23 novembre 2021 2 23 /11 /novembre /2021 20:36

 

 

Mythologie des arbres


Le chêne

 


Arbre de nos forêts, à feuilles caduques, dont le fruit est le gland, réputé par sa haute taille, sa longévité et la qualité du bois qu'il fournit.

 

François Tristan L'Hermite (1601-1655)


Le promenoir des deux amants

 

Ce vieux chêne a des marques saintes ;

Sans doute qui le couperait

Le sang chaud en découlerait

Et l'arbre pousserait des plaintes

 


 

 

Considéré comme le roi des arbres, le chêne symbolise la puissance : il est grand, imposant, élégant et le plus majestueux de nos forêts de l'hémisphère nord, mais sa croissance est lente.

C'est le plus bel arbre des forêts d'Europe.


 

Ses feuilles alternes, entières, lobées ou dentées, selon les espèces, se dotent de superbes couleurs automnales. 


 

L'écorce a un aspect fissuré. Lisse et claire chez l'arbre jeune, elle devient foncé chez l'adulte et se creuse de profonds sillons longitudinaux. Grise chez le chêne pédonculé, marron chez le chêne rouvre ou sessile et le chêne chevelu.


 

 

Les fruits (ou akène) sont les glands, bruns, ovoïdes, mesurant de 1 à 3 cm, et retenus à la base par une cupule écailleuse. Si les glands sont très appréciés des animaux de la forêt comme les sangliers, les chevreuils et les écureuils, ils peuvent être également consommés dans l'alimentation humaine après extraction des tanins toxiques, amers et astringents.


 


En effet, très robuste le tronc d’un très vieux chêne peut atteindre 2 mètres de diamètre. Pour son incroyable pérennité et sa longévité, certaines traditions appellent à la plantation d’un chêne pour les petits enfants et même arrières petits enfants.

 

 

Le chêne est un arbre ornemental imposant qui doit être isolé dans un jardin, de préférence.

Il est également très prisé par les ébénistes.

 

 

 

 

 

Chêne est le nom vernaculaire de nombreuses espèces d'arbres et d'arbustes appartenant au genre Quercus, (du celte "kaerquez", "bel arbre") et à certains genres apparentés de la famille des fagacées, notamment Cyclobalanopsis et Lithocarpus.


Ce genre, présent dans tout l'hémisphère nord et dont l'aire de répartition s'étend depuis les froides latitudes jusqu'aux zones tropicales de l'Asie et de l'Amérique, comprend à la fois des espèces à feuilles caduques et d'autres à feuilles persistantes :

- les chênes caducifoliés dont le feuillage tombe en automne, parfois au printemps (chêne rouge, chêne chevelu, chêne pubescent, chêne tauzin et chêne rouvre) ; Ils sont généralement plus grands. Leurs feuilles sont crénelées.

 

- les chênes sclérophylles dont les feuilles sont persistantes : arbres poussant surtout sur les rivages méditerranéens (chêne vert, chêne kermès et chêne-liège) ainsi qu'en zones subtropicales et tropicales en Amérique et en Asie. Le bord de leur feuille est lisse ou avec des dents épineuses.

 

 

Les chênes sont des arbres qui exigent beaucoup de lumière.


 


 

Le mot chêne (d'abord chasne en ancien français, v. 1100) est issu du gaulois cassanos, par l'intermédiaire d'une forme gallo-romane Cassanu (cassinus d'origine gauloise ou prégauloise). Ce mot, attesté par le bas latin cassinus et le latin médiéval casnus (886), est à l'origine de l'ancien français chasne, chaisne, chesne ainsi que les variantes dialectales caisne, quesne, etc...


En italien : Quercia, en espagnol : Roble, en anglais : Oak , en allemand : Eiche , en Néerlandais : Eik.    


L'étymologie indo-européenne dreu-, deru-, doru- (solide, ferme comme un arbre) se retrouvent dans le sens de chêne, l'arbre par excellence, dans différentes langues : 

le breton derv, le gallois derw, le gaélique dair, le celte Duir qui signifient tous "chêne". 

Le grec druas, dérivé de cette étymologie, a donné les termes de dryades, 
 

Si on le laisse vivre, le chêne dépasse facilement les 500 ans, et jusqu'à plus de 1000 ans, exceptionnellement. De nombreux arbres remarquables pour leur taille et ancienneté étaient (ou sont encore) des chênes, autrefois dits "cassanos" par les Gaulois.

chêne millénaire Riec sur Belon -  route de Moëlan


 


 

Origines


Les chênes se développent dans les régions tempérées à subtropicales de l’hémisphère Nord.

Les plateaux du Mexique et de l’Amérique Centrale regroupent une grande diversité d’espèces.

En Europe, lors de la dernière glaciation, à la fin du pléistocène, les chênes se sont réfugiés dans la péninsule ibérique, l’Italie et le sud des Balkans.

 
On doit leur réintroduction en France grâce aux geais des chênes ( Garrulus glandarius). 

7000 ans plus tard, l’hybridation interspécifique leur a permis à nouveau de coloniser l’Europe entière.


 


 

Il y a plus de 650 espèces de chênes mais les plus connus sont :


- le chêne blanc,  (Quercus alba), 

est une espèce de chêne mesurant en général une trentaine de mètres, le plus grand connu atteint les 44 mètres de hauteur. Certains spécimens vivent plus de 500 ans. On le trouve principalement en Amérique du Nord dans un climat continental humide. 


 


- le chêne pubescent (Quercus pubescens)

est une espèce d'arbres à feuillage caduc des régions tempérées de l'hémisphère nord, appartenant à la famille des Fagaceae. Son nom vient du latin pubescens : à poils courts et mous (face inférieure des feuilles et jeunes rameaux). C'est une adaptation de l'arbre à la sécheresse. Il est parfois appelé chêne blanc, chêne blanc de Provence et plus rarement chêne noir. (à ne pas confondre avec le chêne blanc d'Amérique, Quercus Alba).

 


- le chêne vert, yeuse, faux houx (Quercus ilex),

est un arbre à feuilles persistantes, entières ou dentées selon l'humidité atmosphérique, luisantes, ressemblant à celles du houx, vert foncé dessus et gris blanchâtre dessous. Les glands du Chêne vert sont allongés à cupule grise. Sa rusticité moyenne le destine plus aux régions méditerranéennes. Cet arbre, particulièrement longévif, peut vivre plus de 1 000 ans. De croissance assez lente, il résiste aux embrums et trouve facilement sa place en bord de mer.


 

- le chêne bicolore (Quercus bicolor), 

est un feuillu de taille moyenne à grande, originaire du nord-est des États-Unis et du Sud-Est du Canada. C’est un arbre parfait pour faire de l’ombrage, il résiste à un sol inondé et on peut manger ses glands sucrés. Il a une croissance rapide pour un chêne et atteint généralement 22 mètres de hauteur ; le plus grand chêne décelé a atteint 29 mètres. Les plus jeunes spécimens ont une forme pyramidale étroite et développent ensuite une large couronne dense et légèrement pendante. Ces arbres peuvent vivre jusqu’à 350 ans dans des conditions idéales.



 

- le chêne liège, Corcier, Surier ou Suve (Quercus suber), 

est un arbre à feuilles persistantes du genre Quercus (le Chêne), famille des Fagacées (anciennement Cupulifères). Il est exploité pour son écorce qui fournit le liège. 

Le nom spécifique suber est le nom du Chêne-liège, ou du liège, en latin.

Une forêt de chênes-liège s'appelle une suberaie.

Cet arbre, qui peut vivre 150 à 200 ans, voire 800 ans et atteindre 20 à 25 m de haut (le plus grand ayant atteint 43 m), ne dépasse généralement pas 12 à 15 m. Il présente un tempérament strictement calcifuge et requiert des températures moyennes annuelles douces (de 12 à 19 °C).



- le chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa), 

est une espèce d'arbres d'Amérique du Nord présente aux États-Unis et au Canada. Il a été décrit pour la première fois par le botaniste André Michaux dans son Histoire des chênes de l'Amérique septentrionale (1801). Malgré son nom, ce n’est pas l’espèce qui produit les plus gros fruits dans le genre Quercus.

Cet arbre majestueux atteint en moyenne 20 mètres de hauteur et de largeur. Son tronc atteindra, pour sa part, un diamètre d’environ 60 centimètres. Ainsi, à maturité, cet arbre impressionne par son aspect imposant. En jeunesse, son port est pyramidal, mais, en vieillissant, il devient ovoïde, globulaire et irrégulier. 


 

- le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra), 

est un arbre appartenant à la section des chênes rouges (Lobatae) du genre Quercus de la famille des Fagacées. Il s'agit de l'arbre symbole de l'État du New Jersey et de l’Île-du-Prince-Édouard.

L’espèce est sans doute apparue il y a 7 millions d'années, mais les plus anciennes traces certaines datent d'il y a 7,5 millions d'années.

C'est un arbre caduc monoïque à croissance rapide d'une hauteur moyenne de 20 à 30 m, et dont les meilleurs sujets peuvent atteindre 50 m. Il a une longévité d’environ 200 ans voir 500 ans dans des conditions optimales.

Le tronc est lisse et gris argenté jusqu’à 20-30 ans puis se fissure, les rameaux sont bruns rougeâtres. Ses grandes feuilles atteignent de 12 à 22 cm en moyenne1, se distinguant de celles des chênes caducs européens par leurs 4 à 5 lobes anguleux à extrémité plus ou moins épineuse. En automne, les feuilles virent au rouge, et se maintiennent sur l'arbre une bonne partie de l'hiver (marcescence).
Il fleurit au printemps (avril-mai) sur les jeunes rameaux de l'année. 



 

- le Chêne chevelu, Chêne lombard ou Chêne cerris (Quercus cerris), 

est une espèce d'arbres monoïques de la famille des Fagacées originaire du sud de l'Europe et d'Asie Mineure. Il est parfois appelé Chêne de Bourgogne, Chêne de Turquie ou Doucier.

C'est un grand arbre à feuilles caduques mesurant de 25 à 40 m de hauteur avec un tronc pouvant mesurer jusqu'à 2 m de diamètre. Sa longévité est de 150 à 200 ans.

L'écorce est gris foncé et profondément creusée laissant apparaître une couleur rose saumonée au fond des crevasses.

C'est l'espèce type de la section Cerris de la classification des chênes. Il doit son nom au fait que la cupule de son gland est pourvue de trichomes assimilés à des cheveux.


 

- le Chêne rouvre ou Chêne sessile (Quercus petraea (Matt.) Liebl., 1784), parfois appelé Chêne à trochets, Chêne des pierriers, Chêne mâle ou Chêne noir 

est une espèce d'arbres des forêts des régions tempérées de l'hémisphère nord de la famille des Fagacées. On le connaît sous différentes appellations : drille, drillar, durelin.

C'est un grand arbre de 25 à 40 mètres de haut, à feuillage caduc. En isolé, il peut avoir une envergure imposante, et un tronc qui atteint ou dépasse les 5 m de circonférence.

Il a une longévité maximale de plus de 600 ans, parfois jusque 1 000 ans. Il fructifie à partir de l'âge de 60 ans. C'est une espèce monoïque pollinisée par les insectes. La floraison et la libération du pollen ont lieu généralement à la mi-mai en France. Les graines (glands) sont dispersées par les animaux. C'est une espèce postpionnière.



- le chêne pédonculé (Quercus robur L., 1753) 

est parfois appelé chêne blanc, chêne femelle, gravelin, chêne à grappe ou châgne. Son nom latin Quercus robur signifie "chêne robuste".

Espèce d'arbres à feuillage caduc originaire des régions tempérées d'Europe, appartenant à la famille des Fagacées. Son fruit est porté par un long pédoncule. Chêne de nos forêts d'Europe, majestueux et imposant, ses feuilles, vert foncé, plus ou moins profondément lobées, sont aisément reconnaissables. Ce bel arbre a besoin de place, il ne peut s'envisager que dans un parc ou un très grand jardin. Le chêne pédonculé produit des glands très appréciés des animaux. Majestueux. Il est intéressant pour son feuillage prenant de belles couleurs automnales, sa fructification et sa longévité légendaire. 

C'est un grand arbre de 25 à 35 mètres de haut qui peut dépasser pour certains sujets les 40 mètres. En isolé, il peut atteindre des dimensions imposantes, avec un tronc dépassant les 5 m de circonférence. Sa longévité atteint facilement 500 ans, mais des arbres ayant de 700 à 1 200 ans peuvent exister.


 

- le Chêne des Pyrénées, chêne tauzin (Quercus pyrenaica), 

appelé simplement tauzin (Gascogne), ou encore chêne brosse (Anjou), ou chêne noir (Landes de Gascogne), est une espèce d'arbre monoïque à feuillage caduc de la famille des fagacées.

Il se reconnaît à ses feuilles très découpées, au débourrement tardif, et abondamment duveteuses sur les deux faces.

Le chêne tauzin est un arbre de 5 à 20 mètres de haut de forme irrégulière se ramifiant dès la base mais finissant par perdre ses branches les plus basses. Son écorce est lisse de couleur vert grisé puis gris sombre d'où son surnom de chêne noir,



 

- le chêne des garrigues, Chêne kermès ou Chêne de Palestine (Quercus coccifera) 

Il a également pour noms communs Chêne à cochenille, Chêne-garrigue, Garric.

est une espèce d'arbustes à feuilles persistantes de la famille des Fagacées et de la sous-famille des Fagoideae, spontané dans les terrains pierreux calcaires de la région méditerranéenne, en particulier dans la garrigue.

 

 

 

Étymologie et Histoire du mot chêne. 

 


- Fin XI°s. judéo-fr. chasne, chaisne, chesne (Raschi Blondh., § 199 et 607); 

- 1160 chasne (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1921); 

- v. 1170 chaidne (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 18); 

- 1177-88 chaisne, chesne (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 6528-6529);

- v. 1225 désigne le bois tiré de cet arbre chainne (G. de Coinci, éd. V. F. Koenig, I Mir. 11, 1466); 

- 1600 chesne-vert (O. de Serres, 794 et 795 ds Littré).


 L'ancien français chasne est issu de "cassanus" attesté sous la forme casnus (866 ds Nierm.; v. aussi Du Cange t. 2, p. 203c) prob. d'origine gauloise (REW3, no1740) ou pré-gauloise (v. FEW t. 2, p. 461b).

D'après Ascoli dans "Archivio glottologico italiano" (t. 11, pp. 425-427) cassanus serait le représentant gaulois. du gr. κ α ́ σ τ α ν ο ς (châtaigne), v. aussi Hubschmid fasc. 2, p. 104.

Les formes chaisne, chesne sont plus prob. issues d'un croisement avec fraisne, frêne (v. G. Tuaillon cf. bbg.) que d'un type caxinu (Fouché, p. 816; v. aussi Cor., s.v. quejigo); chêne-vert est composé de chêne et de vert.

 

Le nom de chêne renvoie  à quatre étymons différents :

L'indo-européen dreu-, perkʷus et heyǵ-, et le gaulois cassanos.

dreu-, deru-, doru- (avec le sens polysémique de solide, ferme comme un arbre) se retrouvent dans le sens de chêne, l'arbre dans différentes langues : 

- le breton derv, le gallois derw, le gaélique dair, qui signifient tous chêne. 

Les langues slaves connaissent des formes comme le russe, le tchèque dub et le polonais dąb. 
 

Le grec druas, a donné les termes de dryades, de dendrochronologie et de philodendron. Le derby est peut-être issu de cette racine.


La racine dreu- est à l'origine du pré-germanique dréu̯om qui a donné l'anglais tree, "arbre".


L'étymologie du mot "druide" (latin druidæ, protoceltique dru-wid-s) est souvent reliée à cette racine indo-européenne.

Si les spécialistes s'accordent pour reconnaître dans le second terme de ce composé la racine weid- (savoir, voir), le premier terme est souvent interprété comme le préfixe intensif indo-européen dru- (δρῦς, durs, forts comme le chêne), d'où la traduction courante : "les très savants". Cette explication a été critiquée, notamment par le linguiste Émile Benveniste.


 

 

 

 

Culte du chêne

 


Dans nos pays, où toute trace de la forêt feuillue originelle est effacée, la rêverie seule peut s’aventurer sous les chênes des temps anciens...


...Prodigieuse auprès de la nôtre, la longévité des grands chênes en fait des familiers du temps...


...Plus vieux que la mémoire, ce sont les témoins vivants du passé mythique, à ' la condition presque immortelle, respectés par le temps et contemporains de l’origine du monde "... 


...Les chênes sont aussi parmi les plus grands arbres de nos climats. Aucun feuillu ne s’aventure aussi haut dans le domaine des dieux et des oiseaux. Privilège qui leur est lourdement compté les jours de fureur céleste : bien plus que les autres essences, le chêne est foudroyé ... Cette vulnérabilité particulière, qui ne pouvait échapper à l’homme ancien, associait d’emblée le chêne et l’éclair... Chez les Germains, les chênes sacrés étaient des arbres marqués de leur sceau.


Mais ce feu qui frappe l’arbre est d’une étrange nature, quasi double : son éclat, où le ciel semble se fendre, ouvre le passage aux pluies les plus généreuses, sinon les plus dévastatrices. Et le chêne majeur des bois sacrés s’élève au voisinage d’une source, en un lieu où se relient les éléments, où se résolvent les contraires. Ses esprits compagnons, les dryades, nymphes des forêts, et les hamadryades qui vivent dans le chêne même et meurent avec lui, sont de nature féminine. ..Car l’arbre déjà désigné par le dieu tonnant est aussi, par ses fruits, l’image du sexe mâle : balanos ou glans, les mots grec et latin, de même étymologie, qui désignent le gland, s’appliquent aussi à celui de l’homme... 


L’oracle le plus ancien du monde grec, Dodone en Epire, était associé à un chêne. Le dieu parlait dans un bruissement de feuilles, que trois officiantes interprétaient. Une colombe noire venue d’Egypte, dit la légende, s’était posée dans les branches de l’arbre sacré. "Parlant avec une voix humaine (elle aurait déclaré) qu’il fallait établir en cet endroit un oracle de Zeus" – tandis qu’un oiseau-sœur se rendait en Lybie, initiant un oracle d’Ammon. Hérodote, qui conte l’histoire dans son habituelle distance critique à l’égard des fables, attribue à des prêtresses égyptiennes, capturées et vendues comme esclaves en des temps reculés, l’instauration du culte prophétique ; d’autant plus, dit-il, que "les règles de l’art divinatoire appliquées à Thèbes en Egypte et à Dodone se trouvent fort ressemblantes". Le hâle et les cheveux noirs de ces femmes, leur langage étranger " semblable au ramage des oiseaux", auraient fondé la légende des colombes. 


À Dodone, le culte à un Zeus prophétique s’était substitué à celui d’une divinité féminine, Dioné (plus tard latinisée en Diane), déesse du chêne et de ses colombes, pour les uns avatar de Rhéa, mère de Zeus et déesse du chêne, pour d’autres épouse ou fille du dieu. L’important, ici, est de rappeler l’antériorité des figures féminines du chêne sur l’image mâle qui reste associée à "l’arbre de Jupiter" : c’est vraisemblablement une déesse-mère qui habite la forêt originelle ; son arbre d’élection, qui reste cependant du genre féminin dans la langue grecque (drus), lui a été dérobé par le dieu mâle tard venu. L’Artémis pure et sanguinaire en perpétuera tardivement la virginité et la sauvagerie natives. Elle parraine le meurtre annuel du 'roi-chêne" des plus anciens cultes de la végétation, éphémère époux de la déesse, dont le sang et les membres iront féconder la terre cultivée gagnée sur la défaite des arbres. La mauvaise fée, la sorcière mangeuse d’enfants, femmes de la forêt, sont de sa lignée...


...On s’adresse à Cérès, déesse des moissons, par l’intermédiaire d’un chêne


...Certains récits mythiques semblent révéler, d’ailleurs, un profond espace de culpabilité entre l’arbre et la terre cultivée, évoquant peut-être aussi, en manière de parabole, les effets de la déforestation sur ce qu’on nommera un jour les équilibres écologiques. Ainsi de l’histoire d’Erysichthon, fils de Triopas, roi de Thessalie, telle que la raconte Ovide : "assez fou pour mépriser la puissance des dieux", il a "profané un temple de Cérès, une hache à la main" et "porté un fer sacrilège sur […] un chêne immense, au tronc séculaire, entouré de bandelettes, de tablettes commémoratives et de guirlandes, témoignages de vœux satisfaits". Sous les premiers coups de hache, l’arbre pousse un gémissement et son écorce saigne ; l’un des assistants, qui retient le bras destructeur, est décapité ; l’arbre immense finit par s’effondrer à la consternation des dryades qui vont demander à Cérès le châtiment du criminel. La déesse décide "qu’elle déchirera son corps en le livrant aux tourments de la faim" ; ...


...Le chêne, dont on sait qu’il est l’élément essentiel de l’alsos grec comme du lucus latin, est également présent dès les origines de la tradition judéo-chrétienne. Abraham fait étape "au lieu saint de Sichem (Naplouse), au chêne de Moré ". Plus tard, YHWH ("Yahvé") choisit de lui apparaître "au chêne de Mambré" (Hébron). C’est sous "le chêne qui est près de Sichem que Jacob enfouit "tous les dieux étrangers" de sa famille avant de monter à Béthel , l’ancienne Luz, où Debora, la nourrice de Rebecca, mourut et fut ensevelie "au-dessous de Bethel, sous le chêne"...

 
...Les mises à mort de chênes sacrés n’auront lieu que bien plus tard. Aussi, "sous le chêne qui est dans le sanctuaire de Yahvé", toujours à Sichem, Josué pourra-t-il dresser une stèle en témoignage du pacte de Dieu et d’Israël, accepté par le peuple... 


Au VIIIe siècle avant J.C., s’indignant aux crimes d’Israël, Osée dénonce une dévotion aux arbres où l’aspect divinatoire, évoqué sur le mode de la dérision, rappelle cependant la fonction du chêne oraculaire : "Mon peuple consulte son morceau de bois et c’est son bâton qui le renseigne […] ; ils sacrifient sur le sommet des montagnes, ils brûlent leurs offrandes sur les collines, sous le chêne, le peuplier, le térébinthe ; on est si bien sous leurs ombrages ! "...


Ézéchiel annonce leur châtiment : "Vous saurez que je suis YHWH quand leurs cadavres, percés de coups, seront là parmi leurs idoles, tout autour de leurs autels, sur toute colline élevée […], sous tout arbre verdoyant, sous tout chêne touffu, là où ils offrent un parfum d’apaisement à toutes leurs divinités"...


Au temps d’Eusèbe de Césarée (IIIe-IVe siècles) et de Saint Basile (IVe siècle), on venait en pèlerinage à un chêne de Mambré, supposé témoin de la Genèse. Au XIVe siècle, John Mandeville, voyageur anglais, dit avoir vu sur le Mont Mambré les restes d’un vieux chêne contemporain d’Abraham, desséché à la mort du Christ. Et c’est bien cet événement-là qui, en Occident, décide de la fin de l’arbre intercesseur comme confident des saisons païennes : il a une fois pour toutes légué son pouvoir et ses alliances à la Croix, cet arbre du sacrifice qui deviendra le repère absolu d’une renaissance libérée des cycles.

 

Dans les mythes et les cultes des peuples non-méditerranéens, Germains en particulier, le chêne tient une place tout aussi importante, et s’y retrouve souvent associé à un dieu tonnant, double boréal de Zeus, dont le Thor germanique est la forme la plus connue. Le bois sacré des Germains et des peuples nordiques, comme sans doute celui des Latins, est un vestige probable de la forêt primaire. Là, le chêne "est la présence du dieu sans être ce dieu lui-même, comme l’indique clairement l’adoration plus particulière qu’avaient les Germains pour les chênes foudroyés et qui en portaient la marque. Si le tonnerre est le langage de Zeus, l’arbre brisé est le témoignage permanent de cette parole fugace." Au point qu’on vénère comme pilier cosmique et axe du monde un tronc de chêne ainsi désigné par les puissances célestes, arbre mort taillé en colonne ou en pyramide. En 772, Charlemagne abattit cet Irmensul des Saxons  –  


...À l’apogée du Moyen Âge, en Europe occidentale, même si la dévotion ouverte à des divinités associées à la forêt semble révolue, il subsiste, outre un fonds de croyances populaires très vivace, des recours insidieux à l’image du chêne à l’intérieur même des églises gothiques. En Angleterre, feuilles et glands sont souvent représentés sur les croisées d’ogives, les chapiteaux, ou en d’autres lieux peu accessibles aux regards.


Dans les pays de tradition celtique, des saints Colman, Colomban, Ronan et quelques autres, n’hésitèrent pas à bâtir leur hutte sous les vieux chênes consacrés par les rituels druidiques, prouvant par là que leur dieu, non seulement ne craignait pas la concurrence des divinités du haut feuillage (ou du sous-sol), mais saurait bien les réduire au silence – ne serait-ce qu’en s’en faisant des alliés. Fût-ce après la mort du propagateur de la nouvelle foi : Ronan (Ve ou VIe siècle), vénéré en Armorique, conduisit lui-même, défunt, un chariot tiré par quatre bœufs "au centre de la forêt, où étaient les plus grands chênes […]. On comprit ; on enterra le saint et on bâtit son église en ce lieu." ...


Colomban, lui, de son vivant (VIIe siècle), habitait sous un chêne. L’arbre était si redouté que, lorsqu’un orage l’abattit après la mort du saint, personne n’osa porter la main sur sa dépouille, sauf un tanneur peu scrupuleux qui, avec l’écorce, traita un cuir dont il se fit des souliers. Mal lui en prit car, les ayant chaussés, il fut envahi par la lèpre...

 
Tous ces apôtres de la foi s’appliquèrent à démontrer que les divinités alliées aux arbres n’étaient autres que des démons – ce qui revenait, en rompant les alliances, à "déciviliser" le monde végétal... 


Cela prit du temps. Les vieux chênes qui avaient survécu furent christianisés. On ficha des croix sur les arbres ; mais ce furent surtout des images de la Madone qui remplacèrent les divinités sylvestres dans le creux des vieux troncs ou à même l’écorce, le chêne retrouvant ainsi, tout naturellement, sa probable alliance originelle avec la Grande Déesse. Souvent, quand il ne s’agissait pas d’apparition entraînant un culte, on "trouvait" une statue cachée dans les branches. Il arrivait aussi que, les années passant, une figure fixée au tronc se fasse recouvrir, et à la longue absorber entièrement par le bois, préparant la découverte future, lors d’un abattage, d’une vierge miraculeuse...

 
Tout comme la Grande Mère des anciennes forêts, ou la Cérès latine, Marie punissait ceux qui attentaient à ses arbres ou dérobaient ses images votives. Mais aussi, à la façon de ses aïeules païennes, elle savait mettre en garde le bûcheron sacrilège : les arbres consacrés saignaient quand on les frappait de la hache, ou bien leur bois tranché montrait l’image de la croix...


Aussi, un peu partout en Europe, la mémoire du chêne a-t-elle traversé les siècles et perdure-t-elle de nos jours. S’il est peu probable qu’on cueille encore des feuilles sur les sujets frappés par la foudre, pour les garder sur soi en talismans protecteurs et gagner en "force", certains continuent d’aller dans les bois pour étreindre un grand chêne, ou s’appuyer à son tronc un long moment, afin que la vigueur et le calme de l’arbre les pénètre et les conforte... 

Chêne à vierge - forêt de chaux- Jura


 

 

 

Le chêne dans la Bible 

 


Josué 24-26

...Josué écrivit ces choses dans le livre de la loi de Dieu. Il prit une grande pierre, qu'il dressa là sous le chêne qui était dans le lieu consacré à l'Éternel...

 

 

 

Définition de "'Allown" - Chêne, grand arbre 

Définition de "Basan" - Région située à l'Est du lac de Tibériade appelée aujourd'hui Haoûran ou Hauran

 



Versets

 


Genèse 35 : 8 

Débora, nourrice de Rebecca, mourut; et elle fut enterrée au-dessous de Béthel, sous le chêne ('Allown) auquel on a donné le nom de chêne des pleurs.


Esaïe 2 : 13  

...Contre tous les cèdres du Liban, hauts et élevés, Et contre tous les chênes ('Allown) de Basan;...


Esaïe 6 : 13

...Et s'il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis. Mais, comme le térébinthe et le chêne ('Allown) Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple...


Esaïe 44 : 14  

...Il se coupe des cèdres, Il prend des rouvres et des chênes ('Allown), Et fait un choix parmi les arbres de la forêt; Il plante des pins, Et la pluie les fait croître...


Ezéchiel 27 : 6  

...Ils ont fabriqué tes rames avec des chênes ('Allown) de Basan, Et tes bancs avec de l'ivoire travaillé dans du buis, Et apporté des îles de Kittim...


Osée 4 : 13

...Ils sacrifient sur le sommet des montagnes, Ils brûlent de l'encens sur les collines, Sous les chênes ('Allown), les peupliers, les térébinthes, Dont l'ombrage est agréable. C'est pourquoi vos filles se prostituent, Et vos belles-filles sont adultères...


Amos 2 : 9

...Et pourtant j'ai détruit devant eux les Amoréens, Dont la hauteur égalait celle des cèdres, Et la force celle des chênes ('Allown); J'ai détruit leurs fruits en haut, Et leurs racines en bas...


Zacharie 11 : 2

...Gémis, cyprès, car le cèdre est tombé, Ceux qui s'élevaient sont détruits ! Gémissez, chênes ('Allown) de Basan, Car la forêt inaccessible est renversée !...

 

 

 

La Bible


Abraham aux chênes de Mambré


Genèse 18, 1-16

Yahvé lui apparut au Chêne de Mambré, tandis qu’il était assis à l’entrée de la tente, au plus chaud du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre .

Il dit : 
"Monseigneur, je t’en prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton serviteur sans t’arrêter. Qu’on apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l’arbre. Que j’aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le cœur avant d’aller plus loin ; c’est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur !"


Ils répondirent : 
"Fais donc comme tu as dit."


Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : 
"Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes."


Puis Abraham courut au troupeau et prit un veau tendre et bon ; il le donna au serviteur qui se hâta de le préparer. Il prit du caillé, du lait, le veau qu’il avait apprêté et plaça le tout devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, et ils mangèrent.


Ils lui demandèrent : 
"Où est Sara, ta femme ?"


Il répondit : 
"Elle est dans la tente."


L’hôte dit : 
"Je reviendrai vers toi l’an prochain ; alors, ta femme Sara aura un fils."
Sara écoutait, à l’entrée de la tente, qui se trouvait derrière lui. Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Donc, Sara rit en elle-même, se disant : 
"Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon mari qui est un vieillard !" 


Mais Yahvé dit à Abraham : 
"Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : Vraiment, vais-je encore enfanter, alors que je suis devenue vieille ?" Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l’an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils. "


Sara démentit : "Je n’ai pas ri, dit-elle, car elle avait peur", 


mais il répliqua : "Si, tu as ri."


S’étant levés, les hommes partirent de là et arrivèrent en vue de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire.

 

 

Notre Dame du Chêne


Sanctuaire Marial - Vion (72)
 

À Notre-Dame du Chêne, la Vierge Marie n'a pas parlé... elle est restée silencieuse. 
Faisant écho au silence de Marie à la basilique, il y a le silence de Jésus au Saint-Sépulcre. La basilique et la réplique du Saint-Sépulcre se répondent à Notre-Dame du Chêne, explicitant le mystère le plus caché de Marie, son silence et sa compassion. Une riche histoire glorieuse, mais aussi un lieu prophétique pour aujourd'hui et demain...


Nous sommes en 1494, sur les terres de la province d'Anjou, à un peu moins d'une lieue du village de Vion. Sur la lande se dresse un vieux chêne qui attire l'attention des bergers et des paysans de la région : de nuit, ils voient des feux brillants comme des étoiles en couronner la cime ; le jour, l'arbre est animé par le joyeux manège de colombes, qui voltigent autour de son feuillage, sans jamais s'en éloigner ; et malgré leurs efforts, ils ne peuvent ni les attraper, ni les chasser.

Ils se mettent donc à prier autour de cet arbre, qui semble posséder des pouvoirs étonnants …

James Buret, le curé de Vion, accourt, alerté par la rumeur publique. Il est chargé du salut des âmes de ses ouailles, et leurs pieuses manifestations de piété envers ce chêne ressemblent à s'y méprendre à un retour à l'ancien culte païen qui existait du temps des druides !Il interroge les uns et les autres et, poussé par l'Esprit Saint, décide de placer dans le tronc même du chêne une petite statuette de la Vierge Marie, afin de détourner les villageois d'un éventuel « faux culte ».

La Sainte Vierge ne tarde pas à faire connaître que c'est bien elle qui a inspiré le geste de l'abbé Buret.

En effet, un jeune homme, qui a dérobé un bouquet déposé près de la statuette, est aussitôt pris de forts torticolis. Interrogé par ses parents sur les circonstances de l'apparition de ce mal, il avoue son forfait. Il va remettre en place le bouquet volé, et le mal disparaît aussitôt.


En 1515, un infirme originaire de Juigné se dirigeait difficilement vers la sainte image de la Vierge Marie. Son offrande, les trois cierges, qu'il tenait à la main, s'allumèrent tout à coup d'eux-mêmes. A cet instant, le malade recouvra sa santé. A la même époque, d'autres guérisons ont été constatées.

La tradition nous dit que, plus d'une fois, la statuette aurait été transportée dans l'église paroissiale de Vion, mais que toujours, dès le lendemain, elle serait revenue d'elle-même sur le chêne où James Buret l'avait placée.Un très modeste oratoire ne tarde pas alors à s'élever autour de l'arbre. L'affluence des fidèles devient de jour en jour plus considérable et les prodiges se multiplient.

Connu au départ sous le nom de« Chêne de la Jarriaye »,l'oratoire commence à porter le nom de NotreDame du Chêne dans les premières années du XVlème siècle.

1515 : Une première chapelle est érigée L'oratoire primitif devient trop petit pour accueillir tous les pèlerins.

En 1515, un concordat est donc conclu entre le curé de Vion et la fabrique* de cette paroisse pour construire une Chapelle. Le pèlerinage va alors prendre de plus en plus d'ampleur.

*La fabrique désigne les personnes (prêtres et laïcs) impliquées (les fabriciens ou marguilliers) chargées de l'administration des finances affectées à la construction et l'entretien d'une église ou d'une chapelle ; on dit aussi le« conseil de fabrique».

1617 – Un appel de Dieu à la vocation Elisabeth de Quatrebarbes vient dans la chapelle chercher la lumière sur sa vie. Elle perçoit clairement qu'elle doit entrer au Carmel. C'est pourquoi le peintre a représenté Thérèse d'Avila derrière elle.

Nous sommes en 1617, et Thérèse est morte en 1582. Devenue mère Elisabeth de la Trinité, Elisabeth deviendra en 1626 la seconde prieure du jeune Carmel de Beaune, en Bourgogne.

En 1595, une femme qui ramassait du bois a la vision (ou l'apparition) de Notre-Dame du Chêne au-dessus du toit de la chapelle, qui tombe en ruine.Marie est là ! Elle ne dit rien … Mais sa présence fait comprendre clairement que cette chapelle est sa maison. Elle veut qu'on vienne y prier avec elle, qu'on la répare et qu'on en prenne soin.

En 1621, une femme décide de demander de l'aide à Marie pour l'enfant difforme dont elle est la nourrice.Chaque jour, pendant six semaines entières, elle vient prier Notre-Dame de guérir ce petit de ses infirmités.

Elle obtient finalement la guérison de l'enfant. Bel exemple de foi, de charité et de persévérance ! …

Marie, une fois de plus, montre sa compassion pour les peines des hommes

La chapelle tombe en ruines … Sur la lande, les enfants qui gardent les troupeaux viennent s'y abriter quand le temps se fait mauvais.Le Marquis de Sablé, de passage sur ses terrres, interroge les enfants, qui le renseignent sur la présence de Marie dans la chapelle : elle veille sur leurs troupeaux, expliquent-ils !

Il se décide, avec d'autres personnes de haut rang, à verser les sommes nécessaires à la restauration et à l'entretien de Notre-Dame du Chêne.

Pendant la Révolution Française est décrétée la vente des biens nationaux. Les églises, désignées comme telles, sont visées par cette loi, et sont rachetées par des citoyens pour servir à d'autres usages, voire pour être démolies.Un couvreur de la région, le citoyen Lefèvre, achète la chapelle avec pour objectif sa démolition.

Mais bien mal lui en prend ! A peine a-t-il commencé à enlever les premières tuiles du toit qu'il tombe de celui-ci et se fracasse sur le sol. Sans trop de mal semble-t-il, puisqu'il témoigne ensuite qu'une force surnaturelle l'a poussé!

1857
au milieu du XIXe siècle, il attire environ 60 000 pèlerins par an.
Don Guéranger, abbé de la célèbre abbaye voisine de Solesmes, y préside une réunion de Conférences de Saint-Vincent de Paul. La Vierge Marie y est honorée, aimée et, par elle, l'adoration et un culte sont rendus à Dieu. 

1869, 
Mgr Charles Fillion, évêque du Mans, envisage de construire une nouvelle église à la place de la petite chapelle. Elle est terminée en 1872 et devient basilique en 1894.  

1896, 
pour célébrer le 800e anniversaire de la première croisade prêchée dans cette région par le pape français Urbain II, des pèlerins de la région décident de partir en pèlerinage à Jérusalem. Dans un chêne, ils taillent une grande croix qui fera le trajet par mer jusqu’à la Ville Sainte et qu’ils porteront sur la Via Dolorosa ("Chemin de la souffrance " : rue de la vieille ville de Jérusalem emprunté par Jésus avant sa crucifixion) le long des ruelles qui montent au Golgotha (ou "Mont Calvaire"), lieu de la crucifixion de Jésus). Sur place, ils sont impressionnés par les lieux saints qu’ils traversent, tout particulièrement par le Saint-Sépulcre et la basilique de la Résurrection dans laquelle il est enchâssé. C’est ainsi que naît l’idée de reproduire ce monument à Notre-Dame du Chêne. La première pierre est posée alors que la croix se trouve encore à Jérusalem. À son retour des lieux saints, la croix est implantée près de l'édicule, et un calvaire, constitué de statues « grandeur nature », l’entoure bientôt. 
Aujourd'hui
Notre-Dame du Chêne est devenu le lieu de pèlerinage le plus important du  diocèse du Mans, avec environ 70 000 visiteurs par an.


 

 

 

Mythologie grecque

 

Histoire du roi fou -

Erysichtnon et  Démeter (Cérès)


Il était une fois un roi insensé et arrogant. Il s'appelait Erysichthon. Il avait une fille qui l'aimait malgré sa bêtise. À maintes reprises, elle l'avait sauvé de sa propre folie. Mais un matin, avant qu'elle ne comprenne ce qu'il avait en tête, il ordonna à ses serviteurs d'aller chercher ses partisans dans la ville. Il avait besoin de bois pour se construire une nouvelle salle de fête. Il les a tous emmenés, sa fille aussi, dans un bosquet d'arbres consacré à la déesse Déméter, (Déméter de la couronne de blé, des cheveux luxuriants, que nous devons remercier pour chaque bouche pleine, pour chaque ventre bombé, Déméter la déesse d'abondance, la mère du grain).

 

Au centre du bosquet, il y avait un vieux chêne très ancien.

"Abattez-le." 

Ses serviteurs se regardèrent horrifiés. L'énorme chêne était couvert de couronnes votives, symbole de chaque prière que Déméter avait accordée, et les hommes ont donc refusé de l'abattre. Mais il donna son ordre haut et clair.

La fille : "Père, c'est de la folie. Si vous coupez cet arbre, la déesse vous en punira."


Juste mon point. Il n'y a pas de dieux, pas de déesses. Il n'y a que nous. Et vous êtes tous des imbéciles qui tremblent devant les ombres. Je prouverai que chaque prière est de l'air gaspillé.

"Hacher. Ce. Vers le bas."

Il a attrapé une hache. Il la balança derrière lui. Tous ceux qui osaient regarder alors virent l'arbre trembler de ses racines jusqu'au bout de ses feuilles. Lorsque la lame frappa l'écorce, du sang noir s'échappa de la blessure qu'il avait faite et il y eut un cri strident :

"Je suis la nymphe qui vit dans cet arbre. Coupez-le et vous me massacrez. Si je meurs par ta main, je jure que la vengeance tombera sur toi aussi lourde qu'un chêne qui tombe."

Le roi rit. Il continua de couper jusqu'à ce que, avec un gémissement terrible, l'arbre s'écrase au sol. Et le roi le fit ramener ses sujets dans son palais par ses serviteurs. Il organisa un festin ce soir-là. Il bourrait sa bouche, il bourrait sa bouche, il bourrait sa bouche jusqu'à ce que son ventre se gonfle. Cette nuit-là, les nymphes du bosquet pleurèrent autour de la souche d'arbre. Puis l'une d'elle s'est envolée vers le mont Olympe, la demeure des immortels.

 

Déméter accéda à sa demande. Pour chaque pouvoir, il doit y avoir son contraire. S'il y a une déesse de l'abondance quelque part, il doit y avoir une déesse du manque. Bien sûr, les deux ne peuvent jamais se rencontrer.

Déméter dit : 'Nymphe, prends mon char tiré par des dragons. Roulez trois jours et trois nuits à travers le ciel vers le nord jusqu'à ce que vous voyiez en dessous de vous un endroit sans feuilles, sans vie et stérile. Là, vous la verrez, l'esprit de la Faim. Dites-lui de posséder cet Erysichthon. Dites-lui que le roi Erysichthon lui appartient maintenant."

 

La nymphe monta sur le char à travers le ciel jusqu'à ce qu'elle vit au-dessous d'elle un terrain vague où même l'air gémissait. Elle a vu la faim à la fois. La faim était sur ses mains et ses genoux, grattant la terre craquelée et aride, découvrant une racine d'arbre qu'elle broyait entre ses dents. Le visage de Hunger (la faim) est un crâne bleu-gris. Ses mâchoires claquent comme si elle était un chat regardant un oiseau hors de portée. Ses articulations semblent enflées à côté de ses membres grêles. Sa peau est si fine qu'on peut voir des veines, des tripes trembler à l'intérieur. La nymphe a su le danger quand elle l'a vu. Elle a crié ses instructions à une distance sécuritaire. Elle secoua les rênes du char, s'éleva dans le ciel. Mais même ainsi, elle sentit une crampe au ventre.

 

Cette nuit-là, la faim a volé dans le ciel. Elle se rendit au palais du roi Erysichthon. Elle se glissa par une fenêtre ouverte. Il dormait profondément dans son lit sur le dos, ronflant, la bouche ouverte. Elle pressa ses lèvres fines contre les siennes et souffla un torrent de famine dans sa bouche ouverte. Puis elle disparut, comme la fumée aspirée par une cheminée, loin du pays d'abondance pour retourner au royaume du manque. Le roi pendant qu'il dormait rêva qu'il était assis à une table en train de manger un repas qui n'avait aucun goût.


Le lendemain matin, il fut réveillé par une douleur lancinante au ventre. Il s'assit et découvrit que ses mâchoires avaient leur propre vie. Elles claquèrent l'une contre l'autre comme s'il était un chat fixant un oiseau hors de portée. Il demanda à manger. Il mangeait et mangeait mais cette faim était comme le feu : plus il la nourrissait, plus elle devenait forte. Il a demandé plus de nourriture dans de plus grands bols entassés plus haut. Mais cela ne servait à rien : c'était comme s'il jetait des miettes dans un gouffre. Assez de nourriture pour nourrir sa famille, assez de nourriture pour nourrir son palais, assez de nourriture pour nourrir sa ville, assez de nourriture pour nourrir sa nation qu'il entassa dans sa bouche ouverte. Il n'a arrêté de mâcher que pour demander "Plus de nourriture ! Plus de nourriture!"

Sa fille est devenue désespérée. Elle avait peur… la vendrait-il pour de l'argent ? Il était sûrement capable, il n'était plus lui-même ; possédé par la faim et l'avidité. Elle devait sauver son père et elle-même. Elle a crié à l'aide. Elle a crié alors qu'il était sur le point de la vendre en esclavage.


La déesse Déméter l'a sauvée. Elle a sauvé la fille de l'esclavage en lui donnant le pouvoir de changer de forme ; elle a reçu les outils de transformation. Mais elle ne pouvait pas quitter la maison de son père. La fille ne pouvait pas quitter le royaume de son père. Elle a laissé le père utiliser ses dons. Le père a abusé de ses pouvoirs de métamorphose pour escroquer les gens sur le marché en leur vendant des illusions. Encore et encore, car la fille pouvait changer de forme en continu. Il a dévoré toutes ses richesses et celles de son entourage. Mais encore, ce n'était pas assez. Finalement, de plus en plus désespéré, Erysichthon se dévora.

Ovide - Métamorphoses, Livre VIII

Récit du mythe - version éditée du matériel pédagogique de l'Université de Princeton



 

 

 

Mythologie grecque

 

Philémon et Baucis.

 

Dans une région montagneuse de la Phrygie, il y avait jadis deux arbres que les paysans se montraient du doigt, car l’un était un chêne, l’autre un tilleul et cependant ils n’avaient qu’un seul tronc, transformation accordée par les Dieux à Philémon et Baucis.


.... Ils étaient maintenant parvenus à un âge très avancé, et soudain, comme ils échangeaient leurs souvenirs, chacun s’aperçut que l’autre se couvrait de feuilles. Puis une écorce les entoura. Ils n’eurent que le temps de s’écrier tendrement : “Adieu, cher compagnon” ; les mots avaient à peine passé leurs lèvres qu’ils étaient transformés en arbres. Mais ils étaient toujours ensemble ; le chêne et le tilleul n’avaient qu’un seul tronc....


Ovide (Publius Ovidius Naso 43 av. J.-C.- 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin 
Les métamorphoses 


Janus Genelli - La tranformation Philemon und Baucis - (1801)


 

 

 

Mythologie grecque, 

 

Les symboles de Zeus sont le chêne et l'éclair.

 

Le chêne est un arbre spirituel, on peut l’estimer comme un esprit très puissant en soi. Il est bien souvent hôte de Dryades, hamadryades et autres créatures mystiques comme les Gnomes en ses racines.


Les dryades sont les nymphes qui vivent en harmonie dans les bois de chênes (dryos veut dire chêne en grec). 
Les hamadryades sont des nymphes qui vivent sous l'écorce d'un chêne.

 

 

 

 

Mythologie grecque, 

 


la Toison d'or 


La Toison d'Or, symbole solaire, toison de Chrysomallos, bélier pourvu de grandes ailes, animal merveilleux envoyé par les dieux à deux enfants, Phrixos et Hellé, qui l'enfourchent pour échapper à leur belle-mère Ino.


Arrivé en Colchide, Phrixos sacrifie le bélier en l'honneur de Zeus et fait cadeau de la toison au roi Éétès, qui la suspend à un chêne et la fait garder par un dragon et des hommes armés. 


La quête de la toison d'or forme l'enjeu du mythe des Argonautes menés par Jason.


Pélias ordonne à son neveu Jason de ravir la Toison d'or. Médée trahit son père Éétès et aide Jason et les Argonautes à s'en emparer. 


 


L’Argo a transporté les Argonautes à la recherche de la Toison d'or. Athéna présida à sa construction.

Elle apprit à Tiphys à attacher les voiles au mât, car il était le timonier et aurait besoin d'une connaissance absolue du fonctionnement du navire. 

L'Argo contenait dans sa proue un morceau de bois de chêne magique  du bois sacré de l'oracle de Dodone , qui pouvait parler et rendre des prophéties

Lorenzo Costa (vers 1500-1530), L'Argo

 

 

Mythologie grecque

 

Les dryades


Dans la mythologie grecque, les Dryades sont décrites comme des nymphes protectrices des forêts, divinités mineures liées aux arbres en général, et plus particulièrement aux chênes. 


Elles sont souvent présentées comme de très belles jeunes femmes, des créatures timides, qui n'aiment pas trop se dévoiler incarnant la force végétale des forêts dans lesquelles elles errent en toute liberté. 


Elles sont fortes, robustes,  fraîches et légères, dansant autour des arbres qu'elles protègent.

 
Les Dryades comme les autres nymphes ne sont pas immortelles, mais gratifiées par les dieux d'une longue vie. La plus célèbre d'entre elle est Eurydice, la femme d'Orphée.


Les Dryades pouvaient errer en liberté et survivre aux arbres placés sous leur protection.


Elles sont souvent représentées avec une couronne de feuilles de chêne et formant des chœurs de danse autour d’un arbre. 
Leur nom vient du grec drus (chêne) et c’est la raison pour laquelle on les associe généralement à cet arbre majestueux, symbole de force et de longévité, 

La dryade Eurydice attribué à Antoinette Béfort


 

 

 

Mythologie greco-romaine


Dans la mythologie grecque, Rhéa, ou Rhéia est une Titanide, fille d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), sœur et femme du Titan Cronos, et mère des dieux et déesses Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus.


Dans la mythologie romaine, Rhéa est assimilée à Cybèle, surnommée l'aïeule des dieux, la "Grande Déesse phrygienne", la "Grande Mère" (Magna Mater) ou la "Mère des dieux". Celle-ci fait l'objet d'un culte orgiastique, avec mutilations rituelles, qui s'est répandu d'Asie Mineure jusqu'à Rome, où elle est officiellement accueillie sous sa forme de "Pierre Noire".


On représentait Cybèle sous les traits et avec la prestance d'une femme robuste. Elle portait une couronne de chêne, arbre qui avait nourri les premiers hommes. 


Ionie - Smyrne - Tétradrachme (190-133 av. J.-C.)
AVERS : Tête tourelée de Cybèle 
REVERS : monogramme dans une couronne de chêne.


 

 

 

Mythologie celtique,

 
 

Les Celtes révéraient Esus dans les chênes, la divinité suprême.

 
Un culte qui s'est perpétué en France jusqu'aux douzième et treizième siècles. (Grégoire).


Le chêne, par son tronc, par son feuillage touffu et par son propre symbolisme,  est considéré l'emblème de l'hospitalité et l'équivalent d'un temple par les Celtes. Le chêne est l’arbre des portes, permettant le passage entre différents mondes.

 

C’est l’arbre des oracles, l’arbre sacré de nombreuses traditions, l’arbre des portes, permettant le passage entre différents mondes.

 

Les druides, dont le nom se traduit par "homme de chêne", ont droit à la fois à la sagesse et à la force. 


Arbre jupitérien il est relié au pouvoir de la foudre. C’est l’arbre le plus sacré des Druides autour duquel s’effectuent rituels et cérémonies. C’est bien souvent d’ailleurs autour des plus vieux et illustres de ces arbres que s’organisaient les sanctuaires.

Ses fruits, les glands sont considérés comme étant aussi sacrés, symbole de la force latente, en puissance, de l’arbre.

Pour les druides le gui sur un chêne marquait l’arbre comme particulièrement sacré ; et la rareté de ce fait – car le gui ne croît pas sur les chênes en général – devait augmenter le caractère sacré et mystérieux de l’arbre. 

Druide - Andrei Chichkine

 


 

Mythologie Nordique

 

Le Géant Skymir


Skrymir est le Géant rencontré par Loki et Thor accompagnés de leurs serviteurs Thialfi et Roskva alors qu'ils traversaient une forêt à pied car un des boucs boitait.


Dans cette grande forêt aux arbres immenses, l'obscurité tomba rapidement et dans les ténèbres ils cherchèrent un abri pour passer la nuit ; ils découvrirent ce qui ressemblait à une vaste demeure où ils pourraient dormir. La porte d'entrée de la maison était aussi large que la maison elle-même. Mais ils étaient à l'abri du froid et ils s'endormirent jusqu'à ce que le sol tremble et les réveille. Effrayés, Thor et ses compagnons quittèrent leur refuge et trouvèrent en sortant une autre pièce plus étroite où ils se sentirent plus en sécurité, bien que tout au long de la nuit des sifflements et des grondements se fissent entendre et Thor préféra monter la garde.


A l'aube Thor, armé de son marteau, sortit du refuge et découvrit qu'ils avaient dormi dans un immense gant, puis dans le pouce du gant, et un Géant dormait et ronflait à proximité. Thor revêtit alors sa ceinture magique Megingiord, ce qui accroît immédiatement sa force, et s'apprêtait à frapper le géant mais, celui-ci se réveilla alors Thor préféra lui demander son nom. Le géant qui s'appelait Skrymir lui demanda qui avait pu avoir la force de déplacer son gant.


Les Ases se firent connaitre et le géant décida de les accompagner mettant même sur son dos le grand et lourd sac de victuailles. Ils marchèrent ensemble pendant toute une journée puis, en le soir venu, ils s'arrêtent sous un grand chêne où Skrymir s'étend pour dormir.


Malgré sa force, Thor ne peut ouvrir le sac à provisions et, en colère, il frappe violemment la tête de Skrymir avec son marteau, Mjöllnir. Le géant se réveilla et demanda simplement si une feuille du chêne était tombée sur sa tête. Thor le rassura et il se rendormit.


Au milieu de la nuit, Thor frappa à nouveau Skrymir avec son marteau qui s'enfonça profondément dans la tête du géant qui se réveilla et demanda cette fois si un gland du chêne lui était tombé dessus. Thor le tranquillisa et Skrymir se rendormit à nouveau.


Un peu avant le jour, Thor frappa une nouvelle fois de toutes ses forces le géant sur la tempe. Le marteau s'enfonça alors jusqu'au manche. Skrymir se redressa, il se gratta la tête et demanda s’il y avait des oiseaux dans cet arbre car il avait l'impression que des feuilles ou des brindilles lui étaient tombées sur le crane.


Le jour s’était levé et Skrymir préconisa aux voyageurs de reprendre la route car il y avait encore loin pour atteindre la forteresse d’Utgard.

"Je sais leur dit-il que vous êtes étonnés de voir combien je suis grand, mais à Utgard, il y a des hommes encore plus grands que moi. Oubliez votre arrogance car le seigneur du lieu, Útgarða-Loki, ne tolérera pas les vantardises de petits hommes comme vous et les habitants du Jotunheim ne supportent pas les gens arrogants. Le mieux serait de retourner d’où vous venez, et je vous le recommande. Mais si vous continuez vers l'est, vous arriverez bientôt à Utgard. Pour ma part je dois poursuivre vers les montagnes du nord."

Louis Huard - Skrymir géant et Thor


 

 

Mythologies lituanienne et lettonne, 

 


Perkūnas ou Pērkons est le dieu de la foudre, du tonnerre et de l'orage, des montagnes, du chêne et du ciel. Il combat les esprits nuisibles et est également un protecteur de la moralité qui persécute les injustices.


Perkūnas est représenté comme une divinité puissante à laquelle le Soleil, la Lune et tous les astres célestes doivent obéir. C'est une sorte de justicier suprême dont la colère est à craindre, car il peut abattre et scinder en deux un "chêne d'or" lorsqu'il se fâche.


Les chênes sont toujours considérés comme un arbre spécial.

Mikalojus Konstantinas Ciurlionis - Perkunas (Thor) - 1909


 

 

 

Il y a  56 miilions à 6 millions d'années

 


Les chênes se sont vite diversifiés pour aboutir dès l'Éocène aux deux sous-groupes de chênes actuels : Cerris et Quercus. Si l'extension du sous-genre Cerris est aujourd'hui exclusivement eurasiatique et nord-africaine, un fossile de gland datant de 48 Ma en Orégon prouve qu'il a aussi peuplé l’Amérique avant d'y disparaitre. La diversification des chênes s'est accélérée avec le début du refroidissement, qui a débuté il y a environ 52 Ma et a poussé les chênes à se déplacer vers le sud et ainsi à se différencier entre Amériques et Eurasie.

 

Le plus ancien fossile non équivoque de chêne (du pollen retrouvé près de Salzbourg) remonte à 56 millions d'années. Des restes fossiles de feuilles remontant à l’Oligocène, il y a environ 35 millions d’années, ressemblant fortement aux espèces actuelles, indiquent que de nouvelles espèces sont apparues à l’occasion de changements climatiques entre −34 et −23 millions d’années, la diversification infragénérique (les 8 sections) sont déjà établies au début de l'Oligocène.


Des fossiles datant de 6 millions d'années en été retrouvés en Ardèche

Quercus cerris (Miocène, Saint-Bauzile, Ardèche)



 

 

 

3000 ans avant J.C.

 


Les peuples primitifs d’Europe vivaient dans les bois de chênes, se servaient de branches de chêne pour alimenter leurs feux, de bois de chêne pour construire leurs maisons, leurs routes, leurs pirogues. Les glands formaient la nourriture de leurs porcs et, en partie, de la leur. Le chêne jouât un rôle important fût investi d’un caractère sacré.


Chez les Celtes de la Gaule, les druides n’estimaient rien de plus sacré que le gui ou le chêne sur lequel il poussait ; ils choisissaient des bosquets de chênes pour y célébrer leur service solennel, et n’accomplissaient aucun de leurs rites sans feuilles de chêne. 

druide - Andrei Chichkine

 

 

 

2000 av. J.C.

 

Dodone est un sanctuaire oraculaire dédié à Zeus et à la Déesse-Mère, révérée sous le nom de Dioné Naïa (la forme féminine du nom Zeus), en relation avec un chêne sacré.


Les prêtres et les prêtresses du bosquet sacré interprétaient le bruissement des feuilles de chêne sous le vent.

 


C’est le plus vieil oracle grec,

d'après Hérodote, remontant peut-être au IIe millénaire av. J.-C., 

Hérodote raconte livre II, § 52 - 54 à 58) 

"Les prêtresses des Dodonéens rapportent :


« deux colombes noires, s'étant envolées de Thèbes en Egypte, s'en allèrent l'une en Libye, l'autre à Dodone. Cette dernière, se posant sur un chêne, se mit à parler d'une voix humaine et à dire qu'il fallait fonder en ce lieu un oracle de Zeus ; les gens de Dodone pensèrent qu'ils recevaient là un ordre émanant des dieux et sur cet avis fondèrent l'oracle »

Ils racontent aussi que la colombe qui s’envola en Libye commanda aux Libyens d’établir l’oracle d’Ammon, qui est aussi un oracle de Jupiter. Voilà ce que me dirent les prêtresses des Dodonéens, dont la plus âgée s’appelait Preuménia ; celle d’après, Timarété ; et la plus jeune, Nicandra. Leur récit était confirmé par le témoignage du reste des Dodonéens, ministres du temple".


Philostrate Dodone


 

 

 

VIII° siècle av. J.C.

 

Hésiode (VIII° av. J.C.) poète grec 

Théogonie 

..." Mais à quoi bon tous ces mots autour 
du chêne ou du rocher ?"...

 

Pseudo-Hésiode :

Le Bouclier d'Héraclès 

..."Et (Kycnos) s’écroula, comme s’écroule un chêne ou une roche abrupte frappée par la foudre fumante de Zeus "...
 


Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) surnommé "le Poète" par les Anciens. Les deux premières œuvres de la littérature occidentale l’Iliade et l’Odyssée lui sont attribuées.

 

Dans l’Odyssée, 


Ulysse se rend à Dodone pour consulter l’oracle sur les moyens de retourner à Ithaque (Chant XIV, 327 ; chant XIX, 296-298) :

"Celui-ci me dit qu’Ulysse s’en était allé à Dodone pour écouter, dans la haute chevelure du chêne divin, les conseils de Zeus sur la manière de  revenir au gras pays d’Ithaque, dont il était depuis longtemps, déjà éloigné."


Ce sont donc les Selles qui, maintenant un contact rituel permanent avec la terre, interprétaient la parole de Zeus. Celle-ci leur parvenait de plusieurs manières : le bruissement des feuilles du Chêne sacré, le bruit causé par un ou plusieurs chaudrons de bronze (selon les époques, voir infra), et peut-être aussi le vol de colombes, si on interprète ainsi l'étymologie des péléiades (femmes sacrées de Zeus et de la Déesse-Mère).

Athéna révélant Ithaque à Ulysse, par Giuseppe Bottani (1717-1784).

 


 

 

Homère, aède grec

L'odyssée 


Ulysse


...Soudain, d’un coup de baguette, elle les métamorphose en cochons...


...Inquiet de ne pas voir revenir les éclaireurs, Ulysse s’enfonce à son tour dans l’île. Il s’approche du palais quand surgit devant lui un jeune homme portant une baguette d’or. C’est Hermès, le dieu rusé :

"Ne sais-tu pas qu’ici règne Circé la magicienne ? Pour garder les hommes auprès d’elle, elle les transforme en bêtes. Elle a changé tes compagnons en cochons et te changera à ton tour ! Moi seul peux te sauver. Prends cette herbe de vie qui te protègera contre les sortilèges de Circé.

Ulysse avale le contrepoison puis se rend au palais de la magicienne.

L’air de rien, il boit le breuvage que Circé lui sert dans une coupe d’or. Mais quand elle le frappe de sa baguette, au lieu de se transformer en cochon, Ulysse tire son épée et bondit sur la magicienne comme pour la tuer. Aussitôt, elle comprend :


- C’est donc toi Ulysse, celui dont Hermès m’avait annoncé la venue, toi dont il m’avait dit que tu résisterais à mes enchantements ... Reste dans mon palais et nous vivrons d’amour !

- Circé, comment oses-tu me parler d’amour alors que tu as changé mes compagnons en cochons !

Délivre-les d’abord et jure de ne plus faire usage de tes maléfices !

Circé jure par le serment des dieux. Puis, elle entraîne Ulysse dans la porcherie où il découvre avec stupeur ses compagnons : transformés en cochons, ils mangent des glands.

Circé enduit le corps de chacun d’une pommade magique : aussitôt, les cochons redeviennent des hommes.

Edmond Dulac - Circé et Ulysse (1910)

 

 

Homère (VIII° siècle av. J.C.) aède (poète) 

 

l’Odyssée (XIX, 163),

 
..."Dis-moi ta race et ta patrie,
car tu n’es pas sorti du chêne légendaire ou de quelque rocher"...

 

Au chant XXII de l’Iliade,

on voit Hector se demander s’il affrontera ou non Achille :

..."Non, non, ce n’est pas l’heure de remonter au chêne et au rocher, et de deviser tendrement comme jeune homme et jeune fille — comme jeune homme et jeune fille tendrement devisent ensemble."... 

 

La guerre de Troie

Agénor put détourner l’attaque des Grecs et faire preuve d’une force héroïque grâce à l’encouragement d’Apollon qui lui apparût adossé à un chêne dans les gorges de l’Ida 

 


Iliade, XXI, 544-549

Hymnes homériques, 256-268

"Hymne à Aphrodite", 

..."Sitôt qu’il verra la lumière du soleil, ce fils aura pour nourrices des nymphes montagnardes à l’ample poitrine, celles qui habitent cette grande et divine montagne. Ces déesses, on ne les compte ni parmi les mortels ni parmi les êtres mortels, ni parmi les immortels : elles vivent longtemps goûtent à l’aliment divin et dansent gracieusement au chœur des Immortels. C’est à elles que les Silènes et le vigilant Argeiphontès s’unissent amoureusement au fond des grottes charmantes. En même temps qu’elles, il naît sur la terre nourricière d’hommes, des pins, des chênes à la haute tête, de beaux arbres qui grandissent sur les hautes montagnes : ils se dressent, immenses, et on les appelle les bois sacrés des Immortels"...
 


 


 

VI° siècle av. J.C.

 


Le temple de Jupiter Très Bon et Très Grand


dédié à la triade capitoline, ensemble de trois divinités formé par Jupiter, Junon et Minerve.  ('temple de Jupiter" ou "temple de Jupiter Capitolin")


Selon la tradition, le site avait été choisi parce qu'il était occupé par un chêne considéré comme sacré.


D'après Plutarque, Romulus avait en effet fait abattre un chêne, mais dans le but d'en faire un présentoir digne des spolia opima qu'il souhaite déposer dessus...


Ce sanctuaire du dieu souverain du panthéon romain intimement lié aux rituels de victoires à la guerre, les triomphes. La tradition de commémorer les victoires militaires sur le Capitole remonte selon la tradition littéraire à Romulus, qui y aurait fondé le temple de Jupiter Férétréen afin d'abriter les dépouilles opimes (spolia opima) prises sur Acron, roi de Caenina, et dédiées à Jupiter. 


Sa fondation semble dater du dernier quart du VIe siècle av J.-C., par le roi Tarquin l’Ancien. Les travaux se poursuivirent avec le roi Tarquin le Superbe, mais le temple fut semble t-il inauguré le 13 septembre 509 avant J.-C. par Marcus Horatius Pulvillus, un des premiers consuls républicains de Rome. Le temple fut presque totalement détruit par un incendie en 83 avant notre ère et avec lui les Livres sibyllins qui y étaient conservés.


Des cérémonies se déroulaient devant le temple, ainsi que les assemblées solennelles du Sénat. 


 

 

 

V° siècle av. J.C.

 

 

Eschyle (vers 525 av. J.-C.,-456 av. J.-C) le plus ancien des trois grands tragiques grecs.

Prométhée enchaîné, 830, 835

..."Et au haut du plateau de Dodone, où sont l’oracle et le siège de Zeus Thesprote et l’incroyable prodige des chênes parlants qui, clairement et sans énigme saluèrent en toi celle qui devait être l’illustre épouse de Zeus"...

 

 

Sophocle (495 av. J.C.-406 av. J.C.) un des trois grands dramaturges grecs 

"Trachiniennes", 1195-1199

..."Tu couperas une masse de bois prise dans la chênaie aux racines profondes"... 

 

 

Hérodote ( vers 480 av. J.C. - vers 425 av. J.C. ) historien et géographe grec. Il rapporte une tradition sur l’oracle de Dodone, qu'il avait déjà entendue à Thèbes en Égypte :

"Les prêtresses des Dodonéens rapportent qu’il s’envola de Thèbes en Égypte deux colombes noires ; que l’une alla en Libye, et l’autre chez eux ; que celle-ci, s’étant perchée sur un chêne, articula d’une voix humaine que les destins voulaient qu’on établît en cet endroit un oracle de Zeus ; que les Dodonéens, regardant cela comme un ordre des dieux, l’exécutèrent ensuite.

Ils racontent aussi que la colombe qui s’envola en Libye commanda aux Libyens d’établir l’oracle d'Ammon, qui est aussi un oracle de Jupiter. Voilà ce que me dirent les prêtresses des Dodonéens, dont la plus âgée s'appelait Preuménia ; celle d'après, Timarété ; et la plus jeune, Nicandra. Leur récit était confirmé par le témoignage du reste des Dodonéens, ministres du temple."

Noël Coypel (1628-1707) Hercule offrant un sacrifice à Jupiter

 


 

Socrate (vers 470/469 av. J.C. - 399 av. J.C.) philosophe grec

..."C’est que, selon le mot d’Homère, moi non plus je ne suis pas né d’un chêne ou d’un rocher, mais d’êtres humains"...

 

dans la République il demande à Glaucon :

..."Penses-tu que les régimes politiques sortent d’un chêne ou d’un rocher ?"...
 


 

IV° siècle av. J.C. - I° siècle av. J.C.

 


Ménandre (IV° siècle av. J.C.) auteur comique grec, disciple du philosophe Théophraste. 

Monostiques
"Quand le chêne est tombé, chacun se fait bûcheron."




Les consuls Domitius et Dolabella ayant établi un concours pour les poètes, le feuillage du chêne servit à tresser les couronnes décernées au capitole à ceux qui avaient mérité le prix.

 

 

La couronne civique (en latin : corona civica)

est une distinction accordée, dans l'Antiquité romaine, à celui qui a sauvé la vie d'un citoyen romain en tuant son agresseur. Elle se compose de feuilles de chêne.


Plusieurs empereurs romains, parmi lesquels Publius Aelius Hadrianus, dit Hadrien, (76-138) empereur romain, et Auguste, (Caius Octavius  63 av. J.-C. - 14 apr. J.-C) empereur romain sont représentés coiffés de la couronne civique. 


Dans la hiérarchie des récompenses militaires, elle occupe le deuxième rang, le premier étant dévolu à la couronne obsidionale.


Lucius Domitius Ahenobarbus (né en 98 av. J.-C., m. en 48 av. J.-C. à Pharsale) était un homme politique romain de la fin de la République.


Publius Cornelius Dolabella homme politique romain (III° siècle av. J.-C., consul en 283 av. J.-C.)


Auguste couronné de feuilles de chêne. Marbre, I° siècle ap. J.-C. - Musée du Louvre

 

 

 

Théocrite (v. 310 av. J.C. -v. 250 av. J.-C.), est un poète grec, auteur de mimes, d'idylles pastorales et de contes épiques.

"Thyrsis", Idylles, 105-107


..."Va-t-en où le bouvier, dit-on avec Cypris, sur l’Ida près d’Anchise où sont souchet et chênes, abeilles bourdonnent bellement près des ruches"...
 

 

Théophraste (v. 371 av. J.-C. - v. 288 av. J.-C.) philosophe de la Grèce antique,  botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

Recherche sur les plantes, 5, 7, 2

..."Alors que les autres parties sont faites de ces bois (le sapin, le pin noir et le cèdre) la quille est sur la trière en chêne pour qu’elle résiste aux halages. Sur les chalands elle est en pin mais on place dessous une doublure de chêne quand il s’agit de navires qu’on hale"...
 

 

Cnæus Gellius historien romain du II° siècle av. J.-C., auteur d'Annales retraçant l'histoire de Rome depuis les origines jusqu'à son époque, proposa au sénat d'en donner une à Cicéron, qui, en dévoilant la conjuration de Catilina, avait sauvé, non seulement un citoyen, mais la patrie...

 

 

Callimaque (vers 305 av. J.-C.- vers 240 av. J.-C.) poète grec,

"Hymne à Délos"

Hymnes, IV, 79-86


.."Ebranlé du coup, la nymphe du sol Mélia, quitta le chœur de ses compagnes, la pâleur envahit ses joues, quand elle vit trembler les arbres, chevelure de l’Hélicon, angoissée pour le chêne dont les jours sont les siens. Muses, ô mes déesses dites-le : est-ce véridique que les chênes soient nés au même jour que les nymphes ? Les nymphes sont en joie, quand l’eau du ciel fait grandir les chênes"...


 

Gaius Lucilius dit Lucilius (180 ou 148 av. J.-C.-102 ou 101 av. J.-C.) poète latin fondateur de la satire.

(XI, 253) :

..."Pour sûr tu sors du chêne légendaire ou du rocher,
toi qui danses comme un portrait vivant de Niobé"...

 

 

Pseudo-Apollodore, (II° siècle av. J.-C.).

La bibliothèque, I, 9, 16, 110J

..."Jason fit appel à Argos, fils de Phrixos, et celui-ci sur les instructions d’Athéna, construisit un navire à cinquante rames qui fut appelé Argo, du nom de son constructeur. A la proue, Athéna ajusta une pièce douée de parole, venant du chêne de Dodone"...
 

 


Zonas de Sardes (I° siècle av. J.C.)  poète grec 

(IX, 312), 

..."Garde-toi de couper la mère des glands, garde-t’en bien ; … tiens ta hache loin des chênes, car les ancêtres nous ont dit que les chênes sont nos premières mères"...
 

 

 

Cicéron (106 av. J.-C.- 43 av. J.-C. homme d'État romain, avocat,  philosophe, rhéteur et écrivain latin.

 

Des lois, I, 1, 1

..."Mais le bois sacré et le chêne des gens d’Arpinum ; je les reconnais pour les avoir vus tant de fois dans Marius. Si le chêne subsiste, c’est sûrement celui-ci car il est bien ancien"...


Des lois, I, 1, 2

..."Et il y a en bien des endroits beaucoup d’autres choses qui, grâce à la tradition, subsistent plus longtemps que leur nature ne leur aurait permis de durer. Ainsi le fameux chêne "couvert de glands" d’où jadis pris son vol le fauve messager de Jupiter à l’aspect merveilleux admettons que ce soit encore celui que voici. Mais quand les saisons et l’âge l’auront achevé, il y aura quand même en cet endroit un chêne que l’on appellera le chêne de Marius"...
 

 

Plutarque (vers 46- vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique.

"Vie de Coriolan", 3, 4, 214f

..."En outre le chêne est, parmi les arbres sauvages, le plus fertile et parmi les arbres cultivés, le plus vigoureux. Enfin les hommes ont tiré du chêne des glands pour se nourrir et, pour boire, de l’hydromel ; cet arbre leur a permis aussi d’attraper pour les manger la plupart des oiseaux, en leur fournissant comme instrument de chasse la glu"... 
 



 

Horace (en latin Quintus Horatius Flaccus 65 av. J.C. - 8 av. J.C.)  poète latin 

Odes, I, III, 9-10

Au vaisseau qui portait Virgile

Cette ode se compose du vers glyçonique et de l'asclépiade.

..."Il avait autour du coeur une cuirasse de chêne et un triple airain, celui qui, le premier, confia aux flots irrités une barque fragile, et ne craignit point le vent impétueux d'Afrique, luttant contre l'Aquilon, ni les funestes Hyades, ni la rage du Notus, le maître le plus puissant de l'Adriatique, dont il soulève ou calme à son gré les ondes"... 

 

Ovide (Publius Ovidius Naso, 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.), poète latin.


extraits des chants X et XI des Métamorphoses 

 

l'histoire d'Orphée

Une colline s’élevait, et sur cette colline, le sol, mollement aplani, nourrissait une herbe verte et touffue : mais l’ombre manquait en ces lieux. Sitôt que, se reposant à cette place, le chantre fils des immortels toucha les cordes sonores, l’ombre y vint d’elle-même. Soudain parurent et l’arbre de Chaonie , et les Héliades du bocage, et le chêne au feuillage superbe, et le gracieux tilleul, et le hêtre, et le laurier virginal. 
On vit paraître en même temps le coudrier fragile et le frêne guerrier, et le sapin sans nœuds, et l’yeuse courbée sous le poids de ses glands, et le platane ami de la joie, et l’érable aux nuances variées, et le saule des fleuves, et le lotus des eaux, et le buis toujours vert, et les bruyères timides, et les myrtes à deux couleurs, et le tinus aux baies d’azur.


- L’arbre de Chaonie : variété de chêne.
- chantre : Orphée

Savery Roelandt (1576-1639) - Paysage avec Orphée charmant les animaux

 

 

 

Virgile (70 av. J.-C. - 19 av. J.-C),  poète latin contemporain 


Les cent derniers vers de la Quatrième Géorgique,

placent dans la bouche du devin Protée le récit de la descente aux Enfers d’Orphée ; dans une perspective élégiaque, la douleur du héros est fréquemment mise en exergue :

Septem illum totos perhibent ex ordine mensis

rupe sub aeria deserti ad Strymonis undam

fleuisse et gelidis haec euoluisse sub antris

mulcentem tigris et agentem carmine quercus.

 

"Pendant sept mois entiers, dit-on, 

au pied d’une roche aérienne, sur les bords du Strymon désert, 

il pleura et raconta ses malheurs au fond des antres glacés, 

charmant les tigres et entraînant les chênes avec son chant."

 

 

Livre II : Les arbres et la vigne

Géorgiques - 2,9-37

...Les arbres naissent spontanément ou se reproduisent de diverses manières, que les cultivateurs doivent apprendre...


Mais d'autres naissent d'une semence qui s'est posée à terre, comme les hauts châtaigniers, comme le rouvre, géant des forêts, qui offre ses frondaisons à Jupiter, et comme les chênes qui, au dire des Grecs, rendent des oracles....

 


Préceptes généraux d’arboriculture -  2,47-258

Amélioration des espèces par procédés appropriés, et en particulier par la greffe - 2,47-82


...C'est de surgeons que naissent les durs coudriers, et le frêne énorme, et l'arbre ombreux dont Hercule se tressa une couronne, et le chêne à glands du Père Chaonien;... 

 

Martin van den Bogaert dit Martin Desjardins (1637-1694) sculpteur français d'origine néerlandaise.
Hercule couronné par la Gloire - Marbre, 1671, - Louvre
(Couronne de feuilles de chêne)



 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 

 

Strabon (v. 60 av. J.C. - 20 ap. J.-C. , géographe et historien grec 

Géographie, VII, 7, 10, 1-5

..."D’après Ephore, la fondation de cet oracle remonte aux Pélasges les plus anciens, des peuples qui aient été, dit-on, les maîtres de la Grèce. Le poète s’exprime ainsi :

"Zeus tout puissant, dieu de Dodone et des Pélasges" 

et Hésiode : 
"Il s’en vint à Dodone auprès du chêne antique, demeure sacré des Pélasges"...

 


Pline l’Ancien (en latin Caius Plinius Secundus  23 apr. J.-C.-79 ap. J.C.), écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).


L'Histoire naturelle (Historia Naturalis), 


livre 16


...Dans les mêmes régions septentrionales, la forêt Hercynienne, aux chênes énormes, respectés par le temps et contemporains de l'origine du monde, est, par cette condition presque immortelle, la plus surprenante des merveilles. Sans parler de singularités qu'on ne croirait pas, il est certain que la rencontre des racines qui vont au-devant les unes des autres soulève des collines, ou, si la terre ne les accompagne pas, elles s'élèvent jusqu'aux branches, rivalisent à qui montera le plus haut, et forment des arcades assez larges pour laisser passer des escadrons. (III.) Ces arbres sont particulièrement de l'espèce du chêne à gland, qui est le plus honoré chez les Romains.

 

III. (IV.)

C'est le chêne qui fournit les couronnes civiques, la plus illustre décoration du courage militaire, et depuis longtemps l'emblème de la clémence impériale, alors que, au milieu de l'impiété des guerres civiles, on a commencé à regarder comme une belle action de ne pas tuer un citoyen...

 
...Auguste donna la couronne rostrale a Agrippa ; lui reçut du genre humain la couronne civique.

 

V. 
...La couronne civique fut d'abord faite avec l'yeuse, puis on préféra employer l'esculus consacré à Jupiter, et parfois le quercus (quercus robur, L.); enfin on a employé indifféremment le chêne qui se rencontrait, à la condition toutefois que la branche portât de beaux glands.

...On fit, à ce sujet, des lois étroites, hautaines, et rendant notre couronne civique comparable à cette couronne suprême de la Grèce qui est donnée en présence de Jupiter même, et pour laquelle la ville natale du vainqueur, pleine d'allégresse, fait une trouée à ses murailles... Quand on a reçu cette couronne, on peut la porter constamment.

...Siccius Dentatus reçut quatorze couronnes civiques, comme nous l'ayons rapporté en son lieu (VII, 29) ; Manlius Capitolinus, six (VII, 29), et dans ce nombre une pour avoir sauvé son général Servilius...

 

VI. (V.) 
Il est certain que de nos jours encore les glands sont une richesse pour plusieurs nations, même en temps de paix. Les céréales venant à manquer, on sèche les glands, on les moud, et on en pétrit la farine en forme de pain. Aujourd'hui même, en Espagne, le gland (quercus ballota, L.) figure au second service. II est plus doux cuit sous la cendre. D'après la loi des Doute Tables on est autorisé à recueillir le gland qui est tombé sur le fonds d'autrui. Les chênes comptent de nombreuses espèce. Ils diffèrent par le fruit, la localité, le sexe, le goût... 

Quelques-uns sont sauvages, d'autres ont des fruits plus doux, et viennent dans les lieux cultivés. Les chênes des montagnes diffèrent de ceux des plaines; les mâles diffèrent des femelles; et le goût y introduit de nouvelles différences. Les glands les plus doux sont ceux du hêtre : d'après le récit de Cornélius Alexander. Ils suffirent pour soutenir les assiégés dans la ville de Chios. Les espèces ne peuvent se distinguer par les noms, qui varient suivant les localités. Nous voyons en tous lieux le rouvre (quercus sessiliflora, Smith) et le quercus (quercus robur, L.). Il n'en est pas de même pour l'esculus (quercus esculus, L). La quatrième espèce, que l'on nomme cerrus (quercus cerris, L.) est même ignorée de la plus grande partie de l'Italie. Nous les distinguerons donc par leurs caractères naturels, et, quand il le faudra, même par leurs noms grecs.

 

VIII. 
Le gland proprement dit vient sur le rouvre, sur le quercus, I'esculus, le cerrus, l'yeuse (quercus ilex, L.), le liège (quercus suber, L.). Il est renfermé dans une cupule rugueuse, embrassant le fruit plus ou moins, suivant les espèces. Les feuilles, excepté celles de l'yeuse, sont pesantes, charnues, longues, découpées sur les bords, et au moment ou elles tombent elles ne sont pas jaunes comme celles du hêtre; elles sont plus courtes ou plus longues, suivant les variétés des espèces. Il y a deux espèces d'yeuses (quecus ilex, L.) : l'une d'elles, qui existe en Italie, ne diffère pas beaucoup de l'olivier par la feuille; quelques Grecs la nomment smilax; les provinces la nomment aquifolia. Le gland de ces deux espèces d'yeuses est plus court et plus grêle que celui des autres chênes; Homère le nomme acylos (Odyssée, X, 223), et par ce nom il le distingue du gland.

On prétend que les yeuses mâles ne portent pas de fruits. Le gland le meilleur et le plus gros vient sur le quercus ; celui de l'esculus occupe le second rang; celui du rouvre est petit ; celui du cernus est d'un vilain aspect, et la cupule en est hérissée comme la châtaigne. Parmi les glands du quercus, celui du quercus femelle est plus mou et plus tendre, celui du quecus mâle est plus compacte. On estime surtout le gland du quercus dit latifolia, à cause de ses larges feuilles. Les glands différent entre eux par leur grosseur et par la finesse de l'enveloppe; ils différent encore parce que les uns ont en dessous une peau raboteuse et couleur de rouille, tandis que les autres offrent immédiatement une chair blanche.
On estime aussi le gland dont les deux extrémités, suivant la longueur, ont la dureté de la pierre. Le gland qui présente cette particularité dans l'écorce est meilleur que celui qui la présente dans la chair. Ces deux variétés ne se trouvent que sur le chêne mâle. En outre, les uns sont ovales, les autres ronds ; d'autres ont une forme plus aiguë. La couleur diffère aussi, foncée ou claire; on préfère cette dernière. Les bouts sont amers, le milieu doux. La brièveté ou la longueur des pédicules est encore une différence.
Quant aux arbres eux-mêmes, celui qui porte les glands les plus gros se nomme hemeris (quercus pubescens) ; (IV.) il est petit, à touffe arrondie, et souvent excavé dans l'aisselle des branches. Le quercus a un bois plus fort et moins attaquable ; il est touffu aussi, mais il s'élève plus haut, et le tronc en est plus gros. Toutefois, le plus élevé est l'aegilops (quercus aegilops, L.), ami des lieux incultes. Le plus élevé ensuite est le chêne à larges feuilles (quercus sessiliflora, Sibth.), mais le bois en est moins utile pour les constructions et pour faire le charbon; travaillé, il est sujet à se gâter; aussi l'emploie-t-on sans le charpenter... 

 Le plus mauvais pour la carbonisation et pour la charpente est le chêne dit haliplaeos (quercus suber, L.), qui a l'écorce la plus épaisse et le tronc le plus gros, mais dont le bois est presque toujours creux et spongieux. C'est la seule espèce de chêne qui pourrisse même sur pied. De plus, il est souvent frappé par la foudre, bien qu'il n'atteigne pas à une très grande hauteur: aussi n'est-il pas permis d'en employer le bois pour les sacrifices. Il porte rarement des glands, et quand il en a, ces glands sont amers. Aucun animal n'y touche, excepté les cochons, et encore n'en veulent-ils que quand ils n 'ont rien autre à manger. Ce qui fait encore qu'on l'exclut des actes religieux, c'est qu'il s'éteint pendant le sacrifice. La faîne donne de la gaieté au cochon, rend sa chair cuisante, légère et bonne à l'estomac; le gland de l'yeuse rend le porc efflanqué, luisant, chétif et lourd. Le gland du quercus le rend gras; c'est aussi le plus pesant et le plus doux des glands. D'après Nigidius, le second rang appartient au gland du cerrus; aucun gland ne rend la chair plus ferme, mals elle est dure. Cet auteur dit que le gland de l'yeuse fait mal aux cochons, à moins qu'on ne le donne en petites quantités à la fois; qu'il tombe le dernier, que la chair devient fongueuse par le gland de l'esculus, du rouvre et du liège.

 

IX.
Tous les arbres glandifères produisent aussi la noix de galle.... Celle du chêne à large feuille y ressemble, mais elle est plus lisse et beaucoup moins estimée ; cet arbre porte aussi une noix de galle noire. Il y a, en effet, deux espèces de noix de galle (XXIV, 5); la noire est la meilleure pour la teinture. (VII.) La noix de galle naît le soleil quittant le signe des Gémaux; toujours elle sort tout entière en une seule nuit.

La noix de galle blanche croît aussi en un jour : sl la chaleur la surprend, elle se desséche aussitôt, et n'arrive pas à ses dimensions régulières, qui sont celles d'une fève. La noix de galle noire reste plus longtemps verte, et croît au point d'atteindre parfois la grosseur d'une pomme. Celle de la Commagène est la meilleure ; la plus mauvaise est celle du rouvre ; on la reconnaît à des trous qui laissent passer la lumière.

 

X. 
Le rouvre, outre le gland, donne encore plusieurs autres produits : les deux espèces de noix de galle, et une production qui ressemble à une mûre, si ce n'est qu'elle est sèche et dure : la plupart du temps elle a l'aspect d'une tête de taureau ; elle renferme un fruit semblable au noyau de l'olive. Il naît encore sur le rouvre de petites boules ressemblant assez à des noix, et contenant à l'intérieur des flocons mous, propres à être employés dans les lampes ; car ils brûlent même sans huile, comme la galle noire. Il porte aussi une autre petite boule, chevelue, sans aucun orage, mais qui cependant au printemps et un suc mielleux.

Dans les aisselles des branches on trouve de petites boules non pédiculées, mais sessiles, ayant le point d'attache blanc, du reste bigarrées de noir; dans le milieu, elles ont une couleur écarlate ; l'intérieur est vide, et a un goût amer. Quelquefois le rouvre produit aussi des pierres ponces, de petites boules formées par des feuilles roulées, et, sur une feuille rougeâtre, des noyaux aqueux, blanchâtres, transparents, tant qu'ils sont mous, dans lesquels il se forme des insectes ; ils mûrissent à la façon des noix de galle.

 

XI. (VIII.)
Le rouvre porte aussi le cachrys: on donne ce nom à une petite boule employée en médecine à cause de ses propriétés caustiques. ...; il survit à la duite des feuilles, et dure tout l'hiver. Il contient un noyau semblable aux pignons ; ce noyau croît pendant l'hiver ; au printemps, la boule tout entière s'ouvre ; elle tombe quand les feuilles ont commencé à croître. Telle est la multiplicité des produits que les rouvres donnent en outre des glands.

...Les rouvres produisent aussi le gui, et, au dire d'Hésiode (Op., 230), un miel. Il est certain que les rosées célestes, tombant, comme nous l'avons dit (XI, 12 ), du haut du ciel, se déposent de préférence sur les feuilles de cet arbre. Il est certain encore que le rouvre, bûlé, donne une cendre nitreuse.

 

XII. 
L'yeuse (quercus coccifera) défie toutes ces productions par la seule écarlate. C'est un grain semblant d'abord une gale de l'arbre, qui est la petite yeuse aquifolia (XVI, 8) ; on le nomme cuscullum. En Espagne, les pauvres acquittent une moitié du tribut avec cette denrée. Nous avons, à propos de la pourpre (IX, 62), indiqué le moyen de l'employer avec le plus de succès. II vient aussi dans la Galatie, l'Afrique, la Pisidie, la Cilicie; le plus mauvais est celui de Sardaigne.

 

XIII. 
Le liège est un arbre très petit; le gland en est très mauvais et très peu abondant; l'écorce seule est de produit; elle est très épaisse; enlevée, elle revient; on en a vu même des planches de dix pieds. On l'emploie surtout pour les câbles des ancres des navires, pour les filets des pêcheurs, et pour fermer les vases; en outre, elle entre dans la chaussure d'hiver des femmes. Les Grecs nomment assez plaisamment ce végétal l'arbre de l'écorce. Quelques-uns le nomment yeuse femelle; et dans les pays où l'yeuse ne vient pas on y substitue le liège, surtout pour la charpenterie, par exemple aux environs d'Élis et de Lacédémone. On ne le trouve pas dans toute l'Italie; on ne le trouve pas du tout dans la Gaule.

 

 

 

Pline l'Ancien (23 apr. J.-C.- 79), écrivain et naturaliste romain, lui, nous a transmis dans son Histoire naturelle la description d'un rite religieux druidique :


livre 16 


Histoire naturelle, 


..."Je ne dois pas passer sous silence une coutume singulière usitée dans les Gaules ; les druides (c’est ainsi qu’ils appellent leurs prêtres) n’ont rien de plus sacré que le gui, et l’arbre sur lequel il croît, surtout si c’est un chêne. Ils choisissent, pour leur habitation, des forêts de chêne et ne font aucun sacrifice, sans avoir des feuilles de cet arbre. C’est ce qui fait qu’on les appelle druides d’un mot grec qui signifie chêne. Toutes les fois qu’il naît quelque chose sur cet arbre, ils le regardent comme envoyé du ciel et comme une marque qu’il est choisi par Dieu même. Or, il est assez rare de trouver du gui sur le chêne. Ainsi, quand ils en trouvent ils le cueillent avec de grandes cérémonies religieuses et le tout se fait le sixième de la lune ; car c’est cet astre qui règle le commencement de leurs mois et de leurs années ; il règle aussi leur siècle de 30 ans" ...


..."Ce qui les détermine à agir ainsi, c’est qu’alors la lune est assez forte, sans être dans le premier quartier ; ils appellent le gui dans leur langue le remède à tout. Pour cette cérémonie, ils préparent le sacrifice et le festin sous l’arbre même ; ensuite ils y conduisent deux taureaux blancs qui sont accouplés pour la première fois ; le prêtre, revêtu d’une robe blanche, monte sur l’arbre et coupe le gui avec une faucille d’or ; on le reçoit dans une nappe blanche. Ils terminent le sacrifice en adressant des prières à Dieu, pour qu’il sanctifie le don qu’il vient de leur faire, et le rende utile à ceux auxquels ils en donneront. Ils pensent qu’en le faisant prendre en breuvage à un animal stérile ils le rendent fécond, et que c’est un remède spécifique contre toute sorte de poisons : tant sont superstitieuses les religions de plusieurs peuples"...

 

 

 

37-38 ap. J.C.

Sesterce de Caligula avec la couronne de feuilles de chêne et glands

et l'inscription "Ob Cives servatos"

Caligula (12-41 Caius Julius Caesar Augustus Germanicus) troisième empereur romain.

 

 

 

Lucain (39-65 en latin Marcus Annaeus Lucanus), poète latin dont la seule œuvre conservée, La Pharsale, est une épopée sur la guerre civile ayant opposé Jules César à Pompée entre 49 et 48 av. J.-C.


La Pharsale, livre I, 

sur Pompée
traduction par Marmontel :

Tel, au milieu d’une fertile campagne, un chêne superbe, chargé des dépouilles des peuples et des trophées des guerriers. 

Il ne tient à la terre que par de faibles racines ; son poids seul l’y attache encore. 

Il n’étend plus dans les airs que des branches dépouillées, c’est de son bois, 
non de son feuillage, qu’il couvre les lieux d’alentour. 

Mais quoiqu’il chancelle, prêt à tomber sous le premier effort des vents, 
quoiqu’il s’élève autour de lui des forêts d’arbres robustes, 
c’est lui seul qu’on révère. 

 

Pharsale III, 399-452

La Guerre civile, 
Traduction de : A. Bourgery, 1926, Paris, Les Belles Lettres

Il y avait un bois sacré, qui, depuis un âge très reculé, n'avait jamais été profané, il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil. Il n'est point occupé par les Pans, habitants des campagnes, les Sylvains maîtres des forêts ou les Nymphes, mais par des sanctuaires de dieux aux rites barbares; des autels sont dressés sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifiés par le sang humain. S'il faut en croire l'antiquité admiratrice des êtres célestes, les oiseaux craignent de se percher sur les branches de ce bois et les bêtes sauvages de coucher dans les repaires; le vent ne s'abat pas sur les futaies, ni la foudre qui jaillit des sombres nuages. Ces arbres qui ne présentent leur feuillage à aucune brise inspirent une horreur toute particulière.

Une eau abondante tombe des noires fontaines; les mornes statues de dieux sont sans art et se dressent, informes, sur des troncs coupés. La moisissure même et la pâleur qui apparaît sur les arbres pourris frappent de stupeur; ce que l'on craint ainsi, ce ne sont pas les divinités dont une tradition sacrée a vulgarisé les traits; tant ajoute aux terreurs de ne pas connaître les dieux qu'on doit redouter! Déjà la renommée rapportait que les tremblements de terre faisaient mugir le fond des cavernes, que des ifs courbés se redressaient, que les bois, sans brûler, brillaient de la lueur des incendies, que des dragons, enlaçant les troncs, rampaient çà et là. Les peuples n'en approchent pas pour rendre leur culte sur place, ils l'ont cédé aux dieux. Que Phébus soit au milieu de sa course ou qu'une nuit sombre occupe le ciel, le prêtre lui-même en redoute l'accès et craint de surprendre le maître de ce bois.

Cette forêt, César ordonne d'y porter le fer et de l'abattre. Car, voisine des travaux et intacte de la guerre précédente, elle se tenait très épaisse au milieu des monts dénudés. Mais les mains tremblèrent aux plus braves; vaincus par la majesté redoutable du lieu, ils craignaient, s'ils frappaient les troncs sacrés, que les haches ne revinssent sur leurs propres membres. Quand César vit les cohortes paralysées et clouées sur place, il osa le premier saisir une hache, la brandir et fendre du fer un chêne perdu dans les nues, puis il déclara, quand le tranchant se fut enfoncé dans le tronc violé: " Maintenant, pour que personne de vous n'hésite à renverser la forêt, croyez que c'est moi qui ai fait un sacrilège. " Alors toute la troupe obéit aux ordres, non qu'elle eût banni la crainte et recouvré la tranquillité, mais elle avait mis en balance la colère des dieux et celle de César.

Les ormes tombent, on abat le fût noueux de l'yeuse et le cyprès qui atteste des deuils non plébéiens. Alors pour la première fois, ils dépouillèrent leur chevelure et sans feuillage, ils laissèrent pénétrer le jour; malgré la poussée, les troncs se soutinrent dans leur chute. Les peuples gaulois gémirent à cette vue, mais les guerriers assiégés exultent. Qui pourrait pense, en effet, qu'on offense les dieux impunément? Mais la fortune sauve plus d'un coupable et les dieux ne savent s'irriter que contre les malheureux. Quand il y eut assez de bois coupé, on l'emporte sur des chariots trouvés dans les champs et les laboureurs, voyant les boeufs enlevés à la charrue recourbée, pleurèrent l'année perdue par l'abandon du sol.


 

 

 

Pline montre aussi l’omniprésence du feuillage de chêne dans les rites gaulois. Elle trouve une attestation remarquable dans le décor de l’autel des Trois Gaules (relevé ci-contre), édifice bâti au Confluent, sur le site de Lyon, vers 15-12 av. J.-C., alors que l’empereur Auguste se chargeait d’organiser l’administration et la défense des provinces gauloises, conquises par son père adoptif César une génération plus tôt.

L’autel, construit à l’instigation des aristocrates de toute la Gaule,

 

 

Pseudo-Sénèque (4 av. J.-C. - 1 apr. J.-C., -65 apr. J.-C.), philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et  homme d'État romain du I° siècle. 

Hercule sur l’Oeta, 1472-1475

..."C’est bien, c’en est fait, mes destins se déploient ; ce jour est mon dernier jour ; le chêne, voix du destin, m’avait déjà assigné ce sort ainsi que le bois du Parnasse ébranlant de ses mugissements le temple de Cirrha"...
 


 


Flavius Josèphe (Yossef ben Matityahou HaCohen -37/38-vers 100), historiographe romain juif d'origine judéenne .


Il relate qu’Abraham vivait près du chêne d’Ogygès, un endroit proche de la ville des Hébronites (dans la mythologie grecque, Ogygès est le premier roi de Béotie et d’Attique, et le fondateur de Thèbes. Les Béotiens voyaient en lui le créateur de l’humanité. Les auteurs anciens plaçaient sous son règne un déluge antérieur au Déluge du Deucalion).


Antiquités Judaïques, Chapitre X, 4.)

Hébron (AJ 1, 186-197, à propos de Gen. 18, 1), 

..." Abram habitait près du chêne appelé Ogygès, – c’est un endroit de la Chananée, non loin de la ville des Hébroniens -. 
Affligé de la stérilité de sa femme, il supplie Dieu de lui accorder la naissance d’un enfant mâle. Dieu l’engage à se rassurer ; c’est pour son bonheur en toute chose qu’il lui a fait quitter la Mésopotamie et, de plus, des enfants lui viendront. Sarra, sur l’ordre de Dieu, lui donne alors pour concubine une de ses servantes, nommée Agar(é), de race égyptienne, afin qu’il en ait des enfants. Devenue enceinte, cette servante osa prendre des airs d’insolence envers Sarra, faisant la reine parce que le pouvoir devait être attribué au rejeton qui naîtrait d’elle. 

Abram l’ayant remise à Sarra pour la châtier, elle résolut de s’enfuir, incapable d’endurer ses humiliations et pria Dieu de la prendre en pitié. Tandis qu’elle va à travers le désert, un envoyé divin vient à sa rencontre, l’exhorte à retourner chez ses maîtres sa condition sera meilleure, Si elle fait preuve de sagesse, car présentement, c’était son ingratitude et sa présomption à l’égard de sa maîtresse qui l’avaient conduite à ces malheurs. 

Si elle désobéissait à Dieu en poursuivant son chemin, elle périrait ; mais si elle rebroussait chemin, elle deviendrait mère d’un enfant, futur roi de ce pays. Ces raisons la convainquent, elle rentre chez ses maîtres, et obtient son pardon ; elle met au monde, peu après, Ismaël(os) : ce nom peut se rendre exaucé par Dieu, à cause de la faveur avec laquelle Dieu avait écouté sa prière."...

Tableau ancien d'Hébron

 

 

V° siècle

 

Proclus (Proclus de Lycie) ou Proclos (412-485) surnommé "le Diadoque", philosophe néoplatonicien 


Commentaire au Timée, 37 e – 38 a. 


Géants et Typhon,

...La Terre, irritée du malheur des Titans, eut d’Uranus les Géants, d’une force et d’une taille au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer. Leur vue était effrayante ; ils avaient de longues barbes et de longs cheveux, les jambes couvertes d’écaillés de serpent ; ils demeuraient, suivant les uns, dans les campagnes de Phlégre, et, suivant d’autres, à Pallène. Ils lançaient contre le Ciel des rochers et des chênes enflammés...
 

 

 

Palladas (fin du IV° siècle et le début du V° siècle ap. J.-C.)  poète grec antique


Epigrammes de l’Anthologie palatine 

 (X, 55) :

..."Si tu te vantes de ne pas obéir aux ordres de ta femme, tu dis des sottises ;
car tu ne sors pas d’un chêne ou d’une pierre, comme on dit"...


 

VIII° siècle 

 

723 ou 724.

Chêne de Thor


Selon Willibald d'Eichstätt, (parfois francisé en Guillebaud), moine anglo-saxon (v. 700- v.787).

Premier évêque d'Eichstätt, en Bavière, l’abattage de l’arbre, ordonné par Boniface, se produit lors du VIII° siècle, dans un endroit connu sous le nom de Gaesmere, localisé en Hesse. 

Selon l'hagiographie chrétienne, au VIII° siècle, le missionnaire Boniface de Mayence (né en Angleterre) s'est rendu en ce qui est aujourd'hui l'Allemagne. Frustré par les convertis qui continuaient selon les rites païens à offrir des sacrifices devant un chêne géant, appelé chêne de Donar (ou chêne de Thor), il prit sa hache et abattit l'arbre monstrueux d'un  seul coup puissant. Lorsque l(arbre tomba, un magnifique sapin jaillit de son centre.

Le bois du chêne aurait ensuite été utilisé pour construire une église sur le site dédié à saint Pierre.

Le chêne de Thor, également appelé chêne de Donar ou encore chêne de Jupiter, est un arbre sacré, vénéré par les peuples germaniques des Chattes, installés autour de ce qui est aujourd’hui la région de Hesse, en Allemagne. 

 

 

XII° siècle


Dans les Annales d'Ulster, 

(chroniques de l'histoire médiévale irlandaise couvrant la période allant de 431  à 1540) .

 
Il est dit :
la mort des chênes en 1146 et 1178 fut un grand malheur. 

 

 

 

1164

Simon Stock est né dans le Kent vers 1164. 

Peu de choses sont connues sur le début de sa vie. 

La légende veut que son nom "Stock", qui signifie "tronc d'arbre", découle du fait que, dès l'âge de douze ans, il ait vécu comme un ermite dans le tronc d'un chêne creux. D'après certaines sources, son nom d'origine serait Jean Stock (Simon Stock étant son nouveau nom pris lors de son entrée dans l'ordre).

D'après une tradition, il aurait été un prédicateur itinérant jusqu'à son entrée au Carmel.

Il a été un des premiers Généraux de l'ordre, et il est resté l'un des plus célèbres. Sa grande notoriété vient d'une vision qu'il aurait eue de la Vierge Marie lui remettant le scapulaire. Vénéré comme bienheureux, il est fêté le 16 mai ou localement le 17 juillet.

Johann Ulrich Loth  (1599–1662) Apparition de Marie

 

 

XIII° siècle 

 

​​​​​​​
 

Bestiaire médiéval du moyen âge

Des paysans conduisant les porcs à la glandée, 

Bibliothèque Nationale de France


 

 

 

XIV° siècle

 


1305

Saint Louis rendant la justice sous son chêne à Vincennes


Mémoires de Jean, sire de Joinville, ou Histoire et chronique du très chrétien roi Saint-Louis.


La célèbre scène est due au noble champenois Jean de Joinville, compagnon de croisade de Louis IX, à qui la reine de France demanda en 1305 d'écrire des Mémoires chargés d'évoquer le souvenir du roi saint. 


Il rapporte ceci :

"...Maintes fois, il lui arriva, en été, d’aller s’asseoir au bois de Vincennes après avoir entendu la messe ; il s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui ; et tous ceux qui avaient un différend venaient lui parler sans qu’aucun huissier, ni personne y mît obstacle. Et alors il leur demandait de sa propre bouche : 

- " y a-t-il ici quelqu’un qui ait un litige ?"


Ceux qui avaient un litige se levaient, et alors il disait : 

- "Taisez-vous tous, et on vous expédiera l’un après l’autre. "
Il appelait alors Monseigneur Perron de Fontain eet Monseigneur Geoffroi de Vilette et disait à l’un d’eux : 

- "Réglez-moi cette affaire."
Et quand il voyait quelque chose à corriger dans les paroles de ceux qui parlaient pour lui, ou dans les paroles de ceux qui parlaient pour autrui, il les corrigeait lui-même de sa bouche.


Je le vis quelquefois, en été, venir pour expédier ses gens, dans le jardin de Paris, vêtu d’une cotte de camelot, d’un surcot, de tiretaine sans manches, un manteau de soie noire autour du cou, très bien peigné, sans coiffe  un chapeau de paon blanc sur la tête. Il faisait étendre des tapis pour nous asseoir autour de lui ; et tous les gens qui avaient affaire par-devant lui l’entouraient, debout ; alors il les faisait expédier, de la manière que je viens de vous dire pour le bois de Vincennes.

Saint Louis rendant la justice (sous un chêne) - Église Saint-Corneille-les-Essarts-le-Roi


 

 

Livre de Taliesin


Cad Goddeu ou le combat des arbres

est un poème gallois médiéval conservé dans le manuscrit du XIVe siècle connu sous le nom de Livre de Taliesin. 


Le poème fait référence à une histoire traditionnelle dans laquelle le légendaire enchanteur Gwydion anime les arbres de la forêt pour combattre comme son armée. 


Le poème est particulièrement remarquable pour son symbolisme frappant et énigmatique .


...Le chêne est rapide :

devant lui tremblent le ciel et la terre.

C’est un vaillant portier devant l’ennemi.

Son nom est un soutien.

...

Le sommet du chêne nous a ensorcelés

par l’incantation de Maelderw

riant le long du rocher...

Oracle par Maxine Miller


 

 

 

Bestiaire
Glandée pour porcs. .(1310-1320)

Psaultier de la Reine Marie (Isabelle de France) 

Royal MS 2 B VII 81v Calendrier Novembre 

 

 

 

Bibliothèque nationale de France, París

illustration du Tacuinum sanitatis

f. 25v, Truffes

Cueillette de la truffe noire au XIVe siècle, sous les chênes


 


 

XV° - XVI° siècle

 

 

Les Très Riches Heures du duc de Berry 

livre d'heures commandé par le duc Jean Ier de Berry 

Jean Colombe vers 1430-vers 1493) 

peintre miniature français et enlumineur de manuscrits. 

Musée Condé

 


 

Le Livre des simples médecines 

Texte en français transmis par plus de 25 manuscrits enluminés médiévaux 


Livre des simples médecines.

Chêne à galles et gallitricum. BnF, Français 19081, f.95.


 

Livre des simples médecines.

Chêne à galles. BnF, Français 9137, f.162.


 

Livre des simples médecines.

Chêne à galles. BnF, Nouvelle Acquisition Français 6593, f.107.

 

 

John Lyly (Lilly ou Lylie) (v. 1553-1606) écrivain et dramaturge anglais, devenu favori de la Cour. 

..."C'est par petit coups répétés qu'on renverse les chênes les plus grands"...

 


1581

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) poète français.

Les Mimes, enseignements et proverbes (1581)


..."Si d'un vent elle entend quelque sifflante haleine,

Par le feuillage épais des chênes se ployant,

Qu'il lui semble écouter les soupirs de ma peine"...

 

 

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) poète français.

... " D’un petit gland sourd naît un grand chêne'...

 


1586

Pierre de Ronsard (1524-1585) poète français 

Sonnets pour Hélène, Pièces posthumes 

..."Vous, chênes, héritiers du silence des bois,- Entendez les soupirs de ma dernière voix"...

Claude Monet - Forêt de Fontainebleau


 


 

XVII° siècle

 


1613


La statuette de Notre-Dame honorée à Gray aurait été taillée en 1613 dans un morceau du fameux chêne de Montaigu, dans le Brabant.

Lors de l'abattage de ce chêne, auquel avait été suspendue une statuette miraculeuse de la Vierge, nombreux furent ceux qui cherchèrent à obtenir un morceau de ce bois. Parmi eux, une habitante de Salins-les-Bains, Jeanne Bonnet, parvint à se procurer une parcelle du chêne grâce à l'entremise d'un membre de la cour des Archiducs, à Bruxelles.

De retour dans la Comté, après un premier épisode miraculeux (le morceau de bois, jeté dans le feu par les hôtes d'une auberge dans laquelle Jeanne Bonnet avait fait une halte sur le chemin du retour, ne fut pas altéré par les flammes), elle demanda au sculpteur Jean Brange (de Saint-Claude ou de Salins-les-Bains, selon les sources : un Claude Brange, imagier, est signalé à Saint-Claude en 1655) de tailler dans ce morceau de bois une réplique de la Vierge de Montaigu. La statuette fut bénie le 4 avril par l'archevêque de Besançon, Mgr Ferdinand de Rye, puis offerte à Rose de Beauffremont, épouse du gouverneur de Gray Jérôme d'Achey.

Après avoir été exposée dans leur chapelle privée, la statuette fut donnée en 1616 au gardien du couvent des Capucins de Gray, Gabriel d'Apremont, qui fit alors construire une chapelle en son honneur (1617). Les premiers miracles survinrent en 1620.

 

Miracles :

Les premiers miracles ont eu lieu alors que la statuette était déposée à la chapelle des Capucins de Gray.

Le premier miracle, survenu le 17 février 1620, concerne le fils d'un soldat en garnison à Gray, Mathieu Voisin, guéri devant la table de communion où était déposée la statuette. Un mois plus tard, Jeanne Girard retrouva la parole qu'elle avait perdue dans un accident.

La veille de la Saint-Barthélemy 1622, la statuette, portée sur le lieu d'un incendie rue du pont de Saône à Gray, fit cesser le sinistre.

En 1689, une religieuse Ursuline, soeur Pierrette Beatrix Hugon, aurait été guérie de manière spectaculaire, après contact avec la statuette. L'archevêque de Besançon dressa un procès verbal de ce miracle, institua une procession générale le 5 septembre suivant et fit apposer une plaque commémorant le miracle à l'entrée de la chapelle.

En 1634, le témoignage d'un Jésuite, le R. P. Poiré, dans son ouvrage « La triple couronne de la Sainte-Vierge » rapporte qu'il y avait déjà plus de deux mille cinq cents miracles consignés (cf. Villerey, Essai historique...., p. 33).

De nombreux miracles ont été enregistrés également pour le XVIIIe siècle. On conserve encore actuellement dans la basilique Notre-Dame de Gray six volumes reliés renfermant les procès-verbaux de plus de deux mille miracles enregistrés entre 1620 et 1789.

 

 

1668

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. 


 

Le chêne et le roseau

 

Le Chêne un jour dit au Roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du Soleil,

Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir.

Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La nature envers vous me semble bien injuste.

— Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots

Du bout de l'horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au Ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.

Georges Fraipont (1873-1912) le chêne et le roseau

 

 

Jean de La Fontaine (1621 -1695) - poète français

Fables de La Fontaine

Sujet tiré des Métamorphoses d’Ovide.

À Monseigneur le duc de Vendôme


Philémon Et Baucis

 

..."Le corps n’est tantôt plus que feuillage et que bois.

D’étonnement la Troupe, ainsi qu’eux perd la voix ;

Même instant, même sort à leur fin les entraîne ;

Baucis devient Tilleul, Philémon devient Chêne"...


 

 

 

XVII° siècle

 


1613


La statuette de Notre-Dame honorée à Gray aurait été taillée en 1613 dans un morceau du fameux chêne de Montaigu, dans le Brabant.

Lors de l'abattage de ce chêne, auquel avait été suspendue une statuette miraculeuse de la Vierge, nombreux furent ceux qui cherchèrent à obtenir un morceau de ce bois. Parmi eux, une habitante de Salins-les-Bains, Jeanne Bonnet, parvint à se procurer une parcelle du chêne grâce à l'entremise d'un membre de la cour des Archiducs, à Bruxelles.

De retour dans la Comté, après un premier épisode miraculeux (le morceau de bois, jeté dans le feu par les hôtes d'une auberge dans laquelle Jeanne Bonnet avait fait une halte sur le chemin du retour, ne fut pas altéré par les flammes), elle demanda au sculpteur Jean Brange (de Saint-Claude ou de Salins-les-Bains, selon les sources : un Claude Brange, imagier, est signalé à Saint-Claude en 1655) de tailler dans ce morceau de bois une réplique de la Vierge de Montaigu. La statuette fut bénie le 4 avril par l'archevêque de Besançon, Mgr Ferdinand de Rye, puis offerte à Rose de Beauffremont, épouse du gouverneur de Gray Jérôme d'Achey. Après avoir été exposée dans leur chapelle privée, la statuette fut donnée en 1616 au gardien du couvent des Capucins de Gray, Gabriel d'Apremont, qui fit alors construire une chapelle en son honneur (1617). Les premiers miracles survinrent en 1620.

 

Miracles :

Les premiers miracles ont eu lieu alors que la statuette était déposée à la chapelle des Capucins de Gray. Le premier miracle, survenu le 17 février 1620, concerne le fils d'un soldat en garnison à Gray, Mathieu Voisin, guéri devant la table de communion où était déposée la statuette. Un mois plus tard, Jeanne Girard retrouva la parole qu'elle avait perdue dans un accident. La veille de la Saint-Barthélemy 1622, la statuette, portée sur le lieu d'un incendie rue du pont de Saône à Gray, fit cesser le sinistre. En 1689, une religieuse Ursuline, soeur Pierrette Beatrix Hugon, aurait été guérie de manière spectaculaire, après contact avec la statuette. L'archevêque de Besançon dressa un procès verbal de ce miracle, institua une procession générale le 5 septembre suivant et fit apposer une plaque commémorant le miracle à l'entrée de la chapelle. En 1634, le témoignage d'un Jésuite, le R. P. Poiré, dans son ouvrage « La triple couronne de la Sainte-Vierge » rapporte qu'il y avait déjà plus de deux mille cinq cents miracles consignés (cf. Villerey, Essai historique...., p. 33). De nombreux miracles ont été enregistrés également pour le XVIIIe siècle. On conserve encore actuellement dans la basilique Notre-Dame de Gray six volumes reliés renfermant les procès-verbaux de plus de deux mille miracles enregistrés entre 1620 et 1789.

 

 

 

Philippe de Buyster (1595-1688) sculpteur flamand naturalisé français

Statue Nymphe tenant une couronne de chêne

1664-1666

Statue représentant une femme posant sur la jambe gauche. Elle a la tête baissée vers l’épaule gauche et ceinte d’une couronne de fleurs. Elle est vêtue d’une ample draperie, attachée par une ceinture sous la poitrine et une autre sur la taille, laissant son épaule gauche, ses avant-bras et l’extrémité de ses pieds découverts. Elle tient de la main droite, dont le bras est fléchi, une couronne et, de la gauche, dont le bras est baissé, un pan de sa draperie.


 

Louis Lerambert (1620-1670) peintre sculpteur français

Statue Hamadryade ou danseuse

1664-1665

Statue représentant une femme couronnée de feuilles de chêne et vêtue, à l’exception des jambes, d’une partie des cuisses et des bras. Elle pose sur la jambe gauche, qui est appuyée contre un tronc de chêne, et la jambe droite fléchie. Son corps et sa tête sont penchés vers l’avant, dans l’action de danser. Elle est chaussée de sandales hautes faites en chêne et tient dans ses mains des pans de son vêtement, maintenu à la taille par une branche de chêne.


 


 

XVIII° siècle

 


1727

 

André Dacier (1651 - 1722) est un homme de lettres français, philologue et traducteur du tournant des XVII° et XVIII° siècles.


Monsieur Dacier, garde des livres du cabinet du roi

Oeuvres d'Horace


Tome premier

..."Monsieur Le Fèvre a fort bien vû que par robu, Horace entend un chêne, et qu'il fait allusion à cette superstition des Anciens, qui croyoient que les premiers hommes étoient nez de chênes, ou plûtôt des Nymphes qui se nourrissoient avec eux, et que de là on appeloit Melies. Nous avons sur cela un passage de Callimaque, dont je me contenterai de donner la traduction ; Dites-moi Muses, mes Déesses, s'il est vrai que les chênes soient nez avec les Nymphes. Car nous voyons que les Nymphes se réjouissent, lorsque la pluye fait fleurir les chênes, et qu'au contraire elles s'affligent lorsqu'ils n'ont plus de feuilles"...

Edouard Manet nymphe des bois

 

 

 

1727

Martin, Jacques (1684-1751) 

Par R. P. Dominicain religieux bénédictin de la congrégation de S. Maur. 

Ouvrage enrichi de figures en taille-douce. Tome premier 

La religion des Gaulois, tirée des plus pures sources de l'antiquité. Tome 1 
César associe ou partage Esus et Jupiter :


..."Les premières traces qu'on trouve de cette association ou partage, sont les bas reliefs de la Cathédrale de Paris : on y voit d'abord Jupiter et Esus l'un de l'autre ; peut-être les aurait-on fait "synthrones", si l'espace l'avait permis.

La dédicace est bien faite à Jupiter,  mais la cérémonie du Gui de chêne, qui avait toujours appartenu à Esus et dont il est fait mention dans la face, qui a pour inscription "Senani veilo", fait voir non seulement que les gaulois ne l'en excluaient pas  ; mais encore que ce n'était qu'à la faveur d'Esus, que Jupiter recevait tant d'honneur. 

Aussi trouve t'on dans Maxime de Tyr, qui ne vivait qu'environ cent ans après Tibère, Esus déjà transformé en Jupiter, et honoré des gaulois dans un grand Chêne. L'auteur de la vie de Saint Boniface Archevêque de Mayance, confirme ce que dit Maxime de Tyr ; car il remarque que le meilleur avis, que purent donner au Saint Martyr, ceux qui souhaitaient de bonne foi, la conversion des peuples, auxquels il annonçait l'évangile, fut de lui conseiller de faire couper un chêne d'une grandeur énorme, où l'on se rendait de toutes parts pour faire voeux et offrir des sacrifices à Jupiter : ce qui faisait qualifier cet arbre de CHENE-JOVIS, ou de Chêne de Jovis, Robur-Jovis.

Saint Hyacinthe de l'Ordre de Saint Dominique, en le  servant du même moyen, mit fin à une semblable superstition, qui se pratiquait encore en son temps dans les pays de sa mission.

Saint Boniface abat un arbre de superstition servant d'idole aux Goths de Hesse le chêne de Thor (ou du Tonnerre)


 


 

Antoine Rivaroli, dit de Rivarol, ou simplement Rivarol (1753-1801) écrivain, journaliste, essayiste et pamphlétaire disciple de Voltaire. 


..."Un homme devient grand, et tout à coup beaucoup de gens se font lierre, parce qu'il s'est fait chêne"...
 

 

1792


Le chêne : Floréal 21 avril 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), lendemain de la proclamation de l'abolition de la monarchie et de la naissance de la République, déclaré premier jour de l'" ère des Français", mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Floréal

(20/21 avril – 19/20 mai)

21 avril - Le Soleil entre au signe du Taureau


Sitôt que FLORE en sa magnificence, 
Promet dans Ses présens des trésors aux Humains 
On aime à voir la candeur l'innocence
Que la Jeune Beauté couronne de Ses mains


 


 

XIX° siècle


 

1825


Stéphanie Félicité du Crest  comtesse de Genlis, marquise de Sillery (1746-1830) romancière, dramaturge, mémorialiste et pédagogue française.


Mémoires

..."Lorsque le temps dessèche un chêne, on dit qu'il se couronne ; quand il commence à décolorer une rose, on dit qu'elle est flétrie"...

 

 

 

Jules Pierre Théophile Gautier (1811-1872) poète, romancier et critique d'art français.


..."Peu avant sa mort, on lui dit : Mon cher Maître, vous êtes solide comme un chêne. Il répondit : Pour le tronc, ça va ; c'est le gland qui m'inquiète !"...
 

 

Alfred Victor de Vigny (1797-1863) écrivain, romancier, dramaturge et poète français.


La dryade

 

Idylle dans le goût de Théocrite


...
Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?

Jadis il s’anima de paroles divines ;

Mais par les noirs hivers le chêne fut vaincu.


...

 

Bathylle.

 

Dryade du vieux chêne, écoute mes aveux !

Les vierges, le matin, dénouant leurs cheveux,

Quand du brûlant amour la saison est prochaine,

T’adorent ; je t’adore, ô dryade du chêne !
...

Ici, je vis rouler la coupe aux flancs d’argile ;

Le chêne ému tremblait, la flûte de Bathylle

Brilla d’un feu divin ; la dryade un moment,

Joyeuse, fit entendre un long frémissement,

Doux comme les échos dont la voix incertaine

Murmure la chanson d’une flûte lointaine.

...


 

 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français 

 


A un grand arbre

 


L'esprit calme des dieux habite dans les plantes.

Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;

Dans son corps large et sain la sève coule en paix,

Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

 

A la croupe du mont tu sièges comme un roi ;

Sur ce trône abrité, je t'aime et je t'envie ;

Je voudrais échanger ton être avec ma vie,

Et me dresser tranquille et sage comme toi.

 

Le vent n'effleure pas le sol où tu m'accueilles ;

L'orage y descendrait sans pouvoir t'ébranler ;

Sur tes plus hauts rameaux, que seuls on voit trembler,

Comme une eau lente, à peine il fait gémir tes feuilles.

 

L'aube, un instant, les touche avec son doigt vermeil ;

Sur tes obscurs réseaux semant sa lueur blanche,

La lune aux pieds d'argent descend de branche en branche,

Et midi baigne en plein ton front dans le soleil.

 

L'éternelle Cybèle embrasse tes pieds fermes ;

Les secrets de son sein, tu les sens, tu les vois ;

Au commun réservoir en silence tu bois,

Enlacé dans ces flancs où dorment tous les germes.

 

Salut, toi qu'en naissant l'homme aurait adoré !

Notre âge, qui se rue aux luttes convulsives,

Te voyant immobile, a douté que tu vives,

Et ne reconnaît plus en toi d'hôte sacré,

 

Ah ! moi, je sens qu'une âme est là sous ton écorce :

Tu n'as pas nos transports et nos désirs de feu,

Mais tu rêves, profond et serein comme un dieu ;

Ton immobilité repose sur ta force.

 

Salut ! Un charme agit et s'échange entre nous.

Arbre, je suis peu fier de l'humaine nature ;

Un esprit revêtu d'écorce et de verdure

Me semble aussi puissant que le nôtre et plus doux.

 

Verse à flots sur mon front ton ombre qui m'apaise ;

Puisse mon sang dormir et mon corps s'affaisser ;

Que j'existe un moment sans vouloir ni penser :

La volonté me trouble, et la raison me pèse.

 

Je souffre du désir, orage intérieur ;

Mais tu ne connais, toi, ni l'espoir, ni le doute,

Et tu n'as su jamais ce que le plaisir coûte ;

Tu ne l'achètes pas au prix de la douleur.

 

Quand un beau jour commence et quand le mal fait trêve,

Les promesses du ciel ne valent pas l'oubli ;

Dieu même ne peut rien sur le temps accompli ;

Nul songe n'est si doux qu'un long sommeil sans rêve.

 

Le chêne a le repos, l'homme a la liberté...

Que ne puis-je en ce lieu prendre avec toi racines !

Obéir, sans penser, à des forces divines,

C'est être dieu soi-même, et c'est ta volupté.

 

Verse, ah ! verse dans moi tes fraîcheurs printanières,

Les bruits mélodieux des essaims et des nids,

Et le frissonnement des songes infinis ;

Pour ta sérénité je t'aime entre nos frères.

 

Si j'avais, comme toi, tout un mont pour soutien,

Si mes deux pieds trempaient dans la source des choses,

Si l'Aurore humectait mes cheveux de ses roses.

Si mon coeur recélait toute la paix du tien ;

 

Si j'étais un grand chêne avec ta sève pure,

Pour tous, ainsi que toi, bon, riche, hospitalier,

J'abriterais l'abeille et l'oiseau familier

Qui, sur ton front touffu, répandent le murmure ;

 

Mes feuilles verseraient l'oubli sacré du mal ;

Le sommeil, à mes pieds, monterait de la mousse ;

Et là viendraient tous ceux que la cité repousse

Ecouter ce silence où parle l'idéal.

 

Nourri par la nature, au destin résignée,

Des esprits qu'elle aspire et qui la font rêver,

Sans trembler devant lui, comme sans le braver,

Du bûcheron divin j'attendrais la cognée.

Rousseau - Le grand chêne, vers 1840, Victoria and Albert Museum.

 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français



La mort d'un chêne


I

Quand l'homme te frappa de sa lâche cognée,

Ô roi qu'hier le mont portait avec orgueil,

Mon âme, au premier coup, retentit indignée,

Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

 

Un murmure éclata sous ses ombres paisibles ;

J'entendis des sanglots et des bruits menaçants ;

Je vis errer des bois les hôtes invisibles,

Pour te défendre, hélas ! contre l'homme impuissants.

 

Tout un peuple effrayé partit de ton feuillage,

Et mille oiseaux chanteurs, troublés dans leurs amours,

Planèrent sur ton front comme un pâle nuage,

Perçant de cris aigus tes gémissements sourds.

 

Le flot triste hésita dans l'urne des fontaines ;

Le haut du mont trembla sous les pins chancelants,

Et l'aquilon roula dans les gorges lointaines

L'écho des grands soupirs arrachés à tes flancs.

 

Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre,

Un arpent tout entier sur le sol paternel ;

Et quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre

Eut un rugissement terrible et solennel :

 

Car Cybèle t'aimait, toi l'aîné de ses chênes,

Comme un premier enfant que sa mère a nourri ;

Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines,

Et son front se levait pour te faire un abri.

 

Elle entoura tes pieds d'un long tapis de mousse,

Où toujours en avril elle faisait germer

Pervenche et violette à l'odeur fraîche et douce,

Pour qu'on choisît ton ombre et qu'on y vînt aimer.

 

Toi, sur elle épanchant cette ombre et tes murmures,

Oh ! tu lui payais bien ton tribut filial !

Et chaque automne à flots versait tes feuilles mûres,

Comme un manteau d'hiver, sur le coteau natal.

 

La terre s'enivrait de ta large harmonie ;

Pour parler dans la brise, elle a créé les bois :

Quand elle veut gémir d'une plainte infinie,

Des chênes et des pins elle emprunte la voix.

 

Cybèle t'amenait une immense famille ;

Chaque branche portait son nid ou son essaim :

Abeille, oiseaux, reptile, insecte qui fourmille,

Tous avaient la pâture et l'abri dans ton sein.

 

Ta chute a dispersé tout ce peuple sonore ;

Mille êtres avec toi tombent anéantis ;

À ta place, dans l'air, seuls voltigent encore

Quelques pauvres oiseaux qui cherchent leurs petits.

 

Tes rameaux ont broyé des troncs déjà robustes ;

Autour de toi la mort a fauché largement.

Tu gis sur un monceau de chênes et d'arbustes ;

J'ai vu tes verts cheveux pâlir en un moment.

 

Et ton éternité pourtant me semblait sûre !

a terre te gardait des jours multipliés...

La sève afflue encor par l'horrible blessure

Qui dessécha le tronc séparé de ses pieds.

 

Oh ! ne prodigue plus la sève à ces racines,

Ne verse pas ton sang sur ce fils expiré,

Mère ! garde-le tout pour les plantes voisines :

Le chêne ne boit plus ce breuvage sacré.

 

Dis adieu, pauvre chêne, au printemps qui t'enivre :

Hier, il t'a paré de feuillages nouveaux ;

Tu ne sentiras plus ce bonheur de revivre :

Adieu, les nids d'amour qui peuplaient tes rameaux !

 

Adieu, les noirs essaims bourdonnant sur tes branches,

Le frisson de la feuille aux caresses du vent,

Adieu, les frais tapis de mousse et de pervenches

Où le bruit des baisers t'a réjoui souvent !

 

Ô chêne ! je comprends ta puissante agonie !

Dans sa paix, dans sa force, il est dur de mourir ;

À voir crouler ta tête, au printemps rajeunie,

Je devine, ô géant ! ce que tu dois souffrir.

 

Ainsi jusqu'à ses pieds l'homme t'a fait descendre ;

Son fer a dépecé les rameaux et le tronc ;

Cet être harmonieux sera fumée et cendre,

Et la terre et le vent se le partageront !

 

Mais n'est-il rien de toi qui subsiste et qui dure ?

Où s'en vont ces esprits d'écorce recouverts ?

Et n'est-il de vivant que l'immense nature,

Une au fond, mais s'ornant de mille aspects divers ?

 

Quel qu'il soit, cependant, ma voix bénit ton être

Pour le divin repos qu'à tes pieds j'ai goûté.

Dans un jeune univers, si tu dois y renaître,

Puisses-tu retrouver la force et la beauté !

 

Car j'ai pour les forêts des amours fraternelles ;

Poète vêtu d'ombre, et dans la paix rêvant,

Je vis avec lenteur, triste et calme, et, comme elles,

Je porte haut ma tête, et chante au moindre vent.

 

Je crois le bien au fond de tout ce que j'ignore ;

J'espère malgré tout, mais nul bonheur humain :

Comme un chêne immobile, en mon repos sonore,

J'attends le jour de Dieu qui nous luira demain.

 

En moi de la forêt le calme s'insinue ;

De ses arbres sacrés, dans l'ombre enseveli,

J'apprends la patience aux hommes inconnue,

Et mon coeur apaisé vit d'espoir et d'oubli.

 

Mais l'homme fait la guerre aux forêts pacifiques ;

L'ombrage sur les monts recule chaque jour ;

Rien ne nous restera des asiles mystiques

Où l'âme va cueillir la pensée et l'amour.

 

Prends ton vol, ô mon coeur ! la terre n'a plus d'ombres

Et les oiseaux du ciel, les rêves infinis,

Les blanches visions qui cherchent les lieux sombres,

Bientôt n'auront plus d'arbre où déposer leurs nids.

 

La terre se dépouille et perd ses sanctuaires ;

On chasse des vallons ses hôtes merveilleux.

Les dieux aimaient des bois les temples séculaires,

La hache a fait tomber les chênes et les dieux.

 

Plus d'autels, plus d'ombrage et de paix abritée,

Plus de rites sacrés sous les grands dômes verts !

Nous léguons à nos fils la terre dévastée ;

Car nos pères nous ont légué des cieux déserts.

 

II

Ainsi tu gémissais, poète, ami des chênes,

Toi qui gardes encor le culte des vieux jours.

Tu vois l'homme altéré sans ombre et sans fontaines ;

Va ! l'antique Cybèle enfantera toujours !

 

Lève-toi ! c'est assez pleurer sur ce qui tombe ;

La lyre doit savoir prédire et consoler ;

Quand l'esprit te conduit sur le bord d'une tombe,

De vie et d'avenir c'est pour nous y parler.

 

Crains-tu de voir tarir la sève universelle,

Parce qu'un chêne est mort et qu'il était géant ?

Ô poète ! âme ardente en qui l'amour ruisselle,

Organe de la vie, as-tu peur du néant ?

 

Va ! l'oeil qui nous réchauffe a plus d'un jour à luire ;

Le grand semeur a bien des graines à semer.

La nature n'est pas lasse encor de produire :

Car, ton coeur le sait bien, Dieu n'est pas las d'aimer.

 

Tandis que tu gémis sur cet arbre en ruines,

Mille germes là-bas, déposés en secret,

Sous le regard de Dieu, veillent dans ces collines,

Tout prêts à s'élancer en vivante forêt.

 

Nos fils pourront aimer et rêver sous leurs dômes ;

Le poète adorer la nature et chanter :

Dans l'ombreux labyrinthe où tu vois des fantômes,

Un idéal plus pur viendra les visiter.

 

Croissez sur nos débris, croissez, forêts nouvelles !

Sur vos jeunes bourgeons nous verserons nos pleurs ;

D'avance je vous vois, plus fortes et plus belles,

Faire un plus doux ombrage à des hôtes meilleurs.

 

Vous n'abriterez plus de sanglants sacrifices ;

L'âge emporte les dieux ennemis de la paix.

Aux chants, aux jeux sacrés, vos séjours sont propices ;

Votre mousse aux loisirs offre des lits épais.

 

Ne penche plus ton front sur les choses qui meurent ;

Tourne au levant tes yeux, ton coeur à l'avenir.

Les arbres sont tombés, mais les germes demeurent ;

Tends sur ceux qui naîtront tes bras pour les bénir.

 

Poète aux longs regards, vois les races futures,

Vois ces bois merveilleux à l'horizon éclos ;

Dans ton sein prophétique écoute les murmures ,

Écoute ! au lieu d'un bruit de fer et de sanglots,

 

Sur des coteaux baignés par des clartés sereines,

Où des peuples joyeux semblent se reposer,

Sous les chênes émus, les hêtres et les frênes,

On dirait qu'on entend un immense baiser.


 

 

Victor de Laprade (1812-1883) poète français

 

Le bucheron

 

I

Le chêne aux flancs noueux dans l’herbe est couché mort,

Il pose sa cognée et s’accoude au long manche ;

Il se courbe, en soufflant, le pied sur une branche ;

Son morceau de pain noir est gagné pour demain ;

Et, s’essuyant le front du revers de la main :

 

"Triste et rude métier que de porter la hache !

À ce labeur de mort quel dieu m’a condamné ?

Sur tes plus beaux enfants j’ai frappé sans relâche,

Et je t’aime pourtant, forêt où je suis né !

 

"Ton ombre est mon pays ; j’y vieillis ; je sais l’âge

Des grands chênes épars sur les coteaux voisins.

Jamais je ne dormis dans les murs d’un village ;

Je ne cueillis jamais le blé ni les raisins.

 

"Ma mère me berça dans la mousse et l’écorce ;

J’ai, dans un nid pareil, vu dormir mes enfants ;

Et, comme moi jadis, fiers de leur jeune force,

Ils grimpaient, tout petits, sur l’arbre que je fends.

 

"J’ai compté de beaux jours, hélas ! et des jours sombres

Que savent tous ces bois, complices ou témoins ;

J’ai connu d’autres maux que la faim sous leurs ombres ;

Dans un corps endurci l’âme ne vit pas moins.

 

"Je la sens s’agiter sous le joug qui m’enchaîne ;

Et l’arbre, gémissant de mes coups assidus,

Parle au noir bûcheron qui fend le cœur du chêne

Comme aux pales rêveurs sur la mousse étendus.

 

"J’eus chez vous mon printemps, mes songes, mes chimères,

Arbres qui modérez le soleil et le vent !

J’ai versé sur vos pieds des larmes bien amères,

Mais pour moi votre miel a coulé bien souvent.

 

"J’entends parfois de loin monter la voix des villes,

Elle m’arrive en bruits douloureux et discords ;

J’aime mieux écouter ces feuillages mobiles

D’où pleut un frais sommeil sur l’âme et sur le corps.


"D’ailleurs, la voix qui siffle en traversant l’érable,

Le son calme et plaintif qui s’exhale du pin,

Ont un écho dans moi, profond, vague, ineffable

Dont j’écoute en tous lieux le murmure sans fin.

 

"Si j’ai vos bras noueux, vos cheveux longs et rudes,

J’ai mes chansons aussi, mes bruits graves et doux,

Et sur mon front ridé le vent des solitudes,

O chênes fraternels, frémit comme sur vous !

 

"En ennemi, pourtant, sur ces monts que j’outrage,

La hache en main, frappant tous mes hôtes chéris,

Liés en vifs faisceaux pour un sordide usage,

Des rameaux et des troncs j’entasse les débris.

 

"Aussi mon àme est triste et j’ai le regard sombre ;

Destructeur des forêts, je me suis odieux ;

J’ai déjà dépouillé cent arpents de leur ombre ;

J’ai fait place aux humains ; pardonnez-moi, grands dieux !

 

"Mais c’est la pauvreté qui par moi vous profane,

Saints temples des forêts, arbres que j’aime en vain !

Pour mes fils affamés dans ma pauvre cabane,

Chaque arbre, hélas ! qui tombe est un morceau de pain.

 

"La pauvreté ! c’est elle avec qui ce fer lutte ;

Elle fait taire en moi ces choses que j’entends ;

C’est elle qui renverse, en pleurant sur sa chute,

Pour les besoins d’un jour, le chêne de cent ans.

 

"Heureux ! — si le bonheur visite un riche même,

Loin de cette ombre antique où parle un dieu caché, —

 

Heureux le laboureur, heureux celui qui sème

Et reçut des aïeux son champ tout défriché !

 

« Il ne récolte pas son pain du sacrilège ;

Tranquille en son labeur, ignorant mes combats,

Il n’a jamais sapé le toit qui le protège,

Ces vieilles amitiés qu’en frémissant j’abats.

 

"Adieu les troncs divins qu’un peuple immense habite,

Les abeilles et l’homme et les oiseaux du ciel,

Tours que le vent balance et dont le flanc palpite

Ruisselant de fraîcheur, d’harmonie et de miel !

 

"Il en reste un… marqué du sceau fatal du maître,

Mon plus cher souvenir… à frapper quelque jour.

Mon vieil hôte, du bois l’ornement et l’ancêtre

À lui de s’écrouler… Puis ce sera mon tour !"

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français

L'expiation


Sur ce géant, grandeur jusqu'alors épargnée,

Le malheur, bûcheron sinistre, était monté ;

Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,

Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,

Il regardait tomber autour de lui ses branches.

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


Puisqu'ici-bas toute âme


...Puisqu'avril donne aux chênes

Un bruit charmant ;

Que la nuit donne aux peines

L'oubli dormant ;...

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


A quoi songeaient les deux cavaliers ...


...Les fontaines chantaient. Que disaient les fontaines ?

Les chênes murmuraient. Que murmuraient les chênes ?

Les buissons chuchotaient comme d'anciens amis....
 

 

 

Victor Hugo (1802-1885) poète français


Aux proscrits


En plantant le chêne des Etats-Unis d'Europe

Dans le jardin de Hauteville House

Le 14 juillet 1870


I

Semons ce qui demeure, ô passants que nous sommes !

Le sort est un abîme, et ses flots sont amers,

Au bord du noir destin, frères, semons des hommes,

Et des chênes au bord des mers !

 

Nous sommes envoyés, bannis, sur ce calvaire,

Pour être vus de loin, d'en bas, par nos vainqueurs,

Et pour faire germer par l'exemple sévère

Des coeurs semblables à nos coeurs.

 

Et nous avons aussi le devoir, ô nature,

D'allumer des clartés sous ton fauve sourcil,

Et de mettre à ces rocs la grande signature

De l'avenir et de l'exil.

 

Sachez que nous pouvons faire sortir de terre

Le chêne triomphal que l'univers attend,

Et faire frissonner dans son feuillage austère

L'idée au sourire éclatant.

 

La matière aime et veut que notre appel l'émeuve ;

Le globe est sous l'esprit, et le grand verbe humain

Enseigne l'être, et l'onde, et la sève, et le fleuve,

Qui lui demandent leur chemin.

 

L'homme, quand il commande aux flots de le connaître,

Aux mers de l'écouter dans le bruit qu'elles font,

A la terre d'ouvrir son flanc, aux temps de naître,

Est un mage immense et profond.

 

Ayons foi dans ce germe ! Amis, il nous ressemble.

Il sera grand et fort, puisqu'il est faible et nu.

Nous sommes ses pareils, bannis, nous en qui tremble

Tout un vaste monde inconnu !

 

Nous fûmes secoués d'un arbre formidable,

Un soir d'hiver, à l'heure où le monde est puni,

Nous fûmes secoués, frères, dans l'insondable,

Dans l'ouragan, dans l'infini.

 

Chacun de nous contient le chêne République ;

Chacun de nous contient le chêne Vérité ;

L'oreille qui, pieuse, à nos malheurs s'applique,

T'entend sourdre en nous, Liberté !

 

Tu nous jettes au vent, Dieu qui par nous commences !

C'est bien. Nous disperser, ô Dieu, c'est nous bénir !

Nous sommes la poignée obscure des semences

Du sombre champ de l'avenir.

 

Et nous y germerons, n'en doutez pas, mes frères,

Comme en ce sable, au bord des flots prompts à s'enfler,

Croîtra, parmi les flux et les reflux contraires,

Ce gland, sur qui Dieu va souffler !

 

II

O nature, il s'agit de faire un arbre énorme,

Mouvant comme aujourd'hui, puissant comme demain,

Figurant par sa feuille et sa taille et sa forme

La croissance du genre humain !

 

Il s'agit de construire un chêne aux bras sans nombre,

Un grand chêne qui puise avec son tronc noueux

De la nuit dans la terre et qui force cette ombre

A s'épanouir dans les cieux !

 

Il s'agit de bâtir cette oeuvre collective

D'un chêne altier, auguste, et par tous conspiré,

L'homme y mettant son souffle et l'océan sa rive,

Et l'astre son rayon sacré !

 

Nature, que je sens saigner par nos fêlures,

Dont l'âme est le foyer où nous nous réchauffons,

Et dont on voit la nuit les vagues chevelures

Flotter dans les souffles profonds,

 

Nous confions cet arbre à tes entrailles, mère !

Fais-le si grand, qu'égal aux vieux cèdres d'Hébron,

Il ne distingue pas l'aigle de l'éphémère

Et la foudre du moucheron ;

 

Et qu'un jour le passant, quand luira l'aube calme

De l'affranchissement des peuples sous les cieux,

Croie, en le voyant, voir la gigantesque palme

De cet effort prodigieux !

 

Nous te le confions, plage aux voix étouffées.

O sinistre océan, nous te le confions ;

Nous confions le chêne adoré des Orphées

Aux flots qu'aimaient les Amphions !

 

Nuages, firmaments, pléiades protectrices,

Écumes, durs granits, sables craints des sondeurs,

Nous vous le confions ; et soyez ses nourrices,

Ténèbres, clartés, profondeurs !

 

III

Vents, vous travaillerez à ce travail sublime ;

O vents sourds, qui jamais ne dites : c'est assez !

Vous mêlerez la pluie amère de l'abîme

A ses noirs cheveux hérissés.

 

Vous le fortifierez de vos rudes haleines ;

Vous l'accoutumerez aux luttes des géants ;

Vous l'effaroucherez avec vos bouches pleines

De la clameur des océans.

 

Et vous lui porterez, vents, du fond des campagnes,

Vents, vous lui porterez du fond des vastes eaux,

Le frisson des sapins de toutes les montagnes

Et des mâts de tous les vaisseaux.

 

Afin qu'il soit robuste, invincible, suprême,

Et qu'il n'ait peur de rien au bord de l'infini!

Afin qu'étant bâti par les destructeurs même,

Des maudits même il soit béni !

 

Afin qu'il soit sacré pour la mer sa voisine,

Que sa rumeur s'effeuille en ineffables mots,

Et qu'il grandisse, ayant la nuit dans sa racine,

Et l'aurore dans ses rameaux !

 

IV

Oh ! qu'il croisse ! qu'il monte aux cieux où sont les flammes !

Qu'il ait toujours moins d'ombre et toujours plus d'azur,

Cet arbre, en qui, pieux, penchés, vidant nos âmes,

Nous mettons tout l'homme futur !

 

Qu'il ait la majesté des étoiles profondes

Au-dessus de sa tête, et sous ses pieds les flots !

Et qu'il soit moins ému du murmure des mondes

Que des chansons des matelots !

 

Qu'il soit haut comme un phare et beau comme une gerbe !

Qu'il soit mobile et fixe, et jeune, même vieux !

Qu'il montre aux rocs jaloux son ondoiement superbe,

Sa racine aux flots envieux !

 

Qu'il soit l'arbre univers, l'arbre cité, l'arbre homme !

Et que le penseur croie un jour, sous ses abris,

Entendre en ses rameaux le grand soupir de Rome

Et le grand hymne de Paris !

 

Que, l'hiver, lutteur nu, tronc fier, vivant squelette,

Montrant ses poings de bronze aux souffles furieux,

Tordant ses coudes noirs, il soit le sombre athlète

D'un pugilat mystérieux !

 

Car l'orage est semblable au sort qui se déchaîne,

La vie est un guerrier, les vents sont des bourreaux,

Et traitent sous les cieux le héros comme un chêne,

Et le chêne comme un héros.

 

Qu'il abrite la fleur rampante sur le sable !

Qu'il couvre le brin d'herbe et le myosotis !

Qu'il apparaisse aux vents déchaînés, formidable

De sa bonté pour les petits !

 

Que rien ne le renverse et que rien ne le ploie !

Qu'il soit, sur ce rivage âpre et des vents battu,

La touffe frémissante et forte de la joie,

De l'audace et de la vertu !

 

Qu'il réjouisse, auguste, aux rayons pénétrable,

De son fourmillement de feuilles le ciel bleu !

Qu'il vive ! Qu'il soit un et qu'il soit innombrable

Comme le peuple et comme Dieu !

 

V

En attendant, écume, autan, bruits, noires bouches,

Ménagez l'arbre enfant, éléments irrités !

Tant qu'il sera petit, murmurez, voix farouches,

Et quand il sera grand, chantez !

 

Les tyrans, entassant les fléaux, blocs funèbres,

Brisant l'homme idéal, broyant l'homme animal,

Sont en train de bâtir un fronton de ténèbres

Au vieil édifice du mal.

 

Avec l'ombre qui sort des guerres et des pestes,

Avec les tourbillons des grands embrasements,

Et les miasmes lourds et les souffles funestes

Des fosses pleines d'ossements,

 

Avec les toits brûlants, les villes enflammées,

Le noir temple du deuil par les rois est construit ;

On voit d'ici monter ces énormes fumées,

Colonnes torses de la nuit !

 

Nous, vaincus, construisons le bonheur ! Je convie

Les siècles à ton ombre, ô gland d'adversité !

Croîs, arbre ; règne, idée ; et que l'arbre ait la vie,

L'idée ayant l'éternité !

 

Pierre et César sont là, pleins du passé féroce !

C'est l'instant de lutter, nous qu'on osa bannir,

Contre le mal géant, contre l'erreur colosse,

Avec ton atome, avenir !

 

Semons ! - Semons le gland, et qu'il soit chêne immense !

Semons le droit ; qu'il soit bonheur, gloire et clarté !

Semons l'homme et qu'il soit peuple ! semons la France,

Et qu'elle soit Humanité !

 

C'est le champ de l'exil ; semons-y l'espérance.

Semons la nuit lugubre, et qu'elle soit le jour !

Germe en Dieu, grain obscur ! semons notre souffrance,

Proscrits, et qu'elle soit l'amour !

 

Oh ! que le genre humain monte sur la montagne !

Terre, souris enfin à l'homme audacieux,

Et sois l'éden, après avoir été le bagne,

O globe emporté dans les cieux !

 

 

Julie m’écrit de Guernesey que le gland planté par moi le 14 juillet a germé. Le chêne des Etats-Unis d’Europe est sorti de terre le 5 septembre, jour de ma rentrée à Paris.
(13 septembre 1870)

 

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) - poète 


En sourdine


...Et quand, solennel, le soir

Des chênes noirs tombera,

Voix de notre désespoir,

Le rossignol chantera....

 

 

Théodore de Banville (1823-1891) - poète


 

A la Forêt de Fontainebleau


Et vous, colosses fiers, arbres noueux, grands chênes,

Rien n'agitait vos fronts, par le temps centuplés !

Pourtant vos bras tordus et vos muscles gonflés,

Ces poses de lutteurs affamés de carnage

Que vous conserviez, même à cette heure où tout nage

Dans la vive lumière et l'atmosphère en feu,

Laissaient voir qu'autrefois, sous ce ciel vaste et bleu,

Vous aviez dû combattre, ô géants centenaires !

Au milieu des Titans vaincus par les tonnerres.


Claude Monet - Forêt Fontainebleau en 1865



 

 

 

Léon Dierx (1838-1912) poète français

Salvator rosa

 

Ce sont tes passions qui hurlent sur tes toiles ;

Toi-même, tu t'es peint dans ces lieux dévastés,

Dans ces chênes tordant, sous la nuit sans étoiles,

Sur l'abîme béant leurs troncs décapités.

 

 


Paul Verlaine (1844-1896) poète français

Dans l'interminable ennui de la plaine

 

Comme les nuées

Flottent gris les chênes

Des forêts prochaines

Parmi les buées.


 


 

Khalil Gibran (1883-1931) poète libanais d'expression arabe et anglaise (il parlait aussi couramment le français), 

 


Le mariage


Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l’un de l’autre.

Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.

Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :

Car les piliers du temple se tiennent à distance,

Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre.


 


Gaston Couté (1880-1911) poète libertaire et chansonnier français


 

La chanson du gui


Le soir étend sur les grands bois

Son manteau d'ombre et de mystère ;

Les vieux menhirs, dans la bruyère

Qui s'endort, veillent et des voix

Semblent sortir de chaque pierre.

L'heure est muette comme aux temps

Où, dans les forêts souveraines,

Les vierges blondes et sereines

Et les druides aux cheveux blancs

Allaient cueillir le gui des chênes.

 

Réveillez-vous, ô fiers Gaulois,

Jetez an loin votre suaire

Gris de la funèbre poussière

De la tombe et, comme autrefois,

Poussez votre long cri de guerre

Qui fit trembler les plus vaillants,

Allons, debout ! brisez vos chaînes

Invisibles qui vous retiennent

Loin des bois depuis deux mille ans.

Allez cueillir le gui des chênes.

 

Barde, fais vibrer sous tes doigts

Les fils d'or de la lyre altière,

Et gonfle de ta voix de tonnerre

Pour chanter plus haut les exploits

Des héros à fauve crinière

Qui, devant les flots triomphants

Et serrés des légions romaines

Donnèrent le sang de leurs veines

our sauver leurs dieux tout puissants

Et le gui sacré des grands chênes.

 

Envoi :

Gaulois, pour vos petits-enfants,

Cueillez aux rameaux verdoyants

Du chêne des bois frissonnants

Le gui aux feuilles souveraines

Et dont les vertus surhumaines

Font des hommes forts et vaillants.

Cueillez pour nous le gui des chênes.


 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète français


Il est doux d'écouter ...


Il est doux d'écouter le roseau qui soupire

Avec d'autres roseaux dans un riant vallon :

Un front pensif se courbe à ces accords que tire

Des chênes assemblés le rapide aquilon.

 

Mais, qu'auprès de la voix de l'arbre solitaire,

Les roseaux, la chênaie exhalent un vain bruit,

Quand sur la triste plaine où descend le mystère,

Elle lamente au vent qui précède la nuit !

 

Francis Bocquet - le chêne et le roseau

 

 


Jean Moréas (1856-1910) poète français

Recueil : Les Stances


Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne

 

Chênes mystérieux, forêt de la Grésigne,

Qui remplissez le gouffre et la crête des monts,

J'ai vu vos clairs rameaux sous la brise bénigne

Balancer doucement le ciel et ses rayons.

 

Ah ! Dans le sombre hiver, pendant les nuits d'orage,

Lorsqu'à votre unisson lamentent les corbeaux,

Lorsque passe l'éclair sur votre fier visage,

Chênes que vous devez être encore plus beaux !

 

 

 

XX° siècle

 

1909

Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (Czurlanis, Iurlionis (1875-1911) peintre, compositeur et écrivain lituanien. 


La main de Perkunas - Thor

 

 

1911 - 1915


James George Frazer (1854-1941) anthropologue écossais connu pour être le premier à avoir dressé un inventaire planétaire des mythes et des rites.

"Le rameau d’Or" – une magistrale étude sur la mythologie parue en 1911-1915 – un chapitre entier est consacré au culte des arbres,

tome 1 – « Le roi magicien dans la société primitive » pp.267-289.


...Le culte du chêne, chez les celtes et leurs Druides, est familier à chacun et leur ancien mot sanctuaire parait être à d’origine et de signification au latin Nemus, bois ou clairière, qui survit dans le mot "Nemi"...



 

 

 

1912


Anatole France (1844-1924) écrivain français, 

Les Dieux ont soif,1912, 

décrit les années noires de la Terreur à Paris, 

 ... s'avançait lentement, sur les têtes des citoyens, un homme au teint bilieux, le front ceint d'une couronne de chêne, le corps enveloppé d'une vieille lévite verte à collet d'hermine...

 

 

 


Anatole France (1844-1924) poète et écrivain français

 

Le chêne abandonné


Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil,

Le grand chêne noueux, le père de la race,

Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse

Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil.

 

Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre,

Robuste, il a nourri ses siècles florissants,

Fait bouillonner la sève en ses membres puissants,

Et respiré le ciel avec sa tête sombre.

 

Mais ses plus fiers rameaux sont morts, squelettes noirs

Sinistrement dressés sur sa couronne verte ;

Et dans la profondeur de sa poitrine ouverte

Les larves ont creusé de vastes entonnoirs.

 

La sève du printemps vient irriter l'ulcère

Que suinte la torpeur de ses âcres tissus.

Tout un monde pullule en ses membres moussus,

Et le fauve lichen de sa rouille l'enserre.

 

Sans cesse un bois inerte et qui vécut en lui

Se brise sur son corps et tombe. Un vent d'orage

Peut finir de sa mort le séculaire ouvrage,

Et peut-être qu'il doit s'écrouler aujourd'hui.

 

Car déjà la chenille aux anneaux d'émeraude

Déserte lentement son feuillage peu sûr ;

D'insectes soulevant leurs élytres d'azur

Tout un peuple inquiet sur son écorce rôde ;

 

Dès hier, un essaim d'abeilles a quitté

Sa demeure d'argile aux branches suspendue ;

Ce matin, les frelons, colonie éperdue,

Sous d'autres pieds rameux transportaient leur cité ;

 

Un lézard, sur le tronc, au bord d'une fissure,

Darde sa tête aiguë, observe, hésite, et fuit ;

Et voici qu'inondant l'arbre glacé, la nuit

Vient hâter sur sa chair la pâle moisissure.


 

 


 

1930

Miguel de Unamuno (1864-1936) poète, romancier, dramaturge, critique littéraire et philosophe espagnol 

Le Roman de Don Sandalio, joueur d’échecs

...Je suis devenu l’ami d’un vieux chêne. … Il est en partie mort. Tu te rends compte: mort en partie, mais pas tout entier !...

 

 

1932


Joseph de Pesquidoux (1869-1946) écrivain français, membre de l’Académie française.

 Le Livre de raison,

Ces derniers temps il avait tout laissé. Il restait au coin du feu, ou bien, quand il faisait soleil, il s'asseyait au pied du chêne, du côté du Levant, sous le vent... 

 

 


1939


Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) écrivain, poète, aviateur et reporter français.

Terre des hommes

...Rien, jamais, en effet ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements de cœur. On ne reconstruit point ces amitiés-là.

Il est vain si l’on plante un chêne, d’espérer s’abriter bientôt sous son feuillage...


 

 

1941

Revue des Études Anciennes  Année 1941 

Un chapitre de la sylviculture virgilienne. Le chêne 

Pierre d'Hérouville est un prêtre et écrivain français


 

Émile Baas (1906-1984) enseignant de philosophie et essayiste français.

... La vocation de l'homme est de prendre racine comme le chêne et non de voltiger comme le papillon...

 

William Faulkner (1897 -1962) romancier et nouvelliste américain.

... "Les mots sont comme les glands... Chacun d'eux ne donne pas un chêne, mais si vous en plantez un nombre suffisant, vous obtiendrez sûrement un chêne tôt ou tard"... 
 

 

1945

Traditions celtiques (1ère éd. 1945, réed. Dangles 2011) de Robert Ambelain que :

    "...Notre Démiurge celtique, c'est Esus, reflet matériel d'HU KADARN. En effet, le chêne, dans la tradition celtique, est l'emblème de HU, mais Esus est lui-même couronné de chêne... Le chêne est l'attribut de noblesse, conféré au meilleur de la Cité, et le laurier n'est l'apanage que du vainqueur. Concluons donc que le chêne, l'art de construction (la Cité), et l'idée "démiurgique" incluse dans le mythe de l'Architecte des Mondes, chère aux platoniciens, sont des images liées les unes aux autres dans le domaine de la Symbolique. [...] 

Dans la symbolique celtique, Fils HU a pour image le Chêne, attribut de la Force. 

 

 

François Mauriac, (1885-1970) écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française au fauteuil n° 22 en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.


Le jeune François Mauriac aimait flâner entre les pins et les chênes de l'immense parc, du Chalet de Saint Symphorien, sur les bords du petit ruisseau qui va se jeter un peu plus loin dans le Ciron.


Dans le parc touché par la tempête de 1999, la plupart des chênes sont tombés, y compris le chêne sacré que Mauriac aimait embrasser quand il cheminait dans la forêt de son enfance.

 

1922 - Le baiser au lépreux

..."Ainsi courut Noêmi à travers les brandes,jusqu'à ce qu'épuisée,les souliers lourds de sable,elle dût enserrer un chêne rabougri sous la bure de ses feuilles mortes mais toutes frémissantes d'un souffle de feu,un chêne noir qui ressemblait à Jean Péloueyre"...

 

1969 - Un adolescent d'autrefois

..."Le jeune homme la franchit, longea une lande récemment rasée, et redescendit vers le bois de chênes que traverse la Hure avant d’atteindre le moulin...

...Le premier coup de cloche sonnait pour le dîner. Un cri sauvage de berger traversa le bois. […] Au tournant de l’allée du gros chêne, Jean-Louis le guettait"...


 

 

1970


Daté du 10 novembre 1970, lendemain de la mort de Charles de Gaulle, ce dessin de Jacques Faizant (1918-2006) fera la Une du Figaro. 
 Il représente Marianne (la France), symbole de la République française et personnage récurrent des dessins de Jacques Faizant dans Le Figaro, pleurant le visage caché dans ses mains, sur un grand chêne déraciné (le général de Gaulle). 


Quelques mois plus tard, André Malraux fera paraître son livre

"Les Chênes qu'on abat..."


 

 


1976


Le Sacré corps

Joseph Delteil (1894-1978) écrivain et poète 

...Qui voit le chêne dans le gland voit Dieu dans le chêne...



 

 


 

1977

Y. Vadé

Revue de l'histoire des religions  Année 1977  191-1  pp. 3-41

Sur la maternité du chêne et de la pierre

Une série de textes grecs d'Homère à Proclus fait allusion le plus souvent de manière ironique, à des naissances légendaires à partir d'un chêne ou d'une pierre....


..."Areas voit le chêne où vivait l’hamadryade Ghrysopélée sur le point d’être emporté par un torrent. Il construit une digue pour détourner le courant et la sauve. Reconnaissante, elle s’unit à lui et lui donne deux fils, Elatos et Aphidas ancêtres de la race arcadienne"...
 

 

 

1985


Scott Douglas Cunningham (1956-1993) auteur


L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987),

...Utilisation magique su chêne : 
    Un arbre qui vit si longtemps (presque autant, pense-t-on, que le châtaignier), qui possède une telle force naturelle, ne pouvait qu'exciter l'imagination des chamans et des magiciens. Les paysans croyaient apercevoir des nymphes ou autres dryades en train de se faufiler sous l'écorce... 

    Pour vivre très vieux, préservé de la maladie comme des douleurs, il faut mâcher chaque matin quelques glands crus en visualisant ses ancêtres sur quatre générations. 

    Brûler du Chêne dans les poêles ou dans la cheminée est sain : c'est une odeur que la maladie ne supporte pas. Quand un important bûcher de ce bois se trouve stocké près de la maison, les esprits n'approchent pas.

    Un gland posé sur le rebord de chaque fenêtre empêche la foudre de tomber. 

    Si vous récoltez les feuilles encore vertes d'un Chêne abattu, et en ramenez suffisamment pour faire une litière, vous pouvez aborder le plus rude hiver sans crainte : vous n'attraperez jamais le moindre refroidissement.

    Si vous .plantez un gland à la lune de la moisson (forte déclinaison lunaire qui accompagne l'équinoxe d'automne), une rentrée d'argent non négligeable ne saurait tarder. Pour guérir un enfant de la hernie, il faut fendre un Chêne et faire passer l'enfant trois fois dedans ; le père et la mère doivent être chacun d'un côté de l'arbre. 

    Si un fiévreux est mis en présence d'un Chêne par un sorcier, l'arbre se met à trembler et dépérit ; mais le malade est guéri (Corrèze). 

    Certaines âmes sont condamnées à faire pénitence jusqu'à ce qu'un gland, ramassé le jour anniversaire de leur mort, soit devenu un plant de Chêne propre à un bon usage utile (Vendée). 

    Les pièces d'or que distribuent un peu trop généreusement certains personnages rencontrés au sabbat se transforment le lendemain en feuilles de Chêne. Un jour, un berger-sorcier fut condamné à un louis d'amende ; le juge qui encaissa ce louis s'aperçut bientôt qu'il n'était qu'une feuille de Chêne. 

    Vouloir faire entrer une idée sérieuse dans la tête d'une femme, c'est comme si vous vouliez planter un Chêne dans une coquille d'œuf. 

    Pour préserver les vaches de la cocotte (fièvre aphteuse), on leur mettait au cou des colliers de Chêne (Beauce). 

    Pour se débarrasser d'un sort qu'une sorcière vous a jeté, il faut uriner dans une bouteille verte, y mettre cinq feuilles de Chêne et cacher la bouteille sous le lit ; la sorcière viendra implorer son pardon au lever du jour (Danemark). 

    Une fille qui prend plaisir à manier des glands sera portée plus tard à satisfaire son mari manuellement. 

    « Tu serois propre à juger en hyver qui sont les Chasnes masles et fumelles : quand il gellera à pierre fensdre mets-toi tout nud contre cet arbre-cy ou celui-là, et si tu fientes contre ce sera une fumelle. ...


 

 

1993

Jean-Louis Brunaux (1953) archéologue français spécialiste de la civilisation gauloise.

Les bois sacrés des Celtes et des Germains

Les bois sacrés. Actes du colloque international de Naples.

Collection du Centre Jean Bérard, 10, 1993, 57-65.

Chapitre 12

Avant d’aborder la question qui nous intéresse plus particulièrement, celle des constructions sacrées où l’arbre intervient, il reste à évoquer un problème, la prétendue équation arbre-divinité. 

On doit celle-ci ou tout au moins sa formulation la plus ramassée à Maxime de Tyr qui écrit :

"Les Celtes adorent Zeus et l’image celtique de ce Zeus est un grand chêne" (Maxime de Tyr, Φιλοσοϕούμενα, VIII, Sur les images des dieux). Que le chêne ait été l’arbre de prédilection de la divinité à la foudre ne fait guère de doute et paraît bien conforme à l’idée de cette divinité que se faisaient aussi bien les Grecs que les Romains. 


De là à croire que le dieu celtique résidait dans un arbre, même remarquable, c’était d’une certaine manière faire du frazérisme avant la lettre. Le chêne n’est qu’un signe religieux de la divinité, l’instrument de communication qui vient d’être décrit, particulièrement justifié, dans le cas de cet arbre, (G. Frazer, Le rameau d’or. Paris, 1981, tome I, 470 et note 1.).

Il est la présence du dieu sans être ce dieu lui-même, comme l’indique clairement l’adoration plus particulière qu’avaient les Germains pour les chênes foudroyés et qui en portaient la marque. Si le tonnerre est le langage de Zeus, l’arbre brisé est le témoignage permanent de cette parole fugace. Le terme ἂγαλμα employé par Maxime est inapproprié, il traduit seulement le mépris qu’on avait aux premiers siècles de notre ère pour tous les vestiges de la religion celtique.
 

 

Ismaël Mérindol (1954)

Traité de Faërie, suivi d'autres recueils fameux de féerie et d'elficologie (2009, guide, fantasy)

 

... "là où il y a un chêne,

Dryades prennent plaisir."



 

 

 

XXI° siècle

 

Didier Colin, 

Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :


    "...Imaginez un arbre divin et sacré, symbole de force et de sagesse, planté au centre du monde et reliant le Ciel et la Terre. Les Grecs en avaient fait l'arbre tutélaire de Zeus. Ainsi , le premier temple consacré au dieu des dieux de l'Olympe n'était autre qu'une forêt de chênes, située à Dôdôné, une ville de l’Épire, dans le pays des Molosses, où l'on se rendait pour interroger l'oracle de Zeus, mais aussi celui d'Aphrodite. C'était alors la voix de Zeus lui-même qui répondait par le truchement du bruissement des feuilles des chênes sacrés, remuées par le vent. Selon la légende mythique grecque toujours, la massue d'Héraklès était en bois de chêne.

    Les Celtes, quant à eux, adoraient le chêne. Leurs prêtres, les druides - que l'on surnommait les hommes du chêne (en réalité le nom druide est issu du celtique druvids, qui signifiait "très savant") - cueillaient le gui, la fleur du chêne, au nouvel an. Il symbolisait alors une nouvelle vie, une régénération, l'immortalité de l'âme. Toutefois, il est bon de préciser que la fleur de chêne es rarissime. En trouver dans une forêt de chênes était donc quasi miraculeux. Le druide partait alors en quête du gui le sixième jour après la Nouvelle Lune, et si'il revenait bredouille, c'était un mauvais présage pour le village celte ou gaulois.

    Enfin, le gland, le fruit du chêne, fut souvent considéré comme un symbole de fécondité et de prospérité. Car nos ancêtres savaient que c'était à partir de la graine contenue dans ce petit fruit qu'un nouveau chêne qui deviendrait plusieurs fois centenaire pouvait naître."...
 

 

 

 

Jean-Michel Bollet - poète -

 

Le chêne 


Affrontant les étés et les rudes hivers,

Avec ténacité et la frondaison digne

Qu’il soit couvert de neige ou de feuillages verts,

Il est respecté par son caractère insigne.

 

Ses amis sont les champs depuis cent et mille ans

Et la terre tournée avec bœufs et charrue

Des forçats-paysans aux pas collants mi-lents

Qui sont une figure aujourd’hui disparue.

 

Se voient s’enfler autour de l’écorce des nœuds

Et s’allonger ses bras que la sève alimente

Soutenant le nid du geai qui prend soin des oeufs

Pour qu’un jour son petit éclos le complimente.

 

Les villageois d’antan, ivres de leur jeunesse

Allaient sous son ombrage et s’asseyaient dessus

Ses inertes serpents faisant mal à la fesse

Dont la queue s’enterrait dans des endroits cossus.

 

Il sentait bon la mousse et après une averse

D’autres odeurs passaient qu’ils jouaient à nommer :

Foin fraîchement coupé venu grâce à la herse,

Chaud lisier fermenté propre à les assommer.

 

Et comme était douce la sieste familière

Après la soupe aux pois et la saucisse au lard

En leur offrant une présence hospitalière

Qu’adoraient ces trapus, soiffards et rigolards...

 

Tôt, le matin, chacun, l’observe et le détaille :

Il est calme ou nerveux, serré ou évasé ;

Il nous prédit le vent, une pluie en bataille

Ou un soleil de plomb sur le mont embrasé.

 

Quand nous serons passés, toi tu nous survivras ;

Chêne, nous diras-tu où ira notre route ?

Tu vis des dos courbés, des fardeaux sur les bras :

Aurons-nous encore un peu de mie sous la croûte ?

 

Mais, tu n’en as cure et tu poursuis ta croissance

En poussant tes bourgeons poisseux et qui seront

Couronnés de feuillage et qui dans le vent dansent

En faisant grincer tes branches liées au tronc.

 

Et ton énorme pied commande à tous tes doigts

D’aller chercher à la fois boisson, nourriture

Qui reviennent donner de la force à tes bois

Prêts à se défendre contre la pourriture.

 

Chêne majestueux, tu servis les auspices

De Saint Louis qui te choisit pour présider

La solennité de l’action de justice

En s’appuyant sur toi comme pour le guider.

 

Tu es associé aux quatre-vingt années

De vraie fidélité par les époux humains

Et tes feuilles sur le képi sont alignées

Comme le laurier sur les empereurs romains.

 

Arbre, je te touche de mes mains tout entières ;

Je ne peux t’enlacer : laisse-moi t’embrasser,

Tu es de toutes les espèces forestières

La seule cuirassée qu’on ne peut terrasser.

 

Et si tu me donnais un petit peu de toi

Pour construire en bas de mon village ma ferme ?

Tu pourrais allonger quelques doigts sous mon toit

Et un autre à l’entrée pour que la porte ferme.

 

Ah, comme je voudrais te laisser mon empreinte

En mourant avec toi dans un espace creux

Quand tu seras très vieux et que tu auras crainte

D’entendre croasser le commun corbeau freux.

 

Dis, quand je te quittais, chaque soir, attendri

Par tes enchantements, je pleurais en silence ;

Une fois, je maudis douze ailes de perdrix

Volant par-dessus toi : mon dieu, quelle insolence !


 

 

 

2021

Vendredi 5 Mars

Chênes pour Notre Dame de Paris


Huit premiers chênes ont été sélectionnés en forêt de Bercé (Sarthe) pour servir à la reconstruction du tabouret de la flèche de Notre-Dame de Paris : une étape symbolique préparatoire à la reconstruction de la cathédrale. 


Un millier de chênes de toutes les régions de France ont été offerts pour la reconstruction du joyau gothique. Ils doivent servir à refaire l'ossature de la flèche de Viollet-le-Duc, détruite dans l'incendie du 15 avril 2019, ainsi que les charpentes du transept et de ses travées adjacentes.

 

Mille arbres

La moitié de ces arbres proviennent de domaines nationaux et de communes forestières, l'autre moitié provient de 150 forêts de propriétaires privés, qui en ont fait don. 

Toutes les régions ont apporté des chênes à cette entreprise commune. L'Etat offre 355 arbres issus de domaines gérés par l'Office national des forêts (ONF).

Cinquante-huit chênes de la forêt de Ferrières, en Seine-et-Marne,, une centaine de chênes ont été abattus en forêt de Mormal,  la plus grande forêt du Nord viennent d’être abattus.

Les mille arbres abattus sont ensuite transportés vers des routes forestières et sciés. 

Puis ils seront entreposés entre 12 et 18 mois jusqu'à ce qu'ils atteignent un taux d'humidité de moins de 30%.

Avec l'abattage de ces bois, se prépare la phase de reconstruction qui devrait démarrer à l'automne prochain et qui permettra la réouverture au culte de la cathédrale de Paris en avril 2024, 
 

 

 

Symbole du chêne 

Arbre sacré pour de nombreuses traditions,

 

- Force et solidité, puissance, prospérité, immortalité et longévité. 

Le bois du chêne a la propriété d'être incorruptible, les termes "chêne" et "force" se traduisent en latin par le même mot : robur, symbolisant autant la force morale que physique. 

Il est investi de privilèges accordés à la divinité suprême parce qu’il attire la foudre et symbolise la majesté. Les traditions les plus anciennes l’ont considéré comme l’arbre de vie. 

- Le rejet feuillé avec des glands évoque la vie par rapport à la mort

- Les branches arrachée à l'arbre suggèrent la mort 

- la vie ou la renaissance par les glands qu'elle porte.


Méditer sous cet arbre, c’est recevoir son énergie qui pénètre lentement le corps. 

 

 

 

Mythes et traditions du chêne

 

. Les Hellènes fabriquaient leurs idoles, les plaçaient dans des chênes les plus anciens et les plus beaux. L’arbre était l’habitat du dieu.

 

. Chez les Grecs, encore, lorsque l'on conduisait l'épouse à la maison de l'époux, un enfant, qui portait du gland et du pain, précédait en criant : 
J'ai quitté le mauvais, j'ai trouvé le bon.

 

. Les Grecs et les Romains, dans leurs sacrifices, ornaient les autels de rameaux de chêne, 


. Dans la Rome antique le laboureur n'osait commencer sa moisson qu'il n'eût auparavant couronné sa tête de feuillages de chêne et chanté des vers en l'honneur de Cérès.
 
. Chez les Romains, un chêne planté devant la maison était regardé comme protecteur. C'est à cet arbre qu'ils suspendaient les dépouilles des ennemis vaincus, à l'imitation, sans doute, de ce qu'avait fait Enée après avoir tué Mézence. Les ambassadeurs romains prirent les chênes à témoin que les Eques avaient rompu l'alliance.


.  L’écorce du chêne était considérée comme un porte-bonheur.


. En Allemagne, les petits enfants se croyaient sortis d’un arbre creux ou d’une souche de chêne.

 

. A Châtillon (canton du Jura) en Suisse,  Le chêne des Bosses une légende dit que chaque fois qu'un jeune homme épousait une fille du village, il devait planter un chêne la première nuit de noce.

 

. A la Sainte-Beaume les époux qui vont en pèlerinage pour avoir des enfants doivent en entrant dans la forêt embrasser le premier gros tronc de chêne qu’ils rencontrent (ou, selon d’autres, un chêne particulier qu’il faut être capable de découvrir), en demandant tout bas à sainte Madeleine de leur donner une progéniture. 


. A l’étang de Ligouyer près de Bécherel (Ille-et- Vilaine), les garçons et les filles voulant se marier dans l’année allaient se frotter à un chêne qui avait poussé à quelque distance du bord. 
 

 

 

 

Vertus thérapeutiques

 


Les bienfaits de l’écorce du chêne

Les principes actifs de l’arbre se logent principalement dans l'écorce, connue depuis très longtemps pour ses vertus astringentes.


Profitant d’une formule riche par nature en principes actifs, l’écorce de chêne aide à améliorer l’aspect global de la peau. Gorgée de tanins, elle permet également d’avoir une peau saine. L’écorce du chêne a d’ailleurs l’avantage d’être généralement bien tolérée par l’épiderme.

Selon les envies, vous pouvez appliquer l’écorce de chêne en externe avec une compresse, l’utiliser simplement en lavement, ou le diluer dans un bain spécifique (pour pieds par exemple).

 

En usage externe 

. Contre les gerçures et l’eczéma humide


 

L’écorce de chêne peut également être consommée sous forme de décoction.

. Contre les problèmes de gorge

. Contre la diarrhée

. Contre la gastro-entérite 

 

En outre, il est bon de noter que l’écorce n’est pas la seule partie de l’arbre utilisée en phytothérapie. 

En effet, les feuilles et les fruits contiennent également de nombreux principes actifs dont les propriétés naturelles sont bénéfiques à l’organisme.

 

Son écorce était utilisée pour soigner la tuberculose, ainsi que pour tanner les peaux… ou fumer le poisson.


 

 

 

. Le miel de miellat chêne


Les abeilles peuvent se nourrir de deux substances pour créer le miel : le nectar de fleur ou le miellat.

 Les abeilles vont souvent en essain récolter le miellat produit par les feuilles de chênes en été.

Le miel de miellat est une substance que les abeilles fabriquent à partir des excréments des pucerons qu'elles consomment sur les feuilles des arbres, principalement présent dans les miels de forêts, il leur donne cette saveur toute particulière. Dotés d'un système digestif hors norme, les pucerons, cochenilles, aleurodes, psylles…, ces êtres minuscules, sucent la sève des arbres et des plantes et sont capables de la sécréter en un temps record. Ils la transforment en une sustance sucrée dont rafolent les abeilles et les fourmis : le miellat.
 

 

Proverbes, dictons et expressions français

 

 

. Les chênes étaient autrefois si nombreux chez eux qu'un écureuil qui partait de l'extrême nord-est du pays pouvait se rendre jusque dans l'extrême sud-ouest sans jamais mettre une patte à terre.

. Petit homme abat bien grand chêne 

. Les plus hauts chênes n'ont pas les prix

. La femme sur son dos est aussi forte qu'un chêne debout 

. Il faut plus d'un coup, pour mettre bas un chêne 

. On n'abat pas un chêne au premier coup 

. Un chêne ne tombe pas de la première 

. Un gros chêne ne tombe pas du premier coup 

. Si le chêne a beaucoup de pommes d'un jaune tirant sur le vert, mortalité parmi les hommes, neige froide dure grand hiver 

. Il te faudrait des lunettes de chêne 

. Les femmes avant de se marier arracheraient un chêne, une fois qu'elles sont mariées c'est à peine si elles arracheraient une rave.

. Rien n'est si fort que le chêne placé debout et les femmes couchées.

. Si le chêne a beaucoup de pommes d'un jaune tirant sur le vert, mortalité parmi les hommes, neige froide dure grand hiver.

. Quand le maître a des chausses de velours,  le serviteur en doit avoir d'écorce de chêne.


 

 

Proverbe islandais


. “Lorsqu'un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée.”

 


 

 

Chênes par les peintres

 

 

..."Un arbre, tout près de Barbizon, était nommé "Rageur". C'était un chêne, d'une vieillesse fabuleuse, au tronc creusé et à moitié dénudé, qui crispait et tordait, comme dans un accès de fureur, ses branches desséchées, à peine garnies, de loin en loin, de quelques houppes de feuilles." Extrait de "Une éducation républicaine", de Camille Pelletan"... 


Il existe aujourd’hui des milliers de tableaux représentant la forêt de Fontainebleau et ses chênes, dans les musées et les collections particulières du monde entier.

Il est parfois délicat d’identifier les arbres sur les tableaux car les artistes privilégient en général l’esthétisme au réalisme, les titres des œuvres ne sont pas toujours explicites sur le site et la plupart des arbres peints au XIX° siècle ont aujourd’hui disparu.

 


Antoine-Louis Barye (1795-1875) 

Le Rageur en forêt de Fontainebleau -

Collection Ville de Fontainebleau

 

 

Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875)

Le Rageur - vers 1830

Lieu de conservation : Washington, National Gallery of Art


 

Claude Monet  (1840–1926)  

Le Chene de Bodmer, La Route de Chailly - Forêt de Fontainebleau - 1865

Collection Metropolitan Museum of Art  

 

    
 

Auguste-Louis Lepère  (1849-1918) 

La Forêt de Fontainebleau : Le rageur - 1890

Gravure sur bois 

Collection Musée d'art de Cleveland  

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867) , peintre, dessinateur et aquafortiste français

Le Rageur, Cavalier Sous l'Orage - Fontainebleau, Barbizon - 1852

Archives Braun – Archives Pierre et Rolande Miquel – Archives Frick Library, New York, U.S.A.

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867)

Groupe de chênes, Apremont   - Forêt de Fontainebleau - 1850-1852

Collection Musée du Louvre  


    
 

Théodore Rousseau

Groupe de chênes à Apremont, Exposition Universelle de 1875,

Paris, musée du Louvre


 

    
Jules Dupré  (1811-1889) 

Le vieux chêne - entre 1845 et 1850

Collection Musée d'art Walters  

 

 

Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876) peintre français.

Mare sous les chênes - Forêt de Fontainebleau

 

 

Hippolyte Camille Delpy (1842-1910)

Forêt de Fontainebleau, Vieux chêne au Bas Bréau 

 

 

Armand Cassagne (1823-1907)

Étude d'un chêne géant de Cassagne, Forêt de Fontainebleau, 

Entre 1857 et 1868

Musée de Melun

 


Joseph de Ruysscher

Sous-Bois et Allée - forêt de Fontainebleau

Bouquet du nid de l'Aigle

Constitué de douze tiges, était également situé dans la réserve biologique. Une de ses branches, à terre, soudée entre deux tiges de son chablis, est encore visible.

Lieu de conservation : (France) Fontainebleau - Mairie


 

Aquarelle ancienne 1884

Chêne des fées - Forêt de Fontainebleau


 

Alphonse Asselbergs (1839-1916) artiste peintre paysagiste belge.

Mare aux fées Avant l'Orage - 1876

Lieu de conservation : (Belgique) Bruxelles - Musée Charlier

 

 

Arnaud Fréminet 

Aquarelle 2009

Le Chêne de Montorgueil, en forêt de Rambouillet



 

Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

La Forêt de Fontainebleau - vers 1879


 

Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

La Forêt de Fontainebleau - vers 1880 

 


Charles Ferdinand Ceramano (1831-1909) 

"Bergère et ses moutons en forêt de Fontainebleau"

 

 

Le Charlemagne, ce chêne remarquable, abattu par une tempête dans la nuit du 17 au 18 février 1925, était un des arbres les plus célèbres de la forêt de Fontainebleau, avec le Pharamond, le Jupiter, le Bouquet du Roi et le Briaré. Il était aussi l'un des plus vieux, avec plus de six mètres de circonférence, soit environ six siècles.  


 
Constant Dutilleux (1807-1865) peintre, dessinateur et graveur français.

Le Charlemagne 

Arras, musée des Beaux-Arts Constant Dutilleux

 

 

Eugène Bléry.(1805-1887)  graveur français.

Gravure Le Charlemagne

 

 

Jean-François Hue (1751-1823) peintre français paysagiste 

Charlemagne Forêt de Fontainebleau - 1782

 

 

 

Paul Chaudé,

Charlemagne -Roland Forêt de Fontainebleau - 23 août 1917.

 

 

François Auguste Ortmans (1826-1884) peintre paysagiste français.

Chênes en forêt de Fontainebleau


 


Le Chêne de Flagey dans le Doubs, également appelé Le Chêne de Vercingétorix, est un paysage peint par Gustave Courbet en 1864.

Le tableau représente un chêne majestueux situé près de la ferme familiale des Courbet, dans le village de Flagey, à quelques kilomètres d'Ornans, en Franche-Comté.

 


Gustave Courbet  (1819-1877) 

Le chêne de Flagey (Le Chêne de Vercingétorix) - 1864 

Collection 2012 Musée Courbet, France

 

 

Gustave Courbet  (1819-1877) 

Le Gros Chêne (1843)

 

 

Gustave Courbet  (1819-1877) 

Les amoureux dans la campagne

 

 

Pierre Etienne Théodore Rousseau (1812-1867)

Faisanderie dans la forêt de Compiègne - 1833

Musée d'Art de Saint-Louis


 


Patrice Strozyk

Forêt de Saint-Avold (Moselle) 

Le chêne des sorcières vieux de plus de 800 ans. 1996

 

 

Edmond Yon (1836-1897)

Le Grand Chêne de l’Étang de Cernay

dans le dernier quart du XIXe siècle

Musée Antoine Vivenel, Direction des musées de France

 


 

Les chênes de Londex

Il s’agit d’un groupe de chênes assez jeunes au milieu d’une prairie, qui sont penchés et pour certains courbés sous l’effet probable du vent.

Londex est peut-être Londeix, lieu-dit à divers endroits dont Captieux (Gironde), proche de Bazas. 

 


Jean Cabrit (1841-1907)

Les chênes de Londex

4e quart 19e siècle

Bordeaux, musée des Beaux-Arts

 

 

Edouard Imer (1820 - 1881)

Le Chêne de la Dauphine - Le Chêne du Voulliers (Allier)

Vers 1873

Musée des Beaux-Arts, La Rochelle

 

 

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

Les rochers avec chêne - 1888

Museum of Fine Arts, Houston

 

 


Bernard Guedon (1963) peintre réaliste

Les deux chênes

 

 

Jeanne Jeanne Harry-Lorne 

Chênes et marronniers - XX° 

Musée de Montmorillon

 


Caspar David Friedrich (1774-1840) peintre et dessinateur prussien, 

L’Abbaye dans une forêt de chênes, peint en 1809-1810.

Caspar s’est inspiré pour ce tableau d’esquisses en extérieur des ruines de l’abbaye d’Eldena, une abbaye cistercienne située en Allemagne non loin de la côte, dans le diocèse d’Hambourg. 


 

 

La Nature - 1873 - Durée de vie des arbres- Le vieux chêne de Cowthorpe 

Extrait de la Revue "La Nature" 1873

Auteur    L. Lhéritier - La Nature - Revue des sciences

 


Jan Theodoor Toorop, (1858-1928) peintre néerlandais

De vieux chênes sur le domaine de sa belle-famille à Surrey. - 1890

 

 

 

 Quelques Chênes remarquables de France

 

 

Le chêne dit "de Saint-Louis"

dans la forêt de Heimsbrunn (Haut-Rhin, France), le plus ancien de la Forêt seigneuriale. 

Âge estimé : 700 ans.

Auteur  photo : Potuit

 

 

Chênes jumeaux, forêt de Tronçais (Allier)

La première mention connue du nom Tronçais remonte au XIII° siècle, dans un document relatif au prieuré de la Bouteille. Ce nom dériverait de "tronce ", ancien nom du chêne rouvre.

Age estimé : 400 ans, circonférence : 5,10 m et 4,45 m,

Auteur photo : Donniedarko37

 

 

Chêne  sessile "Quercus petraea" de la commune de Rigney dans le Doubs 

âgés estimé : 300 ans,

plantés sur l'ancien champ de foire du village sous Louis XIV.

Auteur photo : Arnaud 25

 

 

Chêne avaleur de Vierges, Bresilley, abbaye d’Acey (Haute-Saône)

Chêne majestueux de 23 mètres de hauteur et une circonférence de 7,90 mètres à 1,20m.

Age estimé : 600 ans 

le Roi Louis XI se serait posé à l’ombre de son feuillage entre 1470 et 1475. Ce vieux chêne doit son nom à une ancienne coutume qui consiste à lui offrir, en grande procession, une statuette bénie de la Vierge Marie à l’assomption. 
Avec la croissance de l’écorce, la statuette disparaît au bout d’une quarantaine d’années (il y en a déjà 8 d’englouties). L’avant-dernière procession a eu lieu en Août 1949, et la dernière le 15 Août 1988. La dernière statuette n’est pas encore avalée.

photo : krapo arboricole

 

 

Le gros chêne sessile d'Evans - Jura

âge estimé : environ 300 ans - 5 mètres de circonférence, - 1 mètre 60 de diamètre et 20 mètres de haut.

Au printemps 2003, il a bénéficié d'un toilettage, qui lui assurera une meilleure longévité. 

Auteur photo : MC. Palys


 

 

Chêne remarquable de Tronjoly à Bulat-Pestivien (France)

âge  estimé : de 1500-1700 ans.

Treize mètres de circonférence, des branches aussi massives que le tronc d’un jeune chêne. A tel point qu’il a fallu la pose de trois béquilles pour supporter leurs poids. Le majestueux chêne de Tronjoly est tentaculaire . Son tronc noueux, à l’aspect éclaté, est singulier. Plusieurs explications ont été avancées : il aurait été victime de la foudre, il se serait ouvert sous son propre poids ou est-ce plusieurs chênes collés les uns aux autres ? 
On raconte aussi qu’un moine, vers 1750, aurait établi sa bibliothèque au creux du tronc… 

Auteur photo : Michel Lefrancq


 

 

Le chêne pédonculé surnommé "arbre girafe" à cause de sa silhouette

"site du Conservatoire du littoral" à Fouesnant Finistère

ag estimé :  200 ans 

circonférence de 2,80m et mesure 18m de haut.

Il s’arrondit en forme d’arche et marque l’entrée dans un bois, où l’on entre, dit-on, en suivant un rituel : parler à l’arbre, le caresser, poser une oreille sur son tronc… 

élu "arbre de l’année" par le public en France

Crédits photo : Claude Folgoas

 

 

Les chênes pédonculés de Locmaria-Berrien (Finistère).

Age estimé : 400 ans 

Ils auraient été plantés en 1589, l'année de la mort de Catherine de Médicis 

l'un à 5,80 mètres de circonférence à 1 mètre du sol en 1996.

Leur survie est menacée, les deux troncs étant creux.

Auteur Photo : Henri Moreau

 


 

En Bretagne les chênes sont encore très nombreux. Parmi les plus célèbres :

Chêne à Guillotin, Paimpont, Concoret Morbihan, en bordure de la forêt

Age estimé : 1000 ans

9,60 m de circonférence, 15 m de haut et sa circonférence était de 9,51 m en 2000. 

Son nom vient de Pierre Paul Guillotin, prêtre réfractaire qui a trouvé refuge à Concoret en 1791. Il se cacha dans le tronc de l'arbre, lequel peut contenir une douzaine de personnes. Une légende raconte qu'au moment où il y trouva refuge, Notre-Dame de Paimpont est descendue sur terre transformée en araignée, et tissa une toile pour boucher l'entrée du tronc et ainsi rendre invisible la présence du prêtre.

photo : freek2

 

 

Chêne millénaire de Saint-Jean-Brévelay Morbihan , Bretagne , France)

Le chêne du Pouldu (ou chêne de Kergain), surnommé "le patriarche d’Armorique"

Age estimé : environ plus de cinq-cents ans, ).

Il s'agit d'un chêne pédonculé creux, un des derniers chênes sacrés de Bretagne, inscrit aux monuments naturels depuis le 2 décembre 1909 par arrêté ministériel.  Il est haut de 16 m et avait jusqu’à ces jours derniers une circonférence de 10 à 12 m. Son tronc creux pouvait abriter 10 personnes.

Son tronc creux pouvait abriter 10 personnes. 

Appartenant à la famille Lanjuinais, l'arbre est cédé au conseil général du Morbihan en 1971, à condition "de laisser ce chêne en racine jusqu'à ce qu'il tombe de vétusté ou par force majeure".

Une grande partie de son tronc est tombée au début du XXI°  siècle.

Légendes
L'arbre aurait vu Jules César faire une sieste à son ombre. Il aurait servi d'abri pendant la Révolution, puis de poste de garde aux troupes allemandes de la Seconde Guerre mondiale.

Cet arbre passe également pour être un arbre guérisseur : les personnes souffrant de difficultés de locomotion passait sous son arche pour solliciter la guérison.

Auteur photo : KGN

 

 


Le Gros chêne de Meaucé, Eure-et-Loir en région Centre-Val de Loire.

Age estimé : 660 ans

chêne Quercus de 13 mètres de haut,

planté en 1360 par Jeanne la fille du seigneur de Meaucé, en gage de fidélité pour son fiancé, parti combattre les Anglais et qui ne revient jamais. La légende raconte que les larmes versées par Jeanne sont le secret de la longévité du Gros chêne.

L’arbre aurait abrité les rencontres galantes d’Henri IV. On dit aussi que Louis XIII et Napoléon s'y seraient assis.

Vestige du bois du château de Meaucé, le chêne pousserait sur la souche d'un autre chêne druidique, ce qui en fait un arbre emprunt de spiritualité.

Une cavité au creux de son tronc a abrité une statue de la Vierge, volée à la Révolution française. Un champignon poussa à la place, prenant alors la forme... d'une Vierge

C'est un des plus vieux chênes de France et une de ses branches est tombée il est donc en danger.

Auteur Photo : France 3

 

 

Chêne de Saint-Civran, dans la région Centre, dans le bocage du Berry. situé entre le hameau de La Bitte et celui de Chassingrimont.

Elu "arbre de l'année 2013", 

Age estimé : millénaire, 

La circonférence au sol du chêne de la Bitte est nettement supérieure avec 1630 cm. 

L'arbre présente des dimensions impressionnantes : une circonférence de 7 mètres, pour une hauteur de 12 mètres. Son tronc très large est creux. Une canne en bois a été installée pour maintenir ses branches adjacentes.

Auteur photo : Sébastien Richet - Les têtards arboricoles 

 

 


Le Chêne de la Ronde près d'un étang au cœur du Bois de la Motte sur la commune des Essards (Indre-et-Loire)

Age estimé : 300 ans

28 mètres de haut sur 28 mètres de large et la circonférence de son tronc à 1 m du sol était de 6,50 m.

Planté suivant les sources au 17ème siècle ou vers 1750, ce spécimen rare de chêne pédonculé semble avoir été taillé en têtard.

Une légende locale rapporte que la Reine d'Angleterre Victoria aurait passé une nuit à l'abri de son feuillage…

Auteur Photo : Christian Nicolas - Krapo arboricole 

 

 

Chêne liège, l'arbre-oiseau "Arburacellu" de Ghisonaccia Haute-Corse 

Élu arbre de l'année "Prix du Public 2018"

4e finaliste du concours « Arbre Européen de l'année 2019 

Les excroissances de son tronc lui donnent selon l'angle de vue le profil d'un gigantesque oiseau. 

Age estimé : de 200 à 230 ans selon les estimations de l’Office National des Forêts.

Il mesure de 20 à 25 m de haut avec une circonférence de 5 m.

Ces protubérances liégeuses, qui le rendent si particulier, ont pu émaner d’un incendie qui aurait fait brûler le cœur, ou de la foudre qui l’aurait frappé.

Auteur Photo : Pierre Huchette

 

 

Le Vénérable chêne de Montpy 

En face L'ancienne chartreuse du Mont-Dieu (XII° siècle) était un monastère de moines chartreux fondé dans la forêt d'Ardenne, aujourd'hui: département des Ardennes (France). 

Age estimé : envi­­­­ron 350 ans, 

5,10 m de circon­­­­fé­­­­rence et ses 33 m de hauteur.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les militaires français l’ont l’utilisé comme observatoire. Sa position dominante permettant de surveiller un large périmètre.

Des échelons avaient été installés pour accéder à une plate-forme. Ceux-ci furent retirés à la fin du conflit par un prisonnier allemand. Il ne reste que des cicatrices assez légères suivant la torsion du tronc.

Auteur photo : Yannick Morhan - Les têtards arboricoles

 

 

Le "Chêne des Sorcières", dans la forêt de Zang située entre L'Hôpital, Moselle et Saint-Avold, Moselle,

Age estimé : 850 ans.

Il s'agit d'un chêne pédonculé (Quercus robur L) constitué de deux arbres qui ont fusionné. C'est l'un des plus vieux arbres forestiers de France.

La circonférence de son tronc est de 6,40 m mesurée à une hauteur de 1,50 m . Sa hauteur est d'environ 21 m .

Vandalisé en 2008 et ayant souffert de diverses tempêtes, il est actuellement étayé à la suite de travaux de protection entrepris par l'Office national des forêt.

"On raconte qu'en l'an 1180, l'empereur Frédéric Barberousse était venu chasser dans l'immense forêt du Warndt en compagnie du comte de Sarrebruck et du seigneur de Varsberg. Barberousse aurait planté sa lance dans le chêne en disant : "C'est ici que nous allons reprendre des forces".

Auteur    photo : Jean-Marc Pascolo

 

 

Le "chêne de Saint Jean" situé près Jean-Aux-Bois en forêt de Compiègne

est l'un des plus vieux chênes forestiers de France, 

Le site des Beaux-Monts abrite des chênes quadricentenaires sur une centaine d'hectares, plantés par des moines en 1547. 

Ce chêne sessile est haut de 25 mètres, son tronc atteint plus de huit mètres de circonférence et son diamètre est de 2,45 mètre à 1,50 m du sol. 

C'est un chêne rouvre ou sessile planté par les moines de Saint-Jean-aux-Bois sous Saint Louis entre Saint-Jean-aux-Bois et le carrefour du Boquet Colin. 

Age estimé : entre sept cent cinquante et huit cents ans 

Ses branches sont longtemps coupées "en têtard" pour donner du bois de chauffage. Ce traitement a favorisé le développement de champignons qui le parasitent désormais complètement. En 1970, des enfants allument un feu dans le tronc pour détruire un nid de guêpes. Le brasier abime encore davantage la base du tronc.

A terre sur la gauche, la branche principale tombé en 2011.

Auteur photo : Gael Charpentier

 

 

Chêne "Le Revenant"

La forêt de Crécy est une forêt domaniale des Hauts-de-France, située dans la Somme, 

Canton de la Haute Loge 

classé en 1904

Auteur photo : APictche

 

 

Le chêne à feuilles de myrsine, à l' Arboretum de la Vallée-aux-Loups
situé au cœur du Val d'Aulnay au 102, rue de Chateaubriand à Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine (France).

Cet arbre a été planté environ en 1895

Age estimé : environ 126 ans

Quercus myrsinifolia ou Cyclobalanopsis myrsinifolia Bl. non Schiras (fr:Chêne à feuilles de myrsine)

16m de hauteur, la circonférence du tronc de l'arbre, mesurée à une hauteur de 40 cm, est 3,85 m (30 juil. 2019, Wim Brinkerink).

Comme cet arbre est un arbre multi-tronc, il est possible que la circonférence du tronc est plus grand que ce qui peut être attendu d'un arbre de cet âge. 

Auteur photo : ligne 1

 


 

Le Chêne de la Vierge, Le Chêne de Viroflay

Situé sur le coteau sud de Viroflay, dans le département des Yvelines en région Île-de-France.

Le Chêne de la Vierge, est classé arbre remarquable par l’Office National de Forêts.

Age estimé : environ 515 ans

Il aurait été planté en 1506 (sous le règne de Louis XII, 9 ans avant le début du règne de François Ier)

-  Chêne mature, il est sorti de son contexte de zone boisée, isolé, localisé en bord d’une route départementale très fréquentée.

-  Sa circonférence (mesurée en 2009) est de 527cm et sa hauteur entre 30 et 35 mètres.

En 1859, une grave épidémie de choléra touche la commune de Viroflay. Le curé implore la Vierge et l'épidémie cesse. La paroisse étant consacrée à Notre-Dame du Chêne, des processions au chêne de la Vierge sont régulièrement organisées.

Une nouvelle statue de pierre est installée en 1881. Profanée, elle sera remplacée par une statue en fonte.

En 1903, le ministère de l'Intérieur interdit les processions dans la forêt de Meudon. Une procession au chêne de la Vierge sera néanmoins organisée le 15 août 1914 lors de l'entrée en guerre de la France.

Auteur photo : J. Larour mars 2008

 


 

Chêne millénaire d’Allouville-Bellefosse en Seine-Maritime , France.

Le chêne d'Allouville est un chêne pédonculé situé au centre du village d'Allouville-Bellefosse,  dans le pays de Caux, en Seine-Maritime. 

Son âge exact n'est pas connu il est réputé comme étant le plus vieux chêne en France.

age estimé : entre 900 et 1100 ans

Sa hauteur est de 18 m et sa circonférence atteint les 15 m à 1 m du sol. Localisé à proximité immédiate du clocher de l'église du village, il abrite en son sein deux minuscules chapelles. L'arbre s'étant creusé de l'intérieur.

Le chêne d'Allouville est inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis 2009.

Selon la légende, le chêne a été planté en 911 pour la naissance de la Normandie , il a pu voir défiler les troupes de Guillaume le Conquérant en marche vers l'Angleterre qui, aurait fait halte à son pied.

Les premières mentions écrites datent de 1696. Cette année-là, l'abbé Jacques Delalande du Détroit, fief de l'île de Ré, le curé de la paroisse, glisse une image de la vierge dans la fissure de l'arbre, et dédie alors cet arbre à Notre-Dame de la Paix. L'arbre se creuse de plus en plus, et la largeur de la fissure est alors de 22 centimètres. Le père Du Cerceau écrit en 1710 une ode dans laquelle  "il se souvient qu'il aurait pu être ermite et se voyait apporter chapon et champagne par les braves paroissiens."

Jadis entouré d'autres arbres, le chêne a échappé à plusieurs reprises à la destruction. 

Une statue de la Vierge en bois doré est notamment offerte au chêne par l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, et se trouve aujourd'hui dans la sacristie de l'église Saint-Quentin. La chapelle, ainsi que la chambre qui la surmonte et l'escalier qui y conduit, vieillissent sous l'action du temps. En 1853, l'abbé Cholet demande le classement du chêne comme monument historique et la restauration du lambris de la chapelle. 

Au XIX°  siècle, le chêne d'Allouville-Bellefosse devient officiellement une curiosité. 

En 1912, il est frappé par la foudre qui l'ampute de moitié ; il est depuis sans cesse ausculté, soigné et consolidé. Grâce à Henri Gadeau de Kerville, le site naturel est classé par un arrêté du 23 août 1932.

En 1988, une structure métallique est installée pour soutenir l'arbre qui menace de s'abattre. Deux ans plus tard, le chêne est restauré à cause de son état de santé et des dégradations dues au tourisme. 

Dans les années 1988-1993, un homme assez extraordinaire, Robert Bourdu, eut un coup de cœur pour ce végétal. Il  réussit à mettre en œuvre les travaux de sauvegarde. 

En 2007, une reprise des escaliers, le réaménagement des abords pour éviter le piétinement et améliorer les conditions de sécurité ont été effectués.

En 2008, les planches de bois et les graviers qui entourent le chêne ont été changés et un espace a été spécialement aménagé aux alentours pour faciliter la visite des touristes.

Auteur photo : Le ghola (2009)

 


 

Un chêne vert somptueux au cœur du Conservatoire du Vignoble Charentais à Cherves-Richemont est une commune du Sud-Ouest de la France située dans le département de la Charente (région Nouvelle-Aquitaine), 

Il aurait été planté sous le règne de François 1er

Age estimé : 400 ans

Une circonférence de 5 mètres à 1,30m pour une hauteur de 17 mètres.

Ce chêne a perdu des branches secondaires lors de la tempête de décembre 1999.

auteur photo : Fabien Perrotin - Krapo arboricole

 

 


Le Chêne pédonculé, Quercus robur, dénommé "Chêne d’Artois", ferme d’Artois, Beuvardes dans l'Aisne, en région Hauts-de-France.

Age estimé : plus de 700 ans,

d'une hauteur de 22 mètres, 7,96 mètres de circonférence

En 1464, le Prieur Leroy fait reconstruire à ses frais et à l'aide d'un don du monastère de Coincy, la ferme d'Artois, là où elle se trouve encore actuellement.

C'est à cette époque que les moines creusent un guet pour élever des poissons destinés à nourrir les moines de l'abbaye... deux chênes auraient été plantés...un seul subsite...  

Le fait qu'il ait les pieds dans l'eau serait-il le secret de sa longévité, toujours est-il qu'il serait le doyen Français avec une autre arbre situé du côté de Caen.

Son environnement, le plan, d'eau et la ferme, se mettent mutuellement en valeur. Malgré son tronc en partie creux depuis lequel on voit percer la lumière de part  en part et un certain nombre de branches mortes, il est somptueux !

Auteur photo : Jeroen Philippona.


 


Le chêne de Lys situé sur la propriété Casamayou à Lys 

Age estimé : environ 600 ans

d'une circonférence de 7,50 m,

Labellisé "Arbre remarquable de France" en 2012

Son origine d’après les estimations remonterait au XVIe siècle.

Auteur photo : Les têtards arboricoles


 


Le chêne de Sully à Villariès, dans le département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.

Après les guerres de religion, il fallut reboiser le pays. Sully, ministre d’Henri IV, exigea que les seigneurs plantent sur la place publique un arbre symbole de la justice.

A Villariès, c’est un chêne qui a été choisi et il résiste encore malgré son grand âge...

La tradition orale qui manque souvent de modestie nous dit que Sully, ministre du roi Henri IV, serait venu en personne à Villariès et aurait attaché son cheval à ce chêne. 

Auteur photo : Didier Descouens (2013)


 

 

Le chêne de Merles dans le Tarn-et-Garonne territoire des Deux Rives, est majestueux et vieux de plusieurs siècles, son tronc fait plus de 7 mètres de circonférence.

Age estimé : 400 ans

Le vendredi 10 juillet au matin en 1579, le Roi Henri de Navarre accompagné de la Reine Margot après un dîner copieux qui s'était tenu à Auvillar sont venus ce reposer sous ce chêne avant de reprendre leur route pour se rendre à Nérac à Montaubon.

Auteur photo : Georges Feterman

 


 

Le chêne-chapelle de Montréverd, (Saint-Sulpice-le-Verdon) 

Au bord d'une allée se dresse un chêne que l'on dit millénaire et qui accueille en son sein une chapelle.

Cet arbre remarquable a mesuré jusqu'à 14,50 m de circonférence à la base et atteignait 9,50 m de la terre. Vu son grand âge, son tronc est creux à l'intérieur.

Les agressions successives de l'homme et des insectes ont eu raison de sa vitalité. Le coup de grâce a été porté au début du XXème siècle par la construction d'un réseau de voirie.

En 1911, le Maire de St-Sulpice-en-Verdon décida d'aménager le creux du chêne en une chapelle dédiée à Notre Dame du Sacré-Coeur de la Chevasse. La chapelle a bénéficié d'une restauration en 1949.

auteur photo : Ouest France


 

 

Le chêne blanc du village de Grambois dans le Vaucluse

Ce très gros et très vieux chêne pubescent (Quercus pubescens) se situe du côté nord du village de Grambois et immédiatement en contrebas de celui-ci. Il pousse près du boulodrome et des sentiers de promenades très fréquentés du public.

Âge estimé : 200 ans

Il s'agit d'un des chênes les plus imposants et les plus majestueux du Vaucluse, qui serait un survivant d’une très ancienne chênaie, détruite à la fin du XVIIIe siècle. 

Son tronc à l’écorce crevassée montre une circonférence de 5,75 m. Il reste en excellent état pour son âge et montre notamment une frondaison assez complète. Il porte un large houppier très bien développé, dont chacune des 3 énormes charpentières fait 10 à 13 m de longueur.

Auteur Photo : France image

 

 

Chêne rouvre 'Le Chêne Cuve' dans le Forêt de Brotonne, Heurteauville, Seine-Maritime, France

est l'un des plus vieux arbres de Haute-Normandie

Age estimé à 380 ans.

Ses tiges vigoureuses se dressent vers le ciel à 39 m de haut et il atteint aujourd'hui 7,30m de circonférence.

es cinq tiges initialement présentes, seules quatre subsistent. 

L'histoire de l'amputation du cinquième brin diffère suivant les versions : 
- un braconnier aurait voulu se venger du garde forestier (en 1830), ou bien les prussiens auraient voulu supprimer un arbre célèbre mais n'auraient pas eu le temps de mener à bien leur forfait (en 1870).


Dans tous les cas, la cuvette étanche formée entre les brins retient l'eau qui, chargée en tanins, aurait la propriété de guérir les dartres.

Le chêne Cuve est recensé dans la base de données des arbres remarquables des forêts publiques et à ce titre régulièrement suivi.

 

 

 

Le chêne de Cheillé, Azay-le-Rideau, (Indre-et-Loire), 

un chêne pédonculé (Quercus robur)  pousse dans le mur de l'église Saint Didier à Cheillé.

La circonférence du tronc de cet arbre n'est pas connue.

D'une hauteur de 12 mètres et la ramure fait 15 mètres de large,

Cet arbre a été planté environ en 1850 

son âge serait aujourd'hui de 171 ans. 

Le tronc et les racines de ce beau chêne pédonculé s'enfoncent à l'intérieur du mur.

il n’y a aucune trace du chêne à l’intérieur de l’église

Ce Majestueux chêne a veillé sur sa paroisse et tous ses fidèles depuis qu’il a été considéré comme faisant partie intégrante de l’édifice. 

Labellise " Arbre remarquable de France"

 

 

 

Chênes remarquables en Europe

 


Le Major Oak - Royaume Uni


est un chêne de très grande taille situé au cœur de la forêt de Sherwood, près du village d'Edwinstowe dans le Nottinghamshire, en Angleterre.  il aurait servi de repaire à Robin des Bois.

Age estimé : entre 800 et 1000 ans

Sa circonférence est de 10 mètres. 

Il existe plusieurs théories expliquant pourquoi il est devenu si immense et avec une forme si particulière :

- Le Major Oak pourrait être plusieurs arbres qui auraient fusionné lorsqu'ils n'étaient encore que des chêneaux ;

- L'arbre aurait été élagué à la manière d'un trogne, provoquant le développement important du tronc. Cependant, aucun arbre des environs n'a subi un tel élagage.

L'arbre tire son nom de sa description qu'en a fait le major Hayman Rooke en 1790. 

Depuis la période victorienne, ses branches massives sont en partie maintenues par un système complexe d'échafaudages.

En février 1998, une entreprise locale cultive des boutures de l'arbre avec l'intention d'envoyer des pieds pour les planter dans les plus grandes villes du monde.

En juin 2002, le Tree Council a désigné le Major Oak comme un des cinquante Great British Trees pour sa place dans le patrimoine national britannique.

En 2014, le Major Oak a été élu "arbre de l'année“.

Le Major Oak a été présenté dans l'émission de télévision Seven Natural Wonders comme une des merveilles des Midlands.

 

 


Le chêne des Bosses - Chatillon - Jura Suisse, 

 

est un très vieux chêne, protégé comme un monument historique par l'Office cantonal de l'environnement,  qui doit son nom à son vieux tronc très tourmenté fait de bosses et de boursouflures.

Il est considéré comme le plus grand et le plus vieux chêne pédonculé d’Europe (il est d’ailleurs présenté comme tel dans le livre des records). 
Age estimé : environ 1040 ans

Les dernières estimations dendrochronoliques lui accordent plus raisonnablement un âge d'environ 400 ans (difficile de le dater par dendrochronologie, car son cœur est en putréfaction). Il fait partie du groupe des plus vieux chênes d'Europe avec celui de Liernu en Belgique et celui d'Allouville-Bellefosse en Normandie. 

Il doit probablement sa longévité à sa situation dans un creux qui le met à l'abri des courants, tout en lui laissant une lumière favorable. 

Un sentier didactique permet d'y accéder aisément.

Le pâturage sur lequel il est situé contient d'autres magnifiques chênes, c'est pourquoi une légende est née, qui dit que chaque fois qu'un jeune homme épousait une fille du village, il devait planter un chêne la première nuit de noce.

 


 

Le chêne de Stelmužė  - Lituanie


Dans le nord-est de la Lituanie, près d’une l'église en bois du XVIIe siècle, construite par des maîtres lettons, se trouve le chêne Stelmužé. 

est considéré comme le plus gros arbre de Lituanie 

8 mètres de diamètre 

D'une hauteur de 22 m

Sa circonférence de 9,7 m en 2014. 

ll serait vieux de 1000 à 1500 ans, 

Il est l'un des arbres les plus anciens d'Europe et symbolise de la force. 

Un dicton Lituanien dit : " être aussi fort que le chêne de Stelmužė". 

En Lituanie, les glands du chêne Stelmužė ont été utilisés pour le répandre largement, conservant les gènes de ce vétéran pour de nombreuses années à venir.

L'arbre a été restauré avec des plaques de cuivre (procédé très coûteux) qui contrastent avec les simple supports en bois.

Arbre européen de  l'année 2017

 

 

 

Le chêne vert millénaire de Lecina  - Espagne 

Ce chêne vert (Quercus Ilex l.) dressé dans le petit village d’Alto Aragón, dans la province d’Huesca, au nord-ouest de l’Espagne, 

Age estimé : 1000 ans

Une hauteur de plus de 16 mètres 

pour un tronc de 7 mètres de périmètre.

Elu le plus bel arbre européen de l’année 2021

L’histoire raconte que le chêne vert faisait autrefois partie d’une forêt dense et impénétrable qui abritait des loups, des ours et des sorcières. Les villageois redoutaient particulièrement ces dernières qu’ils accusaient de leur causer de graves malheurs. Ils n’osaient donc pas s’aventurer parmi les arbres ce qui ravissait tous les végétaux.
L’un d’entre eux, un jeune chêne vert, n’appréciait guère la réputation associée à sa forêt et déplorait le sort des villageois. À tel point qu’il empêchait les sorcières de se réfugier dans ses branches. Après avoir écouté les protestations du chêne et discuter avec les autres arbres plus vieux, les sorcières décidèrent de partir s’installer à un autre endroit…


 

 

Le chêne liège siffleur  - Águas de Moura, Alentejo, Portugal

Le Chêne liège Siffleur (quercus Suber) doit son nom aux innombrables oiseaux qui se perchent sur ses branches. 

Planté en 1783 à Aguas de Moura, ce chêne liège a déjà été écorcé plus de vingt fois. 

En plus de sa contribution à l’industrie du liège il joue un rôle important dans l’écosystème et dans a lutte contre le changement climatique. 

Agé  estimé :  234 ans, 

Le Siffleur est classé "Arbre d’Intérêt Public " depuis 1988 

Il figure au Guiness Book des Records : "le plus gros chêne liège au monde".

Il est élu l’Arbre Européen de l’Année 2018

Aujourd’hui, un lien fort persiste entre le végétal et les habitants d’Alto Aragón. Et il est régulièrement le siège de célébrations ou d’hommage dans le village. 


 

 

Chênes remarquables dans le monde

 

 

L'Angel Oak (aussi appelé en français Chêne Ange) - Caroline du Sud  - Etats Unis.

est un chêne de Virginie (Quercus virginiana) situé dans le parc Angel Oak, sur l'île de Johns près de Charleston. 

L'âge de ce chêne est estimé entre 400 et 500 ans

Il mesure 20 mètres de haut.

Avec ses 8,5 mètres de circonférence, il génère une zone d'ombre de 1600 m2. 

Sa plus longue branche mesure 57 mètres. 

L'Angel Oak est le 210e arbre à être enregistré par la Live Oak Society.

L'arbre se trouve sur une partie des terres ayant appartenu à Abraham Waight en 1717.

Le nom de cet arbre ne fait pas référence aux anges, créatures célestes, mais à Justus Angel (un afro-américain propriétaire d'esclaves) et à sa femme, Martha Waight Tucker Angel. Le folklore local raconte que les âmes des anciens esclaves apparaissent sous la forme d'anges autour de cet arbre.

L'Angel Oak a subi de sévères dommages lors de l'ouragan Hugo en 1989 mais semble s'être rétabli depuis.

En 1991 à la suite de cet événement, la ville de Charleston avait alors repris la propriété de l'arbre et plus globalement du parc.

 

 

 

Le chêne de Jurupa - Californie - Etats Unis


Un chêne de Palmer, survit depuis 13 000 ans sur la  colline de Jurupa en Californie, USA

C'est l'un des êtres vivants les plus vieux de la planète.

Il a été estimé à au moins 13000 ans. 

Le gland de chêne de Palmer dont l'arbuste est issu a germé il y a probablement plus de 13000 ans.

Cet arbuste  a survécu jusqu'à aujourd'hui aux sécheresses et aux coups de foudre, non sous la forme majestueuse qu'on prête aux arbres du genre Quercus, mais sous celle d'un modeste buisson de 28 mètres par 5, ne dépassant pas 1 mètre de haut.

S'il a retenu l'attention des chercheurs, c'est parce qu'il était le seul de son espèce dans un environnement aussi sec, et à si basse altitude (336 mètres), alors que ses pareils s'épanouissent généralement entre 900 et 1500 mètres. Les scientifiques ont fait l'hypothèse que l'ensemble des repousses émanait d'un clone unique. 

Une analyse génétique a montré que c'était bien le cas. Restait à déterminer son ancienneté. Impossible d'utiliser la datation au radiocarbone : les termites avaient dévoré tout le bois mort. Mais, en évaluant sa croissance annuelle à partir de cernes de branches, les chercheurs ont estimé à au moins 13 000 ans le laps de temps qui lui a été nécessaire pour coloniser le fragment de colline où il a pris racine.

La ville s’étend à ses pieds et grignote chaque jour du terrain, il y a peu de chance qu’il subsiste encore longtemps.


 

 

 

Le Chêne, et l'économie en Europe

 


Le chêne est probablement l’un des arbres les plus emblématiques du continent européen. Il est également l’arbre le plus répandu dans certains pays européens, comme la France où il représente 40% des essences. 


Au niveau économique, ses avantages sont nombreux: son bois, très résistant, est, ou a été, utilisé aussi bien dans la construction de bâtiments de prestige et de bâteaux que pour la confection de tonneaux où bien des alcools vieillissent.

 

le liège est produit à partir de l’un de ses espèces, le chêne-liège, qui se trouve notamment en Espagne et au Portugal.


La truffe noire se trouve uniquement dans les sols calcaires  pied d'arbres dits truffiers souvent des chênes. Elle se développe au printemps et grossit à partir de mi-août pour arriver à maturité plusieurs mois plus tard. Elle est alors ramassée (on dit "cavée") à l'aide, en général, d'un chien truffier, d'un cochon ou de mouches.


 

Symbole du chêne en Europe et dans le monde

 


Huit États européens en ont fait leur arbre national, partageant cette caractéristique avec… les États-Unis, où le chêne est également un arbre important. 

 

Allemagne

En Allemagne, le chêne est utilisé comme objet et symbole typique du romantisme.
La tige du chêne est un symbole de la force et de la stabilité de l'Allemagne. 

Les feuilles de chêne et les glands ornent les galons des officiers supérieurs et du personnel forestier. 

Ces deux symboles ont toujours décoré les pièces de monnaie, depuis l’empire allemand en 1871 jusqu’à l’euro d’aujourd’hui, en passant par l’ancien mark allemand.  

Des branches de chêne étaient affichées au revers des pièces de l'ancienne monnaie Deutsche Mark, et des feuilles sur leurs centimes d’euros 

 


Bulgarie

Blason de la Bulgarie
Le blason national de la Bulgarie comprend deux branches de chêne croisées avec des fruits - comme compartiment de l'écusson.

 

 

Croatie

Des feuilles de chêne avec des glands sont représentées au revers de la pièce croate de 5 lipa, frappée depuis 1993. Le chêne pédonculé de la région croate de Slavonie (considéré comme une sous-espèce distincte - est un symbole régional de la Slavonie et un symbole national de la Croatie.

 

 

Espagne

Autrefois considéré comme sacré, le chêne vert figure sur le drapeau de la communauté autonome de l’Aragon, lui-même inspiré du blason de l’ancien royaume de Sobrarbe. 


 

France

Le chêne en France a une valeur symbolique depuis l'Antiquité. Certains chênes étaient considérés comme des arbres sacrés par les Gaulois. Les druides coupaient le gui qui poussait sur eux. Après la christianisation, les chênes continuèrent ) être vénérés, ils étaient considérés comme protecteurs car la foudre tombait sur eux plutôt que sur les habitations voisines. Ces arbres frappés furent souvent transformés en lieux de culte. 

Les statues (idoles christianisées) étaient traditionnellement sculptées dans du bois de Chêne. 

C'est souvent sous ces arbres qu'avaient lieu les sabbats de sorcières.

Dans la France médiévale Saint Louis rendait justice sous un grand chêne,

Pendant la Révolution française, les chênes étaient souvent plantés comme arbres de la Liberté. 

L'un de ces arbres, un chêne planté lors de la Révolution de 1848, a survécu au massacre d'Oradour-sur-Glane par les nazis. La branche de chêne fait partie de l'emblème national de la France. 

Les généraux français portent encore sur le képi de leur tenue d'apparat une couronne de feuilles de chêne.

Le Képi de commissaire de police avec un bandeau brodé d'un rang de feuilles et de glands de chêne en argent, et un triple nœud hongrois sur le calot.


 

 

Lettonie

Blason de la Lettonie

En Lettonie, le chêne est le symbole national. De nombreuses chansons folkloriques lettones parlent de chêne.

La base des armoiries est ornée de branches de chêne.

 

 

Roumanie

. Les joueurs de l’équipe nationale de rugby de la Roumanie sont surnommés… les Chênes. (Stejar - Stejarul en roumain) 
 

 

 

Royaume-Uni

En Angleterre, le chêne anglais a assumé le statut d'emblème national. Cela a ses origines dans le chêne de Boscobel House, où le futur roi Charles II s'est caché de ses poursuivants parlementaires en 1650 pendant la Première révolution anglaise ; l'arbre est depuis connu sous le nom de Royal Oak. Cet événement a été célébré à l'échelle nationale le 29 mai sous le nom de Oak Apple Day, qui se poursuit encore aujourd'hui dans certaines communautés. 

"The Royal Oak"  a été le nom de huit grands navires de guerre de la Royal Navy. 

Le chêne est l'arbre forestier le plus répandu en Angleterre.

 

La marche rapide officielle de la Marine est 'Heart of Oak'.

les Anglais ont choisi son bois pour les boiseries de la Chambre des Communes 

Un chêne a été représenté au revers de la pièce de monnaie (les numéros de 1987 et 1992) et un brin de feuilles de chêne et de glands est l'emblème du National Trust.

 

 

Suisse

Des feuilles de chêne sont représentées sur leurs francs.

 

 

Pays Basque

Au Pays Basque (Espagne et France) le chêne symbolise les libertés traditionnelles basques.

Ceci est basé sur l'arbre de Guernika, un chêne ancien situé à Guernika, au-dessous duquel depuis XIII° siècle les seigneurs de Gascogne d'abord, puis leurs successeurs les rois de Castille et les rois d'Espagne ont juré solennellement de respecter la charte de Gascogne, qui garantissait des droits étendus aux habitants de Gascogne.

Depuis le XIV° siècle, la Juntas Generales (le parlement de Gascogne) se réunit dans un bâtiment à côté du chêne, et adopte symboliquement ses lois également sous l'arbre.

Aujourd'hui, le Lehendakari (premier ministre basque) prête serment sous le sapin.

L'Arbre de Gernika (Gernikako Zuhaitza en basque) est un chêne de la ville basque de Gernika qui est l'emblème officiel de Biscaye.

 


Etats Unis

Les feuilles de chêne (en anglais : Oak leaf cluster, littéralement grappe de feuilles de chêne) sont un petit insigne en métal porté par les membres de l'un des sept services en uniforme des États-Unis,


 

 

 

Contes et légendes du chêne

 


Légende nordique


La Völsunga saga 


Saga légendaire nordique d'origine islandaise racontant l'histoire du clan Volsung au cours des générations. C'est une histoire d'aventures, d'amour et de tragédie datant du xiiie siècle mais ayant des sources provenant de textes plus anciens, comme l'Ancienne Edda.

"Le roi Volsung fit construire un édifice conçu de manière à comprendre un grand chêne dont les branches s'épanouissaient magnifiquement sur le toit, tandis que le plus bas le tronc se dressait à l'intérieur de l'édifice ; et les hommes appelèrent le dit arbre Branstock."


Sigmunds Schwert (1889) par Johannes Gehrts. Une mystérieuse silhouette ressemblant à Odin présente l'épée qu'il a plantée dans l'arbre Barnstokk.

 


Gabriel Gravier,

Légendes d’Alsace.


Le creux du chêne et les sorcières

 

Au sommet d’une colline se dressait un chêne majestueux, si vieux que le tronc en était devenu complètement creux. Cet arbre vénérable, appelé le Chêne-Creux, avait fini, tant il faisait partie du paysage, par donner son nom à tous les pâturages d’alentour.

C’est à son pied que vint, un soir, se coucher un garçon du Val de Villé parti à la conquête du vaste monde, avec un compagnon, pour y chercher la richesse. Mais que notre ami s’arrêtait là, en pensant qu’il avait bien le temps, que dame Fortune viendrait plutôt à lui, que luirait à elle, son compagnon, ne l’entendant pas de cette oreille, avait continué son chemin.

Notre philosophe s’endormit bientôt du sommeil du juste. Mais il en fut tiré par des frémissements et des bruissements étranges. Alors qu’il se frottait les yeux, il vit arriver, de partout, des femmes chevauchant des manches à balai, et toutes venaient se poser dan la ramure du chêne. Il comprit que des sorcières se réunissaient là pour tenir conseil. Il prêta l’oreille Voilà mon chef-d’œuvre, déclara fièrement la plus vieille et la plus laide de ces harpies :j’ai frappé de langueur la fille unique du duc de Lorraine,et aucun médecin ne peut la guérir. Si ces imbéciles savaient : il suffirait de lui donner à manger le cœur d’un poulain blanc, cuit sans sel. Le duc est si désireux de voir sa fille retrouver la santé, qu’il a promis de la donner en mariage à qui la sauverait. Mais il peut toujours attendre !

Quelque temps plus tard, une grande nouvelle parcourut toute la Lorraine : la fille du duc était guéri. Un étranger de passage lui avait donné une potion magique. En reconnaissance, le duc, fidèle à sa promesse, lui avait accordé la main de son enfant. Et, ce qui ne gâtait rien, le mari était, ma foi, joli garçon.

On l’a deviné sans peine, le sauveur, le mari de la jeune duchesse n’était autre que notre compagnon « peu pressé », lequel avait surpris le secret de la vieille sorcière.

Un jour que notre ¨petit duc¨se promenait avec son épouse, un mendiant s’approcha du carrosse doré des époux et tendit son chapeau crasseux d’une main tremblante. Alors le nouveau seigneur et le pauvre hêtre se reconnurent au premier regard, ils finirent de raconter leurs aventures autour de la table bien garnie du château. A peine le pauvre hêtre eut il quitté ses hôtes, qu’il courut, c’était son genre ! Se blottir au creux du vieux chêne, dans l’espoir d’y surprendre, lui aussi, quelques secrets bénéfiques. IL était installé la depuis peu de temps lorsque les sorcières revinrent se percher dans l’arbre. Et il entendit l’une d’elle s’écrier, d’une voix rauque de colère.

Mes compagnes, je dois vous dire qu’un espion a percé nos secrets, lors de notre dernier conseil, car la fille du duc est maintenant guérie. Avant tout chose, inspectons les alentours de ce chêne.

Et c’est ainsi que les harpies s’abattirent au pied de l’arbre, y dénichèrent le malheureux, se jetèrent sur lui et le mirent à mort.

Touché par la foudre durant une nuit d’orage, le chêne a été ensuite abattu, mais les sorcières n’ont pas cessé pour autant de fréquenter les lieux. La preuve, on voit encore dans le pré, à l’endroit que recouvraient les branches du chêne, un cercle tracé dans l’herbe par les hôtes du sabbat, et que l’on appelle, un peu partout, rond des sorcières. L’herbe de ces ronds est tantôt desséchée par des pas des danseurs, tantôt plus verte qu’alentour, car on a pris soin de l’engraisser avec la poudre de champignons appelés vesse-de-loup.
 

 

Conte Kabyle

 

Le Chêne de l'Ogre


Mon conte soit beau et se déroule comme un long fil ! 

L'on raconte qu'aux temps anciens il était un pauvre vieux qui s'entêtait à vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il était paralyse. On lui avait traîne son lit près de la porte, et cette porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une petite fille, à peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les jours son déjeuner et son dîner. Aicha venait de l'autre bout du village, envoyée par ses parents qui ne pouvaient eux-mêmes prendre soin du vieillard.

La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait à peine arrivée :
ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, o mon père Inoubba ! Et le grand-père répondait :
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

La fillette heurtait l'un contre l'autre ses bracelets et il tirait la targette. Aicha entrait, balayait la masure, serait le lit. Puis elle servait au vieillard son repas, lui versait à boire. Apres s'être longuement attardée près de lui, elle s'en retournait, le laissant calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque jour a ses parents comment elle avait veille sur son grand-père et ce qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aïeul aimait beaucoup à la voir venir.

Mais un jour, l'Ogre aperçut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqu’à la masure et l'entendit  chantonner :

Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba ! Il entendit le vieillard répondre :
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je répéterai les mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"

Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se présenta devant la masure et dit de sa grosse voix"
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
Sauve-toi, maudit ! lui répondit le vieux. Crois-tu que je ne te reconnaisse pas ?

L'Ogre revint a plusieurs reprises mais le vieillard, chaque fois, devinait qui il était. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier.
Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village. Il ne veut pas m'ouvrir parce que ma grosse voix me trahit. Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que celle de sa petite fille.

Le sorcier répondit :
Va, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la bouche grande ouverte. (© publié par Tamurth.net)Des fourmis y entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta voix s'éclaircira et s'affinera !

L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il achetait du miel, s'en remplit la gorge et alla s'étendre au soleil, la bouche ouverte. Une armée de fourmis entra dans sa gorge.

Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit a la masure et chanta
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !

Mais le vieillard le reconnut encore.
Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.

L'Ogre s'en retourna chez lui.

Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures au soleil. Il laissa des légions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrième jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille ! répondit l'aïeul.

L'Ogre s'était muni d'une chaîne ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit. L'Ogre entra et dévora le pauvre vieux. Et puis il revêtit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la dévorer aussi.

Elle vint, mais elle remarqua, des qu'elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit : "Qu'est-il arrivé à mon grand-père ?".
Elle verrouilla la porte de l'extérieur et chantonna
Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !

L'Ogre répondit de sa voix fine et claire :
Fais sonner tes petits bracelets, O Aicha ma fille !

La fillette qui reconnut pas dans cette voix celle de son grand-père, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et courut au village alerter ses parents.
L'Ogre a mangé mon grand-père, leur annonça-t-elle en pleurant. J'ai ferme sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?

Le père fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous cotes pour porter ces fagots jusqu'a la masure et y mettre le feu. L'ogre essaya vainement de fuir. Il pesa de toute sa force sur la porte qui résista. C'est ainsi qu'il brûla.

L'année suivante, à l'endroit même ou l'Ogre fut brûle, un chêne s'élança. On l'appela le "Chêne de l'Ogre". Depuis, on le montre aux passants.

Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conte à des Seigneurs.


 


 

Hans Christian Andersen (1805-1875)

Le dernier rêve du chêne


Au sommet de la falaise haute et ardue, en avant de la forêt qui arrivait jusqu'aux bords de la mer, s'élevait un chêne antique et séculaire. Il avait justement atteint trois cent soixante-cinq ans ; on ne l'aurait jamais cru en voyant son apparence robuste.
 


 

George Sand (1804-1876)


Le chêne parlant

 

À Mademoiselle Blanche Amic

Il y avait autrefois en la forêt de Cernas un gros vieux chêne qui pouvait bien avoir cinq cents ans. La foudre l'avait frappé plusieurs fois, et il avait dû se faire une tête nouvelle, un peu écrasée, mais épaisse et verdoyante.
 

 

Conte du Québec

 

Il était une fois... Un beau chêne


Il était une fois... Un beau chêne si grand et si robuste, qu'il faisait l'admiration de toute la forêt. Bruno l'écureuil y avait établi son refuge qu'il bourrait de glands provenant de l'arbre majestueux. Sur la plus haute branche, Madame Rossignol avait dressé fièrement son nid. Et entre les racines énormes, gîtait Pomponet le lapin.

En résumé, tous y trouvaient un logis confortable. Mais hélas, ce beau chêne était aussi convoité par des bûcherons. 
 

 

Réformés - Le journal

Elise Perrier


Eugène le chêne


Eugène le chêne était le plus vieil arbre de tout le pays. Il coulait des jours heureux dans une forêt lointaine...

Jusqu’au jour où tous ses amis les arbres furent emportés par une violente tempête. Sauf lui. De tous les arbres de la forêt, il n’y eut qu’Eugène le chêne qui resta mystérieusement debout face au vent.

L’année suivante, on décida de replanter la forêt. Avec le temps, les graines devinrent de petites pousses, puis de jeunes arbres qui entouraient désormais Eugène le chêne, devenu centenaire.


 


Le Domaine national de Chambord

 

Jehan et le grand chêne

 

autoédite en 2020 son premier album jeunesse.


Un récit émouvant, inspiré de l’histoire de Chambord et de la Marine royale au XVIIIe siècle.


Jehan, un petit garçon de 8 ans, vit dans une ferme du parc de Chambord en 1745. Solitaire, il passe de longues heures en forêt au pied d’un grand chêne dont il a fait son refuge. Mais un jour, il découvre une mystérieuse marque sur le tronc de son arbre : une fleur de lys traversée par deux ancres de  marine.

Qui a bien pu laisser cette empreinte ?
 

 

Conte biélorusse 

 

Le Chêne Dorokhveï 

 

recueilli par Lev Barag et figurant dans son recueil intitulé Contes populaires biélorusses, sous le numéro 21. 

Le conte tire son nom d'un chêne magique qui se trouve sur une île où ont abordé onze des douze fils, qui avaient été jetés à la mer dans un sac de cuir. Il possède douze racines, croît « tout au bord de la mer bleue » et son tronc est creux : les frères s'y réfugieront sans pouvoir s'en échapper, car au-dehors les attend un oiseau mangeur d'hommes. Quant à l'île Bouïane, où a abordé le douzième fils, elle s'appelle ici Boudaï, et le héros y bâtira une ville appelée Kitaï1.

La fin est moins bénigne que dans le conte de Pouchkine : le tsar, pour les punir, attache les deux méchantes sœurs à la queue d'un cheval qu'il fait lancer au galop dans la plaine.
 


Dans ce royaume se dressait le chêne Dorokhveï avec ses douze racines, tout près de la mer bleue. » (Carl Gustav Carus, Chênes en bord de mer)


 

 

Conte des Pyrénées

 

Le chêne de Ria


Tout près de la nouvelle gare de Ria, à quelques mètres du mas Marie, il y eut un chêne robuste et séculaire qui projette l'ombre de ses feuillages sur la route nationale. C'est le roi des arbres d'alentour, comme un aïeul encore vert, au torse de géant, que ne firent plier ni les vents ni les orages, à la tête haute et fière, bravant les éléments, aux bras puissants et noueux qui protégèrent tant de générations.

Qui sait jusqu'où s'étendent dans le sol les racines puissantes, les nombreux tentacules de ce chêne gigantesque ? Qui sait de même de quelle époque remonte sa curieuse légende ? C'était du moins au temps où régnaient en souveraines dans le Roussillon, et particulièrement dans les environs de Prades, les mystérieuses Encantades.

Douces d'un pouvoir surnaturel qu'elles tenaient de l'enfer, ces sorcières malfaisantes lutinaient leurs victimes, leur jetaient des sorts, répandaient les pires maux dans la contrée, inspirant aux gens du pays une profonde terreur.
 

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29 octobre 2021 5 29 /10 /octobre /2021 23:01

 

 

Mythologie des arbres


Le pommier 

 

 

 


Symbole de connaissance dans de nombreuses cultures, le pommier est un arbre présent sur notre continent depuis la préhistoire. 

Son histoire, chargée de mythes et de légendes, sa forte présence sur le territoire et ses vertus médicinales et nutritives en font un arbre connu de tous. 


Certaines espèces de pommiers sont cultivées, soit pour leurs fruits (les pommes), soit comme pollinisateurs, soit comme arbres d'ornement (les pommiers à fleurs), soit pour leur bois.
 

par Salomon, roi d'Israël (règne de 970 à 931 av. J.-C.)
Cantique des Cantiques 1-8 - La Bible du Semeur


..."Comme un pommier parmi les arbres de la forêt

tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens,

j’ai grand plaisir à m’asseoir à son ombre.

Combien son fruit est doux à mon palais.

Il m’a conduite dans la maison du vin

et il a déployé sur moi, l’étendard de l’amour"...

 

Daniel Ridgway Chevalier (1839 – 1924) sous le pommier

 


 


 

 

Les pommiers sont des arbres du genre botanique Malus et de la famille des Rosacées, dont le fruit est la pomme, une drupe,  pouvant vivre entre 70 et 100 ans.

 
Le genre pommier regroupe un ensemble d’arbres et d’arbustes localisé uniquement dans l’hémisphère Nord.  


Ces arbres ou arbustes ne sont généralement pas de grande taille, dix mètres de hauteur tout au plus.


Lorsqu'il est cultivé, la taille, la forme et la densité de ses branches sont déterminées par la sélection des porte-greffes et la méthode de la taille.


 

 

 

Le tronc est généralement gris et tortueux. Le bois de pommier est recherché par l’ébéniste et le tourneur. Ses branches, velues quand l’arbre est jeune, glabres plus tard, ont un port tombant. Elles se parent de feuilles ovales, alternes, légèrement crénelées, ovales, vert foncé au-dessus, plus claires sur la face opposée légèrement duveteux.  


La floraison printanière, simultanément avec le bourgeonnement des feuilles pour la plupart des variétés. Les boutons rose vif se groupent en petits bouquets qui déploient ensuite leur corolle blanche à cinq pétales, avec un teinte rosée qui s'estompe progressivement et leur inflorescence est constituée d'une cyme de quatre à six fleurs. La fleur centrale de l'inflorescence, parfois qualifiée de 'floraison royale' s'ouvre en premier et peut développer un fruit plus gros.


 

 

 

Les fleurs de pommier sont légèrement odorantes, mais davantage parfumées la nuit, la fleur centrale de l'inflorescence, parfois qualifiée de "floraison royale" s'ouvre en premier et peut développer un fruit plus gros.


 

 

Les fleurs de pommiers produiront la pomme à l’endocarpe coriace, à la chaire douce, acidulée ou acerbe. 

Le mot "pomme" vient du latin "malum"

Pōmum  signifie Fruit avec pépins ou noyau : pomme, poire, cerise, figue, noix, baie, datte.

Pomus : Arbre fruitier.

Pomme en celtique ancien est "ablu" 

et son dérivé "abalnos", "abalna" signifie "pommier".

Ils donnent le gaulois "abalo" et "aballo" ou "avallo",

le vieil irlandais "ubull" et "aball",

le breton "aval" et "(e)ur wezenn-aval", littéralement "un arbre à pommes" .

On trouve la même racine indo-européenne dans les langues germaniques comme le néerlandais "appel", l'allemand "Apfel" et l'anglais "apple".

Dans la mythologie Pomona (Pomone) Déesse qui préside à la maturation des fruits.


 

 

La pomme est un fruit, (en fait un faux fruit ou fruit complexe)  car constitué à la fois par l'ovaire, la base des pièces florales et le réceptacle, le tout étant soudé, charnu, de forme quasi sphérique, déprimée au sommet et à la base, à pulpe homogène.

 

 

 

Certaines variétés anciennes ont des formes particulières, comme la pomme d'api, plutôt plate et de forme étoilée pentagonale, ou les pigeonnets, au contraire très allongés. La lemon pippin anglaise, ancienne pomme à cuire, a la forme et la couleur d'un citron.

 

 

Son poids est très variable selon les variétés et les conditions de végétation. Ses couleurs à maturité se déclinent du vert "pomme" au rouge plus ou moins foncé en passant par une grande variété d'intermédiaires : vert pâle, jaune, orangé ou de couleurs plus ou moins panachées.


 

Le périanthe, comprenant sépales et pétales, se trouve au sommet de l'ovaire, ce dernier est soudé au réceptacle floral.

 

Du point de vue de la botanique, la pomme est un fruit complexe, intermédiaire entre la baie et la drupe. 


Dans une coupe transversale, on peut voir, au centre, les pépins (graines) au nombre de deux dans chacune des cinq loges de l'ovaire initial entouré d'une enveloppe sclérifiée, l'ensemble étant entouré d'une pulpe mince, qui correspond au développement de la paroi de l'ovaire. Puis une mince membrane fibreuse marque la séparation avec le réceptacle qui s'est considérablement épaissi pour former l'essentiel de la chair du fruit.

 

 

 

Les cinq branches de l’étoile ressemblent à de petites chambres
à l’intérieur desquelles les pépins sont enfermés.


 

 

 

Le pommier comprend une quarantaine d'espèces d'arbres ou d'arbustes dont la plus importante, sur le plan de l'alimentation humaine, est le pommier domestique (Malus domestica).

 
 

 

Le nom scientifique du pommier domestique a été appelé successivement Malus domestica Borkh. (1803), Malus communis Poir. (1804), etc). Une étude de 2001 donne comme nom scientifique celui donné dès 1768 par Philip Miller Malus pumila ("pommier nain" selon la traduction littérale du latin). 
Actuellement, le nom préféré est Malus domestica. Les pommiers domestiques actuels sont donc des cultivars ou variétés et doivent être nommés.


Aujourd’hui, il existe plus de 5000 variétés de pommiers qui se distinguent les unes des autres par la forme, la taille, la couleur, l’odeur et la saveur du fruit. On peut distinguer trois groupes de variétés issues du pommier commun :

– Le pommier doux (Malus communis, var. mitis) : ensemble des pommiers à pommes douces ou pommes à couteau, telles que la reinette, la pomme d’api, le cœur-de-pigeon, etc.


 

– Le pommier acerbe (Malus communis, var. acerba) : ensemble des pommiers destinés à la production de pommes à cidre.


 

– Le pommier paradis (Malus communis, var. paradisiaca) : variétés de pommiers précoces.


 

 

 

Bien que tous les pommiers produisent des fleurs et des pommes, les espèces cultivées uniquement à titre ornemental sont souvent appelées de manière générique "pommier à fleurs "

 

Le nom de "Pommier à fleurs", ou pommetier en Amérique du Nord, est un nom vernaculaire utilisé pour différentes espèces ou cultivars de pommiers du genre Malus à petits fruits semblables à des pommes et dont les plus répandus sont :

 

Malus baccata (L.) Borkh. (sect. Gymnomeles), le pommier de Sibérie ;

Malus floribunda Siebold ex Van Houtte (sect. Malus), le pommier du Japon ;

Malus sargentii Rehder (sect. Sorbomalus).

 

Le plus connu est le pommier Evereste. Cette variété résiste aux principales maladies des pommiers et fleurit de mi-avril à la mi-mai. On utilise aussi le Malus Coccinella.

 

 

 

Dans les jardins des particuliers, les pommiers ornementaux servent à la décoration et à la pollinisation globale des pommiers de l'espace réservé aux arbres et arbustes fruitiers : le viridarium.

 

 

 

 

ou encore "pommier d'ornement" quand ils donnent de petits fruits décoratifs. 

 

 

 

- Pommier d'amour (Solanum pseudocapsicum) ou cerisier d'amour

Le pommier d'amour (Solanum pseudocapsicum) est aussi appelé cerisier d’amour, cerisier de Jérusalem ou encore oranger de savetier. Il s'agit d'un petit arbuste touffu, dressé, au feuillage caduc, souvent cultivé comme annuel ou comme plante d'intérieur car sa rusticité ne résiste pas à des températures descendant en dessous de 5 °C. 

Il appartient à la grande famille des Solanacées...


 

 

 

Du pommier à la pomme


Les étapes :


. Le pomiculteur planifie ses nouvelles plantations en choisissant les variétés de pommes qu’il souhaite produire. Son choix est orienté vers des variétés adaptées au climat et au type de sol de son verger et répondant au goût des consommateurs.

. Le pommier est formé de l’union d’un greffon et d’un porte-greffe. Le greffon est la partie aérienne de l’arbre qui porte le fruit alors que le porte-greffe est son système racinaire.

. La pommeraie demande 4 à 5 ans pour entrer en production. Pour favoriser la bonne croissance du fruit, le producteur fertilise le sol.

. En hiver, les pommiers sont taillés pour sélectionner les rameaux porteurs de fruits.

. Au printemps, ce sont les abeilles qui assurent la pollinisation des fleurs pour permettre la fructification. Le producteur de pommes effectue alors un premier éclaircissage pour optimiser la quantité de fruits par branche.


 

. A la formation des fruits, le producteur procède à un second éclaircissage et débarrasse l’arbre des fruits petits et mal formés.

. Selon leur degré de maturité (déterminé par leur teneur en amidon), les pommes sont cueillies à maturité de consommation pour une consommation immédiate, ou à maturité de cueillette pour être d’abord stockées.

. La cueillette s’effectue en détachant le fruit de la branche avec son pédoncule. Il est ensuite déposé dans des pallox (caisse de très grande taille utilisée en agriculture en bois ou en plastique). Par la suite, les pommes sont dirigées, soit vers les entrepôts réfrigérés, soit les entrepôts à atmosphère contrôlée ou sont emballées et vendues pour consommation immédiate.


 


 

Mythologie grecque

 


Homère 
dans l’Iliade et l’Odyssée, vers 850 av. J.-C. - 
les festins olympiens

Le premier récit du jugement de Pâris se trouve dans les Chants cypriens, une épopée perdue du "Cycle troyen" dont les événements prennent place avant ceux de l’Iliade.


Aux noces de Pélée et Thétis sur l'Olympe, tous les dieux sont invités sauf Éris, déesse de la Discorde. Pour se venger, elle leur jette une pomme d'or avec la mention 


"pour la plus belle " : la pomme de discorde. 


Trois déesses revendiquent alors le fruit, Héra, Athéna et Aphrodite.

 
Afin de mettre un terme à la dispute, Zeus ordonne à Hermès d'emmener les déesses sur le mont Ida, à charge pour Pâris, prince troyen de désigner la gagnante.

Le jeune homme accorde finalement la pomme à Aphrodite (déesse de l'amour), qui lui a promis l'amour de la plus belle femme du monde Hélène, fille de Léda et de Jupiter, d’une beauté proverbiale.

La jeune femme épouse le roi de Sparte Ménélas et de leur union naît une fille, Hermione. Mais Vénus promet à Pâris de lui donner Hélène, la plus belle femme du monde, en échange de la pomme d’or. C’est cet épisode qui est à l’origine de la guerre de Troie.


C’est de ce fragment mythologique qu’est née l’expression "pomme de la discorde".


J. M. W. Turner, The Goddess of Discord (Éris, déesse de la discorde choisissant la pomme dans le Jardin des Hespérides). c. 1806

 

 

La belle Thétis, déesse marine, n’avait pas supporté de se voir évincée pour le prix de beauté décerné à Aphrodite (Vénus).

Lorsque la déesse de l’amour, à la recherche de perles et de coquillages sur les rivages normands posa sa pomme sur un rocher,

Triton le messager de la mer, fils de Poséïdon la lui déroba et vint la porter à Thétis.

Celle-ci en sema alors les pépins dans les campagnes voisines pour se venger d’Aphrodite (Vénus) , ce qui explique le grand nombre de pommiers poussant sur les côtes,  ainsi que dans les régions fluviale.

Thétis assis avec un triton, 16e siècle.

 

 

 

Mythologie greco-romaine 

 

 

le pommier était sous la mission de la déesse Héra, un cadeau de Zeus (Jupiter) pour son mariage, un pommier aux pommes d’or (métaphore), habituellement connu sous le nom de pommier du jardin des Hespérides et convoité par Hercule (Héraclès), dont le onzième travail est de s’emparer des pommes d’or. 


Elle l'avait planté dans son jardin divin qui se trouvait sur les pentes du mont Atlas, là où les chevaux du char du Soleil achèvent leur randonnée en se couchant à l'ouest de l'océan Atlantique. 
Ce jardin fut confié à ses trois filles, les Hespérides (Hesperia, Aeglé et Erythie).

 
Un jour, Héra s'aperçut que les filles d'Atlas, les Hespérides, à qui elle avait confié la garde de l'arbre, volaient les pommes ; 


Héra plaça alors un dragon à cent têtes,  Ladon, autour du pommier pour pensait-elle en interdire l'accès. 


Mais c’était sans compter sur le rusé Hercule (Héraclès) qui, après maintes péripéties obtint de Nérée quelques renseignements, notamment que les pommes d'or poussent dans un jardin situé dans "l'Extrême Occident" où vivent les nymphes Hespérides. Mais ces informations un peu vagues laissent Héraclès dans le flou, et Nérée profite de ce moment d'inattention pour se transformer en serpent et se faufiler entre deux pierres. Héraclès se dirige déjà vers les terres de l'ouest qu'il a eu l'occasion de visiter lors de son périple dans le royaume de Géryon. Après quelques jours de voyage il atteint la région de Tartessos près de Gadès en Hispanie.

 

Héraclès franchit le détroit de Gibraltar d'où s'élèvent les colonnes à son nom, afin de rencontrer le Titan Atlas, car ce dernier est le seul à pouvoir l'aider dans sa quête des pommes d'or poussant dans ce fabuleux jardin des Hespérides, situé dans cette région extra-océanique réservée uniquement aux immortels.

 

Arrivé sur la pointe nord du continent africain, Hercule (Héraclès) découvre l'immense Atlas courbé sous le poids de la voûte céleste qu'il est chargé de supporter, depuis la défaite des Titans contre les dieux de l'Olympe. Atlas écoute les raisons de sa visite et lui propose de se rendre au jardin des Hespérides pour y cueillir trois pommes d'or, mais à la seule condition qu'Héraclès porte le fardeau de la voûte céleste.

 

Ce dernier accepte et endosse sur ses épaules le poids du ciel tandis qu'Atlas part chercher les fruits d'or. Après plusieurs heures d'attente, Atlas réapparaît avec trois fruits d'or à la main. Il se propose d'aller porter lui-même les pommes à Eurysthée. Conscient du risque qui pèse sur lui, Hercule (Héraclès) utilise une ruse : il feint d'accepter le service du Titan et le prie de reprendre le poids du ciel, pour quelques instants seulement, le temps de trouver un bon coussin pour ses épaules. Atlas pose les pommes d'or sur le sol et reprend la voûte céleste en toute confiance ; mais quand il voit Hercule (Héraclès) ramasser les fruits qu'il a cueillis et s'éloigner avec un geste d'adieu, il réalise qu'il a été dupé.

Edward Burne-Jones - (1877) Les Hesperides


 

 

 

Mythologie nordique

 


L'Edda de Snorri ou plus simplement l'Edda, également connue sous les noms d’Edda en prose et de Jeune Edda, est un texte littéraire (manuel de poésie scandinave traditionnelle) en vieil islandais rédigé à partir de 1220 par Snorri Sturluson.  C’est aussi et surtout une présentation complète et organisée de la mythologie nordique, qui en fait l’un des chefs-d’œuvre de la littérature médiévale (et plus spécifiquement de la littérature norroise) et un classique de la littérature islandaise.

 

La déesse de "l’amour, du mariage et de la maternité"  Freyja, porte une pomme comme attribut, 

Dans le palais de Sessrumnir de Freyja, on voit un jardin dans lequel poussent des pommes d’or gardées par Idunn. 
 

L'enlèvement d'Idunn.

 

Le dieu malin Loki, capturé par le géant Thjazi, propose de se racheter en lui livrant Idunn et ses pommes. Il attire celle-ci dans un bois hors d’Ásgard, sous le prétexte qu’il avait trouvé d’autres pommes remarquables. Il lui recommande d’emporter ses propres pommes pour les comparer.

 

Sur place, le géant Thjazi, ayant revêtu son plumage d’aigle, s'empare d’Idunn et l’emporte chez lui à Thrymheim. Les Ases se rendent compte de la disparition d’Idunn, car privés de ses pommes ils vieillissent rapidement. Ils tiennent conseil et comprennent qu’elle était vue pour la dernière fois sortant d’Ásgard avec Loki. Ils le menacent alors des pires supplices s’il ne retrouve pas Idunn. Inquiet pour sa survie, Loki promet de la ramener et demande à Freyja son plumage de faucon. Loki peut ainsi s’envoler vers le Nord pour la maison de Thjazi où il la retrouve seule, Thjazi étant sorti. Loki la transforme en noix de façon à la prendre dans ses serres et il la ramène avec lui.

 

Lorsque Thjazi rentre et constate la disparition d'Idunn, il met ses plumes d’aigle et se lance précipitamment à la poursuite de Loki. Les Ases voient alors Loki arriver vers eux avec la noix, poursuivi par un grand aigle, et comprennent ce qui se passe. Dès que Loki franchit les portes de la citadelle d’Ásgard, ils lancent sur l’aigle des traits enflammés qui brûlent ses plumes l'obligeant à se poser, leur permettant de le tuer. Idunn réintégre alors Ásgard et les dieux peuvent à nouveau manger ses pommes de jouvence.


 

 

 

Mythologie  irlandaise, 

 

 

Signification divinatoire : régénération et guérison, hommage aux ancêtres

La Pomme en Ogham celtique est quert

L’ogham ou écriture oghamique, est un alphabet antique utilisé principalement pour l'écriture de l'irlandais primitif (forme dite "orthodoxe", du IV° au VI° siècle), et plus tard pour le vieil irlandais (forme dite "scolastique" ou " scolaire, du VI° au IX° siècle).

Lettre    : ᚊ

Nom en vieil irlandais :  Ceirt - Quert

Transcription latine : Q    

Phonème : \kʷ\

Traduction du nom : Buisson / chiffon

Interprétation médiévale : Pommier

 

 

Avalon, l’île où Morgan Le Fay emmène Arthur afin de soigner ses blessures, faisait partie des Autres Mondes celtiques où les âmes des morts se rendaient avant de renaître. 


Dans le récit de Oidheadh Clainne Tuireann (le destin des Enfants de Tuireann), le dieu Lugh décrit les "pommes dorées du soleil", qui avaient le goût du miel et avaient le pouvoir de guérir toute maladie ou d’apporter l’immortalité à ceux qui en consommaient.
 


La Oidheadh Chloinne Tuireann,

 
 

En apprenant que les Fomoires ont débarqué en Irlande et attaqué le pays de Bodb Dearg, Lugh demande au haut roi Nuada d'envoyer son armée pour aider à la bataille. Le roi refuse, alors Lugh, ses deux frères Cu et Ceithen, et leur père Cian s'en vont séparément pour convaincre tous les Sidh de lever une armée. 

 

En route vers le nord, Cian aperçoit au loin les trois fils de Tuireann, Brian, Iuchar et Iucharba, des ennemis de sa famille. Sachant qu'il ne pourrait les combattre seul, il se transforme en porc et se cache dans un troupeau de bêtes. Les frères ayant pressenti que quelqu'un se cachait d'eux, Brian transforme les deux autres en chiens pour trier le troupeau. Alors Cian en porc se démarque des autres, et Brian l'abat. Les trois frères tentent d'enterrer le corps de Cian pour cacher le crime mais par six fois la terre rejette le corps. La septième fois ils parviennent enfin à l'enterrer définitivement. Ils s'en vont ensuite rejoindre l'armée de Lugh.

 

Lugh et l'armée de Bodb Dearg combattent alors l'armée des Fomoires commandée par Bres. Lorsque Lugh défait Bres à la bataille et menace de le tuer, ce dernier lui demande d'épargner sa vie en échange d'amener toute la race des Fomoires pour une grande bataille finale. Lugh accepte. Inquiet de l'absence de son père, Lugh retrouve l'endroit où celui-ci s'est changé en porc, et la terre lui dit que les fils de Tuireann l'ont abattu. Rempli de chagrin, Lugh jure vengeance.

 

Par ruse, Lugh parvient à faire accepter aux fils de Tuireann de payer réparation (un éraic ou éric), où les frères devront récupérer pour lui de nombreux objets magiques très difficiles et dangereux à obtenir,  dont trois pommes dorées du Jardin de l'Est du monde qui guérissent les blessures et qui peuvent être mangées indéfiniment. Et enfin, les fils de Tuireann doivent lancer trois cris sur une colline de Lochlann (terre d'origine des danois) sachant que Miochaoin et ses fils, qui ont élevé et aimé Cian, interdisent quiconque de crier sur cette colline et voudront de plus venger le meurtre.

 

Les trois fils de Tuireann réussissent à obtenir de Lugh le bateau de Manannan Mac Lir appelé Scuabtuinne. Alors le bateau les transporte successivement vers les royaumes où se trouvent les objets. Ils obtiennent les pommes en se transformant en faucons. Ils vont ensuite déguisés en poètes bardes pour récupérer la peau de porc de la cour du roi grec, ils tuent alors tous les gardes ainsi que le roi, et prennent la peau. Ils font de même pour voler la lance du roi de Perse. Pour trouver le char et les chevaux du roi de Sicile, ils arrivent à la cour prétendant être mercenaires d'Irlande au service du roi. Après un mois, ils réclament alors de voir les chevaux, prétextant être vexés par le manque de confiance du roi. Celui-ci leur apporte, et ils s'en emparent encore, massacrant tous les gardes et le roi. 


L'histoire de trois frères irlandais volant les trésors du monde à cause d'un éraic a précédé leur arrivée dans le royaume d'Easal où ils doivent prendre les six porcs. Mais le roi accepte de leur donner les porcs, impressionné par leurs faits d'armes. Easal propose de les accompagner à leur prochaine destination pour les aider à convaincre son fils par alliance, le roi d'Ioruaidh, de leur donner sa chienne. Mais il refuse et ainsi les trois frères combattent son armée, jusqu'à ce que Brian soumette le roi par les armes, et l'oblige à leur laisser la chienne en échange de sa vie. Lugh, agacé par leur succès, leur envoie un sort qui les fait oublier le reste du éraic.

 

Ils reviennent en Irlande lui rapportant les objets, avant que Lugh leur rappelle les autres travaux qui leur restent à faire. Ils repartent et trouvent l'île de Inis Cenn-fhinne avec beaucoup de difficulté. Les femmes guerrières de l'île admirant leur courage acceptent de leur donner la broche de cuisson. Ils partent ensuite crier sur la colline de Miochaoin. Un combat entre Brian et Miochaoin s'ensuit, où ce dernier périt. Les fils de Miochaoin attaquent les frères à leur tour, mais ayant blessé mortellement les fils de avant de mourir.

Revenus blessés en Irlande, avec leur père ils demandent à Lugh de leur prêter la peau de porc pour les guérir. Celui-ci refuse, et les frères périssent. Alors Tuireann meurt de chagrin.


 

 

 

Mythologie celtique, 

 

Les pommes dans le tradition celtique apportaient guérison et immortalité. 


Pour les Celtes, le pommier fait partie des 7 arbres sacrés des druides.

La pomme  est une nourriture miraculeuse, qui confère à l'homme à la fois science, sagesse et connaissance.

Le royaume légendaire l’île aux pommiers, l’île de la pommeraie : la célèbre Avalon mythique qui abrite les pommiers magiques dont la surveillance est assurée par Morgane, avec l'aide de ses huit soeurs, qui, au moyen d’une branche de pommier cherchent à attirer dans l’île certains mortels afin de les rendre immortels. Ces pommiers forment un bosquet sacré. Merlin lui-même enseignait sous un pommier.


Les celtes décoraient leurs chambres avec des fleurs de pommier, signes de fertilité.


 

 

Des pommes étaient offertes aux morts au moment de Samhain, 31 octobre et 1° novembre. 

 

 

La légende raconte que le roi Arthur s'était réfugié et endormi sur l'île aux pommiers, pour acquérir de nouvelles connaissances et préparer son retour.

Avalon, l’île où Morgane La  Fée emmène Arthur afin de soigner ses blessures, faisait partie des Autres Mondes celtiques où les âmes des morts se rendaient avant de renaître. 

 

 

 

Mythes celtiques 

 


Irlande, Écosse, dPays de Galles, Grande-Bretagne et d'Angleterre, 


de nombreux héros, rois et chevaliers d'autrefois ont été attirés hors de leurs royaumes terrestres par des fées ou parfois par les dieux de la race des Fae (fées). 


Ces immortels portent une clé vers les autres mondes - une branche de pomme d'argent, avec des pouvoirs magiques - généralement avec de petites cloches d'argent et peut-être une ou deux pommes d'or.

Cicely Mary Barker (1895-1973) fée fleurs de pommier

 

 

 

Le pommier dans la religion

 

La genèse

La Bible,  le Livre de la Genèse, 


L'arbre de la connaissance du bien et du mal est un symbole du Livre de la Genèse suivant lequel Dieu planta dans le jardin d’Éden deux arbres mystérieux. 


- "Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, et il y plaça l'homme qu'il avait formé. Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais."


Le fruit défendu n'étant pas décrit dans le texte biblique, l'arbre de la connaissance du bien et du mal a été assimilé à différentes essences. 
C'est après avoir croqué le fruit défendu, identifié à une pomme par le christianisme, qu'Adam et Ève furent chassés du paradis.

 

La tentation se retrouve aussi dans la Genèse avec Adam et Eve. Dans ce récit, Eve ne résiste pas à l’envie de goûter à ce fruit défendu, ainsi la pomme devient le fruit du péché.

 

 

 

Depuis quelques siècles, le fruit défendu est aussi présenté comme un symbole du péché de chair.

Toutefois, dans le texte de la Genèse, Adam et Ève sont mariés par Dieu qui leur ordonne de croître et de multiplier.

Selon une interprétation répandue, le serpent du récit est le Diable, ou est animé par lui.

Ce récit biblique et son interprétation trouvent un écho direct avec le nom "pomme d'Adam" pour désigner le cartilage thyroïde apparent chez l'homme. Le morceau de pomme croqué par Adam lui serait resté coincé dans la gorge.


 

 

 

Le fruit de vos entrailles : fruit du pommier

Cette expression étonnante est prononcée par Élisabeth lors de la Visitation. 

La vieille cousine ne parle pas à Marie de son enfant, mais du fruit de son ventre (Luc 1,42). Il serait très dommageable de perdre à cause de quelques ritournelles à la mode la haute densité biblique et théologique de cette formule. Le mot fruit est essentiel. Souvenons-nous du premier mot que Dieu adresse à Adam et Ève : "Fructifiez !" (Genèse 1,28, perou). Jésus nous demande avec insistance de porter du fruit (Jean 15,8). 

Contrairement à la traduction latine plus proche du grec (fructus ventris tui), le français a choisi le mot  d’entrailles.

Dieu l’avait promis. Le fruit des entrailles de quiconque accomplirait la Loi, serait béni (Deutéronome 30,8-9). 

Dans le rosaire apparu au XIIe siècle, à partir d’un passage du nouveau testament, le "je vous salue Marie"  fait référence uniquement à un "fruit", mais un commentateur anonyme de la France du Nord précise, à la fin du XIIIe siècle, début du XIVe siècle, qu’il s’agit du "fruit du pommier". 


Je vous salue Marie pleine de grâces

Le Seigneur est avec Vous,

Vous êtes bénie entre toutes les femmes,

Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni


 

 

La bible


"La parole dite en son temps est comme des pommes d'or sur un lit d'argent."

(ou "Le silence est d’or, La parole est d’argent" ‘"Tenir sa parole")
 

 

 

Légende de la pomme d'Adam


Eve a d’abord croqué la chair de la pomme, laissant le trognon qu’elle offrit à Adam. Mais celui-ci lui resta en travers de la gorge…

 

 

 

D’où le nom de pomme d’Adam, donné à cette partie avant du cou : saillie du cartilage thyroïdien, bien plus prononcée chez l’homme que chez la femme. Et pour cause…

Jacopo Robusti (1518-1594),  ­Tintoret - péché  originel

 

 

Il y a 50 millions d'années

Préhistoire

Le pommier Malus sieversii (fruits comestibles) est originaire des plateaux d'Asie centrale dans la région d'Almaty (ex Alma-Ata)  au Kazakhstan du côté de la frontière chinoise. Sa présence est attestée il y a environ 50 millions d'années. 

On y trouve des forêts originelles de pommiers dont certains mesurent 30 mètres de haut pour deux mètres de circonférence et vivent jusqu'à 300 ans. 


 

 


2750 - 2573 av. J.-C.
 

 


Malus sieversii est déjà présent et exploité en Europe occidentale au Néolithique : de petites pommes sauvages sont cueillies, coupées et séchées sur des claies.

Des vestiges de pommes ont été trouvées dans les cités lacustres de Suisse et d'Italie du Nord, 

 
Des pommes carbonisées datant des XXVII° et XXVI° siècles av. J.-C.  ont été retrouvées aux alentours du lac de Chalain, dans le Jura, en France.


La sélection des pommiers sauvages se serait faite durant les dizaines de milliers d'années précédentes grâce aux ours locaux qui, privilégiant les pommes les plus sucrées et les plus grosses, les auraient disséminées en permettant à leurs pépins de pousser depuis leurs selles. 

ce fruit était déjà apprécié des Chinois, il y a 3.000 ans, avant d’arriver par la Route de la soie chez les Arabes, les Grecs et les Romains.


 

 

 

1508 av. J.C. à 1154 av. J.C.

 


Hatchepsout (-1508 et -1495) pharaon - offrandes dans le temple de la Reine.

 

Ramsès II ( Ramsès le Grand, 1304 av. J.C. - 1213 av. J.C.), pharaon égyptien de 1279 av. J.C. à 1213 av. J.C., fit planter des Pommiers dans ses jardins du Delta.

 

Ramses III dernier grand souverain du Nouvel Empire, a régné fr 1186 av. J.C. à 1154 av. J.C
donna aux prêtres de Thèbes, pour leurs offrandes journalières 848 paniers de pommes.

Sous la XIX° dynastie, le Pommier était donc un arbres fruitier communément cultivé en Egypte - Ramsès I° (- 1296 à - 1294) - Séthi I° (- 1294 à - 1279) Ramsès II (- 1279 à - 1213) Mérenptah ou Mineptah (- 1213) Amenmes (- 1203 à - 1200)à - 1203) - Séthi II (- 1203 à - 1194) Siptah (- 1194 à - 1188) Taousert (- 1188 à - 1186)

Dans les traductions bibliques, l'hébreu Tapouh et l'arabe Taffah désigne bien le Pommier.

 

 

1300 avant J.-C.
Tout comme en Égypte où Ramsès II fit planter des pommiers au bord du Nil. Les Hébreux fuyant l'Égypte emportèrent sans doute quelques plants de cet arbre et l'acclimatèrent en Palestine. 





 

 

 

VIII° av. J.C.

 


Hésiode, poète grec du VIII° siècle av. J.-C., auteur d’ouvrages Les Travaux et les jours - Les cinq races successives de l’humanité (or, argent, bronze, race des héros puis fer).

Il enseigne les travaux des champs selon les jours et les saisons de l’année.


Il parlait déjà de la greffe du pommier.

L'age d'or - Cranach l'Ancien 1530

 


 

 

 

IVe siècle avant J.C.

 

 

Cantique ou Chant de Salomon, livre de la Bible.


composé par Salomon, roi d'Israël (règne de 970 à 931 av. J.-C.)


Le personnage biblique de Salomon figure dans le Coran en tant que prophète et roi sous le nom de Salomon ou Sulayman.


Cantique des Cantiques 1- 7 -8


La Bible du Semeur

 

 

Cantique  2 

Lui

" Moi, je suis une fleur qui pousse dans la plaine du Saron,

un lis de la vallée."

 

Elle

"Oui, comme un lis parmi des ronces

est mon amie parmi les filles."

"Comme un pommier parmi les arbres de la forêt

est mon ami parmi les jeunes gens,

j’ai grand plaisir à m’asseoir à son ombre.

Combien son fruit est doux à mon palais.

4Il m’a conduite dans la maison du vin

et il a déployé sur moi, l’étendard de l’amour.

5Restaurez-moi avec des gâteaux de raisins,

soutenez-moi avec des pommes,

car je suis malade d’amour."

 

Lui

Son bras gauche soutient ma tête,

et son bras droit m’enlace.

 

 

Cantique 7


Lui

"Reviens, reviens, ô Sulamite !

Reviens, reviens, que nous puissions te contempler."

"Pourquoi voulez-vous voir la Sulamite

dansant comme en un double chœur ? "

"Que tes pas sont gracieux dans tes sandales, fille de prince !

Le contour de tes hanches ressemble à un collier,

œuvre de mains d’artiste.

Ton nombril est comme une coupe bien arrondie

où le vin parfumé ne manque pas.

Ton ventre est comme une meule de blé

bordée de lis.

Tes deux seins sont deux faons

jumeaux d’une gazelle.

Ton cou est une tour, une tour en ivoire.

Tes yeux sont des étangs, des étangs de Hechbôn

près de la porte Populeuse,

et ton nez est semblable à la tour du Liban

postée en sentinelle en face de Damas.

Ta tête, sur ton corps, est comme le Carmel

et tes cheveux ont des reflets de pourpre.

Un roi est enchaîné dans leurs ondulations."

"Que tu es belle et que tu es gracieuse,

ô mon amour, ô fille délicieuse.

Par ta taille élancée tu es comme un palmier.

Tes seins en sont les grappes.

Alors j’ai dit : “Ah, je vais monter au palmier,

j’en saisirai les grappes.”

Que tes seins soient pour moi des grappes de raisin !

Le parfum de ton souffle rappelle celui de la pomme,

 

Cantique 8

Lui

"Ah, que n’es-tu mon frère

allaité par ma mère !

Te rencontrant dehors, je pourrais t’embrasser

sans que l’on me méprise,

je pourrais t’emmener, je te ferais entrer au foyer de ma mère,

là, tu m’enseignerais

et je te ferais boire du bon vin parfumé

de mon jus de grenades.

Son bras gauche soutient ma tête

et son bras droit m’enlace.

 

Les filles de Jérusalem (v. 5)

filles de Jérusalem, oh, je vous en conjure,

n’éveillez pas, non, ne réveillez pas l’amour

avant qu’il ne le veuille. 

 

"Qui donc est celle-ci qui monte du désert

s’appuyant sur son bien-aimé ?"

" C’est dessous le pommier que je t’ai réveillé,

à l’endroit où ta mère t’avait conçu,

oui, au lieu même où te conçut celle qui devait t’enfanter.

Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,

comme un sceau sur ton bras.

L’amour est fort comme la mort,

et la passion est indomptable comme le séjour des défunts.

Les flammes de l’amour sont des flammes ardentes,

les flammes de la foudre venant de l’Eternel.


 


 

 

 

V° siècle av. J.C.

 


Palladius, agronome latin vers 450 av. J.-C., dans ses écrits, fait ressortir sur le pommier, la grande richesse de l'espèce.


 

 

 

Platon (428/427 av. J.-C. - 348/347 av. J.-C) philosophe antique de la Grèce classique, 

 

La belle pomme (I)


"Vois-tu cette pomme mûre ?

Elle est à toi si tu m'aimes.

Tes sentiments sont peu sûrs ?

Garde ce beau fruit quand même,

Et dis-toi que son éclat

Ne se prolongera pas."

 


La belle pomme (II)

"Moi, je suis une pomme et celui qui soupire

Pour toi me lance. Allons, Xanthippos, cède !

Car toi comme moi-même allons vite flétrir."

 

Hall Groat II (1967) pommes rouges


 

 

 

330 ap. J.-C.

Les Romains importèrent du Péloponnèse les pommiers ducius , pommiers cultivés à petits fruits rouges qui évoluèrent et  donnèrent la pomme d'api que Claudius rapporta à Rome au IIIe siècle avant Jésus-Christ. 


 

 

 

IV° - I° siècle av. J.C.

 

 

Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C.) Fils de Philippe II, élève d'Aristote et roi de Macédoine à partir de 336, il devient l'un des plus grands conquérants de l'histoire en prenant possession de l'immense empire perse et en s'avançant jusqu'aux rives de l'Indus.

Alexandre le Grand serait parti en Inde pour y rechercher une eau de vie, parce que, disait-on, là-bas, des prêtres, qui buvaient de cette eau, vivaient pendant des siècles.

 

Emenidus recevant une pomme du Paradis (Paris, BnF, Français 792 f.137)

enluminure du 13e siècle

épée, Tigre (cours d'eau), Alexandre lll (roi de Macédoine, 0356-0323 av. J.-C.), arbre, Paradis, pomme, Fleuves du Paradis, bateau, ange, fortification, cours d'eau, armure, roi, Emenidus (personnage littéraire), Tolomé (personnage littéraire)

Alexandre lll (roi de Macédoine, 0356-0323 av. J.-C.)

Manuscrit :    France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 792

Texte :    Alexandri Magni iter ad paradisum 


 

 

 

 

Théocrite (vers 310 av. J.C. - vers 250 av. J.-C.), poète grec, auteur de mimes (imitations comiques du langage ou des gestes), d'idylles pastorales et de contes épiques. 

 

IIIe Idylle


Le chevrier, ou amaryllis

..."Dis-moi, nymphe si jolie! me trouverais-tu le nez trop court et le menton trop allongé ? Ah! tu veux donc que je meure!
Voilà dix pommes : je les ai cueillies sur l'arbre que tu m'as toi-même désigné. Demain je t'en apporterai dix autres, mais prends pitié, je t'en conjure, prends pitié de ma douleur"...

 

Ve Idylle 

Les chanteurs bucoliques 

Comatas 
..."Cléarista me jette des pommes lorsque je passe auprès d'elle et murmure de bien tendres paroles"...

 

VIe Idylle


Les chanteurs bucoliques

Daphnis chante.  
..."Ô Polyphème ! Galatée lance des pommes à tes brebis, elle t'appelle berger intraitable, amant insensible ; et toi, sans la regarder, indifférent Cyclope, tu fais résonner tes pipeaux harmonieux..."

 

VIIe Idylle 


Les Thalysiennes ou le voyage de printemps

..." De tous côtés les arbres courbaient sous les fruits, l'automne exhalait ses doux parfums, les poires et les pommes tombaient à nos pieds, et les pruniers pliaient leurs rameaux jusqu'à terre"...

..."Et vous, qui abandonnez les ondes sacrées d'Hyétis et de Biblis (38) pour le brillant palais de la blonde Dioné, jeunes Amours dont le teint délicat retrace les couleurs de la pomme vermeille, prenez votre arc, lancez un trait contra l'insensible Philinus..."


XIe Idylle  

Le cyclope

..."Nul Cyclope ne m'égale dans l'art de jouer du hautbois, et souvent toi que j'adore, toi qui es plus douce que la pomme vermeille, souvent je te célèbre dans mes chants pendant la nuit obscure"...

 

 


La première pomme célèbre fut celle d’Appius Claudius Caecus (IV°-III° siècle av. J.-C.). Cet homme d’État et écrivain romain donna son nom à la pomme appienne (appiana mala) qui, selon André Leroy, est sans parenté avec la pomme d’api.

 


Puis c'est à Théophraste, philosophe grec en 287 av. J.-C., 

Il décrit six variétés de pomme, dont la pomme appelée "de Perse ou de Médie".

 

 

Caton l'Ancien (234 av. J.-C.-149 av. J.-C.), grand écrivain latin, dans son livre De re rustica, en -160, sur l’agriculture, ne compte également qu’une demi douzaine de variétés de pommes.

Son traité De Agri Cultura ou De Re Rustica (De l'agriculture) est écrit en latin alors que la langue littéraire était le grec : il enseigne la gestion d'une grande ferme.

 

 

II° s. av. J.C.

Pseudo-Apollodore (Apollodore le Mythographe), auteur de la Bibliothèque, a
nciennement attribué à Apollodore d'Athènes (II° siècle av. J.-C.).


Bibliothèque de mythologie, III, 9, 2 


(le prétendant muni des pommes s'appelle Mélanion dans cette version) : 

"Comme son père voulait la persuader [Atalante] de se marier, elle alla planter au milieu du stade un pieu de trois coudées, et elle faisait partir de là la course de ses prétendants, tandis qu'elle-même courait en armes. Celui qui était rattrapé devait mourir sur le champ, celui qui ne l'était pas avait droit au mariage. Alors que beaucoup étaient morts déjà, Mélanion, qui était amoureux d'elle, vint pour la course, avec des pommes d'or reçues d'Aphrodite. Au cours de la poursuite, il les jetait ; et elle, ramassant les fruits jetés, perdit la course. Mélanion l'épousa donc". 

 

 

Varron (Marcus Terentius Varro) écrivain latin (116/27 av. J.-C.), chargé par César d’organiser la première bibliothèque publique de Rome, rédigea un traité d’économie rurale Rerum rusticarum. Il y indique que chaque région possédait ses pommiers.

Ce savant naturaliste, cite un certain Posis (qu'on croit être Posidonius) qui imitait si artistement les pommes et les raisins, que "ces imitations placées auprès des fruits naturels, on ne pouvait que difficilement les distinguer."

 

 

Virgile (70 av. J.-C. - 19 av. J.-C. ), poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.

 

Bucoliques - III


Damétas
..."Galatée me jette une pomme, la folâtre jeune fille ! et fuit vers les saules ; et avant de se cacher, désire être vue"...

 

 


(58 - 51/50 av. J.-C.).

La Gaule celtique, appelée Celtica en Latin,

Pour les Gaulois, le pommier, mot d’origine celtique, était un arbre sacré comme le chêne, sans doute parce qu'il est souvent chargé de gui sacré vénéré par les druides.

Les Celtes, qui envahirent la Gaule au cours du Ier millénaire, appréciaient beaucoup la pomme. 

Aussi lorsque les Romains arrivèrent en Gaule, ils y trouvèrent déjà le pommier dont les Gaulois tiraient du cidre. Celui-ci avait un goût acre, car préparé avec des pommes sauvages faiblement sucrées et fortement acides.


 

 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 


Ovide, en latin Publius Ovidius Naso, (43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C.)
poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain. 


Les Métamorphoses - Livre VIII

..."Bientôt arrivent les mets apprêtés sur la flamme, et le vin qui n'a pas eu le temps de vieillir, et que Baucis écarte un peu pour faire place aux mets du second service. On voit paraître, dans des corbeilles, des noix et des figues mêlées aux fruits ridés du palmier, des prunes, des pommes parfumées, et des grappes cueillies sui les tiges vermeilles de la vigne ; placé au milieu de la table, un blanc rayon de miel couronne le banquet. Le repas fut assaisonné par ces manières affables et cette bonne volonté pleine d'empressement qui donne du prix à toute chose"... 

 

 

Les métamorphoses -  LIVRE X

Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008)
Atalante et Hippomène (10, 519-739)

la course d'Atalante et d'Hippomène - leur métamorphose en lions (10, 638-707)

..."Vénus poursuit son récit, disant avoir été émue par la prière d'Hippomène au moment où il allait se mesurer à Atalante. Pour l'aider, la déesse lui remet secrètement trois pommes d'or cueillies dans son verger sacré de Tamasos, en lui disant quel usage en faire. (10, 638-651).

Les deux concurrents s'envolent sur la piste, et les encouragements des spectateurs qui soutiennent Hippomène ne gênent nullement Atalante, qui parfois s'attarde pour contempler son concurrent. Épuisé par la course, Hippomène lance à deux reprises une pomme d'or ; Atalante s'attarde à les ramasser, mais a vite fait de repasser en tête. Finalement, il lance la troisième pomme sur le côté, non sans faire à nouveau appel à Vénus ; la déesse, malgré les hésitations d'Atalante, la contraint à ramasser la troisième pomme (alourdie à dessein par la déesse) et ainsi Vénus permet à Hippomène de gagner la course et d'épouser Atalante, à la grande satisfaction des deux jeunes gens. (10, 652-680)

Mais Vénus, outrée par l'indifférence d'Hippomène à son égard, décide de punir l'ingratitude des deux amoureux. Un jour où tous deux se reposent près d'un ancien sanctuaire consacré à Cybèle, Hippomène, à qui Vénus inspire un désir intempestif d'ébats amoureux, s'unit à son épouse, sans tenir compte de l'interdit attaché à l'endroit. Pour les châtier, Cybèle les métamorphose aussitôt en lions redoutables, qui sont attelés à son char et qu'elle seule est capable de maîtriser. (10, 681-704)

Déjà peuple et nobles réclament les courses au programme,lorsque Hippomène, le descendant de Neptune, m'invoque d'une voix inquiète et dit :

“ Que Cythérée assiste, je l'en supplie, mon acte audacieux, et favorise les feux qu'elle a allumés en moi. ”

La brise bienveillante m'apporta cette prière touchante, et, je l'avoue, j'y fus sensible. Il ne restait pas beaucoup de temps pour intervenir.

Il est un champ, que les gens du lieu appellent champ de Tamasos, la partie la plus riche de l'île de Chypre ; leurs ancêtres jadis me l'ont consacré, ordonnant d'en faire une dot ajoutée à mes temples. Au milieu du champ, resplendit un arbre au fauve feuillage, dont on entend bruire les rameaux d'or fauve.

Je venais justement de là et j'apportais trois pommes d'or, cueillies de ma main. Invisible pour tous, excepté pour lui, j'allai vers Hippomène et lui expliquai quel usage en faire.

Les trompes avaient sonné  : les deux coureurs, penchés en avant, s'élancent de la ligne de départ, effleurant le sable de leurs pieds agiles.

On pourrait penser qu'ils rasent la surface des flots à pied sec, et qu'ils courent sans les coucher sur les épis d'une blonde moisson.

Le jeune homme se sent encouragé par la clameur et la sympathie du public qui crie :

“C'est maintenant, maintenant le moment, Hippomène, hâte-toi ! Vas-y de toutes tes forces, c'est le moment ! Ne traîne pas, tu seras vainqueur !”

On ne sait qui apprécie le plus ces paroles : le héros, fils de Mégarée, ou la fille de Schénée.

Que de fois, alors que déjà elle aurait pu le dépasser, elle s'est attardée
à contempler longtemps son visage et ne l'a distancé qu'à regret !

Le jeune homme épuisé haletait, avait la bouche sèche et la borne était loin ; alors le descendant de Neptune lança finalement un des trois fruits de l'arbre. La jeune fille fut surprise ; attirée par la pomme brillante, elle détourne sa course et ramasse cet or qui roule sur le sol.

Hippomène la dépasse ; les gradins résonnent sous les applaudissements. Elle, d'un pas accéléré, corrige son retard et regagne le temps perdu. Une nouvelle fois elle laisse le jeune homme derrière elle ; puis à nouveau mise en retard par le lancement de la seconde pomme, elle rattrape et dépasse le garçon. Restait la dernière phase de la course :

"Maintenant ”, dit-il, “aide-moi, déesse, toi, l'auteur de ce présent !”
Et sur un côté de la piste, pour retarder le retour d'Atalante, il lança en oblique avec sa force juvénile le fruit d'or étincelant.

La jeune fille sembla hésiter à aller la chercher : je la forçai à la ramasser, et rendis plus lourde la pomme qu'elle avait soulevée, gênant sa course tant par le poids à porter que par le retard occasionné.

Pour éviter de parler plus longuement que la durée de la course, la fille fut distancée et, pour prix de sa victoire, le vainqueur l'épousa.

Louis Galloche Paris, (1670-1761) - Hippomène et Atalante

 

 

 

Pline l’Ancien (23/79 apr. J.-C.),

écrivain et naturaliste romain du I° siècle, auteur de l’Histoire naturelle Naturae Historiarum libri en trente sept volumes, considéré comme le plus illustre apôtre de la science romaine, décrivait vingt-neuf espèces de pommiers cultivées dans les diverses parties de l'Empire romain, employés tant pour leurs vertus médicinales qu’alimentaires. 

Il fait état d’une variété de pommes greffées appelées mala orthomastia (au sein dressé en raison de leur ressemblance avec les seins) 

Pour les Romains, en effet, la pomme est avant tout métaphore de la joue.

Les pommes étaient mangées crues ou cuites à la vapeur, sous la cendre, dans du vin ; on en faisait des marmelades, etc.

 Il est également dit que les Romains faisaient des pépins de pomme un usage particulier : ayant connaissance du poison qu’ils contiennent, ils s’en servaient lors des exécutions. 
 

 

 

 

II° siècle

 


Athénée de Naucratis (vers 170) , érudit et grammairien grec.

Il est l'auteur des Deipnosophistes, une compilation d'anecdotes et de citations d'auteurs antiques souvent perdus, portant sur l'univers culinaire, matériel et social du banquet, ce qui en fait une source de premier plan.

 

Le Livre ΙΙI des Deipnosophistes

texte grec

Banquet des savans, 

Traduit, tant sur les Textes imprimés, que sur plusieurs Manuscrits, PAR M. Lefebvre de Villebrune

Pommes.

 

. Mnésithée d'Athènes les appelle pommes de Delphes, dans son traité des comestibles. 

 

. Diphile (IV° siècle av. J.C.) poète comique grec dit :  

...Les pommes vertes et non encore mûres, sont d'un mauvais suc, font mal à l'estomac, y causent des flatuosités, engendrent de la bile, rendent malade, et donnent lieu à des frissonnements. Quant aux pommes mûres, celles d'une saveur douceâtre, ont un meilleur suc, passent plus aisément, parce qu'elles n'ont aucune astringence. Les pommes acides ont le plus mauvais suc, et resserrent trop : celles dont la douceur est un peu moindre, et qui flattent le palais lorsqu'on les mange, vont mieux à l'estomac, à cause de leur légère astringence. Entre les pommes, celles d'été ont un moins bon suc; et à cet égard, celles de l'automne sont préférables. Les orbicates ayant certaine astringence mêlée de douceur, vont bien à l'estomac. Les sétanies et les platanies ont, à la vérité, un bon suc, passent bien, et cependant l'estomac ne s'en accommode pas. Les mordianes viennent très belles à Apollonie, autrement Mordiée, et sont analogues aux orbicates...

 


. Philothime,

...Au treizième livre de son traité des aliments, dit : 

Les pommes de printemps, vertes ou mûres, digèrent plus difficilement que les poires vertes ou mûres : elles ont les qualités des fruits d'un suc fluide; c'est-à-dire, que les pommes aigrelettes, et non encore mûres, ont trop d'astringence et certaine acidité ; qu'ainsi elles développent dans le corps un suc qui ratisse ; et en général, les pommes digèrent moins facilement que les poires. Ainsi, nous digérons moins une petite quantité de pommes que nous avons mangées, qu'une plus grande quantité de poires. 

 

 

. Comme le dit Praxagoras (2° moitié du IV° siècle av. J.C.)), médecin grec de la famille des Asclépiades, 

...C'est des pommes que résulte ce suc qui ratisse, : d'ailleurs des substances qui digèrent à peine, ne peuvent que rendre les humeurs épaisses. Il est donc démontré en général que les pommes digèrent moins facilement que les poires, et que les substances acerbes rendent ordinairement les humeurs trop épaisses. 

 


. Comme le dit Euphorion d'Athènes (V° siècle av. J.C.) poète tragique grec ou Archytas, dans la pièce intitulée la Grèce :

...Il vient d'excellentes pommes à Sidonte, bourgade des dépendances de Corinthe, 

"Vermeil comme la pomme pourprée qui croît sur les rives argileuses de la petite Sidonte."

 

 

. Nicandre (II° siècle av. J.C.) grammairien, poète et médecin grec, 
fait ainsi mention de ces pommes dans ses Métamorphoses.

"Aussitôt qu'il eut cueilli des pommes mûres à Sidonte, ou dans les jardins de Pliste, il y traça les caractères de Cadmus."

 

 

. Arian et Apollodore d’Athènes, parfois nommé Apollodore le Grammairien, (II° siècle av. J.C.) grammairien grec  le premier, dans son Héracléide, le second, dans son cinquième livre du dénombrement des vaisseaux, disent que : 

"Sidonte est une bourgade des environs de Corinthe".

 

 

. Antigone de Caryste (IV° et III° siècle av. J.C.) désignant au moins deux intellectuels grecs dit, dans son Antipatre :

"Où trouverai-je celui qui est plus charmant que ces beaux fruits de la saison, que dis-je, plus brillant que ces pommes très vermeilles que produit la venteuse Éphyre ?".

 


. Androtion (v. 410 av. J.C. - 346 av. J.C.) historien, politicien et atthidographe grec, dit dans ses Géorgiques : 

...Des pommiers phaulies et des struthies car la pomme ne quitte pas le pédicule des struthies, mais les pommes de printemps, ou celles de Laconie, ou celles de Sidonte, ou celles qui ont un duvet....

...Mais, messieurs, j'ai surtout admiré les pommes que l'on vend à Rome, et que l’on appelle mattianes : on les apporte, dit-on, d'une bourgade située dans les Alpes voisines d'Aquilée. Cependant celles qui croissent près de Gangres, ville de Paphlagonie, ne leur cèdent en rien

 

 

. Que les pommes soient un présent de Bacchus, c'est ce qui est confirmé par ce passage de Théocrite (vers 310 - vers 250 av. J.-C.), poète grec,  :

"Il gardait dans son sein les pommes de Bacchus, ayant sur la tête une couronne de peuplier, arbre consacré à Hercule."

 

 

. Néoptolème de Parion, grammairien du III e siècle av. J.C. rapporte, dans sa Dionysiade, que les pommes, et en général tous les fruits des arbres ont été trouvés par Bacchus.

 

 

. Pamphile dit que certaines espèces de poires se nommaien épimelis. qu'elles avaient une très bonne odeur ; qu'on n'en mangeait pas, et qu'on les appelait les pommes des Hespérides.

 

 

. Timachidas de Rhodes (II - I° siècle av. J.C.) ancien poète et grammairien grec de l'île de Rhodes dit dans son liv. 4e, qu'on donnait aussi ce nom à certaines pommes des Hespérides ; que ces pommes-ci se présentaient aux Dieux à Lacédémone ;

 

 

. Aristocrate dit, au quatrième de ses Laconiques : 

"Outre cela des pommes, et celles qu'on appelle Hespérides."

 

 

. Théophraste (v. 371 av. J.C. - 322 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

parlant (livre II de son histoire des plantes) des arbres dont le fruit n'est pas manifeste, s'exprime ainsi : 

"Comme le principe des plus grands végétaux, tels que celui de l'amande, de la noix, de la grenade, de la poire, de la pomme,  est connu, excepté celui de la pomme de Perse, qui ne l'est absolument pas, etc. "

 

 

. Diphile de Siphne, médecin parle ainsi, dans son traité des aliments propres aux malades et aux gens en santé :

"Les pommes que l'on appelle pommes de Perse, ou, selon d'autres, les prunes (coccymeles) de Perse, sont d'un suc de moyenne qualité, mais plus nourrissantes que les pommes ordinaires."

 

 

. Les Gloses Laconiques d'Aristophane (V° siècle av. J.C.) grammairien et poète comique grec nous apprennent que :

les Lacédémoniens appelaient prunes (ou coccymeles) les pommes acides de Perse, auxquelles d'autres donnaient le nom d'adria.

Albert Herter  (1871-1950) - Jardin des Hespérides - 1898

 

 

 

II-III° siècle

 

Longus ou Longos (fin II° siècle  - début III° siècle)

 

Daphnis et Chloé est un roman grec attribué à un Longus ou Longos daté du II° ou III° siècle de l'ère chrétienne.

 

..."Parmi ces pommiers, un ayant été déjà tout cueilli, n'avait plus ni feuille, ni fruit. Les branches étaient nues, et n'étaitt demeuré qu'une seule pomme à la cime de la plus haute branche. La pomme, belle et grosse à merveille, sentait aussi bon et mieux que pas une ; mais qui avait cueilli les autres n'avait osé monter si haut, ou ne s'était soucié de l'abattre : ou possible une si belle pomme était réservée pour un pas teur amoureux. Chloé l'en voulut garder, mais il n'en tint compte : pourquoi elle, peureuse et dépite de n'être point écoutée, s'ent fut où étaient leurs troupeaux ; et Daphnis, montant au fin fâîte de l'arbre, atteignit la pomme  qu'il cueillit et la lui porta ; et la voyant mal-contente, lui dit telles paroles :

"Cette pomme Cloré, ma mie, les beaux jours d'été l'ont fait naître ; un bel arbre l'a nourrie, puis mûrie par le soleil ; fortune l'a conservée. J'eusse été aveugle vraiment de ne pas la voir là, et sot l'ayant vue de l'y laisser, pour qu'elle tombât à terre et fût foulée aux pieds des bêtes ou envenimée de quelque serpent qui eût frayé au long ; ou bien demeurant là-haut regardée, admirée, enviée, eût été gâtée par le temps. Une pomme fut donnée à Vénus comme à la plus belle ; tu mérites aussi bien le prix. Ayant même beauté l'une et l'autre vous avez juges pareils. Il était berger, lui ; moi, je suis chevrier."

Disant ces mots, il mit la pomme au giron de Chloé : et elle, comme il s'approcha, le baisa si soèvement qu'il n'eut point de regret d'être monté si haut pour un baiser qui valait mieux à son gré que les pommes d'or. 

Antonio-Zucchi -Daphnis offrant une pomme à Chloe


 

 

VIII° siècle

 


Charlemagne (768-814) en tant que "fermier"  fort avisé qui tient à la bonne exploitation de ses terres, ordonne qu’il y ait dans chaque métairie, des pommiers de différentes espèces pour que l’on fabrique du cidre.

 

Charlemagne - par le Maestro del Castello della Manta dans la fresque des Neuf Preux du château de Manta, près de Saluces.


 

 

 


IX° - XI° siècle

 

 


Au IX° siècle, le pommier est présent dans les jardins de l’abbaye de Saint-Gall (Suisse), et inscrit sous le nom de pomarius dans le Capitulaire de Villis carolingien. 


Il est en faveur à cette époque médiévale, en particulier pour les vertus médicinales de ses feuilles (affections de la rate, du foie, de l’estomac et des intestins), de sa sève (douleurs goutteuses, rénales et stomacales), parfois même de la mousse qui pousse sur son tronc !

 

 

Au Moyen Âge, les pommiers domestiques se déploient aux portes des châteaux et des manoirs, à la périphérie des monastères.

Le ramassage des pommes devient une des corvées due au seigneur. Peu utilisée dans la cuisine, la pomme est à la base de la boisson que nous appelons cidre.

 


La première mention écrite de cidre en Normandie remonte à l’an 1082. 
 

 

 

 

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux (1090-1153) moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Ce n’est qu’au 11ème siècle, que Saint Bernard réhabilite le pommier dans la religion chrétienne :

il représente l'amour et la connaissance, l'arbre de vie au milieu du jardin.. C’est le retour du fameux pommier des Cantiques, reconstituant ainsi le paradis terrestre. C'est pourquoi tous les cloîtres possédaient leur pommier, symbole de vie…



 

 

 

1100

La plus ancienne attestation du mot en français remonte vers l'an 1100 dans la Chanson de Roland sous la forme "pume"

 


La Chanson de Roland

 

..."Er main sedeit li Emperere suz l’umbre ;

Vint i ses niés, out vestue sa brunie,

E out preiet dejuste Carcasunie.

En sa main tint une vermeille pume :  

 - Tenez, bel sire, dist Rollanz à sun uncle, 

De trestuz reis vus present les curunes"...    

    

..."L’autre jour encore, l’Empereur était assis à l’ombre.

Son neveu vint devant lui, vêtu de sa broigne 

C’était près de Carcassonne, où il avait fait riche butin.

Dans sa main il tenait une pomme vermeille :

- Tenez, beau sire, dit-il à son oncle,

Voici les couronnes de tous les rois que je mets à vos pieds"... 

 

 

 

XII° siècle

 


Hildegarde de Bingen (1098-1179), abbesse bénédictine et musicienne, 

Le Livre III de la Physica ou Livre des Subtilités des créatures divines d’Hildegarde de Bingen (vers 1150-1160) s'ouvre sur une préface puis traite de 63 espèces d’arbres (De arboribus - Des arbres). 


La préface indique la méthode d’approche par le double critère antique de la théorie des humeurs (chaleur ou froid, sécheresse ou humidité). Chaque chapitre reprend cette sélection, en y joignant les remèdes aussi bien pour l’homme que pour les animaux. A l’image du microcosme et du macrocosme, "l’âme dans le corps est comparable aux sucs d’un arbre, elle est vraiment comme le pouvoir qu’a l’arbre de faire pousser des fruits."

Celui qu’Hildegarde appelait Affaldra (un terme proche de l’actuel mot allemand servant à désigner cet arbre : apfelbaum) avait la réputation de donner des fruits digestes pour les bien-portants, même crus. 


Par contre, Hildegarde les déconseille aux malades, à l’exclusion des vieilles pommes flétries, davantage profitables.

Elle décrit :

Pommier (Affaldra) (Pirus malus) :

"Le pommier est chaud et humide et a une humidité si élevée qu'il coulerait même s'il n'était pas maintenu par la chaleur (…). 

Le fruit de cet arbre est doux et facilement digestible. Les aliments crus ne nuisent pas aux personnes en bonne santé. Les pommes poussent à partir de la rosée lorsqu'elle est pleine de vigueur, c'est-à-dire du premier sommeil de la nuit jusqu'au jour où elle se brise presque, car elles préfèrent que la rosée se développe. Ils sont bons pour les personnes en bonne santé à manger crus, car ils mûrissent sous la force de la rosée. Les pommes crues sont un peu nuisibles aux malades à cause de leur faiblesse. Mais cuites ou rôties, les pommes sont bonnes pour les personnes malades et en bonne santé. Une fois que les pommes ont vieilli et que la peau s'est contractée comme des raisins secs, elles sont bonnes pour les personnes malades et en bonne santé à manger crues."

 

Pommier - "Tacuinum sanitatis"
Manuel médiéval  basé sur le taqwim As-Sihhah, traité médical arabe du XI° siècle par IBN Butlan de Bagdad



 

La tradition orale en gallois va être transcrite, mais tardivement, vers 1150, dans un récit intitulé Afallenau, ce qui signifierait les pommiers. 

 

Cependant, la culture des pommes est attestée en Normandie de manière antérieure à la boisson par des noms de lieux anglo-scandinaves qu'il est possible de dater assez précisément, comme remontant à peu près au xe siècle : Auppegard (Appelgart vers 1160), Épégard (sous la forme latinisée Auppegardus en 1181), comparables à Applegarth dans le Yorkshire (du vieil anglais æppel "pomme", suivi du vieux norrois garðr "clos"). 

 

Au début du Moyen Âge, les auberges et marchands vendent une sorte de cidre appelé en latin médiéval "succus pomis" ou "pomatium" réalisé à partir de pommes sauvages concassées et allongées d'eau, consommée lors des disettes de céréales ou de vin.


Les pommiers sauvages sont très tôt répandus dans toute l'Europe et les traditions cidricoles abondantes qui perdurent localement comme en Autriche.

 

Un guide basque du XII° siècle informe les pèlerins en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle que le Pays basque propose des pommes et du cidre en abondance. 


Les Basques cependant en exportèrent jusqu'en Méditerranée. 


Dès 1189, apparaît dans "le Labourd" le premier règlement écrit sur les pommeraies, suivi par d’autres documents, ordonnances et décrets royaux de Navarre sur les pommiers et le cidre. De nos jours, il s'y déguste dans un Sagardotegi, établissement à mi-chemin entre un restaurant et "une maison de cidre".

 

 

En Italie, l’on met en évidence les propriétés laxatives de la pomme. 

 


L’école de Salerne 

"post pomum vade cacatum"
 (après la pomme allez en quelque lieu secret, où vous puissiez en paix laisser votre paquet !)

la cueillette des pommes, enluminure du Tacuinum Sanitatis

 

 

 

La pomme fut fréquemment utilisée comme le fruit défendu dans la littérature, notamment, au XIIe siècle, par Marie de France (1160-1210) poétesse :


..."Je crois avant tout au  Créateur  qui nous délivra du malheur

où nous mit  Adam notre père en mordant dans la pomme amère.

Il est, sera et fut toujours vie et lumière pour les pécheurs.

Si vous ne me croyez pas, faites venir votre chapelain"...

 

Gustave Courtois  (1852–1923) Adam et Eve

 

 

Geoffroy de Montmouth (vers 1095-1155), évêque et historien gallois au service du roi Henri I° d'Angleterre, écrivant en langue latine et familier du monastère de Glastonbury.

Histoire des rois de Bretagne vers 1135, 

...Avalon, île mysthique de l’Autre monde, où vivent la fée Morgane et ses huit sœurs magiciennes.

C’est à Avalon que le roi Arthur est conduit en barque par trois prêtresses après avoir été mortellement blessé à la bataille de Camlann par son fils incestueux, le chevalier félon Mordred. L’île ne doit pas servir d’ultime demeure au roi mythique, mais être simplement l’endroit où il reposera en attendant son retour parmi les Hommes. 

L'île mystique, semblable à un rêve mais où on peut agir consciemment et influer sur le monde, au centre de laquelle se dresse un mont constamment couronné de brumes servant à la dissimuler au regard. Seuls quelques privilégiés y ont accès, et l’île constitue d’ailleurs le dernier refuge de la tradition celtique...


...Lorsque Galahad retrouve le Saint-Graal, on peut accéder à Avalon par deux moyens : avec une barque qu’il faut savoir invoquer ainsi que son équipage, ou bien par un labyrinthe marécageux dont l’emplacement est inconnu. L'île à la végétation luxuriante, où le temps ne s’écoule pas, où les pluies sont toujours douces et les tempêtes radieuses, et sur laquelle on peut trouver, parmi les nombreuses vignes et les vergers toujours fleuris, de magnifiques pommiers dont les fruits sont un gage d’immortalité (Avalon, Insula Pomorum, signifie d’ailleurs "l’île des pommes" dans sa racine celtique)"... 


Sir Galahad à la chapelle en ruine -  Dante Gabriel Rossetti


 

Pommes d’Adam.
Jacques de Vitry (1160/1170-1240) historien et auteur spirituel, confesseur de Marie d'Oignies, prédicateur populaire, et évêque de Saint-Jean-d'Acre.

Il fut nommé cardinal-évêque de Tusculum en 1228.

Il raconte : 

..."On trouve dans la Palestine des arbres qui portent de très-beaux fruits et des pommes orangées, dans lesquelles on remarque comme la morsure d’un homme, et que pour cela on appelle pommes d’Adam"... 

Thomas de Cantimpré (1201?-126.?) : Liber de natura rerum

 

 

 

A la fin du XII° siècle le globe crucifère du Saint Empire Romain Germanique est qualifié de Reichapfel ou "pomme de l'Empire", évocation de prospérité et d'abondance dont l'empereur est garant

 

 

 

XIII° siècle

 

 


Guillaume le Breton (1165-1225) prêtre et chroniqueur breton, biographe du roi de France Philippe Auguste, rédige une biographie en latin décomposée en chants, La Philippide, entre 1214 et 1224, il cite les cidres du pays d'Auge dans plusieurs endroits de son poëme la Philippide :


     

Siceræ que tumentis


Algia potatrix...........

Non tot in autumni rubet Algia tempore pomis

Unde liquare solet siceram sibi neustria gratum.

 

 


Étienne Boileau (v.1200/1210-1270), un des premiers prévôts de Paris que l'on connaisse, nous apprend dans le livre des métiers que les pommes apportées sur les marchés de la bonne ville, y acquittaient les droits de coutume ou ton-lieu (ton legium).


Sévère et redouté, il réprime les abus, réorganise les corporations d'arts et métiers, fait inscrire leurs coutumes et règlements ainsi que les octrois perçus et les juridictions de Paris sur un registre,


 

 


Dès la fin des invasions "vikings" le clergé et la noblesse y encouragent la plantation de pommiers. 

 

Au Moyen Âge, les monastères et les couvents ont joué un rôle important dans le développement de la culture du pommier.

 

 

Ainsi, avant son annexion par la France en 1204, ce pays est une véritable pépinière de pommiers. Après son invasion, elle devient le verger de la France. 

À partir du XIII° siècle, l'usage de la poire commence à concurrencer celui de la pomme, 


 

 

 

XIV° siècle - XV° siècle

 

 

1317

Vierge à la pomme du XIV° siècle

Cathédrale Sainte-Marie de Lombez

Cathédrale catholique romaine, située à Lombez, dans le département du Gers,


 


14° siècle

Adam and Eve - Le fruit défendu 

Miniature Master of the Champion of Ladies 
manuscrit "Des hommes illustres"

par Giovanni Boccaccio (Jean Boccaccio(1313-1375)

Bibliotheque Inguimbertine, Carpentras, France 


 

 

 

 

La consommation de cidre reste longtemps très localisée dans quelques régions.

Au XIVe siècle, la production s'étend et la consommation explose dans les villes comme dans les campagnes. 

Sur les tables modestes, le cidre remplace la cervoise et son succès se prolonge après le XVe en gagnant des régions où il était quasiment inconnu comme la Bretagne...


 


 

Olivier Basselin, (1403-1470), poète populaire normand

Dans ses chansons normandes intitulées les Vaux de Vire, d'où dérive, dit-on, le nom de Vaudeville, appliqué aux pièces de théâtre, émaillées de couplets spirituels et chantés où étincelle la verve parisienne, a fait en ces termes l'apologie du cidre :

 

...De nous se rit le François, 

Mais, vrayement, quoy qu'il en die,

Le sidre de Normandie

Vaut bien son vin quelquefois,

Coule à val, (5) et loge ! loge !

Il fait grand bien à la gorge.


 
Ta bonté, ô sidre beau !

De te boire me convie ;

Mais, pour le moins, je te prie,

Ne me trouble le cerveau.

Coule à val etc.


...

 

Le bon sidre, en dit-on rien ?

         Il vaut bien

Que quelque chose on en die ;

Et certes, qui m'en croirait,

         On n'aurait

Autre boire en Normandie....
 

 


1474


D'après le Livre blanc de Sarnen 

Histoire de Guillaume Tell


Guillaume Tell "le Tall" (écrit Thäll dans celui-ci)est un homme honnête qui avait juré avec Stauffacher et d'autres partisans de résister aux seigneurs. 


À cette époque, sous l'empereur Albert Ier de Habsbourg, les baillis établis par son père Rodolphe I° de Habsbourg se livrent à des exactions. Le 25 juillet 1307, l'un de ces baillis, Hermann Gessler, fait ériger un poteau sur la place des Tilleuls à Altdorf et y accroche son chapeau, obligeant tous les habitants à se courber devant le couvre-chef. Or, le dimanche 18 novembre 1307 Guillaume Tell "le Tall"  passe plusieurs fois devant le poteau coiffé sans faire le geste exigé. Dénoncé, il comparaît dès le lendemain devant Gessler. L'accusé invoque alors sa simplicité, sa distraction et le fait qu'il ignorait l'importance qu'avait le geste pour le bailli.

 

Gessler lui ordonne alors de percer d'un carreau d'arbalète une pomme posée sur la tête de son propre fils. En cas d'échec, l'arbalétrier sera mis à mort. Malgré ses supplications, le bailli reste intraitable. Tell s'exécute et coupe le fruit en deux sans toucher l'enfant.

 

Or, Gessler, ayant vu Tell dissimuler un second carreau sous sa chemise, lui en demande la raison. Tell prétend d'abord qu'il s'agit d'une simple habitude. Mais le bailli encourage Tell à parler sincèrement en lui garantissant la vie sauve. Tell répond alors que si le premier trait avait manqué sa cible, le second aurait été droit au cœur du bailli. Gessler fait arrêter Guillaume Tell sur-le-champ. On l'enchaîne et confisque son arme. On l'emmène d'abord à Flüelen, où l'on embarque pour Brunnen avant de mener le prisonnier au château du bailli à Küssnacht, où Tell doit finir ses jours dans une tour. Mais, au cours de la traversée du lac des Quatre-Cantons, une tempête menace la frêle embarcation.

 

Tell, qui connaît le mieux la manœuvre, est chargé d'assurer la conduite de la barque jusqu'au rivage. Arrivé à proximité, il bondit à terre au lieu-dit Tellsplatte, près de Sisikon, et repousse la barque d'un coup de pied. Ce fait est commémoré dans la chapelle de Tell, dont la première aurait été érigée sur le site en 1388. Par la suite, Tell tue le bailli dans le chemin creux entre Immensee et Küssnacht.

 

Selon Aegidius Tschudi, cet épisode se produit deux mois avant "l'incendie des châteaux" (1° janvier 1308), un autre épisode légendaire qui marque la rébellion des Suisses contre les ducs d'Autriche. Selon Tschudi, le tyrannicide de Tell est diversement apprécié par les chefs du soulèvement.

 

Guillaume Tell. Gravure extraite de la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster, 1554.


 

 

 

Bibliothèque nationale de France

BnF Archives et Manuscrits 

Dans cette enluminure du XVe siècle, les deux grandes figures féminines du récit biblique apparaissent séparées par l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

À Ève, revient le fruit fatal ; à Marie, le crucifix de la religion nouvelle. 


 

 

 

Maître des Heures de Jean Charpentier XV° siècle

Retour d'Égypte

Bibliothèque municipale d'Angers 


 

 

 

Horae ad usum Romanum,

dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1457 ?-1521).

Enlumineur Jean Bourdichon, 

Fleurs de pommier

 

 

 

Au Moyen-Age,

Les pommes servent de support aux pommades, d’où l’expression se pommader. La pulpe de la pomme réduite en purée est étalée sur les plaies afin de cicatriser plus vite. 

Pomme d'Api - Alphonse Mas , Le verger, aquarelles, 1865

 

 

 

XV° siècle - XVI° siècle

 

 

Christine de Pisan, (1364-vers 1430) philosophe et poétesse italienne de naissance vénitienne.

Elle est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Veuve et démunie, elle dut gagner sa vie en écrivant.

Epître d’Othéa,

La Haye, Bibliothèque Meermanno, KB74G27 1450-1475

Discorde jette une pomme d’or au banquet de Thétis et de Pélée 

 

 

 

Atelier Diebold Lauber, vers 1442-1448

Diebold Lauber (actif entre 1427 et 1471) a dirigé un des plus prospères ateliers d’écriture et d’enluminure du XV° siècle à Haguenau en Alsace.

Le livre de la nature - Haguenau

 

 

 

1493

gravure issue de Liber chronicarum, 

Edité en 1493.

Adam et Eve 


 

 

Sandro di Mariano Filipepi, dit Botticelli (1445-1510) :

L'Automne ou Allégorie contre l'abus du Vin.

Musée Condé - Chantilly


 

 

 

XV°

L'église de la Madeleine Verneuil-sur-Avre (Eure)

La Vierge à la pomme

 

 

 

Girolamo di Benvenuto (1470-1525) 

peintre italien de l'école siennoise

Le jugement de Paris - v.1500


 

 

 

 

Raphaël (Raffaello Santi 1483-1520) 

peintre et architecte italien de la Haute Renaissance

Jeune homme à la pomme - 1505

Portrait de Francesco Maria I della Rovere

 

 

 

Raphaël (Raffaello Santi 1483-1520) 

peintre et architecte italien de la Haute Renaissance

Les trois grâces, 1503-1508, 

Musée Condé, Chantilly, France

 

 

Albrecht Dürer, (1471-1528) dessinateur, graveur et peintre allemand de la Renaissance,

Dürer élabore, en 1507, sa fameuse gravure d’Adam et Ève. 


 

 


Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553) peintre et graveur de la Renaissance allemande.

La Vierge à l'Enfant Jésus sous le pommier

 

 

Hans Baldung, dit Grien (en raison de sa prédilection pour la couleur verte - 1484-1545), graveur, dessinateur, peintre et vitrailliste allemand de la Renaissance. 

Eve, le serpent et la mort - le fruit défendu


 

 

 

1539 

Les riches florentines du XVI° siècle utilisaient la "pomata" (pommade), préparation onctueuse composée d'axonge (saindoux) et de pulpe de pomme cuite (pomme d'api) pour les soins de la peau ou des cheveux.

14h Bronzino (Agnolo di Cosimo, dit), Portrait d’Eléonore de Tolède, (1503-1572) 1560


 

 

 

Titien ou le Titien (Tiziano Vecellio 1488-1576)

peintre et graveur italien (vénitien) de l'école vénitienne.

Adam et Eve

 

 

 

Jacobus Theodorus Tabernaemontanus (1522-1590), botaniste et médecin allemand.

La réputation de ses livres tient à la qualité des gravures et des descriptions.

Il destine l’eau distillée des fleurs de pommier aux soins de la peau et aux rougeurs du visage. 


 

 

John Gérard (John Gérarde , vers 1545–1612, Jean Gérard)

botaniste anglais possédant un grand jardin d'herbes à Londres. 


Son Herball illustré de 1484 pages , ou Histoire générale des plantes , publié pour la première fois en 1597, est devenu le livre de botanique le plus répandu en anglais au 17ème siècle. 


 L'Herball ou Histoire Générale des Plantes (1597)
Editeur : John Norton
Année : 1597


 

..."Les pommes rôties sont toujours meilleures que les pommes crues, dont le mal est à la fois réparé par le feu, et peut aussi être corrigé en y ajoutant des graines ou des épices.
  Les pommes sont bonnes pour un estomac chaud : celles qui sont austères ou un peu dures renforcent un estomac faible et affaibli par la chaleur.

    Les pommes sont également bonnes pour toutes les inflammations ou gonflements chauds, mais surtout celles qui commencent si elles sont appliquées à l'extérieur.

    Le jus de pommes qui est doux et de goût moyen, est mélangé dans la composition de divers médicaments, et aussi pour tempérer les humeurs mélancoliques, et également pour raccommoder les qualités des médicaments qui sont secs (comme le sont…etc).

    Il existe également un onguent à base de graisse de pomme et de porc et d'eau de rose, qui sert à embellir le visage et à enlever la rugosité de la peau, qui s'appelle dans les magasins Pomatum, des pommes dont il est fait.

Les pommes coupées en morceaux et distillées avec une quantité de camphère et de babeurre enlèvent les marques et les cicatrices causées par les petites poches"...

Illustrations de deux pommes, gravures sur bois recyclées John Gerard's Herball (1597)

 

 

 

Au XVI° siècle on oppose 

la poire, fruit délicat fondant des aristocrates

et la pomme, fruit du paysan (coupe-faim dont la mastication sonore rend le fruit grossier).

 

 

 

XVII° siècle - XVIII° siècle

 


En 1620, le Mayflower, rejoint les Etats-Unis avec, à son bord, les pères pèlerins et les premiers pommiers destinés à l'Amérique.

 

Le départ du Mayflower, par le peintre Bernard Gribble (1872- 1962) 

 

 

L'amérique, un continent où se développera la légende de John Chapman (1774-1845), plus connu sous le nom de Johnny Appleseed ("Johnny pépin-de-pomme"), est un botaniste et pépiniériste américain, qui s'était donné pour mission de propager les pommiers à travers le pays à la fin du 17ème siècle. 

Il aurait planté 35 vergers, notamment dans l'Ohio, dans l'espoir de voir l'arbre se multiplier à l'infini.


 

 

 

Pierre Le Lectier, décédé le 14 septembre 1636, fut procureur du roi Louis XIII à Orléans.

À partir de 1598, il cultive une collection d’arbres fruitiers dans des pépinières situées entre la Loire et le Loiret, l’actuel quartier de Saint-Marceau, dont 69 pommiers.


Dès 1628, il fut à l'origine du premier catalogue de pépinières : le Catalogue des arbres cultivez dans le verger. Rédigé sous forme de liste, il servait de méthode d'échange de variétés d'arbres fruitiers.
 

 

 

Pierre Paul Rubens (1577-1640) peintre brabançon de l'école baroque 

Adam et Eve


 

 

 

Johann Mayer

Imprimeur libraire ; imprimeur de l'université.  (15..-1615)

Pomona Franconica 

Reinette de Bretagne

Reinette rouge


 

 

Johann Mayer

Imprimeur libraire ; imprimeur de l'université.  (15..-1615)

Pomona Franconica 

"Description des arbres fruitiers les plus connus et les plus estimés en Europe, qui se cultivent maintenant au jardin de la cour de Wurzbourg... par le sieur Johan Mayer,jardinier de la cour." 

Pomme de neige Maréchal

Pomme de soye - rose soyette

 

 

 

Jacques Blanchard (1600-1638)

peintre et graveur français actif dans la première moitié du XVII° siècle.

Sainte Anne offre une pomme à l'enfant Jésus


 

 

 

Jean Henri Hottinger ou Johann Heinrich Hottinger (1620-1667), philologue et théologien suisse, parle d'un arbre :


..."Un arbre que l’on voit à Tripoli de Syrie, nommé vulgairement almauz ou pommes d’Adam. Cet arbre ne produit point de branches, mais seulement des feuilles étendues en forme de doigts.

Ces feuilles sont si longues et si larges, qu’une seule est capable de couvrir un homme. Le fruit de cet arbre est comme une fève verte, d’une douceur de miel, et d’une odeur de rose.

Quelques-uns appellent aussi pommes d’Adam ces fruits qu’on voit en Palestine et à Alexandrie, qui pendent en bouquets en si grande quantité qu’on en voit quelquefois jusqu’à vingt ensemble, et si grosses qu’elles égalent les plus grosses poires.

Elles sont très-douces et d’un très-bon goût, et les feuilles de cet arbre sont si grandes, que chacune est de la longueur de presque deux pieds, ou une coudée. Il y en a qui disent que quand on coupe ces fruits en un certain sens, on y remarque la figure d’un crucifix. Voyez ci-devant Mandragore"...


 

 

 

Simon Paulli (1603-1680),  médecin et naturaliste danois . Il était professeur d' anatomie , de chirurgie et de botanique à l' Université de Copenhague . 

Paulli a été le premier médecin de la cour à Frédéric III du Danemark , et apporté une contribution précieuse à l' anatomie et la botanique. Il est l'auteur et la publication de plusieurs traités de médecine et de botanique, notamment Quadripartitum Botanicum .

Au 17° siècle, il  recommande la pomme pourrie cuite sous la cendre pour confectionner des cataplasmes applicables sur la gangrène afin d’en limiter la propagation .


 

 

 

Pieter de Hooch (1629-1684) 

peintre néerlandais du siècle d’or. Représentant du baroque.

Femme pelant des pommes

 

 

 

1661

Gabriel Metsu (1629–1667) 

femme à la fenêtre tenant une pomme (1661)


 

 

 

Dans sa seconde édition, parue en 1675 par Charles de Sercy, Jean Merlet reproduisit mot pour mot ce renseignement (p. 148), mais en sa troisième et dernière, celle de 1690, il le compléta sous divers rapports :


"L'Apis est une pomme sauvage trouvée dans la forest d'Apis, en Bretagne… Elle se nomme en Normandie, ainsi que le Gros-Api, la pomme de Long-Bois, qui en effet s'élève beaucoup et charge par glanes." (page 138).
 

 

 

XVIII° siècle

 

 


Oeuvre XVIIe s. ou XVIIIe siècle - 

Vierge à l'enfant avec une pomme


 

 

 

1700


Nicolas Fouché (1653-1733)

peintre français 

Pomone


 

 


Isaac Newton (1642/43-1727) mathématicien, physicien, philosophe, alchimiste, astronome et théologien anglais.


C’est vers la fin de sa vie qu’aurait eu lieu l’épisode vraisemblablement légendaire de la pomme qui tombe de l’arbre sur sa tête, lui révélant les lois de la gravitation universelle. L'anecdote est rapportée par le physicien à son biographe et ami, William Stukeley, qui relate en 1752 une rencontre du 15 avril 1726 :

"Le temps devenant chaud, nous allâmes dans le jardin et nous bûmes du thé sous l’ombre de quelques pommiers, seulement lui et moi. Au cours de la conversation, il me dit qu’il s’était trouvé dans la même situation lorsque, longtemps auparavant, la notion de gravitation lui était subitement venue à l’esprit, tandis qu’il se tenait assis, dans une humeur contemplative. Pourquoi cette pomme tombe-t-elle toujours perpendiculairement au sol, pensa-t-il en lui-même. Pourquoi ne tombe-t-elle pas de côté ou bien vers le haut, mais constamment vers le centre de la Terre ? Et si la matière attire ainsi la matière, cela doit être en proportion de sa quantité ; par conséquent, la pomme attire la Terre de la même façon que la Terre attire la pomme. "


Pour ce qui est de la Lune, intervenue dans le raisonnement du jeune Newton, c'est John Conduitt (1688-1737), assistant de Newton et mari de la nièce de Newton, qui raconte ainsi la scène :

"Au cours de l’année 1666, il quitta de nouveau Cambridge pour retrouver sa mère dans le Lincolnshire. Tandis qu’il méditait dans le jardin, il lui vint à l’esprit que le pouvoir de la gravité (qui faisait tomber la pomme de l’arbre vers le sol) ne se limitait pas à une certaine distance de la surface terrestre, mais qu’il devait s’étendre beaucoup plus loin que ce que l’on pensait habituellement. Pourquoi pas aussi loin que la Lune, se dit-il, et dans ce cas, ce pouvoir doit influencer son mouvement et même la retenir sur son orbite ; à la suite de quoi Newton se mit à calculer quelle serait la conséquence d’une telle hypothèse".

Isaac Newton dans son jardin,  gravure de 1880 - collection privée - Isadora/Leemage


 
 

 

 

1768

Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), Français médecin, ingénieur naval et botaniste .

Extrait du Traité des Arbres Fruitiers Tome I 

Illustration de Pierre Jean François Turpin.

Planche du Traité des arbres fruitiers,

Pomme Rambour - Pomme


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Philibert-Joseph Le Roux (XVII° - XVIII° siècle) lexicographe français, auteur, en 1718, d'un Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial, cite cette hyperbole :


..." On dit pour exagérer la faiblesse d'une place, qu'on l'abattrait à coups de pommes cuites"...
 

 

 

À la veille de la Révolution, le catalogue des Chartreux de Paris, ne comptabilisait plus que 42 variétés, la poire étant devenue plus populaire.


Pierre-Jean-Baptiste Chomel (1671-1740), botaniste français,  établit quant à lui des propriétés majeures de la pomme (pectorale, antitussive et rafraîchissante). 

 

 

1738

 

 

Anne Claude de Caylus  (1692-1765) 
Anne-Claude-Philippe de Tubières de Grimoard de Pestels de Lévis de Caylus, marquis d'Esternay, baron de Branzac, dit Anne-Claude de Pestels, ou le comte de Caylus (1692-1765

antiquaire pionnier de l'archéologie moderne, un homme de lettres et graveur français.

Metropolitan Museum 

Études prises dans le bas peuple ou les Cris de Paris

Pommes cuites au Four


 


 

Le calendrier républicain (ou calendrier révolutionnaire français) fut créé pendant la Révolution française de 1789.


C’est le 20 septembre 1793 que Charles Gilbert Romme, rapporteur du groupe de travail nommé par le Comité d'Instruction publique, présente devant la Convention ce qui deviendra bientôt le calendrier républicain. Après certains ajustements, il entra en vigueur à partir du lendemain du décret de la Convention Nationale du 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793).


Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon signa le sénatus-consulte qui abrogea le calendrier républicain et instaura le retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806.


Dans le calendrier républicain français, le jour de la pomme était généralement le 22-23 octobre, 1er jour du mois de brumaire.

 

Entre 1797 et 1798


Le Soleil entre au signe du Scorpion

 

Avant la fin du jour la prudente Bergère 

De crainte que la Brume égare son troupeau 

Le presse de rentrer, portant le faible agneau

& le bois ramassé pour une bonne Mère

 

 

 

XIX° siècle

 

 

1812


Johann Ludwig Tieck (1773-1853) poète allemand, traducteur, éditeur, romancier et critique, écrivain du premier romantisme,

"Les Elfes" (Die Elfen, 1812), 

Conte

..."Ce sera comme les fleurs des arbres : quelle merveille que le pommier fleuri, lorsque tous ses boutons rosés viennent d'éclore. L'arbre s'enorgueillit et se rengorge, et à le voir, on s'attend en effet à des splendeurs infinies ; puis vient le soleil, les fleurs s'ouvrent bien gentiment, mais déjà se cache en elle la méchante graine qui va bousculer et disperser leur parure colorée ; anxieuse, elle ne peut arrêter sa croissance, il lui faut, à l'automne, devenir fruit. Sans doute la pomme est-elle belle et agréable à voir, mais qu'est-ce auprès de la fleur printanière ?"...

Cicely Mary Barker - Flower Fairies of the Autumn



 

 

 

1812

 

Blanche-Neige est le nom du personnage principal éponyme d'un conte dont la version la plus célèbre est celle recueillie et mise en forme par Jacob et Wilhelm Grimm, parue en 1812. 


"...Chaque jour la reine demande à son miroir magique qui est la plus belle du royaume, et chaque jour le miroir, qui ne ment jamais, lui répète qu'elle est la plus belle femme du royaume. Jusqu'au jour où il doit reconnaître que Blanche-Neige, bien qu'encore enfant, est devenue plus belle que sa marâtre...


Folle de rage, jurant d'y laisser la vie s'il le faut, la méchante reine se déguise une troisième fois en paysanne. Grâce à un habile stratagème elle trompe la vigilance de la princesse Blanche-Neige : elle a empoisonné la moitié rouge – la plus tentante – d'une pomme, laissant la partie blanche intacte. Coupant la pomme en deux, elle en croque la partie blanche inoffensive et offre la partie empoisonnée à Blanche-Neige. Celle-ci croque à son tour dans la pomme et tombe inanimée. Les nains ne parviennent pas à la ramener à la vie, et le miroir magique déclare enfin à la reine qu'elle est la plus belle du royaume...."


 

 

1812


La Transparente blanche est une variété de pomme apparue en Lettonie et introduite en France vers 1815 (vraisemblablement ramenée par des soldats lors de la campagne de Russie en 1812 comme la Colapuy).

Cette variété est probablement la meilleure des pommes précoces (pommes d'été). C'est une bonne pomme de cuisson qui donne des compotes très fines.


 

 

1817 - 1883

L’histoire du pommier Alexandre (Malus sp. 'Alexandre') 


L'arbre original serait né en Ukraine dans les années 1700. C’est un pépiniériste nommé M. Lee et originaire de Hammersmith au Royaume-Uni qui aurait amené la variété en Angleterre en 1817 pour pouvoir en exposer l’un de ses fruits à la Société d’horticulture de Londres. La pomme qu’il a choisi d’exposer avait un diamètre de 14 cm et pesait 538 grammes.


A l'origine, en Ukraine, la variété portait le nom de "Aporta", mais M. Lee la renomma "Alexandre 1er" en honneur de l’empereur russe. Le nom a ensuite été modifié de plusieurs façons pour se faire appeler, entre autres: "Grand Alexandre", "Empereur Alexandre", "Kaiser Alexandre" et "Aubertin". Aujourd’hui, on la nomme "Alexandre" ou "Grand Alexandre".

 

M. Andre Leroy (1801-1875), un pépiniériste d’Angers, affirme avoir vu une pomme Alexandre de 37 cm de circonférence !. 

 

La "grand alexandre" est une variété de pomme russe apparue en France vers 1838. Elle est aujourd'hui une des variétés préférées des amateurs de pommes en France, surtout à cause de sa taille qui peut être, parfois, spectaculaire.

Guillaume Lauche  (1827-1883) 

Illustration de Deutsche Pomologie - Aepfel

Cultivar de pomme illustré : Kaiser Alexander (Grand Alexandre)

entre 1882 et 1883

Bibliothèque numérique Wageningen UR - Collection spéciale


 

1834

Gérard de Nerval (Gérard Labrunie 1808-1855) écrivain et un poète français

Nouvelle

Les Filles du feu, 1834

..."Plus loin que Louvre est un chemin bordé de pommiers dont j'ai vu bien des fois les fleurs éclater dans la nuit comme des étoiles de la terre"...

 

 

 

1880


Pendant la pluie


Jean Baptiste Alphonse Karr (1808-1890), romancier et journaliste français.
évoque un événement théâtral survenu "dans une ville de province" vraisemblablement durant les années 1840 : 

-  Il vint de Paris de nouveaux acteurs qui n'avaient pu, ce qui était mauvais, signer, prendre d'engagement ailleurs. Ils étaient détestables, on leur jeta des pommes dont quelques-unes seulement étaient cuites. 


 

 

 

 

 

Charles Guérin (1873-1907) poète français

La chanson de la bien-aimée

(villanelle)

 

...L'entendez-vous sous la ramée,

A travers les pommiers en fleurs,

La chanson de la Bien-Aimée ?...


Daniel Ridgway Chevalier (1839-1924) fleurs de pommier en Normandie

 

 

 

1849 à 1876

L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner

ensemble de quatre opéras composés par Richard Wagner de 1849 à 1876 : 
 
Déesse de la jeunesse, sœur de Froh et Donner. C'est le symbole de l'amour et de la féminité. Elle règne sur les pommes d'or de longue vie.

C'est un rôle de soprano lyrique aigu. Personnification de la force de l'amour et de la vie, elle réunit les déesses païennes Idunn et Freyja.

Idunn  and the Apples (1890), James Doyle Penrose


 

 

 


Albert Mérat (1840-1909)- poète - Les fleurs de pommiers

Recueil : Le Parnasse contemporain, III (1876).

 

 

Les fleurs de pommiers

 

Les champs sont comme des damiers

Teintés partout du blé qui lève.

Avril a mis sur les pommiers

Sa broderie exquise et brève.

 

Avant que les soleils brutaux

Aient fait jaunir l'herbe et la branche,

C'est la gloire de nos coteaux

D'avoir cette couronne blanche.

 

Malgré les feuillages légers,

Les jardins sont tout nus encore,

Mais les fleurs couvrent les vergers

Qui rayonnent comme une aurore.

 

La campagne gaie est vraiment

Belle et divinement coiffée ;

Les pommiers ont un air charmant

Avec leur tête ébouriffée.

 

Une étoile blanche est leur fleur

Qu'Avril peut brûler d'une haleine.

Le Chinois en peint la pâleur

Sur les tasses de porcelaine.

 

Elle n'a pas d'odeur ; elle est

Délicate, charnue et grasse ;

Blanche et mate comme le lait,

Aussi légère que la grâce.

 

Elle semble s'enorgueillir

Du fragile trésor du germe.

Il faut la voir sans la cueillir

A cause du fruit qu'elle enferme.

 

Cependant sur le front aimé

Qui s'éclaire de l'embellie,

Pas une seule fleur de mai

N'est, à vrai dire, aussi jolie.

 

J'ai là, tout au fond de mon cœur

Un souvenir de matinée :

Des fleurs prises d'un doigt moqueur...

Mais je ne sais plus quelle année !


Daniel Ridgway Chevalier (1839 – 1924) cueillette des fleurs de pommier

 

 

 

Charles Frémine, (1841-1906) journaliste, poète et écrivain français.

La chanson du pays

 


Les pommiers


 
Quand les récoltes sont rentrées

Et que l'hiver est revenu,

Des arbres, en files serrés,

Se déroulent sur le sol nu ;

Ils n'ont pas le port droit des ormes,

Ni des chênes les hauts cimiers ;

Ils sont trapus, noirs et difformes :

Pourtant qu'ils sont beaux mes pommiers !

 

 Leurs rangs épais couvrent la plaine

Et la vallée et les plateaux ;

En droite ligne et d'une haleine

Ils escaladent les coteaux ;

Tout leur est bon, le pré, la lande...

Mais s'il faut du sable aux palmiers,

Il faut de la terre normande

À la racine des pommiers !

 

 Quand Mai sur leur tête arrondie

Pose une couronne de fleurs,

Les filles de la Normandie

N'ont pas de plus fraîches couleurs ;

Leurs floraisons roses et blanches

Sont la gloire de nos fermiers :

Heureux qui peut voir sous leur branches

Crouler la neige des pommiers !

 

 Les matinales tourterelles

Chantent dans leurs rameaux touffus,

Et les geais y font des querelles

Aux piverts logés dans leurs fûts ;

Les grives s'y montrent très dignes

Et tendres comme des ramiers ;

Elles se grisent dans les vignes,

Mais font leurs nids dans les pommiers.

 

 L’automne vient qui les effeuille ;

Les pommiers ont besoin d’appuis,

Et leurs longs bras, pour qu’on les cueille,

Jusqu’à terre inclinent leurs fruits ;

Ève fut prise à leur caresse,

Ils la tentèrent les premiers ;

Gloire à la grande pécheresse !

L'amour est né sous les pommiers !

 

Leurs fleurs, leurs oiseaux, leurs murmures,

Ont enchanté mes premiers jours,

Et j'ai, plus tard, sous leurs ramures

Mené mes premières amours ;

Que l'on y porte aussi ma bière,

Et mon corps, sans draps ni sommiers,

Dans un coin du vieux cimetière

Dormira bien sous les pommiers !


William Brymner - Horatio Walker - A l'ombre du pommier

 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915)  écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

 

Le verger


Simone, allons au verger

Avec un panier d'osier.

Nous dirons à nos pommiers,

En entrant dans le verger :

Voici la saison des pommes.

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Les pommiers sont plein de guêpes,

Car les pommes sont très mûres :

Il se fait un grand murmure

Autour du vieux doux-aux-vêpes.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Nous cueillerons le calville,

Le pigeonnet et la reinette,

Et aussi des pommes à cidre

Dont la chair est un peu doucette.

Voici la saison des pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Tu auras l'odeur des pommes

Sur ta robe et sur tes mains,

Et tes cheveux seront pleins

Du parfum doux de l'automne.

Les pommiers sont pleins de pommes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Simone, tu seras mon verger

Et mon pommier de doux-aux-vêpes ;

Simone, écarte les guêpes

De ton coeur et de mon verger.

Voici la saison des guêpes,

Allons au verger, Simone,

Allons au verger.

 

Sous le pommier, 1890 - Berthe Morisot

 

 

 

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) critique littéraire et écrivain français. Représentant du romantisme, il est réputé pour ses critiques littéraires et la méthode d'écriture qu'il a employée.

 


Pour un ami

 

..."Hélas ! si c'est là tout, qu'est-ce donc qui m'entraîne ?

Pourquoi si loin courir ? pourquoi pas la Touraine ;

Le pays de Rouen et ses pommiers fleuris ?"...

 

Pommiers en fleurs près de Rouen - Denis Dumets 


 


 

1868

 

Alexandre Dumas père, (1802-1870) : 

Origine du pommier (1868).

- Extrait du Bulletin de la société d'horticulture et de botanique du centre de la normandie, années 1866-1877, pp. 58-61.
 
Origine du pommier par Alexandre Dumas père
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Le grand romancier étant venu passer quelques jours chez le Directeur de la Société d'horticulture du centre de la Normandie Jules Oudin, 
ce dernier profita de sa présence pour lui demander le renseignement suivant : Quels sont les faits historiques les plus saillants de l'antiquité et du moyen âge, au sujet des pommes, des pommiers, des poiriers et du cidre ? Alexandre Dumas répondit immédiatement à M. Jules Oudin par la lettre suivante :

 

 

"Cher monsieur Jules,

"Je vais répondre d'abord sur ce que je sais certainement, moins bien que vous, sur la pomme, le pommier, le poirier, l'origine du cidre et son invasion en Europe.

Devons-nous mettre la pomme avant le pommier, ou le pommier avant la pomme ? Le pommier est-il poussé d'un pépin jeté dans l'espace et venant d'une pomme par conséquent, ou la pomme a-t-elle poussé d'abord sur un pommier créé en même temps que la création ?

C'est la question de la poule et de l'oeuf ; la poule vient-elle de l'oeuf, ou l'oeuf vient-il de la poule ?

Si nous nous en rapportons à Moïse, le premier auteur qui parle de pommes et de pommiers, le pommier et la pomme préexistaient à l'homme dans le paradis terrestre, puisque les arbres fruitiers furent créés le troisième jour et l'homme le sixième.

Nous savons le commandement qui fut fait à Adam et Eve, à l'endroit de ce pommier, et comment ils désobéirent, pour notre malheur, à ce commandement de Dieu.

Le serpent présenta la pomme à Eve ; Eve y mordit ; Adam l'acheva, et nous fûmes tous condamnés à l'exil, au travail et à la mort.

Un autre poète, né cinq cents ans après Moïse, nous a appris comment, dans une autre circonstance, la pomme ne fut pas moins fatale au genre humain.

Aux noces de Téthis et de Pelée, la Discorde, qu'on avait oublié d'inviter, jeta, pour se venger, au milieu de l'assemblée des dieux et des déesses, une pomme portant cette inscription : « A la plus belle. »

Trois déesses crurent avoir droit à la pomme : Minerve, Junon et Vénus ; elles allèrent devant Pâris, qui l'adjugea à Vénus.

Il y avait encore une autre déesse qui avait des prétentions à la beauté, et qui n'avait point oublié que le jour où Vénus avait été proclamée la plus belle, un affront lui avait été fait. C'était la mariée elle-même, la femme de Pelée, la mère d'Achille, la belle Thétis : aussi, sachant que Vénus devait, sur le rivage des Gaules, venir chercher des perles pour se faire un collier, ordonna-t-elle à tous les monstres de la mer de tâcher de s'emparer de cette pomme, pour laquelle Vénus n'avait pas craint de se montrer nue au beau berger du mont Ida.

Et en effet, tandis que Vénus cherchait des perles, au même endroit sans doute où son fils César vint pêcher celle dont il devait payer l'amour de Servilie, un triton lui déroba sa pomme, et alla la porter à Thétis. Thétis, aussitôt, pour vulgariser le fatal présent de la Discorde, et afin que toutes les déesses pussent avoir la leur, prit les pépins de la pomme et les planta sur les rivages de la Normandie.

De là viennent, disent nos aïeux, les vieux Celtes, la multitude de pommiers qui poussent du Maine à la Bretagne et la beauté des femmes de toute cette côte septentrionale.

Malgré le mauvais tour joué par Thétis à Vénus, les pommes, et surtout celles des Hespérides, étaient restées précieuses dans l'île de Scyros, puisque Atalante, la fille du roi, perdit, à la fois, le prix de la course et sa liberté, pour ramasser les pommes qu'Hippomène laissait tomber sur sa route.

La pomme avait cessé d'être un fruit rare, et son prix était rentré dans celui des autres comestibles du même genre, puisque Solon, effrayé des sommes énormes que coûtaient les repas de noces chez les Atheniens, ordonna que les mariés ne mangeassent qu'une pomme à eux deux, avant de se mettre au lit.

Pline et Diodore de Sicile parlent des pommes comme d'un fruit très estimé des Romains, et surtout lorsqu'elles venaient des Gaules ; mais ni l'un ni l'autre ne dit qu'on en tirât une boisson quelconque. Saint Jérôme est le premier qui parle du cidre et qui constate que les Hébreux en faisaient une de leurs boissons habituelles. Tertullien, qui vivait vers la fin du IIe siècle à Carthage, et saint Augustin, qui vivait vers la fin du IVe siècle à Hippone, parlent tous deux du cidre des Africains.

Mais la première trace que l'on trouve de l'existence de cette boisson en France est dans les Capitulaires de Charlemagne, où il est question des fabricants de cidre et de poiré. Mais, à cette époque, le cidre avait déjà, avec les Maures, traversé le détroit de Gibraltar.

Voici comment :

Mahomet, l'an 609 de l'ère chrétienne, publie son Coran ; sans défendre positivement le vin aux Arabes, il le leur présente comme une liqueur pernicieuse qu'il ne leur conseille de boire qu'à titre de médicament. Aussi, dans toutes les villes tartares que j'ai visitées, ai-je vu les marchands de vin intituler leur boutique ; "Balzam", c'est-à-dire Pharmacie. Du moment où le vin se vend dans une pharmacie, ce n'est plus du vin, en effet, c'est un médicament.

Pour obéir à Mahomet, les Arabes alors imitèrent les Hébreux, et du fruit des pommiers et des poiriers firent du cidre.

Appelés en Espagne par la trahison du comte Julien, ils y transportèrent leur science agriculturale sur laquelle les Espagnols vivent encore aujourd'hui. Ce fut en Biscaye que se firent les premiers essais de ce genre.

De Biscaye, l'usage passa en France. Les Normands l'accueillirent tout particulièrement, leur pays étant fécond en pommiers et stérile en vigne. Guillaume-le-Conquérant l'implanta en Angleterre en même temps que son drapeau, après la bataille d'Hastings, en 1066.

D'Angleterre, l'usage du cidre s'est répandu en Allemagne et même en Russie.

Il existe, au reste, une brochure qui a recueilli, sous le titre : De Origine Cidri, tout ce que la science humaine a colligé sur cet intéressant sujet.

Maintenant, je présume que vous êtes au courant des derniers travaux de Pasteur sur la fermentation du cidre, et que vous savez que le ferment n'est autre chose que l'agglomération par milliards de petits animalcules ou plutôt de cryptogames, moitié animaux, moitié végétaux, qui, sous le nom de microzoaires et de microphites, opèrent ce singulier travail, de changer le sucre en alcool, travail qui se fait chez eux tout simplement par la digestion.

Voilà tout ce que je sais sur le cidre, et je m'empresse de vous vider mon sac, pour vous prouver combien j'ai bon souvenir de votre réception, et comment je serai heureux d'aller un jour avec ma fille vous demander l'hospitalité d'une demi-semaine.

Mille compliments empressés.

"Alexandre Dumas."

Bibliothèque municipale, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex


 

 

 

1895


Paul-Élie Ranson (1861-1909) artiste peintre et graveur nabi français.

Femme cueillant des pommes ou La cueillette des pommes

Musée départemental Maurice Denis "The Priory"


 

 

 

1871

Lettre à M. Jules-Auguste Oudin (1819-1882)

Directeur de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie sur les origines du pommier parn A. Pannier  (1871).

- Extrait du Bulletin de la société d'horticulture et de botanique du centre de la normandie, années 1866-1877, pp. 209-229.


Monsieur,

Depuis le court entretien que j'ai eu avec vous, j'ai, de nouveau, étudié la Pomme, ce fruit par excellence qui a toutes les préférences du Normand et fait l'ornement de sa table. Comme vous me le disiez avec raison, le Pommier serait d'origine asiatique, ce qui est tout-à-fait conforme au texte de la Bible et des anciens auteurs sacrés qui placent le Paradis terrestre en Asie ; mais ce qui me paraît important à signaler c'est que le Pommier croît à l'état sauvage et spontané dans toutes les contrées du globe, mais, particulièrement, dans les forêts de l'Europe. Dans les bois et dans les haies qui bordent nos chemins normands, le Pommier semble se plaire plus que partout ailleurs. Le Pommier cultivé croît et se développe en Normandie dans tous les terrains ; toutes les expositions paraissent lui convenir ; c'est sa terre de prédilection.

La question de l'origine du Pommier n'est pas sans intérêt pour le botaniste. "On ne sait pas bien, lisons-nous dans le Dictionnaire universel de Trévoux, rédigé par de savants bénédictins (Paris 1743), la place où était le Paradis terrestre, ce jardin de délices où Eve cueillit la première pomme qu'elle partagea avec Adam, son époux, et d'où ils furent chassés à cause de leur désobéissance." Les uns le placent dans la Judée, les autres dans la Syrie ; d'autres, enfin, dans la Grande Arménie. L'opinion la plus généralement répandue est celle qui le met dans la Chaldée, entre le confluent de l'Euphrate et du Tigre. Ces deux fleuves arrosaient le Paradis terrestre. Le Phison et le Gihon, les deux autres fleuves du Paradis, dont parlent les auteurs sacrés, étaient probablement les deux branches du Tigre et de l'Euphrate, après leur séparation. Comme vous voyez, la question de l'origine du Pommier est encore, si je puis m'exprimer ainsi, en suspens et, loin d'être résolue. Les savants n'ont jamais pu s'accorder sur le point de savoir où s'élevait l'Arbre de Vie ; et, comme il arrive souvent, on a disputé pendant longtemps sans pouvoir s'entendre. Si les quatre fleuves dont parle la Bible ne me dérangeaient pas, je placerais volontiers le Paradis terrestre en Normandie, au confluent de la Touques et de l'Orbiquet, sur les bords fleuris de ces deux rivières qui se réunissent au Sud de notre ville, au point de séparation de deux charmantes vallées, encadrées par de riantes collines, couvertes de pommiers. Si le Pommier n'est pas d'origine gauloise on peut assurer, sans se tromper, qu'il était connu des Romains et qu'il a été, depuis, naturalisé normand, son pays d'adoption.

Dans le langage anatomique on désigne sous le nom de Pomme d'Adam, le cartilage du larynx, parce qu'il forme une grosseur semblable à celle d'une noix et que cette grosseur est regardée comme la marque de la pomme que le premier homme mangea dans le Paradis et dont le morceau lui resta dans le gosier. Je crois que la pomme d'Adam est plus prononcée chez les Normands que parmi les autres provinciaux, ce qui me paraît très significatif.

Agréez, Monsieur et cher directeur, l'assurance de mes sentiments distingués.
 

 

 

La saison des pommes par les peintres - 

Edward John Cobbett (1815-1899) 

fille au panier de pommes

 

 

 

1890

Pierre Cécile Puvis de Chavannes (1824-1898) peintre français.

Recolte des Pommes


 

 

La saison des pommes par les peintres - 

Sophie Gengembre Anderson (1823-1903) 

automne enfant et pommes


 

 

 

Pierre-François-Amédée Tissot (1816-1887), Journaliste : le Lexovien ; fondateur de l’Almanach de Lisieux ; leNouvelliste ; la Sylphide ; le Journal du samedi ; bibliothécaire de la Ville, secrétaire de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie et membre de plusieurs Sociétés savantes, a composé sur la Pomme les vers qui suivent :

Ces huit strophes ou couplets inspirés par l'aspect que présentent, en automne, nos vergers plantés de pommiers chargés de fruits, ont été mis en musique et composent une chanson de table fort agréable.

 


La pomme


I
 
On a souvent chanté la vigne ;

On a célébré le raisin ;

Sans doute à cet honneur insigne

Ils ont droit puisqu'ils font le vin.

Je trouve bien qu'on les renomme,

Mais je crois, sans les humilier,

Qu'on peut aussi chanter la pomme

Et le pommier.


 
II
 
De la vigne on exalte l'âge,

Mais dans le Paradis perdu

Adam ne voit que son feuillage

Et la pomme est fruit défendu.

Bien avant que Noë se grise,

La pomme s'est fait apprécier ;

Eve aussi se trouva surprise

Sous un pommier.


 
III
 
De pampres verts si l'on couronne

Le front bourgeonné de Bacchus,

C'est le fruit du pommier que donne

Le berger Pâris à Vénus.

Ce n'est point sous la treille impure

Que Pâris fut la glorifier :

Vénus détacha sa ceinture

Sous un pommier.


 
IV
 
Le pommier, c'est de la science

L'arbre fécond et glorieux :

A son ombre, avec patience,

Laplace nous décrit les cieux ;

Durville interroge la Sphère,

Newton s'éveille, et, le premier,

Surprend un secret à la terre

Sous un pommier. 


 
V
 
Sous un pommier le grand Corneille

Evoque ses mâles héros.

Malherbe naît ; Boëldieu veille ;

Le Poussin saisit ses pinceaux ;

Bérat fredonne son idylle ;

Et l'on sait qu'un pauvre ouvrier 

Créa le joyeux vaudeville

Sous un pommier.


 
VI
 
On dit que Bacchus eut la gloire

De soumettre l'Inde à ses lois ;

Mais le vin qu'il apprend à boire

N'excite pas seul aux exploits.

Le cidre aussi monte la tête,

Et Guillaume, le fier guerrier,

D'Albion rêva la conquête

Sous un pommier.


 
VII
 
Il est un pays qu'on renomme

Pour son courage et sa fierté,

Qui révère dans une pomme

L'emblême de sa liberté ;

C'est la Suisse ! - Sa délivrance

Apprend à l'univers entier

Qu'on trouve aussi l'indépendance

Sous un pommier.


 
VIII
 
Qui dit pomme, dit Normandie ;

Du pays j'ai le souvenir :

Pauvre enfant j'y vins à la vie,

Pauvre vieillard j'y veux mourir.

De moi s'il n'a rien à prétendre,

Je veux qu'au moins mon héritier

Ait soin de déposer ma cendre

Sous un pommier.

David Armstrong - pommes

 

 

 

1878

Winslow Homer (1836-1910) 

Dessinateur, peintre, graveur et illustrateur américain, 

Cueillette des pommes 

 

 

 

William Adolphe Bouguereau (1825-1905) peintre

Tentation

 

 

1880

John George Brown (1831-1913)

Le cidre

 

 

 

1886

Louise Breslau (1856-1927)

Portrait de Mlle Julie Feurgard (Sous les pommiers), 

 


 

Levi Wells Prentice  (1851–1935) -

Pommes dans un seau en étain - 1892

 

 

Levi Wells Prentice (1851–1935) - Pommes


 

 

 

Claude Monet (1840-1926) peintre français 

Pommiers en fleurs à Giverny


 

 

 

Edward Burne-Jones (1833-1898) pour Morris & Co. (1886-1920). 

Edward Burne-Jones était l'un des fondateurs de l'influent groupe Morris, Marshal, Faulkner and Company, Art Workmen de William Morris, 

Pomona, la déesse des arbres fruitiers, des jardins et des vergers – démontrent l'affinité particulière de Burne-Jones pour la représentation des dieux, des déesses et des légendes anciennes. S'appuyant sur un large éventail d'influences allant du Japon contemporain à l'antiquité romaine et grecque en passant par les styles médiévaux. 

 

Poems by the way By : 

Poems (World's classic's) - 1891

William Morris (1886-1920) fabricant, designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur et architecte britannique, 

 

L'ancienne pomme

Je suis l'ancienne reine des pommes,

comme je l'étais autrefois, je le suis maintenant.

Pour toujours un espoir invisible,

Entre la fleur et la branche.

 

Ah, où est l'or caché de la rivière !

Et où se trouve la tombe venteuse de Troie ?

Pourtant je viens comme je viens d'autrefois,

Du cœur de la joie de l'été.

 

 

 

Eugène Deully (1860-1933) peintre français.

les pommiers sont en fleurs


 

 

 

Arthur Rackham (1867-1939) -

 La récolte des pommes

 

 

Arthur Rackham (1867-1939) -

Le pommier


 

 

 

XX° siècle

 

Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), poétesse, romancière, journaliste, historienne, sculptrice et dessinatrice française.

(Ferveur, 1902)

 

Une pomme

 

L’odeur de mon pays était dans une pomme.

Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,

Pour me croire debout dans un herbage vert.

L’herbe haute sentait le soleil et la mer,

L’ombre des peupliers y allongeaient des raies,

Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,

Se mêler au retour des vagues de midi…

 

Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte

Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,

Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie

De tes prés, copieuse et forte Normandie ?…

Ah! je ne guérirai jamais de mon pays!

N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis

Dans la fraîcheur, la paix et toute l’innocence?

 

Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?…

 

 

 

 

Philéas Lebesgue (1869-1958) dans le même lieu, écrivain français à la fois poète, romancier, essayiste, traducteur et critique littéraire.

 

 

La pomme

 

Bel automne

À moi tes pommes,

Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !

J’y veux mordre à pleines dents ;

J’y veux boire à pleines lèvres :

Bel automne,

À moi tes pommes

Pour le pressoir qui les attend !

J’en veux faire éclater la fine chair

Entre les mâchoires de fer ;

J’en veux tirer la liqueur blonde ;

À grand effort de vis et de levier,

J’en veux faire jaillir une source de songe !

Pour défier

L’ennui de l’hiver et des mois sombres,

Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.


 
Bel automne

À moi tes pommes !

Aux glèbes fraîches,

Mon blé germe :

Qu’importe le passé ? J’ai semé l’avenir.

Les feuilles sèches,

Au gré du vent peuvent courir

Dans la brume des soirs ternes ;

 

Si j’ai du cidre

En mon cellier,

Il m’est permis d’oublier

L’angoisse même de vivre,

L’angoisse de marcher ployé,

Et d’être si peu, si peu libre !

Laurent Lepage - les broyeurs de pommes


 

 

 

1900

L'art Nouveau et l'Ecole de Nancy - Broderie 

L'Art nouveau fut une aventure fabuleuse qui, particulièrement dans la ville de Nancy, réunit une "école" d'artistes. 

La richesse créative de cet " art 1900 ", où la nature est souvent source d'inspiration, a laissé un patrimoine abondant où puiser des idées pour des broderies d'aujourd'hui. 

La femme au pommier - Broderie encadrée


 

 

 

Année 1900

Vase style Art nouveau

Emile Gallé 

Vase tubulaire légèrement conique , à décor gravé en profonde réserve de branches de pommier de couleur rose et rouge sur un fond jaune très lumineux .


 


 

1910

Au tournant du 19e et du 20e siècle, la Lettonie fait encore partie de l’empire russe, mais le mouvement qui va s’avérer essentiel pour la formation de l’identité nationale et conduire à la création de l’État letton indépendant est déjà amorcé :

"L’Art nouveau dans les arts décoratifs".


Dans la tapisserie d’autel, on peut distinguer son approche novatrice, consistant à placer le motif symbolique du pommier dans la partie centrale de la composition. 

Cet arbre revêt une signification particulière pour les Lettons : il est le symbole de l’art national populaire, des contes et des chansons folkloriques. Il apparaît d’ailleurs aussi sur le croquis d’un autre projet de tapisserie d’autel (vers 1910).

 

Janis Rozentāls, tapisserie d’autel, église Saint-Jean de Riga, 1910.


 

 

 

Maurice Denis (1870-1943) 

peintre français du groupe des nabis, également décorateur, graveur, théoricien et historien de l'art.

Un enfant endormi sous un pommier, 1903

 

 

 

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français, 

 


La fleur de pommier


Joli rossignol et fleur de pommier,

Si la neige tombe au mois de juillet,

Joli rossignol et fleur de pommier

C’est que le soleil en janvier brillait,

Joli rossignol et fleur de pommier.

 

 

 

Frédéric Le Guyader (1847-1926) écrivain français.

La chanson du cidre

..."Il n est pas, dans toute l Armorique, un lettré, ni le plus modeste amateur de poésie, qui ne tienne La Chanson du Cidre pour une des uvres les plus puissantes et les plus originales que le génie de notre race ait dédiées à notre Patrie. [...] "

Ce recueil lyrique ne ressemble à aucun autre qui l eût précédé ou suivi... [...] Frédéric Le Guyader, magicien plus puissant que Merlin, a fait surgir une Bretagne gaie. Que dis-je gaie ! éclatante de bonne humeur, de bel appétit et d' inextinguible soif, entraînée autour des tonneaux ruisselants de Grandgousier et des chaudrons fumants de Gamache dans une ronde frénétique... » (extraits de la Préface). 

 

 



 

Jean-Pierre Rosnay (1926-2009) poète et écrivain français du XX° siècle. 


 

Le pommier et l'enfant


Un jeune garnement connu dans son village

Pour avoir plus de goût à courir dans les champs

Qu'à seconder son père, au jour du labourage

Se fit prendre un matin

Deux pommes dans les mains.

On en avertit les notables

Le maire sa femme et le curé

Puis après l'avoir attrapé

On mit les pommes sur la table.

D'où tiens-tu ces fruits garnement

Interrogea Monsieur le Maire

Péché avoué est à moitié pardonné

Poursuivit Monsieur le curé

Mais si tu persistes à te taire

Le coeur du Christ va saigner

Alors l'enfant leva la tête et dit

Allez donc chercher le pommier !

Il me les a données parce que c'était ma fête

Allez donc le lui demander.

 

Eugene de Blaas (1843-1931) -enfant et pommes


 

 

 

Pierre-François-Amédée Tissot (1816-1887), Journaliste : le Lexovien ; fondateur de l’Almanach de Lisieux ; leNouvelliste ; la Sylphide ; le Journal du samedi ; bibliothécaire de la Ville, secrétaire de la Société d'Horticulture du Centre de la Normandie et membre de plusieurs Sociétés savantes, a composé sur la Pomme les vers qui suivent :

Ces huit strophes ou couplets inspirés par l'aspect que présentent, en automne, nos vergers plantés de pommiers chargés de fruits, ont été mis en musique et composent une chanson de table fort agréable.

 


La pomme


I
 
On a souvent chanté la vigne ;

On a célébré le raisin ;

Sans doute à cet honneur insigne

Ils ont droit puisqu'ils font le vin.

Je trouve bien qu'on les renomme,

Mais je crois, sans les humilier,

Qu'on peut aussi chanter la pomme

Et le pommier.


 
II
 
De la vigne on exalte l'âge,

Mais dans le Paradis perdu

Adam ne voit que son feuillage

Et la pomme est fruit défendu.

Bien avant que Noë se grise,

La pomme s'est fait apprécier ;

Eve aussi se trouva surprise

Sous un pommier.


 
III
 
De pampres verts si l'on couronne

Le front bourgeonné de Bacchus,

C'est le fruit du pommier que donne

Le berger Pâris à Vénus.

Ce n'est point sous la treille impure

Que Pâris fut la glorifier :

Vénus détacha sa ceinture

Sous un pommier.


 
IV
 
Le pommier, c'est de la science

L'arbre fécond et glorieux :

A son ombre, avec patience,

Laplace nous décrit les cieux ;

Durville interroge la Sphère,

Newton s'éveille, et, le premier,

Surprend un secret à la terre

Sous un pommier. 


 
V
 
Sous un pommier le grand Corneille

Evoque ses mâles héros.

Malherbe naît ; Boëldieu veille ;

Le Poussin saisit ses pinceaux ;

Bérat fredonne son idylle ;

Et l'on sait qu'un pauvre ouvrier 

Créa le joyeux vaudeville

Sous un pommier.


 
VI
 
On dit que Bacchus eut la gloire

De soumettre l'Inde à ses lois ;

Mais le vin qu'il apprend à boire

N'excite pas seul aux exploits.

Le cidre aussi monte la tête,

Et Guillaume, le fier guerrier,

D'Albion rêva la conquête

Sous un pommier.


 
VII
 
Il est un pays qu'on renomme

Pour son courage et sa fierté,

Qui révère dans une pomme

L'emblême de sa liberté ;

C'est la Suisse ! - Sa délivrance

Apprend à l'univers entier

Qu'on trouve aussi l'indépendance

Sous un pommier.


 
VIII
 
Qui dit pomme, dit Normandie ;

Du pays j'ai le souvenir :

Pauvre enfant j'y vins à la vie,

Pauvre vieillard j'y veux mourir.

De moi s'il n'a rien à prétendre,

Je veux qu'au moins mon héritier

Ait soin de déposer ma cendre

Sous un pommier.

 

David Armstrong - pommes


 


 

Lucy Maud Montgomery (1874-1942) romancière, poète et essayiste canadienne 

1908 par Anne ... la maison aux pignons verts. 

"Les fleurs de pommiers étaient écloses, le monde semblait frais et neuf."


 

 

 

1888

Gustave Le Vavasseur (1819- 1896) poète et écrivain français 
Pseudonyme : Civilis, Gustave Delorne

Poésies fugitives

Poésies complètes, Lemerre, 1888, 

 


Fleur de pommier 

 

Un matin du premier printemps,

Sur les fleurs naissantes les anges

Baissaient les yeux de temps en temps

Pour les voir sortir de leurs langes.


 
Ils demeurèrent interdits

Devant les merveilles écloses,

Le grand pommier du Paradis

Était tout couvert de fleurs roses.

 

À l’ombre des rameaux coquets

Ève éblouie était assise,

Perdue au milieu des bouquets

Qui lutinaient sa convoitise.

 

Vers elle elle vit se pencher

Une fleur si rose et si blanche,

Qu’Ève, cette fois, sans pécher,

La cueillit et cassa la branche.

 

Orgueil innocent et charmant !

Ève, femme et déjà coquette,

Sourit ; son premier mouvement

Est d’humilier sa conquête.

 

Elle admire de son larcin

Les splendeurs blanches et vermeilles

Et les rapproche de son sein

Pour comparer les deux merveilles.

 

Ses yeux, rassasiés d’amour,

Brillent d’une nouvelle flamme,

En voyant, dès le premier jour,

La fleur pâlir devant la femme.

 

Elle triomphe, mais Adam,

Jaloux et la mine inquiète,

Demi-boudant, demi-grondant,

Vient tout à coup troubler la fête.

 


« Pourquoi dépouiller le jardin

Que Dieu pour nous plante et décore

Et, par un orgueil enfantin,

Cueillir la fleur qui vient d’éclore ?

 

« Vous humiliez sans effort,

Ô femme jalouse et cruelle,

Ce pauvre rameau déjà mort,

Mais cela vous rend-il plus belle ?

 

"Ces fleurs renfermaient des fruits

Dont votre caprice nous prive,

Ève, et que vous avez détruits

Dans votre vanité naïve."

 

"Éve se tut, goûtant le fiel

De ces amertumes étranges

Et, levant les yeux vers le ciel,

Sembla prendre à témoins les anges.

 

Les bénins anges du Seigneur

N’avaient point baissé la paupière

En voyant la femme et la fleur

S’épanouir dans la lumière.

 

Lorsque l’automne fut venu,

Couvert de fruits pleins de mystère,

Le grand pommier, mal soutenu,

Ployait souus le faix jusqu’à terre.

 

Le rameau voisin du premier,

Brisé jadis par la main d’Ève,

Est le plus chargé du pommier ;

Ses fruits ont une double sève.

 

Une pomme éclate au milieu

Sous la pourpre qui la colore

Et la défense du bon Dieu

La rend plus séduisante encore.

 

Vers toi l’œil d’Ève est attiré,

Mystique et tentante merveille,

Car le serpent a murmuré

Un mot perfide à son oreille.

 

Cette fois, plus habile au jeu,

La femme, instruite à la malice,

Pour désobéir au bon Dieu,

Veut avoir l’homme pour complice.

 

On sait quel fut le dénouement

De la première comédie

Et, grâce au tentateur, comment

Elle finit en tragédie.

 

Ce fut l’affaire d’un moment.

Par sa femme Adam l’impeccable

Fut tenté plus facilement

Qu’Ève ne le fut par le diable.

 

Les anges, amis des élus,

Tristes et voilés de leurs ailes

Priaient et ne regardaient plus

Les frères des anges rebelles.

 

Un seul descend vers les maudits

Et, par Dieu même armé d’un glaive

Il les chasse du Paradis.

Adam semblait se plaindre d’Ève,

 

Mais l’ange, tout en les chassant,

Lui disait : homme trop sévère

Qui, pour un caprice innocent,

Te courrouçais à la légère,

 

Ah, de cet arbre de douleurs,

Ève, pour le repos des hommes,

Aurait bien du cueillir les fleurs

Au lieu de convoiter les pommes !

 

Cueillir avec des yeux distraits

La fleur de la terre promise

Qui semble éclore tout exprès,

Peut être une chose permise.

 

Dieu sourit au cœur virginal,

Mais il maudit la femme et l’homme

Qui, sachant le bien et le mal,

À l’arbre vont cueillir la pomme.

 

Jules Scalbert, fleur de pommier


 

 

 

XX° siècle

 

1930


Les demeures philosophales furent publiés sous le nom de plume de Fulcanelli et préfacés par Eugène Canseliet (1899-1982), qui se présente comme le disciple en alchimie de Fulcanelli, et illustrés par le peintre et occultiste Jean-Julien Champagne (1877-1932), ancien élève du peintre Gérôme. Tout un chapitre est consacré au manoir de "La salamandre de Lisieux."

Bien connue autrefois des Lexoviens, cette modeste demeure du XVIème siècle, sise au numéro 19 de la rue aux Fèvres, précise Fulcanelli, est d'origine incertaine et ignorée du grand public.


Dans sa préface à la deuxième édition des Demeures (Omnium Littéraire, 1960), Eugène Canseliet regrette que ce manoir ait été détruit en 1944.

Dans ses Deux Logis Alchimiques (Pauvert, 1979), Eugène Canseliet revient sur le motif  croqué par Julien Champagne (planche VII des Demeures): La Salamandre et le Singe au pommier

"Il est évident que la Nature se réjouit de la Nature, et que la Nature maintient la Nature, et que la Nature vainc la Nature, et qu'elle domine. Par cette sentence, tout l'OEuvre est pénétré...

C'est l'explication de l'anthropoïde, tout à la fois conduit et conducteur que, de son côté, en cette même moitié du XVIème siècle, l'Adepte inconnu de Lisieux faisait sculpter, sur le pilier de son manoir, cueillant et mangeant les pommes du Jardin clos des Hespérides.


Aujourd'hui, on nous dit que le logis alchimique en question n'aurait pas été réduit en miettes lors des bombardements "libérateurs" des alliés à la fin de la seconde guerre mondiale; il aurait été, vers 1899 puis en 1912, donc peu avant le premier conflit mondial, démonté pierre par pierre et relevé à Etretat.


Ce qui est exact, c'est que l'on peut trouver de nos jours à Etretat un hotel restaurant, dont nous avons pu goûter le charme, et qui ressemble à s'y méprendre à la demeure de Lisieux.

 


Le singe au pommier


Fulcanelli nous décrit le motif :

"Sur le pilier médian du rez-de-chaussée, le visiteur découvre un curieux bas-relief. Un singe y est occupé à manger les fruits d'un jeune pommier, à peine plus élevé que lui."

Et voici maintenant le commentaire d'"un homme pour l'éternité", en référence à Thomas Morus :

"Devant ce sujet, qui traduit pour l'initié la réalisation parfaite, nous abordons l'OEuvre par la fin. Les brillantes fleurs, dont les couleurs vives et chatoyantes faisaient la joie de notre artisan, se sont fanées et éteintes les unes après les autres;

les fruits ont alors pris forme et, de verts qu'ils étaient au commencement, s'offrent maintenant à lui parés d'une brillante enveloppe pourprée, sûr indice de leur maturité et de leur excellence.

C'est que l'alchimiste, dans son patient travail, doit être le scrupuleux imitateur de la nature, le singe de la création, suivant l'expression génuine de plusieurs maîtres.

Guidé par l'analogie, il réalise en petit, avec ses faibles moyens et dans un domaine restreint, ce que Dieu fit en grand dans l'univers cosmique."




 

1924


André Breton (1896-1966)
poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du surréalisme.
Prose poétique

Poisson soluble, 1924

..."Qu'a-t-on su faire des diamants, sinon des rivières ? La pluie grossit ces rivières, la pluie blanche dans laquelle s'habillent les femmes à l'occasion de leurs noces, et qui sent la fleur de pommier"...
 

 

 

1933

Carl Gustav Jung (1875-1961) psychiatre, psychanalyste et penseur suisse
Dialectique du Moi et de l'inconscient, 1933

Psychanalyse

La valeur personnelle ne peut résider que dans l'élaboration philosophique, et non point dans la vision primaire. Celle-ci, au début, chez le philosophe aussi, germe simplement et pousse ses bourgeons à partir du même fond d'idées communes à l'humanité, patrimoine auquel participe en principe tout un chacun :

"c'est du même pommier que proviennent toutes les pommes d'or, que ce soit un apprenti serrurier débile ou un Schopenhauer qui les ramasse, lorsqu'elles tombent au souffle de la vie."

Henry Ryland -   Le pommier en fleurs.

 

 

 

John French Sloan (1871-1951) peintre américain

Le cidre


 

 

 

Jules Supervielle, (1884-1960) poète et écrivain franco-uruguayen.

 

Le pommier

 

A force de mourir et de n’en dire rien

Vous aviez fait un jour jaillir, sans y songer,

Un grand pommier en fleurs au milieu de l’hiver

Et des oiseaux gardaient de leurs becs inconnus

L’arbre non saisonnier, comme en plein mois de mai,

Et des enfants joyeux de soleil et de brume

Faisaient la ronde autour, à vivre résolus.

Ils étaient les témoins de sa vitalité.

Et l’arbre de donner ses fruits sans en souffrir

Comme un arbre ordinaire, et, sous un ciel de neige,

De passer vos espoirs de toute sa hauteur.

Et son humilité se voyait de tout près.

Oui, craintive, souvent, vous vous en approchiez.

 

Édouard Edmond Doigneau (1865-1954) - cueillette des pommes


 


 

Richard Nathaniel Wright (1908-1960) romancier, poète, essayiste et journaliste afro-américain.

 


Une fleur de pommier

Qui sous le poids des abeilles

Tremble au soleil.

***

An apple blossom

Trembling on a sunlit branch

From the weight of bees.

 

 

 

Raoul David (1876-1950) - peintre

Vitré - pommiers en fleurs - Bretagne

 

 


Paul Vérone (1897-1961) - peintre

Cueillette des pommes


 

 

 

Suivant l’analyse de Paul Diel (1893-1972) psychothérapeute français d'origine autrichienne,  

"la pomme, par sa forme sphérique, signifierait globalement les désirs terrestres ou la complaisance en ces désirs"

 

 

 

Géo Norge (pseudonyme de Georges Mogin 1898-1990) poète belge francophone.

 

 

Petite pomme

 

La petite pomme s’ennuie

De n’être pas encore cueillie.

Les autres pommes sont parties,

Petite pomme est sans amie.

 

Comme il fait froid dans cet automne !

Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.

Comme on a peur au verger noir

Quand on est seule et qu’on est pomme.

 

 
Je n’en puis plus viens me cueillir,

Tu viens me cueillir Isabelle ?

Comme c’est triste de vieillir

Quand on est pomme et qu’on est belle.

 

Prends-moi doucement dans ta main,

Mais fais-moi vivre une journée,

Bien au chaud sur ta cheminée

Et tu me mangeras demain.

 

    
 

Bradi Barth (1921-2007) peintre belge

Vierge au pommier

 

 

 

1960

 

Abbé Charles Lemercier (XIX° siècle)  auteur  

Avec les grands poètes de chez nous

Anthologie par Germaine Toulouse

Les éditions de l'école, 1960

 

Les pommiers


 
Comme ils sont jolis les pommiers

Au printemps, quand toutes leurs branches

Se parent de corolles blanches...

Comme ils sont jolis les pommiers.


Comme ils sont heureux les pommiers

À l'été, quand sous leur ombrage,

Fuyant le soleil ou l'orage,

Viennent s'abriter les fermiers...

 

 Comme ils sont joyeux les pommiers

À l'automne, quand leur feuillage

Se remplit du gai babillage

Des mésanges et des ramiers,

Et que leurs pommes enfin mûres

Leur font de splendides parures...

Comme ils sont joyeux les pommiers.

 

Paul Elie Ranson (1861-1909) - pommier.

 

 

1961


Eugène Guillevic (1907-1997) poète français. 

Carnac - éditions Gallimard, 1961.


 Le pommier

 

"Dans l'arbre privé de fruits et de feuilles

Qui déjà se lasse

 

Des rameaux jouant pour ne pas trop voir

Le soleil couchant

 

Une pomme est restée

Au milieu des branches.

 

Et rouge à crier

Crie au bord du temps"

 

 

 

1963


Eugène Guillevic (1907-1997) poète français. 

 Sphère - éditions Gallimard, 1963.

 

 

Le rond et la pomme

 


"Qu’est-ce qu’il y a donc 

de plus rond que la pomme ?

 

- Si lorsque tu dis : rond, 

Vraiment c’est rond que tu veux dire, 

mais la boule à jouer 

Est plus ronde que la pomme ;

 

mais si, quand tu dis : rond, 

C’est plein que tu veux dire, 

plein de rondeur 

Et rond de plénitude,

 

Alors il n’y a rien 

de plus rond que la pomme"


 

 

1969

 

 

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, 

dans le Dictionnaire des symboles 

(1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), 

    ..."Dans les traditions celtiques, la pomme est un fruit de science, de magie et de révélation. Elle sert aussi de nourriture merveilleuse. La femme de l'Autre Monde qui vient chercher Condle, le fils du roi Conn aux cent batailles, lui remet une pomme qui suffit à sa nourriture pendant un mois et ne diminue jamais. Parmi les objets merveilleux, dont la quête est imposée par le dieu Lug aux trois fils de Tuireann, en compensation du meurtre de son père Cian, figurent les trois pommes du Jardin des Hespérides : quiconque en consomme n'a plus ni faim ni soif, ni douleur, ni maladie et elles ne diminuent jamais. Dans quelques contes bretons, la consommation d'une pomme sert de prologue à une prophétie.

    Si la pomme est un fruit merveilleux, le pommier (Abellio, en Celte) est lui aussi un arbre de l'Autre-Monde. C'est une branche de pommier que la femme de l'Autre-Monde, qui vient chercher Bran, lui remet avant de l'entraîner par-delà la mer. Emain Ablach en irlandais, Ynys Afallach en gallois (l'île d'Avallon), autrement dit la pommeraie est le nom de ce séjour mythique, où reposent les rois et les héros défunts. Dans la tradition brittonique, c'est là que le roi Arthur s'est réfugié en attendant de revenir délivrer ses compatriotes gallois et bretons du joug étranger. Merlin, d'après les textes, enseigne sous un pommier. C'était chez les Gaulois un arbre sacré comme le chêne"...

 

 

Charles Vildrac (Charles Messager 1882-1971)  poète, conteur, essayiste, dramaturge et pédagogue libertaire français. 

 


La pomme et l’escargot

 

Il y avait une pomme

A la cime d’un pommier;

Un grand coup de vent d’automne

La fit tomber sur le pré !

 

Pomme, pomme,

T’es-tu fait mal ?

J’ai le menton en marmelade

Le nez fendu

Et l’oeil poché !

 

Elle tomba, quel dommage,

Sur un petit escargot

Qui s’en allait au village

Sa demeure sur le dos

 

Ah ! stupide créature

Gémit l’animal cornu

T’as défoncé ma toiture

Et me voici faible et nu.

 

Dans la pomme à demi blette

L’escargot, comme un gros ver

Rongea, creusa sa chambrette

Afin d’y passer l’hiver.

 

Ah ! mange-moi, dit la pomme,

puisque c’est là mon destin;

par testament je te nomme

héritier de mes pépins.

 

Tu les mettras dans la terre

Vers le mois de février,

Il en sortira, j’espère,

De jolis petits pommiers.


 

 

1968

Apple Corps est une entreprise fondée en janvier 1968 par le groupe britannique The Beatles.Ce nom est un jeu de mots car l'homonyme anglais "apple core" signifie "trognon de pomme".

Le nom et le logo ont été inspirés du tableau Le Jeu de Mourre de René Magritte acheté par Paul McCartney et le design est complété par le graphiste irlandais Gene Mahon.

La pomme est une granny smith


 

 

 

 

René Barjavel (1911-1985) écrivain et journaliste français, 

L'enchanteur


..."Merlin avait besoin de solitude, de silence et de recharger ses forces. Il sourit à l'évocation de ses amis les arbres et se retrouva au milieu d'eux, dans sa chère forêt de Brocéliande. Il s'assit sur son pommier"...

Edward Burne-Jones - Merlin

 

 

René Barjavel (1911-1985) écrivain et journaliste français, 

Le Grand Secret 

..."Un pommier de Normandie, au printemps, se fait l’amour par cent mille fleurs. Comment peut-on croire que les plantes n’ont pas de sensibilité quand elles expriment d’une façon si fantastique la plus grande joie du monde ?"...


Louis Edouard Garrido (1893-1982) Les pommiers normands en fleurs


 

 

1976

Ronald Gerald Wayne,(1934) est l'un des trois cofondateurs d'Apple Computer le 1er avril 1976, avec Steve Jobs et Steve Wozniak. 
Il est l'auteur du premier logo de la firme.

 


 

Dès le début doutant de l’efficacité du logo d’Apple tiré du croquis de Ronals Wayne, Steve Jobs décide aussitôt, déjà en 1977, de s’en remettre à une agence de graphisme professionnelle. En l’occurrence, l’agence de Regis McKenna au sein de laquelle travaillait le designer Rob Janoff.

Histoire, ou légende :

Pour trouver l’inspiration, Janoff se rend au supermarché et achète un sachet de pommes. Quand il revient chez lui, il dispose les pommes sur la table de sa cuisine. Il laisse une des pommes telle quelle, les autres, il les coupe selon des formes diverses.

Tout ça a suffi pour que Rob Janoff propose à Steve Jobs deux versions différentes du nouveau logo d’Apple : l’une représentait la pomme tout entière, intacte, l’autre une pomme croquée. Face à ces deux prototypes, le fondateur d’Apple se tourne vers le deuxième, mais demande une modification substantielle : à la différence du logo monochrome proposé par Janoff (qui, après coup, s’est avéré bien plus prévoyant), Steve Jobs exige et obtient que la pomme soit divisée en bandeaux de différentes couleurs pour symboliser le côté humain présent derrière les ordinateurs et pour cibler un public jeune, les nouvelles générations.


 Ainsi la pomme croquée aux couleurs de l’arc-en-ciel est-elle devenue le logo d’Apple pendant les années 80 et 90.

 

 

 

Sharon Furze (1940) - peintre

Cueillette des pommes

 

 

 

Ruth Sanderson (1951)  Illustratrice anglaise

Cueillette des pommes

 

 

Guillaume Alexis Florent Prevel (1978) poète


Le pommier en fleurs


Joli pommier aux fleurs pastel

Reprend vigueur et force

Des racines jusqu’à l’écorce

Sous l’ombre furtive des premières hirondelles

 

Et laisse se poser sur tes petits bouquets

Roses pâles et ceux violacés

Les papillons courageux des soleils frisquets

Et réchauffe-les pour moi dans tes branches enlacées.

 

Henri Eisenberg pommier en fleurs

 

 

 

1992

Yves Paccalet (1945) écrivain, philosophe, journaliste et naturaliste français, 


"Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe 
(Éditions Robert Laffont S. A., 1992) 

 

2 août  (Fontaine-la-Verte)

    ..."Il existe une écologie des souvenirs. Chaque image s'intègre à un biotope de la mémoire hors duquel elle périt. Nous cueillons les pommes du mois d'août. Je reconnais l'odeur des fruits. Je revis le velours de leur peau sur mes lèvres. Leur pulpe blanche croque sous ma dent, et exhale une subtile vapeur d'acétone et de sucre.

    Certains courts-circuits de nos synapses produisent de délicieuses remembrances. Ils ont la fantaisie des lutins. ce qui m'émeut le plus, en cet instant, c'est le bruit des pommes qui tombent dans l'herbe. J'ai huit ou neuf ans ; je maraude dans un verger ; je me couche en travers du talus, tandis qu'un complice grimpé dans l'arbre secoue les branches. Le barrage de mon corps arrête en riant les fruits qui roulent sur la pente"...

Cesar Pattein (1882-1914) - Le voleur de pommes


 

 

 

Daniel Sannier (1944) peintre français

pommiers en fleurs

 

 

 

Jean-Luc Hennig (1945)

journaliste et écrivain français, 

dans le "Dictionnaire littéraire & érotique des fruits & légumes, 1994."

Il faut  voir dans la forme de la pomme :

 "ronde comme les fesses ou les joues des putti lanceurs"


Jeux de "Putti" -École flamande fin de XVIème siècle


 


 

Leb (1949) peintre

Aubade sous les pommiers 

 

 

 

2002

Patrick Marie peintre français

pommiers en fleurs 

 


 

Nicole de Buron (1929-2019) écrivaine et scénariste française

..."Incapable même de faire l'amour. Cela non plus ne vous est jamais arrivé. Votre vie de femme est-elle finie ? Heureusement, l'Homme plongé dans ses histoires de pommiers ne remarque rien.

Mais t'as-tout-pour-être-heureuse !"...


 


 

Pierre Gamarra (1919-2009) écrivain français, romancier, poète et critique. Il est aussi l'auteur d'essais et de pièces de théâtre.

 

Pépin de pomme

 

Graine de pomme dans ma main,

Goutte brune, tendre pépin,

Je tiens le pommier dans ma main.

 

 Je tiens le tronc et les ramures

Et les feuilles et les murmures,

La chanson des oiseaux vivants

Et les mille routes du vent.


 
Graine fine, pépin léger,

Dans ma main, je tiens le pommier,

Pépin menu, graine fragile,

Si je te jette au sol profond,

Par dessous les pluies et les neiges,

Voici les fleurs, voici les fruits,

La lune sur les pommes bleues,

Le soleil sur les pommes rouges,

Et mon coeur qui bouge, qui bouge

Dans la romance des pommiers.


 


 

2010


D'un point de vue génétique, la pomme compte dix-sept chromosomes et le génome du pommier domestique a été intégralement décrypté par une équipe italienne en août 2010 : 


- les chercheurs montrent l'existence de 992 gènes de résistance aux maladies et une "duplication complète du génome relativement récente qui a provoqué la transition de neuf chromosomes ancestraux à dix-sept chromosomes du Pyreae", ancêtre de la pomme. 


 

 

 

Selon Ted Andrews dans

Le Monde enchanteur des Fées (1993, 2006, traduction française Janine Renaud 2012), 


    ..."Le pommier est doté de plusieurs attributs féeriques. C'est le foyer de l'une des grandes créatures fantastiques du monde féerique - la  licorne.

D'ordinaire, la licorne vit sous le pommier. Au printemps, les fleurs de pommier attirent une multitude de fées des fleurs qui procurent un vif sentiment de bonheur aux personnes qui se trouvent autour. L'esprit de cet arbre connaît les secrets de la jeunesse et de la beauté éternelles. Il prend souvent l'aspect d'une séduisante jeune femme capable d'ouvrir le cœur à un nouvel amour."... 


 

 

Editions du Seuil, 2013

Michel Pastoureau (1947), enseignant-chercheur et historien médiéviste français. 

Dans Vert, Histoire d'une couleur (Éditions du Seuil, 2013) 

retrace l'histoire de la perception visuelle, sociale, culturelle de cette couleur en Occident, de l'Antiquité au XIXe siècle. 

    ..."La couleur verte  des poisons est relativement rare avant la fin du Moyen Âge. A l'époque féodale, les boissons et aliments empoisonnés sont plutôt rouges ou noirs. Ainsi la pomme porteuse de venin, qui se rencontre dans plusieurs romans de chevalerie (Gauvain, neveu et héritier du roi Arthur, faillit à deux reprises en être victime) et que l'on retrouve à l'époque moderne dans différents contes de fées (Blanche-Neige par exemple) : elle est immuablement rouge. Une pomme verte n'est pas une pomme empoisonnée, c'est simplement une pomme acide"...

 

 

 

 

Éditions Québec-Livres, 2013

Eric Pier Sperandio, éditeur de magazines traitant de magie, d'esprits, de médiums et d'astrologie. Il a publié de nombreux livres sur ces sujets, tous des best-sellers dans la francophonie. Certains ont été traduits en allemand en espagnol et en italien.

Auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013) :

..."la Pomme (Pyrus) : "Que dire de ce fruit dont tout le monde reconnaît aisément l'arbre de taille moyenne ?

 

 

Propriétés médicinales :

 

 

anger une pomme pelée et râpée est un excellent remède pour soulager la diarrhée. Un jeûne, pendant lequel on consomme deux pommes râpées par jour, est excellent pour désintoxiquer l'organisme à la condition toutefois de ne pas dépasser trois jours. Pour soulager les douleurs dues aux rhumatismes, une infusion de pelures de pomme séchées s'avère excellente. Galien, un médecin de l'Antiquité, suggérait le cidre comme tonique.

Genre : Féminin.Déités : Vénus ; Apollon ; Athéna ; Aphrodite ; Diane ; Zeus.

Propriétés magiques : Amour ; Guérison ; Longévité.

 

Applications : Sortilèges et superstitions 

Il est dit que quiconque brûle quotidiennement une petite quantité s'assure une vie longue et heureuse.

 

 

 

La pomme est utilisée pour attirer l'amour ou pour assurer une réconciliation entre les couples.

Pomme de la réconciliation - Ce dont vous avez besoin : 

.  Une chandelle rouge. De l'encens de pomme. Une grosse pomme rouge
. Du miel
. Un petit morceau de papier blanc
. Du ruban rouge, assez long pour entourer trois fois la pomme

Rituel :

Allumez votre chandelle et l'encens, puis inscrivez votre nom et le nom de la personne avec laquelle vous désirez vous réconcilier.

 

 

Evidez soigneusement la pomme tout en faisant bien attention de ne ps percer le fond et conservez-en le dessus pour la refermer.

Placez votre morceau de papier dans le fond et remplissez la cavité avec du miel.

Refermez la pomme et entourez-la trois fois de votre ruban en disant :

"J'ai inscrit nos noms sur le papier Ton cœur et le mien sont maintenant alliés."

Enterrez la pomme dans le jardin."


 

Mythes et traditions pommes et pommiers

 

 

- Les licornes étaient supposées se reposer et se réfugier sous ses branches.


- Un rite grec permettait aux jeunes gens de lancer une pomme en direction de la jeune fille qu'ils voulaient épouser : si elle la ramassait, elle signifiait son consentement d’arrêter sa virginité, en arrêtant la course de la pomme, en faveur du lanceur. Ainsi elle devenait son porte-fruit…

 

- Chez les celtes, les pommes étaient appréciées de la Mort : elles recouvraient les autels des druides, et un pommier ornait toujours le cimetière…
Cette ancienne coutume est peut-être à l’origine de la TOUSSAINT…

 

- Le pommier était l'un des sept arbres sacrés du bosquet des druides)

 

- Les Celtes considéraient les pommes comme des fruits de sciences, de magie, de connaissance et de révélations…

 

- Chez les celtes, il ne fallait jamais cueillir toutes les pommes, pour en laisser aux fées… Mais par ailleurs, les pommes peuvent être ensorcelées par les fées…

 

- En Gaule, En Normandie  des pommes sauvages était tiré une boisson de mortification, appelée pommatium, puis pommé, et enfin sidre et cidre …

 

- En Suisse dès le XVIe siècle dans les cantons d’Argovie et de Thurgovie, on plantait un pommier si le nouveau-né était un garçon, et un poirier s’il était une fille. Car la poire apparaît à l’époque comme un fruit plus subtil et féminin.


- Envoyer des pommes à une femme, en jeter à ses pieds (Europe du nord, Autriche) est un signe d’amour de la part du prétendant. 


- En Serbie, la femme qui reçoit et accepte une pomme se sait engagée. 


- En Sicile, une jeune fille qui désire connaître son futur conjugal, jette une pomme dans la rue et attend de voir qui la ramasse. Si c’est un homme, un mariage n’est pas loin ; si c’est une femme, il lui faut tenter sa chance l’année suivante ; enfin, si c’est un prêtre, c’est le signe, pour elle, qu’elle demeurera à jamais "vieille fille".


- En Hongrie, après l’échange des anneaux, l’époux offre une pomme à son épouse, tandis qu’en Grèce, les époux se partagent une pomme avant d’entrer dans la chambre nuptiale.


- au Monténégro, "la belle-mère offre une pomme à la jeune mariée, qui doit la jeter sur le toit de l’époux ; si la pomme tombe bien sur le toit, le mariage sera bien béni, c’est-à-dire, il y aura des enfants".


- Aux États-Unis, la pomme est le cadeau traditionnel que l’on offre aux enseignants. Elle est devenue par extension le symbole de la profession.


- Au Portugal, ce fruit est considéré comme aphrodisiaque.



- Pendant le Nouvel An juif "Rosh Hashanah", il est de coutume de manger des pommes trempées dans du miel pour appeler une "nouvelle année douce".


- Le surnom de la ville de New York est "big apple" ("la grosse pomme"). Ce terme a été inventé par des musiciens de jazz en tournée qui utilisaient l’expression "pomme" pour désigner n’importe quelle ville dans les années 20.


- La pomme est un symbole de l'éducation et le fruit des écoliers. 


- Le logo des ordinateurs Apple symbolise la connaissance.

Cicely Mary Barker fée des pommes

 

 

Symbole et langage du pommier 

 

- Il symbolise l'amour et la perfection, le lien permanent qui unit l'homme à la nature.

- Il symbolise la renaissance et de la beauté

- Il aide à acquérir l'Immortalité,la fécondité,la beauté

- Il améliore les Connaissances

- Méditer sous cet arbre apporte la sagesse.


Rendre hommage en plantant un pommier

- Planter un pommier pour un proche disparu  assure un hommage durable et empli de sens pour une personne ayant une vaste culture générale.



 

 

 

Principaux composants

Pomme crue non pelée


Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g


Apport énergétique : 218 kJ - 52 kcal

Glucides  : 13,81 g

Amidon : 3,42 g

Sucres : 10,39 g

Fibres alimentaires : 2,4 g

Protéines : 0,26 g

Lipides    : 0,17 g

Eau : 85,56 g

Vitamine C : 4,6 mg

Glenda Grubbs


 


 

Recettes à base de pommes


Les pommes cuites au four sont un accompagnement idéal et diététique pour toutes les viandes blanches et les boudins.

- La compote de pommes ;

- Les tartes, gâteaux et desserts :

- Le gâteau aux pommes ou aux pruneaux ;

- Le strudel aux pommes ;

- La pomme bonne femme

- La tarte aux pommes ;

- La tarte Tatin ;

- Les beignets aux pommes ;

- Le pommé, confiture de pommes cuite dans du cidre ;

- Les chips de pomme ;

- Le crumble aux pommes ;

- Le chausson aux pommes. etc....

Morgan Weistling (1964) la tarte aux pommes

 

- La pomme d'amour (au beurre, sucre, sirop de grenadine, etc.) ;

 

 

 

Les boissons à base de pommes

 

- Le jus de pomme frais ou pasteurisé ;

- Le cidre, dont les régions productrices en France sont principalement la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire ;

- Le calvados, qui est une eau-de-vie obtenue par distillation du cidre dans un alambic ;

- Le cidre de glace issu de la fermentation alcoolique (grâce au froid naturel) du jus de pomme ;

- Le pommeau, dont le pommeau de Normandie : un apéritif à base de jus de pomme et de calvados ;

- Le lambig, une eau-de-vie de cidre fabriquée en Bretagne ;

- Le vinaigre de pomme au Japon ;

- La manzana, liqueur de pomme verte, originaire du Pays basque espagnol ;
 


 

 

 

Le cidre

 


L’origine du cidre remonte à l’Antiquité avec ce que l’on appelait du "vin de pomme". Mais ce n’est qu’au 12ème siècle avec l’invention du pressoir que sa fabrication démarre réellement. Sa paternité est revendiquée par les normands, les basques (qui l’appelaient Sidra) et les bretons (qui le nommait Chistr).

 

Appelé également Apfelwein, Most ou Viez par les allemands, Cider ou Applevintage par les anglais ou Sizra par les catalans, le cidre s’est répandu en Europe et partout dans le monde. Cependant, l’origine de ce "vin de pomme" n’est pas clairement identifiée et est plus que jamais contestée puisque plusieurs revendiquent sa paternité. Elle perdure notamment au centre de la rivalité entre la Normandie et la Bretagne, au même titre que la possession du Mont-Saint-Michel.


Les premières traces de boisson à base de pommes ressemblant un tant soit peu à du cidre sont, elles, limpides et datent de l’Antiquité. Le "chekar" pour les hébreux ou "sikera" pour les grecs, boisson à base de jus fermenté, était consommé près de la Méditerranée à cette époque. De plus, le géographe grec STABON décrit l’abondance des pommiers et des poiriers en Gaulle (France) et parle du « Phitarra », une boisson obtenue à partir de morceaux de pommes trempées dans de l’eau bouillante et du miel provenant du Pays basque. Par ailleurs, à l’époque Gallo-Romaine, les marins basques utilisaient le cidre pour lutter contre le scorbut.

 

Dans leurs expéditions, ils ont fait découvrir au VI ème siècle aux marins normands le sagarnoa (vin de pomme), connu au Pays basque depuis l’Antiquité. 

 

Les principales régions productrices sont la Normandie, la Bretagne, la Picardie, l’ Île de France et même le pays basque. La fabrication du cidre se développe à partir du XIIe siècle avec l’invention du pressoir.
 

Le cidre breton sera plus tardif au XIII° siècle.

Le cidre est uniquement réalisé à partir de pommes, alors que le poiré est produit à partir de poires et de pommes. La robe du cidre va de jaune clair à ambré, et la boisson sera limpide ou trouble selon les fruits utilisés. Quant à son taux d’alcool, il oscille entre 2 et 6°, en fonction du temps de fermentation.

 

Art de créer du cidre


Pour produire du cidre, les cidriculteurs enchaînent différentes gestuelles bien rodées, au moment de la récolte des fruits entre mi-septembre et mi-novembre. Après avoir trié et lavé les pommes, ces dernières sont broyées, peau, chair et pépins confondus. Puis, cette chair broyée va être étalée sur une toile qui agira comme un filtre, avant d’être pressée de façon uniforme pour en extraire le précieux jus. Dernière étape, la fermentation. Le jus de pomme est mis à fermenter dans une cuve pendant 3 à 6 mois selon le cidre que l’on souhaite obtenir, doux ou brut.

 

Les différents goût du cidre 

Le cidre doux est le cidre le plus sucré et le moins alcoolisé (fermentation la moins longue), alors que le cidre brut, résultat d’une fermentation plus longue, sera plus alcoolisé et moins sucré. Mais si le degré d’alcool et de fermentation du cidre est une donnée importante quant au goût de la boisson, la ou les variétés de pommes utilisées le sont tout autant. A l’image d’un vin, c’est aussi par l’assemblage des différentes pommes (acides, douces, amères) que le cidriculteur façonne le goût de son cidre.

scène bretonne "le cidre répandu" Pégot Ogier

 


 

Expressions sur la pomme

 


- "Tomber dans les pommes" : perdre conscience, s’évanouir

- "Haut comme trois pommes' : tout petit, en parlant d'un enfant

- "Être dans les pommes" : être sans connaissance

- "Chanter la pomme" : faire la cour, courtiser

- "Être une bonne pomme" : être naïf

- "Être ridé comme une vieille pomme" : être très vieux

- "En avoir gros sur la pomme" : avoir du chagrin

- "La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre" : le produit n'est jamais bien loin de sa source ; il n'y a pas d'effet sans cause.

Timothy C. Tyler (1958) - enfant et pommes

 


 

Proverbes ou dictons et la pomme

 

- "La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre" 

- "La pomme ne tombe pas loin du tronc" 

- "A la pomme le pommier et à la besoigne l'ouvrier"

- "Après la poire il faut boire, après la pomme garde ton vin bonhomme"

- "Bien conte et rabattu somme, mourir convient pour une pomme"

- "Croire ne doibs menteur ne fol homme, de la valeur d'une vile pomme"

- "Il Faut garder une pomme pour la soif"

- "Femme fardée pomme ridée et ciel pommelé ne sont pas de longue durée"

- "Temps pommelé femme fardée, pomme ridée courte durée"

- "Habillé en cueilleur de pomme"

- "L'office dénote quel soit l'homme et le pommier qu'elle la pomme"

- "La poire fait boire, la pomme désaltère"

- "La pomme du matin tue le médecin"

- "La pomme entamée ne se garde pas"

- "La pomme sauvage tombe sous le pommier sauvage"

- "Manger une pomme le soir fait dormir"

- "Pomme pourrie vaut mieux que pomme mangée"

- "Pomme donnée vaut mieux que pomme pourrie"

- "Vaut mieux pomme forte, que pomme pourrie"

- "Pour avoir mangé une pomme cuite, vous ne serez ni mieux ni pis"

- "Pour être ridée une bonne pomme ne perd pas sa bonne odeur"

- "Vaut mieux une pomme acide, qu'une pomme pourrie"

- "Pomme pourrie dans un panier, fait rebuter toute la panerée" 

- "Pomme mûre doit être cueillie fille grandette doit être mariée"

- "Ne pas couper la pelure en coupant une pomme, marque bonheur dans le mariage"

- "Quand la pomme est mûre, elle tombe" 

- "Qui mange une pomme tous les jours vit cent ans"

- "Somme, somme, mourir convient pour une pomme"

- "Une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours" 


Jo Héliotrope - croqueuse de pommes

 

 

 

Le pommier et les pommes en phytothérapie

 

Du pommier, on utilise surtout le fruit, beaucoup plus rarement les feuilles, l’écorce et les fleurs. 

De la pomme, l’on distingue la pelure de la pulpe. 

Bien que formant un tout indissociable, les principes actifs se répartissent différemment. Par exemple, on trouve davantage de vitamines dans la "peau" que dans la pulpe de la pomme.

Dans l’ensemble, la pomme contient du fructose, de la pectine, des acides organiques, des vitamines (A, B1, B2, C, PP), des sels minéraux (calcium, manganèse, fer, magnésium…), ainsi que des hétérosides cyanogénétiques logés dans les pépins.

 

 

 

Propriétés thérapeutiques de la pomme

 

- Nettoyage dentaire, douleur dentaire

- Digestive, Diurétique, purgative, 

- Troubles de la sphère gastro-intestinale, antidiarrhéique, déconstipante, 

- Sédative nerveuse, tonique nerveuse, stimulante nerveuse, Insomnie et troubles du sommeil, anxiété, nervosité.

- Béchique, pectorale, anticatarrhale

- Décongestionnante et stimulante hépatique

- Fébrifuge légère, rafraîchissante

- Antirhumatismale, Tonique musculaire

- Antilithiasique (le cidre)

- toux, maux de gorge, rhume, bronchite, angine, etc...

- Hypertension, cholestérol sanguin en excès

- Grossesse, convalescence, anémie, déminéralisation, obésité

- Troubles cutanés : acné, eczéma, lésion cutanée, brûlure, gerçure, crevasse etc.

- Fièvre, fièvre typhoïde

- Diabète

Mark Zelmer - pomme

 


 

Usage thérapeutique pommes et pommier

 

L’écorce du pommier:

Elle s’avère tonique, astringente et un peu fébrifuge. Elle doit faire l’objet d’une décoction. 


Feuilles du pommier :

il faut longuement les laisser infuser (10 à 15 mn). Elles sont avant tout diurétiques (dysurie, inflammations des voies rénales et urinaires). Enfin, l’infusion de fleurs de pommier adoucit la gorge et calme la toux.

 

Pommes très mûres, râpées, sans trognon ni pépins : 

Cure,  un usage populaire déjà relaté du temps de Matthiole (16 ème siècle).
 Il faut compter 0,5 à 1,5 kg de pommes par jour pendant deux jours. En cas de dépuration de l’organisme, de constipation, de troubles diarrhéiques aigus… Prise le matin, la pomme est dépurative, alors que le soir elle est laxative.


Décoction : 

couper une pomme entière en tranches, couvrir d’un demi-litre d’eau bouillante dans une casserole. Laisser réduire de moitié, ajouter un peu de sucre et mélanger le tout. A prendre avant le coucher en cas de difficultés d’endormissement, d’insomnie, etc.


Suc de pomme : 

outre le fait qu’il soit diurétique, c’est un excellent raffermissant des tissus cutanés. En cas d’affaissement des traits du visage, pour raffermir les seins et l’abdomen.


Pommade : 

anciennement, la pomata était un mélange de pulpe de pomme et d’axonge (c’est-à-dire du saindoux). Depuis, le mot pommade s’est généralisé à l’ensemble des onguents. La pommade de pomme est adoucissante.

Sarah Sedwick nature morte et pommes

 

 

 

Ce qu'on dit de la pomme

 

- La pomme est le troisième fruit consommé dans le monde, après les agrumes et la banane.


- Les pommes dégagent de l’éthylène, un gaz qui favorise la maturation des fruits. Placez quelques pommes parmi vos bananes ou avocats, ils mûriront plus rapidement.


- La couche de cire qui recouvre les pommes sert à prévenir leur déshydratation, à prolonger leur durée de vie et à améliorer leur texture. Cette cire est sans danger pour la santé selon Santé Canada. Cela dit, lavez quand même bien tous les fruits et légumes sous l’eau avant de les consommer.

 

Conte Populaire Serbe

 

Le pommier d’or et les neuf paonnes

 

Vouk Karadjitch, Contes populaires serbes, pp.41-49.

Illustrations d’Arthur Rackham pour "The Golden Apple Tree and the Nine Peahens" 

- The Allies’ Fairy Book, 1916.

 


II était une fois un tsar qui avait trois fils et, devant son palais, un pommier d’or ; en une nuit, l’arbre fleurissait, et ses fruits mûrissaient. Mais un inconnu les cueillait tous, sans qu’on pût le découvrir. Un jour, le tsar consulta ses fils :


-  Où donc disparaissent les fruits de notre pommier ? L’aîné suggéra :

-  Cette nuit, je surveillerai l’arbre pour voir qui les vole.

A la tombée du jour, il alla se coucher sous le pommier pour le garder. Mais au moment où les fruits commençaient à mûrir, il s’endormit. Et quand il s’éveilla, à l’aube, l’arbre était déjà dépouillé. Et il lui fallut bien aller conter à son père toute la vérité. Alors le fils cadet se proposa pour surveiller le pommier. Mais il subit la même mésaventure que son aîné : il s’endormit sous l’arbre et, à l’aube, quand il s’éveilla, il n’y avait déjà plus un fruit.

Enfin, ce fut le tour du benjamin de prendre la garde. Il se prépara, installa une couche sous le pommier, et s’y étendit. Un peu avant minuit, il se réveilla et jeta un coup d’œil sur l’arbre : les pommes  avaient déjà commencé à mûrir, et leur éclat illuminait tout le palais. A ce moment précis, fendant l’air, arrivèrent neuf paonnes d’or. Huit d’entre elles s’abattirent sur le pommier, et la neuvième se posa sur le lit. A peine installée, elle se transforma en une jeune fille, si belle qu’elle n’avait pas son égale dans tout le royaume. Le prince et l’inconnue s’étreignirent et s’embrassèrent jusqu’après minuit.


Alors, elle se leva et le remercia pour ses pommes. Le prince l’implora :

-  Laisse-m’en au moins une !

Et la jeune fille lui en donna deux : une pour lui et l’autre pour son père. Ensuite, elle redevint oiseau et s’envola avec ses compagnes. Au point du jour, le prince sauta de sa couche et rapporta les deux fruits à son père. Le tsar en fut ravi, et il félicita son plus jeune fils.

Le soir suivant, de nouveau, le jeune prince s’installa, comme la veille, pour garder le pommier. Tout se passa de la même façon et, le lendemain, il rapporta à son père deux nouvelles pommes d’or.

Mais après plusieurs nuits de réussite, ses frères commencèrent à le jalouser. Pourquoi n’avaient-ils pas réussi, eux, à garder ces fruits, comme il y parvenait, lui, chaque nuit ?

C’est alors qu’une maudite vieille vint se mêler à l’affaire : elle leur promit de fouiner, et de découvrir comment le jeune prince avait sauvé les pommes d’or.

Elle se glissa, le soir venu, jusqu’à l’arbre et parvint à se tapir sous le lit. Le jeune homme vint peu après et, comme à l’accoutumée, il se coucha. Aux environs de minuit, arrivèrent les neuf paonnes ; les huit premières se posèrent sur le pommier, la neuvième sur le lit, et elle se métamorphosa en jeune fille.

Sa tresse pendait le long du lit. La vieille, doucement, la saisit et la coupa. Aussitôt la jeune fille bondit, se changea en paonne et s’envola ; ses huit compagnes abandonnèrent aussi le pommier, et elles disparurent toutes ensemble. A son tour, le prince se jeta au bas de la couche, en criant :

- Que se passe-t-il ? 

Et il fut tout étonné d’apercevoir la vieille sous le lit. Il l’empoigna et l’extirpa de son recoin. Et le lendemain, sur son ordre, elle fut attachée aux queues de quatre chevaux, et écartelée.

Cependant les paonnes ne venaient plus sur le pommier. Et, sans trêve, le prince se lamentait et pleurait leur absence. Enfin, il décida de courir le monde à la recherche de sa paonne, et de ne revenir que lorsqu’il l’aurait retrouvée.

Alors, il s’en fut voir son père et lui annonça son intention. Le tsar tenta de le dissuader ; il le raisonna, voulut le faire renoncer à son projet, et, pour cela, promit de lui trouver une jeune fille à son goût : on chercherait dans tout le royaume. Mais toutes les raisons du roi furent vaines : le prince s’équipa et, accompagné d’un seul valet, il partit dans le vaste monde à la recherche de sa paonne.

Longtemps, il voyagea ainsi, de par le monde. Et, un jour, il parvint au bord d’un lac, où il trouva un grand et riche palais. Et, dans le palais, vivait une vieille tsarine, en compagnie d’une jeune beauté, sa fille. Il interrogea la tsarine :

-  Pour l’amour de Dieu, grand-mère, sais-tu quelque chose de neuf paonnes d’or ?

-  Bien sûr, mon fils, je les connais. Chaque jour, à midi, elles viennent ici, pour se baigner dans le lac. Pourtant, je te conseille de renoncer à tes paonnes. Je te donnerai mon enfant ; c’est une fille splendide, et tu hériteras de tous mes immenses trésors.

Mais, dans sa hâte de revoir les paonnes, le prince ne voulait même pas écouter ce que la vieille tsarine lui racontait sur sa fille. Et, le lendemain matin, il se leva et se prépara pour aller jusqu’au lac et y attendre les paonnes.

Cependant, la tsarine soudoya le valet et lui confia un petit soufflet à attiser le feu :

-  Tu vois ce petit soufflet ? Quand vous serez au lac, à la dérobée, souffle un peu dans le cou de ton maître. Il s’endormira aussitôt et, ainsi, il ne pourra pas converser avec ses paonnes.

Le funeste valet obéit. Quand ils arrivèrent au lac, il saisit la première occasion pour souffler dans le cou de son maître avec le petit soufflet, et le malheureux s’endormit immédiatement, comme une souche. Il n’était pas plus tôt assoupi que les neuf paonnes arrivèrent ; les huit premières s’abattirent sur le lac, et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle étreignit le jeune homme pour l’éveiller :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Mais  il  restait  inerte,   comme  mort.  Après  leur  bain,  les  paonnes
s’envolèrent, toutes ensemble. Aussitôt, le prince se réveilla et demanda à son valet :

-  Que se passe-t-il ? Sont-elles venues ?

-  Oui, elles sont venues. Huit ont plongé dans le lac, et la neuvième s’est posée sur ton cheval. Elle t’embrassait et voulait te réveiller.

A écouter ces paroles, de désespoir, le pauvre prince était prêt à se tuer.
Le lendemain matin, il s’équipa, monta son cheval et, suivi de son valet, il s’en fut, au petit trot, le long du lac. Le serviteur trouva encore une occasion de lui souffler dans le cou avec son petit soufflet ; et le prince s’endormit comme une souche. A peine était-il assoupi que les paonnes arrivaient : huit s’abattirent dans le lac, et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle se mit à embrasser le jeune homme pour l’éveiller :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Rien n’y fit : il dormait d’un sommeil de mort. La paonne avertit le valet :

-  Dis à ton maître qu’il pourra nous accueillir ici, demain encore. Et qu’ensuite, jamais plus il ne nous verra en ce lieu.

Et, une fois de plus, elles s’envolèrent. Le prince s’éveilla aussitôt après leur départ, et interrogea son valet :

-  Dis-moi, sont-elles venues ?

-  Oui. Et elles t’avertissent que demain sera le dernier jour où tu pourras les accueillir. Ensuite, plus jamais elles ne reviendront ici.

A ces mots, le malheureux perdit la tête : de peine et de tristesse, il s’arrachait les cheveux.

A l’aube du troisième jour, de nouveau, il se prépara pour aller au lac, et enfourcha son cheval. Mais, cette fois-ci, il ne voulut pas se promener sur la rive ; pour ne pas s’endormir, il se lança au galop.

Pourtant, tant bien que mal, son valet trouva une nouvelle occasion de lui souffler dans le cou avec le petit soufflet.

Le prince s’affala sur son cheval et s’endormit à l’instant. Dès qu’il fut assoupi, arrivèrent les neuf paonnes ; huit se précipitèrent dans le lac et la neuvième se posa sur le cheval du prince. Elle embrassait le jeune homme et le secouait :

-  Lève-toi, mon trésor ! Lève-toi, mon cœur ! Lève-toi, mon âme ! Rien n’y fit : il dormait, comme assommé. Alors la paonne dit au valet :

-  Quand ton maître se lèvera, donne-lui bien ce conseil : "Abats le clou d’en haut vers celui d’en bas  ! Alors seulement, il me retrouvera."

Et les paonnes s’envolèrent. Aussitôt après, le prince s’éveilla.

-  Sont-elles venues ?

-  Oui, elles sont venues. Et celle qui s’est posée sur ton cheval m’a dit : "Abats le clou d’en haut vers celui d’en bas ! » Et qu’alors seulement, tu la retrouveras."

A l’instant, le prince dégaina son sabre, et trancha net la tête du valet. Et il continua seul sa quête, à travers le vaste monde.

Après une longue route, il arriva sur une montagne et passa la nuit chez un ermite qui vivait là.

-  As-tu entendu parler de neuf paonnes d’or ?

-  Eh ! mon fils, tu as de la chance ! C’est Dieu lui-même qui t’a guidé jusqu’au bon endroit : car pour parvenir à elles, il n’y a qu’une demi-journée de marche. Va tout droit : tu trouveras un grand portail ; quand tu auras franchi ce portail, garde ta droite, et tu atteindras leur ville, où tu trouveras leur palais.

Le lendemain, au point du jour, le prince se leva, s’équipa, remercia l’ermite, et prit le chemin indiqué. En effet, il trouva le grand portail ; après l’avoir franchi, il tourna à main droite, et, aux environs de midi, aperçut une ville éclatante de blancheur. Et fut transporté de joie.

A peine entré dans la ville, il s’enquit du palais des paonnes d’or. La garde l’arrêta à la porte et lui demanda qui il était, et d’où il venait. Il s’en expliqua et, alors seulement, on l’annonça à la tsarine, maîtresse de ces lieux. A l’instant même, celle-ci, hors d’haleine, se précipita vers lui, sous sa forme de jeune fille. Elle le prit par la main et le conduisit dans le palais. Quelle liesse, quel débordement de joie ! Quelques jours après, ils se marièrent. Et le prince resta vivre auprès de sa femme.

Mais un jour que la tsarine allait se promener, sans son mari, elle lui confia les clés de douze caves, et lui dit :

-  Tu peux visiter toutes les caves, sauf la douzième. N’y entre à aucun prix ! Ne l’ouvre même pas : c’est ta tête que tu joues !

Là-dessus, elle partit. Resté seul au palais, le prince s’interrogeait :

-  Mais que peut-il donc y avoir dans la douzième cave ?

Il entreprit de les ouvrir, l’une après l’autre. Arrivé à la douzième, il commença par hésiter. Mais quelque chose l’intriguait : que peut-il y avoir là-dedans ? Enfin, il passa le pas, et ouvrit la porte.

A sa grande surprise, il vit une pièce vide et, en son centre, un énorme tonneau débouché, cerclé de fer, d’où sortit une voix :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif ! Par pitié, donne-moi un verre d’eau !

Le prince prit un verre d’eau, et le versa dans le tonneau. Aussitôt, un des cercles se brisa. Et de nouveau la voix sortit du tonneau :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif, donne-moi encore un verre d’eau !

Le prince versa un second verre, et un nouveau cercle se rompit. Pour la troisième fois, la voix sortit du tonneau :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! Je meurs de soif, donne-moi encore un verre d’eau !

Le prince versa un nouveau verre, et le troisième cercle éclata. Le tonneau tomba en pièces, un dragon  s’en échappa et prit son vol. Au passage, sur son chemin, il saisit la tsarine, et l’emporta. Les servantes coururent annoncer son malheur au pauvre prince, qui s’effondra.

Enfin, il décida de repartir, de courir le monde à la recherche de sa femme. Après un long voyage, il arriva au bord d’un ruisseau. Le longeant, dans une flaque d’eau, il aperçut un petit poisson qui se débattait. Quand il vit le prince, le poisson l’implora :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré  ! Rejette-moi dans mon ruisseau. Un jour, tu auras grand besoin de moi. Alors, n’hésite pas : prends une de mes écailles, et, quand la nécessité te tracassera, tu n’auras qu’à la gratter un peu.

Le prince recueillit le petit poisson, lui prit une écaille et le relança dans la rivière. Puis il rangea soigneusement l’écaillé dans son mouchoir.

Un peu plus tard, chemin faisant, il trouva un renard  pris au piège. Quand le renard l’aperçut, il s’écria :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré ! Libère-moi ! Un jour, tu auras grand besoin de moi. Alors, n’hésite pas : tu n’as qu’à prendre un poil de ma fourrure. Et, quand la nécessité te tracassera, tu n’as qu’à le frotter un peu.

Il arracha un poil au renard, le délivra et poursuivit son chemin.

Traversant une montagne, il   découvrit un loup  tombé dans un traquenard, qui s’écria en l’apercevant :

-  Au nom du Seigneur, deviens mon frère juré ! Délivre-moi ! Et quand lu seras dans la détresse, je t’aiderai. Prends un poil de ma fourrure et, en cas de besoin, frotte-le un peu.

Le prince lui arracha un poil, et libéra le loup. Puis il reprit sa route et voyagea longtemps encore.

Un jour, il rencontra un homme qu’il interrogea :

-  Pour l’amour de Dieu, frère ! As-tu jamais entendu dire où se trouve le palais du tsar des dragons ?

L’homme le renseigna aimablement, et lui indiqua même le moment propice pour s’y rendre. Le prince remercia, poursuivit son chemin et, longtemps après, parvint à la citadelle du dragon. Et, à son premier pas dans le palais, il retrouva sa femme. Ce fut, pour eux deux, une immense joie, cette réunion. Mais il fallait aussi prévoir comment s’évader. Enfin, ils tombèrent d’accord pour s’enfuir au plus vite. A la hâte, ils s’équipèrent pour le voyage, sautèrent sur des chevaux, et les voilà partis !

Ils venaient de quitter le palais quand, sur son destrier, revint le dragon. Il entra dans son château : la tsarine n’y était plus. Le dragon prit l’avis de son cheval :

-  Que faire maintenant ? Manger et boire, ou bien leur courir sus ?

-  Mange et bois. Ne t’en fais pas : nous les rattraperons.

Après un repas copieux, le dragon enfourcha son destrier, s’élança à la poursuite des fugitifs et les rattrapa en moins de rien. Aussitôt, il arracha la tsarine au prince, et dit à celui-ci :

-  Va où Dieu te conduira. Pour cette fois je te pardonne, parce que tu m’as donné de l’eau dans la cave. Mais, si tu tiens à ta vie, n’y reviens plus !

Le pauvre prince fit un bout de chemin, mais, malade d’amour, s’en retourna. Et, le lendemain, il revint au palais du dragon. Il y trouva la tsarine, seule, toute en larmes, qui se jeta dans ses bras. Et ils recommencèrent à discuter des moyens de fuir. Le prince lui proposa :

-  Quand le dragon rentrera, demande-lui où il a acquis son cheval ; et dis-le moi. J’en chercherai un semblable, qui nous permettra de nous enfuir pour de bon.

Puis, il quitta le palais.

Le dragon rentra. Sur le champ, la tsarine se mit à le câliner, à le charmer et à l’entretenir de choses et d’autres. Enfin, elle l’interrogea :

-  Quel cheval rapide tu as ! Pour l’amour de Dieu, où l’as-tu trouvé ?

-  Là où je l’ai eu, tout le monde ne peut l’avoir. Dans une montagne habite une vieille qui a douze chevaux au râtelier, tous plus beaux les uns que les autres. Dans un coin sombre, il y en a un qui semble galeux ; mais ce n’est qu’apparence, en fait c’est le meilleur. Car c’est le frère du mien ; et qui l’obtient peut aller jusqu’au ciel. Mais qui veut l’obtenir doit servir chez la vieille, trois jours durant. Elle possède aussi une jument avec son poulain. Et il faut les garder pendant les trois nuits. A qui réussit, la vieille permettra de prendre le cheval de son choix. Mais qui se fait embaucher par la vieille, et ne réussit pas à garder la jument et son poulain pendant les trois jours, celui-là perdra sa tête.

Le lendemain, après le départ du dragon, le prince revint. Et la tsarine lui raconta tout ce qu’elle avait appris du monstre. Alors, le prince partit dans la montagne et trouva la vieille.

-  Dieu te protège, grand-mère !

-  Dieu te bénisse, mon fils ! Quel bon vent t’amène ?

-  J’aimerais servir chez toi.

-  Bien, mon fils. Si tu parviens à garder ma jument, trois jours durant, je te donnerai un cheval à choisir. Sinon, je te trancherai la tête.

Elle l’amena au milieu de la cour : tout autour, des pieux étaient alignés. Fiché sur chacun, il y avait un crâne humain. Sauf sur un, qui criait sans trêve :

-  Vieille, donne-moi une tête !

La vieille montra l’ensemble au prince :

-  Tu vois, tous furent embauchés chez moi, mais ne réussirent pas à bien garder ma jument.

Pourtant, le prince ne s’effraya pas, et il resta au service de la vieille.

Le soir venu, il monta la jument et partit vers un pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. A son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Sa quête le conduisit à une rivière. L’eau lui rappela le petit poisson qu’il avait sauvé de la flaque. Il sortit l’écaillé de son mouchoir et la frotta un peu entre ses doigts. Et soudain, le petit poisson jaillit hors de l’eau :

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est échappée, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle s’est transformée en poisson, et son petit en alevin. Frappe l’eau avec les rênes en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Alors, il frappa l’eau avec les rênes :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

La jument, aussitôt, reprit sa forme et escalada la rive, suivie de son poulain. Le prince la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille donna à manger au prince, et mena sa jument à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en poisson !

-  C’est ce que j’avais fait. Mais les poissons sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille l’aiguillonna :

-  Alors, fais-toi renarde !

A la tombée de la nuit, le prince monta la jument et repartit vers le pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument, quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. Et, à son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Aussitôt lui revinrent à l’esprit les paroles de la vieille à sa bête. Il sortit de son foulard le poil du renard, le frotta un peu. Et, subitement, le renard fut devant lui.

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est enfuie, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle est devenue renarde, et le poulain renardeau. Frappe par terre avec les rênes, en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Il frappa le sol avec les rênes :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Et la jument reprit sa forme, et, soudain, avec son poulain, se trouva devant le prince, qui la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille servit le repas, et mena sa jument droit à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en renarde !

-  C’est ce que j’avais fait ! Mais les renards sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille suggéra :

-  Alors, fais-toi louve !

A la tombée de la nuit, le prince monta la jument et partit vers le pré ; le poulain trottait à côté. Il était resté bien en selle sur la jument, quand, vers minuit, il s’assoupit, puis s’endormit. Et, à son réveil, il chevauchait un billot, rênes en main.

Devant cette disparition, il prit peur et se précipita à la recherche de la jument. Aussitôt lui revinrent à l’esprit les paroles de la vieille à sa bête. Il sortit de son foulard le poil du loup, et le frotta un peu. Aussitôt le loup se planta là.

-  Qu’y a-t-il, frère d’élection ?

-  La jument de la vieille s’est échappée, et je ne sais pas où elle est.

-  Ici, parmi nous : elle s’est transformée en louve, et son poulain en louveteau. Frappe par terre avec les rênes, en prononçant : Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Avec les rênes, il frappa le sol, en répétant :

-  Tout doux ! Ho ! Jument de la vieille !

Et la jument reprit sa forme, et parut devant lui, avec son poulain. Le prince la brida et la monta. Sur le chemin du retour, de nouveau, le poulain trottait à côté de sa mère.

Quand ils furent rentrés, la vieille lui servit le dîner et mena sa bête droit à l’écurie, à grands coups de tisonnier.

-  Catin ! Il fallait te changer en louve !

-  C’est ce que j’avais fait ! Mais les loups sont ses amis, et ils m’ont dénoncée.

La vieille, alors, rejoignit le prince.

-  Grand-mère, je t’ai servie honnêtement. Maintenant, donne-moi ce qui a été convenu.

-  Mon fils, qu’il en soit comme convenu. Voici mes douze chevaux. Choisis celui que tu désires.

-  Pas question de choisir ! Donne-moi le galeux, qui est dans le coin sombre : les belles montures ne sont pas pour moi.

La vieille voulut le dissuader :

-  Vraiment, parmi de si beaux chevaux, tu prendrais le galeux ! Mais, lui, il insistait :

-  Donne-moi celui que je veux, selon notre marché !

Elle ne pouvait se dédire : et elle lui donna donc le cheval galeux. Le prince prit congé de la vieille et emmena sa monture dans la forêt. Là, il la bouchonna et la nettoya, et le cheval parut dans tout son éclat : sa robe semblait d’or. Le prince alors le monta, l’éperonna, et le cheval s’envola comme un oiseau. Et, en un clin d’œil, ils furent devant le palais du dragon. A peine entré dans le palais, il pressa la tsarine :

-  Prépare-toi, au plus vite !

Rapidement, ils furent prêts, enfourchèrent le cheval et s’enfuirent, à la grâce de Dieu !

Peu après, le dragon rentra. La tsarine avait disparu. Et il demanda à son cheval :

-  Que faire maintenant ? Manger et boire, ou bien leur courir sus ? Le cheval répondit :

-  Que tu manges ou que tu ne manges, que tu boives ou que tu ne boives, que tu les poursuives ou que tu ne les poursuives, jamais tu ne les rattraperas.

A ces mots, le dragon sauta en selle, piqua des deux et lança son destrier à toute sa vitesse !

Quand les fugitifs aperçurent le dragon qui les talonnait, ils prirent peur, et forcèrent leur cheval à galoper plus vite encore. Mais l’animal leur dit :

-  Ne craignez rien. Et cessez de fuir.

Au moment où le dragon était sur le point de les rattraper, son cheval appela celui du prince :

-  Pour l’amour de Dieu, mon frère, attends-moi ! Je crèverai à te poursuivre ainsi !

-  Tu es fou de porter ce monstre ! Cabre-toi un bon coup, brise-le contre un rocher, et rejoins-moi !

Alors le cheval qui portait le dragon sauta, rua, se cabra de toutes ses forces, le désarçonna et le précipita sur un rocher. Le dragon se brisa en mille morceaux, et son cheval rejoignit les amoureux. La tsarine le monta ; et c’est ainsi que sans encombre, elle gagna, en compagnie du prince, son empire, où ils régnèrent jusqu’à la fin de leurs jours.

Arthur Rackham (1867-1939), pommes d'or et les neuf paones


 

 

 

Conte de Bruno Hächler
Zurich, Nord-Sud, 1999

L’ami pommier


       Au sortir de la ville, dans une vieille maison timidement cachée au fond d’un beau jardin, vivait jadis un homme qui avait de bons yeux rieurs derrière ses petites lunettes rondes, et un air doux comme un mouton sous sa toison de boucles brunes.


      Il s’appelait François. Chaque matin, en se levant, François contemplait son arbre : un magnifique pommier qui poussait sous ses fenêtres. Rien qu’à le voir, si grand, si beau, il était heureux. Et chaque soir, en rentrant du travail, il passait des heures à regarder les oiseaux qui nichaient dans son feuillage.


      Car on ne s’ennuie pas à regarder les arbres : certains sont même de véritables magiciens. Au printemps, ils disparaissent sous un grand manteau de fleurs où butinent les abeilles. Au plus chaud de l’été, ils offrent leur ombre fraîche à tous ceux qui, le visage en feu, fuient le soleil brûlant.


      Puis, quand vient l’automne, ils lancent à la volée des gerbes de feuilles jaunes, rouges ou rousses qu’un vent fougueux éparpille au loin sur les trottoirs et les pavés… en attendant que l’hiver referme sur eux sa grande cape blanche.


      François aimait son arbre depuis toujours. Quand il était petit, il grimpait souvent dans ses branches et y restait caché lorsque sa maman l’appelait pour le dîner. Et maintenant qu’il avait grandi, le seul fait de l’admirer lui procurait toujours autant de joie. Il ne lui fallait rien de plus pour être heureux. Parfois, quelqu’un s’arrêtait derrière la clôture – le plus souvent un homme, ou une femme avec un enfant – et il les entendait dire : " Regarde, le bel arbre !" Mais la plupart des gens, trop pressés, passaient sans le voir.


       Les années passèrent.


      François avait vieilli. De profonds sillons creusaient à présent son visage, et ses cheveux d’abord grisonnants, puis blancs, avaient fini par se clairsemer, emportés par le temps comme les feuilles par le vent. Seule sa barbe avait poussé, telle une longue écharpe de laine blanche. François était cependant toujours aussi heureux et ne se lassait pas d’observer son arbre et les oiseaux.


      S’il lui arrivait de surprendre des enfants en train de lui chiper des pommes, il riait de bon cœur en disant : "Les fruits volés sont toujours les meilleurs, pas vrai ?"


      Sur quoi les coupables, gênés, s’enfuyaient à toutes jambes.


      Mais un jour, un terrible malheur arriva. L’automne était de retour et un vent furieux faisait claquer les volets et voltiger les feuilles. Au-dessus des collines voisines, les nuages noirs semblaient si menaçants que chacun s’était empressé de rentrer chez soi. François ferma lui aussi sa fenêtre au premier éclair, mais il resta dans la pénombre à observer l’orage.


      Bientôt, d’énormes gouttes vinrent s’écraser contre la vitre, et l’averse s’abattit avec une telle force sur la petite ville qu’on eût dit qu’une main furieuse déversait sur elle un gigantesque tonneau. Déchiré d’éclairs, le ciel d’encre résonnait de coups de tonnerre, de plus en plus proches, de plus en plus violents.


      Et soudain, le cœur de François cessa de battre : dans un vacarme assourdissant, la foudre venait de tomber sur son pommier ! Sous ses yeux, le tronc se fendit dans un long craquement.


      Puis la pluie vint laver sa blessure.


      Quand l’orage s’éloigna, il laissa derrière lui un bien triste spectacle. Le pommier, jadis si beau, était là, tout pantelant, plus biscornu encore que la vieille maison. Du haut des branches jusqu’aux racines, une longue cicatrice entaillait le tronc.


      "Ça fait mal, je sais", murmura François pour le consoler, tout en caressant l’écorce calcinée. L’arbre gémissait à voix basse. Et si les hommes savaient que les arbres pleurent, eux aussi, François aurait sans doute remarqué les perles d’eau qui scintillaient le long du tronc.


      Le printemps suivant fut chaud et ensoleillé. Les oiseaux chantaient à tue-tête. Seule sur le ciel bleu, se détachait la triste silhouette sombre et noueuse du pommier. Des feuilles minuscules avaient bien repoussé sur ses branches, çà et là, ainsi que quelques fleurs dans lesquelles butinaient les abeilles comme autrefois.


      Mais l’arbre avait beau faire, il n’avait plus la force de retrouver sa beauté d’antan. Sa plaie béante le faisait souffrir dès qu’un rayon de soleil l’effleurait ou que le temps changeait.


      Mais ce n’était pas le pire…


      Ces derniers temps, les gens qui passaient s’arrêtaient souvent pour le regarder et, l’air dédaigneux, le traitaient d’horreur ou bien d’affreux épouvantail.


      "C’est une honte, il faut l’abattre !" lança un jour une femme. Et quelqu’un renchérit, disant qu’il serait temps de le remplacer par un parking ou un joli gazon.


      Plus triste de jour en jour, l’arbre arrosait tant de ses larmes les quelques fleurs qui lui restaient qu’elles fanèrent plus vite encore. François était furieux d’entendre les gens parler ainsi.


      Il aimait son arbre tel qu’il était et, chaque soir, allait caresser son écorce tout en guettant le chant des oiseaux dans ses branches mortes.


      "Allez-vous-en ! " criait-il parfois, hors de lui, en chassant les mauvaises langues à grands coups de balai. Mais en vain.


      Le lendemain, d’autres passants s’arrêtaient et le critiquaient de plus belle.


       Alors un jour, François se décida.


      De bon matin, il partit sur son vieux vélo rouillé, souriant si gaiement en pédalant que ses voisins s’en étonnèrent. Quelques heures plus tard, il revint chargé d’un gros paquet qu’il déposa au jardin. Puis il alla chercher sa pelle et se mit à creuser avec ardeur au pied du pommier, ne s’arrêtant pour se reposer que lorsque le trou fut bien profond. Et dans ce trou, François planta un tout jeune pommier qui arrivait à peine à la hauteur de sa barbe blanche.


      "Il s’est enfin décidé à arracher ce vieil arbre !" se dirent les gens.


      Mais François se contenta de sourire. Il recouvrit les racines du petit arbre, l’arrosa avec soin, et alla ranger sa pelle.


      Printemps, étés, automnes, hivers se succédèrent à nouveau. François avait désormais le dos vouté et passait le plus clair de son temps assis à la fenêtre, le sourire aux lèvres.


      Au jardin, le petit pommier était devenu un arbre splendide qui portait tant de fruits que François ne pouvait plus les manger tout seul.


      Et le vieil arbre était toujours là, lui aussi, tout contre lui.


      Soutenu par les branches vigoureuses de son jeune voisin, il vivait là des jours heureux, paisible et tranquille.


      Chaque année, il voyait avec joie renaître quelques feuilles et des fleurs sur ses branches. Et il riait en secret quand un enfant, de temps à autre, volait aussi l’une de ses rares pommes qu’il lui restait.


      La plupart des gens, toujours pressés, passaient sans les voir. Mais parfois, quelqu’un s’arrêtait et les contemplait longuement, tous les deux.


      Un soir d’automne, le vieil arbre sentit soudain une main amie sur son écorce rugueuse.


      Le vieux François était venu le voir sans bruit.


      Tout bas, il lui parla.


      Alors, en silence, l’arbre inclina ses branches.


      Lui aussi l’avait senti : l’hiver approchait.


      Il était temps de se reposer.


      Tandis que les premiers flocons voltigeaient aux fenêtres et que François s’allongeait bien au chaud dans son lit, le vieil arbre s’assoupit au jardin.


       Et les deux amis s’endormirent en rêvant du printemps.

 

George W Picknell (1864-1943) Le vieux pommier

 

 

 

Conte d"Echtra Condla , 

"L'aventure de Conle"

 

Prince celte Condla — fils du roi Conn —, se vit remettre une pomme en guise d’unique aliment ! Capable de protéger de la faim, de la soif, de la douleur et de la corruption.


est un conte d'Echtra en vieil irlandais connu en deux variantes à partir de huit manuscrits, dont le plus ancien a été daté du 12ème siècle.

 
- le conte peut avoir été écrit d'abord dès le VIIIe siècle . Les deux variantes ne s'écartent pas fortement l'une de l'autre, de sorte qu'un seul résumé suffit à l'un et à l'autre.

 

Le conte raconte la "séduction" de Conle (Connla), fils de Conn des Cent Batailles par une femme de l' Aos Si . En plus de ce qui semble être une histoire de tradition pré-chrétienne, l'histoire incorpore également ce qui a été interprété comme un message anti-druidique post-chrétien de la femme elle-même, prédisant l'avènement du christianisme.


 

Alors que Connla est en compagnie de son père sur la colline d'Uisnech, une femme merveilleuse étrangement vêtue vient à sa rencontre, et Conle lui demande d'où elle vient.

 

Elle lui annonce qu'elle qu'elle est originaire de la "Terre des vivants" (Tír na mBeo), où les gens vivent en paix sans péché, un monde où il n'existe ni mort, ni péché, ni douleur. La femme déclare qu'elle l'invite à la "Plaine des délices" (Mag Mell) où le roi est Bóadag , promet que Conle peut rester pour toujours.

 

Conn Cetchathach, demande à Conle à qui il parle, car personne d'autre que Conle ne pouvait voir la femme. 

 

Voyant que cette femme veut entrainer son fils dans cet autre monde, demande à son druide Corann de chanter pour couvrir la voix de celle-ci.

 

Le druide réussit à l'éloigner, en entonnant un sort où la voix de la femme a été entendue, afin que Conle ne puisse plus la voir. L'étrange femme s'en va alors, mais elle a le temps de lui lancer une pomme.

 

Durant un mois Conle ne se nourrira que de cette pomme qui a la propriété de ne jamais diminuer, en effet la pomme est restée entière même après que Conle en ait mangé. Conle devient alors trop désireux de revoir cette femme.
 

La femme réapparaît après ce mois, cette fois dans la plaine d'Arcommin. Elle parle à Conle et Conn appelle à nouveau son druide, mais la femme lui fait des reproches, disant qu'il ne devrait pas recourir au druide.

 

La femme parle à Conn en réprimandant le druide, décrivant ses paroles comme des mensonges venant d'un démon. Conn note que Conle ne répondra à personne sauf à la femme et demande si la parole de la femme a une emprise sur lui. Conle répond qu'il est déchiré entre son peuple et la femme.

 

La femme fait alors signe à Conle de venir avec elle, promettant une terre heureuse pleine seulement de femmes et de jeunes filles. Conle saute alors dans le "navire de cristal" (bateau de verre) de la femme (Noi Glano , ou Loing Glano), et ceux qui restent l'ont regardé s'éloigner jusqu'à ce qu'il soit trop loin pour être vu.

 

Personne ne revit jamais plus Conle, fils de Conn Cetchathach.

 

 

 

Musées, foires et fêtes sur la pomme

 


. La Société pomologique du Berry organise chaque année, depuis plus de trente ans, le dernier week-end d'octobre, les Journées de la Pomme, à Neuvy-Saint-Sépulchre.

. L'écomusée de la pomme du Calvados

. L'écomusée de la pomme et du cidre de Breteville-du-grand-Caux

. Les "pommades", en novembre, à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne)

. La maison de la pomme, à Sainte-Opportune-la-Mare (Eure)

. La maison de la Pomme d'Or, à Lanouaille (Dordogne)

. Foire de la Pomme chaque année le troisième week-end d'octobre à Vimoutiers en Pays d'Auge

. Fête de la pomme, du cidre et du fromage, à Évreux

. Foire aux pommes annuelle, à Secondigny

. Fête du pommé à Joué-l'Abbé (Sarthe), depuis onze ans, le village célèbre chaque année à l'automne la pomme et son nectar le Pommé. Cette recette très ancienne consiste à faire réduire jus de pomme et pommes pendant 24 heures dans une marmite en cuivre pour obtenir le Pommé, sorte de pâte de fruit légèrement caramélisée.

. Fête du pommé dans quelques communes d'Ille-et-Vilaine, dans la vallée du Couesnon et des Marches de Bretagne :

- Bazouges-la-Pérouse (3e dimanche d'octobre),

-Tremblay (dernier week-end de novembre) 

-Chauvigné (en décembre).


. Foire aux pommes annuelle (2e dimanche d'octobre) à Le Vernet (Auvergne) organisé par le Verger Conservatoire du Vernet.
 

 

 

La pomme héraldique

 

Une POMME symboliserait l'amour.

d'après le Manuel héraldique ou Clef de l'art du blason par L. Foulques-Delanos, Limoges, oct. 1816 

 Blason ville fr Beaufour-Druval (Calvados)



 

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24 septembre 2021 5 24 /09 /septembre /2021 23:48

 

 

Mythologie des arbres


L'Olivier 

 

 

L'olivier fait partie de la famille des oléacées (genre olea) 
latin Olea - anglais Olive-tree - allemand Olivenbaum - néerlandais
 Olijfboom     -italien Ulivo - espagnol Olivo.

Oléa signifie olivier ou olive ; il signifie aussi poétiquement : bâton d’olivier ou branche d’olivier.


"...Le murmure d'un verger d'oliviers a quelque chose 

de très intime, d’immensément vieux. C'est trop beau

pour que j'ose le peindre ou puisse le concevoir..."

Vincent van Gogh (1853-1890) peintre et dessinateur néerlandais.

 


L’olivier (Olea europaea L. subsp. europaea var. europaea) est un arbre fruitier au tronc irrégulier et noueux,  très rameux, au bois dur et dense, à l'écorce brune crevassée, il peut atteindre 15 à 20 mètres de hauteur. On lui prête une longévité atteignant plusieurs millénaires. On dit qu'il est immortel.

Cependant, sous l'action d'animaux de pâture, ou dans des zones extrêmement ventées, ou exposées aux embruns, il conserve une forme buissonnante, de défense, et maintient la forme d'une boule compacte et impénétrable, lui donnant l'aspect d'un buisson épineux. 


Dans la plupart des modes de culture, la variété est domestiquée depuis plusieurs millénaires et cultivée principalement dans les régions de climat méditerranéen.  Ils sont maintenus à une hauteur de trois à sept mètres afin de faciliter leur entretien et la récolte des fruits.

 

L'olivier ne produit naturellement qu'une année sur deux en l'absence de taille, et la production s'installe lentement, progressivement, mais durablement : entre 1 et 7 ans, c'est la période d'installation improductive, dont la durée peut doubler en cas de sécheresse ; jusqu'à 35 ans, l'arbre se développe et connaît une augmentation progressive de la production ; entre 35 ans et 150 ans, l'olivier atteint sa pleine maturité et sa production optimale. Au-delà de 150 ans, il vieillit et ses rendements deviennent aléatoires.


 

 


Le feuillage est persistant, vert foncé, luisantes en dessus, blanchâtres en dessous,  d'un vert clair argenté avec une nervure médiane saillante sur la face inférieure. Les feuilles sont opposées, ovales allongées, portées par un court pétiole, coriaces, entières, enroulées sur les bords. 


Elles vivent en moyenne trois ans puis jaunissent et tombent, principalement en été. En cas de sécheresse, les feuilles sont capables de perdre jusqu'à 60 % de leur eau, de réduire fortement la photosynthèse et de fermer les stomates permettant les échanges gazeux pour réduire les pertes en eau par évapotranspiration, permettant ainsi la survie de l'arbre au détriment de la production fructi-florale.


C'est grâce à sa feuille que l'olivier peut survivre en milieu aride. Quand il pleut, les cellules foliaires s'allongent pour emmagasiner l'eau. Et, en cas de sécheresse, les feuilles se rétractent et bloquent l'activité de photosynthèse au détriment des fruits.


 

 

Les fleurs sont blanches avec un calice, deux étamines, une corolle à quatre pétales ovales, et un ovaire de forme arrondie qui porte un style assez épais et terminé par un stigmate. Cet ovaire contient deux ovules (un seul se développera). Les fleurs sont regroupées en petites grappes de dix à vingt, poussant à l'aisselle des feuilles au début du printemps sur les rameaux âgés de deux ans.


La plupart des oliviers sont auto-fertiles, c'est-à-dire que leur propre pollen peut féconder leurs propres ovaires. La fécondation se fait principalement par l'action du vent et la période de fertilité ne dure qu'une petite semaine par année. S'il ne pleut pas trop durant cette période, 5 à 10 % des fleurs produiront des fruits pour une bonne production.

 

 

Le fruit de l'olivier :

il s'agit d'une drupe, à peau lisse, à mésocarpe charnu riche en matière grasse, renfermant un noyau ligneux, qui contient une graine. Sa forme ovoïde est typique. Sa couleur, d'abord verte, vire au noir à maturité complète chez la plupart des variétés. La maturité est atteinte entre octobre et décembre dans l'hémisphère nord.

 

 

Les olives  deviennent comestibles après préparation. Pour dispenser leurs fruits, les arbres cultivés réclament des soins constants.

 

 

L'olivier méditerranéen,

Olea europaea L. subsp. europaea (Bassin Méditerranéen), est encore subdivisé en deux variétés,

. subsp. europaea var. europaea pour l'olivier domestique,

et

. subsp. europaea var. sylvestris (Mill.) Lehr pour l'oléastre, ou olivier sauvage. 
Cette subdivision est cependant discutable, divers travaux ont pu montrer l'absence de frontière entre les populations sauvages et les formes cultivées, aussi bien sur le plan génotypique que phénotypique. Cependant, des travaux récents, publiés fin 2012, ont abouti à mettre en évidence, clairement, la différence entre l'Oléastre et l'Olivier cultivé. 

Les travaux ont porté sur l'analyse anatomique fine comparée de charbons de bois archéologiques et de bois d'olivier cultivé carbonisés. La filiation de l'Olivier cultivé (Olea europaea europaea europaea) est claire : il descend de l'Oléastre (Olea europaea europaea silvestris).

1897 Franz Eugen Köhler, Medizinal-Pflanzen de Köhler

 

 

Il existe cinq autres sous-espèces d’Olea europaea :

. Olea europaea subsp. cerasiformis (Madère ; sous-espèce tetraploïde),

. Olea europaea subsp. cuspidata (Afrique du Sud jusqu'au Sud de l'Égypte, et du Sud de l'Arabie jusqu'en Chine),

. Olea europaea subsp. guanchica (îles Canaries),

. Olea europaea subsp. laperrinei (Massifs montagneux du Sahara : Hoggar (Algérie), Aïr (Niger), et Jebel Marra (Soudan)),

. Olea europaea subsp. maroccana (Haut Atlas (Maroc) ; sous-espèce hexaploïde).
 

 

Les plus vieux oliviers dans le monde

 

 

. Agés de 4000 ans pour certains et jusqu'à 6000 ans pour d'autres, les 16 oliviers de Bchaalé figurent parmi les rares arbres les plus vieux au monde.
Miraculeusement préservés et nichés à 1300m d'altitude, aux confins de la région de Batroun (Liban-nord), à 83 kms de Beyrouth, ils sont signalés par un panneau officiel du Ministère du Tourisme libanais. Leur datation officielle remonte à 1999 mais reste approximative.

"Sur le soir, la colombe revint vers Noé, et voilà qu'elle avait au bec un rameau frais d'olivier. Noé sut alors que le niveau des eaux avaient baissé." (Genèse, 8.11). La légende qui entoure les oliviers de Bchaalé veut qu'ils soient ceux de la Bible.

 Plantés à intervalles réguliers, attestant du geste de l'homme depuis des temps immémoriaux, ces oliviers séculiers de type Olea europaneae seraient les plus anciens mais également les plus hauts du monde. Une position exceptionnelle leur ayant permis d'affronter les pires déluges.

 


. Olivier d'Açores, Grèce
L'ancien Olivier des Açores, juste à l'extérieur de Kavousi, est un joyau de + 3,250 ans. ! Le diamètre maximum du tronc à la base est de 7,1 mètres et la circonférence est de 22,1 mètres. La Couronne de l'arbre a un diamètre maximum de 8,5 mètres et une circonférence de 34,5 mètres.

 

 


. L’olivier de Voúves  est un olivier dans le village d’Áno Voúves dans la municipalité de Kolymvári dans la région de La Canée, Crète en Grèce. Probablement l'un des plus vieux oliviers du monde, il produit encore des olives aujourd'hui.
L'âge exact de l'arbre ne peut pas être déterminé. L'utilisation de radioisotopes n'est pas possible, car son bois de cœur a été perdu au cours des siècles tandis que l'analyse des cernes de l'arbre par des scientifiques de l'Université de Crète ont estimé qu'il avait 4 000 ans.

 

. Al-bak-boom, Israël
L'arbre d'Al-bak dans le village d'Al-Walaja (district de Bethléem, Israël) est estimé à 4000 ans. Le tronc a une circonférence de 25 mètres. C'est incroyable. Dans les villes de Deir Hanna et Arraba vous trouverez également des oliviers de 3 000 ans. Tous les arbres produisent encore des olives.

 

 

. Un olivier situé à Santu Baltolu di Carana dans l'île italienne de Sardaigne, et nommé avec respect "s'ozzastru" ("l'oléastre" en langue sarde, Olea europaea L. var. sylvestris) par les habitants de la région, est réputé être vieux d'au moins trois millénaires selon différentes études.

 

. Il existe au Sud-Liban un arbre vieux de 2 700 ans dans le village de Chaqra dénommé l'arbre des Perses. 

 

. L'âge d'un olivier crétois a pu être estimé à plus de 2 000 ans. 

 

. Plusieurs oliviers du Jardin de Gethsémani à Jérusalem, dont le nom provient des mots hébreux gat shemanim signifiant "pressoir à huile", sont réputés dater de l'époque de Jésus. 

 

. À Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un vénérable olivier millénaire âgé de plus de 2 000 ans affiche un impressionnant vingt mètres de tour de tronc avec de multiples rejets. 


 

. Sur l'île de Brijuni (Brioni), dans la province d'Istrie en Croatie, un olivier donne toujours régulièrement des fruits malgré son âge d'environ 1 600 ans. 

 

. Pline l'Ancien parla d'un olivier sacré en Grèce dont l'âge était de plus de 1 600 ans.

 

 

 

 

 

Le premier pays oléicole mondial est l'Espagne. On ne sait pas précisément à quand y remonte la culture de l’olivier, mais on admet généralement qu’elle y fut introduite par les Phéniciens lors de leur colonisation de la Méditerranée occidentale il y a environ 3 000 ans, et qu’elle fut ensuite développée par les Romains.

Les Espagnols ont introduit l'olivier dans leurs anciennes colonies des Amériques et certains pays ont une production plus ou moins importante, comme l'Argentine, le Mexique, le Pérou , le Chili et les États-Unis (Californie). L'oléiculture commence à se développer aussi en Australie et en Afrique du Sud. Ces régions possèdent en effet un climat méditerranéen sur leurs façades maritimes méridionales.

C’est grâce aux grecs que les oliviers sont arrivés en Sicile, puis dans les environs de Marseille. Ce sont les Gaulois qui ont commencé à cultiver les oliveraies par les techniques du bouturage et par un système de champs en terrasses.


 

 

 

Mythologie grecque

 


Dans la mythologie grecque, Cécrops est le fondateur mythique d'Athènes, premier roi légendaire d'Attique. Sous son règne, eut lieu la dispute d'Athéna et de Poséidon sur l'Aréopage, la possession de l'attique. Ils le choisirent comme arbitre.


Poséidon frappa l'acropole d'Athènes de son trident, en fit jaillir une source d'eau salée et offrit à Cécrops un magnifique étalon noir capable de faire gagner toutes les batailles. 


Athéna riposta et gratta sa lance et fit naître de la terre brûlée par le soleil, près du lac salé, un arbre immortel permettant de nourrir et de soigner les hommes : l’olivier. 


Cécrops jugea le présent de la déesse bien plus utile pour son peuple, et c'est elle qui devint la protectrice d'Athènes. 


L'olivier que la déesse Athéna fit sortir de terre, est le symbole d'Athènes et représente la force et la victoire, la sagesse et la fidélité, la fécondité, la force,  l'immortalité et l'espérance, la richesse et l'abondance. 


Les Oliviers, Arbres sacrés, appelés dans ce cas "Moria" (donnés en partage par les dieux ou le destin), furent conjointement protégés par Zeus et Athéna.


 


 

Mythologie romaine

 


Consacré à la Déesse grecque Athéna, l'Olivier l'était également au Dieu romain Jupiter. Neptune et Minerve, se disputant la possession de l'Attique se présentent devant l'assemblée des Dieux. 


Ces derniers décident de confier la région à celui qui offrira le don le plus précieux. 


Neptune, le dieu de la mer frappa un rocher avec son trident et fit jaillir une source pendant que la déesse fit naître un Olivier. 


Minerve remporta la victoire et cet arbre lui fut consacré.

 

Ovide - Les Métamorphoses
La tapisserie de Minerve (6, 70-102)

Minerve représente au centre de son ouvrage la contestation célèbre qui opposa, à propos de la dénomination d'Athènes, la déesse Pallas (Athéna-Minerve) à Neptune. Minerve met en scène un tribunal de douze dieux entourant un Jupiter majestueux, qui préside le procès : d'un côté, Neptune fait jaillir avec son trident de l'eau du rocher de Cécrops ; de l'autre, Minerve se représente tout armée et faisant sortir de terre un plant d'olivier, tandis qu'une Victoire ponctue la scène. (6, 70-82)

 

"Pallas représente le rocher de Mars sur la citadelle de Cécrops,

et le vieux litige qui présida à la dénomination du lieu.

Deux groupes de six dieux autour de Jupiter, sur de hauts sièges,

sont assis, pleins d'une auguste gravité ; chaque dieu est identifiable

à son apparence : la représentation de Jupiter est celle d'un roi.

Pallas montre le dieu de la mer debout, frappant de son long trident

les durs rochers et faisant jaillir, du milieu de l'entaille dans la pierre,

de l'eau de mer : c'est son titre à revendiquer son droit sur la ville.

Quant à elle, elle se donne un bouclier et une pique à la pointe acérée,

elle se couvre la tête d'un casque et se protège la poitrine de l'égide ;

elle représente la terre frappée de la pointe de sa lance

et produisant un plant du pâle olivier, avec ses baies.

 

Les dieux sont admiratifs, et une Victoire complète la scène.

Toutefois, pour que la rivale qui lui dispute sa gloire comprenne

par des exemples quel prix espérer de son audace insensée,

la déesse ajoute, en quatre endroits, quatre scènes de compétitions,

brillantes par leurs coloris, mais distinctes par des personnages réduits.

Dans un angle figurent Rhodope de Thrace et Hémus,

aujourd'hui montagnes glacées, autrefois êtres mortels,

qui s'étaient attribué les noms des dieux les plus grands.

Un second angle traite du misérable destin de la mère Pygmée :

Junon, après l'avoir vaincue lors d'une compétition, ordonna

qu'elle devienne une grue et fasse la guerre à son propre peuple.

Pallas représenta aussi Antigoné qui avait osé rivaliser jadis

avec l'épouse du grand Jupiter, et que la reine Junon

 transforma en oiseau ; ni Ilion ni son père

Laomédon ne l'empêchèrent, devenue une blanche cigogne

couverte de plumes, de s'applaudir elle-même, en claquant du bec.

Le seul angle restant est consacré à Cinyras, privé de ses enfants :

étendu sur la pierre, en train d'embrasser les degrés d'un temple,

constitués des membres de ses filles,  il semble pleurer.

Pallas borde l'ensemble de rameaux d'olivier, symbole de paix ;

elle s'en tient là et termine son oeuvre par l'arbre qui lui est consacré.
 

Dispute de Minerve et de Neptune au sujet d'Athènes d'après Noël Halle


 

 


Mythologie gréco-romaine

 

Homère poète grec - 3000 ans av. J. C.

 

l'Iliade (la guerre de Troie)

 

Héraclès (Hercule en latin) fils de Zeus et d'une mortelle : Alcmène, princesse de Mycènes et descendante de Persée (fils de Zeus), demi-dieu est presque toujours représenté avec son principal attribut : la massue.

Cette arme est une pièce de bois étroite à l’extrémité qui sert de poignée et lourde et évasée à l’autre extrémité, pour frapper. Elle est assez souvent représentée plus ou moins hérissée de noeuds et du départ des branches coupées.

Hercule aurait confectionné sa massue, son arme la plus puissante, taillée dans une grosse branche d’olivier sauvage, dont le bois est lourd et serré.


C'est au cours du premier d'entre eux, la chasse du lion de Némée, qu'il acquiert ses principaux attributs : la massue taillée dans le tronc d'un olivier sauvage et la léonté, la peau de lion.

L’olivier, symbole de puissance et de force. 

Relief Heracles cour Carree Louvre

 

 

Selon Homère poète grec, 

 

l'Odyssée, (Ulysse) 

 

le pieu avec lequel Ulysse crève l'œil du cyclope Polyphème est taillé dans un olivier, symbole de sagesse et de force. 

Confronté au Cyclope lors de son retour vers Ithaque, Ulysse se saisit d’un pieu de bois d’olivier pour crever l'oeil de son redoutable ennemi.

Ulysse aveugle Polyphème, vers 1551, Pellegrino Tibaldi, Bologne, Palazzo Poggi

 

 

Selon Homère poète grec,

 l'Odyssée (Pénélope)

l’olivier, est le symbole de patience et de fidélité. Dans sa longue attente du retour de son époux, Pénélope ne permettra à aucun de ses nombreux prétendants de partager son lit nuptial, taillé dans l’olivier. 

Avec ses ruses, et le drap funéraire de Laërte, son chef-d’œuvre d’artisan, permettent à Pénélope de reculer, jour après jour, l’échéance consentie de mariage avec l’un d’entre eux lorsque le tissage du suaire de Laërte, père d’Ulysse, sera terminé. Tissant la journée, défaisant la nuit… elle parvient à accomplir sa promesse de fidélité.


Mais Pénélope dort dans les moments les plus graves de sa vie ; et elle rêve. Elle vit enveloppée dans l’ombre, dans la douceur, dans le mœlleux, la quiétude et l’incertitude de l’inconscient.

Robert Smirke peintre - Jean-Marie Delattre graveur - Athéna apparaît en songe à Pénélope

 

 

 

 Odyssée, chant V, traduction Victor Bérard


..."Tout compté, le meilleur était d'aller au bois qui dominait le fleuve. Au sommet de la crête, il alla se glisser sous la double cépée d'un olivier greffé et d'un olivier franc qui, nés du même tronc, ne laissaient pénétrer ni les vents les plus forts ni les brumes humides ; jamais la pluie ne les perçait, de part en part, tant leurs branches serrées les mêlaient l'un à l'autre"...

 

 

Homère l'Odyssée, 

livre XXIII, l'avant-dernier de l'Odyssée. traduction Victor Bérard

Malgré les dires d'Euryclée, Pénélope ne veut pas encore croire que c'est bien Ulysse, son époux, qui est revenu après 20 ans d'absence. Elle le teste alors en évoquant leur lit. Ulysse passe brillamment l'épreuve en décrivant avec force détails le lit conjugal, qu'il a fabriqué autrefois de ses mains (car Ulysse est également un peu bricoleur). Pénélope, convaincue de l'identité d'Ulysse, tombe alors dans ses bras. 

La plus sage des femmes, Pénélope, reprit :

Pénélope. — Non ! malheureux ! je n'ai ni mépris ni dédain ; je reprends tout mon calme et reconnais en toi celui qui, loin d'Ithaque, partit un jour sur son navire aux longues rames... Obéis, Euryclée ! et va dans notre chambre aux solides murailles nous préparer le lit que ses mains avaient fait ; dresse les bois du cadre et mets-y le coucher, les feutres, les toisons, avec les draps moirés !

C'était là sa façon d'éprouver son époux. Mais Ulysse indigné méconnut le dessein de sa fidèle épouse :

Ulysse. — O femme, as-tu bien dit ce mot qui me torture ?... Qui donc a déplacé mon lit ? le plus habile n'aurait pas réussi sans le secours d'un dieu qui, rien qu'à le vouloir, l'aurait changé de place. Mais il n'est homme en vie, fût-il plein de jeunesse, qui l'eût roulé sans peine. La façon de ce lit, c'était mon grand secret ! C'est moi seul, qui l'avais fabriqué sans un aide. Au milieu de l'enceinte, un rejet d'olivier éployait son feuillage ; il était vigoureux et son gros fût avait l'épaisseur d'un pilier : je construisis, autour, en blocs appareillés, les murs de notre chambre ; je la couvris d'un toit et, quand je l'eus munie d'une porte aux panneaux de bois plein, sans fissure, c'est alors seulement que, de cet olivier coupant la frondaison, je donnai tous mes soins à équarrir le fût jusques à la racine, puis, l'ayant bien poli et dressé au cordeau, je le pris pour montant où cheviller le reste; à ce premier montant, j'appuyai tout le lit dont j'achevai le cadre ; quand je l'eus incrusté d'or, d'argent et d'ivoire, j'y tendis des courroies d'un cuir rouge éclatant... Voilà notre secret !... la preuve te suffît ?... Je voudrais donc savoir, femme, si notre lit est toujours en sa place ou si, pour le tirer ailleurs, on a coupé le tronc de l'olivier.

Il disait : Pénélope sentait se dérober ses genoux et son cœur ; elle avait reconnu les signes évidents que lui donnait Ulysse ; pleurant et s'élançant vers lui et lui jetant les bras autour du cou et le baisant au front, son Ulysse, elle dit :

Pénélope. — Ulysse, excuse-moi !... toujours je t'ai connu le plus sage des hommes ! Nous comblant de chagrins, les dieux n'ont pas voulu nous laisser l'un à l'autre à jouir du bel âge et parvenir ensemble au seuil de la vieillesse !... Mais aujourd'hui, pardonne et sois sans amertume si, du premier abord, je ne t'ai pas fêté ! Dans le fond de mon cœur, veillait toujours la crainte qu'un homme ne me vînt abuser par ses contes ; il est tant de méchants qui ne songent qu'aux ruses ! Ah ! la fille de Zeus, Hélène l'Argienne, n'eût pas donné son lit à l'homme de là-bas, si elle eût soupçonné que les fils d'Achaïe, comme d'autres Arès, s'en iraient la reprendre, la rendre à son foyer, au pays de ses pères ; mais un dieu la poussa vers cette œuvre de honte ! son cœur auparavant n'avait pas résolu cette faute maudite, qui fut, pour nous aussi, cause de tant de maux ! Mais tu m'as convaincue ! la preuve est sans réplique ! tel est bien notre lit ! en dehors de nous deux, il n'est à le connaître que la seule Aktoris, celle des chambrières, que, pour venir ici, mon père me donna. C'est elle qui gardait l'entrée de notre chambre aux épaisses murailles... Tu vois : mon cœur se rend, quelque cruel qu'il soit !

Mais Ulysse, à ces mots, pris d'un plus vif besoin de sangloter, pleurait.

Il tenait dans ses bras la femme de son cœur, sa fidèle compagne !

 

 

 

Homère - L'Odyssée XXIII - traduction de Leconte de Lisle (1867)


..."- Malheureuse ! Parmi toutes les autres femmes, les Dieux qui ont des demeures Olympiennes t'ont donné un coeur dur. Aucune autre femme ne resterait aussi longtemps loin d'un mari qui, après avoir tant souffert, revient, dans la vingtième année, sur la terre de la patrie. Allons, nourrice, étends mon lit, afin que je dorme, car, assurément, cette femme a un coeur de fer dans sa poitrine !

Et la prudente Pènélopéia lui répondit :

- Malheureux ! je ne te glorifie ni ne te méprise mais je ne te reconnais point encore, me souvenant trop de ce que tu étais quand tu partis d'Ithakè sur ta nef aux longs avirons. Va, Eurykléia, étends, hors de la chambre nuptiale, le lit compact qu'Odysseus a construit lui-même, et jette sur le lit dressé des tapis, des peaux et des couvertures splendides.

Elle parla ainsi, éprouvant son mari ; mais Odysseus, irrité, dit à sa femme douée de prudence :

- O femme ! quelle triste parole as-tu dite ? Qui donc a transporté mon lit ? Aucun homme vivant, même plein de jeunesse, n'a pu, à moins qu'un Dieu lui soit venu en aide, le transporter, et même le mouvoir aisément. Et le travail de ce lit est un signe certain, car je l'ai fait moi-même, sans aucun autre. Il y avait, dans l'enclos de la cour, un olivier au large feuillage, verdoyant et plus épais qu'une colonne. Tout autour, je bâtis ma chambre nuptiale avec de lourdes pierres ; je mis un toit par-dessus, et je la fermai de portes solides et compactes. Puis je coupai les rameaux feuillus et pendants de l'olivier, et je tranchai au-dessus des racines le tronc de l'olivier, et je le polis soigneusement avec l'airain, et m'aidant du cordeau. Et l'ayant troué avec une tarière, j'en fis la base du lit que je construisis au-dessus et que j'ornai d'or, d'argent et d'ivoire, et je tendis au fond la peau pourprée et splendide d'un boeuf. Je te donne ce signe certain ; mais je ne sais, ô femme, si mon lit est toujours au même endroit, ou si quelqu'un l'a transporté, après avoir tranché le tronc de l'olivier, au-dessus des racines"...

Francesco Primaticcio - Ulysse and Penelope


 

 

 

Dans la mythologie grecque,

Eiréné ou Irène est l'une des trois (ou cinq) Heures et incarne la Paix.
La branche d'olivier était l'un des attributs de la déesse grecque Eirènè ("Paix") et son équivalente romaine Pax


Hésiode  poète grec du VIII° siècle av. J.-C.

Eirene déesse de la paix - Jacques Dumont paix 1749 


 

 

 

L'origine de l'olivier,  issue d’une punition divine :

 

Ovide,(Publius Ovidius Naso 43 av. J.-C. - 17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain.

 

"...Le petit-fils d’Oenus avait achevé son récit, Vénulus quitte le royaume du Calydonien, le golfe des Peucétiens et les champs des Messapiens. Là il voit un antre, obscurci par un rideau d’arbres et tout frissonnant de roseaux légers ; Pan, le dieu à demi-bouc, l’habite aujourd’hui, mais il fut un temps où les nymphes l’habitèrent.


Certain pasteur d’Apulie leur inspira un effroi qui leur fit fuir ce pays, sous l’empire d’une peur soudaine ; bientôt, quand la raison leur revint, n’ayant plus que dédain pour l’homme qui les poursuivait, elles se mirent à danser, leurs pieds se mouvant en cadence.


Le pasteur se moque d’elles et, les imitant avec des sauts de paysan, il les accabla par surcroît de mots obscènes mêlés de grossières  invectives. Il ne ferma la bouche que lorsque son gosier disparut dans l’écorce ; car il est désormais un arbre, et le suc qui en découle est révélateur de son caractère :

c’est l’olivier sauvage, dont les baies amères figurent la verdeur de sa langue ; l’âpreté de ses propos a passé en elles..."

 

Le berger Apulas transformé en olivier - 1750 - Collin de Vermont, Hyacinthe - École de France

 

 

 

Légende de l'olivier


 

Le 1er septembre 672, aux funérailles du roi Réceswinthe,on remarque particulièrement Wamba, un noble d'un âge avancé qui versait des larmes sincères.


Le roi ne laissant aucun fils, les Goths décidèrent d'en élirent un nouveau, cherchant les meilleurs et les plus dignes. C'est dans la ville de Guimarães, au sud-ouest de Braga sur la Costa Verde du Portugal (le coin nord-ouest du pays) que venaient les électeurs - les grands nobles, les évêques et les généraux - et ici ils débattaient de qui devait être roi. . . .


Saint Léon, déclarant qu'il avait reçu une direction divine, a chargé les électeurs de rechercher un cultivateur nommé Wamba. Les éclaireurs ont donc été dispersés dans tout le pays jusqu'à ce que, enfin, Wamba soit retrouvé en train de labourer l'un de ses champs. 


"Laissez votre charrue dans le sillon", lui disaient-ils; 
un travail plus noble vous attend. Vous avez été élu roi d'Hispanie." 

"Il n'y a pas de travail plus noble", répondit Wamba. 
Cherchez ailleurs votre monarque. Je préfère régner sur mes champs."


Les hérauts étonnés ne savaient que penser de cela. Pour eux, l'homme qui ne veut pas être roi doit être un saint - ou un idiot. Ils raisonnaient, suppliaient, imploraient, jusqu'à ce que Wamba, soucieux de s'en débarrasser, dise :


"J'accepterai la couronne quand la verge sèche dans ma main redeviendra verte - et pas avant".

 

Après l'avoir enfoncée dans le sol, tous furent étonnés de la voir soudainement devenir une plante verte avec des feuilles poussant sur le dessus. Le ciel avait tranché la question. Alors Wamba "est allé avec les hérauts au congrès électoral".


Une fois sur place, cependant, il essaya à nouveau de refuser le trône. À cela, l'un des chefs wisigoths tira son épée et menaça de décapiter Wamba s'il n'acceptait pas la couronne. Wamba a cédé et a consenti.


Wamba n'a jamais retiré le bâton  et par la suite, on dit qu'il est devenu un olivier.


Bien que l'arbre ait maintenant disparu, le site est marqué soit par le monastère de Nossa Senhora da Oliveira (Notre-Dame de l'olivier), soit par la place de la ville Largo da Oliveira, chacun nommé d'après l'arbre légendaire.

 
Nossa-Senhora da Oliveira (Notre-Dame de l’Olivier), à Guimaraens. — Dessin de Catenacci d’après une photographie de M. Seabra.

 

 

 

L'olivier dans la religion

 

 


Chez les Hébreux elle donnait puissance et autorité aux grands prêtres, aux juges et aux rois.

Baptêmes, sacres des rois, ordination des prêtres, extrême onction des mourants….toujours avec l’huile d’olive. 

 

L'olivier  s’appuie sur une sacralité et une relation entre le divin et le profane. L’olivier et l’huile de ses fruits sont perçus comme des vecteurs de transcendance, des éléments intercesseurs entre Dieu et les hommes. 


Dans le judaïsme et le christianisme, l'huile d'olive est utilisée pour les onctions sacramentelles et l’olivier symbolise la paix, la réconciliation, la bénédiction et le sacrifice ; l'huile utilisée durant les rites du judaïsme doit avoir obligatoirement été pressée à la main. 

 

Les civilisations de la Méditerranée avaient fait de l’huile, tirée de la drupe c’est-à-dire du fruit de l’olivier, une substance sacrée. Le saint chrême est un mélange d’huile d’olive pure, de baume et d’épices, décrit ainsi dans la Bible : 


..."Yahvé parla à Moïse et lui dit: procure toi des parfums de choix, la myrrhe vierge (résine odorante tirée d’un arbre d’Arabie), la cinnamone odoriférante et le roseau odoriférant…, la casse… et l’huile d’olive…, ce sera un saint chrême". Dans la religion chrétienne, le saint chrême sert à l’administration des saints sacrements. D’ailleurs, le Messie est nommé Maschiach Oint, en hébreu"... 


Cette huile sert à l’onction des rois mais aussi des malades, sur les petites urnes en argent contenant l’huile du sacrement on peut lire "O.I.", olea infirmatur, ou huile des malades.

 

 

La Bible

 

Genèse VIII, 6-12

..."Puis il lâcha d’auprès de lui la colombe, pour voir si les eaux avaient diminué de la surface du sol. La colombe ne trouva pas d’endroit où reposer la plante de son pied et elle revint vers lui dans l’arche, car les eaux étaient sur la surface de toute la terre. Il étendit sa main, la prit et la ramena vers lui dans l’arche.

II attendit encore sept autres jours et recommença à lâcher la colombe hors de l’arche. La colombe vint à lui, au temps du soir, et voici qu’en sa bouche il y avait une feuille d’olivier toute fraîche. Alors Noé sut que les eaux avaient diminué de dessus la terre. II attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, mais elle ne revint plus vers lui"...

 

 

 

Genèse chapitre 28-18

Jacob enduisit d’huile d’olive la pierre de Bethel après sa vision de l’échelle céleste
" Jacob se leva de bon matin, il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, il la dressa pour en faire une stèle, et sur le sommet il versa de l’huile".


Le rêve de Jacob et l’onction de la pierre de Béthel- Bibliothèque nationale de France, ms. Lat. 10525, f. 13v).


 

 

Jérémie chapitre 11 verset 16

..."Olivier verdoyant, remarquable par la beauté de son fruit, Tel est le nom que t'avait donné l'Eternel; Au bruit d'un grand fracas, il l'embrase par le feu, Et ses rameaux sont brisés.

L'Eternel des armées, qui t'a planté, Appelle sur toi le malheur, A cause de la méchanceté de la maison d'Israël et de la maison de Juda, Qui ont agi pour m'irriter, en offrant de l'encens à Baal"...

 

 

Jérémie - Romains 11:17-24

Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier,

 

Jérémie - Apocalypse 11:4

Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre.

 

Jérémie Psaume 52:8

..."Et moi, je suis dans la maison de Dieu comme un olivier verdoyant, Je me confie dans la bonté de Dieu, éternellement et à jamais"...

 

Deutéronome 28:40

Tu auras des oliviers dans toute l'étendue de ton pays; et tu ne t'oindras pas d'huile, car tes olives tomberont.

 

Job 8:16
Dans toute sa vigueur, en plein soleil, Il étend ses rameaux sur son jardin,


 

Dans le nouveau Testament,


chapitre 11 de la lettre de Paul aux Romains 

L'image d'un olivier est utilisée pour illustrer les rapports entre l'Église et Israël. 


Le peuple de Dieu y est représenté comme un olivier dont certaines branches ont été coupées et où des branches d'un autre arbre ont été greffées, ces dernières symbolisant les non-juifs rattachés au peuple de Dieu par la foi en Jésus-Christ.

 

 

Osée chapitre 14 verset 16….

"il poussera des racines, ses rameaux s’étendront et il aura la magnificence de l’olivier"

 

Exode. 27, 20-21 ; Lévitique. 2, 1-17). 

Chez les hébreux, l'huile d'olives concassées, pure, est une image des dons et des grâces de l'Esprit, que tous les croyants reçoivent de Christ, l'Olivier parfait, sans Lequel notre lumière ne peut luire devant les hommes. 

Elle éclaire et purifie les lieux sacrés et constitue le combustible employé pour le grand chandelier à sept branches (menorah) et les luminaires présents dans le Tabernacle, puis le Temple de Jérusalem.

Brûlée dans des lampes, l’huile d’olive procure une clarté lumineuse avec une grande flamme et peu de fumée ; aussi fut-elle longtemps perçue comme le symbole de la présence divine (la shekhina dans la tradition juive). 

Les synagogues situées dans les pays méditerranéens ont perpétué cette pratique jusqu'à l'arrivé de l'ampoule électrique, avec une lampe constamment allumée (ner tamid en hébreu) et remplie régulièrement d’huile d’olive par des préposés aux luminaires. 

Les sacrificateurs devaient allumer ces lampes et s'en occuper. C'est le travail des serviteurs de Dieu, devant prêcher et répandre les Écritures, telles des lampes illuminant l'église, comme à l'époque était la tâche du tabernacle dans le désert. Dieu soit loué, cette Lumière n'est pas limitée au seul tabernacle et au peuple Juif, mais elle éclaire aussi les "gentils" jusqu'aux extrémités de la terre, pour leur salut !

Le chandelier juif à huit + une (neuf) branches porte les bougies qui sont allumées au cours des huit nuits successives pour célébrer la victoire de Mathatias contre le tyran Antiochus IV, gouverneur syrien de la Judée en l’an 168 av. J.-C. 

Chaque année, en décembre, les juifs remercient Dieu en allumant chaque jour une lampe d’un chandelier à huit + une branches :

la neuvième bougie appelée shamash permet d’allumer les autres, une par jour en partant de la droite vers la gauche, ce chandelier est placé devant une fenêtre. 

L'huile d'olives alimente les lampes du shabbat et des fêtes rituelles comme Hanoukka, la fête des Lumières. 

Quand les hébreux entrent dans le temple de Jérusalem détruit pour célébrer Dieu, il ne reste presque plus d’huile pour les lampes, miraculeusement l’huile est renouvelée les huit jours suivants. 

 

 

Dans le Coran, l'olivier est un arbre béni, symbole de l'homme universel, et l'huile d'olive est source de lumière divine pour guider les hommes et en raison de la pureté de son huile, l’axe du monde, et associé au figuier il est l’arbre sacré du paradis.

 

Sourate 24, 35.

l’huile d’olive est évoquée dans le Coran comme :

..."l’huile d’un arbre béni, un olivier qui n’est d’Orient, ni d’Occident"...

 

sourate XXII-35. 

Le Coran nous montre une huile d’olive

..."si limpide qu’elle éclairerait, même si nul feu ne la touchait"...


Allah oppose la lumière aux ténèbres de l’incrédulité :

..."Dieu est la lumière des cieux et de la terre ! Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un verre ; le verre est semblable à une étoile brillante. Cette lampe est allumée à un arbre béni : l’olivier qui ne provient ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans que le feu la touche. Lumière sur lumière ! "... 

Selon certains ahadith (communication orale du prophète de l'islam Mahomet) rapportés par Sayyid Al-Ansari, Abdullah bin Umar et Abu Huraira dans les compilations de At-Tirmidhi et de Ibn Majah, Mahomet aurait dit : 

..."Consommez de l’huile d’olive et frottez-vous-en le visage, car elle provient d’un arbre béni."...


 

 

 

Mont des Oliviers

lieu est important pour les trois religions abrahamiques.


Le mont des Oliviers est une colline à l'est de Jérusalem ; il englobe en fait les deux collines situées immédiatement au nord de celle-ci. Le lieu est important pour les trois religions abrahamiques.

 


Christianisme

Le mont des Oliviers est un lieu récurrent de la prédication de Jésus rapportée par le Nouveau Testament. C'est en particulier le lieu de l'Ascension (cf. Ac 1,9-12).

Outre le cimetière, la colline est couverte de nombreux monuments chrétiens :

la basilique de Gethsémani, l'église Dominus flevit, chapelle latine en forme de larme et dont le retable consiste en une baie vitrée donnant sur un panorama sur l'esplanade du Temple et le dôme du Rocher ; autour de cette chapelle, d'autres églises, y compris une église orthodoxe aux clochers ornés de bulbes dans le plus pur style russe, construite in extremis par l'Empire russe avant la révolution de 1917, l'église Sainte-Marie-Madeleine ; le monastère orthodoxe de l'Ascension s'étend sur une surface de 5,4 hectares. Il est dominé par un campanile de 64 mètres de hauteur ; plus au nord, le Carmel du Pater, où la prière chrétienne du Notre Père est présentée en mosaïques le long d'un cloître, en diverses langues.

 Nicodi le christ au jardin des oliviers

 

 

Judaïsme


Selon la tradition juive, le Mashia'h (Messie), qui amènera la résurrection des morts, passera en premier lieu par le mont des Oliviers avant d'entrer dans Jérusalem (cf. Za 14, 4). Ce sont donc les personnes enterrées en ce lieu qui seront les premières ressuscitées.

Cette prophétie est notamment mentionnée par Flavius Josèphe (Antiquités juives, 20, 169), lorsqu'il évoque un Égyptien venu à Jérusalem et se prétendant prophète.


 

Islam

Des mosquées sont également présentes, entre autres sur le lieu où les chrétiens vénèrent la mémoire de l'Ascension de Jésus, avec l'église de l'Ascension

Mosquee El Aqsa (Dome du rocher) Palestine - Mohamed Aib - 2018

 




10000 av. J.C.

 


L'expansion de l'olivier est liée au climat méditerranéen, apparu progressivement depuis environ 10 000 ans avant notre ère, s'installant d'abord en Méditerranée orientale, pour s'étendre ensuite, durant plusieurs millénaires, à l'ouest et au nord du bassin méditerranéen. 


Les fossiles et  les pollens nous montrent un olivier sauvage épineux aux petits fruits peu riches en huile. 


Des études biologiques réalisées par Gabriel Camps en 1970 montrent que l'olivier sauvage existait au Sahara environ 11 000 ans avant notre ère.


Les dernières analyses des pollens de différents arbres à feuillages caducs et dominants semblent montrer que ce changement climatique s'est développé environ 8 000 ans avant notre ère, au sud-est de l'Espagne, remontant lentement vers le nord.


 


 

4000 av. J.C. - 3200 av. J.C.

 


Selon les archéologues, la domestication de l'olivier aurait eu lieu environ entre 3800 et 3200 av. J.-C., soit il y a six millénaires. 


Des études archéo-biologiques et l'étude génétique des populations d'oléastres et des variétés d'oliviers montrent que la domestication s'est produite indépendamment dans plusieurs régions du bassin méditerranéen, et s'est très probablement réalisée sur une longue période.


Des recherches archéologiques montrent que l'on extrayait déjà l'huile dès le IVe millénaire av. J.-C. au Liban et à Chypre, ainsi qu'en Crète vers 3500 avant notre ère. 

 

L’olivier le plus vieux du monde, 3 000 ans environ, se trouverait dans le village de Voúves dans l’ouest de la Crète
 

 


 

3000 av. J.‑C. 

 

 

Les jeunes mariées portaient des couronnes d'olivier qui étaient aussi portées par les vainqueurs des Jeux olympiques antiques.

 

L’olivier, symbole de victoire. Les athlètes victorieux des jeux olympiques d’Athènes recevaient  une couronne de  rameaux d’oliviers et des jarres d’huile d’olive. 


La couronne d’olivier des Jeux Olympiques modernes a été remplacée par une médaille. Cependant, les Jeux Olympiques d’été à Athènes l’ont réintroduite en 2004. Les 5 513 couronnes  accordées aux vainqueurs ont été offertes par un sponsor et réalisées à partir de branches venues de Crète.


 

 

 

2700 av. J.C. - 1700 av. J.-C., 

 

 

la technique s'améliora et les premiers "pressoirs à arbre" simples apparurent à Ougarit (actuellement Ras Shamra en Syrie). L'olivier a été importé en Égypte depuis la Syrie sous la IXe dynastie (-2160 à -2040).

Les Hittites s'en procuraient sur la côte de l'Asie Mineure, alors que les pharaons d'Égypte et les rois de Mésopotamie en achetaient en Syrie.

Dans les palais minoéens de Crète, l'huile était entreposée, en grande quantité, dans des vases appelés pithoi, et dans les palais mycéniens de la Grèce continentale, on a retrouvé de nombreuses jarres à huile et des tablettes écrites en linéaire B mentionnant l'idéogramme de l'huile (élaion). 


C'est à ce moment-là que la déesse Isis, reine mythique et femme d'Osiris est considérée comme la gardienne de la culture de l'olivier. Elle y enseigne notamment l'art de cultiver l'olive et d'en extraire l'huile, les bienfaits et les vertus de son huile utilisée pour leurs rituels de purification.. Ce commerce était très contrôlé, car l'huile était fortement liée au pouvoir économique et religieux.

Le culte d'Isis apparaît à la fin de l'Ancien Empire aux alentours du XXIV° siècle avant notre ère.


La Déesse-Arbre présente ses offrandes à Sennedjem et son épouse, tombe de Sennedjem

(TT 1), XIXe dynastie.

 

 

 

Puis vers 1700 av. J.-C., la technique s'améliora et les premiers "pressoirs à arbre" simples apparurent à Ougarit (actuellement Ras Shamra en Syrie). 

 

 

 

1353-1323 av.


"Akhenaton Serrant à la main une branche d'olivier"

Nouvel Empire, Période Amarnienne

Dans ce fragment, il ne reste que la main gauche magnifiquement sculptée d'Akhenaton, tenant une branche d'olivier lourdement chargée qui semble être caressée par les mains des rayons du soleil. Toute la scène aurait montré le roi debout directement sous le disque solaire, face à ce qui semble être l'olivier dont il a peut-être coupé la branche. Les branches supérieures de l'arbre sont à droite le long du bord inférieur du bloc. Le texte en haut à droite a été intentionnellement détruit, ne laissant que quelques traces des hiéroglyphes.

Ce relief est actuellement prêté à long terme au Ägyptisches Museum und Papyrussammlung de Berlin en échange de deux têtes en plâtre qui ont été excavées à Amarna. Ces têtes sont exposées dans la galerie Amarna du Musée (galerie 17, art égyptien).


 

 

 

V - 1200 av. J.C.


Après une récession due à la disparition de plusieurs États orientaux, l'expansion démographique de l'âge du fer en Méditerranée entraîna la création de nombreuses colonies par les Phéniciens en Afrique du Nord (Carthage) et au sud de l'Espagne, ainsi que par les Grecs en Asie Mineure, dans les îles de la mer Égée, en Sicile et dans le sud de l'Italie et de la France (Marseille, Corse). 

Ils y importèrent leur culture de l'olivier et développèrent son commerce.

 

Ramassage des olives tombées. Mosaïque de la Chebba. Tunisie (Musée National du Bardo).

Document présenté par JP. Brun au Collège de France• Crédits  Musée National du Bardo Collège de France


 

 

 

1186 av J.C. - 1154 av. J.C.

 


Ramsès III est le dernier grand souverain du Nouvel Empire. Pendant son règne, qui dure un peu plus de trente ans, le souverain ne cesse pas de lutter contre la corruption qui gangrène le pays ; il doit également repousser les peuples de la mer, des envahisseurs coalisés.


Ramsès III offrit une plantation d’oliviers au dieu Râ pour que les huiles puissent toujours "garder vivantes les lampes de son sanctuaire" . Les trois religions du Livre lui accordent également une grande place dans les textes et dans les rituels.


Les Egyptiens se servaient de l'huile d'olive lors des rites mortuaires et des couronnes ou des colliers confectionnés avec des feuilles d'olivier ont été retrouvés dans des tombes de pharaons.

colliers feuilles olivier - pharaon

 


 

VI° siècle av. J.C.

 

 

​Thalès de Milet, appelé communément Thalès (625-620 av. J.C.- 548-545 av. J.C.), le célèbre astronome et mathématicien, est devenu puissant en créant un monopole sur l'huile d'olive, en utilisant ce que nous appelons maintenant en économie les "contrats à terme" et les "options".

Sur la base de ses connaissances en astronomie, il pouvait prédire à quel moment les olives seraient abondantes au cours d'une année donnée et acheter l'accès à tous les pressoirs à olives pour ces périodes. Détenant le monopole, il louait les presses dégageant un profit énorme.

 


520 av. J.C.

amphore peinte par Antiménès 

Récolte d'olives


 

 

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Selon Pline l'Ancien, l'olivier était absent de l'Italie sous le règne de Tarquin l'Ancien (-616 à -579). 

 

Les Grecs appellent l’huile d’olive "l’or liquide". Les olives procurent un complément végétal alimentaire aux multiples bienfaits et l’huile une matière grasse essentielle dans l’Antiquité méditerranéenne.

Très rapidement, l’exportation d’huile apporte richesse. Commerce qui exporte aussi des hommes, leurs cultures, leurs savoir-faire : des comptoirs (et une colonisation) s’installent sur le pourtour méditerranéen, Crétois, Phéniciens, Grecs, puis Romains.

On parle de la civilisation de l’olivier. Les Phocéens plantèrent les premiers oliviers sur notre sol à Marseille vers 600 ans avant notre ère, avec un essor plutôt vers le IVème siècle avant notre ère.


Au VI° siècle av. J.-C. le magistrat et sage grec Solon promulgua des lois autorisant les Athéniens à faire le commerce de l'huile d'olive.

Solon 

 

 

 

V° siècle av. J.C. 

 

 


A partir du V° siècle av. J.C., aux Jeux Panhelléniques, il n’y a qu’un seul vainqueur et son prix consiste en une couronne de feuillage.

Sur chacun de ces sites, les couronnes sont fabriquées avec des feuillages différents :


- À Olympie, c’est une couronne d’olivier sauvage
 

 

Pindare (en 518 av. J.-C.- 438 av. J.-C.), poète lyrique grec.

Odes et fragments

Olympique III

Pour Théron d'Agrigente,

Vainqueur à la course des chevaux,pour les Théoxénies

 

Héraclès,

Le juge intègre des Hellènes, cet Étolien,

Qui posa au-dessus de ses prunelles,

Sur son front,

 

 

Strophe 1

Des Tyndarides hospitaliers, je désire la faveur,

Et celle d'Hélène finement bouclée,

Pour célébrer la glorieuse Agrigente : tel est mon vœu !

Au vainqueur olympique,

Théron, j'ai dressé l'hymne, à ses coursiers aussi,

À l'élan prodigieux ! Or la Muse était

À mes côtés, lorsque j'inventai une harmonie nouvelle,

Unissant la cadence dorienne à la voix,


 

Antistrophe 1

Splendeur des fêtes. Puisque se dressent

Sur la chevelure les couronnes,

Je me dois d'acquitter une dette sacrée :

La lyre subtile,

Le son des flûtes, et l'ordre des vers,

Au fils d'Onésidamos doivent se mêler, comme il sied ;

Et toi, Pise, déclare aussi, toi par qui,

Divinement, sont inspirées aux hommes les Odes,


 

Épode 1

Oui, parle de celui qui obéit aux premiers ordres d'Héraclès,

Le juge intègre des Hellènes, cet Étolien,

Qui posa au-dessus de ses prunelles,

Sur son front,

Le verdoyant feuillage d'olivier, que, jadis,

Des sources obscures

De l'Ister ramena le fils d'Amphitryon,

Cette mémoire des joutes olympiques,

 

 Strophe 2

Après avoir si bien convaincu les Hyperboréens,

Serviteurs d'Apollon, par l'éclat de sa parole.

Bienveillant, il désirait pour l'agréable

Bosquet de Zeus une plante ombrageante

Pour les hommes, afin de couronner leurs exploits.

Et déjà, alors que les autels au Père

Déjà étaient dédiés, et que le char doré

Du soir avait embrasé sa prunelle, la Lune,

 

Antistrophe 2

Les arbitres des joutes,

De même que les quinquennales,

Étaient par lui fondés sur les saintes falaises de l'Alphée ;

Mais les arbres charmants n'étaient guère abondants

Dans les vallées du Cronion, la terre de Pélops :

Tout était pauvre, et l'endroit lui apparut

Écrasé par les feux ardents du soleil.

Alors, son cœur le poussa à se rendre dans le pays

 

Épode 2

Istrien ; là, Léto, dresseuse de chevaux,

L'accueillit, lui qui revenait des régions d'Arcadie

Aux coteaux sinueux,

Jeté dans cette aventure

Par Eurysthée, contraint aussi par le Père céleste,

Afin de ramener la biche aux cornes d'or,

Que jadis Taigétê

Avait donnée à Orthosie, offrande sacrée.

 

 
Strophe 3

Dans sa poursuite, il découvrit une contrée

Épargnée par les souffles du Nord

Au froid mugissement ; devant ces arbres, il fut fasciné !

Un désir ardent le poussa

À les planter le long de l'espace douze fois borné de tours,

Où courent les chevaux. Et, aujourd'hui, à la fête,

Tout de mansuétude, il vient,

Accompagné des Jumeaux, enfants de la svelte Léda.

 

 
Antistrophe 3

Car il leur a ordonné, à son départ pour l'Olympe,

De régir ces jeux sublimes

Pour la vaillance des hommes et le maniement du char

Si vif. Et moi, je veux de tout mon cœur

Affirmer, qu'aux Euménides

Et à Théron, la gloire est échue, grâce aux cavaliers

De Tyndare, car aux plus opulents des hommes,

Ils furent hospitaliers, leur donnant des festins,

 

 
Épode 3

Ayant préservé une piété digne des Meilleurs.

Si le premier bien est l'eau, si

L'or est le plus pur,

Aujourd'hui, à l'apogée

De ses exploits, Théron vient d'atteindre

L'extrémité des Colonnes

D'Héraclès. Leur au-delà est aux sages interdit,

Comme aux impies. Mais je n'irai pas plus loin : sinon, je serai fou !
 

 

 

Pindare (en 518 av. J.-C.- 438 av. J.-C.), poète lyrique grec.
Pindare aux rameaux d'olivier

 


Sophocle (495 av. J.C. - 406 av. J.C.), est l'un des trois grands dramaturges grecs :


Oedipe à Colone - l'olivier
..." Il est un plant dont je ne sache pas q'un pareil ait surgi jamais, ni sur le sol d'Asie, ni sur celui de la grande dorienne de Pélops, un  plant  indomptable, qui renaît de lui-même un plant qui est l'effroi des armes ennemies, et qui croît en ces lieux mieux que partout ailleurs, l'olivier au feuillage brillant, le nourricier de nos enfants, l'arbre que personne, ni jeune, ni vieux, ne peut brutalement détruire ou saccager. Le regard vigilant de Zeus "Morios" ne le quitte pas, et pas davantage celui d'Athéna "Glaucôpis". ...   


Œdipe à Colone, paysage historique par François-Xavier Fabre, 1808.
Musée Fabre de Montpellier


 

 

500 av. J.C.


Satyres et ménades cueillant des olives, représentés sur un olpè attique à figures noires (Capoue, vers 500 av. J.-C.).

Musée du Louvre


 

 


Art étrusque 

Danseur et musiciens au milieu des oliviers

 

 

Tétradrachme, vers 450 av. J.-C. 

Pièce de monnaie athénienne antique


représentant la déesse Athéna avec ses emblèmes de la chouette et du rameau d'olivier.

 

 

 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Alexandre le Grand conquit la Méditerranée orientale ainsi que l'Empire perse, et le commerce de l'huile d'olive se développa encore plus.

 

En 400 avant J.C., 

Dans les jardins de l’Académie, Platon (428 / 427 av. J.-C. - 348 / 347 av. J.-C.)  enseignait la philosophie à ses disciples à l’ombre d’un olivier.

 

 

 

II° - I° siècle av. J.C.

 


116 av. J.C. - 27 av. J.C.

Selon Varron, Cécrops demanda aux habitants et aux habitantes d'Athènes de choisir leur protecteur. Les hommes choisirent Poséidon tandis que les femmes choisirent Athéna, et, plus nombreuses d'une voix, firent pencher la balance en sa faveur.

 
(Marcus Terentius Varron 116 av.J.C.-27 av.J.C. ) écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre, (Ses écrits, dont l'essentiel ne nous est pas parvenu, apportent quelques éclairages sur l'étymologie des mots latins et l'organisation des connaissances à Rome à la fin de la République).

 

 

 

Première moitié du IIe siècle av. J.-C.

Tétradrachme en argent d'Athènes, 

Chouette sur une amphore, entourée de rameaux d'olivier. 


 


 

I° siècle

 

 

 

Virgile (70 av. J.-C - 19 av. J.-C)  poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste.


Énéide - Livre XI


..."L'audacieux Pallas  interdit d'interrompre les rites sacrés

et, saisissant son javelot, il vole vers eux et, du haut d'un tertre

de loin, il dit : "Jeunes gens, quelle raison vous pousse

à explorer des routes inconnues ? Où allez-vous ? De quelle  race,

de quelle patrie êtes-vous? Apportez-vous la paix ou la guerre ?"

Alors du haut de sa pouppe, le vénérable Énée, de la main

tend  un rameau d'olivier en gage de paix, et dit :

"tu vois  des Troyens, et des armes ennemies des Latins ;

ils nous ont repoussés, nous des fugitifs, en une guerre insolente.

 

..."Alors le fils d'Anchise choisit dans ses rangs cent ambassadeurs

et leur ordonne de se rendre au palais vénérable du roi,

tous voilés des rameaux de Pallas, de lui offrir des présents

et de lui demander d'accorder la paix aux Troyens"...

 

Et déjà des ambassadeurs latins arrivaient de leur ville ;

voilés de rameaux d'olivier, ils demandaient une faveur :

qu'Énée leur rende les corps dispersés par les armes dans les plaines,

qu'il leur permette de les recouvrir d'un tertre de terre ;..."

 

 

 


Plutarque (vers 46  - vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique.

..."Sans cesse, l'olivier remplace les feuilles qui tombent par de nouvelles ; il demeure comme la cité, éternellement vivant"... 

 

 

Face à la demande croissante d'huile pour l'alimentation, l'éclairage, les soins, ou les pratiques sportives et religieuses, on développa de nouvelles méthodes de production et on rédigea des manuels techniques,  :

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C. - 79) écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77).

Livre XVII

Il explique pourquoi l'olivier s'éternise

..."On fait pousser le rejeton qui mérite le plus d'être adopté, et de cette manière l'ancien arbre revit dans le niuveau. Toutes les fois qu'on en a besoin, on applique le procédé ; de façon que les mêmes plantations d'oliviers durent des siècles"...

 

 


 
Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle agronome romain de la première moitié du I°  siècle,

Dans le Livre des Arbres,  treizième livre du De re rustica de Columelle, l’oliveraie occupe le dix-neuvième chapitre.

L’arbre fait aussi l’objet d’un développement propre dans le chapitre sur la greffe en compagnie du figuier.

Il écrit :

..."il convient de rappeler cet ancien proverbe : Qui laboure ses oliviers, les prie de donner du fruit; qui les fume, le demande; qui les taille, l'exige. Il suffit cependant de le faire tous les huit ans pour ne pas trop couper de branches à fruit. Il arrive quelquefois que les oliviers, quoiqu'ayant une belle apparence, ne produisent pas de fruits :il convient alors de les percer avec la tarière gauloise et d'enfoncer dans le trou une cheville verte d'olivier sauvage : ainsi, par cette sorte d'alliance qui le féconde, l'arbre devient plus fertile"... 

L'économie rurale de Columelle, Panckoucke, 1845 


 

 

 

Appien d'Alexandrie (95 - 161 ap.J.) historien grec de l'époque romaine
décrit l'utilisation par les ennemis de Scipion Émilien,  de branches d'olivier comme geste de paix dans la guerre de Numance et par Hasdrubal le Boétharque de Carthage. 


Mais dans le monde romain, c'est le plus souvent le laurier qui est utilisé, (cf.Tite-Live, Histoire Romaine, livres XXXIV, 55; XXXVI, 37, ect17...)
 

 

 

III° siècle

 

Pour les romains, il y avait un lien fort entre guerre et paix, et Mars, le dieu de la guerre, avait sous l'épiclèse Mars Pacifer, le rôle de celui qui apporte la paix, comme le montrent des pièces de l'Empire romain où il est représenté tenant un rameau d'olivier, cette ambivalence trouvant son origine dans la promotion par Auguste du culte de Mars Ultor (Mars vengeur des assassins de César), qui est en quelque sorte l'aspect noir de la "paix augustéenne".


Sur l'avers d'une pièce de monnaie apparaît l'empereur romain Émilien, alors qu'au revers le dieu romain Mars Pacifer porte une branche d'olivier et un bouclier.


Émilien  empereur romain de juin à septembre/octobre 253,

 

 

 

 

V° siècle

 

 

Palladius, (Rutilius Taurus Aemilianus Palladius, aussi connu comme Palladius Rutilius Taurus Aemilianus et communément appelé simplement Palladius - V° siècle de l’ère chrétienne, auteur d'un traité sur l'agriculture, l’un des Anciens les plus loquaces à ce propos. 

Un magnifique poème sur la greffe, dédié à son ami Pasiphilus, clôt l’Opus agriculturae. Il mériterait à lui seul une étude exhaustive en raison du foisonnement et de la luxuriance des greffes mises en scène : imaginaire et réalité s’y mêlent. Palladius y recommande de greffer l’oléastre sur l’olivier cultivé en ces termes, très emphatiques :


"Robora Palladii decorant silvestria rami

Nobilitat partus bacca superba feros.

Fecundat sterilis pingues oleaster olivas,

Et quae non novit munera ferre docet"

 

 

Les rameaux de l’arbre de Pallas embellissent les chênes des forêts, 

et la superbe olive ennoblit des fruits sauvageons. L’olivier sauvage, 

tout stérile qu’il est, féconde, celui dont nous recueillons les olives 

grasses,et lui apprend à porter des fruits qu’il ne sait produire.

 

 (trad. synthèse trad. M. Nisard, M. Cabaret-Dupaty et A. Durand).


 

 

 

VI° siècle

 


Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes

Hymne de Noé, str. 11s (trad. SC 99, p.117s rev.)

 

"… Tel fut l’effet de la colère de Dieu, parce que les humains avaient persévéré dans leur endurcissement et ne s’étaient pas empressés de lui crier avec foi : "Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers"…


Ensuite le chœur des anges, voyant détruits les hommes charnels, s’écria : « Maintenant, que les justes possèdent toute l’étendue de la terre ! » Car le Créateur aime voir ceux qu’il a faits à son image (Gn 1,26) ; c’est pourquoi il met à part ses saints pour les sauver. Noé…lâche la colombe et elle revient vers le soir avec un rameau d’olivier dans le bec, qui annonçait symboliquement la miséricorde de Dieu. Alors Noé sort de l’arche, comme de sa tombe, selon l’ordre qu’il avait reçu…, non comme jadis Adam, qui avait mangé d’un arbre qui donne la mort, car Noé avait produit un fruit de pénitence en disant : « Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers"...


 

 

 

IX° siècle au XI° siècle

 


La chute de l'Empire romain, l'extension du christianisme, puis des civilisations islamiques entraînèrent un changement des modes de consommation, des zones de production et des circuits commerciaux. 

Génois et Vénitiens profitèrent des croisades pour développer un commerce actif et très fructueux avec l'Orient et donner une impulsion à l'oléiculture pour répondre aux nouveaux besoins créés par la fabrication du savon (apparu au IX° siècle) et l'apprêtage du textile.

 


 


 

X° siècle 

 

Aux abords du pont du Gard, on trouve trois oliviers millénaires, dont l'un a été planté en l'an 938, en Espagne, puis ramené et transplanté près du pont du Gard en 1988. En 2007, il continuait à donner des fruits. Les deux autres oliviers en sont à peu près contemporains.


 

 

 

XIV° siècle

 

 

1303 - 1306


Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto,(1266/1267-1337)  peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento

Entrée à Jérusalem
Les disciples de Jésus agitent des rameaux en signe de paix.


 

 

Simone Martini  (1284–1344) peintre

Peinture triptyque

Gabriel tient dans sa main un rameau d'olivier, symbole traditionnel de paix, tout en montrant la colombe du Saint-Esprit avec l'autre.

Vierge Marie - Ansanus et Jérémie


 

 

XIV° siècle

Huile d'olive (Oleum Oliue)

Du Tacuinum de Paris

Description
Nature : chaud et humide. Optimal : le bon mois. Utilisation : Il fait grossir et est facilement digestible. Dangers : Il affaiblit le mécanisme de la digestion.
Neutralisation des dangers : Mélanger avec des comestibles.

Le Tacuinum sanitatis (également appelé Taccuinum sanitatis) est un manuel médiéval sur la santé, basé sur le Taqwīm al-Ṣiḥḥa تقويم الصحة (Tableaux de santé), un traité médical arabe écrit par Ibn Butlân vers 1050. La deuxième série, entamée à la fin du XIV° siècle est constituée de versions simplifiées du texte, augmentées de nombreuses illustrations, une pour chaque sujet traité.


 

 

Tacuinum Sanitatis, XVe siècle

La cueillette des olives

Paris, BnF, Département des manuscrits, Latin 9333 fol. 13v


 

 

 

Pierre de Crescent est considéré  comme  un des premiers agronomes médiévaux. 

Le Liber ruralium commodorum, le Livre des profits champêtres, a été rédigé au début du XIV° siècle mais il repose sur l’expérience accumulée de son auteur durant le dernier tiers du XIII° siècle.


L’unique chapitre consacré à l’olivier sur les douze livres que compte l’ouvrage se situe au Livre V. Il renferme deux passages qui intéressent directement la problématique développée ici. Voici le premier : 


Cahiers d’Histoire des Techniques n°6. Plantes cultivées, plantes exploitées : cultures, techniques, discours.

Etudes offertes à G. Comet, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2007, p. 47-62.


..."Si sterilis est olea, Gallica terebra perforabis ; tunc duos frugiferae arboris ab australis parte ramos ejusdem magnitudinis tolles et stricte in foramen utrumque conjicies vel lapidem vel pini vel quercus palos et absciso eo, quod superabit luto paleato curabis occulere. Si sine fruge luxuriant, oleastri palum radicibus ejus infige ; quodsi fructus arbor laeta non affert, terebretur Gallica tenebra usque ad medullam impresso foramine, cui oleastri informis talea vehementer artetur et ablaqueatae arbori amurca infusa vel vetus infundatur urina ; quas tamen durante malitia inserre oportebit "...

 

..."Si l’Olivier est stérile, tu le perforeras à la tarière gauloise ; alors tu couperas deux rameaux d’un bel arbre producteur de fruits du côté du soleil couchant et, dans le trou, tu réuniras ensemble en les serrant, ces  deux rameaux, une pierre ou bien deux coins de pin ou de chêne, puis tu les couperas et tu enduiras de boue le tout et tu auras soin de recouvrir avec de la paille. Et si les oliviers prospèrent sans porter de fruit, fiche dans les racines un pieu d’Oléastre. Et si l’arbre bien portant ne porte pas de fruit, il faut le percer à la tarière gauloise jusqu’à la moelle par un trou très profond, dans lequel tu feras rentrer fermement une bouture d’Oléastre informe et, une fois l’arbre déchaussé, tu y répandras une couche d’amurque et l’arroseras de vieille urine ; et, si le mal persiste, il importe d’effectuer une greffe"...

(trad. A. Durand).

 

 

XVI° siècle

 

 


La croissance de l'huile d'olive est favorisée par François Ier (1494-1547) qui l’exempte de la dîme en 1535 ce qui permet son extension jusqu’à Valence et Sisteron.
 

 

 


À partir du XVI° siècle s'ouvrit une ère d'expansion continue, qui va conduire l'olivier à son extension territoriale maximale, sous l'influence de la demande croissante, d'une société occidentale de plus en plus industrialisée, pour les savonneries, le textile et la mécanique.

 
Avec la découverte du Nouveau Monde, les Espagnols introduisirent l'olivier dans leurs anciennes colonies des Amériques, comme l'Argentine, le Mexique, le Pérou (en 1560), le Chili et la Californie.

 

Mexique

Tzintzuntzan

Planté au 16ème Siècle par l’évêque Don Vasco de Quiroga, cet olivier fait partie d’un parc constitué de très vieux arbres.

Plus d’une cinquantaine de très vieux oliviers mais aussi des frênes, des cèdres, des pins tous aussi magnifiques les uns que les autres.


 

 

 

Joachim Du Bellay (1522-1560) - poète 


Tout effrayé de ce monstre nocturne


..."Dessous ses pieds une louve allaitait

Deux enfançons : sa main dextre portait

L'arbre de paix, l'autre la palme forte :

Son chef était couronné de laurier.

Adonc lui chut la palme et l'olivier,

Et du laurier la branche devint morte"...

 

Charles de la Fosse - Romulus et Remus - 1700


 

 

16e siècle. (première moitié)

Manuscrit  : Auteur de l'ouvrage Olivier de Beaufort, 

Paris, Bibl. Mazarine, 3899 - Folio/page f. 091v

Olivier et devise

Notice MAZARINE (C. Courtois), 2006

Un olivier et sur une pancarte la devise : "OLIM OLEAE SUAE OLIVINAM OLEA" 

Il s'agit, sans doute, de la devise d'Olivier de Beaufort, 


 

 

1584

"Les vrais pourtraits et vies des hommes illustres grecz, latins et payens"

André Thevet(1516-1590)

Éditeur Paris : Par la vefue I. Kervert et Guillaume Chaudière...

Horace.-rameau d'olivier


 

 

 

1722

Bernard Picart

Iconographie bannière de l'inquisition d'Espagne - Inquisition du Portugal
avec rameau d'olivier

 

 

 

1729


François Lemoyne ou Le Moine, (1688-1737), artiste peintre français, nommé premier peintre du Roi en 1736. 

Louis XV donnant la paix à l’Europe. 1729. 

Salon de la Paix. Château de Versailles


Dans cette composition monumentale s’intitulant également Louis XV offrant ses deux filles en témoignage de paix à l’Europe, le souverain est représenté au centre de la composition, âgé de dix neuf ans. Vêtu d’une armure, et en appui sur son pied gauche, il tend un rameau d’olivier à une jeune femme (l’allégorie de l’Europe) et reçoit ses deux filles jumelles, Louise-Elizabeth et Anne- Henriette, des mains de la Fécondité et de la Piété. Dans le fond, la Discorde s’efforce vainement de rouvrir les portes du temple de Janus. Comme le rappelle Hans-Martin Kaulbach, Louis XV dans cette composition allégorique, s’inscrit dans la lignée des grands empereurs romains, de par les références à la mythologie :

..."Il remet à l’Europe la branche d’olivier de la paix. D’autres motifs allégoriques de bénédiction de la Paix lui sont associés : par exemple la figure de l’homme vaincu. En arrière-plan Minerve et Mercure ferment la porte du temple de Janus, permettant ainsi la durabilité de la Paix. Louis XV endosse donc le rôle de l’Empereur romain Auguste, qui se vantait d’avoir fermé la porte du temple de Janus, glorifiant ainsi un nouvel âge d’or."

 
(Hans-Martin Kaulbach, "Die Idee von Europa in den Allegorien des Friedens" dans Le Cheminement de l’idée européenne dans les idéologies de la paix et de la guerre. Actes du colloque international de Besançon. 1991. Page 463).


 

 

 

 

Pierre Fulcrand de Rosset (1708-1788) poète français

au chant III 

poème sur l’agriculture :

 

"Tel dans l’Occitanie et les champs de Provence

L’Olivier toujours vert aime à prendre naissance ;

De ces bords dans la Grèce Hercule revenu,

Y porta le premier son feuillage inconnu." 

 

 

 

En 1792, 

Charles Thomson, grand lecteur de Virgile, a mis un rameau d'olivier dans la serre de l'aigle du Grand sceau des États-Unis afin, dit-il, de symboliser "la puissance de la paix".


 

 

 

XIX° siècle

 

 

 

Jeton du XIXe s. / IIIe République


Orient de Paris, les Trinosophes de Bercy et les Admirateurs de Noé, s.d. Paris


Jeton maçonnique, 

Arche de Noé en forme de temple voguant à droite ; à l’exergue VÉRITÉ en alphabet maçonnique.


 

 

 

En 1840, à l'apogée de son développement, l'oléiculture française est estimée à près de vingt-six millions d'arbres. 

 


au XIX° siècle, l'olivier connut son extension maximale. 

En 1894 

Riondet affirme dans un article :

"La cueillette des olives est un grand travail, qui donne de l’occupation aux femmes et aux enfants pendant une partie de l’hiver, je l’ai vu se prolonger quelques fois pendant cinq ou six mois, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de mars".

Les registres d’appel dans les écoles montrent effectivement des absences répétées des enfants pendant cette période.


 


 

XX° siècle

 

 

26 mars 1919

 

Sir John Bernard Partridge (1861-1945) illustrateur anglais. portraitiste extraordinaire à la reine Victoria .
Pendant quelques années il était bien connu comme acteur sous le nom de Bernard Gould.


Surpondéré. le président Wilson. :

"Voici votre rameau d'olivier. Maintenant, occupez-vous."  Colombe de paix. "Bien sûr que je veux plaire à tout le monde, mais n'est-ce pas un peu épais ?"


 

 

 

 


Bien que la superficie des oliveraies ait diminué, les gains de productivité dans la culture des oliviers et l'extraction de l'huile ont conduit au quintuplement de la production mondiale d'huile d'olive entre 1903 et 1998.

 

 

Sous le nom de Fulcanelli parurent : 

Le Mystère des cathédrales en 1926, et Les Demeures philosophales en 1930.


Galerie haute du château de Dampierre-sur-Boutonne.

La colombe (alba) portant en son bec un rameau végétal, désigne selon l’emblématique alchimique le  "volatile" – l’opération alchimique  de la "voie humide" destinée à produire, comme le règne végétal (le rameau), une fructifi­cation : solve et coagula, la dissolution et la coagulation.

"Représentée en plein vol, une colombe tient en son bec un rameau d'olivier. Ce sujet est distingué par l'inscription:


.SI.TE.FATA.VOCANT. Si les destins t'y appellent."


Fulcanelli rapproche cet emblème de la description du Déluge universel dans la Bible, au livre de la Genèse. Noé, ayant donné l'essor à la colombe de son arche, celle-ci revint le soir en rapportant une branche verte d'olivier.

"C'est là le signe par excellence de la véritable voie et de la marche régulière des opérations. Car le travail de l'OEuvre étant un abrégé et une réduction de la Création, toutes les circonstances de l' ouvrage divin doivent se trouver en petit dans celui de l'alchimiste."

Et de conseiller au débutant d'attendre prudemment la manifestation de la couleur verte, symptôme du dessèchement de la terre, de l'absorption des eaux et de la végétation du nouveau corps formé:

"Ainsi, frère, si le ciel daigne bénir ton labeur et, selon la parole de l'Adepte, si te fata vocant, tu obtiendras d'abord le rameau d olivier, symbole de paix et d'union des éléments, puis la blanche colombe qui te l'aura apporté.

Alors seulement tu pourras être certain de posséder cette lumière admirable, don de l'Esprit-Saint, que Jésus envoya, au cinquantième jour, sur ses apôtres bien-aimés."


 

 


Jean Giono (1895-1970) écrivain français.

Poème de l’olive   (1930)

dans Revue Bifur n°8 juin 1931)

Bibliothèque de la Pléiade  Ed Gallimard Récits et essais p.5-14

 

Ce temps des olives. Je ne connais rien de plus épique.

De la branche d’acier gris jusqu’à la jarre d’argile, l’olive coule entre cent mains, dévale avec des bonds de torrents, entasse sa lourde eau noire dans les greniers, et les vieilles poutres gémissent sous son poids dans la nuit. Sur les bords de ce grand fleuve de fruits qui ruissellent dans les villages, tout notre monde assemblé chante.(…)


Si l’air est âpre c’est tant pis. Ça c’est le temps de la cueillette, le temps où l’on trait l’arbre comme on ferait pour traire une chèvre, la main à poignées sur la branche, le pouce en l’air, et puis, cette pression descendante. Mais, au lieu de lait, c’est l’olive qui coule.(…)


Tout d’un coup, une porte claque, un jet de vapeur, un ruissellement de lumière. Là-bas, au fond, des hommes nus tout luisants, de grandes vis luisantes aussi qui descendent du plafond et s’enfoncent dans la terre, des hommes nus cramponnés à des barres comme des désespérés et qui tirent avec tout l’arc de leurs reins. Un grand chant grave, chaud et poisseux leur souffle son haleine de lion, et les voilà comme des hirondelles éparpillées, toutes en cris.

 

C’est le temps du pressoir, le temps où, autour du pressoir, la dure peine écrase l’homme sous ses chaînes. (…)


Là-haut, dans le grenier, le maître, avec une grande pelle de bois remue le tas des olives. Il annonce : "Elles sont prêtes." Une bonne odeur de campagne et d’arbre et de terre coule le long des escaliers. Et, par le trou de la serrure, le froid fait passer une longue tringle de gel qui vient piquer le dos de la main, là, jusque sur le rebord de l’assiette de soupe.


L’homme s’est arrêté au seuil, et a dit : "Salut" puis il est resté là. (…) "Ah, il dit, elles sont prêtes alors?

 

— L’homme les a bien remuées, mais vous verrez, montez à peine."

 

Il a retroussé ses manches ; il a plongé son bras nu dans le tas d’olives, jusqu’au fond, comme s’il voulait accou­cher une vache. Il est là, presque vautré sur le tas d’olives, à tâter là-bas, au fond, la moiteur, la chaleur, tout un tas de choses qui sont comme du vent, pas de prise facile, et qu’il faut connaître d’instinct en chien de chasse.

 

"Ça va, elles sont prêtes ; on viendra les chercher. (…)"


 

 

 

Vogue 1933


Madame Chiesa, Mrs Crosby, la Marquise de Jaucourt et Miss Peabody sur l'olivier de Platon.

 

 

 

 

Jean Cocteau (1889-1963) poète, peintre, dessinateur, dramaturge et cinéaste français.


..."Les cheveux gris, quand jeunesse les porte, font doux les yeux et le teint éclatant ; je trouve un plaisir de la même sorte à vous voir, beaux oliviers du printemps. La mer de sa fraîche et lente salive imprégna le sol du rivage grec, pour que votre fruit ambigu, l’olive, contienne Vénus et Cybèle avec. Tout de votre adolescence chenue me plaît, moi qui suis le soleil d’hiver, et qui, comme vous, sur la rose nue, penche un jeune front de cendres couvert"..

Jean-Marc Janiaczyk - peintre

 


 

Pablo Neruda  (1904-1973), poète et homme politique chilien .

 

Ode à l’huile d’olive

Près de la murmurante céréale,

des vagues du vent dans les avoines

 

 

L’olivier

 

de volume argenté,

sévère dans sa lignée,

dans son coeur terrestre emballé

les graciles

olives

polies

par les doigts

qui ont fait

une colombe

et le coquillage:

verts,

innombrables,

de pures

merveilles

de la nature,

dans les oliveraies

sèches

seuls

le ciel bleu avec des cigales

et de la terre dure

existent

ici

le prodige,

la capsule

parfaite

de l’olive

remplissant

les feuilles avec ses constellations:

plus tard

les pots,

le miracle,

l’huile.

 

J’aime

la patrie de l’huile,

les oliveraies

de Chacabuco, au Chili,

dans les matinées

les plumes de platine

forestières

contre les cordillères

froissées

en Anacapri, là-haut,

dans la lumière tyrrhénienne,

la disparition des oliviers,

sur la carte de l’Europe,

l’Espagne,

un panier noir d’olives

saupoudré de fleurs d’oranger

comme un courant d’air marin.

 

Huile d’olive,

perdue et suprême

condition de la casserole,

pédestal de perdrix,

clé céleste de la mayonnaise,

douce et savoureuse

sur les laitues

et surnaturel dans l’enfer

des capucettes archiépiscopales.

Huile, dans nos paroles, dans

notre corps,

avec

une profonde

et puissante douceur

tu chantes;

en langue castillane:

il y a des sillabes d’huile,

il y a des mots

utiles et odorants

comme ta matière parfumée.

Il y a non seulement le vin qui chante,

mais également l’huile,

qui vit en nous avec sa lumière brillante

et entre les biens de la terre

réserve,

chère huile,

ta paix inépuisable, ton essence verte,

ton trésor rempli

qui diminue

depuis les sources de l’olivier.

 

 

 

 

Mouloud Mammeri (1938-1989)

"Culture savante, culture vécue" 

Édité par l'association culturelle et scientifique "TALA" en 1991.

extrait de lettre en réponse de Mouloud Mammeri à son ami Jean Pélégri qui lui demandait quel était son arbre préféré (sujet de son roman en 1956 et de son film en 1962)


L'olivier

..."L'arbre de mon climat à moi c'est l'olivier ; il est fraternel et, à notre exacte image. Il ne fuse pas d'un élan vers le ciel comme vos arbres gavés d'eau. Il est noueux, rugueux, il est rude. Il oppose une écorce fissurée mais dense, aux caprices d'un ciel qui passe, en quelques jours, des gelées d'un hiver furieux, aux canicules sans tendresse. A ce prix, il a traversé les siècles.

Certains vieux troncs, comme les pierres des chemins, comme les galets de la rivière, dont ils ont la dureté, sont aussi immémoriaux et impavides aux épisodes de l'histoire ; ils ont vu naître, vivre et mourir nos pères et les pères de nos pères. A certains, on donne des noms comme à des amis familiers ou à la femme aimée (tous les arbres chez nous sont au féminin) parce qu'ils sont tissés à nos jours, à nos joies, comme la trame des burnous qui couvrent nos corps. Quand l'ennemi veut nous atteindre, c'est à eux, tu le sais Jean, qu'il s'en prend d'abord. Parce qu'il pressent qu'en eux une part de notre cœur gît et...saigne sous les coups. 

L'olivier, comme nous, aime les joies profondes, celles qui vont par delà la surface des faux-semblants et des bonheurs d'apparat. Comme nous, il répugne à la facilité. Contre toute logique, c'est en hiver qu'il porte ses fruits quand la froidure condamne à la mort tous les autres arbres. C'est alors que les hommes s'arment et les femmes se parent pour aller célébrer avec lui les noces rudes de la cueillette. Il pleut souvent, il neige, quelquefois il gèle. Pour aller jusqu'à lui, il faut traverser la rivière et la rivière en hiver se gonfle. Elle emporte les pierres, les arbres et quelquefois les traverseurs. Mais qu'importe ! Cela ne nous a jamais arrêtés ; c'est le prix qu'il faut payer pour être de la fête.

Le souvenir que je garde de ces noces avec les oliviers de l'autre côté de la rivière -  mère ou marâtre selon les heures - ne s'effacera de ma mémoire qu'avec les jours de ma vie"...


 

 

 

L’huile d’olive métropolitaine est concurrencée par les huiles moins chères de l’Empire colonial : l'huile d’olive de Tunisie, et huile d'arachide.

Le gel de 1956 tue six millions des onze millions de pieds d’oliviers, et l’oliveraie continue sa chute jusqu’en 1995 avec seulement deux à trois millions de pieds récoltés (sur six millions de pieds).

Par tradition la présence de l'olivier correspond en climatologie au climat de type méditerranéen. Dans cette zone, toutes les variétés sont cultivables, pour toutes les utilisations : huile, olives vertes ou noires.


les différentes variétés d'olives les plus cultivées en France : 

- Aglandau (ou Verdale de Carpentras, 

- Berruguette, 

- Cailletier, Cayon, Grossane, Olivière, Picholine, Salonenque (ou Plant de Salon), Tanche, Bouteillan.

 

Les principales régions de production sont la région Provence-Alpes-Côte d'Azur , la région Auvergne-Rhône-Alpes et la Corse.

 

 

 

1993


Cl. Geoffroy : The Olive The Devise.

Tiré de Jean-Marc Chatelain. Livre

d’emblèmes et de devise (1993)


 


 

XXI° siècle

 

 

12/01/2006

Alain Hanquez poète 

 

L'olivier

 

Dans l’éclat vernissé des poussières

Et des sentes de pierres,

Dans l’ocre aridité de la terre ancestrale,

Quand le sol asséché se convulse à forer

Les sources des racines,

S’élance aux aplats de lumière

La fourberie tenace de la sève

 

Olivier maculé du suint lourd des troupeaux

Et des laines graisseuses,

Olivier vitriolant l’arrogance de l’ordre,

Olivier scarifié des affres de bouture,

Ton indifférence séculaire s’émonde

D’un tremblé d’aube lente

D’une ligneuse effervescence de torsades et de branches

Qui émascule l’arpentage de tes plants

Dans le noueux de tes plaies divergentes

 

Le temps d’avant le temps s’avilit

De tes ultimes fleuraisons

Pour l’émergence frugifère du retour des saisons.

Rameau de la colombe sur l’Arche de Noé

Tu fructifias l’alliance de l’homme et du pardon.

 

Des soutes phéniciennes aux rives de la Crète

Du val de la Bekka aux plaines almoravides

Et de Kalamata aux confins de l’Attique,

Tu conquiers les pays de la mer du milieu

Et l’huile de ton fruit dans l’ombre des amphores

S’insinue au mortier des cryptes Pharaoniques

 

Des dieux archaïques tu fus la joute jalouse

Quand la fourche du tronc, de Pallas le don,

Supplanta le trident du vain Poséidon.

Et de l’Unique

Tu recueillis l’angoisse sans sommeil

Comme le basilic le sang du Golgotha

 

Les terrasses conquises aux pentes des maquis

Par la sueur et l’effort des hommes de patience

Ont cerné l’oléastre aux rebelles frissons

Pour l’ardeur de la meule et le secret des lampes

 

Arbre tutélaire de notre vain passage

Tu prolonges le geste de t’avoir semé

Au-delà de nos morts pour la magnificence


 

 

 

10 octobre 2018

Christian Deschamps 


Pristina, mille ans d'un olivier

"En 200 avant J.-C., la famille du jeune Gaius Laelius est expulsée de sa terre à la suite des ravages de la guerre contre Hannibal. Gaius ne voit qu’une solution pour retrouver l’honneur de sa famille : s’enrôler dans l’armée romaine, récolter la gloire et qui sait ? gagner de quoi racheter les terres de ses ancêtres. Car le domaine de Pristina est un havre de paix au milieu duquel trône un olivier, symbole de la protection des dieux et témoin immuable du temps qui passe, que les descendants de Gaius devront préserver.

Seront-ils à la hauteur de cette tâche ? S’engageant à tour de rôle dans la légion pour défendre leur domaine, les membres de la famille Pristina s’illustrent dans les plus grandes batailles et bouleversements politiques qui firent la grandeur de la République romaine… puis son déclin.

Véritable passionné de la Rome Antique, Christian Deschamps nous offre ici un roman présentant la société romaine, principalement la situation des paysans abandonnant leurs propriétés et leurs champs pour remplir leurs devoirs militaires. Ces plébéiens ruraux se retrouvent soumis aux lois édictées par le Sénat constitué de nobles citadins. Oubliés de la République, ils sont dans l’obligation de suivre la carrière militaire et doivent ainsi quitter leurs terres qui tombent aux mains des grands propriétaires terriens. À travers plusieurs générations de Pristini, on assiste aux dernières campagnes glorieuses de la République et à la naissance de la gloire d’un certain Jules César."

 

 

 

Rite de la franc maçonnerie 

Le rituel de Franc-maçonnerie fait référence à l'olivier 

Le rituel de la compagnonne. 
Lors de l'ouverture de la loge, le vénérable lit l'instruction du premier degré une branche d'olivier à la main gauche.



Tablier d'Officier National - Grande Tenue -

Décors de Loge Maçonnique. Décors de la Grande Loge Nationale Française. Tabliers GLNF de Haute Qualité par Franc-macon Collection


 


Armoirie colombe et olivier 

81305 - Vabre

Chef-lieu de canton (Tarn)

D'or à la dague haute d'argent garnie de gueules, à la colombe essorante, contournée d'argent, tenant dans son bec un rameau d'olivier de sinople et brochant sur la dague; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or.
 

 

En Chine une légende raconte que l'Olivier serait un antidote de certains poisons et venins, 


Au Japon, il symbolise l'amabilité et le triomphe. ...

 

Sur le drapeau de l’ONU, la couronne de rameaux d’olivier entourant le monde symbolise la paix universelle.


 

L’habit vert des membres immortels de l'Académie française doit son nom aux broderies vertes qui le décorent et qui représentent un motif de branche d’olivier. 


 

Ce motif ornait aussi naguère la pièce de monnaie française de un franc 1915

 


2020 France - Nouveau Franc (or - gold)

 

100 lires italiennes 1967


 

 

 

Usages de l'olivier


- LE BOIS, 

très dense, est très prisé des tourneurs. De nos jours son usage est limité aux productions artistiques et aux "souvenirs pour touristes".

 


- PHARMACOLOGIE :

 Les propriétés toniques, dépuratives, astringentes et fébrifuges de l'Olivier sont connues depuis fort longtemps. L'action hypotensive de ses feuilles est une découverte récente du docteur Mazet en 1938.

 

- ALIMENTATION

L'huile d'olive vierge est obtenue par pression à froid. Ses qualités alimentaires sont incomparables. Riche en vitamines, très nourrissante, facilement digestible, elle est adoucissante et vermifuge. Elle jouerait un rôle très positif dans l'espérance de vie des hommes. Les onctions et massages à l'huile d'olive tinrent un rôle majeur dans les pratiques anciennes d'hygiène corporelle.
 

 


 

Langage de l'olivier 

 


 Un symbole de paix, sagesse, force, victoire, fécondité, purification. 


- L’olivier, porteur de nombreux fruits, traduit l’union et la fécondité. 
 Il s’offre  pour un mariage, une naissance, ou des fiançailles.


- L’olivier est également un symbole de réconciliation. 
Il s’offre aussi bien dans un cadre intime après une dispute, qu’en société après un conflit.


- L’olivier a l’avantage de pouvoir être offert toute l’année, à un homme aussi bien qu’à une femme, que votre destinataire vive en ville ou à la campagne.


- Très populaire, il servira également des causes moins solennelles : un anniversaire, des remerciements ou simplement pour le plaisir.


-  Il s'offre généralement en l'agrémentant d’un cadeau 

 

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