1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 14:00

 

 

Camille Soubise (1833-1901) / F. Doria, auteur -

 

 

La Chanson Des Peupliers

 


Le soir descend sur la colline,

La lune monte dans les cieux

Et les bois fleuris d'aubépine

Sont pleins de bruits harmonieux !

Quelle est cette voix qui soupire

Dans la brume, au déclin du jour ?

On dirait une immense lyre,

Préludant à des chants d'amour !

 

Le vent souffle, dans les ramures,

Dans les genêts, dans les sentiers

Entendez-vous ces doux murmures ?

C'est la chanson des peupliers !

 

Voici le chœur errant des brises,

À leurs accords il vient s'unir,

Camille Soubise (1833-1901) / F. Doria,  - auteur - La Chanson Des Peupliers
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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:15

 

 

 

Edmond Vandercammen (1901-1980) peintre et poète belge d'expression française.

 

 

 

Le peuplier

 

 

Le temps est-il ce peuplier

Que j’interroge à ma fenêtre ?

Comme moi, il a ses saisons,

Les songes renaissant

D’une mémoire paysanne,

Mais sa durée est compromise

Par les tempêtes enivrées

Que lui réservent les automnes.

 

 

 À quelle altitude céleste

Portera-t-il le poids de ses années ?

A mon réveil je le salue :

Il me répond

Par une danse dans le vent.

 

 

 Je lui propose un long voyage

Dans la campagne des ancêtres :

Il me répond par le gémissement

De ses racines fatiguées.
 

 
Edmond Vandercammen (1901-1980) - peintre et poète belge d'expression française - Le peuplier
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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:10

 

 

Nâzım Hikmet Ran (1901-1963) poète turc, puis citoyen polonais

(Poésie du Monde – Seghers 2003)


 

Le peuplier

 

L’arbre, on l’admire toute la nuit

Dans l’eau, c’est un cyprès d’argent

Pour Nédime, poète d’Istanbul.

 

Essénine de Riazan

Aime les mariées en blanc

Bouleaux tristes et mélancoliques.

 

Un peuplier frissonne en moi

Où que je sois j’entends sa voix

Depuis que je suis en exil.

 

Comme chaque arbre le peuplier

Se tient debout sa vie durant

Guettant sans répit des choses.

 

Il guette tout au long des routes

Les villages d’Anatolie

Durant l’été chaud et roussi.

 

Il m’a guetté moi aussi

Et il criait dans la nuit

Face aux grilles de la prison.

 

Témoin de nos déchéances

Témoin de notre malchance

Témoin de nos espoirs.

 

Témoin aussi de nos misères

Et du travail de la terre,

Ah ! Sacré peuplier va.

 

Mais chanter les peupliers,

Se contenter de les aimer

A quoi bon, mon cher pays !

 

Penché sur la terre noire

Essuyant mon front en sueur

Je n’ai pu planter un seul peuplier. 

Nâzım Hikmet Ran (1901-1963) - poète turc, puis citoyen polonais - Le peuplier
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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:10

 

 

René Char (1907-1988) poète et résistant français.


Le Nu perdu, 1971.

 

Effacement du peuplier

 

L’ouragan dégarnit les bois.

J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres.

Laissez le grand vent où je tremble

S’unir à la terre où je crois.

 

Son souffle affile ma vigie.

Qu’il est trouble le creux du leurre

De la source aux couches salies !

 

Une clé sera ma demeure,

Feinte d’un feu que le cœur certifie ;

Et l’air qui la tint dans ses serres.

René Char (1907-1988) - poète et résistant français - Effacement du peuplier
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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:10

 

 

Octavio Paz (1914-1998) poète, essayiste et diplomate mexicain,

 


Quatre peupliers

 

Comme derrière elle-même va cette ligne

qui se poursuit dans les limites horizontales

et dans l’occident toujours fugitif

où elle se cherche se dissipe

 

– comme cette même ligne

par le regard levée

change toutes ses lettres

en une colonne diaphane

résolue en une non touchée

ni entendue ni vue mais pensée

fleur de voyelles et de consonnes

– comme cette ligne qui n’en finit pas de s’écrire

et avant de se consumer se redresse

sans cesser de s’écouler mais vers le haut :

les quatre peupliers.

 

Aspirés

par la hauteur vide et là en bas,

dans une flaque faite ciel, dupliquée,

les quatre sont un seul peuplier

et ils n’en sont aucun.

 

Derrière, frondaisons en flammes

qui s’éteignent – le soir à la dérive –

d’autres peupliers déjà haillons spectraux

interminablement ondulent

interminablement immobiles.

 

Le jaune glisse vers le rose,

la nuit dans le violet s’insinue.

 

Entre le ciel et l’eau

il y a une frange bleue et verte :

soleil et plantes aquatiques,

calligraphie ardente

écrite par le vent.

 

C’est un reflet suspendu dans un autre.

 

Passages : palpitations de l’instant.

Le monde perd corps,

il est une apparition, il est quatre peupliers,

quatre mélodies mauves.

 

De fragiles branches grimpent par les troncs.

Elles sont un peu de lumière avec un peu de vent.

 

Va-et-vient immobile. Avec les yeux

je les entends murmurer des paroles d’air.

 

Le silence s’en va avec le fleuve,

revient avec le ciel.

 

Réel est ce que je vois :

quatre peupliers sans poids

plantés sur un vertige.

 

Une fixité qui se précipite

vers le bas, vers le haut,

vers l’eau du ciel dormante

en un svelte effort sans dénouement

pendant que le monde lève l’ancre vers l’obscur.

 

Pulsation de clartés dernières :

quinze minutes assiégées

que Claude Monet voit d’une barque.

 

Dans l’eau s’abîme le ciel,

en elle-même l’eau fait naufrage,

le peuplier est un coup de feu bleu :

ce monde n’est pas solide.

 

Entre être et ne pas être titube l’herbe,

les éléments s’allègent,

les contours s’estompent,

moires, reflets, réverbérations,

scintillement de formes et présences,

brume d’images, éclipses,

nous sommes ce que je vois : miroitements.

Claude Monet - les peupliers 1891

Claude Monet - les peupliers 1891

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:09

Bertolt Brecht (1898-1956) dramaturge, metteur en scène, écrivain et poète allemand.


Traduction Michel Cadot 


Le peuplier de la Karlsplatz

 

Un peuplier se dresse sur la Karlsplatz

A Berlin, au milieu du désert.

Les gens qui passent sur la place

Regardent avec plaisir son feuillage vert.

 

Pendant l’hiver de quarante-six

On avait froid et le bois était rare

Bien des arbres furent jetés bas

Et ce fut leur dernière année de vie.

 

Mais le peuplier de la Karlsplatz

Nous montre encore son feuillage vert :

Merci aux habitants de la place

Qui pour nous le conservèrent !

Bertolt Brecht (1898-1956) - écrivain et poète allemand -  Le peuplier de la Karlsplatz
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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:08

 

 

Pierre Menanteau (1895-1992) poète français.

 

Peuplier


Peuplier, peuplier,

Arbre si bien lié

Au moindre vent qui passe,

C'est toi, qui, le premier,

Pressentis dans l'espace

Un souffle, on ne sait quoi

Qui devance le froid.

 

Peuplier, peuplier,

Torche d'inquiétude

Erigée en l'été

Que ton feuillage élude,

Ne me crois pas lié

Au froid de ton aubier.

 

Peuplier, peuplier,

Sous mon humaine écorce

J'ai mon chaud, j'ai mon froid

Soumis à d'autres lois

Que celles qui te forcent,

O toi, si bien lié.

Alfred Sisley - peupliers

Alfred Sisley - peupliers

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:07

 

 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française.

 


Les hauts peupliers

 

Mon père aimait les chênes ;

Ma mère les sorbiers,

Moi, j’aimais les fontaines

Et les hauts peupliers.

 

De ma chambre d’enfant,

Je les voyais jouer

Comme des lévriers

Avec le chat du vent.

 

Leurs jeux, dans le soleil,

Jetaient sur mon cahier

Des ombres mordorées

Et des morceaux de ciel.

 

 Ce qu’ils devenaient calmes

Lorsque tombait le soir !

Sur leurs branches étales,

Ils prenaient des étoiles.

 

Et tout en les berçant,

Me berçais si longtemps

Qu’à mon tour, en rêvant,

Je me voyais, jouant,

Etoile dans le vent.

Claude Monet - Les hauts peupliers

Claude Monet - Les hauts peupliers

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:06

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) poétesse française


Recueil : "Les Pipeaux"

 


Les peupliers


Les grands peupliers longent le ruisseau ;

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.

 

Un par un, faisant un tremblant rideau

Au torrent qui bavent,

Les grands peupliers longent le ruisseau,

Et vont, d’un air grave.

 

Fiers de tout ce qui se passe là-haut,

Et qu’eux seuls ils savent,

Hochant sur le ciel leur léger plumeau,

Avec des airs graves…

 

Les grands peupliers longent le ruisseau.

Ruisseau aux grands peupliers par Henry Moret

Ruisseau aux grands peupliers par Henry Moret

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1 mars 2022 2 01 /03 /mars /2022 13:06

 

 

Charles Le Goffic (1863-1932) Poète français


Recueil : Amour breton (1889).


Les peupliers de Keranroux.


Le soir a tendu de sa brume

Les peupliers de Keranroux.

La première étoile s'allume :

Viens-t'en voir les peupliers roux.

 

Fouettés des vents, battus des grêles,

Et toujours sveltes cependant,

Ils lèvent leurs colonnes grêles

Sur le fond gris de l'occident.

 

Et, dans ces brumes vespérales,

Les longs et minces peupliers

Font rêver à des cathédrales

Qui n'auraient plus que leurs piliers.

Vincent van Gogh (1853 - 1890). 1885

Vincent van Gogh (1853 - 1890). 1885

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