26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 02:13
Renée Vivien,
 
née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 »,

est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Souveraines
Évocations


lilith.
D’ombres et de démons je peuplai l’univers.
Avant Eve, je fus la lumière du monde
Et j’aimai le Serpent tentateur et pervers.
Je conçus l’Irréel dans mon âme profonde.
La Terre s’inclina devant ma royauté.
Jéhovah fit éclore à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Lilith
John Maler Collier (1850-1934)
Lilith-de-John-Collier--XIXe-siecle-.jpg



Cassiopée.
Ma jeunesse, pareille aux flambeaux de l’autel,
Brûlait mystérieuse et chaste sous les voiles.
Les Dieux m’ont épargné les sépulcres mortels,
Mon trône éblouissant étonne les étoiles.
Dans la pourpre du ciel brille ma royauté.
L’Éternité fixa sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.


Pierre Mignard (1612-1695) 
Céphée et la reine Cassiopée remercient Persée
Mignard-.-le-Roi-de-Grece-Cephee-et-la-reine-Cassiopee-.jpg


Rhodopis.
Mon visage de rose ardente triompha,
Moins glorieux d’avoir créé les Pyramides
Que d’avoir attiré les lèvres de Psappha.
Mes yeux égyptiens nageaient, longs et limpides.
La Lyre de Lesbôs chanta ma royauté.
L’Aphrodita cueillit à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté,
Je ne fus pas heureuse.

George Frederic Watts (1817-1904) 
Rhodopis v.1868 
Rhodopis-v.1868-George-Frederick-Watts.jpg


Bethsabée.
De mon corps s’exhalaient le nard et le santal.
La splendeur d’Israël éclairait mon visage.
J’ai vécu la langueur d’un rêve oriental,
Le meurtre et le désir riaient sur mon passage.
Le péril consacra ma blanche royauté.
La Mort fit resplendir à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Rembrandt (1606-1669)
Bethsabée tenant la lettre de David
Rembrandt_bethsabee-tenant-la-lettre-de-David.jpg


Campaspe.
Alexandre, frappé de l’orgueil de ma chair,
Voua mes seins de flamme à la gloire d’Apelle,
Afin que mon été ne connût point l’hiver,
Et que l’Art me vêtît de candeur solennelle.
L’Astarté consacra ma jeune royauté,
L’Astarté fit brûler à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Charles Meynier (1768–1832)
Alexandre le Grand cédant Campaspe à Apelle
Charles-Meynier--1768-1832---Alexandre-le-Grand-cedant-C.JPG


Cléopatre.
Je rayonnai. Je fus le sourire d’Isis,
Insondable, illusoire et terrible comme elle.
J’ai gardé mes parfums et mes fards de jadis,
Mes parures et l’or de ma large prunelle.
Le monde, que séduit encor ma royauté
Immuable, scella sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Cleopatra et César
Jean Leon Gerome Ferris (1863-1930) 
Cleopatra_and_Caesar_by_Jean-Leon-Gerome.jpg


Paulina
J’emprisonnai les pleurs des perles sur mon sein.
Les perles ondoyaient parmi ma chevelure,
J’aimais la pureté de leur regard serein,
La mer les entourait de l’écho d’un murmure.
Les perles sur mon sein firent ma royauté.
Elles ont réfléchi, sur mon front d’amoureuse,
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse

Lollia Paulina
Lolllia-Paulina.jpg


Poppée.
Je courbai l’élément et je domptai l’éclair.
Le tonnerre à mes pieds, je régnai sur l’orage.
J’ai connu la Luxure et son relent amer.
— Oh ! les nuits que l’horreur des voluptés ravage ! —
— Vénus me couronna d’une âpre royauté,
Vénus fit rayonner à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Poppée Sabina
l'école de Fontainebleau XVIe
l-ecole-de-Fontainebleau-Poppee-Sabina.jpg


élêonore de guyenne.
Moi, dont le nom d’amour dissimule un parfum,
J’allais, parmi les fleurs et les douces paroles,
Deux bandeaux constellés sur mes cheveux d’or brun.
Sous mes pas sanglotaient les luths et les violes.
Les troubadours chantaient ma douce royauté,
Et leurs lais ont posé sur mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Eléonore de Guyenne
(Eléonore d'Aquitaine)
EleanorAquitaine02-l.jpg



Elisabeth Woodville.
Mon regard fut plus frais que la lune du Nord,
D’un vert froid et voilé comme les mers anglaises.
J’appris le goût, l’odeur, le désir de la Mort,
La fuite, l’exil gris sur les grises falaises.
La défaite insulta ma pâle royauté.
Le combat fit jaillir à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Elizabeth Woodville
ElizabethWoodville.JPG


Lady Jane Grey.
Les roses et le miel des vieux livres, l’assaut
Des chants m’ont fait aimer le studieux automne.
Mon sourire d’enfant éclaira l’échafaud.
Sur ma douleur pesa l’accablante couronne.
J’expiai dans le sang l’heure de royauté.
Le Destin éteignit à mon front d’amoureuse
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.

Lady Jane Grey
Lady-jane-grey.jpg


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