Le perce-neige (moly)
Mythologie
"…Là, dès que Février voit sourire un beau jour,
Sylphides et Follets au fortuné séjour
Reviennent empressés, et, sous leur tiède haleine,
Du milieu des frimas qui blanchissent la plaine,
Soudain la Perce-Neige offre à l'œil étonné
Son calice de miel et son front couronné…"
(Jean Baptiste Gindre de Mancy, 1797-1872.
Les Deux Bourgognes, 1836)
Perce-neige est une plante de la famille des Amaryllidacées, à fleurs en clochettes blanches maculées de vert, qui poussent et fleurissent généralement en hiver ; elles ont la capacité de percer une faible couche de neige.
Perce-neige fait référence à la floraison hivernale et au fait qu'il puisse se développer alors que la neige est encore présente. Perce-neige est un nom ancien, attesté dès 1641.
Son nom latin est Galanthus Nivalis, il vient du grec "gala" qui signifie "lait", et "anthos" qui se traduit par "fleur". Le perce-neige serait donc la "fleur de lait". D’ailleurs, dans certaines régions, elle porte le joli nom de "goutte de lait", mais aussi Clochette d'hiver, Galantine, Galantine d'hiver ou Galanthe des neiges.
En anglais, le perce-neige est aussi appellé "Candlemas Bells", "Mary's Tapers" (cierge de Marie) ou encore "Church Flower".
Diverses espèces sont concernées, en premier lieu Galanthus nivalis et Leucojum vernum, dont les similarités morphologiques, d'habitat et d'époque de floraison ont provoqué de nombreuses confusions.
Géographiquement, l'espèce Galanthus nivalis est cosmopolite bien que plus courante en climat océanique (moitié Ouest de la France) et l'espèce Leucojum vernum n'est présente qu'en climat continental (moitié Est de la France). Elles fleurissent également à la même période, aux alentours du mois de février. De ce fait, il est probable que leur confusion date de fort longtemps.
Les genres Galanthus et Leucojum se différencient par leurs fleurs ainsi que leur tige et leurs feuilles.
- les pièces florales de Galanthus sont composées de 6 divisions égales 3 à 3. Les 3 extérieures, plus longues, ovales et obtuses, et étalées, les 3 inférieures, plus courtes, se rapprochant et tachées de vert au sommet. 2 feuilles d'un vert bleuté profond émanent d'une tige ronde (1 voire 2 feuilles peuvent également provenir du bulbe).
Afin d'éviter toute ambiguïté, il est aujourd'hui recommandé d'utiliser le terme Perce-neige pour désigner Galanthus nivalis, Mais aussi pour désigner des espèces du genre Galanthus comme c'est le cas pour Galanthus woronowii
Mais aussi pour désigner des espèces du genre Galanthus comme c'est le cas pour Galanthus woronowii
ou Galanthus elwesii le Perce-neige géant dont la présence sporadique a été repérée par exemple dans le Jura suisse en 2002,
"Listes des plantes vasculaires du Jura suisse présentées par canton – Mise à jour 2002, dans Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne, 1 - Société Botanique de Franche-Comté. page 156."
L'espèce Leucojum vernum, est nommée Nivéole de printemps, Claudinette et Grelot blanc, une dénomination qu’elle doit à la forme de sa fleur (en clochette) et à sa couleur.
- les pièces florales de Leucojum sont composées de 6 divisions égales entre-elles, ovales et arrondies aux extrémités dont le sommet se rétrécie brusquement en une pointe courte et aigüe tachée de vert, ou de jaune. 3 ou 4 feuilles d'un vert légèrement bleuté émanent d'une tige comprimée à 3 côtés.
Le genre Galanthus (créé en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné 1707-1778), perce neige, regroupe une vingtaine d’espèces répandues dans la flore d’Europe, de l’Atlantique au Caucase.
Il y aurait plus de 2000 variétés qui sont parfois difficiles à identifier car ces plantes bulbeuses s’hybrident allègrement.
Absolument rustique et parfaitement naturalisée, la plante sauvage pousse partout et fleurit chaque année de fin janvier à fin mars. Si elle se plaît dans un endroit, elle se multiplie à foison pour former de larges tapis immaculés.
La dissémination du perce-neige est assurée par les fourmis, grâce à l'élaïosome, un appendice contenu dans le fruit.
Les fleurs du perce-neige produisent peu de nectar et de pollen. En fait, cette plante mellifère joue chaque printemps un rôle dans la reprise d’activité des rûchers, plus intéressante pour sa production abondante de pollen jaune-orangé que par celle de son nectar.
Podbielkowski Z. Geografia roślin. Warszawa: WSiP; 1991. Nekovar J, Dalezios N, Koch E, Kubin E, Nejedlik P, Niedzwiedz T, et al. The history and current status of plant phenology in Europe ...
https://pbsociety.org.pl/journals/index.php/asbp/article/view/asbp.3486
Le perce-neige est une plante de culture facile , à planter en septembre-octobre à mi-ombre pouvant réussir dans tous les jardins. C'est une plante rustique, qui donne de bons résultats dans toutes les régions et ne nécessite aucun entretien particulier. Attention à l’humidité stagnante, ainsi qu’à l’appétit des mulots.
43 av. J.C.
Cette plante est également citée par Ovide ( 43 av. J.-C.- 17 ou 18 ap. J.-C. poète latin qui vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain), lorsqu'il reprend l'épisode dans ses Métamorphoses.
- Récits de Macarée relatifs à Ulysse : chez Éole et les Lestrygons – Circé et une double métamorphose (14, 223-307)
...La déesse reçoit les Grecs avec bienveillance et leur offre une boisson de sa fabrication. Sans méfiance, ils l’avalent avidement, tandis qu’elle effleure leurs têtes de sa baguette magique. Aussitôt, ils sont métamorphosés en pourceaux et enfermés dans une étable. Seul l’un d’eux, Euryloque, qui s’est abstenu de boire, échappe à ce triste sort et peut ainsi aller prévenir Ulysse, qui décide de venger ses compagnons. (14, 271-290)...
Muni d’une herbe magique et des recommandations de Mercure, le héros d’Ithaque entre chez Circé, bien résolu à se défendre : il refuse la potion qu’elle lui offre, l’effraie en la repoussant avec son épée, et finit par la séduire et obtenir qu’elle rende à ses compagnons leur forme humaine. Cette seconde métamorphose vaut à Ulysse la reconnaissance éperdue de ses hommes. (14, 291-307)...
I° au V° siècle
Les Matronalia sont célébrées le 1er mars (qui était le premier jour du printemps chez les Romains), et sont considérées aujourd'hui comme la "fête des mères latine" ; Il faut bien noter que seules les femmes mariées sont concernées par les Matronalia.
Elles célébraient la naissance de Rome, le Printemps, les enfants et les mères, le jour où les femmes amadouaient le dieu de la guerre et de l’agriculture, Mars, sous l’égide de Junon, protectrice des jeunes épouses honorées avec des perce-neige. Elles recevaient des cadeaux et de l'argent de leurs maris puis elles se rendaient au temple de Junon, la tête couronnée de fleurs et en offraient à la déesse.
III° siècle av. J.C.
Le perce-neige est connu de Théophraste (371 av J.C.-288 av J.C.) philosophe de la Grèce antique dans son ouvrage Recherches sur les plantes (Livre VI) sous le nom de Leucoion bulbosum (en grec ancien littéralement violette blanche) sans faire de différences entre Galanthus Nivalis et Leucojum vernum.
VIII°siècle
En Italie et autres pays d’Europe la statue de la Vierge Marie était enlevée de l’autel le jour de la fête de la présentation de Jésus au temple, et la purification de Marie. Des perce-neige symbole de pureté étaient répandus à son emplacement.
Les fleurs furent appelées "Cloches de la Chandeleur" et le 2 février devint connu comme jour de la Chandeleur.
XVI° siècle
Dès le Moyen-Âge, la plante a été dédiée à la Vierge et souvent plantée dans les vergers et jardins des monastères.
Bourdichon, Jean (v. 1457-1521). Enlumineur
Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne
Pavot et perce neige
Bourdichon, Jean (v. 1457-1521). Enlumineur
Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne
perce neige
Bourdichon, Jean (v. 1457-1521). Enlumineur
Livre d'Heures à l'usage de Rome (1500-1510)
XVII° siècle
Jean Franeau, né en 1577.
Jardin d'hyver ou Cabinet des fleurs, 1616.
..." Avec la tendre clef d'un bouton tendrelet,
Sortant de son étui un fleuron tout douillet,
Qui porte seulement pour tout son équipage
Deux feuilles de verdure, et jamais d'avantage.
Mais la fleur en a trois, plus blanches que le lait
Et son petit feuillage au milieu plus parfait
Taille trois petits cœurs en petites feuillettes :
Ainsi par deux fois trois se forment ces fleurettes."...
La première mention du terme date de 1641 dans le manuscrit poétique de la Guirlande de Julie.
"La Guirlande de Julie" est un célèbre manuscrit poétique français du XVII° siècle conservé à la Bibliothèque nationale de France.
Charles de Sainte-Maure, marquis de Montausier tomba amoureux de Julie d'Angennes, lorsqu'il la vit la première fois en 1631. Julie d'Angennes, dite "l’incomparable Julie" et aussi "la divine Julie" ou "Princesse Julie".
Pour charmer la jeune femme qui était l’objet de son admiration et de son culte, décida de lui offrir un ouvrage surpassant tout ce qui pouvait se voir alors de plus singulier et de plus délicat en galanterie à la louange , il eut l’idée de demander aux habitués du salon de Catherine de Vivonne, parmi lesquels les gens de lettres et quelques beaux-esprits de ses amis, d’écrire des poésies où chaque fleur chanterait les louanges de Julie. Il en résulta un des manuscrits les plus extraordinaires du XVII° siècle et un des points culminants de la société des Précieuses.
Ce manuscrit ne fait pas de distinction entre les différentes espèces que le terme désigne aujourd'hui.
Henri Louis Habert de Montmor (1603-1679), est un érudit et homme de lettres français.
La Guirlande de Julie, 1641
La Perce-neige.
"Fille du bel Astre du jour,
Je nays de sa seule lumière,
Alors que sans chaleur, à son nouveau retour,
Des mois il ouvre la Carrière.
Je vis pure, et dans la froideur ;
Et mon teint, qui la Neige efface
Conserve son éclat dans l’extrême rigueur
De l'hyver couronné de glace.
Fleurs peintes d'un riche dessein
Que le chaud du Soleil fait naistre,
Et qui, peu chastement, ouvrez votre beau sein
Au Père qui vous donna l'estre ;
Vous qui sans pudeur aux Zéphirs
Souffrez découvrir vos richesses,
Et vous laissant toucher à leurs foibles soupirs,
Ployez sous leurs molles caresses ;
Osez-vous, peu modestes Fleurs,
Prétendre Couronner cette beauté sévère ?
Et ne craignez-vous point les cruelles froideurs
Dont elle sait punir une âme téméraire ?
N'ayez plus cette vanité,
Puis que seule je dois obtenir l'avantage
D'orner de son beau chef l'auguste majesté,
Lors que de tous les cœurs elle reçoit l'hommage,
Au Throsne de la pureté."
Isaac de Benserade, 1612-1691, écrivain et dramaturge français.
Madrigal, La Guirlande de Julie
"Sous un voile d’argent, la terre ensevelie
Me produit, malgré sa fraîcheur,
La neige conserve ma vie,
Et, me donnant son nom, me donne sa blancheur,
Mais celle de ton sein, adorable Julie,
Me fait perdre aux yeux éblouis
La gloire désormais ternie
Que je ne cédais pas au lys."
La première mention du terme date de 1641 dans le manuscrit poétique de la Guirlande de Julie.
Ce manuscrit ne fait pas de distinction entre les différentes espèces que le terme désigne aujourd'hui.
Mr. Brouhault, chanoine régulier de Caen,
1670. - Recueil d’œuvres
Perce neige
"Cette plante que je figure,
Malgré des vents pernicieux
Les efforts les plus furieux,
S'éclot, et paraît toute pure.
Quoi que l'Aquilon envieux
Tâche d'effacer sa peinture,
Il ne peut ravir à nos yeux
L'unique fleur dans la froidure."
XVIII° siècle
Le nom perce-neige est tout d'abord féminin (Guirlande de Julie, 1641) et mentionné par l'Académie française du début du XVIIIe siècle comme tel.
Cependant, dès 1727, le dictionnaire de Furetière le donne masculin. Par la suite, de nombreuses publications attestent d'un usage régulier des deux genres grammaticaux. Ces deux genres sont actuellement autorisés. Quant au pluriel, deux possibilités existent depuis la réforme de l'orthographe de 1990 : des perce-neige ou perce-neiges.
Les francisations Leucoyon triphilon ou Leucoyon à trois feuilles (G. nivalis), Leucoyon exaphilon (L. vernum) sont utilisées aux XVIIe siècle, XVIIIe siècle et XIXe siècle. Les transcriptions littérales existent également comme Violier bulbeux, Violier d'hiver ou Treffeulle. Des termes comme Violette blanche ou Violette bulbeuse apparaissent également. Il existe aussi une Gyrophlee blanche, conséquence du partage de Leucoion avec la Giroflée.
Au milieu du XVIIIe siècle, Linné classe les deux espèces en deux genres séparés et les nomme Leucojum et Galanthus, noms toujours en vigueur aujourd'hui. Leurs francisations sont créees respectivement en Leucoie et Galant, Galand, Galanthe, Galanthème ou Galanthine (Le nom "galantine" (sans "h") était déjà donné aux ancolies). Contemporain de Linné, Lamarck crée en 1782 dans l'Encyclopédie méthodique un autre nom tout aussi ambigu : Nivéole, du latin niveus, neige.
XVIII° -XIX° siècle
Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris.
Il correspondait à quelques jours près (selon l'année) à la période allant du 20 janvier au 18 février du calendrier grégorien. Il tirait son nom "des pluies qui tombent généralement avec plus d'abondance de janvier en février", selon les termes du rapport présenté à la Convention nationale le 3 brumaire an II (24 octobre 1793) par Fabre d'Églantine, au nom de la "commission chargée de la confection du calendrier".
Dans le calendrier républicain, "Perce-neige" était le nom attribué au 4e jour du mois de pluviôse.
XIX° siècle
Armand Gouffé (1775-1845)
Encore un ballon, ou chansons et autres poésies nouvelles, 1807
La perce neige, la fleur d'hiver
Rien de plus gai que le printemps,
Rien de plus joli que la rose ;
Mais on les chanta de tout temps;
Mes amis, parlons d'autre chose.
L'hiver, moins triste qu'on ne croit,
Voit quelques fleurs dans son cortège:
Dussé-je paraître un peu froid,
Je vais chanter la perce-neige.
Nous pouvons comparer nos jours
Aux quatre saisons de l'année :
os moments heureux sont trop courts...
Chaque fleur, est trop tôt fanée.
Quand le temps vient d'un noir brouillard
Couvrir nos heures, qu'il abrège,
J'aime à voir sourire un vieillard
J'aime à cueillir la perce neige.
Sur la neige Vénus un jour
En tombant perdit sa ceinture :
Auprès de là veillait l'Amour;
Il voit...ô la bonne aventure !
Il voit un sein dont la blancheur
Provoque sa main sacrilège ;
Puis un bouton... d'une fraîcheur !...
Vénus se relève et s'enfuit :
Au dieu malin la fleur échappe,
Et la déesse,qu'il poursuit,
Lui répète en riant sous cape:
"Va, laisse, moi, petit trompeur ;
"Je connais trop bien ton manège ;
"Tu ne veux que percer un coeur
"En cueillant, une perce-neige.
Depuis ce temps l'Amour, jaloux
De revoir cette fleur chérie
La cherche, en tous lieux parmi nous,
Dans les bosquets, dans la prairie :
Et c'est en suivant ses leçons,
Jeunes beautés, vous le dirai-je ?
Que vous voyez tant de garçons
Courir après la perce-neige.
Belles, qui chérissez les fleurs:
Du dieu malin craignez l'adresse ;
Craignez les ruses des voleurs ;
Craignez surtout votre faiblesse :
N'accordez, rien au jeune amant
Qui vous lutine et vous assiège ;
Il prend, la rose lestement
Lorsqu'il a pris la perce-neige.
Madame Charlotte de Latour
Le langage des fleurs - 1825
Perce neige
"Une fleur délicate, apparaît tout à coup au milieu du voile de neige qui couvre nos champs ; elle montre à nos yeux surpris ses clochettes d'ivoire, qui porte dans leur sein un léger point de verdure, comme si elles avaient été marquées pare l'espérance. En s'épanouissant sur la neige, celle aimable fleur semble sourire aux rigueurs de l'hiver, et nous dire : Je viens calmer vos alarmes ; je viens vous consoler de l'absence des beaux jours."
Charles-Louis Mollevaut (1776-1844) - poète
Cent fables, de quatre vers chacune, 1821
.."Qu'importe des hivers la longue tyrannie !
Disait un Perce-Neige, éclatant de blancheur ;
Je brave l'aquilon, les nuits et leur fraîcheur.
Qui peut arrêter le génie ?..."
Albert Montémont ( 1788-1961) - écrivain
La Psyché, 1826
" Humble fleur qui perce la neige,
C'est toi que je chante en mes vers,
Du printemps ouvrant le cortège,
Tu viens condamner les hivers.
Avec toi tout semble renaître,
Tout s'anime aux bois d'alentour,
Et, joyeux de te reconnaître,
L'oiseau te célèbre à son tour. "
Paul-Émile Debraux (1796-1831) - poète
Le Momusien, 1828
" Que j'aime à voir le Perce-neige !
Il nous dit que dans peu d'instants
Des hivers, le triste cortège
Va se fondre aux feux du printemps
Cette fleur à la voix de flore
Est enfin prête à scintiller
Doux rossignols, chantez encore,
Le Perce-neige va briller ! "
Louis-Charles Maurice-Saint-Aguet (1809-1873)
A mes Perce-Neige, 1835
Pauvres fleurs, qui germez au soleil des hivers,
Quand son pâle rayon vient féconder la neige,
Allez. J'ai fait de vous un timide cortège,
Pour m'annoncer au seuil du lyrique univers.
Et j'ai fait un bouquet de vos frêles calices,
Pour les jeter, chétif, dans un monde moqueur ;
Heureux ! s'il peut percer, comme des froids cilices,
La neige de la terre et la neige du cœur !
Heureux! si, dans le bal, par sa pitié séduite,
Une femme aux gants le relève éploré ;
Si quelque jeune fille, au front décoloré,
Sur le linceul des champs, par un chagrin conduite,
Le regarde en passant au jardin défloré !
Allez... Je serai fier, si votre éclat compense
Ce qu'apporte l'hiver de deuil et de silence
Dans les âmes et dans les cieux !
Oh oui ! car j'aurai fait ce qui récompense
Par des mots écrits dans les yeux !
San avenir, hélas ! vous courbez votre tige,
Tremblante et désolée, au-dessus du trépas,
Comme un enfant, la nuit, penché par un vertige
Sur un lac ténébreux qui ne réfléchit pas.
Oh tant mieux ! ...si la femme au coeur futile évite,
Plur son bouquet de bal, votre jeune pâleur !
Tant mieux ! - Si vous saviez comme on se flétrit vite,
Quand on a de leur sein respiré la chaleur ! ...
Mais si vous devinez la tristesse et la grâce
Dans celles qui viendront marquer un frais contour
Avec leurs petits pieds, et laisser une trace
Parmi les neiges d'alentour ;
Oh laissez-vous cueillir, si votre heure est éclose !
De leur âme d'enfant vous avez la couleur ;
Heureuses ! ... restez-y long-temps ! ... c'est quelque chose
de s'y faire une place auprès d'une douleur !
Jean Baptiste Gindre de Mancy (1797-1872) - poète
Les Deux Bourgognes, 1836
poème dédié à Mme Marie Nodier Menessier
La Perce-neige
" …Là, dès que Février voit sourire un beau jour,
Sylphides et Follets au fortuné séjour
Reviennent empressés, et, sous leur tiède haleine,
Du milieu des frimas qui blanchissent la plaine,
Soudain la Perce-Neige offre à l'œil étonné
Son calice de miel et son front couronné… "
J.J. Grandville (1806-1843) - illustrateur
Primevère et Perce-neige
- Primevère ! Primevère ! réveille-toi !
- Qui m’appelle ?
- C’est Perce-Neige, ton ami, qui a froid et qui voudrait se réchauffer à ton haleine !
- Pourquoi ai-je dormi si longtemps ! Il fait si bon respirer la brise printanière,
voir l’herbe verte, sentir la tiède odeur des bourgeons, se mirer dans le clair ruisseau !
- Sans moi tu dormirais encore, c’est à moi que tu dois
les sourires de cette riante matinée d’avril.
Si tu savais comme tu es jolie dans ton petit corsage blanc,
comme tes joues sont fraîches,
comme tu t’inclines gracieusement sous la brise qui t’effleure !
Penche vers moi ta corolle, et laisse-moi te donner un baiser.
- Le printemps n’aime pas l’hiver ; la jeunesse n’aime pas la vieillesse.
Tu vas mourir et tu parles d’aimer !
- Mes forces se sont épuisées à percer les dures neiges de l’hiver ;
mais ton parfum me ranime, Primevère; l’amour me fera revivre.
- N’entends-tu pas dans l’air comme un battement d’ailes invisibles ?
Il arrive le jeune Zéphire ;
c’est lui que je veux aimer, c’est lui qui aura mon premier baiser.
- J’ai fleuri jusqu’à ce jour malgré la glace; je sens venir le printemps ;
me faudra-t-il mourir sans entendre le doux chant des oiseaux,
sans sentir la chaleur vivifiante du soleil et de l’amour!
- Les vieillards ne sont faits ni pour le soleil ni pour l’amour ;
l’air chaud du printemps et des passions brise leur poitrine débile.
Malheur à celui qui aime trop tard !
Pendant qu’elle parlait, Zéphire planait sur la Primevère ;
haleine et parfum, tout se confondit.
Le vent, ému de ce baiser, passa sur la tête du Perce-Neige ;
il mourut tué par la première brise.
Auteur anglais - 1864
"Perce-neige ! Oh ! Précoce enfant de la Nature,
Candide fleur, à l'âme aussi blanche que pure,
Lève ta tête, au sol penchée en abat-jour,
Et parles-nous du Dieu qui te donna le jour !
Grêle, pâle, abattue et timide et tremblante,
Bien rudement bercée, et mainte fois souffrante.
Par Dieu je fus choisie entre toutes les fleurs
Pour proclamer sa gloire, annoncer ses splendeurs.
Jean Antoine Petit, dit John Petit-Senn (1792-1870) - Ecrivain suisse
Mes cheveux blancs, 1864 - ( Julien frères, Genève)
La perce neige
"Lorsque la terre aux flancs arides
Dans l'hiver étale ses rides
Et frissonne au souffle de mars,
Voici déjà la perce-neige
Qu'un rayon de soleil protège,
Du gel défiant les hasards !
Sous sa feuille elle éclot cachée,
Et là, modestement penchée,
Des mortels fuyant les dédains,
Cette pâle fleur printanière
Nous semble en s'ouvrant la première
L'hirondelle de nos jardins."
Antonio Spinelli (1822-18..) - poète
Recueil : Ce que disent les fleurs, sonnets, 1864
" Sur mon front, que rien ne protège,
Toujours du givre, du verglas ;
Toujours des glaçons, des frimas ;
Encore et toujours de la neige !
Qu'importe ! Mes pétales blancs,
Qui s'épanouissent, tremblants,
Aux pâles aubes indécises,
Consolent les cœurs pleins d'amour ;
Car ils annoncent le retour
Du soleil et des tièdes brises. "
Hippolyte de Saint Anthoine Comte de Fleury (1806 -1891) - poète
Recueil : Dernières Feuilles des bois, 1879
" À toi, salut, petite fleur !
J'aime ta robe virginale !
Tu viens, courrière matinale,
Nous porter des jours de bonheur.
Fille du froid et de la neige,
Ô caresse longtemps nos yeux,
Et que ton souffle radieux
De la souffrance nous allège ! "
Dante Gabriel Rossetti ( 1828-1882)
peintre, poète, traducteur et écrivain britannique.
Perce neige
Louis Legendre (1851-1908) - poète
Ce que disent les fleurs : poésies, Paris, 1891
Le perce neige
On n'avance qu'avec effort ;
Le ciel est noir, la terre est blanche ;
Pas un oiseau sur une branche ;
Partout l'hiver, partout la mort !
Mais un Perce-neige, qui sort
Du sol aride où l'on se penche,
Du printemps prédit la revanche :
On ne sent plus le vent du nord
Léon Barat.
Recueil : En passant par la Lorraine, 1892
La perce-neige,
" Salut, fleur de la Vierge ! Aimable avant-courrière
Qui des champs endormis présages le réveil ;
La terre au loin tressaille et sort d'un long sommeil,
Comme autrefois Lazare échappé de la bière.
Ton apparition annonce la première
Le départ des hivers, le retour du soleil
Et le travail du sol hier encor pareil,
A quelque monotone et vaste cimetière.
… Salut, fleur de la Vierge, humble fleur, toi qui rends
L'espoir de jours meilleurs à nos esprits souffrants,
Et consoles les coeurs assombris et moroses.
Des vents plus tièdes vont succéder aux autans
Qui font trembler l'arbuste où fleuriront les roses.
A bientôt la chanson joyeuse du printemps.
Charles Rouvin
La poésie des fleurs, 1894
" …Mais toi, fleur de l'hiver, modeste Perce-neige,
Qui, comme le sourire ébauché sous les pleurs,
Risque ta note gaie au milieu du cortège
Dont la saison de deuil s'entoure en ses rigueurs… "
Dans les arts décoratifs, le motif est également prisé des ornemanistes, en particulier au temps de l’Art nouveau.
Eugène-Samuel Grasset, né à Lausanne le 25 mai 1845 et mort le 23 octobre 1917 à Sceaux, est un graveur, affichiste, décorateur et architecte français d'origine suisse, représentatif de l'Art nouveau.
- La Plante et ses applications ornementales, Paris, 1896
- La Plante et ses applications ornementales, Paris, 1896
Walter Crane (1845-1915) est un artiste majeur anglais.
Il fut également théoricien, écrivain, et socialiste convaincu. C'est l'un des principaux acteurs du mouvement artistique des Arts & Crafts.
D'abord connu comme illustrateur, puis fervent promoteur des arts décoratifs, il a exercé son art dans de nombreux domaines : l'illustration, la peinture, la céramique, le papier peint, la tapisserie, etc.
Le perce-neige de la fête de la flore
XX° siècle
Tout au long des siècles ultérieurs, son utilisation est tantôt mentionnée pour l'espèce Galanthus nivalis, tantôt pour Leucojum vernum. En atteste l'usage qu'en font les deux grands auteurs de la flore française du début du XXe siècle, Hippolyte Coste l'utilise pour Leucojum vernum alors que Gaston Bonnier pour Galanthus nivalis.
Leucojum vernum et galanthum vernum
Charles Cros (1842-1888) poète et inventeur français
Le collier de griffes, 1908 (publication posthume).
" Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid
Sans souci d'heure ni d'endroit
Ma pensée est un perce-neige.
Si son terrain est bien étroit
La feuille morte le protège,
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid. "
Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) poète québécois.
Recueil : Patrie intime, 1928
La perce-neige des champs
C'est depuis toujours qu elle essuie
Averses, gels et tourbillons,
La perce-neige des sillons
Qu'un fil de tige, à peine appuie,
Contre le vent, contre la pluie.
Dans le vaste espace de l'air,
Une flamme ensoleille-t-elle
Le nuage qui dégouttelle ?
La petite fleur d'azur clair
Se dresse et reprend le même air.
La verte tige printanière,
Vers le soleil, vers le ciel bleu,
Comme pour rendre hommage à Dieu,
Ne veut pas être la dernière
À hausser son brin de bannière.
Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) poète québécois.
Recueil : Les floraisons matutinales
Perce-neige
Radieuses apothéoses
Du soleil d'or et du ciel bleu,
Fraîche gloire des printemps roses,
Pourquoi donc durez-vous si peu ?
Pourquoi donc êtes-vous si brèves,
Aubes de l'enfance ? Beaux jours,
Si pleins d'aromes et de sèves,
Pourquoi donc êtes-vous si courts ?
Jeunesse, où sont-elles allées
Les hirondelles de jadis ?
Où sont les ailes envolées
De tes merveilleux paradis ?
Et vous, poétiques chimères,
Que dore un rayon d'idéal,
Blondes idylles éphémères,
N'auriez-vous qu'un seul floréal ?
Ô fleurs, vous n'êtes pas finies !
Les plus tristes de nos saisons
Auront encor des harmonies
Et des regains de floraisons.
La mortelle saison du givre
N'a pas tué toutes nos fleurs :
Nous pourrons encore revivre
Le passé, dans des jours meilleurs.
Robert Desnos (1900-1945) poète
Chantefables et Chantefleurs, 1952.
Le Perce-Neige
Violette de la Chandeleur,
Perce, perce, perce-neige,
Annonces-tu la Chandeleur,
Le soleil et son cortège
De chansons, de fruits, de fleurs ?
Perce, perce, perce-neige
À la Chandeleur.
Annaïk Le Léard (1892-1972), poètesse
Quand la neige tombe...
Quand la neige tombe,
Est-ce une colombe
Qui secoue au vent
Son plumage blanc ?
Ou tout un cortège
De blancs perce neige
Qui suit en dansant
Le prince charmant ?
Rene Cloke (1905-1995) illustrateur anglais
Elfes perce neige
KathyHare Illustratrice suisse (1890-1975)
perce neige
La Fondation Perce-Neige
Reprenant ce symbolisme, l’acteur Lino Ventura (1919-1987) fut le fondateur avec sa femme de l’association Perce-Neige, devenue la fondation Perce-Neige en 2013.
combat initié en 1966, ayant pour but à apporter son soutien aux familles touchées par le handicap et à favoriser la recherche scientifique et médicale. Elle met en œuvre des actions communes avec des personnes, physiques ou morales, poursuivant des buts similaires.
Perce-Neige poursuit ainsi le combat dans le respect des valeurs de son fondateur.
ACCUEIL - Perce-Neige│Fondation d'aide aux personnes handicapées
La déficience intellectuelle correspond à une limitation de compréhension d'informations nouvelles ou complexes, d'apprentissage de nouvelles compétences entraînant des difficultés à faire f...
1972
Perceneige est une commune française située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté.
La commune est issue en 1972 de la fusion des six communes de Courceaux, Grange-le-Bocage (et son hameau Courroy), Plessis-du-Mée, Sognes, Vertilly et Villiers-Bonneux.
La nouvelle commune a pris alors le nom de Perceneige en référence à la naissance de la première fleur au sortir de l'hiver.
Perce neige et galantamine
La galantamine est un médicament dérivé du perce-neige, qui ralentit la progression de l'Azheimer. Elle est utilisée sous le nom de Reminyl. Il a une action favorable sur le comportement, une meilleure insertion dans la vie quotidienne.
La galantamine est par ailleurs un antagoniste des curarisants, un myotonique utilisable dans les séquelles de poliomyélite
La Galantamine retarde le déclin cognitif
En Inde, le curcuma est utilisé pour traiter toute une variété d'indispositions incluant des problèmes gastro-intestinaux, des troubles inflammatoires, des maux de tête, des infections...
https://www.nutranews.org/fr--nutrition-cerebrale--la-galantamine-retarde-le-declin-cognitif--486
XXI° siècle
Patrick Mioulane - Calendrier du jardinier 2010
Le perce neige
"Délicate goutte de lait qui brave les frimas,
Tinte le blanc carillon hivernal du perce-neige.
C’est la première corolle à naître sous ce climat.
Fleurir avant le printemps, étrange sacrilège !
Surgi du Paradis dans un gracieux cortège,
Voulant consoler Ève, désolée par l’hiver,
Un ange a soufflé sur un flocon de neige,
Et une fleur est éclose en saluant l’univers.
D’un blanc immaculé ses pétales entrouverts,
Évoquent la pureté, la tendresse, l’innocence.
À la Sainte Vierge Marie, ils font la révérence,
Un message d’espérance ébruité à couvert.
Les mots grecs gala, lait et anthos, la fleur,
Ont formé Galanthus, appellation galante,
Pour ce délicat bulbe dont les tendres pleurs,
En larmes de porcelaine dans le froid se lamentent. "
Mythes et légendes
Les larmes d'Eve, ou le cadeau de l'ange
La genèse et le perce-neige :
"Adam et Eve, bannis du Jardin d’Eden, se retrouvent dans un paysage hivernal stérile. Ils errent sans fin dans la tempête de neige, frigorifiés, terrorisés et démoralisés. Eve pleure.
Dieu prit pitié et envoya un ange pour les réconforter et les assurer de l’approche du printemps. Tandis qu’il parle avec Eve, l’ange attrape un flocon de neige dans sa main, souffle dessus et créé le premier perce-neige. La plante fleurit et l’espoir était né. *
L’ange ramasse une poignée de neige et la répand à terre. Partout où la neige tombée de sa main touche le sol des perce-neige jaillissent et fleurissent."
le perce-neige est encore connu sous les noms de "Eve's tears" (larmes d'Eve) et de "white tear".
L'ange et la légende des perce-neige
Selon une des nombreuses légendes, le perce-neige devint le symbole de l'espoir lorsque Adam et Ève, ayant été bannis du Jardin d'Éden,Qu'importe des hivers la longue tyrannie ! Disait un ...
http://chezmounette.blogspot.com/2012/03/lange-et-la-legende-des-perce-neige.html
La création du perce neige
"Quand Dieu fit toutes choses sur la terre, il demanda à la neige d'aller vers les fleurs et de se procurer un peu de couleur de leur part. Une par une les fleurs refusèrent.
Alors, très affligée, elle demanda au perce-neige de lui donner un peu de sa couleur et le perce-neige accepta.
En remerciement, la neige lui permet de fleurir le premier chaque fois que le printemps se montre."
Selon Pierre Dubois et René Hausman qui ont écrit et illustré L'Elféméride, Le grand légendaire des saisons - Automne-Hiver (2013),
"Les légendes à barbe de brume et nez froid racontent qu'à la fin du mois de janvier, la Vieille femme de l'hiver, Cailleach Bheur (gaélique), Perchta (anglais), Holda (germanique), se transforme en Belle fille de février, et sous la neige se couche pour attendre son amant...
C'est de son haleine fiévreuse que vont naître les perce-neige, les sourires, les soupirs et les rires du printemps."
Lakeside Gallery - The Art of Linda and Roger Garland
Lakeside Gallery was established in 1989 by Linda and Roger Garland primarily to exhibit their own work, but also to promote book illustration as a serious art form and to make this accessible to a
Au Pays de Galles,
Le perce-neige est appelé "belle fille de février".
C'est parce qu'elle était jalouse des jolies fleurs de cristal de givre que la reine du Gel brodait sur les fenêtres et aux pointes des brindilles, que la Reine des Neiges eut l'idée de créer les perce-neige.
Dans la vieille Ecosse,
février est Faoilleach, "le mois du loup" :
"En pissant sur la neige, la louve y laisse des fleurs de gouttes de lait."
Mythologie celte,
Il était une fois la fée du Printemps qui était l'incarnation de la très puissante déesse Brigid.
Elle se piqua à un doigt en se battant avec l'Hiver bardé de houx qui ne voulait pas lui céder la place et désirait garder les ours, les loirs et les écureuils en hibernation. Des gouttes de sang tombèrent sur la neige : elles la firent fondre et un perce-neige y poussa.
Emu, l’Hiver laissa la place au Printemps
conte Roumain
Le prince et le perce neige
Par une nuit d’orage, une vieille femme se rendit au palais pour demander asile. Le prince la vit et lui demanda de partir ou de travailler pour gagner le droit d’être abritée. C’est alors que la vieille femme se changea en princesse et lui dit :
- "Vous n’avez ni pitié, ni âme. Vous serez transformé en cheval et le sort ne sera rompu seulement si une jeune fille sincère vous donne un cadeau".
Bien des années passèrent. Le prince était malheureux et désolé de ce qu’il avait fait. Bien des princesses vinrent lui apporter un cadeau. Mais le sort s’acharnait contre lui.
Pourtant, un jour, une jeune bergère nommée Giralda qui était amoureuse du prince ramassa un perce-neige. Elle l’enveloppa dans un papier blanc et au dos du papier, elle écrivit en rouge "martisor". En fait, ce cadeau était un symbole de son amour et quand elle le donna au prince, il redevint aussitôt humain.
Ils se marièrent donc et vécurent heureux ensemble. Et le prince décida que, chaque année le 1er mars, en souvenir, les garçons donneraient aux filles en gage de reconnaissance et d’amour un "martisor".
Martisor
Il était une fois une vieille dame qui s’appelait Dochia. Elle avait une belle-fille qu’elle haïssait de toutes ses forces. Un jour d’hiver, Dochia lui donna un manteau très sale et lui dit d’aller le laver dans la rivière et de ne pas rentrer avant que le vêtement ne soit tout blanc. La pauvre jeune fille obéit, mais plus elle lavait le manteau, plus il devenait noir. Désespérée, elle se mit à pleurer.
Soudain, un homme nommé Martisor apparut et lui demanda pourquoi elle pleurait. La jeune fille lui raconta son malheur. Alors, Martisor lui dit qu’il possédait des pouvoirs magiques. Il lui offrit une fleur aux pétales rouges et blancs, lui conseilla de laver le vêtement encore une fois et de rentrer ensuite à la maison. Et le miracle eut lieu !
Lorsque la jeune fille regagna sa maison, le manteau était blanc comme neige ! La vieille Dochia ne pouvait pas y croire. Mais, du coup, elle vit un perce neige dans les cheveux de sa belle-fille. Toute confondue, Dochia pensa que le printemps était venu et décida d’emmener ses troupeaux sur la montagne. Le temps était beau et la vieille enleva ses touloupes (vestes de peau d'agneau ou de mouton retournée), l’une après l’autre. Mais plus tard, la bruine remplaça le soleil trompeur. Au sommet de la montagne, Dochia rencontra Martisor qui la réprimanda d’avoir obligé sa belle-fille à supporter le froid et l’humidité. Puis, l’homme disparut.
La vieille Dochia resta seule sur la montagne. Le gel la transforma en pierre.
Le perce neige,et la jonquille
Un jour, le perce-neige s’est fâché avec la jonquille car elle a fleuri avant lui. Les deux fleurs ont alors commencé à se battre. La jonquille a blessé le perce-neige et du sang s’écoula sur la neige.
À l’endroit où est tombé le sang, un autre perce-neige blanc a poussé, mais il avait des taches rouges. Une jeune fille a trouvé la fleur et l’a attachée à sa poitrine.
Voilà pourquoi, au début mars, les Roumains,les moldaves et les bulgares tressent des fils rouges et blancs et les portent comme amulettes pour célébrer la victoire du bien contre le mal et l’arrivée du printemps.
Le perce-neige est étroitement lié à Martisor, la fête du printemps qui se célèbre le 1er mars en Roumanie, Moldavie et Bulgarie (Marteniza). Martisor dérive de artie, mars.
Le martisor est une fine ganse formée de deux fils tressés, l’un blanc et l’autre rouge, auxquels on peut attacher une petite figurine en bois ou en métal (un cœur, une lettre, une fleur, un fer à cheval ou un trèfle à quatre feuilles) qui joue le rôle de porte-bonheur.
Cette fête évoque également notre Saint-Valentin :
Voilà pourquoi, au début mars, les Roumains,les moldaves et les bulgares offrent aux femmes des martisors, porte-bonheur en forme de broche ou de pendentif comprenant notamment deux fils torsadés, rouge et blanc.
Martisor verrait ses origines remonter à de plus de 2000 ans.
La sorcière hiver et la fée du printemps
Autrefois dans une lutte sans merci avec la sorcière Hiver, qui ne voulait pas céder la place, la belle fée Printemps se coupa au doigt et quelques gouttes de sang tombèrent sur la neige qui fondit. Aussitôt à la place du, sang poussa un perce-neige, symbolisant la victoire du printemps sur l'hiver...
Les joyeux contes d'Ingoldsby
de John Flanders (1788-1845)
Jadis, dans la vieille Angleterre d'Ingoldsby, les habitants de Tappington se précipitaient dans les bois, aux premiers jours de février, à la recherche d'un brin de "wonderful snowdrop".
Le chanceux qui le premier ramenait triomphalement son bouquet au village, devenait durant un mois une sorte d'ordonnateur du temps. "L'homme aux perce-neige" pouvait commander à la neige, à la pluie, aux éclaircies. Il suffisait de le payer d'un pork-pie ou d'un jambon pour en obtenir averses, redoux ou belle onglée. Si le sort avait préféré privilégier une célibataire, elle obtenait le droit d'épouser parmi tous les Tappingtonais le gaillard de son choix."
Dans les éditions Gründ, un volume est consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français "Les plus belles légendes de fleurs" (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia.
Il est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; le Perce-Neige raconte la sienne dans un conte venu de Pologne et intitulé tout naturellement "Nivéole" :
- Tu pleures ? demanda la reine en se penchant sur la petite Perce-Neige.
- Non, mais je suis au bord des larmes, répondit la jolie fillette.
- Et pourquoi es-tu au bord des larmes ? insista la Rose.
- Parce que je suis triste.
- Et, pourquoi es-tu triste ?
- Parce que j'ai des contrariétés, répondit Perce-Neige. La Rose soupira:
- Sais-tu ? Raconte-nous plutôt un joli conte enneigé ?
" Perce-neige ne se fit pas prier.
"Il était une fois une petite fille qu'on surnommait Nivéole, car elle portait toujours un tablier blanc et des sabots blancs. Ses cheveux aussi étaient tout blancs et doux comme des aigrettes de pissenlit. Les parents de Nivéole étant morts depuis longtemps, une fermière avare la recueillit chez elle. La femme cupide se frottait les mains, ravie de sa chance :
- J'aurai une fille de ferme bien dégourdie pour rien ! A quoi bon jeter l'argent par les fenêtres ? "
Et en effet, elle ne la ménagea pas. La petite travaillait durement du matin au soir, tombant littéralement de fatigue. en plus, la fermière chicanait sur chaque bouchée de pain, tant et si bien que la fillette se couchait souvent l'estomac vide. Bien des fois elle pleura en secret, cachée sous son édredon, regrettant sa mère et son père.
Un soir d'hiver, la fermière se prépara pour aller au bal. Comme elle était aussi coquette qu'avare, elle passa la journée à se pavaner devant le miroir, à se parer et à se vêtir. Cent fois, elle changea de jupe et de corselet, sans être vraiment satisfaite. Nivéole ne savait où donner de la tête. Quoi qu'elle fît, elle contrariait l'arrogante coquette. Défaillant de faim, elle ramassa un pauvre croûton qui traînait sous la table pour l'avaler en cachette. Bien mal lui en prit. La fermière surpris son geste dans le miroir et se mit à invectiver la pauvre petite.
- Je t'y prends, ingrate ! Tu voles le pain derrière mon dos ? C'est ainsi que tu récompenses ta bienfaitrice qui t'a recueillie sous son toit ? gronda-t-elle, hors d'elle. Ecoute-moi bien : si d'ici de soir tu ne m'apportes pas des fleurs des prés pour me tresser une couronne, je ne veux plus te revoir dans cette maison.
Nivéole eut beau la supplier, la fermière resta inflexible.
- Où vais-je trouver des fleurs en plein hiver ? se lamenta-t-elle.
Mais, comme la méchante femme ne voulut pas entendre raison, bon gré mal gré, elle mit son pauvre tablier blanc, chaussa ses sabots blancs et s'en alla. Il gelait à pierre fendre et la petite fille s'enfonçait dans la neige jusqu'aux genoux en claquant des dents. Pendant qu'elle se frayait péniblement un passage, elle aperçut tout d'un coup une petite vieille, assise dans la neige. Elle était blanche, toute blanche, comme le givre, et tremblait comme une feuille.
- Bonjour, grand-mère, salua Nivéole.
Et, comme elle avait bon cœur, elle défit son tablier pour en envelopper les épaules de la pauvre vieille et les réchauffer un peu. Elle-même était saisie de froid.
- Merci, chère petite, souffla la malheureuse. Que fais-tu dehors par ce temps ? Nivéole lui fit part de son tourment, tout en versant de chaudes larmes.
- Allons, cesse de pleurer, dit la petite vieille. Nous trouverons bien une solution. Elle sortit de sa poche une minuscule veste en mousse.
- Mets cette veste et mon frère le gel ne te brûlera plus, dit-elle.
Nivéole se dit en elle-même que la veste n'était pas assez grande pour cacher son poing. Et, pourtant, à peine eut-elle introduit son petit doigt dans la manche de mousse que la veste se mit à grandir jusqu'à l'envelopper tout entière comme si elle avait été taillée sur mesure. La grand-mère leva les bras au-dessus de sa tête et appela :
- Tombez, tombez, mes petites étoiles de neige, dans le giron de votre grand-mère ! transformez-vous en fleurs ! Et aussitôt, on eût dit que l'édredon des anges s'était déchiré dans le ciel. Des flocons se mirent à tomber en dansant et en virevoltant, en tourbillonnant et en tournoyant. Tous se posaient sur la grand-mère pour s'y transformer aussitôt en fleurettes blanches.
- Prends ce qu'il te faut pour tresser une belle couronne pour la fermière avare, proposa la gentille vieille à Nivéole, avec un sourire bienveillant. Si elle insiste, donne-lui également la veste de mousse et dis-lui que c'est la mère Hiver qui la lui envoie. Tu ne me verras plus cette année, car le printemps n'est pas bien loin. Mais, je te laisserai en souvenir de moi toutes ce jolies fleurs.
Disant cela, elle prit toutes les fleurettes qui restaient encore, et les répandit dans le pré. Elle disparut sans donner à Nivéole le temps de se ressaisir.
Toute joyeuse, la petite se mit au travail. Elle tressa une belle couronne et rentra à la ferme. La méchante femme n'en crut pas ses yeux. Elle voulut savoir où Nivéole avait trouvé ces fleurs et sa jolie veste, mais la petite ne révéla pas son secret. Excédée, la fermière cria :
- C'est un gâchis de laisser une si belle veste à une malpropre comme toi. Donne la moi, et tout de suite ! " La veste de mousse, minuscule, était tout juste à la taille de Nivéole. Mais, quand la fermière voulut la mettre, elle se mit à grandir jusqu'à envelopper la femme comme si elle avait été faire pour elle. Satisfaite, la coquette posa la couronne de fleurs blanches sur ses tresses, et se campa devant le miroir pour s'admirer. Hélas ! Elle faillit tomber de frayeur ! A la place de son visage, une affreuses petite vieille décharnée aux yeux froids, au nez qui pendait comme un glaçon et aux cheveux de givre, grimaçait dans le miroir. La jolie veste de mousse se transforma en boule de neige. Soudain, la porte s'ouvrit en grand et un home enneigé aux griffes glacées apparut sur le pas de la porte. C'était le Vent du Nord.
- Viens donc danser avec moi, ma jolie fiancée ! " tonna-t-il en saisissant la fermière par la taille. Il la fit tournoyer, puis l'emporta devant les yeux épouvantés de Nivéole.
Depuis ce jour, celle-ci s'occupe elle-même de la ferme et vit heureuse. Parfois, pendant les longues soirées d'hiver elle a l'impression que quelqu'un gémit dans la cheminée. Certains prétendent que c'est le bruit du vent, mais ne les croyez pas. Depuis ce temps, la vilaine fiancée du Vent du Nord vient s'y lamenter. Aujourd'hui encore, vous trouverez, à la fin de l'hiver, des fleurettes blanches qui s'épanouissent sur le pré où Nivéole rencontra la grand-mère. Petites filles de l'hiver, elles ne craignent ni le froid ni la neige. Ces petites fleurs tendres s'appellent perce-neige, comme moi-même."
"Je sais, Perce-Neige, pourquoi tu as envie de pleurer, dit la Rose en souriant, lorsque la petite acheva son conte. C'est parce que le premiers rayons du soleil t'ont fait sortir des taches de son sur le bout de nez.!
Perce-Neige rit et versa une larme qui n'était, après tout, qu'une larme de bonheur."
Le perce neige dans le Langage des fleurs
Dans Le langage des fleurs, publié sous le pseudonyme de Charlotte de La Tour, de 1819 à 1827 par Louis-Aimé Martin, puis par Louise Cortambert à partir de 1844 dans un Nouveau langage des fleurs,
- le perce-neige symbolise la consolation.
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on apprend que :
- Le perce-neige, cette petite fleur blanche et parfumée, très humble, qui regarde le sol et baisse la tête, qui fleurit à la fin de l'hiver, annonce le printemps.
En Occident, elle est devenue symbole de consolation et d'espérance.
Elle est un symbole du courage, de l'endurance, de la fidélité inébranlable, chez "les Indiens de la Prairie."
Dans certaines régions d'Angleterre, le perce-neige (Belle fille de février, fleur d’Ève, goutte de lait, fleur de Bride ou de sainte Brigid), symbolise la pureté, l'espoir, la consolation.
Dans Le petit livre du langage des fleurs, par Jat, il signifie l'espoir.
Selon la fédération française des artisans fleuristes, offrir le perce-neige est un souhait "d'endurance et félicité pour toujours".
Annonciateur du printemps, son bouquet, placé dans la maison, à la chandeleur, assainit l'atmosphère, chasse la mélancolie, les vampires psychiques, les mauvaises influences, et amène lumière et bonheur.
Perce neige : nos idées de décoration - Le Blog d'Ici
Découvrez nos idées de décoration avec des perce neige 1. Déjà complices au jardin, hellébore et perce neige rejouent leur duo de charme dans un vase aux couleurs tendres. 2. Un joli cœu...
Dans Le petit livre du langage des fleurs, par Jat, il signifie l'espoir.
Selon la fédération française des artisans fleuristes, offrir le perce-neige est un souhait "d'endurance et félicité pour toujours".
Pour en savoir plus sur le perce neige :
Galanthus nivalis - Monaco Nature Encyclopedia
Famille : Amaryllidaceae Galanthus nivalis est l'une des fleurs qui fleurit le plus tôt sous nos climats, même lorsque le sol est couvert de neige, grâce à cette propriété, à l'abondance des...
https://www.monaconatureencyclopedia.com/galanthus-nivalis/?lang=fr