouges

portées par les pieds femelles

aux merles et aux grives

 

Nocturne, hivernal

il serait l’arbre

du dieu Saturne

 

En tout cas son bois

à la fois souple et dur

fait d’excellents bâtons

de belles cannes

pour cogner

housser ou houspiller

 

Les jeunes filles, paraît-il

se piquaient les doigts

sur chacune des épines

en les comptant

pour savoir si elles seraient

filles, femmes, veuves ou nonnes

 

Mieux encore selon Pline le Vieux,

planté dans votre cour

il protègera la maison

des maléfices


 

 

 

Simone de Beauvoir (1908-1986) philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française.


Mémoires d'une jeune fille rangée

..."J'apprenais que le rouge du houx est plus rouge que celui du laurier -cerise ou du sorbier"... 


 

 

 

1986


Arlette Cousture (1948) écrivaine canadienne, québécoise.

..."Le temps des fêtes arriva, coincé entre les tempêtes et la tristesse des patients [...]. Chaque étage, chaque service de l'hôpital avait beau être décoré d'une crèche et de feuilles de houx, les patients étaient plus fiévreux, moins en forme "...


 


1986

J'ai Lu, 1988


Louis Whitley Strieber (1945) auteur américain d'horreur et de science-fiction

Dans le roman "Cat Magic" , le "roi houx" joue un grand rôle dans le chapitre 14 ("La folle poursuite")
 

 

 

XXI° siècle

 

2000

Nicole Parrot, Ecrivain et journaliste, auteur


"Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) : 


    ..."Les petites  billes rouge vif accrochées en grappes, parmi le feuillage rigide et brillant comme de la laque, peuvent prendre place aux côtés des fleurs les plus raffinées. Et parlent tout aussi bien. Sans doute parce que ses feuilles se terminent en pointes acérées, le houx dit : "protégeons-nous", "protégeons l'avenir" et même "défendons-nous". Il s'écrie aussi "longue vie !". Vous pouvez le croire, il connaît la question, son buisson peut atteindre trois cents ans. Mais il recommande : "traitez-moi avec égards" et prévient : "je peux piquer". Il ne s'en prive pas. 


    Attentionné et prudent, il met en garde les fantaisistes qui auraient la curieuse idée de croquer ses baies : "Ne me mangez pas, je suis toxique".
    Naturellement, comme chacun sait, son apparition chez les fleuristes et sur les étals des marchés salue les fêtes de la Saint-Sylvestre et clame : "Joyeux Noël et bonne année !"


    Voici cinq siècles qu'il règne sur cette époque bénie. En offrir, geste curieusement peu fréquent, c'est offrir ses vœux, mais c'est aussi ne pas hésiter à se montrer non-conformistes et un brin hardi."...


 

 

 

2001


Dans la saga Harry Potter, la baguette de Harry est en bois de houx.


1997 - 2007


Joanne Rowling  (1965) nom de plume  J. K. Rowling et Robert Galbraith romancière et scénariste britannique. 


Harry Potter est une série littéraire de low fantasy 


- Dans la saga Harry Potter, la baguette de Harry est en "bois de houx". 

Garrick Ollivander fabricant de baguettes. 
Tous les élèves de Poudlard vont chez lui pour acheter leur baguette. En 1996, il est enlevé par Voldemort qui désire en savoir plus sur la science des baguettes magiques. Il est finalement libéré par Harry Potter, Ron Weasley et Dobby.

 

- Au sujet de l'affinité entre une baguette et son maître

Garrick Ollivander :
..."Chaque baguette, dès le moment où elle trouve son propriétaire idéal, commencera à apprendre des choses de son partenaire humain tout en lui apportant son propre enseignement.

Le houx est l'un des bois de baguette les plus rares. Considéré traditionnellement comme doté d'un pouvoir protecteur, il convient particulièrement à ceux qui ont besoin d'aide pour surmonter une tendance à la colère ou à l'impétuosité. En même temps, les baguettes de houx choisissent souvent des sorciers engagés dans des quêtes périlleuses et souvent spirituelles. Le houx est l'un de ces bois dont les performances varient d'une manière spectaculaire en fonction du cœur de la baguette. Ce bois a la fâcheuse réputation de n'être guère compatible avec la plume de phénix car sa volatilité s'oppose étrangement au détachement du phénix. Au cas peu probable où une telle association trouverait son propriétaire idéal, rien ni personne ne pourrait se mettre en travers de leur chemin"...

 


 

2011


Suzanne Guerrot (Auteur)

"Et le vent dans les houx"
L'endroit l'envoûtait. Il y avait dans ce lieu une séduction que l'homme ne s'expliquait pas. Il n'y était jamais venu, et il n'y avait devant ses yeux rien qui justifiât un tel attrait. Un chemin creux tapissé de lierre, un immense houx vert et quelques noisetiers sur un mur de pierres couvertes de mousse, tout cela était assez ordinaire pour le campagnard qu'il était.
Petit à petit, la perception du charme du lieu fit place à une indéfinissable sensation d'angoisse mêlée de plénitude.


 

 

 

2013


Eric Pier Sperandio (1954), auteur 

Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations 
(Éditions Québec-Livres, 2013), 


le Houx (Ilex aquifolium) : 

    "Le houx est une plante que l'on associe à la fête de Noël. C'est un petit conifère dont plusieurs variétés existent en Europe et en Amérique du Nord. La plus connue est un arbrisseau dont les feuilles vertes et luisantes ainsi que les petits fruits rouges servent de décoration aux fêtes de Noël et du Nouvel An.


 


 

2019


Richard Ely (1974), écrivain et ethnobotaniste belge

Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) 


le Houx :
..".Le houx, arbuste au feuillage persistant de la famille des Aquifoliacées, se reconnaît facilement. il porte des feuilles coriaces, ondulées, au bord parfois lisse, souvent épineux, d'un vert sombre et brillant. Des fleurs petites et blanches, groupées à l'aisselle des feuilles, composées de quatre pétales et quatre sépales, quatre étamines ou quatre stigmates selon que l'arbuste est mâle ou femelle. Les fruits sont des drupes d'un rouge prononcé, toxiques, demeurant sur la plante en hiver"...

 

 

 

Langage - signification du houx


Symbole de :


. la chance et de la bonne fortune.

 

. de vie éternelle et de sage prévoyance 

 

. Pour que l'année à venir soit profitable, il faut faire rentrer du houx à la maison à Noël.

. Dans l’héraldique, la feuille de houx symbolise la "vérité".

 

.  Cet arbre aux feuilles toujours vertes représente partout l’espoir et la vie nouvelle, la lumière. il protège de la négativité. 

  "Au bout de la nuit qui n’en finit pas, le soleil qui reviendra". 


. Il est de bon ton d'envoyer des présents garnis de houx, à ses proches en signe de bienveillance.

 


 

Mythes, superstitions et tradition du houx

 


- Pour les Grecs, le houx était symbole de la prévoyance.

- Chez les romains, le houx était porté en couronne par les jeunes mariés en guise de bon présage et de félicitations. 

- Dans le rituel celtique du houx accompli la nuit précédant le solstice d’hiver, les branches de houx étaient récoltées et installées dans la maison comme protection contre la sorcellerie, la foudre, et la mort. 

- Les Druides croyaient que le soleil ne quittait jamais les plants de Houx.

- Les Druides pensaient que le houx protégeait contre les mauvais esprits, ils en portaient dans les cheveux et dans la barbe. Il ornait souvent les bâtons des druides, et était offert aux hommes et aux femmes des villages afin de leur porter bonheur.

- Associé aux dieux de l’orage, le houx apparaissait comme une protection magique contre la foudre et contre le mal en général (maléfices, esprits négatifs, impôts, etc). Cette vertu protectrice lui valut dès lors une place d’honneur à la porte des habitations.

- Dans un Ancien rite Hogmanay (nom que les écossais donnent au réveillon du Nouvel An, le 31 décembre),  les garçons se frappaient avec du houx en croyant qu'ils vivraient un an pour chaque goutte de sang versée.

- La persistance des feuilles vertes du houx durant le froid glacial, était un signe de bienvenue pour les bons esprits de la forêt ou les voyageurs perdus dans le froid. 

- La tradition voulait que l'on baigne les nouveau-nés dans une infusion de houx, ce qui les protège contre tout péril.  

- Au moyen âge, le houx était symbole de bonheur. 

- Au moyen âge, on plantait le houx devant la maison pour la protéger contre les tonnerres et les éclairs. Il était utilisé en magie comme protection contre les cauchemars, les incubes et autres démons, ainsi que pour se protéger de la foudre. On croyait que les feuilles épineuses et les baies du houx repoussait les mauvais esprits, entre autres les sorcières et les foudres du ciel. 

- Selon les croyances populaires, les sorcières avaient besoin des baies rouges du houx pour créer les orages. Les baies étaient un ingrédient important des "onguents et encens des sorcières". (Weustenfeld 1996, 111).

- Plante protectrice au grand pouvoir, faire entrer le houx dans une demeure est permettre aux esprits de la forêt d'y pénétrer à leur tour. C'est une plante magique que toute sorcière ne peut ignorer.

- Au Moyen Âge, on croyait que si on lançait du houx sur des bêtes sauvages, celles-ci s'étendaient à vos pieds et vous laissaient tranquille.  

-  En Angleterre on croyait que le houx pouvait influer sur la bonne entente du ménage. Pour cela,  il fallait deux sortes de houx : avec piquants et sans. Le houx à piquants symbolise le mari, le houx à bords lisses, la femme. Afin que les rapports entres les conjoints soient équilibrés, les gerbes de houx contenants les deux sortes de feuilles doivent entrer dans la maison ensemble. Autrement l'un des deux, mari ou femme, dominera la maison.

- Selon les traditions botaniques, un buisson de houx, plante de protection, cultivé sur votre propriété vous protégerait contre la foudre.

- Accrocher du houx dans les maisons est une tradition qui perdure encore, cela signifierait le soleil renaissant, la chance.

- Le houx apporte la chance aux maisons scandinaves qui le plantent en leur jardin.

- Accrocher du houx dans les maisons est une tradition qui perdure encore, cela signifierait le soleil renaissant, la chance.

- Planté autour de la maison, le houx protège des attaques de magie noire.  


 

 

Utilisation du houx

 

- Autrefois  on employait les rameaux de cet arbuste pour ramoner les cheminées,les ramoneurs furent appelés des houlseurs... 

- Et pour faire des balais. En cas de besoin on pouvait "houspiller" les importuns.

- Pendant longtemps, des bouquets de houx servant à ramoner les cheminées, 

- Autrefois, son bois dur mais élastique l'avait fait choisir dans les campagnes pour réaliser des cannes, des manches d'outils (masses et maillets),  des aiguillons (long bâton muni d'une pointe de métal, pour piquer les bœufs).

- Le tronc du houx est composé d’un bois blanc grisâtre, lourd, dense et dur, au grain fin, son cœur prend une couleur noirâtre, qui s’étend à mesure que l’arbre grossit. Il a souvent été également utilisé pour les pièces des jeux d'échecs ou par des maquettistes pour le mobilier.

- Ce bois reste très utilisé en sculpture, lutherie et marqueterie : poli, il a la couleur de l’ivoire et teint en noir celle de l’ébène. 

- Avec du hêtre et du noisetier, le houx servait à créer des haies infranchissables pour le bétail tout en étant mellifères. 

- On préparait également une glu, en pilant la seconde écorce du houx, la verte, celle que l'on découvre après avoir pelé l'écorce externe liégeuse.

- Les branchages de houx avec leurs baies rouges sont largement utilisés en décoration au moment des fêtes de Noël. 

- L'utilisation du houx est aussi utilisé pour la décoration de l'autel des messes de minuit. De là, on prit l'habitude de l'accrocher en couronne sur la porte.


 


 

Vertus thérapeutiques du houx


- Le houx est considéré comme une plante protectrice en phytothérapie,  comme antirhumatismal. 

- Ses baies sont toxiques pour l’Homme, mais l’écorce et les feuilles de houx séchées, riches en ilicine alcaloïde (proche de la quinine), sont avant tout fébrifuges et souveraines contre les inflammations bronchopulmonaires  ; les fièvres, les rhumes, les bronchites et les toux spasmodiques. 

- Une décoction de feuilles et d'écorce a souvent été jugée plus efficace que la quinine contre les fièvres intermittentes, elles ont aussi été utilisées pour les rhumatismes. Les baies constituent un purgatif violent, surtout utilisé pour le bétail.

- Le Houx est également indiqué pour les problèmes de la sphère gastro-intestinale.

 

- Plusieurs espèces, comme l'Ilex chinensis, sont utilisées en médecine traditionnelle chinoise.

- Le thé du Paraguay (Ilex paraguariensis), aussi connu sous les noms de maté ou yerbamaté, est un stimulant nerveux, musculaire et cérébral qui a été utilisé pendant la Première Guerre mondiale par les armées britannique, française et allemande.

 


 

La célébrité du houx


- La baguette de Harry Potter (saga)


- Le plus célèbre objet en "bois de houx" est sans doute la canne de marche de Goethe conservée au musée de la maison Goethe avec le Musée National Goethe de Weimar. 


- Le célèbre quartier cinématographique de Los Angeles, Hollywood, signifie "Bois de houx".


- Houx, commune française située dans le département d'Eure-et-Loir en région Centre-Val de Loire.
Le nom de la commune est mentionné avec la graphie Hous en 1235 et sous la forme latinisée Hussum en 1247. Il s'agit probablement du nom du houx, terme d'origine francique. Le singulier [?] s'explique peut-être par la présence d'un arbre remarquable.

 

 

 

Le houx par les peintres

 

Joseph-Désiré Court (1797 -1865) 

Peintre français.

"La sortie du bal"

 

 

Edward Duncan (1803-1882) 

Aquarelliste britannique 

La charrette à houx (lithographie couleur)

 

 

Eloise Harriet Stannard (1829-1915)

Peintre britannique pour ses natures mortes.

"Nature morte aux pommes, noisettes et houx - 1898"


 

George Goodwin Kilburne (1839-1924) 

Peintre de genre anglais

"La charrette de houx" 

 

 

Alice Bailly (1872-1938)

Peintre et graveuse suisse, 

"La branche de Houx"

 

 

Léon Gustave Levasseur (XIX° - XX° s.)

Peintre Français

"Bouquet de houx - 1916"


 

Franck Innocent (1912-1983) 

Peintre français

"Nature morte au pot de houx"


 

Anne Cotterill  (1933-2010)

Peintre britannique

Le bouquet de houx dans un vase bleu

 

 

Anne Cotterill  (1933-2010)

Peintre britannique

Le bouquet de houx dans un pot en étain

 

 

Anne Cotterill  (1933-2010)

Peintre britannique

La branche de houx

 

 

Lisa Alderson

Peintre Britannique

"Oiseau et le houx"


 

​​​​​​​

Solstice d'hiver - Fête de Yule

et le houx

 

Christopher Bell 

Solstice hiver - yule

 

 

Margaret Ellis 

Artiste professionnel et professeur d'art. 

"Le roi houx" - "The Holly King"

 

 

Wendy Andrew 

Solstice hiver -  roi houx

 

 

Wendy Andrew 

Solstice hiver -  roi houx

 

 

Wendy Andrew 

Solstice hiver -  Dame des Bois

 

 

Wendy Andrew 

Solstice hiver -  Dame des Bois

 

 

The Quirky celts

Yule - Solstice hiver

 

 

Brigstone 

Solstice Hiver - Yule

 

 

Yule -

Solstice hiver - Dame des Bois

 

 

Yule -

Solstice hiver -roi houx

 

 

Illustration Yule 

Solstice hiver

 

 

Illustration Yule 

Solstice hiver

 

 


 

Le houx en héraldique 

 

 

Quelques armoiries


Héraldique houx - Houssay (Loir-et-Cher)

 

 

Héraldique houx - La Gresle (Loire).

 

 

Héraldique houx - Saint-Martin-du-Vivier (Seine-Maritime)

 

 

Héraldique houx Hilsprich (Moselle)


 

 

 

Le houx en philatélie

 

 

 

 

 

Carte vintage houx "Joyeux Noël"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carte Vintage houx "Bonne Année"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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